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MOUUNS A VENT

Depuis le dossier n" 7 consacré aux Energies éoliennes. nous nous sommes plutôt intéressés aux moulins
hydrauliques, sans oublier, comme à Faugères,les Moulins à vent. Un récent article nous a incité à livrer les
deux textes qui suivent, présentés au Congrès de l'Eau qui, sous l'égide de la lOèmerégion économique,eut
lieu à Montpellier les 24-26 mai 1923. Chacun en fera son profit
L'association Atout Vent nous a précisé que son "activité est basée sur la fabrication de pales et non pas
d'éoliennes", réalisées, par exemple, par l'association Enerplan.
Les personnesintéresséespourrontprendre contactavec: Atout-Vent,Z.I. Puits Gérard, 13105:MIMET pour
l'usine et à: BP 18, 13119 St-Savournin,tél: 42.51.38.39, pour l'administration.

"L'HISTOIRE
Une entreprise dans le vent.

La seule entreprise en France de pales d'éoliennes, Atout Vent, implantée à Mimet (Bouches-du-Rhône), a
réussi à percer un marché mondialtenu jusqu'alors par cinq grands fabricants qui lui envient un procédé de
fabricationunique. L'aventure a commencéen 1988lorsque Thierry Maréchal, professeur de lycée; titulaire
d'un nESS de physique et mécaniquedes fluides, fonde avec un ami chercheur au CNRS une associationloi
1901,Atout Vent, afin de promouvoir "l'énergie propre". fis mettent au point une petite éolienne,pilotée par
micro-ordinateuret dont les pales sont élaborées d'après une technique de moulage, à chaud et sous vide, de
feuilles de carbone sur un pain de polystyrène/Le résultat est plus dur que l'acieretpeut durervingtans",
assure l'inventeur, qui décroche en Hollande ses premières commandes de pales de 4 et 8 mètres. Cinq ans
plus tard, c'est le succès : avec une production annuelle de 240 pales destinées à l'exportation, cette petite
entreprise de douze salariés a vu son chiffre d'affaires multiplié par dix en trois ans, pour passer à 7 millions
de francsen 1993. "Nous sommes à la croisée deschemins", explique lejeune PDG de 37 ans qui souhaiterait
quadrupler sa production annuelle. "Il nousfaudrait un capital de 3 à 4 millions de francs, mais dans la
recherche d'investisseurs, nousnousheurtons à unemorositétypique de la France". Electricité de France,
à qui le ministère de l'Industrie avait demandé d'étudier le dossier d'Atout Vent, a opposé une fin de non-
recevoir."

(Libération, 5 avril 1993)


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x
HISTOIRE DES l\IOULINS A VENT
Par M. Emile TUBRIÈRE,
Professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier.
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(Samedi matin, 26 mai 1923)

Cette étude est consacrée à l'histoire du moulin à vent.


Aucune autre machine hydraulique, destinée à l'élévation des
eaux, n'a, en effet, une histoire aussi intéressante que ce moteur
inanimé, l'un des plus anciens moteurs inanimés. '\
Les moulins à vent ont servi à maint usage, suivant les pays
et les nécessités locales. Souvent, ils furent utilisés pour moudre
le blé; mais le plus souvent, ils furent utilisés comme machine
hydraulique, pour les besoins de l'agriculture principalement,
pour l'élévation des eaux de puits, pour l'arrosage ou le dessé-

- chement. Actuellement, ils sont presque exclusivement employés


pour des travaux d'hydraulique agricole;- ,ce~ n'est que très
exceptionnellement qu'ils reçoivent un autre emploi (1).
Le, vent est' certes l'une des dernières sources naturelles
d'énergie à laquelle l'humanité doive s'adresser. Par son irré-
gularité, l'action capricieuse du vent ne convient pas directement
à la plupart des travaux. Toutefois, cette source gratuited'éner-
gie n'est pas il dédaigner, surtout lorsqu'il s'agit précisément
de travaux d'arrosage ou de dessèchement, qui ne' doivent pas
être nécessairement. effectués à une heure déterminée ou dans un

(1) Par exemple, dans certaines régions du nord de la France, il existe un grand
nombre de moulins iL vent pour la tabrication des huiles. La plupart sont des
moulins à attache, en forme d'une grande guérite tournant autour d'un axe fixe et
vertical.
Un Ingénteur d'Arras, HAI.LETTF., construisit, vcrs 1820, un moulin octogone,
pour .la fanrication de J'huile, diff(~l'an t des moulins il attache par l'immobilité de
l'édifice. cr. LEBJ.,\i'C, Recueil des machines, instruments et appareils qui servent
à t'économie rurale et intlustrielle ... Paris, 1826, ti volumes, 2c série, planches 13
et 1.4.
Les moulins à vent out été encore utilisés comme moulins ù. Lan, comme
moteurs ûc scieries...

Les Moulins de l'Hérault, Dossier nO 13, 1993, p. 259 - 272.


