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USTHB – FSB - Cours de Zoogéographie Master BE 2020-2021

Chapitre I. Les empires faunistiques et leurs faunes caractéristiques


- il existe cinq grandes zones zoogéographiques (= empires) caractérisées par une faune ou
une flore particulière dont la composition présente des similitudes (causes climatiques ou
géologiques) pour des territoires très éloignés les uns des autres.
-Ces territoires de superficie variable sont définis par des unités taxonomiques
particulières : familles (empires) ; genres (domaines) ; espèces (secteurs).
1.- Empire Holarctique :
Castoridés (castors), Salamandridés (tritons, salamandres), Salmonidés (saumon, truite, …),
Ursidés (ours brun d’Eurasie ou Grizzli, ours blanc arctique).
Il comprend 2 domaines : paléarctique et néarctique.
a). Domaine paléarctique (Eurasie) :
Nord-Ouest de l’Afrique et du Golfe Persique jusqu’au Nord de la Sibérie. Le détroit de
Behring forme la frontière orientale.
-Au nord : le permafrost (sol gelé en permanence) ou pergélisol couvre une grande partie de
sa surface.
Région pauvre en espèces et caractérisée par : ours blanc, bœuf musqué et renard polaire,
etc.
-Dans sa partie sud : forêts de conifères et feuillus riches en espèces (lynx, élan, loup, …);
dans les terres cultivées et les pâturages (sanglier, cheval, cerf noble, renard, hérisson,
mangouste, …).
-A l’extrême sud du domaine, c’est le désert où l’on rencontre : chameau, dromadaire,
antilope, gazelle, cerf de Berbérie, gerboise, magot (Primate), etc.
b).- Domaine Néarctique :
Il s’étend du nord du Mexique au Nord du Canada. Sa faune ressemble beaucoup à celle du
Paléarctique car, anciennement, un pont terrestre le reliait à cette région par le Détroit de
Behring.
La Toundra domine au nord (ours blanc et caribou).
-A l’intérieur se trouvent les forets de conifères peuplées par le loup, porc-épic, élan, puma,
raton laveur, lynx, chèvre des rocheuses, cerf de virginie, …
-Au sud du domaine, se trouvent les prairies et les terres cultivées (chien de prairie, bison
d‘Amérique, coyote, castor, pécari, cochon sauvage), …
2.- Empire Ethiopien. (Empire Africano-malgache)

- De l’Afrique au sud du Sahara, une partie de la péninsule arabique et Madagascar.


*En Afrique : savanes herbeuses et arbustives avec de grands herbivores (antilopes,
gazelles, zèbres, okapis, girafes, éléphants, rhinocéros) … et des carnivores (lions, léopards,
guépards, hyènes). Nombreuses espèces de Coléoptères.
*Forêt pluviale : une partie de l’Afrique occidentale et centrale :
-espèces arboricoles : daman des arbres, rongeurs, lémuriens ; singes cercopithèques
(Gorilles, Pan), etc.

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-espèces terrestres : antilopes, chevrotain, hippopotame nain, pangolin, éléphant de forêt,


…- Les oiseaux : autruche, aigle d’Afrique, marabout d’Afrique, …
Les reptiles : serpents et crocodiles.
Remarque :
L’île de Madagascar : réelle autonomie faunistique avec une grande diversité de lémuriens
mais absence de singes, ni grand carnivore, ni ruminant.
3.- Empire Néotropical.
Depuis l’extrémité des presqu’îles de la Californie et de la Floride jusqu’aux confins de la
Patagonie.
La faune est originale à cause de son isolement durant le Tertiaire. Il possède la plus grande
forêt pluviale au monde où dominent arbres et eau ; la plupart des animaux sont arboricoles
ou aquatiques, parfois même ubiquistes.
-Les Xénarthres ou Edentés (paresseux, fourmiliers et tatous) dont l’Amérique du Sud est
l’unique habitat, sont caractéristiques de cet empire.
-Lama, vigogne, guanaco et caïman.
-Les singes sont nombreux et caractérisés par leur queue préhensile.
On distingue les Ouistitis et les Cébidés (atèles, hurleurs …).
-Les poissons (Gymnotes), les insectes et les oiseaux (aras, pigeons, colibris) sont très
nombreux.
En raison de leur abondance, les animaux font vivre de nombreux prédateurs notamment de
grands reptiles (anaconda, boa, alligators, caïman) et des mammifères (puma, jaguar et
ocelot).
Oiseaux coureurs : Nandous
4.- Empire Australien. (Empire antarctique-australien)
-Australie, Nouvelle Zélande, Nouvelle-Guinée et quelques îles limitrophes. Cette région
n’a pas reçu de mammifères placentaires après sa séparation du Gondwana au Crétacé ;
son endémisme est marqué. L’évolution de sa faune s’est faite en vase clos et compte
plusieurs espèces primitives.
Les mammifères indigènes ne sont représentés que par des formes archaïques
(Monotrèmes : échidnés et ornithorynque, ovipares).
-Les Marsupiaux australiens sont plus diversifiés que ceux d’Amérique du Sud : kangourous,
wallabies, Koala.
-Les oiseaux (1/3) sont aussi endémiques : émeu, Kiwi (Apteryx), paradisier, oiseaux lyres.
-La Nouvelle Zélande est bien moins riche en espèces animales (aucun mammifère, pas
d’autres reptiles que les lézards et un sphénodon archaïque.
5.- Empire asiatico-pacifique (Indo-Malais)
Il comprend l’Inde et les îles Indonésiennes.
-Les forêts pluviales : la végétation naturelle du Sud-est Asiatique et du sous-continent
indien. Elles possèdent probablement la faune et la flore les plus riches du monde.
-A l’intérieur des sylves, les plus grandes concentrations d’animaux sont observées au
voisinage des cours d’eau et des lacs.

