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Neuropsychologie de l’enfant à haut potentiel intellectuelle

I. Théorie

1. Histoire du HPI

Le Haut Potentiel Intellectuel peut être considéré comme une « construction sociale », qui est
très variable d’une personne à l’autre.
En effet, ce concept est en perpétuelle évolution, varie d’une décennie à l’autre, d’une culture
à l’autre …

Par exemple, dans la philosophie Taoïste : l’intelligence interpersonnelle est largement


valorisée, ainsi que l’intelligence intrapersonnelle et à la capacité à résoudre des problèmes
cognitifs. Cependant, dans la société Américaine, la notion d’intelligence est très centrée sur
l’aptitude cognitive.

C’est d’ailleurs aux Etats-Unis qu’a eu lieu la création dès le XIXème d’école spéciale pour
regrouper « les meilleurs génies » (génie étant la première appellation, et considéré comme
une ressource pour le pays).

- 1921 : Lancement de l’étude « The Genetic Studies of Genius » de Lewis Terman


(disciple de Galton)
- 1922 : création d’une école pour « enfants doués » (L. Hollingworth)

Experience; Terman study of the gifted

- Recrutement de 1444 enfants, âgés de 2 à 13 ans (Californie)


- Avec QI supérieur à 140 et excellente réussite scolaire (Stanford-Binet abrégé).
- Enfants suivis de 1921 à 1994 avec des publications encore récentes (2011) (Plusieurs
tomes publiés)

Caractéristiques :

- NSC très élevé : 30% des pères sont cadres (contre 3% dans la population Gle) (biais
ou caractéristique ?)
- Premiers mots prononcés précocement, lecture acquise avant l’école primaire
- Bons élèves, bonne culture générale
- Plus souvent myopes (toujours constaté aujourd’hui), plus grands, plus robustes, plus
sportifs (non constaté aujourd’hui)
- Popularité, sociabilité, volonté, optimisme (plutôt leader, loin des clichés de l’enfant
laissé de côté)
- N’ont pas réussi aussi bien leur vie professionnelle que scolaire (collège)
- Les garçons sont plus représentés, mais résultats plus dispersés (QI)

En France, néanmoins, la prise en compte du HPI est plus tardive, pour de nombreuses
raisons ;

La devise de la France est « liberté, égalité, fraternité », dans notre idéale et le fondement de
notre histoire, l’égalité est très encrée principe d’égalité des chances).

De ce fait, par crainte de « l’élitisme », nous n’avons pas chercher à discriminer des enfants
avec de très bonnes ressources, par ce que c’est à leur avantage.
Dans un souci de justice sociale, la France aurait tendance à plutôt chercher à aider
uniquement des enfants déficients, à la scolarité ,accès des milieux populaires,
Malgré l’organisation en 1978 d’un congrès de l’ANPES (Association Nationale Pour les
Enfants Surdoués), rien n’a été fait pour les enfants surdouées. Il n’y eu de succès, mais
plutôt une opinion mitigée, et rien n’a suivi.
En 1981, Terrassier mets en avant ces enfants peuvent être en difficulté scolaire.« Les enfants
doués ou la précocité embarrassante ».
En 2002 survient le premier rapport au gouvernement Delaubier « La scolarisation des enfants
précoces », afin de définir ce qu’est un enfant précoce, quels sont leurs besoins et comment y
répondre.

- Puis diverses circulaires : 2005, 2007, 2009 (très tard donc) : mise en place de guide
de formation pour faire connaître les difficultés que peuvent connaître les EIP.

- Mise en place du Vademecum (2019)

2. Définitions

Ainsi, en 2002, la première définition d’Enfant précoce est donnée :


« Enfant qui manifeste la capacité de réaliser dans un certain nombre d’activités, des
performances que ne parviennent pas à accomplir des enfants de son âge »
Le Rapport Delaubier rapporte le caractère vague de cette définition.

2019 : Enfant à haut potentiel intellectuel:


« Le haut potentiel est défini par un score aux échelles psychométriques très supérieur à la
moyenne » Vademecum
Cette définition est plus effective que la première, référence psychométrique, cependant, le
terme « très supérieur » reste flou.

Ainsi, il n’y avait pas de réel consensus sur ce qu’est un EHPI.


