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Auteurs
Psychanalyste) a
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Résumé
des descriptions et des théories : les positions schizo-paranoïde et dépressive [1], les patients
« comme si » [2], la prépsychose [3], la psychose blanche [4], la psychose froide [5],
l’organisation limite [6], ou encore la psychose ordinaire [7]. Les observations semblent
cependant se rejoindre pour décrire des cas qui, sans présenter les signes pathognomoniques de
la psychose, n’en sont pas moins des sujets présentant une structure psychotique. Une partie des
stable.
Méthodologie. Trois vignettes cliniques de patients pour lesquels nous posons une hypothèse
diagnostique de schizophrénie sont explorées. Notre compréhension n’est pas neutre et s’oriente
à partir d’une approche structuraliste et topologique. Trois sujets, Rémus, Sabin et Iole,
proposent chacun une solution qui peut être saisie à partir des registres lacaniens (réel,
symbolique et imaginaire), les nouages leur apportant une stabilisation plus ou moins durable.
Discussion. Notons deux aspects cliniques. (a) L’intérêt du nouage borroméen réside dans le
fait que chaque rond de ficelle entre en résonnance avec les deux autres. Le travail à partir de
la parole a ainsi des effets sur les autres registres (pouvant se traduire cliniquement à travers
l’appréhension du corps ou les angoisses par exemple). (b) La seconde remarque concerne le
nombre de suppléance et/ou compensation. Ces dernières sont rarement isolées. Lacan usite
des termes tantôt de compensation pour évoquer notamment l’identification imaginaire des
contrebalancer l’Œdipe absent tandis que celle de suppléance renverrait au moyen de faire tenir
ensemble le nœud à trois et dépasserait donc la clinique de la psychose. Il s’agit donc, pour le
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clinicien, de repérer les solutions inventées par les sujets. Ce constat ne doit toutefois pas le
conception des nœuds, une approche déficitaire de la psychose où la névrose ferait figure
d’idéal. La notion de forclusion généralisée de Miller pondère cet aspect et permet de repenser
borroméenne
Abstract :
Introduction. Current data on the prevalence of psychotic experiences and symptoms in the
general population have led to a more dimensional view of psychosis. This may have been
reflected in several past attempts, in the clinical field, to recognize different profiles of patients
with discrete psychotic signs who don’t fully meet the diagnostic criteria of the time. In the
psychoanalytic field, the diversity and fluctuation of clinical observations concerning the
schizo-paranoid and depressive positions [1], "as if" patients [2], prepsychosis [3], white
psychosis [4], cold psychosis [5], borderline personality organization [6], or even ordinary
psychosis [7]. Observations however seem to converge toward the description of cases which,
without presenting the pathognomonic signs of psychosis, are none the less subjects with a
psychotic structure. Part of the theoretical opposition lies in a structural model that may be
transitory or stable. In the Lacanian conception of ordinary psychosis, neurosis and psychosis
are distinguished by their knotting: Borromean in the first-case, non-Borromean in the second.
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Following Lacan’s three registers of real, symbolic, and imaginary, it becomes possible to
hypothetical diagnostic of schizophrenia. Our understanding is not neutral and is oriented from
a structuralist and topological approach. Our three subjects, Rémus, Sabin and Iole, propose a
solution that can be grasped from Lacanian registers (real, symbolic and imaginary), the
Discussion. There are two clinical aspects. (a) The interest of the Borromean knotting lies in
the fact that each round of string resonates with the other two. Working from speech thus has
effects on other registers (which can translate clinically through the body or anxiety). (b) The
second aspect concerns the number of suppléances and / or compensations. The latter are
rarely isolated. Lacan used sometimes the terms compensation to refer in particular to the
identifications that counterbalance the absent Oedipus complex while the notion of supplying
would return by means of making the knot hold the three registers and would therefore go
beyond the clinic of psychosis. It is therefore a question for the clinician of identifying the
solutions invented by the subjects. However, this finding should not lead him to limit his ability
to initiate new discoveries with the patient. We wonder if the non-Borromean knotting is specific
to psychosis. The Borromean versus non-Borromean opposition could suggest, with a certain
would be the ideal, yet such a conception looks unfortunate. Miller’s notion of generalized
foreclosure balances this aspect and makes it possible to rethink the neurosis where the name-
of-the-father then compensates for the structural lack of speech; the unspeakable.
