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2018
1. Introduction
Les ancrages passifs scellés au rocher sont utilisés à la fois comme dispositif stabilisateur
de blocs rocheux instables (Figure 1a) et comme amarrage des dispositifs de protection
actifs et passifs contre les chutes de blocs (Figure 1b). Ils représentent un poste
d’investissement et d’entretien important pour les infrastructures sujettes à l’aléa rocheux,
en particulier le réseau ferré national (Pollet, 2009 ; Assali, 2014). L’optimisation de leur
dimensionnement est donc un enjeu pour les gestionnaires.
a b
Le principe de réalisation d’un ancrage passif scellé au rocher est de forer un trou dans
le rocher, puis de sceller dans ce forage au rocher, une barre d’acier par un matériau de
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scellement. L’ouvrage est un dispositif passif : il est sollicité si la partie instable du massif
en tête de l’ancrage se met en mouvement ou lorsque le dispositif de protection dont il
sert d’amarre, est sollicité. Malgré son application répandue dans le domaine de l’aléa
rocheux, la justification et le dimensionnement des ancrages scellés au rocher ne font
l’objet que de recommandations (CEMAGREF, 2004). Les méthodes de dimensionnement
actuellement utilisées sont simplificatrices et ne prennent pas en compte le comportement
réel. Les différents modes de rupture (Figure 2) sont considérés indépendamment par une
méthode multicritère. Cela conduit à un dimensionnement sécuritaire. De nombreux
travaux, en particulier expérimentaux, se sont attachés à étudier la rupture de l’interface
barre-scellement (Benmokrane, 1995 ; Kilic, 2002 ; Moosavi, 2003 ; Blanco, 2013) mais
avec des configurations (diamètre de barre, épaisseur de scellement) qui ne sont pas
toujours représentatives de celles utilisées dans le domaine du risque rocheux.
Figure 2. Les différents modes de rupture d’un ancrage passif scellé au rocher par un
coulis (d’après Ho, 2017).
Sur le territoire national français, la norme d’essai utilisée pour caractériser la résistance
d’un ancrage passif scellé au rocher, est la norme XP P 94-444 (2002). Cette norme
permet d’évaluer la résistance à l’arrachement de l’ancrage. Le principe des essais est
d’appliquer une force de traction en tête de la barre d’ancrage par paliers maintenus
constants selon un programme prédéfini et de mesurer les déplacements en fonction de la
force appliquée.
Chaque essai a été mené jusqu’à la limite de rupture de la barre d’acier. Les valeurs de
montée en charge ont été choisies de manière à assurer un compromis entre le temps de
chargement et l’observation des phénomènes lorsqu’on se rapproche de la rupture de
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Figure 3. Mise en place d’un essai d’arrachement avec le bâti d’appuis et le châssis de
positionnement des capteurs de déplacement.
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Pour chaque objectif d’essai, trois ancrages ont été testés. Les ancrages ont été
réalisés au pied d’une falaise de calcaire massif (module d’Young : 60.5GPa, résistance
en compression : 103.4MPa) peu fracturé. Afin de limiter les effets de bord du fait de la
décompression des versants en surface, les barres d’acier ont été scellées en fond du
forage. Pour cela, des bouchons en mousse de polyuréthane ont été fixés sur les barres
en tête du scellement (Figure 4).
2.3 Instrumentation
Un capteur de force de capacité 450kN a été fixé sur la barre d’ancrage en amont du vérin
pour mesurer la force appliquée en tête de l’ancrage.
Trois capteurs LDT ont été fixés entre le châssis de mesure et une plaque en tête de
vérin de manière à tenir compte d’une éventuelle dérive latérale lors des essais.
Enfin, afin de pouvoir évaluer au cours de l’essai, la valeur de la contrainte tangentielle
le long de la barre d’acier, pour chaque objectif d’essais, une barre d’ancrage a été
équipée sur sa longueur scellée d’une fibre optique.
3. Résultats
Les mesures de force et déplacement ayant été synchronisées, les résultats peuvent être
présentés et comparés par la courbe de la force de traction en fonction du déplacement
en tête du vérin. Pour cela, il a été soustrait au déplacement mesuré en tête du vérin,
l’allongement élastique de la barre d‘acier dans la partie libre de l’ancrage en supposant
un comportement axial élastique de celle-ci (Figure 5).
A l’exception des ancrages équipés de chaussette géotextiles, aucun essai n’a conduit
à l’arrachement de la barre. Pour chacun des objectifs étudiés, la résistance à
l’arrachement de l’ancrage est limitée par la résistance en traction de la barre d’acier.