En effet, on observe des définitions variables d’un pays à l’autre :

Aux États-Unis un HPI est « individu qui a démontré la preuve d’une capacité de rendement
élevé dans les domaines soit intellectuel, créatif, artistique ou la capacité de leadership ou
dans des domaines académiques spécifiques et qui ont besoin de services ou d'activités
habituellement non fournis par l'école afin de développer pleinement ces capacités. »
Ainsi, on admet des besoins particuliers qui ne se résument pas uniquement aux domaines
intellectuels.
 En France tous les enfants ont une place dans l’enseignement et celui-ci pourra répondre
aux besoins particuliers de ces enfants.

Il est important de souligner que le haut potentiel intellectuel n’est pas une maladie. Il n’y a
donc pas de critères « diagnostiques » (ne fait pas partie des classifications internationales).
On parle « d’identification » d’une personne à haut potentiel intellectuel plutôt que de
diagnostic. Il n’existe pas de procédure d’identification universelle.

3. Terminologie

En France, plusieurs termes se sont succédé pour désigner des enfants dont les performances
dépassent les normes :

- Surdoué : Terme de plus en plus délaissé du fait de sa connotation de « don » et du


caractère laïc de la France.

- Intellectuellement précoce : Terme en vigueur au sein de l’éducation nationale


jusqu’en 2019.
Induit que l’enfant « serait en avance » (et que cette avance ne perdure pas à l’âge
adulte, d’autant plus que l’enfant ne sera pas forcément en avance sur tous les
domaines)

- Haut potentiel intellectuel :


Haut : aspect quantitatif, « potentiel » : réalisation potentielle ou effective.
Tous les individus ne seront pas identifiés comme HPI car pas de réalisation effective
des capacités « innées »
- « Zèbre » : terme popularisé par Jeanne Siaud-Facchin, non-utilisé dans la littérature
scientifique, idée que chaque individu est unique
Au niveau international : « Gifted » (doué, c’est la traduction à utiliser même ce n’est pas
forcément HPI mais plutôt doué dans un domaine)
Au Québec : « douance », Europe : « High abilities »
A noter que d’autres termes peuvent être utilisés pour désigner d’autres types d’enfants
(talents, prodiges, génie…)
 Talent : réalisation effective (acquis)
 Génie : (exemple : Einstein, Mozart…)

 Le choix du terme a son importance (pas le même point de vue théorique, même valeur…)

4. Critères pour l’identification des EHPI : L’intelligence en question

En l’absence de consensus, la définition se base sur le plus petit dénominateur commun, celui
de l’intelligence :

« L’intelligence est la capacité globale et complexe de l’individu d’agir dans un but


déterminé, de penser de manière rationnelle et d’avoir des rapports utiles avec son milieu »
Wechsler

Cependant, la définition de l’intelligence fait elle-même débat.

Les synthèses réalisées sur la question de la définition de l’intelligence concluent à des points
de convergences, notamment sur les notions de :

Compréhension
- Étymologiquement, « intelligence » vient de « intelligere » qui signifie « comprendre ».
Exemple : « L’intelligence est généralement définie comme la capacité à apprendre,
comprendre et à s’adapter à des situations nouvelles » (Kline, 1991)
D’adaptation
Exemple : « L’intelligence est une capacité générale d’adaptation à des situations nouvelles
par des procédures cognitives ». (Reuchlin, 1991).

Caractéristiques de l’intelligence selon les psychologues (Snyderman et Rothman, 1987)


A. Critère pour l’identification des EHPI

Cependant, il ne faut pas oublier qu’Intelligence et QI ne sont pas synonymes.


L’intelligence est un concept, et le QI est une mesure de l’intelligence.

Cette mesure n’est cependant pas exhaustive :


- Postulat d’autres formes d’intelligences (musicale, émotionnelle, sociale…)
- Les tests ne peuvent rendre compte de toute la complexité du fonctionnement de
l’être humain (réalité sociale et problématiques individuelles)
- Il s’agit de l’inférence d’un niveau d’intelligence à partir d’une performance à un
test
- Les tests papier-crayon sont finalement peu écologiques
- Le QI c’est l’inférence d’un niveau d’intelligence à partir d’une performance

Seuil du HPI :

- Dans la pratique, il est admis que le QIT doit être supérieur ou égal à 130
(2 écart-types)
- Mais dans la clinique comme pour la recherche, les contours sont souvent plus
flous pour le QIT : seuil à 115, 120, 125 …
- Certaines intègrent des participants EHPI dès lors qu’un seul des indices à
l’échelle d’efficience intellectuelle atteint un certain seuil (120, 125, 130…)

❗Attention à l’obsolescence de l’outil utilisé et au fameux « effet Flynn » (la population gagne

des points de QI, surtout verbal – résultats biaisé) ❗

Larabee et Holroyd (1976) ont administré le WISC (original : 1949) et la version révisée en
1974 à un groupe d’enfants déjà identifié comme à haut potentiel intellectuel (WISC : 132 ;
WISC-R : 122,6)

Outils: WISC-V, K-ABC-II


Avec l’évolution des échelles d’intelligence et le découpage en de multiples facteurs au fil du
temps, les profils d’EHPI apparaissent désormais « hétérogènes ».

