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Le raton laveur

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Source : Article Raton laveur de Wikipédia en français (http://fr.wikipedia.org/wiki/Raton_laveur).

Le raton laveur, ou plus exactement le raton laveur commun (Procyon lotor Linnaeus, 1758), est une
espèce de mammifères omnivores de l'ordre des carnivores. Originaire d’Amérique, cette espèce a
été introduite pour la dernière fois en Europe dans les années 1930 (après la disparition un siècle plus
tôt de la dernière population introduite). Il doit son nom à son habitude, plus ou moins réelle, de
tremper ses aliments dans l’eau avant de les manger. L’animal, de la famille des procyonidae, est
essentiellement nocturne et grimpe facilement aux arbres grâce à ses doigts agiles et à ses griffes
acérées. Il a le pelage poivre et sel avec de légères teintes de roux. On le reconnaît facilement à son
masque noir bordé de blanc autour des yeux et à sa queue alternant anneaux clairs et noirs. Le raton
laveur s’adapte à de nombreux milieux naturels. Opportuniste et facile à apprivoiser, il s’aventure
également dans les villes nord-américaines (Canada, États-Unis). Son comportement varie selon le
sexe et la région où il vit. Il est toujours chassé pour sa fourrure.

Description

Le raton laveur adulte mesure 80 cm en moyenne avec des variations entre 60 cm et 105 cm selon les
individus, queue comprise. Les mâles sont plus grands et plus lourds que les femelles.

La masse du raton laveur est comprise entre 3,9 et 9 kg en moyenne. Les individus les plus gros vivent
dans les régions septentrionales (8,5 kg en moyenne au Canada) ; record jusqu’à 28 kg. Le poids
fluctue selon la saison, atteignant un maximum à l’automne : sa masse peut alors augmenter de 50 %
dans les régions situées au nord.

La fourrure est généralement gris-brun, tirant plus ou moins vers le gris ou le brun. Le visage blanc
porte de larges taches noires autour des yeux en forme de masque et une bande noire sur le nez.
Quelques individus sont blancs, mais l’albinisme est très rare. La mue débute au printemps et peut
s’étaler sur trois mois. Le pelage estival du raton laveur est court.

La tête est large, le museau pointu, les yeux noirs et les oreilles courtes (4 à 6 cm). L’animal possède
de longues canines comme tous les carnivores. Les pattes sont dotées de cinq doigts munis de griffes
non rétractiles. Les pieds mesurent entre 100 et 125 mm.

La queue du raton laveur est généralement longue de 20 à 28 cm et peut mesurer jusqu’à 40 cm. Elle
compte 5 à 7 anneaux bruns ou noirs et son extrémité est toujours noire.

Le raton laveur ne doit pas être confondu avec le chien viverrin (ou tanuki), un canidé dont la fourrure
est plus brune, la queue plus courte et de couleur unie, la rayure faciale interrompue sur le museau.

Sous-espèces
Quatre sous-espèces de raton laveur endémiques à l'Amérique centrale et aux Caraïbes ont souvent
été considérées comme des espèces distinctes après leur découverte. Ce sont le raton laveur des
Bahamas et celui de la Guadeloupe qui sont très semblables l'un à l'autre, le raton laveur de Tres
Marias, qui est plus grand que la moyenne et a un crâne anguleux, et celui de la Barbade aujourd'hui
éteint. Les études de leurs caractères morphologiques et génétiques en 1999, 2003 et 2005 ont
conduit à répertorier tous ces ratons laveurs comme des sous-espèce du raton laveur commun dans
la troisième édition de Mammal Species of the World (2005). Un cinquième raton laveur insulaire, le
raton laveur de Cozumel (Procyon pygmaeus), qui ne pèse que 3 à 4 kg et a notamment de petites
dents, est toujours considéré comme une espèce distincte.

Les quatre plus petites sous-espèces de raton laveur, d'un poids moyen de 1,8 à 2,7 kg, se trouvent le
long de la côte sud de la Floride et les îles adjacentes ; un exemple en est le Procyon lotor marinus. La
plupart des 15 autres sous-espèces ne diffèrent que légèrement les unes des autres par la couleur de
leur robe, leur taille et quelques autres caractéristiques physiques. Les deux sous-espèces les plus
répandues sont le raton laveur de l'Est (Procyon lotor lotor) et le raton laveur de la haute vallée du
Mississippi (Procyon lotor hirtus). Les deux partagent un pelage relativement sombre avec de longs
poils, mais le second est plus grand que le premier. Le raton laveur de l'Est se rencontre dans tous les
États américains et provinces canadiennes au nord de la Caroline du Sud et du Ttennessee. Le raton
laveur de la haute vallée du Mississippi vit dans tous les États américains et provinces canadiennes au
nord de la Louisiane, du Texas et du Nouveau-Mexique.

