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LENCYCLOPÉDIE
D M C

L A T A P I S S E R I E

LES TAPIS
LE TISSAGE
LAGARNITURE DES OUVRAGES
maître d'oeuvre
ALINE ELMAYAN

FLAMMARION
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tre part, l'Actualité Littéraire Flammarion, il vous suffit d'en-
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d'art, livres pour la jeunesse, ouvrages d'utilité pratique...

ISBN 2-08-202450-4
© 1980, FLAMMARION,Paris
Printed in France.
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AVANT-PROPOS

Le fil, de laine ou de lin, d'or ou d'argent, de coton ou de nylon nous relie


à nos ancêtres. C'est une chaîne et une trame infinies tissées par toutes
les femmes; elles ont cousu, brodé, tricoté et cherché constamment à ré-
chauffer, à couvrir, à embellir.
A l'aide de son fil, Ariane a sorti son amant du labyrinthe. Telle autre, dans
l'ombre, a pris une aiguille et a reproduit la fleur éclose devant elle... c'est la
«peinture à l'aiguille». Telle autre enfin, Santought, princesse solitaire,
enfermée dans une tour par fidélité à la foi de ses parents, avec son aiguille et
les fils de ses longs cheveux imite sa seule compagne, l'araignée qui tisse sa
toile : c'est la «dentelle à l'aiguille »!
Vous ne trouverez dans ce livre que quelques-unes de ces histoires là.
Personne ne les connaît; personne n'a reconnu ces femmes appliquées,
attentives, penchées toute la journée, les yeux souvent fatigués par le
manque de lumière. Seule, la légende, parfois les mentionne.
C'est à nous d'y penser, quand nous avons envie de retourner un moment à
nos origines, enfermant précieusement dans notre main ce fil d'Ariane et
élaborant une tapisserie ou un tapis sur le métier.
Dans ce livre, le premier d'une collection dont chaque volume est parfaite-
ment autonome, vous pourrez non seulement aborder les techniques
étudiées et les poursuivre ensuite dans toute leur complexité, mais aussi et
surtout, vous pourrez à partir de «points de base» sérieusement étudiés,
vous permettre de créer vous-même la forme, le modèle dont vous avez envie.
Enfin, vous pourrez découvrir l'aventure historique de chacune de ces
techniques.
En effet, nous avons voulu créer pour vous une encyclopédie qui soit la plus
complète possible : à la fois didactique, hautement technique et historique.
Cet «ensemble » est le fruit de quinze années de travail d'une très nombreuse
équipe. Notre effort tend principalement à restituer les raffinements inouïs de
tous les points du passé, tout en établissant pour chacun d'eux, des modèles
actuels aussi simples que possible afin qu'ils deviennent plus accessibles à
chacun.
Ce livre est l'heureux aboutissement de l'effort conjugué et quasi monastique
de cette équipe et des moyens considérables que notre maison a pu mettre à
leur disposition.
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LA
TAPISSERIE

