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Laboratoire de Génétique
MEMOIRE
Présenté à l’UFR Biosciences pour obtenir le
I
Remerciements
Le présent mémoire est le fruit des travaux réalisés dans le cadre du stage pratique du Diplôme
d‟Etudes Approfondies (DEA) de génétique de l‟UFR Biosciences (Université de Cocody-Abidjan).
Les travaux ont été réalisés au Laboratoire de Génétique de l‟UFR Biosciences.
J‟exprime ma profonde gratitude au Docteur LOLO Obou Marcel, mon encadreur, qui malgré ses
nombreuses occupations a accepté de m‟encadrer. Ses sages recommandations, sa vision éclairée en
matière de recherches et sa sollicitude ont suscité en moi une véritable détermination pour la
recherche.
J‟adresse mes remerciements aux Docteurs GNANGBE Félix, SOKOURI Didier, KOUASSI Abou
Bakari, TIAN-BI Yves N., GONEDELE Séry-bi, COULIBALY Yahya et N‟NAN Oulo qui ont bien
voulu m‟accorder de leur temps dans la réalisation de ce travail en apportant des critiques pertinentes,
des conseils et encouragements qui sont venus au moment opportun. Que le DIEU Tout Puissant dans
son infinie miséricorde se souvienne de ces âmes généreuses.
A Monsieur KOFFI Thomas, technicien au Laboratoire de Génétique, pour son apport considérable.
Je remercie également tous mes amis et connaissances dont : AMIAH Ahou Mireille, SORO Brahima,
KASSI Fernand, KABLAN Aka Yves, KOUASSI Koffi Daouda, LOLO Josiane, M‟BO Kacou
Antoine, KOUADJO Zaka Claude G., COULIBALY Baba, ADJI Gbessi Eric, KONE S.Yonawa,
GOUE Z. Blaise, KOFFI Richard SAHI N. Noëlle, N‟GUESSAN Kouassi Gérard, Mme TOBOE
Hermance, OULAÏ Anderson, FAMA Patricia, BAYALA Rodrigue et l‟ensemble des étudiants
membres du Club des Sciences Biologiques (CS Bio) de l‟UFR Biosciences.
Je tiens à remercier aussi, tous ceux qui de près ou de loin, ont par leurs conseils, leurs disponibilités et
leur amitié ont contribué à rendre ce travail possible.
Je remercie particulièrement ma maman, mes frères et leurs épouses pour leurs prières et soutiens à
divers niveaux. Seigneur Dieu, manifeste ta bonté envers eux et garde les encore longtemps.
II
TABLE DES MATIERES
Dédicaces .................................................................................................................................... I
Remerciements .......................................................................................................................... II
TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... III
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................. VI
LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ VI
LISTE DES ANNEXES ..........................................................................................................VII
LISTE DES ABBREVIATIONS .......................................................................................... VIII
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
I. GENRALITES SUR Colocasia esculenta (L) SHOTT .......................................................... 3
III
I.7.1. Exigences écologiques ............................................................................................. 11
IV
PERSPECTIVES ...................................................................................................................... 38
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................. 39
ANNEXES ............................................................................................................................... 43
Résumé ..................................................................................................................................... 49
Abstract .................................................................................................................................... 49
V
LISTE DES FIGURES
Figure 12: Production de rejets dans le milieu MS 30 + 2 mg.l-1 BAP + 0,5 mg.l-1 AIB ......... 33
Figure 13: Prolifération de tissus de sur milieu MS 30 +2 mg.l-1 BAP + 1 mg.l-1 AIB ........... 33
Tableau VII : Effet du milieu de culture sur les variables fixées (8semaines)……………....26
VI
Tableau VIII: Effet du génotype sur les variables intermédiaires (8 semaines)...……………26
Tableau XII : Effet des phytohormones sur les variables intermédiaires (8 semaine)……...31
Tableau XIII : Effet des phytohormones sur les variables fixées (8 semaine)………………32
Annexe I : Description des variétés locales de Colocasia cultivées en Côte d‟Ivoire selon
Gnangbé (1992) ........................................................................................................................ 43
VII
LISTE DES ABBREVIATIONS
°C Degré Celsius
°Chl Degré chlorimétrique
µg Microgramme
AIA Acide Indole 3-Acétique
AIB Acide Indole 3-Butylique
BAP Benzyl 6-Aminopurine
CNF Centre National de Floristique
DsMV Dasheen Mosaic Virus
DT Diamètre moyen des microtubercules
FAO Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
g Gramme
GA3 Acide gibbérellique
HP Hauteur moyenne du vitroplant
IF Indice de forme des microtubercules
IITA Institut International d'Agriculture Tropicale
Kcal Kilocalorie
KJ Kilojoule
LT Longueur moyenne des microtubercules
mg Milligramme
mg.l-1 Milligramme par litre
MS Murashige et Skoog
NF Nombre moyen de feuilles par vitroplant
NJ Nombre moyen de rejets par vitroplant
NR Nombre moyen de racines par vitroplant
PC Pourcentage de tubérisation
pH Potentiel d‟Hydrogène
PT Poids moyen des microtubercules
VMT Virus de la Mosaïque du Taro
VIII
Introduction
INTRODUCTION
Aliment de base des populations des îles du Pacifique et des Antilles, le « taro » se
classe parmi les tubercules les plus consommés dans de nombreux pays d‟Afrique. En Côte
d‟Ivoire, il occupe la troisième place après le manioc et l‟igname mais avant la patate douce
(Gnangbé & Kouakou, 1992).
