Benvenuti in Sicilia !

© AUTHOR’S IMAGE
La Sicile, c’est d’abord la respiration d’un
volcan emblématique : l’Etna, le volcan le
plus haut d’Europe et l’un des plus actifs
au monde. A 3 350 mètres, il découvre ses
quatre gigantesques cratères sommitaux
dans des nuées de soufre. Ses coulées de
lave fluides qui n’atteignent plus le sommet
surgissent à mi-pente de la montagne.
A ce spectacle hallucinant s’oppose la
douceur de vivre à la sicilienne. Les villages
aux ruelles fleuries de bougainvilliers
mauves et roses, de lauriers en fleurs,
de citronniers qui descendent jusqu’aux
eaux bleues de la Méditerranée. Les
Cathédrale de Palerme. terrasses blanches des cafés où déguster
un « granité glacé » sous un soleil intense.
La Sicile est riche aussi de toutes les popu-
lations qui s’y sont succédé, la dotant d’une architecture originale et passionnante :
temples grecs de Selinunte, Syracuse et Agrigente, palais arabo-normands et églises
byzantines de Palerme, villages médiévaux perchés dans la montagne. Toutes les
aventures sont possibles en Sicile : pour les apprentis vulcanologues, les passionnés
d’art et d’architecture, les amateurs gastronomes et les œnologues curieux et
les adeptes du soleil et des belles plages. Les îles qui l’entourent sont autant
de satellites précieux : les
sept célèbres Eoliennes
avec le luxe de la riche
Panarea ou les éruptions
O
A – ISTOCKPHOT

de Stromboli la volcanique,
ou encore l’archipel des
îles Egades. Chacun
© BRZOZOWSK

trouvera en Sicile une

raison de s’émerveiller
selon son tempérament
et ses envies.
L’équipe de rédaction

Favignana.

1
 Sommaire
Découverte
Les plus de la Sicile . . . . . . . . . . .8
La Sicile en bref . . . . . . . . . . . . . .9
La sicile en 10 mots-clés . . . . . .10
Survol de la Sicile . . . . . . . . . . . .13
Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
Population . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Arts et culture . . . . . . . . . . . . . . .26
Festivités . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32
Cuisine sicilienne . . . . . . . . . . . .34
Sports et loisirs . . . . . . . . . . . . . .37
Enfants du pays . . . . . . . . . . . . .39
Visite
Palerme et sa région . . . . . . . . . .42
Palerme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
Albergheria, Kalsa
et la gare centrale . . . . . . . . . . .42
Capo, Loggia
et le port de Cala . . . . . . . . . . . .56
Piazza Castelnuovo, Via della
Libertà et la ville moderne . . . . .62
© ISTOCKPHOTO.COM/SPOOH
Cala Juncon baie de l’île de Panarea.
2
Les environs de Palerme . . . . . . .63
Monreale. . . . . . . . . . . . . . . . . .63
Corleone . . . . . . . . . . . . . . . . . .64
Ségeste. . . . . . . . . . . . . . . . . . .65
L’Ouest. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Côte nord-ouest . . . . . . . . . . . . . .67
Mondello . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Castellammare del Golfo . . . . . .67
Erice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
Trapani . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70
Îles Egades . . . . . . . . . . . . . . . . .71
Favignana . . . . . . . . . . . . . . . . .72
Levanzo . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
Marettimo . . . . . . . . . . . . . . . . .73
Île de Pantelleria . . . . . . . . . . . . .73
Route du sel . . . . . . . . . . . . . . . . .73
Marsala . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
Côte sud-ouest. . . . . . . . . . . . . . .76
Mazara del Vallo . . . . . . . . . . . .76
Castelvetrano . . . . . . . . . . . . . .78
Selinunte. . . . . . . . . . . . . . . . . .78
Le Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79
Agrigente – Agrigento . . . . . . . . .79
© APOLLON – ICONOTEC
Centre-ville . . . . . . . . . . . . . . . .79
Vallée des Temples . . . . . . . . . .82
La région d’Agrigente . . . . . . . . .85
Sciacca . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
Palma di Montechiaro . . . . . . . .86
Licata . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87
Les îles Pélagie . . . . . . . . . . . . . .87
Lampedusa . . . . . . . . . . . . . . . .87
Linosa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
Raguse – Ragusa . . . . . . . . . . . . .88
Ragusa Superiore . . . . . . . . . . .90
Ragusa Ibla . . . . . . . . . . . . . . . .91
La région de Raguse . . . . . . . . . .92
Modica . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
Ispica . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93
Scicli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94
La côte sud . . . . . . . . . . . . . . . . .95
Gela . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95
Camarina . . . . . . . . . . . . . . . . .95
Noto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96
Avola. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98
Syracuse – Siracusa . . . . . . . . . .99
Île d’ Ortygie . . . . . . . . . . . . . . .99
Ville moderne . . . . . . . . . . . . .101
L’Est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106
Catane . . . . . . . . . . . . . . . . . .106
Taormina . . . . . . . . . . . . . . . . .114
Etna . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117
Ragusa Ibla, le cœur de la ville basse.
Le Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121
Messine – Messina . . . . . . . . .121
Milazzo . . . . . . . . . . . . . . . . . .123
Capo di Milazzo . . . . . . . . . . . .123
Tindari . . . . . . . . . . . . . . . . . .124
Cefalù . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124
Termini Imerese . . . . . . . . . . .126
Les îles Éoliennes . . . . . . . . . . .127
Lipari . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127
Vulcano . . . . . . . . . . . . . . . . . .131
Salina . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132
Panarea . . . . . . . . . . . . . . . . .133
Stromboli . . . . . . . . . . . . . . . .134
Filicudi . . . . . . . . . . . . . . . . . .135
Alicudi. . . . . . . . . . . . . . . . . . .136
Les îles Éoliennes . . . . . . . . . . .127
Lipari . . . . . . . . . . . . . . . . . . .127
Vulcano . . . . . . . . . . . . . . . . . .131
Salina . . . . . . . . . . . . . . . . . . .132
Panarea . . . . . . . . . . . . . . . . .133
Stromboli . . . . . . . . . . . . . . . .134
Filicudi . . . . . . . . . . . . . . . . . .135
Alicudi. . . . . . . . . . . . . . . . . . .136
Pense futé
Pense futé . . . . . . . . . . . . . . . . .138
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142
3
LaLégende.
Sicile
© COPYRIGHT
Taormina. © VVOEVALE – ISTOCKPHOTO
DÉCOUVERTE
 Les plus de la Sicile
Découverte
des volcans parmi les
plus actifs du monde
Certains termes génériques du volca-
nisme viennent de Sicile, notamment
« de Vulcano » et « de Stromboli »
(dans les îles Eoliennes). Les éruptions
stromboliennes définissent une éruption
explosive comme une gerbe de feu et
pas mal de bruits ! Ces volcans nous
rappellent à leur souvenir très réguliè-
rement. Partir en fin d’après-midi voir
le cratère du Stromboli en éruption
est une incroyable aventure. Le retour
se fera dans la nuit noire et très tard :
vous découvrirez pourquoi… Il faut
de bonnes chaussures de marche et
un peu d’entraînement pour gravir les
600 m de dénivelé. Les éruptions de
type vulcanien comme... Vulcano (une
autre des îles Eoliennes) sont un magma
très visqueux et donc sous pression
qui provoque des émanations de gaz
(soufre) et de jets de pierre. Ce sont des
© AUTHOR’S IMAGE
Forteresse de Montechiaro.
8
volcans dangereux. Enfin, l’Etna, l’un
des volcans les plus actifs au monde,
surveillé en permanence par des
sondes qui observent les mouvements
sismiques. Le sommet comporte quatre
cratères gigantesques qui crachent du
soufre, des gaz et des pierres.
Sicile, mosaïque
méditerranéenne
Mosaïque par excellence, elle fut pétrie
pendant des siècles par les cultures,
les forces naturelles, les peuples et
les climats les plus divers. Elle est
aujourd’hui, en Europe, l’un des derniers
îlots préservés du vieux continent, non
seulement par ses monuments mais
surtout par son mode de vie profon-
dément authentique. En même temps,
son passé et son caractère insulaire la
rendent si différente et lointaine de la
péninsule : on y respire déjà un parfum
d’Afrique, d’Orient des Mille et Une
Nuits. Mais, dans la plupart des lieux,
elle est bien l’Europe !
Une autre notion du temps
Les Siciliens ne sont pas pressés par
nature : ici, la population n’est pas à
la minute près et prend le temps de
vivre, de se reposer, de discuter, de
s’amuser… Oubliez la tension palpable
dans certaines villes françaises et le
stress ambiant qui gâche la bonne
humeur collective. En Sicile, on chante,
on siffle, on s’arrête, on discute… Le
rythme de vie local est contagieux, et
on se laisse vite prendre au jeu !
 La Sicile en bref
Pays
w Nom officiel : Région autonome de
Sicile
w Capitale régionale : Palerme
w Superficie : 25 700 km2
w Langues : l’italien et des dialectes
insulaires.
Population
w Nombre d’habitants : 5 millions.
w Densité : 196 hab./km2.
w Taux de natalité : 9,1‰.
w Taux de mortalité : 9,9‰.
w Espérance de vie : 81 ans.
w Taux d’alphabétisation : 98%.
w Religion : catholique.
Économie
w Monnaie : l’euro.
w PIB : 85 milliards d’euros.
w PIB/habitant : 17 200 E/hab.
w Population active/secteur :
agriculture 7%, industrie 34%,
services 59%.
w Taux de croissance : -0,5%.
w Taux de chômage : 25 %.
w Taux d’inflation : 0,06%.
Décalage horaire
La Sicile se trouve sur le fuseau
horaire GMT+1 et n’a donc pas de
décalage avec la France.
DÉCOUVERTE
Le drapeau
sicilien
L’origine du drapeau sicilien remonte
à 1282, au moment des Vêpres sici-
liennes. Lors de l’insurrection anti-
française, Palerme (la capitale de la
Sicile) puis Corleone sont les deux
premières villes à se révolter contre
l’occupation. On retrouve ainsi sur ce
drapeau le jaune de la commune de
Palerme et le rouge de Corleone. Au
centre du drapeau, la « Trinacria » est
l’emblème millénaire de la Sicile. A
l’origine, ce nom vient du grec « Tri-
nakrie » (« Trêis àkrai »), trois pointes.
Au centre des trois jambes fléchies, la
tête de la femme est ornée de serpents.
Ce drapeau a été adopté une première
fois en 1943 par les indépendantistes
ou « séparatistes » siciliens, puis par
la région autonome de Sicile en 2000.
Climat
Les étés sont chauds et secs, et les
hivers courts et généralement doux,
caractéristiques du climat méditerra-
néen. Au-delà de ces grands faits, il
règne en Sicile une dualité climatique
extrême entre un intérieur et un Sud
arides, et un Nord et un Nord-Est parti-
culièrement avantagés par la nature.
La Sicile en bref
Les façades nord et nord-est de la Sicile
sont des zones privilégiées. Les hivers
sont doux, et il fait rarement moins de
12 °C à Palerme et moins de 10 °C à
Messine. Les mois les plus agréables
sont avril, mai et octobre. Quant à
l’intérieur et au sud de l’île, il y règne
un climat quasi africain.
9
 La Sicile
en 10 mots-clés
Barbiere
Ah ! Messieurs ! Vous ne connaîtrez
jamais l’extase de se faire faire la barbe
par un authentique barbiere du vieux
quartier d’une petite ville. Les instru-
ments, l’ambiance, la méticulosité de
l’artiste au travail, du barbouillage au
blaireau jusqu’au rinçage rafraîchissant,
avec le léger et délicieusement angois-
sant crissement de la lame sur la peau,
tout cela est tellement plus jouissif que
le zinzin d’un rasoir électrique ou que le
banal rasage devant la glace.
Cassata
« Belle comme une Cassata. » C’est
ainsi que l’on décrit les jolies femmes
à Palerme ! La Cassata est le dessert
favori des Italiens. Elle est un véritable
trésor de la cuisine sicilienne et incarne
à elle seule les saveurs d’une civilisa-
tion vieille de plusieurs millénaires. Ce
dessert est né pour fêter Pâques après
les sacrifices du Carême. La Cassata
est devenue petit à petit une pâtisserie
que l’on consomme tout au long de
l’année. Parmi ses ingrédients, on y
trouve le Pan di Spagna (une sorte de
biscuit), du chocolat, de la ricotta, des
fruits confits.
Corso Vittorio Emanuele
En Sicile, chaque ville qui se respecte
possède son Corso Vittorio Emanuele,
sorte d’axe principal autour duquel
10
gravitent les principales activités de
la cité. Ce nom est celui d’une figure
de l’histoire de l’île.
Professeur de droit sicilien, Orlando
Vittorio Emanuele (Palerme 1860-
1952) embrasse la carrière politique
et est élu en 1897 dans les rangs des
libéraux à la Chambre des députés.
C’est le grand homme politique
italien du début du XXe, participant
aux gouvernements successifs et
accédant en 1917 à la présidence du
Conseil en pleine guerre mondiale.
u’Fistinu
De Palerme au plus petit des
villages, chaque localité sicilienne a
sa « fistinu », ou la fête de son saint
patron. Ces fêtes s’apparentent aux
anciens rites païens. Mélange d’ivresse
et nourriture, de foule et de mise en
scène, de musique et de feux d’artifice,
de ferveur religieuse et de fête civile,
la « fistinu » est depuis des siècles
la représentation la plus complète
du peuple sicilien. Vous en trouverez
tout au long de l’année, mais les plus
connues et spectaculaires sont sans
doute la fête de Sant’Agata à Catane
(du 3 au 6 février) et celle de Santa
Rosalia à Palerme (du 10 au 15 juillet).
Mercato
Les marchés siciliens sont les lieux
populaires les plus authentiques
 d’Italie. Vous pourrez y découvrir la
véritable Sicile et son artisanat. Leurs
couleurs et leurs odeurs enivrantes
rappellent les souks d’Afrique du
Nord : aux aurores à l’arrivée des
pêcheurs, ou lorsque l’on sacrifie
la volaille et les animaux en pleine
rue. C’est par excellence le lieu de
rencontre de toutes les générations,
lieu de vie pour être au plus près des
gens. C’est aussi un endroit idéal pour
un petit encas et pour découvrir les
mets typiquement locaux, les petites
spécialités familiales.
Pinnica
Partout en Sicile, et particulière-
ment en été, l’heure de la sieste est
sacrée, et si les commerces peuvent
couramment rester ouverts jusqu’à
13h ou 13h30, il n’est pas question
d’ouvrir l’œil et la porte avant 16h30.
C’est l’occasion de parcourir la ville
en profitant de cet instant de calme
magique pour certains, et angois-
sant pour d’autres… Mais attention :
© AUTHOR’S IMAGE
pendant l’été, la chaleur est étouffante
DÉCOUVERTE
à cette heure de la journée. Inutile
de se balader dans des villes qui
deviennent fantômes, où il sera même
difficile de trouver un bar potable
ouvert. A ce moment-là, laissez-vous
tenter par la somnolence ambiante.
Au-delà de cette heure fatidique, tout
s’anime, des villes entières sortent
pour meubler les bancs, les places,
les terrasses.
Plages
Les Italiens adorent la plage, bronzer,
jouer au ballon et faire trempette.
C’est pourquoi ils apprécient parti-
culièrement les longues plages où
l’on a pied jusqu’à des dizaines de
mètres de la côte. Il faut préciser
qu’à l’inverse, ce ne sont pas des
fous de natation, puisqu’un Italien
sur trois ne sait pas nager… Une
lacune culturelle puisque les Romains
avaient la réputation d’être de piètres
nageurs.
La Sicile en 10 mots-clés
Noto, capitale baroque de la Sicile.
11
 © AUTHOR’S IMAGE
La plage de Cefalù.
Lo Struscio
C’est-à-dire la flâne. En Sicile, la rue
est un véritable lieu de vie sociale.
On s’y promène et on s’y arrête,
car la rue n’est pas un simple lieu
de passage, mais aussi un lieu de
rencontres, sitôt franchi l’isciu, le pas
de la porte. Dans les vieux centres,
il n’est pas rare de voir des rues ou
des ruelles entièrement occupées par
des personnes âgées ou enfants, avec
tables, chaises, radio ou télévision. La
via est tout simplement une extension
de l’habitat sicilien.
Tonnara
Utilisée pour la pêche au thon, c’est
la cage de filets agencés selon une
méthode arabe datant du IXe siècle. La
pêche au thon est une des traditions
les plus anciennes de l’île. Elle était
jusqu’à des temps très récents le
12
seul revenu de nombreux Siciliens.
Comme la montre le père du néoréa-
lisme italien Roberto Rossellini dans
Stromboli, ce moment impression-
nant et spectaculaire est un rituel
comparable à celui de la corrida.
Les termes employés pour piéger le
poisson ne trompent pas : la camera
della morte (chambre de la mort) ou
la mattanza (le massacre) qui clôt la
saison en juin.
Vespa
L’incontournable « guêpe ». Fiat a eu
un coup de génie dans les années
1950. Vous ne pouvez pas en faire
abstraction : le bruit, les odeurs…
et puis il faut tout de même dire que
c’est fait pour ça : attirer le regard
du commun des mortels, et surtout
des demoiselles facilement impres-
sionnables !
 Survol de la Sicile

Géographie
La Sicile est la plus grande île de la
Méditerranée avec 25 500 km², la
Sardaigne étant légèrement plus petite
avec presque 24 000 km². Elle est située
au bout de la botte italienne, séparée
à l’est du reste de l’Italie par le détroit
de Messine, large seulement de 3 km.
Au sud-ouest, un détroit beaucoup plus
important, celui de Sicile, la sépare du
continent africain et de la Tunisie. Sa
forme triangulaire lui valut durant l’Anti-
quité le nom de Trinacria, qui signifie
« l’île aux Trois Pointes ». Elle est bordée
au nord par la mer Tyrrhénienne et à
l’est par la mer Ionienne.
Les montagnes
Traversée par une résurgence de
l’arc des Apennins, la Sicile est une
île montagneuse, principalement dans
sa partie nord, le long du littoral, où
© BASTIEN POUX – FOTOLIA
DÉCOUVERTE
chaîne volcanique qui, au nord-est de
l’île, est dominée par le géant Etna
et ses 3 200 m d’altitude. Il est tout
simplement le volcan le plus haut
d’Europe et est toujours en activité.
Somnolant le plus clair de son temps,
il se réveille parfois brutalement,
mettant en péril les villages installés
au fil des siècles sur ses pentes
fertiles toujours exploitées. Grande
attraction touristique, l’Etna accueille
chaque année des milliers de curieux
et d’amateurs. C’est pourquoi le site
a été classé parc naturel en 1981, afin
de limiter et de mieux contrôler l’afflux
touristique. Quant à l’intérieur de l’île,
il est composé presque exclusivement
de collines et de plateaux arides qui
atteignent par endroits des altitudes
respectables.

affleure justement l’arc des Apennins.

On discerne d’est en ouest, de Messine
à Palerme, 3 chaînes de montagnes au
relief particulièrement tourmenté, dont
l’altitude ne dépasse pas 2 000 m. Il
y a les monts Péloritains, les monts
Nebrodi et les monts Madonie qui
culminent eux à 1 980 m.Plus à
Survol de la Sicile

l’ouest, des reliefs aux altitudes plus

modérées, les montagnes de Trapani
et de Palerme. Ces différents massifs
montagneux cristallins, schisteux, voire
calcaires produisent des paysages
souvent arides, proches de la déso-
lation, percés de nombreuses grottes
et gorges. Pourtant ces montagnes
paraissent modestes à côté de la
Eruption de l’Etna.
13

Un volcan
nommé Etna
L’Etna, aussi appelé « la montagne
des montagnes », est le plus haut vol-
can actif d’Europe. Le géant culmine
à 3 350 m et s’étend sur presque
1 600 km. Son apparition remonte
à près de 300 000 ans. La première
ascension du volcan fut entreprise par
le philosophe grec Empédocle entre
490 et 430 av. J.-C. L’histoire raconte
que l’on retrouva ses sandales près du
cratère. Strabon (Ier siècle apr. J.-C.)
fut le premier géographe à écrire des
textes sur la physionomie du géant.
Ses descriptions sont précises. On y
retrouve des informations concernant
la végétation, les formes et les pentes
du volcan. L’Etna ne cesse de se modi-
fier au fil du temps et de son activité.
Les plaines
Montagneux, couvert de collines, le
territoire de la Sicile n’est couvert
qu’à 15 % de plaines. Le plus souvent
côtières ou fluviales, elles concentrent
bien évidemment la quasi-totalité de
l’activité agricole de l’île ainsi que
la très grande majorité de l’habitat
humain. Parmi les plus importantes,
on trouve la plaine de Catane du nom
de la capitale provinciale, et celle,
côtière, de la Conca d’Oro. La plaine
de Catane est la plus riche plaine sici-
lienne. Elle a été formée et alimentée
par les alluvions du fleuve Simento
et les dépôts de l’Etna tout proche.
Les cours d’eau
La Sicile est une terre aride en raison
de la rareté des précipitations. C’est
essentiellement en hiver et en
14
automne que la pluie tombe, elle vient
alors grossir les fleuves provoquant
parfois des inondations.
Climat
Les étés sont chauds et secs, et les
hivers courts et généralement doux,
caractéristiques du climat méditerra-
néen. Au-delà de ces grands faits, il
règne en Sicile une dualité climatique
extrême entre un intérieur et un Sud
arides, et un Nord et un Nord-Est parti-
culièrement avantagés par la nature.
Les façades nord et nord-est de la Sicile
sont des zones privilégiées. En effet,
elles bénéficient de pluies généreuses
qui s’étalent sur plusieurs mois dans
l’année, généralement de fin octobre à
mars. Les hivers sont doux, le soleil est
généreux et les mois les plus agréables
sont avril, mai et octobre.
Environnement
La Sicile possède des richesses et
une diversité naturelle unique, mais la
conscience écologique du pays n’est
pas toujours à la hauteur. La moder-
nisation du pays au cours du siècle
dernier, l’industrialisation et le déve-
loppement des activités pétrochimiques
ont des conséquences dramatiques.
Le ministère de l’Environnement n’a
malheureusement pas plus de projets
qu’il n’a d’autorité. Cependant, l’échec
du projet du Pont de Messine soutenu
par Berlusconi qui devait relier la botte
italienne à l’île sicilienne marque
peut-être un tournant dans la prise
de conscience écologiste des Siciliens.
Il semble que l’attitude de la population
vis-à-vis de la protection et de la mise
en valeur de l’environnement soit plus
active qu’auparavant.
Le développement toujours plus
croissant de l’agriturismo (tourisme
vert), et donc l’ouverture du tourisme
dans les fermes et zones agricoles,
en est une des expressions les plus
marquantes.
Faune et flore
Faune
En matière de faune, les espèces les
plus notables sont les quelques couples
d’aigles qui ont réussi, contre vents
et marées, à prospérer ; en particu-
lier le très rare aigle Bonelli que l’on
trouvera dans la réserve de Zingaro,
avec d’autres espèces d’oiseaux en
voie de disparition. En levant les yeux
vers le ciel, vous aurez peut-être l’oc-
casion d’apercevoir un milan ou un
faucon scrutant la terre à la recherche
de petites proies (lapins, renards,
hérissons y sont ici comme ailleurs).
Faune aquatique
Les fonds marins de Sicile regorgent
de thons et autres espadons. Il suffit
pour s’en convaincre d’assister à une
mattanza (le « massacre ») entre mai
et juin. Cette pêche spectaculaire
consiste dans un premier temps à
encercler les thons à l’aide de grands
filets tirés par de petites barques
appelées tonnara. Une fois le banc
de thons pris au piège, les pêcheurs
harponnent chaque poisson un à un :
au cours de cette mise à mort rituelle,
la mer se teinte alors d’un rouge sang.
Cette pêche traditionnelle se pratique
surtout autour des îles Egades, à l’est
de la Sicile, en particulier au large
de Favignana.Outre le thon, la faune
aquatique est très dense en Sicile.
De nombreux coquillages et poissons
(sole, loup de mer…) peuplent les mers
DÉCOUVERTE
qui bordent l’île. Nombreux sont les
sites de plongée très appréciés des
amateurs : les îles Egades, Eoliennes,
l’île d’Ustica sont autant de lieux où l’on
pratique la plongée et l’observation des
superbes fonds marins.
Flore
Habitée depuis la préhistoire, la Sicile
a vu son milieu naturel nettement
façonné par l’homme. Ainsi, les
Arabes ont mis largement en valeur
ses plaines en organisant son irrigation,
et y ont entamé la longue tradition de
la culture des agrumes dont la Sicile
est devenue la première région expor-
tatrice italienne.Les pentes de l’Etna,
d’une végétation variée, présentent
des espèces qui ne sont arrivées là
qu’à dos d’homme, comme les diffé-
rentes plantes tropicales ramenées des
Amériques. La végétation de l’Etna est
riche et très particulière. Elle est faite
d’Astragalus Siculus : plante qui pousse
en massif sur laquelle de fines épines
vous passeront certainement l’envie
de vous asseoir lors d’une montée sur
le volcan ! On trouve également des
pins et quelques châtaigniers. Plus
reconnaissable cette fois : la violette de
l’Etna pousse en abondance autour du
volcan. Les paysages se transforment
dans le sud de l’île, comme stoppés
Survol de la Sicile
par une frontière imaginaire. Le vert
des montagnes du nord a laissé la
place à un paysage très méditerra-
néen cette fois : la garrigue à perte
de vue cohabite avec des palmiers
nains. On trouve également des figuiers
de Barbarie, probablement importés
d’Amérique centrale, et des agaves
(grandes plantes larges à épines…).
15
 Histoire
Il semble que la Sicile ait été habitée dès le Paléolithique. On tient pour preuve
les découvertes réalisées à ce jour en Sicile et dans ses îles mineures, en
particulier dans celle d’Egade de Levanzo. Déjà les Phéniciens, originaires
des côtes de l’actuelle Syrie, fréquentaient les rivages siciliens, mais c’est
seulement au cours des Xe et IXe siècles qu’ils en prirent possession en plu-
sieurs endroits sous la forme de comptoirs commerciaux extrêmement actifs.
Ils allaient rapidement se développer, puis se heurter à l’un des événements
majeurs de l’histoire de la Sicile, la colonisation grecque.

La colonisation grecque dénommèrent Trinacria (l’île aux Trois

La Sicile n’était pas terra incognita
pour les Grecs du début du Ier millé-
naire. Leurs ancêtres avaient sans
aucun doute déjà longé ses côtes, à
l’image d’Ulysse et de ses compagnons
dans L’Odyssée. Toujours est-il qu’au
début du VIIIe siècle av. J.-C., et ce
jusqu’au milieu du VIe siècle av. J.-C.,
des Grecs réempruntent cette route
de l’ouest jusqu’alors abandonnée et
abordent dans un même temps les
rivages de la Sicile et du Sud de la
péninsule italienne. En Sicile, qu’ils
© AUTHOR’S IMAGE
Pointes), ils s’implantent sur la côte
orientale se limitant d’abord au littoral,
et chassant vers l’intérieur de l’île
les différentes tribus sicules et les
Phéniciens vers la partie occidentale
de l’île, où ces derniers créent de
nouveaux comptoirs commerciaux
(Motyé, Palerme). Les premiers
Hellènes à s’installer venaient d’Eubée
et fondèrent, en 757 av. J.-C., Naxos,
la première colonie grecque de Sicile.
Vers 734, Syracuse était fondée par
les Corinthiens.

Temple dans la zone archéologique de Ségeste.

16
L’apogée de la Sicile
grecque aux VIe et
Ve siècles av. J.-C.
Très vite, les colonies grecques en
Sicile vont connaître la prospérité
grâce à l’énorme potentiel agricole de
l’île, tout particulièrement autour de
l’Etna. Devenues riches et puissantes,
elles se lancent à leur tour dans une
politique de colonisation et essaiment
le long des rivages de l’île. Au Ve siècle
av. J.-C., on estime déjà la population
à 1 300 000 habitants, l’équivalent de
la population de l’île au XVIIIe siècle.
Le Ve siècle av. J.-C. correspond à
l’âge d’or de la Sicile hellénistique,
une Sicile que dominent les cités du
littoral oriental. Elles se couvrent, à
l’image d’Agrigente et de Sélimonte,
de beaux et importants monuments
publics et religieux, et deviennent
autant de foyers culturels et de savoir
qui attirent à elles les plus grands
savants et philosophes de l’époque.
Une cité commande le paysage
politique : Syracuse. Riche, puissante,
elle est dirigée d’une main de fer par
une dynastie de tyrans et de grands
mécènes, qui font de leur cour le lieu
de travail et d’étude des savants et
des artistes de leur temps, un centre
de rayonnement de la culture hellène.
Grandeur et décadence
Syracuse, à partir de 405 av. J.-C., sous
l’impulsion d’un de ces tyrans, Denys
l’Ancien, va se lancer à la conquête
des cités mineures siciliennes encore
indépendantes et de celles du Sud de la
péninsule italienne. Puis il va réussir à
s’opposer à la puissance grandissante
de Carthage, la chassant de l’Ouest
de l’île, en devenant ainsi le maître
DÉCOUVERTE
incontesté.
Avec sa mort va s’ouvrir pour Syracuse
et la Sicile grecque un siècle de troubles
et de décadence marqué par les règnes
de Denys le Jeune, Timoléon ou encore
Agathocle, mais surtout par la reprise
des guerres avec la puissante Carthage
et l’avènement d’un nouveau péril venu
du nord, Rome la conquérante.
En 264 av. J.-C., Rome se lance à la
conquête des possessions siciliennes
de Carthage : c’est la première guerre
punique. En 218 av. J.-C., Romains et
Carthaginois s’affrontent de nouveau,
dans la deuxième guerre punique.
Cette fois Syracuse est l’alliée de
Carthage. Ce choix entraînera sa
perte. En 215 av. J.-C., la ville est
assiégée et résiste près de trois ans aux
assauts répétés des troupes romaines
commandées par le consul Marcellus.
Malgré les efforts des défenseurs parmi
lesquels on compte Archimède, qui fait
valoir son génie en incendiant par de
grands miroirs les voiles des galères
romaines, Syracuse est vaincue en
212 av. J.-C. La dernière partie indé-
pendante de la Sicile tombe ainsi aux
mains des Romains.
La Sicile romaine
Sitôt conquise, la Sicile est la proie
de l’aristocratie romaine, des grandes
familles sénatoriales qui président aux
destinées de la République. Elles s’y
taillent en effet de larges domaines
agricoles, les fameux latifundia,
Histoire
chargées de nourrir la population
sans cesse croissante de Rome et de
l’Italie romaine La Sicile devient alors le
grenier à blé de la République romaine.
17
 Avec le passage de la République à
l’Empire, la Sicile devient une province
sénatoriale dans le cadre du partage
des provinces romaines entre le nouvel
empereur, Octave, devenu Auguste, et
le Sénat. L’île est alors administrée par
un représentant des grandes familles
aristocratiques de Rome. Entre le
I er siècle av. J.-C. et le IVe siècle
apr. J.-C., elle va devenir, avec l’Italie,
le cœur de la romanité. Pacifiée et
hors d’atteinte des dangers barbares,
la Sicile devient un lieu de villégiature
fort apprécié des élites romaines qui
y séjournent régulièrement.
Les villes se couvrent de beaux et
riches monuments, les campagnes
de belles villas.
La Sicile et Byzance
En 535, la Sicile renoue avec la
tradition grecque, dont la langue et
la culture n’avaient jamais totalement
disparu de l’île. Bélisaire, à la tête
d’une puissante armée byzantine,
chasse les Ostrogoths et annexe l’île,
conformément au désir de l’empereur
d’Orient Justinien.
Convertie au christianisme depuis
le IVe siècle apr. J.-C., l’Eglise de
Sicile est alors rattachée à l’Eglise
d’Orient, non sans protestation de la
part du pape, qui siège à Saint-Pierre
de Rome.
Les Byzantins rencontrent en Sicile
une forte tradition hellène qui favorise
leur implantation.
Soumise régulièrement aux attaques
des pirates qui sévissent en
Méditerranée, l’empereur d’Orient
n’en choisit pas moins la Sicile pour
accueillir la capitale de l’Empire. Entre
18
663 et 668 sous la menace de l’expan-
sion musulmane, Constantinople est
abandonnée par la cour, et les organes
de l’administration impériale viennent
s’installer à Syracuse. Contre vents et
marées, la domination byzantine se
maintient en Sicile jusque dans les
années 820.
La Sicile musulmane
En 827, les premiers musulmans
prennent pied sur le sol sicilien, à
l’appel d’Euphemius. Difficile, la
conquête de l’île sera marquée par
la prise de Palerme en 831, puis par
celle de Syracuse en 878. Boutés
hors de l’île, les Byzantins tenteront
à plusieurs reprises de reprendre
pied en Sicile avec plus ou moins de
succès, en 965 par exemple puis en
1035 à l’époque où les différents partis
musulmans se disputent le pouvoir.
Durant l’occupation musulmane,
certaines parties de la Sicile sont
fortement arabisées, comme les
terres du côté d’Entella ou encore de
Calathamet. Grâce à la tolérance qui
caractérise les premières heures de
l’islam à l’égard des autres religions,
de larges régions sont laissées libres de
suivre leurs us et coutumes. La langue
et la culture grecques continuent donc
de prospérer, ainsi que le christianisme.
Devenue capitale au détriment de
Syracuse, Palerme se développe énor-
mément à cette époque et nombre de
magnifiques mosquées et palais sont
construits.
La Sicile normande
En proie à une forte agitation politique
que ponctuent de nombreuses
guerres, la Sicile voit arriver au
 milieu du XIe siècle ceux qui se sont
déjà taillés de larges fiefs en Italie
méridionale. Héritiers de Tancrède
de Hauteville, Robert Guiscard et son
frère Roger se lancent à la conquête
de la Sicile. En 1061, ils s’emparent
de la ville de Messine. En 1072, Roger
conquiert Palerme et est fait comte par
son frère et suzerain. En 1085 c’est
au tour de Syracuse de tomber aux
mains du Normand. Enfin, en 1091,
toute l’île finit par se soumettre. Il aura
fallu 30 ans exactement aux Guiscard
pour conquérir l’antique Trinacria.
La Sicile devient ainsi indépendante
pour la première fois depuis la période
grecque. Malgré le lourd handicap
d’une société partagée entre popula-
tions grecque, latine et arabe, le comté
de Sicile puis le royaume de Sicile va
connaître un grand développement et
une prospérité sans pareil.
© AUTHOR’S IMAGE
La Sicile impériale
DÉCOUVERTE
En 1197, après près de huit ans
d’une guerre fratricide, Frédéric II
gagne la Sicile, qui perd du même
coup son indépendance, ce dernier
étant également maître de l’empire
germanique. Cette victoire marque la
fin de la Sicile normande. Frédéric II
dirige l’Empire depuis Palerme, mais
doit très vite déménager sa capitale
sur le continent. Son long règne (de
1197 à 1250) va surtout être marqué
par l’opposition grandissante de la
papauté à son encontre, une papauté
avec laquelle il entre ouvertement en
conflit. Plusieurs fois excommunié et
même déposé par le saint-Siège, il
meurt en 1250, traqué sur ses propres
terres. Appelé au secours du pape,
Charles d’Anjou défait tout d’abord
Manfred (1266), puis Conradin en
1268. L’Italie du Sud et la Sicile sont
aux mains de la dynastie angevine.
Histoire
Théâtre grec de Syracuse.
19
 La Sicile à l’heure angevine
Dès 1266, le pape Clément IV a
couronné Charles d’Anjou, frère
de Saint Louis, pour succéder à
Frédéric II. La Sicile, quant à elle, sort
exsangue de ce conflit dynastique. A
cela s’ajoute le retour des pratiques
féodales que rétablit Charles d’Anjou,
qui devient très vite impopulaire.
C’est dans ce contexte que le 30 mars
1282, à l’heure de l’office du soir, une
violente révolte éclate contre lui et
l’ensemble des Français résidant à
Palerme. Il s’agit de l’épisode qu’on
appellera plus tard « les Vêpres
siciliennes ». Commencée par une
simple bousculade, cette insurrection
se termine par le massacre de près
de 2 000 Français. Partout la révolte
gagne du terrain, et bientôt c’est toute
la Sicile qui entre en insurrection.
Le 30 août de la même année, Pierre III,
fils du roi d’Aragon et gendre de
Manfred, est proclamé roi de Sicile.
Mais c’est un roi sans royaume. Il
va alors s’attacher à conquérir son
bien, aidé dans cette tâche par les
partisans des anciens Hohenstaufen
encore présents dans l’île. Charles
d’Anjou ne conserve que l’Italie du
Sud. Le royaume communément
appelé royaume de Sicile est de fait
séparé en deux entités politiques et
dynastiques.
La domination
espagnole
Acquise à la couronne d’Aragon,
la Sicile s’en détache en 1296. A
l’époque, elle a pour roi Frédéric III,
qui doit affronter une coalition euro-
péenne emmenée par la papauté et
20
ses fidèles alliés angevins. Vainqueur
en 1302, Frédéric III garde la Sicile
et est sacré roi de Trinacrie, pendant
que les possessions angevines en
Italie méridionale gardent le nom de
royaume de Sicile. Redevenue indé-
pendante, la Sicile va le rester plus
d’un siècle.
En 1410, la Sicile revient dans le giron
de la couronne d’Aragon, tout comme
l’Italie du Sud à partir de 1442. Avec
l’unification des royaumes d’Aragon
et de Castille qui forment alors le
royaume d’Espagne, elle devient
possession espagnole et le restera
jusqu’en 1713.
A l’issue de la guerre de succession
d’Espagne qui oppose, entre 1701 et
1714, le royaume de France et celui
d’Espagne, le Bourbon Philippe
d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, monte
sur le trône d’Espagne. Sitôt ceint de
la couronne royale, il abandonne la
Sicile à Victor Amédée II de Savoie,
qui lui-même l’abandonne en 1718,
au profit de la Sardaigne, à la dynastie
des Habsbourg d’Autriche. Des trac-
tations entre l’Empire des Habsbourg
et l’Espagne ainsi que l’autodétermi-
nation des Siciliens en 1735 en faveur
de Charles d’Espagne, amènent ce
dernier à revêtir le titre de roi des
Deux-Siciles.
La Sicile et la
Révolution française
En 1799, les troupes françaises enva-
hissent le royaume des Deux-Siciles
et investissent sa capitale, Naples. La
Sicile, où les idées de la Révolution
ne reçoivent que peu d’échos, voit s’y
réfugier le roi Ferdinand IV.
En 1801, un traité de paix décide
du retour du roi Ferdinand dans sa
capitale, mais en 1806, il doit une
nouvelle fois prendre le chemin de la
Sicile. De Palerme, aidé des Anglais, il
parvient à soustraire l’île des troupes
révolutionnaires de Joseph Bonaparte
et de Joachim Murat successivement
placés par Napoléon sur le trône du
royaume des Deux-Siciles.
Si, sous l’action des Français, les
sujets du roi des Deux-Siciles entre-
voient en Italie du Sud une lueur
d’espoir quant à l’amélioration de
leurs conditions de vie (abolition des
droits féodaux…), il en va également
de même en Sicile, mais sous l’action
des Anglais fortement représentés
dans l’île. Présents afin de parer à
toute attaque des troupes napoléo-
niennes venues du continent, les
Anglais engagent la Sicile sur la voie
des réformes, malgré l’hostilité de
l’aristocratie. Ils abolissent eux aussi
la féodalité et tentent de réformer
l’économie et d’ouvrir la société aux
idées libérales. Sauveurs du royaume
des Deux-Siciles, ils quittent l’île en
1815 sans avoir eu la satisfaction
de voir leurs efforts récompensés.
La société sicilienne garde le même
visage après le passage des Anglais,
mais certaines idées ont fait leur
chemin dans les esprits.
La victoire
de la contre-révolution
Ainsi, en 1815, le départ du roi de
Palerme pour Naples, est-il suivi en
Sicile et également sur le continent,
par une forte agitation sociale, qui
présage déjà des troubles qui vont
embraser le royaume en 1848, le
DÉCOUVERTE
célèbre « Printemps des peuples ». Les
avancées démocratiques annihilées, la
réaction de courants révolutionnaires
ne se fait pas attendre. En 1820, les
Carbonari se soulèvent à Palerme et
contrôlent la ville.
La répression est encore une fois
terrible. De 1825 à 1859, quelques
avancées politiques et sociales voient
le jour en direction d’un assouplisse-
ment de l’absolutisme qui caracté-
rise jusqu’à maintenant le régime de
Naples, mais on est encore loin d’une
démocratisation.
Les idées font pourtant leur chemin
et sont relayées par Mazzini et ses
compagnons qui travaillent au renver-
sement par la force de la monarchie.
En 1844, deux d’entre eux sont
exécutés par le pouvoir. On a coutume
de dire que cet épisode tragique a
scellé la chute du royaume des Deux-
Siciles.
Du Printemps des
peuples à l’Unité italienne
En 1848, la Sicile n’échappe pas au
soulèvement qui embrase l’Europe
entière. Les revendications des
insurgés ne sont pas encore centrées
sur l’idée de l’unité italienne, mais sur
des problèmes propres à l’île, comme
les réformes agraires. Le pouvoir
calme la situation en accordant aux
révoltés une nouvelle Constitution,
que le roi annule moins d’un an après
les faits. A partir de cette époque, la
Histoire
Sicile est en perpétuelle rébellion.
Seules les villes les plus importantes
(villes de garnisons) restent aux mains
des représentants de la monarchie.
21
 C’est donc des conditions plutôt favo-
rables que Garibaldi, à l’initiative de
Cavour, Premier ministre du roi du
Piémont Vittorio Emanuele, débarque
sur le littoral sicilien dans la ville de
Marsala, le 11 mai 1860. Il est accom-
pagné de quelque mille combattants.
Ce nombre donnera son nom à cette
expédition légendaire. En moins de
3 mois, il conquiert l’ensemble de
l’île, volant de ville en ville pour finir
par traverser le détroit de Messine et
poser le pied sur le continent. Là, il
s’empare aussi aisément du Sud de
la péninsule et entre victorieux dans
Naples en octobre 1860. Rejoint par le
roi du Piémont, il lui remet les clefs du
royaume des Deux-Siciles. La même
année, la Sicile prend la décision par
référendum de se rattacher définiti-
vement à l’Italie.
La Sicile d’hier
à aujourd’hui
Dès la fin du XIXe siècle, l’idée d’unité
nationale semble avoir pris forme dans
les esprits. C’est ainsi que naissent
chez certains Siciliens des vocations
politiques, comme pour Crispi, qui
gouverna un temps l’Italie. Des
volontés indépendantistes resurgiront
au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale. Elles sont illustrées, par
exemple, par Salvatore Giuliano, qui
réclame un temps l’annexion pure
et simple de l’île par les Etats-Unis.
En 1943, les alliés prennent la Sicile,
qui en sort meurtrie par de lourdes
destructions. Palerme tombe le
Retrouvez l'index général en fin de guide
22
22 juillet. La Sicile obtient en 1948 une
large autonomie, en réponse au désir
particulièrement fort des Siciliens de
jouir de la plus grande indépendance
possible.
La Sicile, c’est aussi, hélas, la lutte
contre la mafia, sur fond d’attentats
et de règlements de comptes qui ne
contrarient pas vraiment le tourisme.
C’est en 1973 que commencent les
premières tentatives d’actions du
Parlement contre « la pieuvre ». Mais
les « cadavres exquis » ne font que
se multiplier. Les autorités mettent
du temps à se réveiller et n’arrêtent
Riina qu’en 2003.
Cette même année, les Italiens se
rendent aux urnes pour renouveler
l’exécutif de leurs provinces. Contre
toute attente, la Sicile, bastion tradi-
tionnel, rompt avec ses habitudes. Si la
droite reste majoritaire en conservant
les provinces de Palerme, Agrigente,
Messine et Catane, et en gagnant celle
de Syracuse, la gauche garde celle
d’Enna et surtout gagne du terrain
en terme de suffrages. La Sicile n’est
plus l’eldorado de la droite. Suite aux
élections anticipées de 2012, c’est la
tête de liste du Parti démocrate et du
centre-gauche, Rosario Crocetta, qui
remporte la gouvernance de la région
avec plus de 30% des voix. Maire de
Gela, ce dernier est connu de l’autre
côté des Alpes pour sa lutte sans
concession contre la mafia et aussi
pour être l’un des rares responsables
politiques à avoir fait son coming out.

