Vous êtes sur la page 1sur 6

Thème 1 : le jeu des puissances dans les relations internationales depuis 1945.

Les nouveaux enjeux internationaux depuis 2001 (suite du chapitre du livre)

Comment se recompose le jeu des puissances depuis une vingtaine


d’années ?
La Maison-Blanche
Le 16 août 2021
Extraits du discours de Joe Biden, Président des États-Unis d’Amérique.

LE PRÉSIDENT : Bonsoir. Je voudrais parler aujourd’hui de la situation actuelle en


Afghanistan : des événements de la semaine dernière et des mesures que nous prenons
pour faire face à une situation en rapide évolution. Mon équipe de sécurité nationale et moi-
même suivons de près la situation sur le terrain en Afghanistan et avons rapidement pris des
mesures pour mettre en œuvre les plans que nous avions élaborés pour réagir à chaque
éventualité – y compris l’effondrement rapide auquel nous assistons à présent. Je parlerai
plus en détail dans un instant des mesures spécifiques que nous prenons, mais je tiens à
rappeler à tout le monde ce qui nous a conduit à cette situation et les intérêts de l’Amérique
en Afghanistan.

Nous sommes entrés en Afghanistan il y a près de 20 ans avec des objectifs clairs :
poursuivre ceux qui nous ont attaqués le 11 septembre 2001 et faire en sorte qu’Al-Qaïda ne
puisse pas se servir de l’Afghanistan comme base pour perpétrer de nouvelles attaques.
C’est ce que nous avons fait. Nous avons fortement affaibli Al-Qaïda en Afghanistan. Nous
n’avons jamais cessé de poursuivre Oussama ben Laden, et nous l’avons eu. C’était il y a
dix ans. Notre mission en Afghanistan n’a jamais eu pour objet de construire une nation. Elle
n’a jamais visé à créer une démocratie unifiée et centralisée. Notre seul intérêt national vital
en Afghanistan reste aujourd’hui ce qu’il a toujours été : empêcher une attaque terroriste
contre le territoire national américain. Il y a de nombreuses années que j’affirme que notre
mission doit être étroitement axée sur la lutte contre le terrorisme – et non sur la contre-
insurrection ou la construction d’une nation. C’est pourquoi je me suis opposé au
déploiement de troupes supplémentaires lorsqu’il a été proposé en 2009 lorsque j’étais vice-
président. Et c’est pourquoi, en tant que président, j’entends résolument que nous nous
concentrions sur les menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui en 2021, et
non sur les menaces d’hier.

Aujourd’hui, la menace terroriste s’est métastasée bien au-delà de l’Afghanistan : Al-


Shabaab en Somalie, Al-Qaïda dans la péninsule arabique, Al-Nosra en Syrie, la tentative de
création par Daech d’un califat en Syrie et en Iraq et l’implantation de filiales dans plusieurs
pays d’Afrique et d’Asie. Ces menaces exigent que nous y consacrions notre attention et nos
ressources. Nous menons des missions antiterroristes efficaces contre des groupes
terroristes dans plusieurs pays où nous n’avons pas de présence militaire permanente. Si
nécessaire, nous ferons la même chose en Afghanistan. Nous avons acquis une capacité
antiterroriste transhorizon qui nous permettra de garder les yeux fermement rivés sur toute
menace directe contre les États-Unis dans la région et d’agir rapidement et de manière
décisive en cas de besoin.
Alors que s’est-il passé ? Les dirigeants politiques afghans ont abandonné et ont fui le pays.
L’armée afghane s’est effondrée, parfois sans chercher à se battre. Les événements de la
semaine dernière n’ont fait que renforcer notre conviction selon laquelle mettre fin à
l’engagement militaire américain en Afghanistan maintenant était la bonne décision. Les
troupes américaines ne peuvent pas et ne doivent pas se battre dans une guerre et mourir
dans une guerre que les forces afghanes ne sont pas disposées à mener pour elles-mêmes.
Nous avons dépensé plus de mille milliards de dollars. Nous avons formé et équipé une
force militaire afghane d’environ 300 000 hommes — incroyablement bien équipée — une
force plus importante que les forces armées de bon nombre de nos Alliés de l’OTAN.