Le vocable « taro » dérivé du mot polynésien « talo » désigne ici toutes les variétés
comestibles des genres Xanthosoma et Colocasia. Ce terme n‟est cependant pas universel. Au
Cameroun par exemple les Colocasia sont appelés « taro » et «macabo» est utilisé pour
désigner les Xanthosoma.
La reproduction des Colocasia est essentiellement végétative. Pour la création des nouvelles
plantations, les semenceaux utilisés sont des fragments de tubercules ou des rejets. Ce mode
de culture utilisant les tubercules récoltés présente deux inconvénients majeurs. Il peut
entraîner la dissémination d‟agents pathogènes dans les plantations à partir de tubercules
infestés, ce qui entraine nécessairement une baisse de rendement et une altération de la qualité
des récoltes. Des agents pathogènes comme Pythium myriotylum et le virus de la mosaïque du
taro (VMT) sont ainsi disséminés dans les plantations. Ils ont pu causer une baisse de
production d‟environ 50% au Costa Rica et 90% au Cameroun (Salzar et al, 1985 ;
Nzietchueng, 1985b). L‟utilisation de rejets oblige également le paysan à laisser dans le
champ une partie de sa récolte dans l‟objectif d‟avoir des rejets semences pendant la saison
des pluies. Dans tous les cas, cette pratique traditionnelle commune à beaucoup de plantes à
tubercules impose au paysan de réserver jusqu‟à un tiers de la récolte pour la création de
nouvelles plantations. Le déficit de semences saines apparait donc comme l‟une des
contraintes majeures à la production des Colocasia.
Pour résoudre ces problèmes, des efforts ont été réalisés à divers niveaux dans la filière de
production, notamment au niveau de l‟amélioration des techniques de culture au champ et au
laboratoire. En effet, plusieurs travaux ont été réalisés sur la régénération et la multiplication
de plants de taro. Salazar et al. (1985) ont produit des plantules saines par thermothérapie à
38°C pendant cinq à huit semaines, suivie d‟une culture in vitro de méristèmes sur un milieu
Murashige et Skoog (1962).
Les travaux sur la tubérisation in vitro pour la production de semences de Colocasia sont
moins connus. Chez Xanthosoma par contre, Tsafack et al., (2009) à la suite d‟Omokolo et
1
Introduction
al., (2003) ont réussi à induire la tubérisation in vitro après 60 jours de culture sur milieu
MS80 additionné de phytohormones.
2
Revue bibliographique
Embranchement : Phanérogames
Classe : Monocotylédones
Ordre : Arales
Famille : Araceae
Sous-famille : Aroideae
Genre : Colocasia
Espèce : esculenta
En Côte d‟Ivoire, la culture du taro se fait dans tout l‟écosystème forestier humide (figure 2).
La distribution locale des différentes variétés varie avec les habitudes alimentaires ethniques.
3
Revue bibliographique
4
Revue bibliographique
Toutes les variétés de Colocasia cultivées dans le monde sont considérées comme
appartenant à la seule espèce Colocasia esculenta (L.) Schott qui comprend deux
sous-espèces (Plucknett, 1974):
Il existe une variabilité du nombre chromosomique chez les variétés de colocasia cultivées.
En effet, si la plupart des variétés sont diploïdes à 2n = 28 chromosomes, des variétés
triploïdes à 3n = 42 chromosomes sont connues. Des tétraploïdes à 4n = 56 chromosomes ont
été également répertoriés (Marchant, 1971 ; Plucknett, 1976 ; Kuruvilla & Avtar Singh,
1981).
Le taro est une plante herbacée, vivace par son rhizome tubéreux qui forme le tubercule
principal. L‟appareil végétatif est composé de deux parties (figure 3) :
La partie hypogée est constituée d‟une tige épaisse, tubéreuse ou rhizomateuse de grosseur
variable contenant des matières de réserve. Cette tige d‟où naissent les feuilles et les rejets
est appelée tubercule principal (ou corme); elle peut porter des tubercules de deuxième
rang appelés tubercules latéraux (Varin D. & Vernier P., 1994).
La partie épigée de la plante adulte est constituée de feuilles peltées orbiculaires dont la
hauteur peut atteindre plus de 2 m dans les conditions de culture favorables. Les jeunes
plantes sont constituées de feuilles à longs pétioles engainants. Les feuilles grandes et
belles, de couleur verte plus ou moins foncée peuvent atteindre 70 cm de longueur et 60
cm de largeur avec un long pétiole vert ou rouge violacé engainant à la base avec des
lobes basaux arrondis (Haudricourt, 1941).
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Revue bibliographique
Limbe
Partie
épigée
Pétiole
Collet
Rejet
Racines
Tubercule
secondaire
Partie
Bourgeon
hypogée
Tubercule
principal
6
Revue bibliographique
Les fleurs sont organisées en épi appelé spadice de couleur jaune-pâle, lequel est
entouré d‟une grande bractée sessile, la spathe dont les bords sont soudés à la base en forme
de tube au moment de l‟anthèse (Haudricourt, 1941). La spathe oblong-lancéolée est divisée
en deux parties égales par une constriction transversale (Nzietchueng, 1985b). Le spadice,
plus court que la spathe, est formé de fleurs unisexuées apérianthées. Les fleurs femelles
fertiles sont situées autour de la base du spadice. Elles sont de simples ovaires à placentation
axile et à une loge dont le sommet forme le stigmate (Haudricourt, 1941 ; Nzietchueng,
1985b). Les fleurs mâles sont représentées par des étamines autour de la partie supérieure du
spadice. Ces étamines sont soudées par groupes de 2 à 6 en un petit cylindre
(Synandre). L‟extrémité du spadice est souvent dépourvue de fleurs, c‟est l‟appendice. Entre
les fleurs femelles et les fleurs mâles fertiles, se trouve la région des fleurs femelles stériles
(Plucknett et al., 1970).
