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41

Institut de recherche et d’études africaines

Les Cahiers de l’IREA


Santé, environnement et société
Cahiers de l’IREA N°43 -2021
Éditorial...............................................................................................9

Les risques sanitaires liés à l’orpaillage dans la commune de Cahiers de l’IREA N°43 -2021
Méguet au Burkina Faso...................................................................17
Jérémi ROUAMBA, Blaise OUEDRAOGO, Boukari NACANABO
et François de Charles OUEDRAOGO

« Broutage » et comportements sexuels dans une population


juvénile à Abidjan.............................................................................41
Santé, environnement
Ettie Silvie KOUASSI, Koffi Paulin KONAN et Samuel TRAORE

Bosquets sacrés et protection de l’environnement à Kaya en


et société
pays kasséna, Burkina Faso............................................................ 59
Koubazougda Jean APORA, Augustin PALE

Entre ruralité et urbanité, accéder à l’eau potable en milieu


périurbain de Ouagadougou au Burkina Faso...............................81 Jérémi ROUAMBA, Blaise OUEDRAOGO,

Santé, environnement et société


Abdoul Azise SODORE et Pierre OUEDRAOGO Boukari NACANABO et François de Charles OUEDRAOGO
Politiques publiques, dynamiques de marchandisation foncière
et rapports autochtones/migrants dans le Ziro (Burkina Faso) Ettie Silvie KOUASSI, Koffi Paulin KONAN
Ramané KABORÉ............................................................................103 et Samuel TRAORE

N°43 -2021
Les familles urbaines africaines................................................... 131 Koubazougda Jean APORA et Augustin PALE
Aboubacar BARRY
Abdoul Azise SODORE et Pierre OUEDRAOGO
Médias et redistribution des cartes du pouvoir à l’ère de la liberté
d’expression......................................................................................157 Ramané KABORÉ
Faloukou DOSSO

Élections et communautarisme au Cameroun : entre intérêts


Aboubacar BARRY
ethno-tribaux, individualismes et aspirations citoyennes............201
Ismaïla DATIDJO et Trésor FOBASSO GUEDJO Faloukou DOSSO
Étude comparée sur la pratique de co-enseignement Ismaïla DATIDJO et Trésor FOBASSO GUEDJO
aux niveaux des premier et second cycles
à l’Université de Kisangani............................................................221
Stanislas BOGOY NANGAMA
Stanislas BOGOY NANGAMA et Valentin SOLO RAMAZANI
bin- HAMADI et Valentin SOLO RAMAZANI bin-HAMADI

ISBN : 978-2-343-23324-6
24 e
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Cahiers de l’IREA N°43 - 2021


Revue de l’Institut de recherches et d’études africaines

Santé,
environnement
et société
Jérémi ROUAMBA, Blaise OUEDRAOGO,
Boukari NACANABO
et François de Charles OUEDRAOGO
Ettie Silvie KOUASSI, Koffi Paulin KONAN
et Samuel TRAORE
Koubazougda Jean APORA et Augustin PALE
Abdoul Azise SODORE et Pierre OUEDRAOGO
Ramané KABORÉ
Aboubacar BARRY
Faloukou DOSSO
Ismaïla DATIDJO et Trésor FOBASSO GUEDJO
Stanislas BOGOY NANGAMA
et Valentin SOLO RAMAZANI bin-HAMADI
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© L’Harmattan, 2021
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-23324-6
EAN : 9782343233246
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Monsieur François-Xavier AMHERDT (Faculté de théologie
de l’université de Fribourg), Monsieur Dominique YANOGO
(UCAO-UUA d’Abidjan), Konan Jérôme KOUAKOU (CRD),
Tanden Joseph DIARRA (UUBA/UCAO), Jean Robert
TCHAMBA (université de Dschang), Dia Édith COULIBALY
née TRAORÉ (université de Ouagadougou), Windpagnangdé
Dominique KABRE (université OUAGA Il), Pétillon Muyambi
DHENA (université de Kisangani-RDC), Pierre Samuel NEMB
(Université de Maroua), Innocent FOZING (université de
Yaoundé I), Kengne FODOUOP (université de Yaoundé I),
Gabriel NYASSOGBO (université de Lomé), Monsieur Moussa
OUEDRAOGO (coordonnateur de projet de développement –– B
F), Maurice BAZEMO (université de Ouagadougou), Sindani
KIANGU (université de Kinshasa - RDC), Alphonse Sekré
GBODJE (université Alassane Ouattara de Bouaké-RCI),
Augustin COLY (.L.S.H/U.C.A.D –– Dakar/Sénégal), Effoh
Clément EHORA (université Alassane Ouattara, Côte d'Ivoire),
Edmond BILOA (université de Yaoundé I), Mounkaila Abdo
Laouali SERKI (université Abdou Moumouni de Niamey),
Faloukou DOSSO (université Alassane OUATTARA –– RCI),
Ilango-Banga Jean-Pierre LOTOY (université de Kinshasa ––
RDC), Albert MULUMA MUNANGA (université de Kinshasa -
RDC), Kouakou Appoh Énoc KRA (université Félix Houphouët-
Boigny de Cocody – RCI), Ram Christophe SAWADOGO
(université de Ouagadougou), Roch YAO GNABELI (université
FHB d'Abidjan - RCI), Issa A. MOUMOULA (université de
Koudougou), Joseph YAO (l'université de Cocody), Fodé
NDIAYE (Banquier professionnel), Pierre Samuel NEMB
(Université de Maroua Yaoundé Cameroun), Justin KOFFI,
Gbaklia Elvis KOFFI, Philémon MUAMBA, Apollinaire
CHISHUGI CHIHEBE (Université Officielle de Bukavu - RD
Congo).
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Comité de lecture
Hammou HAIDARA (Consultant international indépendant),
Pierre MOUANDJO (Univ. Catholique d’Afrique centrale),
Paulin POUCOUTA (Institut Catholique de Yaoundé), Judicaël
BOUKANGA (Doctorant), NDoumy Noel ABE (université
Alassane Ouattara-RCI), Matthieu FAU-NOUGARET (Conseiller
des Présidents des universités Publiques du Burkina Faso),
Dieudonné Kalindyé BYANJIRA (université de Kinshasa -
RDC), Pierre FONKOUA (université de Yaoundé), Jean Paulin
KI (OCADES-Dédougou), Jérôme KOUNDOUNOU (Global
Water Initiative-Afrique de l'Ouest), Louis Bernard TCHUIKOUA
(université de Yaoundé 1), Sindani KIANGU (université de
Kinshasa), Kouakou Siméon KOUASSI (université Félix
Houphouet-Boigny. Abidjan-Cocody), Désiré ATANGANA
KOUNA (université de Yaoundé I), Gérard Marie NOUMSSI
(université de Yaoundé I), Diané Véronique ASSI (l'université
Félix Houphouet-Boigny. Abidjan-Cocody), Pierre-Claver
ILBOUDO (École Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs –
Ouagadougou), Vincent Davy KACOU OI KACOU (grand
séminaire Saint-Paul d'Abadjin-Kouté - RCI), Jean-Claude
SHANDA FONME (Directeur exécutif du Centre africain de
politique internationale), Emmanuel KABONGO MALU
(IPGC), N'guessan Jérémie KOUADIO (université Félix
Houphouët- Boigny de Cocody), Adou APPIAH (université de
Bouaké/Côte- d’Ivoire), Jean-Claude ANGOULA (Prêtre spiritain
camerounais), Omar NDOYE (université Cheikh Anta Diop de
Dakar), Amouzou Essè AZIAGBÉDÉ (professeur titulaire des
universités - Togo), Dieudonné ZOGNONG (université de
Tromso - Norvège), Louis Hervé NGAFOMO (université de
Yaoundé I), Hamadou ADAMA (University of Ngaoundéré –
Cameroun), Patrice TOE (Institut du développement rural
(IDR)/Bobo-B F), Bertin G. KADET (l'école normale supérieure
d'Abidjan – RCI).
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Sommaire
Éditorial .............................................................................................. 9