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120 CONGR1~S DE r..'RJ~ U. - ' MONTPRI.J... IER, :MA.I 1923


temps imposé. Le rôle du moteur éolien peut d'ailleurs être
conçu sous un point de vue plus général: cette machinepourrait
servir à élever une masse quelconque, de l'eau en particulier,
dans le but de créer une réserve d'énergie potentielle, ultérieu-
rement utilisable. A l'heure actuelle où de nombreux chercheurs
se préoccupent de résoudre le difficile problème de l'utilisation
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industrielle des marées (le problème de la houille bleue), le pro-


blème de la houille éolienne n'est peut-être pas sans intérêt.
llypothèses sur les origines des moulins à vent. - L'unani-
mité des historiens et des savants est acquise contre l'existence
des moulins à vent dans .l'antiquité .gréco-Iatine. De nombreux
textes grecs et latins font, en effet" allusion aux moulins ordi-
naires, à travail humain, à ânes et chevaux. Quoique d'origine
plus récente, les moulins à eau étaient connus des Romains (1.) •
Pal:' contre" le silence le plus absolu plane, dans ces mêmes
textes, i sur les moulins mus par l'action du vent.
La question des origines des moulins à vent et plus spéciale-
ment de leur introduction en Europe occidentale a souvent été
agitée. Les opinions émises sur ce sujet se rapportent à trois
origines possibles: origine hollandaise, origine bohémienne,
origine orientale,
J .-F. Montucla, dans son histoire des mathématiques (2),
pense, sans apport.er la moindre preuve à l'appui de cette asser-
tion, que les moulins à vent sont d'origine hollandaise et que
leur découverte remonte aux VIlle, IXo ou Xe siècles: « Dans
quel pays, en effet », écrit-il, [cette machine] ( pouvait-elle
mieux prendre naissance, que dans celui où de vastes plaines',
de' niveau avec la mer, ne permettaient point d'employer les
eaux courantes ~ »

(1) BOUCHAUD. - De l'autorité et de l'usage des inscriptions dans la législation


romaine, Mémoires de l'Instùu; national des Sciences et Arts. Sciences morales et
politiques, tome v" Paris, an XII, p. 75-134:, p. 135-1.95.
MONGEZ. - Mémoiressur les meules de moulin employées pal' les anciens et les
modernes et sur les meules à bras, antiques, trouvées près d'Abbeville, Mémoit'es
de. l'Institut royal de France. Classe d'histoire et de littérature ancienne, tome III,
Paris 1818, p. ·i4J-480 (lu le 15 frimaire, an XIV).
LR GRAND D'Aussy. - Histoire de la vie privée des françois, depuis les o7"ig ines de
la nation jusqu'a nos jours, nouvelle édition, tome l, Paris 1B:!), p. 52-67.
Fr. NOEL et M. CARllENrlER. - Nouveau, dictionnaire des origines, in t'entions ct
découvertes, Paris, 2 volumes, 1821.
(2) J.-F. MONTUCLA. Histoire des mathématiques, tome I, Paris, an VII, p. 530.
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TURRIÈRE. - HISTOIRE DES MOULINS A VENT 121


Cette opinion, je la retrouve dans 'la vieille histoire des peu-
ples septentrionaux d'Olaüs Magnus (1), qui considère la Hollande
comme un pays privilégié pour ces sortes de machines.
L'argument naturel a certes son poids, mais il est curieux de
,constater que Montucla n'a pas songé aux autres régions privi-
_légiées par la nature, sous le point de vue qui 'nous occupe :
pourquoi omet-il donc de signaler les montagnes de l'Espagne,
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rendez-vous des vents, le pays dont les moulins à vent ont été
rendus célèbres par Cervantès ~
Et laPennsylvanie î Les moulins à vent à quatre ailes, du
type ordinaire, étaient autrefois fort répandus sur les collines
de Pennsylvanie, où les moulins à eau étaient encore inconnus
au XVIIIe siècle (2).
L'hypothèse d'une origine bohémienne a pour fondement un
passage d'une vieille chronique bohémienne, d'après laquelleles
moulins à eau n'auraient été introduits en Bohême qu'en l'année
718 ;' auparavant ils y étaient inconnus; les seuls moulins du
pays étaient de nombreux moulins à vent construits sur les mon-
tagnes. ,Ce passage de chronique, rapporté en 1724 par Herin-
gius, à depuis été fréquemment cité (3)-. C'est'là évidemment une
référence précieuse, mais qu'aucun autre texte n'est venu con-
firmer. Cette hypothèse a paru si faible, que les historiens, qui
connaissent ce fait, restent pourtant, affirmatifs sur l'origine
orientale, comme conséquence des croisades.des moulins à vent.
C'est cette dernière hypothèse, celle de l'origine orientale, qui
est généralement admise. En fait, lorsqu'il existe, comme c'est
le cas des moulins à vent; une,grande obscurité sur une invention
médiévale, il est facile de l'attribuer aux orientaux et de ratta-
cher aux croisades son introduction dans l'Europe occidentale.
Nombreux sont donc les historiens (Libri, Michaut...) et les
savants (Belidor...) qui attribuent cette dernière origine aux