On ne peut prévoir la floraison, qui même lorsqu‟elle apparaît, n‟est pas abondante. Colocasia
tout comme Xanthosoma ne produit pas de graines à l‟état naturel (IITA, 1979).
L‟amélioration des Aracées en général, et celle des Colocasia, en particulier est
7
Revue bibliographique
Les pratiques culturales sont spécifiques à chaque pays selon que l‟agriculture est de
type moderne ou de type traditionnel.
En général, le sol est labouré selon le système des billons ou le système des buttes
pour faciliter la croissance des tubercules. Le taro se cultive dans un sol légèrement acide (pH
de 5,5-6,5), humide, riche en éléments organiques. Il pousse à mi-ombre mais tolère le plein
soleil s'il y a suffisamment d'eau.
La monoculture du taro est rare en Afrique. En effet, le taro est toujours cultivé en
association avec la banane plantain, l‟igname, le manioc, le riz ou même le cacao selon les
régions. Cette association favorise l‟éloignement des plants de taro les uns des autres, ce qui
contribue à la formation de gros tubercules.
Dans les pays où la monoculture de taro est pratiquée, la distance entre les plants varie de 50 à
80 cm sur la ligne et de 70 à 120 cm entre les lignes (Grubben et al., 2004). En effet, les
plants éloignés les uns des autres produisent de gros tubercules mais peu nombreux. Dans ce
8
Revue bibliographique
cas la lutte contre les mauvaises herbes devient difficile car la culture ne couvre pas toute la
surface. Cependant le rapprochement des plants diminue considérablement la taille des
tubercules (Varin D. & Vernier P., 1994).
Dans tous les cas l'entretien se réduit à un sarclage au début de la végétation. Les taros
couvrent bien le sol dans le cas où les plants sont rapprochés.
I.6.1. Utilisations
Les tubercules de Colocasia se consomment sous différentes formes. Ils peuvent être bouillis,
frits, grillés, transformés en « foufou » ou préparés sous forme de ragoût seul ou combinés à
d‟autres aliments. Ils sont également utilisés dans la fabrication de boisson (Nzietchueng et
al., 1985). Les jeunes feuilles de certaines variétés de Colocasia sont consommées dans de
nombreux pays comme des légumes-feuilles. Elles contiennent en moyenne 20 % de
protéines, alors que les tubercules n‟en contiennent que 4 % (Onwueme et al., 1994).
Le taro est une source appréciable d‟énergie alimentaire à l‟instar des deux tubercules majeurs
en Côte d‟Ivoire (l‟igname et le manioc). Il possède une valeur globale de 386 à 390 cal dans
100 g de poids sec (Amani, 1989). En outre, sa valeur protéique est supérieure à celle du
manioc et du plantain. Il est très riche en glucides (Tableau I et II). De tous les féculents
consommés en Côte d‟Ivoire, le taro est celui dont l‟amidon présente les grains les plus fins et
donc un haut potentiel de digestibilité. Aussi, peut-il être utilisé pour l‟alimentation des
nourrissons (Sasson, 1986 ; Bown, 2000). Des travaux effectués par Amani (1989) ont montré
que la farine de certaines variétés locales présente de bonnes qualités boulangères.
Les usages médicinaux de Colocasia sont peu nombreux. Au Gabon, les tubercules râpés sont
appliqués en cataplasme pour accélérer la maturation des furoncles, traiter les morsures de
serpents et le rhumatisme. Aux Caraïbes, l‟utilisation d‟extraits de feuilles de colocasia
additionnés à la tisane lutte contre la diarrhée (Nzietchueng, 1985b). A l‟île Maurice, on
ingère les jeunes feuilles de Colocasia cuites à l‟eau pour traiter l‟hypertension artérielle et les
affections hépatiques ; quant au jus des feuilles (décoction), il s‟emploie en externe pour
traiter l‟eczéma. Les tubercules servent à soigner coliques et autres maux de ventre au
Rwanda (Boullard, 2001).
9
Revue bibliographique
10
Revue bibliographique
I.6.2. Production
Le rendement en Afrique est de 5 tonnes par hectare, celui du monde entier avoisine les 6
tonnes par hectare. Mais une bonne culture sur un sol fertile produit au moins 12 tonnes à
l‟hectare et des rendements de plus de 40 tonnes par hectare ont été atteints à Hawaï (Grubben
et al., 2004).
Le VMT est le virus qui ravage le plus les cultures de taro dans le monde (Chen et al,
2001). C‟est une espèce du genre Potyvirus de la famille des Potyviridae et constitué d‟un
filament flexible (>700nm). Ce virus est transmis par les pucerons Aphis gossypii et provoque
une mosaïque le long des nervures des feuilles (figure 4a).
11
Revue bibliographique
12
Revue bibliographique
Le mildiou est la maladie la plus grave qui affecte le taro. Le symptôme apparaît comme
des taches circulaires noires sur les feuilles et pétioles. Ces tâches se développent rapidement
et provoquent souvent la mort prématurée des feuilles (figure 4b). Le mildiou est favorisé par
une condition climatique fraîche et humide (mars à juillet).
La pourriture molle du taro est causée par le champignon Pythium myriotylum (figure 4c).
Selon Agueguia (1993), cette maladie a provoqué des baisses drastiques de production au
Cameroun (de 1,8 million de tonnes entre 1970 et 1975 à 0,6 million de tonnes entre 1984 et
1985).