Démographie
La Sicile compte aujourd’hui un peu
plus de 5 millions d’habitants, soit 10 %
de la population italienne. Pour une
superficie de 25 708 km², elle a donc
une densité moyenne de 200 hab/km².
Depuis 50 ans, la population a faible-
ment progressé en Sicile, seulement
700 000 personnes environ. C’est peu
et c’est beaucoup à la fois, lorsqu’on
prend en considération la baisse de
la natalité et les forts contingents qui,
chaque année, partaient faire fortune
dans le Nord, à l’étranger, aux Etats-
Unis (à la fin du XIXe siècle, 1,5 million
s’y exila) et en Europe surtout. Jusque
dans les années 1970, la Sicile accusait
une balance démographique déficitaire.
Mais l’émigration reste, aujourd’hui,
© S. REMAIN – ICONOTEC
Procession des Mystères le Vendredi saint à Trapani.
Population
DÉCOUVERTE
un problème préoccupant (plus de
10 000 personnes s’en vont chaque
année). Cette population se concentre
essentiellement sur le littoral, répartie
dans une multitude de villes secon-
daires comme Syracuse ou Agrigente,
mais surtout dans les rares plaines de
l’île comme la Conca d’Oro palermitaine
ou dans la plaine de Catane, où la
densité peut atteindre 500 hab/km².
On a d’ordinaire l’image d’une Sicile
rurale, rustique, peuplée de villages
endormis. Pourtant trois de ses villes,
Palerme, Catane et Messine, sont parmi
les 12 plus importantes villes d’Italie
en population. Les trois capitales
provinciales comptent respecti-
vement 1 250 000, 1 091 000 et
652 000 habitants (agglomérations
incluses).
Population
23
 Passegiata
A partir de 16h, ou plus tard selon la saison, c’est l’heure de la passeggiata, c’est-à-
dire la promenade, généralement sur le corso, sur la piazza ou le campo, l’endroit le
plus central, le plus animé. On le fait dans un sens, puis dans un autre. On s’arrête
pour bavarder lorsqu’on rencontre une personne de connaissance, ce qui normale-
ment doit arriver plusieurs fois dans une traversée. Parfois, lorsqu’on a retrouvé son
groupe d’amis préférés, on s’assoit sur les bancs, sur le scooter, ou l’on reste debout,
et la conversation peut durer une heure et plus.

Langues attentif et prêt à tout pour vous aider.

Si vous parlez l’italien, vous pourrez
déceler de nombreuses expressions,
prononciations et autres accents très
spécifiques (faisant parfois penser à
l’influence de l’Espagne ou même de
l’Afrique du Nord) et savoureusement
variés et colorés au cours de vos péré-
grinations. Si vous êtes italianiste,
n’hésitez pas à employer des termes
du cru en présence d’un Sicilien, cet
effort sera très apprécié. Le Sicilien a
sa propre grammaire, sa conjugaison
et son vocabulaire.
Mode de vie
Caractère et identité
Sous un air grave et discret, se cache
un peuple accueillant et chaleureux,
qui ne manque pas d’humour et qui a
toujours une berzelletta (histoire drôle)
à raconter. Au contraire de tous les
clichés sur les Italiens, les Siciliens sont
des gens souvent réservés, intérieurs,
mélancoliques et silencieux. Ainsi, ce
qui pourrait passer parfois pour une
certaine froideur, une méfiance ou
même une agressivité maladroite, n’est
qu’une manière de se protéger. Le
Sicilien, et c’est vrai en particulier dans
la population la plus simple, est toujours
N’hésitez donc jamais à demander le
moindre renseignement ou aide, vous
ne serez pas déçu !
Place à la Donna !
Les femmes et les Italiens, ce n’est pas
une légende ! Pétrarque chantait Laura,
Dante louait Béatrice… et Fellini,
Antonioni leurs égéries respectives.
Les Siciliens n’échappent pas à la règle.
Vierge, mamma, idéal de beauté et
de pureté, la femme est vénérée et
presque redoutée. Les femmes sici-
liennes aiment séduire et jouent de
leur charisme en alliant cette image
sacrée et une grande sensualité en
même temps. Mais si les Siciliens ne
sont pas avares en superlatifs sur leur
sujet de prédilection (avec le foot),
les féministes ont encore un peu de
travail à faire. Un proverbe dit : « bona
donna, donna chi nun parla » (une
femme bien est une femme qui ne
parle pas…). La femme, même si dans
certains milieux privilégiés elle accède
de plus en plus à des professions qui
lui étaient quasiment interdites surtout
dans les milieux populaires, doit rester
plus discrète, et s’occuper des affaires
qui lui sont destinées par tradition (la
maison, les enfants…).

24
 Famille
Un beau proverbe dit : « La mère
est ton âme, celui qui la perd ne la
retrouve plus. Honore toujours et
écoute ton père, même les pierres
t’aimeront. » Plus qu’ailleurs en Italie,
la famille est sacrée pour le Sicilien.
L’honneur de la famille est ce qu’il faut
préserver avant toute chose. L’homme
en est la figure centrale, et le chef de
famille décidant de la conduite morale
de tous, et en particulier des femmes.
Mais évidemment la figure de la mère
reste, comme celle de la Madone, le
cœur secret intouchable. L’amour de
la mère pour ses fils est appelé le
Mammismo. On reste longtemps à
vivre sous le même toit (même à la
trentaine passée) avec les parents et
parfois les grands-parents, car c’est
là finalement qu’on se sent le mieux.
© APOLLON – ICONOTEC
Religion
DÉCOUVERTE
Depuis la toute première présence des
hommes sur son sol, la Sicile est le
lieu privilégié des fusions de nombreux
rites religieux. Tout ce passé définit
le rapport particulier des Siciliens au
divin qui relève parfois davantage
de la superstition : les cérémonies
païennes, la présence musulmane,
l’Inquisition espagnole qui apporta
les processions de la Semaine Sainte,
toujours identiques à celles d’Anda-
lousie, la vénération des saints qui
rythme la vie de chaque jour et qui
rappelle beaucoup celle des idoles
et des dieux antiques, mais aussi les
légendes, les mythes, ou encore le
théâtre et les jeux. Tout cela a façonné
une religion propre aux insulaires.
Les Siciliens appellent les saints à la
rescousse au moindre coup de sirocco.
Population
Intérieur de San Mamiliano, Palermo.
25
 Arts et culture
Architecture
La Sicile est un lieu béni pour les
amoureux d’architecture. Elle donna le
jour aux plus belles inventions des Grecs
et des Romains, byzantines et arabes,
normandes, ou encore du baroque.
L’Antiquité
C’est sur l’île que l’on trouve les
témoignages les mieux conservés
et les plus émouvants de la Grèce
antique. C’est en 735 av. J.-C. que
commencèrent à se développer les
monuments grecs sur l’île, et en
premier lieu à Syracuse. Le style
dorique marque de son empreinte
les constructions de cette époque. Les
théâtres, inventés par les Grecs, sont
© AUTHOR’S IMAGE
Poteries vendues dans les échoppes de Taormina.
26
ces autres témoignages majeurs de
l’art de la pierre comme les théâtres
de Ségeste et de Taormina, incrustés
au cœur de la nature.
Le Moyen âge
La présence byzantine est malheu-
reusement moins bien conservée que
l’antique, mais tout aussi intense.
Elle transforme les temples grecs en
lieu de culte chrétien (notamment la
cathédrale de Syracuse). Mais, à partir
du XIe siècle, le style byzantin trouvera
des échos grâce à la rencontre des
artisans arabes et normands qui nous
laissent des témoignages uniques,
que l’on ne trouve pas ailleurs en
Italie. De cette bouillante période de
créativité et de partage naît un style
singulier et original propre à la Sicile.
Les cathédrales en sont les signes
les plus éclatants : admirez celles de
Monreale et Cefalù, et tout particuliè-
rement les mosaïques où l’influence
byzantine est la plus prenante.
Artisanat
Outre les fameuses pupi, ces marion-
nettes géantes que les manipulateurs
fabriquent eux-mêmes, déguisent,
peignent jusqu’aux moindres détails
même dans les décors, la production
artisanale la plus remarquable de l’île
est sans doute la céramique.
Après les vases d’argile de l’époque
de la préhistoire, son lieu d’élection
est Caltagirone, cité baroque de la
province de Catane. La tradition des

Que rapporter
de son voyage ?
On ne peut pas les citer, mais les
fashion victims trouveront bien sûr
les marques incontournables qui
constituent leur panoplie : vêtements,
chaussures, lunettes de soleil (à porter
surtout en intérieur), montres, parfums
et autres productions à la mode évi-
demment italiennes et moins chères
qu’en France. Question look et mode,
la jeunesse palermitaine n’a rien à en-
vier aux Parisiens. Sinon, n’oubliez pas
tous les autres souvenirs plus typiques
et touristiques : l’alimentaire (pâtes de
toutes les couleurs, parfums à l’encre
de seiche, même au chocolat, et de
toutes les formes, huile d’olive, pâtis-
series siciliennes, cannoli, cassata),
mais aussi des Pupis (marionnettes
siciliennes), de la céramique de Calta-
girone, ou l’incontournable marsala…
de Marsala.
joyeuses Faenze della Sicilia, qui déco-
rèrent les patios arabes avant les murs
de la ville, trouve ses spécialistes avec
la famille Bongiovanni aux XVIIIe et
XIXe siècles, qui reproduisaient avec
des figurines des scènes populaires.
Cinéma
Le seul cinéaste italien important né
en Sicile est Giuseppe Tornatore, réali-
sateur du célèbre Cinéma Paradiso,
auquel participèrent tous les habitants
de Giancaldo, version cinématogra-
phique de Bagheria, le village natal
de Tornatore. Mais la Sicile fut pour
la majorité des plus grands cinéastes
italiens d’après-guerre un point
crucial d’ancrage, de référence et
un sujet de prédilection. Hauts lieux
touristiques ou villages oubliés, les
DÉCOUVERTE
sites qui ont servi d’écrin pour des
scènes inoubliables sont légion. A
voir en priorité : La Terre tremble
(tournée à Acitrezza avec de véri-
tables pêcheurs siciliens), Le Guépard,
de Luchino Visconti, L’Aventura de
Michelangelo Antonioni et Stromboli,
terre de Dieu, de Rossellini (la maison
dans laquelle vécut Ingrid Bergman
durant le tournage est conservée
telle quelle). L’île planta également le
décor de quelques grandes comédies
italiennes, comme Divorce à l’italienne,
de Pietro Germi, qui fut l’un des succès
comiques des années 1960, dans
laquelle Marcello Mastroianni cherche
à tout prix à se débarrasser de son
exaspérante épouse, allant jusqu’à
lui chercher un amant pour pouvoir
l’assassiner en invoquant le crime
d’honneur. A partir des années 1980,
la Sicile voit la réalisation de Kaos I
(1984) et Kaos II (1999), des contes
siciliens des frères Paolo et Vittorio
Taviani, inspirés des nouvelles de
Luigi Pirandello, Oublier Palerme de
Francesco Rosi, d’après Edmond-
Charles Roux. Emanuele Crialese,
cinéaste attaché à son terroir sicilien,
a réalisé Respiro, avec l’actrice Valeria
Golino dans le rôle principal, nous
emmène sur les rives de Lampedusa,
une île perdue au sud de la Sicile.
Respiro s’arrête sur la vie de Grazia,
Arts et culture
un petit bout de femme éprise de
liberté et pleine d’amour pour ses
deux fils. Dans ce petit village de
pêcheurs au bout de la Méditerranée,
la caméra d’Emanuele Crialese se
pose sur la tranquillité immuable d’un
paysage toujours bleu, et qui rime
parfois avec la cruauté obtuse de la
27
 communauté humaine qui l’habite.
La deuxième œuvre du jeune réali-
sateur italo-américain a connu dès
sa sortie un grand succès à l’échelle
mondiale. Il a d’ailleurs reçu nombre
de récompenses, dont le Grand Prix,
le Prix du public et le Prix de la jeune
critique lors de la semaine interna-
tionale de la critique à Cannes en
2002. Du même réalisateur suivent
en 2006, Nuovomondo, un film qui
nous plonge au début du XXe siècle
durant la grande émigration sicilienne
vers l’Amérique ; et Terraferma, sorti
en 2012, quatrième long-métrage de
Crialese qui aborde les drames de l’im-
migration clandestine à Lampedusa.
Le réalisateur allemand Win Wenders
sort en 2008 Rendez-vous à Palerme,
qui retrace le voyage d’un Allemand
en Sicile et sa rencontre avec une
jeune Palermitaine.
La Sicile est aussi mise en valeur
dans la série télévisée du commissaire
Montalbano. Grand succès du petit
écran en Italie qui a permis de faire
découvrir la région de Modica, Sicli
et Ragusa, cœur du baroque sicilien.
Enfin la « figure » de l’île elle-même
est présente dans l’œuvre de
nombreux cinéastes américains
d’origine sicilienne, comme Capra,
Scorsese, Coppola ou Michael Cimino.
Ainsi dans la fresque du Parrain, de
Francis Ford Coppola, une partie de
l’histoire – notamment dans le premier
et le dernier film – se déroule dans
l’île, vers le village de Corleone.

Les pupi siciliani

La tradition des marionnettes est intimement mêlée à l’art des conteurs (ou trouba-
dours) qui, dès le Moyen Age, narraient les histoires de la chevalerie. Les marion-
nettes auraient été, selon certains, introduites en Sicile par les chevaliers normands
il y a très longtemps. L’autre hypothèse est que ces thèmes chevaleresques auraient
été repris au XIXe siècle par un maître d’école passionné par l’histoire de France
dans un livre intitulé Les Paladins de France, œuvre qui aurait servi d’inspiration aux
marionnettistes de son pays. Charlemagne fut alors transformé en râleur et Roland
affublé d’un sérieux strabisme. Retranscrits en Italie sous forme de romans et de
poèmes, ces récits étaient vulgarisés auprès du peuple par les chanteurs ambu-
lants. Les marionnettistes siciliens adaptaient les romans, et les dialogues étaient
improvisés durant le spectacle. Les histoires saintes, les drames shakespeariens,
les histoires de bandits inspirèrent également les marionnettistes. Les histoires
napolitaines racontent des aventures d’affiliés à la Camorra ou de mauvais garçons.
Les représentations de l’Opera dei Pupi étaient présentées dans des espaces clos,
dans les quartiers populaires. Présentée par épisode, l’histoire s’étirait sur de longs
mois, ancêtre de nos feuilletons et actuelles séries télévisées. Le spectacle du jour
était annoncé par des affiches peintes sur toile, retouchées au fil des intempéries.
Divisées en carrés, elles représentaient plusieurs scènes. Les spectateurs, principa-
lement des hommes et des enfants, manifestaient leurs émotions avec force. Mal-
heureusement, ces spectacles, autrefois populaires, ont presque tous disparu avec
l’apparition progressive de la télévision. Aujourd’hui, seules ont survécu des repré-
sentations uniques. A Palerme, il existe d’ailleurs un musée des Marionnettes que
l’on vous conseille vivement (www.museomarionettepalermo.it).

28
Littérature
Outre les tragédies grecques représen-
tées durant l’Antiquité, c’est principale-
ment au XIIIe siècle, au moment où les
Croisades des Albigeois poussent les
troubadours de Provence à l’exil, que
naît un art du verbe en Sicile. C’est
en effet à cette période qu’une poésie
populaire voit le jour, sœur de nos
chansons de geste. Comme le veut la
tradition orale inaugurée par Homère
et L’Odyssée, les poètes errants de
villages en villages contaient des faits
divers vrais (des exploits des Maures
à ceux de Garibaldi plus tard), ou des
légendes et des mythes. Mais c’est en
fait au moment de l’Unité italienne et du
rattachement de l’île à la péninsule que
l’écriture trouve sa place et son identité
en Sicile avec ceux qui restent parmi
les écrivains majeurs des deux siècles
derniers. Parmi les plucs connus :
w Luigi Pirandello (1867-1936), fils
d’Agrigente. Il accomplit ses études
littéraires à Palerme, puis à Rome
et enfin en Allemagne. Il enseigne la
littérature à partir de 1897 en même
temps qu’il collabore à diverses
revues. Au début du siècle, il publie
ses premiers poèmes, essais et
ses pièces majeures – comédies
philosophiques en tout point uniques –,
datent des années 1920 : Chacun sa
vérité, Comme avant, mieux qu’avant,
Six personnages en quête d’auteur. Il
obtient le Prix Nobel de littérature en
1934. Pirandello est, comme tous les
génies, un précurseur et un visionnaire. Il
éclaire une voie, et sa lumière est assez
puissante pour guider encore les auteurs
d’aujourd’hui. L’univers du théâtre peut
désormais être pirandellien ou brechtien
comme il est parfois shakespearien.
Six personnages en quête d’auteur est
DÉCOUVERTE
régulièrement représentée et montée
par les plus grands metteurs en scène.
Son théâtre traduit une réflexion
profonde et métaphysique sur la place
de l’homme dans l’univers, ses doutes
et ses recherches, individuellement et
socialement, dans un style toujours
poétique.
w Giuseppe Tomasi di Lampedusa
(1896-1957), palermitain, duc de
Palma et surtout prince de Lampedusa,
est connu pour son célèbre Guépard,
adapté par Luchino Visconti dans un
des chefs-d’œuvre du cinéma mondial.
L’œuvre unique et posthume de cet
écrivain aristocrate reste une icône
de l’identité sicilienne.
w Leonardo Sciascia (Racalmuto
1921-Palerme 1989) est sans
conteste le grand témoin de la
société sicilienne de l’après-guerre.
Né dans la province d’Agrigente, ce
romancier et essayiste fut d’abord
instituteur dans son village natal. Il
se consacra ensuite à l’écriture, fit
des incursions dans le monde de la
politique et fut élu en 1976 au conseil
municipal de Palerme sous l’étiquette
« indépendant de gauche », poste
dont il démissionna au bout d’une
année.Ses récits, de style néoréaliste,
teintés de régionalisme, inaugurent le
roman enquête, forme littéraire qui lui
est propre. Ses fables policières sont
Arts et culture
autant d’énigmes, qui constituent une
constante interrogation sur le pouvoir,
ses dérives et ses conséquences. Plus
qu’un écrivain politique engagé, il
se veut écrivain civique, dénonçant
les excès, les manipulations, les
compromissions, les mensonges et
les semi-vérités.
29
 Quelques titres à retenir : Les
Paroisses de Regalpetra ou
la Chronique d’une école de village,
Le Contexte, qui servit de base au
film Cadavres exquis, La Mer couleur
de vin sur les rapports entre mafia et
Eglise, et L’Affaire Aldo Moro.
Musique
On sait à quel point le chant est
viscéral pour l’Italien et en particulier
pour le Sicilien. Sa tradition populaire
est d’une richesse exceptionnelle, et
subit les influences arabes et espa-
gnoles. Elle inspira de nombreux
musiciens dits « savants » dont
Alessandro Scarlatti (1660-1725),
Domenico Scarlatti (1685-1757) et
Vincenzo Bellini (1801-1835).
Sculpture
w Après les artisans anonymes
des mosaïques de la Villa Casale,
de Monreale et de Palerme, le premier
grand nom sicilien des arts plastiques
est le génial Antonello da Messina
(1430-1479), l’un des plus grands
peintres de tous les temps. Antonello,
né à Messine vers 1430, est un phare
de l’art occidental. Il a principalement
travaillé en Sicile, mais on trouve ses
œuvres aux quatre coins de l’Europe
(à la National Gallery à Londres, au
Louvre, et bien sûr au musée de
Palerme).
w Giacomo Serpotta, le maître du
stuc. Né en 1652, mort en 1732, il
est l’un des sculpteurs phares de
la Palerme du XVIII e siècle. On lui
doit notamment la statue équestre
de Charles II exécutée en 1682 que
l’on pourra admirer au musée de
Trapani (il s’agit d’un moulage). Ce
n’est qu’en 1686 qu’il se lance dans
l’art décoratif de stuc avec l’oratoire
(chapelle privée ou qui constitue une
partie d’un couvent) di San Lorenzo
de Palerme.

On aime pousser la chansonnette

Le Sicilien, quel que soit son âge, chante à tue-tête, siffle et hurle parfois, dans la
rue, les restaurants, mais surtout sur les marchés. Depuis le Moyen Age, ces der-
niers sont la scène d’élection et le terreau des chants populaires traditionnels, par-
fois les plus complexes, et qui inspirèrent nombre de compositeurs : de Bellini, fils
et gloire de Catane, à Luciano Berio qui répertoria dans ses œuvres les chants des
pêcheurs et les cris des marchés de Sicile. Ecoutez au petit matin sur les marchés
de poisson de Catane ou de Palerme, avec quel art on tente de vous vendre la plus
misérable sardine ! Vous y devinerez des mélopées et des volutes arabisantes…
L’Italie est par excellence le pays du chant, mais c’est plus particulièrement à Naples
et en Sicile que se trouve son berceau. La Sicile est terre de conflits où la présence
du volcan menace sans cesse, « terre d’eau et de feu ». La tradition veut que le
chant, si essentiel à l’insulaire, soit né de ces tensions et de cette proximité du
volcan. Le chant serait comme une réponse à la menace de la catastrophe. Cette
énergie unique, comme arrachée à la douleur, qui se déploie dans le chant depuis la
nuit des temps, serait une tentative de narguer la Mort.

30
 w Pietro Novelli ( Monreale
1603-Palerme 1647) est le peintre
sicilien le plus important du
XVIIe siècle. Influencé par Caravage, il
apprend très vite la peinture avec son
père. Après avoir étudié à Palerme,
l’artiste décide de voyager. Lorsqu’il
retourne en Sicile en 1637, Novelli
peint essentiellement des scènes
religieuses. Il travaille ainsi pour les
bénédictins de Monreale et peint de
nombreuses fresques pour différentes
églises en Sicile. Certaines œuvres
sont toujours visibles dans des églises
de l’île. A Palerme vous découvrirez Le
Miracle de saint Philippe dans l’Eglise
del Gesù.
Renato Guttuso (Bagheria 1912-Rome
1987), ami et collaborateur de
Federico Fellini, était le peintre
contemporain le plus connu de
Sicile et un artiste engagé. Il subit
l’influence des cubistes dans ses
débuts (La Fuite devant l’éruption de
l’Etna, 1938). Inscrit au parti commu-
niste, il se dressa contre le fascisme
(La Crucifixion, 1941) et rejoint la
Résistance. Il participa à la fondation
© APOLLON – ICONOTEC
Gagini, une
DÉCOUVERTE
famille d’artistes
Originaire de Campione et de Bissone,
cette famille d’artistes architectes et
sculpteurs a œuvré aussi bien sur le
continent Italien qu’en Sicile et notam-
ment à Palermo, Messina et Trapani.
En effet, parmi les plus connus d’entre
eux, Domenico Gagini, et son fils,
Antonello, né et mort à Palerme, qui a
animé un atelier florissant à Palerme.
Le petit-fils de Domenico, Antonino a
lui activement participé à la chapelle
de la Madone de Trapani en ornant de
statues massives l’arc décoré de de
cette même chapelle. Certains experts
s’accordent pour dire que cet arc sera
par la suite la source d’inspiration de
ce qui sera appelé au XVIIe et XVIIIe
siècle le baroque sicilien.
du mouvement artistique « Fronte
Nuovo delle Arte » en 1947. Son œuvre
s’engage sur le terrain social puis
devient plus autobiographique vers
la fin. Une exposition permanente
lui est consacrée dans sa ville natale
de Bagheria.
Arts et culture
Balcons du palais Nicolaci di Villadorata, Noto.
31
 Festivités
Les principales fêtes siciliennes sont, on s’en doute, liées à la religion : Pâques,
la Toussaint, Noël revêtent une importance particulière. Ainsi, outre les grands
événements de l’année, chaque ville met un point d’honneur à célébrer digne-
ment son saint ou sa sainte au jour dit. On peut citer en particulier la Sainte-
Lucie à Syracuse (le 13 décembre), la Sainte-Rosalie à Palerme (le 15 juillet)
ou encore la Sainte-Agathe à Catane (le 5 février). La Semaine Sainte est éga-
lement un des temps forts sur l’île : héritées de l’Inquisition espagnole, les
processions sont encore identiques à celles du sud de l’Espagne. Symbole
particulièrement éclatant des rapports très particuliers qu’entretiennent les
Siciliens avec la mort, la fête de la Toussaint est en Sicile l’occasion d’offrir des
cadeaux aux enfants, cadeaux apportés par les fantômes des morts pour les
récompenser de leur sagesse. Le site www.siciliainfesta.com regroupe toutes
les festivités de l’île.

Février
„ CARNAVAL
Le carnaval se tient principalement au
mois de février.
Le carnaval se tient du 31 janvier au
17 février. Le plus ancien et le plus
impressionnant se déroule à Termini
Imerese. Les rues de la ville s’animent
au rythme de la musique et des chars
décorés ! A Acireale, se tient aussi l’un
des plus caractéristiques et réputés
carnavals de Sicile. Les chars en
papier mâché défilent dans les rues
de la ville. Ce carnaval a des origines
très anciennes. A l’époque, de vraies
batailles d’oranges étaient organisées,
mais la chose fut abolie en raison
des dommages causés. Au cours des
années, le défilé s’embellit, les chars
deviennent de plus en plus somptueux
(www.carnevaleacireale.info).
„ SAGRA DE
L’AMANDIER EN FLEUR
AGRIGENTE – AGRIGENTO
La ville d’Agrigente organise la Sagra
de l’amandier en fleur. La première fut
célébrée en 1937 et réunit les foules
depuis cette date (tous les ans), afin
de célébrer la nature et la somptueuse
beauté de la vallée des Temples. La
musique folklorique résonne dans les
ruelles de la vieille ville jusque dans les
colonnes du temple de la Concorde. La
Sagra des amandiers fut également
à l’origine de la création du Festival
international de la musique folk.
Mars
„ PROCESSION DES
MYSTÈRES DE TRAPANI
TRAPANI
www.processionemisteritp.it
Vendredi Saint.

Retrouvez l'index général en fin de guide

32
Des chars défilent dans la ville. Chacun
d’entre eux représente un épisode de
la Passion du Christ. La procession
débute le vendredi en début d’après-
midi et se termine le lendemain midi.
Juillet
„ INFIORATA
NOTO
www.infioratadinoto.it
servizi@infioratadinoto.it
Troisième dimanche de mai.
La via Nicolaci est envahie par un
spectaculaire tapis de fleurs. Sur ce
tapis sont représentés d’énormes
motifs qui varient chaque année en
fonction du thème (religieux, mytho-
logique ou bien encore des scènes
inspirées de la culture populaire…).
L’événement démarre au coucher
du soleil lorsque chaque artiste
commence à créer sur l’espace qui lui
est alloué. Les spectateurs admirent
pendant trois jours le travail minutieux
des artisans.
„ SAINTE-ROSALIE
PALERME
À partir du 10 juillet.
Sainte patronne de la ville. C’est prati-
quement la fête la plus importante
de Sicile.
La ville de Palerme est en efferves-
cence et la statue de sainte Rosalie
est portée en triomphe cinq jours
durant. Cette manifestation a lieu
chaque année pour remercier la sainte
qui sauva, en 1624, les Palermitains
de la peste, alors que sainte Agathe,
sainte Olive et sainte Christine,
pourtant vénérées, n’avaient rien pu
faire. La peste était arrivée par bateau
d’Afrique du Nord et se diffusa très
BOLBOLBO
DÉCOUVERTE
rapidement dans la ville sans que l’on
trouve de remède. A cette époque, le
fléau emporta le vice-roi Emmanuel
Philibert de Savoie.
Alors que sainte Rosalie était oubliée
de tous, la sainte palermitaine, déjà
mentionnée en 1205 et morte en
ermite sur le mont Pellegrino, fut
appelée pour sauver la ville. Ses
ossements furent portés en proces-
sion dans les rues de Palerme, et la
peste disparut miraculeusement. Tous
les ans, la sainte (presque chaque fois
une neuve qui a été commissionnée
express) est portée en triomphe sur un
char énorme qui est censé représenter
la ville. Suivent les caractéristiques
chars siciliens, tirés par un cheval et
tous décorés de manière multicolore.
Toute la population se mélange et
les Palermitains affluent le long du
Corso Vittorio Emanuele. Le bruit, la
musique, les mains qui se lèvent, de
la nourriture à foison, des rires et des
danses locales : voici l’ambiance dans
laquelle se déroule la plus importante
fête de Palerme.
Septembre
„ FESTIVAL SHERBETH
CEFALU
www.sherbethfestival.it
info@sherbethfestival.it
Mi-septembre. Environ 5 E le carnet
de tickets de dégustation donnant
droit à 3 coupelles et 3 mini-cônes.
Festivités
LE festival de la glace artisanale !
L’entrée du festival et l’accès aux
animations sont libres. En différents
points, les meilleurs artisans du monde
vous feront goûter leurs œuvres.
33
 Cuisine sicilienne
Produits et spécialités
En Sicile, on retrouve bien entendu
les mêmes bases que celles de
la cuisine italienne avec comme
partout des spécialités régionales.
Le riz et les pâtes sont les deux
hôtes de choix : le risotto aux fruits
de mer ou l’arancino (boulette de riz
safranée farcie au fromage et frite
dans l’huile) ; les maccheroni alla
norma (tomates, aubergines, œuf
dur et ricotta) ou pâtes aux sardines
ou encore la caponata (aubergines,
oignons, poivrons). Tout comme la
cuisine italienne, la cuisine sicilienne
est faite à partir d’ingrédients simples.
La viande et les poissons
La viande est moins consommée
que le poisson. Cependant, les zones
montagneuses telles que les Nébrodes
ou les montagnes derrière Palerme
fournissent d’excellents sangliers
et agneaux. Comme le Portugal a la
morue, la Sicile a le thon, qui tient, de
loin, la première place dans le cœur
des cuisinières. On trouve donc d’in-
nombrables manières de le préparer,
tout comme les sardines.
L’espadon, pêché le long des côtes
siciliennes, est également très
consommé, et souvent servi au four
avec de l’huile d’olive, des tomates et
des oignons, ou en escalope.La frittura
a sciabacheddu (petits poissons à
peine frits) ou les anelletti gratinati
(petits anneaux de calamars panés et
34
frits avec du sel, du poivre, de l’ail et
du persil) sont des plats très typiques.
Les fromages
Le fromage sicilien le plus connu est
la ricotta : très bon frais (encore tiède,
avec un filet d’huile d’olive et un peu
de poivre), en accompagnement de
pâtes ou en farce de raviolis et surtout
des incontournables cannoli. Mais on
trouve également le caciovallo, en
particulier dans la province de Raguse,
le pecorino, frais ou séché, à base de
lait de brebis. D’origine sarde, il est
également produit dans le Latium et
en Sicile, où il est alors un peu plus
piquant. Ou le fromage d’Enna et de
Piazza Armerina.
Les douceurs et les fruits
Vous pourrez déguster la fameuse
cassata siciliana, gâteau semi-glacé
d’origine arabe (le mot gassaat
désigne un plat rond dans cette
langue) avec du chocolat, de la crème
glacée et des amandes, ou le cannolo,
gâteau traditionnel fourré de fromage
blanc et de fruits confits ou d’écailles
de chocolat. Mais lorsqu’on parle de
douceurs en Sicile, on ne peut pas
oublier la frutta alla Martorana, que
les hommes allaient chercher autrefois
le dimanche matin au monastère de
Martorana.Les fruits siciliens sont
très réputés pour leur variété et leur
saveur. On trouve, en particulier, de
délicieuses oranges qui n’existent
qu’en Sicile tout comme les citrons,
mais aussi des fichi d’India (figues
 de Barbarie). Quant aux frutti canditi,
ce sont des fruits confits (oranges,
figues, fraises, abricots et autres fruits
entiers), sucrés dans leur propre jus.
Les glaces
Crémeuses à souhait, les glaces sici-
liennes vous laisseront un souvenir
inoubliable. Vous trouverez tous les
parfums, mais les spécialités sont le
torrone gelato (glace aux amandes
givrées), la granita ou la glace au
jasmin. Le cornetto est de rigueur
en Sicile, mais les glaces peuvent
être également dégustées à l’inté-
rieur d’une petite brioche ronde. Il
suffit de demander : una brioche,
avec l’accent…
Boissons
Parmi les boissons non-alcoolisées
que l’on consomme volontiers l’été
pour se rafraîchir, on trouve : La
granita : de la glace pilée avec du
sirop, à tous les parfums de fruits
© AUTHOR’S IMAGE
(essayez l’amande, le citron, le café,
DÉCOUVERTE
la figue, le gelso et le fico d’India).
w Le passito : vin doux, qu’on ne
produit qu’en Sicile (le plus connu
étant celui de Pantelleria), est l’idéal
pour les fins de repas ; à boire
légèrement frais, accompagné de
biscuits à la pâte d’amande.
w Le caffè freddo : vous est apporté
froid (de la glace pilée déjà sucrée).
w Les frullati : il s’agit de lait battu
avec des fruits frais ou de la glace.
w Le limoncello : d’origine
napolitaine mais produit aussi en
Sicile et Toscane, c’est une liqueur de
citron très envoûtante, que toutes les
générations apprécient. Il est présent
dans toute l’Italie et vous n’aurez
aucun mal à vous approvisionner pour
ramener un joli souvenir, d’autant que
les designers multiplient les efforts
pour faire de jolies bouteilles.
Cuisine sicilienne
Massepain.
35

Le marsala
Le vin sicilien le plus connu reste le
marsala, issu des cépages de muscat
et de malvoisie. Sucré, sombre, riche-
ment parfumé, naturel ou aromatisé
à l’œuf, aux amandes, on le déguste
à l’apéritif, on l’utilise en cuisine ou
dans les glaces. On le trouve dans
les provinces de Trapani (à Marsala,
évidemment, où l’on peut visiter de
nombreuses caves), de Palerme et
d’Agrigente. C’est un Anglais, John
Woodhouse, grand amateur de marsa-
la et exportateur de produits siciliens
vers l’Angleterre, qui décida d’en déve-
lopper la production au XVIIIe siècle.
Le vin de Sicile
On ne pourra clore cette introduction
sans évoquer le vin sicilien, souvent
d’excellente qualité dans les petits prix.
Et si les vins français gardent toutes
leurs prérogatives, grâce à une plus
grande variété de terroirs, d’ensoleil-
lement et même de cépages, on passe
d’excellents moments en visitant la
Sicile viticole.
La viticulture est une tradition ancienne
en Sicile, et l’on trouve des vignes
jusqu’aux pentes de l’Etna. On peut
y boire des vins blancs, rouges, mais
aussi des liquoreux. Les plus nombreux
sont les vins blancs, qui ont la particu-
larité d’être couleur paille avec même
pour certains de légers reflets verts.
C’est le cas notamment de l’alcalmo. On
boit également le catarratto, l’insolia,
le grillo et le moscato (vin de dessert).
Parmi les rouges, nous trouvons le Nero
d’Avola, le Syrah, le Nerello Mascalese ;
le cerasuolo di Vittoria et le corvo rosso
à la couleur rouge cerise. Pour plus
d’informations, visitez le site www.
vini-sicilia.it.
36
Le déroulement du repas
w Antipasti : ces hors-d’œuvre
se composent de poivrons grillés,
anchois, cœurs d’artichaut, aubergines
roulées avec tout…, fromages de
la région et enfin d’inégalables
charcuteries (jambon cru accompagné
de melon ou figues ; coppa et salame
de sanglier des Nebrodi).
w Il primo piatto : les pâtes (surtout
avec des crustacés, aubergines,
tomates), mais parfois aussi des
entrées chaudes, des potages
(minestre, minestroni, creme).
w Il secondo piatto : la viande ou
le poisson. En général, les viandes
commandées au restaurant ne sont
pas « accompagnées », et il faut lire
le paragraphe contorni pour choisir
ce qui vous convient. Le poisson est
généralement présenté entier au
client pour qu’il juge de sa fraîcheur
et choisisse sa taille.
w I contorni : ces garnitures de
légumes sont à base de pommes de
terre ou de légumes verts, crus ou cuits.
w I dolci : les desserts sont souvent
aux œufs, comme les sabayons
(zabaione), les zupppa inglese
(biscuits au rhum plongés dans
la crème à la vanille) et parfois
aromatisés. On peut déguster le
tiramisù, délicieux entremets au
mascarpone (fromage frais) et au
café. On trouve aussi régulièrement
sur les cartes des tartes au citron,
des tartes meringuées, le semifreddo,
un entremets à la crème glacée et,
bien sûr, des glaces, que nous vous
conseillons de prendre, en cornet ou
en pot, dans les gelaterie.
 Sports et loisirs

Le football
Le football, un sport élevé au rang de
religion comme partout en Italie. Le
club le plus populaire est l’US Palermo
(promu en Serie A pour la saison 2014-
2015) suivi du club de Catania (relégué
en Serie B pour la saison 2014-2015).
En 2006, ce sont quatre joueurs de l’US
Palerme (Cristian Zaccardo, Andrea
Barzagli, Simone Barone et Fabio
Grosso) qui sont rentrés au pays avec
une quatrième étoile de champion du
monde. La Squadra Azzurra remporte
son titre de champion du monde grâce
à sa victoire 5-3 aux tirs aux buts en
finale contre la France. L’Italie palpe
pour la quatrième fois la Coupe du
monde : 1934 (Rome), 1938 (Paris),
1982 (Madrid) et 2006 (Berlin).Les
clubs siciliens ont formé ces dernières
© AUTHOR’S IMAGE
DÉCOUVERTE
mécaniques. Les courses de Monza ou
encore d’Imola attirent chaque année
plusieurs milliers d’aficionados. Outre
la formule 1, les courses de moto
sont très suivies dans ce pays qui a
vu naître de grand champion comme
Max Biaggi ou Valentino Rossi.
Le Basket-Ball
Après le Football, le basket est le
deuxième sport d’équipe le plus
populaire dans le pays. Même si les
Italiens n’ont jamais encore remporté
de trophées internationaux, ils sont
souvent présents dans le dernier carré
dans les différents championnats, et
les matchs de l’équipe nationale sont
très suivis.

années de nombreux joueurs comme

Marco Materazzi qui fait ses armes
au club de Messine (à l’époque en
série B) en 1990-1991, puis Marsala
et Trapani. En 2011, le PSG a acheté
ses deux stars montantes : le milieu
de terrain argentin Javier Pastore et
le gardien de but international italien
Salvatore Sirigu.

