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COMITÉ SCIENTIFIQUE
Président
Pr BOUBAKARI OUMAROU
Directeur
Pr ABDOUL Nasser
Rédacteur en Chef
Pr NGANGO YOUMBI Éric Marcel
MEMBRES
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION
1. Dr Ali ABDEL-EL KADER 8. Dr Séverin TCHETCHOUA T.
2. Dr Martine BIKOÉ 9. Dr Job NZOH SANGONG
3. Dr Aimé DOUNIAN 10. Dr Étienne Fabrice NTYAME
4. Dr ESEME NJUI EGBE 11. Dr Alice TOUAÏBA TIRMOU
5. Dr Patrick Achille OND OND 12. Mme Nana DJAMIRATOU
6. Dr Théodore POMTÉ-LE 13. M. Germain DEFAÏ NDOUWE
7. Dr HADIDJA Sali 14. Mme Anne FANSOU
POLITIQUE ÉDITORIALE
JUS CIVITAS encore dénommée RJPUG (Revue Juridique et Politique de l’Université de
Garoua) est une Revue généraliste et interdisciplinaire qui publie des contributions originales,
s’inscrivant dans les domaines du Droit, de la Science Politique et des disciplines connexes.
La Revue accueille des articles de fond, des chroniques de jurisprudence, des
commentaires des décisions de justice et de documents juridiques en français ou en anglais. Les
propositions sont envoyées spontanément ou dans le cadre des appels à contributions pour les différents
numéros de la Revue.
Elle publie également des actes de colloques et des journées d’études, organisés par la Faculté
des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Garoua ou des institutions partenaires de la
Faculté, à condition que ceux-ci s’inscrivent dans des champs disciplinaires couverts par la Revue.
La RJPUG encourage des contributions adoptant des approches positiviste, politologique,
critique, comparatiste ou encore prospective. Toutefois, elles doivent, pour être retenues, adopter un ton
mesuré.
L’édito du présent numéro est signé Jean du Bois de Gaudusson, Agrégé des Facultés de droit,
Professeur émérite à l’Université de Bordeaux.
SOMMAIRE
Éditorial................................................................................................................................................... IV
Jean DU BOIS DE GAUDUSSON
DOCTRINE
DROIT PUBLIC
DROIT PRIVÉ
SCIENCE POLITIQUE
ÉDITO
On ne peut que saluer pour s’en réjouir la naissance d’une
revue scientifique, lancée par l’Université de Garoua ; elle en témoigne
le dynamisme et la volonté de ses professeurs et chercheurs, même si à
l’évidence les auteurs des contributions sont destinés à provenir de tous
les horizons, à poursuivre leurs recherches, à les diffuser et par-là à
contribuer à sa notoriété dans le monde scientifique et professionnel. À
cet égard, la Revue Juridique et Politique naît sous des auspices
prometteurs si l’on en juge par la composition du comité scientifique et
la liste des auteurs de son premier numéro. On ne peut que lui souhaiter
longue vie ; de par nos responsabilités éditoriales, nous connaissons
les difficultés de maîtriser le rythme des parutions, numéro après
numéro, et de répondre aux attentes d’un lectorat dont on ne sait pas
encore avec précision qui il est, ni tout à fait ses orientations
scientifiques et professionnelles mais, en toute hypothèse, sans
frontières, bien au-delà du Cameroun et du continent africain. N’est –
ce pas là l’enjeu et le but d’une revue, surtout lorsqu’elle est diffusée,
comme il se doit désormais, par la voie de l’internet, que de s’adresser
aux uns et aux autres et, par-là, de participer au développement de la
connaissance et de la recherche, de favoriser les échanges et les débats,
de provoquer, parfois, des controverses et d’alimenter les réflexions
prospectives ?
Autant de fonctions qui sont assignées aux revues scientifiques
en général, plus particulièrement aux revues appartenant aux domaines
des sciences humaines et sociales, plus encore aux disciplines
juridiques et politiques qui sont celles que la Revue a pour ambition
d’embrasser. Comme celle-ci l’indique dans sa présentation, elle a pour
prétention d’étudier les mutations « d’une société qui change à un
rythme vertigineux en posant à la conscience collective des questions
juridiques et politiques aussi complexes les unes que les autres » et, par
les travaux des universitaires et des praticiens, de les accompagner.
