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LIVRE
AVANT PROPOS
à WH
Notre unique entrevue n'a duré qu'une heure, mais dès l'instant où je
vous aperçus, je sentis que j'avais un message à vous apporter. Ce qu'est ce
message, vous le trouverez dans les pages suivantes.
Vous êtes parvenu à un point de votre vie où vous sentez qu'il ne vous
est plus possible d'appartenir exclusivement au monde. Vous vous êtes
engagé dans une carrière honorable et vous savez que le temps vous
apportera le succès et l'aisance, mais vous sentez déjà que vous ne pouvez
plus travailler en vue du seul succès.
Vous sentez qu'il vous faut devenir idéaliste dans votre profession et
rester fidèle à l'idéal que vous entrevoyez, même s'il vous en coute des
souffrances et des humiliations. Vous êtes dans le cas où se trouvent
aujourd'hui des centaines d'individus, mais vous différez d'eux par votre
croyance que l'idéal qui vous contraint à l'obéissance n'est pas un fruit de
votre imagination, mais qu'il est la première lueur vaguement entrevue d'une
personnalité que vous aimeriez tant pouvoir nommer "le Maitre". Vous
sentez que si ce Maitre existait réellement et qu'il vous fût possible de le
connaitre, vous pourriez alors lui être pleinement fidèle en toutes choses,
quoi qu'il puisse advenir.
Vous savez en outre qu'il ne vous est pas donné de chercher ce Maitre
en vous retirant dans la réclusion de quelque monastère où, par la méditation
et la contemplation, vous puissiez communier avec lui. Vous n'avez pas le
droit de considérer votre seul avantage, car d'autres êtres dépendent de vous
pour leur subsistance. Vous savez qu'il vous faut par amour pour eux vous
engager dans une carrière matérielle, mais, tandis que vous êtes ainsi
assujetti, vous aimeriez, si cela était possible, pouvoir en même temps servir
le Maitre en quelque chose. Et c'est parce qu'il est possible de le servir en
quelque chose que j'écris ces pages pour vous, et pour ceux des autres dont
les yeux commencent à s'ouvrir à ces possibilités humaines plus hautes que
vous avez déjà entrevues.
Chaque âme humaine a pour chaque autre âme humaine un message
qu'elle lui doit remettre, et j'écris ici le message que je dois vous apporter
maintenant. En réalité ce message ne provient pas de moi, car il me fut
communiqué par d'autres âmes humaines, et je vous transmets comme à un
frère ce que d'autres frères m'ont transmis.
LE RÉEL ET L'IRRÉEL
Vous qui désirez trouver le Maitre, vous devez, sous plus d'un
rapport, vivre dans le monde mais sans lui appartenir. Il vous faut donc tout
d'abord connaitre ce qui est le réel et ce qui est l'irréel.
L'univers dans lequel nous vivons est une grandiose manifestation du
Logos, et ainsi dans un certain sens, il n'existe aucune chose irréelle.
Cependant les modes suivant lesquels s'exprime ce Logos varient, et nous
passons d'un mode d'expression à un autre à mesure que nous nous
développons. Nous nous élevons d'une phase à l'autre, et dès l'instant où il
nous est possible de vivre et d'agir dans un plan appartenant à une phase plus
élevée, cette phase plus élevée constitue pour nous le réel et celle que nous
avons dépassée devient l'irréel.
Ceci s'applique tout spécialement à vous, car, bien que vivant dans le
monde, vous en avez dépassé le stade et vous êtes capable de vivre et d'agir
dans un monde plus haut. Voilà pourquoi vous êtes idéaliste, car, votre
idéalisme, c'est la résolution que vous avez prise de vous identifier avec le
monde au-dessus de vous et non avec le monde dans lequel vous vivez. Ceux
qui cherchent le Maitre doivent être idéalistes, et cela signifie davantage de
choses qu'il est possible d'en découvrir au cœur d'une vie entière ; mais, par
rapport au prochain pas que vous allez faire, votre idéalisme a bien cette
signification.
Il vous faut dorénavant reconnaitre que l'important pour vous n'est pas
le monde qui vous entoure, mais l'idée que vous faites de ce monde. Cette
remarque est déjà partiellement applicable à tous les hommes, mais vous
devez cultiver ce sentiment de façon à toujours vivre consciemment dans
deux mondes à la fois. L'un de ces mondes est celui de vos occupations
journalières, celui dans lequel vous vous mêlez aux hommes pour accomplir
certains devoirs et certaines obligations ; l'autre est ce même monde, mais
vu à travers votre imagination, et maintenant plein d'espérances et de rêves
en cours de réalisation.