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Key-words : ordinary psychosis, schizophrenia, compensation, substitute, borromean clinic
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Introduction
Les données sur la prévalence des expériences et symptômes psychotiques dans la population
générale [8] ont conduit, depuis les années 1980, à une vision plus dimensionnelle de la psychose
[9-10]. Il s’agit dès lors de penser un continuum des signes de la psychose dont la
ces données, les modèles classiques en psychiatrie ont implosé et des théorisations plus psycho-
sociales de la psychose ont émergé. Toutefois, en référence à des conceptions laissant peu de
place à l’intrapsychique, le diagnostic de la psychose est resté fixé sur ces manifestations plus
facilement « objectivables » de ruptures avec le réel, en l’absence d’une lecture plus complexe
de signes discrets et articulés à la trajectoire subjective des sujets, telle que permise par
l’approche structurale. Cette aporie a conduit par exemple à proposer, dans le DSM-5, une
nouvelle entité s’inscrivant dans le « spectre de la schizophrénie » et qui fut présentée d’abord
atténuée », sans véritable consensus scientifique sur ce qui constitueraient des symptômes
rejoindre pour décrire des cas qui, sans présenter les signes pathognomoniques de la psychose,
n’en sont pas moins des sujets présentant une structure psychotique. Une partie des oppositions
théoriques réside dans une conception structurale possiblement transitoire ou stable. Nous
présenterons certaines de ces conceptions théoriques, ainsi que leur reprise dans le cadre de la
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Appréhensions psychanalytiques de formes atypiques de psychose
d’un passage de la névrose à la psychose par la voie de la régression. La psychose est abordée
référence à la mélancolie). Elle a alors recours au terme de position « […] pour désigner les phases
paranoïde et dépressive parce que ces groupements d’angoisses et de défenses, bien qu’ils commencent dans les tout
premiers stades, ne sont pas limités à eux, mais apparaissent et reparaissent dans les premières années de l’enfance,
et, en certaines circonstances, dans la vie ultérieure » ([1], p.222). Le dépassement de ces périodes
n’est pas sans instaurer une hiérarchie entre les termes de névrose et de psychose où cette
Hélène Deutsch questionne également le diagnostic structurel face à plusieurs patients qu’elle
nomme « comme si » (« as if ») en justifiant l’emploi de ce terme par le fait que « […] leur relation
à la vie a quelque chose qui manque d’authenticité – encore que, de l’extérieur, tout se passe « comme si » il n’y
avait pas de manque » ([2], p. 154). Les particularités des « comme si » reposent, entre autres, sur
psychique même s’il s’agit d’un jeu d’acteur désincarné. Deutsch note « […] que toutes ces relations
sont dénuées de toute chaleur, que les manifestations d’émotion sont formelles, et que tout vécu intime est totalement
exclu » ([2], p. 156). La plasticité des identifications témoigne également d’une carence du
fantasme souligné par le vide intérieur observé chez ses patients. Pas de confusion avec la
contraire celle-ci apparait comme une solution : « S’ils se joignent si facilement à des groupes sociaux,
éthiques et religieux, c’est qu’ils cherchent, en y adhérant, à donner un contenu et une réalité à leur vide intérieur,
et à consolider la validité de leur existence au moyen d’une identification » ([2], p. 156). Deutsch questionne
donc l’apparente normalité des patients, qui, pour les partisans de l’ego psychology, exclut toute
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possibilité de diagnostic de psychose. Elle amène ainsi une distinction entre la structure et l’état :
si « on ne peut taxer leur état de psychotique », « […] la vie intérieure de nos patients, pauvre en objet, maintenue
à un stade narcissique, [est] structurellement proche de la psychose » ([13], p. 67). D’ailleurs, Deutsch
Moritz Katan [3, 14-16] élabore la notion de prépsychose en constatant chez l’adulte
schizophrène l’absence d’un état de psychose durant l’enfance. Les premiers symptômes
caractérisant cette phase s’écartent de la normalité et ont pour fonction de retarder la survenue
« […] perte du complexe d’Œdipe, à la suite de quoi, le conflit - pour le patient masculin - tourne autour du
besoin de féminité » [3]. Cette formulation « perte du complexe d’Œdipe » reste énigmatique et
semble être justifiée par un lien, débutant mais non abouti. La tentative de guérison réside alors
dans une restauration de la réalité avec une visée normative. La prépsychose se distingue de la
psychose par le déplacement du conflit psychique, ce qui, selon un abord structural, n’est pas
sans interroger. L’un des points de discussion, porte sur l’aspect diachronique ou synchronique
de l’abord des symptômes. La notion de prépsychose peut porter en soi une valeur pronostique
utilisé comme référence à une structure fixe [17]. Une simplification serait d’appeler psychose
En 1973, Jean-Luc Donnet et André Green proposent la notion de psychose blanche, à travers
l’étude du cas de Z pour évoquer une « […] psychose sans psychose où l’analyse nous fait accéder à
l’ombilic de la psychose : structure matricielle comme condition de la possibilité de l’élaboration psychotique, sans
que nécessairement une telle élaboration sans suive » ([4], p. 226). La symptomatologie, banale et
commune (le patient Z se sent déprimé et comme subissant une mauvaise influence) est alors
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et les situations de « guérisons » qui adviennent suite à un événement ou une rencontre. Dans
psychose son profil périodique en ligne brisée [4]. En reprenant pour partie les thèses