L'homme des cavernes, dans l'implacable lutte pour la vie, était sans cesse
affronté à la faune, dont il dépendait. La vision qu'il avait de la bête l'obsédait
au point d'engendrer des comportements de magie rudimentaire.
Au Paléolithique supérieur, cela se concrétise : l'homme de Cro-Magnon et
l'homme de Chancelade fixent, sur les parois des cavernes, des scènes de
chasse et de combats d'animaux, grandeur nature, au moyen de la gravure et
de la peinture. L'un des meilleurs témoignages en est la fresque de la grotte de
Lascaux, en Dordogne, que l'on situe entre 15000 et 20000 ans avant notre
ère.
L'art pictural est né. Lorsque, bien plus tard, il s'alliera à la matière textile, sur-
giront des merveilles, notamment la TAPISSERIE.
Ce genre d'ouvrage, en effet, exige la coopération de l'artiste qui crée le «car-
ton », c'est-à-dire le modèle à grandeur d'exécution, et du lissier qui en traduit
l'image selon un tissage exclusivement manuel. A travers les fils écrus de la
chaîne, tendus verticalement sur le métier de haute lisse, et horizontalement
sur le métier de basse lisse, le lissier passe les fils de la trame de diverses cou-
leurs, de gauche à droite puis de droite à gauche, sur la largeur correspondant
aux motifs à reproduire. L'ensemble de deux passées forme une duite. La
répétition successive des duites, tassées à l'aide d'un peigne, constitue le
décor; la chaîne, qui a servi d'armature, devient invisible.
En somme, la Tapisserie est la juxtaposition, sur une même chaîne, de petits
tissages distincts, dont la réalisation évoque les nobles arts du vitrail et de la
mosaïque.
Ces caractéristiques distinguent nettement la Tapisserie de certains tissus
brochés ou de broderies exécutées à l'aiguille sur une toile déjà existante. Mais
comme ceux-ci et celle-là concourent à un même but, la création de «tentures
ornées» mobiles et maniables, on a souvent confondu ces différents ouvrages
sous le vocable unique de «Tapisserie ».
La «tenture ornée» exprime, dès son origine, une fonction double : aux peu-
plades palafittiques comme à celles de la tente, elle fournit le moyen de mieux
lutter contre le froid et les nécessaires éléments de l'atavique figuration.
Plus tard, chez les nations sédentaires, la «tenture ornée» est le complément
naturel de la décoration sculpturale des palais et des temples. Il n'est pas de
solennité publique, si éphémère qu'elle soit, sans ces souples panneaux de
tissu qui parlent aux yeux; c'est ainsi qu'à Suze, en Élam, les festins que le roi
offre à son peuple ont lieu sous un vaste pavillon construit de riches «tentures
ornées ».
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Dès le IIe millénaire avant notre ère, la «tenture ornée», au Moyen-Orient,
brille du plus vif éclat; Babyloniens, Assyriens, Perses sont célèbres par leurs
tissus aux riches dessins et aux couleurs chatoyantes. Les historiens grecs et
les poètes latins en témoignent en nous donnant l'appellation de ces ouvrages
«peristromata babylonica », ce qui signifie «tenture », «tapisserie ».
La Chine, au Ier millénaire, à l'époque de la dynastie des Tchéou, produit des
tissus de soie décoratifs, les «kosseus ».
De l'ancien Pérou, on découvre des fragments de textile apparentés à la tapis-
serie.
Quant à la Grèce, Homère, dans ses chefs-d'oeuvre de la poésie épique, célè-
bre l'art merveilleux de la peinture en matière textile. Nous y voyons Hélène,
Andromaque, et la nymphe Calypso s'adonner à cet art délicat. La civilisation
hellénique, avide de ce genre de luxe, décore le temple, le théâtre, les palais,
de voiles et de tentures aux riches ornements.
Au IVe siècle avant notre ère, la Grèce connaît sa période la plus glorieuse.
Périclès, homme d'État aussi énergique qu'intelligent, et une pléiade d'artis-
tes incomparables offrent à leur pays, sur le plan culturel, des chefs-d'oeuvre
jamais égalés. Lors de la réédification du temple d'Athéna Parthénos, sur
l'Acropole d'Athènes, Phidias, célèbre sculpteur et peintre, grand ordonna-
teur de l'édifice, a recours, d'après Plutarque, aux «tentures ornées» pour en
compléter la décoration. Les unes montrent la bataille de Salamine; d'autres
représentent des animaux fantastiques et des scènes de chasse. La grande
statue de la déesse Athéna est protégée par un vaste et magnifique dais
constitué de tentures sur lesquelles figurent le ciel et ses constellations.
Au Ille siècle avant notre ère, Alexandre le Grand, ayant réalisé l'unité des
Grecs, répand l'hellénisme en Égypte et en Asie Mineure. Il porte ses conquê-
tes jusqu'en Perse et sur la région de l'Indus. Contacts commerciaux et
échanges culturels s'établissent, dont bénéficie largement la peinture en
matière textile.
Le raffinement du luxe asiatique séduit le conquérant macédonien. Les plus
superbes «tentures ornées » écarlates et tissues d'or célèbrent ses triomphes.
En Asie Mineure, au IIe siècle avant notre ère, les tentures d'Atalle dans la ville
de Pergame et celles de Milet sont très recherchées.
Chez les Hébreux la «tenture ornée» fait également partie de la décoration
monumentale. Quand Hérode le Grand, en l'an 1b avant notre ère, reconstruit
le temple de Jérusalem, il fait placer aux portes gardiennes du Saint-des-
