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LE GUIDE QUI VA

À L’ESSENTIEL

Pérou
C A R N ET D E VOYAG E

www.petitfute.com
© Susanne Kremer/Sime/Photononstop

version
numérique
offerte*
*version offerte sous réserve de l’achat de la version papier
Bienvenue
au PÉrOU !
Doté de panoramas splen-

© CHATEAUDEDE
dides et d’un profond attrait
touristique et culturel, le
Pérou constitue une desti-
nation sans pareille, aussi
bien pour les aventuriers
du bout du monde que pour
les voyageurs désirant un
certain confort. Sa capitale,
Lima, présente quelques-
unes des plus belles
constructions coloniales,
dans des rues très animées,
Murs en adobe de la culture Chimu à Trujillo. de jour comme de nuit.
C’est l’une des capitales
mondiales de la gastronomie reconnues par l’UNESCO, et vos papilles seront
enchantées par tant de délices culinaires.
Mais ce n’est pas tout. Pourquoi ne pas prendre sans tarder un avion à destination de
Cusco, ancienne capitale des Incas et « nombril du monde », superbe ville coloniale où
le visiteur peut profiter de l’hospitalité péruvienne ? Les environs de Cusco présentent,
en outre, de nombreux vestiges incas, et sont l’objet de grandes randonnées dans
la vallée sacrée. Et, l’un des plus célèbres treks reste sans conteste le Chemin de
l’Inca, qui mène aux Portes du Soleil, puis à l’un des vestiges les plus renommés
du monde : le Machu Picchu, qui a fêté à l’été 2011 le centenaire de sa découverte.
Cette cité secrète, bâtie en pierre, saisit le voyageur par un mariage subtil entre
aspect sauvage et maîtrise
ingénieuse de la nature par
l’homme, caractéristique
© SIM E

que l’on retrouve aux îles


flottantes d’Uros au large
de Puno sur le lac Titicaca.
Le Pérou : autant de
sites archéologiques et
de tranches de vie quoti-
diennes qui conservent
tous leurs secrets et
nous envoûtent par leur
magie…
Deux Indiens util
isant des sarbac
anes.
SOMMAIRE
DÉCOUVERTE n
„„ Les environs de Cusco.............................. 90
El Valle Sagrado....................................... 92
Les plus du Pérou........................................6 À l’ouest de Cusco.................................... 96
Le Pérou en bref..........................................7 À l’est de Cusco....................................... 98
Le Pérou en 10 mots-clés.............................9 La cordillère centrale............................. 100
Survol du Pérou.........................................11 Régions d’Ayacucho
et Huancavelica...................................... 100
Histoire..................................................... 16
Région de Junín..................................... 103
Population................................................ 24
Région de Huánuco................................ 105
Arts et culture......................................... 26
La cordillère blanche.............................. 106
Festivités.................................................. 34
La cordillère nord....................................112
Cuisine péruvienne.................................. 36 Région de Cajamarca............................. 112
Sports et loisirs....................................... 38 Région d’Amazonas................................ 115
Enfants du pays........................................ 40 La côte nord.............................................118
Région d’Ancash.................................... 118
VISITE n
„„ Région de la Libertad.............................. 120
Région de Lambayeque.......................... 123
Lima......................................................... 44 L’Amazonie..............................................125
Centro histórico........................................ 44 Région de Loreto.................................... 125
Callao, Pueblo Libre et l’ouest................... 49 Région de San Martín............................. 130
San Isidro et Miraflores............................ 51 Région d’Ucayali..................................... 133
Barranco et la Costa Verde....................... 53 Région de Madre de Dios....................... 134
Les environs de Lima................................ 54

PENSE FUTÉ n
Au nord.................................................... 54
À l’est....................................................... 54 „„
Au sud...................................................... 56 Pense futé............................................... 138
La côte sud............................................... 58 Argent.................................................... 138
Arequipa et sa région............................... 66 Bagages................................................. 138
Cañon del Colca....................................... 72 Électricité............................................... 139
Le lac Titicaca............................................76 Formalités.............................................. 139
Puno........................................................ 76 Langues parlées..................................... 139
Les Îles du Lac......................................... 78 Quand partir ?........................................ 139
La route Aymara....................................... 80 Santé..................................................... 140
La route Quechua..................................... 81 Sécurité................................................. 140
Cusco et sa région................................... 84 Téléphone.............................................. 140
Cusco....................................................... 84 Index.......................................................142
L'ANCIEN EMPIRE
LE PÉROU INCA
ACTUEL (Tahuantisuyo)

0 km 125 250 375 500 km

Fleuve Amazone
1

7
2

5
Site Archéologique
de Kuelab

3 4
El Sellor de Sipán

Pérou
9

Site Archéologique
de Chan Chan
6

8
10

11

Cordillière blanche
Zone archéologique
Chavin de Huántar
PROVINCES
1- Tumbes 12
2- Piura
3- Lambayeque
4- Cajamarca
5- Amazonas 13
6- La Libertad
7- Loreto 16
8- Ancash Site archéologique
9- Huçnuco de Pachamamac 20
10- Ucayali
11- Pasco
12- Junîn
13- Lima
14- Huancavelica
15- Ica
16- Cuzco Machu Picchu PN Tambopata-
17- Apurîmac 14 Candamo
18- Ayacucho
19- Arequipa
20- Madre de Dios
21- Puno
22- Moquegua Réserva nacional
23- Tacna de Paracas 17
15
18 21

Cañon de Coca
Lineas de Nazca

19

22

23
Vue générale du site de Machu Picchu.
© STÉPHAN SZEREMETA
Découverte
Les plus du Pérou
Merveilleux Machu Picchu civilisations très remarquables, comme
celles des Chimú, des Chachapoyas, des
L’incontournable cité, perdue et soigneu-
Mochica, des Paracas, des Nazca, des
sement isolée par les Incas dans la vallée
Vicús et des Chavín…
du Río Urubamba, à 4 jours de marche de
Cusco, n’a été découverte qu’au début
du XXe siècle, les Espagnols, lors de la Les sommets andins
conquête du pays, n’ayant jamais réussi La cordillère des Andes traverse le
à l’atteindre. pays du nord au sud nous offrant des
paysages multicolores : tour à tour, le
Une terre de mystères marron et le rouge des terres sèches
cèdent la place au vert des vallées et
Comment, quand, pourquoi et par qui les des cultures en terrasses, avant que
lignes de Nazca ont-elles été tracées ? ne surgissent, proches ou lointains, des
Quels étaient le rôle et la signification sommets enneigés atteignant 6 768 m.
du Machu Picchu ? Quel est le pouvoir
mystique de l’ayahuasca, la plante
sacrée des chamans d’Amazonie ? Des
3 000 km de côtes
mystères parmi tant d’autres dans un Le Pérou compte 3 000 km de côtes. Tout
pays enclin à la magie et au surnaturel… au long, s’étendent de nombreuses plages
(au nord, il fait chaud toute l’année) avec
L’héritage des civilisations un océan Pacifique déchaîné et des
dunes de sable que les surfeurs tentent
précolombiennes de maîtriser, des sites archéologiques
L’une des plus grandes richesses du pays majeurs et une cuisine à base de fruits
réside dans les sites archéologiques de mer délicieux (le fameux « ceviche »
pré-incas. On verra sur la côte, et prin- ou « cebiche » – les deux orthographes
cipalement dans le Nord, des vestiges de sont admises –, plat national).
© STÉPHAN SZEREMETA

Altiplano sur la voie de chemin de fer reliant Puno à Cusco.


Le Pérou en bref
Le drapeau péruvien
Les couleurs du drapeau
péruvien auraient été
choisies, lors de la guerre

DÉCOUVERTE
contre l’Espagne en 1820,
par le général José de
San Martín. Il aurait vu
s’envoler des flamants à
dos blanc et ailes rouges
et se serait exclamé :
« Voici l’étendard de la
liberté ! » Ce drapeau fut
officiellement adopté en
1825. Le lama, le quinquina (arbre originaire d’Amérique centrale et des
Andes) et la corne d’abondance, situés sur les armes de l’Etat, symbolisent
la faune, la flore et les ressources naturelles du pays.

Pays wwReligion : catholique (92 %).


Protestants, mormons et franciscains
wwNom officiel : république du Pérou. représentent la quasi-totalité des 8 %
wwCapitale : Lima restants.

wwSuperficie : 1 285 220 km².


© STÉPHAN SZEREMETA

wwLangues : espagnol et quechua, mais


l’espagnol est le plus répandu.

Population
wwNombre d’habitants : 31,4 millions
d’habitants en 2015.
wwDensité : 24,2 hab/km².
wwTaux de natalité : 1,8 %
wwTaux de mortalité : 0,6 %
wwEspérance de vie : 74,8 ans.
Attroupement de touristes
pour la relève de la garde présidentielle à Lima.
8 Le Pérou en bref
© STÉPHAN SZEREMETA

Salines de Maras.

Économie 27 °C. En hiver (mai à octobre), humide


et froid, les températures descendent
wwMonnaie : le nuevo sol péruvien (S/). jusqu’à 12 °C. L’extrême nord jouit du
wwPIB : 192 milliards US$ en 2015. soleil toute l’année (35 °C en été), alors
que le brouillard s’installe sur la côte sud
wwPIB/habitant : 6122 US$/habitant. pendant l’hiver.
wwTaux de croissance : 3,3 % wwEn montagne, le climat est sec et
wwTaux de chômage : 7,7 % tempéré. La saison estivale s’étend
wwTaux d’inflation : 3,2 % de mai à octobre, avec des journées
ensoleillées, des nuits très froides et peu
Décalage horaire de pluies (époque idéale). La saison des
pluies s’étend de décembre à mars. Les
7 heures de plus en France qu’au Pérou températures peuvent varier entre 2 et
en été et 6 heures en hiver (ex : quand 20° C dans la même journée.
il est midi à Lima, il est 19h à Paris en
été et 18h en hiver). wwDans la jungle, le climat est humide
et tropical ; deux saisons climatiques
Climat sont nettement différenciées : l’une
estivale (de mai à octobre), avec des
Il n’y a pas de demi-saison au Pérou, jours ensoleillés et des températures
seuls l’été et l’hiver sont marqués et supérieures à 30 °C ; l’autre pluvieuse
diffèrent d’une région à l’autre. (de novembre à mars), avec des averses
wwSur la côte, en été (décembre à fréquentes et une augmentation du débit
mars), les températures atteignent les des fleuves.
Le Pérou en 10 mots-clés
Adobe Condor
Cette brique est utilisée depuis des Qui ne connaît pas la fameuse chanson
temps immémoriaux. Mélange d’argile andine reprise par Simon et Garfunkel, El
et de paille, elle est séchée au soleil, condor pasa ! Si le condor des Cités d’Or
dans des gabarits. Peu coûteuse, si reste introuvable, il n’est pas rare d’aper-
ce n’est le travail auquel sont souvent cevoir le plus grand oiseau du monde

DÉCOUVERTE
astreints les enfants, la brique d’adobe (jusqu’à 4 m d’envergure) quand on
entre dans la construction de la plupart marche le long d’un canyon, à Arequipa
des habitations de la campagne et de la notamment.
sierra. Un mur d’adobe ne résiste pas
à un séisme de force 6, ce qui explique Cultures en terrasse
les très lourds bilans en vies humaines Elles sont omniprésentes dans le pays,
dûs à des catastrophes naturelles qui particulièrement dans la région d’Are-
frappent régulièrement le pays. quipa et du Canyon del Colca. Elles exis-
taient avant les Incas et avaient trois
Ají fonctions : pratique, car les terrasses
Il fait partie de tous les plats. C’est le empêchaient les éboulements et les
piment du pays, qui n’a aucun sens de la glissements de terrain ; agricole ; et
mesure : soit il vous emporte le palais, aussi esthétique, car les Incas, en véri-
soit vous ne le sentez même pas. tables artistes, leur donnaient différentes
formes (en demi-lune notamment) afin
qu’elles servent aussi d’ornement.
Chicha
La boisson concoctée à partir de maïs
© JESS KRAFT / SHUTTERSTOCK.COM

que l’on boit pendant les repas. Elle peut


être alcoolisée ou non, et les indigènes
de la sierra en font une consommation
immodérée.

Coca
Le Pérou est, avec la Bolivie, le principal
producteur de la coca, la plante sacrée
des Incas. De la feuille de coca est
extraite la pâte qui, envoyée dans les
laboratoires de Colombie ou du Brésil,
est transformée en cocaïne. Mâchée,
la feuille de coca est excellente pour
combattre le mal d’altitude.
Le vignoble de Pisco.
10 Le Pérou en 10 mots-clés

Pisco du nord du Chili au sud de l’Equateur,


le Pérou connaît une activité sismique
Alcool de raisin blanc, cette boisson
intense, se traduisant par des tremble-
nationale est fabriquée à Ica et non pas
ments de terre fréquents. Le tremble-
à Pisco… Généralement appréciée sous ment de terre récent le plus meurtrier a
la forme de pisco sour (cocktail avec pratiquement rasé les villes du Callejón
blanc d’œuf, jus de citron vert, sucre, de Huaylas (Caraz, Yungay, Huaraz),
glace pilée et bitter). Le Pérou se bat en 1970. En 1996, un séisme a ravagé
avec le Chili quant à la paternité du pisco, la moitié des habitations de Nazca. En
mais il paraît qu’on ne le fabrique pas août 2007, un séisme de magnitude
de la même façon dans les deux pays… 7,9 sur l’échelle de Richter a détruit la
région de Pisco et d’Ica. Depuis, une
Quechua règlementation antisismique a été mise
Deuxième langue officielle avec l’espa- en place sur les nouvelles constructions
gnol, c’est la langue parlée par la plupart (vous pouvez repérer un S majuscule en
des indigènes, particulièrement ceux de vert), mais cela reste artisanal.
la sierra, l’aymara étant plus utilisée sur
les rives du lac Titicaca. Environ 45 % Soleil
de la population du Pérou est d’origine Depuis la nuit des temps, le soleil régit
indigène et, même si la plupart des la vie des Péruviens… Ils se lèvent et
habitants sont bilingues, ils utilisent se couchent très tôt afin de suivre le
le quechua comme première langue. même rythme de vie que leur divinité.
C’était le dieu des Incas, c’est aujourd’hui
Séismes également le nom de la monnaie
Riche en volcans, situé sur une fracture nationale (sol). Comme quoi, la religion
appelée plaque de Nazca, s’étendant et les finances…
© STÉPHAN SZEREMETA

Feuilles de coca, maïs, quelques uns des produits agricoles typiquement péruviens.
Survol du Pérou
Géographie Les montagnes les plus élevées se
concentrent dans les Cordillères
Le Pérou, grand comme deux fois la centrale et sud, avec une altitude
France, est composé de 24 départements
moyenne de 5 300 m. La Cordillère
et est traditionnellement divisé en trois
blanche (département d’Ancash)
zones géographiques : la costa, plaine
compte plus de 30 sommets enneigés
littorale désertique ; la sierra, c’est-à-

DÉCOUVERTE
culminant au-dessus de 6 000 m,
dire les Andes ; et la selva, regroupant
les forêts tropicales. La selva occupe dont le majestueux Huascarán qui,
60 % du territoire, la sierra 30 % et la avec ses 6 768 m, est le plus haut du
costa, bien que la plus peuplée, 10 %. pays et le 2e plus élevé du continent,
après l’Aconcagua en Argentine. Autre
wwLa costa. Cette immense bande de paysage caractéristique des Andes, la
sable de 3 000 km du nord au sud et puna s’étend à une altitude moyenne
d’une extension maximale de 250 km de 4 000 m. L’herbe rase et dure qui y
d’est en ouest, bordant le Pacifique et pousse, le « ichu », nourrit les camélidés
s’élevant jusqu’à 500 m d’altitude, est (lamas, alpagas, guanacos et vigognes)
habitée autour des quelques 52 fleuves sans lesquels les Andes ne seraient pas
qui se jettent dans l’océan et font naître ce qu’elles sont. A l’étage inférieur, c’est-
sur leurs rives de véritables oasis à-dire entre 3 500 et 4 000 m, se situe
cultivées. Sur la dizaine qui se jette dans une région de transition entre la froide
les flots froids du Pacifique, un seul est puna et les zones chaudes.
navigable, le Río Tumbes, à la frontière
équatorienne, tout au nord. Il y constitue © STÉPHAN SZEREMETA
un delta inextricable de canaux et d’îles
où poussent les manglares formant une
forêt riche en faune aquatique.
L’océan Pacifique, aussi appelé mer de
Grau, qui couvre plus de 126 millions
de km², forme au Pérou un littoral de
quelque 3 000 km de longueur, bordé par
des courants froid (Humboldt) et chaud
(El Niño), ayant chacun leur impact sur le
climat, la faune et la flore. Le phénomène
d’El Niño est occasionnel et provoque
des pluies torrentielles.
wwLa sierra . Parallèles à la côte
pacifique, les Andes comportent trois
chaînes montagneuses : les sierras
occidentale, centrale et orientale.
Restaurant Rosa Náutica, Lima.
12 Survol du Pérou

wwLa selva. Cette région, très différente courant chaud, El Niño, a favorisé le
des précédentes, est à la fois la plus développement d’une importante
étendue et la moins peuplée du Pérou. réserve piscicole et a fait du Pérou l’un
Sa nature sauvage empêcha autrefois des premiers pays de pêche du monde.
les Incas de la pénétrer en profondeur Dans le sud, où la faune est différente,
et de la coloniser. Avec l’arrivée des il produit l’effet inverse.
Espagnols, la selva éveilla un certain Sur la costa centrale, en hiver (de
intérêt car on y situait le mythique El juin à septembre), s’abat une pluie
Dorado. En 1559, eut lieu la fameuse très fine, imperceptible, la « garúa ».
expédition d’Ursua à laquelle participa Ce phénomène si particulier disparaît
Lope de Aguirre et qui fut immortalisée au fur et à mesure que l’on se dirige
par le film de Werner Herzog Aguirre ou vers le nord. Après Chiclayo, le climat
la colère de Dieu en 1972. A la fin du XIXe devient franchement chaud. En été (de
siècle, la région amazonienne connut décembre à mars), quand se dissipe
une intense activité économique, avec la nappe brumeuse, la chaleur y est
l’exploitation du caoutchouc jusque dans proprement accablante et il pleut parfois
les années 1920. Aujourd’hui, la flore, en abondance.
la faune et le tourisme en constituent Dans la sierra, la température peut être
les principales richesses, ce qui n’est très basse et, au-dessus de 4 800 m, il
pas sans poser de graves problèmes n’y a pas de peuplement à l’exception
écologiques. On a l’habitude de diviser de ceux liés à l’exploitation des mines.
la région en deux parties distinctes : Entre 2 500 et 3 500 m, le climat est
la selva haute (entre 500 et 2 000 m plus tempéré, mais la température varie
d’altitude) et la selva basse (entre 80 et beaucoup entre le jour et la nuit.
400 m d’altitude). Dans la selva haute, la température
moyenne oscille entre 22 et 26 °C,
Climat diminuant avec l’altitude. Des pluies
Le climat péruvien est à l’image de la particulièrement intenses y sévissent
géographie naturelle du pays : varié ! Les entre novembre et avril, mais les préci-
côtes bordées par le Pacifique (la costa) pitations présentes toute l’année entre-
ont un climat doux et sec, soumis à tiennent une humidité accablante. Dans
l’influence du courant froid de Humboldt. la selva basse, la température moyenne
Il fait froid dans les Andes (la sierra) est de 31 °C. Il y pleut moins que dans la
en raison de l’altitude, et le climat y selva haute, mais le taux d’humidité est
est également sec. Toute l’humidité du élevé et les orages fréquents.
pays se trouve dans la zone orientale, la
selva : le climat y est de type équatorial Environnement
humide, et les pluies y sont abondantes. La biodiversité du Pérou est très riche :
Située entre le niveau de la mer et une on considère que 84 des 117 zones natu-
altitude de 500 m, la costa, bien que relles existantes au monde peuvent se
toute proche de la ligne équatoriale, découvrir au Pérou. Mais à ce jour,
connaît une température annuelle environ 10 % des forêts du Pérou
moyenne de 18 °C. Dans le nord, le ont été rasées, et 250 000 hectares
Survol du Pérou 13

supplémentaires disparaissent chaque sinon par des campagnes publicitaires


année. 31 espèces de la faune sont visant à éviter le gaspillage de cette
en voie d’extinction, 89 se trouvent en ressource essentielle (« Agua es la vida,
situation vulnérable, 22 sont dites rares cuidala ! »). D’après les informations
et 80 demeurent en situation indéter- données par l’Enapu (station portuaire
minée. péruvienne à Iquitos), l’Amazonie a
L’observation d’animaux est possible atteint en octobre 2005 son record
dans certaines régions, à condition de de basses eaux depuis 35 ans :
s’armer de patience et d’un bon guide. les niveaux actuels correspondent
Dans la forêt tropicale du Pacifique au faible débit de 12 000 m 3 par
(une zone étroite d’arbres immenses seconde (une baisse de 3 m environ).

DÉCOUVERTE
et de végétation exubérante, au cœur Si l’on en ignore les raisons précises
du département de Tumbes, au climat (changement climatique global ou
humide), on peut observer le jaguar ou déforestation de l’Amazonie ?), on sait
le paresseux, ainsi que le fameux singe en revanche que la déforestation a touché
hurleur, le congo. La puna (au-delà de pas moins de 10 millions d’hectares
3 500 à 3 800 m d’altitude) est le pays à ce jour.
des condors et des flamants andins. wwLa déforestation de l’Amazonie :
Dans la jungle haute (aussi appelée au-delà de la menace étrangère, la nature
« yunga », au climat chaud et humide, est menacée par ses propres occupants.
au relief montagneux et complexe, à Ainsi, les habitants de l’Amazonie eux-
la végétation exubérante), on trouve mêmes abattent des hectares de forêt
de nombreuses orchidées, d’énormes pour les remplacer par des plantations de
bégonias et des fougères baroques. bananiers car il faut bien vivre… D’une
C’est aussi là que l’on déniche le « gallito manière générale, la faune péruvienne a
de las rocas », oiseau national du Pérou, souffert de l’ingérence humaine, comme
ou le singe « choro de cola amarilla », en bien d’autres pays ; la chasse et
que l’on croyait disparu il y a peu, ainsi la pêche excessives ont, par exemple,
que le mythique quetzal des Mayas du entraîné la disparition du chinchilla et
Guatemala. Dans la jungle basse ou met gravement en danger la survie des
forêt pluvieuse tropicale (qui couvre vigognes, des singes, de nombreuses
les deux tiers du territoire national), espèces d’oiseaux, de reptiles ou
on a recensé plus de 20 000 espèces d’amphibiens.
de plantes. La faune inclut le jaguar, wwLa faune aquatique a aussi souffert
le tapir, deux espèces de dauphins, d’une abondante contamination, comme
des tortues aquatiques, des singes, la prolifération de la truite dans le lac
des caïmans noirs et des anacondas. Titicaca, qui a déséquilibré l’écosystème
Mais ce séduisant tableau ne peut local.
occulter les problèmes majeurs dont wwLa chasse illégale de peaux et de
souffre le Pérou dans le domaine de cuirs, comme celles du jaguar ou de la
l’environnement. loutre, ou ceux des boas et des lézards,
wwLa pénurie d’eau : que le est un dernier facteur négatif pour la
gouvernement ne sait comment résoudre, biodiversité péruvienne.
14 Survol du Pérou

Faune et Flore les plus légers, sont faits de cette laine


de très grande qualité, fine et soyeuse.
Faune La chair de l’alpaga est également
savoureuse et riche en protéines, tout
Les quatre espèces de camélidés qui
en étant pauvre en graisses.
paissent la puna andine se nomment
llama (le lama), alpaca (l’alpaga), vicuña wwLe guanaco sauvage évite les
(la vigogne) et huanaco (le guanaco). zones peuplées où il a été pratiquement
Les deux premières sont domestiquées, exterminé. La qualité du cuir que l’on
les deux autres vivent à l’état sauvage. tire de sa peau explique l’acharnement
mis à le chasser. Aujourd’hui protégé
wwLe lama est le plus gros des
camélidés. Utilisé pour porter les lourdes dans le cadre d’un programme de
charges, il peut rester cinq jours sans repeuplement, on ne le trouve guère
manger. Sa chair, proche de celle des que dans le département de La Libertad,
ovins, est savoureuse et contient très à des altitudes toujours plus élevées, à
peu de graisses. Sa laine, plus grossière mesure qu’avancent les hommes.
que celle de l’alpaga, est identifiable au wwLa vigogne est une élégante miniature
toucher par sa rudesse. de camélidé mesurant 90 cm. Très agile,
wwL’alpaga, plus petit que le lama, gracieuse, elle est de couleur tabac et
avec des oreilles courtes et le corps blanc, avec une très chic mèche de
entièrement couvert de poils, est élevé poils longs sur le poitrail. Vénérée par
pour sa laine. Les plus beaux vêtements, les indigènes, elle fut traquée par les
des pull-overs épais aux costumes d’été Espagnols, attachés à détruire tout
symbole et idole des vaincus. C’est ainsi
que la population des vigognes passa de
© STÉPHAN SZEREMETA

1 million à quelques poignées en 1960,


date à laquelle fut lancée une campagne
pour le sauvetage de l’espèce.
wwLes condors sont difficiles à observer
car ils se sont retirés dans les montagnes.
Mais les voyageurs en aperçoivent
régulièrement dans le canyon de Colca.
wwLes rivières d’Amazonie abritent
deux espèces de mammifères très
appréciés des visiteurs : le dauphin gris,
petit et qui est le plus facile à voir, et le
dauphin rose. En réalité, la couleur de
ce dernier va du gris au rose (sous le
ventre). Son espèce a été considérée
comme éteinte pendant des décennies,
jusqu’à la fin des années 1980, où les
films du commandant Cousteau l’ont
fait redécouvrir au monde entier.
Condor à Cruz del Condor.
Survol du Pérou 15

Le Curare
Cette substance a deux utilisations, la première pour tuer et la seconde
pour soigner. De nombreuses tribus du bassin amazonien utilisent un
extrait de cette plante pour préparer un poison sous forme de pâte. Les
racines et l’écorce sont cuites avec d’autres plantes, puis on y ajoute divers
venins de grenouille et insectes. Il peut y avoir jusqu’à 85 ingrédients. Les
indigènes utilisent ce poison en enduisant le bout de petites fléchettes
qu’ils envoient à l’aide d’une sarbacane. Les victimes potentielles peuvent
être des oiseaux mais aussi des tapirs, qui pèsent parfois jusqu’à 150 kg.

DÉCOUVERTE
Quand la flèche pénètre la chair de l’animal, les alcaloïdes libérés par le
poison paralysent la cible et il est alors facile pour le chasseur d’attraper
sa proie. La deuxième utilisation du curare est thérapeutique : diurétique
et fébrifuge, il soigne également les calculs rénaux.

Aujourd’hui, le dauphin rose est Flore


l’attraction attendue de toutes La selva haute est riche en flore (pas
les promenades en bateau. Il moins de 200 espèces par hectare),
existe 6 500 espèces de poissons en plantes alimentaires et en fruits
parmi lesquelles on peut observer exotiques : café, cacao, thé, palme à huile,
l’impressionnant paiche à la chair camote (patate douce), papaye, ananas,
délicate et qui peut peser jusqu’à 200 kg, goyave… Les zones les plus riches en
le poisson-chat (pesgato), le poisson fruits sont la vallée de Chancamayo, dans
d’or, l’anguille électrique ou encore la selva sud, les environs de Tingo María,
le piranha en Amazonie (paradis des dans la selva centrale, et la province de
pêcheurs), la truite saumonée, la perche
Bagua, au nord. C’est également dans
et la sole, moins originales mais tout
la selva haute que, depuis des millé-
aussi savoureuses, sur le lac Titicaca
naires, pousse la coca, plante sacrée
et la côte.
des cultures pré-incas et incas.
wwSi les rencontres avec les pumas Riche en animaux, l’Amazonie l’est
et autres prédateurs se font rares, aussi en bois rares : acajou, cèdre,
de nombreux moustiques, sangsues, palo de sangre (bois de sang), dont la
fourmis géantes, tapirs, singes, coupe, souvent faite sans ménagement,
paresseux, aigles, serpents, tarentules, constitue une bénédiction sur le plan
caïmans et autres reptiles sont toujours économique et une plaie sur le plan
observables en Amazonie. écologique. De toutes ces essences,
wwMais la faune la plus intéressante celle du caoutchouc occasionna le plus
est la faune ornithologique : le Pérou de fièvres, représentant, dans les années
abrite le plus grand nombre d’espèces 1920, un cinquième des exportations et
de papillons au monde, et se classe 2e ayant été à l’origine d’une exploitation
pour les oiseaux après la Colombie. cruelle de la main-d’œuvre indienne.
Histoire
Le temps des pionniers Chavín de Huántar a laissé des traces
durables sur la terre péruvienne pour
Les premiers Péruviens furent des
s’être étendue sur toute la côte nord et
chasseurs lancés sur la trace des lamas,
jusqu’au lac Titicaca. On suppose que
vigognes et autres cobayes. C’était il
d’autres communautés suffisamment
y a environ 21 000 ans. Ces premiers
habitants de ce qui n’était encore qu’une puissantes se révoltèrent contre leur
vaste terre à explorer étaient les descen- hégémonie, et l’annihilèrent vers
dants de ceux qui avaient franchi le 500 avant J.-C. A cette époque, les
détroit de Béring sur un pont de glace… spécialistes s’accordent pour dire que la
selon la version européenne. Plusieurs céramique des Pucara et les textiles des
chercheurs latino-américains évoquent Paracas étaient de meilleure qualité que
aussi d’autres possibilités, comme le ceux de Chavín, et que cette nouvelle
peuplement par les îles polynésiennes. donne socioculturelle régionale fut à
La végétation était alors abondante l’origine de la périclitation idéologique
et une lourde humidité sévissait sur de la civilisation d’Ancash.
ce qui est aujourd’hui le désert côtier. wwLa culture nazca (100 av. J.-C.-
La modification du climat entraîna celle 800 apr. J.-C.) : Bien que confinée
de la végétation et de la faune ; les sur la côte, à 400 km au sud de Lima,
chasseurs se sédentarisèrent et culti- cette culture a influencé les autres
vèrent la terre. Maïs, haricot, courge, peuples jusque dans la sierra, à
jaillissant du sol, fixèrent les hommes. Ayacucho. Leur grande connaissance de
Puis le coton poussa et le cultivateur l’hydrographie a permis aux ingénieurs
brava l’océan sur de frêles embarca- de l’époque de construire dans le désert
tions de roseau (totora) pour pêcher. un réseau de canaux souterrains en
Ce grand saut dans la modernité culmina pierre, toujours utilisé aujourd’hui, qui
avec l’élevage des camélidés dont on permit la culture intensive du maïs
consomma la chair et dont on tissa la et du coton. Quelques artisans de
laine. Enfin, la culture de la pomme Nazca travaillent encore la terre cuite
de terre vint révolutionner les habitudes comme leurs ancêtres et perpétuent la
alimentaires et sauver de la disette renommée d’une région connue dans le
des populations entières, quelques monde entier pour ses mystérieuses
siècles plus tard, de l’autre côté de lignes, ou géoglyphes, tracées sur le
l’Atlantique. sable du désert.
wwLa culture mochica (100 av. J.-C.-
Les cultures originelles 800 apr. J.-C.) : Née dans la vallée du
wwLa culture chavín (1000 à 300 av. Río Moche, près de Trujillo, et s’étendant
J.-C.) : Plus que les cultures qui l’ont jusqu’à Piura au nord et Lima au sud,
précédée (kotosh, tutish…), celle de la culture mochica est l’une des plus
Histoire 17

remarquables de l’ancien Pérou en


matière d’architecture, de céramique et
La conquête inca (1438-1532)
d’orfèvrerie. Le plus bel exemple de son Si l’on est mal renseigné sur leur origine,
savoir-faire architectural nous est donné on pense cependant que les Incas,
par les temples de la Lune et du Soleil, peuple quechua qui s’imposa sur les
dans les environs de Trujillo, de forme ruines de l’empire tiahuanaco-wari,
pyramidale et construits entièrement venaient de la province de Cusco, même
en adobe. si certains historiens leur prêtent des
origines amazoniennes.On situe le début
wwLa culture tiahuanaco (200-1000) : de l’expansion des Incas sous le règne
Si la plus grande imprécision subsiste d’Inka Yupanqui, Pachacutec (« celui
quant aux dates, il n’en demeure pas qui transforme le monde »), qui soumit

DÉCOUVERTE
moins que cette culture fut l’une des plus les peuples voisins en recevant l’aide,
remarquables de la période pré-inca. selon la légende, de guerriers qui étaient
Issue des pourtours du lac Titicaca, elle en fait des pierres auxquelles le Soleil
a influencé les autres cultures jusqu’en donna vie. A partir de la victoire sur
Bolivie et au nord de l’Argentine et du les Chancas d’Ayacucho, en 1438, les
Chili, imposant notamment la figure Incas vont entreprendre de fulgurantes
de Wiracocha, la divinité supérieure. conquêtes qui amèneront les frontières
Le plus beau vestige de cette civilisation de l’empire jusqu’en Colombie, au nord
est la porte du Soleil (en Bolivie actuelle) et, au sud, à la moitié du Chili et de
où trône Wiracocha entouré de génies l’Argentine actuels. Wayna (ou Huayna)
ailés. Cápac ajoute l’Equateur à l’empire.
La disparition brutale de l’empire tiahua- Au début du XVI e siècle (chronologie
naco demeure l’une des énigmes de occidentale), de mauvais augures
notre temps. commencèrent à agiter l’empire (selon
wwLa culture wari (600-1200) : Le la tradition). On raconte qu’une nuit,
royaume wari d’Ayacucho débute l’éclat de la lune était beaucoup plus
son expansion à partir du VII e siècle. coloré qu’à l’accoutumée. Selon le llaica
La céramique et les sculptures de pierre royal, c’était un signe que Pachacamac
qu’il nous a laissées sont fortement allait déchaîner sa furie. Huayna Capác
marquées par l’influence tiahuanaco. fut tétanisé par cette vision extraordi-
Au fur et à mesure de leurs conquêtes, naire et appela tous les mages et les
les Huaris construisent des cités devins ; l’un d’eux, du peuple Yauyu,
caractérisées par une architecture affirma que des choses jamais vues
monumentale en pierre brute, entourées allaient bientôt se passer. Mais l’Inca ne
de hauts murs d’enceinte. Aux alentours fit point cas de ces remarques, ajoutant :
de l’an mille, l’empire se désagrège et « Il n’est pas possible d’imaginer que
disparaît, laissant des fragments de le Soleil, mon père, haïsse autant son
royaumes que se disputent les peuples propre sang pour permettre la destruc-
auparavant unis sous l’autorité des tion totale de ses fils. » Malgré tout,
souverains waris. Ce sont finalement Huayna Capác changea à partir de ce
les Incas qui s’imposeront quelques jour, et envisagea l’avenir avec angoisse
siècles plus tard. et frayeur.
18 Histoire

La conquête espagnole (sans parler des éternelles légendes


et oracles anciens), les Incas n’offrent
Le 29 septembre 1531, Pizarro fonde
pas grande résistance. De puissants
la première ville du Pérou, Villa de San
seigneurs sont éventrés, et Atahualpa
Miguel. Il a tout juste appris que l’Inca
aurait sans doute connu le même sort
Atahualpa se trouve aux environs, et qu’il
si Pizarro lui-même n’avait pas exigé
est en guerre contre Huáscar, son demi-
qu’on n’en fît rien.
frère. Puis il se dirige vers Cajamarca
via le Cápac Ñam, le Chemin del Inca de
la sierra, le 24 septembre 1532, après La colonisation
avoir pris une série de dispositions et L’Inca, en prison, se rend compte que
commencé le peuplement des terri- les Espagnols cherchent seulement à se
toires conquis. Il était accompagné de procurer le plus d’or et d’argent possible.
62 hommes à cheval, et 102 à pied.Avisé Atahualpa va proposer alors de racheter
de l’arrivée de drôles de personnages qui sa liberté en remplissant sa cellule,
« habitaient sur des maisons flottantes jusqu’à hauteur de son bras levé, « el
et montaient d’énormes animaux », cuarto del rescate », deux fois d’argent et
Atahualpa se rend à Cajamarca, fort de une fois d’or. L’Inca pensait peut-être que
50 000 guerriers.Le 16 novembre 1532, les Espagnols respecteraient leur parole,
Pizarro invite Atahualpa à Cajamarca. Ce et qu’il serait libéré. Mais comment cela
dernier s’étonne de n’y voir personne ; aurait-il pu être possible ? Il fut jugé,
Pizarro a fait installer ses petits canons, puis condamné : on le brûlerait s’il ne
tout aussi inconnus des Incas que les voulait pas être chrétien ; Atahualpa
chevaux, sur la colline qui domine la décida alors de se convertir pour ne pas
place (Cerro Santa Apolina). De même, souffrir l’épreuve du feu, terrible pour
la plupart de ses hommes s’étaient les Incas.Atahualpa, le Fils du Soleil,
cachés et ne devaient se montrer, au fut nommé Francisco et étranglé peu
son des trompettes, que sur ordre du après. Afin de ne pas risquer une guerre
père Valverde et de son cri d’attaque : civile dans les limites de l’ancien empire
« Santiago ! ». Atahualpa pénétra dans inca, Pizarro nomma bientôt un douzième
la ville avec une foule non armée, les Zapa Inca, Túpac Huallpa, pour éviter des
guerriers formant l’arrière-garde. C’est rébellions indigènes. Le 14 novembre
alors que Pizarro émit un signal qui scella 1533, Pizarro, Soto et Almagro pénètrent
à jamais le destin du monde. Les coups sans résistance aucune dans la légen-
de canon résonnèrent et les trompettes daire Cusco. La confrontation entre deux
se mirent à ébranler les murs, tandis que mondes, l’hispanique et l’inca, venait
les chevaux sortaient de nulle part. La de tourner en faveur du premier et la
confusion et la surprise furent totales. face de tout un continent allait en être
Les indigènes se mirent à courir en modifiée en profondeur. Mais rapide-
tous sens. Commence, dans le fracas ment, la conquête, la fièvre de l’or et
des bouches à feu, un épouvantable du pouvoir devaient déchaîner des luttes
massacre. Impressionnés tout à la intestines entre les conquistadores. Loin
fois par les canons, les chevaux et les de l’autorité royale, les nouveaux maîtres
mauvais augures des années passées du continent échafaudèrent intrigues et
Histoire 19

rébellions, finalement étouffées par la modes de production et de nouveaux


Couronne d’Espagne. Le souverain ibère produits furent importés : bétail porcin,
assit son autorité sur le Nouveau Monde ovin et chevalin qui repoussa vers les
et entreprit, en plus de le piller, de le hauteurs inhospitalières les camélidés ;
christianiser, y imposant également la céréales qui se substituèrent au quinoa
langue espagnole et son propre modèle par exemple.La société péruvienne
de société. s’organisa alors en haciendas, vastes
domaines agraires où régnait le proprié-
La société coloniale taire en maître absolu. Une parcelle de
Une fois la conquête achevée, les terre y était concédée aux indigènes.
Espagnols instaurèrent un type d’orga- Ceux-ci avaient obligation de travailler

DÉCOUVERTE
nisation hiérarchisée où les nouveaux pour le maître, qui envoyait son tribut
maîtres dominaient sans partage une à la Couronne d’Espagne pour laquelle
classe inférieure : les indigènes, évan- il jouait aussi le rôle d’organisateur
gélisés par la force et privés de leurs et de policier. Les latifundia, grandes
croyances et coutumes. Regorgeant propriétés rurales, fonctionnaient selon
de minerais et de métaux précieux, un mode semi-féodal, voire esclava-
l’empire inca se transforma bientôt giste sur la côte où étaient concen-
en un champ d’extraction intensif des trés les Noirs. Parallèlement, à Lima,
richesses naturelles. Les mines d’or et se constitua une classe sans cesse en
d’argent travaillaient à plein régime, expansion : celle des commerçants et
expédiant vers la métropole des galions négociants. Toute cette organisation
bourrés de lingots et de trésors pillés. allait régir le vice-royaume du Pérou deux
Pour maintenir leur autorité sur les siècles durant sans anicroches notoires,
autochtones, les colons créèrent les jusqu’à ce que, au milieu du XVIIIe siècle,
reducciones, sur le modèle castillan, éclatent les premières révoltes, fruits de
aggravant la ségrégation. De nouveaux la brutalité des colons et de l’injustice. © STÉPHAN SZEREMETA

Le Parque del Amor à Miraflores.