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La communauté animale des grands arbres : exclusivement oiseaux, insectes, chauve-souris.


Occupation de niches écologiques particulières à différentes strates forestières.
-La voûte de la forêt occupée par : gibbons, siamangs de Malaisie et de Sumatra ; écureuil
géant, oiseaux insectivores ou frugivores ; Orang-outan (Bornéo).
- La strate médiane : compte de nombreux mammifères adaptés à l’existence arboricole
(lézards, amphibiens et écureuils volants).
-La strate des buissons : tarsier, panthère, lézards et vipères, …
Exemples de taxons endémiques représentatifs des 5 empires terrestres

Empires Faune
Holarctique Castoridés ; Salamandridés ; Salmonidés ; Ursus arctos (ours bruns d’Eurasie,
Grizzli…) ; Thalarctos = Ursus maritimus (ours blanc)
Néotropical Edentés Xénarthres (Paresseux, fourmiliers, Tatous) ; Lama (lama, vigogne,
guanaco) ; caïman.
Africano-malgache Giraffidés (okapi, girafe) ; Hippopotamidés ; Pan (chimpanzé) ; Hippotigris
(zèbre).
Asiatico-Pacifique Hylobatidés (Gibbons) ; Pongo (Orang-outan) ; Tarsius (Tarsier) ;
Cynocéphales (Galéopithèques: 2 sp endémiques Philippines).
Antarctique- Monotrèmes (ornithorynque) ; Macropidés (kangourous) ; Aptéryx (kiwi).
Australien

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Chapitre II. : Les aires de répartition géographique


Introduction
-Espèces animales : répartition non uniforme à la surface du globe.
-Chaque espèce possède une aire « propre », une surface d’étendue variable ou discontinue
comprenant l’ensemble des localités où les populations de l’espèce se rencontrent à l’état
spontané.
-Les aires ne sont pas le fruit du hasard, ni stables dans le temps.
-L’étude des aires implique la recherche des causes de :
-leur distribution actuelle et
-la mise en évidence de leur évolution.
Cela suppose la collecte d’informations sur :
* l’histoire des populations (période formation, centre d’origine, type et vitesse
d’évolution)
* les conditions favorables à leur extension, autrement dit les grands traits de leur
écologie.
Il est possible de classer les aires de distribution des taxons en 4 principaux types :
* cosmopolite, circumterrestre, disjoint, endémique.
1). Aires cosmopolites :
- Une aire cosmopolite : s’étend à l’ensemble de la surface du globe terrestre.
-Les exemples fréquents de ce type d’aire se rencontrent parmi les plantes aquatiques
(homogénéité du milieu).
Cas des Lemna (lentilles d’eau) ; Phragmites communis (roseau).
-Le terme subcosmopolite proposé par Molisch (= aire couvrant 50% ou plus de la surface
terrestre). Au niveau espèce, il y a très peu de cosmopolites (taxons supérieurs : Ordres,
Familles).
-Parmi les animaux :
* Ordre des Rotifères : Métazoaires acœlomates, vivant des les eaux douces ; zooplancton
des lacs, étangs et mares ; quelques espèces marines et d’eau saumâtre.
-Exemples chez les animaux dont la dispersion est liée à l’homme :
* mouche (domestique), rat (surmulot) vivant à son voisinage.
* Homme : espèce la plus proche du cosmopolitisme.
2). Aires circumterrestres :
- Aires qui s’étendent autour du globe tout en restant localisées entre des limites
latitudinales précises (ensemble des terres et des océans compris entre ces limites).
-On distingue du nord au sud :
2.1-Aires circumboréales : terres et mers au voisinage du cercle polaire.
Ex. Pingouins (Alcidés : Alca torda) / manchots (Sphéniscidés).
Un deuxième exemple : Lièvre arctique (Lepus arcticus) circumpolaire ; lièvre variable
(L. timidus) différent du lièvre d’Europe.