kleiniennes les auteurs situent les conditions matricielles de la psychose blanche au niveau du
complexe d’Œdipe. Ils suggèrent la possibilité d’un continuum allant de la normalité aux
psychose blanche. Dans le cas des psychoses blanches, l’identification aux parents ne serait pas
sexuée, elle porterait plutôt sur leur qualité, bonne ou mauvaise. Cette identification particulière
apparaît alors comme une compensation consécutive à la perte de l’objet (manque du père). La
psychose délirante (où « la pensée s’emballe ») est alors opposée à la psychose banche qui
témoigne d’une sidération de la pensée dont la dépression (non névrotique et au sens littéral du
terme) est la conséquence. La position des auteurs est difficile à cerner puisqu’ils ne renoncent
pas au terme de psychose en tant que structure tout en tentant de fondre celle-ci dans un
La « psychose froide » est une notion forgée par Evelyne Kestemberg [5,18] à partir de sa
pratique d’adolescents anorexiques. Elle envisage un clivage du moi avec deux fonctionnements
investissement des imagos différenciées. Kestemberg constate l’impossibilité, dans les cas de
psychose froide, de reconnaître la différence des sexes et la castration qui en découle. Face à la
menace d’anéantissement du moi, seules une image « asexuée » ou une image « toute sexuée »
peut garantir le maintien narcissique : une imago archaïque ambisexuée. Dans ces conditions,
transférentielle : la continuité narcissique du sujet sera assurée par la projection d’un objet
fera dès lors non pas dans l’analyste mais sur l’analyste, personne désanimée. Il s’agit d’une
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« imago archaïque, indistincte, ambisexuée, en quelque sorte incluse dans les investissements narcissiques du
patient, mal séparée de lui, mal organisée en tant qu’objet » ([19], p.198). Il s’agirait même plus d’une
image que d’une imago. Plusieurs modes de contre-transfert sont alors possibles, soit l’analyste
prend la position d’objet fétiche qui garantit au patient son maintien narcissique, soit l’analyste
vient en position d’objet non hostile qui ne cherche pas à forcer l’inhibition ou encore, en tant
que réceptacle qui ne barre pas les mouvements pulsionnels. Kestemberg met donc en avant les
investissements narcissiques et la relation d’objet. A cet égard, elle caractérise la psychose par
développements, elle s’éloignera d’une référence structurale pour évoquer des « organisations
En 1884, Hugues crée la notion de « borderline » pour évoquer quatre patients qui oscillent
entre la normalité et un état à la limite de la démence [20]. La notion d’organisation limite est
reprise par Otto Kernberg [6] en tant que système stable et cohérent. La référence à la psychose
est explicite et l’auteur englobe dans cette terminologie les diverses appellations susceptibles de
d’ailleurs mentionnées ([6], p.1) pour la compréhension de l’organisation limite. Kernberg fait
susceptible toutefois de présenter des épisodes psychotiques transitoires caractérisés par une
perte de l’épreuve de réalité. L’approche, référée à la fois à l’ego psychologie et à Mélanie Klein,
renvoie à une réalité objectivable. Ainsi, citant Hurvich [21], l’épreuve de réalité sert
organisation limite d’une névrose que d’une psychose. La personnalité limite est caractérisée
par un ensemble de manifestations cliniques telles que des difficultés graves dans la relation à
l’autre, une altération de la manière de vivre la réalité mais une préservation fondamentale de
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l’épreuve de réalité, des défenses « primitives » (essentiellement clivage et absence de
refoulement), et un manque d’intégration du moi (avec tout de même une différenciation entre
image de soi et image d’objet). En France, Jean Bergeret [22, 23] convoque la notion d’état-
limite avec deux caractéristiques : (a) l’absence de structure chez ces patients (mais alors
qu’advient-il de la fonction structurelle du symptôme ?), (b) l’état n’est pas fixe et peut se figer
dans une lignée psychotique ou névrotique. L’appréhension du moi est plus ou moins unitaire
la relation aux parents selon que ceux-ci soient parvenus à établir avec l’enfant une relation
relation d’objet (anaclitique) n’est pas sans évoquer les observations d’Hélène Deustch et le
critiquées par Bergeret ([23], p. 26) relativement à l’ambiguïté structurale que la notion instille.
Bergeret sollicite la notion de narcissisme pour comprendre ces manifestations cliniques comme
des déformations du moi face à la menace d’éclatement, la « normalité » étant alors abordée en
La psychose ordinaire
convention d’Antibes [7]. Il ne s’agit pas d’une psychose de plus ; son diagnostic reste d’ailleurs
peuvent être présents mais discrets. La notion renvoie à une perspective à la fois structurale et
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continuiste car tout en convoquant la théorie des nœuds, Miller situe la psychose ordinaire du
côté d’une structure psychotique. Dans ses premiers développements, Lacan propose une bi-
partition entre névrose et psychose reposant sur la présence ou l’absence d’un signifiant
absent, qui lui aurait donné la virilité sous la forme […] du signifiant, du nom-du-père » ([24], p. 218). A la
alors reposer sur la façon dont le sujet répond à ce rejet. En tant que psychose « compensée »,
manifestations cliniques. L’une des plus belles inventions réside certainement dans le triptyque :
résolution sinthomale inventée par le sujet [25]. Névrose et psychose se distinguent alors par
leur nouage : borroméen dans le premier cas, non borroméen dans le second [26]. Sans omettre
que la structure borroméenne, par définition, implique les trois registres, il devient toutefois
possible de dégager une typologie dans les solutions proposées par les sujets [26-28].