Cette particularité pourrait, pour certains cliniciens, faire partie intégrante du profil cognitif
des EHPI, qui seraient d’après eux, plus ou moins invalidé sur le plan graphomoteur et
attentionnel (expliquant la faiblesse relative de l’Indice de Vitesse de Traitement, parce que
peut-être moins corrélée au facteur G)

❗Donc non les HPI ne sont pas plus susceptibles d’avoir des troubles attentionnels ❗

De nos jours, il est difficile de conclure quant à la direction de la dissociation (potentiel verbal
VS non verbal).

- Tantôt décrite en faveur du potentiel verbal (Bessou


et al., 2005), bien que pas toujours significative sur
le plan statistique (Liratni & Pry, 2012)

- Tantôt en faveur du potentiel non verbal (Hollinger


& Kosek, 1986).

- Les études les plus récentes, basées sur le WISC-IV,


tendent à montrer un Indice de Compréhension
Verbale supérieur, tandis que l’Indice de Vitesse de
Traitement est généralement situé dans la moyenne
(Liratni & Pry, 2012; Molinero, Mata, Calero,
García- Martín, & Araque-Cuenca, 2015) ou à
seulement un écart-type au-dessus de la moyenne
(Wechsler, 2005).

Courbe typique

Sur l’ensemble des subtests, ceux de l’échelle verbale sont les mieux réussis
(Similitudes, Vocabulaire et Compréhension).
Code est généralement celui le moins bien réussi (Bessou et al., 2005; Brown, Hwang, Baron,
& Yakimowski, 1991; Liratni & Pry, 2012; Wechsler, 2005; Wilkinson, 1993), aux côtés de
Symboles, Mémoire des Chiffres, Arithmétique et Assemblage d’objets.

Résultat un peu bas ici parce que enfants identifiés HPI en WISC-IV, à qui on a fait passer le
WISC-V

Avec l’évolution cependant des échelles d’intelligence et le découpage en de multiples


facteurs au fil du temps, les profils d’EHPI apparaissent désormais « hétérogènes ».
Cette particularité pourrait, pour certains cliniciens, faire partie intégrante du profil cognitif
des EHPI, qui seraient d’après eux, +/- invalidé sur le plan graphomoteur et attentionnel
(expliquant la faiblesse relative de l’IVT

A l’heure actuelle, difficile de conclure quant à la direction de la dissociation (potentiel verbal


VS non verbal)

A. Le recours à l’Indice d’Aptitude Générale( WISC-V)

Fort de ce constat, il a été proposé d’écarter les aspects « vitesse de traitement » et «


mémoire de travail » pour tenter d’approcher de manière plus épurée le niveau cognitif
général (l’intelligence).

L’IAG fournit une estimation de l’intelligence générale moins liée que le QIT à la mémoire
de travail et à la vitesse de traitement.

Le calcul d’un Indice d’Aptitude Général est désormais possible avec le WISC-V et
recommandé pour l’identification des EHPI et pour toutes les situations cliniques où les
aspects vitesse de traitement et mémoire de travail sont susceptibles d’impacter négativement
l’expression du potentiel intellectuel de l’enfant tel qu’évalué par le QIT (exemple :
population TDA/H, TSA, Trouble du langage…)

- Indice basé sur les subtests des domaines de Compréhension Verbale (ICV),
Visuospatial (IVS) et de Raisonnement Fluide (IRF).
- Il ne se substitue pas au QIT, mais doit être rapporté et interprété en lien avec le
QIT et les autres indices (IMT et IVT, indispensables pour une évaluation de
l’aptitude globale).
- Ne pas abandonner les subtests de MT et VT : ils sont des composantes
essentielles de la notion d’intelligence et leur faiblesse potentiel ne pourrait être
décelé si non administrés.
- IAG généralement supérieur au QIT chez les EHPI.
- ICC peut être calculé en complément (subtests de l’IVT et IMT)