Formule 1
Sports et loisirs

L’Italie est la Patrie de la Ferrari,

l’écurie de Formule 1 qui détient
le record de titre de champion en
tant que pilote et constructeur. Les
Italiens sont fiers de la réussite du
cheval cabré sur les pistes du monde
entier et sont donc accros aux sports
Ambiance football à Palerme.
37
 Le palmarès est beaucoup plus riche
au niveau des clubs, les équipes de
Bologne, de Parme ou de Rimini ont
remporté de nombreuses coupes
d’Europe.
Sport de plein air
Les Siciliens n’ont pas besoin de parcs
d’attractions ou de bases de loisirs
artificielles pour s’essayer à toutes
sortes d’expériences sportives : l’Etna
offre une multitude d’activités pour
toute la famille, été comme hiver.
Glisse (ski alpin, de fond et surf)
autour de Nicolosi ou Lingualossa,
randonnée, mais aussi parapente ou
VTT, cette montagne colérique a été
apprivoisée à bon escient par la popu-
lation locale.Certaines pistes de ski
furent endommagées par la dernière
éruption de l’Etna. Les amateurs de ski
pourront se rendre à Piano Battaglia
(1 600 m d’altitude) sur les Madonie.
Petit paradis des randonneurs, la Sicile
offre plusieurs réserves et parcs
naturels permettant de se mettre au
vert et d’organiser quelques randon-
nées ou treks : la réserve de Zingaro,
© GIAKITA – ISTOCKPHOTO
Plongée sous-marine à Filicudi.
38
mais aussi les parcs de Nebrodi ou
des Madonie.
Sports nautiques
De nombreux clubs de plongée sont
établis le long des côtes siciliennes.
Qui n’a jamais rêvé de plonger au large
des îles à l’exploration des grottes
fantastiques des Egades ou encore des
eaux miraculeuses des Eoliennes ? On
ne peut pas oublier de mentionner les
exploits des plongeurs en apnée. Dans
le sillage du fameux Enzo Maiorca,
l’incontestable vedette est Umberto
Pelizzari, qui a battu record sur record
dans les années 1990 et semble être
plus proche du poisson des profondeurs
que de l’être humain. Son équivalent
féminin est Angela Bandini, qui fut
également recordwoman du monde,
et qui est descendue plus loin (107 m)
que ne le fit jamais Jacques Mayol,
le héros du Grand Bleu. La Sicile se
prête également à d’autres activités
sportives comme le ski nautique, la
voile, le canoë-kayak et toutes sortes
de sports de mer comme le kitesurf
par exemple…
 Enfants du pays
Salvatore Adamo
Ce chanteur est né dans la commune
de Comiso, près de Ragusa, le 1er
novembre 1943. A l’âge de 4 ans, le
petit Salvatore quitte sa Sicile natale
pour suivre son père en Belgique.
Pour lui éviter un avenir de mineur,
ses parents lui offrent des études.
C’est au cours des années 1950 que
le jeune homme se passionne pour le
chant. Celui que l’on appelle Adamo
enchaîne les succès : Tombe la neige
en 1963, Vous permettez Monsieur en
1964 et Mes Mains sur tes hanches en
1965. Sous ses airs de jeune homme
timide, Salvatore Adamo devient une
véritable star de la chanson française.
Grâce à de nombreuses tournées
internationales, le chanteur est connu
à travers le monde entier. Ses plus
grands succès seront traduits en plus
de 6 langues. Depuis ses débuts,
Salvatore Adamo a vendu plus de
100 millions d’albums. En 2010 a
reçu le Grand Prix International de
Poésie Francophone pour l’ensemble
de son œuvre.
Enzo Maiorca
Fier de ses racines siciliennes, Enzo
Maiorca est une figure de légende dans
l’univers de la plongée sous-marine. Né
à Syracuse le 2 juin 1931, ce pêcheur
plongeur se faisait déjà remarquer
lorsqu’il plongeait pour chercher…
des poissons.Il fut le premier homme
à descendre en dessous des 50 m
en apnée et a repoussé les limites
DÉCOUVERTE
de la physiologie en 1961. Son plus
grand rival fut le français Jacques
Mayol, qui ne cessa de le défier. En
1983, il passe la barre des 101 m en
apnée à Syracuse au large de son île
natale. Le Français franchit la même
année 105 m. Leur rivalité fut portée
au cinéma par Luc Besson dans le film
à succès Le Grand Bleu.
Frédéric François
Né en 1950, il chante l’amour depuis
plus de 40 ans ! Frédéric François (de
son vrai nom Francesco Barracatto) est
loin d’incarner l’Italien macho. Pourtant,
il est né en Sicile à quelques encablures
de Palerme. A l’âge de 2 ans, il quitte le
pays pour s’installer avec ses parents
en Belgique. Il s’offre sa première
guitare à l’âge de 12 ans. Accompagné
de son frère, il se produit dans des
petits bars de la région. Cette passion
pour la musique lui vient certainement
de son père, qui était habitué à pousser
la chansonnette avec sa guitare et son
répertoire de chansons napolitaines !
C’est en 1969 que le jeune chanteur se
fait connaître par son 45-tours Sylvie.
En 1972, il obtient un disque d’or pour
son tube Je voudrais dormir près de toi.
Enfants du pays
Les succès s’enchaînent, ses concerts
font salle comble (Zénith, Palais des
Congrès, l’Olympia). Frédéric François
le romantique a séduit plusieurs géné-
rations de femmes. Ses deux derniers
albums, l’un sorti en 2010, s’intitule
Chanteur d’amour et l’autre Amor Latino
en 2013.
39
 Giuseppe Tornatore
Né près de Palerme en 1956 et entre-
tenant évidemment avec la Sicile
des rapports privilégiés, il incarne la
relève du cinéma italien des années
1990 dans une ligne plus classique
que Moretti, plus proche de Scola
ou de Risi par son attachement aux
valeurs et son goût pour la nostalgie
bien exprimée. On aime ce cinéma
tendre, cristallisé dans son premier
grand succès, Cinema Paradiso, qui
procure une émotion sur mesure
avec la musique d’Ennio Morricone.
Une progression intéressante avec
Ils vont tous bien (Mastroianni à la
recherche des siens) et Marchand
de rêves, parabole baroque dans
cette Sicile qu’il peint à merveille,
avant l’adaptation aux Etats-Unis de
la pièce de l’auteur italien Alessandro
Barrico La Légende du pianiste sur
l’océan. En 2001, il est récompensé du
Cygne d’or au Festival du film roman-
tique de Cabourg pour Malèna (avec
Monica Bellucci), un film dont il est le
© AUTHOR’S IMAGE
Charette sicilienne sur la route d’Erice.
40
scénariste. En 2013, il réalise le film
historique The Best Offer.
Salvatore Rina dit « Toto »
Le « parrain des parrains » … Mais
rassurez-vous, il est depuis 1993 en
prison, à l’Ucciardone de Palerme,
la prison la mieux gardée d’Italie,
ou sur l’île d’Elbe… mais c’est top
secret. Il est originaire du petit village
de Corleone, qui a produit parmi les
plus grands noms de « la Pieuvre ».
Commanditaire d’un nombre incal-
culable de meurtres, il est le premier
responsable des assassinats specta-
culaires des juges antimafia Falcone
et Borsellino. Pendant 25 ans, il a vécu
impunément dans une maison connue
de tous à Palerme, jusqu’à ce que la
police se décide à aller le chercher. A
son arrestation, de nombreux membres
de la mafia firent des aveux cruciaux,
et beaucoup d’autres se donnèrent
la mort. Condamné à perpétuité, on
sait maintenant où le trouver… Mais
la famille est toujours bien vivante !
Isola Bella à Taormina. © AUTHOR’S IMAGE

VISITE
 Palerme et sa région
Palerme
Loin des villes musées comme
Florence, Rome, ou Venise les
amoureux de l’Italie trouveront à
Palerme les échos les plus authen-
tiques et les mieux préservés de
la vie populaire d’antan. Avec ses
80 églises, ses 50 palais, ses
700 000 habitants, son urbanisation
anarchique, ses embouteillages, ses
ordures exposées au soleil, sa délin-
quance, c’est une ville à la violence
symbolique éclatante, toujours surpre-
nante et tellement fascinante ! Les
lecteurs des « Beati Paoli », la saga
de Luigi Natoli, retrouveront à Palerme
aisément leurs marques. L’ambiance,
l’atmosphère, les monuments : il vous
faudra plusieurs jours pour venir à
bout des trésors de la ville.
Albergheria, Kalsa
et la gare centrale
Cet ensemble constitué de trois
quartiers distincts forme la partie
située au sud de la Via Vittoro
Emanuele, coupant le centre de
Palerme.
Alberghia
Ce quartier est situé au sud de la
via Vittorio Emanuele et à l’ouest de
la via Maqueda. Son nom provient
du quartier de San Nicolo dell’Alber-
gheria, où était autrefois distribué aux
pauvres le plat de semoule de blé,
le « bengol », dont il tire son nom. Il
42
est délimité au sud et à l’ouest par le
corso Tukory.
C’est le quartier du palais des
Normands (ou palazzo Reale), de la
superbe église de San Giovanni degli
Ermiti, mais c’est aussi le quartier
où naquit, le 2 juin 1743 (au 31 de
la via Perciata), un certain Giuseppe
Balsamo, plus connu sous le nom du
comte de Cagliostro, figure embléma-
tique des milieux ésotériques, censé
détenir le secret de l’immortalité…
Une promenade dans le vieux quartier
de l’Albergheria est vivement recom-
mandée.
w La rue du même nom qui part de
la via dei Benedetti pour arriver via
Maqueda traverse le marché Ballaro.
Ce dernier, très animé, s’étend de la
chiesa del Carmine jusqu’à la piazza
Ballaro. On y trouve principalement de
la nourriture, mais aussi des textiles et
des fripes dans la via Casa Professa.
w Une autre vieille rue pittoresque
du quartier qu’il faut parcourir est la
via Porta di Castro, qui s’étend de la
place Ballaro à l’église San Giovanni
degli Ermiti.
w Plus au nord, la piazza Bologni,
qui donne sur la via Vittorio Emanuele,
se souvient, non sans nostalgie, du
temps où, au XVIIIe siècle, les grands
du royaume la choisissaient comme
cadre de leurs somptueux palais.
Désormais, les familles riches de
Palerme élisent domicile dans le
quartier de la Conca d’Oro, traversé
© EKIX
par le corso Calatafimi, au sud-ouest
de la ville. Sur ce même corso, le beau
jardin de la villa Tasca, bien entretenu
(ce qui est assez rare pour qu’on le
signale), nous propose d’admirer,
de ses hauteurs, la plaine fertile de
la Conca d’Oro, autrefois plantée
d’agrumes.
Kalsa
Le quartier Kalsa se trouve au sud
de la via Vittorio Emanuele et à l’est
de la via Maqueda. Il est délimité au
nord-est par le petit port de pêche de
la Cala et au sud par la via Lincoln.
Devenu un des quartiers les plus
misérables de la ville, il n’en a pas
toujours été ainsi de la Kalsa, comme
en témoignent ses nombreux palais
et oratoires. Ancien quartier riche de
la Palerme arabe, son nom vient de
l’arabe khalcsa signifiant « choisi » :
VISITE
Place de la mairie de Palerme.
le sultan l’avait élu pour s’y installer
avec sa cour. Il fut encore très en
vogue jusqu’à la fin du siècle dernier.
C’est aujourd’hui un quartier populaire,
le plus déshérité de la vieille ville,
affichant ses façades décrépies et ses
immeubles ravagés par les bombar-
dements dévastateurs de 1943.
Cependant, la ville semble vouloir
redonner à la Kalsa ses lettres de
noblesse. Il ne sera pas rare alors
de trouver aux détours des rues
Palerme et sa région
de nombreux échafaudages et des
bâches recouvrant les immeubles.
Entre ses bâtiments nouvellement
restaurés et ses ruelles où le linge
pend entre deux balcons, la Kalsa
respire la Sicile. Certes, l’anarchie
qui règne ici peut effrayer au premier
abord, mais une fois que vous aurez
parcouru quelques rues, vous finirez
par leur trouver du charme.
43
Légende. © COPYRIGHT
Le centre-ville de Palerme
Palerme
 Cagliostro (Palerme
1743 - San Leone 1795)
Ce personnage sulfureux, dont la réputation mêle sciences occultes et loges ma-
çonniques, se fait connaître un peu partout en Europe avant d’arriver à Paris, où il
exerce brillamment ses talents de guérisseur. Son amitié avec le cardinal de Rohan
lui vaut d’être inquiété, puis expulsé suite à l’affaire du collier de la reine Marie-An-
toinette. De retour en Italie, il est emprisonné à vie par la Sainte Inquisition pour ses
relations avec les francs-maçons.

Gare centrale
La gare centrale n’est pas un quartier
à proprement dit, cependant, elle
jouxte les deux quartiers précédents
et dessert l’ensemble de la ville par
l’arrivée des trains en provenance de
l’ensemble de l’île.
VISITE
La nef centrale est couverte d’un
magnifique plafond à caissons, réalisé
en 1143 par des ouvriers arabes. Le
sol en mosaïques de porphyre et de
marbre, décoré d’arabesques, est
parfaitement intact. Les parois sont
recouvertes d’un placage de marbre

„ CHAPELLE PALATINE
Piazza Indipendenza
& +39 091 626 2833
www.fondazionefedericosecondo.it
C’est la plus belle chapelle byzantine
de Palerme, décorée de mosaïques
somptueuses ! Située au premier étage
du palais des Normands, elle est dédiée
aux apôtres Pierre et Paul. Construite
par le roi Roger II entre 1132 et 1140,
cette chapelle est l’exemple le plus
dans leurs parties inférieures alors
que sur la partie haute se déroule,
sur fond doré, un superbe cycle de
mosaïques réalisé par des artistes
byzantins au cours du XIIe siècle et
rénové au XVIIIe.
Ces superbes mosaïques représentent
les histoires de saint Pierre et de
saint Paul sur les bas-côtés, tandis
que dans la nef centrale, se trouvent
des scènes de l’Ancien Testament,
accompagnées d’inscriptions latines
Palerme et sa région

harmonieux d’art normand qui nous soit
donné d’admirer : « le plus surprenant
bijou rêvé par la pensée humaine »
disait Maupassant. L’intérieur, éblouis-
sant, est né de l’union bienheureuse
de l’architecture et de la décoration en
mosaïques. Le résultat est purement
splendide. Une transenne de marbre
entoure le sanctuaire, élevé par des
marches.
de 1154. Le Christ Pantocrator, figure
dominante du sanctuaire, se dresse
dans la voûte aux tons bleus et or,
hommage au ciel et au soleil de Sicile.
Le mobilier sacré en marbre normand
est de toute beauté, et l’on remarque
en particulier le trône royal, avec ses
ornements en mosaïques, situé dans
la nef centrale. Une visite à ne surtout
pas manquer !

47
 „ CHIESA DEL GESÙ
(CASA PROFESSA)
Piazza Casa Professa, 21
& +39 091 332 213
&+39 334 187 9038
&+39 338 722 8775
Première église construite par les
jésuites de Palerme au XVIe siècle.
Elle a été très endommagée pendant
les bombardements de 1943 mais
remarquablement restaurée à l’iden-
tique (notamment les stucs de son
sanctuaire). L’intérieur en croix latine
à trois nefs, avec huit chapelles
communicantes, est somptueusement
baroque, c’est sans doute l’un des plus
riches de toute l’île. Il contraste avec
la relative simplicité de sa façade :
incrustations de marbres polychromes,
stucs, œuvres sculptées et picturales.
Parmi les nombreuses œuvres, la
plupart restaurées après la dernière
guerre, se détachent Le Miracle de
saint Philippe et Saint Paul ermite de
Pietro Novelli, dans la chapelle des
© APOLLON – ICONOTEC
Intérieur de Chiesa del Gesù.
48
confesseurs. Ne pas manquer le pres-
bytère admirablement décoré avec des
putti occupés à des tâches et dans des
positions variées, œuvres des Serpotta.
A côté de l’église, la Casa Professa,
ancien couvent des pères jésuites, est
aujourd’hui la bibliothèque municipale
qui conserve de nombreux manuscrits.
Les deux salles silencieuses réservées
à la lecture abritent une centaine de
portraits d’hommes célèbres.
„ CHIESA DELLA GANCIA
(SANTA MARIA DEGLI ANGELI)
Via Alloro, 27
& +39 091 616 0088
& +39 091 616 5221
L’église fut bâtie par les francis-
cains et tire son nom de sa fonction
originelle de gancia, ou hospice. Sa
sobre façade du XVe siècle, ornée de
portails brisés, cache à l’intérieur
de nombreuses œuvres d’art : des
sculptures de Gagini (Antonello), une
peinture d’Antonello da Palermo et des
décorations de stuc de Serpotta (notez
le moinillon en haut de l’encadrement
de la chapelle à gauche de l’autel).
On découvrira également à l’intérieur
un superbe orgue de Raffaele della
Valle qui date du XVIe siècle. Juste à
côté de l’église se dresse le Convento
della Grancia. Si la porte est ouverte,
faufilez-vous à l’intérieur et juste à
votre droite vous admirerez sous le
porche une superbe fresque.
„ CHIESA DE SAN
GIUSEPPE DEI TEATINI
Via Vittorio Emanuele et piazza
Pretoria
& +39 091 331 239
Cette belle église à la façade néoclas-
sique, construite dans la première
moitié du XVIIe siècle et agrandie au
XVIII e siècle, possède un superbe
campanile baroque, œuvre d’Amato.
L’église Saint-Joseph-des-Théatins
a la particularité de se présenter
de profil. L’intérieur, monumental et
solennel, extraordinairement riche
de stucs et de marbre, est décoré de
nombreuses statues et peintures.
On remarque en particulier le beau
travail de restauration qui fut effectué
après les dommages causés par la
dernière guerre, notamment sur les
fresques de Borremans et Tancredi et
sur les stucs de Serpotta, sur la voûte
de la nef centrale. N’oubliez pas de
jeter un coup d’œil aux bénitiers du
XVIIIe siècle dans l’entrée. Magnifique !
„ CHIESA DI SAN CATALDO
3 piazza Bellini
& +39 091 782 7390
www.itimed.net
itimed@gmail.com
Cette belle église de style arabe,
qui appartient actuellement à l’ordre
des chevaliers du Saint-Sépulcre,
fut construite autour de 1160 et
restaurée à la fin du XIXe siècle. De
style arabe, elle est surmontée de trois
coupoles rouges aux formes bombées.
L’intérieur, dépouillé, présente trois
nefs avec des arcs arabes, séparées
par des colonnes que couronnent
quelques très beaux chapiteaux. On
VISITE
peut également admirer son beau
pavement en mosaïques d’époque
normande.
Cette église est l’un des vestiges
emblématiques de l’influence
islamique en Sicile. San Cataldo fait
partie de l’itinéraire palermitain « the
Way of the Holy Sepulchre ».
„ CHIESA DI
SAN FRANCESCO D’ASSISI
Piazza San Francesco d’Assisi
& +39 091 582 370
& +39 091 616 2819
C’est la plus belle église gothique de
Palerme. Malgré ses restructurations
aux XVIe et XIXe siècles, cette église
du XIIIe siècle a conservé bien des
atouts. Sa façade est ornée d’une
superbe rosace richement sculptée
et d’un précieux portail gothique du
Palerme et sa région
XVIe siècle. L’intérieur, prodigieuse-
ment riche, cache des trésors. Sur
les piliers de la nef centrale sont
installées des statues allégoriques
de Giacomo Serpotta (1723). Dans
plusieurs chapelles, on peut admirer
les œuvres sculptées de Gagini et dans
celle de l’Immacolata, aux fastueux
marbres polychromes, on trouve des
sculptures XVIIIe de Raguse.
49
 „ CHIESA SAN GIOVANNI
DEGLI EREMITI
Via dei Benedetti, 3
& +39 091 651 5019
& +39 0917 071 425
C’est une des constructions
normandes les plus caractéristiques
ses coupoles rouges. C’est Roger II
qui fut à l’origine de ce projet au
XIIe siècle. Elle fut construite à côté
d’une mosquée arabe dont il nous reste
peu de chose et fut utilisée comme
chapelle funéraire par les dignitaires
de la cour. De ses harmonieux volumes
carrés que l’on aperçoit de l’extérieur
se détachent des coupoles rouges à la
forme bombée. Il faut stratégiquement
se placer afin de toutes les voir… A
vous de trouver les bons endroits !
L’intérieur, dépouillé, est en forme de
croix latine à une seule nef. A droite
du chœur, on pénètre dans une salle
divisée par des piliers, qui autrefois
faisaient partie de la mosquée. Juste
à côté, au milieu d’un joli jardin à la
végétation exubérante, se dresse un
élégant petit cloître du XIIIe siècle,
avec des arcs brisés que soutiennent
de belles colonnes géminées et des
chapiteaux historiés de style gothique.
Palmiers, agaves, orangers, manda-
riniers chinois et bougainvilliers se
disputent la vedette. Un havre de paix
au milieu des tumultes de la ville.
„ CHIESA SANTA CATERINA
VERGINE E MARTIRE
Piazza Pretoria
& +39 338 451 2011
& +39 338 722 8775
Connue pour être un des plus beaux
exemples d’architecture baroque
de Palerme, l’église présente une
50
élégante façade à deux niveaux, ornée
d’un portail de l’école de Gagini. Elle
fut élevée dans la seconde moitié du
XVIe siècle, puis l’intérieur fut enrichi
au XVIIIe d’ornements de marqueterie
avec reliefs en marbre ainsi que de
statues et de fresques. Sur l’autel du
transept droit, richement décoré, se
dresse la sainte Catherine sculptée
par Antonello Gagini en 1534. On peut
également y admirer un relief sur le
côté droit représentant le naufrage
de Jonas.
w Sur la même place se dresse
le palais Pretorio qui abrite la
municipalité.
w Plongées au milieu de verts
palmiers, en position dominante sur
la place Bellini, se dressent également
les constructions contiguës de San
Cataldo et de la Martorana.
„ FONTANA DELLA VERGOGNA
Piazza Pretoria
Au centre de la place Pretoria se
dresse la fontaine circulaire du même
nom avec ses statues allégoriques,
ses balustrades et ses escaliers que
François Camilliani, architecte du
XVIe siècle, avait aménagés au départ
pour une villa de Florence. Elle fut fina-
lement installée en 1573 sur la place
palermitaine par son fils. Son surnom
de fontaine de la Honte (fontana delle
Vergogne) vient du fait que certains
habitants de Palerme furent choqués
par la nudité de ses statues. Pour la
petite histoire, il paraîtrait que des
religieuses des couvents voisins,
offensées par toute cette nature ainsi
dévoilée, vinrent couper le nez des
belles statues (les cours d’anatomie,
 à cette époque, n’étaient pas ce qu’ils
sont !). Quant à la jolie place Pretoria,
elle est dominée par les dômes des
églises de San Giuseppe dei Teatini
et de Santa Caterina.
„ GALERIE RÉGIONALE
DE SICILE (PALAZZO ABATELLIS)
Via Alloro, 4
& +39 091 623 0006
& +39 091 623 0011
urp.gall.abatellis@regione.sicilia.it
Cette imposante construction édifiée
en 1490-1495 par Matteo Cavalieri,
avec ses belles formes gothiques aux
influences Renaissance et catalane,
est le siège de la Galerie régionale de
Sicile. L’accès aux salles se fait par la
grande cour du palais.
Si vous avez un musée à visiter à
Palerme, c’est celui-ci ! Son impor-
© PICSOFITALIA.COM
tante collection comprend des œuvres
majeures allant de l’époque médiévale
au XVIIe siècle. Parmi les trésors du
musée, on trouve la célèbre fresque
du XVe siècle du Triomphe de la Mort
(salle 2) provenant du palais Sclafani,
un buste d’Eléonore d’Aragon (salle
4), réalisé par Francesco Laurana
autour de 1471 ; des œuvres du plus
célèbre sculpteur sicilien, Gagini, dont
une très belle Vierge à l’Enfant. Au
VISITE
premier étage, on retrouve uniquement
des peintures siciliennes du XIIe au
XVIe siècle dont un des chefs-d’œuvre
d’Antonello da Messina, la Vierge de
l’Annonciation (la plus belle dame
de Palerme), ainsi qu’un important
triptyque aux détails impression-
nants, réalisé par Jan Gossaert dit le
Mabuse en 1510, de superbes crucifix
gothiques…
Palerme et sa région
Fontana della Vergogna, Piazza Pretoria.
51
 „ GALLERIA D’ARTE
MODERNA – MUSEO SANT’ANNA
Via Sant’Anna, 21
& +39 091 843 1605
& +39 091 843 1607
www.galleriadartemodernapalermo.it
Anciennement installée au premier
étage du théâtre Garibaldi du
XIXe siècle, la galerie d’Art moderne
de Palerme se trouve aujourd’hui
dans la vieille ville dans un ancien
palais entièrement restauré. Le cadre
est magnifique, et les expositions
combleront sans aucun doute les
amateurs d’art. On y retrouve une
histoire de l’art sicilien au travers des
deux étages. Le rez-de-chaussée est
consacré à des œuvres néoclassiques
et romantiques. De nombreuses toiles
célèbrent également Garibaldi, acteur
majeur de l’unité italienne. Au premier
étage, on découvre les peintures du
voyageur Antoine Leto, du naturaliste
de la fin du siècle Ettore De Maria
Bergler et une pléiade d’artistes qui
marquèrent l’art sicilien à la fin du
siècle précédent. Enfin, au dernier
étage, ce sont les courants symbo-
liques et modernes qui dominent.
Place est faite à la peinture des XIXe
et XXe siècles des artistes siciliens
et italiens, en particulier F. Lojacono
et R. Guttuso.
„ LA MARTORANA (SANTA
MARIA DELL’AMMIRAGLIO)
Piazza Bellini, 3
& +39 345 828 8231
Eglise de rite gréco-oriental, ce
splendide édifice normand fut
construit en 1143 par l’amiral
Georges d’Antioche sur les plans d’une
mosquée arabe. Son nom vient de
52
la fondatrice du monastère béné-
dictin auquel elle fut cédée au XVe
siècle, Héloïse Martorana. L’église
subit de nombreux remaniements
au XVIe siècle et surtout à l’époque
baroque lorsque, en 1688, fut bâtie
sa façade concave. De l’extérieur,
on peut admirer son magnifique
campanile de type arabo-normand
du XIIe siècle, orné d’incrustations
polychromes et éclairé par des baies
géminées. Sous le clocher se trouve
l’entrée, d’où on accède à un atrium
du XVIIe siècle divisé par des colonnes.
Deux superbes mosaïques, représen-
tant Roger II couronné par Jésus à
droite, et l’amiral Georges aux pieds
de la Vierge à gauche, couvrent les
murs latéraux. Dans la partie primitive
remaniée maintes fois, le cycle de
mosaïques du XIIe siècle qui se déroule
sur les parois est d’une grande beauté,
avec toujours le Christ Pantocrator
qui veille. Il est l’œuvre d’artistes
byzantins. Des petites friandises en
pâte d’amande doivent leur nom à
cette église. La fruta martorana était
confectionnée pour la fête des Morts,
début novembre, par les religieuses du
couvent bénédictin de la Martorana.
Encore aujourd’hui, les petits fruits
colorés remplissent les étalages dans
le quartier de la piazza Olivella.
„ MUSÉE INTERNATIONAL
DE LA MARIONNETTE
Piazzetta Antonio Pasqualino, 5
(Vicolo Niscemi)
& +39 091 328 060
www.museodellemarionette.it
mimap@museomarionettepalermo.it
Les salles du palais Fatta abritent ce
musée cher aux Siciliens, fondé en
1975. Il possède plus de 3 000 pièces,
marionnettes à fil, à gaine, des
ombres, des décors. On y trouve une
collection haute en couleur de marion-
nettes siciliennes, palermitaines et
catanaises, mais aussi de marion-
nettes napolitaines et de nombreux
autres pays ( Balkans, Turquie,
Mali, Congo, Birmanie, Rajasthan,
Vietnam, Chine…). Le musée vous
conte l’histoire des marionnettes. Le
fil provenait en général du Sri Lanka
et les pupis étaient fabriquées avec du
bois retrouvé sur la plage. Les marion-
nettes étaient à l’époque construites
par les marionnettistes eux-mêmes,
leurs femmes s’occupaient quant
à elles de leur confectionner des
vêtements. La section réservée aux
exemplaires orientaux en bois et en
parchemin est particulièrement inté-
ressante. Dans les petites salles au
dernier étage, vous aurez l’occasion
de découvrir des marionnettes datant
de 1920 et représentant Greta Garbo
ou bien Laurel et Hardy. La salle de
théâtre propose des représentations
de l’Opera di Pupi. Les éléments
(bancs, orgues, scènes) proviennent
d’anciens théâtres de marionnettes.
„ ORATORIO DI SAN LORENZO
Via dell’Immacolatella, 5
& +39 091 611 8168
Entre 1698 et 1710, Giacomo Serpotta
réalisa l’exubérante décoration inté-
rieure de cet édifice, considéré comme
son chef-d’œuvre et baptisé la « grotte
de corail blanc ». Ses stucs, ornés de
statues allégoriques et d’une composi-
tion de Putti des plus mouvementées,
rendent l’endroit exceptionnel. Des
tableaux en relief mettent en scène
les vies de saint François et de saint
Laurent. Au-dessus de l’autel, toujours
réalisé par Serpotta, se trouvait la
splendide Nativité de Jésus, dernière
œuvre du Caravage réalisée en 1609,
qui fut malheureusement dérobée
en 1969.
„ ORTO BOTANICO
(JARDIN BOTANIQUE)
Via Lincoln, 2b
VISITE
(près de la gare)
& +39 091 238 912 36
& +39 091 238 912 49
botanica@unipa.it
Ouvert en 1785, c’est l’un des plus
intéressants jardins botaniques
d’Europe. Il possède des plantes de
toutes les régions du monde. Il faut
aller les admirer dans les serres du
jardin d’hiver. On doit les édifices (dont
le bâtiment central) à Léon Dufourny,
un architecte français du XVIIIe siècle.
Ce jardin dépend du département des
sciences botaniques de l’Université de
Palerme. On retrouve lors de la visite
des bâtiments néoclassiques comme
le gymnasium, le tepidarium et le cali-
darium. Lors de notre passage, cette
partie était en travaux de rénovation, et
donc fermée au public. Normalement,
ces pièces se visitent et accueillent de
nombreuses collections de diverses
Palerme et sa région
plantes offertes par des naturalistes
du monde entier. Durant les travaux, on
ne visite que la partie la plus moderne
du jardin. Dans cet espace, le visiteur
découvre plusieurs espèces exotiques
en provenance d’Australie ou bien
d’Afrique. Certaines espèces attire-
ront votre attention comme le Ficus
magnolioides pourvu de gigantesques
racines, impressionnant !
53
 „ PALAZZO AJUTAMICRISTO
23 via Garibaldi
& +39 091 616 1894
www.palazzo-ajutamicristo.com
info@palazzoajutamicristo.it
Malgré son appel à Dieu (son nom
signifie Dieu, aide-moi !), ce palais
construit par Matteo Carnelivari a subi,
au cours des années, de nombreuses
altérations qui ont bouleversé ses
formes gothico-catalanes d’origine.
On peut encore admirer le portique et
la loggia sur colonnes d’époque, sur
un des côtés de sa cour. Il s’agit d’une
habitation privée ; ce sont d’ailleurs les
propriétaires qui vous feront visiter.
„ PALAZZO CHIARAMONTE
Appelé aussi « Steri »,
soit « palais fortifié »
Piazza Marina, 61
(billeterie)
& +39 091 607 5306
& +39 091 625 3892
Le palais fut élevé par la puissante
famille des Chiaramonte entre 1306 et
1380 et resta, pendant longtemps,
un des centres de la vie politique
citadine, logeant d’abord, au XVIe,
le grand Parlement de Sicile, puis
le Saint-Office, puis au XVIIe siècle
le siège du tribunal d’inquisition de
Sicile jusqu’en 1792, et enfin les
tribunaux jusqu’en 1960. Il abrite
maintenant le rectorat de l’Université
de Palerme. Malgré les remaniements,
l’extérieur conserve de superbes baies
géminées à deux fenêtres, ornées
d’incrustations polychromes. Bâti
par l’une des familles les plus puis-
santes du royaume, ce palais eut un
tel succès qu’il deviendra un style à
part entière : le style « chiaramon-
54
tano » qui inspira d’autres édifices à
la même époque. A l’étage supérieur,
se trouve le salon des Barons qui
possède un superbe plafond en bois de
type hispano-arabe, représentant des
épisodes bibliques et chevaleresques,
datant de 1377. Malheureusement, le
palais n’ouvre ses portes que pour
des expositions temporaires et des
événements culturels. La visite est
ouverte uniquement dans l’annexe
qui servait d’ancienne prison durant
la période de l’inquisition espagnole.
De nombreux nobles, intellectuels et
religieux (dont notamment l’évêque
de Monreale) y furent emprisonnés,
parfois jusqu’à la mort...
„ PALAZZO DEI NORMANNI
(Palazzo Reale)
Piazza Indipendenza
& +39 091 626 2833
www.federicosecondo.org
visite@ars.sicilia.it
C’est l’actuel siège de l’Assemblée
régionale sicilienne. Construit par
les Arabes au IXe siècle, le palais fut
agrandi par les Normands, il connut
alors ses heures de gloire. C’est entre
la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe,
pendant la vice-royauté espagnole, que
l’on construisit son imposante façade.
A l’intérieur, auquel on accède par
une belle cour du XVIIe siècle ornée
d’arcades et loggias, on peut visiter
les appartements royaux (actuellement
siège du Parlement) situés au deuxième
étage, également appelée « la salle
d’Hercule » puisque des représenta-
tions de certains des 12 travaux ornent
les murs. Dans la salle du roi Roger,
de loin la plus intéressante, les murs
sont ornés de superbes mosaïques.
© PICSOFITALIA.COM
Piazza del Parlamento située devant le Palazzo dei Normanni.
„ PALAZZO GANGI
Piazza Croce dei Vespri
& +39 091 616 2718
palazzogangi@hotmail.com
Les somptueux salons de ce palais
édifié par un Turinois et réservés aux
réceptions privées, servirent de décor
à la fameuse scène du bal du Guépard
de Visconti. La visite est magnifique,
il s’agit d’un voyage trépidant au sein
de la famille Vanni Calvello. Le palais
conserve des pièces exceptionnelles
comme des lustres de Murano et cristal
de Bohême. Si vous avez la possibilité,
n’hésitez pas à vous y rendre !
„ PALAZZO MIRTO
Via Merlo, 2
& +39 091 616 4751
gall.abatellis@regione.sicilia.it
Ce palais du XVIIIe siècle est l’un des
rares à ouvrir officiellement au public.
Le palais Mirto fut la résidence des
princes Lanza-Filangeri, une des plus
grandes familles aristocratiques sici-
liennes. Cette maison fut cédée à la
VISITE
région de Palerme en 1983. La visite
vous permet de remonter le temps et
d’imaginer comment vivait l’aristo-
cratie palermitaine de l’époque. Les
meubles, tous très bien conservés,
datent pour la plupart du XVIIIe siècle.
La salle Pompadour est très impres-
sionnante par ses mosaïques et sa
tapisserie cousue de fils d’or ! N’hésitez
pas non plus à jeter un coup d’œil à
la fontaine baroque à l’extérieur aux
volières recouvertes de coquillages :
superbe ! Notre autre coup de cœur
lors de la visite est le surprenant salon
chinois. Le plafond en trompe-l’œil ainsi
Palerme et sa région
que les murs entièrement tapissés de
soie peinte attestent de la vie fastueuse
que l’aristocratie menait à l’époque.
Le personnel ne parle ni français
ni anglais, mais est très souriant et
sympathique ! Demandez à voir la
merveilleuse collection de carrosses :
une des plus importantes au monde
en terme de valeur des éléments. A
ne pas manquer !
55
 „ PALAZZO SCLAFANI
2 piazzeta San Giovanni Decollato
A l’est du beau jardin Bonanno, planté
de palmiers dattiers, s’élève ce palais
du XIVe siècle, avec sa suite d’arcades
tressées et ses élégantes fenêtres
ogivales. La fameuse fresque, Le
Triomphe de la mort, conservée à la
Galerie régionale de Sicile provient
de ce bâtiment.
„ PORTA NUOVA
Via Vittorio Emanuele
Située au bout de la via Vittorio
Emanuele, à l’opposé de la porta
Felice qui se dresse dans l’ancien port
de la Cala, cette porte fut construite
en 1535 en l’honneur de la visite à
Palerme de Charles Quint.
„ QUATTRO CANTI
Piazza Vigliena
C’est ainsi que l’on appelle la place
Vigliena, cœur de la ville baroque et
point de rencontre entre les deux artères
principales, la via Vittorio Emanuele
et la via Maqueda. Aux quatre coins,
les façades arrondies des édifices,
noircies par le temps, agrémentées
de statues et fontaines représentant
les quatre saisons sur trois ordres, sont
splendides. L’architecte Giulio Lasso les
aménagea à la manière d’un décor de
théâtre entre 1609 et 1620. Il prit soin
d’y placer les quatre saintes protectrices
de Palerme entourées d’archanges :
Agatha, Ninfa, Christina et Olivia. Plus
tard, on confia le rôle de protectrice à
sainte Rosalie, après qu’elle eut sauvé
Palerme de la peste. Aux bas des
fontaines, on peut admirer les statues
des quatre saisons sur lesquelles elles
sont posées. Au-dessus trônent des
statues de rois espagnols.
56
„ VILLA BONANNO
Piazza della Vittoria
& +39 091 707 1317
Ce joli jardin peuplé de palmiers se
situe derrière le Palais royal. Dans
une partie du parc, des vestiges
d’habitations romaines ont été décou-
verts. On y a retrouvé de magnifiques
mosaïques comme celle d’Orphée
actuellement conservée au Musée
archéologique régional. Possibilité
de visiter cette partie. Il est difficile
de trouver de l’ombre dans le jardin,
mais si vous avez du temps une balade
peut y être très agréable !
Capo, Loggia
et le port de Cala
Cet ensemble constitué de deux des
quartiers Quattro Canti, se situe au
nord de la Via Vittoro Emanuele et se
prolonge vers le port ancien de Cala.
Capo
Ce quartier est situé au à l’ouest de
la via Maqueda, il est délimité par la
cathédrale au sud et par le théâtre
Massimo au nord-est.
w Dans ce quartier se tiennent
deux marchés intéressants.
Celui du Capo, d’abord, part de la
via Maqueda, la rue commerçante,
emprunte la via Sant’Agostino en
passant devant l’église du même nom
et s’étend ensuite à gauche, dans la
via Beati Paoli, et à droite, dans la via
Carini. Il fait bon se promener dans ce
marché typique où l’on trouve de tout,
du tee-shirt « made in Taiwan » à la
figue de Barbarie. Mais la via Carini
évoque aussi un triste événement
dans l’histoire de Palerme, car c’est
dans cette rue que furent assassinés
le général Dalla Chiesa et sa femme.
w De la place Beati Paoli, la via
Gioiamia conduit à la piazza
Papireto. En remontant la rue du
même nom, on rencontre le second
marché du quartier, le mercato
delle pulci (marché aux puces) où
les chineurs pourront s’en donner
à cœur joie.
w Au nord de la via Papireto, se
dresse le palais de Justice de
Palerme, aux allures de bunker, qui
évoque les grands procès contre la
mafia, tandis qu’au sud se dresse la
cathédrale.
Loggia
Le quartier commence au nord de la
via Vittorio Emanuele et se situe à
l’est de la via Maqueda. Il est délimité
au nord par la via Cavour, au-delà de
laquelle commence la ville nouvelle.
C’est dans ce quartier, qui n’échappa
pas non plus aux bombardements,
que l’on trouve le plus vieux marché
de Palerme.
Port de Cala
C’est l’ancien port de la ville de
Palerme, creusé et bâti durant la
période arabe de l’île. Le fort de
Castello a Mare en était la place forte.
„ CATACOMBE DEI CAPPUCCINI
Via Cappuccini, 1
& +39 091 652 4156
Un peu plus à l’ouest de Loggia.
Ames sensibles, s’abstenir ! Le couvent
des Capucins, du XVIIe siècle, est surtout
célèbre pour ses catacombes formées
de nombreuses galeries souterraines
dans lesquelles sont alignés plus de
8 000 cadavres, couchés, debout ou
assis mais toujours habillés (un peu de
décence !) et minutieusement classés
en catégories : les professeurs, les
femmes, les patriciens et les religieux. Il
s’agit de riches Palermitains morts entre
les XVIIe et XIXe siècles, dont plusieurs
ont été momifiés, mais dont il ne reste,
pour la plupart, que des squelettes. Il
était en effet de coutume, lors d’un
VISITE
décès dans une famille noble ou du
clergé, de donner le corps à embaumer,
puis de le confier aux capucins pour
qu’ils l’exposent. Francesco Rosi trouva
là le cadre idéal pour l’ouverture de son
film au titre évocateur de Cadavres
exquis. Non loin, le cimetière (ouvert
tous les jours de 8h à 14h) abrite
la tombe de Giuseppe Tommaso di
Lampedusa, le célèbre auteur du
Guépard, mort en 1957.
„ CATHÉDRALE
Via Vittorio Emanuele
& +39 091 334 373
www.cattedrale.palermo.it
cattedrale@diocesipa.it
Ce magnifique édifice, aux couleurs
rosées, est étroitement lié à l’his-
toire de Palerme et à celle de l’île,
puisque c’est à cet endroit que
Palerme et sa région
furent couronnés les rois de Sicile et
c’est également ici qu’ils reposent.
Depuis sa construction, au XIIe siècle,
sur l’emplacement d’une ancienne
basilique transformée en mosquée,
la cathédrale d’origine normande a
subi de nombreuses restructura-
tions notamment aux XIVe, XVe et
XVIIIe siècles, lui donnant son style
composite.
57
 Deux tours d’angle ajourées de
baies géminées flanquent sa façade
richement décorée, qui remonte aux
XIVe et XVe siècles. C’est à cette époque
également que furent réalisés les
clochers des quatre tours à escaliers et
que furent ajoutés le portail majeur côté
sud et la sacristie. De 1781 à 1801, une
partie des façades et de l’intérieur de
la cathédrale fut complètement boule-
versée et reconstruite par l’ingénieur
Ferdinandi Fuga, qui y éleva, d’après
les canons du style néoclassique de
l’époque et au détriment de l’homo-
généité architecturale du bâtiment,
une coupole qui, encore aujourd’hui,
est loin de faire l’unanimité. De son
passé arabe (elle fut construite sur
une ancienne mosquée), elle conserve,
gravés sur une de ses colonnes, des
versets du Coran. Du jardin, on accède
à l’intérieur de la cathédrale par une
superbe porte en bois sculptée du
XVe siècle. Divisé en 3 nefs, cet intérieur
est plutôt austère, malgré les sculp-
© PICSOFITALIA.COM
Cathédrale de Palerme.
58
tures de Laurana (superbe Vierge à
l’Enfant de 1469) et de Gagini qui
l’ornent. C’est dans les chapelles à
gauche de l’entrée méridionale que
l’on trouve les sarcophages royaux,
en marbre, surmontés de baldaquins
dans le style des monuments funé-
raires romains et orientaux. Ici sont
enterrés Constance d’Aragon, épouse
de Frédéric Ier, Henri VI, Frédéric II,
Roger II… Les reliques de sainte
Rosalie, la très vénérée protectrice
de Palerme, sont également enfermées
dans une précieuse urne en argent de
1631, dans la chapelle Santa Rosalia, à
droite du chœur. Préparez-vous à jouer
des coudes pour admirer les lieux. Des
groupes de touristes envahissent les
lieux toute la journée durant !
w Salle du Trésor. Entrée à droite
de la chapelle Santa Rosalia. Elle
présente des décorations sacrées
des XVIe et XVIIe siècles, de précieux
codes enluminés, des émaux de facture
byzantine et de nombreuses orfèvreries
parmi lesquelles l’importante tiare de
Constance d’Aragon en or et pierres
précieuses.
„ CHIESA SAN DOMENICO
Piazza San Domenico, 1
& +39 091 589 172
www.domenicani-palermo.it
Cette église est un bel exemple du
baroque palermitain. L’église fut
commencée au XVII e siècle, mais
les travaux ne s’achevèrent qu’un
siècle plus tard. La façade baroque
est richement ornée de sculptures. A
l’intérieur plutôt sobre de cet édifice
du XVIIe siècle sont enterrés d’illustres
Siciliens, nobles et artistes, dont le
peintre Novelli.
„ CHIESA SANT’AGOSTINO
Via Francesco Raimondo, 3
& +39 091 584 632
Bâtie entre le XVIe et le XVIIe siècle,
on pourra admirer son portail et la
riche rosace aux formes gothiques
de sa façade, ainsi que les armes
des Chiaramonte et des Sclafani. A
l’intérieur, on trouve encore des stucs
de Serpotta. On peut y découvrir la
signature d’un des Serpotta, Giacomo :
un lézard (sirpuzza en sicilien), en bas
de la seconde statue de droite. La
chapelle du Crucifix est entièrement
recouverte de marbres et de pierres
précieuses.
„ CHIESA SANTA MARIA
DELLA CATENA
Corso Vittorio Emanuele
Piazzetta delle Dogane
& +39 091 321 529
Catena, qui signifie « chaîne » en
italien, fait référence à la chaîne de
fermeture du port voisin de la Cala.
Edifiée à la fin du XVe siècle, sa fac ade
est surélevée en haut d’un escalier qui
présente trois portails sculptés par
Vicenzo Gagini. L’intérieur, de style
gothique et Renaissance, possède le
typique plan à trois nefs. La chapelle
de droite possède les vestiges d’une
superbe fresque représentant la vierge.
„ MUSEO ARCHEOLOGICO
Piazza Olivella, 24
& +39 091 611 6807
museo.arche.pa@regione.sicilia.it
Il est situé depuis 1866 dans l’ancien
couvent des Philippins, agréable
construction du XVIIe siècle, agré-
mentée d’une fontaine entourée de
plantes. Le musée est particulièrement
riche, à l’image des vestiges retrouvés
en Sicile. C’est une des collections
archéologiques les plus importantes
d’Italie. Le musée illustre par de
nombreux objets les étapes de la civi-
lisation de la Sicile occidentale de la
préhistoire jusqu’à l’époque romaine. Il
est constitué de collections provenant
des musées de l’université (qui fit
don de sculptures archaïques) mais
également du musée François Ier qui lui
VISITE
céda une collection de terres cuites et
de bronzes dont le plus célèbre se situe
au premier étage et représente Hercule
qui abat un cerf. Cette œuvre était à
l’époque probablement l’ornement
central d’une fontaine. Vous ne pourrez
pas manquer d’admirer également
au premier étage le très fameux
Bélier en bronze. Cette pièce remar-
quable au réalisme étonnant date du
IIIe siècle av. J.-C. Pièce maîtresse du
musée, elle ornait à l’époque l’entrée
du château de Maniace à Syracuse.
Le deuxième étage est consacré à la
préhistoire, aux fresques romaines,
ainsi qu’aux mosaïques grecques.
Toutes les pièces furent retrouvées lors
de fouilles terrestres et sous-marines
organisées par la ville de Palerme. Lors
de la visite, vous aurez également
l’occasion de découvrir de superbes
Palerme et sa région
métopes. Les plus remarquables sont
peut-être les quatre situées au fond
de la salle et représentant Hercule
luttant contre une amazone, Athéna
qui se bat contre le géant Encélade,
la transformation d’Actéon en cerf et
enfin la représentation de Zeus et Héra
(la fille des titans Cronos et Rhéa mais
aussi la femme et la sœur de Zeus).
Une visite à ne pas manquer !
59
 „ MUSEO DIOCESANO
Via Matteo Bonello, 2
& +39 091 607 7303
& +39 091 607 7215
www.museodiocesanopa.it
museo@diocesipa.it
Loin des foules croisées à la cathédrale,
la visite de ce musée n’est pas indis-
pensable mais très agréable. Le musée,
qui accueille un nombre important de
triptyques et de peintures du XIIe au
XVe siècle, est installé dans les salles
du palais archiépiscopal, dont la façade
révèle encore les restes de l’édifice
d’origine, de style gothico-catalan.
De cette époque, subsistent une jolie
baie géminée et un portail. Les collec-
tions ne cessent de vous dévoiler de
nombreuses pièces toutes remplies
de magnifiques objets et peintures.
Au sous-sol, vous découvrirez les
studios de restauration de l’équipe
du musée. Les salles se succèdent,
dont l’une, la Salla Novelli, est un pur
chef-d’œuvre. Les peintures du maître
nous comblent à chaque fois ! La visite
est très agréable et le personnel parti-
culièrement sympathique.
„ ORATORIO DEL
ROSARIO DI SAN DOMENICO
Via dei Bambinai, 18
& +39 091 332 779
Erigé en 1578, l’oratoire reçut, dans la
première moitié du XVIIIe siècle, une
splendide décoration de stucs par
Giacomo Serpotta. Aucun espace n’est
resté inutilisé sur les parois, entière-
ment recouvertes de statues à vous
faire tourner la tête. Des peintures
représentant les Mystères du Rosaire
et réalisées par Luca Giordano, Mattia
Stomer, Giacomo lo Verde et Pietro
Novelli (auteur également de la
60
fresque de la voûte, Le Couronnement
de la Vierge) ont néanmoins réussi à
conserver leurs places. Sur l’autel, il
faut admirer le beau retable d’Anton
Van Dyck, de 1628. Levez les yeux
vers le haut et vous pourrez également
admirer, sous la voûte, une fresque du
fameux peintre sicilien Pietro Novelli,
qui représente le Couronnement de
la Vierge.
„ ORATORIO DEL
ROSARIO IN SANTA CITA
Via Valverde, 1
& +39 091 332 779
info@ilgeniodipalermo.com
Encore une particularité artistique de
Palerme, les décorations incroyables
de stucs ! Construit au XVIIe siècle, il
fut entièrement décoré par les stucs
de Giacomo Serpotta entre 1686 et
1718. Sur les parois, un tourbillon-
nant cortège de statues allégoriques
et d’angelots espiègles nous ferait
presque oublier que nous sommes
dans une église. Les angelots
semblent pleurer, dormir, et même
grimper sur les corniches ! Des
panneaux retracent tout autour les
épisodes des Mystères du Rosaire.
Sur un côté, on peut admirer toute
une série de représentations des
mystères joyeux et de l’autre vous y
découvrirez les mystères douloureux
comme le Couronnement d’épines
ou bien encore le Calvaire du Christ.
„ PALAZZO RISO –
MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN
Palazzo Riso
Corso Vittorio Emanuele, 365
& +39 091 587 717
& +39 091 320 532
www.palazzoriso.it

