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L'histoire de
la France commence avec les premières occupations humaines du territoire correspondant au
pays actuel. Aux groupes présents depuis le Paléolithique et le Néolithique, sont venues
s'ajouter, à l'Âge du bronze et à l'Âge du fer, des vagues successives de Celtes,
des Romains dès le IIe siècle av. J.-C, puis au IVe siècle de peuples
germains (Francs, Wisigoths, Alamans, Burgondes) et au IXe siècle de scandinaves
appelés Normands.
Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs. Clovis (466-511), roi
des Francs saliens, scelle par son baptême à Reims l'alliance de la royauté franque avec l'Église
catholique. Il unit les tribus franques salienne et ripuaire et conquiert un ensemble de territoires
en Gaule et en Germanie qui sont agrandis par ses descendants mérovingiens, puis par la
dynastie des Carolingiens fondée en 751. Charlemagne en particulier conquiert la Basse-
Saxe dans le Nord de l'Allemagne, le royaume lombard en Italie et constitue une marche à l'est
qui deviendra l'Autriche. L'Empire carolingien est finalement partagé en 843 entre ses petits-fils
par le traité de Verdun qui sépare la Francie occidentale de la Francie orientale, qui deviendra le
royaume de Germanie. La dynastie des Capétiens, s'impose définitivement en Francie
occidentale à partir de 987. Philippe Auguste et ses successeurs donnent une nouvelle impulsion
à l'unification territoriale du royaume de France et repoussent les frontières orientales du Rhône
sur les Alpes et de la Saône sur le Rhin, à partir de l'achat du Dauphiné (1349) jusqu'à l'annexion
de l'Alsace (1648-1697).
Le nom de France n'est employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ, quand la
chancellerie du roi Philippe Auguste commence à employer le terme de rex Franciæ (roi de
France)3 à la place de rex Francorum (roi des Francs) pour désigner le souverain. Le mot était
déjà couramment employé pour désigner un territoire plus ou moins bien défini, comme on le voit
à la lecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt. Dès juin 1205, le territoire est
désigné dans les chartes sous le nom de regnum Franciæ, c'est-à-dire royaume de France en
latin4,5. On ne peut ainsi parler d'histoire de France, au sens propre, et de conscience nationale
française qu'à partir du XIIe siècle6.
Les Romains avaient été les premiers à unifier l'administration de la Gaule en langue latine qui
est devenue celle de l'Église. Le concile de Tours, réuni en 813 à l'initiative de Charlemagne,
impose désormais de prononcer les homélies dans les langues vulgaires au lieu du latin. Paris,
appelée à devenir la capitale par l'avènement en 987 de la dynastie capétienne, devient un
centre universitaire renommé. La culture française connaît un élan nouveau au contact de
la Renaissance italienne lors des guerres d'Italie. Elle s'enrichit des débats sur la réforme
religieuse et n'est pas par la suite étouffée comme en Italie par une contre-réforme trop
rigoureuse. Elle éclot pleinement à compter du XVIIe siècle, développant un classicisme imprégné
de cartésianisme. C'est à cette époque que le français prend sa forme moderne sous l'égide de
l'Académie française. Le XVIIIe siècle est le siècle de la philosophie des Lumières, marqué par la
promotion de la raison par les philosophes français dans les cours et capitales européennes et
qui s'achève par la Révolution française.
L'adoption d'un cadre administratif uniforme (département), le développement rapide du chemin
de fer et l'instauration par Jules Ferry de l'école obligatoire et gratuite homogénéisent l'espace
national, qui connaît dans la seconde moitié du XIXe siècle la révolution industrielle. La recherche
et l'industrie française s'illustrent particulièrement dans les transports (automobile et
aéronautique), dans la chimie et la santé, ainsi que dans l'armement.
La croissance économique se traduit par l'urbanisation de la population, le développement du
salariat et l'amélioration du niveau de vie. Le mouvement syndical se structure, les assurances
sociales apparaissent et se généralisent après la Seconde Guerre mondiale. La longue crise des
années 1930, l'occupation allemande et la reconstruction suscitent la définition d'une politique
économique (commissariat général du Plan) qui accompagne la formation de grands groupes de
taille européenne voire mondiale. L'économie contemporaine est caractérisée par la tertiarisation
des activités et la concurrence vigoureuse des pays émergents.
L'organisation de l'État s'est faite par étapes : instauration de l'armée et l'impôt permanents à
l'issue de la guerre de Cent Ans, mise en place des intendants dans les provinces par le cardinal
de Richelieu, unification du droit (Code civil) et du système judiciaire à la Révolution. Le 17 juin
1789, se constitue, par le serment du Jeu de paume, la première unité politique se réclamant du
peuple français : c'est l'acte de naissance de l'État actuel. Une précoce tradition étatique explique
le développement d'une administration dotée de puissantes prérogatives et animée par des corps
d'officiers puis de fonctionnaires jaloux de leur statut, à l'encontre de laquelle se développe
volontiers un esprit frondeur
Sur le site du Bois-de-Riquet, à Lézignan-la-Cèbe, dans l'Hérault, a été découverte l'une des plus
anciennes traces humaines connues sur le sol français, datée entre 1,1 et 1,2 million d'années,
constituée d'une vingtaine de galets aménagés confectionnés à partir de roches diverses
(quartzite, basalte, micro-granite...). Vers 1,15 Ma, la grotte du Vallonnet, à Roquebrune-Cap-
Martin, dans les Alpes-Maritimes, a livré des vestiges lithiques du même type8. À partir d'environ
700 000 ans apparaissent des sites acheuléens. À Terra Amata, à Nice, les chercheurs ont
trouvé l'un des plus anciens foyers attestés en France, daté de 380 000 ans. Les fossiles
humains les plus anciens connus en France sont ceux de l'Homme de Tautavel, dont les restes
ont été trouvés dans la caune de l'Arago, à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales. Il a vécu
d'environ 570 000 à 400 000 ans avant le présent (AP).
