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L’intelligence et son lien à la culture

L’intelligence : une question controversée !


Quels sont les comportements qui caractérisent l’intelligence ?
- La réussite universitaire ?
- La réussite professionnelle ?
- L’aptitude à bien mémoriser ?
- L’aisance en culture générale ?
- L’aisance d’apprentissage des langues ou des mathématiques ?
Tous ces comportements sont dépendants d’aptitudes liées avec notre conception
implicite vs explicite de l’intelligence

Que disent les experts de l’intelligence ?


Étude de Snyderman & Rothman :
Plusieurs définitions de l’intelligence :
Le raisonnement abstrait, la capacité d’acquérir des connaissances et la résolution
de problèmes
Adaptation à son environnement, la créativité, la culture générale, les compétences
linguistiques, les compétences mathématiques, la mémoire et la vitesse de
traitement
Motivation à la réussite, la précision des objectifs et l’acuité sensorielle

 Quelle définition ?
Il n’existe pas un véritable de consensus autour de la définition de l’intelligence
Le concept d’intelligence n’est pas observable directement et fait l’objet de plusieurs
débats théoriques, tout en donnant lieu à une construction considérable de tests
psychométriques.
Les experts savaient comment évaluer l’intelligence néanmoins, ils savaient moins
comment la définir.
On ne peut la décrire, l’inférer ou la définir que par ce qu’elle permet de faire. ON NE
MESURE DONC PAS L’INTELLIGENCE, on infère une compétence à partir de
performances observées dans une situation expérimentale.
Une définition de l’intelligence d’un individu : exige plus qu’une simple description
des capacités cognitives même si le construit de l’intelligence est inféré à partir des
performances dans un ensemble de capacités cognitives au moyen de situations
expérimentales standardisées, sa définition ne peut pas être extraite …
Question toujours très controversée avec des divergences (Sternberg et al., 1986) et
un semblant de consensus : « un ensemble de capacités cognitives permettant la
compréhension, la connaissance, le raisonnement et la résolution des problèmes,
pour la finalité d’adaptation efficace à l’environnement »

 Les 3 principales conceptions

La théorie de l’intelligence multiple

Vue plurielle de l’intelligence :


- Individus atypiques
- Données de la neurologie
- L’analyse de talents particuliers

Décrit plusieurs formes d’intelligence :


- Permet d’envisager autrement l’apprentissage et l’éducation
- Introduit une meilleure synergie entre des caractéristiques individuelles et les
objectifs des apprentissages
Concepts très vulgarisés :
- Troublent fortement les chercheurs dans le domaine (difficile à mesurer de
façon valide et fidèle)

Faibles justifications théoriques :


- Absence d’opérationnalisation de ses concepts
- Très critiquée par les recherches expérimentales

Très utilisé dans le monde éducatif et scolaire :


- Outil utilisé dans de nombreux établissement scolaires afin de développer, de
réparer l’estime de soi des élèves et d’apprendre à apprendre.

La théorie triarchique de l’intelligence de Sternberg

Complémentaire au modèle CHC


Plus intégrative
Novatrice et peu vulgarisée
Évalue :
Les tests classiques, issus du modèle dominant, évaluent une intelligence
académique mais sont insuffisants pour rendre compte de tous les aspects de
l’activité intellectuelle

Ce que l’on doit retenir de la conception de Sternberg :


- Le modèle classique de l’intelligence  met l’accent sur l’aspect académique
de l’intelligence, comme si l’intelligence ne concernant que le milieu scolaire
- La relativité du concept d’intelligence + sa relation fondamentale avec le
contexte (social et culture)

Modèle Cattell-Horn-Carroll (CHC)

Il se veut une synthèse des 2 modèles : celui de Carroll et celui de Cattell et Horn
Souligne la grande diversité des composantes de l’intelligence
Classification hiérarchique des compétences cognitives élémentaires en 3 niveaux :
modèle structural de l’intelligence

Il propose une taxonomie des aptitudes cognitives humaines censées représenter les
différents éléments constitutifs de l’intelligence
Conception dominante et consensuelle = a le plus d’influence sur la construction des
batteries de tests (Échelle de Wechsler)
Ces batteries n’évaluent, le plus souvent que certaines de ces aptitudes, comme si
toutes les aptitudes n’avaient pas la même importance.