Les agents causals de la pourriture dure sont mal connus. Elle se caractérise par des
portions durcies dans le tubercule, une consistance molle et caoutchouteuse du tubercule avec
une teneur basse en amidon d‟où l‟exsudation de l‟eau lorsqu‟on le presse. Sclerotium
rolfsii provoque le rabougrissement de la plante, le pourrissement du tubercule et la formation
de nombreux sclérotes sphériques (Safo Kantaka, 2004).
Sur le taro, les insectes et ravageurs, en se nourrissant, peuvent provoquer des dégâts.
Les insectes Aphiis gossypii et Tarophagus proserpina transmettent des viroses. Les individus
adultes des scarabées du taro (Papuana spp.) creusent des galeries dans le tubercule jusqu‟au
bourgeon principal ; les jeunes plantes flétrissent et meurent. Les larves de Spodoptera litura,
de Hippotion celerio (figure 4d) et les escargots (figure 4e) détruisent le limbe alors que les
nématodes (figure 4f) provoquent la destruction des tubercules.
13
Revue bibliographique
c) Tubercules pourris causé par Pythium d) Dégâts dus aux larves de Hippotion
myriotylum celerio sur une feuille de Colocasia.
14
Matériel et méthodes
II.1. Matériel
Le matériel végétal utilisé pour la présente étude est composé de 302 vitroplants
appartenant à trois variétés locales (C1, C4 et C6) de Colocasia esculenta. Les caractéistiques
de ces trois variétés sont présentées dans le tableau IV. Les échantillons proviennent d‟une
serre du Laboratoire de Génétique situé au Centre National de Floristique (CNF), de jardins
potagers de Port-Bouët et d‟un champ de taro à M‟bromé (sous préfecture d‟Azaguié). Ces
variétés ont été retenues en fonction de leur abondance sur les sites visités.
Les vitroplants utilisés dans les expériences de tubérisation sont obtenus sur milieu MS30
sans phytohormone. Ce sont :
48 vitroplants de la variété C4
52 vitroplants de la variété C6
II.2. Méthodes
La culture in vitro est l‟ensemble des techniques basées sur la mise en culture
d‟explants en milieu artificiel contrôlé, à l‟abri de toute contamination (en axenie).
Les techniques de culture in vitro sont des outils qui permettent d‟améliorer les plantes mais
aussi d‟assainir les variétés ou bien de réduire les coûts de production. D‟autres applications
sont possibles. Cependant, la vitrification, la perte de caractères intéressants et les problèmes
inhérents à ces techniques en sont les contraintes majeures.
15
Matériel et méthodes
Temps de
Couleur du Tâche au Couleur Aspect de Aspect
cuisson
pétiole sinus des fibres la tige du limbe
en minute
C1 (Colocasia esculenta -
Vert olive rouge Violettes Stolonifère S Exc < 30
variété esculenta)
C2 (Colocasia esculenta -
Gris vert Absente Jaunâtres Normale S Exc < 30
variété esculenta)
C3 (Colocasia esculenta -
Vert jaunâtre blanche Jaunâtres Stolonifère S Exc < 30
variété antiquorum)
C4 (Colocasia esculenta -
Vert olive blanche Jaunâtres Normale S Exc > 60
variété antiquorum)
C5 (Colocasia esculenta -
Vert rayé blanche Jaunâtres Normale S Exc > 60
variété antiquorum)
C6 (Colocasia esculenta -
Rouge violacé Absente Jaunâtres Normale S Exc > 60
variété antiquorum)
C7 (Colocasia esculenta -
Vert olive rayé blanche Jaunâtres Normale A Exc > 60
variété antiquorum)
C8 (Colocasia esculenta -
Vert rayé blanche Jaunâtres Normale A Exc > 60
variété antiquorum)
C9 (Colocasia esculenta -
Rouge violacé rouge Jaunâtres Normale A Exc > 60
variété antiquorum)
16
Matériel et méthodes
Les tubes refermés et scellés sont entreposés dans la salle de culture sous une température de
25 ± 2°C et une photopériode de 12 heures. L‟éclairage sur chaque étagère dans la salle est
assuré par deux lampes fluorescentes de 40 watts chacune.
Les microplantes de 2 à 3 feuilles obtenues ont été utilisées pour les expériences de
tubérisation.
Dans les expériences de tubérisation, le milieu MS30 de base a servi de milieu témoin.
Les milieux MS50 et MS80 sont testés pour mettre en évidence l‟effet du sucre. Ils
contiennent respectivement 50 g et 80 g de saccharose par rapport à MS30 qui n‟en contient
que 30g. (Annexe II).
Les milieux MS30 additionnés de phytohormones sont également testés pour mettre en
évidence l‟effet de ces hormones de croissance sur la tubérisation. Différentes concentrations
de phytohormones sont ainsi testées : BAP (2 mg.l-1 et 4 mg.l-1) ; AIA (0,01 mg.l-1 et 0,1
mg.l-1) ; AIB (0,5 mg.l-1; 1 mg.l-1 et 2 mg.l-1). Certaines combinaisons de phytohormones sont
aussi testées : (0,5 mg.l-1 AIB + 2 mg.l-1 BAP) ; (1 mg.l-1 AIB + 2 mg.l-1 BAP) ; (0,1 mg.l-1
AIA + 2 mg.l-1 BAP).
Les observations ont été faites après 4 semaines et après 8 semaines de culture.