20 Histoire

L’indépendance Augusto Leguía. Dans le même temps


se constitue une classe moyenne qui se
et le temps des conflits fixe dans les grandes villes de la côte et
Au début du XIXe siècle, toute l’Amérique à Lima, soutenue par un marché textile
latine se souleva contre l’Espagne, et de plus en plus développé. Entre 1918 et
les pays accédèrent à l’indépendance. 1933, le nombre d’ouvriers passe ainsi
La révolte fut cette fois-ci le fait des de 12 000 à 18 000.
Créoles et non plus des seuls indigènes. C’est dans ce contexte particulier que
Au Pérou, place forte sur le continent naissent l’Alliance populaire révolution-
des souverains espagnols, la liberté fut naire américaine (APRA), créée par Víctor
arrachée par les armées patriotiques Raúl Haya de la Torre en 1924, et le Parti
commandées, au sud, par le général San socialiste, bientôt transformé en Parti
Martín, promoteur de l’indépendance communiste, sous l’impulsion de José
argentine et, au nord, par les troupes Carlos Mariátegui. Au début des années
de Simón Bolívar, père de l’émancipa- 1940, le pays, en pleine expansion
tion de la Grande-Colombie (Venezuela, économique, présente le visage d’une
Panama, Équateur et actuelle Colombie). société inégalitaire d’où sont rejetés
Proclamée le 28 juillet 1821, l’indépen- métis et indigènes. Tous les pouvoirs
dance du Pérou devint effective après sont centralisés à Lima, ce qui provoque
la victoire d’Ayacucho, en 1824. Les une rivalité qui perdure entre gens de la
premières années furent marquées par cordillère et de la côte, et entre Blancs,
de sanglantes luttes entre caudillos, métis et indigènes.
notables locaux tenus à l’écart du wwLes années charnières (1940-
peuple et notamment des indigènes 1965) : Les migrations intérieures
et des Noirs, qui avaient participé aux atteignent leur pic entre 1940 et 1960.
luttes antérieures. Lima, pôle du développement industriel,
attire les paysans pauvres de la sierra,
Le Pérou au XXe siècle notamment les jeunes fuyant un mode
Quand débute le XXe siècle, le Pérou d’organisation archaïque dominé par
compte 3 millions d’habitants, dont l’exploitation. L’économie péruvienne
70 % d’agriculteurs. C’est le moment est alors florissante, atteignant, en
où s’ouvrent, dans les Andes, les mines 1966, un taux annuel de croissance
de cuivre, d’or et d’argent de Cerro de de 5,5 %, le plus élevé d’Amérique
Pasco, et où l’on commence à exploiter latine. L’amélioration des conditions
le pétrole de la région de Piura et le générales permet à l’espérance de vie
caoutchouc d’Amazonie. C’est aussi de passer, durant cette période, de
l’époque de l’apogée du sucre et du 36 à 49 ans, et à la population de 6 à
coton. C’est alors qu’apparaissent les 10 millions. La société, rurale à 70 %
grandes banques et sociétés indus- en 1940, est urbaine à 50 % un quart
trielles. Une nouvelle oligarchie voit de siècle plus tard (72 % aujourd’hui).
le jour, se dotant d’une organisa- La modernisation du pays, commencée
tion, le Parti civiliste, qui porte à la sous la dictature de Manuel Odría
présidence du pays, de 1919 à 1930, (1948-1956), s’amplifie avec Fernando
Histoire 21

Belaúnde Terry (1963-1968), de l’Action chargée de rédiger une nouvelle


populaire (AP), qui dispute à l’APRA les Constitution.
suffrages du peuple. wwNaissance des mouvements armés
C’est durant ce quinquennat qu’est (1980-1985) : Le nouveau gouvernement
construite la Carretera marginal, qui appelle aux élections générales pour le
ouvre la selva aux échanges, et que 18 mai 1980. Pour la deuxième fois,
s’élèvent les premiers logements Fernando Belaúnde Terry accède à la
sociaux. Mais les espoirs déçus donnent présidence et son parti, l’AP, obtient
naissance à des mouvements révo- la majorité absolue dans les deux
lutionnaires armés qui s’inspirent de Chambres, l’APRA et l’Izquierda Unida
l’esprit de mai 1968 ou de la guerre (Gauche unie), assurant l’opposition.

DÉCOUVERTE
du Vietnam. Le programme libéral appliqué par la
wwLe temps des militaires (1968- nouvelle équipe dirigeante accentue la
1980) : Les idées de planification et crise : l’inflation et le déficit public, ainsi
de bien-être social dispensées par que le chômage s’intensifient.
l’Etat, telles qu’elles se mettaient Ces difficultés sont le terreau sur lequel
en pratique dans les pays de l’Est, croît le Sentier lumineux, officiant dans
animent le mouvement des généraux les départements les plus pauvres et
qui, autour du général Velasco Alvarado, reculés du pays. En 1983, c’est l’Iz-
déposent le président Belaúnde quierda Unida qui emporte les élections
Terry. Ce gouvernement, qualifié de municipales de Lima, marquant un
« révolutionnaire », cherche à se dégager tournant dans la vie politique du Pérou.
des modèles communiste et capitaliste. wwL’APRA aux commandes (1985-
Il entreprend immédiatement de 1990) : Le 28 juillet 1985, Alan García
nationaliser le pétrole, puis les secteurs Peréz, âgé de 35 ans et élu avec 53 %
économiques stratégiques comme la des voix, accède à la présidence du
sidérurgie et les mines, et met en place la pays : l’APRA réalise un rêve vieux de
réforme agraire, expropriant les grandes soixante ans. De grandes espérances
latifundia. se réveillent.
Si la situation économique se stabilise, Les années 1986 et 1987 sont marquées
demeure la question de la productivité par une augmentation de la consomma-
et de l’accroissement de la dette exté- tion des ménages. L’APRA triomphe alors
rieure. L’opposition de larges secteurs aux municipales avant que ne reprenne
patronaux, la lente dégradation de la crise : l’inflation se remet à galoper,
l’économie, la grogne croissante des les finances publiques à accumuler les
syndicats ont raison de Velasco Alvarado, déficits. Les désordres de la rue réap-
remplacé par le général Francisco paraissent, plus forts.
Morales Bermudez, qui promet des On voit, lors de certaines manifestations,
élections et imprime un tour différent à Mario Vargas Llosa en tête de cortège : le
la politique de son prédécesseur sans grand écrivain, admirateur en économie
parvenir à résoudre la crise. de Margaret Thatcher, fait irruption dans
Les militaires convoquent des élections le scénario. Autour de lui, se constitue
pour la formation d’une Assemblée le Mouvement Libertad.
22 Histoire

En 1988, l’inflation est de 1 789 %, entreprises. Fujimori doit démissionner


elle est de 2 777 % l’année suivante. et se réfugie au Japon, où il s’empresse
Le Sentier lumineux commence à frapper de reprendre la nationalité japonaise,
hors de ses fiefs andins et Lima connaît devenant ainsi intouchable pour la
l’angoisse des attentats. justice péruvienne.
wwLes années Fujimori (1990-2000) :
Un fils d’émigrés japonais va créer une Le Pérou aujourd’hui
énorme surprise en battant Vargas Le 5 juin 2001, Alejandro Toledo est élu
Llosa, soutenu par le FREDEMO (Front président de la République du Pérou pour
démocratique) où figuraient tous les 5 ans. C’est le premier indigène investi
partis libéraux. Alberto Fujimori, candidat de cette charge. Dès le début de son
de Cambio 90, reçoit, au second tour, mandat, il a été confronté à une grave
l’appui de l’APRA et des partis de crise de crédibilité : les manifestations
gauche, et applique, dès son arrivée sociales se succédant pendant plusieurs
au palais présidentiel, une thérapie de mois l’ont obligé à proclamer, en juin
choc, privatisant les entreprises, taillant 2003, l’état d’urgence. Il a dû affronter
dans les budgets sociaux, augmentant une révolte civile (avortée en janvier
les impôts des classes intermédiaires, 2005) menée par les deux frères Antauro
payant les dettes du Pérou au FMI, et Ollanta Humala, aux idées nationa-
tout en menant une guerre sans merci listes, anti-occidentales et indigénistes.
aux groupes armés révolutionnaires. Son taux de popularité a souvent été au
L’inflation, qui avait atteint 7 600 % lors plus bas (moins de 10 % d’avis favo-
de son accession au pouvoir, commence rables dans les sondages !) : il n’aurait,
à baisser. En juillet, un grave attentat dit-on, rempli aucune de ses promesses
affecte la capitale et, en septembre, la électorales… Malgré cette instabilité
DINCOTE (Direction de lutte contre le politique, force est d’admettre que les
terrorisme) réussit sa plus belle prise indicateurs macroéconomiques du Pérou
en arrêtant Abimael Guzmán, le n° 1 du ont progressé : dynamisme de l’activité,
Sentier lumineux. orthodoxie de la politique économique et
Sous la conduite du président, la bonne gestion de la dette. Alors que la fin
situation économique évolue dans du mandat de Toledo approchait et que
le sens que souhaitaient les grands les alliances commençaient à se former
organismes internationaux, souvent au pour les prochaines élections présiden-
détriment des classes moyennes. Porté tielles, Alberto Fujimori décide de revenir
par les plus pauvres, Alberto Fujimori sur la scène politique péruvienne. Il est
bat, à l’élection de 1995, un poids lourd arrêté dès que son avion se pose sur le
de la politique mondiale : Javier Peréz sol chilien. Après cinq années d’exil au
de Cuellar, ex-secrétaire de l’ONU. Japon, Fujimori restera en détention
En septembre 2000, éclate « l’affaire préventive au Chili avant qu’une décision
Montesinos », une incroyable épopée judiciaire ne soit prise pour son extra-
de cassettes vidéo enregistrées tandis dition vers le Pérou en 2007. A la tête
que de hauts dignitaires recevaient des du Pérou de 1990 à 2000, il est accusé
pots-de-vin pour favoriser certaines d’avoir commandité l’assassinat de
Histoire 23

24 hommes et d’un enfant au début de Dans certaines régions, sa victoire a été


sa présidence, ainsi que de s’être livré écrasante : 60 à 70 % des suffrages
à des délits de corruption. Il est sous le dans les départements de l’Apurímac,
coup de 21 chefs d’accusation. Courant Arequipa, Huánuco, Madre de Dios et
2009, il est reconnu coupable de viola- Moquegua. Dans la région pauvre et
tions des droits de l’homme, de détour- indigène de Puno, il a remporté jusqu’à
nements de fonds et abus de confiance, 77,6 % des suffrages, tandis que Fujimori
etc. Comme les peines ne sont pas a séduit 58,4 % des électeurs de la
cumulables au Pérou, il est condamné capitale. Dans son programme, Humala
à 25 ans de réclusion pour l’ensemble de a promis entre autres d’augmenter de
ces crimes. Fujimori est aussi inquiété 25 % le salaire minimum, de lutter contre

DÉCOUVERTE
pour sa politique forcée de limitation la corruption dans l’armée et de rendre
des naissances. Dans les années 1990, plus accessibles les soins de santé et
son programme national de planification l’eau potable. Son début de mandat est
familiale a débouché sur la stérilisation rendu difficile par les 200 conflits en
chirurgicale de plus de 300 000 femmes cours dans tout le pays en résistance à
et 20 000 hommes. Des femmes ont eu l’exploitation des richesses minières et
le courage de porter plainte, et en 2011 le pétrolières. Le blocage de Cajamarca (fin
président Humala a demandé à la justice 2011, les paysans protestent contre un
d’ouvrir des enquêtes sur ces crimes. projet d’implantation d’une nouvelle mine
En juin 2006, Alan García (le retour !) qui se ferait au détriment des ressources
remporte de palpitantes élections en eau) en est un des exemples les
présidentielles, contre Ollanta Humala. plus violents.
García est élu grâce à la classe aisée de Afin de gérer cette crise dans laquelle le
Lima, alors que la grande majorité du gouvernement ne cesse de s’embourber,
pays a été séduite par les vues indigé- et afin de tenter (en vain) de remonter
nistes d’Humala qui était arrivé en tête dans les sondages, le Président du Pérou
au 1er tour à Huancavelica (79 % des s’est efforcé de donner un nouveau
voix), Ayacucho (84 %), Cusco (73 %), souffle à sa politique. Pour ce faire, il a
Apurimac (71 %)… En 2007 et 2008, procédé en juillet 2012 à un remaniement
les chiffres de l’économie péruvienne de son gouvernement puisqu’il a nommé
sont au vert, malgré la crise financière une nouvelle équipe de 18 ministres
internationale. Toutefois, la pauvreté (dont 13 de l’ancien gouvernement)
touchait encore 36,2 % de la population avec Juan Jimenez à sa tête et en
en 2008. Fin 2009, le Pérou entretient tant que Ministre de la Jutice. L’année
des rapports très délicats avec le Chili, 2015 aura été marquée par les scandales
en raison d’un différend maritime qui a successifs qui affectent le président et
été porté devant la Cour internationale sa femme, Nadine, qui se rêvait un destin
de justice de La Haye, et d’une suspicion à la Hillary Clinton. Ecoutes, comptes
d’espionnage militaire. Un président de campagne suspects, train de vie
socialiste au pouvoir : Ollanta Humala inexpliqué, la confiance s’est érodée.
remporte les élections présidentielles de En juillet 2016 c’est donc Pedro Pablo
juin 2011 face à Keiko Fujimori, la fille du Kuczynski – appelé aussi PKK – qui lui
dictateur déchu, avec 51,4 % des voix. succède à la présidence.
Population
Démographie tants sont bilingues, voire trilingues.
L’espagnol pratiqué ici est très pur ; on
Sur près de 30 millions d’habitants, près
dit qu’avec la Colombie, le Pérou parle
de la moitié vit dans et aux environs
le meilleur castillan d’Amérique latine :
de Lima. Mis à part Lima, seulement
une bonne occasion pour l’apprendre
une quinzaine de villes comptent plus
ou le perfectionner.
de 100 000 habitants. La répartition
géographique – les différentes crises
économiques et politiques ayant
Mode de vie
accentué le mouvement vers les villes wwEducation. Le système éducatif est à
côtières, amorcé dès le début de la deux vitesses au Pérou. Dans le secteur
conquête espagnole – a, elle aussi, public, les élèves ont moins de chances
changé : 52% des Péruviens vivent sur pour réussir avec des cours seulement le
la côte, 35% dans les Andes et 13% matin ou seulement l’après-midi dans des
dans la forêt amazonienne. La zone de classes surchargées. Les enseignants du
prédilection d’habitat andin se situe le secteur public ont également mauvaise
plus souvent entre 2 500 et 3 000 m, réputation : ils touchent un salaire si
dans les vallées interandines de climat bas qu’ils doivent chercher un autre
tempéré où sont cultivés maïs, fruits travail à côté. Dans le secteur privé, les
et légumes. Les températures varient élèves portent l’uniforme (un marché
beaucoup entre le jour et la nuit. C’est très lucratif !) et suivent généralement
ici que furent construites les grandes des études plus longues, parfois jusqu’à
villes de la cordillère – Cusco à 3 400 m, l’université (payante elle aussi). Le taux
Huaraz à 3 091 m, Cajamarca à 2 720 m, d’analphabétisme s’élève au Pérou à
Huancayo à 3 249 m – et que vivent la 6,5 % pour les hommes et 17,9 % pour
majorité des communautés indiennes les femmes.
rurales. wwSanté. Selon un rapport d’Amnesty
International de 2006, un quart des
Langues Péruviens n’avait pas accès aux soins et
Les langues officielles du Pérou sont la moitié n’a pas accès aux médicaments.
l’espagnol et le quechua. L’espagnol est Si de nos jours, la situation s’améliore au
parlé par pratiquement toute la popula- rythme du développement économique
tion. 8 millions de Péruviens, soit plus du pays, tout n’est certainement pas
d’un tiers de la population, parlent encore gagné puisqu’en 2013, Amnesty
le quechua, principalement dans les International à notamment attiré
Andes. 500 000 personnes, dans la l’attention sur l’absence de soins pour
région de Puno, parlent l’aymara, langue les femmes dans les campagnes. Depuis
qu’ils partagent avec les Boliviens. Dans 2002, le gouvernement péruvien a mis en
ces régions andines, nombre d’habi- place une assurance maladie intégrale
Population 25

(Seguro Integral de Salud ) destinée à enfin été reconnu passible de 15 ans de


garantir aux plus pauvres l’accès aux prison. Aujourd’hui, de plus en plus de
services de santé de base. Ce système femmes s’impliquent contre la violence
doit encore faire ses preuves aujourd’hui, faite aux femmes, notamment dans les
surtout en zone rurale où l’accès aux campagnes. Mais le combat est loin
soins et aux médicaments est difficile. d’être gagné !
wwDroits de l’Homme. Le Pérou a wwHomosexualité. L’homosexualité est
ratifié sans réserve la plupart des traités légale au Pérou, mais dans la vie courante
internationaux sur les droits de l’homme elle est encore taboue. Les homosexuels
et les a transposés dans sa législation font l’objet de discriminations et il est
nationale. La situation s’est améliorée très rare de voir des couples s’afficher.

DÉCOUVERTE
ces dernières années, mais de gros
progrès restent à faire sur le travail des Religion
enfants : il est courant dans les zones La liberté de religion ne date que de
rurales (selva et sierra) et au sein des 1973, et l’abolition de son enseignement
communautés indigènes. obligatoire que de la Constitution de
Le Sentier Lumineux qui a sévi entre 1980. La principale religion au Pérou
1980 et 2000 a fortement traumatisé est le catholicisme, qui concerne 92 %
le pays (le conflit a fait 70 000 morts de la population. Protestants, mormons
et disparus). Ce mouvement terroriste et franciscains représentent la quasi-
est aujourd’hui nettement affaibli car totalité des 8 % restants.
ses responsables sont en prison, mais Volontiers teinté de diverses croyances
il a encore fait parler de lui en avril païennes, le catholicisme péruvien s’ac-
2012 avec un enlèvement de 36 ouvriers commode sans conflit apparent de rites
péruviens dans la région de Cusco. Tous ancestraux locaux. Les saints ont donc
ont été relâchés sains et saufs. souvent une double face et leurs fêtes ou
wwPlace de la femme. Le Pérou reste un les autres célébrations religieuses sont
pays machiste. Les violences conjugales souvent un mélange de rites relevant de
sont un problème gravissime au Pérou. cultes à l’origine radicalement étrangers
En 2011, le crime de « féminicide » a les uns aux autres.
© STÉPHAN SZEREMETA

Chez l’habitant sur l’île d’Amantani.


Arts et culture
Architecture style mauresque apparu pendant la
domination arabe (VIII e-XVe siècles)
De tous les pays d’Amérique du Sud, le
et à l’art chrétien roman et gothique
Pérou est celui qui a gardé le plus de
français. Aussi le visiteur ne sera-t-il
traces du passé colonial espagnol. Si les
pas seulement étonné, mais également
premières années de la conquête furent
peu propices aux architectes, eu égard à envoûté par les églises et couvents
la situation agitée – révoltes et guerres péruviens qui reproduisent les styles
intestines entre conquistadores –, les espagnols, rapidement métissés des
XVIIe et XVIIIe siècles furent ceux des éléments hérités des cultures indiennes.
bâtisseurs. Les somptueuses églises Les bâtiments civils reproduisent ces
péruviennes témoignent tout à la fois différentes influences, dotant ainsi le
de la ferveur des nouveaux convertis Pérou d’une architecture profondément
et de la volonté du clergé d’affirmer originale où les motifs indigènes
la prédominance du catholicisme. Les enrichissent moucharabiehs et azulejos
clochers des églises sortirent de terre hérités des Maures d’Espagne.
comme des fleurs de pierre richement
taillées à Cusco (cathédrale et église Artisanat
de la Compañía), à Cajamarca (église Le Pérou moderne a hérité des civilisa-
de Belén), à Arequipa (San Francisco), tions pré-incas et inca un savoir-faire
à Lima (San Francisco ou San Pedro) artisanal remarquable. Les techniques
ou à Ayacucho, la ville aux trente-trois anciennes subsistent dans le travail des
églises. Au milieu du XVIIe siècle, l’Amé- métaux précieux, de la céramique, des
rique du Sud ne comptait pas moins tissus. Leur inventivité fait l’admiration
de 70 000 églises et 500 couvents, des visiteurs. Les marchés artisanaux
dont une bonne partie dans le vice- abondent dans tout le pays.
royaume du Pérou. Et ce ne sont pas
les séismes, mettant à terre quelques Les métaux précieux
édifices religieux (comme en 1650, à On sait que les Chavín étaient les
Cusco), qui purent ralentir l’incroyable premiers à travailler l’or (vers 1000 av.
fièvre de construction des nouveaux J.-C.), puis les Mochica, les Chimu et les
maîtres de l’empire du Soleil. Lambayeque ont pris la relève. C’est dire
wwLes styles architecturaux : Les si l’on est devenu expert en la matière.
Espagnols exportèrent aux Amériques L’argent, pour être authentique, doit
les styles de construction en usage porter le poinçon 925. On travaille aussi
dans la Péninsule. Ainsi, au XVIe siècle, l’onyx, la turquoise, l’obsidienne, l’opale,
c’est l’art de la Renaissance qui ainsi que la « spondylus », un coquillage
dominait en Europe, mais en Espagne, considéré jadis comme « l’aliment sacré
ce style importé d’Italie se mêla au des dieux ».
Arts et culture 27

© AUTHOR’S IMAGE

DÉCOUVERTE
Poteries de Nazca.

La céramique pour la couleur rouge et crème de la


boue utilisée, leur simplicité expressive
wwLes toritos de Pucará, fabriqués presque enfantine.
près de Puno, ont acquis une
réputation mondiale. Faits et peints à wwVers Piura, à Chulucanas (particulière‑
la main, ils étaient à l’origine destinés ment dans le district de La Encantada),
aux cérémonies magico-religieuses on élabore une céramique utilitaire et
(de marquage du bétail également), décorative, qui témoigne d’une grande
en tant qu’offrandes aux dieux de la maîtrise des couleurs noires et brunes.
montagne. On retrouve cette céramique sur les
marchés de Cusco, Juliaca et Arequipa.
wwA Cusco, on essaye de remettre au
goût du jour l’artisanat inca, en une wwA Nazca, la poterie reprend les
sorte de « renaissance précolombienne » : thèmes et les techniques artisanales
plats, keros, arybalos, qochas, ayanas, des grands ancêtres, ceux-là mêmes
raquis… La « céramique grotesque » qui tracèrent les célèbres géoglyphes
ou « vulgaire », qui s’inspire de celle de sur le sable du désert.
Quinua, représente des personnages wwLes indigènes Shipibos, près de
aux formes disproportionnées. Pucallpa (ainsi que les Arabela), ornent
wwLes céramiques de Quinua, leurs poteries de motifs géométriques
fabriquées près d’Ayacucho, reproduisent et anthropomorphiques où dominent
églises, animaux, scènes folkloriques et le marron et le noir. Leur argile,
chandeliers, et sont fort recherchées appelée neapo, est très malléable.
28 Arts et culture

Le bois l’artisanat traditionnel (où le tissage à


On trouvera au Pérou de très beaux la main, bien que plus grossier, produit
miroirs et cadres en bois taillé, dorés à la de beaux modèles originaux), de la
feuille, de style baroque des églises. Les production mécanisée répondant aux
prix pratiqués sont tout à fait abordables normes d’exportation.
et le travail d’une extrême finesse. Contrairement à ce qu’affirment certains
vendeurs, toute la laine « alpaga »
wwLa réputation des retables n’est pas « baby », c’est-à-dire très
d’Ayacucho a largement dépassé les fine, donc plus chère. Même si les
frontières du pays et du continent. étiquettes indiquent 100 % alpaga, il
Ces triptyques, enfermés dans des s’agit le plus souvent de mélanges de
boîtes en bois, sont décorés, tout laine, notamment de mouton. S’agissant
comme la poterie, de scènes tirées d’un poncho, il faut prendre garde à
de la vie quotidienne (fêtes et danses, l’appellation « antiguo », qui souvent
corridas, processions…). Les figurines, signifie d’occasion et non pièce ancienne.
polychromes, sont faites de farine, de
pomme de terre et de plâtre. Le travail Textiles
est absolument remarquable, aussi les Une autre tradition précolombienne
artisans ont-ils accédé récemment au bien établie, puisque l’on a retrouvé
statut d’artistes, ce qui a augmenté des exemples datant d’il y a 4 000 ans
les prix. à Huaca Prieta, Chicama. On utilise
le coton marron et blanc, les fibres
La calebasse d’alpaga, de lamas et de vigognes,
Les mates burilados sont d’éminents parfois les poils des chauve-souris (mais
représentants de l’artisanat péruvien. c’est plus rare). On associe fréquemment
La tradition de graver la calebasse des encres naturelles, et les métiers à
remonte aux temps immémoriaux tisser artisanaux ont toujours de beaux
d’avant la céramique (il y a 3 500 ans, jours devant eux.
comme en témoignent les décou- En Amazonie, on tisse de superbes
vertes à Huaca Prieta, dans la vallée hamacs en coton et fibre végétale, très
de Chicama). Pratiqué au poinçon dans résistants, et de magnifiques tentures
les régions de Huancayo et Ayacucho, aux motifs géométriques de couleurs
ou à l’eau-forte dans les environs de noire, marron et écrue. Les broderies
Chiclayo, cet art est à l’origine de belles les plus fines proviennent de Monsefú
pièces reflétant l’histoire du Pérou et et d’Eten, dans les environs de Chiclayo,
ses traditions. Les plus beaux mates et de Cajamarca. A Cusco, on achètera
burilados proviennent de Cochas, près bannières, fanions, voire vêtements
de Huancayo. religieux brodés au fil d’or. Les tapis
d’Ayacucho (quartier de Santa Ana) ou
La laine de mouton et d’alpaga à San Pedro de Casta (Lima) repré-
Ce sont probablement les vêtements sentent des motifs géométriques préhis-
qui constituent ici les plus grandes paniques, couplés à des perspectives
tentations. Il convient de distinguer occidentales.
Arts et culture 29

Danse wwLa muliza. Inventée par les âniers,


cette danse s’inspire du pas des mules.
La Costa wwDanzantes de Tijeras. Les danzaq
A Lima, et dans les autres grandes (participants de ce rituel) font preuve de
villes de la côte, c’est la salsa, d’origine beaucoup d’équilibre et d’habileté physique
caraïbéenne, qui domine. Elle a donné pour effectuer de véritables acrobaties
naissance à des lieux particuliers, les gymnastiques, au son de la harpe et du
« salsodromes », où elle côtoie le rock violon. En même temps, ils doivent passer
et le reggae. des « épreuves » (atipanakuy), comme
manger des insectes, des couleuvres
wwEl vals peruano. Une variante de ou des crapauds, glisser une épée dans

DÉCOUVERTE
la valse viennoise, plus rapide et plus l’œsophage… La musique est symbolisée
rythmée quand elle exprime l’allégresse. par les « tijeras », deux plaques de métal
On joue surtout de la guitare et du cajón. de 25 cm de long présentant l’aspect de
wwLa marinera. D’origine noire et ayant ciseaux (d’où leur nom).
subi ensuite des influences indiennes
et métissées, elle est devenue la L’Altiplano
danse nationale du Pérou. Exécutée en wwLa diablada . C’est l’une des
couple, avec des foulards artistiquement danses les plus colorées et les plus
maniés, c’est une manière de théâtre spectaculaires du Pérou. Au son du
dansé, rythmé par les percussions et sikú ou de la zampoña, les danseurs,
fort spectaculaire. En aucun cas les vêtus de fastueux costumes brodés
partenaires ne se touchent. d’or et d’argent et dissimulés sous leur
wwEl tondero. Sur un rythme endiablé, masque de diable, rendent hommage à
cette danse reproduit la cour que le coq la Virgen de la Candelaria (début février).
fait à la poule. wwLos ayarichis. Se pratique dans la
wwParmi les autres danses de la côte, région de Puno, à Lampa et sur l’île
on citera el alcatraz, très érotique et de Taquile. Quinze à vingt hommes
importée d’Afrique, la polka d’origine accompagnent les femmes qui dansent.
européenne et el panalivio, elle aussi wwLa llamerada. Dans cette danse,
venue du continent noir. les exécutants imitent le pas chaloupé
du lama.
La Sierra
wwEl kajelo. C’est la danse de l’amour
wwEl huaylarsh. En quechua « jeunes qui met en présence deux personnages,
amoureux ». La danse, très allègre, le Huaylachu et la Linlicha, version
reprend les gestes liés aux travaux andine de nos Pierrot et Colombine.
agricoles. On y joue du violon, de la wwEl sikuri. Une danse un rien martiale.
harpe, du saxophone, de la clarinette, Les danseurs forment un cercle autour
de la trompette. des musiciens qui jouent des zampoñas
wwLa tunantada. C’est une danse dont de tailles diverses. Les chanteurs sont
on reconnaît clairement les origines divisés en groupes, chacun émettant
européennes, le menuet notamment. une partie de la mélodie.
30 Arts et culture

wwOn citera également les pasacalles riche, constituée de harawis ou poésie


et pallas d’Ancash, l’impressionnante lyrique, et de hayllis ou poésie épique),
danza de las tijeras pratiquée dans le avec les premiers récits, écrits par des
département d’Apurímac, les villancicos Espagnols ou leurs descendants, de la
d’Ayacucho, le yaravi d’Arequipa, Conquête des Incas et des ouvrages
mélancolique et alangui… religieux visant à convertir les indigènes
au catholicisme. Le premier ouvrage
La Selva publié à Lima fut la Doctrina Christiana y
Dans ces régions isolées, la musique Catecismo para la Instrucción de los
a conservé sa pureté originelle. Elle Indios (Doctrine chrétienne et caté-
utilise en priorité les percussions, comme chisme pour l’instruction des Indiens),
le manguare, grand tambour de bois d’un par Antonio Ricardo en 1584.
tronc tubulaire. Le XXe siècle a vu l’émergence d’un
courant moderniste et avant-gardiste,
Littérature avant l’irruption d’une certaine litté-
rature indigéniste mettant en scène le
La littérature péruvienne est riche et
quotidien et la vie des indigènes. L’un des
complexe ; elle remonte au temps de la
plus grands écrivains péruviens reconnu
période coloniale (on sait bien peu de dans le monde entier est Mario Vargas
choses sur la période précolombienne, Llosa, prix Nobel de Littérature en 2010.
hormis sur la production poétique assez Aujourd’hui, en ce début de XXIe siècle,
on assiste à une résurgence de la culture
© STÉPHAN SZEREMETA

andine et de ses traditions : on pourra


lire les récits d’Oscar Colchado, de Dante
Castro, de Felix Huaman Cabrera ou de
Zein Zorrilla.
wwCiro Alegría (1909-1967). Toute la
vie de l’auteur de Vaste est le monde,
Le Serpent d’or ou Calixto Garmendia a
été consacrée à l’écriture et aux gens
de son pays. Rebelles, contestataires,
sa vie et son œuvre se confondent. La
prose de cet écrivain du soleil palpite
au rythme de la nature péruvienne et
du cœur de ses personnages.
wwManuel Scorza (1928-1983). Né
à Lima, poète – on lui doit Les
Imprécations ou La Valse des reptiles –
il s’engage dans les luttes des paysans
indigènes, ce qui lui vaudra l’exil en
France. Son premier roman, Roulements
de tambours pour Rancas, évoque les
conflits et la terreur que fait régner
Célébration traditionnelle
sur la Plaza de Armas, Lima.
Arts et culture 31

un grand propriétaire terrien sur les


communautés indiennes. Il publiera
Musique
ensuite Garabombo l’invisible, Le La découverte d’instruments préhis-
Cavalier insomniaque, Le Chant d’Agapito toriques témoigne que l’on jouait de la
Robles et Le Tombeau de l’éclair, romans musique il y a 10 000 ans au Pérou :
participant tous d’une œuvre où l’humour quenas, zampoñas, pututos (des trom-
n’est jamais absent. pettes de coquillages) et une grande
variété d’instruments à vent élaborés à
wwCésar Vallejo (1892-1938). Le plus partir de canne à sucre, d’ossements, de
grand poète péruvien est également boue, de cornes et de métaux témoignent
l’un des plus importants poètes latino- de l’ingéniosité des premiers artistes
américains, avec Pablo Neruda et Ruben andins. L’apport d’instruments occiden-

DÉCOUVERTE
Darío. En 1923, il se fixa à Paris où il taux est évident, mais ceux-ci connurent
connut les difficultés de tout immigré. parfois aussi un destin bien spécifique,
Sa poésie, précise, exempte de tout comme la harpe, la guitare ou le violon.
lyrisme inutile, exprime la douleur de L’influence africaine eut son importance
l’être solitaire et les difficultés qui pour les instruments de percussions et
accablent les opprimés du monde entier. les tambours (le cajon par exemple).
Ses principaux livres sont Les Hérauts Dans la jungle amazonienne, on utilise
noirs, Poèmes humains et Espagne, le manguaré (un arbre tubulaire) pour
éloigne de moi ce calice. diffuser des messages aux environs.
wwMario Vargas Llosa. Né en 1936 à Sur les quelque 1 300 genres musicaux
Arequipa, c’est l’un des plus importants recensés au Pérou, deux sortent du lot :
écrivains latino-américains. Ce virtuose le huayno (précolombien puis mélangé
de la langue a exploré en profondeur la à des influences occidentales, dont la
société péruvienne, dont il a peint une base pentatonique de rythme binaire a
fresque fort utile à qui veut connaître le rejailli récemment dans la chicha et le
pays des Incas. De son œuvre tissée des rock andin, aujourd’hui à la mode) et
fils d’or de l’humour et de l’érotisme, et la marinera. Un nouveau genre s’est
traduite dans son ensemble en français, aujourd’hui popularisé en Amérique du
on retiendra notamment Pantaléon et Sud : la chicha (ou cumbia péruvienne),
les visiteuses, La Ville et les Chiens, La un mélange de rock, de huayno et de
Maison verte, Les Chiots, Eloge de la cumbia colombienne. Avec la Bolivie,
marâtre, La Fête au bouc… le Pérou est en effet le fief de ce que
Ce génie de la plume, titulaire de plus de l’on a coutume d’appeler la « musique
40 doctorats, a reçu le prix Nobel de litté- andine ». Il serait toutefois plus juste
rature en 2010. La Casa de la Literatura de parler de musiques et de danses, au
(dans l’ancienne gare de Lima) lui rend pluriel. Dans la seule région de Puno,
hommage. Son avant-dernier roman, par exemple, il existe 300 groupes
Le Rêve du Celte, retrace le destin d’un qui comptent à leur répertoire près
héros oublié, Roger Casement, diplomate de quarante danses différentes. Sur
britannique puis héros de l’indépendance l’ensemble des Andes péruviennes, on
irlandaise. Son dernier opus, Un Héros pense qu’il existe plusieurs milliers de
discret, est sorti en 2015. variantes régionales.
32 Arts et culture

Photographie
Martín Chambi est aujourd’hui reconnu comme le plus grand photographe
amérindien. Il est né en 1881 à Coaza (Puno), dans une famille
d’agriculteurs indigènes. Il apprend très jeune le métier de photographe
à Arequipa, et s’y installe en 1920. Il y rencontre Juan Manuel Figueroa,
un autre photographe important de cette époque. Martín Chambi explore
les variations de lumière et d’éclairage et la mise en scène des portraits.
La manière particulière qu’il a de traiter ses modèles, à la fois humble et
très attentive à leur personnalité, rend son studio extrêmement populaire
parmi toutes les couches de la société. Photographe engagé, reporter, il a
joué un rôle important dans la prise de conscience de l’identité culturelle
des indigènes, en portant un nouveau regard.

Peinture et arts graphiques Echappant rapidement aux canons


pathétiques espagnols, l’école de
L’école de Lima Cusco (XVIIe et XVIIIe siècles) produit une
peinture lumineuse, peuplée de person-
Initiée par l’arrivée dans le vice-royaume nages roses et joufflus (les archanges,
du Pérou du jésuite italien Bernardo Bitti, source d’inspiration inépuisable, sont
à la fin du XVIe siècle, la peinture limègne des adolescents évanescents en armes
traduit la rigueur espagnole alors en vogue et habits contemporains), de paysages
puisqu’elle est l’expression artistique de suaves et ensoleillés, reflet d’un art
la capitale où se concentraient tous les européen en pleine renaissance.
pouvoirs de l’époque. L’école de Lima En 1650, apparaît le baroque de Cusco,
est très sombre, inspirée d’un Zurbarán, grâce à l’apport décisif d’artistes
par exemple ; très espagnole en somme. indigènes comme Diego Quispe Tito ou
Les principales églises de la capitale sont Antonio Sinchi Rocca. Au XVIIIe siècle,
dotées de peintures qui, souvent, sont les peintres se détachent des thèmes
d’une réelle valeur artistique, comme classiques religieux pour une vision
celles que l’on peut voir dans la cathédrale « indigène » du monde incluant les
ou dans l’église San Francisco. symboles préhispaniques : les madones
sont richement vêtues de manteaux
L’école de Cusco brodés de motifs ouvertement indigènes
C’est paradoxalement à Cusco, l’ex- et les couleurs renvoient à celles qu’utili-
capitale de l’empire inca, que la peinture saient les civilisations antérieures. C’est
connut son essor le plus spectaculaire. l’époque de l’apogée de l’école de Cusco,
C’est avec la création d’une Ecole des qui se traduit par l’utilisation de l’orne-
beaux-arts et sous l’influence de Bitti, ment doré comme moyen d’identification.
que se forme le courant artistique le L’école de Cusco perdra de son originalité
plus vivace et le plus prolifique de toute dès le début du XIXe siècle et disparaîtra
l’Amérique espagnole. en tant que mouvement artistique.
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Photo : Jean-Luc Perreard

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Festivités
On célèbre plus de 3 000 fêtes par an „„ CARNAVAL DE CAJAMARCA
au Pérou : autant dire que vous aurez CAJAMARCA
probablement l’occasion d’assister à l’une Le carnaval de Cajamarca est très
de ces cérémonies, nationales ou locales. couru ! La tradition de la « yunza » y
La plupart concernent un saint patron, est respectée : on plante artificielle-
héros d’un jour du calendrier chrétien ment un arbre chargé de cadeaux, avant
qui doit composer avec les croyances de danser tout autour et d’essayer de
magico-religieuses de chaque localité l’abattre avec une machette. Le couple
donnée. Le sacré et le profane y font qui parvient à donner le coup fatal
en général bon ménage ; la tradition devra organiser cette cérémonie
préhispanique du « taki » (chant et danse l’année d’après. Attention : il est alors
à la fois, comme un opéra indigène), qui très courant de « fusiller » les passants
célèbre les dieux païens, a été incorporée avec des armes à eau !
au corpus chrétien en vigueur depuis les
temps de la Conquête. Dans tous les „„ QOYLLUR RITY
cas, la Pachamama (Terre-Mère) est CUSCO
l’objet de toutes les vénérations et pas L’une des plus grandes manifestations
un Indigène ne l’oublie. indigènes de l’Amérique latine ! Même
si l’icône du Christ semble le symbole
apparent, l’idée est bien de réintro-
© STÉPHAN SZEREMETA

duire l’homme dans la nature. On y


célèbre les Apus, les monts tutélaires,
notamment au pied du glacier Ausangate,
à 4 700 m d’altitude, dans le sanctuaire
de Sinakara. Des membres de la commu-
nauté quechua Queros se rendent vers le
sommet du glacier (6 362 m d’altitude !)
afin de découvrir l’étoile de la neige.
„„ SEMAINE SAINTE
AYACUCHO
La Semaine sainte débute le vendredi
précédant le Vendredi saint et se
prolonge jusqu’au dimanche de Pâques.
Ayacucho attire chaque année des
milliers de visiteurs de tout le Pérou
et des pays limitrophes : les rues sont
recouvertes de tapis de fleurs, que les
processions piétinent dans leur folle
farandole partout dans la ville.
Manifestation dans le centre de Lima.
Festivités 35

© STÉPHAN SZEREMETA

DÉCOUVERTE
Plaza Mayor, Lima.

© STÉPHAN SZEREMETA

Plaza de Armas et église de la Compañía, Cusco.


Cuisine
Boboboloblob
péruvienne
Produits et spécialités encore asados. Le maïs, autre plante de
la sierra, entre dans la composition des
Le Pérou, du fait de ses particularités
tamales ou, blanc et jeune (choclo), est
géographiques et climatiques, offre un
consommé bouilli.
éventail de produits alimentaires fort
La mer est d’un apport important dans la
étendu, incluant les fruits exotiques et les cuisine locale. Avec 3 000 km de côtes,
légumes des régions froides d’altitude, le Pérou est un grand pays de pêche
les viandes les plus variées et les fruits et cette activité remonte au premier
de mer et poissons ou les épices. Il ne peuplement du continent. Le poisson,
faut pas oublier que la pomme de terre, séché et salé, était acheminé vers les
le maïs, la tomate ou la dinde ont été Andes du temps de l’empire inca. Les
introduits en Europe après la conquête deux grands plats de poisson sont le
espagnole. ceviche, consommé cru et à qui sont
Les influences culturelles liées aux aléas consacrés des lieux spécialisés dans
de l’Histoire ont donné naissance à une tout le pays, les cevicherías, et le sudado,
cuisine péruvienne très diversifiée, où cuit à la vapeur.
se mêlent saveurs et modes de cuisson,
aller-retour perpétuel entre deux conti-
nents. S’y sont ajoutées au cours des
Boissons
Du fait de l’état sanitaire du pays (risque
siècles des touches africaines, avec
de choléra et de gastro-entérite), il ne
l’arrivée des esclaves noirs, mais aussi
faut jamais boire d’eau qui ne serait pas
française et italienne et surtout japonaise
achetée en bouteille dûment capsulée,
et chinoise, au point que les restaurants
sauf toutefois dans les grands restau-
« chifas » et les mets du même nom
rants de Lima. Il est parfois difficile,
font aujourd’hui partie intégrante de la
notamment dans le nord du pays et à
tradition culinaire nationale.
Lima, de trouver de l’eau minérale non
Le Pérou n’a pas, lui non plus, échappé
gazeuse. Les principales marques sont
à la vague de la nouvelle cuisine, une San Luis et San Antonio.
cuisine que l’on peut déguster dans
les grands restaurants limègnes où wwLa boisson nationale est l’Inca Kola,
œuvrent de nombreux jeunes chefs un mélange jaune au goût de bubble-
français. L’influence indigène est aussi gum gazeux. Exotique, à défaut d’être
sensible dans le mode de cuisson : on savoureux.
préfère dans la sierra le bouilli au frit wwLa boisson forte péruvienne par
et la pomme de terre est omniprésente excellence est le pisco. Fait à partir
(il en existe une centaine de variétés). de la fermentation des bouillons frais
Les plats à base de pomme de terre des moûts de raisin cultivés dans des
s’appellent ajices, ajiacos, causas, zones très précises du Pérou, c’est
papas rellenas, chupes, carapulcras ou une eau-de-vie fine et très alcoolisée.
Cuisine péruvienne 37

Elle sert de base au fameux cocktail wwLe Pérou n’est pas grand producteur
pisco sour : cocktail avec blanc d’œuf, de vins. On y boit surtout des vins
jus de citron vert, sucre, glace pilée chiliens. Parmi les productions locales,
et bitter. les plus connues sont Tacama, Ocucaje
wwLa chicha , qui se boit dans la ou Vista Alegre.
sierra, est une boisson à base de maïs
fermenté, de faible teneur en alcool. Habitudes alimentaires
La chicha morada, elle, n’en contient Les Péruviens prennent leurs repas
pas du tout. A base de maïs violet, relativement tôt comparé aux Français,
aromatisée à la cannelle, au clou de surtout dans les villages, car la popula-
girofle et au citron, elle se boit glacée. tion est souvent active dès 5h du matin.