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-Aires circumtempérées de l’hémisphère Nord (Groseilles, genre Ribes);


-Aires circumtropicales : (Famille des Palmacées) ;
-Aires circumaustrales terrestres localisées au Sud du tropique du Capricorne (peu
nombreuses et nécessairement discontinues).
Exemples : Cas des groupes archaïques comme les Péripates ou Onychophores ;
crustacés Isopodes (Styloniciens).
c). Aires disjointes :
-Ce sont des aires discontinues, fragmentées en 2 ou plusieurs éléments. En réalité, une
aire n’est jamais continue.
-Une aire disjointe : formée d’éléments séparés par une distance trop importante pour
qu’elle soit franchie par les moyens de dissémination propres au taxon.
Exemple : Famille des Camélidés (voir figure) : Lama ; (Am sud) Vigogne (Am sud) ;
Chameau (Asie) ; Dromadaire (MENA).
*Question fondamentale : Comment les espèces apparaissent-elles ?
* Réponse : hypothèse monotopique
Chaque espèce n’apparaitrait sur le globe qu’en un seul point : centre d’origine, puis
étendrait (extension) son aire géographique.
Les aires disjointes semblent résulter, soit d’un morcellement d’une aire initialement
continue (Bouleau nain : Betula nana), donc d’une régression, soit plus rarement de
migrations par étapes, à longue distance, à partir d’une aire d’origine, assurant au contraire
son extension (Crépide : genre Crepis).
d). Aires endémiques :
-Ce sont des aires strictement localisées à un territoire de surface (=étendue) variable,
d’autant plus importante que le taxon est d’un rang plus élevé dans l’échelle systématique
(genre, famille, ordre).
-L’endémisme de sous-espèce ou d’espèce est souvent limité à une région très restreinte
comme un petit massif montagneux ou une île de faible superficie. Exemple : Eliomys
querncinus spp, rongeur de l’île Formentera dans l’Archipel des Baléares.
Exemple : espèce ou variété : surface de quelques kms2 ou quelques m2 (Coléoptères
cavernicoles).
Alors que l’endémisme de genre ou de famille ou d’ordre peut s’étendre à l’ensemble d’un
continent.
Exemples : *Ordre des Monotrèmes (2 Familles avec 4 espèces). Ornithorynque (-200 Ma;
Australie et Tasmanie) ; Echidnés (Nouvelle-Guinée, Tasmanie, Australie).
 Quelles sont les causes du phénomène d’endémisme ?
Il est lié à l’établissement, dans une région donnée et à une époque reculée, d’une barrière
d’isolement rompant les relations de la flore et de la faune avec les régions voisines.
L’évolution en «vase clos» des populations ainsi isolées aboutit à leur différenciation
progressive par rapport à celles dont elles sont séparées, donc à la constitution de new
taxons endémiques de la région considérée, aux caractères ± distincts au cours du temps de
ceux des taxons dont ils sont issus.

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 Types de barrières d’isolement :


Elles sont très diverses et peuvent être d’ordre :
-géographique : surrection d’une chaîne montagneuse, transgression marine, etc.
-écologique : modifications climatiques - établissement de conditions d’aridité, glaciations
quaternaires, etc.
-génétique : apparition de phénomène d’incompatibilité sexuelle ou de stérilité.
Notions de paléo-endémisme et néo-endémisme :
L’endémisme peut résulter de 2 processus bien distincts. Selon l’époque présumée de leur
apparition, on distingue donc :
a)-paléoendémiques ou endémiques reliques, ou endémiques par conservation :
Ce sont des survivants de formes anciennes dont l’aire était d’abord vaste, puis s’est
restreinte progressivement sous l’effet des conditions climatiques de plus en plus
défavorables ou bien de la concurrence
D’origine ancienne (Tertiaire par exemple), les conditions de survie des paléoendémiques
sont précaires et beaucoup d’espèces ont disparu ou sont en voie de disparition suite à
l’introduction d’espèces étrangères (pouvoir compétitif plus grand) ou d’interventions
humaines.
b)-néoendémiques, d’origine récente (souvent postglaciaire).
Les premiers (a) = appelés aussi macroendémiques ; ce sont des formes relictuelles
(famille, genre ou espèce).
Les seconds (b) = appelés également microendémiques.
Ce sont des formes en voie d’extension, encore peu différenciées de celles dont elles
dérivent ; elles représentent des sous-espèces et des variétés.
Exemple : Sciurus vulgaris leucourus, écureuil endémique apparu à la suite de l’isolement
de Grande Bretagne (450000 ans).