Saints une tenture babylonienne où «l'azur et le lin, l'écarlate et le pourpre y
symbolisent les quatre éléments : l'air, la terre, le feu, la mer ».
Les Romains, dans leur sobriété, repoussent longtemps ce luxe. Ce n'est
qu'aux approches de l'ère chrétienne, après avoir étendu leur empire jusqu'en
Orient, qu'ils adoptent le faste des nations conquises. Mais Plaute nous dit
que, dès le IIe siècle avant notre ère, la Campanie produit des tentures ornées
réputées. Vers l'an 60, l'empereur Néron fait placer au-dessus d'un des théâ-
tres de Rome un velarium représentant «le ciel, les étoiles et Appolon sur son
char ».
Nous venons de voir toute la magnificence déployée par les peuples de l'anti-
quité dans l'art de la peinture en matière textile. Il s'appliqua à de nombreuses
formes, telles que tentes, pavillons, tentures murales, portières, où étaient
figurés des sujets historiques ou mythologiques, des scènes de chasse, des
motifs géométriques ou des fleurs. On y employait le lin, la laine, la soie aux
riches coloris, et même des fils d'or et d'argent.
Mais toutes ces merveilleuses «tentures ornées» sont-elles de vraies «Tapis-
series » au sens technique qu'entendent les Gobelins ?
Les exemples produits plus haut, relatés par les historiens et poètes, ne le
confirment ni ne l'infirment. En quelques cas, il semble que l'on va toucher ce
que l'on aimerait trouver, la «vraie Tapisserie». On hésite : s'agit-il de brode-
ries, de brocarts, de simples tissus à dessins, ou d'une «vraie Tapisserie» ?
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Faute de précisions claires, on ne peut trancher la question,... à moins de
s'adonner à l'affabulation poétique, ce qui est assez fréquent.
Toutes ces conjectures émises, nous sommes maintenant dans la voie des
affirmations.
Les Coptes, groupés dans le delta du Nil et la basse Égypte, déployant une
étonnante activité autant artistique que commerciale, tiennent une place
capitale dans l'histoire de la Tapisserie. Probablement depuis longtemps, mais
certainement au IIe siècle, les tissus décoratifs polychromes qu'ils produisent
sont d'une technique comparable à celle des Gobelins. Des fragments de ces
tissus, retrouvés dans les nécropoles d'Antinoé, ont pu être étiquetés «Gobe-
lins d'Égypte ». Le style des ouvrages des artisans coptes fut soumis à de mul-
tiples influences dont celle de la Perse Sassanide, celle de l'Hellénisme, et, en
640, celle de l'Islam.
En ce qui concerne l'Europe Occidentale, c'est de l'Orient qu'elle a reçu l'art
de la Tapisserie. Quand et comment ?... Parmi plusieurs hypothèses, on peut
penser qu'en partie la transmission s'accomplit par la chaîne des pays plus ou
moins islamisés, y compris l'Espagne. En tout cas, c'est d'abord dans les
monastères, semble-t-il, que l'on ait pratiqué la Tapisserie vers la fin du Ville
siècle. Tout laissait espérer que cet art noble et pieux allait prendre son essor.
Malheureusement, en France, et en général en Europe Occidentale, la fin du
IXe siècle ouvre une terrible période d'anarchie. La culture gallo-romaine est en
sommeil. Toutefois, de nombreux trésors culturels sont gardés avec ferveur
par les moines dans les abbayes fortifiées.
Vers la fin du Xe siècle, des chefs patients et énergiques réussissent peu à peu
à rétablir paix et justice.
En France, vers 985, une manufacture de tapisserie aurait été installée dans
l'abbaye de St-Florent de Saumur. Vers la même époque, l'épouse de Hugues
Capet, la reine Adélaïde, fit don à l'abbaye de Saint-Denis d'une pièce repré-
sentant le «globe terrestre ».
En Allemagne, les tapisseries provenant de l'église de Saint-Géréon de Colo-
gne, dont des fragments sont conservés au Musée de Lyon, et celles du dôme
de Halberstadt représentant des scènes de l'Ancien Testament, «vie d'Abra-
ham, songe de Jacob», «les figures du Christ et des douzes apôtres»,
auraient été tissées au XIeou XIIe siècle.
A partir du XIe siècle, le midi de la France et d'autres régions se couvrent d'égli-
ses romanes, qui ne sont pas sans tapisseries.
Mais c'est au XIIIe siècle, au temps du saint roi Louis, que toutes les valeurs
morales et intellectuelles peuvent s'épanouir en un printemps qui resplendit
sur la France et sur le reste de l'Europe.
C'est l'époque de la naissance, en Ile-de-France, de l'art ogival, de nos chapel-
les et cathédrales dont la Tapisserie s'associe à la statuaire.
D'autre part, les croisades contribuent au raffinement de la civilisation euro-
péenne, et exercent, notamment, une influence fécondante sur les industries
d'Art.
Aux compositions religieuses qui dominaient jusqu'alors, s'ajoute l'élément
profane. Les Tapisseries suspendues dans les grandes salles des châteaux pro-
tègent du froid; mais, bien plus, elles y entretiennent en permanence des scè-
nes de la vie extérieure : la nature ensoleillée avec la faune et la flore de France
et des Flandres; les exploits de chasse ou de guerre; et sans compter les inspi-
rations de la poésie de «l'amour courtois». Les Tapisseries sont également à
l'honneur partout où l'on célèbre une fête, sur les places publiques, dans
l'enceinte d'un tournoi et dans les camps, dont l'exemple fameux est le Camp
du Drap d'Or.
Sous le règne de Charles V, les ateliers parisiens de haute lisse, dirigés par des