Si les argumentations théoriques divergent d’un auteur à un autre, les éléments cliniques
observés aboutissent aux mêmes conclusions : poser un diagnostic précoce afin d’apporter une
certaine stabilité au patient. Nous proposons d’explorer dans cet article, trois vignettes cliniques
de patients pour lesquels nous posons une hypothèse diagnostique de schizophrénie. Notre
compréhension clinique n’est pas neutre et s’oriente à partir d’une approche structuraliste et
topologique. Trois sujets, Rémus, Sabin et Iole, proposent chacun une solution qui peut être
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saisie à partir des registres lacaniens (réel, symbolique et imaginaire), les nouages leur apportant
est contiguë à un épisode d’asthénie majeur que rien ne semble justifier : Rémus garde le lit
toute la journée n’ayant plus la force de se lever, y compris à des fins d’hygiène. S’en suit une
période de sthénie : « Je dormais mais maximum trois heures par nuit, je pétais le feu. Il n’y avait pas de
travaux assez durs. Je rangeais de la cave au grenier au milieu de la nuit. ». Ces fluctuations témoignent
d’une jouissance qui semble sans limite (en dehors de celles imposées par sa maison) et qui
emporte le corps sur son passage. Les douleurs vont alors limiter son agir. Lors de cet épisode,
Rémus ne se sent pas déprimé, « C’était surtout le corps ! ». L’absence de douleur morale
caractérise cette phase pourtant qualifiée de « non-vie ». Jeune adulte, il consulte une
psychiatre, l’occasion pour lui de travailler sur des attouchements subis durant son enfance : « Il
fallait verbaliser ça. Mais je crois que j’ai mis des années jusqu’à ce que le mot sorte de ma bouche. Le mot était
là [montre le bout de sa langue] et je le disais pas pourtant je savais exactement ce que c’était, c’était…
[silence] le mot était là [pointe de nouveau le bout de sa langue] et il ne sortait pas. ». L’expression
« avoir le mot sur le bout de la langue » semble être prise au pied de la lettre. Rémus associe
poignet, de la jambe, etc., parce qu’il avait mal et parce qu’il fallait qu’il « tienne » son corps,
au sens littéral du terme. La douleur disparaîtra 15 années durant. L’occasion d’une opération
chirurgicale révèle l’importance de la myalgie : « Je me disais « Mais c’est pas normal, t’as pas mal,
tout va bien… pourquoi dans ta tête t’es pas bien ? ». Je me sentais insécure et j’arrivais pas à trouver pourquoi.
Et quand on a baissé la morphine, ah d’un coup j’ai à nouveau mal ! Ben c’était bon, j’étais à nouveau
moi ! J’étais presque content ». La douleur lui permet de faire un corps : « [si je n’ai pas mal…] J’ai
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l’impression de ne pas être. Je sais pas comment dire, j’ai l’impression qu’y a pas. Mais quand j’ai mal, c’est là
que je sens qu’y a, que je suis pas qu’une tête, que j’ai un corps, que j’ai des parties de corps en tous cas. Autrement
j’ai pas l’impression d’avoir. Je peux pas me décrire, j’ai pas d’image. Même quand je me regarde dans le miroir,
je vois quelqu’un… mais… voilà. Alors que mes douleurs, ça m’appartient vraiment. C’est là où y a la douleur
que la partie du corps existe. Le reste n’existe pas. Des fois je me dis que la fibro, je me la suis peut-être fabriquée.
[…] la douleur c’est une partie de moi ». Rémus énonce la façon dont la douleur vient compenser le
reflet dans lequelle il ne se reconnait pas. L’annonce du diagnostic de fibromyalgie aura un effet
de soulagement pour le patient : « C’était la délivrance totale, t’es pas fou. Ça existe, y a un mot ». La
participation à un groupe sur un réseau social permet également de faire tenir le nouage dans
un registre imaginaire. Rémus adresse régulièrement des messages au groupe pour faire part de
ses douleurs : « On a très souvent mal aux mêmes endroits aux mêmes moments ».
Rémus présente plusieurs particularités. Dans son discours, la métaphore semble lui échapper.
Les mots sont pris au sens littéral. L’ordre imaginaire (au sens de l’image) est également affecté.
Le sujet voit quelqu’un, un autre, dans le miroir. Il ne reconnait pas son reflet comme étant le
sien. En outre, les épisodes d’asthénie/sthénie témoignent d’une jouissance illimitée (jouissance
Autre) qui se déchaine dans le corps du fait de l’absence de l’extraction de l’objet a (absence de
perte). L’expression de non-vie semble alors qualifier le vide des affects. La douleur de Rémus
relève de la jouissance et du réel. Ainsi, la fibromyalgie offre une solution qui se déploie dans
les trois registres. Sur le versant du réel, elle permet de localiser la jouissance dans une partie du
corps en la nommant. Les douleurs la circonscrivent dans un lieu qui rejoint les nominations et
permet de faire exister ce corps morcelé. Sur les versants symbolique et imaginaire, la
l’angoisse. La jouissance s’ancre dans un nom (registre symbolique) donnant un sens à la douleur
(dimension imaginaire) [29]. Par ailleurs, la fibromyalgie permet de donner une consistance au
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moi du sujet : « La fibro, c’est ma maladie, c’est une partie de moi ». Rémus peut alors s’identifier à une
communauté et y trouver des points de transitivisme soutenant son image et procurant une
assise au moi, tant sur le plan identitaire qu’au niveau spéculaire [30]. D’un point de vue
diagnostic dont découle ensuite le transitivisme. Les brins se sont noués progressivement pour
ainsi dire. La solution des douleurs localisées auraient-elles tenue autrement ? Nous ne pouvons
l’affirmer mais en tant que clinicien il est central de ne pas modifier le rapport au symptôme du
patient. Les médecins du centre antidouleur ont d’ailleurs toujours pris la précaution de ne pas
Sabin présente une psychose ordinaire parfois extraordinaire. L’alternance des états est un trait
caractéristique de ce patient dont certains collègues ont pu déclarer « Quand il n’est pas fou, il est
parfaitement névrosé ». Sabin arrive lors de la première consultation en arborant un t-shirt sur
lequel est inscrit « Jésus, la vraie vie 24h/24 ». Depuis tout petit ça ne va pas. À l’école, il est
« dans la lune ». À l’âge de 20 ans surgit un premier « déséquilibre ». Sabin n’en saisit pas la
raison mais c’est également à cette période qu’il est épris de sa voisine. Ils sont amoureux l’un
de l’autre et doivent se marier, mais ça ne se fait pas. La raison de cet amour déçu reste confuse.