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Chapitre III. Les causes de la distribution actuelle des êtres vivants


Introduction
La distribution actuelle des êtres vivants (configuration, localisation, étendue de l’aire) est le
résultat de l’influence, tant passée que présente, de facteurs internes (propres aux organismes) et
externes (liés au milieu où ils vivent).
I.- Facteurs internes
L’extension de l’aire d’un taxon nouvellement apparu dépend d’abord de ses capacités
(potentialités) intrinsèques liées à sa constitution génétique, telles que :
- sa capacité de propagation ;
- son amplitude écologique ;
- ses possibilités (aptitudes) évolutives.
1.- Capacité de propagation (= pouvoir d’expansion)
L’expansion géographique d’un taxon dépend de son potentiel de reproduction (taux de
multiplication ou bien taux de fécondité) et de son pouvoir de dissémination (moyens de
dissémination).
1.1. Taux de reproduction : taux de fécondité = potentialités reproductrices
-Le taux de fécondité traduit l’aptitude d’une espèce à produire de nouveaux individus directement
(Mammifères) ou indirectement (œufs, graines, spores).
-La fécondité est variable selon les espèces :
* Unicellulaires (allure exponentielle).
* Métazoaires Ovipares : -Insectes (reine termite : 1 œuf/seconde pendant toute sa vie).
-Poissons (morue : + 4M/an ; hareng : 8 à 75 Ma/an).
-Oiseaux (canard sauvage : 10-16 œufs/an ; albatros : 1 seul œuf).
-Mammifères (baleine ou singe : 1 petit ; rat : + 20/an).
Remarque : Il n’existe pas de relation évidente entre les taux de reproduction des espèces et leurs
extensions réelles.
-Les espèces fécondes ne seront pas obligatoirement abondantes à la surface du globe.
-Les espèces abondantes à la surface du globe sont des espèces très fécondes.
Pourquoi ? Parce qu’elles sont souvent décimées dès le jeune stade (germe) ou au cours du
développement (n’atteignent pas le stade adulte).
Exemples : sur les 100 Millions d’œufs pondus par une reine des termites, beaucoup d’entre eux
ne parviennent pas au stade Imago et ces derniers correspondent aux ouvrières, soldats non
féconds.
-L’extraordinaire fécondité de nombreuses espèces est compensée par des destructions
importantes, sous l’influence des adversités du milieu physique, des malformations, des parasites et
des prédateurs.
Exemples : un œuf de Hareng sur 1000 et 4 œufs de Maquereau sur 1.000.000 donnent un alevin,
pas sûr que tous les alevins parviennent à l'âge adulte.
* Chez les Mammifères : cas des éléphants
-maturité sexuelle à 15-16 ans et faible fécondité (1 éléphanteau / 4 ans).
1.2. Dissémination : faculté des organismes eux-mêmes ou leurs éléments (œufs, graines) à se
déplacer ou être déplacés. Elle se fait de 2 manières : active ou passive.

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* Dissémination active :
Particulièrement chez les animaux car doués de mouvements propres (déplacements, migrations)
et chez certaines espèces de végétaux (éclatement du fruit → projection des graines à distance).
-La dissémination active joue un rôle important dans l’extension géographique des espèces, à
déplacement rapide et prolongé, aquatiques comme les Cétacés, terrestres comme le loup, ailés
comme le criquet migrateur qu’on a retrouvé jusqu’à 600 km au large des côtes.
- Les déplacements actifs peuvent prendre la forme d’émigrations massives, telles que les vols de
sauterelles et de papillons, ou de troupes de petits rongeurs, comme les lemmings ou surmulots.
*Dans certains cas, ces émigrations massives à caractère épisodique (différentes des migrations
saisonnières) peuvent conduire à l’implantation de l’espèce dans un territoire nouveau.
*Les mouvements sans retour qui conduisent à l’extension de l’habitat est un phénomène de
colonisation.
-Exemple : Cas du papillon Danaus plexippus L. 1758 (syn. D. archippus F., 1793) du continent
américain, dont certaines migrations massives, comprenant des millions d’individus, ont pu traverser
les océans ; à l’Ouest, ce papillon a pu atteindre la Nouvelle-Zélande en 1840, les îles Hawaï en 1850,
l’Australie en 1870 ; vers l’Est, il a traversé l’Atlantique jusqu’aux îles Canaries en 1880, atteignant
l’Afrique du Nord, puis récemment l’Europe occidentale (R. Jeannel)
* Dissémination passive :
- Elle se fait par différents agents (externes) de transport :
- Anémochorie : vent ; insectes et araignées, bactéries, algues, etc.
*Animaux (insectes) déplacés par les vents forts sur de longues distances parfois.
*Les ouragans : causes de célèbres pluies de grenouilles, de poissons (Marksville aux USA, 1949).
- Hydrochorie : agent de transport des animaux aquatiques ; les courants marins (espèces
planctoniques comme les Rotifères).
- Zoochorie : animaux à fourrure (lapins, moutons) ; oiseaux (pattes, plumes, tube digestif) ; pour les
bactéries, kystes et les spores.
- Anthropochorie : homme = agent de dissémination de plus en plus efficace ;
*agent volontaire : extension de l’aire des animaux d’élevage, certains se sont échappés et ont
prospéré dans les conditions naturelles (espèces introduites).
Exemple 1. L’étourneau sansonnet d’Europe Sturnus vulgaris L. 1758 introduit dans le Central Park
à NY, commença à s’y nidifier en 1891, et s’étendit dans l’Est des USA qu’il habite maintenant
presqu’entièrement. Il s’est même naturalisé en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle Zélande.
Exemple 2. Le rat musqué d’Amérique Ondatra zibethicus, introduit en Europe pour l’élevage, y a
installé d’importantes colonies à partir d’exemplaires échappés ; importée en 1905 en
Tchécoslovaquie pour sa fourrure, il a occupé ce pays puis, la Roumanie et la Bulgarie. Des élevages +
récents dans l’Est de la France, Belgique, Angleterre, Finlande, Sibérie, Kazakhstan, ont été des points
de départ pour la colonisation des rivières et des marais d’Europe par ce rongeur.
*Agent involontaire : introduction accidentelle dans de nouvelles contrées de nombreuses espèces
-Animaux disséminés par les moyens de transport tels que les chemins de fer, navires, qui ont fait
passer sur le nouveau continent le rat noir (Rattus rattus) originaire de l’Asie tropicale et le surmulot
(rat d’égout ou rat brun, Rattus norvegicus), originaire du Japon, de Chine et Est de la Russie.
- Parasites introduits avec les plantes de culture : cochenille Icerya purchasii (à partir de l’Australie)
occupant aujourd’hui toute l’aire mondiale de culture d’agrumes.