On ne saurait mieux en définir l’utilité sociale et scientifique et
dans le fond le rôle qui lui est assigné : d’abord,rendre compte et faire
comprendre des situations, celles du continent africain, mais pas
seulement, trop souvent ignorées et mal comprises et encore
insuffisamment appréhendées par le comparatisme, clé de la
connaissance. Mais aussi participer au développement de la doctrine si
essentielle tant en droit qu’en science politique, d’une doctrine dont des
voix plus nombreuses soulignent la nécessité de la développer en
Afrique et de s’interroger sur les voies de son approfondissement et sur
sa (nécessaire ?) spécificité ou singularité. Quels que soient les points
de vue, la doctrine peut-être plus encore en Afrique qu’ailleurs, a pour
défi d’assurer une fonction prospective, d’élaboration d’une vision
globale de l’ordre juridique et politique et d’exercice d’un contrôle
collectif sur le champ de pratiques du législateur, des juges et des
acteurs politiques ou même de ce que l’on appelle « la société civile ».
Comme le relèvent nombre de publications, la doctrine, en Afrique est
confrontée à des questionnements majeurs, dont certains sont abordés
dans ce premier numéro, et qui font se demander jusqu’où aller dans la
contextualisation d’un droit dont il est remarqué qu’il appartiendrait à
d’autres, par exemple situés en occident (sic), comment assurer ce
constant et éternel arbitrage entre l’universalisme de la science et sa
territorialisation ou encore et, plus concrètement et pour les États de
l’espace africain francophone, sur le positionnement à adopter avec le
droit français, ses jurisprudences, ses théories ? … Autant de
questionnements, qui, comme les réponses recherchées, ne font pas
l’unanimité mais qui permettent d’alimenter les échanges doctrinaux et
de contribuer au renouvellement, au sud comme au nord, des approches
et des certitudes auxquelles ne peuvent échapper ni les juristes ni les
politistes. C’est finalement un acte de confiance que nous exprimons
envers cette nouvelle revue dont le titre « Jus civitas » est une incitation
à devenir, les uns et les autres, indifféremment, les citoyens du monde,
ici et d’abord, scientifique.
Par
Dr Clarisse Aimée EKA TOUBE, épse NGBWA
Environnementaliste
Docteur en Relations Internationales
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC)
1
R. ROMI, Droit de l’environnement, 8e édition Lextenso 2014, p. 11.
2
V° A. KISS, « Droit international de l’environnement », Revue Juridique
de l’Environnement, 1990, p. 80. L’auteur souligne qu’au début de l’ère écologique,
soit dans les années 1970, le droit international de l’environnement était caractérisé
essentiellement par le conflit entre deux souverainetés : celle de l’État pollueur et celle
de l’État victime de pollution. À cette époque est adopté la Convention internationale
pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL) du 2 novembre 1978
ainsi qu’un Protocole la même année.
3
La Conférences des Nations Unis sur les Changements Climatiques 2022
(COP 27) soulève une fois encore l’importance dans la question.
4
M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris 2001, p. 385.
5
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, Puf, 8e éd., 2010, p. 736.
6
G. BENEST, M. HOYER et AMAT, Mondialisation et Environnement,
Ellipse, 2009 p12
7
J.-C. ATAFO LEMA, Les défis de la protection de l’environnement en droit
international, Paris, l’Harmattan, 2019, p. 44.
8
V° Le Rapport de la Commission Sud en 1990.
9
M. PRIEUR, Droit de l’environnement, 6e édition, DALLOZ, 2011, p. 186.
Plusieurs États ont validé des normes à partir années 1970. C’est
le cas de la France qui a adopté la loi de 1976 sur la protection de la
Nature. Ce texte constitua une grande source d’inspiration en matière
de droit de l’environnement dans plusieurs pays du Sud. Par ailleurs, au
sein de la communauté internationale, il existe depuis des années des
normes spécifiques visant à lutter contre la surpêche.
En Afrique Centrale, il existe certaines normes du secteur
aquatique faisant allusion à la surpêche telles que les normes suivantes.
