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MEMOIRE
Pour l’obtention du Diplôme de Master en Sciences de la
Terre
THÈME
ESSAI DE CARTOGRAPHIE GEOLOGIQUE A PARTIR
DES SIGNATURES AEROMAGNETIQUES: CAS DE
TEHINI, (NORD-EST DE LA CÔTE D’IVOIRE)
A la mémoire
de ma grand-mère « Maman Marie »,
et de ma grande sœur Diane,
reposez éternellement en paix !
~I~
AVANT – PROPOS
Je rends hommage au Prof. SOMBO BOKO CELESTIN, mon « père scientifique », très
rigoureux, dynamique, sympathique, qui travaille sans relâche pour la formation des
géophysiciens en Côte d’Ivoire. Je lui dis infiniment merci, car il m’a donné la chance de faire
ma formation au sein du Laboratoire de Géophysique Appliquée de l’UFR STRM.
Je voudrais faire une mention spéciale au Dr GAHE EMILE qui est « la cheville ouvrière » du
Laboratoire de Géophysique Appliquée. Merci à cet honorable maître qui ne ménage aucun
effort pour notre formation de Géophysicien.
J’adresse mes remerciements à l’endroit de tous les Directeurs de Laboratoires, sans oublier les
autres enseignants de l’UFR STRM.
Je voudrais remercier le Prof. JOURDA JEAN- PATRICE qui m’a fait l’honneur de présider
le jury chargé de juger ce mémoire. Infiniment merci pour l’intérêt que vous accordez à ce
travail, mais surtout à ma formation.
~ II ~
ERIC, M. AHIMAN DJEDJI GHISLAIN et Mlle GNONNOUE PRISCA YANNICK, pour
leur soutien.
Je n’oublie pas tous mes ainés du Laboratoire de Géophysique et tous mes amis de la promotion
AGHUI. Merci à vous pour la bonne collaboration.
Je tiens à remercier Mlle DRIA GUELASEMON SUSANNE pour tout le soutien financier et
moral à mon endroit.
Je n’oublie pas mes frères que l’école m’a donnés, M. DIAN GOH SEVERIN, M. OUMPLEU
KOIZEU EDES, M. KOFFI N’GUESSAN MARTIAL et M. ZADI JOCELIN. Merci pour
votre inconditionnel soutien.
~ III ~
TABLE DES MATIERES
RESUME .................................................................................................................................. X
ABSRACT ............................................................................................................................... XI
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
CONCLUSION PARTIELLE............................................................................................... 20
~V~
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES .......................................................... 42
~ VI ~
LISTE DES ABREVIATIONS
Fig. : Figure
Ga : Milliard d’années
Ma : Million d’années
Nd : Néodyme
nT : nanoTesla
PC : Personal Computer
~ VII ~
LISTE DES FIGURES
Figure 2 : Carte géologique du Craton Ouest Africain (Peucat et al., 2005) ............................ 6
Figure 3 : Carte géologique simplifiée de la Côte d’Ivoire (Milési et al., 1989). .................... 8
Figure 6 : Système de mesure magnétique aéroporté. Les capteurs fluxgate sont fixés à
l’extrémité des deux ailes et le GPS installé au sommet du cockpit. (Bouiflane, 2008) .. 24
Figure 12: Carte géologique de la Haute Comoé Nord superposée à la carte géologique
proposée ............................................................................................................................ 40
~ VIII ~
LISTE DES TABLEAUX
~ IX ~
RESUME
La Côte d’Ivoire présente dans plusieurs régions, un déficit de carte géologique. C’est le cas de
la région de Boukani (au Nord-Est) où seulement la localité de Téhini a été partiellement
couverte. La présente étude, basée sur l’analyse des signatures aéromagnétiques, vise à élaborer
une carte géologique de la zone.
Des données générées par la digitalisation de la carte aéromagnétique de Téhini-Bouna ont été
traitées avec le logiciel Oasis Montaj (Geosoft). L’interprétation qualitative des différentes
cartes géophysiques réalisées (champ magnétique total, réduction à l’équateur et gradient
vertical), a permis de délimiter les grands ensembles lithologiques. ce sont les gneiss, les
migmatites et granites à biotites constituant le complexe gneissique dans la moitié nord de la
zone. Par contre dans l’autre moitié, ce sont les métabasaltes, méta-andésites et volcanoclastites
métamorphisés qui forment le complexe basaltique. Généralement en intrusion, la pyroxénite,
l’amphibolite, le gabbro, et la tonalite à hornblendes et biotite, constituent le complexe
ultramafique. Ces formations ont été affectées par des failles de directions NE-SW, NNE-SSW,
et NW-SE, et un important dyke de dolérites. Ces informations lithologiques et structurales ont
permis de proposer une cartographie géologique de la zone d’étude.
~X~
ABSRACT
Cote d’Ivoire present a deficit in geological mapping. It is case of the region of Boukani (North-
East) where one part of Téhini’s area is covered by geological map. In this study, the
aeromagnetic signatures are used to provide lithological and structural data within areas which
are not covered by geological map.
The Téhini-Bouna’s aeromagnetic map digitizing provided the data which are processed with
Geosoft’s software (oasis Montaj). A qualitative interpretation of total magnetic intensity map,
reduction to Equator map and first vertical derivative map, allowed to delineate the mains
lithological groups. They are gneissic complex (gneiss, migmatite and biotite granite), basaltic
complex (metabasalt, meta-andesite and volcanoclastic rocks), and ultramafic complex
(pyroxenite, amphibolite, gabbro and hornblende-biotite tonalite). The first group is mainly
situated in the half of North part, the second group within south part and the third group is
generally displayed as intrusion. These lithological groups were deformed by NE-SW, NNE-
SSW, NW-SE, trending faults and a mayor dolerite dyke. These lithological and structural data
allowed to introduce geological mapping of the study area.