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2.- Amplitude écologique


-Une forte valence écologique (expression de l’amplitude écologique d’un taxon) permet d’occuper
différents types d’habitats diversifiés.
-Chaque espèce ne peut vivre (reproduction, croissance, etc.) qu’entre des limites imposées par les
différents facteurs du milieu (édaphiques, climatiques, etc.), correspondant à des valeurs minimale
et maximale, entre lesquelles se situe un preferundum ou optimum. Ces tolérances aux facteurs de
l’environnement sont déterminées par la constitution génétique du taxon.
-Plus l’écart est important, plus l’espèce pourra conquérir de territoires.
-Amplitude = Écart entre les valeurs maximale et minimale d’un facteur écologique (T°, salinité…)
entre lesquelles une espèce peut vivre et se reproduire normalement.
Exemples : espèces sténotherme, eurytherme.
eury : tolérance large vis-à-vis d’un facteur du milieu ;
sténo : tolérance étroite vis-à-vis d’un facteur du milieu.
3.- Pouvoir (potentiel) évolutif
-Les aptitudes d’un taxon à conquérir de nouveaux types de milieux évoluent suite à des variations
de la constitution génétique des populations réparties au sein de son aire (plasticité intraspécifique :
accommodats, mutations, hybridations).
-De plus, le milieu joue un rôle sélectif (sélection) par l’élimination des individus les moins adaptés
(stratégies adaptatives). La combinaison de ces facteurs (variation génétique et sélection naturelle)
conduit avec l’isolement des populations à la constitution de types nouveaux (même population :
divers écotypes). Leurs caractères sont de nature génétique donc héréditaire.
-Un accommodat désigne une modification ou l'ensemble des modifications morphologiques et
biologiques non héréditaires d'un organisme vivant lorsqu'il est soumis à des facteurs abiotiques
différents de ceux de son milieu habituel.
-Une mutation est une modification rare, accidentelle ou provoquée, de l'information génétique
(séquence d’ADN ou d’ARN) dans le génome.
Selon la partie du génome touchée, les conséquences d'une mutation peuvent varier. Elle est l’un des
éléments de la biodiversité et l’un des nombreux facteurs pouvant éventuellement participer dans
l'évolution de l'espèce.
-L'hybridation est le processus consistant à mélanger différentes espèces ou variétés d'organismes
pour créer un hybride.
Stratégies adaptatives : ensemble de caractères ou dispositifs d’ordre morphologique,
physiologique, éthologique ou autres, constituant globalement, à travers les individus qui en sont
porteurs, la réponse d’une population aux facteurs sélectifs de son environnement et lui permettant
de s’y perpétuer.
Deux principaux types de stratégie :
*stratégies «r» : favorise la reproduction, l’accroissement numérique (effectifs) de la population au
détriment de la survie (longévité) des individus ;
*stratégie «K» : par contre favorise le développement (soins aux petits et prise en charge des jeunes
jusqu’au stade adulte) et la longévité des individus.