Les risques sanitaires liés à l’orpaillage


dans la commune de Méguet au Burkina Faso
Jérémi ROUAMBA, Blaise OUEDRAOGO,
Boukari NACANABO et François de Charles OUEDRAOGO ... 17

« Broutage » et comportements sexuels


dans une population juvénile à Abidjan
Ettie Silvie KOUASSI, Koffi Paulin KONAN
et Samuel TRAORE ......................................................................... 41

Bosquets sacrés et protection de l’environnement à Kaya


en pays kasséna, Burkina Faso
Koubazougda Jean APORA et Augustin PALE ........................... 59

Entre ruralité et urbanité, accéder à l’eau potable en milieu périurbain


de Ouagadougou au Burkina Faso
Abdoul Azise SODORE et Pierre OUEDRAOGO ........................ 81

Politiques publiques, dynamiques de marchandisation foncière


et rapports autochtones/migrants dans le Ziro (Burkina Faso)
Ramané KABORÉ ....................................................................... .103

Les familles urbaines africaines


Aboubacar BARRY ...................................................................... 131

Médias et redistribution des cartes du pouvoir


à l’ère de la liberté d’expression
Faloukou DOSSO .......................................................................... 157

Élections et communautarisme au Cameroun :


entre intérêts ethno-tribaux, individualismes et aspirations citoyennes
Ismaïla DATIDJO et Trésor FOBASSO GUEDJO ..................... 201

Étude comparée sur la pratique de co-enseignement


aux niveaux des premier et second cycles à l’Université de Kisangani
Stanislas BOGOY NANGAMA
et Valentin SOLO RAMAZANI bin- HAMADI ......................... 221

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Entre ruralité et urbanité, accéder


à l’eau potable en milieu périurbain
de Ouagadougou au Burkina Faso

Abdoul Azise SODORE


Université Joseph KI-ZERBO, Laboratoire d’Étude et
Recherche sur les Milieux et les Territoires
sodoreaziz@gmail.com

Pierre OUEDRAOGO
Université Joseph KI-ZERBO, Laboratoire d’Étude et
Recherche sur les Milieux et les Territoires
pierreoued093@gmail.com

Résumé

Dans la commune de Saaba, comme dans les autres communes


périurbaines de Ouagadougou, accéder à l’eau potable est une
préoccupation pour les populations. L’objectif de cet article est
d’examiner les déterminants des inégalités spatiales d’accès à
l’eau potable à Saaba. L’approche méthodologique combine la
recherche documentaire et les travaux de terrain. À cet effet, des
entretiens et des enquêtes ménages ont été réalisés. Les logiciels
Sphinx et Excel ont été mis à contribution pour le traitement et
l’analyse des données. Les logiciels Arc Gis 10.2 et Q Gis 2.18 ont
été utilisés pour la cartographie. Il ressort de l’étude que 26,5% des
ménages parcourent des distances au-delà de 1000 mètres et 64%
des ménages des distances comprises entre 100 et 1000 mètres. De
plus, 18,08% des forages sont non fonctionnels et 22,22% des
bornes-fontaines également. En outre, la forte croissance de la
population de Saaba due au phénomène de la périurbanisation rend
difficile l’anticipation sur les besoins en eau potable en relation
avec les ouvrages hydrauliques. La cartographie des points d’eau
indique que leur répartition spatiale n’est pas équilibrée du point
des normes démographiques et de distances. Aussi, des efforts

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seront-ils nécessaires pour un accès convenable des populations à


l’eau potable.