L’hétérogénéité étant désormais plutôt la règle que l’exception à l’échelle de Wechsler,


certains praticiens (telle que Goldschmidt) proposent de parler de zones de « hautes
potentialités » plutôt que de sujets à haut potentiel intellectuel

- Parler de haut potentiel chez un enfant au profil hétérogène (avec un QIT supérieur ou
égal à 130), entraîne une non-prise en compte de ses capacités « seulement » dans la
moyenne, ne pas gommer les difficultés relatives ni oublier de valoriser les indices
élevés
- Ne pas parler de haut potentiel dans ce cas occulte une spécificité de son
fonctionnement
 Recommande une analyse strictement par indice

B. Le critère seul d’intelligence est vivement critiqué :

- Par les détracteurs des tests notamment, qui y voient une forme de discrimination et
d’exclusion sociale.
 Critiques dont les arguments peuvent être largement relativisés et même réfutés. Seul le
manque de sensibilité peut en effet être observé pour les notes extrêmes.
- Pour d’autres, la passation de tests pourrait laisser échapper des enfants dont les
compétences ne peuvent s’exprimer dans une situation de test papier-crayon (cf.
théorie de Gardner)

Face aux controverses et au consensus sur le fait qu’une mesure de l’intelligence seule n’est
pas suffisante pour identifier les sujets à HPI, d’autres pistes sont explorées :

1. Évaluer l’intelligence d’une autre manière qu’en « direct »


2. Approcher d’autres aspects cognitifs : exemple de la créativité
3. Recueil d’éléments qualitatifs à l’occasion d’un entretien (cf. diapo « existe-t-il
d’autres caractéristiques »). Cf. Grille de Terrassier
 Les critères qualitatifs sont très importants, mais il faut les mettre bout à bout pour s’en
faire une idée. Ces éléments isolés n’ont pas de sens.

1. Autres manières d’évaluer l’intelligence

Des évaluations auto ou hétéro-rapportées (à destination des parents, des enseignants) ont vu
le jour pour tenter d’évaluer les capacités cognitives autrement que par les mesures directes de
performance.

Bien que ces mesures apportent des informations utiles dans une perspective de
développement personnel, ces évaluations semblent appréhender un construit distinct, avec
des corrélations avec les tests de performances n’excédant pas 0,30 (donc très faible) (Terriot,
Grégoire et Loarer, 2017)

2. Approcher d’autres aspects cognitifs : la créativité

« Capacité à générer des idées nouvelles et adaptées aux contraintes contextuelles »


(Besançon, Zenasni et Lubart, 2010 ).

Des études sont venues soutenir l’hypothèse d’un lien entre intelligence et créativité à
domaine d’investigation pour pallier les limites du QI ;

Ces mesures de la créativité pourraient favoriser l’identification d’enfants n’atteignant pas le


seuil du HPI avec les mesures traditionnelles de l’intelligence, notamment les enfants issus de
famille à faible statut socio-économique ou de minorités culturelles (Luria, O’Brien,
Kaufman, 2016)

Mais tous les enfants à QI élevé ne sont pas forcément créatifs et les enfants les plus créatifs
ne sont pas forcément ceux classés parmi les EHPI (Bert, 2012).
3. Recueil d’éléments qualitatifs à l’occasion d’un entretien (exemple : questionner
sur l’âge d’apparition des premiers mots, de la marche, de la lecture… ) ou
remplissage d’une grille.

❗La précocité des acquisitions ne garantit pas que l’enfant sera à HPI.

Exemple : inventaire d’identification de Terrassier (2014) ❗

5. Prévalence du HPI

Pour répondre à la question de la prévalence, il faut se référer aux critères adoptés.


Le critère de l’intelligence étant le seul consensuel pour l’heure, le critère du QI est celui
habituellement utilisé.
Si l’on s’en tient au seuil de 130, les EHPI représenteraient 2,2% des enfants d’un âge donné
(environ un enfant par classe).

Ratio fille / garçon débattu : plus de garçons ?