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II.- Facteurs externes


Les facteurs externes (géographique, climatique, édaphique et biotique) vont limiter chaque espèce
à une aire réelle (niche réelle) située en deçà de leur aire possible (niche théorique), compte tenu de
leur capacité de propagation et de leur amplitude écologique.
1). Facteur géographique :
-barrières géographiques telles qu’une chaîne de montagnes, océan, ou même d’un fleuve.
2). Facteur climatique :
-conditions thermiques extrêmes «froid ou chaleur intense» ou hydriques défavorables.
3). Facteur géologique ou édaphique :
Exemples : un substrat trop dur pour la germination (chez les végétaux) ; nature du sol (trop acide
pour les invertébrés terrestres ou aquatiques).
4). Facteur biotique :
Exemples : facteurs de compétition intra ou inter spécifiques pour la nourriture, l’espace, la
reproduction ; apparition de parasites ou encore l’intervention humaine :
-destruction des habitats (déforestation),
-pollutions de nature diverse,
-chasse et pêche intensives.
III. Facteurs historiques
La répartition actuelle des êtres vivants est la conséquence d’un long passé où les conditions
géographiques et écologiques se sont modifiées en même temps que l’évolution des êtres vivants
qui se poursuivait.
L’explication des aires endémiques nécessite particulièrement l’évocation des ces derniers facteurs.
En effet, les transgressions marines, la dérive (dislocation et soudure) des continents, les surrections
de montagnes, les modifications climatiques sont autant de facteurs dont il faut tenir compte pour
expliquer l’existence d’aires disjointes ou endémiques.
Ainsi, au cours des différentes glaciations (Quaternaire), plusieurs espèces ont migré depuis les pôles
et les latitudes extrêmes et se sont rapprochées des régions les plus chaudes (Tropiques) ; ce sont les
espèces animales (rennes, mammouths), végétales (saules et bouleaux nains) qui ont avancé
jusqu’aux abords de la Méditerranée.
Ensuite après le recul des glaciers (il y a environ 10.000 ans), certaines de ces espèces se sont
acclimatées au-delà de leur aire normale telles que le lièvre variable (Lepus timidus), le Lagopède
(Lagopus mutus) dans les hautes montagnes d’Europe, taxons à distribution arctico-alpine, et offre
ainsi un bon exemple d’aire disjointe.
Quelles sont les causes de la limitation des aires géographiques ?
Ce phénomène de limitation des aires géographiques est à rechercher, tant dans les facteurs passés
qu’actuels. Quelles sont ses causes ?
Les causes (barrières) sont de nature diverse :
1). Barrière géographique : cause la plus évidente.
L’efficacité des barrières maritimes dépend des moyens de déplacement des espèces.
Exemple 1. *Les îles Galápagos (océaniques), jamais reliées à un continent, sont un bon exemple du
tri exercé sur leur peuplement par leur isolement.
Exemple 2. Autre barrière géographique
*L’isthme de Suez, reliant la Méditerranée et la mer Rouge, limite le passage des espèces marines.

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Les reliefs des montagnes :


C’est un autre type de barrière pour les espèces terrestres.
*Une chaîne de montagne comme l’Himalaya est une barrière infranchissable pour les espèces de
basses altitudes des régions voisines.
*Un massif montagneux isole des formes strictement montagnardes (comme sur des îles), favorisant
le phénomène d’endémisme.
Autres exemples d’obstacles naturels modestes :
-fleuves ou lacs, semblent constituer des barrières infranchissables à des animaux terrestres (au
Tchad, entre l’Est et l’Ouest, les races différentes d’antilopes et de buffles).
2). Limites de nature climatique :
-cycle annuel de la durée du jour et de la nuit, de la température, de l’humidité atmosphérique.
3). Présence d’un substratum défavorable :
- espèces calcicoles comme les Diptères Simuliidae ;
- limites édaphiques pour les végétaux.
4). Facteurs biotiques :
- parasitisme, commensalisme, compétition jouent un rôle dans la localisation de l’aire des
espèces.

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Chapitre IV : Biogéographie insulaire

1. Définition de l’insularité :
- Une île est un milieu isolé et de superficie restreinte par rapport au continent voisin.
- Insularité : tout milieu naturel isolé d’autres espaces analogues par des étendues (marines ou
terrestres) de structure différente est « insularisé ».
- Blondel (1995) : définit des îlots d’habitats
Ce sont des espaces continentaux isolés d’autres habitats semblables par des barrières plus ou moins
difficiles à franchir tels que : sommet de montagne, étang, ilots boisés, etc.
Ces habitats peuvent être assimilés à des îles (milieux provenant du morcellement des paysages, des
activités humaines).
-Les habitats isolés abondent dans les aires continentales : parcelles d’habitats séparées les unes des
autres par d’autres types d’habitats
Habitats insularisés : rôle important dans la conservation des espèces.