artistes de talent, parmi lesquels se distingue Nicolas Bataille, prennent un
très grand développement. Fournisseur de la Maison Royale, Nicolas Bataille
tisse de nombreux ouvrages, dont l'émouvant chef-d'oeuvre de «l'Apoca-
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lypse d'Angers» d'après les cartons de Hennequin de Bruges, peintre attitré
du roi. Inspirée des manuscrits à miniatures illustrant le texte de saint Jean, la
tenture comprend sept pièces de quatorze tableaux chacune. D'autres cen-
tres se créent en province.
Les Tapisseries flamandes ont aussi leur essor; Philippe le Hardi, duc de Bour-
gogne, époux de la fille du comte de Flandre, en encourage la fabrication,
notamment à Arras. «Arras» acquiert une telle renommée que son nom va
passer dans plusieurs langues européennes pour désigner la «Tapisserie»,
comme il en sera, plus tard, de celui des «Gobelins ».
Parmi les Tapisseries d'Arras du début du XVe siècle, citons «l'histoire de saint
Piat et de saint Eleuthère » et «l'offrande du coeur ».
Les ateliers de Tournai ne sont pas moins célèbres. La tenture de «Gédéon»,
exécutée d'après les cartons de Baudoin de Bailleul, est considérée «comme
la plus riche tapisserie que oncques entrast en court du roy ».
Tournai nous met aussi en présence de la Tapisserie «à la marche», ou en
basse lisse, avec le maître lissier Pasquier Grenier dit « Marcheteur ». La per-
fection de ses travaux lui vaut la clientèle des ducs de Bourgogne. Il tisse pour
Philippe le Bon «l'Histoire d'Alexandre» (1453), «l'Histoire d'Esther et
d'Assuérus» (1462). Il fait don, vers 1475, à l'église Saint-Quentin de Tour-
nai, de la tenture des «Sept sacrements ».
Sous l'influence des Flamands, naissent en France les manufactures de basse
lisse dans les villes d'Aubusson et de Felletin.
Les autres centres flamands sont : Bruxelles, Bruges, Enghien, Audenarde,
Valenciennes, Lille et Gand.
Dès le début du XVe siècle, la Tapisserie de France et des Flandres avait atteint
un haut degré de perfection. Mais, vu les malheurs de la guerre de Cent Ans,
les ateliers parisiens déclinent. Les lissiers se réfugient dans la région de la
Loire auprès du roi et de la Cour : à Bourges avec Charles VII, à Tours avec
Louis XI, à Angers avec Charles VIII, à Blois avec Louis XII, formant ce que l'on
a appelé d'une façon générale «ateliers de la Loire». On leur attribue, entre
autres, « Les Mille Fleurs», « La Noble Pastorale».
Les lissiers flamands aussi sont victimes de sanglants conflits politiques. C'est
alors que se produit un mouvement général d'émigration franco-flamande : en
Italie, dans les villes de Mantoue, Venise, Florence, Milan et Rome, en Espa-
gne, en Allemagne. Plus tard, à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes,
des lissiers protestants s'expatrient. Pierre Mercier, originaire d'Aubusson, se
réfugie en Suisse. Au Musée de l'Histoire à Berne, un tapis de table en Tapis-
serie offre un spécimen de ses ouvrages.
La Tapisserie s'universalise. Le roi Jacques Ier d'Angleterre fondera une manu-
facture à Mortlake. Le Danemark aura des ateliers à Copenhague. Cet art sera
pratiqué jusque dans la Moscovie. Le Pérou continuera à produire de magnifi-
ques tapisseries où s'allient les styles indien et espagnol.
Le grand mouvement de la Renaissance, né en Italie, entraîne un profond
changement concernant la Tapisserie. On abandonne peu à peu le genre
médiéval, pour prendre de nouveaux styles inspirés de la culture antique et
que l'on nomme «l'Italianisme ». D'autre part, la peinture à cette époque étant
consacrée reine des Arts, la part du peintre dans la Tapisserie devient prédo-
minante par rapport à celle du lissier, qui devra suivre le carton.
C'est par les Flandres que la manifestation de la Renaissance italienne pénétra
dans l'art de la Tapisserie. Elle fut marquée par le tissage, à Bruxelles, de 1515
à 1519, des «Actes des Apôtres» d'après Raphaël, commande faite par le
pape Léon X pour décorer la chapelle Sixtine du Vatican.
En France, François Ier aida fermement le nouvel art et fonda, en 1539, la
Manufacture royale de Fontainebleau. Parmi les Tapisseries dignes d'admira-
tion, on peut citer la tenture des «Travaux d'Ulysse».
Henri Il maintint la Manufacture de Fontainebleau où, comme on le présume,
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I' «Histoire de Diane » fut tissée. Bien plus tard il créa, en 1551, un centre pro-
fessionnel de haute lisse dans l'hôpital de la Trinité, rue Saint-Denis, pour les
enfants abandonnés ou orphelins. Sortirent des ateliers les douze pièces de
«La vie du Christ » d'après Henri Lerambert.
Avec le XVIIe siècle, la Tapisserie française va atteindre son apogée. Des
manufactures subventionnées par le roi atteignent un haut degré de qualité
qui fera leur célébrité.
Henri IV apporte tous les soins nécessaires au développement des haute et
basse lisses. Son but est d'empêcher l'achat de produits manufacturés au-
delà des frontières. Il accorde, aux artisans français et étrangers les plus aptes,
différents privilèges et diverses exemptions.
En 1597, il fonde un atelier dans la maison professe des Jésuites, Fg Saint-
Antoine. En 1603, cet atelier est transféré au Louvre. On y tisse «l'Histoire de