Liste

Selon MSW :

• Procyon lotor auspicatus


• Procyon lotor connuliarus
• Procyon lotor elucus
• Procyon lotor excelsus
• Procyon lotor fuscipes
• Procyon lotor gloveralleni Syn. Procyon gloveralleni -- raton de la Barbade certainement éteint
• Procyon lotor grinnelli
• Procyon lotor hernandezii
• Procyon lotor hirtus
• Procyon lotor incautus
• Procyon lotor inesperatus
• Procyon lotor insularis
• Procyon lotor litoreus
• Procyon lotor lotor
• Procyon lotor marinus
• Procyon lotor maynardi
• Procyon lotor megalodous
• Procyon lotor pacificus
• Procyon lotor pallidus
• Procyon lotor psora
• Procyon lotor pumilus
• Procyon lotor simus
• Procyon lotor vancouverensis
Répartition et habitats

Originaire d'Amérique du Nord, l’espèce occupe le sud du Canada et la majeure partie des États-Unis,
du Mexique et de l’Amérique centrale, dans la zone intertropicale. Il est plus rare dans les Antilles, où
il est une espèce protégée. Il est absent de certains secteurs des Montagnes Rocheuses à cause de
l’altitude, des déserts et du Grand Nord canadien. En Europe, il est naturalisé en Suisse, en France, en
Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, en Autriche, en République tchèque, en
Slovaquie, en Biélorussie ainsi que dans les pays du Caucase. Il n'a jamais vécu naturellement au
Japon.

Le raton laveur fréquente la forêt mixte, la forêt de feuillus et les régions agricoles. On le retrouve en
bordure des forêts, le long des cours d’eau et dans les marécages sous presque toutes les latitudes de
l’Amérique du Nord. Il peut aussi vivre dans les parcs urbains et les banlieues.

Le territoire du raton laveur varie entre 1 et 50 km2 en fonction des densités humaines. La femelle ne
défend pas de territoire. La densité moyenne est de 4 à 20 individus par km2 sur les terres cultivées
et jusqu’à 100 par km2 en ville. Le domaine vital d’un mâle compte entre 2 et 12 femelles en période
de reproduction.

Dans les années 1930, le raton laveur est introduit une nouvelle fois en URSS et en Allemagne pour sa
fourrure, dans des fermes d’élevage. Parfaitement acclimaté et en l’absence de prédateurs, il a
proliféré depuis. Aujourd’hui, on compte environ 100 000 ratons laveurs en Europe. L’espèce est
présente au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France (Aisne où il aurait été libéré près de
la Base aérienne de Laon-Couvron par les membres de la Force aérienne des États-Unis), en Suisse,
en Pologne et en Belgique.

Aujourd’hui, il est considéré comme une menace pour la biodiversité et a été classé par le Conseil de
l’Europe comme espèce invasive dont l’éradication est conseillée en raison de son impact sur la faune
locale. En France, il est classé nuisible depuis juin 2016.

Régime alimentaire

Omnivore, le raton laveur a un régime alimentaire varié mais préfère néanmoins les invertébrés, les
insectes, les vers et les larves. Étant protégé des piqûres par son épaisse fourrure, il s’attaque aussi
aux nids d’insectes.

Il mange de animaux aquatiques : palourdes d’eau douce, moules, écrevisses, poissons, grenouilles,
tortues, amphibiens et huîtres. Il s’alimente aussi de petits mammifères (rats musqués, mulots). Il
peut aussi s'attaquer aux poules. En été et en automne, il privilégie le maïs, les fruits, les baies, les
glands et les noix. Dans les villes, il fouille dans les poubelles qu’il ouvre aisément avec ses doigts
agiles. Il lui arrive de manger des charognes.

La croyance populaire selon laquelle le raton laveur lave sa nourriture avant de la consommer vient
du fait qu’il se nourrit généralement de petits animaux aquatiques et frotte souvent sa nourriture
entre ses mains comme pour la pétrir. Ainsi, des amas de coquilles de palourdes sur la rive d’un cours
d’eau ou de tiges rompues dans les champs de maïs sont des signes de sa présence.

Gîte
Le raton laveur choisit souvent un arbre creux pour s’abriter.

Le raton laveur s’abrite dans les arbres creux, les souches, les cavernes, les terriers de marmottes
abandonnés, les granges ou les hangars. Il change souvent d’abri. Vers mi-octobre, l’animal se réfugie
dans son gîte et y passe l’hiver en état de torpeur, ne se réveillant que de temps à autre. Comme
l’ours noir et le blaireau, il cesse de manger et survit grâce à ses réserves de graisse accumulées
pendant l’été. Contrairement à ce qu’on a longtemps cru, la température de son corps et son
métabolisme demeurent élevés. Les mâles sortent de leur gîte fin janvier, les femelles vers mi-mars.