Les hommes commettent la plus grande des erreurs lorsqu'ils pensent
que leurs espoirs de bonheur et les rêves qu'ils édifient sur la vie ne sont que
des fantasmagories sans fondements. En réalité, ces espérances et ces rêves
sont les premières lueurs que nous apercevons du monde réel ; car c'est pour
nous un monde irréel que celui-ci où nous vaquons à nos occupations
journalières. Non que ce monde irréel ne nous soit encore nécessaire, mais
son utilité est maintenant subordonnée au monde réel jusqu'auquel nous
nous sommes élevés.
Le monde réel nous entoure sans cesse, mais ce n'est que de temps autre
que nous en apercevons une échappée, lorsque, par exemple, dans quelque
heureuse disposition d'esprit, nous bâtissons des châteaux dans les nuages.
Le monde des réalités ressemble à la pression atmosphérique que nous ne
percevons qu'en faisant le vide ; c'est aussi lorsque nous sortons de nous-
mêmes que le monde réel apparait. Vous commencez maintenant à vivre
dans ce monde réel et c'est pourquoi vous êtes en train de chercher quelque
chose. Ce quelque chose est ce qu'il y a en vous de plus noble, ce qui est une
partie de Dieu. C'est le Dieu en vous qui vous fait rêver d'accomplir avec
désintéressement des actions aimantes, généreuses, créatrices, secourables.
Chaque pensée et chaque sentiment désintéressé est une fenêtre par laquelle
vous voyez dans votre moi véritable.
Pour l'idéaliste, les formes corporelles n'existent qu'afin de matérialiser
les idées. Les idées sont des unités de réalité qui relient entre eux les faits
d'un monde où nous sommes, les acteurs qui jouent le drame de l'évolution.
Chacune de ces idées peut être infiniment développée, semblable au
chiffre un qui, placé devant une série de zéros, les transforme en millions et
billions. Les idées véritables ne sont pas créées par des "faits" ; elles ont une
existence propre et peuvent être rapportées à une base commune qui permet
d'apprécier leur valeur intrinsèque. Cette conception doit être clairement
saisie, car c'est d'elle que tout dans notre étude dépendra maintenant
En général, les hommes n'arrivent aux idées que par l'exercice de leur
cinq sens. Ils s'imaginent que leur conduite doit être uniquement régie par
ce que leur font connaitre les sens, et pensent qu'une idée produite d'une
autre façon n'a aucune valeur en tant qu'idée véritable : c'est en cela qu'il
faut décidément vous écarter du monde. Vous devez vous rendre compte
que les sens ne sont que des instruments, de simples serviteurs, et qu'ils ne
sont pas des maitres. Ils ne doivent avoir le droit de contribuer à l'édification
de votre monde réel qu'autant que vous croirez devoir le leur permettre ; et
il vous faut apprendre jusqu'à quel point vous devez le leur permettre.
Il importe de vous tenir particulièrement sur vos gardes contre ce que
l'on appelle communément "la valeur des faits". Les faits sont des faits
lorsqu'ils ont été établis d'une manière scientifique bien que ce soit là chose
ardue, même pour des savants expérimentés ; respectez donc tout fait que
vous constatez, car il constitue une expression du Logos. Mais, si chaque
fait est une expression du Logos, la valeur que vous devez lui attribuer
appartient à une expression supérieure de ce Logos. Pour vous, les faits
appartiennent maintenant au monde dit irréel. Les idées sont dorénavant plus
importantes pour vous que les "faits".
Tout idéaliste est un constructeur dans le monde réel ; les édifices qu'il
bâtit par ses espérances et ses rêves sont stables ou transitoires selon que ses
pensées correspondent ou non à des réalités. Avant de commencer à vivre
dans une expression plus haute du Logos, il nous faut avoir fait preuve
d'exactitude en évaluant ses expressions inférieures ; en plus l'intelligence
est exercée à observer soigneusement au moyen des sens, mieux il est
possible de vivre dans le monde des idées. Exercez les sens à rendre un
compte fidèle du monde extérieur et la pensée cessera d'être capricieuse pour
commencer à devenir créatrice ; notez les impressions des sens tout en
demeurant séparé d'elles et l'imagination commencera à construire en
harmonie avec cette expression supérieure du Logos qui sera dorénavant le
champ d'action de votre âme.