~ XI ~
INTRODUCTION
La géophysique aéroportée est une technique qui permet de couvrir une grande surface dans un
temps relativement court. En fonction du paramètre étudié, elle aboutit généralement à des
cartes magnétiques (susceptibilité magnétique), cartes radiométriques (radioactivité), cartes
gravimétriques (densité), etc. L’interprétation de ces cartes permet d’obtenir des informations
sur la géologie de la zone étudiée. Plusieurs travaux ont montré que l’étude des signatures
aéromagnétiques pouvait contribuer considérablement à la connaissance géologique d’une
région. En effet, Grauch et al., (2004) ont effectué, à partir des données aéromagnétiques
collectées près de Taos (Nouveau Mexique), des analyses quantitatives et qualitatives qui ont
contribué à l’amélioration de la connaissance géologique de la région. Au Ghana , Graham
(2013), à l’aide des données magnétiques et radiométriques aéroportées, a permis d’améliorer
les connaissances géologiques et structurales d’une portion de la région de Volta. Ainsi la
méthode aéromagnétique s’avère importante pour la cartographie géologique d’une zone.
En Côte d’Ivoire, plusieurs localités ne disposent pas encore de carte géologique. C’est
quasiment toute la Côte d’Ivoire qui n’a pas été couverte, par des cartes géologiques à grande
échelle. A ce propos la direction de la cartographie et de la prospection géologique (ex direction
de la géologie) avait initié un projet, en collaboration avec le B. G. R, pour la cartographie du
territoire ivoirien, à l’échelle 1/100000. En dehors de la localité de Guitry, dont les travaux sont
en cours, ce projet a permis de couvrir, de 1994 à 2007, six (06) zones dont celle de la Haute
Comoé Nord dans laquelle la localité de Téhini a été partiellement couverte.
Cette étude vise de façon générale à élaborer une carte géologique de la localité de Téhini. Les
objectifs spécifiques que nous essayerons d’atteindre se résument en trois points :
1
Ce mémoire comportera trois grandes parties. La première partie, traitera des généralités sur la
zone d’étude et donnera un bref aperçu sur la théorie du magnétisme. La deuxième partie
présentera le matériel et la méthodologie adoptée et la troisième partie sera consacrée aux
résultats et à la discussion.
2
PREMIERE PARTIE :
GENERALITES
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LA ZONE D’ETUDE
1.1.CADRE GEOGRAPHIQUE
1.1.2. Relief
La région de la Haute Comoé Nord, du point de vue physiographique, est dominée par une
pénéplaine dont les altitudes s’élèvent entre 300 et 400 m. C’est seulement les ceintures
volcaniques, formant des massifs montagneux subparallèles de direction NNW, qui accusent
des altitudes variant entre 500 m et 600 m. Des reliques d’une ancienne cuirasse latéritique de
grande extension forment de petits plateaux qui se distribuent à travers toute la région. Les
conditions d’affleurement sont généralement bonnes dans les massifs montagneux, mais
mauvaises dans les terrains plats constitués d’unités granitoïdo-gneissiques et sédimentaires
(Lüdtke et al., 1999).
1.1.3. Climat
Le climat est sub-soudanais avec une saison des pluies entre juin et novembre, et une saison
sèche entre novembre et mai. L’harmattan, qui souffle fréquemment depuis le Sahara entre
décembre et février, réduit fortement la visibilité et la température.
3
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude (C.N.T.I.G, 2011)
4
1.1.4. Hydrographie
Le drainage général de la région est de direction Nord-sud. Les rivières principales sont la Bavé
et l'lringou. Leurs écoulements sont dirigés vers du le Sud , dans la Comoé, et sont contrôlés
par le tracé régional des failles.
1.1.5. Végétation
La végétation est typique d'une savane buissonneuse. une forêt dense borde la majorité des
rivières.
1.2.CADRE GEOLOGIQUE
La Côte d’Ivoire appartient à la partie sud du Craton Ouest Africain. Ce dernier comprend, au
Nord la dorsale de Réguibat et au Sud la dorsale de Man (ou Léo). Les deux dorsales présentent
beaucoup de similitudes géologiques. Elles sont séparées par le bassin sédimentaire de
Taoudéni au sein duquel affleurent les deux boutonnières de Kayes et de Kédougou-Kéniéba
(Fig.2). Le territoire ivoirien s’étend sur une superficie de 322462 Km2, dont 97.5% de socle
précambrien et 2.5% de bassin sédimentaire.
1.2.1.1.Socle précambrien
le domaine Archéen, affecté par les orogenèses libérienne et léonienne dont la lithologie
est constituée de migmatites et gneiss granulitiques, des charnockites sous forme
d’intrusion dans le socle granito-gneissique (Fig. 3), ou sous forme de mobilisat
anatectique (Camil, 1984). Le degré de métamorphisme ayant affecté ces formations est
méso à catazonal (YACE, 1984);
5
Figure 2 : Carte géologique du Craton Ouest Africain (Peucat et al., 2005)
6
le domaine Protérozoïque est situé à l’Est du premier. Ils sont séparés par la faille de
Sassandra. On y trouve des formations birimiennes structurées par le mégacycle
éburnéen (2400 - 1600 Ma) ; L’Éburnéen, en Côte d’Ivoire, termine l’évolution crustale
en même temps que la cratonisation. Le domaine Baoulé-Mossi est caractérisé par des
ensembles volcano-sédimentaires, volcaniques, sédimentaires et plutoniques, d’âge
birimien (Fig. 3). Dix-sept sillons volcano-sédimentaires birimiens se répartissent sur
deux alignements, Tehini-Dimbokro à l’Est et Ferkessédougou-Soubré au Centre. Ils
ont été identifiés en Côte d’Ivoire (Tagini, 1971 ; Yacé, 1976). La plupart des
minéralisations connues en Côte d’Ivoire sont localisées dans ces sillons volcano-
sédimentaires. Les travaux de Kouamelan (1996) indiquent l’existence d’une zone de
transition. Cette zone serait caractérisée par la contamination des formations juvéniles
birimiennes par la croûte archéenne. Elle est caractérisée notamment par l’existence de
reliques archéennes au sein du domaine paléoprotérozoïque (Kouamelan et al., 1997).
La zone d’étude, appartenant à la région de la Haute Comoé Nord, est située au Nord-Est de la
Côte d’Ivoire, et s’étend sur une superficie d’environ 1800 km2. Elle couvre une partie orientale
du bassin de Bambéla, la ceinture de Téhini et se prolonge dans le domaine granito-gneissique.
La région peut être grossièrement subdivisée en deux terranes (Lüdtke et al., 1999) :
7
Figure 3 : Carte géologique simplifiée de la Côte d’Ivoire (Milési et al., 1989).