2. Classification des îles :


2 types d’îles : vraie ou océanique et continentale (en fonction de son origine).
2.1. Îles vraies : océaniques, qui n’ont jamais été reliées au continent ; cas des îles volcaniques des
grandes chaînes sous-marines, atolls (pas d’endémisme si elles sont d’origine récente).
Exemples : îles Polynésiennes ; îles Maldives (archipel de l’océan indien).
2.2. Îles continentales : représentent un fragment isolé d’un continent voisin ou qui a eu au cours de
son histoire une communication avec un continent d’où elle s’est détachée.
* îles continentales récemment isolées :
Îles Britanniques (Grande Bretagne), Japon, ... (présence de néoendémiques).
* îles continentales depuis longtemps isolées :
Australie, Nouvelle-Zélande, îles Hawaii, Madagascar, îles Canaries (présence de
paléoendémiques).
Exemples : la faune terrestre des îles Britanniques compte beaucoup d’espèces néoendémiques.
Mammifères : -l’écureuil (S. vulgarus leucourus) différent de ceux du continent par sa fourrure claire;
-la musaraigne (Sorex araneus castaneus) différente.

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Oiseaux : Les types continentaux y sont bien représentés par des races particulières comme la
mésange (Parus ater hibernicus) d’Irlande ; le bec croisé (Loxia scotica) ou la fringille d’Ecosse (élevée
au rang d’espèce à partir de 2006).
Autres exemples de milieux insularisés : îles continentales
- Massifs sahariens du Tassili et du Hoggar : 40 à 60% d’espèces endémiques dans leur étage
supérieure.
- Lacs britanniques et d’Europe centrale : différentes formes de Corégones (poissons) de la famille
des Salmonidés.
3. Richesse des faunes insulaires
Rappel : relation aire - espèce (richesse spécifique)
Observation empirique : le nombre d’espèces rencontrées sur un territoire augmente avec la surface
de ce dernier, formalisée par Arrhenius (1921), Gleason (1922, 1925).
Darlington (1957) : en général, le nombre d’espèces double quand la surface d’un territoire décuple.
Il s’agit d’une loi biogéographique fondamentale qui se vérifie à toutes les échelles et que Preston
(1962) a exprimée mathématiquement par la relation :
S = c*Az
S : richesse en espèces
A : superficie du territoire considéré.
z : pente de la droite de régression (mesure du degré d’insularité)
c : constante de proportionnalité propre à chaque taxon (au niveau du territoire et de la surface
étudiée).
Connor et al. (1983) : linéarisation des données par transformation logarithmique.
log S = log c + z*log A
Remarque :
Le modèle biogéographique, valable sur les continents, a été appliqué aux îles (Mc Arthur).
- La valeur de z est comprise entre 0.12 et 0.17 pour les espaces continentaux (Mac Arthur) et 0.24 et
0.37 pour les îles (Blondel, 1995).
- z (îles continentales) < z (îles vraies) : car les îles continentales sont alimentées par un flux continu
d’immigrants et de résidents temporaires tandis que les îles vraies ont un taux d’extinction plus
élevé qui augmente quand la surface de l’île diminue.
La valeur de z est plus grande pour les îles de petite surface par rapport aux îles plus grandes.
Exemple :
Corse Région provençale
Coléoptères 2700 4000
Oiseaux nicheurs 138 170

-Les faunes insulaires sont plus pauvres que les faunes continentales, de même zone climatique, à
surface égale, que celles du continent le plus proche (terres voisines).
2ème exemple : le nombre d’espèces (richesse) d’escargots présentes sur une île est inférieur à celui
des zones de surface équivalente sur le continent (îlot forestier); cette différence s’atténue avec
l’augmentation de la surface.
Îles océaniques :
-La faune est composée essentiellement d’animaux à haut pouvoir de dispersion. Plus on s’éloigne
d’une grande terre, plus les richesses aréales des îles sont faibles : le nombre d’espèces recensées est
lié à la surface.

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-Les études réalisées sur des îles de surfaces variées :


Pour une même aire, S (insulaire) < S (continent)
4. Structure des faunes insulaires
4.1. Théorie de Mac Arthur et Wilson (1967) : théorie du peuplement insulaire
-Ils admettent que la richesse spécifique (RS) résulte d’un équilibre dynamique entre le taux
d’immigration I et le taux d’extinction E.
Schéma du modèle d’équilibre de la richesse spécifique
Nombre d’arrivées = Nombre d’extinctions

-Le taux d’immigration I diminue quand le nombre d’espèces augmente par suite de l’intensification
des phénomènes tels que la prédation et la compétition.
-Le taux d’extinction E augmente avec le nombre d’espèces déjà installées.
-L’équilibre se situe à l’intersection des courbes (I) et (E).
Remarque :
Il existe une diversité d’îles : différentes par la surface, taille, topographie, distance à la source, etc.