Mots-clés : accès, eau potable, périurbain, Saaba,


Ouagadougou, Burkina Faso.

Abstract

In the municipality of Saaba, as well as in the other suburban


municipalities, getting drinking water is a concern for the popula-
tion. The objective of this article was to describe the access to
drinking water in the peri-urban area of Saaba on the one hand and
in the rural area on the other hand and to identify the determinants
of space disparities/inequalities of access to drinking water at Saaba.
To reach this objective, interviews and investigations in households
were carried out. The softwares Sphinx and Excel were used for data
treatment and analysis. The softwares Arc Gis 10.2 and Q Gis 2.18
were used for cartography. This study reveals that 26.5… of the
households go above 1000 meters and 64… of household go
through a distance comprised between 100 meters and 1000 meters.
Moreover, 18.08… of the drillings are not working as well as 22.22
of fountains. Furthermore, the rapid growth of the population of
Saaba due to the phenomenon of peri-urbanization does not allow
to foresee the need in drinking water in relation to hydraulic works.
The cartography of waterholes indicates that their distributions are
not balanced.
Keywords: Access, drinking water, peri-urban, Saaba,
Ouagadougou, Burkina Faso

Introduction
L’eau est par essence une ressource naturelle non substituable.
Elle est indispensable à la vie. L’acquisition de cet «or bleu » a été
depuis les temps immémoriaux une préoccupation des populations
(AIDA J. T., 2011, p. 1). À cet effet, la décennie 1980 a été dédiée
à l’eau potable et à l’assainissement par les Nations Unies, mais à
la fin de la décennie on n’a pas atteint les résultats escomptés.

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L’accessibilité de l’eau demeure un problème d’actualité. En effet,


selon le dernier rapport conjoint de l’UNICEF/OMS en 2019, il
ressort que 29% de la population mondiale soit 2,2 milliards de
personnes n’ont pas accès à des services d’alimentation
domestique en eau potable (GLASS, 2019). Parmi ces personnes,
144 millions de personnes continuent à boire l’eau de surface non
traitée puisée dans les cours d’eau ou dans les lacs. Toutefois, force
est de constater qu’il existe de fortes disparités ou inégalités dans
l’accessibilité en eau potable. Les pays en développement et les
zones rurales sont les plus touchés par cette réalité. Ainsi, selon le
programme commun OMS/UNICEF (JMP, 2017, p. 5), huit
personnes sur dix ne disposant pas d’un accès à des services de
base vivaient en zones rurales et près de la moitié d’entre elles
vivait dans les pays les moins avancés.
L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud enregistrent des
progrès très limités (CTB, 2009). En Afrique subsaharienne, 180
millions de personnes utilisaient des sources d’eau non améliorées
en 2017 (https://washdata.org , consulté le 03/07/2020). Des 159
millions de personnes qui puisaient dans les eaux de surface en
2015, 147 millions vivaient en milieu rural et plus de la moitié
vivait en Afrique subsaharienne (JMP, 2017, p. 38). Plus des trois
quarts de ceux qui n’ont pas accès à l’eau vivent dans les zones
rurales (GLASS, 2012 ; DAHANI D., 2013).
Le Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres de la planète
(40,1% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté en
2014 (INSD/EMC)) fait face à des difficultés d’accès à l’eau
potable. Au Burkina Faso, même si les besoins en eau à l’échelle
nationale semblent être largement couverts, cette estimation doit
prendre en compte l’existence d’importantes disparités locales,
susceptibles de créer un déséquilibre entre la ressource localement
disponible et la demande (KY L. A., 2005). Les disparités en
milieu urbain et en milieu rural sont encore plus accentuées. C’est
pourquoi la réforme du système de gestion des infrastructures
hydrauliques instaurée depuis 2000 au Burkina Faso et basée sur
la décentralisation fait appel aux communes pour assurer la
responsabilité de l’adduction en eau potable et assainissement
(AEPA) en milieu rural et semi-urbain (GOORÉ F., 2011, p. 1).
En 2017, les taux d’accès à l’eau potable étaient en milieu urbain
de 91,7% et en milieu rural 66,2%.