17
Matériel et méthodes
a) Explants disséqués
18
Matériel et méthodes
Deux types de variables ont été mesurés. Il s‟agit des variables intermédiaires1 se
rapportant à l‟appareil végétatif :
Les variables fixes2 se rapportant à l‟appareil végétatif souterrain pris en compte sont :
L‟IF qui permet de décrire la morphologie des microtubercules formés est le rapport du
diamètre sur la longueur (IF = DT/LT). En effet, le microtubercule est allongé si IF est
inférieur à 0,75, rond si IF est compris entre 0,75 et 0,99, ou aplati si IF est supérieur à 0,99
(Anonyme, 2010).
Les analyses ont été effectuées avec les logiciels STATISTICAT 7.1 et XLSTAT 2010.
Les données relevées ont fait l‟objet d‟un test de normalité. Les distributions ne suivant pas
une loi normale ont été transformées. Des analyses de variance ont été effectuées pour mettre
en évidence l‟effet des concentrations de sucre et l‟effet des phytohormones sur les variables
mesurées. Le test de Newman et Keuls a permis de classer les moyennes observées par milieu
au risque α = 5% et 1%. Les données ont été ensuite soumises à un test de corrélation de
Pearson au risque de 5% et 1% afin de mettre en évidence les corrélations possibles entre les
différentes variables étudiées.
1
Variables mesurées au cours de la croissance et en fin d’expérience
2
Variables mesurées seulement en fin d’expérience
19
Résultats et discussion
III. RESULTATS
Dans l‟ensemble, 338 explants ont donné des plantules saines sur un total de 772 mis
en culture au départ (Annexe III). Il en résulte un taux d‟infection et de non reprise d‟environ
56,2% (Figure 6).
Les explants issus de bourgeon terminal sont plus aptes à la reprise avec un taux d‟environ
80% alors que le pourcentage de reprise des bourgeons axillaires est estimé à 20%. De même
les bourgeons principaux ont une vitesse de reprise supérieure (une semaine) et un
développement plus rapide. En effet, les plantules issus de bourgeon terminal atteignent le
stade une feuille au bout de 2 semaines alors qu‟à partir des bourgeons axillaires, le même
stade n‟est atteint qu‟après 4 semaines (Figure 6).
La vitesse de croissance varie également en fonction de la variété. En effet, les explants issus
de la variété C1 ont un développement plus rapide que ceux issus de la variété C4.
Le milieu MS30 est le milieu de référence dans lequel les microplantes se développent
dans des conditions proches de celles des cultures in vivo. Les paramètres observés dans ce
milieu vont donc servir de référence pour évaluer l‟incidence des autres milieux sur les
variables observées.
Après 4 semaines, 7 racines en moyenne sont relevées dans ce milieu où les microplantes sont
au stade 3 feuilles avec une hauteur moyenne de 3,1 cm.
20
Résultats et discussion
a b
c d
Figure 6 : Initiation des explants sur milieu MS : a) Explant âgé d‟une semaine ;
b) Explant infecté ; c et d) Microplantes âgées 5 semaine de culture.
21
Résultats et discussion
Après 4 semaines, les valeurs observées sont de 7 racines pour la variable NR, 3
feuilles pour la variable NF et 3 cm pour la variable HP. Ce milieu n‟a pas induit la formation
de tubercules au bout de 4 semaines.
Après quatre semaines de culture, 5 racines et 2 feuilles en moyenne sont relevées sur
chacune des microplantes dont la hauteur est de 1,8 cm (Tableau V). Aucun rejet n‟est
observé et il n‟y a pas formation de tubercule.
Par contre après 8 semaines, il a été relevé 93,1 % de tubérisation. Les microtubercules
formés ont un poids moyen de 128 mg avec une longueur moyenne et un diamètre moyen
respectivement de 8,6 mm et 5,6 mm. La valeur de l‟IF qui est de 0,71 révèle la formation de
tubercules allongés. Pour les variables NR, NF et HP, les valeurs observées après 8 semaines
augmentent pour atteindre respectivement 11 racines, 3 feuilles et 3,4 cm (Tableau VI).
Après 4 semaines de culture, les milieux MS30 et MS50 ont été plus favorables à la
rhizogénèse avec en moyenne 7 racines par plante alors que le milieu MS80 n‟en produit que
5 racines. Il en est de même pour les variables NF et HP. En effet, en moyenne, le nombre de
feuilles et la hauteur des plantes sont de 3 feuilles et de 3 cm dans les milieux MS30 et MS50
alors que ces valeurs chutent à 2 feuilles et à 1,8 cm dans le milieu MS80 (Tableau V).
Pour les trois milieux, il n‟y a pas eu formation de microtubercules après 4 semaines.
22
Résultats et discussion
a b
23
Résultats et discussion
Milieux NR NF HP
MS 30 7a 3a 3,1a
MS 50 7a 3a 3,0a
MS 80 5b 2b 1,8b
Milieux NR NF HP
MS 30 9b 4 a
7,8 a
MS 50 11 a 4a 7,4 a
MS 80 11 a 3b 3,4 b
Dans une colonne, les moyennes suivies d‟une même lettre sont statistiquement identiques au seuil de 5%
(Newman-Keuls) * : effet significatif (5%). ** : effet hautement significatif (1%). ns : effet non significatif.
24
Résultats et discussion
A 8 semaines, les différences observées sont non significatives entre le milieu MS50 et le
milieu MS80 pour la variable NR. Le nombre de racines produites augmente dans ces 2
milieux (11 racines) par rapport au milieu MS30 (9 racines). Pour les variables NF et HP, les
milieux MS30 et MS 50 sont similaires (4 feuilles et microplantes de 7,5 cm) par rapport au
milieu MS80 qui tend significativement à produire moins de feuilles et des plantes de hauteur
réduite (3 feuilles et des microplantes de 3,4 cm). Pour la variable PC, les trois milieux sont
significativement différents. Alors qu‟il n‟y a pas formation de microtubercules dans le
milieu MS30, le milieu MS 50 en produit 68,2% et le milieu MS80, 93,1% (Tableau VII).Les
microtubercules formés d‟après leur indice IF sont ronds dans le milieu MS50 et allongés
dans le milieu MS80.