- La population de garçons présenterait des résultats plus dispersés que les filles aux
tests d’efficience intellectuelle (seraient donc plus représentés aux extrêmes de la
distribution). Les filles constitueraient un groupe plus homogène. Ainsi, il y a
peut-être plus de garçons HPI, intelligent, mais aussi déficient.
- Autre hypothèse avancée : ils seraient plus représentés dans les études, car plus
souvent identifiés du fait de difficultés, qui seraient moins visibles ou moins
fréquentes chez les filles ...
6. Particularités cérébrales

Au niveau neurophysiologique :

- Les EHPI ont un taux de sommeil paradoxal plus important, qui pourrait expliquer
leurs bonnes capacités de mémorisation.
- Le rythme alpha EEG serait moins élevé.
- La vitesse de conduction nerveuse serait plus rapide (taux de myéline plus
important, donnée reliée à l’intelligence).
- Corrélation entre quantité de matière grise et QI (notamment dans la zone frontale)
- Différence dans l’activation des aires corticales durant des tâches cognitives
(moindre cohérence inter et intra-hémisphérique)

Le cortex préfrontal tiendrait un rôle clé dans la vie intellectuelle :

- Activation de l’aire frontale latérale dans les deux hémisphères lorsque les tâches
verbales et non verbales sont fortement saturées en g (Duncan et al., 2010).

- Meilleure connectivité du réseau fronto-pariétal (adolescents doués en


mathématiques).
- Densité de matière grise plus importante au niveau préfrontal et pariétal inférieur.

- Les FE seraient particulièrement impliqués dans l’intelligence (exemple de la fonction


d’inhibition), mais leur rôle est particulièrement discuté.

- Il existerait un chevauchement partiel des substrats neuroanatomiques des FE et des


capacités intellectuelles (réseaux très distribués au niveau frontal et pariétal)
7. HPI : Inné ? Acquis ?

Les méthodes les plus employées sont les comparaisons d’enfants adoptés à leur famille
adoptive (A) d’une part, et à leur famille biologique (B) de l’autre ; la comparaison entre vrais
jumeaux (100% de gènes en commun) et de faux jumeaux.

Étude de Capron et Duyme (1989) :

- A+B+ : les deux familles sont aisées


- A-B+ : famille biologique aisée, adoptive modeste
- A+B- : famille adoptive aisée, famille biologique modeste
- A-B- : les deux familles sont modestes

Évaluation de l’effet de l’hérédité :


- Enfants nés dans des familles aisées (A+B+ ; B+A-) : ´ QI moyen des enfants : 113,55
- Enfants nés dans des familles modestes (B-A+ ; A-B-) : ´ QI moyen des enfants : 98.

Évaluation de l’effet du milieu : Comparaison du QI moyen des enfants adoptés dans une
famille aisée (A+B+ et A+B-) à celui des enfants adoptés dans des familles modestes (A-B+
et A-B-) : 1. QI moyen : 111,6 2. QI moyen : 99,95 = 11,6 points de différence

 Hérédité et milieu influent tous deux sur l’intelligence. Ils interagissent tous deux.

8. Les modèles d’intelligence

Intelligence : modèle en strates de Cattell-Horn-Carroll

Carroll a analysé les données issues de plusieurs décennies de recherche sur les « aptitudes ».
Il s’agit d’un modèle hiérarchique de l’intelligence.

- Strate I : facteurs de groupes mineurs = aptitudes de faible étendue.


- Strate II : facteurs de groupes majeurs = aptitudes à large spectre (correspondent
globalement à ceux du modèle de Cattell-Horn).
- Strate III : Intelligence générale
- G resterait stable tout au long de la vie

Les modèles théoriques du HPI : Généralités

Tout comme les modèles de l’intelligence, les modèles du HPI sont passés d’une vision
unitaire à plurifactorielle, intégrant à l’intelligence d’autres caractéristiques de la personne.
Ces modèles visent à introduire l’idée qu’une intelligence élevée, ne peut à elle seule
permettre pas de parler de HPI (dans le sens « d’excellence »).

D’autres facteurs seraient impliqués dans la réussite d’une personne.

Être intelligent pourrait permettre, sous certaines conditions, d’accéder à la réussite sociale, à
la notoriété, au pouvoir…

Pour rendre compte du haut potentiel intellectuel, ces théories avancent l’idée que de
multiples facteurs interviennent simultanément et interagissent entre eux.

Modèles théoriques du HPI : Le modèle multifactoriel de Renzulli (1975, 1986)


A terme, Renzulli ne parlera plus d’intelligence, mais « d’aptitudes exceptionnelles »

9. Modèles théoriques du HPI

Le modèle multifactoriel de Heller (2005)

II. Clinique

1. Les descriptions qualitatives

Description clinique :
De nombreuses descriptions cliniques sont diffusées dans les différents médias concernant
l’EHPI. Il faut cependant signaler que les études empiriques existantes ne permettent pas de
confirmer toutes les caractéristiques cognitives et socio-affectives décrites dans les diapos
suivantes.