Au Cameroun en particulier, l’ordonnance n° 62-0F-30 du 31 mars
1962 portant code de la pêche Maritime Marchande (l’article 1er) permet
de constater que le champ de ses destinataires est étendu : maritime. Il
est formulé comme suit : « les dispositions du […] code sont applicables à tous
les navires immatriculés au Cameroun, aux états-majors et équipages qui y sont
embarqués, ainsi qu’à toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui, bien
que non présentes à bord, y auraient commis une infraction aux dispositions de la
présente ordonnance ou des textes d'application. Toutefois, les navigateurs étrangers
auxquels les accords de réciprocité passés entre leur pays d'origine et le Cameroun
auront permis de naviguer à bord des navires camerounais pourront, autant que les
règlements régissant leur statut le leur permettent, continuer à bénéficier des
avantages qui leur sont propres ». Ce texte constitue une première norme de
contrôle des navires. Par ailleurs il existe également la Police de la
Navigation12. La loi n° 39/PJL/AN du 20 novembre 1974 fixant la
limite des eaux territoriales de la République unie du Cameroun (v°
article 513) prévoit que les limites des eaux territoriales de la République
Unie du Cameroun sont fixées à cinquante milles marins à partir de la
laisse de la plus basse mer. Pour les golfes, baies et rades, des décrets
fixent les lignes de base à partir desquelles cette distance est comptée.
Des décrets fixent également la limite de la « zone contiguë » dans
laquelle la pêche et l'exploitation du sol sous-marin peuvent être
réservées aux navires et sociétés camerounais.
Il faut également évoquer la loi n° 94/01 du 20 janvier 1994
Portant Régime des Forêts, de la faune et de la pêche. Elle pose certains
interdits pour la protection du milieu aquatique. Selon son article 127 :
« - Sont interdits : a) L'utilisation d'engins traînant sur une largeur de trois milles
12
V° Art. 6 relatif à la police de la navigation. La police de la navigation
dans les eaux maritimes telles que définies ci-dessus est réglementée par décrets. Des
décrets déterminés fixent également la liste des agents habilités à constater les
infractions à la police de la navigation.
13
Les limites des eaux territoriales de la République Unie du Cameroun sont
fixées à cinquante milles marins à partir de la laisse de la plus basse mer. Pour les
golfes, baies et rades, des décrets fixent les lignes de base à partir desquelles cette
distance est comptée. Des décrets fixent également la limite de la « zone contiguë »
dans laquelle la pêche et l'exploitation du sol sous-marin peuvent être réservées aux
navires et sociétés camerounais.
marins à partir de la ligne de base définie par décret. b) L'utilisation pour les types
de pêche, de tous les moyens ou dispositifs de nature à obstruer les mailles des filets
ou ayant pour effet de réduire leur action sélective, ainsi que le montage de tout
accessoire à l'intérieur des filets de pêche à l'exception des engins de protection fixés
à la partie supérieure des filets, à condition que les mailles aient une dimension au
moins double du maillage minimum autorisé et qu'ils ne soient pas fixés à la partie
postérieure du filet. c) L'utilisation, dans l'exercice de la pêche sous-marine fluviale,
lagunaire, lacustre de tout équipement tel que scaphandre autonome ». L’on citera
dans le même ordre d’idées, le décret n° 82/406 du 6 septembre 1982
portant publication du Protocole d'Accord de Pêche entre la République
Unie du Cameroun et la République de Guinée équatoriale ; le décret
n° 95/413 /PM du 20 juin 1995 fixant certaines Modalités d'Application
du Régime de la Pêche dont les dispositions ont été modifiées et
complétées par le décret n° 2001/546/PM. Dans ce décret, les
différentes conditions d’autorisation de pêche sont citées. Il prévoit la
nécessité d’un agrément et d’une licence pour l’exercice du droit de
pêche au niveau industriel, et d’un permis ou d’une autorisation pour la
pêche semi-industrielle et artisanale. Il réglemente aussi l’exercice de
la pêche sous-marine et porte les dispositions relatives aux
établissements d’exploitation des produits de la pêche et aux mesures
de protection des ressources halieutiques. En plus des sanctions pénales
prévues par la loi 94-01, le décret retient des sanctions administratives
en cas de violation de ses dispositions.
14
V° Art. 37 de la CNU sur la pêche et la conservation des ressources
biologiques de la haute mer (1958).
18
M. PRIEUR, Droit de l’environnement, 6e édition Dalloz 2011, P 367.
19
M. MOULDI MARSIT, Le Tribunal de la Mer, PEDONE, 1999, P 160.
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Cameroun Centrafrique Tchad RDC Congo Guinée Gabon
Equatoriale
Série 1 Série 2
PAYS STRATEGIES DE
PROTECTION AQUATIQUE
38 Centres de pêches
Cameroun
66 Postes de contrôle de pêche
20
Rapport N° 4 de la revue de l’industrie des pêches et de l’aquaculture dans
la zone de la COMHAFAT, 2013, P40.