DÉCOUVERTE
C’est une boisson rafraîchissante très Parmi les traditions péruviennes, l’une
populaire, qui accompagne notamment concerne directement l’alimentation :
les formules almuerzo et cena. les Quechuas, descendants des Incas,
versent encore à ce jour un peu de leur
wwC’est cependant la bière qui boisson sur le sol avant de la boire.
est la boisson vedette du pays. C’est une offrande à la Pacha Mama,
Les Péruviens en consomment des mère nourricière, en remerciement de
quantités phénoménales. Conditionnée la nourriture et de l’eau qu’elle fournit.
en bouteilles de 66 cl ou d’un litre, brune Des petites cantines typiques aux grands
ou blonde, elle est l’accompagnement restaurants de luxe, des cafés-bars
obligé des réunions de café. Les aux pollerias en passant par les menus
meilleures bières sont la Cusqueña et dans les autobus péruviens, ce pays va
la Pilsen Trujillo. d’un extrême à l’autre en ce qui concerne
Les plus courantes, et les moins chères, la restauration et ce, suivant le degré
la Pilsen Callao et la Cristal. Parmi les de modernité de la ville où l’on dépose
brunes, citons la Malta Polar. sa fourchette.
© STÉPHAN SZEREMETA

Papayes au marché central de Cusco.


Sports et loisirs
Randonnée – Alpinisme wwHuaraz : l’Alpamayo, le trek de Santa
Cruz dans le parc national Huascaran,
Dans ce secteur, le Pérou offre des possi-
la Cordillère Huayhuash.
bilités infinies. Le choix dépendra de vos
objectifs, de votre expérience et de la wwCusco : Chemin de l’Inca jusqu’au
période de l’année où vous planifiez votre Machu Picchu, Choquequirau, le mont
séjour. L’organisation s’est perfectionnée Ausangate dans la Vallée Sacrée.
au fil des ans et vous trouverez toujours wwArequipa : Vallée des Volcans, Canyon
un guide compétent ou une agence qui de Colca (condors) et ascension du Misti.
pourront vous aider. Une première diffi-
culté à laquelle il faut s’attendre est le Rafting
besoin d’acclimatation à l’altitude, dont Le Pérou est l’un des plus beaux endroits
la durée varie selon les individus mais du monde pour pratiquer le rafting. On
qui exige au minimum trois jours. peut s’y adonner dans des environne-
Les trois principales régions du ments très différents, toute l’année,
Pérou pour les marches en montagne dans des paysages à couper le souffle.
sont celles de Huaraz, Cusco et La première difficulté qu’il vous faudra
Arequipa. Voici les tours qui y sont les affronter, avant même d’avoir donné le
plus pratiqués : premier coup de pagaie, sera de trouver
© MIKADUN / SHUTTERSTOCK.COM

Trekking dans la Cordiliera Huayhuash.


Sports et loisirs 39

© CHRISTIAN VINCES / SHUTTERSTOCK.COM

DÉCOUVERTE
Miraflores, Lima.

une bonne agence qui organisera votre renseignez-vous sur le matériel (l’état
expédition. Les deux arguments princi- des vélos peut-être sujet à caution) et
paux à garder en tête sont la sécurité et vérifiez bien les pièces de rechange
l’environnement. Les lieux où se pratique (bombe anti crevaison, chambre à air,
ce sport sont souvent reculés et difficiles etc...).
d’accès. En cas d’accident, seront-ils
accessibles aux secours ? La réponse Surf
que l’on vous donnera restera souvent Les plages au sud de Lima sont très
évasive. Dans tous les cas, vérifiez prisées des surfeurs. Le spot de
que vous avez une bonne assurance Mancora, tout au nord près de la frontière
personnelle qui couvre l’activité rafting. équatorienne, attire des débutants
Il n’existe pas actuellement de contrôle comme des plus confirmés (en plus,
des agences et celles impliquées dans l’eau y est plus chaude !). Enfin, les
des accidents peuvent trop souvent vagues de Huanchaco (près de Trujillo)
continuer à fonctionner comme si rien sont tellement réputées que des compéti-
ne s’était passé. tions internationales y sont régulièrement
organisées.
VTT
Le callejon de Huaraz se prête au VTT Parapente
et propose plusieurs circuits balisés. Un club a élu domicile dans le quartier
Attention, il faut supporter l’effort en de Miraflorès à Lima (près du parc
altitude ! Vous trouverez aussi quelques de l’Amour). Les débutants peuvent
loueurs de VTT dans la vallée sacrée sauter en tandem et survoler ainsi les
de Cusco et dans le canyon del Colca immeubles du quartier d’affaires et la
près d’Arequipa. Encore une fois, plage de la capitale.
Enfants du pays
Eva Ayllon à une déflagration : celle de l’éclat des
couleurs. Ce sont elles qui vous saisissent
La voix du Pérou noir. Si vous demandez
tout d’abord, vives, gaies, audacieuses…
à un Péruvien quelle est sa chanteuse
Formidablement vivantes ! On est loin
préférée, spontanément il répondra : Eva de l’image stéréotypée que l’on peut
Ayllon ! Bien que le public européen ne se faire de la peinture contemporaine,
l’ait découverte que récemment, cela souvent associée à l’abstraction, à une
fait plus de trente ans qu’Eva, forte de vision intellectuelle, incompréhensible
plus de vingt albums, est considérée pour le non-initié. De prime abord, les
comme la meilleure interprète péru- tableaux de Braun-Vega sont saisissants
vienne, dotée d’une voix magnifique et par la proximité qu’ils instaurent avec le
d’une formidable présence sur scène. spectateur. Des scènes quotidiennes en
Elle débute dans différents établisse- apparence, vibrantes à force de couleur
ments de Lima avant de faire partie et de mouvement, qui permettent à
du trio Los Kipus dont elle est la voix tous de se glisser avec plaisir dans cet
féminine. A partir de 1977, elle connaît le univers et d’écouter les histoires simples
succès et brille de sa propre lumière. Elle qu’il nous raconte. Mais qu’on ne s’y
entame alors de nombreuses tournées trompe pas, cette simplicité n’est que
en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et la première marche d’un escalier qui
au Japon. Eva porte très haut la musique souhaite nous emmener bien au-delà de
péruvienne de la région côtière, en parti- l’anecdotique. Car le projet du peintre est
culier la musique afro-péruvienne, la aussi audacieux que sont éclatantes ses
música criolla, sauvant de l’oubli des couleurs. Il s’agit d’embrasser l’espace
siècles de souffrance quotidienne, des entier de l’imaginaire, à la fois collectif et
comptines et des mélodies traditionnelles singulier, pour, comme il le dit lui-même,
qui s’expriment à travers les rythmes « ne pas laisser place au non-sens, à la
syncopés de valses et de polkas, et barbarie ».
surtout à travers la marinera, danse
nationale du Pérou accompagnée de la Antonio Díaz-Florián
guitare et du cajón. L’une de ses chansons Comédien, metteur en scène, directeur
les plus connues est : Estoy enamorada de théâtre, Antonio Díaz-Florián est né à
de mi país (Je suis amoureuse de mon Cajamarca, au Pérou. Pour compléter ses
pays). Son dernier album, sorti en 2004, études à l’Ecole d’art dramatique (Ensad)
s’intitule Eva ! Leyenda Peruana. de Lima, il arrive à Paris dans les années
1960. S’il fait du théâtre, ce n’est pas par
Herman Braun-Vega hasard : c’est une énergie interne qui le
Les couleurs de la mémoire. Pénétrer pousse, par exemple, à former l’atelier de
dans l’univers pictural du peintre péruvien l’Epée de Bois en janvier 1968, avec ses
H. Braun-Vega, c’est d’abord s’exposer amis de la faculté de Censier.
Rassemblement d’écoliers sur la Plaza Mayor de Lima.
© STÉPHAN SZEREMETA
42 Enfants du pays

« Nous étions passionnés, authentiques. du conflit entre la guérilla maoïste du


Le théâtre nous faisait vibrer », explique- Sentier lumineux et les militaires, qui a
t-il. « Mon inspiration ? Le Machu Picchu, coûté la vie à 69 000 personnes entre
sa beauté, son mystère et l’énergie que 1980 et 2000, Guzmán n’est que le chef
j’ai trouvée là-bas ». Après trente-deux fantôme d’une armée en déroute qui
ans de carrière, Antonio Díaz-Florián continue cependant épisodiquement la
est aujourd’hui directeur du théâtre lutte, avec d’autres méthodes, dans les
« L’Epée de Bois », à la Cartoucherie de départements d’Ayacucho, d’Apurímac
Vincennes, et de la compagnie « Espada et de Huancavelica, où sévit la misère
de Madera », à Madrid. Lors d’un combat la plus dure.
à l’épée, précisément, Antonio a perdu
un œil sur scène. Un accident qui a Susana Baca
beaucoup compté pour lui. Il parvient à Compositrice et chanteuse née en
en sourire : « La vie n’est qu’un sursis 1944 à Lima, c’est l’ambassadrice de la
qui nous donne le temps. » Cet artiste musique afro-péruvienne. Elle a enrichi
a le don de vivre intensément chaque son répertoire avec des poèmes popu-
instant de sa vie. Sa raison de vivre ? laires du Pérou, ainsi que ceux de Pablo
Le théâtre ! Neruda. Elle danse, elle chante d’une
voix profonde où se mêlent la mélancolie
Abimael Guzmán et le rythme joyeux du festejo, et les
On pourrait se demander ce qui a poussé peines de son peuple deviennent du
un jeune professeur de philosophie de bonheur...Parallèlement à sa carrière
l’université de Huamanga, à Ayacucho, artistique internationale, Susana reste
à prendre la voie de la lutte armée. en contact avec la nouvelle génération
Ce serait toutefois ignorer les diffi- de son pays, à laquelle elle offre une
cultés dans lesquelles se débattait le grande partie de son temps et de son
Pérou des années 1980, et notamment cœur : avec son mari, Ricardo Pereira,
les indigènes de la sierra. Inspiré par elle a fondé en 1992, à Chorillos (Lima),
Mao Zedong, anticastriste, Abimael l’Instituto Negro Continuo, qui réunit
Gúzman, le « Presidente Gonzalo », musiciens académiques et populaires
va, à la tête d’une armée de guéril- s’employant à diffuser la musique afro-
leros, el Sendero Luminoso (le Sentier péruvienne.
lumineux), propager une terrible vague Les jeunes Péruviens peuvent venir y
de violence qui ensanglantera le pays, écouter des enregistrements de musique
faisant des milliers de victimes et ancienne et lire des documents sur
d’exilés intérieurs. l’histoire de la musique métisse. Susana
Sa chute, en septembre 1992, sera l’oc- a obtenu le Grammy Latino du « Meilleur
casion pour Alberto Fujimori d’annoncer album folk » en 2002 pour Lamento
le triomphe de sa politique de « pacifica- Negro, et a édité une dizaine d’albums.
tion ». Emprisonné dans la base militaire En 2011, elle a été nommée ministre de
de Callao pour une peine de prison à la Culture du Pérou dans le gouverne-
perpétuité pour terrorisme, meurtres ment d’Humala : un bref passage de
et autres crimes commis dans le cadre quelques mois.
VISITE

Cathédrale de Lima sur la Plaza Mayor.


© STÉPHAN SZEREMETA
Lima
A Lima, la population augmente de comme on le voit dans la littérature, est
250 000 personnes par an, principa- la mère du spleen qui plombe l’âme
lement des paysans pauvres, fuyant limègne. La garúa aggrave aujourd’hui les
la misère de la sierra et espérant problèmes de pollution d’une mégalopole,
trouver dans la capitale les moyens de surnommée à juste titre la ville grise,
survivre. Ce flux ne finit pas de poser de envahie par des millions d’automobiles et
nouveaux problèmes à la municipalité : de bus. En été toutefois, le soleil perce le
logement, circulation, adduction d’eau voile opaque et, en fin d’après-midi, une
(un peu partout à la sortie de la ville, légère brise marine dissipe la touffeur,
des inscriptions disent : « ¡ agua es la dispensant même une sensation de réelle
vida, cuidala ! » soit « l’eau, c’est la vie, fraîcheur liée à l’humidité ambiante.
prends-en soin ! »), santé, délinquance.
La chasse aux vendeurs à la sauvette
– qui, avec la crise, se sont multipliés, Centro histórico
mais fondent l’identité populaire de Lima En tant que touriste, on parcourt surtout
– est ouverte dans le centre-ville, où la un périmètre situé entre la Plaza San
concentration policière est véritablement Martin et la Plaza de Armas, le long
impressionnante. S’étendant sur quarante du très commercial et piétonnier Jirón
districts (d’incessants embouteillages de la Unión. C’est ici qu’on trouvera les
rendent les trajets encore plus longs et plus belles églises, casonas, balcons
pénibles), Lima est construite selon le coloniaux. Beaucoup ont été réhabilités.
principe de rues parallèles et perpendi- C’est aussi le cœur du Lima administratif
culaires formant des cuadras : chaque où siègent la municipalité, le Congrès et
cuadra représente environ cent mètres, les principaux journaux. En continuant
soit cent numéros de rue (exemple : derrière le palais présidentiel, on se
la cuadra 5 regroupe les numéros de retrouve sur la Alameda Chabuca Grande,
500 à 599). Cette organisation, typique une esplanade piétonne et populaire
des villes d’Amérique latine, en rend avec petits stands de nourriture et
l’orientation assez facile. Les styles ambiance plutôt familiale. Après avoir
d’architecture et de vie diffèrent d’une franchi le pont et la Panaméricaine nord,
partie à l’autre de la ville. on pénètre dans un tout autre univers
De novembre à avril, la température par le Jirón Trujillo, bordé de balcons
oscille entre 16 et 28 °C, de juin à branlants. Au bout se dresse l’église
septembre, elle stagne aux alentours San Lázaro, en piteux état, flanquée d’un
de 14 °C. S’il ne pleut jamais à Lima, couvent qui fut une léproserie. Le Rímac,
une brume continuelle, appelée garúa, peuplé à l’origine par les pêcheurs et
l’enveloppe en revanche en automne et les esclaves africains, garde, grosso
en hiver (de mai à novembre). Celle-ci, modo, son visage d’autrefois, mais s’est
Centro histórico - Lima 45

étendu sur les collines décharnées des Construite en 1535 sur l’emplacement
alentours, dont le Cerro San Cristóbal et d’un temple précolombien, c’est la
sa terrasse panoramique, où les maison- doyenne de Lima. Située sur le côté
nettes d’adobe peintes de couleurs pastel gauche du palais présidentiel, dans la
composent une étonnante mosaïque : ruelle menant au río Rímac, cette casona
la carte postale typique. Une profusion est toujours habitée par les descendants
de petites gargotes, où l’hygiène n’est du fondateur, compagnon d’armes de
pas forcément garantie, assure des Pizarro. Le patio ouvre sur des pièces
déjeuners à bas prix. On peut se rendre parmi les plus richement décorées qui
à pied jusqu’à la Plaza de Toros de Acho se puissent voir. Un joli bijou qui reçoit
par la calle Marañon, il faut toutefois les jeudis soir pour un menu dégustation
user de beaucoup de prudence, de jour en 7 temps prestigieux.
comme de nuit. L’ascension au Cerro San „„ CASA GOYENECHE
Cristóbal est possible en bus (départs En face du Palacio Torre Tagle, encore

VISITE
aux alentours de la Plaza de Armas), appelée Casa Cavero ou Casa Rada,
fortement déconseillée par soi-même. cette casona bâtie au XVIIIe siècle est
„„ ALAMEDA DE LOS DESCALZOS d’influence nettement française. A côté
Au bout du Jr. Chiclayo, Rimac du Torre Tagle, visitez le Centro Cultural
Inca Garcilaso : jolie casona républicaine,
Cette « promenade des pieds-nus »
sols marbrés, expositions temporaires.
dallée date de 1616. Placée sous la
surveillance de douze sculptures en „„ CATEDRAL
marbre, importées d’Italie et représen- Plaza Mayor
tant les signes du zodiaque, elle est Avec sa chapelle attenante, elle domine
ombragée par des arbres centenaires la Plaza de Armas de ses deux clochers.
et cernée d’une grille en fer forgé du Edifiée en 1625, elle apparaît telle qu’elle
plus bel effet, longue de 900 m et ornée fut reconstruite (cette réalisation fut,
de vasques. Au fond, sous la colline, le et demeure, très controversée) après
couvent de los Descalzos. Deux églises, le séisme de 1940 : mélange – un peu
del Patrocinio, de 1688, et de Santa lourd – d’éléments baroques, romans et
Liberata, de 1713, encadrent l’allée. gothiques. L’autre sujet de controverse
Assurément, le coin le plus romantique est la prétendue présence ou la supposée
de la vieille ville. On y arrive depuis absence des restes de Francisco Pizarro
le puente Trujillo (moderne enlieu et qui reposerait dans la chapelle, à droite
place du Puente Piedra antique) et en de la nef. Les autels et retables sont en
remontant les Jirón Trujillo et Chiclayo. tout point remarquables, tout comme
Récemment restaurée, elle reste dans les sièges et bancs du chœur, dus à
un quartier dangereux. Prudence. l’artiste catalan Pedro Noguera, ainsi
que certaines peintures. La sacristie
„„ CASA ALIAGA abrite un musée religieux. Pour ceux qui
Jr de la Junion 224 ne souhaiteraient pas s’acquitter du droit
& +51 1 427 7736 d’entrée, la cathédrale est ouverte pour
www.casadealiaga.com les offices à 8h ; dans ce cas, discrétion
reservas@casadealiaga.com souhaitée.
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48 Lima - Centro histórico

„„ CERRO SAN CRISTÓBAL Lima et son parvis, envahi de pigeons, lui


Tout au long de l’ascension et en traver- donne un faux air de Venise. La belle salle
sant un pueblo joven (bidonville), où les du chapitre, avec un retable doré à la
maisons précaires sont quasiment toutes feuille, est cernée de portraits attribués
faites d’adobe, vous suivrez le chemin de à Zurbarán et à ses élèves. La biblio-
croix (13 croix vertes symbolisant l’espoir thèque abrite quelque 25 000 volumes.
bordent la piste). La dernière, la plus Les catacombes, découvertes seulement
grande, se trouve au sommet. Appelée en 1951, hébergent les ossements de
la Croix des Miracles, elle domine toute la près de 70 000 défunts. Fascinant !
capitale du haut de ses 26 m et est l’abou- „„ IGLESIA Y CONVENTO
tissement d’un pèlerinage célébré chaque DE SANTO DOMINGO
année le premier dimanche de mai. Angle de Jirón Conde de Superunda
„„ CIRCUITO MAGICO et Camana
DEL AGUA L’église où reposent Santa Rosa de Lima
Parque de la Reserva et Martín de Porres, le saint noir, possède
www.parquedelareserva.com.pe une façade sobre, de nombreuses fois
Un endroit qui mérite le détour ! En tout, restaurée. Le clocher a été reconstruit
13 fontaines extraordinaires raviront après le séisme de 1940. Les retables
vos sens grâce à leur mise en lumière baroques qui meublent les nefs sont de
et leur musique. Fuente magica, fuente forte influence mauresque. Les cloîtres
de la fantasia de 120 m, fuente del arco sont une oasis de fraîcheur dans la
iris : c’est le circuit de jets d’eau le plus chaleur ambiante. Le premier, du
grand du monde ! Le parc est propice à la XVIIe siècle, est orné d’azulejos sévillans,
promenade et à la rêverie. Le spectacle le second déploie ses arcades autour
« son et lumière » est impressionnant, d’une fontaine. Belle bibliothèque.
il est visible à 19h15, 20h15 et 21h30.
„„ MUSEO DE ARTE DE LIMA
„„ IGLESIA Y CONVENTO (MALI)
DE SAN FRANCISCO Parque de la Exposicion
Angle Jirón Lampa et Ancash Paseo Colón 125
www.museocatacumbas.com & +51 1 204 0000 – www.mali.pe
Entourée des églises de la Soledad et informes@mali.pe
del Milagro, San Francisco mit plus d’un Les salles du vaste édifice couvrent l’en-
siècle à s’élever au-dessus du pavé : en semble des manifestations artisanales
conséquence, elle fut l’une des rares de l’ère préinca (céramiques, textiles,
à supporter sans dommage tous les bijoux) ainsi que les différents courants
séismes. Sa façade de pierre taillée vaut artistiques péruviens, de la conquête à la
à elle seule le déplacement. A droite en fin du XXe siècle. Importantes collections
entrant, un fantastique retable, dédié de peintures du Virreynato (écoles de
à Judas Tadeo, éclipse par ses ors Cusco et Lima notamment) et meubles
l’autel central. Les chaises du chœur de la période républicaine. On découvrira
sont taillées dans le cèdre du Nicaragua ; les œuvres du Français Bonnaffé ou
colonnes et voûte sont ornées de reliefs de Carlos Baca-Flor, mort à Neuilly et
en plâtre. Cette église est la plus belle de membre de l’Académie française des
Callao, Pueblo Libre et l’ouest - Lima 49

Beaux-Arts. Dans l’escalier, une immense

© STÉPHAN SZEREMETA
tapisserie d’Aubusson. Le tout constitue
un utile résumé de l’histoire du Pérou.
Expositions temporaires. Toute la galerie
qui héberge la collection a été rénovée
et devrait avoir rouvert à l’heure où vous
lisez vos pages.
„„ PALACIO TORRE TAGLE
Angle Jirón Ucayali et Azángaro
Siège du ministère des Affaires étran-
gères, c’est le plus édifiant et le plus
époustouflant exemple d’architecture
coloniale. Construit en 1730, il arbore
à sa boutonnière de pierre, en façade,

VISITE
deux balcons de bois à jalousies et une
porte cochère en pierre taillée du plus pur Église de Santo Domingo.
baroque. Le patio est entouré de balus- notamment depuis sa restauration
trades, arches et colonnes mauresques. de 1938. Chaque jour à 12h, la foule
„„ PLAZA MAYOR/ s’agglutine contre la grille pour assister
PLAZA DE ARMAS aux fastes de la relève de la garde sur
Ici règne comme un enchantement : c’est le son de El condor pasa. A côté du
là que Francisco Pizarro créa la ville, palais, la statue équestre de Pizarro
en traçant, dit-on, avec sa rapière, un encombre la petite place du même nom.
damier matérialisant les rues. Le palais A l’autre angle, on ne manquera pas la
du gouvernement fut érigé sur les ruines Casa del Oídor et son long balcon vert,
de la demeure de Tauli Chusco, cacique maison la plus ancienne de la place,
du Rímac ; la cathédrale à l’emplacement et le Palacio Episcopal aux balcons de
du temple inca dédié au puma ; quant au bois taillé. Sur un autre flanc, face à la
Cabildo, le conseil municipal, il remplaça cathédrale, la Municipalidad, reconstruite
la maison d’un envoyé de l’Inca. La plaza en 1946 dans le style néocolonial, est un
fut le théâtre de tous les événements bel immeuble à balcons de bois.
politiques du pays, à commencer par
l’assassinat du fondateur de la ville sur
les marches de son palais. La place servit
Callao, Pueblo Libre
également d’arène pour les corridas et l’ouest
(la première eut lieu en 1540) et les A 14 km de la capitale, sur une
exécutions publiques commandées par péninsule en forme de botte, Callao,
l’Inquisition, à l’endroit précis où trône avec 800 000 habitants, est le port le
aujourd’hui la fontaine élevée en 1651, plus important du pays. Tout au bout, à
autour de laquelle jouent le soir des la pointe, on trouve le quartier résidentiel
groupes musicaux. Le palais présidentiel, de La Punta, station balnéaire et privilé-
appelé aussi palais de Pizarro, trouve giée qui a gardé beaucoup de casonas
tout naturel d’y afficher sa majesté, d’époque et un calme royal.
50 Lima - Callao, Pueblo Libre et l’ouest

Entre le centre et l’aéroport, on trouve entre 25 à 35 personnes mais c’est l’un


Pueblo Libre, quartier relativement tran- des bateaux qui offre des combinaisons
quille, où réside la classe moyenne de et la possibilité de se baigner in situ.
Lima. Peu de touristes y circulent... sauf Chouette. Pour ceux qui auraient une
pour visiter les deux superbes musées petite faim en sortant, le restaurant
qui y sont situés. Cabos juste devant les yachts, avec
vue sur le port, est une excellente
„„ FORTALEZA adresse.
DEL REAL FELIPE
Plaza Independancia „„ MUSEO LARCO
Callao Avenida Bolívar 1515, Pueblo Libre
& +51 1 429 0532 & +51 1 461 1312
Edifiée entre 1747 et 1774, sur 70 000 m², www.museolarco.org
voici une belle construction ! Destiné à Dans une merveille de casona coloniale
contenir les attaques des pirates qui du Lima moderne, la plus importante
avaient maintes fois, comme John Drake, collection particulière précolombienne
mis à sac le port, c’est le fort le plus rassemble plus de 45 000 pièces. Très
puissant que possédait l’Espagne en beaux textiles paracas, dont un tissu
Amérique latine. A l’intérieur, le Museo comptant 398 brins dans un pouce carré
del Ejército offre une interminable collec- et des sculptures de pierre provenant
tion d’armes des XVIIIe et XIXe siècles. de Chavín de Huantar. Sans oublier la
Des remparts, on surveille le Pacifique. bóveda, le coffre renfermant des objets
Compter deux heures pour la visite en métaux et pierres précieuses, dont
complète guidée. une fabuleuse parure complète de
dignitaire chimú : pectoral, bracelets,
„„ ISLAS PALOMINO diadème, boucles d’oreilles. Le musée
& +51 1 4359230 Larco doit une bonne part de sa réputa-
www.maradentroexcursiones.com tion justement méritée à ses céramiques
Partant du Marina Club (sur le port, érotiques. Ici s’exhibent les objets de la
à côté de la Fortaleza Real Felipe) culture mochica. Ces fins artisans, aux
un bateau vous emmène jusqu’à las mœurs débridées s’il en fut, ont décliné
Islas Palomino où se concentre la plus toutes les étapes de la vie sexuelle de
importante colonie de lions de mer du leurs contemporains, avec une grande
Pérou. Les îles Palomino ne sont pas crudité, sans omettre ni les détails les
aussi célèbres que les îles Ballestas, plus scabreux ni les risques vénériens
plus au sud, pourtant, on y trouve les encourus. L’autre curiosité unique de
mêmes richesses naturelles, et il est ce musée réside dans le « depósito »,
tout aussi possible de photographier magasin où sont entreposés, sur des
les lions de mer et de se baigner à étagères et par catégories (femmes –
leurs côtés. Les îles Ballestas sont thème rare dans ces cultures – vampires,
accessibles depuis Paracas (à 4h de guerres, sacrifices, fleurs…), des
route au sud de Lima). Pour les îles milliers de céramiques. Autre bon point :
Palomino, le bateau part du Callao et le les panneaux sont rédigés en espagnol,
tout dure seulement 3 heures. A bord anglais, français, italien, allemand et
San Isidro et Miraflores - Lima 51

japonais. Joli café-restaurant avec


terrasse sous un boungainvilliers (pâtes, San Isidro
criollo, plats pour enfants). et Miraflores
„„ MUSEO NACIONAL C’est le centre névralgique des affaires
DE ARQUEOLOGIA de la capitale. Hôtels, restaurants,
Y ANTROPOLOGIA galeries d’art, cafés, boutiques, agences
Av. Bolívar de voyages et bancaires s’alignent le
Pueblo Libre long des avenues. Quartier verdoyant,
& +51 1 463 5070 Miraflores accueille, sous les frondaisons
A hauteur de la cuadra 8 Géneral de ses parcs, les casonas comme la
Vivanco, face à la Municipalidad. Quinta Bustos ou la Casa Julio Tello.
Ce musée possède d’inestimables Débouchant sur le Parque Kennedy, la
trésors des différentes cultures préincas. rue piétonne San Ramón, rebaptisée
A ne pas manquer, la salle mochica calle de las Pizzas, était le rendez-vous

VISITE
et les vitrines consacrées à la culture des jeunes venus de toute la ville. Elle
wari, les quelques céramiques érotiques, est aujourd’hui très touristique. Par
les textiles de Paracas, les bijoux et l’avenue Larco ou le Malecón 28 de
ustensiles chimú, les momies au crâne Julio, on atteint le Malecón (front de
déformé et trépané des peuples de mer) avec ses beaux jardins : le Parque
la côte (une momie particulièrement Salazár, que Mario Vargas Llosa et Julio
impressionnante se voile la face avec Ramón Ribeyro ont élu comme décor
la main gauche où luisent les ongles). pour nombre de leurs livres, aujourd’hui
Les pierres gravées – dont la stèle à côté de l’immense centre commercial
Raimondi de la période chavín, haute de à ciel ouvert Larcomar et le Parque del
2 m, et l’obélisque Tello trouvé à Chavín Amor qui, inauguré le 14 février 1993,
de Huantar, avec ses gravures d’animaux prend des airs du Parque Güell de Gaudi
fantastiques – tout comme les mains à Barcelone...
croisées de Kotosh, constituent autant
de sujets époustouflants. Passionnant „„ HUACA PUCLLANA
également, le Museo Nacional de Historia Jirón General Borgoño cuadra 8
présente des meubles et des peintures & +51 1 617 7148
des périodes coloniale et républicaine http://huacapucllanamiraflores.pe
(et notamment une remarquable galerie wwLe site évoque un centre spirituel et
des quelque 35 portraits des vice-rois administratif de la culture lima (200 à
du Pérou). Cette partie est située dans 700 après J.-C.). Les pyramides en
la Quinta de los Libertadores, une vaste « adobitos » (les murs, semblables à des
maison coloniale avec patio fleuri, qu’ha- bibliothèques, sont construits en « petits
bitèrent successivement José de San livres d’adobe » espacés les uns des
Martín et Simón Bolívar, les libérateurs autres, ce qui leur donne des propriétés
du pays. Une visite indispensable avant antisismiques) de 30 m de hauteur
de se rendre sur les sites archéologiques seraient érigées sur des ossements
de l’intérieur. Service de guide en français de femmes sacrifiées ainsi que sur
(S/ 15). des bris de vasques en céramique.
52 Lima - San Isidro et Miraflores

Les plantes, arbres et fleurs font Un énorme bâtiment massif qui héberge
également l’objet d’une reconstitution de aussi le ministère de la Culture. Inauguré
l’époque, tout comme el perro peruano, en 1990, ce musée, œuvre majeure
chien typique péruvien sans poil… On du premier mandat d’Alan García,
voit aussi des lamas, alpacas et cuy n’a jamais été totalement terminé.
dans un enclos. Une visite intéressante, L’exposition permanente d’archéologie
surtout que le site est bien valorisé et histoire a été fermée. Ne reste que
avec un guide compris dans le prix du des expos temporaires sur le folklore.
billet. Dommage qu’il y ait si souvent Le 6e étage du musée revient sur les
du brouillard, car on aurait une belle actions du mouvement terroriste du
vue sur Lima du haut de la pyramide ! Sentier lumineux qui commença dans
wwSon restaurant (& +51 1 445 4042 les années 1980 et qui fit 70 000 morts
– www.resthuacapucllana.com) vaut le ou disparus au Pérou.
détour. Tout d’abord, son emplacement „„ MUSEO DE ORO DEL PERU
est unique et offre sans doute l’un des Av Alonso de Molina 1100
panoramas les plus romantiques du Monterrico, Surco
Pérou. On peut d’ailleurs se promener & +51 1 345 1271
au milieu des ruines illuminées après
www.museoroperu.com.pe
dîner. Ensuite, la cuisine péruvienne, avec
La somptueuse résidence abrite une
une touche « fusion nouvelle cuisine », est
splendide collection d’orfèvrerie préco-
excellente ! Comptez S/ 100 à la carte.
lombienne provenant essentiellement
wwPlus économique et avec une des cultures chimus et lambayeque
petite terrasse tranquille et saveurs (XIe au XVe siècle). Les pièces ont été
italiennes : la Bodega de la Trattoria, au achetées, une à une, aux « huaqueros »
sortir de la Huaca (Calle General Borgoño et aux collectionneurs privés du monde
748, & +51 1 2416899). entier, commanditaires le plus souvent
„„ MUSEO AMANO du pillage des tombes ; une partie impor-
Calle Retiro 160 tante a été prêtée. Le visiteur est saisi de
Cuadra 11 Av Angamos Oeste vertige devant tant d’objets, somme toute
& +51 1 4421 2909 usuels, d’argent, d’or pur, de cuivre, de
Un collectionneur (d’origine japonaise) pierres précieuses : colliers, bracelets,
fou des tissus chancay a amassé les boucles d’oreilles et de nez de taille
objets de sa passion dans sa somptueuse incroyable, ornés de figures zoomorphes,
demeure. On y admirera également des masques funéraires, coupes incrustées
céramiques, de petite taille mais de fine de turquoises, couronnes, couteaux de
facture, des bijoux, des quipus ou encore sacrifice (tumis) et diadèmes brillant
des métiers à tisser. Rénové et encore de dix mille feux. Et comme si cela ne
mieux mis en valeur. Essentiel. suffisait pas, le musée possède une
collection unique d’armes et uniformes.
„„MUSEO DE LA NACION Audioguide en français. Prévoir trois
Av Javier Prado Este 2466 à quatre heures pour une visite (in)
San Borja complète. La collection est toutefois
& +51 1 476 9878 moins importante aujourd’hui, d’où des
Barranco et la Costa Verde - Lima 53

plaintes sur le prix d’entrée. Le musée „„ MATE MUSEO MARIO TESTINO


souffre d’ailleurs de mauvaise réputation Pedro de Osma 409
depuis la médiatisation des soupçons & +51 1 251 7755
sur l’authenticité de certaines pièces. www.mate.pe
A noter que ce musée est excentré vers Pour les fans du photographe de mode
l’est de Miraflores : prendre un colectivo qui a immortalisé les plus grandes stars.
sur l’avenida Angamos Este qui fasse Né à Lima, Mario Testino fait beaucoup
aussi la avenida Primavera. pour le renouveau culturel de la ville.
Cette galerie propose plusieurs salles :
Barranco l’une dédiées à Kate Moss, l’autre à
Diana, et autres portraits de stars. Une
et la Costa Verde salle est aussi consacrée à son travail sur
Le quartier de Barranco conserve son le folkore. Expos temporaires. Plutôt petit
caractère fin XIXe siècle, et beaucoup mais dans une jolie casona élégante,

VISITE
d’intellectuels et d’artistes l’ont choisi avec une boutique pour des cadeaux
pour son calme, ses villas de l’époque branchés et un agréable café-restaurant
républicaine, ses arbres séculaires et la avec mini terrasse.
proximité de la plage. Là, abondent bars „„ MUSEO PEDRO DE OSMA
et restaurants : chacun peut y faire la Avenida Pedro de Osma 421
fête selon ses affinités et désirs, ce qui & +51 1 467 0063
fait de Barranco l’un des quartiers les www.museopedrodeosma.org
plus animés de la capitale. Récemment, comunicacion@fundacionosma.org
il a réaffirmé son âme artistique avec La villa d’Angélica et Pedro de Osma,
l’ouverture de plusieurs musées et cafés généreux médecins et donateurs (ils
hippies et sains. Il faut franchir le Puente ont fondé une maison de retraite et
de los Suspiros et longer sur la gauche un orphelinat pour nécessiteux), a
pour accéder au mirador d’où le regard se été transformée en un élégant musée
perd sur la Costa Verde. Le petit port de où sont exposées les acquisitions du
pêche de Chorillos verrouille la plage de couple. Elles constituent le plus bel
Barranco au sud. La Costa Verde (même ensemble d’œuvres du Virreynato
si elle est souvent plus grise que verte) (XVII e et XVIII e siècles) qui se puisse
est une chaîne ininterrompue de plages trouver. Dans la spacieuse demeure toute
en contrebas, la voie express à ses côtés, blanche, on pourra admirer des meubles
longeant les falaises, de Magdalena del incrustés de nacre et des retables dorés
Mar jusqu’à Chorrillos. C’est là que se à la feuille. Aux cimaises des murs en
succèdent les restaurants à la mode boiserie sont accrochées les peintures
(qui ne sont pas nécessairement les de l’école de Cusco (dont une admirable
plus fins) et clubs privés. Envahies par Virgen de Mopata). D’anciennes pièces
les baigneurs en été, ces plages, où d’orfèvrerie d’Ayacucho achèvent de
l’eau est froide et agitée, ne sont pas donner une idée de ce que fut cet El
des parangons de propreté, mais sont Dorado qui fit couler tant d’encre et de
en revanche propices à la pratique de sang, et brisa tant de rêves. Bâtiment
la planche à voile et du surf. et pièces sublimes.
Les environs de Lima
AU NORD de route tout de même). On y trouve des
guides locaux. Certaines voitures peuvent
vous avancer jusqu’à Pampas et il vous
ANCÓN restera 7 kilomètres à marcher jusqu’à
Par la Panamericana Norte, au km 43, l’objectif bien visible. Possible de planter
voici Ancón, plage de prédilection des la tente à Pampas ou Rúpac même ou de
Liméniens aisés jusque dans les années dormir dans les familles de La Florida.
1960. Aujourd’hui, ce petit port de pêche, Affluence les jours fériés péruviens.
qui abrite un cimetière pré-inca, vivote.
Idéal donc pour une journée tranquille CARAL
à la mer. Un peu plus loin commence el A 180 kilomètres au nord de Lima, au
Valle de Chancay, centre de la culture du bord du Río Supe, on trouve le vestige
même nom, qui abrite un château de type de la plus ancienne cité précolombienne
médiéval populaire les fins de semaine. d’Amérique connue à ce jour (plus de
5 000 ans), inscrite au patrimoine
RESERVA NACIONAL DE LACHAY mondial de l’UNESCO depuis 2009.
Au km 105, la déviation à droite conduit Cette civilisation, vivant de l’agricul-
à la Reserva Nacional de Lachay où, ture et de la pêche, a laissé marque
en plein désert, croît, sous un micro- de six pyramides au milieu d’un désert
climat, une étrange et abondante (tout aride presque blanc. La plus imposante
est relatif) végétation. s’élève à 18 mètres. Une découverte
majeure. Intéressant musée sur le site.
RÚPAC Célébrations du Caral Raymi fin octobre.
A Rúpac, dans la province de Huaral,
on le surnomme aussi le Machu Picchu
limeño. Un rien présomptueux sans doute
À L’EST
mais cet ensemble de tours carrées,
planté sur un promontoire au cœur PURUCHUCO
des montagnes et antérieur aux Incas, 2 000 momies ont été découvertes en
ne manque pas de charme mystique. 2002 dans ce gigantesque cimetière
Surtout lorsque la brume domine inca. A voir également dans le petit
l’horizon et se lève peu à peu. musée créé pour l’occasion : des quipus
La route mène de Lima à Huaral puis (cordelettes reliées entre elles par des
Acos, et enfin au village de La Florida, nœuds qui servaient de système de
dernier stop pour les vivres (compter 8h comptage aux Incas).

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Les environs de Lima

45 Km.
56 Les environs de Lima - À l’est

MARCAHUASI on y trouve aussi quelques routes faites


pour l’aventure. On en a retenu deux.
Marcahuasi est un site unique, à 80 km
et 3 heures de route à l’est de Lima, sur wwLe Cañón de Autisha est une
un plateau situé à 4 000 m d’altitude. descente de 200 mètres où l’on se
On y découvre des ruines pré-incas faufile entre deux parois immenses
et des structures géologiques halluci- puis débute un chemin dans l’obscurité
nantes, aux multiples figures humaines vers la cascade de Sheke et sa lagune
souterraine. On y va équipés de casques
ou animales, comme sculptées par les
et cordes mais pas de rappel, juste des
éléments... Attention, froid intense au
sentiers étroits et des grottes sombres.
cœur de ce bosque de piedras mais
sensations uniques. wwSongos et Huanano. Pour cela il
Se rendre à Chosica en bus ou colectivos faut se rendre à San Jerónimo de Surco
(au coin de Javier Prado et Arequipa) puis à 2 heures de Lima. Le premier sont
de là à San Pedro de Casta, le point de des toboggans naturels qu’on descend
départ du sentier. Emmener ses vivres à même la roche. Le second est une
depuis Chosica. Possible de camper sur cascade de 30 mètres qu’on peut
place ou passer une nuit basique dans descendre en rappel. N’oubliez pas le
change et la 2ème paire de chaussures.
le village en contrebas.