Cette analyse a été réalisée à partir de résultats observés, tous milieux confondus.
Après 4 semaines, seule la variable NR présente une différence significative entre la variété
C1 (8 racines) et les variétés C4 (6 racines) et C6 (5 racines) qui sont identiques à ce point de
vue (Voir tableau VIII et IX).
Le poids de ces tubercules est plus faible avec C4 (75,2 mg) qu‟avec C1 (155,8mg). Les
microtubercules sont plus longs avec C1 (9,9 mm) et plus courts avec C4 (6,1mm). Le
diamètre des tubercules formés ne varie pas en fonction de la variété (Tableau IX).
25
Résultats et discussion
Tableau VII : Effet du milieu de culture sur les variables fixés (8 semaines)
Milieux PC PT LT DT IF
MS 30 0,0 c - - - -
Dans une colonne, les moyennes suivies d‟une même lettre sont statistiquement identiques au seuil de 5%
(Newman-Keuls) * : effet significatif (5%). ** : effet hautement significatif (1%). ns : effet non significatif
C1 13 a 4a 7,2 a
C4 9b 3b 5,2 b
C6 8b 3b 6,0 b
Moyenne 10,1 3,6 6,2
Fcalculé 50,16** 14,05** 7,01**
Pr 0,0000 0,0000 0,0013
Dans une colonne, les moyennes suivies d‟une même lettre sont statistiquement identiques au seuil de 5%
(Newman-Keuls) * : effet significatif (5%). ** : effet hautement significatif (1%). ns : effet non significatif
26
Résultats et discussion
Génotypes PC PT LT DT IF
Dans une colonne, les moyennes suivies d‟une même lettre sont statistiquement identiques au seuil de 5%
* : effet significatif (5%). ** : effet hautement significatif (1%). ns : effet non significatif.
PC : Pourcentage de Tubérisation, PT : Poids des microtubercules, LT : Longueur des microtubercules,
DT : Diamètre des microtubércules, IF : Indice de forme des microtubercules
27
Résultats et discussion
NR 1
NF 0,64* 1
HP 0,25 0,68* 1
28
Résultats et discussion
Après 4 semaines, le tableau XI montre que les résultats observés ne diffèrent pas en
fonction de la concentration de BAP dans le milieu MS30 pour les variables NR et NF. En
effet, il n‟y a pas formation de racines aussi bien avec 2 mg.l-1 qu‟avec 4 mg.l-1 de BAP. Les
microplantes développent cependant chacune 2 feuilles. Par contre, par rapport au milieu
témoin il y a formation de 2 rejets et la hauteur des plantes diminue de 3,6 cm à 1,2 cm.
Après 8 semaines, la hauteur des plantes augmente mais cette augmentation est plus accentuée
avec BAP 2 mg.l-1 qu‟avec BAP 4 mg.l-1. Le nombre de rejets formés est triplé (Figure 10)
mais il n‟y a pas formation de tubercules.
Ainsi le BAP additionné au milieu de base favorise la formation de rejets mais il exerce un
effet inhibiteur sur la formation des racines et des feuilles.
Après 8 semaines de culture, l‟AIB à 2 mg.l-1 double le nombre de racines obtenues mais elle
reste sans effet sur la formation de rejets comme l‟AIA. Ces 2 auxines ont cependant tendance
à réduire le nombre de feuilles produites (3 ou 4 feuilles) par rapport au milieu témoin
(Tableau XII). Les deux auxines induisent également la tubérisation. Le pourcentage de
tubérisation (PC) atteint 86% avec l‟AIB à 2 mg.l-1. Ainsi, les auxines augmentent la
production de racines, induisent la tubérisation (Tableau XIII) mais restent sans effet notoire
sur la production de rejets.
29
Résultats et discussion
Milieux NR NF NJ HP
MS 30 (témoin) 9b 4 0b 3,6ab
2 mg.l-1 BAP 0d 2 2a 1,4 c
4 mg.l-1 BAP 0d 2 2a 1,2c
0,01 mg.l-1 AIA 6c 4 0b 3,4ab
0,1 mg.l-1 AIA 5c 4 0b 3,5ab
0,5 mg.l-1AIB 7bc 3 0b 4,3a
1 mg.l-1AIB 9b 3 0b 3,7ab
2 mg.l-1AIB 13a 3 0b 4,7 a
2 mg.l-1 BAP + 0,5 mg.l-1 AIB 1d 2 2a 1,8bc
2 mg.l-1 BAP + 1 mg.l-1AIB 0d 3 2a 1,8bc
2 mg.l-1BAP + 0,1 mg.l-1 AIA 0d 3 2a 1,7bc
Moyenne 5,6 3,1 0,9 2,8
Fcalculé 70.07* 2.90* 6.92* 8.15*
Pr 0.0001 0.0040 0.0001 0.0001
Dans une colonne, les moyennes suivies d‟une même lettre sont statistiquement identiques au seuil de 5%
* : effet significatif (5%). ** : effet hautement significatif (1%). ns : effet non significatif.
NR : Nombre de racines, NF : Nombre de feuilles,. NJ : Nombre de rejet, HP : Hauteur des microplantes
30
Résultats et discussion
Tableau XII : Effet des phytohormones sur les variables intermédiaires (8 semaines).
