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PSFR-335; No. of Pages 17 ARTICLE IN PRESS


Psychologie française xxx (2015) xxx–xxx

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et également disponible sur www.em-consulte.com

Article original

Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et


le regard des machiavéliques, des psychopathes
et des narcissiques que vous côtoyez
Sex, lies and personality: The words and gaze of those
machiavellians, psychopaths and narcissists around you
R. Bet , É. Brossat , C. Ducamp , C. Graziano , G.A. Michael ∗
Laboratoire d’étude des mécanismes, EA3082, université de Lyon, université Lyon 2, 5, avenue
P.-Mendès-France, 69676 Bron cedex 09, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Notre travail a cherché à comprendre comment le machiavélisme, la


Reçu le 14 mars 2014 psychopathie et le narcissisme subcliniques, en interaction avec le
Accepté le 21 décembre 2014 sexe, pouvaient expliquer des indices comportementaux de trom-
Disponible sur Internet le xxx
perie lors de la narration. Ces facteurs ont été étudiés séparément
par le passé mais jamais ensemble au sein d’une étude. Nous avons
Mots clés :
enregistré des comportements para-verbaux et non verbaux de
Mensonge
56 participants lors de descriptions véridiques ou mensongères
Indices de tromperie
Triade Sombre
d’objets, et le degré de chacune des trois facettes de personnalité
Sexe a été évalué à l’aide d’une échelle courte. Une dissociation entre
les trois facettes existe puisque chacune semble associée à des
indices différents, surtout en interaction avec le sexe. Le degré plus
élevé des facettes sombres chez les hommes semble engendrer des
comportements plus extrêmes et détectables dans certains indices
du mensonge. Ces données sont discutées au regard des différentes
théories sur les indices du mensonge et devraient être confirmées
par des expériences plus écologiques.
© 2015 Société française de psychologie. Publié par Elsevier
Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : george.michael@univ-lyon2.fr (G.A. Michael).

http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
0033-2984/© 2015 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
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a b s t r a c t

Keywords: Several behavioural cues have been described in the literature as


Lies betraying deception. Yet, the conclusions of dozens of studies are
Cues to deception unequivocal and even contradicting on whether such cues truly
Dark Triad reveal lies. One possible reason is that the effects on these cues of
Sex differences
gender and personality were rarely examined simultaneously des-
pite some scarce evidence that such an interaction may reveal more
fruitful than when taking gender and personality separately. The
current study aimed thus in understanding how gender interacts
with some aspects of personality frequently associated with the
tendency to deceive, namely the dark triad including machiavellia-
nism, and subclinical psychopathy and narcissism, may account for
behavioural cues to deceit during narration. A sample of 56 parti-
cipants (28 men, 28 women) aged 17–28 years participated in this
study. Participant were asked to give a truthful and a deceptive
description of objects contained in a box with as much details as
possible in answer to several questions given by an experimenter.
The interview between the experimenter and each participant was
video recorded and behavioural paraverbal and non-verbal cues
were taken as dependent variables. Each participant also comple-
ted a version of the “Dirty Dozen Scale” allowing to estimate his/her
degree of machiavellianism, and subclinical psychopathy and nar-
cissism as to constitute two independent groups on the basis of a
median-split (low and high degree of each personality facet). Our
study highlights a dissociation among the three facets of perso-
nality since each one was associated with different behavioural
cues of deception, especially when taken together with gender.
The total time of speech, the frequency of eye blinks and the fre-
quency of hesitations during narration were found to be the most
sensitive. Globally, men with high degrees of dark facets of per-
sonality showed differences in these behaviours between truthful
and deceptive descriptions. It is plausible that high degrees of dark
facets of personality would result in less subtle behavioural cues in
men than in women. Our results are discussed in light of emotional
and cognitive factors influencing cues to deception.
© 2015 Société française de psychologie. Published by Elsevier
Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

Le mensonge fait partie de notre vie quotidienne mais il reste aujourd’hui encore difficile de
savoir comment il se manifeste. Une grande diversité d’indices verbaux est décrite dans la littéra-
ture, tel que le temps de parole et la fréquence d’hésitations lors d’un récit, ou non verbaux, comme
la fréquence de détournements du regard et de clignements des yeux, (DePaulo et al., 2003). Cepen-
dant, plusieurs contradictions existent dans la littérature (Vrij, 2008). Par exemple, concernant la
fréquence de clignements des yeux ou la fréquence des pauses dans le récit, certaines études montrent
une augmentation lors d’un récit mensonger, alors que d’autres montrent une baisse. Ceci provien-
drait éventuellement de la diversité des méthodes et designs expérimentaux employés (Sporer &
Schwandt, 2006). Il est alors difficile d’avoir une compréhension claire sur la façon dont le mensonge se
manifeste.
Étant donné que les hommes et les femmes se comportent différemment lors des interactions
sociales, (Buss & Barnes, 1986) des différences dans leur façon de mentir devraient être retrouvées. En
effet, une distinction dans le contenu de leur mensonge a été mise en évidence puisque les femmes
mentent plus facilement en exprimant plus positivement ce qu’elles ressentent envers quelque chose