8
intercalations de roches volcanoclastiques (ceintures de Téhini et de Ouango-Fitini). Et
d’autre part, en un bassin sédimentaire (bassin sédimentaire de Bambéla), principalement
constitué de schistes à quartz séricite formée à partir des volcanoclastites, de grauwackes et
d’argilites.
Terrane gneiss
Le terrane gneiss entoure le terrane roche verte. Il consiste en un terrane oriental (à l’Est de la
ceinture de Téhini) et en un terrane occidental (à l’Ouest de la ceinture d’Ouango-Fitini).
Il expose des niveaux crustaux profonds de la croûte birimienne caractérisée par des roches
amphibolitiques et gneissiques qui, localement deviennent migmatitiques.
Lüdtke et al., (1999) ont regroupé les formations géologiques de la région de la Haute Comoé
en quatre (04) unités :
Les roches volcaniques de la région sont disposées selon deux ceintures volcaniques
subparallèles de direction NNE-SSW, la ceinture de Téhini à l'Est, et celle d'Ouango Fitini à
l'Ouest. Ce sous-groupe des formations supracrustales regroupe des formations telles que les
basaltes, dolérites ou microgabbros d’origine hypovolcanique, andésites, dacites et rhyodacites.
Roches volcanoclastiques
9
Schistes, amphibolites et gneiss
Roches intrusives
Ce sont des roches liées aux ceintures volcaniques (les granites à muscovite, monzodiorites à
quartz, diorite à quartz et granodiorites à biotite, etc.), et au bassin sédimentaire ou au contexte
gneissique. Ces dernières constituent les intrusions mafiques et ultramafiques (pyroxenites,
gabbros, norites non altérées,…), et les granitoïdes de type bassin (tonalites à hornblende et
biotites)
Roches cénozoïques
Les roches cénozoïques, masquant la géologie sous-jacente, constituent une gêne importante
pour la cartographie et l'exploration minière. Néanmoins, certains éléments utiles peuvent être
concentrés dans ces roches jusqu'à des teneurs intéressantes, comme l'or; elles deviennent alors
des cibles appréciables pour l'exploration minière. On distingue :
1.3.TRAVAUX ANTERIEURS
On peut distinguer deux périodes majeures durant lesquelles cette région a reçu une attention
particulière de la part des Géologues (Lüdtke et al., 1999).
10
La première englobe les années comprises entre 1951 et 1965 et était axée sur la cartographie
géologique régionale, l’étude pétrographique de quelques granitoïdes et de l’exploration
géophysique (aéroportée, et quelques levés au sol). La seconde période a été centrée sur la
géologie structurale et sur les études géochimiques et pétrogénétiques.
La région de la Haute Comoé Nord a fait l’objet d’une cartographie systématique par Arnould
(1951, 1952, 1958a, b, c) in Lüdtke et al., (1999) dans le cadre d’une campagne géologique de
grande ampleur dans le Nord-Est de la Côte d’Ivoire (incluant des levés par hélicoptère). Les
résultats ont permis d’établir la feuille au 1/500000ème intitulée « Katiola ».
Arnould (1951) in Lüdtke et al. (1999) a considéré que les roches sédimentaires de la région
forment un anticlinal et sont plus anciennes que les roches volcaniques. Il a aussi remarqué une
bande de roches clastiques sur le versant occidental du massif de Téhini, qu'il a désigné sous le
terme de Tarkwaïen. Cette bande de roche reposerait en concordance entre, ce qu’il a appelé
« Birimien inférieur » et « Birimien supérieur ».
Des levés magnétométriques et radiométriques aériens comprenant 9.400 km de profils ont été
effectués dans la région de la Haute Comoé par C.G.G. en 1962. Les résultats ont permis
d’élaborer dix feuilles à l'échelle 1/100.000. Quatorze anomalies ont été enregistrées au total.
La plupart de ces anomalies ont été investiguées de manière plus détaillée par des moyens de
géophysique au sol (méthodes magnétique, radiométrique, électrique et électromagnétique,
ainsi que la polarisation induite). Ces études géophysiques ont été suivies dans certains cas de
forages (C.G.G., 1961, 1965, in Lüdtke et al., 1999). Ce qui a permis la découverte de faible
teneurs occurrences de titanomagnétite (15 millions de tonnes estimées avec une teneur de 10
à 12 % Ti02) dans des roches mafiques et ultramafiques au Nord du village de Kouloumita
(C.G.G., 1962; Sonnendrucker, 1967), in Lüdtke et al., (1999).
Les parties de la région de la Haute Comoé Nord non couvertes par la prospection géophysique
de C.G.G. ont été ultérieurement inclues dans l’important programme d’exploration
géophysique aéroportée entrepris par Kenting Earth Sciences Ltd. /Ottawa. Cette campagne a
couvert approximativement 70% du territoire de la Côte d'Ivoire (Kenting, 1978). Les données
magnétiques et radiométriques qui en résultèrent ont donné plusieurs cartes (1/50000, 1/200000
et au 1/1000000).
11
CHAPITRE 2 : BREF APERÇU SUR LA MAGNETOMETRIE
La force magnétique qui agit entre deux pôles (masses) magnétiques séparés par une distance r
se définit comme la loi de Coulomb en électricité (Chouteau, 2002) :
𝐦𝟏 𝐦𝟐
𝐅⃗ = 𝐫⃗ (𝟏)
𝛍𝐫 𝟐
Cette force peut être attractive lorsque m1 et m2 sont de signes contraires, et répulsive si m1 et
m2 sont de mêmes signes.
Le champ magnétique représente l’influence d’un pôle magnétique dans l’espace qui l’entoure
(Allard et Bois, 1999). Ainsi l’intensité du champ magnétique H peut être définie comme la
force exercée par un pôle magnétique m2 sur un autre pôle de charge m1 (<< m2), séparés d’une
distance r :
𝐅⃗ 𝐦𝟐
⃗⃗⃗ =
𝐇 = 𝟐 𝐫⃗ (𝟐)
𝐦𝟏 𝛍𝐫
12
L’unité du champ magnétique est le Tesla, mais en géophysique, on mesure des variations de
l’ordre de 10-9 Teslas, ou nanoTeslas (nT). L’intensité du champ magnétique terrestre est
inférieure à 10-4 Teslas, ou 100000 nT (Quesnel, 2006).
