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Préambule

Peut-être n’en avez-vous jamais pris conscience mais chacune a une sorte de petit vélo
différent dans sa tête qu’elle actionne dès qu’elle pense. Par exemple dans une salle d’attente
certaines comptent ou calculent le nombre de dalles au sol, d’autres imaginent la vie de leur
voisin, d’autres vont feuilleter compulsivement les magazines…
Chacun fonctionne différemment c’est pourquoi mieux se connaître permet de mieux agir.
C’est en cela que je veux vous aider.

Qu’est-ce qu’un talent ?


Définition du mot
Pour vous qu’est-ce qu’un talent ? Je vous invite à couper la vidéo le temps d’écrire votre
définition du talent. Prenez une feuille, un carnet, une ardoise, et écrivez ce qui vous vient à
l’esprit : qu’est-ce qu’un talent ?

Regardons ensemble la définition que nous donne le Littré. Un talent est une aptitude
particulière à faire quelque chose.

Les adultes qui autour de moi accompagnent des personnes ou des entreprises sur la question
des talents, me disent :
Un talent est une manière d’agir complètement naturelle, c’est en moi, c’est un moteur qui va
me mettre en action, une habileté naturelle que j’exerce sans forcément en avoir conscience.
Elle me permet d’agir avec plaisir, facilité et succès.

En même temps, nous avons besoin de la reconnaissance des autres pour prendre conscience
de nos talents car au quotidien c’est naturel. C’est un peu une révélation car c’est plus grand
que juste ce que je vais faire de ma vie, quelles études, quel métier. Lorsque j’agis avec mes
talents je suis heureux d’agir, c’est facile et c’est fécond, il y a des fruits.

Vous avez peut-être ciblé les deux points qui se dessinent, la définition du dictionnaire et celle
donnée par les personnes interrogées éclairent bien ces deux points communs :

- Premier point, un talent est quelque chose de naturel, une capacité, une habileté
naturelle, c’est en moi.
- Deuxième point, un talent est une manière d’agir, un moteur, je suis heureux d’agir,
c’est facile, c’est fécond.

Je souligne un troisième point la nécessité de la révélation par la reconnaissance des autres,


les autres sont un miroir pour nous. Comme je ne connais mon visage que par un objet
extérieur (miroir, photo…) je ne reçois pleinement mes talents que si les autres me les
montrent, si les autres les nomment.
Pour toi qui es guide il est important de reconnaître tes talents mais aussi de révéler à celle qui
est à côté de toi ses talents, c’est une tâche extraordinaire car elle peut mettre l’autre sur un
chemin de réussite pour toute sa vie !

La parabole des Talents


Maintenant que nous avons défini ce qu’est un talent, ouvrons une parenthèse pour relier cette
définition avec la parabole des talents. Souvent, lorsque nous parlons talents avec des
catholiques, le lien avec cette parabole s’établit rapidement.
Je vous la lis :

14 « En effet, il en va comme d’un homme qui, partant en voyage, appela


ses serviteurs et leur confia ses biens.
15 A l’un il remit cinq talents, à un autre deux, à un autre un seul, à
chacun selon ses capacités ; puis il partit aussitôt.
16 Celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla les faire valoir et en gagna
cinq autres.
17 De même celui des deux talents en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla creuser un trou dans la
terre et y cacha l’argent de son maître.
19 Longtemps après, arrive le maître de ces serviteurs, et il règle ses
comptes avec eux.
20 Celui qui avait reçu les cinq talents s’avança et en présenta cinq
autres, en disant : « Maître, tu m’avais confié cinq talents ; voici cinq
autres talents que j’ai gagnés. »
21 Son maître lui dit : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle
en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton
maître. »
22 Celui des deux talents s’avança à son tour et dit : « Maître, tu m’avais
confié deux talents ; voici deux autres talents que j’ai gagnés. »
23 Son maître lui dit : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle
en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton
maître. »
24 S’avançant à son tour, celui qui avait reçu un seul talent dit : « Maître,
je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n’as pas semé, tu
ramasses où tu n’as pas répandu ;
25 par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici, tu as ton
bien. »
26 Mais son maître lui répondit : « Mauvais serviteur, timoré ! Tu savais
que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien
répandu.
27 Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers : à mon retour,
j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt.
28 Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents.
29 Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ;
mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré.
30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors :
là seront les pleurs et les grincements de dents. »
Mt 25,14-30 TOB