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
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ou quelqu’un (DePaulo et al., 1996). Au contraire, les hommes disent plus fréquemment des mensonges
les concernant, comme par exemple en surévaluant leur statut socio-économique (Whitty, 2002). Les
différences sont donc d’ordre qualitatif et concernent le contenu du récit. Cependant, aucune diffé-
rence entre hommes et femmes ne semble apparaître dans la manifestation quantitative du mensonge
(Childs, 2012 ; Hall, 1984). Le terme indice quantitatif renvoie aux manifestations de tromperie, aussi
bien verbaux que para-verbaux ou non verbaux qui peuvent être mesurés et quantifiés en termes de
fréquence, de volume et/ou de temps. Les différences entre les sexes paraissent souvent secondaires et
non pas substantielles (Hruschka, 2010). Or, le sexe semble être le facteur le plus important pour expli-
quer les variations dans des interactions entre personnes (Bell, 1981). Ces contradictions expliquent
la faible proportion d’études y faisant référence. C’est également la raison pour laquelle l’investigation
de la différence entre les sexes a été négligée.
Le contraste dans le contenu du mensonge entre hommes et femmes pointé par DePaulo et al.
(1996) pourrait être mis en lien avec certains traits de personnalité plus prononcés chez les hommes
que chez les femmes (Furnham, Richards et Paulhus, 2013). Il s’agit surtout des « facettes sombres »
de la personne. Ce terme est utilisé pour la première fois par Paulhus et Williams (2002) et désigne
les personnalités socialement aversives, mais qui se situent toujours dans la gamme de la normalité :
le machiavélisme, la psychopathie et le narcissisme sub-cliniques. Le machiavélisme est marqué par
une personnalité manipulatrice, un fort cynisme et un manque de principes. Ces personnes voient la
manipulation comme un moyen d’obtenir ce qu’elles désirent (Jones & Paulhus, 2009). La psychopa-
thie sub-clinique est la facette sombre la plus dure, dans le sens où elle implique, plus que les deux
autres, des comportements ou des traits malveillants vis-à-vis d’autrui (Rauthmann, 2012). Elle se
caractérise par une forte impulsivité, une empathie réduite, un manque de remords et une recherche
de sensations fortes (Lilienfeld & Andrews, 1996). Cette facette est robuste dans le temps puisqu’elle
ne décline pas avec l’âge comme peut le faire le comportement antisocial ou l’impulsivité propre-
ment dite (Pham, Saloppé, & Leistedt, 2012). Le narcissisme sub-clinique est caractérisé par des idées
de grandeur ainsi que des sentiments de supériorité et de domination (Corry, Merritt, Mrug, & Pamp,
2008). Ces trois facettes semblent dissociables les unes des autres. Les machiavéliques font par exemple
plus attention dans leurs actes et adoptent des comportements plus délibérés que les psychopathes
qui, eux, recherchent des sensations fortes (Williams, Nathanson, & Paulhus, 2010). Mais ces facettes
ont cependant un point commun : l’insensibilité vis-à-vis d’autrui. Cette insensibilité renvoie à une
distance froide tenue lors d’interactions sociales et une tendance à ne pas se laisser toucher par les
émotions d’autrui. Or, de telles caractéristiques sont considérées comme un atout lors de la production
d’un mensonge puisqu’elles permettraient de le masquer (Furnham et al., 2013).
Deux de ces personnalités, la psychopathie sub-clinique et le machiavélisme, semblent associées à
une tendance à mentir, plus que le narcissisme. Book et al. (2006) ont trouvé que les personnes dont
le mensonge avait été convainquant avaient un score de psychopathie plus élevé que les individus
dont le mensonge avait été démasqué. Cette faculté à cacher plus facilement le mensonge viendrait
du fait que les personnes avec un degré élevé en psychopathie auraient une habitude à utiliser la
tromperie dans des échanges sociaux. Ceci les rendrait à terme experts (Seto, Khattar, Lalumiere, &
Quinsey, 1997). De la même façon, Riggio, Salinas, et Tucker (1988) avaient demandé à des partici-
pants de juger de la véracité de témoignages présentés dans des clips vidéo. Les participants n’ont
pas réussi à détecter le mensonge chez des personnes avec haut niveau de psychopathie. Il semblerait
que leurs comportements énergiques et extravertis, d’un point de vue corporel, aient été interprétés
à tort comme étant une forme d’honnêteté. D’autre part, Porter, tenBrinke, Baker, et Wallace (2011)
expliquent qu’être moins démasqué serait dû au fait que les gens avec de forts traits psychopathiques
auraient moins d’indices du mensonge dans leurs expressions faciales. Ceci ne signifie pas qu’ils ont
un visage statique. Mais cela signalerait seulement que leur comportement lors d’un récit mensonger
est similaire à celui produit lors d’un récit véridique. De plus, ils auraient une capacité à simuler plus
facilement les expressions émotionnelles, ce qui rendrait leur mensonge moins décelable. Puisque le
but est de réussir à faire croire au mensonge, ces facettes développeraient des stratégies différentes
pour y parvenir. Les personnes avec un haut niveau de psychopathie chercheraient un bénéfice à
court terme afin d’être récompensés rapidement. Ceci correspondrait à leur comportement impul-
sif et l’adoption de stratégies agressives (Hare, 1985). Les machiavéliques auraient, au contraire, une
stratégie plus réfléchie s’étalant sur le long terme, ce qui permettrait un meilleur maintien de leurs

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relations sociales (Jonason & Kavanagh, 2010). Dans cette perspective, ils se montreraient réfléchis et
ne mentiraient pas s’ils pouvaient subir des conséquences néfastes trop importantes (Kashy & DePaulo,
1996). Cependant, ceci ne semble pas généralisable puisque, dans certaines études, les machiavéliques
sont souvent décrits comme étant charmants et attirants seulement dans des relations sociales à court
terme (Wilson, Near, & Miller, 1998). Par ailleurs, les machiavéliques pourraient admettre ouvertement
qu’ils mentent et manipulent leurs interlocuteurs pour arriver à leur fin (Vrij, 2008), même si leurs
mensonges sont également moins décelables. Certaines études ont montré qu’ils sont des menteurs
plus convaincants (Geis & Moon, 1981). Ils fabriquent les mensonges les plus plausibles, maintiennent
une attitude laissant entrevoir moins d’indices témoignant du mensonge comme, par exemple, des
détournements du regard moins fréquents (Exline, Thibaut, Hickey, & Gumpert, 1970). Enfin, concer-
nant le narcissisme sub-clinique, à notre connaissance aucune étude n’a réussi à mettre en évidence
un lien global avec le mensonge, même si certains auteurs parlent de différences de sexe (abordées
plus loin) dans la façon de mentir. Malgré le point commun que les individus narcissiques partagent
avec les deux autres facettes (par ex : l’insensibilité vis-à-vis d’autrui), leur manière de manipuler et
tirer profit d’autrui est différente. Elle passe apparemment moins par le mensonge et plus par une
tentative d’attirer l’attention sur soi et par des réactions émotionnelles exagérées à des informations,
des faits et des dires les concernant (Rhodewalt, Madrian, & Cheney, 1998 ; Rhodewalt & Morf, 1995).
Comme mentionné précédemment, les hommes ont des scores plus élevés que les femmes dans
les échelles évaluant la triade sombre (Furnham & Trickey, 2011 ; Jonason & Webster, 2010). Or, le
fait qu’une partie de cette triade (la psychopathie sub-clinique et le machiavélisme) soit plus asso-
ciée à une tendance à mentir et que le mensonge qui en résulte soit moins décelable soulève l’idée
que les hommes arriveraient plus facilement à dissimuler leur mensonge que les femmes. Ceci est
d’autant plus vrai lorsque les facettes sombres sont prononcées. Dans une étude récente, Brewer,
Abell, et Lyons (2013) suggèrent que plutôt de se focaliser sur le sexe et la personnalité séparé-
ment dans les études sur le mensonge, ces deux aspects devraient être considérés ensemble. Ceci
voudrait dire que l’absence de différence entre hommes et femmes rapportée dans la littérature sur
les indices du mensonge proviendrait du fait que la personnalité n’a pas été suffisamment prise en
compte. Certaines études vont, en effet, dans cette direction, même si elles restent indirectes. Par
exemple, Book et al. (Book, Holden, Starzyk, Wasylkiw, & Edwards, 2006) ont montré que les hommes
avec des traits psychopathiques dissimulent mieux leur mensonge que les femmes avec traits psy-
chopathiques. Ceci s’expliquerait par le caractère manipulateur des personnes avec degré élevé de
psychopathie. En ce qui concerne le machiavélisme, il est difficile d’avoir une idée claire sur les diffé-
rences de sexe. Certaines études mettent en évidence des performances meilleures chez les hommes
(Dingler-Duhon & Brown, 1987) alors que d’autres montrent des performances meilleures chez les
femmes (Domelsmith & Dietch, 1978). Toujours est-il que, dans ces études, des interactions entre
sexe et niveau de machiavélisme apparaissent. Enfin, concernant le narcissisme, les différentes études
ne parlent pas directement du mensonge, mais des comportements qui pourraient être en lien. Par
exemple, pour réussir une même tâche, les hommes et les femmes avec un degré élevé de narcis-
sisme ne procéderaient pas de la même manière. Les hommes adopteraient des stratégies basées sur
l’assurance et l’influence directe sur autrui. À l’inverse, les femmes seraient plus portées sur la suppli-
cation à travers les pleurs, la simulation de comportements de désespoir ou la simulation de maladies
(Howard et al., 1986 ; Southard, 2010). Ces différences dans la stratégie se refléteraient-elles dans les
indices du mensonge ? Baumeister (1984) et Gallaher (1992), sans étudier directement le narcissisme,
se sont intéressés aux individus avec haute conscience de soi publique (conscience de soi-même en
tant qu’objet social). Les caractéristiques extrêmes qui y sont associées pourraient s’approcher de
celles de la personnalité narcissique. Ils rapportent un meilleur contrôle des indices non verbaux par
les personnes avec haute conscience de soi. Néanmoins, ces résultats ont été remis en question par Vrij,
Edward, et Bull (2001) qui n’ont pas réussi à les répliquer. Force est donc de constater que les données
de la littérature sont, à présent, trop maigres pour pouvoir tirer des conclusions quant à la manière
dont les interactions entre sexe et facettes sombres de personnalité influencent les indices quantitatifs
du mensonge.
À notre connaissance, aucune autre recherche systématique n’a étudié les liens entre sexe, person-
nalité et mensonge. Notre étude vise donc à prendre en compte les facettes sombres et de voir si des
différences entre hommes et femmes existent dans les indices de mensonge.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
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Dans l’étude présente, nous avons demandé aux participants de décrire le contenu d’une boîte soit
en disant la vérité soit en mentant. Nous avons délibérément omis de créer un contexte d’interaction
sociale dans lequel les participants parleraient d’eux-mêmes. Le but était d’éviter l’adoption de
comportements contexte-dépendants rapportés dans certaines études et qui diffèrent chez les
hommes et les femmes (DePaulo et al., 2003). En revanche, s’il est attendu que les facettes sombres
de la personnalité (Jonason & Webster, 2010) permettent éventuellement de distinguer hommes et
femmes dans la fréquence d’apparition des indices de mensonge, la littérature actuelle ne nous per-
met pas de prédire avec précision quels indices seront concernés. Il n’est également pas possible de
connaître dans quelle direction (augmentation ou diminution) les changements de ces indices iront.
En ce qui concerne la psychopathie sub-clinique, l’impulsivité qui la caractérise pourrait mener les
participants à réfléchir moins à ce qui doit être dit. Et puisque mentir requiert plus de réflexion que
dire la vérité (Zuckerman, DePaulo, & Rosenthal, 1981), une précipitation serait éventuellement visible
dans deux variables dépendantes : dans le temps de latence avant de répondre et dans la fréquence
des hésitations lors du discours entre vérité et mensonge pour des personnes avec degré élevé de psy-
chopathie. Concernant le machiavélisme et le narcissisme, il est difficile de prévoir l’obtention d’un
résultat quelconque et dans quel sens celui-ci irait. Notre étude est, ainsi, en grande partie exploratoire.