Aspects interculturels dans la conception de l’intelligence


 La conception de l’intelligence en occident, en Afrique et en Asie
En Occident

Étude d’Okagaki et Sternberg, 1993 :


On demande à des parents américains ce que c’est être intelligent en fonction de
leurs ethnies.
La conception occidentale de l’intelligence valorise l’abstraction, la résolution des
problèmes et la vitesse de la réalisation de la tâche.
Celles-ci ne sont pas universelles.
Au sein de la culture occidentale = la conception de l’intelligence peut dépendre des
groupes ethniques.

En Afrique

Les conceptions africaines mettent l’accent sur l’aspect pratique de la vie quotidienne
et la création des liens entre les symboles.
Valorisation des compétences qui facilitent et maintiennent l’harmonie + la stabilité
des relations intergroupes et intragroupes.

Les adultes Chewa dans la Zambie : les responsabilités sociales, la coopération et


l’obéissance sont des marqueurs de l’intelligence

Chez les Baoulé :


Les compétences sociales : la capacité à être serviable, obéissant et respectueux
mais aussi à être bien informé, à prendre des responsabilités et faire preuve
d’initiative dans des tâches utiles à la famille et à la communauté = valeurs
essentielles de l’intelligence.
Les compétences cognitives = le sens de l’observation, l’apprentissage rapides, la
mémoire et la dextérité manuelle = valorisées, mais uniquement si elles sont mises
au service du groupe social
Au Maroc :
La notion de sagesse sociale comme ciment de la cohésion sociale = capitale dans
les conceptions traditionnelles de l’intelligence.

En Asie

Les conceptions asiatiques donnent de l’importance au contrôle de soi, à la


spiritualité et à la compréhension interpersonnelle.

Comment expliquer des différences de performances en fonction des ethnies ?


L’une des hypothèses proposées pour expliquer ces différences tiendrait au fait que
les parents et enseignant chinois valoriseraient le contrôle inhibiteur chez les enfants
dès le plus jeune âge.
Ainsi, la discipline de l’enfant, sa capacité à suivre les instructions et à se concentrer
sur une période prolongée (sur un même support) seraient toutes des exigences
précoces dans la culture chinoise

 L’intelligence et la culture : quelle relation ?


L’intelligence est une construction sociale indissociable de son contexte
environnemental et socioculturel
Les cultures définissent l’intelligence de manière différente selon leurs propres
exigences politiques, écologiques et sociales
L’importance donnée à certaines aptitudes varie en fonction du contexte culturel.

1ère échelle de l’évaluation de l’intelligence, source des tests modernes d’intelligence


= Binet et Simon (1905) :
Objectif : détecter les élèves présentant des besoins éducatifs particuliers afin de les
distinguer des élèves réussissant à l’école.

Depuis ses origines, l’évaluation de l’intelligence a servi à 2 objectifs :


- Ordre pratique : répondre aux demandes sociétales
- Ordre épistémologique : concerne la définition même de l’intelligence humaine
et de sa nature
Même si notre représentation du concept d’intelligence est de plus en plus explicite,
elle reste fondée sur des études dont les participants sont souvent très peu
représentatifs de la diversité de la population mondiale.

Pourquoi ?
C’est surtout dans le contexte des pays européens et de l’Amérique du Nord que ce
concept d’intelligence et les outils de mesure de l’intelligence se sont développés.

En fonction de l’appartenance à une culture donnée = certaines composantes de


l’intelligence peuvent être plus privilégiées  leurs apprentissages seront plus
consolidés
Les attentes du contexte culturel vis-à-vis de l’individu façonnent donc son
développement cognitif et son intelligence
L’évaluation de l’intelligence d’un enfant doit donc toujours être relatif aux contextes
d’apprentissage et ne peut s’interpréter sans ces informations.