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Située à la périphérie de la ville de Ouagadougou, Saaba est une


commune rurale dont la population a connu une évolution
importante ces dernières années à cause de sa proximité avec
Ouagadougou et aussi de la forte pression foncière que connaît cette
ville (YONI R. M. D., 2014, p. iii). Avec le statut de commune
rurale, Saaba fait face à une dualité. En effet, d’importantes
superficies ont été consacrées à l’extension spatiale de la ville de
Ouagadougou dans le cadre du Projet Villages Centres Banlieues de
Ouagadougou (PVCBO), qui entendait desserrer l’étau sur la
capitale au cours des années 2000 (ZOUNGRANA M., 2014, p. 3).
Cette opération a été à l’origine d’une urbanisation conséquente
d’une partie de la commune posant de ce fait la question de
l’organisation de l’accès à l’eau dans le cadre de la maîtrise
d’ouvrage communal.
Selon la Direction Générale de l’Eau Potable (DGEP), en 2018
le taux d’accès d’eau potable de la commune rurale de Saaba était
de 91%. Toutefois, ce taux occulte de nombreuses disparités entre
la partie urbaine et la partie rurale et entre les secteurs et les
villages. Ainsi, certains quartiers comme Vitou, Nitao, Pousghin,
Titinga ont un taux d’accès à l’eau potable à 0% ; d’autres quartiers
tels que Tanghin, Koala Natenga, Wapassi ont un niveau inférieur
à 50% d’accès en eau potable. Les quartiers Gonsé, Kouidi,
Tansobintinga, Tanghin et Boudtenga ont un niveau d’accès à
l’eau potable compris entre 66% et 80%. En revanche, Badnogo 1,
Goghin, Kouanda, Samandin, etc. ont atteint un niveau d’accès à
l’eau potable à 100%. Partant de ces constats, l’on peut se
demander : qu’est-ce qui explique les inégalités d’accès en eau
potable à Saaba ?
Cette recherche admet pour hypothèse que la périurbanisation,
la distance, la mauvaise gestion des infrastructures hydrauliques et
les contraintes hydrogéologiques induisent des inégalités dans
l’accès à l’eau potable. Dans le développement du texte, sont
présentés, successivement le cadre géographique et méthodolo-
gique, les résultats et la discussion.

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1. Cadre géographique et méthodologique

1.1. Cadre géographique

Cette étude porte sur la localité de Saaba. Administrativement,


cette commune est classée selon la loi 055-2004/AN portant Code
général des collectivités territoriales comme une commune rurale.
Mais, elle a une caractéristique particulière : elle a une portion
urbaine et une autre portion rurale. La commune rurale de Saaba à
l’image de celle de la région du Centre, appartient à la zone
climatique soudano-sahélienne. Le climat est tropical sec
(ROUAMBA H., 2008, p. 32) et caractérisé par une saison sèche
très longue et une courte saison pluvieuse. La longue durée de la
saison sèche ne favorise pas la recharge des nappes aquifères et
aussi certains puits et des rivières tarissent pendant cette période.
Cela crée un déséquilibre dans l’approvisionnement en eau de la
population et du cheptel (IBRAHIM B., 2012 ; ILBOUDO J.,
2019, p. 24).
Sur le plan pédologique, les sols ferrugineux tropicaux sont les
plus répandus ; ils occupent 80,78% de la superficie à Saaba. Les
sols hydromorphes peu humifères à pseudogley de surface
occupent la deuxième place soit 15,24% de la surface. L’ensemble
des sols connaît une dégradation continuelle. Sous l’effet de
l’érosion éolienne et hydrique, la dégradation des sols s’est
accélérée rendant la gestion des eaux encore plus compliquée, dans
un environnement où l’eau constitue une denrée rare
(OUÉDRAOGO L., 2012, p. 86).
Dans le détail, le relief de Saaba est une pénéplaine, mollement
vallonnée se raccordant des dépressions à un réseau hydrogra-
phique peu marqué. La pente moyenne est de 0,56%. En somme,
l’inclinaison générale est faible et est globalement orientée d’ouest
en est. De ce fait, les eaux de pluie s’écoulent vers l’extérieur et
s’infiltrent faiblement. Sur le plan géologique et géomorpholo-
gique, Saaba repose sur un socle cristallin. Les roches cristallines
sont caractérisées par leur nature compacte et leur faible capacité
de rétention de l’eau (OUÉDRAOGO L., 2016 ; ILBOUDO J.,
2019, p. 34).
Le réseau hydrographique de Saaba est pauvre, le Massili
(affluent du Nakambé) est l’unique cours d’eau important de la

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commune. À cela s’ajoutent les retenues artificielles dont les plus


importantes sont situées à Saaba (Kango), à Tanghin, à
Tansobintenga, à Koala et à Komkaga. Les cours d’eau et les
retenues d’eau à Saaba sont temporaires entravant l’abreuvement
des animaux et les usages domestiques comme la construction du
bâti.
La végétation rencontrée dans la commune rurale de Saaba est
de type savane arbustive à densité variable, une formation plutôt
clairsemée (PCD, 2013). Selon GUIRÉ S. (2015, p. 6), on
distingue deux strates : une strate ligneuse clairsemée dont Acacia
senegalynsis, Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica, Lannea
microcarpa, Butyrospermum parkii et Parkia biglobosa ; une strate
herbacée dominée par des graminées annuelles dont Loudetia
togoensis, Andropogon pseudapricus et Penisetum pedicelatum. À
cela s’ajoutent, la forêt communale de Barogho, réalisée en 1996
et celle de Tensobtenga en 2011. On note également la présence
de la forêt classée et de réserve partielle de faune de Gonsé, d’une
superficie de 6300 ha. Selon SODORÉ A. A. et al. (2020, p. 9), le
couvert végétal est exposé aux effets de l’action anthropique
(pression démographique, défrichements, prélèvements du bois).
Sur le plan humain, la population qui était de 50885 habitants
en 2006 est passée 285 081 habitants selon le recensement général
de la population et de l’habitat (RGPH, 2019). Sa densité était
estimée en 2015 à 180,08 habitants par km2 (PCD, 2013). La
population de Saaba croît à un rythme très accéléré (3,1% au
niveau national contre 5,35% pour Saaba entre 1996 et 2006).
Sur le plan ethnique, la commune de Saaba est majoritairement
peuplée de Mossi qui sont issus directement ou indirectement des
familles des Moghos Naabas. Elle abrite aujourd’hui grâce à la
périurbanisation et l’exode rural plusieurs ethnies (peuhls, bissa,
yana, gourmantché, gourounsi, etc.) et des individus de nationalité
étrangère.
Les principales activités économiques sont l’agriculture, le
maraîchage, l’élevage (traditionnel, semi-intensif et intensif) et le
commerce surtout dans sa forme informelle. Dans l’ensemble,
l’agriculture et l’élevage restent peu performants à cause de la
baisse de la fertilité des sols, de la faible capacité de mobilisation
des ressources en eau et la réduction des espaces de cultures et les
pâturages (SODORÉ et al., 2020, p. 10). De plus, il y a le conflit