(i) Historia Otai M:\GNJ got/liarchteptscopi upsaliensis de qentium sepieniriona-


lium »ariis conditionibus, 1rc édition, Rome, 15tsfS, p. 516, livre XIII, chapitre XI,
(avec une gravure).
(2) Un moulin à ven t de ce t)'pe Iut reconstitué pour l'exposition de i 876 de
Philadelphie, Voir reproduction dans le journal l'Illustralion du 24 juin 1876
(p. ,ii4).
(3) La chronique de 'Venceslas BAGJo:K.
U~RINGIUS. - Tracuuus sinqularis de molendinis eorumque jure; cotomae A!Jr:.ip-
pinae, i72-i, in-folio, p. 19 (ouvrage datant de 16(3).
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122 CONGHr.:S DE L'EAU. - l\IONTPRJ.I.IER, MAI 1923


moulins à vent (1). A l'appui de cette assertion, aucune preuve
n'est apportée.
Ce qui est certain, c'est que si la connaissance de ces moulins
nous a été réellement transmise pal' les croisades, c'est à la pre-
mière croisade môme qu'il faut remonter La preuve en serait'
l'existence du texte, célèbre dans l'histoire de ces machines, de
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1105, sur lequel je reviendrai. Mais, h la bien considérer, cette


date de 1100, pour un texte de charte normande, est de trop peu
postérieure à la première croisade. Une période de dix années
entre le départ des croisés et la rédaction d'un document concer-
nant la construction de moulins à vent en Normandie me parait
trop brève.
En outre, aucune allusion à l'existence de moulins à vent en
Terre sâinte n'est faite dans les ouvrages historiques de pre-
mière main sur les croisades. Guillaume de Tyr, qui mentionne
à l'occasion les merveilles orientales et d'une manière générale
tout ce qui pouvait être nouveau aux yeux des occidentaux,
mentionne seulement comme moulins les sept moulins incendiés
par les croisés allemands à leur passage ù Nisch, en Bulgarie ; .eL,
la situation de ces moulins permet de supposer qu'ils étaient IllUS
par l'eau. Fulchérius de Chartres (le fait est relevé par l'fougez)
rapporte' qu'en 1.101, après la prise de Césarée, les croisés épar-
gnèrent quelques femmes pour les condamner à l'esclavage ct
les réserver au travail des moulins à bras.
Ce n'est que dans le Voyage d' oultre-mer de Jérusalem de
14'20, par Nompar II, seigneur de Caumont, que je trouve men-
tion de moulins à vent en Orient: « 1110Iis de vent qui nuyt et
jour molent, yver et esté»,
Il est d'ailleurs peu vraisemblable que les premiers croisés
aient rapporté d'Orient des connaissances utiles. Les croisades
ne semblent avoir eu des conséquences économiques, artistiques
et industrielles, avoir en faiL contribué il notre civilisation, que
lorsque les vénitiens et les génois, par exemple, les firent déri-
ver de leur but initial au profit de leur commerce et de Leurs
intérèls. Il faudrait alors descendre chronologiquement jusqu'à

(1) G. LWH!. - Histoire des Sciences mathematique» en îta fie, depuis ln. Renais-
sance des lettre.. ; JlI.~qU;>iJ ln, /ill du Xr/lc siécte, tome Il , Puris, 18:18; p. ~32.
M.eH.\ UT. - Histoire des croisades, l.. IY. (~. éd.) Paris, '1862, p. 29B.
BI1:UOOR. Architecture hydraulique, LameII, Paris, 173U, p. ao-:>~.
L.-A. MUR.\TÛRI. - Aruiquùates italicae mediae mm', 1138. t, II, col. 39!1.
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TURIUÈRE. - HISTOIRE DES MOULI~S A YE~T 123


la prise de Tyr ou à la quatrième croisade pour trouver des
traces véritables de cette influence civilisatrice.
Or, nous constatons que Venise fut spécialement intéressée
par les travaux hydrauliques. De tout temps, la question des
puits et des fontaines d'eau douce a constitué un problème d'in-
térêt primordial pour le gouvernement de la citée de la lagune.
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Dès le XIe siècle, les vénitiens utilisent la houille blette: décou-,


verte de moulins mus par la marée, établis' dans les lagunes, et
tournant six heures dans un sens, six heures dans l'autre (1044).'
Les moulins à vent n'apparaissent en Italie que bien plus tard:
en 1332, un crédit fut accordé par le Grand Conseil de Venise à.
Bartelemi Verde «pro faciendo unum molinendum a vento ».
Ainsi, rien n'est moins prouvé que l'origine orientale, par les
croisades, des moulins à vent.
n est possible d'ailleurs que leur origine soit bien orientale:
ces machines mues par l'action du vent pourraient venir de l'ex-
trême-orient et avoir une origine hindoue ou chinoise, comme
les cerfs-volants.
Ce qui est étonnant c'est de constater l'oubli qui; dans cette
discussion d'origines, ;8 été fait du rôle civilisateur des arabes. Il
existe des moulins à vent en Espagne, à Malte, dans le midi de
la France, dans tous les pays soumis à. l'influence arabe. N'ou-
blions pas, à ce sujet, que la noria, comme l'atteste la forme
du mot, est précisément d'origine arabe; cette machine vient des
arabes par l'intermédiaire des portugais et des espagnols. Dans
la seconde moitié du Xe siècle, vers 960, de grands travaux
d'aménagement agricole des provinces de l'Espagne furent exé-
cutés par les arabes, sous le règne d'Alhakem (1.).
Depuis longtemps déjà les Normands avaient pris l'habitude
de faire des incursions en Espagne. ,Au: milieu du IXe siècle,