HUAROCHIRÍ AU SUD
Huarochirí c’est un peu la nouvelle terre
d’aventures du liménien en manque d’air PACHACÁMAC
frais, de paysages qui ont de l’ampleur et A 31 km de la Panamericana, dans la
d’un peu d’adrénaline. Outre le magni- vallée de Lurín, s’étendent les ruines de
fique bosque de piedras de Marcahuasi, Pachacamac.
© LASER143 - ISTOCKPHOTO.COM

L’Acllahuasi de Pachacámac.
Au sud - Les environs de Lima 57

„„ SITE ARCHÉOLOGIQUE
DE PACHACÁMAC
SAN VICENTE DE CAÑETE
San Vicente de Cañete (144 km au sud)
& +51 1 430 0168
est un gros village qui a été peuplé par
En quechua, ce nom signifie « souverain
des groupes précolombiens, puis par
du monde ». On est ici en présence du
les Noirs amenés par des négriers sans
plus important sanctuaire de la costa âme, et enfin, quand fut aboli l’escla-
dédié au dieu Pachacamac (celui qui vage au milieu du XIXe siècle, par les
donne la vie), qui connut son apogée Chinois. Un exemple parfait du métissage
au VIIIe siècle. Les Incas, soucieux de péruvien. Cela se sent dans son folklore
la cohésion de l’empire, maintiendront qui, fin août, culmine lors de son festival.
cette divinité en son temple. Le musée et Egalement réputé pour sa gastronomie
le site présentent des vestiges en adobe, dans laquelle la crevette tient le haut
des murs ornés de figures humaines et de la carte. A noter qu’on produit du
de poissons, des idoles taillées dans très bon pisco dans les parages. San

VISITE
le bois. Vicente de Cañete est situé sur la route
qui mène à la vallée de Lunahuana et
SAN BARTOLO la réserve Nor-Yauyos.
Les plages au sud de Lima sont les plus
populaires. La route poussièreuse cache LUNAHUANÁ
des plages de bonne facure. En été, une La destination aventure préférée des
escapade d’un jour ou deux en vaut la liméniens : ensoleillée, avec dégusta-
peine. A Punta Hermosa, ça surfe dur. tions de pisco, bonne gastronomie et
San Bartolo a davantage l’esprit village un río qui offre des routes de rafting du
avec sa jetée bordée de galets, surfeurs débutant à l’expert.
également, bons restaurants de ceviche
(Albamar, sur la promenade), hôtels RESERVA
sympathiques. Mieux de s’y rendre en
semaine pour se faire bronzer au calme. NOR YAUYOS-COCHAS
On en oublie totalement la ville. La Reserva Paisajistica Nor Yauyos
Cochas est un endroit magnifique qui
CERRO AZUL a beaucoup à offrir : cascades et lacs
turquoises, petits villages authentiques
Pour ceux qui recherchent le calme, le où dormir chez l’habitant, chemins de
petit village de pêcheurs de Cerro Azul randonnée, chemin inca, alpinisme,
(km 132) paraît tout indiqué pour un observation de la faune et de la flore,
court séjour de soleil et de mer (quoique ornithologie, pêche sportive, écotourisme
l’eau y soit froide, comme sur tout le (découverte des activités agricoles :
littoral). fabrication de miel, traite des vaches,
wwJuste avant Cerro Azul, les élevage de camélidés, élevage de truites,
connaisseur s apprécient L a etc.). Visitez Huancaya et Vilca ainsi que
Herradura, au km 128, à cause de sa de nombreuses lagunes et cascades. Elle
vague de classe mondiale pour le surf, a été redécouverte par les Liméniens
ou La Ensenada, au km 82, à cause eux-mêmes il y a seulement quelques
de sa beauté sauvage. années. Prévoir 3 jours.
La côte sud
Zone de peuplement très ancienne, la sur la plaza de Armas et par le nom
« costa » au sud de Lima et jusqu’à même de la plage de Pisco : playa de
la frontière chilienne fut le foyer de la Independencia.
quelques-unes des cultures pré-incas A voir, la baie de Paracas, les îles
parmi les plus vivaces, prolifiques et ingé- Ballestas et le fameux « Candelabro »,
nieuses en matière artisanale, artistique mystérieuse figure creusée dans la roche
et architecturale. Paracas et Nazca furent et recouverte de sable, visible unique-
soumises à l’empire wari-tiahuanaco, ment de la mer. A boire – avec modé-
né entre Puno et Ayacucho, avant que ration – le pisco, bien sûr. La cuisine, à
celui-ci ne trouvât ses maîtres dans les base de fruits de mer, est suffisamment
conquérants incas. originale pour motiver un arrêt. Une
curiosité : la soupe de tortue, que l’on
PISCO voit tout de même de moins en moins à
la carte. Tant mieux pour les nombreuses
wwPopulation : 120 000 habitants. espèces de ce reptile en voie d’extinction.
wwAltitude : 0 m, au bord de la mer. Les bus pour Lima mettent environ
4 heures pour parcourir les 230 km et
La ville, située dans le département 1 heure pour Ica.
d’Ica, donna son nom à la boisson la
plus populaire du Pérou – fabriquée CHINCHA
pourtant à 75 km de là (voir « Ica »)
Ce village est le berceau de la culture
–, elle-même empruntée aux anciens nègre et abrite une importante
habitants indigènes du site, fins potiers communauté de Noirs venus d’Afrique
qui tournaient d’immenses jarres où pour cultiver le coton péruvien. Les
fermentait le divin breuvage. Les énormes haciendas San José et San
Espagnols adoptèrent, entre autres Regis sont passées des mains des
choses, le suave alcool, auquel ils jésuites aux griffes des grands proprié-
laissèrent le nom des inventeurs (rare taires. Elles ont beaucoup souffert du
concession faite au génie indigène). Mais tremblement de terre de 2007 mais San
Pisco est également le centre de la civi- José a été rénovée et rouverte. On pourra
lisation paracas qui a légué au pays les y visiter de nouveau les cachots où l’on
plus belles pièces textiles qui soient. châtiait les esclaves révoltés.
La côte fut aussi le théâtre d’un des Malgré les dégâts, Chincha a gardé
épisodes majeurs de l’histoire des tout son charme. Sa place ronde où
Amériques : le débarquement, en 1820, se retrouvent les anciens, et ses rues
du général San Martín, à la veille d’en- bariolées d’enseignes lumineuses et
treprendre la libération du Pérou et du peuplées de marchands les plus divers
Chili ; l’événement est signalé par une rendent la ville extraordinairement
haute statue équestre du Libertador vivante.
Ica - La côte sud 59

TAMBO COLORADO et mise en lumière durant 15 minutes.


Les 5 dernières sont consacrés à un
Compter 1h de voiture pour parcourir les
documentaire sur la biodiversité locale.
45 km qui séparent le site de Pisco. Ces
Intéressant.
ruines incas témoignent de la gloire de
Pachacútec qui y fit construire des silos „„ RESERVA NACIONAL
à grains et des habitations en adobe DE PARACAS
et en pierre pour ses soldats. C’est le Au sud de Paracas commence la réserve
site le mieux conservé de la côte sud. naturelle de 335 000 ha, avec ses plages
Son nom provient de la combinaison désertes de Lagunillas, la Mina ou
du mot quechua « tampu », qui signifie Salinillas, où l’on peut apercevoir des
lieu de repos, avec le terme espagnol lézards, des flamants roses, des dauphins
« colorado » accordé à la couleur de et des otaries. On découvre aussi le beau
ses murs. site arraché aux sables de l’oubli, en
Au départ de Pisco en taxi et avec 1927, par Julio C. Tello, qui révéla les

VISITE
un guide, il vous coûtera 80 soles textiles funéraires (bandes superposées
pour visiter ce site archéologique qui de coton qui entouraient les morts et les
comprend un musée et un cimetière. protégeaient de l’humidité) des cultures
paracas et nazca. Ce musée retrace
PARACAS l’évolution de ces civilisations datant de
Paracas est connu pour son joli port 700 apr. J.-C. On y apprend notamment
de pêche et sa proximité avec les Iles que, si les Nazca enterraient leurs morts
Ballestas et sa colonie de lions de mer et dans la position fœtale (symbole de la
oiseaux marins. Les plages de la Reserva naissance et donc de la re-naissance)
comptent parmi les plus belles du Pérou, avec des couvertures et des objets
on peut aussi les survoler en parapente. de céramique, c’était pour qu’ils ne
Ces dernières années le village a connu manquent de rien dans la nouvelle vie qui
un boom touristique et immobilier. C’est les attendait. Le musée inclut également
un stop séduisant pour découvrir la côte la nécropole de « Cabezas Largas »,
sous d’autres augures. On l’appelle aussi datant de 500 av. J.-C. (les hommes
El Chaco Paracas, du nom du village de de la civilisation paracas se faisaient
pêcheurs qu’il fut. étirer le crâne dès la naissance), d’où
proviennent la plupart des momies du
„„ CULTURIDES TIME MACHINE Museo Larco Herrera de Lima.
Av Paracas L10, 1er étage
& +51 994 567 802 / ICA
+51 56 535138 wwPopulation : 216 600 habitants.
www.culturides.com
Un nouveau concept un rien révolu- wwAltitude : 406 m.
tionnaire : un ascenseur de 3 étages Capitale du département d’Ica, la ville
qui vous transporte au fil de la culture est cernée par de hautes dunes de sable
Paracas. Défilent différentes scènes (où se cache l’oasis de Huacachina) et
de mannequins robotisés qui repro- des montagnes basses arides (la pluie
duisent les gestes ancestraux avec son est ici un phénomène quasi inconnu).
60 La côte sud - Ica

La température, élevée (28 °C en milliers de pèlerins venus témoigner de


moyenne l’été, 18 °C en hiver), est à leur foi, et ce malgré la destruction de
peine atténuée par les eaux du fleuve l’église en question par le tremblement
qui fertilise la vallée et la petite brise de terre de 2007.
nocturne qui ébouriffe les cheveux.
„„ MUSEO REGIONAL MARIA REICHE
wwLe site a été peuplé très tôt, comme Avenida Ayabaca (cuadra 8)
partout sur la côte, et les Paracas, & +51 56 234383
habiles céramistes et inventeurs du Ce musée est petit par la taille, mais
calendrier astronomique le plus grand riche de ses pièces des cultures paracas,
du monde, le transformèrent en un des nazca, huari, ica et inca : tissus, céra-
berceaux les plus achevés des cultures miques, nombreuses momies avec
du Pérou, bien avant l’arrivée de l’Inca déformations crâniennes, trépanations
Cápac Yupanqui, qui ajouta ce royaume à rituelles et malformations congénitales.
celui de son frère Pachacútec. Quand le Une partie des objets volés en 2004 ont
conquérant, amoureux d’une princesse été retrouvés. A l’extérieur, une maquette
locale, Tate, partit, il laissa derrière au 1/500e des lignes de Nazca rend la
lui un réseau de canaux qui continue visite encore plus indispensable.
d’irriguer 120 000 ha de cultures et
les cités de Tambo Colorado, Huaca LAGUNA DE HUACACHINA
Sentinela et Taraca. Cette oasis bordée de palmiers est l’un
wwLes Espagnols, en 1536, fondèrent des lieux les plus étonnants du désert
Villa Valverde qui devint plus tard Ica. côtier péruvien : certains s’y baignent
La ville du pisco – car si Pisco donne son (même si c’est peu recommandé),
nom à la liqueur, c’est ici qu’elle est faire des balades en buggy et surfer
fabriquée –, entre Pisco à 75 km au nord sur le sable, mais aussi profiter du beau
et Nazca à 130 km au sud, est la capitale spectacle d’un coucher de soleil sur les
viticole du Pérou, qu’elle demeure malgré dunes… Ce décor magique lui a valu
la crise économique et la concurrence d’illustrer les billets de 50 soles.
chilienne. Ne manquez pas de visiter l’une
des nombreuses bodegas qui ouvrent NAZCA
leurs portes aux visiteurs (visite guidée de
wwPopulation : 52 700 habitants.
deux établissements organisée d’Ica ou
de Huacachina pour 20 soles). On ne sera wwAltitude : 588 m.
pas surpris si la fête principale d’Ica est Nazca : ces cinq lettres ont fait des
le Festival international de la Vendimia, la milliers de fois le tour du monde. C’est
fête des vendanges (mois de mars), avec là qu’en plein désert ont été tracées les
combats de coqs, danses folkloriques lignes qui ont suscité tant de polémiques
et bals, attractions que l’on retrouve en scientifiques et de divagations de fondus
partie lors de la semaine de la fondation de surnaturel. Depuis leur découverte,
de la ville (deuxième semaine de juin) la ville vit exclusivement du tourisme,
et de la semaine touristique (troisième sous la surveillance sèche des dunes et
semaine de septembre). La Fiesta del des collines aux alentours. On ne sera
Señor de Luren (en octobre) attire des pas surpris, dès lors, d’être assailli à la
Chauchilla - La côte sud 61

descente du bus par une horde d’agents

© STÉPHAN SZEREMETA
de tourisme, plus ou moins faux, qui
proposent dans la même phrase hôtels,
avions, restaurants, taxi, le tout rendu
plus insupportable encore par la chaleur
ambiante (20 °C de moyenne annuelle).
La ville n’a vu le jour qu’en 1821, alors
que la région était peuplée depuis des
milliers d’années et qu’elle fut le foyer
de la belle et énigmatique culture nazca.
Les principales festivités locales sont
celles qui sont liées à la création de
la province (23 janvier), à la semaine
touristique qui culmine avec l’anniver-

VISITE
saire de Maria Reiche le 15 mai, et à
l’anniversaire de la proclamation de
Nazca « patrimoine de l’humanité », le
15 décembre 1994.
„„ LINEAS DE NAZCA
Inscrit sur la Liste du patrimoine culturel
de l’Humanité depuis 1994, ce complexe Observatoire le long de la route proche de Nazca.
archéologique, formé d’un immense
réseau de lignes et de dessins d’animaux être aperçue de tous les points de la
et de plantes attribué à la culture nazca plaine. Vous pouvez y faire, tout comme
mais dont on ne sait pas grand-chose, à Huacachina, du sandboard.
est pour le moins mystérieux. Ces lignes,
qui couvrent une surface de quelque CHAUCHILLA
350 km², ont été découvertes par En plein désert, l’ossuaire nazca de
Paul Kosok en 1939. Elles ont ensuite Chauchilla, vieux de mille ans, offre un
été étudiées par Hans Horkheimer et spectacle rare, gore en diable, fascinant
Maria Reiche, cette dernière y ayant enfin : des kilomètres carrés de sable
consacré les 50 dernières années de parsemés de crânes, de clavicules, de
sa vie. On peut voir certaines figures vertèbres, de fragments de tissus, de
au km 420 de la Panamericana, à 25 km céramiques et de cheveux tressés. Des
de Nazca, du haut d’un mirador de 12 m milliers de tombes ont été profanées, et
de haut : une main, un lézard et un arbre. les autorités n’en ont, faute de moyens,
En avion, on embrasse du regard toute restauré que neuf. On y voit, dans
la zone pendant 30 min. des fosses de 2 m de profondeur, de
nombreuses momies (hommes, femmes
CERRO BLANCO aux chevelures de 2 m de long façon
C’est la dune la plus haute du continent ! dreadlocks, enfants) et des céramiques
Sa masse blanche, culminant à 2 080 m remplies d’offrandes aux dieux. Troublant
au-dessus du niveau de l’océan, peut et beau à la fois.
Huaral Canta
La Oroya
Lag. Paca R


Jauja

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San Vicente de Cañete HUANCAVELICA

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Îles Chincha Cangallo Andahuaylas
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Pis Huaytará Vilcashuamán Ab
Îles Ballestas R ío Huancapi
Îles San Gallán Los Molinos Huancasancos
Querobamba Chu
RÉSERVE NATIONALE DE PARACAS Ica

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Lagune de AYACUCHO AP
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Bahía de la Independencia Huacachina


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La côte sud
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San Juan de Marcona Acarí Lag. Parinacochas


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Puerto Inca
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Río Ocoña

0 100 km O C É A N PAC I F I Q U E

Routes principales
Routes secondaires
Villes principales
Villes secondaires
Villages
Aéroport régional
Sites archéologiques

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PARC NATIONAL DU MANU

MADRE DE DIOS Las Piedras


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SANCTUAIRE HISTORIQUE

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Machu Picchu
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CTUAIRE NATIONAL Anta BAHUAJA SONENE
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Cusco Nevado Auzangate
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Nevado Coropuna Lampa
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Nevado Sabancaya Lag. Lagunillas Puno Lac Titicaca


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Ilave
Aplao RÉSERVE NATIONALE
Volcán Misti
SALINAS Y AGUADA BLANCA
Lag. Salinas Juli
Yunguyo
Nevado
Cerco Cerco
Río Vitor Arequipa MOQUEGUA
Omate Desaguadero
Camaná Quilca
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Mollendo Río Lag. Lariscota

Moquequa
Punta Bombón
Candarave Cordillera
Barroso
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Punta Coles pli
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Ite Tacna
Rí o

Punta Sama
CHILI
64 La côte sud - Toro Muerto

TORO MUERTO apparence, moins affreuse qu’ailleurs.


Les principales fêtes sont las Festividades
Le site de Toro Muerto, à 160 km de Santa Fortunata, le 14 octobre, et
d’Arequipa, est fascinant par ses l’anniversaire de la fondation de la ville,
6 000 pétroglyphes, dont les plus anciens
le 25 novembre, qui se fête en réalité
appartiennent à la culture huari (900 à
tout le mois de novembre. Moquegua est
1200 apr. J.-C.), gravés dans la roche
une halte apaisante sur la route du sud.
volcanique sur 4 km de longueur et 250 m
de hauteur. Plus loin, on se heurte à „„ MUSEO CONTISUYO
la masse de l’Ajirhua (5 266 m) et du Plaza de Armas
Luceria (4 257 m), entre lesquels se Jr. Tacna 294
trouve la partie la plus profonde du cañon & +51 53 461844
Colca-Majes, juste avant d’atteindre el www.museocontisuyo.com
Valle de los Volcanes, accompagné par le contisuyo@museocontisuyo.com
sommet enneigé du Coropuna (6 615 m). Le petit musée, très bien agencé, expose
de précieuses pièces des cultures
MOQUEGUA préincas locales (chiribaya, tumilaca,
wwPopulation : 53 100 habitants. estuquina), et des empires Wari et
Tiwanaku : textiles, petites boîtes et
wwAltitude : 1 412 m. pipettes en bois pour priser les halluci-
Après Nazca, mettant le cap au sud, nogènes, keros gravés en l’honneur de
vers la frontière chilienne, on traverse Wiracocha… intéressant et méritant
200 km de désert par la Panamericana, certainement une visite.
étroit ruban serpentant entre les collines
de pierraille et de sable, avant d’arriver à CERRO BAÚL
Moquegua, nichée à 1 400 m d’altitude, A 20 km de Moquegua, un profond
au cœur d’une oasis de verdure. mystère entoure cette surprenante
La capitale du département de Moquegua montagne, au sommet plat comme les
attend le visiteur dans la touffeur du mesas de l’Arizona. Les Cochunas y
climat côtier, tempéré par l’ombre avaient installé une forteresse dans
accueillante des ruelles. Les maisons laquelle ils résistèrent 55 jours au siège
sont d’étranges constructions en adobe, des Incas de Mayta Capác, avant de
coiffées d’un toit de chaume en forme de céder, affamés. Grimper à pied les 600 m
chapeau pointu tronqué, mais la plupart de dénivelé, par un chemin escarpé,
ont fait les frais du terrible tremblement est un exercice très faisable. En haut,
de terre de 2001. Peuplée depuis des vue panoramique sur la plaine et les
millénaires, la région fut un centre contreforts de la Cordillère.
important de l’Empire tiahuanaco, avant
de passer aux mains de l’Inca Yahuar
Hacca, puis dans les griffes des conquis-
OMATE
tadores qui fondèrent la cité en 1541. wwLa vallée creusée à 2 200 m
Moquegua, où il fait chaud et sec toute d’altitude, entre Arequipa (à 130 km)
l’année, est une ville riante, à la popu- et Moquegua (à 147 km), est circonscrite
lation ouverte, où la misère est, en par de hauts sommets : Paylogén ou
Tacna - La côte sud 65

Huaynaputina. Dans le village d’Omate,


on entrera dans l’église en adobe, du
TACNA
XVIIIe siècle, pour y admirer l’autel doré ww Population : 269 400 habitants.
à la feuille et les retables néoclassiques. ww Altitude : 562 m.
Dans la partie haute du village, l’un
des deux moulins de la période de la Fondée en 1537, cette ville frontière
colonie fonctionne toujours et fournit avec le Chili participa vaillamment
en farine les boulangers qui cuisent, aux luttes d’indépendance. Prise par
au feu de bois, le savoureux « pán de les voisins du Sud lors de la guerre
trigo ». du Pacifique, en 1880, Tacna ne sera
rendue par les Chiliens qu’en 1929.
wwDans les environs, les bains La grande vallée verdoyante au milieu
thermaux d’Ulucan attirent la foule, des dunes est le centre d’une grande
une foule qui n’embouteille pas le site activité économique. Passant par un
de Pampa Dolores, où des pétroglyphes plateau désertique de roches roses

VISITE
laissent deviner, malgré l’outrage des émergeant du sable blond, le trajet
siècles – ils datent de 8 000 ans avant de Moquegua à Tacna offre l’un des
notre ère –, des scènes de chasse. paysages les plus fascinants de la côte
péruvienne.
ILO Tacna, capitale du département de
wwPopulation : 62 300 habitants. Tacna, présente peu d’attractions touris-
A 90 km de Moquegua, le port d’Ilo tiques et culturelles ; il y fait chaud
affiche une belle santé : port de pêche, toute l’année et sec, avec, cependant,
il est également le point d’embarque- la garúa, de juin à août. Mais la ville
ment du cuivre extrait de Toquepala, à constitue une étape pour ceux qui se
4 000 m d’altitude. La ville est en pleine rendent au Chili ou en reviennent, et
expansion, à la suite des accords écono- continuent sur Arequipa, Puno ou La
miques passés avec la Bolivie qui n’a Paz.
pas de débouché maritime. Le tourisme, La ville est en liesse pour la Semana de
grâce aux plages, est également floris- Tacna, fin août ; la Fiesta de la Virgen,
sant ; les fêtes itou : le 15 février, semaine mélange de ferveur chrétienne et de
touristique ; les derniers jours de mai, rites païens, début septembre ; la
nouvelle semaine touristique ; et le Semana turística (deuxième semaine
29 juin, festival de San Pedro y San Pablo. d’octobre).
„„ MUSEO CHIRIBAYA „„ CATHÉDRALE
Av.Principal s/n, El Algarrobal Callao
& +51 53 837103 De style Renaissance et néogothique,
www.centromallqui.pe elle est on ne peut plus massive. Ses
Dans le village de l’Algarrobal, entre tableaux de l’école de Cusco lui évitent
Ilo et Moquegua, ce musée héberge cependant un naufrage esthétique total.
une dizaine de momies de la culture Et les plans ayant été dessinés dans les
chiribaya qui occupa la côte sud entre ateliers de Gustave Eiffel, on ne pourra
900 et 1375 ap. J.-C. Intéressant. pas nous taxer de chauvinisme !
Arequipa et sa région
Si la renommée de cette ville est pratique- fondée le 15 août 1540 par don Garcia
ment égale à celle de Cusco, ce n’est pas Manuel de Carbajal, au nom de Francisco
un hasard. Sa situation dans l’extrême Pizarro. Le nom « Arequipa » provient
sud des Andes péruviennes dote en effet d’un vocable quechua, « Ari-que pay »,
Arequipa d’un attrait touristique incompa- qui signifie « oui, vous pouvez rester ».
rable. Riche en volcans, en cañons (dont La pierre volcanique blanche, le
notamment celui de Colca, plus profond « sillar », qui servit à la construction des
que le Grand Canyon du Colorado), mais monuments, des églises et des casonas,
aussi en cultures en terrasses, en vallées rappelle l’extraordinaire prospérité que
et en sources d’eau thermale, voici une connut Arequipa, centre de commer-
région fantastique à laquelle vous devrez cialisation de l’argent extrait à Potosí
consacrer au moins une semaine. (actuellement en Bolivie). La plaza de
Armas est sans doute l’une des plus
AREQUIPA jolies du Pérou, avec ses arcades qui
Posée à plus de 2 000 m d’altitude, n’en finissent pas, sa cathédrale aux
Arequipa est la deuxième plus grande deux clochers, ses magnifiques palmiers
et la vue sur le volcan Misti. Arequipa a
ville du Pérou et l’une des premières
été déclarée patrimoine de l’humanité
par la beauté. La « Ville blanche » a été
par l’UNESCO.
„„ CASA DEL MORAL
© FRANÇOIS BRIANCON

Calle Moral 318


& +51 54 285371
www.lacasadelmoral.com.pe
administrador@lacasadelmoral.com.pe
La Casa del Moral est barrée d’une
monumentale porte baroque surmontée
de frises et de gargouilles emplumées.
Elle héberge une collection de pièces
anciennes.
„„ CASA GOYENECHE
A l’angle des calles Palacio Viejo
et La Merced
La Casa Goyeneche, dorénavant siège
de la banque centrale, avec son patio où
glougloute une fontaine, possède un petit
musée (toiles de l’école de Cusco). Datant
de 1558, plusieurs fois reconstruite, c’est
l’une des plus vieilles maisons d’Arequipa.
Arequipa.
Parc Selva
Alegre

Arequipa

250 m.
68 Arequipa et sa région - Arequipa

„„CASA TRISTÁN DEL POZO „„ CLAUSTRO


Calle San Francisco 108 DE LA COMPAÑIA
La Casa Tristán del Pozo, terminée en Calle Morán 118
1738, en impose avec son portail et Datant de 1739, ce double cloître,
sa frise soutenue par des colonnes où murmure une fontaine de pierre,
toscanes. Elle abrite aujourd’hui le montre des galeries soutenues de piliers
Banco Continental et sa galerie d’art ouvragés où voltigent les chérubins.
Pedro Brescia Caffetera qui présente des Il héberge aujourd’hui un centre commer-
aquarelles de peintres locaux. cial dont la plupart des boutiques sont
spécialisées dans les vêtements d’alpaga
„„ CATEDRAL ou des galeries d’art. Superbe vue de
Plaza de Armas l’étage, où vous pourrez boire un verre
Entièrement construite (et reconstruite au café français Cafe y Vino.
après les séismes, dont le dernier, en
juin 2001, avait fait tomber un de ses „„ COMPLEJO E IGLESIA
deux clochers) en sillar, pierre volcanique SAN FRANCISCO
blanche, elle exhibe ses soixante-dix Calle Zela, cuadra 1
colonnes, ses trois portes et ses deux Ce complexe comprend l’église fran-
arcs latéraux sur tout un pan de la ciscaine, le couvent et un petit temple
plaza de Armas : la « façade » que l’on connu sous le nom de la Tercera Orden.
découvre n’est en fait qu’un seul de ses Commencée en 1569, l’église francis-
côtés. L’intérieur, pas particulièrement caine a été ébranlée plus d’une fois par
beau, abrite quelques intéressantes les hoquets de la terre. Son apparence
toiles et sculptures, un autel monu- actuelle date de 1960. Inspirée du style
mental en marbre de Carrare, de grandes roman tardif, avec réminiscences de
orgues fabriquées en Belgique et une mudéjar (style arabe andalou), elle
magnifique chaire taillée à Lille par un présente une façade de pierre blanche
certain Rigot. Entrée du musée, au coin et de brique rouge d’une grande sobriété.
de Santa Catalina. L’autel central est entièrement en argent
© AUTHOR’S IMAGE

Claustro de La Compañia.
Arequipa - Arequipa et sa région 69

repoussé, chose assez rare au Pérou où coup d’œil. Bonnes picanterias dans le
l’on préféra la dorure à la feuille. Le petit quartier (Sol de Mayo, Nueva Palomino)
couvent a résisté à tous les tremblements et cevicheria (Tio Dario). Explorer les
de terre. Sobre comme l’église, austère rues adjacentes.
même. Quant à l’église « du Troisième
Ordre », on entre dans cette grosse „„ IGLESIA Y COMPLEJO
chapelle, adossée à l’église principale, DE LA COMPAÑIA
par une porte de pierre, travaillée dans Calles General Morán
la plus pure tradition d’Arequipa. et Álvarez Thomás
La Compañía représente la forme
„„ CONVENTO DE LA RECOLETA la plus achevée de l’architecture du
Calle Recoleta 117 XVIe siècle. De style baroque métissé,
A gauche après avoir franchi propre à l’école d’Arequipa, elle en est,
le Puente Grau avec la cathédrale de Puno, la plus
& +51 54 270 966 belle réalisation. La façade latérale de

VISITE
Couvent franciscain édifié en 1648 par pierre ouvragée montre Santiago (saint
le père Pedro de Mendoza, possédant Jacques) dans une attitude caracté-
quatre cloîtres qui sont autant d’exemples ristique de « matamoros » (tueur de
d’architecture coloniale arequipègne Maures). La façade frontale présente
(utilisation du sillar, la pierre de lave une gerbe extravagante formée de
volcanique). Le couvent abrite deux fleurs, de fruits, de figures précolom-
salles d’art précolombien. Le Claustro biennes ; un aigle bicéphale y déploie
Fernandez présente une collection de ses ailes. La plus belle église d’Are-
belles pièces mochica, chimú, vicús, quipa. N’oubliez pas la visite à la sublime
chancay et momies paracas. Le Musée Capilla de San Ignacio avec sa coupole
amazonien expose faune, flore, reptiles polychromée entièrement couverte de
et objets de la vie quotidienne des tribus motifs végétaux, animaux et minéraux.
Shipibo, Ashaninga, Machiguenga.
On y trouve également un musée d’art „„ MUSEO SANTUARIOS
religieux, une pinacothèque avec toiles ANDINOS
des écoles de Cusco et d’Arequipa et Calle La Merced 110
une impressionnante bibliothèque de & +51 54 215013
20 000 ouvrages, dont un certain nombre www.ucsm.edu.pe/santury
du XVIe siècle, d’une valeur incalculable santury@ucsm.edu.pe
pour l’histoire régionale et nationale, Ce musée propose de nombreuses infor-
ainsi que deux incunables, respective- mations sur des découvertes datant de
ment de 1494 et 1496. 1994 et 1995, dont une momie, Juanita,
« la princesse des glaces », mise au jour
„„ IGLESIA DE YANAHUARA près d’Arequipa, sur le volcán Ampato, par
Cette église baroque, qui date de 1750, Johan Reinhardt. Un film sur cette décou-
est voisine du mirador d’où vous pouvez verte est projeté. La collection s’enrichit
admirer le Misti et la partie ancienne de mois en mois et fait de ce musée, avec
d’Arequipa. Des poèmes sont gravés le monastère Santa Catalina, un moment
sur les arcades de ce belvédère. Vaut le essentiel de la visite de la ville.
70 Arequipa et sa région - Arequipa

„„ MONASTERIO
SANTA CATALINA
RESERVA NACIONAL DE SALINAS
Calle Santa Catalina 301 Y AGUADA BLANCA
& +51 54 221213 Cette réserve s’étend sur 366 936 ha.
www.santacatalina.org.pe Sa flore, sa faune et ses formations
informes@santacatalina.org.pe géologiques sont protégées. Chaque
Depuis sa fondation en 1570 jusqu’à printemps (de mars à juin), des centaines
son ouverture au public en 1970, le de flamants roses élisent domicile sur le
monastère vivait jalousement replié sur lac salé d’altitude de Salinas, situé au
lui-même ; aujourd’hui encore, il abrite cœur d’un superbe décor de montagne,
quelques nonnes qui ont prononcé leurs à 4 300 m, entre les volcans du Pichu-
vœux d’isolement total. Les familles Pichu et de l’Ubinas. Cela vaut la peine
riches y envoyaient leurs filles, accom- d’y consacrer une journée d’excursion
pagnées d’une solide dot qui allait grossir en louant un 4x4 ou via une agence.
le magot du monastère. La visite des
„„ VOLCÁN MISTI
lieux donne une idée de ce que pouvait
L’ascension du volcan Misti (5 825 m)
être cette vie monacale : minuscules
est la plus pratiquée de la région puisque
chambres-cellules, cuisine particulière
c’est un peu l’emblème de la ville d’Are-
et chambre pour la servante (cloîtrée
quipa. On atteint les jupes de ce volcan
elle aussi), ruelles à l’espagnole, peintes
en 1h30 de voiture depuis Arequipa.
de tons ocre, brun, rouge. La plaza
L’ascension (6h de montée le 1er jour
Zocodober et sa fontaine, les teintes
et 4h le 2e jour) est récompensée par le
bleues et orangées des cloîtres entourés fabuleux panorama que le volcan vous
d’arcades aux fresques innocentes y réserve…
apportent cependant une note de gaieté. Les bonnes agences incluent transport,
Avec ses 20 000 m², cette forteresse nourriture, tente, matelas et sac de
religieuse est absolument unique en son couchage, vestes et pantalons, guide.
genre, comme l’autel en argent repoussé Prévoir de bonnes bottes, 6 litres d’eau
de l’église. Les voûtes abritent un musée par personne, 1 grand et 1 petit sac.
archéologique avec de précieuses pièces Le Misti en transport en commun, c’est
des cultures chimú et nazca, et une possible ! Vous n’avez pas forcément
pinacothèque de toiles de l’école de besoin de faire appel à un tour-opéra-
Cusco. Visite guidée (guides en français) teur ; mais comment s’y prendre ?
fortement recommandée. Le matin, la
lumière y tombe à merveille. wwIl faut prendre un combi pour
Chiguata, se faire déposer au pied
„„ PUENTE CHILINA du volcan, au croisement avec l’autre
Une fierté que ce pont autoroutier route qui vient d’Arequipa. Là, il y a une
moderne, le plus grand au Pérou avec grande propriété privée qui ferme l’accès
ses 562 mètres, qui unit les quartiers de au volcan. Soit on demande pour faire
Alto Selva Alegre et Cayma, au nord du ouvrir la porte, soit on préfère faire le
centre-ville. D’ici on embrasse surtout tour par l’aval. On remonte d’abord la
en un seul point de vue les volcans Misti, piste fréquentée par des 4X4 (de 2800
Chachani et Pichu Pichu. à 3400m, compter 2h à 2h30) puis on
Volcán Ampato - Arequipa et sa région 71

© FRANÇOIS BRIANCON

VISITE
Le volcan Misti.

suit l’unique sentier (facile de se repérer). peintures rupestres datant du paléoli-


On marche 4 à 5h de plus pour aller poser thique. Vieilles de 6 000 ou 8 000 ans,
le camp à 4600 m. elles représentent des figures humaines,
wwLe lendemain, on met environ 4h des camélidés et des pumas.
pour atteindre le sommet principal.
Comptez 1h de plus pour le détour par VOLCÁN AMPATO
le cratère et ses fumerolles. Attention, Il est recommandé d’escalader ces
s’il reste quelques névés sur la trace, les montagnes de préférence entre juillet
bâtons voir un piolet peuvent être bien et novembre, car en janvier et février, il
utiles. Restez sur les arêtes à la montée, y a un risque non négligeable de neige
et pour la descente, on préférera les et de nuages. Ces ascensions, quoique
combes pleines de sables (plus acces- considérées comme les plus faciles du
sibles). monde dans leur catégorie, nécessitent
Cet itinéraire constitue l’ascension par tout de même du fait de leur altitude
l’arête sud ; très intéressante car depuis élevée, un solide équipement : crampons,
le camp, on assiste un superbe coucher piolets et sacs de couchage bien chauds
de soleil. Le matin, c’est tout simplement sont indispensables.
magique de voir l’ombre du volcan sur wwL’Ampato (6 380 m). Site de
la ville ! découvertes archéologiques comme
la « Dama de Ampato » ou princesse
SUMBAY des glaces. L’ascension de ce volcan
Le village de Sumbay, à 4 127 m d’alti- s’effectue en 3 jours.
tude, est situé à 88 km d’Arequipa, wwLe Chachani (6 075 m). Considéré
derrière le volcan Misti, sur la route de comme la montagne la plus facile à
Cailloma. Il est connu principalement escalader du Pérou, ce volcan de plus
pour ses grottes ornées de magnifiques de 6 000 m est encore actif.
72 Arequipa et sa région - Volcán Ampato

A 2 heures en 4X4 d’Arequipa, on arrive


au camp de base à partir duquel on
ANDAGUA
Voilà un décor fantastique, au sens
se lance dans une marche d’environ
étymologique du terme, formé de dizaines
6 heures jusqu’au sommet. Son
de volcans miniatures éteints, coniques,
ascension nécessite 2 jours et 1 nuit.
à base épatée et d’une hauteur maximale
wwLe Misti (5 825 m). C’est l’ascension de 20 m, à 3 587 m d’altitude et à 277 km
la plus pratiquée de la région puisque au nord-est d’Arequipa. On estime que
le Misti, c’est un peu l’emblème de la les plus âgés portent beau leur million
ville. On atteint les jupes de ce volcan d’années, entourés de « jeunots » de
en 1 heure 30 de voiture depuis Arequipa 50 000 ans. Ceux qui se distinguent le
(compter 180 soles pour les deux jours plus et qui sont connus sous le nom de
par personne). L’ascension (6h de « los Gemelos » (les Jumeaux) se trouvent
montée le 1er jour et 4h le 2ème jour) est à 10 km d’Andagua, localité elle-même
récompensée par le fabuleux panorama située au nord de la province de Castilla.
que le volcan vous réserve… Au sud du village d’Andagua, le village
wwBosque de Piedras de Imata (forêt d’el Andomarca est construit sur des
de pierres). Due à l’action du vent, bases préhispaniques.
une formation rocheuse de colonnes Il faut environ 12 heures pour parvenir à
qui prennent l’apparence enchantée Andagua quand on part d’Arequipa. On
d’une forêt pétrifiée. On y accède peut y passer la nuit, en ayant pris soin
facilement d’Arequipa par la route de d’emporter à boire et à manger car il n’y
Juliaca. a pas grand-chose sur place (mais les
purs et durs s’en contenteront).
CAÑON DEL COTAHUASI
Le village, accroché à la pente à 2 680 m, CAÑON DEL COLCA
est peu connu des voyageurs et c’est Le Canyon del Colca est aujourd’hui
dommage. La fatigue du voyage est l’un des sites les plus prisés par les
adoucie par la beauté de paysages voyageurs au Pérou. Ce n’est toutefois
qui n’ont rien à envier au Cañon del pas pour y faire du tourisme que
Colca : le cañon de Cotahuasi est le Francisco Pizarro en confia le contrôle
plus profond du monde. Le fleuve a taillé à son frère Gonzalo. Stratégique, entre
ses méandres dans les falaises d’où se sierra haute et côte fertile, la vallée
jettent des cascades, comme celle de était peuplée d’Indigènes, regroupés
Sipia (150 m de chute) ou de Uskune en reducciones et obligés, par le fer, de
(90 m), gardées par les condors. travailler pour les colons. Le Colca vit
A proximité bouillonnent, entre 40 et croître et embellir les agglomérations
100° C, les sources thermales, dont dont les places d’Armes regroupaient
on peut profiter à Luicho, et pas moins les autorités : églises, hôtels de ville
de huit lagunas offrent leur teint vert (municipios), hôpitaux, selon les plans
aux coquetteries des nevados qui s’y concoctés à Madrid. Les quatorze
mirent : Solimana, Coropuna, Firuta ; villages gardent les traces de ce passé
sans oublier les ruines incas de Maauk de gloire et de sang dans les églises et
Allajía ou Uma Qacho. les casonas.
Cañon del Colca

10 Km.
74 Arequipa et sa région - Chivay

CHIVAY YANQUE
Chivay est situé à 3 633 m d’alti- Le village, situé à 3 417 m d’altitude et
tude. Vous pourrez être séduits par le irrigué par d’imposants ándenes, abrite
petit marché artisanal juste à gauche un bijou d’église métissée baroque du
de l’église, qui propose des broderies XVIIe siècle. La façade est un jardin de
caractéristiques de la région. fleurs de pierre, ses parties latérales
Les cinq piscines d’eau thermale, à s’ornent de deux sirènes, d’un lion et
32 et 40° C, sont bien agréables pour d’un dragon, et l’intérieur comporte de
se relaxer et constituent l’intérêt majeur magnifiques retables dorés à la feuille.
de ce village.
„„ RUINES DE UYO UYO
„„ BAÑOS TERMALES Ces ruines collagua dominent la vallée
LA CALERA et ses terrasses de l’autre côté du rio
A 3 km du centre de Chivay, Colca. Depuis Yanque, ça grimpe bien
direction La Calera. et on apprécie les points de vue pano-
Les cinq piscines d’eau thermale, à ramiques. Comptez environ 2 heures de
32 et 40 °C, sont bien agréables pour montée et 1 heure de descente. On finit
se relaxer et constituent l’intérêt majeur par les bains thermaux. Tradicion Colca
de ce village. On peut s’y rendre à pied ou et Killawasi l’incluent dans le prix d’une
en colectivo (départ de la calle du General nuit. On peut aussi y aller par soi-même
Moràn pour S/ 1). De préférence, allez-y ou à cheval. Le site est également acces-
le matin, car la plupart des agences de sible depuis Coporaque, en longeant à
voyages s’y rendent à partir de 15h. flanc de montagnes.