Une source magnétique est représentée par un dipôle, association de deux (2) pôles magnétiques
-m et +m séparés d’une distance l. Le moment magnétique M d’un dipôle est le vecteur orienté
de −m à +m:
⃗𝐌
⃗⃗⃗ = 𝐦𝐥𝐫⃗ (𝟑)
Un corps magnétique placé dans un champ magnétique externe sera magnétisé par induction.
L’intensité de magnétisation I est proportionnelle à la force du champ, et sa direction est la
même que celle du champ. Elle est définie comme le moment magnétique par unité de
volume v:
⃗⃗⃗⃗
𝐌
𝐈⃗ = (𝟒)
𝐯
I porte souvent le nom de polarisation magnétique parce que l’induction tend à aligner les
dipôles du corps magnétique.
Une barre de fer placée près d’un aimant permanent devient elle-même magnétique. La barre
de fer ainsi aimantée produit en elle et autour d’elle un autre champ magnétique, qui
s’additionne au champ magnétique de l’aimant permanent. On dit que le fer a la propriété d’être
ferromagnétique. Selon Allard et Bois (1999), l’intensité de magnétisation ou de l’aimantation
de cette barre de fer dépend de deux facteurs :
l’intensité du champ inducteur. Ainsi, plus la barre de fer est rapprochée de l’aimant,
plus elle devient magnétique. De plus, si on éloigne l’aimant permanent, elle perd son
magnétisme ;
13
la susceptibilité magnétique.
𝐈
𝐈 = 𝐤𝐇 ⟺ 𝐤 = (𝟓)
𝐇
Cette relation implique que, plus une unité géologique est susceptible de se magnétiser, plus la
magnétisation induite sera intense (Allard et Bois, 1999).
diamagnétiques, si k < 0 ou faible (ex : graphite, cuivre, argent, feldspath, sel…). Ces
corps ont la capacité de se magnétiser en présence d’un champ extérieur, mais lorsque
ce champ extérieur est supprimé, ces corps se démagnétisent ;
paramagnétiques, si k > 0 (ex : chalcopyrite, aluminium, platine, manganèse, gneiss...).
Ceux-ci s’aimantent de la même manière que les corps diamagnétiques, cependant ils
prennent plus de temps à se démagnétiser lorsque le champ extérieur est supprimé ;
ferromagnétiques, si k est très élevée (magnétite ; ilménite, fer, cobalt, nickel, terres
rares, pyrrhotine…). Ces corps ont la capacité de se magnétiser eux-mêmes et aussi avec
l’action d’un champ externe. Ils restent magnétisés même lorsque le champ externe est
supprimé. On dit qu’ils possèdent un champ rémanent.
14
Tableau I : Susceptibilité magnétique de quelques roches (Rochette et al., 1992).
Roches K [-]
Dolomies 0 – 20. 10-6
Calcaire 0 – 50. 10-6
Grès 0 – 100. 10-6
Argiles 0 – 200. 10-6
Schistes 0 – 500. 10-6
Gneiss 0 – 1000. 10-6
Granite 100 – 1500. 10-6
Gabbro 80 – 7 200. 10-6
Basalte 20 – 14 500. 10-6
Péridotite 7 600 – 15 600. 10-6
15
2.1.6. Induction magnétique
Un corps placé dans un champ magnétique externe H, aura ses pôles magnétiques plus ou moins
alignés sous l’effet de H, produisant un champ H’ relié à l’intensité de la magnétisation I.
L’induction magnétique B sera alors le champ total à l’intérieur du corps :
⃗⃗ = H
B ⃗⃗⃗⃗ , avec B
⃗⃗⃗ + H′ ⃗⃗ = H
⃗⃗⃗ + 𝑘H
⃗⃗⃗
En unité CGS ⃗⃗ = H
B ⃗⃗⃗ + 4𝜋𝑘H
⃗⃗⃗
⃗B⃗ = (1 + 4𝜋𝑘)H
⃗⃗⃗ (𝟔)
⃗B⃗ = 𝜇H
⃗⃗⃗
La perméabilité magnétique est exprimée par :
= 0 (1+k), (7)
Avec µ0 perméabilité magnétique du vide (de l’air) (µ0 = 4π.10-7 en unités SI ; µ0 = 1 en unités
CGS) (Quesnel, 2006).
16
Le champ magnétique peut être défini par 3 composantes (Nord, Est, verticale (x, y, z)) en tout
point donné (Fig.4). Très souvent, on donne une valeur du champ total F, sa déclinaison D, ainsi
que son inclinaison I ; où D est l’angle entre la composante horizontale du champ magnétique
et le Nord géographique, et I l’angle entre le vecteur champ magnétique et le plan horizontal.
Les anomalies magnétiques sont provoquées par la présence, dans le sous-sol, de corps
susceptibles d’être aimantés ; leur allure dépend de l’inclinaison du champ dans la région
étudiée. Les unités utilisées par les géophysiciens pour mesurer l’intensité du champ F sont le
gamma (). Et 1 = 1nT = 10-5 Oersted. L’Oersted est l’intensité du champ en un point où
s’exerce une force d’une dyne sur un pôle unitaire (Bérubé, 1997). L’intensité totale du champ
terrestre varie selon la position sur le globe (fig. 5) :
F = 60000 à 70000 nT aux pôles magnétiques (I = 90°) ; F = 31000 nT en Côte d’Ivoire (zone
proche de l’équateur).
17
Figure 5 : Intensité du champ magnétique de la terre (composante totale) mesurée par le
satellite Oersted (Olsen et al., 2000 in Quesnel 2006)
18
2.2.2. Origine du champ magnétique terrestre
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l’origine du champ magnétique terrestre.
La théorie actuelle est celle de la dynamo. Cette théorie suggère que le champ magnétique
terrestre est créé et entretenu par un phénomène d’induction électromagnétique. En effet, des
courants électriques intenses circuleraient dans le noyau externe ayant une conductibilité
électrique très forte.