© APOLLON – ICONOTEC
urp.museo.riso.bci@regione.sicilia.it
Un palais du XVII e siècle et des
collections d’art contemporain, voilà
le cocktail détonnant qui vous attend.
Ce tout nouveau musée est à l’image
de la vie artistique palermitaine :
accrochée à son histoire et terrible-
ment créative. Chaque année, des
artistes aux racines ou aux attaches
siciliennes seront exposés.
„ TEATRO MASSIMO
Piazza Giuseppe Verdi
& +39 091 605 3521
& +39 091 605 3580
www.teatromassimo.it
visiteguidate@teatromassimo.it
C’est l’un des théâtres lyriques italiens
les plus grands et les plus célèbres.
VISITE
San Domenico.
La salle peut contenir presque
1 400 personnes et 700 acteurs sur
scène. Lors de la visite, vous décou-
vrirez cet intérieur splendide en forme
de ruche qui a été dessiné par Giovan
Battista Basile en 1875 et achevé par
son fils Ernesto en 1887. Le théâtre
Massimo fut à l’époque la première
salle construite en Europe. Après
Palerme et sa région
25 années de fermeture pour travaux
de rénovation, le théâtre a rouvert ses
portes il y a une dizaine d’années,
en 1997. Au cours de la balade,
vous aurez l’occasion de découvrir
la loge royale, le salon réservé aux
concerts de musique et plein d’autres
surprises ! Quelques membres du
personnel parlent français. Cafétéria,
bibliothèque et librairie.
61
 Piazza Castelnuovo,
Via della Libertà
et la ville moderne
La ville moderne s’étend au nord,
au-delà des via Cavour et Volturno.
Au niveau de la piazza Verdi, la via
Ruggero Settimo succède à la via
Maqueda. C’est ici que commence le
coin du shopping. Les belles boutiques
s’alignent une à une, continuant
au-delà de la piazza Castelnuovo (où
se trouve l’office du tourisme) dans la
belle via Libertà qui, avec ses façades
Liberty, ses allées de platanes, ses
terrasses (dont celle, célèbre, du café
Nobel) et ses vitrines de luxe rivalisant
d’élégance, est l’artère la plus chic de
la ville. Derrière la via Ruggero Settimo,
parmi les constructions modernes
de la place Ungheria, le restaurant
Charleston, un des meilleurs de la ville,
ne demande qu’à régaler vos papilles…
La via Dante, qui part de la place
Castelnuovo, fait partie du quartier
de l’Olivuzza situé à l’ouest de la via
Libertà. A la Belle Epoque, les riches
Palermitains y firent construire de
superbes villas Liberty comme la villa
Malfitano, qui fut décorée par Ettore
Maria Bergler, ou la villa Florio, qui
ne présente plus aujourd’hui qu’une
façade décrépite. Au n° 237 de la
via Notarbartolo, perpendiculaire à
la via Libertà, derrière la villa Trabia,
la maison du juge Falcone, toujours
fleurie, témoigne. De l’autre côté de la
via Libertà, près du jardin anglais, se
trouve la prison Ucciardone, une des
mieux surveillées d’Italie. Plus au nord,
le mont Pellegrino, s’élevant à 610 m
au-dessus de Palerme, sépare la ville
de la station balnéaire de Mondello.
„ CASTELLO DELLA ZISA –
MUSÉE D’ART ISLAMIQUE
Piazza Zisa
A l’ouest de la ville.
& +39 091 652 0269
Autobus 124 depuis le Politeama.
Zisa vient de l’arabe Al Aziz qui signifie
« la glorieuse ». C’est ainsi que l’on
qualifie ce somptueux palais, érigé par
Guillaume Ier autour de 1160 et terminé
par Guillaume II. Cette imposante
construction, qui vient d’être restaurée,
est parcourue à l’extérieur par une
belle frise d’arcades, tandis que sur
l’arc de la porte d’entrée, on peut lire :
« Voici le paradis terrestre qui s’offre

Monte Pellegrino
14 km au nord de Palerme. Nombreux sont les Siciliens qui viennent ici en pèleri-
nage pour vénérer les reliques de sainte Rosalie, protectrice de Palerme, qui sauva
la ville de la peste en 1624 (on promena ses reliques à travers la ville, ce qui fit
fuir la maladie). On s’y rend par une route tortueuse qui offre une belle vue sur la
capitale et sur la campagne environnante. A cet endroit fut édifié, au XVIIe siècle, un
sanctuaire dédié à la sainte, formé d’un couvent et de la grotte où elle vécut retirée
jusqu’en 1124. Dans la grotte (ouverte tous les jours de 7h à 19h), l’eau qui suinte
de la roche, considérée comme miraculeuse, est recueillie précieusement. En 1952,
au nord du massif, des gravures rupestres remontant à plus de 5 000 ans av. J.-C.
ont été mises au jour.

62
 © RICHARD – FOTOLIA
à ton regard, voici le roi glorieux, voici
le palais de l’Aziz. » L’intérieur, aux
notes orientales, possède au rez-
de-chaussée une belle salle carrée
ornée de mosaïques qui représentent
des scènes de chasse. On y trouve
également une autre salle avec une
fontaine de style arabe. Autant d’élé-
ments qui nous transportent avec
délices dans une époque passée, aux
voluptueuses saveurs exotiques…

VISITE
Les environs
de Palerme
Monreale
Situé à 300 m d’altitude, au sud-ouest
de Palerme, le mont Royal domine la
Conca d’Oro, plaine fertile de la baie de
Palerme, et le fleuve Oretto. Monreale Cloître de la cathédrale de Monreale.
compte aujourd’hui 30 000 habitants.
A l’origine, ce site était occupé par un Deux puissantes tours quadrangulaires
hameau arabe où les rois normands (seule la droite est achevée) délimitent
aimaient à venir chasser, lorsque le
la façade de l’édifice, ornée en sa
roi Guillaume II, en 1174, décida d’y
partie supérieure d’une frise repré-
construire un vaste ensemble réunis-
sentant des arcs tressés. Au-dessous
sant une église, un couvent et un
du portique du XVIIIe siècle s’ouvre le
palais royal. De cette idée naquit un
portail principal, fermé par de splen-
chef-d’œuvre incomparable, issu de la
symbiose des styles arabe, normand et dides portes de bronze divisées en
byzantin. Les remaniements successifs 42 panneaux qu’illustrent des scènes
bibliques. Il s’agit d’une œuvre unique
Palerme et sa région

de la cathédrale n’ont en rien altéré

sa splendeur et sa valeur artistiques, de Bonnano Pisano datant de 1186.
tandis que son cloître, seul élément Sur le côté gauche de l’église, un
encore intact du monastère bénédictin, autre beau portail orné de battants
est tout simplement grandiose. de bronze de 1179, sur lesquels sont
représentés en 28 cadres, les saints
„ CATHÉDRALE et les évangélistes.
Piazza Guglielmo II L’extérieur de l’abside, décorée d’arcs
& +39 091 640 4413 tressés et de motifs géométriques, est
www.cattedralemonreale.it une belle représentation de l’architec-
monrealeduomo@libero.it ture arabo-normande.

63
 Quant à l’intérieur de l’église,
splendide, il reste inimitable. Son plan
est celui des basiliques à croix latines
et les nefs sont séparées par 2 rangs
de 9 colonnes, qui proviennent toutes
d’édifices romains antiques. Sur leurs
chapiteaux, on remarque des arcs
brisés de type arabisant.
Le chœur est presque un édifice à
part, surélevé et flanqué de 3 absides
orientées au levant, suivant la tradition
byzantine. De superbes œuvres,
comme le plafond polychrome à
chevrons, refait au XIXe siècle sur le
modèle original suite à un incendie,
ou le beau pavement à incrustations
de marbres du XVIe siècle, contribuent
à la beauté des lieux.
Mais le joyau reste le cycle de
mosaïques à fond doré, d’une beauté
spectaculaire, qui se déroule le long
des parois supérieures. Avec ses
6 340 m2, c’est le plus vaste d’Italie,
et il fut réalisé entre 1180 et 1190 en
un temps record. Dans les différents
cadres sont représentés des épisodes
extraits de la Bible et du Nouveau
Testament, accompagnés d’inscrip-
tions en grec et en latin. Les scènes de
la Genèse, dans la nef centrale, sont
particulièrement belles, tandis que le
majestueux Christ Pantocrator achève
idéalement tout le cycle.
Les œuvres placées au-dessus du
trône royal, représentant le Christ
couronnant Guillaume II et celles du
roi offrant l’église à la Vierge sur les
côtés du presbytère sont également
intéressantes. En s’aventurant
dans la partie droite du chœur, on
trouve deux sarcophages : celui
en porphyre de Guillaume I er,
64
du XII e siècle, et l’autre, du XVI e
siècle en marbre, de Guillaume II.
En outre, des autels baroques, des
reliquaires de l’école de Gagini, des
rondes-bosses de Marabitti, placées
sous l’autel central, enrichissent
encore davantage la cathédrale,
véritable exemple d’harmonie, dans
sa diversité et sa complexité culturelle.
„ CLOÎTRE – CHIOSTRO
SANTA MARIA LA NUOVA
Piazza Guglielmo il Buono
& +39 091 640 4403
Appuyé sur le côté gauche de la cathé-
drale, on y accède par l’extérieur.
Avec l’aile méridionale, il s’agit de
l’unique reste du couvent bénédictin.
Sa superbe structure architecturale
présente un plan carré de 50 m
environ de côté. Les 228 colon-
nettes doubles, décorées de riches
mosaïques polychromes, soutiennent
des très belles arcades en ogive de
style arabo-normande constituant le
cadre des quatre côtés du déambula-
toire. Les chapiteaux, magnifiquement
sculptés dans les formes les plus
variées, représentent des scènes reli-
gieuses. Tous différents, ils tiennent
une grande importance dans l’histoire
de la sculpture romane. Le côté sud
est occupé par une petite fontaine
raffinée d’influence arabe qui, selon
les dires, ferait rajeunir les femmes
qui s’y tremperaient les mains !
Corleone
L a bourgade de C orleone,
11 300 habitants, est surnommée la
ville royale aux cent églises. Elle se
trouve dans une cuvette encadrée

Festival
« I love Corleone »
Tous les ans au mois de septembre
le petit village de Corleone et ses
quelques 11 000 habitants accueillent
pendant une semaine des spectacles
et des manifestations magnifiques.
Des concerts de musique classique,
de rock, des spectacles de danse,
des démonstrations de sports, des
expositions, des feux d’artifices…
Le village se pare de ses plus beaux
artifices pour l’occasion. Les specta-
teurs viennent de Palerme et des villes
alentour pour admirer les fastes de
Corleone.
de montagnes. Le village fut dominé
successivement par les Byzantins, les
Arabes, les Normands à partir de 1072,
puis les Sarrasins en 1104. Corleone
est un nom qui est familier à toutes les
oreilles cinéphiles grâce à la fameuse
saga du Parrain. Rappelez-vous Marlon
Brando dans le rôle superbe de don
Corleone. Est-ce un hasard si Mario
Puzo, l’auteur du roman, a choisi
justement ce nom, sachant que de ce
village sont originaires quelques têtes
de la mafia sicilienne ? Et pourtant
depuis quelques années, le village
essaye de se débarrasser de cette
image mafieuse en organisant des
manifestations anti-mafia. Et puis il
y a bien d’autres choses à voir dans
cette ville, plutôt que la mafia que vous
ne trouverez jamais : la commune est
riche en milieux naturels, cascades à
l’est immédiat de la ville ou gorge du
Dragon et montagne de Busambra
au nord.
„ MUSEO CIVICO
DELLA PREISTORIA –
MUSEO PIPPO RIZZO
Palazzo Provenzano
Via Orfanotrofio
& +39 091 846 4907
& +39 091 846 1171
Le musée expose l’histoire locale
depuis la période paléolithique jusqu’à
nos jours, en passant par l’Antiquité
et la période médiévale. Un site de
VISITE
fouille archéologique est accessible
sur le Monte Jato. Parmi les merveilles
découvertes, une tombe grecque dans
une nécropole. Mais le succès de ce
musée tient surtout à ses circuits
touristiques « Anti-mafia ». Pour y
participer, essayez de vous y rendre
le matin pour prendre rendez-vous
avec le guide (visite en italien ou en
anglais). Le circuit autour de la ville
vous propose de revenir sur les grandes
affaires et les crimes commis par la
mafia. Le guide n’est pas avare de
petites anecdotes. Le centre anti-mafia
(situé dans l’enceinte du Museo Civico)
conserve également les archives des
grands procès qui se déroulèrent
notamment dans les années 1980.
Dans la salle juste à côté, des photos
sont exposées. Attention à vos enfants,
certaines images peuvent choquer ! Il
Palerme et sa région
s’agit de photographies représentant
les cadavres des grands chefs mafieux
et des scènes de crimes.
Ségeste
Ségeste, intégré dans un ensemble
de collines, fut, avec Erice, un des
centres les plus riches et les plus
florissants de la civilisation des Elymes
réfugiés de Troie.
65
 © AUTHOR’S IMAGE
Temple dans la zone archéologique de Ségeste.
Seule ombre au tableau : Selinunte,
sa rivale, la cité punique, à qui elle
fermait l’accès à la mer Tyrrhénienne
et qu’elle détruisit en 409 av. J.-C.,
à l’aide des Carthaginois. Lors de la
première guerre punique, Segeste
fut la première cité à passer sous le
pouvoir des Romains, qui lui laissèrent
cependant une grande indépendance.
Alors commenc a pour la ville une
période de décadence durant laquelle
la cité perdit jusqu’à son nom, dispa-
raissant sous l’invasion vandale.
„ VILLE ANTIQUE
& +39 0924 952 356
Sur un coteau, au centre d’une vallée,
s’élève un temple dorique sicule du
Ve siècle av. J.-C. Magnifiquement
conservé, c’est un des plus beaux
exemples du style dorique qu’il nous
soit encore possible d’admirer. Il
justifie à lui seul une étape dans
la ville. Il semble cependant qu’il
n’ait jamais été terminé, car on n’a
66
retrouvé aucune trace d’aménagement
intérieur, et ses colonnes ne sont pas
cannelées. On peut apercevoir, depuis
le sommet du mont Barbaro, le théâtre
grec, creusé dans la roche, dans un
superbe décor formé par la dépression
de la vallée de Ségeste. Il est possible
de s’y rendre depuis le temple mais il
est conseillé d’emprunter la navette
car les deux sites sont distants de
2 km, ce qui est beaucoup en pleine
chaleur. Assez bien conservé, ce
théâtre devient tous les deux ans
la scène de représentations théâ-
trales rappelant l’atmosphère de ces
siècles qui virent naître l’art de la
scène. Enfin, un grand sanctuaire,
datant des VIe et Ve siècles av. J.-C.,
complète la zone archéologique de
Ségeste, dont les fouilles sont encore
loin d’être achevées. Pour en savoir
plus, vous trouverez des ouvrages
intéressants à la librairie située en bas
de la colline où se dresse le théâtre,
sur l’esplanade.

Côte nord-ouest
Mondello
Cette station balnéaire chic est située
à 11 km au nord de Palerme, entre
deux montagnes, les monts Gallo et
Pellegrino, qui encadrent magnifi-
quement la baie. Entre « ville jardin »
et villégiature élégante, le centre-
ville compte de belles et riches villas
qui s’exhibent fièrement le long des
avenues.
Dans le vieux village de pêcheurs
est conservée une tour circulaire,
vestige de l’ancien château. La plage
est belle et blonde, l’eau translucide
et chaude, mais, l’été, elle se trans-
forme en un immense solarium (et
déchetterie, malheureusement) où
poser un coin de serviette relève
véritablement de l’exploit. De quoi
© PEETER VIISIMAA – ISTOCKPHOTO
L’Ouest
préférer une des nombreuses plages
privées et équipées de cabines, de
chaises longues et de parasols, et
donc payantes, qui s’alignent le long
de la plage. Les pieds dans l’eau, les
anciens thermes de Kursaal font figure
VISITE
d’Ovni sur la plage de Mondello. Ils
ont été bâtis en 1912 dans le style
Art nouveau.
Castellammare del Golfo
Cette charmante petite ville est
située à 40 km de Trapani. Avant
l’arrivée des Grecs sur l’île, c’était le
port principal des villes d’Erice et de
Segeste. Le petit port et les ruelles
de la ville haute sont les principaux
points d’intérêt ainsi que les kilo-
mètres de plage blanche, beaucoup
moins touristique que ses voisines
de la réserve naturelle du Zingaro.
L’Ouest
Mondello.
67
 © AUTHOR’S IMAGE
Castellammare del Golfo, ancien port principal d’Erice et de Ségeste.
„ CENTRE-VILLE
Sur la piazza Madrice, dans le centre
historique de la ville, on trouve aussi la
charmante église de Maria Santissima
del Soccorso, du XVe siècle, avec à
l’intérieur, des fresques intéressantes
de Giuseppe Tresca, datant du XVIIIe.
Autrefois, le vieux centre de la ville
était relié par un pont-levis au reste
de l’habitat urbain. Une promenade
dans les petites rues calmes de la
ville s’avère très agréable.
„ CHÂTEAU ARABO-NORMAND
& +39 0924 302 17
En position stratégique, le massif
château, construit sous les
Arabes, puis remanié ensuite par
les Normands, les Suisses et les
Aragonais au XIVe siècle, se dresse
fièrement sur le port. Outre l’office
68
du tourisme, on y trouve également
un musée privé abritant une collection
archéologique.
Erice
Du haut du mont Giuliano, Erice,
mythique et silencieuse, médite parmi
les nuages, offrant une vue magni-
fique sur Trapani et tous les environs.
La nuit, la condensation de l’eau de
mer remonte jusqu’à ses flancs et
l’enveloppe d’une brume humide où
l’on a peine à voir. A l’origine, ce vieux
village aurait été fondé par le fils
d’Erycine, déesse de la fécondité et
de l’amour, nommé Erix. Devenu roi
des Elymes, celui-ci fit construire un
temple rendant hommage à sa mère.
Il fut ensuite utilisé par les différents
peuples qui occupèrent l’endroit.
Les Phéniciens y vénérèrent la déesse
Tanit-Astarté, devenue Aphrodite
pour les Grecs, puis Venus pour
les Romains, mais quel que fût le
nom de la déesse, le temple ne
perdit jamais sa vocation première.
De cette époque, il ne subsiste que
le mythe, et cette ville fortifiée de
29 000 habitants a surtout conservé
une structure urbaine typiquement
médiévale. Une fraîcheur, bienvenue
en été, due à l’altitude (756 m) entoure
souvent la ville. Il est très agréable de
se promener dans ses rues étroites et
sinueuses où l’on rencontre de petites
places et de jolies cours fleuries (Erice
en compte plus de 250 !) avec des
puits et parfois un ancien lavoir.
Son animation, due en partie à la
présence du Centre de culture scien-
tifique Ettore-Majorana, qui attire de
nombreux étudiants, et aux touristes,
lui a permis de conserver le charme
d’un bourg médiéval. On peut aussi
y rencontrer des ateliers d’artisanat
de céramiques, des pâtisseries tradi-
tionnelles… Beaucoup de choses
appétissantes qui méritent que l’on
s’arrête ! Parmi les manifestations à
ne pas manquer à Erice, on peut citer :
le festival de musique médiévale,
pendant une semaine chaque été,
il fait résonner dans les églises de la
ville des instruments et des musiques
d’antan interprétées par des musiciens
de renommée internationale ; la
procession des Mystères, durant
la Semaine Sainte ; Estate Ericina :
tout l’été, de nombreux spectacles
folkloriques, concerts, expositions,
etc ; et Maria SS. di Custonaci, fête
de la sainte protectrice le dernier
mercredi d’août.
„ CHÂTEAU DE VENERE
& +39 366 671 2832
En partant du parking de la piazza
Grammatico, à l’entrée d’Erice, on
prend la via Pepoli, qui conduit direc-
tement au château de Venere (XIIe
siècle), successivement romain, arabe
puis reconstruit durant la domination
normande. Bâti sur les vestiges du
temple d’Aphrodite, un sanctuaire édifié
par les Elymes et fameux dans tout le
VISITE
bassin méditerranéen ; il est encore
en bon état grâce à des rénovations
récentes, en particulier le donjon,
restauré au XIXe siècle. Il porte une
couronne de créneaux en queues
d’hirondelle bien conservée. Au-dessus
de la porte principale, se détache le
blason des Habsbourg d’Espagne. On
y accédait autrefois par un pont-levis,
aujourd’hui remplacé par un escalier
de pierre. En montant, on arrive au
jardin du Baglio (cour fortifiée) de
style anglais, réalisé au XIXe siècle
par Agostino Pepoli, un noble mécène
trapanais, qui est dominé par des tours
médiévales et la tourelle Pepoli de style
mauresque. De là, une vue superbe se
déploie sur la mer et les îles Egades.
Pasticeria
Mangiapane
Il ne faut absolument pas partir d’Erice
sans avoir goûté les dolci erecini,
exquis petits fours à base d’amandes
et de noisettes, enrobés de sucre ou
L’Ouest
de chocolat, que l’on trouve à la Pasti-
ceria Mangiapane, réputée dans toute
l’île, située rue San Domenico. Un véri-
table régal !
69
 Trapani
Le premier noyau de la cité s’est
développé autour d’un village sicane
appelé par la suite « Drepanon » par
les Grecs. La ville fut ensuite phéni-
cienne, puis de base carthaginoise
lors des guerres puniques, romaine
en 241 av. J.-C., envahie par les
Vandales en 440 apr. J.-C., sujette des
Byzantins en 477, conquise en 830 par
les musulmans, qui firent d’elle une
des villes les plus riches et prospères
de Sicile ; puis elle devint normande en
1077... Mais ce fut sous les Arabes que
la ville s’épanouit le plus, développant
son activité maritime et l’artisanat de
l’orfèvrerie et du corail. L’arabisation
de cette ville fut tellement importante
que l’on retrouve encore aujourd’hui
des coutumes musulmanes chez
ses habitants. N’oublions pas que la
spécialité de Trapani est le couscous
au poisson.
© AUTHOR’S IMAGE
Saline de Trapani.
70
„ ÉGLISE DE L’ANNUNZIATA
Via Pepoli, 178
& +39 0923 539 184
www.madonnaditrapani.org
santuario@madonnaditrapani.org
Elle se trouve dans la via Conte
Agostino Pepoli du côté de la ville
récente, c’est une œuvre suffisam-
ment originale pour que vous vous
y arrêtiez avant de vous rendre dans
la partie ancienne. Cet ensemble
était à l’origine un couvent créé au
XIIIe siècle par des carmélites. A vrai
dire, son originalité vient du fait qu’au
XVIIIe siècle, G.B. Amico décide de
l’affubler de chapelles, plus insolites
les unes que les autres, en conser-
vant seulement la rose de sa façade
et son portail du XVe siècle. Il faut
surtout y voir les chapelles dédiées
aux pêcheurs (XIVe), aux marins (XVIe)
et à la Madone, somptueusement
décorées avec sa célèbre statue de
marbre représentant la Madonna di
Trapani, patronne des marins, œuvre du
toscan Nino Pisano. Dans les bâtiments
attenants au couvent de l’Annunziata
se trouve aujourd’hui le Museo Pepoli.
„ MUSEO DEL SALE
Accès par la route SP 21
Via Chiusa
Nubia Paceco
& +39 0923 867 061
& +39 320 657 5455
www.museodelsale.it
museodelsale@virgilio.it
Les salines sont à l’origine des terres
gagnées sur le littoral pour lutter contre
les moustiques et pour étendre les
surfaces agricoles. Devenues salines,
elles sont maintenant gérées par le
WWF. C’est un site unique qui allie
activité du sel et réserve naturelle. Une
visite est incontournable à condition
de prévenir à l’avance la réserve (+39
0923 867 700).
„ MUSEO PEPOLI
Via Conte Agostino Pepoli, 180
& +39 0923 553 269
museo.pepoli@regione.sicilia.it
Ce superbe musée, fondé par le comte
Agostino Pepoli, possède une collection
archéologique, une collection d’arts
mineurs mais aussi des sculptures
et des peintures très intéressantes.
L’entrée se fait par le cloître datant du
XVIe siècle. Au rez-de-chaussée, dans
une grande salle, une statue d’Antonello
Gagini (Il San Giaccomo Maggiore).
Pour accéder au premier étage, on
prend un plaisir infini à monter par les
escaliers magnifiquement sculptés dans
le marbre. Parmi les œuvres dispersées
à travers les salles, on peut admirer une
toile Renaissance attribuée au Titien,
saint François recevant les Stigmates,
mais aussi des œuvres d’Andrea
Les Mystères
de Trapani
Manifestation séculaire entre reli-
gion et folklore, la procession des
Mystères est un des temps forts de
la vie trapanaise. Cette tradition date
du XVIe siècle et de la domination
espagnole. Chaque Vendredi saint,
des hommes (les Misteri) renouvellent
VISITE
la Passion et la mort de Jésus-Christ
par une procession grandiose. Durant
24 heures, les 20 groupes de statues
sont portés dans les rues de la vieille
ville au rythme lancinant des fanfares.
Au cours du XVIe siècle, les groupes
humains furent remplacés par des
groupes de statues sculptées dans le
bois par des artistes locaux.
Salerno, de Giuseppe Ribera, d’Andrea
Vaccaro et des Trapanais A. Carrera et
Giacomo Verdi.
Îles Egades
Elles sont situées à l’ouest de la Sicile,
en face de Trapani. Les habitants vivent
principalement de la pêche (au thon)
et de l’agriculture, sans oublier le
tourisme, principale ressource. Les
fonds marins sont prisés par les fans
de plongée et les réserves naturelles
de faune et de flore comblent les
amoureux de la nature. Elles furent
le lieu d’une bataille historique qui
consacra l’Empire romain en Sicile
au IIIe siècle av. J.-C. lors des guerres
puniques contre les Carthaginois.
Au départ de Trapani, il est possible de
L’Ouest
faire des excursions dans les îles Egadi,
Favignana, Levanzo, et Maretimmo,
aujourd’hui réserve marine, ou pour
Pantelleria. Voir Trapani.
71
 © NENIA LANTI – ISTOCKPHOTO
Bateaux de pêche, Levanzo.
Favignana
L’île principale de l’archipel est
très plate, on y trouve seulement
une crête de 302 m d’altitude. Elle
compte environ 4 300 habitants.
Favignana est célèbre pour la pêche
au thon, et chaque année au mois de
mai se déroule le rite ancestral de la
mattanza, comparée par certains à
la tauromachie.
Seule différence, mais de taille : il n’y a
pas de public, il ne s’agit donc pas d’un
spectacle sanguinaire, mais bel et bien
d’une méthode de pêche. La tonnara
Florio fonctionne alors à plein régime.
Le village de Favignana, chef-lieu
communal des îles, ne manque pas
de charme avec son petit port, le
palais Florio construit en 1876, ses
églises, les restes des fortifications,
ses nombreux cafés et restaurants
ainsi que ses boutiques. Mais on se
rend dans l’île surtout pour ses eaux
72
limpides et transparentes et sa côte
pittoresque avec ses nombreuses
grottes. Au nord-ouest se trouvent la
belle plage de la Cala Grande et les
rochers de Galera et Galeona. Une façon
privilégiée de se déplacer dans l’île est
le vélo et les loueurs sont nombreux.
Faites cependant attention en été à
l’insolation : pas d’ombre à l’horizon !
Levanzo
C’est l’île la plus proche de la côte de
Trapani, à 4 km au nord de Favignana.
On y trouve un charmant village du
même nom avec un tout petit port
de pêche.
Des sites préhistoriques ont été
découverts sur l’île. Le plus important
est la grotte du Genovese, dont les
parois sont recouvertes de peintures
rupestres avec des représentations
animales remontant au paléolithique
et au néolithique.
Marettimo de la ville de Pantelleria, on croise les
Située à l’ouest de Favignana et vestiges de l’ancien centre préhisto-
Levanzo, à 15 km de distance, c’est rique de Mursia, puis on découvre
l’île la plus éloignée de la côte. C’est le groupe des Sesi, monuments
actuellement une réserve régionale funéraires mégalithiques en forme
légèrement montagneuse, qui atteint de coupoles. Le château et ses
686 m d’altitude au mont Falcone. anciennes fondations (il fut restauré au
Elle a des eaux très poissonneuses XVIIIe siècle) sont également intéres-
et le long de ses côtes s’ouvrent de sants. Mais le must, c’est le périple
superbes grottes que l’on peut atteindre côtier en bateau, pour explorer les
grottes sous-marines.

VISITE
en barque. Celles du Cammello, de la
Bombarda et du Presepe sont parti-
culièrement intéressantes pour leurs Route du sel
concrétions calcaires.
Marsala
Île de Pantelleria Très connue pour son vin liquoreux,
Marsala est également une ville riche
C’est une autre île intéressante au
en témoignages des civilisations
large de Trapani. C’est la deuxième
punique, romaine, arabe, normande
île de la Méditerranée du sud-ouest
après Malte. Plutôt montagneuse, et espagnole. C’est au VIIIe siècle av.
elle possède un nombre important de J.-C., que les Phéniciens fondèrent,
cratères volcaniques dont le plus élevé dans la lagune voisine, la cité de
est la montagna Grande (836 m). Mozia.
Il subsiste d’ailleurs, sur l’île, de
© BEPSIMAGE – ISTOCKPHOTO

nombreux phénomènes de dériva-

tion volcanique : sources thermales
côtières avec des eaux de 30 °C
à 70 °C, puits d’eau salée, jets de
vapeur ou encore des grottes pleines
de vapeur. La ville de Pantelleria se
trouve au pied du mont Sant’Elmo,
au nord-ouest, avec un port pitto-
resque au-dessus duquel s’élève une
forteresse médiévale. Habitée depuis
l’époque préhistorique, elle fut ensuite
une colonie phénicienne utilisée
comme lieu d’abordage des navires
L’Ouest

carthaginois, jusqu’à la conquête

romaine. Puis, vous connaissez la
suite, elle fut arabe, normande et
enfin sicilienne. En allant vers le sud
La côte de Pantelleria.