En ville, on peut trouver l’animal dans les greniers, les égouts et les cheminées auxquels il accède
grâce à ses griffes qui lui permettent de grimper facilement à plusieurs mètres du sol. Chaque gîte
abrite entre un et cinq individus (jusqu’à 23 dans le Minnesota). Il fréquente plusieurs abris en dehors
de l’hiver.

Reproduction

Les accouplements ont lieu en janvier ou en février dans les régions du nord, en mars dans les autres
régions. Les femelles n’ont qu’une seule portée par année et peuvent avoir des petits dès leur
première année. Le mâle est polygame et peut se reproduire dès sa deuxième année. La femelle
monogame est réceptive pendant 3 à 6 jours et la gestation dure 63 jours.

Une portée comprend entre un et trois ratonneaux au sud contre trois à sept au nord1 et parfois
jusqu’à neuf. Les petits naissent en avril ou en mai. Ils sont aveugles, pèsent entre 60 et 75 g et ont le
dos et les flancs poilus. Les premières dents apparaissent au bout d’une vingtaine de jours. Leurs
petits yeux s’ouvrent à trois semaines. Les ratonnes s’occupent seules de l’élevage des petits qui sont
sevrés à quatre mois. Le masque noir de la fourrure autour des yeux ainsi que les anneaux de la
queue apparaissent avant dix semaines. Leur cri est semblable au pépiement d’oiseau et ils se
nourrissent du lait maternel. Les ratonneaux peuvent à leur tour se reproduire à l’âge d’un ou deux
ans selon le sexe. Ils passent leur premier hiver avec leur mère et ne se dispersent qu’au début de
l’été suivant.

Comportement

Le raton laveur est peu farouche et peut s’installer dans les greniers ou les cheminées

Les jeunes se laissent facilement apprivoiser par les hommes. À l’âge adulte, les mâles deviennent
agressifs et reviennent facilement à la vie sauvage après un temps de captivité1.

Le raton laveur est un bon grimpeur et un bon nageur. Sur terre, il se déplace assez lentement, ce qui
le rend vulnérable. Il peut descendre d’un tronc la tête la première, en tournant ses pieds de derrière
à 180°. Animal curieux et intelligent, il sort de sa tanière surtout la nuit, sauf pendant la période de
reproduction et en ville. Le raton laveur émet des grognements lorsqu’il est en danger.

En été et en automne, il emmagasine des réserves de graisse pour la mauvaise saison et peut gagner
jusqu’à deux fois son poids d’origine. L’épaisseur de la couche de graisse peut atteindre 2,5 cm sur le
dos. En hiver, le raton laveur n’hiberne pas mais entre dans une période d’inactivité et de dormance,
sauf dans les régions du Sud où l’animal continue d’être actif.
Longévité

Le raton laveur vit généralement entre 3 et 5 ans en milieu naturel et parfois jusqu’à 14 ou 16 ans. En
captivité, il peut dépasser les 16 ans, voire 21 ans. Les jeunes meurent généralement de malnutrition,
de maladie ou tués par un prédateur.

Prédateurs

Le principal prédateur du raton laveur est l’homme. À l’époque précolombienne, il était chassé par les
Amérindiens qui appréciaient sa chair et sa fourrure. Aux temps modernes et au XIXe siècle, les
trappeurs et les coureurs des bois le capturaient et pratiquaient la traite des fourrures. L’apogée de ce
commerce fut atteint dans les années 1920 ; entre 1941 et 1989 plus de 1,7 million de ratons furent
tués pour leurs fourrures rien que dans l’État du Nebraska6. Aujourd’hui, la fourrure du raton ayant
peu de valeur et étant difficile à travailler, cette activité est tombée en désuétude.

Bien que principalement chassés pour leur fourrure, les ratons laveurs ont également été longtemps
une source de nourriture importante pour les Amérindiens et les Américains et le raton laveur au
barbecue était un plat traditionnel dans les fermes américaines. C'était souvent un repas de fête. Les
esclaves américains mangeaient du raton laveur à Noël26, mais ce n'était pas forcément un plat de
pauvres ou de paysans; Dans le quotidien The Golden Era de San Francisco du 21 décembre 1856, le
raton laveur figure parmi les spécialités conseillées pour les fêtes et le raton laveur Rebecca reçu par
le président américain Calvin Coolidge lui avait été envoyé initialement pour être servi au dîner de
Thanksgiving de la Maison-Blanche. La première édition de The Joy of Cooking, publiée en 1931,
contenait une recette pour la préparation du raton laveur avec de l’écureuil et de l’opossum. Elle
suggérait d’enlever les glandes de musc et la graisse avant de faire rôtir l’animal et de l’accompagner
avec des patates douces.