Et voilà ce que je crois profondément : il n’est pas juste d’ordonner aux troupes américaines
d’intensifier leurs efforts alors que les propres forces armées afghanes ne le feraient pas. Si
les dirigeants politiques afghans n’ont pas été en mesure de s’unir pour le bien de leur
peuple, ni capables de négocier pour l’avenir de leur pays au moment décisif, ils ne l’auraient
jamais fait alors que les troupes américaines restaient en Afghanistan et assumaient la
charge des combats pour eux. Et nos véritables concurrents stratégiques – la Chine et la
Russie – se réjouiraient de voir les États-Unis continuer à mobiliser des milliards de dollars
de ressources et d’attention pour stabiliser l’Afghanistan indéfiniment.

Je ne répéterai pas les erreurs que nous avons commises dans le passé – l’erreur de rester
et de combattre indéfiniment dans un conflit qui n’est pas dans l’intérêt national des États-
Unis, de doubler la mise dans une guerre civile dans un pays étranger, de tenter de
reconstruire un pays par les déploiements militaires sans fin des forces américaines. Nous
ne pouvons pas continuer à répéter ces erreurs, car nous avons des intérêts vitaux
importants dans le monde que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer.

Je suis le président des États-Unis d’Amérique, et j’assume l’ultime responsabilité de la


situation.

Je suis profondément attristé par les faits auxquels nous sommes maintenant confrontés.
Mais je ne regrette pas ma décision de mettre fin à la présence des troupes américaines en
Afghanistan et de rester concentré sur nos missions de lutte contre le terrorisme là-bas et
dans d’autres parties du monde. Notre mission de réduire la menace terroriste d’Al-Qaïda en
Afghanistan et de tuer Oussama ben Laden a été un succès. Nos efforts de plusieurs
décennies pour surmonter des siècles d’histoire et changer et refaire de façon permanente
l’Afghanistan n’ont jamais pu l’être. Je ne peux pas et je ne demanderai pas à nos troupes
de se battre sans fin dans un autre – dans la guerre civile d’un autre pays, de subir des
pertes, des blessures mortelles, laissant des familles brisées par le chagrin et la perte. Ce
n’est pas pour nous un intérêt de sécurité nationale. Ce n’est pas ce que veut le peuple
américain. Ce n’est pas ce que méritent nos troupes, qui ont tant sacrifié au cours des vingt
dernières années.

J’ai pris un engagement envers le peuple américain lorsque je me suis présenté à la


présidence selon lequel je mettrais fin à l’engagement militaire américain en Afghanistan. Et
bien que cela ait été difficile et désordonné – et oui, loin d’être parfait – j’ai honoré cet
engagement. Plus important encore, j’ai pris l’engagement envers les braves hommes et
femmes qui servent cette nation que je ne leur demanderais pas de continuer à risquer leur
vie dans une opération militaire qui aurait dû prendre fin il y a longtemps. Nos dirigeants l’ont
fait au Vietnam quand je suis arrivé ici quand j’étais jeune. Je ne le ferai pas en Afghanistan.

Je sais que ma décision sera critiquée, mais je préfère accepter toutes ces critiques plutôt
que transmettre cette décision à un autre président des États-Unis – encore un autre – un
cinquième. Parce que c’est la bonne – c’est la bonne décision pour notre peuple. La bonne
pour nos braves militaires qui ont risqué leur vie au service de notre nation. Et c’est la bonne
pour l’Amérique. Alors, merci. Que Dieu protège nos soldats, nos diplomates, et tous les
courageux Américains qui risquent leur vie pour servir notre pays.

Consignes :

Questions :
1) Pourquoi les troupes armées états-uniennes se sont-elles positionnées en
Afghanistan dès 2003 ?
2) Que décide Joe Biden à propos des troupes américaines en Afghanistan ? A
quoi lui sert-il d’évoquer la Chine et la Russie ?
Synthèse : Selon vous, s’agit-il d’un discours de victoire ou de défaite ? Justifiez
votre réponse en une trentaine de lignes et en vous appuyant sur vos réponses
précédentes et les documents ci-dessous.

Pour mieux comprendre :

Document 1 : Carte de l’Asie


Document 2 : Frise chronologique du conflit afghan depuis 2001.

Vingt ans d’intervention en Afghanistan : la chronologie de « la guerre la plus longue » des

États-Unis
SOUVENEZ-VOUS - En réponse aux attentats du 11 septembre 2001, ayant fait des milliers de morts
sur le sol américain, une intervention militaire est engagée en Afghanistan par les États-Unis,
moins d’un mois plus tard. Retour sur les dates clés de ce conflit qui va durer vingt ans.
2001 :

11 septembre : Attentats sur le sol américain (World Trade Center, Pentagone, vol United Airlines
93)

31 septembre : Bombardements américains sur l’Afghanistan et le régime des talibans, accusés par
les Américains de soutenir Oussama Ben-Laden et son réseau terroriste nommé Al-Qaïda.