NR NF NJ HP
1 mg.l-1AIB 14 b 3 bc 1c 9,5ab
2 mg.l-1AIB 24 a 2c 0c 11,0a
a b
Figure 11: Longueur de racines : a) MS30 + 2 mg.l-1 AIB ; b) Témoin
31
Résultats et discussion
Tableau XIII: Effet des phytohormones sur les variables fixées (après 8 semaines).
PC PT IF LT DT
MS 30 (témoin) 0e - - - -
2 mg.l-1 BAP 0e - - - -
4 mg.l-1 BAP 0e - - - -
0,01 mg.l-1 AIA 28,57d 46,9 0,9a 4,5b 3,9
0,1 mg.l-1 AIA 71,43b 70,2 0,6b 6,7 a 4,2
0,5 mg.l-1AIB 57,14c 50,6 0,6b 6,3a 3,6
1 mg.l-1AIB 71,43b 64,9 0,7ab 6,1a 4,6
2 mg.l-1AIB 85,71a 68,6 0,7ab 6,1a 4,4
2 mg.l-1 BAP + 0,5 mg.l-1AIB 0e - - - -
2 mg.l-1 BAP + 1 mg.l-1AIB 0e - - - -
2 mg.l-1 BAP + 0,1 mg.l-1AIA 0e - - - -
Moyenne 0,3259 62,9 0,7 6,1 4,2
32
Résultats et discussion
33
Résultats et discussion
IV. DISCUSSION
Le milieu MS30 de base n‟a pas favorisé la tubérisation chez Colocasia. Cependant, il
a donné de meilleurs résultats en ce qui concerne les caractères morphologiques de la partie
épigée, c‟est-à-dire que dans ce milieu, le nombre de feuilles observé est élevé et la
microplante atteint sa hauteur maximale. Le milieu à 8% de sucre (MS80) est celui qui a
favorisé de façon sensible la formation de microtubercules avec un taux avoisinant 93,1%. Ce
résultat corrobore les travaux de Omokolo et al., (2003) qui ont conclu que le sucre est
déterminant dans la formation des microtubercules. En effet, ils ont obtenu 83% de
tubérisation dans le milieu MS à 8% de sucre. Nos observations concordent aussi avec les
résultats de Zhou et al., (1999) qui ont montré que l‟augmentation du taux de sucre de 5 à
10% favorise la microtubérisation chez Colocasia esculenta. Des résultats similaires ont par
ailleurs été obtenus par Garner & Blatter (1989) qui ont réussi à améliorer le pourcentage de
microtubérisation chez la patate douce en augmentant le taux de sucre de 4 à 8%. L‟ensemble
de ces travaux est conforté par ceux de Gopal et al., (1998) et Tsafack et al., (2004) qui ont
montré que la microtubérisation peut être induite in vitro sans utiliser de régulateurs de
croissance mais en augmentant la quantité de sucre dans le milieu de culture. L‟induction de
la microtubérisation dans ces conditions est importante car elle permet de tester l‟aptitude des
génotypes à la tubérisation en évitant ainsi les influences possibles que peut exercer l‟apport
des régulateurs de croissance.
Il a été constaté par contre que le sucre seul ne favorise pas la formation des rejets. Il
aurait tendance à inhiber les bourgeons qui pourraient donner des rejets.
34
Résultats et discussion
Les résultats de cette étude tendent à montrer le rôle prépondérant des concentrations
élevées de sucre dans le milieu de culture sur l‟induction de la tubérisation. Mais les
régulateurs de croissance dans le milieu de base ont également une influence sur la formation
des microtubercules. En effet, l‟AIA et l‟AIB dans les milieux à 3% de sucre ont favorisé la
microtubérisation. L‟AIB à 2 mg.l-1 avec 85,71% de tubérisation s‟est avéré plus inducteur
que l‟AIA à 0,1 mg.l-1. Les auxines sont connues pour avoir une action rhizogène. Toutefois,
leur influence a été notée à d‟autres niveaux : sur le nombre de feuilles qui diminue, sur le
nombre de racines qui augmente, sur la taille de la plante qui augmente.
Le BAP, au contraire des auxines a induit la formation de rejets, mais n‟a eu aucune
influence sur la tubérisation de Colocasia. Par contre, chez Xanthosoma, les travaux
d‟Omokolo et al., (2003) et de Tsafack et al., (2004 et 2009) ont montré qu‟il était possible
d‟induire la tubérisation en présence de BAP dans un milieu à 8% de sucre. Zhou et al.,
(1999) ont montré que le pourcentage de microtubérisation est augmenté lorsqu‟on ajoute au
taux de sucre élevé une concentration de 22-44 µM de BAP. Chez les vitroplants de manioc,
Fogaça et al., (2008) ont montré également que le milieu MS50 + 0,4µM de BAP produit des
microtubercules à 45 jours. Cela s‟expliquerait par la présence d‟un taux de sucre élevé (5%
ou 8%) qui lèverait l‟action inhibitrice du BAP sur la rhizogénèse et favoriserait la
microtubérisation. Janet et al., (1993) ont montré que les cytokinines en général rendent
disponibles les hydrates de carbone (sucre) pour une absorption par les racines et favorisent
ainsi la microtubérisation.
35
Résultats et discussion
Le BAP est réputé excellent pour la multiplication in vitro (Parthasarathy et al., 2002 ;
Omokolo et al., 2003) et donc la formation des rejets. Même dans les associations BAP-
Auxines, cette propriété est conservée. Ces associations ont tendance à stimuler la formation
de structures semblables à des cals.