Il apparaît surtout qu’il existe une importante variabilité individuelle chez les EHPI, qui
limitent l’intérêt de dresser un profil général de cette population.

1. Aspects cognitifs

- Apprentissage rapide du langage oral

- Apprentissage spontané de la lecture

- Grande curiosité

- Besoin de comprendre, recherche de la précision, de la maîtrise

- Préférence pour la complexité, peu d’intérêt pour les tâches simples, faciles ou
routinières

- Stratégies mentales différentes

- Traitement de l’information rapide

- Pensée riche activant simultanément plusieurs canaux de réflexion, favorisant la


créativité, l’imagination et la flexibilité mentale

- Mémoire +++

- Attention +++ (normalement, certaines études montrent le contraire)

- Forte capacité de généralisation et transfert d’infos avec mobilisation du


raisonnement analogique

- Métacognition +++

- Pensée riche activant simultanément plusieurs canaux de réflexion, favorisant la


créativité, l’imagination et la flexibilité mentale

- Chaque idée donne naissance à plusieurs autres, qui à leur tour, engendrent une
multitude de concepts

Description clinique : aspects cognitifs, la pensée en arborescence.


1. La pensée en « arborescence »

C’est une pensée riche activant simultanément plusieurs canaux de réflexion, favorisant la
créativité, l’imagination et la flexibilité mentale.
Chaque idée donne naissance à plusieurs autres, qui à leur tour, engendrent une multitude de
concepts.

2. Les aspects socio-affectifs

- Sens de l’humour
- Forte sensibilité et réactivité affective (très débattu)
- Perfectionnisme (très débattu)
- Refus des règles et des consignes ( pas plus que les autres …)
- Attiré par des camarades plus âgés et adultes (pas plus que les autres)
- Tendance à travailler seul, autonomie dans les situations d’apprentissage

Ce type de liste ne doit pas laisser penser que toutes les personnes à HPI sont toutes les
mêmes, ou se résumeraient à ces particularités.

Chaque personne est singulière, tout comme les mécanismes qui l’amènent à présenter
certaines spécificités.

- Une personne EHPI peut présenter de l’anxiété ou non.


- Attribuer directement d’emblée la cause de l’anxiété au HPI peut être
dommageable.
- Tout comme ne pas tenir compte du HPI et de son impact potentiel sur
l’expression de l’anxiété

Ce type de liste ne doit pas laisser penser que toutes les personnes à HPI sont toutes les
mêmes, ou se résumeraient à ces particularités.

3. HPI et relations sociales

Le HPI peut avoir un impact sur la sociabilité, mais cette influence n’est pas forcément
négative.

Il n’y a pas plus de difficultés chez les EHPI que dans la population générale.

Elle pourrait même présenter plus de facilités dans ce domaine.

- Signalé déjà dans l’étude de Terman (décrites comme adaptées socialement).


- Idem dans l’étude d’Hollingworth sur les THPI.
- Pas de souci dans l’étude de Peyre (2017)
- « Plus populaires » (Mouchiroud, 2004)

SI des difficultés sociales co-existent avec le HPI, plusieurs pistes (hypothèses) sont à creuser:
- Les problèmes « habituels » dans ces cas-là (psychologique ou dynamique de
groupe)
- « Asynchronie sociale » (Terrassier) : du fait du décalage entre le rythme de
développement cognitif de l’EHPI et de ses pairs. Centres d’intérêt parfois
différents à nuancer +++
- Certaines personnes HPI peuvent aussi développer un sentiment « de différence »
(comme je suis différent, les autres me traitent comme tel). Il s’agit d’une croyance
que la personne développe, un sentiment de différence attribué au HPI. Elle peut
être source de stress dans les relations sociales. (Pas spécifique au HPI)

Comorbidités :

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas plus de troubles psychologiques dans
la population HPI que dans la population « tout venant ».

- Biais méthodologique dans les études +++


Exemple : l’étude de Louis affirme qu’il y a plus de trouble de
l’endormissement (oui mais il s’agit d’un échantillon qui consulte entre autres
pour cela…)

Autre exemple : Anxiété souvent rapportée, sauf dans les études Israélienne sur
de grands échantillons représentatifs (politique de dépistage systématique là-
bas).