« J’avais le soupçon que les relations entre homme et femme jouaient un rôle déterminant dans la formation des
symptômes des êtres humains. » nous dit Lacan « Cela m’a poussé vers ceux qui n’y ont pas réussi, puisqu’on
peut certainement dire que la psychose est une sorte de faillite en ce qui concerne l’accomplissement de ce qui est
appelé "amour" » [31]. Cette faillite a t-elle laissée le patient dans une certaine perplexité ? Trois
années plus tard, surgit ce qui semble être un phénomène élémentaire : il ressent un appel de
Dieu. « Dieu-Jésus-Christ » s’adresse à lui et lui demande s’il croit en sa mort et sa résurrection.
Le patient répond « oui ». C’est alors qu’il se convertit. Depuis la Bible est devenue son « livre
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de chevet » et le patient fréquente assidûment différents groupes religieux chrétiens
d’obédiences parfois distinctes. Au fil des consultations, l’importance de la Bible dans la vie de
ce patient se révèle. Il l’emporte systématiquement avec lui et, dès la troisième rencontre, en lit
divers passages. Le choix des lectures n’obéit à aucune visée particulière. Elles sont parfois
ponctuées d’anecdotes de son histoire personnelle qui arrivent toujours dans l’après-coup. « J’ai
un besoin très personnel de savoir s’il y a un dieu en ce monde. La recherche de Dieu c’est un peu la recherche de
ma vérité ». Puis l’attitude du patient évolue. Il peut alors présenter deux états distincts, un peu à
la façon des descriptions psychiatriques d’une schizophrénie catatonique. Soit le patient est très
angoissé, soit très excité. Dans les deux cas, la lecture de la Bible est exclue. Dans ces périodes,
Sabin ne sort plus de chez lui sauf pour se rendre à ses consultations. Il ne fréquente plus les
plus ou très peu. Dans les moments les plus difficiles, le langage est particulièrement affecté. Il
peut devenir laconique. Il profère alors des signifiants qui ne sont pris dans aucun phrasé. Il n’y
être orientés par leur assonance. Même s’il ne s’agit pas à proprement parler de néologismes,
ces mots sont martelés comme s’ils portaient en eux une signification pleine et entière. Les
patronymes se dérobent : « Houbre, je ne crois pas que ce soit votre vrai nom. Je crois que c’est un surnom
pour le système ». Le délire paranoïde surgit et calme un peu l’angoisse. Il présente alors une
dimension interprétative où chaque indice fait signe sur fond de syndrome de Fregoli [32]. Ainsi,
désarticule : « Il y a des choses qui se passent derrière, en douce. Comme dans psychanalyse, il y a le mot
"anal", ça se passe derrière. ». Puis c’est l’apaisement. Le délire semble s’interrompre soudainement.
Les lectures de la Bible reprennent. Le patient s’interroge sur pourquoi il « déraille dans sa tête »,
pourquoi est-ce qu’il s’imagine qu’on le persécute ? Il ne comprend pas mais élabore tout de
même un bout de savoir avec ses « histoires de père » à partir du réel qui se présente pour lui.