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d’usage de l’eau dû à la grande pratique du maraîchage et à la


nécessité d’abreuver les animaux (SODORÉ A. A., 2017, p. 44).

Carte n°1 : localisation de la commune rurale de Saaba

1.2. La démarche méthodologique

Elle combine la recherche documentaire, des enquêtes auprès des


ménages et des entretiens. À cela s’ajoute l’exploitation des bases
de données à références spatiales de l’Institut Géographique du
Burkina (IGB) et la Direction Générale des Ressources en Eau
(DGRE).
L’échantillonnage à caractère standard a été utilisé pour les
enquêtes ménages pour des besoins de comparaison. Au total, 140
ménages ont été enquêtés dans cinq (5) villages à raison de 28
ménages. Il s’agit de Nioko 1 et Saaba centre (dans la partie
urbaine), Tanghin, Tanlarghin et Koala (dans la partie rurale).
Quant aux guides d’entretien, ils ont été administrés aux
conseillers municipaux, aux conseillers villageois de développe-
ment (CVD) et aux responsables des Associations des Usagers
d’Eau (AUE). Des entretiens ont été également menés avec les
propriétaires des sources d’eau privés, des agents des structures

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administratives, des ONG et des associations œuvrant dans le


domaine de l’eau.
Le dépouillement et le traitement des données ont été faits avec le
logiciel SPHINXV5. Les logiciels Arc Gis 10.2 et Q Gis 2.18 ont
été utilisés pour la cartographie. Enfin le logiciel EXCEL pour la
réalisation des différents graphiques.

2. Résultats et discussion

2.1. L’accès en eau potable dans la zone urbanisée

Une grande partie des populations en zones urbaines et péri-


urbaines continue de rencontrer beaucoup de difficultés pour
s’approvisionner en eau potable. Dans la zone urbanisée de Saaba,
les sources d’eau sont principalement les forages et les Postes
d’Eau Autonome (PEA) appartenant à des investisseurs privés. En
outre, l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA)
assure la fourniture d’eau dans la zone urbaine et une société
délégataire dénommée Société du Commerce et de Gestion/
Société à Responsabilité Limitée (SOCOGES/SARL) assure éga-
lement la fourniture de l’eau. Basée à Kala-Zorgho, cette société
dessert l’eau dans les quartiers environnants. À la date des
investigations en 2019, l’ONEA comptait 11325 branchements
particuliers (BP) et 66 bornes-fontaines (BF). Sa société délé-
gataire comptait 1800 abonnés et 33 bornes-fontaines. Il ressort
des enquêtes que 8,08% des ménages disposent des branchements
particuliers, 16,17% s’approvisionnent en eau potable au niveau
des PEA ou châteaux d’eau et 27,94% utilisent l’eau des bornes-
fontaines. Dans l’ensemble, le niveau d’accès à l’eau potable dans
la partie urbanisée de la commune est très élevé du fait de
l’absence de sources d’eau naturelle pouvant être utilisée par les
populations résidentes. La carte n°2 indique la répartition spatiale
des bornes-fontaines de l’ONEA.

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Carte n°2 : répartition spatiale des bornes-fontaines


de l’ONEA

2.2. L’accès en eau potable dans la partie rurale

Les principales sources d’approvisionnement en eau potable y


sont les forages, les puits (modernes et traditionnels). La commune
rurale de Saaba compte quatre cent deux (402) forages (DGRE,
INOH, 2018). Elle compte aussi soixante et un (61) puits, mais bon
nombre d’entre eux tarissent pendant la saison sèche. Pendant la
saison pluvieuse, pour minimiser les longues distances, certaines
populations font recours aux eaux de surface (marigots, rivières et
barrages). Il en est de même avec le tarissement des puits et les
pannes des forages.
Parmi les cinq sites qui ont fait l’objet des enquêtes, deux
villages ruraux (Tanghin et Tanlarghin) ont bénéficié de la
réalisation des mini-réseaux d’Approvisionnement en Eau Potable
(AEP). Conséquence, 47,94% des ménages enquêtés utilisent
l’eau des forages et 0,73% l’eau des puits.

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Photographie n°1 : Types de puits

Puits sans Puits avec

Source : OUÉDRAOGO P., juillet 2019.