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La mesure par fibre optique le long de la barre permet d’évaluer les déformations axiales
le long de la fibre à chaque palier de chargement ou déchargement (Figure 6). Sur la
longueur où la fibre optique est collée sur la barre d’acier, ces déformations représentent
les déformations axiales de la barre. Sur la longueur où la fibre n’est pas collée à la barre,
ces déformations sont égales à zéro. Sur la Figure 6, on observe une perturbation de la
mesure à proximité du bouchon de polyuréthane en tête de scellement. Cela est dû à la
fois au scellement non parfait du fait de la présence du bouchon et de l’inclinaison des
ancrages et à une légère sollicitation en flexion dû aux déplacements intempestifs du bâti
de chargement qui a tendance à glisser le long de la paroi rocheuse.
A partir de la mesure des déformations dans la barre d’acier, il peut être obtenu (Ho,
2017) :
- dans un premier temps, la distribution des efforts axiaux le long de la barre d’acier
pour un palier de chargement en tête de la barre :
(1)
dans laquelle
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(2)
dans laquelle :
est la contrainte tangentielle calculée à la position ;
sont les forces axiales calculées aux positions et .
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a b
c d
e f
Figure 8. Comparaison des courbes effort axial - déplacement en tête du scellement pour
des essais : a) avec et sans canule d’injection, b) avec et sans chaussette géotextile,
c)différents diamètres de forage, d) différents diamètres de barre, e) différentes longueurs
de scellement, f) différentes résistances de coulis.
D’après la Figure 8a), le fait de laisser en place la canule après l’injection ne modifie pas
le comportement de l’ancrage sous une sollicitation axiale.
Les essais avec chaussette géotextile ont conduit à un arrachement prématuré de
l’ancrage (Figure 8b). La mise en place de l’instrumentation a nécessité de positionner la
chaussette à l’extérieur des centreurs. Ce choix semble ne pas avoir favorisé une bonne
adhérence entre l’ancrage et la paroi rocheuse du forage.
La rigidité de l’ancrage augmente avec la diminution du diamètre de forage (Figure 8c)
et avec l’augmentation du diamètre de la barre (Figure 8d).
La longueur scellée n’a pas d’influence sur le comportement de l’ancrage (Figure 8e).
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5. Conclusions
6. Remerciements
Ces travaux ont pu être réalisés avec le soutien des entreprises SNCF et GTS.
7. Références bibliographiques
Assali P. (2014). Modélisation géostructurale 3D de parois rocheuses en milieu ferroviaire - Application aux
Ouvrages en Terre. Mémoire de thèse. Université de Strasbourg. 260 pages.
Benmokrane B., Chennouf A. & Mitri H.S. (1995). Laboratory evaluation of cement-based grouts and
grouted rock anchors. International Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences & Geomechanics
Abstracts, 32(7), pp.633–642.
Blanco Martín L., Tijani M., Hadj-Hassen F., Noiret A. (2013). Assessment of the bolt-grout interface
behaviour of fully grouted rockbolts from laboratory experiments under axial loads. International Journal
of Rock Mechanics and Mining Sciences, 63, pp.50–61.
BS 8081 (1989). Code of practice for ground anchorages, BSI, 180 pages.
CEMAGREF (2004). Ancrages passifs en montagne: Conception, Réalisation, Contrôle. Guide technique –
Protection contre les risques naturels. Centre national du machinisme agricole du génie rural, des eaux
et des forêts. 148 pages.
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l’exécution : directive technique. Office fédéral de l’environnement OFEV & Institut fédéral pour l’Etude
de la Neige et des Avalanches, 139 pages.
Farmer I.W. (1975). Stress distribution along a resin grouted rock anchor. International Journal of Rock
Mechanics and Mining Sciences & Geomechanics Abstracts, vol. 12, n°11, pp.347–351.
Ho D.-A. (2017). Comportement axial des ancrages passifs scellés au rocher : étude de l’interface barre-
scellement et modélisation. Mémoire de thèse. Université de Lyon. 369 pages.
Kilic A., Yasar E. & Celik A.., (2002). Effect of grout properties on the pull-out load capacity of fully grouted
rock bolt. Tunnelling and Underground Space Technology, 17(4), pp.355–362.
Li C.,Stillborg B. (1999). Analytical models for rock bolts. International Journal of Rock Mechanics and
Mining Sciences, vol. 36, pp.1013–1029.
Moosavi M. & Bawden W.F., (2003). Shear strength of Portland cement grout. Cement and Concrete
Composites, 25(7), pp.729–735.
Pollet N. (2009). Gestion du risque rocheux sur le réseau ferré français Contexte des ouvrages en terre.
Géologues, vol. 169, pp.35–40.
XP P 94-444 (2002). Roches - Essai statique d'arrachement, sous un effort axial de traction, d'un ancrage
scellé dans un massif rocheux - Essai par paliers, AFNOR, 12 pages.