saint Gervais et de saint Protais ».
Deux lissiers flamands, François de la Planche et Marc de Conans obtiennent
du roi, en 1607, des lettres patentes pour l'ouverture d'une manufacture. Ins-
tallés d'abord au palais des Tournelles, ils s'établissent par la suite au Fg
Saint-Marcel, au bord de la Bièvre, dans la maison de la famille Gobelins, célè-
bres teinturiers, à l'emplacement même où Colbert créera la seconde manu-
facture.
En 1658, le surintendant Fouquet ouvre un atelier au Maincy, placé sous la
direction artistique du peintre Charles Le Brun, futur premier peintre de Louis
XIV. Le roi accorde à Fouquet des lettres patentes élevant Maincy au rang de
Manufacture privilégiée de haute lisse, qui durera jusqu'à la chute de Fouquet
en 1661.
En 1662, Colbert acquiert pour le roi la maison des Gobelins et fonde la « Ma-
nufacture Royale des Meubles de la Couronne» ou Manufacture des «Gobe-
lins », dont la direction est confiée à Charles Le Brun.
La Manufacture réunissait, en plus des lissiers, des teinturiers et des artisans
de tous les métiers d'Art. Colbert regroupe aux «Gobelins » l'atelier du Maincy
et les divers ateliers de Paris.
Parmi les principales tentures des «Gobelins», on peut citer: l'« Histoire du
Roi », l' «Histoire d'Alexandre », les « Éléments », « Les Saisons », «Les Enfants
jardiniers», par Le Brun.
La fin du XVIIe siècle fut sombre pour la Manufacture des Gobelins. D'une
part, la perte, en 1690, de Le Brun, qui avait si bien contribué à sa prospérité,
d'autre part l'épuisement du Trésor Royal à la suite de la guerre de la Ligue
d'Augsbourg, amenèrent la « Manufacture Royale des Meubles de la Couron-
ne » à ralentir ses travaux, puis, finalement, à fermer en 1694.
En 1697, la paix de Ryswick permit à Louis XIV d'envisager la réouverture des
Gobelins. Le roi nomma, en 1699, J.H. Mansart surintendant des Bâtiments.
Les directeurs artistiques furent successivement Robert de Cotte, J.B. Oudry,
François Boucher.
Les métiers de haute et de basse lisse reprirent le rythme de la production pas-
sée et avec la même qualité, dont témoignent des exemples comme «Les
chasses de Louis XV» par J.B. Oudry, la tenture des «Dieux» par F. Boucher.
Quant à la Manufacture de basse lisse de Beauvais, elle est aussi une création
de Colbert. La direction des ateliers fut confiée à Louis Hinard en 1664.
Détruite lors de la guerre 1939-1 945, la Manufacture fut transférée dans les
locaux des Gobelins à Paris.
D'autre part, la Manufacture de basse lisse d'Aubusson prit, en juillet 1665, le
titre de Manufacture royale de Tapisserie.
La Tapisserie du XVIIIe siècle reflète bien la philosophie de l'époque. Tout est à
la Bonté et à la Nature : les bergeries, les bosquets, les gazons parsemés de
fleurs, des scènes inspirées de fables, et aussi des tableaux mythologiques.
Voilà ce que l'on admire sur les tentures murales, comme sur les sièges et dos-
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siers de fauteuils, de canapés, et sur les paravents. On peut citer : «Les Amu-
sements de la Campagne» de F. Casanova, «La Balançoire» de Boucher, «Les
jeux Russiens» de Le Prince, tissés à Beauvais; «Le jeu de Colin-Maillard» et
«La Halte des chasseurs » tissés à Aubusson.
La Révolution et la période qui l'a suivie ont jeté les manufactures françaises
de Tapisserie dans le marasme; et ce n'est que peu à peu que les arts de déco-
ration ressuscitent.
Le XXe siècle marque la rénovation victorieuse et la progression extraordinaire
de la Tapisserie. On le doit surtout à Jean Lurçat qui, peu à peu, a fait école, au
milieu de tendances diverses.
On y trouve des compositions classiques comme des compositions abstraites.
L'Art précolombien ou celui du Moyen Age servent souvent d'exemple. Sub-
jectif ? Objectif ? Dans la plupart des cas le cartonnier se fie à son inspiration.
Quoi qu'il en soit des époques et des styles, il ne faut pas oublier l'importance
mondiale du rôle des GOBELINS. C'est grâce à leur fondateur et aux admira-
bles peintres et lissiers que la France a pu porter très haut l'art noble de la
Tapisserie.
Mais comment traiter de la Tapisserie sans évoquer Pallas Athénée, déesse
des Arts, qui se vante d'exceller elle-même en ce genre d'ouvrage. Qui oserait
lui disputer sa suprématie ?... Or, il advint qu'Arachné la Lydienne, ô l'insen-
sée, eut l'impudence de défier la Déesse en un combat de tissage-tapisserie.
Et chacune de dresser son métier et de se mettre au travail...
Pallas, sous ses doigts divins jouant de la trame sur la chaîne, fait naître de
merveilleuses scènes que l'on peut croire vivantes : « ...Aux fils s'entrelace l'or
flexible;... Le dieu des mers, debout, frappant de son long trident les rochers
escarpés, qui s'entrouvrent et dont jaillissent les flots de la mer céruléenne. »
Arachné, au talent inégalable, tisse avec ardeur les images des amours coupa-
bles des Dieux; ainsi «Europe abusée par le portrait d'un taureau; Léda cou-
chée sous les ailes d'un cygne... ».
Alors Pallas, devant le succès d'Arachné et l'horrible affront fait aux dieux,
entre dans une indicible colère et transforme l'infortunée lydienne en araignée
(selon Ovide, «Les Métamorphoses»).
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LA
TAPISSERIE
A L'AIGUILLE
SUR
CANEVAS