Novembre 2001 : chute du régime des talibans. Installation d’une administration transitoire.

2003 : début d’une pacification difficile

Le 11 août, débute une pacification difficile. L’OTAN prend en Afghanistan le commandement de la


Force internationale d’assistance à la sécurité.

2007 : renfort de la présence militaire américaine et française en Afghanistan.

Le 15 février, le président américain George W. Bush annonce l’envoi de trois mille deux cents
soldats supplémentaires en Afghanistan, où le contingent américain atteindra ainsi vingt-sept mille
hommes. Au moment où « les talibans et Al-Qaida s’apprêtent à lancer de nouvelles attaques », il
appelle à « passer à l’offensive » et invite les membres de l’OTAN à envoyer des renforts dans le
pays.

2011 : Dans la nuit du 2 mai, Oussama Ben Laden, le leader d’Al-Qaida, était tué au Pakistan d’une
balle en pleine tête, par des forces spéciales américaines. Sa mort mettait fin à une « chasse à
l’homme » hors norme, qui a commencé après les attaques islamistes de septembre 2001 aux États-
Unis.

2013/14/15 … : Les talibans, auteurs de plusieurs attentats contre les bâtiments officiels et des
ambassades des forces étrangères à Kaboul, ont proclamé la "défaite" des forces étrangères. Forts
d'un regain d'effectifs de combattants, les talibans accélèrent leurs offensives de conquête
territoriale contre le gouvernement afghan, toujours financé et formé par les États-Unis.
2021 : l’année du retrait total de l’armée américaine d’Afghanistan

Le 14 avril, le président américain Joe Biden annonce le retrait des forces armées d’Afghanistan d’ici
au 11 septembre, date anniversaire des attentats perpétrés par Al-Qaida aux États-Unis en 2001, qui
avaient justifié l’intervention militaire dans ce pays. Il reste environ deux mille cinq cents soldats
américains sur le sol afghan. La date butoir est fixée par Joe Biden au 31 août.

Le 15 août, les talibans investissent Kaboul sans qu’aucune résistance ne puisse les en empêcher.
Une défaite totale pour les Américains qui intervenait quelques semaines seulement après le début
du retrait des troupes américaines dans le pays, et qui a surpris les dirigeants du monde entier par sa
rapidité.

Le 16 août, discours de Joe Biden (voir document).

Le 30 août, le dernier soldat américain quitte l’Afghanistan. Les talibans continuent de conquérir de
grandes portions de territoire.

Document 3 : Extrait de https://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/afghanistan-apres-la-victoire-


des-talibans-la-chine-et-la-russie-avancent-leurs-pions_2156803.html

Asie
Afghanistan : après la victoire des talibans, la Chine
et la Russie avancent leurs pions
19 août 2021. Soucieuses de défendre leurs intérêts régionaux et leur sécurité, les deux puissances
espèrent nouer des relations solides avec les talibans. Qui, eux aussi, ont tout à y gagner.

A rebours des inquiétudes occidentales pour le devenir des droits humains en Afghanistan, la Russie et
la Chine ont d'ores et déjà lancé des tentatives de rapprochement avec les talibans, nouveaux maîtres
du pays. Dès le lendemain de la prise de Kaboul dimanche, Pékin a pris les devants en affirmant
vouloir nouer "des relations amicales" avec le mouvement islamiste. En gage de bonne volonté, la
diplomatie chinoise a même indiqué que son ambassade dans le pays "continuait à fonctionner
normalement".

Même attitude, ou presque, du côté de Moscou. L'ambassadeur russe dans la capitale afghane s'est
entretenu mardi avec un représentant des talibans, décrivant une rencontre "positive et constructive".
Le même jour, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, particulièrement bienveillant
et optimiste, avait salué un "processus positif en cours dans les rues de Kaboul où la situation est
calme et où les talibans assurent l'ordre public".

Intérêts sécuritaires et financiers de Pékin et Moscou

Pour Pékin comme Moscou, l'objectif est avant tout d'assurer leur protection dans la région. Les deux
pays redoutent que des groupes terroristes prennent racine en Afghanistan et menacent ensuite leur
sécurité intérieure. (…) De même, un autre enjeu devient crucial : il faut reconstruire l’Afghanistan et
pour cela la Chine semble la mieux placée, les talibans n’ayant pour le moment pas beaucoup
d’options et peu d’autres pays sur lesquels s’appuyer. (…)

Vous aimerez peut-être aussi