Malgré tout, la zone rurale de Saaba est confrontée à des


problèmes d’eau potable à l’image de la plupart des zones rurales,
caractérisées par des conditions difficiles d’accès à l’eau potable.
Il existe ainsi de profondes inégalités entre les régions et entre les
zones urbaines et rurales, ainsi qu’une incertitude majeure sur la
qualité de l’eau consommée (THIEBEAUD L. et LACOSTE P.,
2011 ; DAHANI D., 2013). Aussi sont-elles soumises à de
nombreuses contraintes : le climat sahélien et sa faible pluvio-
métrie, le faible nombre de points d’eau fonctionnels, le faible
investissement étatique et les carences organisationnelles des
comités de gestion des points d’eau (CGPE) dont les femmes sont
exclues de prises de décision (HASSANA, 2010, p. 8). Selon
CATHÉRINE B. et ALAIN B. (2013, p.22), la place des femmes
dans les nouveaux dispositifs de gestion est par exemple ambiguë.
En effet, elles occupent encore principalement les postes «
d’hygiénistes » ou de trésorières, mais rarement une fonction
stratégique (présidente d’AUE). Pourtant, ce sont elles qui
subissent les corvées d’eau. Selon l’UNICEF, les filles et les
femmes consacrent en moyenne 3 à 4 heures par jour en Afrique
subsaharienne pour la collecte de l’eau, alors que ce temps pourrait
être utilisé pour des activités sociales ou économiques. Selon KY
L. A. (2005), 86% de la population féminine du Burkina Faso vit
en milieu rural.
L’alimentation en eau potable en milieu rural se fait essentielle-
ment par les forages équipés de pompes manuelles, les puits

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traditionnels, les eaux de surface, les sources non aménagées. Les


infrastructures pouvant garantir une eau de qualité demeurent
insuffisantes dans les zones rurales (AIDA J. T., 2011, p. 7). Un
autre problème y réside du fait que de nombreuses infrastructures
hydrauliques sont en pannes ou fonctionnent mal et certains sont
obsolètes et la qualité de leur eau est douteuse.
Dans la partie rurale de Saaba, les principales sources d’appro-
visionnement en eau potable sont les forages, les puits (modernes
et traditionnels). La commune rurale de Saaba compte quatre cent
deux (402) forages (DGRE, INOH, 2018). Elle compte aussi
soixante et un (61) puits, mais bon nombre d’entre eux tarissent
pendant la saison sèche. Pendant la saison pluvieuse, pour mini-
miser les longues distances, certaines populations font recours aux
eaux de surface (marigots, rivières). Aussi, quand les puits
tarissent et certains forages en pannes, pour éviter les longues
distances ; quelques ménages utilisent l’eau des barrages.

2.3. Les déterminants des inégalités d’accès en eau

2.3.1. La distance

La distance est un paramètre important dans l’analyse des


disparités spatiales d’accès à l’eau potable. Le graphique n°1
donne une estimation des distances parcourues par les ménages
enquêtés à Saaba. Son analyse révèle que 64% des enquêtés
parcourent des distances comprises entre 100 et 1000 mètres pour
s’approvisionner en eau potable. Selon la norme nationale du
Burkina Faso, ces ménages ont accès facile à l’eau. En revanche,
26,5% des ménages interrogés parcourent des distances qui
dépassent la norme nationale (1000 mètres). Ces ménages sont
considérés comme ayant un accès difficile à l’eau. Ce résultat est
similaire au résultat de TRAORÉ O. (2016 p. 50) qui avait mené
des études sur l’alimentation en eau potable dans la commune de
Ouahigouya au Burkina Faso.

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Graphique n°1 : Distances parcourues

35
30,9
dISTANCE PARCOURUES

30
26,5

25

19,9
20

15 13,2

10

0
Moins de 100m Entre 100 et 600m entre600 et 1000m Plus de 1000m

Source : OUÉDRAOGO P., Enquête terrain, juillet 2019.

La distance est à Saaba un critère relativement important


d’inégalités d’accès à l’eau potable, car au-delà de celle-ci,
d’autres déterminants comme le débit et les pannes peuvent
aggraver le phénomène.

2.3.2. Les pannes et les abandons des


ouvrages hydrauliques

La commune rurale de Saaba compte 402 forages. Parmi


lesquels, 21 forages sont abandonnés et 51 forages sont en pannes
représentant respectivement 5,22% et 12,86 %. Au total 18,08%
des forages sont non fonctionnels (DGRE, INOH, 2018). L’état
des mini réseaux d’Adduction en Eau Potable (AEP) et les Postes
d’Eau Autonome (PEA) révèle un taux de fonctionnement de
77,77% soit 21 fonctionnels sur 27.
Les pannes qui conduisent à l’abandon des forages aggravent
la corvée d’eau de la population. À cet effet, 22,8% des personnes
interrogées ont-elles avoué que les pannes des ouvrages
hydrauliques créent des pénuries d’eau. La photo (a) présente une
borne-fontaine abandonnée à Tanlarghin. Quant à la photo (b), elle
présente une pompe abandonnée à Tanghin.
La durée de réparation des pannes est également une contrainte
pour la population. Cela a été estimé à environ 3 mois, 1 mois et
12 douze jours respectivement par 31,8%, 36,4% et 31,8% notent

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les enquêtés. Durant la période d’attente, les populations


parcourent de longues distances pour s’approvisionner en eau
potable avec des impacts négatifs sur la quantité et la qualité d’eau.