73
 Mais en 397 av. J.-C., le tyran Denys
l’Ancien de Syracuse détruisit presque
entièrement la ville et obligea la popu-
lation à se réfugier à Capo Boeo,
promontoire situé à l’extrémité occi-
dentale de la Sicile, où ils fondèrent
l’ancienne Lilybeo qui devint très vite
une importante base carthaginoise.
On la protégea par des murs épais
et de profonds fossés. Résistant à
Denys l’Ancien et à Pyrrhus, elle tomba
sous domination romaine. La ville
fut longtemps le plus grand port de
Sicile et de nombreux témoignages de
cette époque subsistent. Suivront des
époques de vandalismes byzantins et
arabes, son nom actuel est en fait un
héritage des Arabes qui l’appelèrent
« Marsa Allah », ce qui signifie le port
d’Allah ou port de Dieu ; puis la ville
devint normande, période qui marque
l’apogée de sa prospérité.
La ville, qui fut plusieurs fois ruinée,
doit beaucoup au vin, et en particu-
lier à l’Anglais J. Woodhouse qui la
secoua de sa torpeur et y installa, en
1775, les bases d’une industrie viticole
florissante. Enfin, la ville s’enorgueillit
du débarquement des Mille, dirigé par
Garibaldi le 11 mai 1860. A demi-
détruite par les bombardements de
la Seconde Guerre mondiale, elle
est aujourd’hui en grande partie
moderne. Marsala est aujourd’hui
un port important. Pêche, commerce
et agriculture sont les piliers de l’éco-
nomie locale.
„ AZIENDA MARCO DE BARTOLI
Contrada Fornara Samperi, 292
& +39 0923 962 093
www.marcodebartoli.com
info@marcodebartoli.it
74
De réputation désormais internatio-
nale, cette ancienne ferme viticole
située dans la campagne près de
Marsala travaille des vignobles
historiques d’époque phénicienne
comme le « Grillo » qui ont fait de
cette entreprise une des plus connues
dans la production des vins siciliens.
Le fameux « Marsala », le « Zibibbo »
et bien d’autres sont produits selon la
méthode cyclique originelle et authen-
tique : la solera. Selon cette technique,
le vieillissement est rigoureux, laissé
aux cycles naturels, et le vin passe de
tonneaux plus grands à plus petits. La
cave mérite une visite, car elle vous
permettra de mieux comprendre cette
vinification particulière et de découvrir
des marsala en fût de grande qualité
remontant pour certains à la fin
du XIXe siècle. La dégustation est
gratuite et se fait dans un ancien
chai, véritable petit musée viticole.
La famille De Bartoli produit aussi le
« Bukkuram », vin doux naturel qui
fermente 4 semaines sous le soleil
d’août, une saveur unique.
„ COMPLEXE SAN PIETRO
Via L. Anselmi Correale
& +39 0923 718 741
Situé à deux pas de la cathédrale, le
musée est installé dans un monastère
datant du XVIe siècle, de 1516 exac-
tement, bâti par les bénédictins sur
les ruines d’une construction de
596 au centre du quartier juif de
Marsala. Restauré après les dégâts
occasionnés par les bombardements
de la Seconde Guerre mondiale, il
abrite une section d’archéologie et
un musée dédié à Garibaldi, histoire

© AUTHOR’S IMAGE
d’un mythe, costumes, portraits des
1 000 soldats du débarquement de
1860. Un café déploie une agréable
terrasse à l’intérieur de l’enceinte.
La cour intérieure est utilisée comme
théâtre estival.
„ CONVENTO DEL CARMINE
Piazza Carmine
& +39 0923 713 822
www.pinacotecamarsala.it
info@pinacotecamarsala.it
L’édifice de l’ancien couvent des
carmélites, le plus ancien de Marsala,
a été fondé en 1155 par des religieux
de retour du mont Carmel en Palestine.
Le cloître a été aménagé ultérieu-
rement au XVIIIe siècle. Il comporte
quatre arcades par côté. Il héberge
aujourd’hui la Fondation d’art moderne
et contemporain de Sicile. C’est un
endroit loin d’être inintéressant.
Importante collection de peintures
et de sculptures bien mises en valeur
dans un décor impressionnant.
VISITE
Salines des environs de Marsala.
„ MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
Lungomare Boeo
& +39 0923 953 614
& +39 0923 952 535
Sur le Lungomare, en allant vers
l’ouest, on arrive au Baglio Anselmi,
ancien établissement vinicole, qui
abrite le musée. Les salles d’expo-
sition aux arches ogivales servaient
autrefois à stocker les tonneaux de
vins. L’intérieur comporte du matériel
archéologique datant des VIIe et IIIe
siècles av. J.-C., rassemblé lors des
différentes fouilles dans la région. On y
admirera de nombreuses poteries, des
urnes funéraires, des stèles gravées,
des mosaïques, une belle collection
de bijoux ; mais on peut y voir aussi la
reconstitution d’un navire (datant de
l’époque punique) retrouvé en 1983.
L’Ouest
C’est un exemple unique au monde de
navire de cette sorte, et l’on a pu en
récupérer l’épave avec de nombreux
objets.
75
 „ MUSEO DEGLI
ARAZZI FIAMMINGHI
Via Garraffa, 57
& +39 0923 711 327
museodegliarazzimarsala@yahoo.it
Derrière le Duomo
Le musée est annexé à l’église
Saint-Thomas-de-Canterbury, on y
découvre un véritable trésor : 8 tapis-
series flamandes du XVIe siècle splen-
dides, don de Philippe II d’Espagne
à l’archevêque de Messine, qui en
fit lui-même don à l’Eglise en 1589,
ont miraculeusement échappé aux
ravages du temps pour notre plus
grand bonheur. Même pour ceux qui
ne sont pas sensibles à cette forme
d’art, c’est une merveille, ne serait-ce
que pour l’état dans lequel elles ont
pu être conservées. Tissées en laine
et en soie, elles racontent la guerre
de Titus et Vespasien en Palestine.
„ PARC
ARCHÉOLOGIQUE
Via Capo Lilibeo
En continuant sur le bord de mer,
au-delà du Musée archéologique,
on rejoint la pointe occidentale de la
ville dite Capo Boeo. Là, se trouve
la zone archéologique helléno-
romaine, aussi connue sous le nom
de villa romana, avec des vestiges
d’habitations romaines, un petit
édifice thermal et certaines pièces
décorées de mosaïques polychromes
qui semblent refléter des motifs et un
style commun à l’Afrique septentrio-
nale. La mosaïque de la Medusa, en
particulier, est assez remarquable,
avec ses différents tons.
76
Côte sud-ouest
Mazara del Vallo
Située à l’embouchure du fleuve
Mazara, cette ville est parmi les ports
de pêche les plus importants d’Italie.
Comme les autres, elle a vu défiler
différentes cultures avant de trouver
son identité sicilienne définitive. D’abord
phénicienne, puis carthaginoise, elle
passe aux mains des Romains deux
siècles après la deuxième guerre
punique (218-201 av. J.-C.). En 827,
les Arabes en font le premier émirat de
Sicile, et cette période fastueuse conti-
nuera avec les Normands à tel point que
Mazara fut choisie pour être le chef-lieu
du Val de Mazaro. Cependant, à leur
départ, la ville commence à perdre de
son prestige.
„ CENTRE-VILLE
Entre les XVIIe et XVIIIe siècles, à l’ur-
banisme typiquement islamique de la
partie antique, on ajouta une nouvelle
partie plus organisée et de nouvelles
rues et places furent ouvertes, dont
celle appelée aujourd’hui piazza della
Repubblica, un espace typiquement
baroque. La construction la plus inté-
ressante de la piazza della Repubblica
est la cathédrale, dédiée à San
Salvatore. Fondée entre 1086 et 1093,
elle fut élevée au rang de basilique
pontificale en 1980. Il ne lui reste
plus grand-chose de normand, à part
son chevet et sa structure, mais elle
contient beaucoup d’éléments hétéro-
gènes qui font son intérêt. À l’intérieur,
dans le chœur, se trouve une statue,
le groupe de la Transfiguration, d’un
des Gagini, le père ou le fils (que
© S. REMAIN – ICONOTEC
l’on commence à bien connaître), et
plein d’autres choses intéressantes,
dont des sarcophages romains. En
sortant, on admire au passage les
autres édifices baroques trônant
sur la place, le palais épiscopal et
le séminaire.
w En prenant la via XX Settembre
et la piazza Plebiscito, on arrive au
collège des jésuites du XVIIIe siècle,
annexe de l’église Sant’Ignazio. Nous
sommes ici pour admirer son plan
elliptique, son architecture baroque
grandiloquente, mais aussi sa cour
intérieure. Alors, chut, admirons... De
l’autre côté de la place, sur la place
Mokarta, se trouvent les restes de ce qui
fut un château normand du XIIe siècle.
w Pour descendre vers le port, il faut
emprunter les ruelles labyrinthiques du
quartier populaire surnommé Cabash.
C’est dans ce quartier que l’on peut
admirer l’église de San Nicolo Regale,
petit joyau de l’architecture arabo-
VISITE
Église-musée du satyre.
normande de forme cubique au faîte
crénelé, qui date de 1124.
w Via Carmine, on s’arrêtera devant
le palais des Chevaliers de Malte,
lui aussi de style baroque. Un petit
air d’Afrique du Nord plane dans ce
quartier, dans ses maisons, ses gens,
ses odeurs... (beaucoup d’émigrants
tunisiens s’y sont installés).
„ MUSEO DEL SATIRO
Piazza Plebiscito
Chiesa di Sant’Egidio
& +39 0923 933 917
Lorsqu’en 1997, les pêcheurs du
Capitan Ciccio trouvèrent dans leurs
filets la jambe du Satyre, ils comprirent
tout de suite l’importance de leur
découverte. Un an plus tard, les
mêmes pêcheurs trouvèrent le reste
du corps (mais perdirent un bras).
L’Ouest
Depuis, ce rarissime exemplaire de
statue grecque en bronze de plus de
2 mètres a été restauré et placé dans
un musée spécial.
77
 Et pour cause : l’œil en parfait état et
l’attitude lascive créent une émotion
qui justifie le détour. Une belle vidéo
vous raconte toute l’histoire. Le
musée expose aussi d’autres objets
archéologiques (vases en terre cuite,
amphores, fragments d’objets déco-
ratifs en bronze...) et liés à la mer.
Castelvetrano
Jadis garnison de vétérans romains,
d’où son nom, la ville est entrée dans
l’histoire de l’île grâce au célèbre
bandit Salvatore Giuliano (remis au
goût du jour par le film de Cimino avec
Christophe Lambert) qui vint y mourir.
Il serait dommage de la limiter au rôle
de porte d’accès au site de Selinunte,
car sa visite est riche en monuments
magnifiquement décorés. On verra
en particulier sur la piazza Garibaldi,
l’église madre San Domenico et la très
originale décoration en terre cuite de
son porche réalisée par Gaspare
Serpotta. Le palais Pignatelli, du
XIIe siècle, se dresse sur cette même
place. La fontaine delle Ninfa (XVIe
siècle), située piazza Umberto I, mérite
elle aussi le coup d’œil.
© MAUI01 - ISTOCKPHOTO
Selinunte.
78
„ MUSEO CIVICO
Palazzo De Majo
Via Giuseppe Garibaldi, 50
& +39 0924 909 603
Le Musée communal a profité de la
proximité de l’illustre cité de Selinunte
pour présenter une collection archéo-
logique de premier ordre, même si
la célèbre statue de l’Ephèbe est
désormais à Palerme.
Selinunte
Ah Selinunte ! Eternelle rivale de
Ségeste, avec ses vestiges de temples
grecs colossaux qui se succèdent au
milieu de la campagne surplombant la
mer. A l’observer, on sent des poussées
lyriques monter en nous ! Située près de
l’embouchure du fleuve Selinon, d’où elle
tire son nom, l’ancienne ville fut fondée
par les Grecs au VIIe siècle av. J.-C. (dixit
Diodore de Sicile). Tirée de l’oubli par
des fouilles entreprises par des Anglais
au XIXe, elle est aujourd’hui un des parcs
archéologiques des plus importants de
la Méditerranée. De nombreuses pièces
retrouvées ici, dont des vases peints
et des bas-reliefs, sont conservées au
Musée archéologique de Palerme.

Agrigente –
Agrigento
Si vous avez eu votre comptant de
vestiges archéologiques, passez
votre chemin ! Car on vient surtout
à Agrigente pour visiter les plus
belles ruines grecques, en tous
cas les mieux conservées. La ville
elle-même a longtemps été considérée
comme l’une des plus merveilleuses
du monde antique. Et même sans
vous intéresser à l’histoire, vous
comprendrez vite pourquoi lorsque
vous verrez Agrigente, juchée en haut
de son promontoire rocheux, dominant
la mer. Une véritable carte postale !
Centre-ville
Dans la vieille ville, on est charmé par
la richesse passée de la cité, posée en
haut d’une montagne bien en face de
la mer turquoise. Petites rues typiques,
églises, malgré la ville moderne, on est
bien dans une cité sicilienne
„ ABBAYE DE SANTO SPIRITO
Via Santo Spirito
& +39 092 220 664
www.monasterosantospiritoag.org
info@monasterosantospiritoag.org
Le mieux est de partir de la place Aldo
Moro, de prendre la via Luigi Pirandello
et, dans cette dernière, prendre la
3e à droite. On trouve ainsi, sur la
droite, l’escalier qui monte à l’abbaye
du Santo Spirito. C’est un véritable
petit joyau de la Sicile. Datant du
Le Sud
Empédocle
Il naît vers 490 à Agrigente, dans une
riche famille aristocratique. Philo-
sophe, magicien et inventeur, il met
sa fortune au service de sa cité. On
VISITE
lui prête nombre de miracles, dont
celui d’avoir ressuscité une habitante
d’Agrigente restée près de 30 jours
sans vie. Ardent défenseur du régime
démocratique alors en place à Agri-
gente, il refusa pour lui la charge de
roi ou de despote que voulait lui voir
porter une partie du peuple de la cité.
Vers 440, il dut quitter Agrigente pour
la Grèce, où il serait mort à l’âge de
60 ans. Grand penseur de l’Antiquité,
il eut pour disciple le célèbre Pausa-
nias. Il est à l’origine de la légende des
sandales d’Empédocle selon laquelle,
pour attester de son origine divine, il
se serait précipité dans l’Etna en érup-
tion, mais le volcan aurait rejeté, iro-
niquement, une de ses sandales pour
rappeler sa condition humaine.
XIIIe siècle (1260), elle fut complètement
restructurée par la suite, mais il reste
le portail de style chiaramontain et la
belle rosace qui s’ouvrent sur la façade
de l’église, d’époque médiévale. De
nombreux stucs baroques décorent les
parois intérieures de l’église, œuvre de
Giacomo Serpotta. Le plafond de bois à
caissons date de 1758. On peut admirer
également une Vierge réalisée par un
disciple de Gagini, et un bénitier du
XVIe. Par le côté de l’église, on accède
Le Sud
au monastère Badia Grande, qui date
de 1290. C’est l’un des plus anciens et
des mieux conservés de Sicile.
79
 Les bâtiments conventuels, dont il ne
reste que le cloître quadrangulaire,
l’ancien réfectoire et la salle capi-
tulaire, sont actuellement occupés
par la bibliothèque municipale. On
peut admirer l’endroit et en particulier
la salle du premier étage avec ses
voûtes de bois. Mais il faut bien avouer
que c’est la gourmandise qui nous a
d’abord attirés en ces lieux. Ici, les
sœurs bénédictines excellent depuis
des années dans l’art de la pâtisserie
à la pâte d’amandes qu’il est possible
d’acheter. C’est à se damner !
w En continuant la via Atenea, on
arrive piazza Gallo, dominée par le
palais de l’Horloge. Datant de 1851,
il est de style gothique. Autrefois
hôtel de ville, il abrite aujourd’hui la
Chambre de commerce. A l’opposé
se trouve le palais de Justice. Un
peu plus loin, la piazza Pirandello est
encadrée de l’hôtel de ville par lequel
on accède au théâtre Pirandello (1870)
qui n’est pas sans rappeler la célèbre
Fenice de Venise.
„ CASA DI PIRANDELLO
Villaseta
Contrada Caos
& +39 0922 511 826
Pour y aller, empruntez le bus qui
se rend à Eraclea Minoa, c’est la
ligne 1.
Le grand écrivain Pirandello est
évidemment l’une des fiertés de la
ville. Le théâtre d’Agrigente porte
son nom. Sa casa se trouve à 6 km
d’Agrigente, à Caos, sur la route de
Porto Empedocle. A l’intérieur sont
conservés les affiches, les photo-
graphies et les souvenirs de Luigi
80
Pirandello. Cette maison ancienne et
totalement rénovée, une construction
rurale de la fin du XVIIIe, devenue
monument national en 1949, a été
transformée en musée à la gloire
de l’écrivain. C’est là que la famille
Pirandello se réfugia pour échapper
à l’épidémie de choléra qui ravagea
la Sicile en 1867. On y trouve de
nombreuses photographies et les
premières éditions des œuvres de
l’écrivain. A côté, sous un pin parasol,
Il Pino, l’écrivain repose, selon ses
dernières volontés ; on peut norma-
lement aller se recueillir sur sa tombe
(en fait une plaque commémorative
sous le pin au pied duquel on a
dispersé ses cendres) et méditer de
cet endroit qu’il a décrit comme « un
plateau d’argile azurée où arrivent
les murmures de la mer africaine ».
„ CATHÉDRALE
Via Duomo
www.cattedraleagrigento.com
cattedraleag@gmail.com
En prenant la via Alfonso jusqu’à
la via del Duomo, on accède à la
cathédrale.
Dédiée à San Gerlando, elle s’élève
sur un éperon rocheux, exposant à la
via del Duomo tout son côté droit. Du
XIe siècle, elle fut restaurée plusieurs
fois, chaque intervention ajoutant
chaque fois des éléments gothiques
à sa structure normande. Sa dernière
restauration, qui fut entreprise à la
suite d’un tremblement de terre, date
de 1966. Son opulente décoration
intérieure contraste avec sa sobriété
extérieure. On y trouve de fines sculp-
tures, un plafond en bois richement
peint, de belles statues de marbre
© ARGHMAN – ISTOCKPHOTO
et de nombreuses tombes ; mais
surtout, une mystérieuse « lettre au
diable » manuscrite au XVIIe siècle en
caractères indéchiffrables, conservée
dans les archives de la cathédrale.
Elle aurait été écrite par une reli-
gieuse, Isabelle Tomasi (apparentée
à Giuseppe Tomasi de Lampedusa,
auteur du Guépard ), sur l’ordre de
Satan en personne… Etrange…
„ MUSÉE
ARCHÉOLOGIQUE NATIONAL
Contrada San Nicola
& +39 0922 401 565
Pour mieux comprendre l’histoire
de la ville et de ses environs, une
visite s’impose au Musée archéo-
logique national. Ce musée de
19 salles, édifié en 1960, présente
une documentation cartographique
et des documents anciens sur l’his-
VISITE
Agrigente.
toire d’Agrigento. Il est, de plus, très
agréable à visiter. On y accède par
le cloître du complexe religieux de
Saint-Nicolas. Il contient également
une superbe collection de céramiques
antiques des VIe et Ve siècles av. J.-C.,
et gréco-italiques des Ve et IIIe siècles
av. J.-C., à figures rouge et noire,
des matériaux du temple d’Agrigento,
des statues archaïques de divinités
et des parties du temple de Zeus
avec le gigantesque Télamon, haut
d’environ 8 m, reconstruit le long de
la paroi du fond. On y trouve encore
3 autres têtes de Télamon, provenant
du quartier hellénistique romain (VIe et
IVe siècles av. J.-C.) et des pavements
en mosaïque remontant aux époques
archaïque et tardo-antique. N’oubliez
Le Sud
pas également d’admirer la magnifique
statue en marbre du très bel Ephèbe
d’Agrigente du Ve siècle av. J.-C.
81
 „ SANTA MARIA DEI GRECI
Via Santa Maria dei Greci
www.cattedraleagrigento.com
Prendre la via Atenea qui prolonge
la via Pirandello, jusqu’à la piazza
Lena, puis emprunter l’escalier qui
se trouve à gauche, dans la via
Saponara qui monte vers l’église.
Construction normande du XIIe siècle,
elle est installée sur un temple dorique
du Ve siècle av. J.-C., dont on retrouve
quelques traces dans son intérieur
à 3 nefs, enrichi de fresques du
XIVe siècle. Elle est précédée d’une
petite cour qui respire le calme et
la sérénité. A l’intérieur, des traces
de fresques du XIVe siècle. De la nef
à gauche, il est possible d’accéder
par un petit couloir au soubassement
nord du temple dorique où l’on peut
encore apercevoir quelques tambours
de colonnes.
© APOLLON – ICONOTEC
Temple d’Héraclès.
82
Vallée des Temples
Curieuse façon d’appeler un ensemble
de temples bâtis sur une colline. Ils
font partie des grands sites de la
Grande Grèce. Le site de la vallée
des temples est inscrit au patrimoine
de l’UNESCO.
„ RUINES DU TEMPLE
DES DIOSCURES
Non loin des sanctuaires s’élèvent
les ruines du temple des Dioscures
ou de Castor et Pollux, composées
de 4 colonnes qui soutiennent une
partie de l’architrave et du fronton.
Petit parmi les grands, il a quelque
chose de très émouvant.
„ RUINES DU
TEMPLE D’HÉRACLÈS
A l’extrême sud de la ville, deux
chemins partent de la route 118. Au
bord de celui de gauche, qui part vers
l’est, se trouve la colline des temples,
avec d’abord les ruines du temple
d’Héraclès, premier des temples
doriques d’Agrigente. Il date du
VIe siècle av. J.-C. et serait le plus
ancien du site. De forme allongée, il
comptait 6 colonnes dans sa largeur et
15 dans sa longueur, hautes de 10 m.
Aujourd’hui, il ne reste plus que
8 colonnes dont 4 qui conservent
chacune leur chapiteau, les soubas-
sements et les restes de l’autel.
„ SANCTUAIRES DES
DIVINITÉS CHTONIENNES
Ces sanctuaires sont consacrés
à Déméter et Per séphone.
Particulièrement remarquable, le
grand autel circulaire avec un puits
creusé dans la pierre, le bothros, où
étaient sacrifiés les animaux. A ce
que l’on raconte, entre ces pierres
résonnent parfois des chants mysté-
rieux, venus du fond des âges. Ces
voix, qui se réveillent en particulier
du 23 septembre au 22 octobre, sont
liées aux anciens cultes orgiaques
et dionysiens. D’ailleurs, à l’époque
romaine tardive, l’accès à ce lieu était
interdit pour éviter tout débordement.
L’interdiction est levée maintenant, et
l’on peut à loisir essayer de percevoir
ces soupirs et ces cris lorsque le
zodiaque entre dans le signe de la
Balance… Il suffit, quand vient la
nuit, d’écouter, l’oreille posée contre
la partie circulaire, pour percevoir
clairement ces rumeurs.
„ TEMPLE DE JUNON
Il est situé en position dominante, isolé
sur un coteau, à l’extrémité est de la
vallée. Il compte encore 25 colonnes
debout. A l’est, vous apercevrez un
grand autel pour les sacrifices ainsi
qu’un morceau de route creusé par les
roues des chars de l’époque.
„ TEMPLE DE LA CONCORDE
Le temple de la Concorde, élégant,
harmonieux et solennel, est un des
temples grecs les plus parfaits et
les mieux conservés au monde, si ce
n’est « LE », mais seul Zeus qui peut
tout observer d’en haut, le sait ! Il est
entouré de 34 colonnes qui s’élèvent
sur le podium. Il fut plus tard trans-
formé en église, événement qui le
sauva d’une destruction certaine par
les chrétiens. Ce n’est qu’en 1788 que
l’édifice fut restitué dans sa forme
antique. Devant le temple, un artiste
contemporain a récemment installé
une magnifique sculpture représentant
Icare tombé du ciel.
w Pour une vue magnifique, arrêtez-
vous le temps d’un café ou d’un
rafraîchissement sur la terrasse de
la cafétéria Agli Arcoli. Ouvert tous
les jours de 9h à 19h. La terrasse
ombragée est particulièrement
charmante, et le café propose
des snacks, des salades, gelati et
granite à des prix raisonnables vu
VISITE
l’emplacement fabuleux et la vue dont
on jouit. C’est également un arrêt
stratégique puisque vous trouverez
des toilettes publiques et gratuites.
Une bonne halte après avoir arpenté
cette longue succession de merveilles.
„ TEMPLE DE VULCAIN
A proximité des ruines du temple
des Dioscures, le temple de Vulcain,
datant de la fin du Ve siècle av. J.-C.,
se trouve dans la partie la plus occi-
dentale de la vallée des Temples. Des
34 colonnes d’origine il n’en reste
que 2. Derrière le temple de Zeus
se trouve la zone du forum romain.
L’Ekklesiasterion, l’assemblée des
citadins, se dessine encore de façon
très lisible. Elle possède un diamètre
de 48 m et contenait 3 000 places.
Des zones d’habitations grecques
et puniques ne restent que le tracé
des rues qui séparent les fondations
des édifices, quelques colonnes, des
portiques, quelques pavements de
mosaïques, les traces d’un immense
réseau de canalisations. La maison du
péristyle est une des habitations les
Le Sud
mieux conservées.
La nécropole s’étend à l’ouest de la
cité antique.
83
La Vallée des Temples
„ TEMPLE DE ZEUS
Au départ de la route 118, vers
l’ouest, on parvient au temple de
Zeus également appelé l’Olym-
perion, immense édifice sacré de
style dorique, (6 430 m2 ), glorifié
par Diodore et Polybel, et construit
en souvenir de la victoire contre les
Carthaginois à Himère en 408 av. J.-C.
Ce temple est l’un des plus grands qui
aient jamais été construits dans l’Anti-
ville, suivre les panneaux « Valle dei
Templi » (sur fond marron).
La ville antique, la fameuse vallée
des Temples, est située au sud et
au-dessous de la ville actuelle.
Pendant des siècles, elle fut le but
de pèlerinage des amoureux de la
Grèce et en particulier des artistes.
Le grand Goethe l’avait élue comme
son lieu privilégié de méditation.
On peut seulement regretter qu’on

quité. Les deux cyclopes, autrefois
insérés au milieu des demi-colonnes
du temple comme pour soutenir l’enta-
blement, sont devenus les symboles
de la ville. Complètement dépouillé de
ses sculptures et de ses décorations, le
temple de Zeus resta debout jusqu’au
Moyen Age, puis, peu à peu, au fil des
années, tomba en ruine.
„ VALLÉE DES TEMPLES
& +39 0922 621 611
& +39 0922 264 38
www.parcovalledeitempli.it
En bus. Les lignes 1, 2 et 3 des-
servent la vallée des Temples, mais
il est plus commode de privilégier
surtout les lignes 1 et 2. Toutes
partent de la piazza Marconi avec de
nombreux départs. Depuis les abords
d’Agrigente comme depuis le centre-
VISITE
s’y sente aujourd’hui agressé par la
pollution sonore du trafic avoisinant,
et que le site, en été, fasse penser
davantage à un parc d’attractions…
La région
d’Agrigente
Sciacca
C’est à l’eau et à une savante exploi-
tation de ses propriétés que Sciacca
doit son nom, du latin ex aqua et de
l’arabe as saqah signifiant « fissure ».
Sa vocation de ville thermale est très
ancienne, et ses eaux étaient déjà
réputées dans l’Antiquité.
Bref, on vient à Sciacca si l’on a de
l’arthrite, des rhumatismes, des
maladies pulmonaires, des gastro-
entérites ou des affections cutanées.

Lorsque Sciacca fait son carnaval !

Le carnaval de Sciacca est le plus connu de toute l’Italie ! Son origine remonterait à
1616. Depuis, cette fête est minutieusement préparée tous les ans au mois de février
ou bien en mai. D’énormes chars en carton-pâte sont réalisés par des artisans de la
ville qui se transmettent ce savoir de génération en génération. Le roi du carnaval n’est
Le Sud

autre qu’une statue en carton que l’on nomme Peppi Nappa à qui l’on remet les clés de
la ville. L’événement est un des moments privilégiés de convivialité entre les hommes.
La fête s’achève autour d’un grand bûcher. Le Peppi Nappa et son char sont jetés au
feu. Les flammes envahissent la structure sous les sifflets et les cris de la foule.

85
 © ROLFST – ISTOCKPHOTO
Le port de Sciacca.
Si vous n’avez rien de tout cela mais
que vous semblez plutôt atteint de
« touristite » aiguë, une petite visite
du port est recommandée.
Sciacca est en effet le deuxième port
de pêche de Sicile, après Mazara del
Vallo. L’histoire de Sciacca démarre au
Ve siècle av. J.-C. quand les habitants
de Selinunte la fondent. Elle devient
un centre thermal réputé à l’époque
romaine. Ce serait Dédale qui aurait
découvert les vertus de ses eaux qui jail-
lissaient des parois et des fissures des
grottes du mont Kronio.La domination
arabe qui commence en 840 a laissé de
nombreuses traces, notamment dans
des quartiers où le dédale de ruelles
tortueuses n’est pas sans rappeler les
médinas arabes. Les Normands l’occu-
pèrent ensuite, y laissant également de
nombreuses constructions, ainsi que les
Bourbons. C’est aujourd’hui une ville
active de 40 000 habitants, partagée
entre activités portuaires, thermales
et touristiques, qui ne manque pas
de charme.
86
Palma di Montechiaro
A 25 km d’Agrigente, c’est le domaine
des princes de Lampedusa. Giuseppe
Tomasi, l’auteur du Guépard, y avait
sa demeure. La ville fut fondée en
1637 par Carlo Tomasi.
On peut aller admirer sa belle cathé-
drale Santa Maria del Rosario, de style
baroque tardif, perchée au sommet
d’un grand escalier. On admirera sa
belle façade aux clochers jumeaux.
A l’intérieur, des toiles de Domenico
Provenzani et un orgue magnifique
retiendront l’attention. Le palais ducal,
appelé « Gattopardo », fut bâti entre
1653 et 1659. C’est là que le diable
obligea la religieuse Isabelle Tomasi à
écrire la mystérieuse Lettre au diable
conservée à Agrigente.
C’est également dans cette ville, au
monastère des bénédictines cloîtrées
du très saint Rosaire fondé en 1657,
que l’on confectionne les célèbres
gâteaux aux amandes que l’on nomme
les « Mandorlati del Gattopardo »,
élaborés d’après des recettes sécu-
laires. Mais attention, car au loin, sur
la colline, la forteresse de Montechiaro
(XVIe ), sévère, vous surveille…
Licata
La ville fut fondée en 280 av. J.-C. Elle
compte aujourd’hui 39 000 habitants.
Grâce à son passé préhistorique et
à son intense activité commerciale
démarrée dans l’Antiquité, Licata
possède un patrimoine fort intéres-
sant, ainsi que de superbes plages
fréquentées par les touristes.
„ IL PARCO DELLE VILLE LIBERTY
C onstruit dans les années
1900 pendant l’apogée économique
(commerce de soufre et activités de
pêche florissantes), ces maisons de
bourgeois à l’architecture particulière
dominent la vallée de Mollarella et ont
été aménagées en un parc qui s’étend
à l’ouest du pays. De gros remparts en
pierres épais et des ogives dominent
l’architecture. La villa Sapio-Rumbolo
du roi Filippo (aujourd’hui un restaurant
sur le bord de mer) est le meilleur
exemple du style Liberty.
„ MUSEO ARCHEOLOGICO
DELLA BADIA
Via Dante, 12
& +39 0922 772 602
& +39 0922 772 2702
Logé dans l’ancien couvent de la
Charité (XVII e siècle), à proximité
de la piazza S. Angelo, il présente le
résultat des fouilles effectuées dans
les environs : des objets préhisto-
riques et de la période grecque ; il
possède également des collections de
peintures et sculptures, du Moyen Age
au XVIIe siècle, dignes d’intérêt. Parmi
les monuments, on distinguera tout
d’abord deux remarquables ensembles
conventuels, celui du Carmel (XVIIIe)
et celui de saint François (XVIe et
XVIIe siècles) ; dans les deux cas, on
portera son attention à la richesse
du travail de décoration effectué sur
les différentes façades. Autre déco-
ration impressionnante de faste et de
raffinement, celle de la chapelle du
Crucifix dans l’église Sainte-Marie-la-
VISITE
Nouvelle (XVIe et XVIIIe siècles), la plus
grande de la ville. Même si, comme
dans toutes les villes siciliennes, les
monuments religieux sont les plus
nombreux, on peut tout de même
citer le palais communal (début du
XXe siècle, belle collection de peintures)
et surtout le château Sant’Angelo, qui
domine la ville et date du XVIIe siècle.
Les îles Pélagie
L’archipel, situé au sud de la Sicile, non
loin des côtes tunisiennes, comprend
les îles de Linosa, de Lampedusa et de
Lampione. Le principal port d’embar-
quement est Porto Empedocle, à 6 km
d’Agrigente, accessible grâce à un
service de bus régulier.
Lampedusa
Avec ses 10,8 km de longueur et ses
3,6 km de largeur, c’est l’île la plus
vaste de l’archipel. La ville fut d’abord
peuplée par les Phéniciens, puis par les
Grecs et les Romains. C’est aussi le lieu
d’ou est issue la famille de Giuseppe
Tomasi di Lampedusa, l’auteur du
Guépard. Longtemps abandonnée,
elle fut repeuplée au XIXe siècle, par
Le Sud
la volonté du roi Ferdinand II. L’île se
présente avec des côtes tombant à
pic dans la mer.
87
 La végétation est rare, et l’agriculture
est limitée, à cause aussi de la carence
en eau. On pratique beaucoup la
pêche aux éponges et aux différentes
espèces de poissons, dont certains
sont mis en conserve directement sur
place. Au sud, sur la côte, on trouve
son centre habité, Lampedusa, avec
son port.
Linosa
L’île a une forme quadrangulaire et
s’étend sur 3,4 km de long et 2,7 km
de large, soit environ 5 km². Son
origine volcanique est évidente avec
les 2 cratères de monte Vulcano,
le sommet le plus élevé de l’île qui
culmine à 195 m et celui de montagna
Rossa (186 m). La lave est partout
présente dans l’île. La population,
formée essentiellement de pêcheurs,
vit dans le seul centre habité de l’île
appelé également Linosa, joli village
aux maisons traditionnelles situé sur
la côte méridionale. Les maisons de
Linosa méritent le détour. Carrées
à toits plats et surtout très colorées
(jaune, ocre, rouge vif ou bien bleu
ciel), elles sont parfois louées par leurs
© AUTHOR’S IMAGE
Raguse perchée sur son promontoire calcaire.
88
propriétaires pendant toute la période
estivale !
Raguse – Ragusa
La ville est perchée sur un promontoire
calcaire entre deux profondes vallées,
la cava de Saint-Léonard et celle de
Saint-Dominique. Ragusa se divise
en deux noyaux bien distincts reliés
par 3 ponts, le pont Neuf, celui des
Capucins, et le pont San Vito qui lui
ont valu son surnom de « ville des
3 ponts ». La Ragusa inférieure (Ragusa
Ibla), accrochée à un rocher, est née
sur les fondations de l’antique Hybla
Heraea, fondée par les Sicules ; fortifiée
par les Byzantins, elle devint chef de
comté sous la domination normande.
La Ragusa superiore fut construite,
quant à elle, en 1693 suite aux dévas-
tations d’un terrible tremblement de
terre et pour satisfaire les rivalités de
deux fractions, les tenants de l’église
San Giovanni et ceux de San Giorgio.
Cette partition de la ville donna lieu à
une nouvelle surenchère de réalisations
architecturales et artistiques qui font
aujourd’hui de Raguse le haut lieu du
baroque sicilien.
Raguse
 Ragusa Superiore
La Ragusa superiore fut construite,
quant à elle, en 1693 suite aux dévas-
tations d’un terrible tremblement de
terre et pour satisfaire les rivalités de
deux fractions, les tenants de l’église
San Giovanni et ceux de San Giorgio.
Cette partition de la ville donna lieu
à une nouvelle surenchère de réali-
sations architecturales et artistiques
qui font aujourd’hui de Raguse le haut
lieu du baroque sicilien.
„ CATHÉDRALE
SAN GIOVANNI BATTISTA
Piazza Duomo
www.cattedralesangiovanni.it
La cathédrale San Giovanni Battista
(1718-1778) est située à l’intersection
de la via Matteotti et du corso Italia,
sur la belle piazza San Giovanni et
domine la ville. Cette dernière a été
transformée en une vaste terrasse
agréable, délimitée par une balus-
trade. L’église, édifiée après le
tremblement de terre (1718-1778),
présente une façade monumentale
à trois portails richement décorée.
Le beffroi se dresse sur la gauche
de l’église, terminé par une flèche.
A l’intérieur, sur un plan basilical à
3 nefs, s’ouvrent des chapelles du
XIXe siècle, avec des décorations
précieuses en stuc. La coupole est
décorée de fines fresques et l’orgue
monumental retiendra l’attention. Sur
la droite de la cathédrale, se trouve
l’église du Collège de Jésus (1798-
1806) à la façade néoclassique plus
sobre. Juste derrière la cathédrale, la
Casa Conica, un bel édifice baroque.
90
w Le musée de la cathédrale abrite
des bijoux, tableaux et ornements
sacerdotaux.
„ MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
Via Natalelli
& +39 0932 622 963
C’est à l’archéologue Di Vita que
l’on doit l’existence de ce musée.
L’exposition est riche des objets
découverts lors des fouilles qu’il
effectua dans la région, amphores,
vases grecs, statuettes, bronzes,
f r agmen t s d’a r me s , b elle s
mosaïques… Pour les spécialistes
et les amateurs d’histoire ancienne.
„ PALAIS COSENTINI
Corso Italia
Le premier palais de Raguse de
style baroque, dont on remarque les
consoles de balcons ornées de sculp-
tures d’animaux, de monstres et de
caricatures provocantes, et le palais
Bertini (à noter les 3 macarons de la
façade représentant le riche, le pauvre
et le noble) datent de la même époque.
„ PALAIS DE LA CHANCELLERIE
(PALAZZO NICASTRO)
Corso Mazzini
Sa construction prit fin en 1760 et
il devint probablement pendant
quelques années la mairie de la ville.
Il se distingue par une petite arche
située sur la façade gauche et ses
très nombreux escaliers qui semblent
ne pas finir.
„ SANTA MARIA DELLE SCALE
Via XXIV Maggio
Au sommet de l’escalier, se dresse
l’église Santa Maria delle Scale, soit
« Sainte Marie des Escaliers ». Cette
église, la plus vieille de la ville, fut
reconstruite à la fin du XVIIe siècle en
gardant des parties de la structure
originale du XVe ainsi que le portail
et le clocher. L’intérieur est de style
gothique Renaissance avec un retable
en terre cuite polychrome. Depuis
son piton rocheux, on jouit d’une
belle vue sur Ibla. De l’autre côté
des escaliers, s’élève Santa Maria
dell’Idria, église du XVIII e siècle
(1739) ; elle fut construite par les
chevaliers de l’ordre de Malte. Son
joli clocher est orné de faïences et
elle compte cinq autels en pierre.
Ragusa Ibla
Ibla est sans conteste une des plus
belles cités de la Sicile. Après le
tremblement de terre de 1693, elle
fut reconstruite sur le même modèle
architectural. Le miracle de la recons-
truction de Ibla baroque se réalisa
en 50 ans, entre 1720 et 1770. Les
chefs-d’œuvre architecturaux sont dus
pour beaucoup au génie de Gagliardi,
qui est le père spirituel de la ville.
Le plan de la ville reste typique-
ment médiéval. Flâner au gré de sa
fantaisie dans son entrelacs de ruelles
étroites, d’escaliers séculaires et de
passages secrets réserve de multiples
surprises. Chaque balcon, chaque
portique, chaque fronton, chaque
fac ade, chaque pierre y célèbrent
le baroque sicilien. En empruntant
la via del Mercato qui monte vers
le sommet d’Ibla, on longe l’ancien
marché, protégé sur toute sa longueur
par une haie d’arches. La rue offre une
merveilleuse échappée sur la vallée
qu’elle domine. A pied, on pourra
également grimper les 64 marches
de la via Orologio pour rejoindre la
via Ioppolo.
„ BASILIQUE DE SAN GIORGIO
Piazza Duomo
Construite par Rosario Gagliardi en
1738, elle domine la ville de Ibla. C’est
un des exemples les plus achevés du
baroque sicilien. On y accède par un
VISITE
escalier monumental défendu par un
haut portail en fer réalisé par Angelo
Paradiso en 1890. Cette église,
achevée en 1775, est un des petits
bijoux baroques de la Sicile. Sa façade
est divisée en trois parties par des
colonnes et d’élégants motifs décora-
tifs. La partie centrale est couronnée
par une coupole néoclassique du
XIXe siècle (1820) de plus de 40 m de
hauteur, soutenue par 16 colonnes
jumelées ; l’ensemble est extrême-
ment harmonieux.
L’intérieur, qui reproduit la triple
répartition extérieure, conserve
un magnifique autel en pierre du
XVIe siècle, de remarquables sculp-
tures des incontournables Gagini,
qui étaient de toutes les occasions,
ainsi qu’un riche trésor. Les frères
Taviani y tournèrent un de leurs
chefs-d’œuvre : Kaos. Vous pourrez
également admirer dans l’édifice six
panneaux en bois qui représentent
chacun un des épisodes du martyr de
saint Georges, sculpté en 1799 par
Vincenzo Fiorello. Placez-vous sous
le dôme néoclassique et laissez-
Le Sud
vous pénétrer par la lumière de cette
voûte haute de 43 m et dessinée par
Carmelo Cotraro.
91
 „ ÉGLISE
SAN GIUSEPPE
Piazza Pola
Parmi les 33 églises de la cité antique,
vous pouvez jeter un coup d’œil à San
Giuseppe, dont la façade présente des
statues de saints de l’ordre bénédictin.
Commencée en 1756 et terminée en
1796, elle a un plan ovale. On remar-
quera le sol joliment enrichi de céra-
miques et une fresque, La Gloire de
san Benedetto, ainsi qu’une statue
de saint Joseph de 1785 recouverte
d’argent. A côté de l’église, l’ancien
palais municipal est un édifice baroque
plus sage.
„ PALAIS PRIVÉS
Piazza Duomo
La place du Dôme, plantée de
palmiers, décline en pente douce,
encadrée de palais et maisons nobles
dont on ne peut voir que les façades.
Toujours propriétés privées, et pour
la plupart divisées en appartements,
elles sont malheureusement fermées
au public. Mais devant ces portes des
palais d’Ibla, n’hésitez pas à sonner :
on vous montrera peut-être gentiment
la cour et les escaliers monumentaux.
Le plus prestigieux palais est celui de
Donna Fugata de style néoclassique
dont on prétend qu’il contient des
peintures du Caravage.
Le palais Arezzi présente en façade
un arc surmonté d’un majestueux
balcon qui ouvre sur la rue menant au
district militaire. On pourra toutefois
jeter un œil au pittoresque Circolo
de Conversazione, piazza Duomo,
bâti au début du XIXe siècle par les
nobles Ragusains.
92
La région
de Raguse
La campagne de la province de Raguse
est particulièrement belle. Elle conserve
curieusement un système de divisions
des propriétés qui date des XVe et
XVIe siècles. Les petits murets de
pierres sèches qui séparent chaque
lopin de terre donnent un caractère
unique aux paysages. Les fermes et
habitations de la région datent pour la
plupart des XVIIIe et XIXe siècles. Elles
possèdent toutes un incontestable air
de noblesse qui donne un relief roman-
tique aux paysages de campagne.
Modica
Composée comme Ragusa d’une ville
basse et d’une ville haute, Modica
offre, au premier abord, une vue
d’ensemble fort pittoresque, malgré
l’inondation qui ravagea une partie
de la ville en 1902. Cité coquette,
elle conserve de nombreux édifices
baroques de première importance, et
l’on apprécie aussi beaucoup le charme
de ses jardinets, au détour des rues,
où se mélangent palmiers et orangers.
Ruelles étroites, escaliers, passages
et raccourcis rendent la visite de la
ville fort agréable. A l’origine, la ville
de Modica était le fief personnel de la
famille Chiaramonte. Les propriétaires
de la région n’hésitaient pas à y faire
construire pléthore de châteaux, de
résidences et de monastères. Cette
époque symbolise l’apogée de la ville.
Finalement, après le tremblement de
terre de 1693, les habitants quittèrent
la vallée et ses maisons troglodytiques.
Modica perdit alors son prestige au