Il n’y pas plus d’association entre HPI et dépression ou suicide.

2. Quelle approche ?

- Ne pas considérer la personne en se focalisant que sur le HPI


- Ne pas écarter le HPI d’emblée

 « Considérer la personne dans la globalité de son contexte de vie et des éléments


qui la constituent, tout en pensant la manière dont le HPI s’y inscrit »
(Brasseur et Cuche, 2017).

Le haut potentiel est un élément constitutif, parmi d’autres, du fonctionnement de la


personne.

3. Contribution de la neuropsychologie à la compréhension du HPI


L’étude du HPI tient toute sa place dans la neuropsychologie développementale, du fait
d’atypies du développement cognitif, en lien avec une organisation cérébrale pour laquelle des
particularités ont été décrites.

L’étude de ces enfants contribuent « à l’enrichissement de nos connaissances sur les liens
entre cerveau et organisation des systèmes cognitifs au cours du développement » (Jambaqué,
2004).

Langage

Fonctions cognitives visiblement la plus développée


A l’âge de 12 et 24 mois, elles seraient les plus prédictives du HPI à l’âge de 5-6 ans (Peyre et
al., 2017).

- Apparition des premiers mots serait visible dès l’âge de 9 mois et l’association de
mots, vers l’âge de 18 mois (Vaivre-Douret, 2004).
Langage écrit : capacités de rédaction de texte ++ (vocabulaire plus sophistiqué et une qualité
globale du texte meilleure)

En revanche, leurs performances en transcription ne diffèrent pas de celles de leurs pairs (dans
les domaines du codage phonologique, orthographique, motricité fine…) pouvant témoigner
des difficultés relatives.

Traitements visuo-spatiaux

Il n y a pas de différence entre EHPI et témoins aux tâches de rotation mentale.

En revanche, les données d’IRMf ont permis de constater un recrutement cérébral plus large
chez les EHPI fort en mathématiques, au-delà du lobe pariétal, des lobes frontaux et le
cingulaire antérieur au niveau de l’hémisphère droit mais aussi, du gauche.

Tâche de décentration spatiale : performances inférieures ou égales aux témoins.

Graphisme

Fréquemment rapporté comme étant perturbée, ou du moins, pas aussi efficace que le reste du
fonctionnement cognitif chez l’enfant à haut potentiel intellectuel

Motricité

Certains aspects fonctionneraient mieux que chez les enfants tout-venant : vitesse de réponse
(temps de réaction)
En revanche, la coordination visuo-motrice et l’automatisation du geste sont comparables aux
autres enfants.

La vitesse et la qualité d’écriture sont modérément inférieures chez les EHPI, notamment
ceux en situation de sous-réalisation scolaire.

Mémoire

Les données sont très contrastées : il ne faut pas s’attendre forcément à ce que les
performances des EHPI soient à la « hauteur » du reste de leur fonctionnement cognitif (ne
pas s’attendre à des performances très supérieures)

La mémoire auditive (long terme, court terme) serait meilleure qu’en modalité visuelle.

Fonctions exécutives

Le fonctionnement exécutif apparaît corrélé au niveau d’efficience intellectuelle.


Les EHPI ont donc la réputation d’avoir un bon niveau de fonctionnement exécutif…

Mais peu d’études se sont en fait intéressées au fonctionnement exécutif d’EHPI. Celui-ci
serait plutôt hétérogène. Leurs capacités de mémoire de travail auditivo-verbale et de
flexibilité mentale seraient supérieures. En revanche, ils ne diffèrent pas sur les fonctions de
planification, inhibition et MDT visuelle.

4. Troubles des apprentissages

Réussite scolaire, troubles des apprentissages et scolarité

Les données concernant l’association à des troubles spécifiques des apprentissages au HPI
sont assez contradictoires.

Si la prévalence du HPI et TA concernerait jusqu’à 30% des enfants aux Etats-Unis, les
données Européennes sont bien différentes. En France nous somme beaucoup plus restrictive
avec notre seuil de QI à 130

En Europe et tout particulièrement en France, les EHPI ne sont pas considérés comme plus à
risque de troubles des apprentissages.

Un enfant peut être à haut potentiel intellectuel et présenter un trouble des apprentissages.
La difficulté tient cependant du fait :
1. Que le trouble des apprentissages peut être moins visible que chez des enfants
d’intelligence normale (compensation). `
Exemple de la dysorthographie : l’enfant peut s’appuyer sur une très bonne mémoire
visuelle pour apprendre les mots sans passer par la voie d’assemblage. Mais cette
compensation se fait au prix d’une énergie attentionnelle importante.