À partir de 350 000 ans AP, l'Homme de Néandertal est présent sur le territoire de la France. Il
taille le silex selon la méthode Levallois. Son industrie s'appelle le Moustérien. Sur les sites
des Eyzies et du Moustier, en Dordogne, de nombreux outils ont été trouvés : racloirs, bifaces,
pics, ciseaux. Il chasse le bison, l'aurochs, le cheval et le renne. Vers 50 000 ans AP, il laisse les
plus anciennes traces de sépultures connues en France.
Crâne de l'un des individus (Cro-Magnon 1) découverts
Arènes d'Arles
Arc d'Orange
Pont du Gard
Rien ne semble changer au début de l'occupation romaine. Certes les Gaulois doivent payer
leurs tributs, mais ils gardent leurs magistrats et leur manière de vivre. Les voies romaines
reprennent en grande partie les voies gauloises déjà nombreuses et bien entretenues, ce qui
explique la grande rapidité de déplacement des légions romaines28 ; la pacification sur le Rhin et
en Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l'impact de la présence
romaine « la conquête romaine qui a entraîné l’entrée dans les temps historiques, a modelé pour
des siècles le paysage rural, établi ou aménagé les principaux axes de communication, urbanisé
d’immenses terroirs, défini les territoires administratifs »29.
L'urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode
des municipes italiens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes
se couvrent de bourgades (vici) et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors
avec l'Égypte la région la plus peuplée de l'Empire romain, avec une population estimée à 7
millions d'habitants30. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables
gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon.
Le développement économique bénéficie des siècles de Pax Romana : l'extension des vignes en
Aquitaine, dans la vallée du Rhône et de la Saône et même dans celle de la Moselle est telle
qu'elle concurrence les vins italiens. Des artisans italiens installés en Gaule créent une industrie
de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque). L'artisanat gaulois produit
aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands
centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube30. Les échanges ne se limitent
pas aux biens matériels : à côté des cultes populaires du nombreux panthéon gaulois,
apparaissent dans les villes d'autres religions d'origine orientale : culte de Mithra, de Cybèle,
de Jésus, attesté à partir de 177 (cf. les Martyrs de Lyon). Ce dernier culte deviendra
prépondérant dans les milieux urbains à partir du IVe siècle.
Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules : des langues
(occitan et français), un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion
(le catholicisme), et même des habitudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin).
Les invasions germaniques[modifier | modifier le code]
Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. Bien que les
provinces romaines de Germanie supérieure et de Germanie inférieure aient été constituées dès
le Ier siècle par Domitien, à partir du milieu du IIIe siècle, des peuples
germaniques Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un
éphémère empire des Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est
créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. La Gaule est touchée par l'affaiblissement
démographique, le déclin des villes, le ralentissement du commerce et de la circulation monétaire
ce qui amène les premières manifestations des bagaudes. Durant la même période les Romains
installent en Gaule des garnisons de Lètes, parmi lesquels des Chamaves et des Hattuaires dans
la future Bourgogne. La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif
sur le Rhin incorpore de plus en plus de contingents germaniques installés avec leurs familles.
Des groupes de Francs en Gaule Belgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupes
auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au sein de l'Empire
romain.
Dans la nuit du 31 décembre 406, les peuples vandales, suèves, alains et d'autres peuples
germaniques franchissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense des auxiliaires francs, puis
en 412 les Wisigoths franchissent les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérial romain
leur cède des territoires puis disparaît en 476. Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le
pouvoir politique passe aux mains de royaumes barbares avec leurs propres lois, leur propre
religion, l'arianisme ou le polythéisme.
Le danger que représentent les Huns, suscite une alliance temporaire des occupants de la
Gaule. En 451, Aetius prend la tête d'une coalition Gallo-romaine et Franque qui stoppe le raid de
pillage des Huns commandés par Attila aux champs Catalauniques31. Cette bataille, qui fut bien
loin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historiens et enrichie de l'épisode de sainte
Geneviève encourageant les Parisiens à la résistance face à Attila32.
Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman, burgonde ou franc, un Romain, Syagrius,
parvient à maintenir entre Seine et Loire une portion détachée de l'Empire comme son bien
propre et se fait donner le titre de roi des Romains, d'après Grégoire de Tours33,34. Des réfugiés
Bretons venus de Bretagne chassé par les Angles et les Saxons (l'actuelle Angleterre) s'installent
en Armorique, qu'ils rendent partiellement indépendante du reste de la Gaule jusqu'à la création
du duché de Bretagne en 93935. Les élites gallo-romaines encore présentes dans les villes en
assurent la direction locale, et fournissent de nombreux évêques, protecteurs de leur
communauté face aux malheurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois
germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. Citons
parmi ceux-ci Avit de Vienne, Nizier de Lyon, Remi de Reims, Grégoire de Tours. Sur une
médaille d'or de Constantin, datant sans doute de 310, on lit pour la première fois le
mot Francia36.