(i) Sur les machines employées en Orient, voir Pierre Br:LO~: Les observations
de plusieurs sin{Jularitez et choses mémorable.') trouoées en Grèce, Asie, Judée}
Egypte, Arabie, etc... Paris, 1.553, un volume in-so. Livre Il. , chapitre 38, feuillet
HO; chapitre 55, feuillet j23: (norias. roues, chapelets).
De tout temps, la question de l'eau potable a préoccupé les arabes : nous (c

« sommes une foule altérée par une soif brûlante et nous n'avons que les caux
(1 d'un puits il moitié désséché. CommenL pourrons-nous calmer notre soif dévo-
.. rante ~» chan Le t'un de leurs anciens poètes.
ISlDO~E DE S.:VIJ.LE, dans le chapitre SUT les vents de son ouvrage sur les ori-
gines, ne mentionne pas les moulins II vent. Les moulins li vent étaient donc
inconnus en Espagne au début du VlIo siècle.
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124 CONGRÈS DE L'EAU. - MONTPELLIEU, MAI 1923


ils avaient ravagé les côtes de Lusitanie et attaqué Séville (en
843 et 844).
Premières mentions des moulins à vent. - Qu'ils soient
d'origine hollandaise ou hispano-arabe, rien d'étonnant à ce que
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la première mention connue des moulins il vent soit un passage


.d'une charte normande: en 110n, Guillaume de Mortain, petit-
fils de Guillaume-le-Conquérant, permet à. Vital, abbé de Savi-
gny, d'établir dans les diocèses d'Evreux, de Bayeux et de Cou-
tances des molinenda ad ven/ume C'est ce qui résulte des
recherches des érudits bénédictins: le texte de cette charte a été
primitivement cité par Mabillon : il a depuis été fréquemment
reproduit.
Du Cange (au mot molendinumad uentum. de son glossaire)
mentionne en outre un décret du pape Célestin III (en 1198) et
une charte de 1205 faisant allusion aux mêmes machines. Il
estime que leur introduction en France remonte au règne de
Philippe-Auguste (1).
Descriptions et théories primitives des moulins à vent..Le
problème de Fr. Bacon. - Les premières descriptions des mou-
lins à vent semblent être celles qui se trouvent dans les ouvrages
de J. Cardan (1080), de F. Veranzio (1tl9B), de François Bacon
(vers 1.600).
Simon Stevin, le savant mécanicien de Belgique, parait avoir
écrit sur ces machines vers 1605.
En 1661., Powelleur consacre quelques pages dans son ouvrage
encyclopédique' sur l'industrie.
La théorie des moulins à vent prend naissance dans le traité
des vents de F. Bacon (2). Le grand chancelier d'Angleterre relate

(I) Jean MABILLON. - Acta sanctorum ordinis S. Beneclictz, t. V, 1668-1701,..


p.474.
René CaoPPIN. - De civüibus parisiorum moribus ac institutis !ibri III, Paris,
1596, Ilber 1, p. 8t. .
Du CAi'\GE. - Glossarium ad scriptores mediae et infimae taiinuaus, '1618.
BOUCH:\ITIl, l\lo!'1GF.7., NOl-:r. et C:\UP~N"'IEIl, Le GRANO D'Aussy, etc•••
V'" de V:\.onLA~c. - La France au. temps des croisades, t. IV, Paris, ·181:7, p. 6.
Le premier texte anglais mentionnant Je moulin à vent me paraît être: G. CUAU-
csn. - The flous o] [ame, 1:l83 (vers 190 du 3° livre, 1280 du poème).
(2) CARDANUS. - De rerum »arietatc libri XVils. Lugduni, 1580, lib. l, caput X,
p. 68-69 (avec une figure).
Fausto VERA.~ZlO. - Machinae. Novae, Venetiis, trs9ü.
265

TunnIÈUE. - }]JSTOTHE DES MOUJ.INS A "FoNT '125


diverses expériences sur les moulins à vent et pose, en les ter-
mcs suivants, le problème de la Iorme la plus avantageuse à
donner aux ailes de ces machines :
Donner aux ailes des moulins à vent un tel columc, une telle
forme et une telle disposition, qu'ils puissent avec moins de
ueni, moudre la même Quantité de qrain, ou, avec le méme vent,
en moudre une plus qrande quantité ; invention qui serait éco-
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nomique et qui pourrait detenir [ort lucrative,