On conçoit aujourd’hui que le noyau est une combinaison de fer (Fe) et nickel (Ni), tous deux
bon conducteurs électriques. Même si le noyau était formé d’éléments de faible conductivité,
l’énorme pression sur les électrons favoriserait la formation des gaz à électrons libres de
conductivité satisfaisante. La source magnétique est illustrée par le modèle auto excité, c’est-à-
dire, un fluide de grande conductivité bouge dans un mouvement complexe et des courants
électriques sont causés par des variations produisant un champ magnétique (Djroh, 2014).
Ce champ magnétique actuel est la résultante de trois principales composantes ayant pour
sources: la source interne (champ principal), la source externe (champ transitoire) et la
source induite (champ anormal).
19
les roches possèdent une quantité anormale de magnétite et/ou d’ilménite qui va créer un champ
magnétique local qui s’ajoutera au champ terrestre.
Conclusion partielle
20
DEUXIEME PARTIE :
MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE 3 : MATERIEL ET METHODES D’ETUDE
Ce travail est basé sur le traitement d’une carte aéromagnétique. Ainsi, les mesures du champ
magnétique et les levés aéroportés seront abordées. Le matériel et la méthodologie adoptée pour
cette étude seront également présentés
Pour mener cette étude, des cartes et un matériel informatique ont été utilisés.
3.1.1. Données Cartographiques
Il s’agit essentiellement des logiciels, installés sur un ordinateur du laboratoire, qui ont été
utilisés au cours de cette étude. Les principaux sont des logiciels de cartographie et de traitement
de données en sciences de la terre.
20
MapInfo Professionnel 11.0
Ce logiciel de cartographie a été utilisé, seulement pour effectuer le géoréférencement (calage)
des différentes cartes numérisées.
Geomag 7.0
C’est un programme informatique qui permet de connaitre l’intensité des composantes du
champ magnétique (déclinaison, inclinaison, champs total...) à la période indiquée des levés.
Dès l’époque des empires chinois et l’Antiquité en Europe, l’homme s’orientait avec une
aiguille aimantée (boussole), mais ce n’est qu’au XVIIIème et au XIXème siècle, en Europe,
que la science s’est intéressé au phénomène du champ magnétique terrestre.
Le champ magnétique se mesure à l’aide d’un magnétomètre. Dès 1840, des magnétomètres
ont été placés dans des observatoires fixes. Puis ils ont été utilisés sur le terrain pour des
prospections locales. De même, des campagnes de mesures en mer ou en avion ont été
effectuées. Enfin, le développement des satellites a permis d’accéder à une vision globale du
champ magnétique terrestre.
21
Les caractéristiques temporelles et spatiales de l’étude que l’on veut mener déterminent le type
de mesures qui doit être utilisé.
Pour étudier une zone particulière, le magnétomètre peut être transporté. Sur un espace
réduit, c’est l’homme qui effectue les mesures en se déplaçant à pied. Ceci permet par
exemple d’étudier les cavités proches de la surface, de découvrir un nouveau filon à exploiter
dans une mine, etc. De même, il peut servir lors d’étude environnementale ou de génie civil.
Une zone de plusieurs kilomètres peut être étudiée à partir des mesures magnétiques par
avion (mesures aéroportées). Ces campagnes permettent de caractériser les perturbations du
champ magnétique (anomalies) engendrées par les roches sous-jacentes. Elles sont
souvent utilisées pour la cartographie géologique et l’exploration minière. Des campagnes
par bateau ont permis d’acquérir de nombreuses données magnétiques en mer. Enfin,
l’utilisation de ballons permet de mesurer à une grande altitude le champ magnétique.
L’essentiel de ce travail porte sur le traitement et l’interprétation des données magnétiques
acquises à partir d’un avion. Ainsi, la section suivante sera consacrée à l’acquisition des
données aéromagnétiques.
22
3.2.1.3. Levés aéroportés
Pour la collecte de données aéromagnétiques, un avion est utilisé pour les mesures. Ce
dernier est équipé de magnétomètres (de type fluxgate, à précession nucléaire, ou à pompage
optique,…). En plus de cet équipement, l’avion doit être muni d’un système de
positionnement de haute précision. Au cours de l’acquisition, l’engin survole la zone d’étude
en respectant les caractéristiques de vol prédéfinis en fonction des objectifs visés et de
la précision recherchée. Doivent rester aussi constantes que possible durant le même levé,
la direction du vol, la distance entre lignes de vol, l’espacement des lignes de contrôle, la
hauteur du vol et la vitesse de l’avion. Les signaux électriques de deux capteurs (situés à
l’extrémité des ailes) sont numérisés dans le cockpit au niveau d’un boîtier électronique
similaire à celui utilisé au sol (Fig.6). Un GPS est également utilisé et ses informations
sont transmises au boîtier électronique. Les lignes de vol sont prédéfinies au laboratoire puis
insérées dans un logiciel. Le pilote dispose d’un ordinateur portable qui lui permet de suivre
cette route et de vérifier son altitude. Lors de l’acquisition, une deuxième personne à bord
vérifie la qualité des données magnétiques et le suivi des lignes de vol.
Durant le vol, le magnétomètre enregistre le champ magnétique total à intervalles de temps
de 0,1 à 1 seconde avec une précision qui dépend du type de magnétomètre (en général ≤ 2
nT).
Le champ magnétique total mesuré lors des campagnes aéromagnétiques est la somme du
champ principal (environ 99% du champ total), du champ transitoire et du champ anormal.
Le champ magnétique terrestre varie très lentement (variation séculaire) et constant à un
moment donné dans une même région. Sa valeur, fonction de la position géographique, est
donnée par le modèle de l’IRGF (International Geomagnetic Reference Field) en nanotesla
(nT). Dans une localité donnée, la différence entre champ théorique et champ mesuré (corrigé
des variations diurnes), est attribuée à des anomalies locales du champ, dues à la nature des
roches. Elle permet de construire des cartes d’anomalies du champ magnétique total. Un
traitement du signal permet ensuite d’obtenir des images plus expressives et donc plus faciles
à interpréter.
La méthodologie utilisée dans le cadre de ce travail, se résume en deux grandes étapes :
digitalisation et organisation des données ;
traitement des données.