„„ NEVADO MISMI MADRIGAL


Situé à une vingtaine de kilomètres au Un passage par le petit village de
nord-ouest de Chivay, le mont Mismi Madrigal sera l’occasion d’alller voir la
(5 597 m) n’est autre que la source forteresse de Chimpa.
officielle du plus grand fleuve du monde,
l’Amazone ! Le torrent Apacheta qui „„ FORTALEZA DE CHIMPA
s’écoule de la falaise nord du Nevado On peut bien sûr se rendre à la forteresse
Mismi deviendra grand ! Il est considéré avec une agence et accompagné d’un
comme la source du réseau amazonien guide ou bien depuis Pinchollo, presque
la plus éloignée de l’embouchure du en face sur l’autre versant. Mais vous
fleuve, qui se jette dans l’Atlantique pouvez également vous décider pour une
près de 6 800 km en aval, au Brésil. randonnée d’une journée qui ne vous
Le petit torrent rejoint très vite le río ruinera pas ! Dans ce cas, c’est pour
Apurímac qui s’unit à son tour plus au une activité pour les lève-tôt :
nord à l’Ucayali puis au Marañón, dans wwRejoignez d’abord Chivay. Vous
le nord-est du Pérou, pour ainsi former devez arriver pour 5h du matin, heure
le majestueux fleuve Amazone. de départ du bus vers Madrigal. Le trajet
Cette découverte a été faite en 1996, dure 1h15 et vous déposera sur la place
puis confirmée par deux expéditions du village. De là, suivez la route du bas
en 2001 et 2007. (faites-vos confirmer la direction par
Cabanaconde - Arequipa et sa région 75

le chauffeur du bus par exemple) et n’est qu’un mince fil d’argent qui laisse
marchez pendant 1h15 également, pour entendre son lointain murmure ; les
arriver au pied de la montagne. Vous avez condors, profitant des courants ascen-
alors 2h de grimpette devant vous ! Des dants, hissent sans effort leurs trois
condors survolent les lieux (vous recon- mètres d’envergure jusqu’au sommet de
naîtrez les jeunes à leur absence de col la paroi. Ayant fait le plein d’émotions,
blanc). Sur le chemin, on trouvera une le visiteur rejoint le dernier village de la
ventana où l’on peut faire de magnifiques vallée, Cabanaconde, à pied s’il le désire.
photos, et des abris de roche (avec petite Un lieu très fréquenté, et pas par hasard.
installation naturelle pour faire un feu)
où il est possible d’établir un campement CABANACONDE
si l’on désire passer la nuit sur place. A deux heures de route de Chivay (piste
Tout en haut, la forteresse, très bien en relativement bon état), ce gros village,
conservée, vous attend ! Construite en planté au milieu des champs de maïs à

VISITE
pierres, elle a été édifiée par la culture 3 287 m d’altitude, est un cul-de-sac.
locale pré-inca Collagua. Elle est de Les voyageurs à petit budget s’y sentent
facture assez classique mais c’est mieux qu’à Chivay : les cars de touristes
surtout un très bel exemple du contrôle sont beaucoup moins nombreux ! C’est
stratégique que devaient permettre ces aussi de là que les courageux, accompa-
sites : une vue magnifique sur la partie gnés ou non d’un guide, entreprendront
la plus profonde du cañon s’offre aussi à la plongée de 1 500 m jusqu’au fond du
vous (derrière l’énorme rocher sur votre cañon, par une sente en zigzag. Il est aussi
droite ; suivez le tout petit sentier). On possible d’y aller seul, alors demandez,
embrasse aussi les villages de Madrigal, pour un sol péruvien, à un gamin du village
Lari, Ichupampa y Pinchollo. de vous indiquer où débute le sentier.
wwPour pouvoir rentrer à temps et „„ MIRADOR DE ACHACHIHUA
ne pas louper la navette sur la Plaza de Petit conseil de Yamil de Valle del Fuego
Armas de Madrigal qui vous ramènera à pour se mettre en jambes en douceur.
Chivay puis Yanque, vous devrez quitter Depuis la Placza de Armas, descendre la
le site vers 11h30. Vous avez en effet calle Grau prendre la 2e à gauche (juste
45 min de descente puis 1h30 de marche l’angle où se trouve son restaurant).
(en longeant d’abord le río puis en suivant Traverser le village pendant 15 minutes
le chemin le long des champs). A 14h, environ jusque la Plaza de Toros. Sur la
l’unique navette démarre et il sera très droite un petit chemin vous emmène au
difficile de compter sur un covoiturage mirador à quelques minutes : vue sur la
par la suite... fameuse oasis et le village de Malata sur
le versant opposé. D’ici on peut voir trois
CRUZ DEL CÓNDOR croix qui forment comme un demi-cercle
La Cruz del Cóndor et son mirador sont sur les hauteurs (on les distingue mieux
le point d’orgue de toute excursion dans depuis la plaza des Toros). Relier les
le Cañon del Colca. Là, le temps se troix croix en bordant le canyon vous
fige, tant le décor est impressionnant : prendra 2 heures avec petites montées
le Río Colca, tout au fond du canyon, et descentes.
Le lac Titicaca
Que dire qui n’ait déjà été dit sur le et légèrement salées, reste un mystère
lac navigable le plus haut du monde propre à alimenter et maintenir vives les
(3 810 m), d’une superficie de 8 559 km², légendes et les croyances. Des quarante
soit quinze fois le lac Léman ! Entouré et une îles dérangent la platitude de la
de montagnes enneigées que l’on surface agitée de deux faibles marées
discerne dans le lointain, ce lac, qui quotidiennes, les îles de Taquile et
fut sacré pour les Incas, le reste d’une d’Amantani, côté Pérou, et les îles de
certaine manière : les indigènes qui y Luna et del Sol côté Bolivie sont les
naviguent jettent dans ses eaux deux plus importantes par leur taille et par
feuilles de coca en forme d’offrande au leur intérêt touristique.
dieu. Le Titicaca, « puma de pierre » en
aymara du fait de sa vague forme féline,
est le lit où naquirent Manco Cápac PUNO
et Mama Ocllo, couple légendaire tiré Baignée par une immense mer inté-
des eaux par le Soleil et fondateur de rieure, perchée à 3 827 m d’altitude,
la dynastie des Incas. La formation de Puno est la capitale de l’Altiplano, les
cette mer intérieure, aux eaux froides hauts plateaux péruviens. Le climat y
est froid et sec (moyenne annuelle 8° C),
avec pluies abondantes et souvent de la
© SIME

neige de novembre à avril. La ville et le


lac s’appuient sur des collines fessues
où verdissent les terrasses cultivées
(pommes de terre, maïs ou quinoa).
La ville grise avec ses toits de tôle
(calaminas ) serait d’un morne ennui
sans le Titicaca. La population est ici aux
trois quarts indigène et majoritairement
tiahuanuco, ce qui la rapproche des
Boliviens avec lesquels elle partage le
lac et la langue aymara.
Le folklore de Puno est, probablement,
avec une quarantaine de danses et plus
de 300 groupes, le plus varié et coloré
du pays. Les fêtes de la Candelaría, en
l’honneur de la Vierge du même nom, à
partir du deuxième dimanche de février,
sont l’occasion de processions et danses
somptueuses où la couleur le dispute à
l’originalité des costumes.
Lama au Col de la Raya.
Lago Arapa
Ville principale
RESERVE NATIONALE
TITICACA Playas de Autre localité
Qeyahuasi Merquemarca
Aéroport
Isla Suasi
Tilali Curiosité
Pusi
Isla Soto
Site archéologique

Coata
Péninsule de Isla Amantani
Capachica
Amantani
Llachón
Isla Taquille
Sillustani 0 15 km
Peninsule
de Chuculto
LAC TITICACA

Inca Uyo
Cutimbo
Mollocco
Inti Uyo Tinicachi
Ollaraya
Larequeri Anapia
Cuturapi
LAGO WINAVMARCA

Copani

Tanka Tanka

Lac Titicaca
78 Le lac Titicaca - Puno

„„ CATEDRAL la vue sur la plaza de Armas, les toits


Plaza de Armas et le lac, ainsi que la statue blanche de
Construite au XVIII e siècle, dans un Manco Cápac, le premier Inca. Ne pas
superbe style baroque métissé qui a fleuri s’y aventurer seul en fin de journée.
dans le Sud andin. La façade de pierre „„ MERCADO ARTESANAL
rose est un festival de motifs chrétiens Dans la rue qui conduit au port
(espagnols) et indigènes (péruviens) : Puno est le centre le plus important de
le Soleil y a rendez-vous avec la Lune tissage de ponchos et autres habits de
et les sirènes y jouent du charango. laine de lama et d’alpaga. On y vend aussi
Etonnant. L’intérieur, où brillent les ors des masques portés lors de la diablada,
des dorures à la feuille, n’atteint pas le des instruments de musique, le célèbre
niveau de folie de la façade. torito de Pucará. De quoi vous faire plaisir
„„ CERRITO HUAJSAPATA ou faire plaisir à vos amis à votre retour !
A 4 cuadras de la plaza de Armas,
à l’ouest de la ville.
Ce promontoire, dont le nom signifie
LES ÎLES DU LAC
testigo de mis amores (témoin de mes
amours) et qui s’élève à 50 m au-dessus ISLA AMANTANI
de la ville abriterait des chemins souter- La forme de vie communautaire a permis,
rains qui communiqueraient avec le ici aussi, un tourisme différent : logement
Qoricancha (temple du Soleil) de Cusco, chez l’habitant, partage du quotidien des
soit 380 km de galeries... Une garantie : hôtes, habiles artisans dans le travail de
la céramique, du cuir et de la laine. Les
8 communautés (5 000 habitants) qui
© STÉPHAN SZEREMETA

l’habitent se consacrent à la culture de


pommes de terre, de maïs, de quinoa, de
fèves (habas) et de petits pois (arvejas).
La flore de l’île se caractérise par ses
nombreux arbustes dont les feuilles, aux
propriétés curatives, sont consommées
sous forme d’infusions (muña, kantuta,
salvia, tola, patamuña…). Le soir, votre
famille d’accueil vous emmène généra-
lement assister à un spectacle musical,
où vous pourrez danser en tenue typique.
Parmi les curiosités de l’île, les temples
de Pacha Tata (dieu du Ciel) et de
Pacha Mama (déesse de la Terre) sont
l’occasion d’agréables balades en fin
de journée. Les couchers de soleil et
les promenades sous le ciel constellé
d’étoiles sont des instants éternels de
beauté et de bonheur.
Île d’Amantani.
Puno

500 m.
80 Le lac Titicaca - Isla Taquile

ISLA TAQUILE ISLAS FLOTANTES DE LOS UROS


L’île, couverte de cultures en terrasses, Des Uros, on sait peu de chose, sinon
vit une forme de communisme primitif, qu’ils venaient sûrement du nord du Chili
comme sous les Incas où elle servit actuel, qu’ils étaient reliés aux Puquina
de lieu de déportation des prisonniers dont ils partageaient une langue encore
politiques. Si la propriété est privée, parlée en Bolivie, et qu’ils avaient du
le labeur, lui, est collectif. Coutumes sang noir dans les veines. Les Uros se
et costumes sont les mêmes depuis sont éteints complètement, vers 1950,
des siècles. Les pompons ont un abandonnant leur terre de roseaux
rôle capital dans la vie sociale : leur aux indigènes Aymaras de Puno.
présence sur le châle porté par les Ces derniers – dont certains seraient
femmes indique leur condition de issus d’un métissage avec les Uros –
femme mariée ; les hommes, en plus ont occupé les îles, y perpétuant les
de leur bonnet à pompon, accrochent traditions tout en sachant profiter de
à leur large ceinture tissée (tissus l’attrait qu’exerce sur le visiteur un mode
étrangement similaires à ceux du Pays de peuplement unique au monde.
basque) un petit sac de coca coloré, Qu’on en juge : une quarantaine d’îles
caractéristique du statut d’homme artificielles entièrement faites de totora
marié… Autre trait caractéristique : (roseaux), amarrées à des piquets leur
les femmes filent la laine sur leur fuseau évitant la dérive, et dont la superficie
de bois, tout en marchant, alors que varie de quelques dizaines à quelques
les hommes tricotent bonnets, bas, centaines de mètres carrés. Chaque
gants et écharpes, qui sont vendus par semaine, une nouvelle couche de roseaux
la coopérative sur la place principale. est ajoutée pour remplacer celle qui
Des hauteurs du village, que l’on atteint a coulé ; et tous les dix ans, il faut
après avoir gravi plus de 500 marches déménager et construire une autre île.
(attention si vous n’êtes pas habitués à Les habitants vivent de pêche, d’arti-
l’altitude), la vue sur le lac, la baie de sanat, de chasse (ils utilisent le sang des
Puno, la Bolivie dans les brumes et l’Alti- cormorans pour soigner l’épilepsie) et
plano récompense de tous les efforts. de collecte d’œufs vendus à Puno qu’ils
Tout comme la nuit passée à tutoyer les rejoignent sur leurs canots. Ils se nour-
étoiles, que l’on n’aura jamais vues aussi rissent également de la partie blanche
proches, sur l’île faiblement éclairée par du roseau, qu’ils appellent plátano del
les lampes alimentées, comme les fours lago (banane du lac).
et les cuisinières, par la chaleur solaire,
précieusement emmagasinée. Le tour de
l’île peut se faire en 2h environ, tandis LA ROUTE AYMARA
que la foule de touristes s’agglutine sur
la place de l’église. La fête principale est CHUCUITO
la Fiesta de Santiago, fête des moissons, A 18 km de Puno, sur le lac, Chucuito
du 25 au 31 juillet. Ce ne sont que danses se recroqueville autour de son église.
et chants, accompagnés de copieuses Le village possède un trésor colla, le
libations. temple Inka Uyo, dédié à la fécondité.
Juliaca - Le lac Titicaca 81

Dans l’espace réduit de ses murs, le


sanctuaire accueille des sculptures LA ROUTE QUECHUA
phalliques d’un saisissant réalisme.
Les habitantes de la province conti- SILLUSTANI
nuent de s’y rendre dans l’espoir de voir La presqu’île de Sillustani abrite des
exaucé leur souhait d’avoir un enfant. monuments parmi les plus mystérieux du
Entrée 5 soles. Pérou. On se trouverait en présence d’un
cimetière de la culture colla (1000 à 1400
ACORA de notre ère) qu’auraient utilisé les Incas.
Le village peut s’enorgueillir de ses deux Deux cercles consacrés à la lune et au
églises, San Juan et San Pedro, véri- soleil continuent, mille ans après avoir
tables bijoux architecturaux. La seconde été tracés, d’attirer les farfelus illuminés
est l’unique représentante de l’Alti- ou les sorciers venus y prier, invoquer
plano du style mudéjar-mauresque. un dieu, ou lancer un mauvais sort.

VISITE
A 35 km de Puno, un coin d’Anda- Dominant le lac Umayo et une île plate
lousie cerné de prairies que paissent dont seuls les chamans sont autorisés à
les lamas, avec le Titicaca en toile de fouler le sol, le site de Sillustani dégage
fond. Superbe ! des ondes d’énergie fabuleuses.

JULI JULIACA
A 74 km de Puno, soit environ 1h10 de wwPopulation : 273 880 habitants en
route. La plage de Mollendo se situe 2015.
non loin de là pour les courageux qui ne
craignent pas l’eau froide ! La « petite wwAltitude : 3 822 m.
Rome des Amériques », fondée par Cette ville peu attrayante (c’est le moins
les Dominicains en 1534, peuplée que l’on puisse dire), à 45 km de Puno,
à 100 % d’Indiens Aymaras, entourée est la plus importante du département de
de sept collines (cela va de soi) et par sa population, sa vocation de nœud
collée au lac, justifie pleinement son de transports aériens et de son centre
appellation par la présence de quatre industriel et commercial – c’est le plus
superbes églises du XVIe siècle, dont une grand marché du Pérou pour l’alpaga.
en ruine. Juliaca est triste et grise, surtout quand
il pleut ou neige, comme à Puno, avec le
POMATA lac Titicaca en moins. La délinquance est
A 105 km de Puno, soit 1h30 de route. plus élevée ici qu’à Puno, notamment à la
Ce village possède deux petits bijoux : gare. La foire hebdomadaire du lundi est
deux temples des XVIIe et XVIIIe siècles, l’endroit rêvé pour acheter les vêtements
construits en grès rose et dont les autels d’alpaga les moins chers du pays.
sont dorés à l’or fin (entrée pour 2 soles). La Catedral Santa Catalina, plaza de
De Pomata, deux choix s’offrent à vous Armas, avec son clocher et sa coupole,
pour passer la frontière bolivienne : constitue la seule beauté de l’endroit.
au nord-est, Yunguyo, au sud-est, Bref, on ne séjournera à Juliaca que
Desaguadero. contraint et forcé (et avec une camisole !).
82 Le lac Titicaca - Lampa

LAMPA „„ IGLESIA SANTIAGO APÓSTOL


L’église baroque métissée du XVIIe siècle,
80 km au nord de Puno, soit 30 km au Santiago Apóstol, justifie à elle seule le
nord de Juliaca. L’église baroque métissée
détour. A la différence de la cathédrale
du XVIIe siècle, Santiago Apóstol, justifie
de Puno, ici la nef et ses retables valent
à elle seule le détour. A la différence de
la façade. L’église abrite l’une des deux
la cathédrale de Puno, ici la nef et ses
copies de la Pietà de Michel-Ange que
retables valent la façade. L’église abrite
compte le continent. Dans la crypte, à
l’une des deux copies de la Pietà de
laquelle on descend par un étroit escalier,
Michel-Ange que compte le continent.
Dans la crypte, à laquelle on descend les murs sont recouverts de squelettes.
par un étroit escalier, les murs sont Ils appartiendraient aux constructeurs
recouverts de squelettes. Ils appartien- du monument. Le sacristain a la garde
draient aux constructeurs du monument. des clés.
Le sacristain a la garde des clés.
Le folklore est également très présent PUCARÁ
à Lampa, berceau des Ayarachis de A 60 km au nord de Juliaca, sur la
Paratia, animateurs incontournables ligne de chemin de fer, cet important
des fêtes de l’Altiplano. C’est ici que l’on centre cérémonial inca fut une forte-
élève le chinchilla dont la fourrure orne resse, construite par la culture Pukará
les manteaux des riches Occidentales. entre 250 av. J.-C. et 380 ap. J.-C. (site
Son succès faillit coûter définitivement archéologique Kalasaya).
sa peau à ce petit rongeur, aujourd’hui Aujourd’hui, la renommée mondiale de ce
protégé. La « ville rose » est également village repose sur les cornes d’un bovin
connue sur le plateau comme la « cité en céramique, le « torito de Pucará »,
des sept merveilles ». Pas une de moins. symbole de robustesse que l’on place,
Pour s’y rendre de Juliaca, prendre un par superstition, au-dessus des maisons
combi depuis la rue Huascar, pas loin nouvellement construites.
du marché (compter 2,50 soles pour Un petit musée jouxte la place centrale
45 min de trajet). flanquée d’une église coloniale photo-
© AUTHOR’S IMAGE

Col de la Raya (4335 m), la porte d’entrée de l’Altiplano.


Raqchi - Le lac Titicaca 83

génique (entrée à 6 soles). Quelques


beaux objets, quelques sculptures
SAN PABLO
Km 125. Dans ce village, le génie et
intéressantes, un art lithique des plus
l’histoire andins sont à l’œuvre chez
séduisants, mais ne vous attendez pas
les artisans joailliers qui fabriquent
à monts et merveilles…
des bijoux, mais aussi des candé-
Ceux qui ont réservé un « tour organisé »
labres, des crucifix, des tumis (dieu
entre Puno et Cusco peuvent omettre
chimú ou couteau funéraire inca), des
cette visite et marcher une dizaine de clochettes, en or, en argent et en cuivre,
minutes vers le site archéologique, qui à la manière de leurs ancêtres dont ils
domine le village. Une bonne occasion de portent les noms : Yupanqui, Suyo, Tito,
se dégourdir les jambes en sa baladant Ccorimanya ; mais eux, en plus, utilisent
dans des lieux chargés d’Histoire. le fer-blanc.
LA RAYA RAQCHI

VISITE
Située à 4 312 m d’altitude, cette porte Voici un village étoilé au firmament
d’entrée de l’Altiplano constitue la seule des sites archéologiques et de l’india-
halte consentie par le train qui assure la nité. Le temple de Wiracocha (certains
liaison entre Cusco et Puno… et ce n’est penchent pour une caserne) impose
pas un hasard : c’est non seulement le l’impériale hauteur de son mur (15 m),
point le plus haut du trajet mais c’est de ses portes et de ses colonnes à qui
aussi un spectacle d’une grande beauté. franchit son enceinte. Le complexe d’ha-
Au pied de cette église d’un jaune flam- bitations à six patios et huit ruelles ainsi
boyant et au toit rouge, vous apprécierez que les colcas (silos) de 8 m de diamètre
les contrastes épatants offerts par le sont les restes d’une agglomération
ciel azur, le blanc des cimes andines et de 200 maisons. Les cinq phaqchas
des lamas, le vert tendre de la vallée… (sources) sont connues comme ayant
Vous êtes ici en communion avec la été les bains de l’Inca. Le chemin inca,
nature (à condition d’ignorer les très toujours en service, conduit jusqu’à
nombreux vendeurs venus ici rien que Qollasuyo, protégé par des murailles,
pour vous). comme, 500 m plus loin, la caserne
(cuartel) et la prison (cárcel) de Raqay,
SICUANI soit huit édifices autour d’un patio. Trois
A 250 km de Puno, cette petite ville terrasses délimitent l’espace. C’est sur
constitue un arrêt agréable pour le ces dernières que se déroule, le troisième
voyageur éreinté. Au pied de l’Apu dimanche de mai, le festival folklorique
Jururo, elle a conservé, dans ses rues de Raqchi – le plus célèbre du pays –
souvent tortueuses, un parc important qui fait renaître les rites incas, avec
de maisons coloniales à balcon de bois danses des guerriers, des religieux, des
démesuré. Sicuani, porte de la puna, laboureurs. Dignes héritiers des Incas,
paysage de steppe à l’herbe rase, le ichu, les habitants de Raqchi excellent dans
qui s’étend jusqu’à Puno puis La Paz, la fabrication de céramiques : plats,
s’affaire sitôt que s’arrête le train pour ocarinas, statuettes de diables et autres
ne plus cesser de bourdonner. dieux païens.
Cusco et sa région
L’histoire de la contrée est liée de manière de motifs colorés, de mantas de couleurs
indélébile à celle des Incas. Selon la vives (dans lesquels elles portent sur leur
légende, Manco Cápac traça le plan de dos un bébé ou un fardeau) et d’un petit
sa cité en lui donnant la forme d’un puma chapeau de feutre surmonté d’une sorte
à tête de faucon. Avec le temps, la ville de napperon à franges, est aussi d’une
se partagea entre la partie haute, Hanan parfaite originalité. Malgré tout ce qu’on
Cusco, et la partie basse, Hurin Cusco. peut en dire (saturation touristique, etc.),
On attribue à Pachacútec (vers 1438) on aime Cusco, on s’y sent bien, et on y
l’érection des principaux temples et palais. revient, toujours, avec la même joie. On
A partir de 1533, la ville, marquée par le peut y passer des mois si l’on veut arpenter
feu et les lois inexorables des Espagnols, tous les sites archéologiques, tous les
se transforma radicalement : les édifices petits villages, tous les marchés perdus
incas furent sauvagement rasés, certains des vallées lointaines. Mais quelques
partiellement conservés. Sur les fonda- jours suffiront déjà pour illuminer votre
tions anciennes de pierres parfaitement voyage. On a l’impression, pour un temps,
ajustées, les vainqueurs élevèrent d’avoir pénétré au cœur du monde et
d’imposantes églises, des couvents, d’un royaume imaginaire, presque légen-
des collèges et d’élégantes casonas daire. L’environnement des montagnes, la
(maisons coloniales). Cusco présente lumière, l’air frais de l’altitude embellissent
une parfaite réussite de ce métissage le tableau ; il pleut cependant fréquem-
culturel et artistique qui fait d’elle l’une ment et fort de décembre à avril, avec une
des plus belles cités d’Amérique latine. moyenne de 12 ° C ; de mai à octobre le
temps est sec et froid (8° C).
CUSCO wwLes principales fêtes sont la Semana
Santa (mars ou avril) ; la fête de la bière
wwPopulation : 427 220 habitants en
lors de la première semaine de juin (la
2015.
Cusqueña est de loin la plus savoureuse
wwAltitude : 3 400 m. du Pérou) ; le Corpus Christi (au mois
Cusco est l’un des hauts lieux du de juin, le jeudi suivant la Pentecôte),
tourisme en Amérique latine. De fait, il procession en l’honneur des 16 saints
paraît presque impensable de ne pas y patrons vénérés dans la ville ; l’Inti Raymi,
séjourner quand on se rend au Pérou. la fête du Soleil le 24 juin (c’est de loin
Il faut dire que déambuler dans les ruelles la plus impressionnante), la Fiesta de la
pavées entre les murs de pierres aux Virgen del Carmen, à Paucartambo, le
angles multiples, sous les arcades de la 16 juillet (considérée comme la meilleure
plaza de Armas, franchir le portail d’une fête folklorique de la région), ainsi que le
église est un enchantement constant. Pachamama Raymi, ou jour de la Terre
Le costume traditionnel des femmes de Mère, début de la nouvelle année andine
Cusco, composé d’une jupe noire brodée marqué par des offrandes le 1er août.
San Cristobal Museo de Arte San Blas

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Precolombino (MAP)

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Avenida 21 de Mayo
86 Cusco et sa région - Cusco

Centro histórico l’impressionnante collection de meubles


coloniaux et un Christ en croix attribué à
et la ville basse Van Dyck qui attirent le regard. Dans les
La ville basse, organisée autour de la chapelles, la profusion de peintures de
Plaza de Armas et sa cathédrale, est l’école de Cusco (Sinchi Roca, Marcos
riche de murs incas, d’églises, et d’in- Zapata et Diego Quispe Tito) transforme
nombrables casonas coloniales aux toits la cathédrale en un musée (on notera la
de tuiles et aux balcons de bois sculpté. toile intitulée la Ultima Cena, où apparaît
A noter le récent boom touristique du un cuy, témoin précoce du syncrétisme
quartier de Santa Clara qui s’est lui aussi en marche). El Señor de los Temblores
peuplé d’hôtels. montre un Christ à la face noircie par la
fumée des cierges qui brûlent sans cesse
„„ CATEDRAL à proximité. Mais la pièce maîtresse de
Plaza de Armas l’église est un ostensoir d’or de 22 carats
Commencée en 1564, la cathédrale sera de 1,20 m de hauteur, alourdi de plus de
achevée un siècle plus tard. Les pierres 2 000 pierres précieuses et pesant 27 kg.
volcaniques roses de sa façade ont été
arrachées à la citadelle de Saqsaywamán. „„ CONVENTO SANTO DOMINGO
Ladite façade Renaissance, sobre, ET QORIKANCHA
contraste avec le style plateresque Avenida del Sol
chargé de l’intérieur. En forme de croix et calle Santo Domingo
latine, l’édifice comporte une salle du Le couvent a été édifié au-dessus du
chapitre, trois nefs, une sacristie et pas Qorikancha, quartier de l’or en quechua,
moins de dix chapelles latérales, le tout dont le temple du Soleil occupait, dans
orné d’objets en cèdre taillé (doré à la la configuration féline de la ville, le
feuille ou en argent repoussé) et de près sexe. Le mur de pierres noires polies,
de 400 toiles peintes. Jesús, María, José assemblées si étroitement qu’elles
et el Triunfo sont les chapelles latérales ; paraissent ne former qu’un seul bloc, est
la deuxième est en fait la cathédrale considéré comme le plus parfait de l’art
primitive, construite en 1539 sur l’empla- inca. Embelli par Pachacútec, le temple,
cement du palais de Wiracocha. On y du haut de son promontoire, dominait
admirera un autel en pierre et la nef un étagement de jardins en terrasses
où repose Inca Garcilaso de la Vega. dont la plate-forme supérieure servait
Le nom de la chapelle (triomphe) vient de fondation aux différents temples
de la Virgen del Triunfo qui aurait sauvé dédiés aux divinités : Soleil, Etoiles,
la vie de 200 Espagnols lors du siège de Lune, Arc-en-ciel… Au milieu se tient,
Cusco par Manco II. muette, une fontaine cérémonielle en
La cathédrale abrite un chœur du pierre massive. L’ensemble, enchâssé
XVIIe siècle, dont les sièges en cèdre sont dans le couvent, constitue le plus bel
de véritables œuvres d’art. Ici les styles exemple des qualités de constructeurs
s’entrechoquent mais éblouissent : autel des Incas. Construite immédiatement
central rococo de la Santísima Trinidad, après la conquête, Santo Domingo fut
retables churrigueresques, chaires détruite par les séismes de 1650 et 1950.
baroques… Dans la sacristie, c’est C’est à l’occasion de ce dernier séisme
Cusco - Cusco et sa région 87

que furent découverts les fragments dérobés. Parmi les retables les plus
des temples anciens, à la grande joie intéressants, on notera ceux de San
des Indiens. De l’église, on retiendra le Jerónimo et de San Francisco de Asís.
clocher baroque du XVIIe siècle et, dans Ici encore, beaucoup de toiles, dont
le cloître, la pinacothèque et ses œuvres l’une représente le mariage d’un neveu
peintes coloniales. d’Ignacio de Loyola avec une princesse
inca. Splendide vue sur la Plaza de Armas
„„ IGLESIA depuis l’étage, grimpez.
DE LA COMPAÑIA
Plaza de Armas „„ MUSEO ARZOBISPAL-
Datant de 1576, elle fut élevée par les DE ARTE RELIGIOSO
Jésuites, à qui l’on attribue l’ambition Calle Hatunrumiyoc (de la Piedra
d’avoir voulu éclipser la cathédrale, de 12 angulos) et Herrajes
sur l’emplacement du Amarukancha, Ancienne propriété coloniale des familles
le palais de Wayna Cápac. Détruite aristocratiques de la colonie, ce palais

VISITE
par le séisme de 1650, reconstruite colonial de style mauresque recouvre le
aussitôt, cette élégante église est consi- palais d’Inca Roca, dont il conserve les
dérée comme la plus belle réalisation fondations de pierre. Le portail, le double
de l’architecture religieuse coloniale patio avec azulejos et retable churri-
des Amériques. Sa façade baroque en gueresque témoignent de la richesse
pierre taillée est magnifique. D’une seule de ceux qui édifièrent ce petit palais,
nef, surmontée de deux clochers, la siège de l’archevêché. Le musée possède
Compañía loge une coupole et un autel 172 toiles des XVIIe et XVIIIe siècles dont
doré à la feuille qui masque l’entrée beaucoup provenant d’Europe. Le roi
d’une chapelle souterraine, de cryptes, d’Espagne fut reçu dans l’incroyable
de passages secrets et d’escaliers Salón Dorado du palais.

© STÉPHAN SZEREMETA

Église de la Compañía.
88 Cusco et sa région - Cusco

„„ MUSEO ARQUEOLOGICO – céramique, en pierre, en métal, des


MUSEO INKA pinces, des couteaux, des miroirs, ainsi
Cuesta del Almirante, 103 que des restes de squelettes...
Petite rue qui grimpe le long
de la cathédrale „„ MUSEO HISTÓRICO REGIONAL
& +51 84 237380 Calle Heladeros
Ce musée repose, lui aussi, sur les Plaza Regocijo
fondations d’un palais inca, celui de Cette maison est connue comme la Casa
Huáscar. S’il y autant de palais à Cusco, de Inca Garcilaso de la Vega, historien
c’est parce que chaque Inca arrivé au et considéré comme le premier métis
pouvoir se devait d’édifier son propre péruvien, fils de capitaine espagnol et
palais, à la fois pour marquer la grandeur de princesse inca. La belle demeure est
de son règne et pour y être inhumé au un écrin où sont exposées des centaines
moment d’entreprendre le voyage dans de trésors de cultures préinca et inca,
l’au-delà. Outre une porte en pierre objets en pierre, coquillages, métaux,
taillée, des murs incas, un patio double, taillés, évidés, polis et offerts aux dieux,
caractéristiques propres aux casonas objets qui pour la plupart ont été mis
coloniales de Cusco, le Palacio del au jour à Saqsaywamán ; un bracelet
Almirante renferme un escalier monu- a été retrouvé à Machu Picchu en
mental sur la pierre duquel sont sculptés 1995 seulement.
un lion et un démon. Ce musée, très A l’étage, les pièces dans lesquelles
didactique, est riche de tissus, momies, travailla le premier historien du Pérou
céramiques préincas et incas, ainsi que montrent peintures et meubles de
de peintures illustrant l’histoire de la l’époque coloniale.
capitale. Visite utile avant (ou après) „„ PLAZA DE ARMAS
celle des sites.
OU HAUKAIPATA
„„ MUSEO MACHUPICCHU – Selon la légende, c’est au centre de
CASA CONCHA cette place que Manco Cápac planta
Calle Santa Catalina Ancha 320 son bâton d’or, indiquant ainsi le point
& +51 84 255535 à partir duquel devait se développer la
www.museomachupicchu.com future cité. Dans un environnement de
Le musée s’est installé dans une superbe montagnes ocre et vertes sur lesquelles
maison coloniale du XVIe siècle au cœur jouent ombres et lumières au coucher du
du centre-ville de Cusco. Nous recom- soleil, la place, sur quatre côtés, dévide
mandons sa visite avant de se rendre au ses arcades ; la Catedral et l’Iglesia
Macchu Picchu car plus de 350 pièces de la Compañía rehaussent l’ensemble
archéologiques trouvées sur le magni- architectural le plus réussi du Pérou.
fique site y sont exposées. Ces pièces La place fut le théâtre des fastueuses
ont été restituées à la ville de Cusco cérémonies de l’Inti Raymi, fête du Soleil
par la célèbre université de Yale cent qui regroupait symboliquement, comme
ans après la redécouverte du Machu de nos jours, les peuples de l’empire
Picchu par l’explorateur Hiram Bingham de Tahuántinsuyo. C’est ici encore que
en 1911. Sont exposés des objets en Pizarro promena son triomphe, que se
Cusco - Cusco et sa région 89

souleva Manco Inca, que fut exécuté Sala Nazca, des vases et des sculp-
Túpac Amaru II. Aujourd’hui on s’y repose tures nazca (1 à 800 apr. J.-C.) ; la
et, sous les arcades, les agences de Sala Mochica (1 à 800 apr. J.-C.), des
voyages, les restaurants, les vendeurs bouteilles effrayantes à tête de chouette
d’artisanat créent l’animation. Statue montée sur des corps de citrouille (forme
et jolie fontaine centrale depuis 2012. nouvelle d’art : moins de dessins et
plus de travail de sculpture) ; la Sala
San Blas Huari (800 à 1300 apr. J.-C.), des céra-
Fidèle à sa réputation de « Petit miques et des objets en terre cuite sur
Montmartre », c’est ici que vous devez le thème de la femme et de la fertilité ;
chiner pour trouver des reproductions la Sala Chancay-Chimú (1300-1532 apr.
de l’école cusquénienne ou des dessins J.-C.), des bouteilles à têtes d’oiseaux ;
représentant Cusco et la Vallée sacrée. la Sala Inca (1300-1532 apr. J.-C.), des
Jolis travaux au Cuesta San Blas instruments de musique (ocarinas en

VISITE
552 chez Sonia Loayza. forme de coquillages), des outils de
guerre mais aussi d’impressionnantes
„„ CALLE HATUNRUMIYOC vasques de taille imposante ; la Sala
Probablement la rue piétonne et étroite de Conchas Marinas, toutes sortes de
la plus touristique de la ville. Quand, bijoux mochica (1 à 800 apr. J.-C.) faits
par la calle del Triunfo, on se dirige vers de coquillages et ossements de requins,
San Blas, on passe, au n° 451, devant la le tout dans une ambiance de fonds
célébrissime « pierre aux douze angles ». marins ; la Sala de Plata, des broches
Aussitôt après, sur la droite, on emprunte et des bijoux cérémoniels habilement
le Pasaje Inca Roca où se trouvent deux travaillés par les Chimú, qui savaient
autres beaux murs de l’ancien palais de allier l’esthétique à l’utile ; enfin, la Sala
ce souverain. de Oro, des bijoux, des armes et des
couronnes vicús (- 1200 à notre ère).
„„ MUSEO DE ARTE
Visite fortement recommandée.
PRECOLOMBINO (MAP)
Plazoleta de las Nazarenas 231 „„ IGLESIA SAN BLAS
www.map.museolarco.org Plazoleta San Blas
Privé, mais incontestablement le plus Cette petite église, la plus vieille de
beau musée de Cusco. Sur 2 étages, Cusco, date de 1536. Elle héberge une
il nous fait entrer dans le monde des inestimable chaire en cèdre, taillée d’une
civilisations précolombiennes de seule pièce et qui valut à son créateur,
manière séduisante, chacune des salles Diego Tomás de Cerda, vingt-cinq ans
récréant l’atmosphère de la civilisation de labeur.
à laquelle elle est consacrée. La Sala L’œuvre, purement baroque, est un feu
Formativa expose des céramiques des d’artifice d’angelots fessus, de chérubins
époques cupisnique et pacopampa (de joufflus, de monstres grimaçants et
1250 av. J.-C. jusqu’à notre ère) ; la de flore grimpante. L’autel principal,
Sala de Madera, des sculptures de dû à Mateo Tuyro Túpac, ainsi que le
dieux en bois des civilisations chimú balcon sculpté de belle facture méritent
et inca (1300-1532 apr. J.-C.) ; la également d’être vus.
90 Cusco et sa région - Cusco

„„ PLAZA LAS NAZARENAS


Sur cette place tranquille, on notera les
LES ENVIRONS DE CUSCO
portiques coloniaux taillés et les murs
du Yachayhuasi, ou temple du Savoir,
SAQSAYHUAMÁN
qui forment une partie de la façade Ce site inca protégeait Cusco (non loin
de l’église Las Nazarenas. On passe a été érigée la statue d’un Cristo blanco
ensuite par la calle de las Siete Culebras chargé de prendre le relais). On peut s’y
(rue des Six Couleuvres), où vécut rendre à pied, en 30 min, par le Jirón
Mancio Serra qui hérita fugacement Suecia, puis à droite par la Amargura,
du disque d’or du Qorikancha, on admire et enfin par le chemin indiqué. De la
la Casa de las Serpientes, une maison forteresse, on a une vue panoramique
inca décorée de serpents gravés. Sur la unique sur la ville ! Entrée comprise dans
petite place, l’imposante Casa Cabrera, le boleto turistico.
appartenant à la Banco Continental, wwLes murailles s’étagent sur trois
fut élevée en 1534 à l’emplacement niveaux en représentant les trois
d’une demeure inca, le Caucha Inka, mondes (d’en haut, des hommes et d’en
par Alonso Díaz, compagnon de rapine bas) et épousent la forme d’un immense
de Pizarro. zigzag : dans ce sanctuaire était honoré
Sur la place toujours, on pourra visiter l’éclair. Les pierres exactement ajustées,
l’église San Antonio Abad, du XVIIe siècle, aux angles multiples, aux arrondis
à la porte très ouvragée, de même que le suaves, pouvant atteindre 5 m de
monastère qu’occupent le luxueux hôtel hauteur et peser jusqu’à 360 tonnes,
Monasterio : il suffit de s’adresser à la furent acheminées depuis une carrière
réception de l’hôtel (entrée libre). Ne exploitée de l’autre côté de la colline
pas oublier de visiter le MAP. (performance inouïe quand on sait que
„„ TEMPLO SAN CRISTÓBAL les Incas ne connaissaient ni le cheval
On atteint l’église en gravissant la colline ni la roue). Des portes d’accès et des
par les ruelles étroites, dont certaines volées d’escaliers conduisent au secteur
en escaliers qui mènent à la citadelle religieux où apparaissent deux autels de
de Saqsaywamán. pierre, les fondations du Torreón, tour de
Le temple catholique se trouve sur les guet circulaire où l’on voit parfaitement
vestiges du palais de Colcampanta, qui les canaux d’adduction d’eau qui
est dû à Pachacútec et dont on voit un l’alimentaient, taillées en pleine roche.
double mur percé de niches et d’une wwSéparée de cet ensemble
porte. En adobe, sauf le campanile de gigantesque par une esplanade
pierre du XVIII e siècle, San Cristóbal où est célébré l’Inti Raymi (fête du
s’illumine le soir, veillant sur la plaza Soleil célébrée le 24 juin) se trouve
de Armas en contrebas. Le parvis est la butte rocheuse polie par l’usage et
un belvédère d’où l’on voit une bonne étrangement striée d’où l’Inca présidait
partie de la ville. Le clocher offre une les cérémonies du haut de son trône
vue encore plus impressionante mais de pierre. Plus loin, entre les tombes,
réservée à ceux ayant acquitté le boleto autour du réservoir circulaire découvert
religioso. en 1986, serpentent les chincanas,
Puka Pukará - Cusco et sa région 91

Les environs de Cusco


Routes goudronnées
Routes non goudronnées
Quillabamba Sentiers

Río
Ocobamba Voie ferrée

Pa
uc
Capitales de province ar
CUSCO

tam
Villes secondaires
PARC NATIONAL

b
Santa Maria

o
Villages DE MANU
Sites archéologiques
Santa Teresa Lares Tres Cruces
Aguas Calientes
Macchu Picchu Verónica
5350 m
Chillca Challabamba
Nevado Pumasillo
5991 m SANCTUAIRE HISTORIQUE DU
MACCHU PICCHU Ollantaytambo Río
ba m b a Paucartambo
Ur u Calca
Moray
Maras Urubamba

VISITE
Choquequirao Nevado Salkantay
6264 m Chinchero
Huarocondo Pisac
Limatambo Sacsayhuamán Puca Pucara
Cachora Mollepata San Salvador
Tarawasi
Anta Tambomachay
Cusco Qenko
Sayhuite Carahuasi Río Apu Pikillacta
rima Ccorca Tipón
Abancay c Chinchaypujio
Yaurisque Oropesa
Andahuaylillas
Huanoquite Urcos
Cotabambas Paruro
Paccaritambo

0 20 km APURIMAC

passages souterrains creusés dans la fertilité. Sous l’énorme bloc rocheux a


terre ou la roche et soutenus par des été aménagé un sanctuaire avec autel
parois en adobe. C’est peut-être à de sacrifice et trône. Sur le sommet,
Saqsaywamán que l’on perçoit le plus d’autres sièges, d’autres trônes entourent
fortement les « vibrations » qui continuent une rigole qui zigzague, évoquant l’éclair
de secouer l’ancien Tahuántinsuyo. Si la ou le serpent. Tout autour s’étendent les
chance est avec vous, vous pourrez voir terrasses que les Incas et leurs prédé-
cette magnifique forteresse à la lumière cesseurs destinaient aux cultures. Entrée
des projecteurs une fois la nuit tombée. comprise dans le boleto turistico.

Q’ENQO PUKA PUKARÁ


A 500 m de Saqsaywamán, cet important 3 km après Q’enqo, au bord de la route,
sanctuaire vaut surtout pour sa construc- le fortin gardait l’accès à la capitale et à
tion arrachée à la froideur du granit. Au Tambomachay proche. Les pièces, aux
centre de l’amphithéâtre où vingt sièges ouvertures trapézoïdales selon les codes
sont taillés dans le rocher, une idole incas, offrent une belle vue sur la vallée
monolithique exhibe sa forme féline (ou et les sommets enneigés dans le lointain.
de crapaud selon certains), symbole de Entrée comprise dans le boleto turistico.
92 Cusco et sa région - Tambomachay

TAMBOMACHAY demeure un superbe village, avec ses


rues pavées de galets, sa plaza de la
C’est à 200 m du fort de Pukapukará que
Constitucion qu’ombrage un impression-
l’Inca allait prendre les bains, pense-t-on,
nant pisonay, arbre barbu dont il n’existe
dans un temple voué au culte de l’eau.
qu’une cinquantaine d’exemplaires dans
Les fontaines superposées où le précieux
toute la vallée. Sous les frondaisons, une
liquide jaillit à gros bouillons cristallins,
statue rappelle le sacrifice du cacique
les murs de pierre superbes font de ce
Bernardo Tambohuacso, assassiné par
lieu un havre magique dans l’aridité
les Espagnols en 1780.
ambiante. On comprend pourquoi les
fils du Soleil allaient s’y reposer. „„ PARQUE ARQUEOLÓGICO
DE PÍSAQ
TIPÓN On s’y rend de deux façons : en taxi,
Km 22. Entrée comprise dans le boleto que l’on prend à l’entrée du village
turístico. Descendre au carrefour (combis près du pont, ou à pied si l’on est
depuis l’Avenida la Cultura à Cusco), motivé pour grimper pendant 2h.
et, à partir du village, gravir, durant 1h Depuis Cuzco, compter environ 45min
environ, la petite route qui conduit aux en combi.
ruines. Cet impressionnant ensemble La montée permet de découvrir petit
constitué de douze terrasses, d’une à petit la vallée et la confluence du
grande muraille barrant le site, d’édi- río Urubamba et de son affluent le
fices à ouvertures trapézoïdales, d’une Wilcamayu, en empruntant le chemin
tour de guet qui permet de découvrir qui part à côté de l’église de la plaza de
la vallée, fut un sanctuaire, peut-être la Constitucion (à la guérite, on montre
destiné au culte de l’eau, comme pour- son boleto). Après les terrasses pentues
raient le laisser penser les nombreux cultivées, on arrive à Pisaqa où étaient
canaux, bassins et fontaines qui font stockées les vivres de la cité-citadelle,
du cadre l’un des plus bucoliques et plutôt bien conservée et dont on peut
frais des alentours de Cusco. Tout près, apprécier l’implantation stratégique.
à K’aku Orqo et à Pikikallipata, des ruines Tout proche, un chemin mène jusqu’à
pré-incas bien préservées attendent deux hautes habitations en adobe et
ceux que les vestiges n’auraient pas au toit de canne.
lassés. Plus haut encore, le centre cérémo-
niel de Intihuatana enroule ses murs
EL VALLE SAGRADO de pierre taillée autour du temple du
Soleil enserrant le calendrier solaire.
Poursuivant sur le chemin sinueux, qui
PÍSAQ dévoile peu à peu les terrasses toujours
La porte d’entrée de la vallée est à utilisées, on aperçoit le bout du tunnel
2 970 m d’altitude. Célèbre avant tout percé dans la montagne, où l’on ne passe
par sa foire dominicale, Písaq l’est aussi qu’à la queue leu leu et cassé en deux ;
par les ruines récemment restaurées, cet improbable accès rendait le temple
double richesse qui attire chaque hors d’atteinte. Au-delà se trouve un
année davantage de touristes. Písaq ensemble nommé Q’allaq’ana, avec
Moray - Cusco et sa région 93

bassins et fontaines, puis le quartier

El Vallee Sagrado
résidentiel de Q’anchisraq’ay entièrement
fortifié d’un mur crénelé.