2. Le trouble des apprentissages peut « masquer » le HPI.


Exemple : dyslexie-dysorthographie sévère.

Les troubles des apprentissages viendraient parfois masquer les HPI.

5. HPI et scolarité : Contribution de l’évaluation psychologique


Se référer au Vademecum (2019)

Le psychologue est souvent amené à se prononcer quant aux modalités pédagogiques à


adopter pour l’enfant.

Les psychologues scolaires sont sont en première ligne pour répondre à ce type de question
(exemple : l’enfant en GSM sait lire à Quid du saut du CP ?)

Les neuropsychologues sont également sollicités pour l’étude des difficultés parfois associées
(exemple : TDA/H, DL-DO, ...).

La mesure de l’intelligence mesure la plus prédictive de la réussite scolaire (excellent


indicateur). Elle permet, en plus de l’avis des protagonistes : professeur, enfant, parents
(élément principal) de veiller à ce que la solution envisagée réponde bien aux besoins de
l’enfant.

Au-delà de la confirmation ou non du haut potentiel, c’est l’occasion de pouvoir se dégager de


l’âge réel de l’enfant et de le comparer à l’âge moyen des enfants de la classe dans laquelle on
lui propose d’être intégré.
 Recours à la table « âge au test ». (Terrassier parle de « QI compensé »).
Marianne, 6 ans et 3 mois, débute le CP.
Niveau de lecture fin de CP, fait preuve de « vivacité », s’intéresse aux épreuves ++, Passage
en CE1 ?

Comprendre les difficultés rencontrées par l’enfant, l’origine de la souffrance qui est
exprimée , la place de l’entretien fondamental :
Il faut documenter au maximum la plainte, qui peut concerner différents domaines.

La plainte la plus classique est celle « de l’ennui » (tel que l’exprime l’enfant), mais les
enseignants peuvent quant à eux évoquer une plainte attentionnelle. Exemple : l’enfant qui a
terminé son exercice 10 minutes avant les autres, qui s’ennuie, joue avec ses affaires, fait du
bruit… L’attitude du professeur face à cela peut être variable :

- Lui fait remarquer son « mauvais comportement » : sentiment d’impuissance de


l’enfant (ne peut pas lutter seul contre son propre fonctionnement) à peut générer
des difficultés de relation avec l’enseignant, un mal-être chez l’enfant, un
désinvestissement scolaire…
- L’enseignant adapte les exigences : l’enfant continue d’apprendre, prend du
plaisir, se sent valorisé.

Le psychologue va étudier les particularités de l’enfant et pouvoir proposer des solutions pour
maintenir la motivation de l’enfant à apprendre et afin qu’il poursuive ses apprentissages de
manière adéquate.

En tant que Neuropsychologue, il faut accompagner les enfants et les familles dans la
compréhension de leurs particularités cognitives et de leur fonctionnement en général.
Conclusion : peerspective

Pour conclure, nous pouvons dire tout d’abord qu’il nous manque une évaluation directe de
l’attention (même si l’on peut l’apprécier cliniquement ( bilan long).

De nombreuses pistes d’aménagements peuvent être fournit à l’enseignant.


Il peut piocher dedans ce qui lui semble pertinent en fonction des difficultés de l’enfant (code
couleur, check liste, trousse pour activité, etc.).
C’est un enfant qui a besoin d’être énormément stimulé

Les notes compensées : correspond au fait de convertir les notes brutes en notes standards
avec 1 an de plus, afin de voir si l’enfant serait en difficulté après un saut de classe.

Cependant , il ne faut pas penser que tous les enfants HPI sont candidats pour sauter une
classe. Certains se trouvent bien dans la leur
Guilloux – « Les élèves à haut potentiel intellectuel »

La neuropsychologie a toute sa place dans l’étude et la prise en charge du HPI :

- Contribution à l’élaboration de critères pour l’identification des EHPI


- Mise en œuvre de l’identification
- Accompagnement des enfants et de familles dans la compréhension de leurs
particularités cognitives et de leur fonctionnement en général (intrication avec les
facteurs environnementaux, de personnalité…)
- Information, formation (de l’enfant/adulte, de ses proches, des professionnels)
- Prise en charge et orientation

Et poursuite de l’amélioration des connaissances relatives à cette population (recherche).

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