Planche photographique n°2 : Ouvrages hydrauliques en


pannes

a b

Source : OUÉDRAOGO P., juillet 2019

2.3.3. La périurbanisation

L’importante croissance démographique de la population de


Ouagadougou a entraîné le repli de citadins vers les communes
périphériques. De plus, la mise en œuvre du Projet Villages
Centres Banlieues de Ouagadougou (PVBCO) visant à desserrer
l’étau sur la capitale a favorisé une urbanisation rapide des espaces
ruraux de Saaba contigüe à Ouagadougou. Cette augmentation des
résidents périurbains est attestée par les résultats du Recensement
général de la population et de l’habitat. En effet, l’effectif de la
population de Saaba est passé de 50885 habitants en 2006 à
285 081 en 2019 (INSD, RGPH, 2006, 2020). Cette forte augmen-
tation reste le fruit du repli des Ouagalais vers la périphérie où le
prix du foncier est abordable et celui de l’exode rural avec
l’installation des migrants nationaux et de la sous-région ouest-
africaine. À ce sujet BLANCHON (2009), cité par CATHÉRINE
B. et Alain B., 2013, p. 7) notait que, le nombre d’urbains a doublé
au cours des dix dernières années au Burkina Faso et Ouaga-
dougou concentre 46,4% de la population et cela s’explique en

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partie par l’exode rural. Ces migrants qui viennent avec des
moyens financiers limités, s’installent dans les zones périphé-
riques comme Saaba.
La périurbanisation n’est pas sans conséquence en matière
d’approvisionnement en eau potable. Le rapport du nombre
d’habitants par point d’eau : 1 Point d’Eau Moderne pour 300
habitants ou une Borne Fontaine pour 500 habitants est largement
dépassé. De plus, l’évolution de la population étant difficilement
maîtrisable, les efforts consentis par les autorités municipales et les
sociétés privées sont en deçà de la demande.
Toutefois, cette situation n’est pas spécifique à Saaba car
AKPAKO F. C. (2011, p. 3) qui a mené des études sur les quartiers
périphériques de Cotonou a montré la difficulté d’accès à l’eau
potable face à l’augmentation substantielle de la population. De
même, COMPAORÉ N. (2016) a mis en exergue que l’évolution
démographique et spatiale de la ville de Ouagadougou cause
d’énormes difficultés à l’ONEA en matière d’approvisionnement
en eau potable des zones éloignées du centre-ville notamment le
périurbain qualifiées de « zone à acuité ».

2.3.4. La couverture démographique en


rapport avec les points d’eau

La commune rurale de Saaba comptait en 2018 selon la DGRE,


330 forages fonctionnels. Elle compte également 112 bornes-
fontaines provenant de l’ONEA et sa délégation, des mini-réseaux
d’AEP et PEA. La population de Saaba est de 285 081 habitants
(RGPH, 2020). Ce sont quelques habitants de la partie urbaine et
quelques quartiers périphériques qui bénéficient de l’eau des
bornes-fontaines. En effet, 8,08% des ménages disposent des
branchements particuliers, 16,17% des ménages s’approvisionnent
au niveau des PEA et 27,94% au niveau des bornes-fontaines
publiques. Avec les 285 081 habitants et les 330 forages fonc-
tionnels, si on établit le rapport habitant par forage, on se retrouve
avec environ 863 habitants par forage. Ce ratio est largement au-
dessus des normes de l’OMS qui est de 300 habitants pour un
forage. Toutefois, les populations de la partie rurale ne disposent
que des forages et des puits qui tarissent pendant la saison sèche,
donc une attention particulière doit leur être faite dans la réalisa-

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tion des infrastructures hydrauliques. Aussi, il faut tenir compte de


la taille de la population, car les villages n’ont pas le même nombre
d’habitants. L’effectif pléthorique des habitants autour des points
d’eau s’explique par le phénomène de la périurbanisation.
Au-delà du rapport population-forage, un autre indice permet
de mieux analyser la desserte de l’eau. C’est l’indice de dispo-
nibilité théorique. Cet indice est le rapport entre le nombre de
forages fonctionnels de la localité et la population de la même
localité multipliée par 300 (TRAORÉ O., 2016, p. 56). L’analyse
basée sur les indices de disponibilité théorique révèle quatre
situations différentes. Ainsi, la desserte est dite mauvaise si
l’indice est inférieur à 1. La desserte est dite insuffisante ou
insatisfaisante quand l’indice est compris entre 1 et 1,5. La desserte
est qualifiée de bonne si l’indice varie entre 1,5 et 2. Elle est
excellente si l’indice est supérieur à 2 (confère graphique n°3).
Les villages colorés en rouge sont des villages où la desserte en
eau est dite mauvaise. La mauvaise desserte en eau potable
s’explique par le déficit de forages et la taille très élevée de la
population (51 235 habitants). Il y a aussi les pannes qu’il faut
prendre en compte. Dans ces zones, les forages en pannes
représentent 16,66%. Les villages étiquetés en jaune sont des
villages où la desserte est insuffisante. Les infrastructures hydrau-
liques peinent à fournir convenablement l’eau aux populations.
Cette situation se justifie aussi par le déficit des points d’eau, mais
également par les pannes. Les forages en pannes représentent
19,44%. La desserte en eau des villages marqués en vert est bonne.
Les populations de ces villages accèdent facilement à l’eau
potable, car les forages leur fournissent de l’eau au-delà de leurs
besoins. Cela se justifie par la petite taille de la population de ces
villages (10478 habitants soit un forage par environ 35 habitants).
Les villages en bleu ont un indice de disponibilité théorique
supérieur à 2. La desserte est dite excellente. Cette situation
s’explique par la taille de la population de ces villages et le nombre
élevé des infrastructures hydrauliques. En effet, la population
totale de ces villages est de 6513 habitants avec 59 forages
fonctionnels soit un forage pour 110 habitants. Par conséquent, il
y a un surplus de forages dans ces zones. Aussi le nombre des
forages en pannes n’est pas élevé (5,08%).