2. Méthode

2.1. Participants

Cinquante-six étudiants de l’université lumière Lyon 2 ont participé à l’expérience. Ils ont été choi-
sis de façon aléatoire, sans aucune sélection préalable, sur la base du volontariat et sans rémunération.
Il s’agit d’étudiants venant de filières diverses telle que sociologie, sciences de la cognition, psycholo-
gie, langues, communication, informatique, statistiques, sciences politiques. Aucun de ces étudiants
n’avait suivi d’enseignement spécifique sur l’étude du mensonge. La répartition en groupes s’est faite
sans regarder la discipline des participants. Un nombre équivalent d’hommes et de femmes ont été
recrutés. L’âge moyen était de 19,9 (écart-type = 2,1 ; désormais signalé par ±) années (allant de 17 à
28 ans) et le nombre moyen d’année d’études était de 13,76 ± 1,5 (le Bac équivaut à 12 années d’études).
Les deux groupes n’ont pas de différence d’âge (femmes = 20,4 ± 2,5 ; hommes = 19,5 ± 1,6 ; p > 0,11) ni
de différence dans le nombre d’années d’études (femmes = 14,0 ± 1,8 ; hommes = 13,6 ± 1,1 ; p > 0,32).
En fin de passation, une traduction française faite par les auteurs du questionnaire « Dirty Dozen
Scale » (Jonason & Webster, 2010) comportant douze questions a été remplie par chaque partici-
pant afin d’évaluer le degré de machiavélisme, de psychopathie et de narcissisme sub-cliniques. Le
participant doit entourer sur une échelle de 0 à 7 de type Likert, le niveau auquel il est en accord
avec chacune des 12 assertions (de 0 = « pas du tout d’accord » à 7 « entièrement d’accord »). Quatre
assertions correspondent à l’évaluation de chacune de ces facettes sombres de la personnalité. Une
étude pilote menée auprès de 451 participants (âge moyen = 20,8 ± 2,6 ; nombres moyen d’années
d’études = 14,1 ± 1,5) a montrée que la consistance interne (alpha de Cronbach) était de 0,80 pour
le machiavélisme, de 0,56 pour la psychopathie, 0,84 pour le narcissisme. En accord avec les don-
nées de la littérature (Furnham et al., 2013), les hommes ont obtenu des scores plus élevés que les
femmes a la fois en machiavélisme (femmes = 11,4 ± 4,9 ; hommes = 16,0 ± 6,3 ; p < 0,004), en psycho-
pathie (femmes = 7,7 ± 3,3 ; hommes = 12,8 ± 5,0 ; p < 0,00003) et en narcissisme (femmes = 11,3 ± 4,6 ;
hommes = 15,9 ± 5,7 ; p < 0,002). Les résultats sont présentés dans le Tableau 1. Afin d’analyser les
indices de tromperie en fonction du degré de la triade sombre, chacun des deux groupes (hommes et
femmes) a été subdivisé en deux sous-groupes sur la base du score médian pour chacune des trois
facettes. Les participants qui se situent au dessus de la médiane sont catégorisés comme ayant un
degré élevé de la facette sombre en question, ceux se situant en dessous la médiane sont catégorisé
comme ayant un degré plus faible.

2.2. Matériel

Les participants devaient décrire deux objets présentés, chacun dans une boîte : un tube de crème
hydratante accompagné d’une notice d’utilisation et un magazine bimestriel, paru en janvier-février

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Tableau 1
Moyenne (et écart-type) des 7 variables dépendantes en fonction de la condition de narration, vérité ou mensonge.