Toutes les fois que votre imagination travaille, les édifices qu'elle élève
correspondent à des réalités, et peu importe les matériaux particuliers qui
servent à la construction. Ces matériaux peuvent être fournis par les
affections humaines, par la dévotion religieuse, la soif de la sagesse ou les
aspirations artistiques. Ce qui importe seul, c'est la dimension et la beauté
de l'édifice. Peut-être cet édifice échappera-t-il à vos yeux lorsque vous ne
serez plus capables de rêver ; ou peut-être il adviendra qu'heureusement, à
mesure que votre imagination se développera, vous puissiez bâtir édifice sur
édifice, chacun plus vaste et plus beau que le précédent.
Soit qu'ils ne durent que quelques heures ou quelques jours, comme
ceux que l'enfant construit lorsqu'il rêve éveillé, soit qu'ils durent une
éternité comme ceux qu'élèvent les pouvoirs réunis du cœur et de
l'intelligence, lorsque ayant atteint leur maturité ils se consacrent à un idéal,
ces édifices ne sont jamais inhabités. Tant qu'ils subsistent, quelqu'un y élit
résidence, qui regarde le rêveur et lui inspire sans cesse des constructions
plus belles.
Dans l'univers tout entier, il n'existe qu'un seul Être, c'est Lui qui réside
dans vos constructions idéales. Vous, moi et les millions d'individus qui
nous entourent, nous pensons tous être quelqu'un et constituer une entité
séparée, mais c'est en se débarrassant de cette illusion que vient tout le
bonheur de la vie. Nous nous attachons avec ténacité à notre personnalité
comme s'il nous était impossible de subsister sans elle. Mais vous, que les
choses de l'art intéressent, n'avez-vous jamais, en vous sentant fondre dans
quelque création de votre tempérament artistique, éprouvé ce ravissement
qui accompagne l'oubli de soi-même ? N'avez-vous jamais, en écoutant la
musique de Beethoven, senti que vous aviez cessé d'être quelqu'un pour
n'être plus que quelque chose d'indescriptiblement merveilleux qui écoute ?
Avez-vous quelquefois, alors que sur le rivage le vent de la mer venait vous
caresser éprouvé la sensation d'avoir laissé tout votre être derrière vous pour
n'être plus qu'un je ne sais quoi d'infiniment délicieux et pur qui s'élançait
les bras ouverts à la rencontre de la source même de la félicité ? Dans les
heures ou l'enthousiasme nous transporte, nous reconnaissons par
expérience que le bonheur consiste à briser les limitations du moi. Il n'y a
dans le Cosmos qu'un seul Être, et nous ne vivons qu'afin de le découvrir.
Cet Être, c'est vous-même, en ce sens que vous êtes des expressions du
Logos. Mais vous ne pouvez le voir tel qu'il est, car Sa lumière vous
aveuglerait et vous rendrait sourd. C'est pourquoi, par amour pour vous, Il
tempère l'éclat de Sa lumière et vous regarde à travers les visages de ceux
que vous aimez et que vous aimez précisément pour ce qu'il y a en eux de
Sa beauté. C'est Lui qui vous aide à découvrir ce qui en eux est digne
d'amour, afin qu'ainsi vous puissiez connaitre combien Il vous aime.
Cet Être unique qui remplit le Cosmos montre une partie de Lui-même
dans les châteaux de rêve que vous édifiez à vos heures d'aspirations
idéalistes, et Il vous montrera dans votre Maitre une partie encore plus
grande de Lui-même que celle perçue ailleurs ; c'est ainsi qu'en devenant
sans cesse plus idéaliste vous trouverez certainement votre Maitre, car c'est
le Maitre qui, toujours, conduit du monde irréel au monde réel.
LE MAITRE
"L'évolution est le plan de Dieu". C'est ainsi que parla mon Maitre.