La question est complexe : position de l'axe du moulin par
rapport il la direction du vent, nombre des ailes, leurforme, leur
position relative par rapport à l'axe du moulin ... telles sont les
diverses questions à discuter dans le but d'établir le meilleur
rendement de la machine.
« Au reste, quelle que soit l'époque 011 parut chez nous cette
» belle ct. ingénieuse machine, elle est du petit nombre de celles
}) qui ont reçu, dès le commencent, toute la perfection dont elles
» sont susceptibles. » Cette perfection est-elle due à une pratique
déjà ancienne lorsque les moulins iL vent parurent 'en Europe
occidentale ~ Est-elle due à des travaux de mécanique ~ Les
moyens d'investigation font ici défaut: nous sommes trop peu
fixés sur les connaissances mathématiques des peuples orientaux
et mème des arabes dans le haut moyen âge!
Lorsque, aux premières années du X.VIlle siècle, le mathéma-
ticien français Parent aborda l'étude théorique des moulins à
vent, les premiers résultats qu'il fit connaitre ne constituèrent
que la confirmation de la pratique: « Si ce pouvait être en quelque
» façon un sujet de jalousie pour les savants, qu'une machine si
» parfaite où la science n'a point eu de part, et où jusqu'ici elle
)? n'a rien ajouté, ils devraient s'en consoler, parce qu'ils sont
» (lu moins les seuls qui aient pu s'assurer pleinement de toute
~ sa perfection» ·(Fontenclle). .
La question relative ft la position de l'axe du moulin par rap-
port au vent ct celle du nombre des ailes ne présentaient guère

Fr. IhcON. - Ilisiorio naturulis ct e.rperimentalis dl: nentis, Amstelodomi, 1662,


p. 8:l-R8.
Tome onzième de la traduction des (PUV1'eg de F. BAGON paJ' A. LASSAI.LE:
p, '207·213 ct p. 2<l5.
PI)WI~tL. - Ilumane iuilustrie, ur Ct his/ory of most manuel arts, .) 66'J, p. 24-45.
266

126 CONGRÈS T"~ r.'IUlj. - MO:\TPgLT,lIŒ., MAI 1923


de difficultés. Aussi furent-elles résolues, semble-t-il, de tout
temps ; la prélércnco fut accordée depuis les origines aux mou-
lins h quatre ailes eL à axes horizon Laux.
Cc serait, en effet" une erreur d'uugmenter le nombre des
ailes lorsqu'elles sont longues; l'augmentation du poids du
volant (ln. partie mobile du moulin) est à éviter; en outre, la
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réflexion du vent par les ailes (le remous) exige que l'éloigne-
ment mutuel <les ailes soit le plus grand possible. C'est pourquoi
le type normal du moulin il. vent est à quatre ailes: les moulins
à un nom bre supérieur d'ailes sont absolument exceptionnels :
par exemple, le moulin de Ferry, installé il y a un siècle à
Marseille, pour l'élévation de l'cau, avait été construit avec six
ailes pour suppléer à Leur longueur insuffisante (1).
Dans les roues ùes actuels moteurs aériens, les ailes sont bien
1110ins longues ; elles atteignent au plus 4 mètres de rayon. Le
re11100S est dont moins considérable, et il a été possible d'aug-
monter le nombre des ailes" de le porter par exemple à ~4.
D'ailleurs ces moteurs modernes sont 'construits comme des
turbines à aubes courbes métalliques.
Les inventeurs des moulins à vent durent reconnaitre que
l'axe de rotation devait prendre la direction du vent. Aussi, les
moulins sont-ils qénéralement ù axes horizontaux. En réalité,
l'horizontalité n'est pas rigoureuse; l'axe doit avoir une légère
inclinaison de 8 iL 1ü degrés, qui correspond à la direction habi-
tuelle des vents.
Une question plus délicate est celle de la détermination de la
position des ailes: la recherche de l'inclinaison optima à donner
aux ailes. Supposons, en effet, que l'axe de rotation de la
machine en travail soit, comme il vient d'être indiqué, disposé
parallèlement à la direction du vent. Si les ailes étaient disposées
perpendiculairement il cette direction, elles n'opposeraient au
vent qu'un obstacle, qu'il briserait dès que sa violence serait
suffisante ; en tous cas. cette disposition d'ailes droites serait
d'effet nu], du point de vue mécanique. Par contre, si les ailes

(1) L!':BLA~C. - Recueil des machine...., instruments el appareils qui serrent if,
l'économie rurale el industrielle, tel» 'l'W ... moulins, o.. machinee li élever l'eau o.,
Paris, 1826, il volumes, :!" partie, plunches 22 ct 2:~.
On peut encore citer le moulin à douze ailes de HAI.LADA Y; celui d'Amédée
DURAND.
267

TOn.BTI~:I\Jo: - tnSTOIHE !)Jo> "Ol'L[N~ :\ VENT 127


étaient disposées trop obliquement, presque parallèles à l'axe de
rotation, le vent gli~scl'ait seulement sur elles, Dans ces deux
cas extrèmes, de toute évidence, la machine ne produirait aucun
travail. Ce qui peon ve l'existence d'une inclinaison optima des
ailes relativement à l'axe de rotation du volant.
Dans les moulins de la région parisienne (1), vers 1700, cette
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inclinaison était <le 5~ degrés environ. Cc nombre était d'ailleurs