Vérité Mensonge

Temps de latence (s) 6,70 (2,80) 6,70 (3,47)


Débit de parole (mots/s) 3,40 (0,90) 3,49 (0,98)
Temps de parole (s) 44,0 (25,10) 34,0 (23,96)
Fréquence de pauses 0,08 (,07) 0,09 (0,09)
Fréquence d’hésitations 0,21 (0,12) 0,20 (0,14)
Fréquence de clignements 1,17 (0,58) 1,28 (0,73)
Fréquence de détournements 0,45 (0,18) 0,46 (0,23)

2012. Ces objets ont été choisis parmi cinq lors d’une étude pilote effectuée sur 10 étudiants de
l’université lumière Lyon 2 sélectionnés au hasard, avec un âge moyen de 21,2 ± 1,55 ans et un nombre
d’années d’études de 15,10 ± 1,20. Ces objets ont été choisis car équivalents en termes de nombre de
mots produits par les participants lors de la description, avec une moyenne de 58,0 ± 22,86 mots pour
la crème et 61,25 ± 14,85 mots pour le magazine (t(9) = 0,49 ; p > 0,71), ainsi qu’en termes de temps
de parole avec, respectivement, des moyennes de 28,89 ± 9,44 secondes et 31,46 ± 7,71 secondes
(t(9) = 0,84 ; p > 0,51). Chaque objet était placé dans un carton de dimensions 30 cm × 15 cm × 15 cm.
Une caméra de marque Sony HDR-TG3E a été utilisée pour filmer les participants et avait comme prin-
cipales caractéristiques un format audio Dolby® Digital 5.1 canaux, un écran LCD de 2,7 pouces, ainsi
qu’un format vidéo haute définition AVCHD (1440 × 1080). Elle était placée derrière l’expérimentateur
de façon à filmer uniquement le visage du participant et était positionnée sur un trépied à 1 m 40 de
hauteur. La chaise de l’expérimentateur et celle du participant étaient disposées face à face et espacées
d’1 m 50.

2.3. Procédure

L’étude a été approuvée par le Conseil du laboratoire EMC (EA 3082) de l’université Lyon 2.
Chaque participant devait remplir et signer un formulaire de consentement sur lequel il était pré-
cisé que les données étaient enregistrées à l’aide d’une caméra de manière anonyme. Il était informé
qu’il allait participer à une étude de description d’objets mais il n’a pas été fait référence avant
l’expérimentation aux capacités de mentir. À la suite de cet accord, il devait se placer sur la chaise
en face de l’expérimentateur. La procédure a été inspirée de celle de Caso et al. (2005). Un premier
expérimentateur mettait en marche la caméra et demandait au participant d’explorer le contenu de
la première boîte. L’expérimentateur lui expliquait qu’il devrait ensuite dire la vérité ou de mentir
(condition de narration) en réponses aux questions d’un second expérimentateur, non présent en ce
moment dans la salle. Il sortait par la suite de la pièce et laissait une minute au participant pour obser-
ver et manipuler l’objet en question. Au bout de la minute, le second expérimentateur (un compère)
entrait dans la pièce, s’installait et posait quatre questions1 au participant concernant l’objet exploré.
Les réponses étaient données de mémoire :

• qu’est ce qu’il y a dans la boite ?


• Pouvez-vous me donner une description précise de l’objet avec un maximum de détails ?

1
Notre choix s’est porté sur ces 4 questions parmi les 12 posées par Caso et al. (2005) parce que : (a) plusieurs questions
posées par Caso et al. (2005) étaient en fait des répétitions ; (b) les questions de Caso et al. (2005) visaient non seulement à
recueillir des réponses mais aussi à provoquer une anxiété chez le témoin. Ceci consiste en un sérieux biais dans l’étude des
indices du mensonge en dehors des travaux portant spécifiquement sur la composante émotionnelle ; (c) 2 des 14 questions de
Caso et al. (2005) ne sont pas des questions, mais des exclamations. De ce fait, elles ne visaient pas à recueillir des informations
et des indices lors de la narration ; (d) parmi les 14 questions posées, 6 étaient des questions fermées ne permettant pas le
recueil suffisant d’indices. Nous avons gardé uniquement une question fermée qui visait seulement à s’assurer que le témoin
n’avait rien oublié ; (e) 4 parmi les 14 questions de Caso et al. (2005) concernaient le compère et non pas l’objet. Si nous excluons
toutes les questions qui ne sont pas neutres, qui ne concernent pas l’objet lui-même et qui ne provoquent pas une anxiété, il
ne nous reste plus que les 4 questions employées dans notre étude.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
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• Pensez-vous, oui ou non, m’avoir tout dit à propos de cet objet ?


• Pouvez-vous maintenant répéter tout ce que vous m’avez dit à propos de cet objet ?

À la fin des questions, le second expérimentateur ressortait et le premier entrait avec une seconde
boîte. Le scénario se répétait alors encore une fois. Chaque participant passait ainsi la condition vérité
et la condition mensonge dans un ordre contrebalancé. L’ordre de présentation des objets a été contre-
balancé à travers les participants. À la fin de la session, chaque participant remplissait la Dirty Dozen
Scale. Les objectifs de cette expérience étaient enfin présentés au participant.

2.4. Variables dépendantes

Les variables dépendantes choisies sont de type para-verbal ou non verbal et le choix a été guidé
par les méta-analyses effectuées par DePaulo et al. (2003), Vrij (2008) et Sporer et Schwandt (2006,
2007) :

• le temps de latence ; il s’agit de l’intervalle de temps en secondes séparant la fin de la question et le


début de la réponse ;
• le débit de parole ; les productions orales des participants ont été retranscrites pour obtenir le
nombre de mots. Cette donnée a été divisée par le temps total de parole. Pour obtenir le débit
de parole exprimé en mots/secondes. Pour le nombre de mots, ceux s’accompagnant d’apostrophe
étaient comptés comme un seul mot ;
• temps de parole ; il s’agit du temps total de parole en réponse aux quatre questions. La valeur est
exprimée en secondes ;
• la fréquence des pauses ; il s’agit du nombre de pauses dans le discours, divisé par le temps de parole.
Une pause était comptabilisée dès lors que le discours n’était plus continu. Celles en fin de discours
n’étaient pas comptabilisées en tant que telle ;
• fréquence des hésitations ; elles se différencient des pauses par le fait que le participant émet une
expression de type « euh » ou que certaines fins de mot sont allongées marquant une réflexion trop
longue. Elles pouvaient se situer en début, au milieu ou en fin de phrase. Il s’agit donc du nombre
d’hésitations divisé par le temps de parole en secondes ;
• la fréquence de clignement des yeux ; il s’agit du nombre de clignements divisé par le temps total
de parole en secondes ;
• la fréquence des détournements ; lors de la description le participant fixait l’expérimentateur. Un
détournement était alors comptabilisé lorsque le participant changeait l’orientation de son regard
pour ensuite revenir fixer l’examinateur. Les saccades oculaires survenant pendant que le participant
ne fixait pas l’expérimentateur n’étaient pas comptabilisées. Le nombre de détournements a été alors
divisé par le temps total de parole en secondes.