Vous obtiendrez des faits accumulés par la science actuelle un aperçu de ce
qu'est l'évolution, mais vous n'en connaitrez la signification profonde que si
vous acceptez comme vrais les trois faits fondamentaux suivants :
1 La vie est partout ;
2 La vie ne s'éteint jamais ;
3 La vie évolue.
La vie est partout. – Il n'existe pas de substance qui soit réellement
morte, et le rocher, qui à vos yeux semble privé de vie est cependant animé
d'une sorte de vitalité que vous ne pouvez ni voir ni apprécier. La vie des
plantes, des animaux, des hommes, bien qu'évidente pour vos sens ne
présente aucune différence d'espèce avec cette vie cachée, la pierre. Il n'y a
non plus dans l'espace aucun endroit où la vie soit absente. En haut, en bas,
à l'extérieur ainsi qu'à l'intérieur, partout réside la vie unique qui pénètre
toutes choses, et cette vie est une expression de la nature divine.
La vie ne s'éteint jamais. – Nous vivons dans un monde où se trouvent
de tous côtés les changements et la mort, aussi nous semble-t-il que toutes
choses doivent périr. La nature parait être affreuse tragédie pleine de
massacres sans fin, mais, en réalité, il n'en est pas ainsi. Les changements et
la mort sont inévitables partout où la forme existe, mais ils n'ont lieu qu'afin
de rendre la vie plus intense qu'auparavant. Toutes les choses vivantes ont
une double nature, dont l'une est la forme édifiée à l'aide de matière et l'autre
la conscience qui édifie la forme. La mort n'atteint que la forme. La
conscience qui rendait la forme stable persiste après la mort et a toujours sa
racine en Dieu. "La mort n'existe pas", tel serait le joyeux cri de la nature si
vous pouviez l'entendre. La rose qui se fane à la fin d'un beau jour n'en
continue pas moins à vivre, bien que ses pétales gisent épars sur la terre, et
elle reparaitra vêtue de pétales plus parfaits encore. De même l'animal qui
devient la proie de son ennemi reviendra de nouveau habiter une forme plus
vigoureuse et plus évoluée.
La vie ne construit les formes qu'afin de pouvoir par leur intermédiaire
s'exprimer d'une façon plus intense. Aussitôt que la forme contrarie la venue
de cette vite plus intense, elle est jetée de côté pour se résoudre en les
éléments d'où l'avait précédemment tirée la vie. Tandis que les formes
périssent, la vie qui était en elles persiste indestructible, car elle fait partie
de la vie unique, et elle revient plus tard sous la direction divine édifier
encore des formes nouvelles.
La vie évolue. – Dieu qui est toute puissance, toute beauté, toute sagesse
et tout amour, Dieu désire voir toutes les choses qu'il a créées participer à
Sa nature et se réjouit avec lui. Aussi pénètre-t-il de Sa vie l'univers auquel
il a donnée l'existence. C'est par l'intermédiaire de cette vie qu'il veut se
révéler à Ses créatures, et c'est pourquoi il a doué Sa vie de cet instinct de
développement que l'on nomme la force évolutive ou l'évolution même.
Cet instinct-là est l'agent qui au moyen de matière construit des formes
à des stades différents de développement. La vie qui anime le minéral révèle
Dieu, mais faiblement ; la plante le révèle bien plus ; l'animal davantage
encore, et, de toute la nature visible, c'est l'homme qui le révèle le plus
complètement.
Il n'y pas d'étude plus passionnante que l'étude de ce processus de
développement. En étudiant la chimie, vous obtenez déjà une idée de la
façon merveilleuse dont les atomes sont réunis pour former les molécules
qui rendent possible la vie dans la matière organique et dans la matière
inorganique. Chaque phase de cette réunion en molécules s'exécute sous la
direction de Dieu, et chaque nouvelle agrégation de force révèle une plus
grande partie de Sa nature. Passez à un stade plus avancé, et vous verrez
avec quelle beauté Il édifie Ses minéraux, avec quelle grâce et quelle
harmonie Il trace Son plan afin que Sa nature continue à se révéler
davantage. Étudiez la botanique, parcourez les champs et les forêts en
regardant avec vos propres yeux, et en tâchant surtout de sentir la vie qui les
anime ; et vous comprendrez combien est grande la partie de Lui-même que
Dieu vous a ainsi révélée. Étudiez la zoologie, observez la structure et les
mœurs des innombrables formes qui se rencontrent dans le règne animal,
apprenez surtout à comprendre et à aimer les animaux, et vous sentirez qu'un
voile de plus est tombé pour vous permettre d'approcher encore plus près de
la Divinité. Si enfin, plongeant vos regards dans le cœur des hommes, vous
vous montrez impatient de partager leur fardeau, vous apercevrez Dieu de
beaucoup plus près qu'avant, et vous saurez que vous ne faites aussi qu'un
avec lui.