profit de Ragusa. Menacée et détruite,
la ville a dû ces derniers siècles puiser
dans ses forces pour se reconstruire.
Aujourd’hui, Modica est une des villes
incontournables en Sicile.
„ ÉGLISE DE SAN GIORGIO
Corso San Giorgio
& +39 0932 941 279
A Modica Alta. C’est l’église-mère
de San Giorgio (1761) que l’on doit à
Rosario Gagliardi, qui se dessine en
haut de ses 365 marches. Construite
dans la première moitié du XVIIIe siècle,
elle présente une façade audacieuse,
avec une tour curieusement haute
dans sa partie centrale. L’intérieur,
en plan basilical à 3 nefs, orné de
chapelles communicantes sur les
bas-côtés, conserve une œuvre de
1513 de Girolamo Alibrandi, Scènes
de l’Evangile et de la vie de saint
Georges, ainsi qu’un cadran solaire
dans le pavement du transept, dignes
d’être mentionnés. Non loin, le superbe
palais Polara du XVIIe siècle.
„ ÉGLISE DE SAN PIETRO
Corso Umberto I, 120
Cette église, bâtie au XVIIIe siècle et
précédée d’un escalier (comportant des
statues des douze apôtres), souligne
l’élégance et la richesse de sa façade à
deux étages. On y admirera à l’intérieur
la Madone de Trapani de l’école Gagini
et saint Pierre et le paralytique, une
peinture de Civiletti de 1893.
Ispica
La ville, domaine des Statella, est riche
en monuments du XVIIIe siècle carac-
térisés par l’abondance de leur déco-
ration. On verra notamment l’église de
Santa Maria Maggiore, somptueuse-
Le chocolat
de Modica
Le chocolat de Modica est le plus
fameux de l’île. Maigre mais très
riche en cacao, la gourmandise peut
être aromatisée à plusieurs parfums.
Les plus connus sont la cannelle, la
vanille, le café et le piment ! Sa tex-
ture granuleuse et friable et sa couleur
VISITE
marron non uniforme permettent de
reconnaître facilement le chocolat de
Modica parmi les autres. Celui-ci est
fabriqué uniquement sur le territoire
et se trouve dans toutes les bonnes
pâtisseries de la ville. Le chocolat peut
se déguster en morceaux ou bien dilué
dans de l’eau en guise de boisson.
ment décorée, qui contient une série
de 26 fresques réalisées en treize
années par Olivo Sozzi.
Son parvis est délimité par une
sublime galerie semi-circulaire à
arcades réalisée par l’architecte
Sinatra sur le modèle de la colonnade
de Bernini à Saint-Pierre de Rome. Ces
arcades, autrefois tombeaux pour le
commun des mortels (les membres
de la noblesse étaient ensevelis dans
l’église) servirent ensuite d’ateliers.
D’autres églises, dont celle de l’Annun-
ziata, l’église-mère enrichie de stucs
rococo et les monastères de Santa
Maria del Gesù et de la Madonna del
Carmelo méritent le coup d’œil. Le
palais Bruno-Belmonte qui abrite
la mairie, œuvre de style Liberty
de Ernesto Basile, est plus récent
puisqu’il date du début du siècle
Le Sud
dernier (de 1910 exactement). C’est
un des plus beaux monuments de style
Liberty de toute la Sicile.
93
 „ CAVA D’ISPICA
S.P. Modica-Cava Ispica
& +39 0932 771 667
Il s’agit d’une gorge d’environ 13 km
de long creusée dans un plateau des
monts Iblei par les torrents. On y trouve
de nombreuses habitations troglody-
tiques rupestres (grottes Salnitro),
des sanctuaires primitifs de saint
Théodore, Nicolas, Gaetan et Rosalie,
ainsi que des nécropoles utilisées entre
le Néolithique et le Ve siècle apr. J.-C.
Dans le parc archéologique se trouve
un Antiquarium situé dans une grotte
qui regroupe les objets retrouvés sur
le site. Les grandes catacombes palé-
ochrétiennes de Larderia contiennent
plus de 300 sépultures.
Si lors de votre passage, la grotte est
encore fermée, vous pourrez vous
rendre au musée du Moulin à eau, non
loin de là, en empruntant le chemin
qui descend sur la droite de l’entrée
de la grotte.
„ MULINO AD ACQUA
« CAVALLO D’ISPICA »
Via Cava Ispica, 89
& +39 0923 771 048
www.cavallodispica.it
info@cavallodispica.it
La visite de cet ancien moulin à eau est
guidée par le propriétaire de lieux, en
italien ! Pour les francophones, il y a un
audioguide. Cette visite peut être inté-
ressante en ce que le propriétaire nous
fait faire le tour de son domaine avec
passion. Et il y a de quoi, ces arrière-
grands-parents faisaient tourner le
moulin. La reconstitution des lieux, et
l’accumulation d’objets appartenant
aux siècles passés sont charmants
et instructifs. Ce moulin date de la
seconde moitié du XVIIe siècle et a
94
fonctionné jusqu’à la première moitié
du XXe. On pourra visiter aujourd’hui
la maison du meunier, la buanderie,
l’étable, voir des outils de jardin, de
cuisine, et ainsi mieux comprendre ce
que fut la vie d’un meunier.
Scicli
Reconstruite comme tant d’autres
après le tremblement de terre de 1693,
elle a conservé, entre autres, un palais
original : le palazzo Beneventano, via
Penna, aux balcons supportés par des
corbeilles somptueusement baroques,
animées d’animaux fantastiques. Dans
la même rue, l’église San Giovanni
Evangelista, belle église baroque à
la façade tourmentée à 3 niveaux,
réalisée par Vincenzo Sinatra.On
admirera également la charmante
piazza Carmine dominée par la très
belle église Carmine, construite dans
la seconde moitié du XVIIIe siècle par
un architecte carmélite, Alberto Maria
di San Giovanni Battista. L’église
San Bartolomeo, située à la sortie
du bourg, est typique du baroque
tardif, car elle fut remodelée après
le tremblement de terre. Elle contient
une des plus belles crèches de toute
la Sicile, faite de statues de bois de
plus d’un mètre de hauteur, réalisées
par le sculpteur Pietro Padula entre
1773 et 1776. Sur la Piazza Italia, se
dresse l’église San Ignacio à l’intérieur
orné de riches stucs. Cette église
abrite la statue en bois de la Madone
delle Milizie que l’on vénère tous les
ans. Erigés sur le piton rocheux de
San Matteo, l’ancienne église-mère
dédiée à Saint Matteo, et le château
Tre Cantoni dominent la ville. De la
ville, le littoral n’est pas loin (une
dizaine de kilomètres), et l’on peut
rejoindre la petite station balnéaire
de Pozzalo pour s’y rafraîchir.
La côte sud
Gela
Gela eut ce que l’on appelle un destin
en dents de scie. Cette ville, l’une des
plus anciennes de la Sicile, fut fondée
en 690 av. J.-C. et baptisée du nom
du fleuve Gela. Elle connut rapide-
ment la prospérité, mais fut détruite
en 405 av. J.-C. par les Carthaginois.
Puis, en 1233, l’empereur Frédéric II
fondit à nouveau la ville sous le nom
de Terranova. Plus tard, 695 ans
après, la ville reprit son nom de Gela.
De l’antique cité, il ne reste rien, pas
même le tombeau d’Eschyle, qui serait
mort ici. Quand on pense qu’à l’époque
grecque, Agrigente n’était qu’une
colonie de Gela. A défaut du tombeau
d’Eschyle, on découvrit en 1956, dans
la région, des gisements de pétrole, ce
qui donna un sérieux coup de pouce
à cette ville qui en avait bien besoin.
„ MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
Corso Vittorio Emanuele, 1
& +39 0933 912 626
Cette ville, devenue très industrielle,
n’offre pas l’intérêt escompté et il reste
peu de traces de son prestigieux passé.
Cependant, pour les passionnés, son
musée est l’un des plus intéressants
de Sicile et également l’un des plus
agréables en raison de sa luminosité. Il
expose, dans de nombreuses vitrines,
des objets provenant des fouilles effec-
tuées autour de Gela et dans le pays
de Caltanisetta, classés suivant un
ordre topologique et chronologique.
Les pièces exposées vont de l’âge du
bronze au Moyen Age, en passant par
la période gréco-romaine. Le musée
possède, entre autres, de splendides
collections de figurines en terre cuite
et de vases grecs et indigènes. On
peut y admirer également les pièces de
monnaie d’un grand trésor que l’on a
découvert en 1956 dans un sanctuaire
grec. Mais c’est dans la magnifique
tête sculptée de cheval du Ve siècle,
VISITE
au fond du salon, que la virtuosité
des artistes de l’époque s’exprime
le mieux. C’est l’un des plus beaux
exemples de terre cuite de la période
classique ; un vrai choc émotionnel
pour les amateurs.
Camarina
Célèbre pour être un site archéologique
grec, Camarina présente un intérêt
certain pour tous ceux qui souhaitent
admirer des pierres chargées d’his-
toire ! La ville fut fondée par des colons
de Syracuse au VIe siècle av. J.-C. et
eut bien du mal à s’affranchir de cette
encombrante tutelle, ce qui lui valut
d’être détruite à plusieurs reprises :
en 553 av. J.-C. pour n’avoir pas
respecté les frontières de Syracuse,
puis en 484 av. J.-C. par Gélon le
tyran de Syracuse. Une période de
prospérité s’ouvre cependant après sa
reconstruction. Elle parvient même à
s’emparer des terres de Morgantina.
Mais de nouveau, la situation dégénère,
puisque la ville passe sous domina-
tion carthaginoise : elle subit donc les
guerres puniques, jusqu’à sa destruc-
Le Sud
tion définitive au IIIe siècle av. J.-C.
par les Messiniens d’abord et par les
Romains ensuite.
95
 „ SITE ARCHÉOLOGIQUE
ET MUSÉE DE CAMARINA
SP 102
Strada provinciale San Croce
& +39 0932 826 004
Ce site archéologique remonte, comme
beaucoup en Sicile, à l’occupation
grecque. Abandonné, il est resté vierge
de toute modification hormis l’usure du
temps, il est donc d’un grand intérêt
sur le plan archéologique. On peut y
retrouver la structure typique d’une
ville de la fin de la période hellénis-
tique, ainsi que quelques bâtiments
(les fondations au sol uniquement !),
religieux pour la plupart (sanctuaires
dédiés à Athéna ou à Déméter). A
repérer également, autour du sanc-
tuaire de Déméter, les traces d’un
quartier de potiers. Le musée abrite une
extraordinaire collection d’amphores
ainsi que des éléments retrouvés lors
© APOLLON – ICONOTEC
Balcons du palais Nicolaci di Villadorata.
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des fouilles, en partie sous-marines,
vases, céramiques, statuettes, bijoux,
armes, mais aussi des bas-reliefs, des
tombes, des fragments de colonnes et
de statues…
Noto
C’est la capitale baroque de la Sicile
et personne ne vous dira le contraire.
Ville théâtre, surnommée le « jardin
de pierre », Noto est toute de pierres
calcaires qui vieillissent en prenant
de belles nuances dorées. La ville fut
construite après la destruction de Noto
Antica par le tremblement de terre
de 1693, et elle est organisée selon
un schéma en échiquier extrême-
ment régulier, avec un axe sur lequel
s’ouvrent trois places. En respectant
l’inclinaison naturelle du sol et la
couleur jaune de la pierre locale, les
architectes ont créé des espaces tout
à fait particuliers, qui font de Noto une
ville magique, inoubliable !
Elle mérite qu’on la visite avec soin,
lentement, car ici, chaque pierre,
chaque angle, chaque balcon réserve
des surprises. Le séisme de 1996 a
fortement secoué la ville qui depuis
s’est refait une beauté. La coupole de
la cathédrale est sublime (elle a été
reconstruite après le séisme), et de
nombreuses églises et édifices ont été
restaurés. Les travaux ont rendu à la
ville toute sa splendeur et sa magie.
Les saints sont à l’honneur à Noto. La
ville fête San Corrado, qui n’est autre
que son saint patron, deux fois par an
(le 19 février et le dernier dimanche
d’août). Pour Pâques, une procession
de saint Spina est organisée dans les
ruelles de la ville.
Noto
 „ CATHÉDRALE
Via Cavour, 88
www.cattedralenoto.it
info@cattedralenoto.it
Le séisme de 1996 a quasiment
détruit la coupole et bien endommagé
l’intérieur. Mais la restauration lui
a rendu ses lettres de noblesse.
Erigée au XVIIIe siècle, dédiée à San
Nicolo de Mira, l’église présente une
riche façade divisée par 2 étages
de colonnes et fermée sur les côtés
par 2 clochers. L’imposant portail en
bronze est de Giuseppe Pirrone et
représente des épisodes de la vie de
San Corrado, le protecteur de la ville.
L’intérieur, récent (1950), renferme
des piliers aux chapiteaux corinthiens,
ainsi que des fresques et décora-
tions de marbre, formant un ensemble
assez harmonieux (Musée diocésain
au premier étage de la cathédrale
qui raconte la rénovation de la cathé-
drale et renferme quelques trésors
épiscopaux).
„ ÉGLISE SAN CARLO BORROMEO
Corso Vittorio Emanuele, 121
& +39 0931 835 201
Datant du XVIIIe siècle, elle possède
une façade concave à trois niveaux,
ornée de colonnes. Elle vient d’être
rénovée. C’est une petite église. Elle
possède un beau campanile rendu
célèbre par une scène de L’Avventura
de Michelangelo Antonioni : on peut
y admirer une vue magnifique de la
ville baroque.
„ ÉGLISE SANTA CHIARA
Corso Vittorio Emanuele
Avec son intérieur lumineux, tout de
blanc et d’or vêtu, et qui abrite une
98
Vierge à l’Enfant provenant de la vieille
ville de Noto, peut-être la meilleure
œuvre d’Antonello Gagini (mais les
a-t-on toutes bien répertoriées ?),
c’est une merveilleuse église. Il est
possible de monter tout en haut, sur
une sorte de petite terrasse qui offre
une très jolie vue de la ville et surtout
de la cathédrale.
„ NOTO ANTICA
Contrada Noto Antica
A 16 km de Noto, gisent les restes
de l’ancienne cité sicule. Rapidement
hellénisée, celle-ci prospéra ensuite
sous les Romains et au Moyen Age.
Le tremblement de terre de 1693 fut
véritablement dévastateur, et il ne
reste plus que les ruines du château
et de la porte Royale recouvertes par
la sauge et les oliviers. Le site est un
peu décevant et il convient de faire un
véritable effort d’imagination pour se
représenter ce que fut cette ville avant
le tremblement de terre. Non loin de
là, depuis le couvent de Santa Maria
della Providenza, élevé par Sinatra à
la mémoire des victimes du séisme, on
a une vue superbe sur la mer.
Avola
Sur la route de Noto à Syracuse, Avola
est la capitale de l’amande, réputée
pour la qualité de ses amandes
pointues, la pizzuta, une amande à
« l’ovale parfait » telle que la décrit
Leonardo Sciaccia, pour l’architecture
originale de son centre historique,
formé d’un plan en croix inséré dans
un hexagone, et pour le cépage du
vin rouge Nero d’Avola. Entièrement
reconstruite après le tremblement de
terre de 1693 comme ses voisines, elle
 © AUTHOR’S IMAGE
se présente comme « une ville nouvelle
d’harmonie géométrique, de rues
droites, de places bien aérées, d’archi-
tecture de lumière et d’imagination »,
selon Vicenzo Consolo. Cependant,
sous la pression d’un accroissement
démographique constant, Avola s’est
développée de façon un peu désor-
donnée, ce qui lui a fait perdre un peu
de son charme.

Syracuse –
Siracusa
Syracuse est une étape incontournable
car, à elle seule, elle exprime toute la
variété et la complexité culturelles de
la Sicile, de la préhistoire à nos jours.
Ecoutez Maupassant conseiller les
petits futés que vous êtes : « C’est
par cette petite ville singulière et
charmante qu’il faut terminer une
excursion en Sicile. Elle fut illustre
autant que les plus grandes cités ;
ses tyrans eurent des règnes célèbres
comme celui de Néron ; elle produit
du vin rendu fameux par les poètes ;
elle a, sur les bords du golfe qu’elle
domine, un tout petit fleuve, l’Anapo,
où pousse le papyrus, gardien secret
de la pensée ; et elle renferme dans
ses murs une des plus belles Vénus
du monde. » Impossible de résister à
de tels arguments. Nous irons donc
voir Syracuse. Dotée d’un magnifique
port naturel, la ville actuelle est divisée
entre la vieille ville, Ortygie, placée
sur un îlot relié par le ponte Nuovo,
et la ville nouvelle, divisée en quatre
VISITE
Ognina dans le sud de Syracuse.
Île d’ Ortygie
Visiter Ortygie, l’âme de Syracuse,
est comme un long voyage. Sur à
peine un kilomètre carré, on croise
des temples grecs, des églises chré-
tiennes, des palais souabes, aragonais
et baroques, des ruelles arabes, de
superbes palaces…
Il est impossible de résumer la
richesse, la beauté, la vivacité de
cette petite île, mais aussi la douce
mélancolie qu’elle nous procure. De
quelque façon qu’on la parcoure, on
finit toujours par y rencontrer la mer,
et chaque élément est là pour nous
rappeler sa présence : son port, son
marché, mais aussi l’odeur de ses
rues. L’Unesco ne s’y est d’ailleurs
Le Sud

quartiers : Tyche, Epipolis, Achadine pas trompée : le cœur historique de la

et Neapolis, ce dernier étant le plus ville fait partie du patrimoine mondial
intéressant. depuis 2005.

99
Ortygie
„ PALAZZO BENEVENTANO
Piazza del Duomo
& +39 0931 464 079
& +39 335 622 3225
www.beneventanodelbosco.it
Voici une des plus belles demeures
baroques de Sicile ! Ce palace du
IVe siècle fut remanié par la suite par
l’architecte Luciano Ali en 1779, date à
laquelle il a acquis son aspect actuel de
style fin baroque, qui annonce le néo-
classicisme sans pour autant perdre la
totalité de ses éléments d’origine que
l’on retrouve à l’étage inférieur. Il fut
le siège de la Chambre de la Reine,
du Sénat de la Ville et accueillit la
famille Borgia. En 1778, il devient la
propriété de la famille Beneventano. La
façade, répartie sur deux niveaux, est
ouverte en son centre par un élégant
portail flanqué de colonnes géminées
et surmontées du balcon de la fenêtre
centrale. La splendide cour intérieure
est ornée d’un tapis de pierres noires
et blanches qui conduisent au grand
escalier d’honneur à l’étage et au
salon principal, décoré de marbre,
stucs et fresques artistiques. Vous
pourrez encore voir dans ce palais
la magnifique collection « Siracusa
Urbs Magnificentissima », composée
de cartes, aquarelles, esquisses et
autres incisions représentant la grande
Syracuse de 1480 à nos jours.
„ PICCOLO TEATRO DEI PUPI
Via della Giudecca,17
& +39 0931 465 540
www.pupari.com
Un théâtre de marionnettes sici-
liennes traditionnelles. Se renseigner
par téléphone ou sur le site pour le
programme et les horaires des repré-
sentations.
Ville moderne
Elle n’occupe que partiellement la
place que les quartiers de la ville
antique de Syracuse recouvraient
sur la « terre ferme ». Le plus vieux
de ces quartiers, datant du VIe siècle
av. J.-C., est l’Acradina, en bordure de
la côte. Situé près des ports actuels,
il fut encerclé d’une muraille au
Ve siècle av. J.-C. C’est pendant ce
même siècle que la ville fut agrandie
VISITE
par les quartiers de Neapolis à l’ouest
et de Tyché à l’est. Ces deux quartiers
s’étendaient au nord jusqu’à la pente
abrupte d’un plateau. Puis vers 450 av.
J.-C., ce plateau vit la naissance d’Epi-
polis, banlieue autour de laquelle on
construisit également une muraille.
Ces 4 quartiers antiques font encore
partie de la ville, mais seuls Acradina
et Tyche présentent une urbanisation
structurée.
„ AMPHITHÉÂTRE
ROMAIN
Presque totalement creusé dans
la roche, il est immense. L’ellipse
(140 m de long pour 119 m de large)
est entourée d’une tribune, derrière
laquelle se trouvent un promenoir et
les entrées pour les gladiateurs et les
fauves. Il fut construit entre les IIIe
et IVe siècles apr. J.-C. On distingue
encore deux entrées, l’une au sud et
l’autre au nord. L’entrée au sud est
reliée au centre de l’arène par un
fossé. On y stockait à l’époque du
matériel pour créer des effets lors des
spectacles. Sur le côté, on peut voir un
Le Sud
bassin romain qui servait à remplir les
lieux d’eau pour laver l’arène après le
passage des fauves et des gladiateurs.
101
 „ AUTEL DE HIERON II
C’est le plus grand autel de l’époque
grecque qui nous soit parvenu (198 m
de longueur, 23 m de largeur, 14 m de
hauteur). Il fut construit sous Hieron II
et dédié à Zeus Libérateur. Il servait
au sacrifice des animaux pour honorer
le dieu.
„ CATACOMBES
DE SAN GIOVANNI
Via San Giovanni alle catacombe
& +39 0931 646 94
www.kairos-web.com
Vaste nécropole souterraine du
IVe siècle apr. J.-C., l’espace y est
organisé autour de rotondes qui
servaient probablement de lieux de
prières, faiblement éclairé par la
lumière du jour. C’est dans l’une de
ces rotondes que l’on a retrouvé le
sarcophage de marbre blanc de Valère
et Adelphia des IVe et Ve siècles apr.
J.-C. entièrement gravé de scènes
de la Bible. Les catacombes de
Syracuse furent creusées dans une
solide couche de roche calcaire autour
du sarcophage de saint Marcien, un
des premiers martyrs. Des niches sont
creusées dans le mur et proposent
plusieurs places pour accueillir des
familles entières. Des niches plus
petites sont facilement reconnais-
sables, elles servaient pour accueillir
les corps des jeunes enfants.
„ CATACOMBES
DE VIGNA CASSIA
Via A. Von Platen
& +39 0931 646 94
Les catacombes se divisent en trois
régions : Sainte-Marie-de-Jésus,
102
Majeure et Marcia. Le cimetière de
la première, sur le mur de droite,
daterait de l’époque préconstanti-
nienne. Les deux premières zones
ont été organisées au IIIe siècle apr.
J.-C. et la dernière date quant à elle
du IVe siècle.
„ LATOMIES DES CAPUCINS
& +39 0931 411 394
& +39 333 645 6499
Elles sont parmi les plus monumen-
tales et fascinantes latomies, avec leur
végétation touffue et leur structure
mouvementée. Selon Maupassant,
« la plus curieuse des latomies est
assurément celle des Capucins, vaste
et profond jardin divisé par des voûtes,
des arches, des rocs énormes, et
enfermée en des falaises blanches ».
C’est à cet endroit que l’on enferma
7 000 prisonniers athéniens au
Ve siècle av. J.-C. Tous sont morts de
froid. Elles s’étendent au nord-est du
site. Exploitées pour la construction
du nouveau quartier de la Neapolis,
ces carrières remontent probable-
ment au Ve siècle av. J.-C. et furent
utilisées comme prison, et peut-être
aussi comme de simples habitations.
„ MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
RÉGIONAL PAOLO ORSI
Viale Teocrito, 66
& +39 0931 489 511
C’est un magnifique musée qu’il ne
faut manquer sous aucun prétexte.
Maupassant y rencontra une créature
étrange : « Elle n’a point de tête, un
bras lui manque ; mais jamais la
forme humaine ne m’est apparue plus
admirable et plus troublante. Ce n’est
point la femme poétisée, la femme
idéalisée, la femme divine et majes-
tueuse comme la Vénus de Milo, c’est
la femme telle qu’elle est, telle qu’on
l’aime, telle qu’on la désire, telle qu’on
la veut étreindre. » Celle dont il parle
n’est autre que la Vénus Anadyomène,
pièce majeure de la collection (copie
romaine du Ier siècle apr. J.-C.), qui
fut découverte à l’endroit même où le
musée fut construit, dans les jardins
de la villa Landolina. Inauguré en
1988, le musée a remplacé celui qui
se trouvait autrefois dans Ortygie.
Très didactique et remarquablement
organisé, il couvre une période allant
de la préhistoire à la colonisation
grecque en 3 sections distinctes, la
préhistoire sicilienne, la région de
Syracuse et le reste de la Sicile. La
collection d’objets, de sculptures et
de céramiques, est impressionnante.
Parmi les pièces les plus importantes,
une corniche de marbre avec une
gorgone ailée provenant du temple
d’Athena à Syracuse, la statue d’un
kouros en marbre du VIe siècle av.
J.-C., une collection de vases de
Camarina et de Gela, du matériel en
bronze datant du VIIIe siècle av. J.-C.
„ MUSEO DEL PAPIRO
(MUSÉE DU PAPYRUS)
Via Nizza, 14
& +39 0931 221 00
& +39 0931 221 00
www.museodelpapiro.it
segreteria@museodelpapiro.it
Ce très beau musée vient tout juste
de déménager. Très pédagogique, il
explique l’origine du papyrus, ainsi
que ses diverses utilisations au fil
du temps et des civilisations. De
nombreux objets, des documents
anciens, des instruments pour
écrire, des cordes, des embarcations
réalisées en papyrus sont exposés,
ainsi que des presses et un herbarium.
Une place importante est faite au
papyrus local du fleuve Ciane. Une
étape originale et inattendue. Pour
les curieux.
„ OREILLE DE DENYS
VISITE
Les impressionnantes latomies du
Paradis, célèbres carrières de calcaire
très vastes, profondes de 65 m et
hautes de 23 m furent appelées ainsi
par le peintre Caravage à cause de
leurs formes particulières et de l’ex-
ceptionnel effet acoustique qui permet
d’amplifier le moindre son. Il existe
plusieurs histoires, mais le peintre
imaginait le tyran Denys collant son
oreille contre la grotte pour surprendre
les conversations des prisonniers. Le
plafond est parcouru par la marque
d’une ancienne conduite d’eau.
„ PARC ARCHÉOLOGIQUE
DE NÉAPOLIS
Via del Teatro Greco
& +39 0931 662 06
& +39 0931 650 68
C’est la zone la plus représentative de
l’antique ville grecque. On y accède
par l’avenue Paolo Orsi tracée sur
l’ancienne route romaine. Le parc
s’étend sur 240 000 m2 sur la colline
Témérite. Agréable à parcourir, il est
ombragé et agréablement fleuri de
Le Sud
lauriers, figuiers et autres agaves…
Un parking se situe juste devant
l’accès au site.
103
 Ci-dessous, les éléments composant
le site archéologique :
w Amphithéâtre romain : Presque
totalement creusé dans la roche, il
est immense. L’ellipse (140 m de long
pour 119 m de large) est entourée
d’une tribune, derrière laquelle se
trouvent un promenoir et les entrées
pour les gladiateurs et les fauves. Il
fut construit entre les IIIe et IVe siècles
apr. J.-C. On distingue encore deux
entrées, l’une au sud et l’autre au
nord. L’entrée au sud est reliée au
centre de l’arène par un fossé. On y
stockait à l’époque du matériel pour
créer des effets lors des spectacles.
Sur le côté, on peut voir un bassin
romain qui servait à remplir les lieux
d’eau pour laver l’arène après le
passage des fauves et des gladiateurs.
w Autel de Hiéron II : C’est le plus
grand autel de l’époque grecque qui
nous soit parvenu (198 m de longueur,
23 m de largeur, 14 m de hauteur). Il
fut construit sous Hiéron II et dédié à
Zeus Libérateur. Il servait au sacrifice
des animaux pour honorer le dieu.
w Eglise San Nicolo : Elle se trouve à
la sortie du parc. Elle date du XIe siècle
et fut bâtie sur une piscine romaine
qui servait à alimenter l’amphithéâtre.
Pour l’instant fermée au public,
l’église ne livre que son portail avec
les armoiries de la corporation des
cordiers, qui finança sa restauration
en 1907. L’église vaut bien que l’on y
jette un petit coup d’œil en sortant de
la visite du parc.
w Grottes des Cordiers : Cette grotte
servait pour le stockage des cordes
de chanvre. La forte humidité de la
grotte renforçait la résistance des
104
cordes. On ne peut pas la visiter mais
simplement l’admirer de l’extérieur.
w Oreille de Denys : Les
impressionnantes latomies du Paradis,
célèbres carrières de calcaire très
vastes, profondes de 65 m et hautes
de 23 m, furent appelées ainsi par le
peintre Le Caravage à cause de leurs
formes particulières : si on regarde
l’entrée avec un peu de recul, on
dirait vraiment l’oreille d’un faune !
Cette forme donne à la grotte un
effet acoustique exceptionnel qui
permet d’amplifier le moindre son.
On dit que le tyran Denys se plaçait au
sommet de la grotte pour surprendre
les conversations des prisonniers.
Vous risquez de croiser un groupe de
touristes qui risque fort de pousser la
chansonnette dans la grotte… L’écho
y est impressionnant. Le plafond est
parcouru par la marque d’une ancienne
conduite d’eau.
w Théâtre grec : Situé à gauche de
l’entrée du parc, il compte parmi les
exemples les plus grandioses de la
structure théâtrale du monde grec.
Creusé dans la roche, il a un diamètre
d’environ 140 m et pouvait contenir
jusqu’à 20 000 personnes réparties
sur 67 rangées de gradins. Remontant
au Ve siècle av. J.-C., il fut inauguré
avec la tragédie Les Perses d’Eschyle
en 470 av. J.-C. Il fut remanié au IIIe
siècle av. J.-C. par Hiéron II et subit
des altérations successives sous la
domination romaine (du Ier au IVe siècle
apr. J.-C.). On y lit encore l’inscription
de noms grecs dans la pierre. Il faut
s’asseoir sur les gradins et contempler
ce morceau d’éternité où les plus
grands auteurs firent jouer leurs
pièces. La terrasse qui domine le
 théâtre comporte une grotte artificielle
contenant une cascade issue du fleuve
Galermi distant d’une trentaine de
kilomètres. En mai et juin, l’Institut
national de Dramaturgie ancienne
y représente les grands classiques.
„ SANTA LUCIA AL SEPOLCRO
Via L. Bignami 1
& +39 0931 679 46
www.basilicasantalucia.com
parrocchia@basilicasantalucia.com
Elle se dresse à l’emplacement où
la Syracusaine Lucie, patronne de la
ville (fêtée le 13 décembre par une
procession), aurait subi le martyre
en 303. Edifiée au XIIe siècle, l’église
fut reconstruite à l’époque normande,
puis totalement remaniée à la fin du
XVIIe siècle. Sous l’église et le couvent
attenant s’étendent les catacombes
de Sainte-Lucie, qui furent utilisées à
© AUTHOR’S IMAGE
partir de 220 av. J.-C. et qui restent,
avec les catacombes de San Giovanni,
les plus grandes de Sicile.
„ THÉÂTRE GREC
Situé à gauche de l’entrée du parc, il
compte parmi les exemples les plus
grandioses de la structure théâtrale
du monde grec. Creusé dans la
roche, il a un diamètre d’environ
140 m et pouvait contenir jusqu’à
VISITE
20 000 personnes réparties sur
67 rangées de gradins. Remontant
au Ve siècle av. J.-C., il fut inauguré
avec la tragédie Les Perses d’Eschyle
en 470 av. J.-C. Il fut remanié au IIIe
siècle av. J.-C. par Hieron II et subit
des altérations successives sous la
domination romaine (du Ier au IVe
siècle apr. J.-C.). On y lit encore l’ins-
cription de noms grecs dans la pierre.
Le Sud
Amphithéâtre romain.
105
 L’Est
Catane
En tant que deuxième ville de Sicile,
Catane n’a pas un rôle facile. La
grande Palerme lui fait de l’ombre,
tout comme l’Etna d’ailleurs, cette fois
au sens propre comme au figuré : on
vient d’abord à Catane pour le volcan,
(« Catane est une ville de la mer qui
regarde la montagne »), mais force
est de constater que l’on se trompe.
Cette ville industrielle possède des
atouts insoupçonnés. D’abord, c’est la
plus ensoleillée de l’île. Ensuite, c’est
une ville de tradition universitaire, qui
fut le siège de la Siciliae Studium, la
plus vieille université de Sicile, fondée
en 1434 ; elle attire encore aujourd’hui
beaucoup de jeunes. Troisième atout, et
non des moindres : son authenticité et
le charme de certains de ses quartiers.
Véritable poumon de la région, Catane
est une ville jeune et vivante qui n’a
© AUTHOR’S IMAGE
Le marché de Catane.
106
rien à envier à sa rivale Palerme. Bien
plus : elle n’en a pas les soucis liés
aux ordures, et le noir que vous voyez
dans la vieille ville provient des dalles
volcaniques dont sont construits la
plupart des palais. Et, pour les plus
sceptiques, de belles plages se trouvent
à proximité. Le doute n’est plus permis,
il faut se rendre à Catane.
„ ANCIEN MONASTÈRE
DES BÉNÉDICTINS DE
SAN NICOLO L’ARENA
Piazza Dante
& +39 095 710 2743
& +39 339 560 47 86
Il fut un temps considéré comme le
plus important d’Europe après celui
de Mafra au Portugal. Remarquable
exemple d’architecture monastique,
il fut restructuré après le séisme de
1693 par les meilleurs architectes
(A. Amato, F. Battglia et G. Vaccarini)
qui y travaillèrent lors de la période
dorée du baroque sicilien. Sa superbe
façade est divisée par des pilastres
et comporte de riches corniches aux
fenêtres. On a récemment identifié
à l’intérieur des restes d’édifices de
la période gréco-romaine, d’édifices
médiévaux et une tombe préhisto-
rique. Il abrite aujourd’hui la faculté
de lettres et de philosophie. Les salles
destinées aux bibliothèques civiles, qui
comptent quelque 200 000 volumes,
sont ouvertes au public. La salle
Vaccarini (1739) est particulièrement
impressionnante.
„ ATELIER D’ANTONIO RECCA
Via San Michele, 30
& +39 347 824 6803
www.antoniorecca.it
info@antoniorecca.it
L’artiste contemporain ouvre les portes
de son atelier. Peintures, toiles géantes,
vous pourrez l’admirer en plein travail !
Antonio parle anglais. Très sympa-
thique, il répondra à vos questions.
Une rencontre très atypique et enrichis-
sante. Possibilité d’acheter des toiles.
„ BASILIQUE COLLEGIATA DE
SAINTE-MARIE DE L’AUMÔNE
3 Via Collegiata
Plus au sud, on rencontre la colle-
giata avec sa façade très travaillée ;
cette église jésuite fut construite au
début du XVIIIe siècle par Stefano
Ittar, un des architectes baroques
les plus importants de Catane avec
Vaccarini. On admirera sa haute
façade concave, un bel exemple du
baroque tardif. L’intérieur est décoré
de belles fresques.
„ CATHÉDRALE SAINTE-AGATHE
Piazza Duomo
& +39 095 320 044
www.cattedralecatania.it
info@cattedralecatania.it
Dédiée à sainte Agathe, la patronne
de la ville, elle fut construite sur les
ruines de l’église précédente du
XI e siècle, érigée par Roger le
Normand, elle-même construite
VISITE
sur les ruines des thermes romains.
Seules les absides et le transept ont
résisté au séisme de 1693.
La superbe façade principale fut
réalisée par Vaccarini entre 1730 et
1758, qui consacra également son
talent à la décoration des parois du
transept. En 1998, cette façade a été
entièrement restaurée. Sur le mur
gauche de la sacristie, G. Platania
a peint une fresque de l’éruption de
l’Etna de 1669, dont il fut proba-
blement témoin. L’église conserve
précieusement les reliques et le trésor
de Sant’Agata, sainte patronne de la
ville (en cas d’éruption, on saura à
qui s’adresser !), dans la chapelle
de l’abside latérale droite qui lui est
consacrée, ainsi que les tombeaux des
rois d’Aragon et la tombe de Bellini.
L’église à l’heure du numérique,
c’est aussi la possibilité d’envoyer
ses intentions de prière par mail à
Santa Agata !
w A gauche de la cathédrale,
l’église Sant’Agata, dans la via
Vittorio Emanuele, s’inspire de
Sant’Agnese sur la piazza Navona
L’Est
à Rome et est considérée comme la
plus belle œuvre de Vaccarini.
107
Catane
Légende. © COPYRIGHT
 „ CHÂTEAU URSINO
Piazza Federico di Svevia
Au sud de la via Garibaldi
& +39 095 345 830
Ce château, une structure impres-
sionnante et massive, fut construit de
1239 à 1250 à l’initiative de Frédéric II
plus communément appelé Federico
di Svevia (Frédéric de Souabe). Il fut
inclus dans un vaste programme de
constructions défensives entreprises
par le roi en 1229, à son retour de
croisade. La conception de l’espace
interne de ces châteaux, tout à fait
novatrice, est marquée par l’influence
de l’architecture monastique cister-
cienne.
Il comprend une cour intérieure carrée,
entourée d’un fossé, avec 4 donjons
angulaires et 4 tourelles semi-cylin-
driques au milieu de chaque côté (il
n’en reste que 2). Avant l’éruption
volcanique de 1669, le château se
dressait sur une colline à pic au-dessus
du port. Cependant, en comblant le
bassin, la coulée de lave a éloigné le
château de la mer et le château ne
put plus servir à des fins militaires.
Successivement garnison, prison, puis
caserne, il abrite aujourd’hui le Musée
communal. Au rez-de-chaussée, on
trouve une collection de belles statues
de la période gréco-romaine, dont celle
du prince Biscari, une statuette en
bronze de Marc Aurèle et une superbe
mosaïque ainsi que des bas-reliefs
romains. Au premier niveau, la pina-
cothèque présente une petite collection
de peintures italiennes et siciliennes du
XVIe au XIXe siècle.
En remontant la via Auteri, on arrive
sur la piazza Mazzini, avec, juste
110
au-dessus, la piazza San Francesco.
Sur cette dernière se trouvait la partie
sud de l’acropole grecque. Aujourd’hui,
on y trouve le monastère San
Francesco et son imposante façade
baroque. Datant du XVIIIe, il fut bâti
par Vaccarini ; il abrite aujourd’hui
l’institut des Beaux-Arts.
„ FONTAINE DE L’ÉLÉPHANT
Piazza Duomo
Jaillissant au centre de la place de la
cathédrale, la fontana dell’Elefante
(fontaine de l’Eléphant) de Vaccarini
(1735-1736) est dominée par un
éléphant sculpté dans la lave. L’animal
surnommé « Liotru » est le symbole de
la ville, symbole amené d’Orient avec
le culte de la déesse de la fécondité
Isis lors de la conquête de Catane
par des envahisseurs orientaux alliés
aux Syracusains. En 476 av. J.-C., la
ville étant conquise, on changea le
nom de Katane en Aitna, et l’éléphant
resta. Voici pour la petite histoire de
Liotru, l’éléphant tout noir sur son
socle blanc. Il porte d’ailleurs sur son
dos un obélisque égyptien gravé de
hiéroglyphes, dédié au culte d’Isis
et, au sommet du monument, une
croix chrétienne. Autant de symboles
différents pour une histoire riche des
influences les plus variées (Sicules,
Grecs, Egyptiens, chrétiens).
„ JARDIN BELLINI
Via Tomaselli
Au nord de la piazza Dante, on prend
la via Clementi à droite, puis la via
Maddalena (la première à gauche)
que prolonge la rue Tomaselli. Au
début de celle-ci se trouve l’entrée
du jardin Bellini, parc principal de
la ville, très agréable avec une belle
gamme de plantes et 2 kiosques situés
en hauteur.
w Après avoir traversé le parc, on
peut ressortir, au nord, dans la via
Margherita et prendre à droite pour
arriver dans l’artère principale de
Catane : la via Etnea. Cette rue part
en ligne droite de la piazza Duomo,
au sud, monte jusqu’à la piazza
Gioieni à environ 3 km, et continue
par Nicolesi jusqu’à la cantoniera de
l’Etna, à 1 881 m d’altitude. C’était
dans cette rue qu’au début du siècle,
les intellectuels se donnaient rendez-
vous dans des endroits comme le
Caffè delle Scapigliatura, le Bar dei
Professori ou encore le Bar Brasile,
aujourd’hui devenu le magasin Coin.
Elle est d’ailleurs surnommée « le
salon de Catania ». En descendant
cette rue principale, on arrive sur la
piazza Stesicoro dominée, à gauche
en descendant, par un monument du
XIXe siècle dédié à Vicenzo Bellini,
réalisé par G. Monteverde.
„ MUSÉE BELLINI
Piazza San Francesco d’Assisi, 3
& +39 095 715 0535
Bellini est évidemment la grande
fierté de la ville. Dans cette maison,
devenue monument national le
23 novembre 1923, où le musicien
naquit en novembre 1801, se trouvent
rassemblés de nombreux documents
photographiques, lettres, tableaux,
et quelques éléments de mobilier
dont, bien sûr, de superbes pianos.
Le cercueil de Bellini, ramené de Paris
où il mourut, est également exposé.
Une bibliothèque bien documentée est
consacrée au musicien et à sa création.
„ MUSÉE CASA VERGA
Via Sant’ Anna, 8
& +39 095 715 0598
Au deuxième étage de l’édifice se
trouve l’appartement où l’écrivain
emblématique du vérisme, Giovanni
Verga, vécut son enfance ainsi qu’une
partie de sa vie à Catane. Voici
VISITE
l’occasion de découvrir un intérieur
catanais de la fin du siècle dernier.
On a l’impression d’un voyage dans
le temps, car tout a été conservé tel
qu’à l’époque, le mobilier, les objets,
y compris la garde-robe de l’écrivain.
La bibliothèque, qui compte quelque
2 500 volumes, est particulièrement
intéressante. On y verra également
des portraits du romancier.
„ MUSEO DELL’ IMMAGINE
Il Librino
www.librino.org – info@librino.org
À côté de l’aéroport Fontanarossa.
Dans la continuité du musée à ciel
ouvert et de la Porta della Belezza,
La Fiumera d’Arte s’associe cette fois
avec le photographe Reza pour un
travail photographique destiné à être
projeté sur dix blocs de dix façades
du quartier, créant ainsi un parcours
à faire en voiture, et où les images ne
seront autres que celles des enfants
vivants dans ses rues. La beauté
comme moyen d’expression d’une
identité et d’une citoyenneté retrouvée,
tel est le message que la Fiumera
L’Est
d’Arte diffuse à travers son travail au
Librino, ce quartier symbole d’une
Sicile en difficulté.
111
 „ MUSEUM & FASHION
Musée de la mode Marella Ferrera –
Palais Biscari.
Via Museo Biscari, 16
& +39 095 250 3188
www.marellaferrera.com
Installé dans le beau palais Biscari,
le musée de la Mode vaut le détour
ne serait-ce que pour sa mise en
scène. A l’entrée, prière de mettre
son gant blanc ! Oui, la scénographie
invite à ouvrir et fermer différentes
vitrines dans lesquelles on observe de
magnifiques corsets, des costumes de
théâtre, des bijoux, des étoffes. Donc
pour ne pas salir, il faut se ganter.
La décoration et l’architecture de
cet endroit sont particulièrement
soignées, les lumières tamisées, le
tout a été très bien pensé.
„ PIAZZA DUOMO
Piazza Duomo
Revenu sur la via Etnea, on passe
devant l’hôtel de ville, surnommé « le
palais aux Eléphants », du XVIIIe siècle,
pour arriver à la piazza del Duomo.
Centre de la vie citadine de Catane,
elle est entourée de bâtiments du
XVIIe, dont le palazzo Senatorio, siège
de la municipalité (fenêtres romanes
sur les 3 étages de la façade).
Après le tremblement de terre de
1693, l’idée qui prévalut pour la
reconstruction fut celle d’une ville
imposante, digne de la magnificence
espagnole de l’époque et de son admi-
nistration. La place de la Cathédrale
naquit ainsi, comme siège du pouvoir
civique et religieux et centre de la
nouvelle Catane baroque.
112
„ PORTE UZEDA
Via Etnea
Fermant la via Etnea, la porte Uzeda
date des dernières années du
XVIIe siècle et porte le nom du vice-roi
qui commanda au duc de Camastra la
reconstruction de la ville. Elle marque
l’entrée dans la vieille ville.
Elle donne sur le seminario dei
Chierici, sous lequel fut retrouvé un
édifice thermal (les thermes Achilee).
A l’intérieur, formé par une vaste salle
carrée, les voûtes portent de riches
décorations en stuc. A proximité se
trouve la fontaine Amenano (1867).
Surnommée « l’eau au drap » par les
Catanais, car l’eau y retombe en voile,
elle se trouve à l’emplacement de
l’ancienne rivière Amenano.
w La porte Uzeda ouvre, à gauche,
sur le quartier du port. On s’y rend
par la via Dusmet. C’est à cet endroit
qu’a lieu, tous les matins, la pescheria,
un des plus pittoresques marchés au
poisson de Sicile où de multiples étals
proposent tout ce que la Méditerranée
contient de poissons, de crustacés
et de coquillages. Dans cette rue,
qui longe les anciens remparts de la
ville, se dresse, après l’archevêché
(qui vaut la peine qu’on s’y arrête), la
superbe façade du palais Biscari de
Francesco Battaglia, jouant avec les
différents tons des matériaux utilisés
et avec les décors insolites.
„ THÉÂTRE GREC
Via Teatro Greco
& +39 095 715 0508
Quand on redescend la via dei Crociferi
(jetez un nouveau coup d’œil aux
façades, au cas où vous les auriez
manquées), juste avant la piazza San
Francesco, la via del Teatro Greco
vous conduit aux ruines d’un théâtre
construit en pierre de lave, caché
derrière une façade classique. On y
accède par la via Grotto. Les gradins
s’élèvent en demi-cercle autour de
la scène, sur le versant de la colline
qui formait autrefois l’acropole
grecque. On pouvait y installer jusqu’à
7 000 spectateurs. Malheureusement,
le site est quelque peu dénaturé par
les immeubles qui l’entourent.
Juste à côté, l’Odéon, son petit frère
daté de la même époque, était certai-
nement destiné aux répétitions.
w En continuant la via del Teatro
Greco, puis en prenant la deuxième
rue à droite, on arrive sur la piazza
Dante, occupée par l’église San
Nicolo, la plus grande église de
Sicile. Son auteur, spécialiste des
grandes idées sans suite, n’a pas
terminé sa façade, ce qui lui donne
une allure assez originale, avec ses
gigantesques colonnes tronquées. Le
vaste intérieur présente, pour seules
décorations, les peintures d’autel
et les stalles richement sculptées
du chœur. Ce contraste entre la
puissance de l’espace et l’absence
volontaire d’éléments décoratifs offre
un spectacle assez saisissant. A côté
du portail principal, un escalier de
130 marches mène au toit de l’église
et au tambour de la coupole (pour les
plus courageux, 65 marches de plus).
De là-haut, on a une vue magnifique
sur Catane, mais également sur la
côte orientale jusqu’aux montagnes de
Calabre et bien sûr sur l’Etna.
„ THÉÂTRE LYRIQUE
MASSIMO BELLINI
Via Giuseppe Perrotta, 12
& +39 095 730 6111
www.teatromassimobellini.it
Il possède une très belle salle dotée
d’une excellente acoustique. Sa façade
fut inspirée par l’Opéra de Paris. Il fut
inauguré le 31 mai 1890 avec une
représentation de Norma. Au nord
de cette place, au-delà de la rue
VISITE
Antonino di Sangiuliano, il faut se
perdre dans les petites rues de ce
quartier authentique.
„ THÉÂTRE ROMAIN
Via Vittorio Emanuele II, 266
& +39 095 747 2268
A droite, piazza Stesicoro, se trouvent
les restes de l’amphithéâtre romain.
Datant du IIe siècle apr. J.-C., il est en
marbre et en lave, de forme elliptique
et contient 16 000 places, soit des
dimensions de peu inférieures à celles
du Colisée de Rome. C’est d’ailleurs
la seule comparaison que l’on puisse
faire, car malheureusement celui de
Catane a vu sa plus grande partie
recouverte de constructions. Cette
visite donne l’occasion de comprendre
comment la ville a été construite par
strates successives.
„ VIA DEI CROCIFERI
Via Dei Crociferi
Elle part de la place San Francesco
au nord et s’ouvre par l’arc San
Benedetto (1704). Elle montre parfai-
tement le caractère baroque du vieux
Catane avec une enfilade d’églises.
L’Est
Au début de la rue, un arc du
XVIII e siècle relie les bâtiments de
l’ancien couvent bénédictin.
113
 L’église San Benedetto, du début
du XVIIIe siècle, richement décorée
en façade comme à l’intérieur, qui
comporte une nef unique et un bel
escalier de marbre, appartient à cet
ensemble architectural. Elle est suivie
par l’église dei Gesuiti, dont le cloître
est attribué à Vaccarrini, avec ses arcs
et ses colonnes surmontés d’une loge
à pilastres. Un peu plus au nord, sur
le côté droit de la rue, on découvre un
des plus beaux spécimens de l’archi-
tecture baroque, l’église San Giuliano,
elle aussi œuvre de Vaccarini, avec sa
belle façade parcourue par une galerie
à laquelle le visiteur peut accéder.
L’intérieur, à plan centré et dominé par
une coupole, renferme un précieux
crucifix du XVe siècle placé sur l’autel.
Taormina
De tout temps les visiteurs célèbres
en chantèrent les charmes, de Goethe
à Maupassant, qui disait d’elle : « Si
quelqu’un n’avait qu’un seul jour à
© AUTHOR’S IMAGE
Isola Bella à Taormina.
114
passer en Sicile, je lui répondrais sans
hésiter, Taormina. »
Taormina a une double réputation :
bijou pour les uns, place surfaite pour
les autres. C’est un de ces endroits,
comme Mykonos ou Saint-Tropez,
qui exercent un indiscutable attrait
sur le voyageur.
Que ceux qui ne jurent que par le
silence et la quiétude des villes
perdues sur les hauteurs passent
leur chemin : quotidiennement en
haute saison, des milliers de visiteurs
parcourent inlassablement les rues –
ou plutôt LA rue – de la petite ville.
Installée fièrement sur une terrasse
du monte Tauro, la ville est belle, elle
possède d’indéniables atouts qui ont
charmé plus d’un romantique, et elle
le sait. Elle aime le luxe, abrite un des
palaces les plus prestigieux du monde
et elle l’assume fort bien. Et nous, on
se laisse un instant hypnotiser par
toute cette beauté et tout ce luxe.
Pourquoi ne pas se laisser séduire ?
Taormina
 „ CAPO TAORMINA
Situé à environ 3 km de Taormina
en prenant la SP 10.
Une petite visite s’impose ! Surtout
pour ceux qui sont fan du Grand Bleu !
Eh oui, c’est ici qu’a séjourné l’équipe
du tournage… En outre, la vieille ville
vaut bien un détour pour flâner dans
ses ruelles étroites et charmantes et
découvrir sa place avec vue extraor-
dinaire sur le Cap.
„ CHÂTEAU MONTE TAURO
A travers une route tortueuse de 2 km
(par la via Dionisio Primo, puis par la
via Castel Mola), on rejoint le château
de Taormina, d’origine médiévale, qui
surgit sur le mont Tauro à 398 m. A
ses pieds, le sanctuaire de la Madonna
della Rocca, édifié au XIIe siècle. Pour
rejoindre Castel Mola, on retourne
à la bifurcation et on prend à droite.
„ JARDIN PUBLIC
Via Bagnoli Croce
Au milieu d’une exubérante végé-
tation méditerranéenne, des allées
s’entrecroisent dans un dédale de
haies et de plates-bandes, s’étalant
sur 3 hectares. Certaines construc-
© AUTHOR’S IMAGE
Théâtre antique de Taormina.
116
tions incongrues nous projettent dans
l’univers étrange de Lewis Carroll.
Elles sont l’œuvre de l’Anglaise Lady
Trevelyan, ornithologue, qui s’improvi-
sait architecte à ses heures perdues,
et ancienne propriétaire du jardin.
L’avantage de ce parc est qu’il est
resté un lieu de rencontre très vivant.
C’est l’un des points de rendez-vous
privilégiés des autochtones.
„ MUSÉE SICILIEN DES
TRADITIONS POPULAIRES
Largo Santa Caterina
Juste à côté de l’office du tourisme,
sur la piazza Santa Caterina dans le
Palazzo Corvaja.
Pour les amateurs d’histoire, une
petite balade vaut le coup ! Vous
pourrez y découvrir des pupi (marion-
nettes géantes) ainsi que des décors
de théâtre qui datent du XIXe siècle.
Puis vous admirerez des séries de
portraits de famille, peints à l’huile.
La visite continue autour de repré-
sentations de scènes bibliques, de
broderies et de céramiques. Le musée,
peu connu, n’est pas envahi pas les
touristes. Assez agréable justement !
„ PALAZZO BADIA VECCHIA
Via Circonvallazione, 30
L’architecture médiévale du palais est
superbe. Une magnifique frise bicolore
délimite le premier et le deuxième
étage. On dirait une fine trame de
dentelle fleurie. Le tout petit musée
n’est pas incontournable. En revanche,
vous apprécierez la vue à travers les
belles fenêtres géminées.
„ PLAGES
Difficile de trouver de petites criques
sauvages aux alentours de Taormina,
surtout en été. Les plages principales,
au sud, sont celles de Giardini Naxos et
de Villagonia. Au nord, vous trouverez
celle de Mazzaro (avec de belles grottes
à explorer au départ de la marina
dont la Grotta Azzurra), Lidospinone,
Mazzeo jusqu’à Letojanni.
„ THÉÂTRE ANTIQUE
Via del Teatro Greco, 1
Goethe, célèbre voyageur, amoureux
de l’Italie, nous le décrit ainsi lors de sa
visite à Taormina en 1787 : « Jamais
le public d’un théâtre n’a eu devant lui
un pareil spectacle… Le théâtre grec
avec encore une partie de la scène
se situe au cœur d’un paysage parmi
les plus beaux du monde… Sur la
droite se présentent les châteaux qui
surgissent des rochers, au-dessous de
nous la ville, et devant le long massif de
l’Etna ; à gauche, le bord de mer jusqu’à
Catane et même Syracuse, tableau
immense fermé par le colossal volcan
fumant qui dans la douceur du ciel
apparaît plus lointain, et plus serein. »
Construit sur un site idyllique, tourné
vers la mer, c’est le second plus grand
théâtre grec de Sicile, après celui de
Syracuse, avec un diamètre de 109 m.
L’édifice actuel, d’époque romaine (IIe
siècle av. J.-C.), fut reconstruit sur un
théâtre plus ancien de l’époque hellé-
nistique. Divisé en 9 secteurs, il épouse
la concavité naturelle de la colline dans
laquelle il est serti. Il est vrai que de
ses gradins, c’est l’extase : on bénéficie
d’un des plus beaux panoramas de
toute l’île, avec l’Etna en toile de fond
et la côte.
VISITE
Pendant tout l’été (de fin juillet à
septembre), le théâtre, qui possède
une excellente acoustique, renaît à
sa vocation avec le Festival Taormina
Arte durant lequel on peut voir des
spectacles de théâtre ou de danse, et
écouter des concerts. Comme vous
pouvez l’imaginez, il faut réserver très
longtemps à l’avance (se renseigner à
l’office du tourisme).
Etna
Qu’on l’appelle « la forge de Vulcain »
comme dans l’Antiquité, « la colonne
du ciel » comme Pindare, « Gebel »
(mont) comme les Arabes, ou encore
« enfer » comme Haroun Tazieff,
l’Etna n’en reste pas moins un des
plus impressionnants volcans en
activité qui soient, et les propos du
plus célèbre des vulcanologues nous
le confirment. Actif depuis environ
500 000 ans, ce majestueux édifice
naturel a été formé par deux autres
volcans : le Trifolietto, à l’emplacement
duquel sont apparus, au cours des
siècles, une vaste dépression large
de plus de 5 km, avec des parois très
L’Est
abruptes, appelée vallée du Bove,
et le Mongibello, qui est aujourd’hui
presque continuellement en activité.
117
 Légende. © COPYRIGHT