3. Résultats

Chaque facette sombre de personnalité a été étudiée séparément. Pour chacune, une Anova a été
effectuée à l’aide du logiciel Statistica v.10 créé par StatSoft. Chaque variable dépendante décrite
précédemment a été analysée avec la condition de narration (vérité vs mensonge), comme facteur
intra-participant, le sexe (femmes vs hommes) et le degré de facette (score supérieur ou inférieur à
la médiane) comme facteurs intergroupes. Pour l’ensemble des analyses, l’âge et le nombre d’années
d’études ont été mis en covariants pour écarter tout éventuel biais sur nos résultats, même s’il n’existe
pas de différences significatives entre nos groupes. Les analyses post hoc ont été effectuées grâce au
test de Newman-Keuls.
Avant de procéder à l’analyse des résultats de chaque facette, il est nécessaire de présenter un
résultat redondant à travers les trois facettes sombres. Cette variable concerne le temps total de parole
(Tableau 1). Un effet principal de la condition de narration est significatif. Lors du mensonge, le temps
total de parole est inférieur (34 s, IC 95 % [27,4, 61,4]) que lors de la vérité (44 s, IC 95 % [37,4, 81,5]) ;
F (1, 52) = 15,47, p < 0,001, Á2 = 0,44.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
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Fig. 1. Temps de parole (moyennes ± une erreur type) en fonction du degré de machiavélisme chez les hommes et femmes en
condition de vérité et de mensonge.

3.1. Le machiavélisme

Aucun effet ni interaction n’a atteint le seuil de significativité pour la plupart des variables dépen-
dantes, à savoir le temps de latence, le débit de parole, la fréquence des pauses, des hésitations, des
clignements et des détournements du regard.

3.1.1. Le temps de parole


L’interaction condition de narration X sexe X degré de machiavélisme s’est montrée significative ;
F (1, 52) = 7,47, p < 0,01, Á2 = 0,21 (Fig. 1). Chez les hommes, le degré de machiavélisme n’influence
pas le temps de parole, que cela soit en condition vérité ou mensonge. Ceci est également observé
chez les femmes avec un degré faible de machiavélisme. En revanche, chez les femmes avec degré
de machiavélisme élevé, le temps de parole est supérieure en condition de vérité (54,45 s, IC 95 %
[34,9, 73,9]) qu’en condition de mensonge (30,35 s, IC 95 % [18,4, 42,3] ; p < 0,001). Cette interaction
peut également être vue d’une autre façon, c’est-à-dire en comparant les hommes et les femmes
dans une même condition de narration et un même degré de machiavélisme. En condition de vérité,
le temps de parole est plus important chez les femmes (54,45 s, IC 95 % [34,9, 73,9]) que chez les
hommes (39,57 secondes, IC 95 % [27,7, 51,5] ; p < 0,02) lorsque leur degré de machiavélisme est élevé.
Au contraire, dans cette même condition de narration mais lorsque le degré de machiavélisme est
faible, ce sont les hommes qui ont un temps de parole plus grand (49,15 s, IC 95 % [33,9, 64,3]) que celui
des femmes (33,20 s, IC 95 % [26,9, 39,4] ; p < 0,03 ; Fig. 1). En condition de mensonge, le temps de parole
chez les hommes et chez les femmes ne se distingue pas quelque soit leur degré de machiavélisme.

3.2. La psychopathie

Aucun effet ni interaction n’a atteint le seuil de significativité pour le temps de latence, le débit de
parole, le temps de parole, la fréquence des pauses et des détournements du regard.

3.2.1. Fréquence des hésitations


L’interaction condition de narration X degré de psychopathie s’est montrée significative ; F (1,
52) = 4,78, p < 0,04, Á2 = 0,32 (Fig. 2a). Pour les personnes avec un degré faible de psychopathie, la
fréquence des hésitations diminue en passant de la condition vérité (0,23 hésitations/seconde, IC 95 %

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
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Fig. 2. a : fréquence des hésitations (moyennes ± une erreur type) en fonction du degré de psychopathie en condition de vérité
et de mensonge ; b : fréquence des clignements des yeux (moyennes ± une erreur type) en fonction du degré de psychopathie
en condition de vérité et de mensonge.

[0,18, 0,27]) à la condition mensonge (0,18 hésitations/seconde, IC 95 % [0,13, 0,23]), alors que pour les
personnes avec un degré élevé, elle augmente (vérité : 0,17, IC 95 % [0,12, 0,20] ; mensonge : 0,21, IC
95 % [0,14, 0,26]). L’interaction condition de narration X sexe X degré de psychopathie s’est également
montrée significative ; F (1, 52) = 4,03, p < 0,05, Á2 = 0,27 (Fig. 3a). Le pattern précédemment décrit ne
concerne alors que les hommes. Les femmes ne modifient pas leur fréquence d’hésitations en passant
de la vérité au mensonge quel que soit leur degré de psychopathie. Malheureusement, les analyses
post hoc n’ont pas réussi à localiser les différences significatives entre les conditions.

3.2.2. Fréquence de clignements


L’interaction condition de narration X degré de psychopathie s’est montrée significative ; F (1,
52) = 5,51, p < 0,03, Á2 = 0,35 (Fig. 2b). Pour les personnes avec un degré faible de psychopathie, la
fréquence des clignements ne change pas en passant de la condition vérité (1,2 clignements/seconde,
IC 95 % [0,97, 1,39]) à la condition mensonge (1,14 clignements/seconde, IC 95 % [0,94, 1,34] ; p = 0,83),
alors que pour les personnes avec un degré élevé, elle augmente (vérité : 1,15, IC 95 % [0,91, 1,48] ;
mensonge : 1,42, IC 95 % [1,07, 1,76] ; p = 0,023). L’interaction condition de narration X sexe X degré
de psychopathie s’est montrée significative ; F (1, 52) = 3,88, p < 0,05, Á2 = 0,25 (Fig. 3b). Le pat-
tern précédemment décrit ne concerne que les hommes. Une différence est observée entre vérité
(1,1 clignements/seconde, IC 95 % [0,82, 1,38]) et mensonge (1,55 clignements/seconde, IC 95 % [0,99,
2,1] ; p = 0,03) lorsqu’ils ont un degré élevé de psychopathie, mais pas lorsqu’ils ont un degré faible
(vérité : 1,22, IC 95 % [0,84, 1,6] ; mensonge : 1,07, IC 95 % [0,81, 1,32] ; p > 0,87). Les femmes ne modi-
fient pas leur fréquence de clignements en passant d’une condition de vérité à mensonge quel que soit
leur degré de psychopathie.

3.3. Le narcissisme

Aucun effet ni interaction n’a atteint le seuil de significativité pour le temps de latence, le débit de
parole, le temps de parole, la fréquence des pauses, des hésitations et des détournements du regard.