Parce que les ratons laveurs sont généralement considérés comme attachants, mignons ou porteurs
de vermine, beaucoup de consommateurs ordinaires ont une peur répulsive d'en manger. Cependant,
plusieurs milliers de ratons laveurs sont encore consommés chaque année aux États-Unis. Bien que le
Coon Feed à Delafield dans le Wisconsin soit un événement annuel depuis 1928, sa principale
utilisation culinaire se rencontre dans certaines régions du sud des États-Unis comme l'Arkansas où le
Gillett Coon Supper est un événement politique important.

Chaque année, 2 à 4 millions d’individus sont tués par les automobilistes ou les chasseurs. Le raton
laveur est perçu comme une menace pour les agriculteurs lorsqu’il s’attaque aux vergers, aux œufs,
aux champs de maïs, aux greniers, aux cabanes à sucre ou aux ruches. En Suisse, il est chassé et jugé
indésirable pour l’équilibre naturel.

Autrefois recherché par l’homme pour sa fourrure, le raton laveur est toujours la proie de la martre
d’Amérique, du lynx roux, du puma, du coyote, du loup gris, du renard roux mais aussi du chien
domestique. Le grand-duc d’Amérique capture parfois des petits. Il est attaqué par les alligators dans
le Sud des États-Unis.

Maladies

Le raton laveur peut être porteur de la rage, de la maladie de Carré ou de la gale mais aussi de
parasites (infection à parvovirus, leptospirose et Baylisascaris procyonis). Selon l'Agence canadienne
d'inspection des aliments, la rage est transmissible à l’homme par la salive.
Taxinomie

Nom commun

En anglais, « raton laveur » se traduit par le mot raccoon, lui-même issu de l’algonquin ärähkun,
déverbal de ärähkuněm « il gratte avec les mains ». Les trappeurs de la Nouvelle-France auraient
ensuite formé le mot « raton », par analogie avec raccoon. Au Québec, chez les plus vieilles
générations, il est connu sous le nom de « chat sauvage ». Les Acadiens le nomment quant à eux la «
mascouèche, marchouèche ou machecouèche », les Cadiens le « chaoui », tous les deux empruntés
aux langues amérindiennes.

Nom scientifique

Dans les premières décennies après sa découverte par les membres de l'expédition de Christophe
Colomb, qui a été la première personne à laisser une trace écrite sur l'espèce, les taxonomistes ont
pensé que le raton laveur était apparenté à de nombreuses espèces différentes, comme les chiens,
les chats, les blaireaux et plus particulièrement les ours. Carl von Linné, le père de la taxonomie
moderne, a placé le raton laveur dans le genre Ursus, d'abord comme Ursus cauda elongata (« ours à
longue queue ») dans la deuxième édition de son Systema Naturae, puis comme Ursus lotor (« ours
laveur ») dans la dixième édition. En 1780, Gottlieb Konrad Christian Storr a placé le raton laveur dans
son propre genre -Procyon- qui peut se traduire soit par « avant le chien » ou « qui ressemble au
chien ». Il est également possible que Storr ait eu son mode de vie nocturne à l'esprit et ait choisi
l'étoile Procyon comme éponyme pour le genre. L'épithète spécifique du raton laveur est lotor, lotor
signifiant « laveur » en latin.

Évolution

Sur la base de preuves fossiles en France et en Allemagne, les premiers membres connus de la famille
des Procyonidae vivaient en Europe à la fin de l'Oligocène, il y a environ 25 millions d'années. Les
dents et les structures du crâne semblables suggèrent que les Procyonidés et les Mustelidés
partagent un ancêtre commun, mais les analyses génétiques indiquent une relation plus étroite entre
les ratons laveurs et les ours. Après avoir traversé le détroit de Béring au moins six millions d'années
plus tard, l'espèce de l'époque a eu son centre de répartition se situant probablement en Amérique
centrale. Les coatis (genres Nasua et Nasuella) et les ratons laveurs (genre Procyon) ont été
considérés comme pouvant éventuellement partager une origine commune, une espèce du genre
Paranasua présente il y a entre 5,2 et 6,0 millions d'années. Cette hypothèse, basée sur des
comparaisons morphologiques, est en conflit avec une analyse génétique de 2006 qui indique que les
ratons laveurs sont plus étroitement apparentés aux Bassariscus. Contrairement à d'autres
procyonidés, comme le Raton crabier (Procyon cancrivorus), les ancêtres du raton laveur commun ont
quitté les zones tropicales et subtropicales et migré vers le nord il y a environ 4 millions d'années, une
migration qui a été confirmée par la découverte de fossiles dans les Grandes Plaines datant du milieu
du Pliocène.

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