conforme aux résultats de la théorie élémentaire des moulins à
vent.
Etudes mathématiques des moulins à »ent : Parent, D. Ber-
noulli. Belidor, d'.·' lember], - La première étude mathéma-
tique le problème des moulins à vent est duc à Parent,
SUL'
mathématicien français, né à Paris en 1666, mort en -1716,
membre de l' Académie des Sciences.
Le premier résultat ('1705) de Parent fut la conlirmetion de
la règle pratique de parallélisme de l'axe du moulin et de la
direction du vent. Peu de temps après, Parent établit que
l'inclinaison adoptée de ~o degrés POUl" les ailes, était trop faible;
sa théorie assignait ü l'inclinaison des ailes sur l'axe de rotation
une valeur de 71 ao' 4. En outre, ce mathématicien, obstiné à
0
,

vouloir transformer les règles de construction, dictée par une


expérience multi-séculaire, proposa de porter à sL"'C le nombre
des ailes, et de leur donner la forme elliptique. Puis, se rendant
compte de l'inutilité de toutes ces transformntions, il maintint
la forme ordinaire, la forme quadrangulaire, mais en introdui-
sant quelques changements.
Les travaux de Parent ne semblent pas avoir été utilisés pra-
tiquement: ni mème soumis à des vérifications expérimentales.
En 1738, Daniel Bernoulli donna une solution assez compli-
quée du problème de recherche de l'inclinaison optima des ailes.
Contrairement au résultat théorique de Parent, le nombre 00° est
trop fort, d'après D. Bernoulli, qui donne une inclinaison de 45°.
Presque en mèrno temps, le général français Belidor (1739)
donna pour cet angle la valeur' 54 0 04", solution de l'équation:
tang- (:) == 2.
(1) Il Y eut certainement des moulins à vent à Paris dès le XIV· siècle. Tel, le
moulin dit (les Copeau» (1111 i~t.1.it alors placé SUl' une butte du Jardin des Plantes
actuel. Ces moulins furent d'ailleurs bien moins nombreux que Jes moulins à eau.
C. 1. li ustave FM;srF.7.. - Etude sur t'industrie ct lu classe industrielle i.~ Paris au
XTlI~ et au XI v~ siècle, Paria, 18ï7, p. 15ô-i5i; page 164, note 2.
268

128 CONGnÈs nE L'E:\ U. - \IONTPF.LLTEH, MAI 1023


D'A lem bert étudia la mème question en 1744 et en 1768.
Le travail de d'Alembert constitue une critique des hypothèses
et des résultats de D. Bernoulli, qui n'offre plus elle-mème actuelle-
ment qu'un intérêt purement bibliographique. Toutes ces théo-
ries des moulins il vent sont erronées. Elles ne reposent passur
des connaissances expérimentales des effets des vents ; elles
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confondent parfois l'attaque du vent contre un objet au repos et


contre un objet en mouvement dans l'air. Elles traitent enfin
COLIHl1e un problème de percussion un problème de dynamique'
dans lequel la pression du vent s'exerce avec une durée de
beaucoup supérieure à celle d'une percussion (1).
La théorie dynamique moderne des moulins à vent. - Une
théorie plus satisfaisante prend son point de départ dans les
principes posés par L. Euler (1762) dans un mémoire sur les
moulins à vent.
Des expériences, pour mesurer l'action du vent sur les ailes,
furent faites aux dernières années du XVIII" siècle par Smeaton
(17GO), Borda (1763), J.-H. Lambert (1775) et surtout par Cou-
1001b, qui étudia les moulins de la région de Lille (1781).
L'interprétalion mathématique des résultats de ces diverses
expériences fut l'objet de travaux des mécaniciens de l'école
'fra.nçaise du XIXe siècle: Hachette, Borgnis, Christian, Morin,
Navier, Coriolis, Poncelet, M. Haton de la Goupillière... La théo-
rie mathématique est compliquée; mème simplifiée, elle fait
intervenir une intégrale, qui doit être rendue maxima, par un
choix con venablc des constantes de la machine. Le problème se

(1) Eloge de P:\HEXT: rouvres de l"O~T":~EI.LJ-:, éd. i76G, t. V, p. 438·447.


P.-\RRNT. - Reeùerohe« de phytûqu.e et de nuuhénuuiques, 2 volumes, Paris, 1105 ;
2" édition en 3 volumes de -1713.
PAR..: NT. - Des proportions, des figures et du nombre des ailes des moulins à
ven t verticaux, propres à augmenter la force ct diminuer los frais le plus qu'il est
possible. .Mémoires pour t' histoire de« Sciences et des Beaux-Arts, Décembre 171i,
p. 2t 76-2202. '
Voir aussi B. N. manuscrit d'auteur anonyme 11" 12:~4~ : CI art de construire les
moulins» ; ce manuscrit est la, traduction de L. C. SLürm. - Vollstandiqe Miih/en
Baukunst. Augsburg, 1718, in-folio.
Bibliothèque Mazarine, 111S 3Ci75 du XVIIIe sièole (fio2).
D. BIŒNOULLI. - lf!ldrol!f/lIam;ca, 1738, p. 190.
BELII>on. - Architecture hydrau.lique, t, TT, Paris, 1739, p. aO-52.
D:Ar.I~Mn~;B:r. - l'l'ailé de l'equilibre et du mouremcnt des jllJ.zdes pour servir de
suite au traité de dynamique, Paris, 17.14, p. 372-374. Opuscule. mathematiques, L. V,
1ï68, p. 1"*8-161.
269