L‟ensemble de tous ces résultats corrobore ceux de Jean et Coppadocia (1992) qui ont
affirmé que le phénomène de la tubérisation est favorisé par les auxines et inhibé par les
cytokinines.
36
Conclusion et perspectives
CONCLUSION
Cette évaluation a permis de montrer que les milieux à hautes teneurs en sucre (MS80
et MS50) induisent la microtubérisation à des pourcentages élevés 68% et 93%. Le milieu à
faible teneur en sucre comme MS30 est également inducteur s‟il est supplémenté d‟auxine.
L‟AIB à 2 mg par litre de milieu MS30 avec 85% de tubérisation s‟est avéré plus inducteur
que l‟AIA. Un milieu de culture à faible teneur en sucre et sans auxine, ne favorise pas la
formation précoce de microtubercules. Dans un tel milieu, la microtubérisation survient
tardivement au delà de 8 semaines. Les cytokinines au contraire des auxines influencent
positivement la formation de rejets. En effet, le BAP à 2 mg par litre dans le milieu MS30
produit en moyenne 7 rejets par microplante, ce qui n‟est pas observé dans les autres milieux.
Un effet génotype a également été mis en évidence dans cette étude. Après 8 semaines
de culture, toutes les variétés ont produit des microtubercules tout milieu confondu.
Cependant, les variétés C1 et C6 avec respectivement 55% et 56% de tubérisation paraissent
plus inductibles que la variété C4 (50%).
Les résultats de cette étude peuvent être utilisés pour la production massive in vitro de
microtubercules à partir desquels des plants qui serviront de semences saines après leur
sevrage vont être produits en serre. Les rejets formés peuvent également jouer le même rôle.
37
Conclusion et perspectives
PERSPECTIVES
Une étude comparative des semences produites in vitro et in vivo doit se faire pour
évaluer la vitesse de croissance, la précocité de tubérisation au champ, le rendement, la
résistance aux maladies et aux perturbations pluviométriques ainsi que les coups de
production des deux types de semences. Cette étude devra également prendre en compte la
recherche de variétés à faibles teneurs d‟oxalate qui constituent encore une contrainte à la
consommation des taros.
La mise en évidence de l‟effet génotype doit se poursuivre également par la prise en compte
d‟autres variétés de Colocasia et des variétés de Xanthosoma.
38
Références Bibliographiques
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42
Annexes
ANNEXES
Annexe I : Description des variétés locales de Colocasia cultivées en Côte d‟Ivoire selon
Gnangbé (1992)
Pétiole vert olive dans la plus grande partie de sa longueur, violacé dans la région du limbe.
Le sinus du limbe présente une tache violacée persistante,
Tige stolonifère, tubercules latéraux filiformes, chair du tubercule principal (qui est la partie
consommée) blanche, avec un dense réseau de fibres violettes qui lui confèrent un aspect
violacé ; au cours de la cuisson à l‟eau le tubercule dégage une odeur caractéristique.
Pétiole gris vert à gris marron dans la plus grande partie de sa longueur, rouge violacé dans la
région du limbe. Le sinus du limbe présente une tache rouge violacée persistante,
Tige non stolonifère, tubercules latéraux de forme ovoïde et assez nombreux. ; Chair des
tubercules blanche avec un dense réseau de fibres jaunes.
Pétiole vert jaunâtre dans la plus grande partie de sa longueur, rose dans la région du limbe.
Le sinus du limbe présente une tache blanche persistante,
Tige stolonifère,
43
Annexes
Chair des tubercules rose blanchâtre avec un dense réseau de fibres jaunes.
Le Nom vernaculaire familier est kpokô pôpa ou zoukoudjerè pôpa (en Bété)
Cette variété ne diffère apparemment de la variété C4 que par le pétiole qui est rayé
longitudinalement de vert et de rouge violacé (à vert prédominant) ou de marron rouge et de
vert (à marron rouge prédominant).
Le Nom vernaculaire familier est kpôkô kpô ou zoukoudjerè kpô (en Bété)
44
Annexes
Floraison spontanée observée en Côte d‟Ivoire mais elle plus tardive que celle des variétés C4
et C5 auxquelles cette variété s‟apparente pour tous les autres caractères.
Pétiole vert sur toute sa longueur avec des rainures longitudinales dans la partie engainante,
cassant ; limbe vert sombre avec des excroissances foliaires vert sombre le long des nervures
secondaires côté abaxial.
Tubercules latéraux présentant la même variété de forme que les variétés C4, C5 et C6.
Le tubercule principal et les tubercules latéraux sont consommés. Leur cuisson à l‟eau dure
plusieurs heures.
Floraison spontanée en Côte d‟Ivoire mais moins abondante que les variétés décrites
précédemment.
Floraison spontanée observée en Côte d‟Ivoire mais plus tardivement que celle des variétés
C7 et C8 auxquelles cette variété s‟apparente pour tous les autres caractères.
45
Annexes
Pétiole vert sombre dans la plus grande partie de sa longueur, rouge violacé dans la région du
limbe. Le sinus du limbe présente une tâche rouge violacée qui s‟irradie le long des nervures
primaires et secondaires côté adaxial.
Pétiole vert olive sur sa longueur. Le sinus du limbe présente une tâche marron jaune
persistante. Tige non stolonifère. Tubercules latéraux peu nombreux et de formes variées.
46
Annexes
Na2-EDTA 37,3
Fer-EDTA
FeSO4, 7H 2O 27,8
Pyridoxine (= B6) 1
47
Annexes
48
Résumé
Abstract
49