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Graphique n°2 : Répartition des indices


de disponibilité théorique

Source : DGEP/2018, PCD/2013.

L’analyse de ce graphique montre que la répartition des points


d’eau n’a pas été faite en fonction de la taille de la population ;
donc elle n’est pas équilibrée. Ce résultat est conforme aux
résultats de ZONGO M. (2019, p. 65) qui a démontré que les
services sociaux de base sont inégalement répartis dans la
commune rurale de Komsilga au Burkina Faso.

2.3.5. Les contraintes hydrogéologiques

La commune rurale de Saaba est bâtie sur un socle cristallin.


Or, les formations cristallines constituent une contrainte à la
réalisation des ouvrages hydrauliques. En effet, en observant la
carte n°3, on se rend compte qu’il y a peu de linéaments. Or, les
linéaments sont des fractures sur la base desquelles, il est possible
de réaliser des infrastructures hydrauliques. Toutefois, leurs
présences ne pourraient suffire, car au-delà, les paramètres de débit
et de la qualité de l’eau sont importants dans la détermination d’un
forage positif. C’est pourquoi plusieurs situations de forage négatif

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ont été notifiées en dépit des indications fournies par les études
techniques.
TRAORÉ R. (2012) atteste que l’inégale répartition des
ouvrages hydrauliques est imputable à la nature de la structure
géologique. La conséquence qui découle se traduit par des
difficultés d’accès physiques à l’eau qui se traduisent par de
longues distances que les ménages en quête d’eau doivent
parcourir (SOURA K., 2013 ; ZONGO M., 2019, p. 66).

Carte n°3 : Géologie de Saaba

2.3.6. Focus des forages

Le forage reste la principale infrastructure d’offre d’eau potable


dans la commune de Saaba. Aussi, pour un besoin d’appréciation
spatiale des infrastructures hydrauliques d’accès à l’eau potable,
l’accent a été mis sur ceux-ci. La carte n°4 donne des indications
sur la répartition spatiale des forages.
Le premier constat qui ressort de l’analyse de cette carte est
l’existence de deux portions différentes en matière de concen-

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tration des points d’eau avec cependant une prépondérance de


concentration des infrastructures hydrauliques dans la partie sud-
ouest de la commune. Cette partie concerne la zone urbaine de
Saaba et quelques quartiers périphériques. Cette situation
s’explique par la taille de la population (58479 habitants soit
61,44% de la population) avec son corollaire en besoin d’eau
potable. C’est également dans cette partie de la commune que les
populations bénéficient de l’intervention de l’ONEA et aussi des
investisseurs privés. Cela est évident, mais il est important de noter
que les populations de ces localités bénéficient de l’intervention de
l’ONEA et aussi des investisseurs privés. Par contre, les
populations de la portion rurale ne disposent que des forages
comme sources d’eau potable et des puits qui tarissent pendant la
saison sèche. Par conséquent, dans la réalisation des ouvrages
hydrauliques une attention particulière doit être faite à leur endroit.
Selon JÉRÔME M. et PHILIPPE C. (2010), la localisation des
équipements ruraux est souvent influencée par des décisions
politiques. Pour eux, certains ouvrages hydrauliques sont des
récompenses politiques et leur installation répond à des ambitions
électorales. Ce résultat est compatible au résultat au de ZONGO
M. (2019, p. 66) qui a montré que la répartition spatiale des
infrastructures hydrauliques à Komsilga au Burkina Faso révèle
que 28 villages mobilisent un surplus d’environ 144 forages tandis
que 07 villages expriment un déficit de 171 forages.

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Carte n°4 : répartition spatiale des forages

Conclusion
Dans la commune rurale de Saaba, il existe de fortes inégalités
d’accès en eau potable. Celles-ci s’aperçoivent entre la partie
rurale et urbanisée et au sein même des espaces ruraux de la
commune.
Il ressort de cette étude que 64% des ménages parcourent des
distances comprises entre 100 et 1000 mètres pour s’approvi-
sionner en eau potable. Ces ménages ont plus ou moins accès facile
à l’eau potable. Par contre 26,5% des ménages parcourent des
distances au-delà de 1000 mètres. Il est révélé également que
5,22% des forages sont abandonnés et 12,86% des forages sont en
pannes. En outre, 22,22% des bornes-fontaines sont non
fonctionnelles. Ces facteurs engendrent des inégalités d’accès en
eau potable.
La population de Saaba croît à un rythme très accéléré et
s’explique en grande partie par la périurbanisation. Le taux de
croissance annuelle était 5,35% entre 1996 et 2006 contre 3,1%
pour le taux national. Cette croissance difficilement maîtrisable ne
permet pas de prévoir les besoins en eau potable en relation avec

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les équipements hydrauliques. À cela s’ajoutent les contraintes


hydrogéologiques. Ainsi, la réalisation des forages négatifs
s’explique par le manque des linéaments. Au-delà de ces facteurs
qui confirment l’hypothèse de l’étude, l’analyse à travers la
couverture démographique en rapport avec les points d’eau,
l’indice de disponibilité théorique et la répartition spatiale des
ouvrages hydrauliques révèlent que les points d’eau sont inéga-
lement répartis. Aussi, convient-il d’orienter les efforts dans le
sens d’une répartition équitable des infrastructures d’accès à l’eau
potable tout en tenant compte des contraintes du milieu.

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