La Tapisserie à l'aiguille sur canevas n'est ni la Broderie quelle qu'elle soit, ni la


Tapisserie de haute ou basse lisse que nous venons de voir.
Toutefois, bien que la Tapisserie à l'aiguille sur canevas soit différente, en tant
que fabrication, de la Tapisserie sur métier, ces deux ouvrages ont été réunis
sous un même vocable, «Tapisserie». Certes sur le plan purement technique il
est parfaitement normal de s'en étonner. Mais il faut remarquer que ces deux
genres de Tapisserie ont une certaine apparence commune : ils sont exécutés
directement à la main, et le décor de l'un et de l'autre fait partie de la trame,
étant admis, pour la Tapisserie à l'aiguille, que le tissu pré-existant, le canevas,
à travers lequel le fil de travail coloré est passé à l'aiguille, joue le rôle de chaî-
ne. Dans l'un comme dans l'autre des deux types de Tapisserie, le support dis-
paraît complètement, une fois l'œuvre terminée.
C'est à la province de Picardie que nous devons le mot de CANEVAS (au début :
CANEVACH), qui désignait simplement la toile de CANEVE (chanvre). Dans l'ile-
de-France et dans d'autres provinces d'Oïl, on parlait de CHANEVE puis de
CHANVRE, avec des dérivés dont CHANEVAS (la toile de chanvre), CHANEVASSIER
et CHANEVASSERIE. CANEVE,OUCHANVRE,vient du latin CANNABIS.
Pendant longtemps le «canevas», c'est-à-dire la «toile de chanvre», servit à
des applications multiples et variées, telles qu'enveloppes de paillasses, draps
de lit, torchons, voiles de navires..., mais, aussi, tissé à la façon d'une toile très
claire, aux ouvrages de Tapisserie à l'aiguille. On en trouve la preuve dans les
comptes de Guillaume Brunet, argentier de Charles VI, en 1387, où l'on cite
des achats de canevas, de soies et de laines destinés à la reine Isabeau de
Bavière. En 1595, l'inventaire de Jeanne de Bourdeille mentionne : « Plus ung
aultre tour de lict de caneval, faict à legulhe au poin d'Ongrye... plus deulx
convertures de ban, sur le caneval faict à legulhe de lène ».
Il semble que l'on ait employé aussi de l'étamine grossière : dans l'inventaire
du château d'Amilly, dressé en 1765 par le tapissier Perseval, nous relevons
«six fauteuils garnis de tapisserie d'étamine... ».
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Depuis le début du XIXe siècle au moins, il existe deux genres de supports en lin
ou en coton, apprêtés, de différentes grosseurs, spécialement fabriqués pour
la Tapisserie à l'aiguille: le canevas uni tissé à fils simples, et le canevas
façonné dont les fils sont réunis deux par deux (appelés aussi «Pénélope » par
analogie avec l'héroïne d'Homère qui, elle, s'adonnait au tissage).
Il faut noter que le mot «canevas» n'a plus sa primitive signification de «toile
de chanvre »; mais il désigne le «support » quel qu'en soit le textile.
Pour l'exécution de l'ouvrage, la brodeuse reproduisait directement le motif
choisi à points comptés, ou bien le dessinait préalablement au crayon noir ou
à la plume sur le canevas.
Tout cela demandait patience et habileté.
Le canevas avec dessins coloriés tracés sur sa surface, et que nous connais-
sons, permit d'exécuter librement un ouvrage sans souci d'opérations prélimi-
naires.
Grâce aux nombreuses collections de modèles qui existent de nos jours, on
peut choisir l'ouvrage en harmonie avec les intérieurs de style «d'époque» ou
«moderne ».
Travaillée à l'endroit avec de la laine, de la soie, du coton, aux nuances assor-
ties, la Tapisserie à l'aiguille sur canevas s'exécute, indépendamment du point
de croix et du petit point, en un grand nombre d'autres points, tels que le point
des Gobelins, le point de Hongrie, le point à côtes, le point de nattes, le point
de fougères, le point de tissage, le point d'arêtes... Il est même permis, avec le
point de velours, qui se nomme aussi point d'astrakan, d'imiter les tapis
d'Orient ou de haute laine.
Ce bel art est né certainement à la suite de l'éclosion des tissus. S'est-il inspiré
de la structure du tissage simple, ou plutôt de la structure et de la façon de la
Tapisserie sur métier ? En tout cas, il est difficile d'en trouver de très anciens
spécimens datés et bien identifiés.
Parmi les exemples d'ouvrages que nous citons au chapitre «Tapisserie»
concernant l'Antiquité et que, faute de précisions, nous appelons «tentures
ornées», certains peuvent être considérés comme des échantillons de Tapis-
serie à l'aiguille, si nous nous référons à la présence, chez les Romains, du
point de croix ou point de marque dans un ouvrage, l' «opus pulvinarium », qui
est un coussin destiné notamment à recevoir l'image d'une divinité pour lui
faire prendre part au banquet ou aux jeux qui lui étaient offerts.
Au Moyen Age, en France, la Tapisserie à l'aiguille était à grand honneur;
cependant, elle ne fut guère pratiquée que par les nobles dames et demoiselles
qui goûtaient dans cet ouvrage d'agréables heures de la vie sédentaire des
châteaux.
Avec le XVIe siècle, la Tapisserie à l'aiguille sur canevas se développe; elle
s'étend à tous les milieux de la société. De véritables ateliers se créent pour
exécuter les commandes royales et seigneuriales, tandis que l'estime des plus
hautes dames de France pour cet art s'amplifie. A nulle autre époque les tra-
vaux à l'aiguille ne furent autant appréciés. Et Ronsard, tout en adressant un
compliment à Claude de France, fille d'Henri II, ne manque pas de chanter la
vogue du temps :
«Nulle mieux sur la gaze un dessein se compose
De fil d'or et de soye, et nulle ne sçait mieux
L'aiguille demener d'un pouce ingénieux » (Eglogue III).
A la Cour de Lorraine, la Tapisserie à l'aiguille était aussi fort estimée. L'inven-
taire de Louise de Vaudémont, femme d'Henri III mentionne : «Douze pièces
de brodeuries de soye rehaulsées d'or et d'argent au gros point sur le canevas,
faictes pour servir à broder troys petits tapis... Plus quatre aultres bandes de
soye, diverses couleurs, au gros point sur le canevas, faictes pour servir à ung
grand tapis... ».
Le musée de Cluny, à Paris, possède plusieurs pièces de Tapisserie à l'aiguille
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du XVIe siècle représentant des scènes sur la rencontre du roi Salomon et de la
reine de Saba.
Au début du XVIIe siècle, les tapisseries se multiplient encadrant les portières,
ornant les lits, garnissant les chaises à bras, recouvrant les coussins, décorant
les murailles. Citons les tapisseries au petit point du musée de Rouen et celles
de la Cathédrale d'Orléans, ainsi que les tapisseries au point de Hongrie du
Château de Talcy, près de Vendôme.
A l'époque de Louis XIV on remarque la vogue du gros et du petit point
employés dans les tentures et les meubles somptueux. A Versailles tout est
opulence; la Tapisserie à l'aiguille sur canevas y prend une large part. Selon
Mme de Genlis, Mme de Maintenon exécute de ses propres mains, pour Louis
XIV, un «superbe lit travaillé en soie, en or, en petites perles fines et en pierre-
ries». A la célèbre maison de Saint-Cyr, Mme de Maintenon fonde un atelier
de broderies et inculque à ses élèves le goût de la Tapisserie à l'aiguille. On y
invente un point spécial, d'une extrême finesse, nommé point de Saint-Cyr
(petit point).
Sous le règne de Louis XV, on voit naître de nouvelles formes de canapés, de
sièges divers, de causeuses, couverts en tapisserie à l'aiguille sur canevas. Le
succès de cet art n'a pas de cesse.
Certes, les grandes dames restent fidèles aux traditions de leur famille. La
reine Marie Leczinska offre à la Duchesse de Luynes «un meuble en Tapisserie
avec de l'or, qui est en partie son ouvrage». Mais le roi Bien-Aimé lui-même,
pendant un certain temps, pratique la Tapisserie à l'aiguille sur canevas, ce qui
renforce grandement la vogue de cet ouvrage parmi tous ses sujets.
Marie-Antoinette, au Trianon, fréquente volontiers le salon où les dames
s'adonnent à la Tapisserie. Elle-même et Madame Elisabeth, pratiquent cet art
avec passion.
Le sieur Dubuquois, «tapissier ordinaire du Dauphin», ouvre, en 1770, rue
Saint-Honoré, à l'enseigne de l'Obélisque, «une manufacture de tapisseries
au petit point pour fauteuils, cabriolets, chaises, bergères, canapés, ottoma-
nes, lits, écrans, chasubles et tentures» . Il existe aussi des ouvrières libres qui
travaillent à domicile pour aider les dames dans leurs ouvrages, que la décou-
verte successive de points de plus en plus variés enrichit considérablement.
Les chefs-d'oeuvre que nous admirons dans les musées, dans les églises et
dans certaines collections privées, nous montrent la place que la Tapisserie à
l'aiguille sur canevas a tenue dans l'art décoratif. Empreint de magnificence,
de vérité, de sûreté de goût et de noblesse, ce genre de Tapisserie s'est main-
tenu jusqu'à la Révolution.
Au XIXe siècle, le siècle «bourgeois», la Tapisserie à l'aiguille s'étendit peu à
peu à de piètres objets : tableautins du style des pastorales de la fin du XVIIIe
siècle, écrans de cheminées, paravents, coffres, pantoufles, bretelles, lettres
et chiffres pour le linge... Les sujets étaient souvent modestes, mais à petits
points minutieux on tirait encore l'aiguille avec ardeur.
Le début du XXe siècle, marqué par la Grande Guerre, fut peu propice à de nou-
velles inspirations. La Tapisserie à l'aiguille, qui avait perdu sa juste valeur,
continua à s'éteindre doucement, et, dans la période suivant la Seconde Guer-
re, la situation demeurait en léthargie.
Cet art semblait ne plus jamais devoir se relever.
Or voici qu'au cours de la deuxième moitié du XXe siècle surgit une véritable
renaissance de la Tapisserie à l'aiguille sur canevas.
Ce bel art n'est plus l'apanage des professionnels, des ateliers de broderie, et
d'une catégorie d'amateurs traditionnels. En effet, s'efforçant de s'arracher à
notre vie trépidante, nos contemporains cherchent des dérivatifs attrayants,
parmi lesquels un nombre croissant de nouveaux amateurs, femmes et hom-
mes, ont choisi la Tapisserie à l'aiguille sur canevas.
Que nos goûts rendent hommage au répertoire des motifs des siècles passés
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ou qu'ils s'inspirent des modèles de décors modernes, figuratifs ou abstraits,
suivons, tout en nous récréant, la voie ascendante qui fera revivre, dans sa pri-
mitive splendeur, la TAPISSERIEALAIGUILLESURCANEVAS.