Le peuplement d’une île s’apparente à une route d’obstacles. Les chances de peuplement sont liées
à un ensemble de paramètres.
4.2. Facteurs contrôlant la composition d’une faune (peuplement) insulaire :
-La superficie de l’île ;
-La diversité physique (diversité des habitats ou milieux) : plus la diversité topographique de l’île est
grande, plus le nombre d’habitats colonisables par des espèces différentes est élevé (diversité bêta),
plus la valeur de z est élevée ;
-La distance de l’île aux continents voisins (éloignement);
-L’ancienneté de l’île et de son isolement géographique : le degré d’isolement de l’île ; l’ancienneté
qui a permis une longue évolution et la différenciation d’espèces endémiques contribue à accroître la
richesse spécifique.
a). Influence de la distance :

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Le peuplement d’une île s’apparente à une route d’obstacles. La chance de peuplement est d’autant
plus faible que l’île est plus éloignée du lieu d’origine (continent ou autre) des espèces immigrantes.
Toutefois, la vitesse du peuplement varie aussi avec le pouvoir de dispersion des espèces (très
variable d’une espèce à une autre).
1).- L’influence de distance est prépondérante : îles isolées / îles proches du continent

2).- Plus la surface est élevée, plus le nombre d’espèces est grand.

Graphes :
Les courbes représentant les taux d’immigration et d’extinction dans des peuplements insulaires en
fonction de la distance au continent le plus proche.
Le modèle admet que :
Les îles les plus proches du continent ont plus d’espèces que celles qui sont éloignées.
b). Influence de la superficie (surface) :
Graphe : les courbes représentant les taux d’immigration et d’extinction dans des peuplements
insulaires en fonction de la superficie de l’île.
Le taux d’extinction est plus élevé quand la surface de l’île diminue car les populations ne peuvent y
développer des effectifs importants et le risque d’extinction par suite des variations aléatoires y est
plus grand que dans les grandes îles.
Le modèle admet que :
Les îles de plus grande superficie ont plus d’espèces que les petites îles.
*A degré d’isolement identique, une grande île aura un taux d’extinction plus faible qu’une petite île
: populations plus grandes, habitats plus variés.
*A superficie et diversité des habitats identiques, les taux d’immigration seront plus élevés sur une
île proche du continent que sur une île lointaine parce que le flux de propagules diminue avec la
distance.
- Plus on s’éloigne d’une grande terre (source, continent), plus les richesses aréales sont faibles.
- Plus la surface est grande, plus le nombre d’espèces est élevé.

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- Le taux d’Immigration augmente avec la surface de l’île et diminue avec la distance au point
de départ des espèces colonisatrices ;
il diminue au fur et à mesure que le nombre s’espèces installées augmente par suite de
l’intensification des phénomènes biotiques comme la prédation et la compétition qui empêchent les
nouveaux arrivants de s’installer.
c). Exemple de colonisation d’une île :
Krakatoa anéanti par des éruptions volcaniques pendant 3 mois effaçant toute trace de vie sur l’île
située dans le détroit de la Sonde à mi-chemin entre Java (ouest) et Sumatra (est), à 25 kms.
Colonisation de la petite île de Rakato issue de la fragmentation du Krakatoa a pu être régulièrement
suivie :
Les taux d’immigration et d’extinction pour les végétaux supérieurs, les papillons et les oiseaux ainsi
que d’autres groupes ont été déterminés.
- Cinquante années plus tard, l’île comprend :
4 espèces de Mammifères, 25 espèces d’Oiseaux, 750 Arthropodes et 129 plantes à fleurs mais il n’y
avait ni poissons, ni mollusques d’eau douce. Ceux-ci n’ayant pas pu franchir la distance séparant l’île
proche Java du Krakatoa.
Exemple d’île isolée : L’île de Tristan da Cunha
Elle est isolée au cœur de l’océan Atlantique, à mi-distance de l’Afrique du Sud et de l’Amérique
du Sud. Elle présente une faune extrêmement pauvre où des groupes biologiques entiers comme les
vers de terre, les myriapodes, … sont absents. Dans cette île ainsi que dans les Açores, on n’observe
pas de mammifères terrestres, ni d’amphibiens.
Le long d’un chapelet d’îles, la distance joue un rôle de filtre progressif, avec de moins en moins
d’espèces typiques du continent ou de la source au fur et à mesure que l’on s’éloigne (Whittaker,
1998).
L’appauvrissement des richesses spécifiques sur les îles est associé aux traits suivants appelés traits
du syndrome d’insularité :
-Réduction du nombre d’espèces et endémisme élevé.
-Elargissement des niches écologiques (diminution de l’agressivité territoriale)
-Inflation des densités de populations (survie plus élevée)
-Diminution de la taille moyenne des individus (uniformisation des tailles : nanisme des géants et
gigantisme des nains).
-Ralentissement du renouvellement des communautés (diminution de la fécondité, maturité
sexuelle retardée).
4.3. Causes du syndrome d’insularité : pauvreté en espèces des îles
-Isolement géographique;
-Manque d’habitats favorables (facteur lié à la superficie de l’île, topographie) ;
-Compétition (limitation des ressources).
Le syndrome d’insularité : ensemble des modifications d’ordre morphologique, éthologique et
génétique que présentent les systèmes vivants en situation d’isolement géographique et de
confinement. Il s’applique à 3 niveaux (faunes et flores, peuplements, populations).

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