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« Mon problème, c’est mon histoire de père ». Au décès de son père, le patient apprend par sa mère
qu’il a un autre père : son père biologique. Son « géniteur » ne le reconnaît pas et il est en partie
élevé par son père « adoptif », le couple parental vivant séparé. Il conclut : « J’ai eu deux pères,
mais en fait je n’ai même pas eu un père. Il me manque un père dans la tête. ». N’est-ce pas là une façon de
dire combien le père fait énigme pour lui ? Dans quelques rares situations, les modifications de
son environnement semblent expliquer la décompensation : une diminution des plages horaires
d’un point accueil, un pasteur qui déménage, une modification de l’agencement du mobilier au
sein du cabinet, etc. Le patient a beaucoup de difficulté avec le changement. C’est ainsi que la
durée de la première consultation fixera celle toutes les autres. Le temps, figé dans une certaine
éternité, n’est pas sans faire écho au phénomène élémentaire (vie éternelle). Le changement est
alors interprété sur le mode de la persécution, c’est le fait du grand méchant Autre. Le patient
parole transcrite dans la bible. La Bible vient fixer l’ordre du monde : si le monde évolue, « la
Bible, elle, est immuable » précise-t-il. La Bible occupe également une autre fonction puisqu’elle lui
permet de savoir « comment faire dans la vie ». Un peu à la façon d’un mode d’emploi. La
parole de Dieu est alors ce qui vient faire nouage ce qui vient fixer le symbolique et rendre
moins mouvant le monde qui l’entoure. Lorsque le patient lit la Bible, il est apaisé. Il n’y a plus
trace d’angoisse, la métaphore délirante devient discrète. Ce travail de lecture est parfois aussi
un travail de ré-écriture. Il en modifie certains mots : : « Je n’aime pas le mot chose, dit-il, alors je le
remplace par d’autres mots comme "éléments" ou "caractéristiques" ». Fréquemment, je lui pose des
questions sur la Bible afin de témoigner de mon intérêt et de me laisser enseigner. Cette position
de la Bible c’est également une façon de border ce qui fait trou pour lui, de broder autour, de
tisser.
L’une difficultés qui surgit lors du suivi est le fait que je sois une femme. Plusieurs fois, le patient
m’explique que je suis son grand modèle. Ainsi il me dit : « Je dois être droit, comme vous. ». Il remet
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alors en place son fauteuil pour que celui-ci soit à angle droit avec le bureau. Le transitivisme
dans le transfert est explicite et ce n’est pas sans poser problème : « Le travail consiste de faire de moi
un homme. Hors vous êtes une femme. C’est peut-être mieux que je fasse une psychanalyse avec un homme. C’est
certain, un homme il a des couilles biologiquement que vous n’avez pas. ». Une intervention sur le fait
que, le plus important c’est d’être en premier lieu psychologue et psychanalyste avant d’être une
femme est sans effet. En interpellant le patient sur la présence des femmes dans la bible, il se
met à lire plusieurs passages concernant la création de la femme et la présence des femmes lors
donc la parole de Dieu à travers la lecture de la Bible, c’est un peu son nom-du-père, le
quatrième rond qui permet le nouage de l’ensemble et qui est partagé-partageable avec d’autres.
Mais le nouage est fragile, tout comme la foi en Dieu. C’est une croyance, non une certitude.
Elle a par ailleurs un prix. La lecture de la Bible s’accompagne d’énurésie diurne. Sabin ne
comprend pas d’où ça vient et les examens médicaux n’ont apporté aucune réponse. Mais à
travers le travail sur la lettre il concède, à son corps défendant, à une perte.
Iole et le chien-miroir
Iole parle beaucoup de son chien. Elle est très attachée à cet animal : « J’aime tellement mon chien
que je pourrais sacrifier un être humain pour lui. C’est ma force. Je ne m’imagine pas vivre sans lui ». Deux
tatouages viendront fixer sur la peau le nom de l’animal et sa date de naissance. Le portrait est
en projet. Cette relation particulière n’est pas nouvelle : dès l’âge de trois ans elle développe un
attachement peu commun avec l’animal de compagnie de sa nounou, qui lui léchait le visage
précise-t-elle.
Son chien a déclaré une maladie grave il y a plusieurs années. Suite à l’annonce du diagnostic,
Iole interrompt momentanément ses études pour rester auprès de lui. Elle doit lui administrer
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ne vais pas bien, il ne va pas bien ». Prise dans une relation spéculaire à celui-ci, son chien est un
petit autre dont elle peut prendre la place et inversement. Iole évoque également « ses maladies
de peau ». Suite à l’angoisse suscitée à l’idée de perdre son animal, une rosacée et une dermite
séborrhéique sont apparues. Mais ses « défauts de peau » sont plus anciens. Ils débutent lors de
sa seizième année. Suite à l’apparition récente de points noirs sur son visage, elle consulte
internet à la recherche d’information pour les retirer. Là, elle lit le témoignage d’une jeune fille
dont le petit ami lui dit qu’elle a des trous dans la peau. Elle se regarde alors dans le miroir et
réalise que c’est également son cas : sa peau est trouée. Ce constat fait suite à une déception
amoureuse : le garçon qu’elle convoitait lui avait indiqué que physiquement, elle ne lui plaisait
pas. L’identification d’Iole vient préciser le défaut physique : les trous dans la peau. Son corps
est transfiguré par la parole d’un Autre par le biais d’une identification imaginaire qui relève du
même [27]. Le symbolique est réel : le « Tu ne me plais pas », vient trouer son corps. « Disgracieuse
et inesthétique sont des mots qui me caractérisent ». La patiente ne se demande pas ce que les autres
pensent d’elle, elle le sait. Ils perçoivent les défauts que rien ne semble pouvoir venir voiler. Les
maladies qu’elle développe suite à l’atteinte de la dimension imaginaire (risque de perdre son
dédain de l’autre.
Plus jeune, elle pratiquait la danse. Mais elle n’a pas continué car les gens pourraient voir « ça »
dit-elle en montrant son visage. Au début du suivi, la patiente m’indique à plusieurs reprises
qu’en consultation c’est très dur. Elle se demande ce que je pense d’elle, de son image. Je lui
indique que son visage me plait. Iole m’a choisi sur internet parce que mon visage « est doux ».