1MÉTE
IRÀTAPISSERIEENMÉTAL
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fournitures

Les ouvrages en tapisserie s'exécutent sur un tissu spécial appelé


canevas. Il en existe plusieurs sortes : le canevas unifil tissé à fils
simples; le canevas Pénélope, dont les fils sont tissés deux par deux;
la toile Colbert, utilisée surtout pour le petit point; et le canevas
Smyrne convenant le mieux aux grands points et à la grosse laine.
Ces canevas sont fabriqués en différentes grosseurs correspondant
à la force du fil employé pour chaque ouvrage.
On peut exécuter tous les genres de points sur ces canevas, mais
pour les points droits on n'utilise que les canevas unifil. Chaque
point expliqué est photographié sur le genre de canevas convenant
le mieux à sa réalisation. Certains points se travaillent de préférence
sur un fond de toile dont la souplesse du tissage en permet une
meilleure exécution. L'explication en est donnée au cours de ce cha-
pitre.

fils

La tapisserie se fait traditionnellement avec de la laine, mais les


fils de coton sont actuellement utilisés de façon courante.
La Laine tapisserie est recommandée pour la décoration (sièges,
tapisseries murales), ou encore pour les sacs à main. La Laine à
broder, plus grosse, permettant une réalisation rapide, convient aux
grandes surfaces. Le Retors à broder employé pour les broderies
mates s'adapte à presque toutes les sortes d'ouvrages, le Coton
perlé étant utilisé lorsqu'on désire un aspect brillant. Pour les ouvra-
ges très fins, comme les miniatures, ou les points exigeant un fil
particulièrement souple, le Coton Mouliné, qui se dédouble facile-
ment, est le plus approprié.
Le mélange des fils est en principe à utiliser avec prudence, mais
dans certaines tapisseries modernes ce mélange peut au contraire
ajouter un charme supplémentaire à l'ouvrage. Quelques points exé-
cutés en coton mouliné dans une réalisation en laine, de même
qu'un motif en coton perlé sur un fond en coton retors, par l'opposi-
tion du fil brillant sur le fil mat, offre un plus grand relief.

aiguilles

On utilise toujours une aiguille à pointe arrondie et à chas allongé,


dite «aiguille à tapisserie», ce qui permet de glisser contre les points
déjà brodés sans piquer dedans. La grosseur de l'aiguille par rapport
au canevas est bonne si celle-ci en écarte légèrement les fils.
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travail préparatoire
On peut travailler sur le doigt, mais l'utilisation d'un métier [fig.
1, 2 et 3] ou d'un cadre [fig. 4] sur lequel on tend le canevas
est recommandée; le travail est alors beaucoup plus régulier et ne
se déforme absolument pas.
A moins de broder sur un canevas où le motif est peint préalable-
ment, il est utile avant de commencer un ouvrage de jalonner les
points. Pour ce faire, on passe un bâti en croix pour marquer le
milieu de l'ouvrage. A partir de chaque axe, on compte la moitié
du nombre de points nécessaires à la broderie et on passe un nou-
veau bâti pour délimiter les contours du motif à broder.

manière de travailler
En tapisserie on ne fait jamais de nœud. Les extrémités des fils
sont glissées sous l'envers des points déjà exécutés. L'extrémité du
premier fil est retenue sur l'envers en travaillant les premiers points
par-dessus. Lorsqu'on travaille sur un métier, la main droite se
trouve au-dessus de l'ouvrage, la main gauche en dessous. On tire
à chaque fois sur le fil avant de repiquer l'aiguille. Si l'on travaille
sur le doigt, le mouvement est semblable à celui de la couture,
on pique et ressort l'aiguille en même temps. Ne jamais plier la
partie vierge du canevas, mais la rouler pour éviter les cassures
des fils.
Astérisque : *L'astérisque est un signe conventionnel utilisé dans
les explications pour indiquer une répétition.