 Le relativisme vs l’universalisme du concept de l’intelligence ?

Il n’existe pas d’épreuve culture free comme il n’existe pas d’homme culture free. La
cognition comme n’importe quel aspect du fonctionnement cognitif n’est pas a-
contextuelle.
L’évaluation de l’intelligence et les biais culturels
 Qu’est-ce qu’un biais ?
Un test psychométrique développé en Belgique ne peut être utilisé sans une
adaptation en France même si ces deux pays sont francophones et proche
culturellement
Pourquoi ? Le test risque d’introduire des biais culturels dans la mesure des
performances des individus évalués
Qu’est-ce qu’un biais ?
On dit qu’une mesure est biaisée dès lorsqu’elle ne mesure pas ou
qu’imparfaitement, ce qu’elle est censée mesurée. On est en présence d’un biais
lorsque la mesure met en évidence des différences entre des groupes de sujets et
que ces différences ne peuvent être mises en relation avec la ou les variables
mesurées.
Conséquence ?
Un test comportant un biais de mesure avantage ou désavantage,
systématiquement, un sous-groupe particulier d’individus.

Exemple :
4 items du sous-test information du WISC III comportait un biais culturel
Deux items avantageaient systématiquement les enfants Français et 2 autres
avantageaient systématiquement les enfants Belges.
Ces items ont été conservés = les auteurs avaient considéré que les effets cumulés
des biais avaient tendance à s’annuler
Le clinicien administrant des tests à des populations pour lesquelles ces tests n’ont
pas été destiné initialement (même si la langue est identique), encourt le risque
d’introduire des biais dans son évaluation en sous-estimant ou en surestimant le
potentiel cognitif et les aspects dysfonctionnels dans le comportement de ses
patients.
Au pire, il aura évalué tout autre chose que ce qu’il souhaitait évaluer.

 Exemple de facteurs pouvant introduire des biais dans l’évaluation de


l’intelligence
Comme la définition et la représentation de l’intelligence est issue de travaux
essentiellement occidentaux = même une traduction et une adaptation rigoureuse
d’un test à une population pour laquelle le test n’a pas été destiné risque de ne pas
garantir une évaluation sans biais.

Exemple de facteurs culturels pouvant introduire des biais de mesure dans


l’évaluation de l’intelligence :
- Le multilinguisme
- Le sens de l’écriture de la langue

Étude de Sabri & Bosse (2018) : impact du multilinguisme sur l’évaluation de la


compréhension verbale
Objectif : étudier l’impact du contexte multilingue marocain sur la performance aux
sous tests de l’ICV du WISC V.
Participants : 205 élèves de Casablanca en CM1 et CM2 (101 école privé et 104 en
école publique)

Résultats étude :

Vocabulaire : les performances étaient meilleures en arabe qu’en français dans les
écoles publiques et privées. En revanche, les scores bruts en version française
étaient beaucoup plus élevés dans les écoles privées que dans les écoles publiques.
Similitudes : pas de différence entre la version française et la version arabe dans les
écoles privées mais de meilleures performances en arabe dans les écoles publiques.
Impact du sens de l’écriture sur l’évaluation de l’intelligence visuo-spatiale ?
La perception des images et des formes géométriques est également influencée par
les apprentissages et les connaissances culturelles
L’un des facteurs fréquemment relatés par la littérature = l’orientation visuo-spatiale
des items visuo-spatiaux
L’enfant pourrait avoir tendance à traiter l’information visuelle dans le sens d’écriture
de sa langue.
Cette tendance à utiliser le sens de l’écriture a été surtout observée en production de
dessins des formes géométriques, placés plutôt sur le côté gauche ou le côté droit
de l’espace graphique de la feuille.

Étude de Kebbe et Vinter (2013) :


 Cette orientation spatiale privilégiée a des conséquences sur les tâches
visuospatiales classiquement utilisées par les psychologues.

Études de cas
 Enfant Anefal
Pas de retard mental
TDAH
Anxiété, stress ?
Lien entre la culture de ses parents et la culture française

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