L’homme y est présenté comme responsable : par l’usage qu’il fait de ses talents. Il y est
aussi aimé de Dieu, comme le montre les relations entre le maître et le serviteur. Le maître
donne en abondance et même en surabondance : un talent représente une somme
considérable : les cinq talents que reçoit le premier serviteur correspondent à une vie de
salaire, qui à la fin de la parabole sera doublée.
De quelles capacités s’agit-il ? L’aptitude à réaliser des affaires économiques et financières
ou, des capacités physiques, intellectuelles et spirituelles à faire fructifier. Il nous semble
important de ne pas gommer le sens littéral. En effet, le texte évoque des talents sous une
forme matérielle, puisque le troisième serviteur creuse un trou dans le sol pour enterrer son
talent. Le Maître laisse à ses serviteurs une grande marge d’appréciation et de liberté. Il ne
donne aucune consigne explicite avant son départ en voyage. Pas un instant, le maître ne
surveille ses serviteurs. Mais qu’il les laisse faire ne signifie pas qu’il se désintéresse de ce
qu’ils font. Au contraire, il attend d’eux un résultat. A son retour « Il règle ses comptes avec
eux ». Le maître attend qu’ils utilisent leur raison, prennent des initiatives réfléchies et
responsables. Remarquons que les deux premiers serviteurs sont traités à l’identique : le
maître ne discute pas sur le montant des résultats.
Dès qu’il y a ouverture à la fécondité, l’homme grandit dans sa dignité, il apprend par son
agir, il devient plus capable et, ce faisant, ressemble davantage à son Créateur. Après que le
serviteur lui ait fait le récit de ce qu’il avait fait, le Maître, à son tour, exprime un éloge du
serviteur fidèle : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur
beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.

Quels liens pouvons-nous établir entre la définition et la parabole

Les deux expriment les deux mêmes mouvements :


- Je reçois un talent, il m’est donné. C’est un fait qui est extérieur à moi.
- J’agis, j’utilise mon talent, il peut ou ne peut pas donner du fruit selon l’usage que j’en
fait, j’ai une responsabilité.

Ce premier mouvement est un mouvement d’accueil, j’accueille mes talents. Je n’ai ni à en


rougir ni à en m’en enorgueillir, ils me sont donnés par mon Créateur : Dieu Amour. Dieu m’a
créée à son image et à sa ressemblance, je suis faite pour l’Amour, je suis faite pour la vie en
surabondance.
Le deuxième mouvement, est l’agir. Comment j’utilise mes talents. C’est précisément ici que
les subtilités et complications se présentent. Le pêché originel m’a éloigné de ma source
d’Amour, Eve a mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et nous devons
maintenant faire ce choix…. Pour agir, je dois discerner, utiliser ma raison, pratiquer les
vertus, et ce que Saint Thomas d’Aquin appelle les habitus. Bref, choisir entre ce qui est bien,
ce qui est moins bien (petits arrangements), ce qui est mal.
Vous comprenez bien que dans ce deuxième mouvement, l’agir, se posent toutes les
questions : Comment agir ? Pour qui ? Avec qui ?
Nous ne nous attarderons pas sur l’agir humain aujourd’hui, d’une part parce que ce n’est pas
notre sujet, d’autre part parce que je ne saurais par où commencer.

Revenons à nos talents.

La vocation
Selon Aristote, « l’homme doit développer ses talents et aptitudes, ce qui est bon et vertueux
en lui, pour connaître un épanouissement durable ». Aristote est un philosophe grec ( 320
avant JC), il ne connaît pas la Révélation, le Verbe ne s’est pas encore fait chair. Mais il pose
ici la question de notre finalité, la question de notre vocation. C’est Saint Augustin qui sept
siècles après lui parlera de vocation.
Ce qu’il nous dit est en version simplifiée « Là où vos talents rencontrent les besoins du
monde, là est votre vocation ».
Pourquoi se poser la question de la vocation ? Pour donner un sens à notre agir. Notre quête
est celle du bonheur, d’une plénitude.
Nous l’avons déjà dit, je suis créée par Dieu à son image et à sa ressemblance, Il est Amour,
je suis faite pour l’amour. Plus je m’inscris dans la création, plus je peux être actrice.
Vous comprenez bien que cette question de la vocation est beaucoup plus profonde que
simplement : quel métier choisir ? Dans quelle grande école je veux entrer ?
La question de la vocation répond à notre besoin profond et c’est en cela que l’exercice des
talents est essentiel. Mes talents sont au fond de mes tripes, et si je les utilise avec raison et
discernement pour la construction du bien commun, alors je marche vers la plénitude et la
Grâce m’est donnée en surabondance. Dieu voit plus grand que moi, mais je dois poser un
acte libre, raisonnable.
Voilà à quoi chacune de vous êtes appelée, nous pouvons parler ici d’une vision intégrale de
la personne, vous avez peut-être déjà entendu ce terme. C’est à dire qu’il n’y a pas d’un côté
la lycéenne, d’un autre la guide, la fêtarde, la fille de…, la baptisée… La vocation prend
toutes vos dimensions et c’est pour cela que le bonheur est possible. Vouloir se cloisonner
c’est finir par se briser.