TURluÈnE. - HISTOIRE DES MOULINS A VENT 129


rattache .ainsi au calcul des variations; mais il est spécial et celte
question de maximum d'une intégrale se laisse traiter élémen-
tairement.
D'après Smeaton, la meilleure disposition est celle adoptée
dans les moulins à la hollandaise: chaque aile est constituée
par une sorte d'échelle sur laquelle sont tendues des toiles des-
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tinées à recevoir l'énergie de l'action du vent. Les bras ont une


longueur de 10 à 12 mètres, les traverses ont de 1 m,SO à 2 mè-
tres. Les traverses ne commencent qu'à 2 mètres de l'axe de
rotation; leur équidistance est d'environ Om,40.
Les toiles 11e sont pas parallèles entre elles: ce sont des élé-
ments d'une surface gauche; leur inclinaison varie en fonction
de la distance à l'axe de rotation. Si la longueur totale du bras
est décomposée en six parties égales, les éléments étant numé-
rotés de 1 à 6 à partir de l'axe, les angles de ces éléments avec
l'axe sont les. suivants:
Numéros des éléments: 1 2
Angles . . . . . • • _..•• 70°30 71°

Dans cet ordre d'idées de perfectionnement de la forme des


ailes, il faut citer les machines de Smith où le récepteur est un
organe ayant la forme de l'hélice propulsive des navires et les
moulins actuels danois dans lesquels est utilisée une hélice
d'avion (1).

{I} JOHN SlŒATON. - E:cperimental enquiry concerning the naturai potaers o(wa-
ter and ioind to turn mills and other machinesdepending on a circular motion, i 760.
Johannes van ZYI.I. - Theatrum machinarum unioersale, Amsterdam" i76i.
Expéliences de BORDA ct deCouLo}JD : Académie des Sciences, 1160-1763, t7Bi.
J.-II. L..\ MBEnT Académie de Berlin 1i15.
:
John STEWART: Description of a machine of invention to uork mills..• -1767.
J.-A. FABRE. - ESSlf,i sur la manière la plus a1Jantageuse de construire les ma-
chines hydrauliques et en parueulier les moulins à bled, 1783.
H..loCn"~TTE. - Traité de.') machine." Paris, 1828, p. 22ü.
BORGNJS. - Dictionnaire de mécanique appliquée aux arts, Paris f8~3. - Traité
complet de mécanique applzquée aux arl... . , t. 1. De la composition des machines,
,S18. p. 162; t. Y. Des machincs ugricoles, 1821, p. 212.
CJlRIs'n~\ N. - Traité de mécanique industrielte ou erposé de la science de la mcca-
nique déduite de l'expérience et de l'obseroation principalement ci. l'u,';(l!/e des mllllU-
taoiuriere et des artistes, Paris, 1823, t. I. p. :1-60.
A. i\10RIN. .. Aide mémoire de mécanique pratique, Paris, 1831, p. 153·154-.
Notions fondamentales de mécanique et données de t'expérience, 2- éd., Paris, 1850
p. 41't !.17 ; 430.-
N'AVn:Il. - Notes de la réédition de l'Architecture hydraulique de BJc;Lmnn.
270

130 CONGRÈS DE L;EAU. - "IO~TPELLIEn, MAI 102:3


Le moulin d'axe horizontal présente quelques inconvénients.
L'un d'eux consiste dans la difficulté d'orienter le moulin : un
autre dans celle de rendre variable la surface utile des voiles,
rapidement et sans arrêter la machine. li est pourtant de toute
nécessité de réduire cette surface, en cas de danger des grands
vents.
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L'ingénieur français Berton imagina le premier système ingé-


nieux permettant. d'opérer instantanément cette réduction de
surface utile, pendant la. marche même. Mais, dans le moulin
Berton, les pressions ne s'exercent pas uniformément sur toute
ln surface; de ce fait, le rendement estsingulièrement diminué .
.Un autre ingénieur français, Amédée Durand, a construit un
moulin à réglage et orientation automatiques, approuvé par
l'Académie des Sciences en 1.842, qui peut être considéré
comme le proto-type des actuels moteurs éoliens: tel celui qui
est exposé par la maison Bompart et Cio de Nîmes dans l'en-
ceinte de l'Exposition. Dans le moulin à six ailes d'Amédée
Durand, grâce à unçontre-poids et au gouvernail, les voiles
prennent automatiquement l'orientation et l'inclinaison conve-
nables ; la projection sur le plan de la roue de la surface des
voiles varie ainsi instantanément (1.).
Nloutin à vent d!axe vertical. - Les moulins à vent sont
généralement à axe horizontal ou presque horizontal. Dès 1767,
la disposition avec axe vertical de rotation fut proposée par
un machiniste, Bourier, et soumise au jugement de l'Académie
des Sciences de Paris. Cette machine présente sur les moulins
ordinaires l'avantage de tourner à tout vent, sans déplacement
du corps du moulin. Par contre, la dimension des ailes devient
gênante; de plus le poids des volants tend à produire une
flexion fâcheuse.