Le parc de l’Etna

L’Etna…
« Au premier regard que je jetai sur
l’abîme, je crus rêver l’enfer ou plu-
tôt je l’avais devant moi. Le cri que je
poussai était plus que de la surprise :
l’admiration et la terreur sortaient à la
fois de mon sein. Pour la première fois,
je crus voir un cratère : la vue de celui-
ci me fit oublier tous les autres [… ].
L’immense étendue du gouffre offre
de toutes parts la scène la plus active,
le spectacle le plus effroyable, le plus
inouï, le plus grand ! »
(Haroun Tazieff)
Du haut de ses 3350 m, avec un
diamètre moyen de 50 km, c’est le plus
grand volcan encore actif d’Europe.
On y trouve, parmi les petits cônes
qui le recouvrent, 4 grands cratères
principaux : le cratère central, immense
trou béant, appelé la Voragina, s’ouvre
sur quelques centaines de mètres de
large ; à l’ouest, la Bocca Nuova, qui
s’est peu à peu élargi pour rejoindre le
cratère central ; le cratère nord-est,
très actif ; enfin, le dernier-né en
1971, au sud-est, dont les explo-
© AUTHOR’S IMAGE
Repos mérité après l’ascension de l’Etna.
120
sions régulières s’accompagnent de
coulées de lave. Parmi les nombreuses
éruptions qui se sont succédé au cours
des siècles (l’histoire garde trace
d’environ 135 éruptions majeures),
la plus tristement célèbre fut celle de
1669, qui fut précédée par 3 jours de
tremblement de terre et dura 122 jours.
Les matériaux éruptifs (lave, bombes,
etc.), formèrent diverses collines dont
les monts rouges, qui modifièrent nota-
blement la physionomie du volcan.
Un gigantesque torrent de lave arriva
jusqu’à Catane et détruisit une partie
de la ville pour se jeter ensuite dans
la mer. Une des dernières éruptions
importantes de l’Etna a détruit le site de
Piano Provenzana fin 2002. Une autre,
débutée en septembre 2004 et qui
s’est poursuivie jusqu’en mars 2005,
a recouvert de cendres une partie de
la ville de Catane, paralysant du même
coup l’aéroport. La dernière éruption
a eu lieu en 2008.
L’Etna offre une grande variété de
parcours et d’excursions (sur le
volcan, en parapente, en deltaplane
mais aussi nocturnes !).
 Le Nord
La côte nord s’étend de Messine à Palerme. C’est ici que commence l’histoire
ancienne de la Sicile. Les Carthaginois, Byzantins et Normands ont laissé leur
empreinte qui peut être vu à travers l’architecture (du baroque au liberty), les
ruines (grecques et romaines) et les œuvres d’art (arabes). Cette région mon-
tagneuse compte trois chaînes distinctes (les monts Péloritains à l’ouest, les
Nébrodes au centre et les Madonies à l’est) qui se rejoignent grâce aux vastes
plaines agricoles. On produit ici certains des meilleurs vins de la Sicile. Ses
plages sont comptées parmi les plus belles de l’île : celles de Capo d’Orlando,

VISITE
Cefalù et Mondello méritent le détour.

Messine – Messina On essaya de la reconstruire dans

Messine n’est pas spécialement une
ville attrayante, mais ce sera un point
de passage obligé si vous rejoignez l’île
en ferry depuis la Calabre. Au début
du siècle dernier, un tremblement de
terre suivi d’un raz-de-marée a détruit
les neuf dixièmes des habitations (et
tué 60 000 personnes). Ce qui avait
résisté, et ce qui avait été reconstruit,
a été en grande partie rasé par les
bombardements de la Seconde Guerre
mondiale. Il ne reste donc que peu de
patrimoine architectural à voir.
son style initial, en reconstituant de la
manière la plus fidèle qui soit le style
roman à 3 nefs, les mosaïques et les
boiseries qui se trouvaient à l’intérieur.
Malgré les pertes incalculables, la
cathédrale conserve aujourd’hui de
nombreux trésors comme l’impres-
sionnant tombeau de l’archevêque
Palmieri entièrement sculpté datant
du XIIe siècle. Elle possède 3 beaux
portails du XVI e siècle aux formes
gothiques, mais surtout un trésor
remarquable sur son clocher : une

„ CATHÉDRALE
Piazza del Duomo
& +39 090 675 175
Elle s’élève sur la piazza del Duomo
au milieu de laquelle jaillit la fontaine
d’Orion. Construite au XVIIe siècle
durant le règne de Roger, elle fut
détruite lors du tremblement de terre
de 1908, puis brûlée dans sa plus
horloge astronomique qui fut réalisée
par la maison Ungerer de Strasbourg
en 1933. C’est l’une des plus grandes
du monde, et elle s’anime tous les
jours à midi, lors d’un spectacle
musical mettant en scène toutes
sortes de personnages en bronze. A ne
pas manquer ! Vous pouvez également
monter en haut du campanile (haut de
60 m) afin d’admirer de plus près les
Le Nord

grande partie en 1943. petits automates.

Retrouvez l'index général en fin de guide

121
 „ CHIESE SANTA ANNUNZIATA
DEI CATALANI E SANTA MARIA
DEGLI ALEMANI
Via Garibaldi
Ces deux églises, situées au sud
de la cathédrale, à proximité de la
via Garibaldi, possèdent une valeur
historique et artistique exceptionnelle
puisqu’il s’agit des uniques témoignages
d’architecture normande et gothique
ayant survécu jusqu’à aujourd’hui
dans leur plan originel. La coupole, le
transept et l’abside de l’église Santa
Annunziata dei Catalani datent de la
seconde moitié du XIIe siècle, tandis
que sa façade possède 3 porches du
XIIIe siècle. En fait, le tremblement de
terre de 1908, au lieu de la détruire, la
libère d’ajouts postérieurs en lui rendant
miraculeusement son visage originel,
exemple austère et harmonieux de
l’architecture de l’époque qui associait
la simplicité des formes à une profonde
spiritualité. L’intérieur, avec ses voûtes
rondes et croisées, respire la sérénité.
© AUTHOR’S IMAGE
Filets de pêche sur la plage de Rodia.
122
Quant à Santa Maria degli Alemanni,
elle est un rare exemple d’architecture
gothique sicilienne. Elle fut construite
dans la première moitié du XIIIe siècle
sur commande de l’ordre Teutonique.
Cependant, après le départ de l’Ordre,
l’édifice tombe en ruine. C’est grâce à
de nombreuses restaurations et à des
consolidations massives de la structure
que cette superbe église fut sauvée
d’un oubli immérité.
„ FONTAINES
La fontaine d’Orion, située en face
de la cathédrale, a été conçue au
XVIe siècle par un élève de Michel-Ange.
C’est l’une des plus belles fontaines de
cette époque. Elle est ornée de scènes
mythologiques. La fontaine de Neptune
sur la place du Palazzo del Governo a
été construite en 1557. Neptune, sortant
des eaux, symbolise la force morale de
la ville qui a vécu de nombreuses catas-
trophes. La fontaine Falconieri, érigée
en 1842, détruite par le tremblement de
terre de 1908 et reconstruite en 1957 au
centre de la Piazza Basicò.
„ LA MADONNINA
Située à l’entrée du port, cette statue
accueille tous ceux qui arrivent par la
mer. Elle repose sur une colonne de
60 m de haut.
„ MUSÉE RÉGIONAL
Via della Libertà, 465
& +39 090 361 292
Le musée justifie à lui seul une visite à
Messine par la richesse de ses collec-
tions. De plus, il est très agréable.
Malheureusement, à cause des travaux
d’agrandissement, certaines œuvres
(telles que les sculptures de Gangini) ne
sont pas exposées. Parmi les œuvres
majeures, on compte Le Polyptyque
de saint Grégoire, par le citoyen le
plus célèbre de Messine, Antonello da
Messina. On admirera également les
deux superbes Caravage, L’Adoration
des bergers et La Résurrection de
Lazare, qu’il peignit au cours d’un
séjour à Messine entre 1608 et 1609.
Il s’agit de deux chefs-d’œuvre créés
au cours de la période de maturité
de cet artiste errant, à la vie agitée,
et qui mourut l’année suivante de
façon tragique. On trouve aussi une
belle Vierge à l’Enfant de Francesco
Laurana, du XVe siècle. Les peintres
flamands sont également présents,
avec une Vie de saint Jean-Baptiste
de Jan de Beer. Hormis la peinture,
très bien fournie, on trouve également
des sculptures et des objets en terre
cuite des époques grecque et romaine.
Milazzo
Située au début d’une presqu’île longue
de 7 km, la petite ville de Milazzo est
surtout connue pour être le principal
port d’embarquement vers les îles
Eoliennes. Elle conserve également,
dans sa ville haute, les vestiges d’un
imposant château médiéval, relative-
ment bien conservé, que l’on peut visiter
en attendant les bateaux pour les îles.
„ CHÂTEAU
Via Duomo Antico
& +39 0909 221 291
Ce sont les Arabes et les Normands
qui commencèrent la construction du
château existant, qui sera renforcé
et élargi par Frédéric II de Souabe au
XIII e siècle. Le roi lui donne une
structure carrée et solide avec 8 tours
latérales et une tour centrale. Les
Espagnols, au XVIe siècle, y ajoutèrent
un portail gothique et des remparts
imposants, puis le château passa aux
mains des Aragonais qui en renfor-
cèrent les fortifications. La structure
compte donc trois rangées de murs
datant des différentes époques de
construction. Sur un morceau des murs
d’enceinte datant du Moyen Age, on
aperçoit un dessin étrange en pierre de
lave, qui semble représenter un insecte.
Cette figure, au sujet de laquelle on
a entendu toutes les explications
VISITE
possibles et imaginables, représente en
réalité un scarabée, dont la symbolique
est liée au soleil qui en illumine les yeux
en l’équinoxe de printemps. En 1880,
le château devint une prison jusqu’en
1960. En travaux pendant longtemps,
le musée a réouvert ses portes il y a
peu et permet aux visiteurs enchantés
d’y découvrir ses trésors.
Capo di Milazzo
Situé à 2 km du centre de Milazzo, à
l’extrémité de la presqu’île, d’où l’on a
une vue superbe sur les îles Eoliennes
avec en contrebas, quelques jolies
plages, le cap est un but de promenade
agréable en fin de journée pour assister
au coucher de soleil. A l’extrémité du
cap, bars et glaciers attendent les
estivants. Pour aller au bout de la
pointe et profiter du superbe panorama,
prendre le petit chemin bordé de cactus,
puis tourner à gauche en passant le
petit muret de pierres au niveau du
portail indiquant l’interdiction de passer
(comme beaucoup de phares, celui-ci
est une zone militaire). Le chemin de
terre se transforme rapidement en
Le Nord
graviers, et des marches vous mèneront
à des piscines naturelles. Elles valent
la fatigue de la montée, d’autant plus
que la vue est splendide !
123
 Tindari
Cette ville antique, autrefois appelée
Tyndaris en l’honneur des Dioscures
ou Tyndaridae, divinités protectrices
des émigrés, fut construite par Denys
l’Ancien de Syracuse en 396 av. J.-C.,
sur un promontoire rocheux de 230 m.
Outre les vestiges de la ville gréco-
romaine, elle possède un sanctuaire,
fameux dans toute l’île.
Au pied du sanctuaire, la mer pénètre
régulièrement dans les tomboli
(cordons de sable). C’est ainsi
que se sont formés 3 petits lacs
salés nommés Verde, Marinello et
Mergolo. La magie de Tindari, le poète
Quasimodo l’évoque en ces termes :
« Tindari, je te sais paisible, suspendue
entre tes larges collines, sur les eaux
douces aux dieux. »
„ SANCTUAIRE
DE LA VIERGE NOIRE
Via Mons. Pullano, 12
& +39 0941 369 003
www.santuariotindari.it
santuariotindari@santuariotindari.it
Perché sur son promontoire à 270 m
d’altitude et visible de très loin, c’est
un lieu de pèlerinage assez fréquenté.
Il est de construction récente (des
années 1950). Il contient une statue
d’une vierge noire originaire de
Byzance en cèdre du Liban, enfermée
dans une châsse richement décorée.
Les murs sont couverts de peintures,
et l’abside raconte l’histoire du sanc-
tuaire.
„ SITE ARCHÉOLOGIQUE
Via del Teatro Greco
& +39 0941 369 023
124
A observer ses vestiges, impossible
de douter de la richesse de cette ville
qui était faite de rues parallèles et
rectilignes, avec un important réseau
d’égouts. Elle possédait également
un théâtre de la fin du IVe siècle av.
J.-C., adossé à la colline et ouvert sur
la mer, une basilique haute de plus
de 15 m, structurée sur trois étages,
l’agora qui contient un gymnasium
de la même époque, et des thermes
dont les pavements étaient embellis
de mosaïques, avec une installa-
tion permettant la circulation de
l’air chaud. Encore aujourd’hui, des
représentations classiques ont lieu
dans le théâtre en été.
Des constructions romaines se super-
posent aux précédentes, avec une
villa du I er siècle, enrichie de huit
colonnes. Les fouilles ont montré qu’à
cet endroit se trouvait une ancienne
ville, entourée de remparts, avec
cinq tours et une porte principale.
Un musée, ouvert aux mêmes horaires
que le site, présente les objets trouvés
lors des fouilles.
Cefalù
C’est non seulement la plus belle plage
de toute la côte, mais également un
petit port de pêche où il fait bon vivre
et se balader, dans ses anciennes rues
dessinées selon un plan en arêtes de
poisson autour du corso Ruggero,
l’artère principale de la vieille ville.
Les passionnés d’art et de culture
y trouveront leur compte, entre sa
cathédrale, qui justifie à elle seule le
voyage, et ses nombreux vestiges de
civilisations primitives surplombant la
Rocca. C’est d’ailleurs de cet énorme
 © S. REMAIN – ICONOTEC
rocher, de la forme d’un crâne (avec
un peu d’imagination…) qui domine
la ville, que celle-ci tient son nom, du
grec Kephalion qui signifie « tête ».
„ CATHÉDRALE
Piazza del Duomo
& +39 0921 922 021
& +39 0921 921 220
Alors qu’il était en voyage avec
sa flotte, entre Salerno et Reggio,

VISITE
Ruggero II fut surpris par une violente
tempête. Il pria Dieu, lui promettant
de faire ériger une église à l’endroit
où il débarquerait sain et sauf. Les
ondes se calmèrent, le vent cessa de
souffler et Ruggero débarqua à Cefalù.
C’est en 1131 que, tenant sa
promesse, il posa la première pierre de
cette église, à un endroit déjà urbanisé Dans la vieille ville de Cefalù.

et où ont été récemment découvertes

une voie romaine et des mosaïques
paléochrétiennes. Inspiré de l’église de
Saint-Denis, cet édifice au caractère
de forteresse, avec ses 2 tours
massives, allégées cependant par
des fenêtres bifores (ayant deux baies)
et monofores, est devancé par une
immense terrasse carrée, construite
au-dessus de l’ancien cimetière
antique. La façade, à l’origine revêtue
de mosaïques, date de 1240, tandis
que son portique, avec ses 3 arcades,
date de 1471. L’intérieur est séparé
par 3 nefs bordées de colonnes du IIe
siècle av. J.-C., dont certaines sont de
granit rose. On trouve également dans
l’église des éléments orientaux tel son
regard sévère du Christ Pantocrator
qui se détache de l’abside.
Cet te impressionnante figure
byzantine domine l’intérieur de
l’édifice. Elle représente le Christ
bénissant d’une main ses fidèles et
tenant dans l’autre main l’Evangile
ouvert sur lequel on peut lire : « Je
suis la lumière : celui qui me suit
ne marchera pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie. » Il
s’agit de la représentation du Christ
la plus ancienne, mais aussi la plus
expressive que l’on puisse trouver en
Sicile. Victor Cronin, dans son livre L’Ile
aux rayons de miel, la décrit ainsi :
« Les yeux, par leur dimension et leur
Le Nord

cœur surélevé, revêtu de mosaïques. position dominante, semblent tout

L’espace dépouillé et une certaine observer. Ils restent impénétrables et
unité de tons rendent cet endroit parti- sévères, tout en n’étant pas dépourvus
culièrement serein, et ceci malgré le de compassion et d’amour. »

125
 „ MUSÉE MANDRALISCA
Via Mandralisca, 13
& +39 0921 421 547
info@fondazionemandralisca.it
Cette collection a pu se constituer
grâce à la générosité d’un illustre
habitant de Cefalù, élu député de la
ville au Parlement italien en 1861,
le baron Piraino di Mandralisca. En
mourant, ce passionné d’art laissa ses
biens pour constituer une fondation,
dans le but de promouvoir sa ville
de Cefalù. Pari réussi puisque nous
en parlons. Le musée possède une
bibliothèque de quelque 6 000 volumes
(ouverte de 9h à 13h et de 16h à 18h).
On y trouve une impressionnante
collection de coquillages (quelque
20 000 pièces provenant du monde
entier) et de monnaie (de Cefalù et
Lipari), des pièces archéologiques,
masques, vases, brûle-parfums,
lampes à huile, dont un magnifique
vase du IVe siècle av. J.-C., représen-
tant un vendeur de thons, des icônes
d’origines vénitienne et crétoise… La
pinacothèque possède des œuvres
de l’époque byzantine jusqu’au
XVIIIe siècle (Ruoppolo, Pietro Novelli).
Mais la plus belle pièce reste le fabuleux
Ritratto d’Ignoto, Portrait d’un inconnu
par Antonello da Messina (1465-1470)
dont le regard vif et le sourire ironique
ne vous laisseront certainement pas
indifférent. Zeri écrit : « Dans ce sourire
est concentrée l’essence équivoque de
l’île, fascinante et terrible. »
„ ROCCA
Falaise calcaire de 268 m de hauteur
dominant la ville, la Rocca a toujours
constitué pour Cefalù un point de
défense stratégique. Les vestiges que
l’on peut y trouver montrent l’impor-
126
tance qu’elle a pu avoir auparavant.
Les traces de vie les plus anciennes
que l’on a découvertes sur la Rocca se
situent dans deux grottes du versant
oriental (IXe siècle av. J.-C.). Mais on y
trouve aussi une enceinte, des citernes
d’eau, une série intéressante de fours
et les restes de petites chapelles
(dont celle de Santa Anna), vestiges
évoquant les différentes époques
d’habitation du site. L’édifice le plus
important et le mieux conservé est le
temple de Diane, monument monoli-
thique réalisé entre la fin du Ve siècle
et le début du IVe siècle av. J.-C., avec,
à l’intérieur, une citerne de style plus
ancien et liée au culte de l’eau.
Pour atteindre le sommet de la Rocca,
vous pouvez partir du vicolo Saraceni,
depuis le corso Ruggero. Il faut compter
une heure environ pour l’excursion sur
le rocher. Du sommet, on peut admirer
le magnifique panorama, en particulier
sur le quartier de la Kalura, avec sa
tour de guet construite vers 1500.
Termini Imerese
Au pied du mont Calogero (à 36 km de
Palerme), cette cité thermale est une
des plus célèbres de Sicile, puisque
ses vertus furent vantées par le poète
Pindare en personne. Successivement
romaine, arabe, normande, elle garde
des traces de ces dominations.
Aujourd’hui, on la connaît pour les
usines qui ont occupé ses côtes et
pollué l’eau. Elle est articulée en deux
noyaux : la ville basse, moderne, et
la ville haute, ancienne. Au hasard
de ses rues tortueuses, on remarque
d’intéressants édifices, témoins de la
richesse de ce port depuis le Moyen
Age.
 Les îles Éoliennes
Les 7 îlots qui composent l’archipel éolien sont dominés, au loin, par le sommet
de leur mère l’Etna. Il existe en réalité 17 îles volcaniques nées de la subduc-
tion de la plaque ionienne contre le bouclier africain, mais seules sept d’entre
elles sont habitées. Les principales sont Lipari et Salina. L’archipel est réputé
pour sa douceur de vivre, sa cuisine, (le délicieux vin de malvoisie contribuant
largement à cette réputation), ses paysages et la splendeur de ses fonds ma-
rins. L’Unesco ne s’y est d’ailleurs pas trompé en inscrivant en 2000 ces îles
au patrimoine mondial. C’est également leur beauté et leur caractère uniques

VISITE
qui ont fait de ces îles des stars de cinéma. De nombreux réalisateurs les ont
élues comme décors naturels. Le réalisateur Nanni Moretti, dans son film Jour-
nal Intime (Caro Diario), a dressé un savoureux portrait des plus célèbres des
Éoliennes. Rosselini (Stromboli, terra di Dio), les frères Taviani (Kaos), Antonioni
(L’Avventura), Michael Radford (Il Postino) et bien d’autres les ont immortali-
sées par le cinéma.

Lipari principal centre du commerce de

« Une île flottante, un mur de bronze
et de splendides falaises lisses et
abruptes. » C’est ainsi qu’Homère
décrivait Lipari, l’ancienne Meligunis,
la plus grande et la plus peuplée
des îles Eoliennes (37,6 km² et
11 500 hab.). Pendant la guerre, elle
accueillait les prisonniers ennemis du
régime fasciste de Mussolini. Autrefois
© EFESENKO – ISTOCKPHOTO
l’obsidienne et de la pierre ponce,
elle est aussi connue pour la pêche
à l’espadon, pratiquée sur de curieux
bateaux dont les mâts peuvent
atteindre parfois jusqu’à 30 m de
hauteur. Quant à son volcan, rassurez-
vous, il reste sage depuis des années,
et ce sont plutôt les naufrages qui sont
ici redoutés.

Les îles Éoliennes

Lipari.