23
Figure 6 : Système de mesure magnétique aéroporté. Les capteurs fluxgate sont fixés à
l’extrémité des deux ailes et le GPS installé au sommet du cockpit. (Bouiflane, 2008)
24
Mais avant ces étapes, la numérisation des différentes cartes est préalablement faite. Elle a
permis d’obtenir des images raster. Ensuite le géoréférencement, qui consiste à faire
correspondre à quelques points sur la carte, des coordonnées géographiques (degrés de
longitude/latitude), permettant ainsi au logiciel MapInfo d’effectuer des calculs géographiques
(distances, surfaces...) concernant la carte.
Ce sont ces cartes géoréférencées qui ont servi dans la suite du travail.
Cette étape consiste d’abord, à transférer les données générées par Global Mapper sur
l’interface du logiciel Excel 2013, ensuite à établir un tableau regroupant les données X, Y et
TMI. Ces données constituent une base de données pour le logiciel Oasis Montaj de Geosoft.
3.2.3. Traitement des données
Le traitement des données a été exclusivement effectué par le logiciel Oasis Montaj de Geosoft
(version 7.0.1). Il consiste à appliquer des filtres qui sont basés sur des formules mathématiques
complexes selon le but qu’on veut atteindre. Ainsi, le logiciel Oasis Montaj a permis, par les
transformées de Fourrier, d’appliquer les différents filtres dans le domaine nombre d’onde. Puis
des transformées inverses de Fourrier sont appliquées au données, pour réaliser les différentes
cartes magnétiques. Dans le cadre de ce travail ce sont les filtres Butterworth, réduction à
l’équateur, gradient vertical qui ont été appliqués aux données.
25
Les expressions mathématiques des filtres ci-dessous proviennent du logiciel Oasis Montaj
7.0.1 (Geosoft).
3.2.3.1. Filtre Butterworth
C’est un excellent filtre des ondes pour l’application directe des filtres passe-haut et passe-
bas aux données car il peut facilement contrôler le degré du filtre en maintenant fixe le
nombre d’onde central. Il permet d’atténuer les éventuelles ondulations présentes dans les
données magnétiques. Le filtre Butterworth est basé sur l’expression mathématique suivante :
1
𝐿(𝑘) = 𝑛 (𝟖)
[1 + (𝑘⁄𝑘 ) ]
0
Les données magnétiques peuvent être difficiles à interpréter lorsque les levés sont situés loin
des pôles magnétiques. En effet dans ces zones les anomalies présente une certaines asymétrie
par rapport aux sources qui les causent. Pour cette raison, un filtre appelé “Réduction“ au pôle
ou (RTP) est utilisé pour corriger cette asymétrie. Les données magnétiques près de l’équateur
sont encore plus problématiques lorsque cette correction au pôle peut elle-même créer sa propre
distorsion. Il y a deux approches pour traiter les levés magnétiques près de l’équateur. La
première approche consiste à corriger uniquement le changement de phase de la RTP et non
l’amplitude, de sorte qu’on évite d’accentuer artificiellement les anomalies alignées sur un axe
nord-sud. La seconde approche consiste à appliquer une réduction à l’équateur plutôt qu’au
pôle. La seconde approche a été préférée, parce qu’elle génère moins de distorsion. Les résultats
ainsi présentés peuvent toutefois porter à confusion puisque la polarité des anomalies sera
inversée. C’est à dire les corps magnétiques apparaîtront comme des minima plutôt que des
maxima (Dawson et Robillard, 2012). Après la transformée de Fourrier qui permet de passer
du domaine spatial au domaine nombre d’onde, la réduction à l’équateur appliquée aux données
est exprimée par la formule suivante.
26
[sin(𝐼) − 𝑖 ∙ cos(𝐼) ∙ cos(𝐷 − 𝜃)]2 × (−𝑐𝑜𝑠 2 (𝐷 − 𝜃))
𝐿(𝜃) = (𝟗)
[𝑠𝑖𝑛2 (𝐼𝑎 ) + 𝑐𝑜𝑠 2 (𝐼𝑎 ) ∙ 𝑐𝑜𝑠 2 (𝐷 − 𝜃)] × [𝑠𝑖𝑛2 (𝐼) + 𝑐𝑜𝑠 2 (𝐼) ∙ 𝑐𝑜𝑠 2 (𝐷 − 𝜃)
Si (|𝐼𝑎 |<| 𝐼 |), 𝐼𝑎 = 𝐼 ; où 𝐼 est l’inclinaison magnétique, 𝐼𝑎 est l’inclinaison pour la correction
d’amplitude, et D est la déclinaison.
sin(𝐼) est la composante en amplitude et 𝑖 ∙ cos(𝐼) ∙ cos(𝐷 − 𝜃) est la composante en phase.
Dans le cas ou plusieurs structures sont assez proches les unes des autres et situées à des
profondeurs comparables, le signal magnétique mesuré montre l’existence d’une seule
anomalie. Une dérivation verticale permet d’amplifier les courtes longueurs d’onde de manière
à mieux distinguer les différentes anomalies dont la source est différente (Bouiflane, 2008).
L’expression mathématique des dérivées verticales dans le domaine nombre d’onde est :
𝐿(𝜔) = 𝜔𝑛
𝑛: ordre de différenciation ;
𝜔: nombre d’onde (radians/unité de sol), avec 𝜔 = 2𝜋𝑘 où 𝑘 est le nombre de cycles par unité
de sol.
Le gradient vertical est la première dérivée verticale (𝑛 = 1). Il consiste à amplifier les hautes
fréquences contenues dans les données. C’est un filtre numérique passe-haut qui favorise l’effet
des sources peu profondes au détriment de celui des sources profondes. Il rehausse ainsi les
réponses des sources superficielles et met en évidence leurs contacts.
La figure 7 montre un résumé des principales étapes de la méthodologie adoptée pour mener
cette étude.
27
Carte aéromagnétique Téhini- Carte géologique Haute Comoé
Bouna (1/200.000) Nord (1/100.000)
Scannage
Géoréférencement (Calage)
(MapInfo)
Interprétation
28
Conclusion partielle
Aussi, la zone d’étude présente une intensité moyenne du champ magnétique de 32003.5 nT,
avec une inclinaison de -1.60° et une déclinaison de -8.30°. Elle est donc proche de l’équateur
magnétique, et les effets de cette proximité seront pris en compte dans l’interprétation des
résultats. En effet, dans les zones de basses latitudes , les formations géologiques à forte
susceptibilité magnétique présentent de faibles valeurs du champ magnétique, tandis que
celles qui ont une susceptibilité magnétique faible sont caractérisées par des valeurs élevées
du champ. Ainsi ce sont les formations magnétiques (les roches basiques et ultrabasiques) qui
donneront les faibles valeurs du champ magnétique, et les formations non magnétiques (les
roches acides) seront définies par les valeurs élevées du champ. Cette graduation inverse
serait due à l’orientation horizontale du dipôle magnétique à l’équateur (Allard et Bois.,
1999).