21
« La commission européenne a infligée en janvier 2023 un carton rouge au
Cameroun pour son manque de coopération dans la lutte contre la pêche illicite en
proposant d’ajouter ce pays à la liste des États sanctionnée … La commission a
adressé des cartons rouges à six autres pays depuis 2013 : le Belize, le Cambodge, les
Comores, la Guinée, le Sri Lanka, Saint-Vincent et les Grenadines », www.
voaafrique.com « Pêche illicite le Cameroun ».
22
V° les Objectifs du Développement Durable (ODD).
23
« Article 5 : Quand un différend touche à des questions techniques, telles
que la sécurité de la navigation, la construction navale, la pollution, la recherche
scientifique, la pêche ou l’exploration du fond des mers, le tribunal est assisté dans
l’examen de l’affaire par quatre assesseurs techniques qui y siègent, sans droit de
vote… » M. MOULDI MARSIT, Le Tribunal de la Mer, PEDONE, P. 90.
1- Stratégies techniques
L’accroissement démographique nécessite l’adoption des
techniques pour le maintien des ressources halieutique. À travers la
pêche durable, on peut établir des réserves marines couvrant 30 % des
océans26.
24
Préambule de la constitution du Cameroun P. 1.
25
R. SEROUSSI, Droit International de l’Environnement, 5e édition
DUNOD 2011, P161.
26
« Mener dans les cantons de l’espace littoral des respects des sites naturels
et de l’équilibre écologique » : Article 42 de la loi de France de 1975.
27
Art. 13.- (1) Les dimensions minima des poissons figurant dans l’arrêté
sont mesurés de l’extrémité du museau à l’extrémité de la nageoire caudale ainsi qu’il
suit : Poissons : - Sardinella maderensis (Sardinelles,
Etolo, Strong kanda, Belolo) 19 centimètres ;
- Pseudotolithus senegalensis, P. typus (Bar) 25 centimètres ;
- Pseudotolithus elongatus (Bossu Broke marriage) 22 centimètres ;
- Cynoglossus canariensis (Sole) 25 centimètres.
(2) Pour les crustacés, le poids minimun est consideré. Crustacés : - Crevettes
roses (Penaeus notialis) d’un poids égal ou inférieur à 11 grammes.
2- Stratégies économiques
« La politique de pêche est un des rares domaines où la
communauté dispose d’une compétence exclusive, du moins pour ce qui
concerne la conservation des ressources halieutiques »28. Face à ce
problème de limite des compétences des acteurs centraux des mesures
doivent être prises pour les améliorer. C’est le cas de l’organisation des
séminaires29 pour la protection des milieux marins sous l’égide du
PNUE. Durant ces séminaires, les pécheurs ainsi que certains jeunes
peuvent être formés sur les techniques de pêche, le matériel nécessaire
ainsi que certaines normes validées par leurs États.
De plus, la pêche est une grande base économique dans
plusieurs pays d’Afrique Centrale. C’est la raison pour laquelle la lutte
contre la surpêche nécessite également un financement des États, pour
encourager les pécheurs à la pratique de la pêche moderne. Et surtout
éviter de centraliser leurs travaux sur certaines espèces en oubliant
d’autres.
La pêche industrielle doit également se développer dans
plusieurs pays d’Afrique Centrale, ceci à travers un plan de production,
des dispositions matérielles, physiques et financières mises en place par
les dirigeants de ces États, qui permettant une grande production et le
renforcement du commerce de poissons. Pour une bonne collaboration
28
GUEGUEN et A. CUDENNEC, l’Union Européenne et la Mer, A.
PEDONNE, 2007, P. 160.
29
« De très nombreuses Organisations Non Gouvernementales (ONG)
militent et œuvrent chaque jour pour la préservation de notre héritage naturel » Droit
International de l’Environnement, Roland SEROUSSI, 5e édition DUNOD, 2011,
P. 166.
30
V° l’article 22 : « Le Ministre chargé de la pêche peut, par arrêté, prendre
des mesures visant à protéger certaines espèces aquatiques et à interdire certains
secteurs à l'exercice du droit de pêche », du Décret n° 95/413 /PM du 20 juin 1995
fixant certaines Modalités d'Application du Régime de la Pêche.