3.3.1. Fréquence de clignements


L’interaction sexe X degré de narcissisme a atteint la significativité ; F (1, 52) = 5,76, p < 0,02,
Á2 = 0,65 (Fig. 4). Chez les femmes, la fréquence des clignements ne diffère pas en fonction du
degré de narcissisme (degré faible : 1,15 clignements/seconde, IC 95 % [0,88, 1,4] ; degré élevé :
1,28 clignements/seconde, IC 95 % [0,85, 1,7] ; p > 0,45), alors que chez les hommes elle est plus basse
lorsque le degré de narcissisme est élevé (0,86 clignements/seconde, IC 95 % [0,68, 1,05]) que lorsqu’il
est faible (1,48 clignements/seconde, IC 95 % [1,2, 1,86] ; p = 0,036).

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
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PSFR-335; No. of Pages 17 ARTICLE IN PRESS
10 R. Bet et al. / Psychologie française xxx (2015) xxx–xxx

Fig. 3. a : fréquence des hésitations (moyennes ± une erreur type) en fonction du degré de psychopathie chez les hommes et
femmes en condition de vérité et mensonge ; b : fréquence des clignements des yeux (moyennes ± une erreur type) en fonction
du degré de psychopathie chez les hommes et femmes en condition de vérité et mensonge.

4. Discussion

Notre travail a cherché à comprendre comment les facettes sombres de la personnalité en inter-
action avec le sexe pouvaient rendre compte des indices comportementaux du mensonge lors de la
narration. Pour se faire nous avons demandé à 56 participants, répartis dans des groupes différents
selon leur sexe et leur degré de machiavélisme, de psychopathie et de narcissisme sub-cliniques, de
décrire des objets présents dans une boîte. Deux conditions étaient possibles : dire la vérité, ou mentir.
Nous avons enregistré leur comportement en prenant en compte des données para-verbales et non
verbales.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2014.12.003
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Fig. 4. Fréquence des clignements des yeux (moyennes ± une erreur type) en fonction du degré de narcissisme chez les hommes
et les femmes.

4.1. Données générales

Indépendamment du sexe et du degré de chacune des facettes sombres de personnalité, mentir ne


semble changer globalement qu’un seul indice, le temps de parole. Celui-ci semble considérablement
réduit lorsque les participants mentent par rapport à la condition où ils disent la vérité. Ceci qui
corrobore les données de la littérature existante (ex : DePaulo et al., 2003 ; Sporer & Schwandt, 2006 ;
Zuckerman & Driver, 1985). Quant à l’effet principal du sexe, nous n’avons obtenu aucun résultat
probant. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé d’interaction entre sexe et condition de narration pour
aucune des variables dépendantes. Ceci reflète bien ce qui a été rapporté à plusieurs reprises dans la
littérature sur les manifestations quantitatives du mensonge (ex : Childs, 2012 ; Hall, 1984). Ce sont de
tels résultats qui ont poussé à une mise de côté des investigations sur ce sujet, voire amenant certains
chercheurs à appeler à l’abandon total de la recherche des liens entre sexe et mensonge (Vrij, 2008).
Quant à l’effet principal du degré de chacune des facettes sombres de personnalité, nous n’avons rien
obtenu de probant. De façon plus surprenante, nous n’avons pas trouvé d’interaction entre ce degré
et la condition de narration pour aucune des variables dépendantes (Knapp, Hart, & Dennis, 1974 ;
O’Hair, Cody, & McLaughlin, 1981). Ceci contraste considérablement avec l’idée qu’au moins deux
facettes sombres de la personnalité, la psychopathie sub-clinique et le machiavélisme, sont associés à
une tendance à mentir (ex : Exline et al., 1970 ; Geis & Moon, 1981 ; Porter et al., 2011). Il est cependant
utile de rappeler que les données empiriques ne soutiennent pas toujours ces idées (ex : Vrij, 2008). Ce
manque de résultat peut s’expliquer pour le machiavélisme, par exemple, du fait que la manipulation
est un moyen de parvenir à ces fins (Jones & Paulhus, 2009). Or, le mensonge produit dans l’étude
présente n’apporte pas de bénéfice particulier à la personne qui l’exprime. Il est simplement demandé
de mentir de manière à ce que l’interlocuteur ne s’en doute pas, mais aucune récompense ou sanction
n’est donnée si le participant réussit ou non la tâche. Du fait que l’expérience ne fait pas intervenir
un challenge particulier, la motivation première des machiavéliques ne serait pas présente. Ils ne
montreraient donc pas de comportements particuliers dans cette étude.

4.2. L’effet combiné du sexe et de la personnalité

Nous n’avons pas pu mettre en évidence de lien ni entre sexe et mensonge, ni entre personnalité
et mensonge. Ceci est du au fait, en accord avec l’idée que le sexe et la personnalité devraient être
considérés ensemble (Brewer et al., 2013), que certains indices varient en fonction à la fois du sexe et
de la personnalité.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
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4.2.1. Le machiavélisme
Wilson et al. (1998) témoignent de relations sociales plus charmantes et attractives à court terme
chez les machiavéliques. Cependant, il n’y a pas toujours de différence entre hommes et femmes. Dans
notre étude, un seul résultat probant a été obtenu et il concerne le temps de parole. Chez les hommes,
aucune modification de ce temps n’a été mise en évidence, et ceci quelque soit le degré de machiavé-
lisme. En revanche, lorsqu’elles disent la vérité, les femmes parlent plus longuement que lorsqu’elles
mentent. Ceci se retrouve seulement lorsqu’elles ont un degré élevé de machiavélisme. Si nous regar-
dons ces résultats d’un autre angle, aucune différenciation n’est faite en fonction du sexe et du degré
de machiavélisme lors d’un mensonge. Mais lors de la narration véridique, les hommes parlent plus
longuement que les femmes lorsque le degré de machiavélisme est bas. À l’inverse, lorsque le degré
de machiavélisme est élevé, ce sont les femmes qui parlent plus longuement. L’interprétation la plus
simple qui puisse venir à l’esprit serait qu’hommes et femmes emploieraient spontanément des straté-
gies de narration différentes en fonction de leur degré de machiavélisme. Domelsmith et Dietch (1978)
ont montré que chez les femmes, le machiavélisme corrèle avec la volonté générale de parler. Nous
trouvons quelque chose de similaire puisque les femmes avec haut degré de machiavélisme parlent
plus longuement que celles ayant un degré moindre. Ceci correspondrait, selon ces derniers auteurs,
à un objectif d’ordre social : être populaire. Donc étant donné les caractéristiques du machiavélisme,
cet objectif social serait plutôt de convaincre pour mieux manipuler. À l’inverse, chez les hommes,
nous trouvons une diminution de la longueur du discours, contrairement à ce qui est rapporté dans la
littérature (Dingler-Duhon & Brown, 1987). Ceci peut s’expliquer par le fait que notre étude consistait
en la description d’un objet. Or, lorsque les hommes avec haut degré de machiavélisme parlent plus,
c’est pour parler d’eux-mêmes, ce qui ne peut pas se produire avec notre protocole. Malheureuse-
ment, notre travail ne nous permet pas de savoir si la fréquence d’autres comportements (ex : des
mouvements d’adaptation) n’augmentent pas pendant que la longueur du discours diminue. Toujours
est-il que ces éventuelles stratégies s’homogénéiseraient plus ou moins lorsque les machiavéliques
mentent, quelque soit leur sexe. La manipulation étant au centre du discours machiavélique (Hunt
& Chonko, 1984), nous pourrions penser que les changements surviennent plutôt lors du mensonge.
Ceci n’a pas été le cas, probablement à cause de la moindre spontanéité et l’augmentation de la charge
cognitive requise dans cette situation (Zuckerman et al., 1981).