G. CORIOLIS. - Traité de mécanique des corps solides et du calcul de l'effet des


machines, Parls, 1814 (2e éd.), p. 233-239; 290-310; 336.
J.-V. PONCELET. - Cours de mécanique appliquée aux machines, t. II, Paris, 1876;
p. 211-220 et 339-342.
H. SONNET. - Dictionnaire des mathémauques appliquées 3"'e éd., 1879, p. SlG-Si9·
IIATùN Dio: LA GOUPILL[ÈRg. - Cours de machines, Paris, '1889.
(f) A. DURAND. - [Sur un moulin à vent se gouvernant lui-même]. C. R. Aca-
démie des Sciences de Paris, t, VUI, p. 544 (8 avril 1839); rapport de SI~GUIER,
t, XIV, p. 422·429 (21 mars fS4':.!).
271

TURRIÈRE. - msroms DES MOULINS A VENT 131


Pourtant, malgré ces graves inconvénients, cette disposition a
été reprise; des moulins à vent d'axe vertical sont parfois
encore en usage. Dans toutes les' dispositions qui avaient été
données jusqu'ici à ces moulins d'axe vertical, le rendement à
égalité de surface utile des voiles était notablement inférieur à
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celui des moulins du type ordinaire.


Dans une disposition de' ces moulins à axe vertical, les ailes
sont des volets mobiles. Le mouvement de ces volets est réglé
de telle sorte qu'ils présentent au vent leur largeur lorsqu'ils
reçoivent son action; dans le cas contraire, c'est-à-dire lorsqu'ils
doivent être soustraits à cette action, ils ne présentent plus au
vent que leur épaisseur.
Dans une seconde disposition, les voiles sont invariablement
liées au volant; elles sont protégées, contre le retour du vent,
par une enveloppe' cylindrique. Cette machine doit être orientée
comme le moulin habituel; c'est le principe des turbines éolien-
nes avec écran de Bolée. de Castelet, de Dumont.
Une disposition plus curieuse est celle des moulins nommés
panémones ou moulins de Comwall : les ailes sont des voiles,
éléments d'e surfaces gauches, .qui présentent au vent alterna-
tivement leur concavité ou leur convexité; la différence d'action
du vent sur les deux faces dé l'aile crée le mouvement (1).
A ce dernier type de turbine éolienne, se rattache la curieuse
turbine à vent Lafond, une des plus intéressantes machines de
l'Exposition. L'originalité de l'invention consiste surtout dans
le parti que ~1. La-fond a su tirer de ce qui est généralement un
inconvénient dans les moulins à vent: le remous de l'air, l'effet
contraire de l'air après ·une première réflexion par. une aile.
Grâce à l'heureuse' disposition et à la forme géométrique des
.aubes de la turbine, le vent réfléchi par une première aube,
dans n'importe quelle position, après une traversée diamétrale
dans la turbine va agir utilement sur une seconde aube. Qu'il
frappe utilement ou non la première aube, selon qu'elle présente
sa concavité ou sa convexité; le vent frappe ensuite de toute
nécessité une surface concave: la rotation est toujours de même

('1) A. HOLLENBF.RG. - Die neuerer Witulrader • •., Leipzig, 1886.


\VOLF. - Le moulin ii, vent comme premier moteur, New-York, 1886.
\V.lI. UllLAND. - ûasmotoren, 6(jpel und Windrater, Dresde, 1894 cl 'IU02.
272

1~12 CONGIU~S DE r}EAU. - MONTPELLIER, MAI 1923


sens quel que soit le vent; l'orientation de ce moulin à vent ne
se pose donc pas.
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La turbine Lafond présente d'ailleurs d'autres avantages qui


me paraissent secondaires relativement il l'application du prin-
cipe précédent de réduction de la perte de force vive due
au remous, mais dont la coexistence augmente avec intérêt le
rendement de la machine (1).
Emile TURIUÈUE.

( 1) La communication annoncée l'our le Congrès de l'eau concernait l'histoire


des machines d'élévation de l'eau. Je dispose de Lrop peu de place ici, [e dispo-
sais de trop peu de temps au Congrès, pour attaquer une étude historique aussi
vaste.
Je me borne à publier la partie vraiement ori~inale de mon travail, une étude
inédite de l'histoire des m~hines à vent.
Les autres machines hydrauliques ont d'ailleurs été étudiées sous le point de
vue historique dans divers ouvrages de mécanique et dans les encyclopédies.
En ce qui concerne les machines simples, le shadouff ou la sakièh des égyp-
tiens, la noria, les roues; les chatnes, le chapelet..• leur invention se perd dans
l"antiquité.
L'invention des vis d'Archimède, pompes, appareils élevant l'l'eau par action
directe de la vapeur ou de l'air comprimé•.• remonte à des époques connues.
L'histoire serait une vaste étude sur les perfectionnements et les modillcations
apportés à ces diverses machines.
Reste le bélier hydraulique, invention unique, admirable, due à un éclair de
génie! L'histoire de cette découverte par J.-J. MONGOLFIER (et des discussions de
priorité avec les anglais) est bien connue.

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