YUCAY
Un village joliment préservé, calme et
traditionnel. A mi-chemin entre Písaq et
Ollantaytambo, voici une bonne option
pour passer une nuit. Il n’est qu’à
15 minutes en taxi de Urubamba où il y
a davantage de restaurants. Quelques
jolies promenades sont à programmer sur
les hauteurs. Les paysages entre Calca
et Yucay sont sublimes. Entre ces deux

VISITE
villages se sont établis quelques lodges
importants comme el Inkaterrra Hacienda
Urubamba ou el Aranwa Sacred Valley.

MARAS
A 10 km du village du même nom, la
carrière de sel, déjà exploitée par les
Incas, est tout simplement accrochée
à la montagne, où scintille sa grande
tache blanche au milieu des montagnes
ocre. Le principe est simple : l’eau salée
qui surgit du sol est stockée dans des
petites piscines et, sous l’effet du soleil,
l’évaporation est telle que le sel monte à
5 Km.

la surface. Le sel de Maras est ensuite


traité et vendu sur les marchés par les
habitants du village (que l’on peut encore
voir à l’œuvre le matin) ou exporté à
l’international. Boutique.

MORAY
Moray, malgré sa belle petite église
coloniale, est surtout réputé pour ses
énigmatiques ruines disposées en
cercles concentriques et s’enfonçant
de 150 m dans la terre (entrée comprise
dans le boleto turistico). Selon certains
chercheurs, il pourrait s’agir d’un centre
expérimental d’agronomie inca.
94 Cusco et sa région - Moray

En fonction de leur orientation, ces que leurs compagnons et ont sur la tête
terrasses bénéficiaient de climats un petit chapeau de paille en forme de
différents, créant peut-être ainsi les corbeille, également attaché avec un
conditions optimales pour les cultures ruban. C’est dans cette citadelle que
incas. On accède d’une terrasse à Manco Inka vainquit Pizarro en 1538, en
l’autre par de petites pierres sortant sonnant les clarines d’une révolte que
des terrasses mêmes, formant ainsi des continueront ses descendants à partir de
marches, encore un témoignage de la leur refuge amazonien de Vilcabamba.
grande ingéniosité dont faisaient preuve Le nom du village vient du général
les Incas. Trois de ces mystérieuses Ollantay (tambo signifiant « lieu de
terrasses peuvent être vues sur le site. repos »), qui se retira en ces parages
par amour pour Cusi Collo, fille de
OLLANTAYTAMBO Pachacútec. Anobli par l’Inca en raison
Toute la cité est construite selon les de son courage mais resté roturier par le
plans des villes incas et les édifices sang, le général n’a pu obtenir la main de
ont conservé les bases en pierres de la fille du premier des Incas. Retranché
l’empire, comme l’église Santiago dans cette cité, il passa son ennui à la
Apóstol. Dans ce « siège de l’indigé- fortifier. Cette belle histoire inspira une
nité », les hommes portent le costume pièce de théâtre.
traditionnel, ce qui est de plus en plus „„ CERVECERIA DEL VALLE
rare au Pérou : court poncho à franges Pachar
aux couleurs exclusivement rouge et & +51 984 553 892 /
orangée, petit chapeau noué avec un +51 984 553 895
ruban sous le menton. Les femmes sont www.sacredvalleybrewingcompany.com
vêtues de jupes et fichus de mêmes tons juan@cerveceriadelvalle.com
Ni un bar, ni une attraction mais les
© BEN PIPE

deux ! Cette brasserie artisanale ouvre


ses portes aux curieux pour découvrir
et goûter les bières produites (prix
très abordables : S/ 5 pour un verre,
S/ 10 pour une pinte). Egalement, une
rangée de shots pour tout tester : par
exemple la Roja contient la graine du
cactus ou tuna, la Pilsner du maïs
fermenté, la Stout du café et chocolat
bio, et la IPA sept sortes de houblon.
On trouve cette production artisanale
aussi en bouteille dans Ollantaytambo
village, à La Esquina Café ou El Albergue.
La Cerveceria se situe hors du village :
prendre un colectivo depuis le marché
jusqu’à Pachar (S/ 1, moins de 10 min
de trajet), descendez au pont.
Femme en costume traditionnel.
Aguas Calientes – Machu Picchu Pueblo - Cusco et sa région 95

„„ RUINES DE PINKULLYUNA citadelle par deux portes monumentales,


Sous le nom de Pinkullyuna, on désigne percées dans les murailles d’adobe et de
les ruines en hauteur, face à celles d’Ol- pierre brute sous lesquelles se pressent
lantaytambo, qu’on aperçoit à la droite les marchands de bibelots.
du village. En fait ce sont les entrepôts
agricoles de l’époque. Cette montée vaut AGUAS CALIENTES –
la peine car au bout d’1h30 on s’offre une MACHU PICCHU PUEBLO
vue magnifique sur Ollantaytambo village Ce village constitue une étape incontour-
et sa forteresse. Et il n’y a quasiment nable avant la visite de la cité perdue et il
personne. Prenez la calle Lares, à favorise les rencontres : l’ambiance qui y
droite juste avant la Plaza, suivez et règne le soir, quand sont passés les trains
vous trouverez une porte ouverte sur la pour Cusco, a quelque chose de totale-
montagne, des escaliers en pierre et un
ment dépaysant, d’irréel. Situés dans
panneau indiquant « Pinkullyuna – heures
le haut du village, les bains thermaux

VISITE
de visites 7h-16h30 ». Gratuit.
paraissent bien tentants après les quatre
„„ RUINES journées passées sur le « Camino del
D’OLLANTAYTAMBO Inca » et la douche tiède de votre hôtel,
La forteresse d’Ollantaytambo, qui barrait mais attention aux moustiques…
l’accès à la Vallée sacrée en direction de
Cusco et du Machu Picchu, n’était pas „„ LOS JARDINES DE MANDOR
terminée quand Pizarro débarqua, comme Le long de la voie ferrée, en direction
en témoignent les blocs disséminés sur le de Hydroelectrica
terrain. On accède au sommet, à travers & +51 940 188 155
un étagement de terrasses agricoles, www.jardinesdemandor.com
par un escalier particulièrement raide. serviciosmandor@gmail.com
Un temple à dix niches accueillant les A 1 heure du village d’Aguas Calientes
momies surplombe le temple du Soleil en direction d’Hydroelectrica (pour ceux
formé de six gigantesques monolithes, qui arrivent par ce chemin qui longe
dont le poids avoisinerait les cinquante la voie ferrée, à environ 1 heure 20 de
tonnes (on se demande encore comment Hydroelectrica) vous trouverez le projet
ils furent hissés là-haut). Plus haut, des écotouristique d’Erwin qui a ouvert un
habitations en adobe et pierre sèche se circuit qui permet d’observer la faune
confondent avec le rocher et un chemin et la flore de cette région de ceja de
de ronde contourne l’éperon, jusqu’à selva : un petit bout de jungle avec une
d’autres demeures, avec, dans le fond, cascade au fond du chemin bien agréable
des bassins, des bains alimentés par des pour ceux qui n’auront pas le temps
canaux taillés dans le rocher (certaines d’explorer davantage la selva peruana. Il a
pierres portent des griffures, traces également monté un restaurant, un site
d’entame de la taille). Sur la montagne, pour planter sa tente (avec sdb) et cinq
en face, où l’on pourra voir se dessiner le chambres simples avec sdb à partager. Si
visage d’un étrange homme barbu, l’école vous voulez vous éloignez du flux, c’est le
militaire et la prison balisent les limites site idéal. Compter 1 heure de promenade
du peuplement. On entre et sort de la sur le site. Nombreux oiseaux et colibris.
96 Cusco et sa région - Aguas Calientes – Machu Picchu Pueblo

„„ PUTUCUSI écrit, pensé… Ce nom mythique résonne


Le bon plan pour dominer le Machu par-delà les siècles et les océans… Oui,
Picchu gratuitement (du moins jusqu’à quelques 2 500 visiteurs arpentent le
notre dernière visite). Le Putucusi est le site chaque jour en haute saison, oui,
sommet qui fait face au Machu Picchu les prix ont flambé, oui, le tourisme dans
de l’autre côté de la rivière et de la voie la région évoque parfois un Disneyland
ferrée. On peut y grimper par un chemin de céramiques et d’alpaca… Mais il est
bien balisé plutôt sportif qui démarre quasiment impossible de venir au Pérou
le long de la voie ferrée à la sortie du sans visiter ces ruines légendaires, et
village (en direction du pont). L’escalade il est aussi impossible de ne pas en
se fait au moyen d’échelles en bambou : repartir ému, enthousiaste, prêt pour
on marche, on grimpe une échelle, on de nouveaux départs. En 2011, pour le
marche, on grimpe une échelle et ainsi centenaire de sa découverte par l’explo-
de suite. Compter environ 2h de montée. rateur américain Hiram Bingham, le site
Au bout une vue panoramique sur le a encore battu son record de fréquen-
site de toute beauté. Si on y va au petit tation, ce qui n’est pas sans inquiéter
matin, lever de soleil. Attention, pendant l’UNESCO qui demande un contrôle plus
les périodes de pluie la municipalité strict des entrées.
ferme l’accès et retire des barreaux wwAttention, choisissez bien votre
d’échelle pour décourager les aventu- période pour visiter le site : fin janvier
riers. Prudence donc. Renseignez-vous. 2010, des pluies diluviennes ont bloqué
2 500 touristes dans la ville d’Aguas
MACHU PICCHU Calientes et au Machu Picchu. Un
Il est difficile d’évoquer le Machu Picchu pont aérien sans précédent a même
(l’une des sept nouvelles merveilles du dû être mis en place par les autorités
monde d’après le vote universel réalisé péruviennes pour les évacuer !
en 2007) : tout semble avoir été dit,
À L’OUEST DE CUSCO
© SIME

CHOQUEQUIRAO
Site inca fabuleux comparable au
Machu Picchu en termes de surface et
de majesté ! On l’atteint en 2 jours de
marche depuis Cachora, village situé à 4h
de bus de Cusco. Ce site n’étant encore
accessible qu’à pied, il est pour cette
raison très peu fréquenté. Les ruines sont
encore loin d’être toutes dégagées et des
fouilles ont encore lieu en ce moment.
Ce « berceau d’or », en langue quechua,
aurait été érigé par Pachacútec après sa
victoire sur les Chancas.
La forteresse Inca du Machu Picchu.
Machu Picchu
98 Cusco et sa région - Choquequirao

A Cachora, vous pouvez louer les maïs, blé (wacta kancha, jawa chupe,
services d’un muletier, avec un ou payko) et de viandes de mouton et de
plusieurs ânes, pour vous accompa- cobaye dont on retiendra, dans sa forme
gner dans votre périple, ou faire un rôtie, le kuwi kancha. Quant à la boisson,
trek organisé par une agence. Et c’est c’est, bien évidemment, la chicha.
parti pour 34 km dans les montagnes...
On murmure l’idée d’un téléphérique.
En attendant les lieux restent relative-
À L’EST DE CUSCO
ment tranquilles. Sachez aussi que des
treks unissent Choquequirao à Machu ANDAHUAYLILLAS
Picchu en passant par la cordillère, à Un petit village agréable qui s’enor-
faire avec une agence comme Yunka gueillit d’une magnifique église (entrée
Trek par exemple. à 6 soles), d’un style baroque sans
concessions. Certains la surnomment
ANTABAMBA la « Chapelle Sixtine d’Amérique latine »
(encore !), et chacun décidera en son
Ce village, à 150 km au sud d’Abancay, âme et conscience. On se pâmerait
à l’ouest de Cusco, est typique du devant tant d’artifices ! Elle date du
département de l’Apurímac. Perdu à XVIIe siècle, et il est interdit de prendre
3 620 m, entre les majestueux sommets des photos.
d’Allpa kmarca et d’Utupara, il est pauvre
et conserve ses traditions dont certaines „„ SAN PEDRO
datent d’avant l’Empire inca, comme la DE ANDAHUAYLILLAS
Yawar Fiesta où le costume féminin est www.andahuaylillas.com
fait de robes et de chemisiers brodés, Magnifiquement rénovée, on la
d’une capeline et d’un chapeau de paille. surnomme la « Chapelle Sixtine d’Amé-
Les fêtes rythment la vie d’Antabamba : rique latine ». Elle date du XVIIe siècle, et
du 6 au 14 août, la Mayrura honore il est interdit de prendre des photos. C’est
le patron de la cité San Salvador ; le la première étape au sud de Cusco de
15 août, la Cocha Faena del Apu Huanso la Ruta del Barroco Andino qui a ouvert
rend hommage à l’eau (Yacu Mama) ; le les portes des temples de Huaro et ses
20 du même mois, l’anniversaire de la fresques démoniaques et Canicunca.
création d’Antabamba et, le 8 octobre, Les trois temples associés coûtent 15 et
la Yawar Fiesta avec cette corrida bien 25 soles avec la Compañia de Jesus
particulière. (www.rutadelbarrocoandino.com).
La région est truffée de sites archéo-
logiques incas, comme Campanayuk, NEVADO AUSANGATE
Liulipata ou Keuñapukro, ainsi que de Trek de 6 jours autour du nevado
sources thermales (Quilcata, sur le Río Ausangate (6 333 m) dans la cordillère
Supayco, Kocho, La Paca, à 2 heures de Vilcanota, au sud-est de Cusco. C’est un
cheval d’Antabama). L’artisanat, nul ne itinéraire trop peu fréquenté et éloigné
s’en étonnera, est centré sur le travail de tout secours pour oser s’y aventurer
de la laine de camélidés et de mouton. seul sans avoir une bonne expérience des
La cuisine, andine, est à base de quinoa, randonnées en haute altitude.
Parce que vous êtes
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La cordillère centrale
La Cordillère centrale traverse le pays „„ IGLESIA DE LA
du nord au sud sur près de 1 000 km, COMPAÑIA DE JESUS
escortée par la Cordillère occidentale Jr 28 de Julio
(dont la Cordillère blanche) à l’ouest, et Stuée au début de la rue piétonne, cette
la Cordillère orientale à l’est. église d’une seule nef, datant du XVIIe
siècle, est profondément originale avec sa
RÉGIONS D’AYACUCHO façade de pierre rose et grise. L’intérieur
possède tout ce qui fait la richesse des
ET HUANCAVELICA églises coloniales péruviennes : retables
et autel churrigueresques aux motifs
AYACUCHO floraux et zoologiques de la selva, confes-
Capitale du département d’Ayacucho, sionnaux en bois finement taillé, patios et
cette ville, l’une des plus accueillantes arcades Renaissance. On la dit inspirée
du Pérou avec son climat doux (moyenne des églises d’Arequipa.
17,5° C), a été depuis les années
1980 quasiment proscrite aux visiteurs „„ IGLESIA SANTA TERESA
du fait qu’elle était le berceau du Sentier Jr 28 de Julio, cuadra 6
lumineux. Aujourd’hui, le danger est a On l’atteint après avoir franchi le vieux
priori écarté et les compagnies aérienne pont. Construite en 1668, avec le couvent
et de bus ont rétabli la liaison. Ayacucho, des Carmélites, elle est exceptionnelle
ex-Huamanga, ne compte pas moins car entièrement en brique. Dans l’unique
de 33 églises qui en font un point de nef, on appréciera le chœur plateresque
rencontre de tous les fidèles du pays, et la chaire dorée à la feuille. Les petites
lors de la Semana Santa. Le folklore confiseries qu’on y achète sont préparées
y tient toujours une place importante. par les nonnes. Fruits au sucre délicieux.

„„ CATEDRAL „„ IGLESIA Y CONVENTO


Construite entre 1631 et 1671, grâce SANTO DOMINGO
à l’impôt prélevé sur les Indiens, cette Jirón 9 de Diciembre (cuadra 2)
église monumentale étonne d’abord par Le couvent conserve le portail originel
sa façade Renaissance baroque rose, de 1548, le reste datant du XVIIIe siècle.
soulignée par deux clochers de pierre Les styles juxtaposés, notamment un
grise. Les retables churrigueresques, incroyable gothique-mudéjar, lui donnent
le chœur de style mudéjar, l’autel doré un curieux aspect. Selon certains histo-
à la feuille avec tabernacle en argent riens, le couvent servit aux autodafés de
repoussé, la chaire en bois sculpté et les l’Inquisition et les arches du campanile
tableaux de l’école indigène d’Ayacucho firent office de gibets : pour d’autres,
illustrent parfaitement le style baroque le couvent absorbait le trop-plein de
métissé. fidèles quand l’église débordait. Laquelle
Vilcashuamán - La cordillère centrale 101

église surprend par ses dimensions et


son harmonie. Cordillère centrale
„„ MUSEO DE LA MEMORIA
Prolongacion Libertad 1229
& +51 66 317170
anfasepayacucho@gmail.com
Créé par l’Association des familles des
victimes et disparus, ce musée retrace
20 ans de conflit entre le Sentier
lumineux et l’Etat péruvien. On y trouve
la chronologie de ce conflit qui a fait offi-
ciellement 70 000 morts et disparus, des
lettres des victimes, une reconstitution

VISITE
d’une fosse commune et d’une salle
dans laquelle les militaires torturaient
des suspects pour leur soutirer des
informations. Sur un mur, des dizaines
de photos poignantes qui interpellent le
visiteur : il s’agit des photos des femmes
qui ont perdu un être cher. La visite se
termine par une sculpture : la balance
de la justice y est déséquilibrée, tout un
symbole... Petit musée, peint à l’exté-
rieur, mais qui permet de mettre des
mots sur des douleurs toujours tues.
„„ PLAZA DE ARMAS
Sur cette plaza de Armas, appelée aussi
plaza Sucre, la statue du Libertador,
joliment fleurie, occupe le centre. Avec sa
cathédrale, ses casonas et ses coquettes
arcades, la plaza Sucre concurrence
celles de Cusco et Lima par sa beauté.

VILCASHUAMÁN
Vilcashuamán fut le principal centre
administratif du Tahuantinsuyo, l’Empire
inca. On dit que l’Inca se baignait
dans la Laguna Intihuatana proche (à
Vischongo), en contemplant les milliers
de canards et de mouettes qui l’égayaient
de leurs cris.
102 La cordillère centrale - Wari – Huari
© FRANÇOIS BRIANCON

Statue de l’empereur Inca Tupac Yupanqui, Vilcashuaman.

WARI – HUARI C’est dans la pampa proche que se


déroula la célèbre bataille qui scella
Les ruines de la capitale de l’Empire wari,
l’indépendance du Pérou le 9 décembre
construite vers 600 ap. J.-C, se trouvent
1824, ce que commémore l’obélisque.
à 20 km d’Ayacucho. On y reconnaît
A 100 m de la plaza de Armas du
le tracé classique des centres urbains
village, dont l’église San Juan Bautista
de l’époque : secteurs administratif,
fut élevée sur les ruines du temple du
religieu, d’habitation et de produc- Soleil, se dresse la pyramide la mieux
tion. Les constructions de pierre de conservée du Pérou : el Husno. L’Inca
trois étages attirent immédiatement y présidait les cérémonies religieuses
l’attention : on suppose que les nobles et militaires sur la place qui pouvait
y étaient ensevelis. Le reste consiste contenir 20 000 personnes. Sur cette
en aqueducs, passages souterrains même esplanade s’élevait le palais de
qui auraient pu cacher des tombes, Túpac Yupanqui.
une étrange et monumentale table de
pierre, des maisons avec fours et un
amphithéâtre.
HUANCAVELICA
wwPopulation : 47 900 habitants en
QUINUA 2015.
A 30 km au nord-est d’Ayacucho, ce wwAltitude : 3 675 m.
village a été marqué par la guérilla wwDistances : 130 km de Huancayo,
entre le Sentier Lumineux et l’armée 250 km d’Ayacucho.
dans les années 80. Maintenant que le
calme est revenu, les habitants se sont wwTempérature moyenne : 13° C.
fait une spécialité des petits objets de Quel dommage que cette jolie ville
céramique représentant églises et défilés encaissée dans les montagnes soit si
folkloriques. difficile d’accès ! Car Huancavelica,
Concepción - La cordillère centrale 103

créée le 5 août 1572 par le vice-roi « le lieu de la pierre ». Certains disent


Francisco de Toledo sous le nom de Villa ainsi qu’en lieu et place du Parc
Rica de Oropesa, gagne à être connue Huamanmarca se dressait une pierre
avec ses nombreuses rues piétonnes, ovale imposante… aujourd’hui disparue,
ses églises (qui ouvrent toutes à 17h), et, dit-on, remplacée par une chapelle
ses nombreuses fêtes folkloriques toute construite en novembre 1580 (terminée
l’année, ses bains thermaux et sa popu- en 1619 et définitivement détruite par un
lation si accueillante... tremblement de terre en 1876).
Les affrontements dans les années Huancayo est connue dans le pays
1980 liés au Sentier Lumineux ne sont pour son marché, mais aussi pour son
plus qu’un mauvais souvenir. Mais le folklore de danses pleines d’énergie, en
département de Huancavelica reste l’un costumes colorés : el huaylarsh célèbre
des plus pauvres du Pérou. Son histoire la pomme de terre, la chonguinada est
a été marquée par les mines de mercure, une parodie du très français menuet,

VISITE
dont la fameuse mine Santa Bárbara la tunantada présente les différentes
de Mercurio. A la différence de cette classes sociales héritées de la colo-
activité économique qui a décliné, le nisation et les rapports qui les (dés)
folklore, jalousement conservé par les unissent, conflits que los chinchilpos
descendants des Indigènes soumis au et los gamonales mettent en scène.
travail obligatoire dans les mines, reste Les masques jouent un rôle central
vivace et la Danza de las Tijeras en est dans les fêtes qui éclatent en feux
la quintessence : les hommes vêtus de d’artifice chorégraphiques, comme la
lourds costumes rivalisent, ciseaux en Bajada de Reyes (première quinzaine
main, de prouesses techniques et d’acro- de janvier), le Carnaval et la Semana
baties dont semblent s’être inspirés les Santa.
danseurs de smurf et de break-dance.
„„ PLAZA DE ARMAS CONCEPCIÓN
Très belle, au pied des hauts sommets C’est dans cette ville de 60 000 âmes,
tourmentés, malgré l’état de délabre- à 21 km de la capitale départementale,
ment des casonas qui l’entourent. On qu’en 1882 fut livrée une âpre bataille
remarquera celle du XVIe siècle, avec ses contre les Chiliens.
arcades trapues, qui abritait l’ancienne La coquette Plaza de Armas, avec sa
mairie, et, à côté, celle au long balcon fontaine du XVIIIe siècle et ses araucanas
de bois. Comme toujours, c’est le point (arbre symbole du Chili et de la région
de rendez-vous des habitants. de l’Araucanie !), a conservé son style
colonial de la sierra.
RÉGION DE JUNÍN La cathédrale néoclassique a bien
souffert du séisme de 1947, mais pas la
Casa Ugarte León, sur la même Plaza de
HUANCAYO Armas qui, avec sa façade néoclassique
On ignore l’origine du nom « Huancayo ». du début du XXe siècle, son toit de tuiles,
Peut-être de deux mots quechuas, wanka son patio, ses jardins et son verger, est
« pierre » et yuq « celui qui possède » : la mieux conservée de la vallée.
104 La cordillère centrale - Concepción

wwCircuit artisanal. Les amateurs Hatun Xauxa »), et Pizarro en fit provi-
d’objets andins pourront, grâce à un soirement sa capitale. De ce passé,
court-circuit, assouvir leur soif d’achats. elle garde ses rues étroites, quelques
C’est à Cochas Chico (à 11 km de casonas en adobe aux couleurs pastel,
Huancayo) que sont fabriqués les mates mais est aujourd’hui guère plus qu’une
burilados. Tout le village y travaille, à la bourgade tranquille de province de
vue des visiteurs : hommes, femmes, 15 000 habitants.
enfants, vieillards. Hualhuas (à 12 km Jauja est en fête tous les mercredis et
au nord) s’est spécialisé dans le tissage dimanches à l’occasion de son marché
des tapis, ponchos, chompas en laine bourdonnant.
d’alpaga ou de mouton, teints à la main
et de grande qualité. San Jerónimo de „„ CATEDRAL
Tunán (à 16 km) se dédie à la bijouterie- La cathédrale que construisit Pizarro
joaillerie en filigrane : son église baroque fut la première élevée sur le sol inca.
du XVIIe est l’un des fleurons de la région En forme de croix latine, elle montre
et le marché du mercredi une agréable fièrement son autel en bois ouvragé,
sortie. Les chapeaux de feutre et les recouvert de dorure à la feuille, et sa
bonnets de laine sont fabriqués à San coupole peinte, caractéristique, qui la
Agustín de Cajas (à 10 km au nord, avant rend unique au Pérou.
Hualhuas) et disponibles au marché
du lundi. TARMA
JAUJA wwAltitude : 3 050 m.
Jauja est la deuxième ville que construi- La petite ville du département de
sirent les Espagnols au Pérou, le 25 avril Junín, à 57 km de La Oroya et 115 km
1534 (sous le nom de « Santa Fe de de Huancayo, au fond d’une vallée
© MIKADUN / SHUTTERSTOCK.COM

Trekking dans la Cordillera de Huayhuash.


Cordillera de Huayhuash - La cordillère centrale 105

fertile jouit d’un environnement végétal Les produits agricoles comme la casca-
prodigue en eucalyptus. Sa beauté rilla, censée combattre le paludisme, la
naturelle lui valut le surnom de « perle coca et le café en assurent la prospérité.
des Andes ». Bien que fondée en 1538, Huánuco jouit d’un climat tropical chaud
Tarma possède peu de constructions toute l’année (moyenne 22° C) et une
coloniales. apaisante petite brise y souffle le soir.
Le général Odría, qui tint le Pérou à
sa botte de 1948 à 1956, est enterré HUÁNUCO PAMPA –
dans la cathédrale de sa ville natale.
La situation de Tarma, véritable porte
HUÁNUCO VIEJO
d’entrée ouvrant sur la selva alta, lui vaut A 7 km de La Unión. Ceux qui comptent
de figurer ici. Dans ses environs quelques rester dans cette ville digne de Sergio
ruines intéresseront les connaisseurs. Leone s’y rendront en taxi, les autres,
Les plus significatives se trouvent autour partant de Huánuco, recourront aux
services d’une agence. Les vestiges

VISITE
du village de Huasahuasi (à 48 km au
nord), dans une région déjà peuplée il y a de cette immense cité inca sont, après
5 000 ans : San Pedro del Tambo et ses ceux de la région de Cusco, les plus
demeures rectangulaires ; Purunmarca, importants du Pérou. Sur 20 km², on
à 3 km à pied, et son cimetière avec appréciera mieux que nulle part ailleurs
passages souterrains ; Taulish et sa la configuration des villes de l’empire du
tour de guet circulaire (on notera que Soleil, avec leurs rues, places, magasins,
tous les sites sont entourés de fossés centres cérémoniels… Huánuco Viejo,
les isolant des ennemis et les protégeant qui a vu le jour sous le règne de Túpac
des pluies torrentielles). Inca Yupanqui (1460-1480), était un
Les amoureux de paysages sauvages relais sur la route Cusco-Cajamarca-
trouveront leur bonheur sur ou dans les Quito. Un incroyable alignement de murs
lacs, comme la Laguna Mama Cocha (à de pierre ornés de frises et de bas-
13 km et 3 800 m d’altitude), dont les reliefs donne une idée de la démesure
eaux cristallines sont si froides qu’il architecturale qui marqua le règne de
n’y a pas de vie animale, la Laguna cet empereur.
Raypi Cocha qui abonde en truites
et échassiers ou encore la Laguna CORDILLERA DE HUAYHUASH
Torococha, ainsi appelée pour le rocher Le deuxième sommet le plus haut du
rouge en forme de bovin avachi en son Pérou, le Yarupajá (6 634 m), appartient
centre. à cette chaîne montagneuse de 40 km,
au sud-ouest de La Unión. Les andinistes
RÉGION DE HUÁNUCO de bon niveau rejoindront le point de
départ, à 140 km de Huánuco, roulant
vers Dos de Mayo, Llicllatambo, puis,
HUÁNUCO par une déviation, vers Choras, Baños
Sur les rives du Río Huallaga, affluent de et Queropalea. De là, un chemin muletier
l’Amazone, la capitale du département conduit à la verte Laguna Carhuacocha,
de Huánuco est une ville inter-andine, puis, 15 km plus loin, vous amène à
au dynamisme inhabituel dans ce pays. pied d’œuvre.
La cordillère blanche
La Cordillère blanche mérite amplement le visiteur par leurs paysages et leur
son nom, déroulant sur 180 km une population à majorité indigène : les
trentaine de sommets de plus de 6 000 m costumes des femmes sont bigarrés,
aux cimes enneigées, dont le Nevado sans jamais pour autant être agressifs et
Huascarán – qui signifie d’ailleurs les chapeaux de paille sont plus courants
« enneigé » – point culminant du Pérou que les feutres.
avec ses 6 768 m de haut.
PARQUE NACIONAL
CALLEJÓN DE HUAYLAS HUASCARÁN
Le Callejón, haute vallée andine comprise Avec ses 340 000 hectares qui englobent
entre 2 300 et 3 200 m et longue de la quasi-totalité de la Cordillère blanche,
180 km, au fond de laquelle coule le Río le parc national Huascarán se caractérise
Santa, est encastré entre la Cordillera notamment par ses 296 lacs de haute
Blanca et la Cordillera Negra. La montagne (parmi lesquels ceux de Parón,
première, protégée des vents chauds Cullicocha, Llanganuco, Auquiscocha
par son homologue, ne compte pas moins et Rajucolta), et par ses 663 glaciers,
de 35 pics éternellement enneigés, dont comme le Huascarán (6 768 m), le
le Huascarán qui, avec ses 6 768 m, Huandoy (6 395 m), le Chopicalqui
est le deuxième plus haut sommet du (6 354 m), le Hualcán (6 122 m) et
continent après l’Aconcagua (6 900 m) le spectaculaire Alpamayo (5 947 m).
séparant l’Argentine du Chili. La vallée Période idéale pour le trek : de avril à
jouit de tous les climats et paysages octobre. Pour la haute montagne : de
andins : paramo, puna et cultures en mai à septembre.
terrasses. Au pied des géants de glace
s’étalent des lacs parmi les plus beaux „„ ALPAMAYO
du Pérou. Le Callejón est fermé au sud L’Alpamayo culmine à 5 947 m. On dit
par Recuay et au nord par Caraz. Après que ce blanc sommet est le plus parfait
cette ville, la route plonge en lacets du monde en raison de sa forme de
vertigineux le long du Cañon del Pato, diamant taillé. Il est malheureusement
profond de 1 000 m, avant de longer le invisible de la vallée car masqué par des
Río Santa par d’impressionnantes gorges sommets plus élevés que lui : Santa Cruz
jusqu’à Chimbote. (6 260 m) et Quitaraju (6 035 m). Pour
Cette vallée heureuse, où se trouve en apprécier la perfection, il faut donc
le Parque Nacional Huascarán, inscrit s’y rendre à pied : prendre un combi,
sur la liste du patrimoine naturel de tôt le matin, jusqu’à Hualcayan, puis
l’humanité de l’UNESCO, est le point marcher 20 km. A cette altitude et avec
de ralliement des andinistes du monde le dénivelé, il vous faudra 12h environ
entier. Aujourd’hui, ces villes séduiront pour l’aller, idem au retour. Comptez
Parque nacional Huascarán - La cordillère blanche 107

donc 3 à 4 jours pour en mesurer la Huaraz, prendre un combi pour Yungay,


dimension. Un autre trek populaire mais 1h de trajet, S/ 5. Un autre combi (tous
exigeant permet d’en faire le tour : Los stationnés derrière le Municipio) peut
Cedros-Santa Cruz, compter 92 km et faire les 24 km de route. Au lac, les
une semaine. Idéal au départ de Caraz. chauffeurs attendent 1h, ce qui est bien
suffisant pour en faire le tour. Llanganuco
„„ GLACIAR PASTORURI est une beauté photogénique mais aussi
40 km après Huaraz, sur la route de très populaire puisque accessible par la
Lima, on emprunte une piste en terre route. Petites barques et stands de nour-
bosselée qui s’enfonce dans la puna riture sur place. On peut aussi effectuer
à l’herbe rase et ses marécages que ce trek à pied au départ de la commu-
paissent taureaux et chevaux. La piste nauté de Huamacchuco ou en dormant
file, par la Quebrada de Pachacoto, vers au refuge Perú del Pisco de Don Bosco
les volcans enneigés. Après Carpa, à ou au très confortable Llanganuco Lodge.
4 000 m d’altitude, au pied des névés

VISITE
Toutes les agences proposent aussi la
qui la lèchent, elle se fraie un chemin journée en mini-van mais nombreux
entre les puya Raimondi, ces incroyables arrêts assez fastidieux et gros groupes.
cactus en forme de chandeliers à une On est aussi bien seuls. Prévoir des
branche qui poussent ici en abondance. manches longues parce qu’ici, bien qu’on
Au sommet du col, à 4 850 m (l’un soit à 3 850 m, abondent les abominables
des plus élevés du Pérou), un chemin « jejenes », sortes de mouches à la piqûre
à gauche conduit au glacier Pastoruri. douloureuse et persistante. Possible de
Le glacier est l’un des symboles des passer à pied par le sentier Maria Josefa
méfaits du réchauffement climatique : en qui traverse une belle forêt de quinuals
40 ans, il a perdu 52 % de sa couverture en longeant un torrent.
de glace et l’on ne peut plus ni y skier ni
l’escalader. Toutefois les paysages sont
superbes et on peut toujours approcher © PEDARILHOS – SHUTTERSTOCK.COM

les premières neiges malheureusement


plus si éternelles. La piste continue en
direction de Huanzalá, Huallanca, La
Unión, frôlant un sérac en équilibre
au-dessus d’elle. Cette vallée d’alti-
tude offre peut-être l’un des plus beaux
paysages de la sierra. Tout au long des
quelque 30 km de piste, on aperçoit,
entre les cours d’eau, les cabanes de
bergers circulaires à toit de chaume.
„„LAGUNA LLANGANUCO
Ce très beau lac aux eaux vertes est
coincé entre trois impressionnants
nevados : Huandoy, Huascarán et
Yanapaqcha. Pour s’y rendre depuis
Alpamayo.
Buldibuyo
Santiago de Chuco Mollebamba
Huaylillas
Mollepata
Trujillo Pallasca
Taurija Tayabamba
LA LIBERTAD Conchucos
Virú SANCTUAIRE NATIONAL Cabana Quiches Urpay
DE CALIPUY
Tauca
Huancaspata
Aco Ragash Huayllabamba
Chao RÉSERVE NATIONALE Corongo
DE CALIPUY Silhuas
Huacrachuco

ta Yuracmarca Cordillère blanche

an
Huallanca Nevado Pomabamba

Rí o S
Alpamayo Piscobamba
C
Huaylas
O

Huaripampa Llumpa
R

Santa
D

Tumshucaico
San Nicolás
I L

Chimbote Sucre Nevado


L

Pamparomas Huandoy San Luis


È

Caraz
R

Bahia de Chimbote Nevado Llamellín Paucas


E

Nepeña Yungay
Moro Huascarar
B

Chacas
Bahia de Samanco Cascapara
L A

Carhuaz Anra
N

Tinco
Samanco Huari
C

Ponto
H

Tarica
E

Jangos
Bahia de Casma Buenavista Huántar Singa
Casma Wilcahuain
Yaután San Marcos
Puerto Casma Sechín Huaraz Llata
Waullac Chavin de Huántar

PARC NATIONAL
ANCASH DE HUASCARÁN
Las Haldas Recuay
Ticapampa
Aija
Cátac La Unión

Nevado
Culebras Pastorurí

Rí o S a n
Huallanca

t
a
Punta Culebras
Río Huarm e y
Pararín Aquia
Huarmey
Raquia
0 20 km Chiquiári
Huayllacayán
Nevado Yerupajá
Routes goudronnées Chasquitambo
Punta Las Zorras CORDILLÈRE
Routes secondaires
HUAYHUASH
Capitale de province Punta Tiro Alto Ocros
Villes importantes
Villes secondaires Cajatambo
Aéroport régional Punta Bermejo
Cochas
Curiosité touristique Fortaleza de Paramonga
Paramonga
Sites archéologiques
Pativilca
LIMA
Barranca
110 La cordillère blanche - Parque nacional Huascarán

„„ LAGUNA PARÓN J.-C.), mais toutes sont d’une grande


Situé à 100 km de Huaraz et 32 km valeur, qu’il s’agisse de céramiques,
de Caraz, ce lac dispose de la plus d’ustensiles ou de momies. A l’extérieur,
grande surface de la Cordillera Blanca. vous pouvez vous promener dans un
Pris entre Artesonraju, Pirámide de étonnant jardin (c’est le plus grand de
Garcilaso et Chacraraju, trois nevados ce type en Amérique du Sud) qui abrite
qui frôlent les 6 000 m, Parón est, à 140 monolithes chavín. Une flânerie qui
4 185 m, dans son écrin sauvage avec invite à la réflexion...
ses eaux vertes, l’une des attractions
principales du Callejón. Si vous y allez CHAVÍN DE HUÁNTAR
par vous-même, combis qui partent à Depuis 1985, le site archéologique de
7h du marché central jusque Pueblo Chavin est inscrit au patrimoine culturel
Parón. Le chemin n’est pas si simple de l’humanité de l’UNESCO. Le terme
à trouver : normalement 9 km et 4h de de Chavín vient de la notion quechua
marche. Le souci c’est qu’au retour il y de chowpin, qui signifie « le centre du
a très peu de voitures et ce sont 19 km centre ».
de Pueblo Paróon à Caraz. Possible de
planter la tente au poste de contrôle. „„ SITE ARCHÉOLOGIQUE
A Caraz, nous vous recommandons deux DE CHAVÍN DE HUÁNTAR
agences. C’est souvent bien plus simple. Après une centaine de kilomètres de
Huaraz, par une route en mauvais état,
HUARAZ on accède, à 3 200 m, à un complexe
Surnommée la Belle (« Huaraz, archéologique qui fut, durant le premier
hermosura »), Huaraz, distante de Lima millénaire de notre ère, le plus important
de 420 km, est la capitale du départe- centre cérémoniel de la Cordillère. On y
ment d’Ancash. Détruite quasi entière- déambule d’une place à une esplanade
ment en 1970, la ville continue à panser et l’on débouche d’une pyramide abritant
ses plaies et à se reconstruire, sans des galeries souterraines, décorées à
retrouver sa beauté coloniale d’antan l’origine de bas-reliefs, sur des salles
faite de ruelles et de casonas. De larges où furent érigés des monolithes gravés
avenues la traversent, coupées de rues d’étranges figures. L’édifice principal, el
souvent non asphaltées. Ce n’est donc Castillo ou Grande Pyramide, de 75 m
pas sa face disparue qui arrête le visiteur de longueur et 13 m de hauteur, est
mais son cadre naturel unique, au cœur composé de trois terrasses de granite
de cette Cordillera Blanca qui n’en finit superposées. Au-dessous, galeries,
pas d’exhiber ses atours. couloirs et chambres enterrées commu-
niquent par des escaliers et des rampes ;
„„ MUSEO ARQUEOLÓGICO à l’extérieur, un portique est formé de
DE ANCASH deux colonnes cylindriques, sculptées
Plaza de Armas de figures d’oiseaux. La corniche,
Av Luzuriaga 762 également ouvragée, porte huit condors
& +51 43 421551 ou faucons stylisés (on notera que tous
Ce musée n’expose que peu de pièces regardent vers la droite, sauf un dont la
de la culture recuay (200 à 600 apr. tête est tournée à gauche).
Caraz - La cordillère blanche 111

En face a été dégagée la place sur


laquelle se dressait l’Obelisco Tello
CARAZ
visible au musée. El Templo del Lanzón, wwPopulation : 26 208 habitants en
à l’intérieur de la Grande Pyramide, est 2015.
l’édifice le plus ancien de l’ensemble wwAltitude : 2 256 m.
puisqu’il date de 1200 av. J.-C. On
Ce gros bourg du département d’Ancash
peut y voir une pierre haute de 5 m,
est situé au bout du Callejón (et de la
d’une étrange beauté brute, figurant route goudronnée), à 65 km de Huaraz.
un personnage à tête de félin et à la Ayant mieux résisté au séisme de
chevelure faite de serpents. 1970 que les autres agglomérations de
Visite à compléter avec le Museo Nacional la vallée, il conserve l’indéniable cachet
de Chavín qui se situe à l’autre bout de la que lui donnent ses ruelles étroites,
ville, où l’on trouve céramiques et outils son climat chaud et sec, sa situation
mais surtout l’Obelisco Tello original et entre les deux cordillères et la présence

VISITE
une intéressante collection de pututos, impressionnante du Huandoy culminant
gros coquillages utilisés en soufflant à 6 300 m. Connue pour sa douceur
fortement dedans pour appeler à la ronde. (« Caraz, dulzura »), la ville peut être
un excellent camp de base pour les
WILCAHUAIN randonneurs et les andinistes. Sa spécia-
A 7 km au nord-est de Huaraz (35 min lité culinaire est le manjar blanco, une
en voiture ou 3h à pied), vous trouverez friandise à base de confiture de lait :
un site de culture pré-inca wari qui date il faut bien justifier sa réputation de
de 900-1200 ap. J.-C. douceur !

© JEANNE RANCIC

Plaza de Armas, Caraz.