29
TROISIEME PARTIE :
RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
Les résultats obtenus à partir du traitement des données aéromagnétiques sont présentés et
interprétés dans ce chapitre. Il s’agit des différentes cartes magnétiques réalisées lors des
traitements, et d’une carte qui regroupe les ensembles lithologiques et structures susceptibles
d’être rencontrés dans la zone d’étude.
30
Figure 8 : Carte du champ magnétique total
31
des couleurs allant du jaune au violet, couvrent la quasi-totalité de la moitié nord de la zone
d’étude. Elles sont aussi présentes au Sud, mais sous forme circulaire.
Analyse lithologique
Le domaine magnétique est caractérisé par des formations présentant une forte susceptibilité
magnétique, due à la proportion élevée d’éléments ferromagnésiens. En effet, l’abondance de
ces éléments dans les roches, crée dans leur environnement un champ magnétique qui se
superpose au champ extérieur, produisant ainsi des anomalies magnétiques positives. Mais du
fait de la polarité inversée due à la proximité de la zone d’étude par rapport à l’équateur, ces
roches sont caractérisées par des anomalies négatives. La corrélation avec la carte géologique
indique que ces formations correspondraient effectivement à une variété de roches basiques et
ultrabasiques. Il s’agit en occurrence des métabasaltes, méta-andésites, amphibolites à grenat,
métadolérites, métadiorites à quartz, gabbros, pyroxenites, tonalites à hornblendes et biotites.
Ces formations mafiques à ultramafiques couvrent pratiquement la moitié sud de la zone. Elles
sont également présentes au Nord, sous forme d’anomalies circulaires.
Dans ce domaine on peut distinguer des formations ultrabasiques présentant un fort magnétisme
matérialisé par la couleur bleu, et des formations avec un magnétisme modéré indiqué par la
couleur verte. Les premières seraient en intrusion dans les formations acides. Cela pourrait
s’expliqué par leur forme circulaire entourée par des formations non-magnétiques en lambeaux.
Il s’agit de gabbros, pyroxenites, amphibolites, de la tonalite à hornblendes et des métadiorites.
Quant aux autres, c’est-à-dire les formations à magnétisme intermédiaire, elles indiqueraient
des zones de transition. Ainsi, elles matérialiseraient des changements de faciès avec la
recristallisation de certains minéraux sous l’effet de la venue tardive des roches mafiques. C’est
ce métamorphisme qui serait à la base du caractère modéré du magnétisme de ces roches. Sur
la carte géologique il s’agit des méta-andésites et des métabasaltes.
Le domaine non magnétique est représenté par des formations felsiques. En effet, ces
formations acides ayant une faible proportion de minéraux ferromagnésiens, par conséquent un
faible taux de magnétite, présentent des intensités élevées du champ magnétique (graduation
inverse). Sur la carte géologique, ces formations correspondent essentiellement aux gneiss-
granitoïdes, migmatites, granite à biotite, granodiorites à deux micas, schistes à chlorite,
schistes à quartz-séricite, porphyres quartzo feldspathiques, quartziques, et conglomérats à
galets de quartz. Ces formations acides couvrent quasiment la moitié nord de la zone d’étude.
32
Cependant une anomalie circulaire correspondant à une formation felsique et de petites
occurrences dispersées ont été observée au Sud de la zone.
Analyse structurale
Certaines formations géologiques ont été affectées par des failles. Sur la carte du champ
magnétique total (fig.8), la présence de ces fractures est marquée par le décalage des contours.
Ce sont des décrochements dextres ou senestres, qui affectent aussi bien les formations acides
que basiques. On note plusieurs directions :
N35°, correspondant à la direction NE-SW ;
N112° ; N105°; N110°; N123°, correspondant à la direction WNW-ESE ;
N130° ; N146°, correspondant à la direction NW-SE.
Ce réseau de failles qui a affecté les formations felsiques et mafiques, serait donc postérieur à
leur mise en place.
On observe également des dykes orientés NE-SW (N45°). Le plus important traverse toute la
zone d’étude en diagonale avec une ramification dans la partie nord-est de la zone étudiée. Ce
dyke présente les signatures magnétiques de roches mafiques (bleu et vert) qui correspondent,
sur la carte géologique, aux dolérites.
De cette analyse lithostructurale, nous retiendrons l’existence de deux ensembles lithologiques
composés de roches mafiques (au sud) et de roches felsiques (au Nord). Ces formations auraient
été affectées par des failles orientées NE-SW; WNW-ESE et NW-SE. Elle révèle aussi la
présence d’intrusions mafiques et des dykes de dolérites.
33
Figure 9 : Carte du champ réduit à l’équateur
34
Aussi le repositionnement des anomalies à l’aplomb de leurs sources, a permis de définir les
axes des corps magnétiques. La distorsion de ces axes indique la présence ou non de failles.
Leur orientation indique celles des anomalies. Sur la carte de la figure 9, les axes magnétiques
présentent les directions :
N40° ; N50°, (NE – SW) ;
N62°; N70°, (ENE – WSW) ;
N88° ; N90° ; N92°, (E – W).
L’analyse de la carte de réduction montre les mêmes lithologies et structures que la carte du
champ total. Les directions préférentielles des failles sont NE-SW ; NW-SE et WNW-ESE.
La carte de gradient vertical présente les anomalies causées par des formations géologiques
relativement superficielles (fig.10).
Deux unités se distinguent, l’une à gradient vertical négatif et l’autre à gradient vertical positif.
Les anomalies à gradient vertical négatif (-0.112 nT/m à -0.001 nT/m) sont représentées par des
couleurs allant du bleu au vert. Quant aux anomalies à gradient vertical positif (0.002 nT/m à
0.059 nT/m), elles sont marquées par des couleurs allant du jaune au violet, et couvrent la quasi-
totalité de la zone d’étude.