3MÉTE IR
ÀTAPISSERIE
ÀFX
IATO IN

2MÉTEIR
ÀTAPISSERIE
ENBOS
I

4CADRE
ÀTAPISSERIE
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les points

5DEMP
-ION
IT Demi-point [fig. 5]. Avec le point de croix, c'est le point de base
de la tapisserie; il s'exécute de haut en bas, et se compose de deux
6DEMP
-ION
I TTRAMÉ rangs horizontaux aller et retour.
7DEMP
-ION
I T2TAL
ILES
1er rg : * lancer un point oblique de bas en haut et de gauche à
droite sur 1 fil en hauteur et en largeur, descendre verticalement
sous 1fil double [fig. 5], reprendre à *.
8PETITPON
IT
RANGDESCENDANT 2e rg : se travaille de droite à gauche, * lancer un point oblique
de haut en bas, remonter verticalement sous 1 fil double, reprendre
à*.
9PETITPON
IT
RANGMONTANT Ce point peut être exécuté sur toutes sortes de canevas. Pour les
ouvrages très fins, utiliser la toile Colbert.
10PETITPON
IT
ENVERS Demi-point tramé [fig. 6]. Exécuté sur canevas Pénélope, ce
point se compose du premier rang du demi-point brodé par-dessus
un fil de trame préalablement lancé, de droite à gauche, sur toute
la largeur du travail. Pour lancer ce point de trame, sortir l'aiguille
entre 2 fils serrés du canevas et la repiquer sur la même ligne hori-
zontale, toujours entre 2 fils serrés.
Demi-point 2 tailles [fig. 7]. Cette technique, exécutée unique-
ment sur canevas Pénélope, s'utilise surtout pour copier les tapisse-
ries anciennes, particulièrement pour recouvrir chaises et fauteuils
de style.
Broder au point continental [fig. 11] sur 1 seul fil en hauteur et
en largeur, les détails tels que visages, mains, fleurs, oiseaux, etc.
Puis broder le fond, par-dessus les fils doubles du canevas, au
demi-point ou au point continental (ordinaires ou tramés).
Pour ce genre de tapisserie on utilise souvent deux sortes de fil,
soit le Coton Mouliné (plus ou moins dédoublé) pour les détails
et le Coton perlé pour le fond, soit le Retors à broder et la Laine
tapisserie pour le fond.
Petit point [fig. 8, 9 et 10].' Ce point est employé principalement
dans les tapisseries d'ameublement, le tissage obtenu sur l'envers
[fig. 10] renforçant la solidité de l'ouvrage.
Travailler de droite à gauche, en rangs obliques aller et retour. Cha-
que point est exécuté de bas en haut et de gauche à droite sur
1fil double en hauteur et en largeur.
Commencer en haut à droite par un petit point, redescendre sous
1fil double en hauteur et 2 fils doubles en largeur.
1errg : *un petit point, descendre verticalement sous 2 fils doubles,
reprendre à *. A la fin du rang descendre sous 2 fils doubles en
hauteur et 1fil double en largeur.
2e rg : * un petit point, passer à l'horizontale sous 2 fils doubles,
reprendre à *. A la fin du rang descendre sous 1 fil double en hau-
teur et 2 fils doubles en largeur.
Répéter régulièrement ces deux rangs.
Le petit point s'exécute aussi bien sur canevas Pénélope que sur
canevas unifil. Pour les ouvrages très fins utiliser la toile Colbert.
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J
L'ENCYCLOPÉDIE DMC est à la fois :
didactique : l'encyclopédie indique pour chaque technique les
fournitures à employer, le travail préparatoire, et étudie tous les
points utilisables.
Les explications vont toujours du plus simple au plus complexe et
vous permettent d'accéder progressivement aux réalisations les plus
délicates.
technique : elle couvre toutes les techniques connues en partant
de leurs premières applications jusqu'aux plus actuelles, avec un choix
de modèles correspondant à chaque période.
historique : elle relate, pour chaque technique, son origine et son
évolution.
Enfin, vous pouvez, grâce à L'ENCYCLOPÉDIE DMC, créer vous-
même la forme et le modèle dont vous avez envie.
LATAPISSERIE, LETAPIS, LETISSAGE,trois techniques que ce livre
vous permettra d'aborder et d'approfondir avec l'assistance des équi-
pes hautement qualifiées de DMC. 97 points différents sont étudiés
dans cet ouvrage qui comprend : 61 documents en couleurs, 185 des-
sins et photographies en noir établis spécialement.
LA TAPISSERIE vous offre la possibilité d'apprendre le "petit
point", qui était utilisé pour broder plus particulièrement les visages
dans la tapisserie classique, mais dont vous pouvez également couvrir
votre fauteuil Louis XVI. Vous pourrez aussi apprendre le "demi-point"
pour un petit tableau de fleurs "modern style", ou le "point lancé" pour
reproduire un "carton" d'un grand artiste.
LE TAPIS vous permet d'aborder aussi bien le "point noué" sur
canevas pour un dessin moderne, que le "point de Rya", finlandais, ou
bien encore de connaître les secrets du "pique-pique". Vous pouvez
même "tricoter" votre tapis!
LE TISSAGE vous permet d'apprendre à tisser "pied-de-poule",
carreaux, écossais, chevrons, etc. mais aussi à mêler à un tissage
classique, des matériaux insolites de votre choix : rubans, laine à
matelas, feuilles séchées, perles ou autres.
Ce livre vous permet également d'apprendre à reproduire un des-
sin pour le broder, à garnir vos ouvrages de bords frangés, cordelières,
pompons, galons... et enfin une fois terminés, à les encadrer.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
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