Mes talents, quels sont-ils ? Comment je sais ?

Souvenez-vous… lorsque nous avons défini le mot talent, j’ai alors souligné un troisième
élément, la reconnaissance des autres, les autres sont un miroir pour nous. Je ne reçois
pleinement mes talents que si les autres me les montrent, les autres les nomment.
Dans la parabole des talents, le maître attend le récit de chacun des bons serviteurs. Sans cette
communication avec le maître, leur réussite ne serait pas complète. Ni pour eux, ni pour le
maître. La joie du maître est de reconnaître ses serviteurs et d’établir un rapport de confiance
avec ceux à qui il confie ses biens.

Dans notre vie de tous les jours, nous agissons.


J’ai besoin que les autres m’encouragent, me guident, me reprennent. C’est une des forces du
scoutisme. En tant que guides vous agissez ensemble, et vous pouvez alors prendre le temps
de contempler les talents des unes et des autres.
Souvenez-vous de votre dernier camp. Pour que le camp soit un temps de formation, qu’il soit
agréable, qu’il soit fraternel, il faut une bonne intendante, un bon chef, quelqu’un qui sera
toujours là pour entonner un chant pendant les moments difficiles, celle qui sait écouter, celle
qui a l’audace pour oser dépasser des limites…
Dans notre vie quotidienne, nous avons besoin des autres pour souligner, éclairer nos talents.
C’est la mission de nos parents et des adultes « éducateurs » à qui nous sommes confiés, ou
encore à de jeunes adultes, vous par exemple lors d’un babysitting, cheftaine ou grande sœur.
Donc ce sont les autres qui vous révèlent vos talents, écoutez-les. Sachez accueillir un
compliment en le comprenant avant tout comme : cela tu le fais très bien, alors fais-le, nous
en avons besoin.
Exercez-vous vos talents ?
Très rapidement j’aborde ici la question de l’engagement. L’engagement comme l’incarnation
raisonnable de mes décisions, désirs dans l’action.
Pour que mon engagement soit entier, j’ai besoin de la parole de mon père ou si c’est
compliqué d’une figure paternelle (un grand-père, un oncle proche, un parrain).
Nous avons besoin que cette figure paternelle nous envoie pour vivre notre vocation. Il est la
signature, nous portons en principe d’ailleurs le nom de notre père. Il est celui qui me
reconnaît dans ma vocation, et cette reconnaissance, cette confiance, ce dialogue me permet
d’agir pleinement.
Un ami à l’habitude de prendre cette image. Un enfant montre un dessin à sa Maman, elle le
trouve joli, elle lui dit :
- « Bravo mon chéri, ton dessin est très beau ».
Paul pense alors « Maman m’aime ». Cet amour est indispensable pour que Paul se construise,
prenne confiance en lui. Puis il montre ce même dessin à son papa, il lui dit :
- « Bravo mon garçon, quel beau dessin ! ».
L’enfant pense alors que oui son dessin a quelque chose, il est vraiment beau. Son père est le
miroir de son talent et l’envoie pour agir au milieu des autres. L’enfant pourra ensuite
accrocher son dessin, le montrer aux autres, en parler avec assurance. Il agit en inter action
avec les autres pour quelque chose de plus grand que lui, le bien commun.

N’hésitez pas à prendre un moment de qualité avec votre Papa, ou avec celui qui tient pour
vous ce rôle de figure paternelle pour lui parler de ce sujet des talents, de la vocation, des
questions qui vous habitent. Il n’y a pas d’âge.

Vous avez regardé cette vidéo seule ou à plusieurs, peut-être avez-vous des questions ? Peut-
être n’êtes-vous pas d’accord ? N’hésitez pas à noter vos questions, vos remarques pour
nourrir nos échanges lors de notre pèlerinage à Romay.
Je vous propose quatre questions, répondez-y par écrit pour creuser un peu votre réflexion,
personne ne ramassera les copies, c’est vraiment la pratique qui enseigne que ce passage à
l’écrit fixe plus durablement.

- Qu’est-ce que vous ressentez ?


- Quel a été le moment sommet de cette vidéo ?
- Qu’est-ce que vous pensez avoir appris ?
- A quoi tout cela vous invite ?

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