Depuis l’apparition de la dermite, chaque matin elle s’arrête devant son miroir pour retirer les
morceaux de peau de son visage et de son cuir chevelu. Dans l’école qu’elle fréquente, à chaque
interclasse, elle file aux toilettes pour regarder son reflet. Quand je lui demande pourquoi, elle
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ne sait pas très bien quoi répondre : « Pour voir… ». Le signe du miroir renvoie au fait que le sujet
s’avère si préoccupé par son image qu’il s’y examine longuement et fréquemment. Ce
phénomène, décrit par Abely, consiste « en un besoin qu’ont certains sujets de s’examiner dans une surface
réfléchissante. Ils utilisent le plus souvent des glaces, des miroirs. Leur examen porte sur le visage mais aussi sur
l’ensemble du corps » [33]. La réponse qu’apporte la patiente rejoint le constat fait par Cordié :
« Dans la psychose, le regard ne vient pas faire trou et soutenir la vision. Quelque chose de la perte n’a pu advenir,
qui aurait permis la constitution de l’objet a regard dans l’érogénisation de la relation à l’Autre. La perception
reste alors une vision sans regard. » [34]. L’intervention « Votre visage me plaît » indique le regard que
je porte sur elle, au-delà de la vision, cherchant par là à atténuer le trou. Plutôt que d’avoir ses
maladies de peau, Iole préfèrerait une pelade ou une endométriose (pour se faire retirer l’utérus).
Elle n’exclut pas le réel [35]. Ce qui pourrait épouvanter un névrosé lui semble à elle, une
solution préférable là où justement la castration n’est pas intervenue. Retirer les morceaux de
peau, n’est-ce pas une tentative, quotidienne et répétée, de se dépouiller ce qui n’a pas été
perdu ? L’alopécie ou le retrait de l’utérus seraient alors les bienvenus. Ce cas n’est pas sans
évoquer un patient schizophrène dont Freud fait la description dans son texte « L’inconscient »
([36], p. 180) : « Un patient que j’observe actuellement se laisse distraire de tous les intérêts de l’existence par le
mauvais état de la peau de son visage. Il prétend avoir dans son visage des points noirs et des trous profonds que
tout un chacun remarque. L’analyse révèle qu’il joue son complexe de castration au niveau de sa peau. ». Dans
le cas d’Iole, la maladie de peau peut venir s’entendre comme un phénomène psychosomatique,
du fait de la présence des lésions. Ce dernier fait fonction de suppléance à ce qui a été forclos
[37]. Cette solution comporte un versant imaginaire (la peau qui couvre le corps), un versant
réel (tentative d’extraction d’une livre de chair avec le retrait des morceaux de peau) et
assidûment les médecins et met systématiquement en échec leur discours puisqu’aucun remède
n’existe.
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Ne pouvant s’appuyer sur l’Autre du symbolique, Iole prend également consistance à partir de
l’image de son chien. Il y a un mois, il a été très malade. Pour la première fois, elle a dû se
séparer de lui, devant le laisser en observation chez son vétérinaire : « Ça a été terrible quand je suis
rentrée chez moi, je grelottais de froid. J’ai eu des douleurs terribles dans le dos et la nuque ». C’est en premier
lieu l’éprouvé du corps qui est affecté. Le chien d’Iole est âgé de plus de 15 ans. Sa mort
prochaine est à redouter. Peut-être qu’à son décès l’identification se déplacera sur un autre
animal. Le transfert effectué sur le psychanalyste (doux visage) pourra également offrir un appui
à cette occasion. Comment faire avec le corps, quand il y a une connexion directe entre le mot
et l’organe [36] ? Quelle possibilité existe-t-il de se fabriquer un corps pris dans un discours ? Il
y a quelques mois, Iole rencontre le yoga, émerveillée. Elle en laisse une marque sur sa peau
parmi les multiples autres qu’elle a déjà, dans une métonymie incessante. Elle souhaite pratiquer
un type de yoga particulier : souple, libre et créatif. Je l’invite à m’en parler, je la questionne.
Discussion
Selon une approche structuraliste lacanienne, c’est l’articulation entre les différents registres qui
et du symbolique (le mot est la chose). Cet évanouissement amène un éclatement du corps et
d’un sinthome imaginaire (le « système » qui attaque Sabin, syndrome de Fregoli, etc.) et peut
schizophrénie, le délire qui se construit relève du registre réel avec une argumentation précise
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et la présence d’une certitude inamovible (comme c’est le cas pour le président Schreber). Le
Comment qualifier les solutions trouvées par les sujets ? Lacan usite des termes tantôt de
souhaite réserver la notion de suppléance « aux cas où la structure psychotique du sujet ne se déclencherait,
pour ainsi dire, jamais » ([39], p.142). Mais nous pourrions objecter qu’une telle prévision reste
imaginaires venant contrebalancer l’Œdipe absent tandis que la notion de suppléance renverrait
au moyen de faire tenir ensemble le nœud à trois et dépasserait donc la clinique de la psychose.