127
Les îles Éoliennes
Légende.
© COPYRIGHT
 Il n’empêche que Lipari est, avec
Stromboli et Vulcano, une des îles
les plus marquées par le phénomène
volcanique, avec ses fumerolles inof-
fensives et ses sources thermales.
Un centre de recherche en vulcano-
logie a d’ailleurs élu domicile sur le
mont Falcone. L’île, avec ses côtes
découpées et accidentées et ses
parfums de garrigue, possède un
charme certain, de même que Lipari,
sa ville principale. La capitale de l’île
est située sur la côte est de l’île, entre
l’adorable petit port de Marina Corta,
où arrivent les hydroglisseurs, et celui
de Marina Lunga, où débarquent les
passagers des ferries et les camions de
ravitaillement. Du bateau, on aperçoit
d’abord son imposant rocher de lave,
enserré de murailles sous Charles
Quint.
„ CITADELLE
Cette enceinte fut construite par les
Espagnols après 1544, à la suite de la
destruction de la ville par le corsaire
d’Alger Khayr ad-Din, plus connu sous
le nom de Barbarossa (Barberousse).
Les puissantes murailles encerclent
des éléments de fortification du
XIIIe siècle, mais aussi des vestiges
grecs dont une tour datant des IVe et
IIIe siècles av. J.-C. Dans cette enceinte
se trouvent cinq églises, dont la cathé-
drale d’origine normande, reconstruite
en 1654, qui présente une façade du
XIXe siècle et un intérieur baroque.
Elle est dédiée à saint Barthélemy,
qui a la lourde responsabilité d’être
le saint patron de l’ensemble des îles
Eoliennes. A voir : les restes de son
cloître normand du XIIe siècle ainsi
que les fresques.
130
„ MUSEO
ARCHEOLOGICO EOLIANO
Via del Castello
& +39 090 988 0174
museo.arche.brea@regione.sicilia.it
Le musée se situe dans la citadelle, de
part et d’autre de la cathédrale, et c’est
l’un des plus intéressants de Sicile.
Installé dans l’ancien palais épiscopal
et dans les anciennes prisons, il
contient une très riche collection
répartie en 26 salles présentant l’évo-
lution historique des îles, du début du
Paléolithique à l’an mille en passant par
les époques grecque et romaine. On y
trouve des amphores, des sarcophages,
des céramiques richement décorées et
surtout une collection exceptionnelle
de masques de comédie de plus de
250 pièces. On découvrira également
des pièces d’archéologie sous-marine
(trésors de bateaux engloutis au large
de Lipari à différentes époques). Le
musée possède également un espace
consacré à la géologie et à la vulca-
nologie.
Bon à savoir : l’entrée est libre pour le
musée de la Marine et des Traditions
éoliennes.
„ PARC ARCHÉOLOGIQUE
Au sud du musée, face à l’église de la
Madonna delle Grazie, le parc archéolo-
gique du château contient des tombes
d’époques grecque et romaine. Cet
endroit offre une belle vue sur la ville
et sur la zone portuaire de Marina Corta
où se dresse, sur un rocher, la petite
église delle Anime del Purgatorio.
En remontant vers l’église de l’Immaco-
lata, on traverse la zone archéologique,
avec ses ruines allant du XVIIe siècle
av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C.
 Vulcano
Cette île, distante de Lipari de
seulement 1,6 km, est le résultat
de l’heureux mariage, en 1550, des
volcans de Vulcanello et de Vulcano,
que la lave a réunis. La péninsule de
Vulcano est délimitée par 2 pôles :
Porto di Levante et Porto di Ponente.
C’est à Porto di Levante qu’accostent
les paquebots, les hydroglisseurs et
les bateaux de plaisance.A cet endroit,
le long de l’isthme de Vulcanello,
s’ouvrent des fumerolles et une mare
de boue bouillante jaunâtre. La belle
baie de Porto di Ponente est, elle,
caractérisée par une plage de fin sable
noir. Le volcan le plus vaste, le Vulcano
Vecchio, est situé au sud-est de l’île.
Les cratères des monts Aria (499 m) et
Saracemo (481 m) sont éteints depuis
la préhistoire tandis que le quatrième,
la Fossa di Vulcano, peut se réveiller
© ISTOCKPHOTO.COM/BRZOZOWSKA
Panorama depuis l’île de Lipari sur le cratère volcanique de l’île de Vulcano.
d’un instant à l’autre. Ses dernières
éruptions remontent à 1739 et 1888.
„ ACQUACALDA
Sur le littoral oriental, il est de rigueur
de se baigner à la plage d’Acqua-
calda où la mer gargouille de gaz
sulfureux et atteint la température
de 100 °C en cas d’éruption. Près
des fissures longeant la plage, au
pied des îlots rocheux, se trouve
VISITE
une grande cuvette remplie de boue
tiède et grisâtre censée avoir des
vertus bienfaisantes pour la peau et
les rhumatismes. La mode est donc
au badigeonnage, et il s’agit d’étaler
cette substance, au premier abord
peu engageante, sur votre corps. La
séance s’accompagne d’une insuppor-
table odeur âcre d’hydrogène sulfuré,
après quoi vous pourrez vous rincer
dans l’eau de mer réchauffée par les
fumerolles !
Les îles Éoliennes
131
 „ LA FOSSA DI VULCANO
On accède au cratère en 45 minutes
de randonnée en prenant son temps.
L’excursion est facile et se fait sans
guide, de préférence le matin ou au
coucher du soleil. Du port de Porto di
Levante, on accède au flanc du volcan
par la route de Piano et de Gelso. On
monte le long de la Forgia Vecchia
sur un chemin sinueux bien tracé qui
passe à côté de la coulée d’obsidienne
de Pietre Cotte. En grimpant, on peut
déjà apercevoir des volutes de fumée
s’élevant de la croûte de la montagne.
On arrive alors sur un plateau, envahi
par les scories éruptives, où s’ouvre le
vaste cratère, d’une circonférence de
plus de 500 m de diamètre. Le point
culminant de l’appareil volcanique est
situé à 391 m d’altitude, sur le versant
nord. Il est possible de faire le tour
du cratère en 45 minutes par le sud,
mais il est interdit d’y descendre, car
les gaz dégagés sont très toxiques.
Il s’agit d’une expérience unique, mais
pour laquelle la plus grande prudence
est recommandée : l’oxygène devient
rare à certains endroits et de trop
fortes émanations de gaz s’avèrent
parfois dangereuses. Faites attention
également où vous mettez les pieds et
ne vous laissez pas trop emporter par
l’enthousiasme que peut provoquer le
panorama vu d’en haut.
„ VULCANELLO
Pline l’Ancien raconte que cette île, qui
fut rattachée par la suite à Vulcano,
émerge des eaux vers l’an 182 av.
J.-C. L’itinéraire jusqu’au cratère de
Vulcanello est une promenade plus
tranquille pour ceux qui redoutent les
humeurs du volcan précédent. Vous
132
accédez à son sommet (à 124 m) en
30 minutes pour vous plonger dans un
étrange univers de tufs volcaniques
aux tons rouges et roses. La vue sur
Lipari est imprenable !
Salina
Montagneuse, c’est la plus élevée
des îles, avec les monts Fossa delle
Felci qui culminent à 962 m. C’est
aussi la seule à ne pas faire partie
de la commune de Lipari : elle est
composée de trois petites communes
rassemblant 2 300 habitants.
Tranquille et harmonieuse, avec ses
maisons blanches disséminées dans
la campagne, elle a le charme de la
sérénité.
C’est ici, dans la tranquille localité de
Pollara qui possède la plus belle plage
de l’île au nord-ouest, que fut tourné le
film Le Facteur (Il Postino), qui retrace
l’exil italien du poète chilien Pablo
Neruda, interprété par le regretté
Philippe Noiret. L’île est formée de
deux vieux appareils volcaniques prin-
cipaux, les monts Fossa delle Felci
et les monts dei Porri, séparés par le
paisible col de Valdichiesa. C’est de
sa silhouette particulière qu’elle tire
son nom antique de Didyme signifiant
« jumeau ». Mais elle compte encore
4 volcans mineurs.
„ PUNTA LINGUA
Au sud, à Punta Lingua, l’ancienne
saline devenue un petit lac saumâtre
est un point de ralliement pour la
faune marine en migration. On y
trouve des vestiges de murailles des
Ier et IIe siècles apr. J.-C., remontant à
l’époque impériale romaine. A côté, le
village de Lingua est perdu au milieu
des vignobles et des oliveraies. Un
saut à Punta Grottazza, non loin de là,
avec sa très belle grotte de basalte,
est recommandé.
„ VALDICHIESA
Une promenade à Valdichiesa vous fera
découvrir le côté rural et les collines
souriantes de la vallée dei Giovi. La
route principale, située entre les deux
massifs volcaniques, traverse le col
de Valdichiesa à l’endroit où fut édifié
au début du XIIe siècle le sanctuaire
de la Madonna del Terzito, devenu un
lieu de pèlerinage. En remontant un
peu vers la côte, on arrive à Malfa,
où se trouvent les restes archéolo-
giques les plus anciens de l’île dont,
en particulier, une tombe datant de
la seconde moitié du IIIe millénaire av.
J.-C. Malfa possède aussi une belle
plage de galets. Non loin de là, dans
le village abandonné de Capo Faro,
on trouve encore d’anciennes petites
maisons de pêcheurs. Sur le versant
ouest de l’île, le minuscule port de
Pollara, taillé dans la roche, offre une
plage de sable, l’unique de l’île (les
autres sont des plages de galets) et
des eaux d’une étonnante clarté. En
longeant la côte ouest vers le sud, on
passe par Leni, village perché sur les
hauteurs du mont Fossa delle Felci, pour
arriver à Rinella, adorable petit port,
dont les eaux poissonneuses attirent
de nombreux pêcheurs sous-marins.
Panarea
Au départ, il semble que Panarea
ait formé une seule île avec les îlots
dispersés autour d’elle jusqu’à ce
qu’une explosion fasse sombrer son
cratère toujours actif à 500 m sous
la mer. D’une longueur de 8 km, la
côte est une succession de terrasses
marines, de cuvettes, et de fissures
énormes formant des colonnes... Les
côtes septentrionales et occidentales
sont les plus tourmentées, avec de
nombreux écueils au ras de l’eau,
tandis que les côtes méridionales et
orientales, atteignant à peine 50 m de
hauteur, sont cultivées et agrémentées
de petites plages et de criques. L’île
VISITE
atteint son sommet à Punta del Corvo
à 421 m. A l’intérieur et sur les côtes,
la végétation est très riche en figuiers
de barbarie, oliviers, genêts, câpriers
et dès le printemps, l’île se remplit
de fleurs multicolores. Les Panarioti,
au nombre de 280, vivent dans les
petits bourgs de Ditella, Drauto et San
Pietro, centre principal ou se trouve
le petit embarcadère (désormais
d’autres embarcadères à Cala Junco
et à Porto Drauto). Une seule route
relie ces 3 villages, petits groupes
de maisons blanches abondamment
fleuries de bougainvilliers, de pur style
éolien, tandis que des sentiers sinueux
grimpent jusqu’aux autres maisons
éparpillées sur les versants sud et est.
„ CRIQUES
Cala Junco
Vous pouvez en profiter pour vous
baigner dans la crique paradisiaque
Les îles Éoliennes
de Cala Junco ou dans celle de Caletta
dei Zimmari.
„ CUVETTE DE CALCARA
Au nord de l’île, où il existe encore des
manifestations post-volcaniques telles
que des fumerolles et des émissions
de vapeurs pouvant atteindre plus de
100 °C dans la mer.
133
 „ PROMENADE DEL MILAZZESE
On accède en descendant la côte vers
le sud jusqu’à la Caletta dei Zimmari
(comptez une heure aller-retour en
partant du môle de San Pietro où
accostent les bateaux). A cet endroit,
de 1400 à 1270 av. J.-C., s’épanouit
l’une des plus belles civilisations
éoliennes appelée « la civilisation del
Milazzese », qui se développa sur le
promontoire portant le même nom,
véritable forteresse naturelle donnant
sur la mer. Les 23 cabanes, dont
certaines sont entourées d’une enceinte,
témoignent du passage de cette civi-
lisation organisée, qui possédait des
meules et des mortiers. On y a retrouvé
de nombreuses céramiques qui sont
exposées, avec les autres vestiges
intéressants, au musée de Lipari.
Stromboli
Cette île, phare naturel de la mer
Tyrrhénienne avec son sommet auréolé
de feu, est un véritable phénomène.
Composée principalement d’un
volcan en activité permanente depuis
au moins 2 000 ans, elle dessine un
cône presque parfait au milieu de l’eau,
d’où son nom du grec Stroggulè qui
signifie « ronde ». La nuit, son volcan,
surnommé Iddu (lui) par les habitants
de l’île qui lui vouent un respect
presque religieux, nous convie à un
magnifique spectacle, digne de tous
les feux d’artifice du monde. De tout
temps, Stromboli a suscité l’intérêt.
Rossellini lui consacre un film superbe,
Stromboli, terra di Dio (Stromboli, terre
de Dieu) avec Ingrid Bergman. Mais
c’est aussi une île pleine de charme,
avec ses maisons blanches contrastant
avec sa surface aux tons gris et noirs,
134
ses jardins luxuriants et ses petits ports
aux barques multicolores.
L’île est constituée de la partie supé-
rieure de l’appareil volcanique dont le
point culminant est Vancori (924 m).
Le reste de l’appareil se trouve sous
l’eau et descend jusqu’à une profondeur
d’environ 2 000 m. Les bouches des
cratères actuels se trouvent à 700 m
d’altitude, sur le versant occidental.
Elles surplombent la sciara del Fuoco,
pente très abrupte, délimitée par le filo
del Fuoco et par le filo di Baraona, deux
énormes fissures qui servent de chemin
aux éjections du volcan vers la mer. De
ce côté, de hautes parois rocheuses de
couleur noire et rougeâtre, constituées
d’anciennes laves, bordent la côte. Au
pied du volcan, une configuration assez
particulière. Le fond est noir, et quand
on touche le sable, des bulles appa-
raissent. Mais l’île possède un autre
visage : ses côtés oriental et méri-
dional, moins âpres, laissent s’étendre
la verdure par endroits en de grandes
taches. On y trouve des vignes, des
arbres fruitiers, des oliviers ici et là…
Au nord-est de l’île, un château de
roche volcanique appelé Stromboliccio
(petit Stromboli) se dresse dans la mer.
L’île, peu peuplée, compte environ
420 personnes, regroupées, pour la
plupart, dans les bourgades de San
Vicenzo, de Scari, où l’on débarque
en aéroglisseur, de Piscità et de San
Bartolo. Ginostra, un autre hameau
situé sur la côte occidentale, avec ses
quelques maisonnettes, sert de refuge
pour les bateaux de pêche pendant
les tempêtes. La vie a paisiblement
repris son cours depuis l’éruption du
nouvel an 2002-2003 qui provoqua une
évacuation panique de l’île.
© LUIGINIFOSI – ISTOCKPHOTO
Filicudi
On vient surtout à Filicudi pour explorer
ses grottes et ses fonds marins,
riches en éponges et en coraux. Plus
sauvage et plus rocheuse qu’Alicudi,
elle est recouverte de fougères qui
poussent parmi les câpriers, les
oliviers sauvages, les frênes et les
figuiers de barbarie. Ses eaux, dans
lesquelles fourmillent des tonnes de
poissons, attirèrent sans doute les
premiers habitants, qui apparurent
sur l’île il y a au moins 3 000 ans,
et dont on retrouve quelques traces
sur la presqu’île de Capo Graziano.
Mis à part le bourg, situé autour
de Filicudi Porto (principal port),
d’autres centres habités se trouvent
sur la rive méridionale, comme celui
de Pecorini a Mare, ou encore sont
blottis à l’intérieur de l’île, comme le
village de Valdichiesa, situé près de
l’église de Santo Stefano, ou comme
le petit bourg de Rocca di Ciauli, qui
se dresse sur le plateau. Une route
en bon état relie ces villages ou se
VISITE
Le volcan Stromboli.
répartissent environ 250 habitants. Le
versant oriental de l’île, moins rude
que les autres, est avantagé par une
succession de terrasses et de pentes.
w On vient surtout ici pour les
merveilles naturelles réparties
autour de l’île. Le tour en bateau se
fait dans les traditionnelles barques de
pêche et dure environ 2 heures. Les
bateaux ne partent du port que quand
ils ont suffisamment de passagers
à bord. De la mer, on pourra voir la
grotta del Bue Marino. Elle est formée
d’une sorte d’atrium dans lequel
on accède par une vaste entrée. A
l’intérieur, les reflets de lumière dans
l’eau verte et bleue et les ombres
Les îles Éoliennes
changeantes contribuent à la magie de
l’endroit. Après la pointe de Perciato,
alors que la côte de l’île reste élevée,
avec des précipices et des vallons qui
semblent se jeter brusquement dans
la mer, se succèdent les bas écueils
du Notaro et celui, trapu et rupestre
du Montenassari, entouré de rochers
affleurant à la surface de la mer.
135
 w Le village de Pecorini a Mare,
bordé par une jolie baie, possède un
charmant port. On pourra rejoindre
l’église San Giuseppe, dans la partie
haute du village, par un ancien sentier
muletier qui serpente à travers les
maisons de style typique éolien. L’église
San Stefano, du XVIIe siècle, à Val di
Chiesa, mérite également un coup
d’œil. On pourra aussi s’approcher de
l’impressionnant rocher de la Canna,
s’élevant à 85 m de hauteur. Surnommé
« l’obélisque marin », il pourrait faire
pâlir celui de Louxor. Il sert de perchoir
naturel aux oiseaux marins.
w Plus au nord, la pointe du Zucco
Grande nous révèle ses 10 strates de
lave. Peut-être aurez-vous la chance
de croiser quelques dauphins, qui sont
assez nombreux aux alentours de l’île.
Des tortues de mer vivent aussi en
ces lieux.
Alicudi
La machine à remonter le temps existe !
Nous en avons été victimes lors de
notre traversée pour aller de Filicudi
à Alicudi. Cette île, autrefois remplie
de genêts, est la plus rustique des
Eoliennes. Cette île, autrefois remplie
de genêts, est la plus rustique des
Éoliennes. Le moyen de locomotion le
plus couramment utilisé sur l’île est la
mule, l’eau est loin d’être courante et
Ampère reste ici un illustre inconnu
(les lampes à pétrole sont de rigueur).
Un retour au XIXe siècle. Ce voyage est
d’autant plus agréable que les habitants
de l’île, pêcheurs pour la plupart, ont un
véritable sens de l’hospitalité. Alicudi
est l’île la plus occidentale de l’ar-
chipel, distante de 40 km de Lipari et
de 100 km de Milazzo. De loin, Alicudi,
136
d’origine volcanique, dessine un cône
dans la mer Tyrrhénienne, comme sa
grande sœur Stromboli.
w Promenez-vous à l’intérieur de
l’île par ces sentiers qui s’aventurent
entre les câpriers, les oliviers et les
figuiers de barbarie. Vous pouvez alors
entreprendre une excursion en haut
du filo dell’Arpa. Du sommet, la vue
donne sur le serro delle Farcona et sur
le timpone delle Femmine, qui porte ce
nom car c’est là que se réfugiaient les
femmes pour se protéger des incursions
des pirates sarrasins. De l’église de San
Bartolo, qui se trouve à mi-côte sur le
versant oriental, on a également un
beau panorama sur la mer.
w Il faut aussi se balader en
bateau tout autour de l’île ! Le long
de la côte s’articulent de petites
plages, des scories volcaniques, et
de magnifiques précipices rocheux.
Il ne faut pas manquer de visiter la
grotte dell’Acqua, près de la pointe
de la Gallera, ou le Grotazzo, œuvre
de l’érosion marine. Sur la côte sud,
on pourra admirer le pont du Perciato,
superbe arc naturel qui se reflète dans
l’eau, à côté d’une plage. Sur la côte
nord, on apercevra une petite église à
la Fossa di Princhitedda. Enfin, sur la
côte septentrionale, se dresse un petit
écueil que l’on appelle Cannedda. Les
eaux sont riches en poissons de toutes
sortes. On y pêche de magnifiques
langoustes et des mérous. Sur le
versant sud-est, les fonds marins
s’enrichissent d’une végétation
multicolore, malgré le fait que les
rivages soient battus par des courants
tourbillonnants. Riches en épaves, ils
font le bonheur des plongeurs.
Cefalù. © ROLFST – ISTOCKPHOTO

PENSE FUTÉ
 Pense futé
Argent
w Monnaie : l’euro.
w Coût de la vie : Hormis l’essence
et les belles chambres d’hôtel, plus
nombreuses qu’en France et qui
paraissent un peu plus chères, le
coût de la vie est, à qualité égale,
sensiblement moins chère que chez
nous. La notion de « qualité égale » est
bien sûr subjective, mais, par exemple,
on ne mange jamais médiocrement au
restaurant, même en dessous de 10 E.
Le coût de la vie est sensiblement plus
élevé dans l’est de la Sicile : on trouve
en effet dans cette partie de l’île des
points d’intérêt majeurs comme l’Etna,
Taormine, Syracuse, mais aussi les
villes baroques de Raguse, Noto et
Modica. Cependant, même dans ces
régions, les prix diminuent dès qu’on
s’éloigne un peu des grands centres
touristiques.
w Moyens de paiement : L’Italie
étant un pays de la zone Euro, vous
pouvez y effectuer vos retraits et
paiements par carte bancaire (Visa,
MasterCard, etc.) comme vous le
feriez en France. Inutile d’emporter
des sommes importantes en liquide.
Tous vos paiements par carte sont
gratuits et vos retraits sont soumis aux
mêmes conditions tarifaires que ceux
Visa Premier, la carte à privilégier pour vos voyages !
V ous bénéficiez en cas de perte ou de vol de votre carte à l’étranger d’une carte
de remplacement sous 48h et de beaucoup d’autres services. Renseignez-vous sur
visa.fr si vous en détenez une.
138
effectués en France (ils sont donc
gratuits pour la plupart des cartes
bancaires).
w Marchandage : Le marchandage
n’est pas pratiqué en Sicile. D’autant
moins que les prix sont affichés et que
les magasins font des soldes toute
l’année. Il y a toutes les gammes de
prix. On peut donc faire de bonnes
affaires sans avoir à marchander !
De plus, nombre d’hôtels font des
réductions et des tarifs Internet, selon
la période et le nombre de nuitées.
w Pourboires : Les pourboires ne
sont pas obligatoires, mais sont
toujours appréciés, surtout lorsqu’ils
viennent de touristes français dont la
réputation de radins est légendaire en
Italie. Nous vous conseillons de laisser
un pourboire d’environ 5 à 10 % de
votre consommation.
Bagages
Voici quelques conseils utiles au
moment de faire votre valise. Et
ayez en tête que les Siciliens sont
très élégants. Bien s’habiller est une
marque de respect et de bienséance,
en tout cas bien plus que de la coquet-
terie : prévoyez des vêtements en
conséquence. Pour faire l’ascension
de l’Etna ou d’autres volcans, prévoyez
© AUTHOR’S IMAGE
des chaussures de marche avec des
semelles épaisses (et un pull polaire
pour l’Etna).Autrement, il va sans dire
que maillots de bain, chapeaux de
plage et lunettes de soleil sont plus
que conseillés pour affronter le soleil.
Pensez également à la crème solaire
pour protéger votre peau. Un masque
et un tuba peuvent être utiles à ceux
qui aiment explorer le fond des eaux
transparentes.
Électricité
La Sicile est branchée sur 220 volts
comme le reste de l’Europe conti-
nentale.
Formalités
Pour un séjour inférieur à 3 mois :
carte d’identité ou passeport périmé
depuis moins de 5 ans. Mais attention,
sur certaines compagnies aériennes,
vous ne pourrez obtenir votre carte
d’embarquement qu’en présentant
une pièce d’identité valide. Au-delà
des 3 mois, il faut se faire délivrer par
la Questura (préfecture) le permesso
Bateau de pêche à Palerme.
PENSE FUTÉ
di soggiorno (carte de séjour), qui sera
valable pour une période de 5 ans.
Langues parlées
Les Siciliens parlent l’italien. L’italien
et le français étant des langues rela-
tivement proches, puisque d’origine
latine, vous pourrez toujours essayer
de vous faire comprendre en rajoutant
par-ci par-là quelques « a » au féminin,
« o » au masculin, ou autres « i » au
pluriel et « e » pour le genre féminin !
… Mais cela ne suffira peut-être pas,
même avec l’aide des mains.
Quand partir ?
Les étés sont chauds et secs et les
hivers courts et généralement doux.
Il fait rarement moins de 12 °C au
cœur de l’hiver à Palerme et moins
de 10 °C à Messine. Les mois les plus
agréables pour visiter le pays sont avril
à juin et septembre à octobre. En été,
il peut faire tellement chaud que le
farniente devient la seule occupation
envisageable.
139
 Santé
La Sicile ne présente aucun risque
majeur sur le plan sanitaire. Aucun
vaccin n’est recommandé. Vous
pouvez donc partir tranquilles. Il
convient toutefois d’être vigilant face
au soleil.
Il faut donc se montrer extrêmement
prudent et éviter les expositions
longues et répétitives. Dans tous les
cas et quelle que soit la durée de
l’exposition, il est impératif d’utiliser
un écran solaire avec un indice très
élevé et de ne pas hésiter à se couvrir
avec des vêtements en toile légère et
un chapeau à large bord. Pour recevoir
les dernières informations concernant
l’état sanitaire du pays et quelques
conseils, vous pouvez vous adresser
à la Société de médecine des voyages
du Centre médical de l’Institut Pasteur
/ 01 40 61 38 46 / www.pasteur.fr
ou vous rendre sur la site du Cimed :
www.cimed.org
Sécurité
w F emmes seules : voyager seule
en Sicile ne pose aucun problème
particulier, bien au contraire ! La
solitude permettra une intégration
voire une immersion totale parce
que les Siciliens sont accueillants
et chaleureux. Et les compagnons
de route se trouveront d’autant plus
facilement que les excursions à faire
sont nombreuses.

Faire – Ne pas faire

Faire
w La population se considère comme étant sicilienne avant d’être italienne, avec
tout ce que cela implique. Il faut donc éviter les raccourcis comme : « Vous, en Italie,
etc. », mais plutôt insister sur la spécificité insulaire.
w Respectez l’heure de la sieste et ne pas s’insurger si tout ou presque est fermé en
début d’après-midi…
w Les Siciliens sont très pointilleux sur l’apparence et le look, et sortent souvent très
apprêtés. Portez au moins une chemise pour faire couleur locale et si vous voulez
fréquenter la jeunesse citadine (style touriste à bannir !).
w Et surtout : apprenez quelques mots d’italien, la population vous en sera plus que
reconnaissante, et cela vous ouvrira de multiples portes !

Ne pas faire
w En Sicile, le sacré tient une place fondamentale et délimite clairement le respect
dans lequel il faut se tenir. Comme dans tous les lieux saints d’Italie, il est convenable
d’être discret durant les services religieux, et il est interdit de s’y introduire en short,
épaules découvertes et tenues légères, et parfois de prendre des photos.
w De manière plus générale, le dénuement parfois abusif peut choquer, même sur
les plages.

140
w Voyager avec des enfants : la

© VVOEVALE – ISTOCKPHOTO
Sicile se prête merveilleusement bien
à un voyage en famille. De nombreuses
réductions (parfois même la gratuité)
sont accordées dans quasiment tous
les musées, et cela jusqu’à 18 ans.
Néanmoins, s’il n’y a pas la gratuité,
le demi-tarif s’applique.Il sera facile
d’occuper les enfants : vous pourrez,
selon le lieu, les faire profiter aussi
bien de balades culturelles que de
jeux de plage alternés de baignades.
Et puis, la visite d’un aquarium (celui
de Syracuse par exemple) ou d’une
réserve naturelle, comme celle du
Zingaro (excursion en catamaran

PENSE FUTÉ
possible au départ de Trapani par
exemple), pourra aussi les amuser. Et
si vous vous sentez de prendre les airs,
pourquoi ne pas s’offrir un baptême Cratère Silvestri.
d’hélicoptère en famille ? Le soir venu,
dans toutes les grandes villes, des véritables lieux de drague homo).
spectacles de Pupi (marionnettes) Il est possible de se loger chez des
se tiennent dans les petits théâtres. membres de la communauté via
w Voyageurs handicapés : La différents réseaux. Enfin, malgré
plupart des grands hôtels en Sicile l’homophobie de certains siciliens,
offrent la possibilité aux personnes la majorité d’entre-eux n’a pas hésité
à mobilité réduite de se rendre dans à voter pour un homme politique gay
leurs structures. Mais la Sicile reste à la tête de leur région.
encore relativement difficile d’accès,
notamment pour les transports. Téléphone
w Voyageurs gays ou lesbiens : Les w Indicatif téléphonique : 39
voyageurs gays se font assez discrets w Téléphoner de France dans le
en Sicile, car l’homosexualité reste pays : composez le 00 39 avant le
un tabou bien ancré. Néanmoins, la numéro complet.
communauté locale gay prend de plus
en plus ses marques, notamment w Téléphoner en local : composez le
à Palerme, où une gay pride est 00 33 puis l’indicatif de la ville sans
désormais organisée, mais aussi le 0 initial.
à Catane et à Messine (tous les w Téléphoner d’Italie en France :
soirs, les alentours de la gare et de composez le 00 33 puis l’indicatif de
la Chambre du Commerce sont de la ville sans le 0 initial.

141
 Index
A CAVA D’ISPICA...............................94
ABBAYE DE SANTO SPIRITO ...79
ACQUACALDA ........................131
AGRIGENTE – AGRIGENTO.... 79
ALBERGHIA ..................... 42
ALICUDI ........................ 136
AMPHITHÉÂTRE ROMAIN......101
ANCIEN MONASTÈRE DES
BÉNÉDICTINS
DE SAN NICOLO L’ARENA ......106
ARGENT .................................138
ARTS ........................................26
ATELIER D’ANTONIO RECCA .107
AUTEL DE HIERON II .............102
AVOLA ........................... 98
AZIENDA MARCO
DE BARTOLI .............................74
B
BAGAGES ...............................138
BASILIQUE COLLEGIATA
DE SAINTE-MARIE
DE L’AUMÔNE ........................107
BASILIQUE DE SAN GIORGIO ..91
C/D
CAMARINA ...................... 95
CAPO ............................. 56
CAPO DI MILAZZO ............ 123
CAPO TAORMINA...................116
CASA DI PIRANDELLO .............80
CASTELLAMMARE
DEL GOLFO ..................... 67
CASTELLO DELLA ZISA –
MUSÉE D’ART ISLAMIQUE ......62
CASTELVETRANO .............. 78
CATACOMBE DEI CAPPUCCINI 57
CATACOMBES
DE SAN GIOVANNI .................102
CATACOMBES
DE VIGNA CASSIA .................102
CATANE ......................... 106
CATHÉDRALE (PORT DE CALA) .....57
CATHÉDRALE (AGRIGENTE) ..........80
CATHÉDRALE (NOTO) ....................98
CATHÉDRALE (CEFALÙ ................125
CATHÉDRALE (MESSINE) ............121
CATHÉDRALE (MONREALE) ..........63
CATHÉDRALE SAINTE-AGATHE ...107
CATHÉDRALE
142
SAN GIOVANNI BATTISTA ..............90
CEFALÙ ............................. 124
CENTRE-VILLE
(CASTELLAMMARE DEL GOLFO)...68
CENTRE-VILLE
(MAZARA DEL VALLO)...................76
CHAPELLE PALATINE.....................47
CHÂTEAU (MILAZZO) ..................123
CHÂTEAU ARABO-NORMAND........68
CHÂTEAU DE VENERE ...................69
CHÂTEAU MONTE TAURO............116
CHÂTEAU URSINO .......................110
CHIESA
SAN GIUSEPPE DEI TEATINI ..........49
CHIESA DEL GESÙ .........................48
CHIESA DELLA GANCIA .................48
CHIESA DI SAN CATALDO ..............49
CHIESA
SAN FRANCESCO D’ASSISI ...........49
CHIESA SAN DOMENICO ...............58
CHIESA SAN GIOVANNI
DEGLI EREMITI ..............................50
CHIESA SANT’AGOSTINO ..............59
CHIESA SANTA CATERINA
VERGINE E MARTIRE.....................50
CHIESA SANTA MARIA
DELLA CATENA ..............................59
CHIESE SANTA ANNUNZIATA
DEI CATALANI E SANTA
MARIA DEGLI ALEMANI ..............122
CITADELLE (LIPARI) ....................130
CLIMAT ......................................9, 14
CLOÎTRE – CHIOSTRO
SANTA MARIA LA NUOVA..............64
COMPLEXE SAN PIETRO ...............74
CONVENTO DEL CARMINE ............75
CORLEONE ...........................64
CÔTE NORD-OUEST.................67
CÔTE SUD ............................95
CÔTE SUD-OUEST...................76
CRIQUES (PANAREA) ..................133
CUISINE SICILIENNE .....................34
CULTURE .......................................26
CUVETTE DE CALCARA................133
DÉCALAGE HORAIRE .......................9
E
ÉCONOMIE .......................................9
ÉGLISE DE L’ANNUNZIATA .............70
ÉGLISE DE SAN GIORGIO ..............93
ÉGLISE DE SAN PIETRO ................93
ÉGLISE SAN CARLO
BORROMEO .............................98
ÉGLISE SAN GIUSEPPE ...........92
ÉGLISE SANTA CHIARA ...........98
ÉLECTRICITÉ .........................139
ENVIRONNEMENT ...................14
ERICE ............................ 68
EST (L’) ......................... 106
ETNA ............................ 117
F
FAMILLE ..................................25
FAUNE ......................................15
DE
FAVIGNANA ..................... 72
FESTIVITÉS ..............................32
FILICUDI ........................ 135
FLORE ......................................15
FONTAINE DE L’ÉLÉPHANT ....110
DI FONTAINES (MESSINE) .........122
FONTANA DELLA VERGOGNA ..50
FORMALITÉS .........................139
G/H
GALERIE
RÉGIONALE DE SICILE ............51
GALLERIA D’ARTE MODERNA –
MUSEO SANT’ANNA ................52
GARE CENTRALE ............... 47
GELA ............................. 95
GÉOGRAPHIE ...........................13
HISTOIRE .................................16
I/J
IL PARCO
DELLE VILLE LIBERTY .............87
ÎLE D’ ORTYGIE................. 99
ÎLE DE PANTELLERIA .......... 73
ÎLES EGADES ................... 71
ÎLES ÉOLIENNES (LES) ....... 127
ÎLES PÉLAGIE ................... 87
ISPICA ........................... 93
JARDIN BELLINI ....................110
JARDIN PUBLIC .....................116
K/L
KALSA ........................... 43
LA FOSSA DI VULCANO .........132
LA MADONNINA ....................122
LA MARTORANA ......................52
LAMPEDUSA .................... 87
LANGUES .........................24, 139
LATOMIES DES CAPUCINS ....102
LEVANZO ........................ 72
LICATA ........................... 87
LINOSA .......................... 88
LIPARI .......................... 127
LOGGIA ...............................57
LOISIRS .........................................37
M/N
MARETTIMO .........................73
MARSALA ............................73
MAZARA DEL VALLO ...............76
MESSINE – MESSINA ............. 121
MILAZZO ........................... 123
MODE DE VIE .................................24
MODICA ..............................92
MONDELLO ..........................67
MONREALE...........................63
MULINO AD ACQUA
« CAVALLO D’ISPICA » ..................94
MUSÉE
ARCHÉOLOGIQUE (MARSALA) ......75
MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
(RAGUSA SUPERIORE)..................90
MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE (GELA) .95
MUSÉE
ARCHÉOLOGIQUE
NATIONAL (AGRIGENTE) ...............81
MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
RÉGIONAL PAOLO ORSI ..............102
MUSÉE BELLINI ...........................111
MUSÉE CASA VERGA...................111
MUSÉE INTERNATIONAL
DE LA MARIONNETTE....................52
MUSÉE MANDRALISCA ...............126
MUSÉE RÉGIONAL.......................122
MUSÉE SICILIEN DES
TRADITIONS POPULAIRES ..........116
MUSEO ARCHEOLOGICO
(PORT DE CALA) ............................59
MUSEO ARCHEOLOGICO
DELLA BADIA.................................87
MUSEO
ARCHEOLOGICO EOLIANO ..........130
MUSEO CIVICO ..............................78
MUSEO CIVICO DELLA PREISTORIA –
MUSEO PIPPO RIZZO .....................65
MUSEO DEGLI
ARAZZI FIAMMINGHI.....................76
MUSEO DEL PAPIRO ..................103
MUSEO DEL SALE .........................71
MUSEO DEL SATIRO......................77
MUSEO DELL’ IMMAGINE ............111
MUSEO DIOCESANO ......................60
MUSEO PEPOLI .............................71
MUSEUM & FASHION ..................112
NORD (LE) ......................... 121
NOTO..................................96
NOTO ANTICA ................................98
O DES DIOSCURES .....................82
ORATORIO DEL ROSARIO
DI SAN DOMENICO ........................60
ORATORIO DEL
ROSARIO IN SANTA CITA ..............60
ORATORIO DI SAN LORENZO ........53
OREILLE DE DENYS .....................103
ORTO BOTANICO ...........................53
OUEST (L’) ...........................67
P
PALAIS COSENTINI ........................90
PALAIS DE LA CHANCELLERIE
(PALAZZO NICASTRO) ...................90
PALAIS PRIVÉS .............................92
PALAZZO AJUTAMICRISTO ...........54
PALAZZO BADIA VECCHIA ...........117
PALAZZO BENEVENTANO ............101
PALAZZO CHIARAMONTE ..............54
PALAZZO DEI NORMANNI .............54
PALAZZO GANGI ............................55
PALAZZO MIRTO............................55
PALAZZO RISO –
MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN ....60
PALAZZO SCLAFANI.......................56
PALERME.............................42
PALMA DI MONTECHIARO .........86
PANAREA ........................... 133
PARC ARCHÉOLOGIQUE (LIPARI)130
PARC ARCHÉOLOGIQUE
(MARSALA) .............................76
PARC ARCHÉOLOGIQUE
DE NÉAPOLIS ........................103
PAYS ..........................................9
PERSONNALITÉS .....................39
PIAZZA CASTELNUOVO ....... 62
PIAZZA DUOMO .....................112
PICCOLO TEATRO DEI PUPI ..101
PLAGES .................................117
POPULATION .......................9, 23
PORT DE CALA ................. 57
PORTA NUOVA .........................56
PORTE UZEDA .......................112
PROMENADE
DEL MILAZZESE ....................134
PUNTA LINGUA ......................132
Q/R
QUATTRO CANTI ......................56
RAGUSA IBLA................... 91
RAGUSA SUPERIORE .......... 90
RAGUSE – RAGUSA ............ 88
RELIGION.................................25
ROCCA ...................................126
ROUTE DU SEL ................. 73
RUINES DU TEMPLE
D’HÉRACLÈS............................82
RUINES DU TEMPLE
S
SALINA ......................... 132
SANCTUAIRE
DE LA VIERGE NOIRE ............124
SANCTUAIRES DES
DIVINITÉS CHTONIENNES .......82
SANTA LUCIA AL SEPOLCRO 105
SANTA MARIA DEI GRECI ........82
SANTA MARIA DELLE SCALE ..90
SANTÉ....................................140
SCIACCA ......................... 85
SCICLI ........................... 94
SÉCURITÉ ..............................140
SÉGESTE .............................65
SELINUNTE...........................78
SITE ARCHÉOLOGIQUE (TINDARI)124
SITE ARCHÉOLOGIQUE
ET MUSÉE DE CAMARINA .............96
PENSE FUTÉ
SPORTS .........................................37
STROMBOLI........................ 134
SUD (LE) .............................79
SYRACUSE – SIRACUSA ...........99
T
TAORMINA ......................... 114
TEATRO MASSIMO ........................61
TÉLÉPHONE .................................141
TEMPLE DE JUNON .......................83
TEMPLE DE LA CONCORDE ...........83
TEMPLE DE VULCAIN ....................83
TEMPLE DE ZEUS ..........................85
TERMINI IMERESE ................ 126
THÉÂTRE ANTIQUE (TAORMINA) 117
THÉÂTRE GREC
(VILLE MODERNE).................105
THÉÂTRE GREC (CATANE) .....112
THÉÂTRE LYRIQUE
MASSIMO BELLINI ................113
THÉÂTRE ROMAIN.................113
TINDARI ........................ 124
TRAPANI..............................70
V
VALDICHIESA ..............................133
VALLÉE DES TEMPLES .............82
VALLÉE DES TEMPLES ..................85
VIA DEI CROCIFERI......................113
VIA DELLA LIBERTÀ ........... 62
VILLA BONANNO .....................56
VILLE ANTIQUE (SÉGESTE) .....66
VILLE MODERNE ......... 62, 101
VULCANELLO.........................132
VULCANO....................... 131
143
EDITION
Directeurs de collection et auteurs :
Dominique AUZIAS et Jean Paul LABOURDETTE
Auteurs : Nicolas KLEIN, Abdesslam
BENZITOUNI, Alexandre SALCEDE, Jean-Paul
LABOURDETTE, Dominique AUZIAS et alter
Directeur Editorial : Stéphan SZEREMETA
Responsable Editorial Monde :
Patrick MARINGE
Rédaction Monde :
Caroline MICHELOT, Morgane VESLIN,
Pierre-Yves SOUCHET et Leena BRISACQ
Rédaction France :
François TOURNIE, Jeff BUCHE,
Perrine GALAZKA et Talatah FAVREAU
FABRICATION
Responsable Studio :
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Maquette et Montage :
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MECKING, Delphine PAGANO et Laurie PILLOIS
Iconographie et Cartographie :
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WEB ET NUMERIQUE
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Directeur technique : Lionel CAZAUMAYOU
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Florian FAZER et Anthony GUYOT
Community Manager : Cyprien de CANSON
DIRECTION COMMERCIALE
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Gérard BRODIN
Directrice des Ressources Humaines :
Dina BOURDEAU assistée de Sandra MORAIS
et de Naommi CHOQUET
Responsable informatique : Pascal LE GOFF
Responsable Comptabilité :
Valérie DECOTTIGNIES assistée
de Jeannine DEMIRDJIAN, Oumy DIOUF,
Christelle MANEBARD
Recouvrement : Fabien BONNAN
assisté de Sandra BRIJLALL
Standard : Jehanne AOUMEUR
4,95 € Prix France