Au Nord de la zone d’étude, l’anomalie magnétique circulaire, observée sur les cartes du champ
total et du champ réduit à l’équateur, se présente ici en plusieurs petites anomalies (Fig. 10). Et
les contacts de ces dernières sont bien définis. Idem dans la moitié sud, les anomalies
magnétiques sont également réduites, discontinues et se présentent en forme de poches. Elles
coïncident par endroit avec des roches mafiques à ultramafiques sur la carte géologique. Ces
anomalies pourraient correspondre aux sommets des intrusions mafiques et ultramafiques qui
sont parfois recouvertes de cuirasses latéritiques. La carte du gradient vertical présente
également des anomalies non magnétiques couvrant quasiment toute la zone. Ces anomalies
correspondent aux formations non magnétiques superficielles. Ces dernières seraient des
volcanoclastites felsiques ou des roches sédimentaires pauvres en oxydes de fer, telles que les
sables et graviers alluvionnaires indiquées par la carte géologique.
35
Figure 10 : Carte du gradient vertical
36
N35°, correspondant à la direction NE-SW ;
N112°; N110°; 120 ; N123°, correspondant à la direction WNW-ESE ;
N130° ; N146°, correspondant à la direction NW-SE.
L’analyse de la carte du gradient vertical a permis de délimiter les formations géologiques
superficielles. Ces formations correspondraient parfois à des couvertures sédimentaires
caractérisées par des sables et graviers alluvionnaires, et des roches basiques à ultrabasiques
recouverts par endroit de cuirasses latéritiques. Du point de vue structural, des failles de
directions NE-SW, WNW-ESE et NW-SE ont été identifiées. Ces fractures affectant les
formations superficielles, pourraient indiquer les effets d’une tectonique tardive postérieure à
la mise en place des formations géologiques de la zone d’étude.
37
Figure 11 : Carte géologique proposée
38
Du point de vue structural, la zone est marquée par un réseau dense de failles orientées NE-SW,
WNW-ESE et NW- SE.
Un important dyke de dolérite traverse diagonalement la zone suivant la direction NE-SW. Il
présente une ramification fracturée au Nord-Est de la zone.
Les résultats présentés dans cette section sont très intéressants pour la connaissance géologique
de la zone.
4.2. DISCUSSION
Dans cette étude basée sur une interprétation qualitative, des lithologies ont été déduites à partir
des signatures aéromagnétiques observées. Les résultats montrent une abondance de formations
gneissiques, migmatitiques et granitiques regroupées dans le complexe gneissique.
Lüdtke et al. (1999) ont signalé au point de coordonnées 9°28’35’’ N /3°26’13’’W (situé dans
la zone non couverte par la carte géologique Téhini-Bouna), à proximité de la route Téhini-
Bouna, un affleurement de migmatite de grande taille et bien conservé. Ce point correspond à
la position du complexe gneissique située au Sud de la zone d’étude.
Ces résultats montrent également que les formations du complexe ultramafique sont en
intrusions, et auraient causé un métamorphisme de contact. Les signatures magnétiques de ces
auréoles magnétiques ont été associées au volcanoclastites métamorphisés, aux métabasaltes et
méta-andésites réunis au sein du complexe basaltique. Cela est probable car la zone de Téhini,
est constituée de basalte faiblement métamorphisé contenant des intercalations de
volcanoclastites (Lüdtke et al., 1999).
Aussi les formations mafiques superficielles indiquées sur la carte du gradient
verticale, pourraient présenter un grand intérêt minier. Car, les minéralisations manganésifères
de la région de Bondoukou, située à l’Ouest de la région de Boukani, sont souvent en relation
avec ces poches superficielles résultant de l’altération du substratum rocheux (N’din, 2014).
Des études de minéralisations aurifères dans la cuirasse latéritique, ont montré une distribution
complexe de l'or au sein des profils d'altération latéritique (Freyssinet, 1991; Butt et Zeegers,
1992; Bowell et al., 1996) in Lüdtke et al., (1999).
Sur la figure 12, la superposition de la carte géologique de la Haute Comoé Nord, qui couvre
une partie de la zone d’étude, à la carte géologique proposée, montre une bonne corrélation
39
Figure 12:Carte géologique de la Haute Comoé Nord superposée à la carte géologique
proposée
40
entre les différentes lithologies. Ainsi la carte géologique proposée présente l’extension des
formations gneissiques, migmatitiques, mafiques et ultramafiques dans la partie non couverte
par la carte géologique de la Haute Comoé Nord
Sur le plan structural, les failles interprétées couvrent pratiquement toute la zone. Elles sont
préférentiellement orientées NE-SW et NW-SE. Ces directions concordent avec celles des
failles transcurentes observées dans la région par Lüdtke et al., (1999). Selon cet auteur, le
développement de ces failles serait la manifestation finale (post-cisaillement) de la déformation
éburnéenne dans la région.
La superposition des cartes géologiques (Fig.12) permet de voir l’évolution dans l’espace du
Dyke de dolérite qui était partiellement cartographié. Ce dyke de direction NE-SW, s’étend sur
une distance d’environ 50 km, avec une largeur de 800 m. en effet, Lüdtke et al., (1999) ont
estimé, dans leur travaux, la longueur du dyke de dolérite à plus de 50 km et largeur à moins
d’un kilomètre.
Conclusion partielle
L’analyse des cartes magnétiques a révélé plusieurs formations géologiques, qui ont été
regroupées au sein de trois ensembles (complexes gneissique, basaltique et ultramafique) sur la
base de leurs signatures magnétiques. La distribution spatiale des formations profondes a été
observée sur les cartes du champ magnétique et du champ réduit à l’équateur, tandis que les
formations superficielles ont été mises en évidence par la carte du gradient vertical.
Les différentes formations géologiques sont affectées par plusieurs failles orientées NE-SW,
NNE-SSW, et NW-SE
Ainsi les résultats présentés dans ce chapitre sont très intéressants pour la connaissance
géologique de la zone étudiée.
41
CONCLUSION GENERALE
ET
PERSPECTIVES
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
42
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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45
ANNEXES
46
Annexe 1 : carte aéromagnétique Téhini-Bouna
47
Annexe 2: carte géologique de la Haute Comoé Nord
48