Il distingue également les modalités de nouages « soit original et non borroméen (produit par un un
fonctionnement "comme si", etc.), qui tend souvent à se défaire (errance, clochardisation, etc.) » ([26], p. 213).
À cet égard, nous pouvons nous demander si le nouage non-borroméen est propre à la psychose.
névrose ferait figure d’idéal. Chaperot [40] met en garde contre une telle conception où la
appelons donc à être attentif à la logique phallique qui nous incite à penser la différence selon
les coordonnées « d’un plus » ou « d’un moins », même si espérer en sortir serait illusoire.
Toutefois, la notion de forclusion généralisée [41] pondère cet aspect et permet de repenser la
N’oublions toutefois pas que la suppléance dans la psychose, même si elle permet de limiter la
jouissance, n’est pas équivalente à la castration observée dans la névrose. L’élément symbolique
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reste absent. Les douleurs de Rémus limitent son agir. Sabin fait l’expérience de l’énurésie à
chaque lecture. Enfin, Iole, devant son miroir, retire les morceaux de peau qui se présentent en
Notons deux aspects cliniques. Le premier concerne les registres. L’intérêt du nouage
borroméen réside dans le fait que chaque rond de ficelle entre en résonnance avec les deux
autres. Le travail à partir de la parole a ainsi des effets sur l’appréhension du corps, ou les
angoisses par exemple. Inversement, un travail à partir du corps peut avoir des effets dans les
registres symbolique ou réel (comme nous pouvons le constater dans certaines psychothérapies).
Ainsi, il est vrai que cerner le registre à partir duquel la solution advient peut sembler stérile à
certains égards mais il permet de repérer d’où s’origine le ratage. Ainsi, pour Rémus et Iole le
symbolique. Les solutions s’inscrivent dans chacun des registres mais s’appréhendent dans les
deux autres pouvant d’ailleurs parfois la mettre en échec. Ainsi, Sabin présente des difficultés à
s’identifier aux membres de sa communauté, lui qui n’a pas étudié, pas travaillé. Il s’agit alors
concerne le nombre de suppléance et/ou compensation. Elles sont rarement isolées. Dans le cas
d’Iole, les solutions sont au moins de deux : le transitivisme à l’animal ainsi que le phénomène
Lors des congés, Sabin, s’adonne systématiquement à son activité sportive préférée pour
« Un, deux, trois, nous irons aux bois. Quatre, cinq, six, cueillir des cerises. […] Eh bien je
Conclusion
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Le diagnostic structurel reste toutefois délicat. En effet, « Rien ne ressemble autant à une
avec la réalité peut difficilement constituer un indicateur. Le danger pouvant résider dans un
glissement d’un repérage structurel des indices à une approche purement phénoménologique.
ces derniers peuvent ajouter au flou nosographique actuel, tel le syndrome de psychose atténuée
énonce une vérité dont le sujet ne veut rien savoir. Le travail vise donc à le tempérer, le déplacer,
war, soll ich werden » [44]. Dans le cadre de la psychose, l’objet n’est pas de réduire le sinthome
monde mouvant dans lequel il évolue, et/ou de se faire une image. Comme l’explique Maleval
([26], p. 209), « Il ne s’agit donc pas de s’orienter sur le déchiffrement du symptôme, ni sur une élucidation du
passé, ni sur le dégagement d’un objet de jouissance, mais de favoriser l’émergence d’une solution qui permet de
restaurer un nouage des dimensions de la structure subjective, symbolique, imaginaire et réel. Il convient ainsi de
se prêter à la recherche d’inventions inédites ou à la restauration d’un branchement. ». Ce constat ne doit pas
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Références
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In : Deutsch H, editors. Les « comme si » et autres textes (1933/1970). Paris : Seuil ; 2007.
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de France ; 1972.
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and Meta-Analysis of the Psychosis Continuum: Evidence for a Psychosis Pronenes – persistence
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16 Katan M. La phase pré-psychotique de Schreber. In Baumeyer F, Carr AC, Fairbairn
WRD, Hunter RA, Katan M, Kitay M, et al, editors. Le cas Schreber : contributions
17 Misès R. La place des dysharmonies évolutives de l’enfant. Info Psy 1977 ; 53 : 1007-1017.
24 Lacan J. Le séminaire, Livre III « Les psychoses » [1955-1956]. Paris : Editions du seuil ;
1981.
28
25 Lacan J. Le séminaire, Livre XXIII « Le sinthome » [1975-1976]. Paris : Editions du seuil ;
2005.
26 Maleval JC. Repères pour la psychose ordinaire. Paris : Navarin Editeur ; 2019.
2009 ; 1 : 87-91.
30 Maleval JC. La déstructuration de l’image du corps dans les névroses et les psychoses. Evol
7 : 32-37.
29
33 Abely P. Le signe du miroir dans les psychoses et plus spécialement dans la démence précoce.
129-187.
30
43 Lacan (1994). Le séminaire, Livre IV « La relation d’objet » [1956-1957]. Paris : Editions
du seuil.
44 Freud, S. (1933). Die Zerlegung der psychischen Persönlichkeit (XXXI). In Freud, S. (Ed.)
Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse. Vienne: Internationaler
Psychoanalytischer Verlag.
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