4.2.2. La psychopathie sub-clinique


Dans cette étude, la facette psychopathique est associée à des changements dans la fréquence des
hésitations lors de la narration, ainsi que la fréquence des clignements des yeux. En ce qui concerne
la fréquence des hésitations, aucune variation n’a été observée chez les femmes. En revanche, il a
été observé que chez les hommes avec un degré faible de psychopathie, la fréquence des hésitations
diminue. Ceci témoignerait d’une réflexion anticipée plus importante sur les caractéristiques qu’ils
doivent donner des objets. Les participants avec un degré élevé de psychopathie hésitent plus lorsqu’ils
mentent. Ils répondraient, de façon moins réfléchie. Cette interprétation n’est pas incompatible avec
l’idée que ces derniers essaieraient rapidement de convaincre leur interlocuteur, ce qui engendrerait
plus d’hésitations. Il est possible d’approcher cela de l’impulsivité caractéristique de la psychopathie
(Jones & Paulhus, 2011 ; Keller & Ripoll, 2004 ; Lilienfeld & Andrews, 1996), ainsi qu’à la profondeur de
réflexion qui y serait associée (Sporer & Schwandt, 2006). Il est intéressant de se demander pourquoi
ce résultat n’est pas visible chez les femmes. En prenant en compte les interprétations précédentes,
ceci proviendrait du fait que les femmes sont moins impulsives que les hommes (Cross, Copping, &
Campbell, 2011 ; Weafer & de Wit, 2014) d’autant plus qu’elles ont globalement des facettes sombres
de personnalité moins prononcées (Furnham & Trickey, 2011).
La fréquence des clignements des yeux est également modifiée par le degré de psychopathie. Encore
une fois, aucun effet n’a été observé chez les femmes. En revanche, cette fréquence est plus importante
en mensonge, et seulement chez les hommes avec un degré élevé de psychopathie. Ceci contredit le
travail de Klaver, Lee et Hart (2007) dans lequel aucun effet de la psychopathie n’a été mis en évidence
dans les indices non verbaux du mensonge. L’augmentation dans la fréquence des clignements des
yeux est attribuable à des facteurs émotionnels comme par exemple, la manifestation de la peur
par contagion émotionnelle (Balaban & Taussig, 1994 ; Ruiz-Padial & Vila, 2007). D’après certaines
théories (Zuckerman et al., 1981), la peur est associée au fait que les individus doivent mentir. Il

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des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
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est ainsi possible qu’elle soit la cause de l’augmentation de la fréquence des clignements pendant
le mensonge. Cependant, ceci n’explique pas pourquoi cette augmentation est dépendante à la fois
du sexe et du degré de psychopathie. Par ailleurs, la contagion émotionnelle semble dysfonctionner
dans la psychopathie (Lyons et al., 2013). Cela nous mène à remettre en question cette interprétation.
L’augmentation de la fréquence des clignements des yeux a également été associée à des facteurs
cognitifs et attentionnels. Deux exemples peuvent être donnés, la diminution de l’attention portée à
l’environnement ou la diminution de l’activité cognitive globale (Shultz, Klin, & Jones, 2011 ; Smilek,
Carriere, & Cheyne, 2010). Toujours selon Zuckerman et al. (1981), mentir est une activité coûteuse en
attention et en ressources cognitives pour que le récit ait un sens. Ceci mène donc à une diminution
des clignements des yeux (Stern & Dunham, 1990). L’hypothèse, soit d’une moindre activité cognitive,
soit d’une attention détournée de l’environnement (ou de l’interlocuteur) lors du mensonge, serait
une piste éventuellement plus plausible. Ce dernier point étant valable chez les hommes avec degré
élevé de psychopathie. Elle semble en effet compatible avec l’idée que leur récit serait moins construit.
Ceci viendrait probablement appuyer notre observation que ces mêmes personnes manifestent une
augmentation des hésitations lors de leur narration lorsqu’ils mentent.

4.2.3. Le narcissisme sub-clinique


La dernière facette prise en compte dans notre étude est le narcissisme sub-clinique. Une unique
donnée probante a été mise en évidence et ne se retrouve pas dans les deux autres facettes de person-
nalité étudiées. Elle concerne la fréquence de clignements des yeux indépendamment de la condition
de narration. Chez les femmes, aucune observation particulière n’a été faite. Chez les hommes avec
un degré de narcissisme élevé, en revanche, cette fréquence est plus faible comparé à ceux ayant
un degré faible de narcissisme. Le narcissisme est caractérisé par une grande estime de soi et de ses
performances (Paulhus & Williams, 2002 ; Zeigler-Hill, 2006), sentiment corrélé négativement avec la
peur (Ronningstam, 2013). D’autre part, la diminution de la fréquence des clignements des yeux est
associée à la minimisation de la perte d’informations visuelles (Shultz et al., 2011). Ceci nous mène
donc à penser que les hommes avec degré élevé de narcissisme, manifesteraient leur sentiment de
supériorité par une peur décrue ainsi qu’une observation attentive d’autrui. Ils seraient également à
la recherche d’indices les concernant (par ex : feedback externe ; Ekman & Friesen, 1969).
Il est donc intéressant à noter que les changements d’un seul et même indice, les clignements des
yeux, pourraient être interprétés différemment selon que l’on évoque les facteurs émotionnels ou
cognitifs (Zuckerman et al., 1981). Ceci serait à mettre en lien avec les caractéristiques des différentes
facettes de personnalité.

4.3. Limites

Malheureusement, plusieurs indices recueillis ne se sont pas montrés sensibles à notre manipula-
tion, ni aux caractéristiques des participants. Il s’agit surtout du temps de latence, du débit de parole,
des détournements des yeux et la fréquence des pauses lors de la narration. Pourtant, plusieurs de ces
indices, comme le temps de latence ou le détournement des yeux, ont été souvent rapportés comme
étant sensibles au mensonge (Sporer & Schwandt, 2006, 2007 ; Vrij, 2008). Notre méthodologie peut
être en partie à l’origine de ce manque de sensibilité. Par exemple, mentir lors d’une expérience de
laboratoire n’implique pas une motivation particulière. C’est une situation avec enjeux minimes par
rapport aux situations réelles où une personne peut avoir de bonnes raisons personnelles de men-
tir. L’absence d’aspect « écologique » peut avoir agi en tant que modérateur des indices de mensonge.
D’autre part, il est vrai que le contenu du mensonge peut jouer un rôle déterminant. Inspirés d’une
étude précédente (Caso et al., 2005), nous avons demandé aux participants de donner une descrip-
tion mensongère d’objets, et non pas d’un événement, d’eux-mêmes, de leurs sentiments ou relations
sociales. En quoi, alors, la description d’un simple objet peut réellement dévoiler le mensonge ? D’autre
part, il est vrai que, concernant les indices non-verbaux, nous n’avons enregistré que les clignements
et les détournements des yeux. En effet, nous n’avons filmé que le visage des participants. Or, d’après
certaines théories (Ekman & Friesen, 1969) et études (Sporer & Schwandt, 2007), les mouvements des
mains et des pieds peuvent être des sources éventuellement plus fiables.