Dans tout ce processus indescriptiblement merveilleux qu'est
l'évolution en général, il est un point qu'il faut comprendre clairement : c'est
le plan qu'a tracé Dieu pour l'évolution humaine.
Pour la vie qui se manifeste dans le règne animal, la note dominante de
l'évolution est l'égoïsme, la sorte de séparation qu'est l'affirmation de soi-
même ; c'est là que Dieu prépare l'édification des formes. Il édifie les formes
et les éprouve afin d'en apprécier la résistance ; celles qui sont trop faibles,
Il les rejette de côté afin qu'elles se résolvent en poussière, et quant à celles
qui sont résistantes, il les utilise de façon à leur faire édifier avec cette
poussière des formes plus résistantes encore. À mesure que les formes
deviennent plus résistantes elles peuvent être rendues plus complexes, et par
l'intermédiaire de formes plus complexes, Dieu peut manifester et
développer dans la vie des qualités qu'Il ne pourrait exprimer par des formes
plus simples et moins évoluées. La lutte pour la vie et la survivance du plus
apte sont des lois qu'il a Lui-même établies. Dans le travail qu'Il effectue par
l'intermédiaire de Ses agents. Il sélectionne formes sur formes, types sur
types, dédaigneux à vrai dire des formes individuelles, mais toujours
soucieux de la vie qu'elles renferment et de son évolution. Au stade animal,
l'égoïsme est donc la méthode qu'emploie Dieu pour faire évoluer la vie.
Mais l'homme est une âme, et il diffère de toutes les créatures qui lui
sont inférieures. Il est une expression plus haute de Dieu et une révélation
plus complète de Sa nature divine que ne l'est la vie de la plante ou de
l'animal. Ce qui convient à la plante ou à l'animal ne convient plus à
l'homme. L'égoïsme édifia les formes dont se sert l'humanité mais le
sacrifice de soi-même doit maintenant transmuer les hommes – qui sont des
âmes – en des canaux par lesquels se manifestera la plus haute expression
de la Divinité.
Le but que Dieu se propose à l'égard des hommes est de les rendre
heureux. Mais les hommes ne peuvent être heureux qu'autant qu'ils
manifestent les aspects supérieurs de la nature divine qui ne peuvent être
révélés dans la vie de la plante ou de l'animal. Il importe donc que chaque
âme soit pleine d'activité et que ses actions contribuent à faire progresser le
plan de Dieu, et non à le retarder. Or, ce n'est que par le sacrifice de soi-
même et par un service volontaire que les hommes peuvent aider Dieu.
C'est en vue d'enseigner aux hommes que le bonheur résulte seulement
du service volontaire, que Dieu a établi le plan de toutes les choses visibles
et invisibles. Il crée les mondes, les peuples de ses créatures, élève les
continents et les détruit, édifie les civilisations et les réduit en poussière, afin
que par tout cela les hommes puissent lentement apprendre cette leçon. Il
envoie les âmes humaines maintes et maintes fois dans des corps charnels
et les dirige tantôt vers un pays, tantôt vers un autre, afin qu'elles apprennent
dans chacun une partie de la leçon. Il guide ces âmes pour les faire renaitre
tantôt hommes tantôt femmes ; il dispense à chacune la moisson de joie ou
de souffrance correspondant au bien ou mal que chacune a semée. Qu'il fasse
se manifester ces âmes sous les dehors d'esclaves ou de maitres, de
professeurs, de guérisseurs ou de marchands, qu'elles s'adonnent aux unes
ou aux autres des multiples occupations que fournissent d'innombrables
pays, Dieu les entoure partout des conditions qui leur permettent d'apprendre
cette leçon. Le progrès et la décadence des nations, l'apparition et le déclin
des cultes et des crédos, des sciences, des arts et des philosophies, tout cela
représente simplement la marche des pièces dans le jeu que Dieu joue afin
que nous puissions devenir des canaux pour Sa vie la plus haute.
L'égoïsme est donc la loi qui régit l'évolution de la brute, mais c'est le
sacrifice de soi-même qui constitue pour l'homme la loi de l'évolution.
CEUX QUI DIRIGENT L'EXÉCUTION DU PLAN DE DIEU
FIN DU LIVRE