La cordillère nord
Le nord de la Cordillère péruvienne Cajamarca (on peut venir aussi de Trujllo,
possède un climat plus tempéré et le distante de 300 km, en 6 heures 30).
carnaval de Cajamarca, le plus réputé
du pays. Le département d’Amazonas „„ CATHÉDRALE
sera, lui, une bonne transition avant L’édifice, dont la construction qui s’étira
de descendre se perdre dans la forêt sur plusieurs décennies fut achevée
amazonienne. au milieu du XVIIIe siècle, s’appelait à
l’origine Santa Catalina. La façade de
pierre volcanique blanche ouvragée est
RÉGION DE CAJAMARCA un chef-d’œuvre d’art baroque métissé,
propre à la sierra. L’intérieur à trois nefs,
CAJAMARCA où rutile l’imposant autel doré à la feuille,
contraste par sa sobriété.
wwPopulation : 226 030 habitants en
2015. „„ COMPLEJO DE BELÉN
Jirón Belén, cuadra 6
wwAltitude : 2 720 m.
L’ensemble du XVIIIe siècle est formé
La capitale du département Cajamarca d’une église et des anciens hôpitaux
possède un cachet indéniable. Elle le pour hommes et femmes.
doit tout à la fois à sa situation dans L’église est singulière : ses plafonds,
la Cordillère, à son climat tempéré (de peints de figures polychromes, montrent
5 à 2° C ; sec de juin à novembre, très des angelots particulièrement curieux.
pluvieux de décembre à mars) et aux L’hôpital des hommes, aux murs de pierre
traces d’une histoire riche en événements épais, au plafond voûté, est entouré de
majeurs. Les traditions vestimentaires petites niches dans lesquelles les patients
des femmes, le folklore sont ici très attendaient de recevoir l’extrême-onction.
vivaces et le carnaval (février-avril), le Aujourd’hui, l’hôpital abrite un musée de
plus réputé du Pérou, est aussi l’un des la médecine. On pénètre dans l’hôpital
plus attrayants d’Amérique latine, comme des femmes, de l’autre côté de la rue,
les autres fêtes que sont las Fiestas de las par une lourde porte de pierre taillée
Cruces (mars-avril, avec le dimanche des de style métissé et dont le linteau est
Rameaux), la Semana Santa, le Corpus soutenu par deux cariatides à quatre
Cristi en juin, la Feria Artesanal de Baños seins, signe de fécondité. A l’intérieur, le
el Inca (du 22 au 29 juillet), la Semana Museo Arqueológico présente des objets
Turística (2e semaine d’octobre) et la représentatifs des cultures préincas,
Cajamarca Canta y Baila (du 24 décembre comme ces trois momies d’enfants. Les
au 6 janvier). On aura compris qu’il murs gardent encore des traces des
est indispensable, lors d’un séjour au peintures polychromes qui les décoraient.
Pérou, d’avaler en bus, et en 5 heures, Un petit musée qui dit pas mal de choses
les 235 km qui séparent Chiclayo de sans lasser le visiteur.
LORETO
Olmos AMAZONAS Moyobamba
Rioja
Motupe Chachapoyas
Gran Vilaya

SANCTUAIRE HISTORIQUE Cutervo Lamas


BOSQUE DE POMAC
Túcume Mendoza

Ma
Batán Grande (Sicán) Chota Kuélap La Jalca

ra
Tarapoto

CO
LAMBAYEQUE San José de Sisa

ñon

R
Chongoyape
Lambayeque CAJAMARCA

DI
Chiclayo Bambamanca
RÉSERVE ÉCOLOGIQUE

LL
Sipán CHAPARRÍ Celendin SAN MARTÍN
Picota

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OCÉAN Saposoa

E
San Miguel

PAC I F I Q U E San Pablo Cajamarca Bolivar Bellavista

DE
Kunturhuasi Juanjuí
Túcume Chepén

S A
N
Contumaza
0 50 km San Marcos
DE
S
La cordillère nord
San Pedro de Lloc Cascas
Routes principales Cajabamba Gran Pajatén
Routes secondaires Ascope PARC NATIONAL
Villes principales RÍO ABISEO
Chocope LA LIBERTAD
Villes secondaires Huamachuco PARC NATIONAL
Villages El Brujo CORDILLERA AZUL
Otuzco
Aéroport régional
Sites archéologiques
Trujillo Julcán
El Sol y La Luna Santiago de Chuco
Chan Chan
114 La cordillère nord - Cajamarca
© JEANNE RANCIC

Sources d’eaux chaudes de Cajamarca.

„„ CUARTO DEL RESCATE superbes. Une excursion évidente pour


Jirón Amalia Puga 750 se relaxer. Tellement, d’ailleurs, qu’il y
La cellule où fut détenu Atahualpa, cette a parfois beaucoup de monde… trop,
pièce qu’il devait remplir une fois d’or disent certains. N’oubliez pas votre
et deux fois d’argent pour retrouver serviette !
sa liberté, est le seul vestige inca de
Cajamarca. On notera le poli et l’ajuste- CELENDÍN
ment des pierres ainsi que le trait tracé Idéale pour faire une étape sur la
sur le mur, à la hauteur du bras levé de route de Kuelap et Chachapoyas, la
l’Inca. Emouvant. ville de Celendin est située à 110 km
de Cajamarca. Tôt intégrée à l’empire
„„PLAZA DE ARMAS inca, la ville est cependant espagnole
La place où eut lieu l’entrevue entre (ses habitants sont considérés comme
Atahualpa et Pizarro, suivie de la lâche les plus blancs des Péruviens), avec ses
exécution du premier, est des plus rues tirées au cordeau et son église
harmonieuses avec ses églises, ses blanche. Dans les environs, se trouvent
maisons coloniales et sa petite fontaine les ruines d’Oxamarca. Celendín est
en pierre du XVIIIe siècle, sous la colline en fête du 15 juillet au 4 août. Les
appelée Cerro Santa Apolonia. dimanches sont très animés grâce aux
marchés, celui aux bestiaux étant parti-
BAÑOS DEL INCA culièrement coloré.
Pultumarca, comme on appelait alors los
Baños del Inca, était le lieu de résidence SAN PABLO – KUNTUR WASI
d’Atahualpa avant son entrevue tragique Bâtie en terrain accidenté en 1534, la ville
avec Pizarro. Les eaux des piscines qui est chargée d’histoire. Tout près, le site
tiédissent avant de s’y déverser, jail- de Kuntur Wasi, la « maison du condor »,
lissent à près de 70 °C. Les paysages, datant de 1000 av. J.-C., comprend un
délicieusement bucoliques, sont complexe cérémoniel de plusieurs places
Chachapoyas - La cordillère nord 115

et plates-formes soutenues par de hauts


murs. Les recherches ont montré que
CAJABAMBA
La ville fut fondée dès les premières
différentes cultures se sont succédées
années de la conquête. Dans un excep-
ici entre 1000 et 50 av. J.-C. Les plus
tionnel environnement de montagnes, à
impressionnants sont certainement les
124 km de Cajamarca et à 2 400 m d’alti-
vestiges du système de canalisations
tude, Cajabamba, agrippée à la pente, est
en usage au cours de ces différentes
restée très coloniale d’aspect : petites
époques. La complexité de ce système
maisons blanches à balcon en bois et
force l’admiration.
place centrale avec église baroque à
deux clochers. Les Diablos de Cajamarca
CUTERVO animent toutes les fêtes, notamment
Cette ville, à 260 km au nord de celle du saint patron le premier dimanche
Cajamarca (14h30 de trajet), mérite d’octobre.
une visite pour sa fontaine centrale en

VISITE
bronze du XIXe siècle et pour son église
à la nef obscure mais élancée où luit un RÉGION D’AMAZONAS
autel doré à la feuille.
Cutervo possède l’une des arènes les CHACHAPOYAS
plus importantes du Pérou ; les plus La capitale de la selva nord (départe-
grands matadors du monde viennent y ment Amazonas) est au centre d’un site
combattre durant les fêtes patronales, chargé d’histoire. La région fut peuplée
du 23 au 30 juillet et du 10 au 20 août. dès 7000 av. J.-C., puis colonisée par
Le parc national de Cutervo abrite une 500 000 Chachapoyas qui y dévelop-
faune et une flore des plus diverses : pèrent leur culture de 900 à 1400, avant
jaguar, tigre, ours à lunettes, etc., ainsi de passer sous la coupe de l’Inca Túpac
que forêts naines et brumeuses… Yupanqui.
Fondée le 5 septembre 1538,
CUMBE MAYO Chachapoyas est chronologiquement
Cumbe Mayo, le plus grand ensemble de la sixième ville du Pérou dont se dotèrent
ruines de la région, passe pour avoir été les Espagnols, après Piura, Cusco, Jauja,
l’un des ouvrages les plus considérables Lima et Trujillo.
en matière d’ingénierie hydraulique de C’est tout près de là, à Pampas de
l’Amérique précolombienne (« kumpi Higos, que les troupes de libération,
mayo » signifie en quechua « canal bien commandées par l’enfant du pays,
fait »). On y remarque un aqueduc creusé Torribio Rodríguez de Mendoza, infli-
dans la roche, des grottes ornées de gèrent leur première défaite à celles
fresques (petróglifos), une cavité qui fut du roi d’Espagne. Cité tranquille,
un sanctuaire, « bouche » de la figure comme assoupie, isolée en altitude,
humaine qu’évoque le roc et à laquelle on sous des températures clémentes
accède par un escalier taillé. Travaillés (moyenne annuelle 15 °C), Chachapoyas
par l’érosion, d’autres blocs alentour, s’ouvre au tourisme. Ici, le visiteur a
los Frailones, rappellent des moines l’impression de vivre sur une île entre
encapuchonnés. les montagnes.
116 La cordillère nord - Chachapoyas

La ville semble s’éveiller lors de ses en forme de zigzag. On remarquera


nombreuses fêtes, comme le carnaval, également l’impressionnant canal datant
la Semana turística (du 1er au 7 juin) ou de la même époque, d’une longueur
la Fiesta Patronal Virgen de Asunta (du de 20 km.
7 au 15 août). Bien que la région soit
productrice de coca, elle ne connaît KUÉLAP
pas, comme le département de Junín, C’est à un couple d’anthropologues
d’insécurité due au narcotrafic ou au français, les Reichlen, que l’on doit
narcoterrorisme. Attention toutefois l’exploration systématique, en 1948,
au paludisme présent dans les régions de Kuélap, l’un des sites archéologiques
basses du Río Marañón que l’on franchit majeurs du Pérou.
pour passer d’une cordillère à l’autre. Perché à 3 080 m d’altitude, au milieu
„„ VALLÉE BELÉN d’une jungle d’orchidées accrochées
ET GRAN VILAYA aux arbres velus, cet ensemble fortifié
Pour ceux qui en ont le temps, c’est sans est constitué de deux plates-formes
doute le trek et les paysages les plus superposées sur lesquelles a été édifié
extraordinaires de la région. On prend le un village.
départ depuis la sublime vallée de Belén, Le mur d’enceinte (le plus imposant
où coule le fleuve comme un serpent avec Saqsaywamán) court sur 584 m
d’argent. De Belén, on rejoint La Pirquilla de longueur et 110 m de largeur, pour
jusqu’au sommet de La Escalera. Puis une hauteur maximale de 30 m. Les
on redescend cette fois en direction de trois issues, étroites et tourmentées
Congon. De là, on longe le río Vilaya (en forme d’entonnoir : à l’est, au nord-
pendant 2h, puis il y a 2 autres heures ouest et au sud-ouest), permettaient,
de grimpe jusqu’à Lanche. Enfin, de avec l’inexpugnable muraille de granit
Lanche, 3h30 au milieu de la forêt d’or- en zigzag (pour résister aux tremble-
chidées jusqu’à la Punta Yumal avant de ments de terre), une défense efficace
redescendre vers Choctomal et l’accès de la citadelle. L’ensemble appartient,
à Kuélap. Tout le long, on oscille entre comme les autres vestiges de la région,
2 000 et 3 000 mètres d’altitude. Le trek à la culture chachapoyas, « montagne
n’est pas bien marqué et il est périlleux au sommet brumeux » en quechua,
de le tenter seul. Peru Nativo est une qui connut son apogée entre 900 et
bonne agence pour vous accompagner. 1200, avant de céder la suprématie aux
Compter 5 jours et 4 nuits pour le faire cultures chipuric et revash. Le site de
tranquillement. Sites archéologiques Kuélap mérite bien quelques heures de
et forêt brumeuse aux arbres tortueux voyage sur des routes cabossées.
couverts de mousse le long du chemin.
LAGUNA DE LOS CONDORES
LEVANTO À 93 km au sud de Chachapoyas, un site
22 km au sud de Chachapoyas, 1 heure que l’on atteint à partir de Leimebamba,
de route. Cet ensemble archéologique après 45 km, soit 12 heures de marche.
pré-inca se caractérise par sa forme En avril 1997, une découverte exception-
circulaire et sa décoration faite de frises nelle a été faite sur ce site. On y a mis
San Ignacio - La cordillère nord 117

au jour 219 momies dans un parfait état hauteurs, en face du musée peuplé
de conservation, sans doute favorisée de colibris. Le musée propose aussi
par l’humidité ambiante. La plupart de des chambres chez l’habitant, dans le
ces momies n’ayant pas encore été bâtiment sur la route en face.
étudiées, une salle du musée du site
y est consacrée et les visiteurs sont CATARATA GOCTA
conviés à observer le travail des scien- Cette chute d’eau est située près des
tifiques. Bel exemple d’interactivité qui villages de Cocachimba et San Pablo.
fait de ce musée un must de la région. Selon la National Geographic Society, il
„„ MUSEO DE LEYMEBAMBA s’agit de la troisième plus haute cascade
Avenida Austria, San Miguel du monde : 771 m quand même !
80 km au sud de Chachapoyas sur la
route de Celendín SAN IGNACIO
& +51 971 104 909 / Cernée par la selva tropicale, à 110 km

VISITE
+51 971 104 907 de Jaén, sur les collines San Ignacio de
www.museoleymebamba.org Loyola culminant à 1 350 m, la ville que
Cette institution se consacre à la bâtirent les jésuites en 1646 présente les
recherche archéologique et anthropo- mêmes traits que la capitale provinciale.
logique sur les cultures péruviennes Le Cerro Campana permet d’avoir une
antiques. Outre les momies et les vue d’ensemble sur la cité et la forêt
objets découverts dans la Laguna de environnante. Les amateurs d’aventures
los Condores, le musée expose textiles peuvent, à cheval ou à mulet, rejoindre
et céramiques mis au jour dans les le site de Faical où furent gravés des
environs. Un musée moderne, très pétroglyphes ; le parcours est sauvage
bien pensé, riche. Une visite essen- et fascinant. Les Ríos Miraflores, la Mora
tielle. N’oubliez pas de vous rendre et Namballe sont propices à la pratique
au KentiCafé, dans un jardin sur les du canoë. © CATHERINE FAUCHEUX

Kuélap.
La côte nord
Avant que les Incas ne s’imposent, à de l’empire du Grán-Chimú qui s’étendit
partir de 1438, sur l’ensemble du terri- de Tumbes au nord, jusqu’à Paramonga
toire, le sable de la bande côtière au au sud de la ville. Conquise par Túpac
nord de l’actuelle Lima avait servi de Yupanqui, après d’âpres combats, Casma
fondations à des civilisations aussi remar- se déplacera durant deux siècles, au gré
quables que chavín, vicús, mochica ou des fondations et abandons pratiqués
encore chimú. Ces cultures avaient pour par les Espagnols, avant de se fixer
habitude d’ensabler leurs cités quand définitivement en 1751. Détruite entiè-
elles les abandonnaient, les préservant rement par le séisme du 31 mai 1970,
ainsi de l’érosion totale et du pillage. la cité, reconstruite, sommeille au
Cette région aride, désertique, attire soleil brûlant (c’est la « ville de l’éternel
le visiteur pour ses vestiges qui, peu soleil »), protégée par les collines des
à peu, renaissent au soleil, et pour ses vents soufflants de la pampa désertique.
plages où il n’est pas toujours possible Casma serait oubliée de tous si elle ne
de se baigner à cause du danger que possédait pas, à 7 km, l’un des sites
représentent les eaux d’un océan pas si pré-incas les plus fascinants du Pérou :
pacifique que cela et du froid qu’apporte le Cerro Sechín. La fête locale la plus
dans ses plis gris changeants le courant importante est celle de María Magdalena,
de Humboldt. le 22 juillet.
„„ SITES ARCHÉOLOGIQUES
RÉGION D’ANCASH Outre l’incontournable Temple de Sechin,
on peut aussi visiter la Fortaleza de
CASMA Chanquillo, à 15 km au sud-est de la
Les premières cultures (yunga ou yunca) ville : le calendrier solaire le plus vieux
se sont installées ici, sur la côte, à 60 km d’Amérique, avec 2 300 années au
au sud de l’actuelle Chimbote, à 150 km compteur ! La Pampa de las LLamas et
de Huaraz, la capitale départementale Las Aldas hébergent aussi des ruines
(département d’Ancash), et à 380 km de intéressantes, bien que mal conservées.
Lima. Le nom de Casma pourrait venir du
quechua « kansa » (coton) ou « kaxsma » CERRO SECHÍN
(pavillon de l’oreille, allusion à la configu- Le Cerro Sechín est célèbre dans tout
ration du site, entre les collines). Autour le Pérou pour ses ruines découvertes
de la ville, les sites archéologiques sont en 1937. Elles se présentent sous la
parmi les plus anciens du Pérou. Entre forme d’un bâtiment carré de 51 m de
les VIIe et IXe siècles av. J.-C., les apports côté, aux coins courbes, orné de frises
des cultures andines donnèrent une taillées dans la roche plutôt impres-
originalité certaine aux constructions sionnantes : têtes tranchées, mains
mi-adobe, mi-pierre. Casma faisait partie suppliantes, visages de suppliciés.
La côte nord
120 La côte nord - Cerro Sechín

„„ SITE ARCHÉOLOGIQUE
DE CERRO SECHÍN
CHIMBOTE
Ce port de pêche, le plus important du
A 5 km au sud-est de Casma
20 min en voiture Pacifique sud-américain, s’est implanté
Découvertes en 1937, les ruines se à 440 km de Lima, sur les vestiges des
présentent sous la forme d’un bâtiment nombreuses populations qui, depuis des
carré de 51 m de côté, aux coins temps immémoriaux, sont descendues
courbes, cernant une pyramide de de la sierra vers les climats plus cléments
terre invisible. Le mur d’enceinte, fait de la côte. La « cité des sang-mêlé »
de grosses pierres parfaitement ajustées a connu un développement fulgurant,
et gravées, est véritablement extraordi- passant de 100 habitants en 1940 à
naire. Il se lit comme une bande dessinée 340 000 aujourd’hui, grâce à l’implan-
qui met en scène 300 personnages. Des tation de la pêche, des conserveries
guerriers triomphants y dansent sur les et des usines transformant le hareng
corps dépecés, écartelés, sanguinolents en farine. La crise enfonce chaque
des vaincus égorgés, mutilés, énucléés, jour davantage la ville qui baigne en
éventrés, aux chevelures hérissées permanence dans les relents de poisson,
par l’horreur ; deux files de guerriers, de pauvreté et de crasse ; phénomène
précédés par un étendard, progressent accentué par la chaleur obstinément
vers l’entrée, foulant les cadavres. tropicale et l’absence de précipitations.
Certains chercheurs, plutôt que d’y Le choléra y sévit de manière endémique
voir des massacres guerriers, pensent (on redoublera donc de prudence), et la
que Sechín fut un centre consacré à la délinquance de nuit y est parmi les plus
science et à la chirurgie (les médecins élevées du pays.
d’il y a 5 000 ans faisaient preuve de On ne s’arrêtera à Chimbote que dans
grandes connaissances anatomiques, l’attente du bus qui va à Caraz via le
pratiquant trépanations et autopsies). Cañon del Pato ou à Trujillo, 120 km plus
Les chirurgiens auraient ainsi utilisé au nord. On évitera par mesure sanitaire
les prisonniers de guerre pour se livrer de manger les fruits de mer qui sont la
à des expériences : Sechín serait un spécialité de la ville, mais on pourra
sanctuaire où étaient honorés guerriers goûter un arroz con pato (riz au canard)
et médecins. Quoi qu’il en soit, on ne ou un cuy picante (cochon d’Inde très
peut qu’être saisi par la perfection et « picante »). Chimbote fête San Pedrito
la modernité du trait, la minutie du le 29 juin, et el Mejor Ceviche del Perú,
travail des graveurs dont on voit les le deuxième dimanche de mai.
esquisses dans le parc environnant,
où jaillissent d’entre les pierres de
véloces lézards verts à cou rouge.
RÉGION DE LA LIBERTAD
Le musée du site réunit des reproduc-
tions et des bas-reliefs polychromes, des TRUJILLO
traces de pieds moulées dans la boue, Trujillo, capitale du département de La
des momies ainsi que des céramiques Libertad, à 560 km de Lima, à 260 km
qui permettent d’apprécier l’évolution de Cajamarca et à 220 km de Chiclayo,
de cette culture. est en quelque sorte un condensé du
Trujillo - La côte nord 121

Pérou. La ville, sur le Pacifique, est un 150 toiles des XVII e et XVIII e siècles,
paradis de verdure et de prospérité dans dont notamment celles de l’école de
la pampa désertique côtière. Au loin se Quito, et des retables, dont l’un sculpté
détache la précordillère sèche : océan, par Fernando Collado et considéré
désert, cordillère, fleuve. Trujillo a bien comme l’œuvre majeure de cet artiste.
mérité son nom de « ville de l’éternel Le mobilier cultuel et les retables datent
printemps », avec un climat sec et une de 1759.
température balançant entre 19 et 24° C.
Entourée de prestigieux vestiges, tel „„ MUSEO ARQUEOLÓGICO
Chan Chan, cette agréable cité coloniale Jirón Junín 682
est une halte très appréciée entre nord & +51 44 249322
et sud, costa et sierra. Trujillo est une Les onze salles de ce musée nous
des villes les plus riches en bâtiments renseignent sur les cultures cupis-
coloniaux conservés en parfait état, mais nique, salinar, virú, chimú et inca. On
remarquera les pièces des cultures

VISITE
n’étale sa prospérité qu’avec discré-
tion. Ses habitants vivent en moyenne de l’époque formative, notamment
mieux que leurs compatriotes ; ils sont chavín, et les superbes objets de la
accueillants, polis et joyeux. La ville période mochica, qui donna peut-être
est calme, sûre, propre : plus belle en au Pérou antique ses plus belles céra-
somme que la plupart de ses homolo- miques. Des bas-reliefs polychromes
gues. Salaverry, situé à 17 km, est le et d’impressionnants masques grima-
port de pêche et de plaisance de Trujillo, çants proviennent des Huacas. La salle
Huanchaco sa station balnéaire, propice vedette réunit les objets retrouvés dans
au surf. la Huaca de la Luna où se pratiquaient
les sacrifices humains – les ossements
„„ IGLESIA LA MERCED de quatre-vingt-dix guerriers immolés
Jirón Pizarro 550 y ont été mis au jour.
Edifiée en 1536 puis reconstruite en
1634, après le tremblement de terre „„ MUSEO CASSINELLI
de 1619, cette église est le meilleur Avenida Nicolás de Piérola 607
témoignage de l’opulence de la ville, Sur le rond-point Víctor Raúl Haya de
une opulence jamais démentie au cours la Torre
des siècles. Baroque, chargée d’ors, elle Un musée de poche qui héberge pourtant
renferme une sculpture de la Vierge, plus de 6000 pièces de céramiques
debout sur un croissant de lune noir, récupérées des pillages de tombes
couronnée de flammes ou des rayons très répandus aux premiers temps
du soleil : les deux astres principaux des des fouilles. 1400 sont visibles sur des
civilisations préhispaniques. étagères regroupées dans deux petites
pièces. On a le tournis devant autant de
„„ MONASTERIO EL CARMEN richesses, et on peut s’approcher au plus
Angle Jirón Colón et Bolívar près. Dommage que les autorités n’aient
C’est l’ensemble cloîtres-église le toujours pas donné à cette collection
plus imposant de la région. Parmi ses privée la chance de s’exposer dans un
richesses, le mobilier cultuel, plus de endroit plus approprié.
122 La côte nord - Trujillo

„„ PALACIO ITURREGUI moins de 250 000 personnes partici-


Jirón Pizarro 638 pèrent à sa construction.
La casona la plus remarquable, par ses wwLe musée, subventionné par des
proportions et ses richesses, est celle fonds privés, est très didactique et riche.
du Palacio Iturregui. Ses trois patios, sa Une visite incontournable.
multitude de salons sont le siège du Club
Central. Le Palacio fut bâti au XIXe siècle CHAN CHAN
par Manuel de Iturregui y Aguilarte, un Ensevelie sous le sable, c’est l’une des
noble d’origine basque qui prit part aux cités pré-incas les plus impressionnantes
luttes de libération. du Pérou. En langue muchik, parlée sur
„„ PLAZA DE ARMAS la côte avant l’arrivée des Incas, Chan
Son emplacement dans la ville est tel Chan signifie « où il y avait du soleil ».
qu’il a été souhaité par Diego de Almagro. La capitale de l’Empire chimú, « Tierra de
Au centre de la place, on peut admirer le la Luna », qui rayonna du IXe au XVe siècle,
monument de la Liberté, étrange statue après avoir supplanté le royaume mochica
baroque de marbre dont on dit que ses (IVe au IXe siècle), a été inscrite par
parties génitales ont été raccourcies l’UNESCO sur la Liste du patrimoine
à la suite d’une plainte des bonnes culturel de l’humanité en 1986. La cité
sœurs dont le couvent se trouvait juste de terre la plus étendue du monde avait
en face… une superficie de 14 km² sur lesquels se
dressaient pas moins de vingt-huit palais
où vivaient environ 100 000 personnes.
HUACAS DEL SOL Y LA LUNA De cette grandiose ville, seuls restent
„„ HUACA DEL SOL – aujourd’hui des murs d’adobe que les
HUACA DE LA LUNA orages continuent d’éroder. Des palais
A 8 km au sud de Trujillo de Chaiwac, Uhle, Laberinto, Gran Chimú,
www.huacasdemoche.pe Squier, Velarde, Bandalier et Tschudi, seul
ce dernier a été restauré. L’état général
wwC’est dans la Huaca de la Luna de la ville donne une idée de la brutalité
que furent déterrés les restes de avec laquelle s’est effondré le colosse aux
107 guerriers sacrifiés et de nombreux pieds d’argile sous les coups des Incas.
bas-reliefs polychromes. Ce temple est Tschudi est un ensemble monumental
bien mieux préservé que le suivant. ébouriffant : on circule entre les murs de
Sa construction ne dura pas moins de brique dont certains culminent à 13 m,
600 ans ! Du haut de la Huaca, très beau on débouche sur d’immenses espaces,
panorama sur les alentours. les patios. Les murailles sont chargées
wwLa Huaca del Sol est la plus haute de bas-reliefs représentant de manière
du Pérou avec ses 45 m (on ne voit que répétitive et envoûtante des poissons,
20 m environ aujourd’hui). Le tout est des oiseaux, des animaux fantastiques,
malheureusement assez dégradé mais peut-être des écureuils ? Les formes les
les frises qui subsistent émerveillent plus étranges sont des alvéoles, super-
par leurs détails et leurs couleurs. posées comme les rayons d’une ruche,
Les archéologues affirment que pas et les sièges des dirigeants. On erre
Chiclayo - La côte nord 123

ensuite dans les vestiges hantés par les temple tout aussi terrifiant. Récemment,
gallinazos (petits vautours d’Amérique au une momie tatouée et très bien préservée
plumage noir) et l’écho de la mer, sous le a été découverte sur ce site. Elle date
soleil brûlant atténué par le vent violent. d’il y a 1 600 ans environ.

HUANCHACO „„ SITE ARCHÉOLOGIQUE


Santa Teresa de Jesús 170
A 12 km seulement de la capitale, la La Dama de Cao
station balnéaire de Trujillo est relative- A 60 km de Trujillo, soit 1h15 en voi-
ment calme. Le Pacifique, lui, est souvent ture. Prendre les bus en direction de
en colère mais on peut s’y baigner. Chocope.
Sur la plage sèchent, ventre au soleil, les El Brujo, situé dans la vallée de Chicama
caballitos de totora, « petits chevaux de sur 100 ha, est considéré par beaucoup
roseau » fragiles, pré-incas, qui foncent comme un site majeur de la côte nord. Ici,
sur l’océan. l’élément central est un temple (Huaca

VISITE
Ces petits canots utilisés par les El Brujo) où avaient lieu les sacrifices
pêcheurs sont en tout point semblables humains des Mochicas. Il présente des
à ceux du lac Titicaca, si ce n’est leur murs aux tons polychromes et des bas-
proue ressemblant à celle d’une gondole reliefs sculptés de danseurs ; on est saisi
vénitienne. d’horreur devant la figure de l’égorgeur,
L’église, toute simple, avec un San José el Degollador. Récemment, une momie
(saint Joseph) en habit de marin, se tatouée et très bien préservée a été
dresse en face du cimetière où repose découverte sur ce site, la fameuse Dama
Víctor Raúl Haya de la Torre, le fondateur de Cao (d’environ 1 600 ans) exposée
de l’Alliance populaire révolutionnaire avec toutes ses possessions dans un
américaine (APRA). Du promontoire de musée dernier cri, riche en animations
l’église, la seconde plus vieille du Pérou vidéo. Le site est éloigné certes mais
(1535-1540), on contemple le Pacifique, souvent inclus dans les tours qui relient
et Chan Chan au loin. Le long de la plage, Trujillo à Chiclayo. Très intéressant.
des artisans locaux déballent leurs
bijoux, statuettes, bateaux en roseau…
Huanchaco fête son carnaval fin février. RÉGION DE LAMBAYEQUE
EL BRUJO CHICLAYO
El Brujo, situé dans la vallée de Chicama La « Cité de l’amitié », capitale du
sur 100 hectares, est considéré par département de Lambayeque, est un
beaucoup comme un site majeur de nœud de communication vital entre la
la côte nord. Ici, l’élément central est costa, la sierra septentrionale (route
un temple (Huaca Cao) où avaient lieu Chota-Cajamarca) et la selva (axe Jaén-
les sacrifices humains des Mochicas. Bagua Grande). La ville, agitée et chaude
Il présente des murs aux tons poly- (de 19 à 36° C), n’a rien gardé de son
chromes et des bas-reliefs sculptés de passé architectural. Ses fêtes les plus
danseurs ; on est saisi d’horreur devant importantes sont l’anniversaire de sa
la figure de l’égorgeur, el Degollador. fondation (18 avril) et la Feria artesanal
A voir aussi Huaca Cortada, un autre (du 2 au 9 décembre).
124 La côte nord - Puerto Pimentel

PUERTO PIMENTEL „„ MUSEO ARQUEOLOGICO


NACIONAL BRÜNING
wwCe port de pêche, à 11 km de la Avenida Huamachuco, cuadra 8
capitale, offre une immense plage & +51 74 282110
quasi déserte, ce qui en fait la préférée C’est grâce à l’ethnographe et linguiste
des habitants de Chiclayo. On y voit allemand Heinrich Brüning, qui, de
les caballitos de totora (ces petits 1884 à 1925, consacra son énergie
bateaux en roseau) sur lesquels les et sa fortune à étudier les civilisations
pêcheurs bravent l’océan. du Pérou, qu’a été construit ce musée
(Brüning légua ses collections au Pérou
LAMBAYEQUE avant de retourner dans son pays). Sur
A 12 km au nord-est de Chiclayo, quatre étages, sont exposées près de
l’ancienne capitale du département de 1 500 pièces (céramiques, armes, usten-
Lambayeque est une mine de richesses siles et momies) des cultures chavín,
archéologiques et architecturales. lambayeque, vicús, mochica, chimú et
En 1720, les Espagnols en firent leur sicán. Intéressant, mais une muséogra-
centre régional. De cette époque, la ville a phie un peu démodée face au musée de
gardé de très nombreuses constructions, Tumbas Reales de Sipan.
comme en témoigne la Plaza de Armas où
„„ MUSEO TUMBAS
tous les bâtiments sont de style colonial. REALESDE SIPAN
„„ CASA DE LA LOGIA Avenida Juan Pablo Vizcardo y
OU CASA MONTJOY Guzmán
A l’angle des Av. San Martin et Dos & +51 74 283977
de Mayo www.lambayeque.net/museo
Construite il y a quatre siècles, cette D’architecture moderne, ce nouveau
maison est chargée d’histoire : elle a musée ouvert en 2002 est la fierté de
servi d’abri aux patriotes en lutte pour toute la région ! Il abrite la collection
l’indépendance. La casona de trente d’objets archéologiques provenant de
pièces, superberment restaurée, est la tombe du Seigneur de Sipán, qui
l’une des perles du continent ; le balcon sont en or, en argent et en cuivre. Les
de bois, soutenu par 148 poutrelles, reconstitutions des tombes et de la vie
court sur 67 m de façades d’angle (l’un quotidienne à Sipan (dont une animée et
des plus longs d’Amérique latine). musicale) sont impressionnantes. Très
belle muséographie. Incontournable si
„„ CATEDRAL vous êtes dans la région, avec le site de
Ses deux fiers clochers surmontent trois Tucume assez proche.
nefs ceintes de balcons en ferronnerie. N’oubliez pas de visiter les stands d’arti-
Les trois retables baroques éclipsent sanat derrière le musée : travaux de
les sept autres, néoclassiques, pourtant qualité. Demandez la aldea mochica
magnifiques. Le chœur, tout de bois de (on peut y entrer sans accéder au
cèdre sculpté, est aussi un bijou. musée).
L’Amazonie
N’est-ce pas là que les Anciens situaient On divise traditionnellement l’Amazonie
le berceau de leur rêve, qui coûta tant en selva alta (haute) ou ceja de montaña
de sang et de larmes aux peuples qui y (Chanchamayo, Tingo María, Jaén,
vivaient et à ceux qui souhaitaient s’en Bagua) et selva baja (basse), l’Amazonie
emparer ? Dès les premières années de proprement dite. Cette région sauvage,
leur implantation, les Espagnols tentèrent qui couvre les deux tiers du territoire
des percées en direction de l’Atlantique : péruvien et qui représente la source du
en 1557, Orellana, avec soixante hommes, plus grand fleuve du monde, reste encore
descendit le Río Napo et déboucha dans une zone où l’on peut vivre vraiment
l’Amazone. En 1559, la fameuse expé-

VISITE
l’aventure avec un grand A.
dition commandée par Pedro de Ursúa,
avec Lope de Aguirre comme second,
traversa le Río Marañón et dériva, sans RÉGION DE LORETO
le savoir, sur l’Amazone, jusqu’à l’île de
Margarita dans l’Atlantique. C’est durant IQUITOS
ce voyage qu’Aguirre se rebella contre son Située à quelques kilmètres d’Iquitos.
roi et se proclama prince d’un royaume A partir de ce lac aux berges de sable
qui jamais n’exista. Les Incas, selon une blanc où l’on peut se baigner, on
hypothèse historique, seraient originaires s’enfonce dans la forêt à la rencontre
de ces régions hostiles ; ils y pénétrèrent, des tribus des Boras, Ticunas, Witotos
mais superficiellement, à l’apogée de et Orejones. On peut participer à leurs
l’empire. La région connut une autre fièvre activités de pêche, de chasse et d’arti-
avec l’exploitation de l’Hevea brasiliensis, sanat, et même prendre part à leurs
autrement dit le caoutchouc. chants et danses.
© JESS KRAFT / SHUTTERSTOCK.COM

Iquitos.
126 L’Amazonie - Iquitos

„„ CASA DE FIERRO Le long du Malecon Tarapaca et dans les


Plaza de Armas petites rues perpendiculaires, jusqu’à
La « maison de fer », classée au l’arrivée à Belen.
Patrimoine historique et culturel de la
Nation, est comme son nom l’indique „„ CENTRO DE RESCATE
entièrement bâtie en fer. Elle est l’oeuvre AMAZÓNICO – CREA
de Gustave Eiffel, en 1887, et fut d’ailleurs A côté des locaux du IIAP
présentée à Paris en 1889, avant d’être Km 4,5 de la carretera a Nauta
envoyée à Iquitos en 1895. Le magnat du www.centroderescateamazonico.com
caoutchouc espagnol Anselmo del Aguila Ce centre a été à l’origine créé pour
en hérita, alors que des problèmes de recevoir les bébés lamantins orphelins
logistique empêchèrent son transport à cause de la chasse. Succès total !
jusqu’à Madre de Dios qui, dit-on, devait Certains sont retournés à la vie sauvage
être sa destination finale. et les visites sont nombreuses pour voir
les plus petits jouer dans leur bassin
„„ CASONAS ou recevoir le biberon. Le projet s’est
Quelques beaux vestiges à débusquer, développé et accueille aujourd’hui
vêtus d’azulejos et balcons en fer forgé. tortues, singes, paresseux et autres
La Casa Cohen (à l’angle des Jirón victimes du trafic animal. Un beau projet
Próspero et Morona). La Casa Morey y à soutenir.
Hijos (Jirón Próspero 502) vaut aussi le
coup d’œil, elle abrite désormais un hôtel „„ EX-HOTEL PALACE
et peut se visiter (billet couplé au Museo A l’angle du Malecón et du Jirón
de barcos historicos, ancré en face). Putumayo
Le bâtiment, qui fut édifié entre 1908 et
1912 pour le gros négociant Otoniel
© ENRICO MARTINO

Vela, est désormais occupé par l’armée.