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
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Une autre limite de cette étude pourrait être le fait que la caméra était visible et les participants
savaient qu’ils étaient filmés. Cette procédure a été adoptée afin de respecter certaines règles d’éthique
en évitant de filmer les participants à leur insu. Nous reconnaissons que le fait de savoir qu’on est filmés
peut provoquer des comportements peu naturels et, par conséquent, influencer la manière dont les
indices du mensonge se manifestent.
Une dernière limite potentielle de cette étude résiderait à l’emploi d’un questionnaire, donc une
mesure déclarative, pour l’évaluation des trois facettes sombres de la personnalité. Cependant, à notre
connaissance, ce type de questionnaire corrèle bien avec des comportements associés aux personna-
lités décrites et semble prédire la fréquence de certains de ces comportements (Furnham et al., 2013).
D’autre part, il n’existe pas d’épreuve non-déclarative évaluant les facettes prises en considération. En
attendant que de meilleurs outils soient créés, et en prenant en compte les limites esquissées, l’étude
présente nous donne quelques pistes pour nos investigations futures.
Il est à noter que nous avons considéré dans cette étude sept variables dépendantes, dont aucune
ne fait partie des expressions faciales. Nous nous sommes limités à ces indices car ils étaient les plus
représentatifs du mensonge d’après plusieurs méta-analyses (DePaulo et al., 2003 ; Sporer & Schwandt
2006, 2007 ; Vrij, 2008). L’analyse précise de ces expressions faciales aurait pu être possible en ayant
recours à un matériel spécifique. De nombreuses études utilisent ce matériel et montrent le rôle que
peuvent jouer ces expressions lors du mensonge ou dans un contexte d’interaction sociale (Ekman,
2003, 2009 ; Frank & Ekman, 2004 ; Frank & Svetieva, 2012). Cependant, l’utilisation d’un tel maté-
riel n’apporte pas systématiquement des résultats probants. Certains auteurs ont critiqué l’aspect
scientifique de ces techniques, comme pour le polygraphe (Maschke & Scalabrini, 2005). D’autre part,
l’analyse vocale a été fortement critiquée sur sa plausibilité car lors d’une tâche de détection du men-
songe elle ne donne pas de résultats supérieurs au hasard (Harnsberger, Hollien, Martin, & Hollien,
2009). Par ailleurs, un tel matériel n’a pas la même efficacité suivant la personne qui l’utilise (Horvath,
McCloughan, Weatherman, & Slowik, 2013). Nous avons donc choisi de ne pas utiliser de matériel
spécifique dans notre étude ce qui, par conséquent, nous a permis de montrer que des changements
dans le comportement peuvent être trouvés en l’absence de matériel spécifique lorsqu’il est question
de mensonge.
Une dernière limite éventuelle réside au fait que nous avons testé des participants n’ayant pas
d’expertise dans la détection du mensonge. L’objectif était, ici, de trouver des indices du mensonge
sans outils spécifique et qui pourraient être employés par tout un chacun. Derrière cela se cache, bien
entendu, l’idée que la détection d’un mensonge est indépendante de toute expertise. N’est-on pas face
à une illusion ? En fait, Bond et DePaulo (2006) ont comparé dans leur méta-analyse la capacité des
experts vs non-experts à distinguer les récits mensongers de ceux véridiques. Les auteurs n’ont trouvé
aucune différence entre ces deux groupes. Ils en ont conclu que les experts ne sont pas de bons détec-
teurs car ces derniers discriminent le mensonge de la vérité dans moins de 55 % des cas. Le repérage
de propos mensongers ne relèverait donc d’aucune expertise, aussi bien matérielle qu’humaine, et par
conséquent développer des études ne nécessitant pas d’expertise est pleinement justifié.

5. Conclusions et perspectives

Les résultats obtenus sur les trois facettes sombres de la personnalité ne veulent pas dire que le
mensonge de ces personnes sera plus facilement détectable. Au contraire, Riggio et al. (1988) ont bien
montré que le mensonge, chez des individus avec psychopathie, était moins démasqué du fait de leur
comportement démonstratif. Il est donc probable que ces changements de comportement soient trop
subtils pour être détectés lors des situations d’interactions sociales.
D’autre part les données de cette étude témoignent, en accord avec des théories existantes
(Furnham et al., 2013 ; Paulhus & Williams, 2002), de caractéristiques différentes pour chacune des
trois facettes sombres de la personnalité. En effet, notre étude montre que chacune est associée dif-
féremment des autres à certains indices comportementaux. Ceci renforce l’idée que, malgré leurs
points communs, elles sont fondamentalement différentes (Furnham et al., 2013). Ce travail permet,
par ailleurs, de confirmer une différence notable entre hommes et femmes dans certains indices du
mensonge associée à leur personnalité. Dans la majorité des cas, ces différences proviendraient du
degré plus prononcé de la triade sombre de la personnalité chez les hommes. Cette donnée rendrait

Pour citer cet article : Bet, R., et al. Sexe, mensonge et personnalité : les paroles et le regard
des machiavéliques, des psychopathes et des narcissiques que vous côtoyez. Psychol. fr. (2015),
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compte de comportements plus extrêmes de ces hommes dans les indices du mensonge utilisés. Mais
ce degré globalement plus important chez les hommes ne peut pas expliquer pourquoi pour certains
indices des modifications ont été trouvées uniquement chez les femmes (ex : le temps de parole en
association avec le machiavélisme). Ceci nous pousse à considérer non seulement le degré auquel telle
ou telle caractéristique est ancrée chez un individu, mais également les différences qualitatives, par
exemple, stratégiques.
Notre protocole n’est, cependant, pas assez représentatif de ce que nous pouvons rencontrer comme
situation quotidienne nécessitant la génération d’un mensonge. Nos données doivent donc être consi-
dérées dans leur contexte et devraient être complétées par des expériences se rapprochant plus d’une
situation quotidienne.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements

Ce travail a été réalisé au sein du LaBex CORTEX (ANR-11-LABX-0042) de l’Université de Lyon, dans
le cadre du programme « Investissements d’avenir » (ANR-11-IDEX-0007) de l’État Français, géré par
l’Agence nationale de la recherche (ANR).

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