Avec ses trois étages, il présente un bel
assemblage de fer forgé, d’azulejos et
d’arabesques ondoyant sur les corniches.
„„ MALECÓN TARAPACÁ
Le long du fleuve, quelques villas de la
fin du XIXe siècle témoignent encore de la
prospérité passée ; aujourd’hui abîmées,
elles servent d’entrepôts et de magasins.
Mais d’importants travaux d’embellisse-
ment ont été menés à bien pour restaurer
une promenade d’où une vue imprenable
s’étend sur le fleuve Itaya, qui se jette
ensuite dans l’Amazone et les bidonvilles
flottants de Belén. Le soir tombé et la
fraîcheur (un peu) revenue, le lieu se
remplit de passants, de spectacles et
de vendeurs à la sauvette.
Dans un hamac, le long du Rio Ucayali
entre Pucallpa et Iquitos.
L’Amazonie
vers
Chachapoyas

Moyabamba

Ithahuania

Machu
Picchu Rés. Nat.
Bahuaja-Sonene

Cuzco Réserve Nationale


de Tambopata
128 L’Amazonie - Iquitos

„„ MERCADO DE BELEN comme bateau chargé du transport du


Un quartier on ne peut plus photogé- si précieux caoutchouc. Restauré à la
nique, que l’on rejoint en canot pendant la perfection et affichant sa classe toute
saison des pluies en partant d’el Huaquito victorienne, il est aujourd’hui ancré
et en remontant l’Amazone jusqu’à la comme bateau-musée et offre diffé-
confluence avec le río Itaya, ou à pied en rents salons climatisés qui mettent en
partant du centre. Pendant la saison des scène les barons de l’époque, présentent
pluies, la terre ferme disparaît. Les rues des photos des indigènes, des manus-
deviennent des canaux et les véhicules crits... Petit bar sur le ponton. L’entrée
sont remplacés par des barques que les comprend la projection de Fitzcarraldo
gosses dirigent à la rame d’une main dans le salon du bas, et un tour dans la
sûre. Durant la visite, ne pas manquer de baie à bord d’un petit bateau toussotant
se brancher sur la radio locale : en plus d’époque.
des infos et des chansons, l’animateur „„ MUSEO DE CULTURAS INDIGENAS
règle la circulation quand il y a embouteil-
AMAZONICAS
lage d’embarcations, c’est-à-dire presque
Malecon Tarapaca 332
tout le temps... Avec ses maisons sur
& +51 65235809
pilotis, Belén est le portrait exact d’un
Ne vous fiez pas à l’exposition du rez-
port amazonien comme le conçoivent
de-chaussée, les salles à l’étage sont
nos imaginations occidentales : agité,
bruyant, interlope, un peu fantomatique, bien mieux achalandées. En tout plus
un rien irréel, mais toujours fascinant... d’une quinzaine d’ethnies de tout le
bassin amazonien présentée à travers
„„ MUSEO DE BARCOS son artisanat, ses vêtements, ses
HISTORICOS AYAPUA instruments... Magnifiques couronnes
Plaza Ramon Castilla de plumes. Ces pièces toutes issues
Ancré sous la Place d’une collection privée sont surtout les
& +51 65 223707 seules à témoigner de la culture locale
Construit en 1906 à Hambourg en traditionnelle dans la ville. Le musée est
Allemagne, il a connu une première vie climatisé. Intéressant.
© CATHERINE FAUCHEUX

Port de Belén.
Reserva nacional Pacaya Samiria - L’Amazonie 129

PARQUE NACIONAL tion de la faune et la flore. Ici vivent


14 espèces de primates, des loutres
DE QUISTOCOCHA géantes, des lamantins et plus de
Le long de l’embarcadère se balancent 400 espèces de oiseaux. De nombreux
des canots invitant à naviguer sur la lodges se sont installés aux abords de cet
Laguna Quistococha. Un circuit complet espace préservé, pour profiter de sa plus
d’environ 1 heure 30, par des sentiers, grande accessibilité et de sa richesse.
comprend la visite des aquariums et de Une belle expérience, presque aussi
leur faune, des vivariums où sommeillent diverse que celle du Pacaya Samiria.
des grands serpents constricteurs, des
minizoos peuplés de pumas, tigrillos et NAUTA
autres otorongos, petits félidés de la A 1h30 par la route d’Iquitos, cette petite
jungle. Quistococha, à 13 km au sud localité est la porte d’entrée du Pacaya
sur la route de Nauta, est le lac sacré Samiria. En général les bateaux partent

VISITE
des autochtones. d’ici pour reminter l’Amazone et entrer
dans les eaux noires qui s’enfoncent en
RESERVA NACIONAL différents ríos à traverse les 2 millions
ALLPAHUAYO-MISHANA d’hectares. C’est également ici qu’on
peut embarquer ou désembarquer lors
La réserve Allpahuayo-Mishana a été d’une traversée vers/depuis Yurimaguas
créée en 2004. Elle préserve l’une ou Lagunas.
des plus vastes forêts de sable blanc
(appelées varillaje) de l’Amazonie péru-
vienne. Les scientifiques y ont dénombré
RESERVA NACIONAL
à ce jour 145 espèces de mammifères, PACAYA SAMIRIA
476 espèces d’oiseaux, 120 espèces La réserve de Pacaya Samiria (la plus
de reptiles, 83 espèces d’amphibiens, grande du Pérou et la quatrième d’Amé-
155 espèces de poissons, 522 espèces rique du Sud) se situe à 183 km au
de papillons et 1 780 espèces végétales. sud-est d’Iquitos. On y entre depuis le
Cette réserve est facilement accessible port de Nauta, à 1h30 en voiture d’Iquitos.
(par la route, Km 26,5) et constitue La route est entièrement goudronnée.
donc un excellent point de chute pour se Ensuite, il faut encore 2 heures de bateau
familiariser avec l’Amazonie. Attention, pour arriver au PV1, le premier poste de
la zone est aussi partiellement habitée contrôle de la réserve, à hauteur de la
et moins bien préservée que l’immense communauté 20 de Febrero. C’est sans
Pacaya Samiria. Surtout intéressant pour conteste le joyau d’Iquitos. Elle protège
les amateurs de birdwatching. environ 130 espèces de mammifères,
330 espèces d’oiseaux, 150 espèces
RESERVA COMUNAL de reptiles et 250 espèces de poissons
(dont le gigantesque paiche, le plus
TAMSHIYACU-TAHUAYO grand poisson d’eau douce du monde).
Cette réserve, administrée et sous la La grande réussite de la réserve a été
protection des quelques 6000 personnes de mettre hors de danger la petite tortue
qui y vivent, met l’accent sur la protec- taricaya, aujourd’hui son emblème.
130 L’Amazonie - Reserva nacional Pacaya Samiria

Les communautés locales protègent du Pacaya Samiria à l’atmosphère plus


les œufs sur des plages artificielles et rustique et authentique que dans les
chaque année en octobre-novembre, lodges d’Iquitos : vous entrez dans la
vous pouvez voir les bébés tortues réserve via le Rio Tibillo, en pirogue.
retrouver la liberté. Très peu de lodges
ont été construits à l’intérieur. On vous
en recommande un, communautaire. RÉGION DE SAN MARTÍN
Soyez prudents au moment de réserver
vos visites. Une seule journée dans la MOYOBAMBA
réserve comporte beaucoup de transport Fondée le 25 juillet 1540 par Juan Peréz
pour peu de faune et flore. La jungle de Guevara qui la nomma Santiago
rêvée est plus à l’intérieur et nécessite du de los Ocho Valles de Moyobamba
temps, se livrant au fil de ses 2 millions (« Saint Jacques des huit vallées de
d’hectares. C’est une jungle lacustre, Moyobamba »), à 3 heures de route de
c’est-à-dire inondable. Entre décembre Tarapoto, la capitale du département de
et avril, l’eau monte et on parcourt alors San Martín est la ville la plus ancienne
la jungle en pirogue : de nombreux d’Amazonie. Elle vit la présence de
oiseaux, des dauphins, des paresseux nombreux missionnaires sur ses terres :
et des iguanes perchés dans les arbres d’abord les franciscains au milieu du
se dévoilent. A partir d’avril, quand les XVII e siècle (missions de Trinidad,
cours d’eau descendent, on peut faire Concepción, San Luis et San Francisco),
quelques treks avec une bonne paire de puis les jésuites un peu plus tard.
bottes (fournies) et apercevoir la faune Elle se trouve à la frontière de deux
terrestre. Une bonne option pour les régions : le relief accidenté de l’ouest
petits budgets peut être d’y entrer au représente la bordure est de la cordillère
départ de Lagunas en pirogue (accès des Andes et, à l’est, la vallée inondable
par bateau depuis Yurimaguas). est le commencement de la basse selva.
Cité au climat agréable (de 25 à 34° C)
YURIMAGUAS bien que pluvieux (pluies abondantes
Cette petite ville se trouve au bout toute l’année et spécialement entre les
de la route du nord, à 2h30 de route mois d’octobre et avril), elle vit à l’abri
en auto compartido depuis Tarapoto. de hauts sommets dont le magique
Administrativement, elle se trouve déjà Angaíza où, selon la légende, fut enterré
dans l’immense région de Loreto. Pas un fabuleux trésor : c’est pour cela que,
grand chose à y voir, à part une église certains jours, la montagne étincelle. Cela
plutôt jolie et des marchés typiques. Mais dit, le véritable trésor de la région serait
elle est intéressante car c’est le port de plutôt les orchidées. Une véritable féerie !
départ des lanches qui rejoignent Nauta L’âge d’or de Moyobamba eut lieu à la
puis Iquitos. Ce voyage étant plutôt court fin du XIXe siècle : l’industrie du chapeau
(2 jours/1 nuit) jusqu’à Nauta, il est inté- de paille, exporté dans le monde entier
ressant pour ceux qui veulent tenter cette (parallèlement au caoutchouc) avait
expérience hors des sentiers battus. justifié alors à elle seule que la France,
A 12h en lancha et 5h en deslizador, coup le Brésil ou l’Allemagne y installent un
de cœur pour Lagunas, porte d’entrée consulat.
Tarapoto - L’Amazonie 131

„„ BAÑOS TERMALES Moyobamba) pour l’aventure : 1h de


DE SAN MATEO navigation puis on tourne à droite et on
www.banos-termales.moyobamba.net entre dans un bras bien plus étroit, le
richard@moyobamba.net río Avisado. Quelques minutes de plus
A 5 km de Moyobamba, on s’y rend et vous verrez apparaître une cabane
en colectivo ou en moto-taxi. dans les arbres spectaculaires : c’est
Situés à 945 m d’altitude, ces bains la porte d’entrée dans l’univers de
sont appréciés pour leurs propriétés Tingana. Ici, Juan Isuiza et ses troupes
médicinales. Leurs eaux, incolores, veillent sur leur réserve avec soin. Ils
inodores et dont la température varie ont construit deux bungalows familiaux
entre 32 et 40 °C, seraient en effet (5 couchages sur 2 étages) et proposent
idéales pour le traitement de l’arthrite, aussi une cuisine familiale. Cela vaut
des rhumatismes, des douleurs muscu- la peine de s’y attarder un peu pour
laires ainsi que du stress. Sur place, profiter davantage du lieu et partager

VISITE
vous trouverez en plus des bains : deux une vraie expérience écotouristique
piscines, un restaurant et une aire de aux mains de la communauté. Comme
jeux pour enfants. Plus calme le matin il s’agit d’une jungle inondable, tout
tôt ou en semaine. Les fins de semaine dépend des eaux mais la plupart du
c’est le rendez-vous des familles. De là temps les excursions s’effectuent en
continuez jusqu’au Jardin d’orchidées pirogue entre les racines entremêlées.
Waqankiou au Fundo Alegria pour le On voit davantage de faune lors des mois
déjeuner. de pluie (de janvier à mai).
Quelques balades à pied sont aussi
RESERVA ECOLÓGICA possibles en saison sèche. Comme
il s’agit d’un écrin préservé, ici se
RÍO AVISADO – TINGANA sont réfugiés beaucoup d’animaux et
Pour ceux qui n’auront pas le temps pouvoir les observer dans le silence
de partir au cœur de la jungle, voilà est un vrai privilège. Plus accessible,
une belle option communautaire excel- la communauté voisine de Santa Elena
lemment bien gérée. Cette réserve de est désormais privilégiée par les agences
3 500 hectares est un petit bout de jungle mais le charme des lieux n’est pas tout à
inondable miraculeusement préservée. fait le même. Une option pour ceux qui
Ici, les arbres marchent dit-on, tant les manquent de temps.
racines des renacal s’étendent au-dessus
de l’eau. C’est aussi un paradis pour
les observateurs d’oiseaux. Les singes
TARAPOTO
(les petits fraile et le mono negro) et A 8,5 km de Tarapoto, 20 min en voiture.
paresseux sont aussi au rendez-vous. On pourra y observer des dessins gravés
sur la pierre mettant en scène toutes
„„ ADECAR sortes d’animaux et de plantes, ce qui
& +51 42 787667 / +51 42 564000 indique probablement que les gens du
www.tingana.org coin vivaient de la chasse et de la pêche,
info@tingana.org activités auxquelles la région se prêtait
Embarquez depuis le port de Boca del río idéalement. Ces dessins n’ont pu être
Huascayacu (40 minutes en taxi depuis datés avec précision.
132 L’Amazonie - Cordillera Escalera

CORDILLERA ESCALERA arbres gigantesques de la selva et de


nombreuses plantes médicinales. Au
Cette réserve régionale de 2 500 hectares milieu de la jungle, au pied du « Sacha
a été formée par 30 agriculteurs qui Casho », on pourra s’arrêter le temps de
décidèrent de se reconvertir dans faire un vœu, selon la coutume. Plus loin
l’écotourisme. Les treks d’une journée
se trouvent les chutes d’Ahuashiyacu
partent à la découverte de la cascade
dont les eaux rafraîchissantes et cris-
de Tamushal, de Velo de la Novia et de
tallines sont un véritable régal.
VinoYacu. Nombreux oiseaux et points
de vue panoramiques. Possibilité de
camping dans le parc. Attention, prévoir LAMAS
la journée : ça grimpe et il faut traverser A 22 km de Tarapoto, 30 min en voiture.
le torrent à plusieurs reprises. Beaucoup Située en haut d’une colline à 1 000 m
de grenouilles toutes plus colorées les d’altitude, c’est la seule bourgade de
unes que les autres dans les parages. la selva qui ne soit pas baignée par un
Certains guides sont spécialistes. fleuve. La population y est très mêlée
et les Indiens parlent un étrange idiome
SAN ROQUE DE CUMBAZA fait de quechua mâtiné de dialectes de la
Ce petit village à 45 minutes de Tarapoto forêt. Lamas s’étend sur des terrasses,
a vu naître plusieurs lodges et initiatives ce qui lui vaut le nom de « ville aux trois
écologiques. Une belle étape pour se étages ». Selon la légende, le premier
couper de tout pendant quelques jours, étage était habité par les peuples venus
se baigner dans les eaux du río et partir du sud afin d’échapper aux Incas (los
en trek jusqu’à Toro Yacu, l’impression- chancas ou nativos ), le second était
nante cascade. Compter deux jours et habité par les métis et le dernier servait
une nuit de camping pour profiter de la de mirador. La différence reste toujours
randonnée et des lieux. très marquée entre Indiens natifs et
métis ; en témoignent les fêtes patro-
CATARATAS DE HUACAMAYLLO nales célébrées séparément.
Moins connue et plus sauvage, cette wwFêtes. Santa Cruz de los Motilones
cascade se trouve à 30 min de route de (fête des métis), le 17 juillet, et Santa
Tarapoto jusque San Antonio de Cumbaza Rosa (fête des natifs), le 30 août. Le
puis 1h30 de marche dans la jungle en petit musée ethnique de Lamas peut
franchissant les torrents. Le chemin est vous aider à vous familiariser avec la
plat, on surprend les papillons, et on est culture lamista.
presque seuls au monde. La chute en
elle-même est petite mais la piscine LAGUNA AZUL – SAUCE
naturelle ample. A 50 km de la ville, environ 2 heures
en voiture. Après avoir parcouru les
CATARATAS DE AHUASHIYACU 35 km qui séparent Tarapoto de Puerto
A 20 km au nord-ouest de Tarapoto, López, traversé le Río Huallaga et passé
40 min en voiture, sur la route de les collines, on arrive dans le village
Yurimaguas. Dans ce paradis de la sylvestre de Sauce, installé sur les rives
biodiversité poussent d’impressionnants de la Laguna Azul. D’une superficie de
Laguna de Yarinacocha - L’Amazonie 133

430 ha et de 35 m de profondeur, à Quelques bancs en forme de coques de


650 m d’altitude, cette lagune s’habille bateaux ponctuent le parcours. En bas
de teintes passant du bleu turquoise de la Plaza del Reloj se trouve le marché.
au vert émeraude. Elle abrite une faune
diversifiée (martins-pêcheurs, hérons, „„ PARQUE NATURAL
DE BARBONCOCHA
aigles…) qui apprécie la température
A 4,2 km sur la route Federico
de ses eaux (entre 25 et 28° C). De là,
Basadre.
tout est possible : se baigner, faire du
Ses 186 hectares se répartissent autour
canoë ou même du cheval. Et aussi de
d’un lac au centre duquel on trouve
dormir sur place.
une île aux singes et de vastes allées
qui mènent aux différents espaces
RÉGION D’UCAYALI des animaux. Dans ce zoo, beaucoup
d’animaux capturés sont désormais
PUCALLPA pensionnaires. Les espaces ne sont

VISITE
Sur les rives du Río Ucayali, Pucallpa, malheureusement pas bien grands. On y
« terre rouge » en quechua, est le premier trouve un otorongo, des biches, des
port fluvial de la selva centrale. Peuplée sangliers, des crocodiles, des loutres,
des tortues et nombre d’oiseaux. Ce parc
depuis plus de mille ans par les Shipibos
est très fréquenté par les habitants en
et les Cashibos, qui lui donnèrent le nom
fin de semaine.
de Mayusín, « terre maudite », la province,
qui vivotait depuis la fondation de sa wwLe Museo Antropológico y de
capitale au XIXe siècle, se développa à Historia Natural est situé au même
partir de 1940. C’est de cette époque endroit. On y trouve quelques pièces
que date la percée de la route menant ethnographiques, céramiques et
à Huánuco, route rendue nécessaire costumes principalement, et des fossiles
par l’exploitation intensive de l’hévéa… des animaux qui nous ont précédé il y a
plusieurs millions d’années, comme la
„„ CATEDRAL Y PLAZA DE ARMAS mâchoire d’un grand caïman qui aurait
Peu de choses à voir dans Pucallpa même. atteint 18 mètres de long pour un poids
wwLa cathédrale, juste sur la Plaza des de 2 500 à 5 000 kilos.
Armas, est un beau bâtiment moderne
avec bois et vitraux travaillés. Elle a été LAGUNA DE YARINACOCHA
travaillée par les artisans de Don Bosco, A 9 km de Pucallpa, ce lac aux eaux
de la région de Huaraz. bleues, entouré d’une végétation luxu-
riante, est le site touristique le plus visité
wwEn face, la Plaza de Armas présente de la région. Le lac est idéal pour les
plusieurs statues en hommage aux promenades en peque peque, petites
indigènes et métis qui peuplèrent la barques ainsi nommées pour le bruit
région ainsi que des jeux d’eau et de de leur moteur. De là, on peut visiter les
lumière. Chouette la nuit, quand la place communautés shipibas de San Francisco,
s’anime. Santa Clara et Nuevo Destino qui vendent
wwUne partie du Jr Tacna qui mène à leurs produits artisanaux : colliers, céra-
la Plaza del Reloj a été rendu piétonnier. miques, tissus.
134 L’Amazonie - San Francisco

SAN FRANCISCO Mais l’attraction ici ce sont les lodges


encore plongés dans une forêt primaire
C’est la communauté shipibo la plus où la faune est exceptionnelle. Une fois
ouverte au tourisme. En période de
sur place, vous oublierez tout.
pluies, elle se situe à 1h30 environ
de peque peque depuis le port de
Yarinacocha. En saison sèche, des autos PUEBLO DEL LABERINTO
collectivos font les allers-retours depuis Un village de chercheurs d’or tel qu’on
les environs du marché. Parfois les n’en voit que dans les BD : désordonné,
groupes s’y rendent mais si vous y chaotique, enfiévré, il mérite bien son
allez par vous-mêmes vous risquez fort nom de « village du labyrinthe ».
d’être seuls à pouvoir vous promener
librement dans le village, discuter avec RÍO MADRE DE DIOS
les artisans, les regarder travailler ou A l’est de Puerto Maldonado, le Río Madre
visiter leur feria où est regroupé tout de Dios s’enfonce au plus loin de la
leur artisanat, travaillé, peint et brodé forêt amazonienne du Pérou, avant de
à la main. traverser la frontière bolivienne. Aux
détours des courbes de la rivière qui
RÉGION DE MADRE DE DIOS s’écoule vers ce pays voisin, on trouve
une terre sauvage peuplée d’animaux et
de plantes exotiques. De beaux lodges
PUERTO MALDONADO permettent une immersion totale dans
wwPopulation : 72 330 habitants. ce poumon vert. En général, ils gèrent
chacun une concession dédiée à l’éco-
wwAltitude : 183 m. tourisme pour préserver au mieux leur
La capitale du département de Madre de territoire et sa biodiversité.
Dios présente toutes les caractéristiques
d’un gros bourg amazonien, 25 °C en „„ PAMPAS DEL HEATH
moyenne et fort taux d’humidité (grosses Grandes étendues de verdure le long du
pluies entre novembre et avril). Ancienne río Heath, ces pampas sont quasimment
terre des Mojos, qui opposèrent une les dernières savanes amazoniennes à
longue résistance aux Incas avant de être si bien conservées. En effet, les
succomber sous les coups de boutoir autres espaces de ce genre ont été
des troupes de Sinchi Roca ; fondée au altérés par l’agriculture ou les élevages.
XIXe siècle, Puerto Maldonado ne s’est Pourtant, ce biotope est le lieu de vie
réellement peuplée qu’au XXe siècle, d’espèces rares telles que le loup à
en accueillant des émigrants venus crinière ou l’ours à lunettes ! Enfin,
de Cusco et de Puno. Depuis deux c’est dans les Pampas del Heath que
décennies, la découverte de l’or dans les recherches les plus intensives ont été
les Ríos Inambari et Madre de Dios a réalisées afin de répertorier les plantes
réveillé la ville et elle bruit de moto- vasculaire des savanes (comme leur nom
taxis et de constructions modernes et l’indique, ces plantes sont pourvues
cimentées. Soyons honnêtes : la ville de vaisseaux par lesquels circule l’eau
elle-même n’a pas beaucoup de charme. puisée par les racines).
Reserva nacional Tambopata - L’Amazonie 135

RESERVA NACIONAL celles de Chuncho (on peut s’y rendre par


exemple en dormant au Wasaï Tambopata
TAMBOPATA Lodge) et encore plus loin, de Colorado
Ce lac ombragé par de hauts palmiers, à (proche du Tambopata Research Center
1h en peque peque sur le Río Maldonado, de Rainforts Expeditions). Evidemment,
est un sanctuaire d’animaux tels que plus c’est loin, plus le spectacle est
crocodiles, loutres, grues et tortues. grandiose. Un festival de couleurs et
Les amateurs de pêche y trouveront de de sons qui ravit.
quoi assouvir leur passion.
On s’y rend par un sentier long de 5 km, „„ LAGO SANDOVAL
fréquenté par les singes (pour les voir, il Pour s’y rendre : bateau à moteur
faut y aller tôt, à l’heure où ils se mettent depuis Puerto Maldonado, 3,5 km à
en quête de nourriture). On prend un pied puis autre canoë à rames pour
canot au port de Puerto Maldonado. explorer le lac ou rejoindre les héber-
gements (familles ou un seul lodge).

VISITE
„„ COLLPAS- OBSERVATION Ce lac ombragé par de hauts palmiers, à
DES PERROQUETS 1h en peque peque sur le río Maldonado,
ET ARAS est un sanctuaire d’animaux tels que
Les collpas sont des falaises d’argile crocodiles, loutres, grues et tortues. Les
où les perroquets et aras multicolores amateurs de pêche y trouveront de quoi
viennent se nourrir des sels minéraux assouvir leur passion. On s’y rend par un
nécessaires à leur alimentation. Ce sentier long de 5 km, fréquenté par les
rituel a lieu chaque matin à partir de singes (pour les voir, il faut y aller tôt,
6h30 et jusque 10h environ. Posada à l’heure où ils se mettent en quête de
Amazonas possède sa petite collpa de nourriture). On prend un canot au port
perroquets. Les plus fameuses sont de Puerto Maldonado.

© CHRISTIAN DECLERCQ – SHUTTERSTOCK.COM

Collpas, observation des perroquets et des aras.


136 L’Amazonie - Parque nacional Bahuaja-Sonene

PARQUE NACIONAL nombreuses espèces d’orchidées. Parmi


les 100 espèces d’arbres (cèdres, acajou,
BAHUAJA-SONENE jacarandás, palmiers) qui peuplent le
Le Parc national Bahuaja-Sonene, situé parc, certains atteignent 45 m de hauteur
dans le sud-est du pays, protège une éco- pour 3 m de diamètre tels que le cético,
région appelée Yungas del Perú. En règle le topa, le cèdre, le tomillo, le lupuna ou
générale, les yungas sont des forêts qui se encore le matapalo. Pour ce qui concerne
situent sur le versant oriental des Andes. la faune, un inventaire non exhaustif a
C’est une zone de transition entre les dénombré 1 000 espèces d’oiseaux,
hauteurs des montagnes andines et les près de 200 espèces de mammifères,
forêts profondes, et comme pour toutes 1 200 espèces de papillons et de très
les forêts de la région, ces yungas ont des nombreuses espèces de reptiles, d’amphi-
caractéristiques liées au climat tropical. biens et d’insectes.
Le parc contient environ 20 000 espèces A voir également, le site archéolo-
de plantes, au moins 600 espèces gique de Pusharo, dans la région du
d’oiseaux, 174 espèces de mammifères et Río Palotoa (pétroglyphes) ou celui de
100 espèces de reptiles et autres amphi- Mameria. Plusieurs ethnies cohabitent
biens. Les chanceux pourront même dans ce parc, comme par exemple
croiser des animaux extrêmement rares les Amahuacas, les Huachipaires, les
comme le loup à crinière, la loutre géante, Machiguengas, les Piros, les Yoras et
l’ours à lunettes, ou le caïman noir ! les Yaminahuas ; plusieurs communautés
Le soucis c’est que son isolement en a n’ont d’ailleurs aucun contact avec le
fait un lieu très peu exploré : moins de monde extérieur. Il pleut beaucoup entre
500 touristes par an. décembre et mars, mais une bonne
averse est toujours possible le reste de
PARQUE NACIONAL l’année. La meilleure période pour visiter
le parc s’étend des mois de mai à août, il
DEL MANÚ peut faire alors très chaud (plus de 35 °C
Situé à 650 km de Puerto Maldonado. la journée et autour de 25 °C la nuit).
Dans la jungle pluvieuse tropicale des
départements de Cusco et Madre de ZONA NATURAL Y CULTURAL
Dios, voici l’un des joyaux naturels du Le Parque Nacional Manu a vu sa zone
pays. Etabli en mai 1973, il s’étend sur d’intervention étendue. On a donc une
1 532 806 hectares entre 4 300 m à zone vierge accessible depuis Boca Manu
200 m d’altitude (on peut ainsi observer et une surface bien plus vaste, convertie
un paysage de terres basses tropicales en zone naturelle et culturelle en récu-
et la végétation spécifique des Andes). pération. C’est ici, le long de la vallée de
Ce parc, traversé sur 300 km par le Río Kosñipata puis le long du Río Alto Madre de
Manu, a été classé Réserve de biosphère Dios, entre Picolpata et Boca Manu, qu’on
par l’UNESCO en 1987. Il renferme la trouve plusieurs stations biologiques,
puna, la selva haute dans sa plus grande lodges ou communautés. Le panorama
superficie et la selva basse. Les botanistes est incroyable et la biodiversité est au
ont identifié au moins 20 000 espèces rendez-vous (oiseaux et flore), mais c’est
de plantes endémiques dont de une zone où l’homme est intervenu.
Pense futé

Femme des îles flottantes de los Uros.


© STÉPHAN SZEREMETA
Pense futé
Argent Bagages
wwMonnaie. Nuevo sol (S/). Pour bien préparer son bagage et
éviter les désagréments, il convient de
wwTaux de change (en avril 2017). prendre en compte la date du voyage, les
1 E = S/ 3,53 ; S/ 1 = 0,28 E et 1 US$ = régions à visiter et le type de tourisme
S/ 3,25 ; S/ 1 = 0,30 US$. Attention, les envisagé (randonnées, trekking…).
grosses sommes sont souvent indiquées En tout état de cause et quelles que
en dollars (US$). soient les régions choisies, il faut
wwCoût de la vie. Même si la vie a être bien chaussé et bien protégé du
considérablement augmenté ces derniers soleil : prévoir de bonnes chaussures
temps, un voyage au Pérou reste tout à de marche, pas trop pesantes mais
fait abordable. solides – les chemins sont caillouteux
wwMoyens de paiement. Les paiements et, en saison des pluies, les rues des
se font essentiellement en soles, la villes et les sentiers sont de redoutables
monnaie nationale, mais l’inflation aidant, bourbiers –, des lunettes de soleil et des
l’usage de dollars américains (non abîmés crèmes de protection.
de préférence) est très répandu à travers wwDans la sierra, les températures
tout le pays pour les agences de voyages, peuvent varier de plus de dix degrés
les restaurants et les hôtels de luxe. entre le jour et la nuit : prévoir des
wwMarchandage. Il est de rigueur sur vêtements légers et d’autres chauds.
les marchés touristiques, mais pas Sans oublier des vêtements de pluie,
dans les boutiques avec pignon sur notamment entre novembre et avril, et
rue, sauf exceptions. En marchandant, dans la selva toute l’année.
n’oubliez pas que le prix d’un article wwDans la selva, compte tenu de la
d’artisanat (un pull en laine par exemple) chaleur, il est préférable de porter des
est ridicule. vêtements amples, en coton, à manches
wwPourboires. Il est d’usage de laisser longues à cause des moustiques, et
environ 10 % de pourboire à un guide éviter autant que faire se peut les
touristique, au restaurant... En revanche, dessous en matières synthétiques. Ne
pas de pourboire dans un taxi, un hôtel, pas oublier non plus le chapeau – on
etc. De toute façon, un pourboire reste peut l’acheter sur place à un prix très
à votre discrétion. intéressant.

Visa Premier, la carte à privilégier pour vos voyages !


Vous bénéficiez en cas de perte ou de vol de votre carte à l’étranger d’une carte
de remplacement sous 48h et de beaucoup d’autres services. Renseignez-vous sur
visa.fr si vous en détenez une.
Quand partir ? - Pense futé 139

Mal d’altitude
Le mal d’altitude est le problème le plus fréquent au Pérou. Caractérisé
par des nausées et un fort mal de tête, il survient au dessus des
2 500 m. Pour en atténuer les effets il faut, la veille et le matin, manger
très sobrement. Arrivé en altitude, un repos de 2 ou 3 heures dans
une chambre d’hôtel permet de mieux l’affronter. Manger moins, boire
beaucoup d’eau et prendre du paracetamol peuvent soulager. Autres
techniques : coincer des feuilles de coca derrière les dents, boire un maté
de coca ou sucer des rondelles de citron. Vous pouvez également trouver
des médicaments en pharmacie (Effortil en vente libre ou Metoclopramide
et Primperan sur prescription, pour les adultes uniquement). Attention les
symptômes ne sont pas à prendre à la légère, le mal d’altitude peut avoir
des conséquences graves, comme l’embolie.

wwA Lima, bien qu’il y fasse chaud que vous avez fait tamponner à l’aéroport,

PENSE FUTÉ
toute l’année, l’humidité ambiante, la elle vous sera demandée à la sortie.
garúa, apporte le soir une sensation de
fraîcheur. Un pull-over léger est alors Langues parlées
le bienvenu. La langue nationale est l’espagnol. Le
quechua est aussi une langue officielle
Électricité mais elle n’est parlée, de même que
Les prises électriques péruviennes l’aymara, que dans la sierra et sur les
fournissent du 220 V, 60 cycles, sauf à bords du lac Titicaca.
Arequipa (50 cycles). Si vous comptez
emporter des appareils électriques, les Quand partir ?
formats ronds européens et plats améri-
cains sont généralement acceptés, mais wwSur les hauteurs de la Cordillère
il est recommandé de prévoir quand des Andes, la très haute saison
même un adaptateur à fiches plates touristique s’étend de mi-juin à fin août :
c’est alors la meilleure saison pour visiter
le Machu Picchu et les autres sites incas
Formalités (temps sec et ensoleillé).
Pour un séjour touristique de moins de
six mois, aucun visa n’est exigé et un wwSur les côtes, la très haute saison
passeport en cours de validité suffit. touristique s’étend de mi-décembre à
Pour prolonger, il vous suffit de sortir du fin février, cette période correspondant
territoire (pourquoi ne pas en profiter pour aux vacances scolaires péruviennes.
visiter la Bolivie, le Chili ou l’Equateur ?) wwEn Amazonie, la haute saison
et de revenir avec votre nouveau tampon. touristique s’étend d’avril à novembre,
Le visa s’obtient une fois sur le territoire quand il pleut moins. Toutefois, même
et peut être valable de 30 à 180 jours. en saison des grosses pluies, le soleil
Conservez bien votre fiche d’immigration n’est jamais loin.
140 Pense futé - Santé

Santé cheval (sur l’île d’Amantani par exemple,


sur le lac Titicaca), danses traditionnelles
Les conditions sanitaires et les infras-
sur l’altiplano, et le spectacle toujours
tructures médicales sont très modestes
hilarant des lamas (surtout si vous
au Pérou (en dehors des cliniques
arrivez à les faire cracher !). Essayez
privées), et plus vous vous écarterez en revanche d’éviter les grandes villes
des deux pôles que sont Lima et Cusco, avec des enfants : bruyantes, polluées,
plus il vous sera difficile de recevoir elles ne remporteront probablement par
des soins efficaces pour des maladies leur suffrage !
que vous pourrez contracter lors de
votre voyage. Les maladies locales sont wwFemme seule : C’est avant tout une
différentes de celles qui sévissent en question de confiance : confiance en
Europe et un minimum de précautions soi mais aussi dans les gens qui vous
est nécessaire. entourent. Si vous commencez à vous
méfier de tout le monde, vous vous
Sécurité enfermerez dans une véritable psychose,
et votre voyage s’en trouvera gâché.
wwVoyageur handicapé : Les Soyez insouciante mais pas inconsciente
infrastructures sont très peu adaptées (soyez claire et sachez dire non à des
aux voyageurs handicapés, sauf dans les propositions douteuses, les Péruviens
plus grands hôtels de luxe des régions comme les autres ayant potentiellement
les plus touristiques. des idées derrière la tête) et tâchez
wwVoyageur gay ou lesbien : Pas si de ne pas vous promener seule tard
facile de voyager au Pérou pour un le soir dans les rues peu fréquentées.
voyageur gay ou lesbien, dès que l’on Il est primordial de suivre les conseils
sort de la capitale. Le Pérou reste un des locaux quand ils vous disent qu’un
pays machiste. Sur l’altiplano, il n’est quartier est dangereux… et prendre
pas recommandé de s’afficher (toutes alors un taxi.
préférences sexuelles confondues), les
Indigènes n’étant pas du tout habitués Téléphone
aux débordements de passion. wwIndicatif téléphonique : 51
wwVoyager avec des enfants : Il n’y wwTéléphoner de France au Pérou :
a aucun problème pour voyager avec 00 51 + indicatif départemental sans le
des enfants au Pérou, en prenant 0 + les 6 chiffres (ou 7 pour Lima) du
bien sûr ses précautions, notamment numéro local.
concernant les problèmes de santé
(avoir une trousse à pharmacie bien wwTéléphoner en local : composez
équipée aide beaucoup). Faites tout l’indicatif régional avec le 0 + les
de même attention avec des enfants 6 chiffres (ou 7 pour Lima) du numéro
en bas âge, surtout si vous comptez local
voyager en-dehors des sentiers battus. wwTéléphoner du Pérou en France :
Un voyage en terre inca a tous les atouts 00 33 + indicatif régional sans le 0 +
pour séduire vos enfants : balades à les 8 chiffres du numéro local.
FAIRE – NE PAS FAIRE 141

Faire Ne pas faire


wwParler espagnol et pas anglais : il wwCoger : petit problème de vocabulaire,
est préférable pour toute communication si vous parlez le castillan d’Espagne. Le
de bafouiller quelques mots d’espagnol
plutôt que d’engager la conversation verbe coger, qui signifie « prendre » en
en anglais ; vous gagnerez ainsi la Espagne, prend justement au Pérou un
sympathie de votre interlocuteur. sens plus « profond » ; on évitera donc de
wwVouvoiement : l’espagnol parlé ici l’utiliser et on le remplacera par tomar.
étant très pur, le vouvoiement est utilisé wwNe pas vous énerver si l’on vous
en signe de respect ; on l’emploie donc
appelle « gringo », le terme n’est pas
systématiquement lorsqu’on a affaire
à un inconnu, ce qui n’est pas le cas spécialement péjoratif et, à dire vrai,
dans tous les pays sud-américains. un Péruvien de la ville qui voyage dans
Cependant, le tutoiement est de plus les lointains villages sera aussi appelé
en plus courant, très répandu entre de la sorte.
jeunes.
wwEviter le deuxième degré. Les
wwBise ou abrazo : pour se dire bonjour
entre connaissances, la coutume veut expressions françaises classiques
qu’on se fasse une bise (sur la joue droite comme « ce n’est pas mauvais » ne
en principe) ou qu’on se prenne dans les sont pas comprises comme « c’est bon »,
bras pour témoigner du bonheur que l’on mais « c’est très passable ».
a de se revoir.
wwDanser seul : question de fierté ou
ww« Chau ! » (ciao) pour dire au revoir. Ça
passe aussi bien qu’un « hasta luego ! » de machisme, vous ne verrez jamais
un homme danser seul dans une peña ;
wwManifester le respect le plus
souriant pour les forces de l’ordre. il invitera forcément une femme pour
Quand l’on s’adresse à un agent de l’accompagner, faites-en autant !
police, l’appeler par exemple jefe (chef). wwPrendre les indigènes en photo : une
wwVeiller à toujours avoir de la très mauvaise idée, surtout si vous ne
monnaie sur soi, surtout pour payer demandez pas la permission. Beaucoup
les vendeurs de rue ou les taxis.
de brochures disent que les autochtones
wwNe soyez pas gêné par tous les croient que l’objectif vole leur âme. Ce
vendeurs ambulants et les petits
métiers de la rue ; ils permettent souvent n’est pas tout à fait vrai : en réalité, vous
à des familles de se nourrir. n’aurez aucun problème à photographier
wwNe jamais sortir sans votre rouleau si vous connaissez les gens. Le contact
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INDEX
An
CHACHAPOYAS. . . . . . . . . . . . . . . . 115 IQUITOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
„„ CHAN CHAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
CHAUCHILLA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
ISLA AMANTANI. . . . . . . . . . . . . . . . . 78

ACORA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 ISLA TAQUILE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80


CHAVÍN DE HUÁNTAR . . . . . . . . . . . 110 ISLAS FLOTANTES DE LOS UROS. . . . 80
AGUAS CALIENTES – MACHU
PICCHU PUEBLO. . . . . . . . . . . . . . . . 95 CHICLAYO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
ANCÓN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 CHIMBOTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
ANDAGUA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
ANDAHUAYLILLAS. . . . . . . . . . . . . . . 98
CHINCHA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
CHIVAY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Jn
„„
ANTABAMBA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 CHOQUEQUIRAO. . . . . . . . . . . . . . . . 96
JAUJA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
AREQUIPA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 CHUCUITO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
JULI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
AREQUIPA ET SA RÈGION. . . . . . . . . . 66 CONCEPCIÓN . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
JULIACA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
AU NORD (LIMA). . . . . . . . . . . . . . . . 54 CORDILLERA DE HUAYHUASH . . . . . 105
AU SUD (LIMA) . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 CORDILLERA ESCALERA . . . . . . . . . 132

K–Cn
AYACUCHO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 CRUZ DEL CÓNDOR. . . . . . . . . . . . . . 75
CUMBE MAYO. . . . . . . . . . . . . . . . . 115
CUSCO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
„„
Bn
„„ CUSCO ET SA RÈGION. . . . . . . . . . . . 84
CUTERVO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
KUÉLAP. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
CORDILLÈRE BLANCHE (LA). . . . . . . 106
BAÑOS DEL INCA . . . . . . . . . . . . . . 114 CORDILLÈRE CENTRALE (LA). . . . . . 100
BARRANCO ET LA COSTA VERDE. . . . 53 CORDILLÈRE NORD (LA) . . . . . . . . . 112

En
„„ CÔTE NORD (LA). . . . . . . . . . . . . . . 118

Cn
CÔTE SUD (LA). . . . . . . . . . . . . . . . . 58

„„ EL BRUJO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
EL VALLE SAGRADO . . . . . . . . . . . . . 92
CABANACONDE. . . . . . . . . . . . . . . . . 75
CAJABAMBA. . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
EST (À L’) (LIMA). . . . . . . . . . . . . . . . 54
EST DE CUSCO (À L’). . . . . . . . . . . . . 98 Rn
„„
CAJAMARCA. . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
RAYA (LA). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
CALLAO, PUEBLO LIBRE ET L’OUEST. 49

Hn
„„
ROUTE AYMARA (LA). . . . . . . . . . . . . 80
CALLEJÓN DE HUAYLAS . . . . . . . . . 106
ROUTE QUECHUA (LA). . . . . . . . . . . . 81
CAÑON DEL COLCA. . . . . . . . . . . . . . 72
CAÑON DEL COTAHUASI . . . . . . . . . . 72 HUACAS DEL SOL Y LA LUNA. . . . . . 122

L–En
CARAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 HUANCAVELICA. . . . . . . . . . . . . . . . 102
CARAZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
CASMA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
HUANCAYO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
HUANCHACO. . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
„„
CATARATA GOCTA. . . . . . . . . . . . . . 117 HUÁNUCO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 LAGUNA AZUL – SAUCE. . . . . . . . . . 132
CATARATAS DE AHUASHIYACU. . . . . 132 HUÁNUCO PAMPA – LAGUNA DE HUACACHINA. . . . . . . . . 60
CATARATAS DE HUACAMAYLLO. . . . 132 HUÁNUCO VIEJO. . . . . . . . . . . . . . . 105 LAGUNA DE LOS CONDORES. . . . . . 116
CELENDÍN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 HUARAZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 LAGUNA DE YARINACOCHA . . . . . . . 133
CENTRO HISTÓRICO . . . . . . . . . . . . . 44 HUAROCHIRÍ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
LAMAS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
CENTRO HISTÓRICO
LAMBAYEQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . 124
ET LA VILLE BASSE. . . . . . . . . . . . . . 86
CERRO AZUL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
CERRO BAÚL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
In
„„ LAMPA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
LAC TITICACA (LE). . . . . . . . . . . . . . . 76
CERRO BLANCO . . . . . . . . . . . . . . . . 61 ICA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 ENVIRONS DE CUSCO (LES). . . . . . . . 90
CERRO SECHÍN. . . . . . . . . . . . . . . . 118 ILO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 ENVIRONS DE LIMA (LES) . . . . . . . . . 54
INDEX 143

I–Ln Sn
POMATA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
„„ PUCALLPA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 „„
PUCARÁ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
ÎLES DU LAC (LES). . . . . . . . . . . . . . . 78 SAN BARTOLO. . . . . . . . . . . . . . . . . .57
LEVANTO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .116 PUEBLO DEL LABERINTO. . . . . . . . . 134
SAN BLAS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
LÍAMAZONIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 PUERTO MALDONADO. . . . . . . . . . . 134
SAN FRANCISCO. . . . . . . . . . . . . . . 134
LIMA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 PUERTO PIMENTEL. . . . . . . . . . . . . 124
SAN IGNACIO . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
LUNAHUANÁ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 PUKA PUKARÁ. . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
SAN ISIDRO ET MIRAFLORES. . . . . . . 51
PUNO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
SAN PABLO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
PURUCHUCO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

Mn
SAN PABLO – KUNTUR WASI. . . . . . 114
„„ SAN ROQUE DE CUMBAZA. . . . . . . . 132

Q–Rn
SAN VICENTE DE CAÑETE . . . . . . . . . 57
MACHU PICCHU. . . . . . . . . . . . . . . . . 96
MADRIGAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
„„ SAQSAYHUAMÁN. . . . . . . . . . . . . . . . 90
SICUANI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
MARAS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Q’ENQO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
SILLUSTANI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
MARCAHUASI. . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 QUINUA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
MOQUEGUA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 SUMBAY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
RAQCHI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
MORAY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 RÉGION D’AMAZONAS. . . . . . . . . . . 115

Tn
MOYOBAMBA . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 RÉGION D’ANCASH. . . . . . . . . . . . . 118
RÉGION D’UCAYALI . . . . . . . . . . . . . 133 „„

PENSE FUTÉ
Nn
RÉGION DE CAJAMARCA. . . . . . . . . 112
„„ RÉGION DE HUÁNUCO. . . . . . . . . . . 105
RÉGION DE JUNÍN. . . . . . . . . . . . . . 103
TACNA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
TAMBO COLORADO. . . . . . . . . . . . . . 59
NAUTA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 TAMBOMACHAY . . . . . . . . . . . . . . . . 92
RÉGION DE LA LIBERTAD. . . . . . . . . 120
NAZCA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 TARAPOTO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
RÉGION DE LAMBAYEQUE. . . . . . . . 123
NEVADO AUSANGATE. . . . . . . . . . . . . 98 TARMA. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
RÉGION DE LORETO . . . . . . . . . . . . 125
TIPÓN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
RÉGION DE MADRE DE DIOS. . . . . . 134
TORO MUERTO. . . . . . . . . . . . . . . . . 64

On
„„ RÉGION DE SAN MARTÍN. . . . . . . . . 130
RÉGIONS D’AYACUCHO
TRUJILLO. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

OLLANTAYTAMBO. . . . . . . . . . . . . . . 94 ET HUANCAVELICA . . . . . . . . . . . . . 100

V–Wn
„„
OMATE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 RESERVA COMUNAL
TAMSHIYACU-TAHUAYO. . . . . . . . . . 129
OUEST DE CUSCO (À L’). . . . . . . . . . . 96
RESERVA ECOLÓGICA RÍO
AVISADO – TINGANA. . . . . . . . . . . . 131 VILCASHUAMÁN . . . . . . . . . . . . . . . 101

Pn
VOLCÁN AMPATO . . . . . . . . . . . . . . . 71
„„ RESERVA NACIONAL
ALLPAHUAYO-MISHANA. . . . . . . . . . 129 WARI – HUARI. . . . . . . . . . . . . . . . . 102
WILCAHUAIN. . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
RESERVA NACIONAL DE LACHAY. . . . 54
PACHACÁMAC. . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
RESERVA NACIONAL DE SALINAS
PARACAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Y AGUADA BLANCA. . . . . . . . . . . . . . 70

Y–Zn
„„
PARQUE NACIONAL
BAHUAJA-SONENE. . . . . . . . . . . . . 136 RESERVA NACIONAL
PACAYA SAMIRIA. . . . . . . . . . . . . . . 129
PARQUE NACIONAL
DE QUISTOCOCHA. . . . . . . . . . . . . . 129 RESERVA NACIONAL TAMBOPATA . . 135 YANQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
PARQUE NACIONAL DEL MANÚ . . . . 136 RESERVA NOR YAUYOS-COCHAS. . . . 57 YUCAY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
PARQUE NACIONAL HUASCARÁN. . . 106 RÍO MADRE DE DIOS. . . . . . . . . . . . 134 YURIMAGUAS . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
PÍSAQ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 RÚPAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 ZONA NATURAL Y CULTURAL. . . . . . 136

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