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- Vérification en compression:

Q 180
À==-=-=1l7
i l,54
k == 2,40
k .0== 2,40 x 6,8 = 16,3 daN/mm 2 < 0e'

3.3.5. Les dangers du déversement

Dans la pratique, les entreprises et bureaux d'études sont très avertis des dangers
du flambement, et chaque pièce comprimée est calculée en conséquence. En revanche,
concernant les pièces fléchies, les calculs très souvent se limitent à un simple dimen-
sionnement en flexion (simple ou déviée), sans vérification du tisque de déversement.
Cela s'explique par le fait que tout calculateur perçoit bien (consciemment ou
non) le risque de flambement (un poteau qui s'effondre entraîne le restant de la
structure au sol), alors qu'il «apprécie» malle risque de déversement (une poutrelle
qui déverse se vrille, mals reste en place, du fait de ses liaisons avec d'autres éléments,
pense-t-on généralement).
1t Photo de J. Morel

3.4. Le voilement
~

l En fait, les désordres provoqués par le déversement peuvent être légers (poutres t
déformées, bacs acier déchirés), mais également graves (effondrements partiels ou 3.4.1. Aspect expérimental du voilement
totaux). Si l'on soumet une plaque rectangulaire à une compression uniforme sur deux
Actuellement, il semble que de tels désordres aient tendance à se multiplier, côtés opposés, parallèlement à son plan moyen, on observe que la plaque, au-delà

~
avec le développement sur le marché des profilés minces (tôles pliées, de faible épais- d'une certaine charge, se déforme transversalement.
seur), qui tendent à supplanter les profilés laminés habituels pour ce qui concerne les Il s'agit du phénomène de voilement, qui se manifeste par des ondulations, qui
pannes, les lisses et certaines poutres. ne sont pas sans rappeler le phénomène de flambement pour des pièces à une dimen-
Ces profilés minces, de sections diverses (Zeds, U, Omégas, ...), sont plus légers, sion, à la différence près que le voilement se développe plus progressivement, les
et donc plus économiques, que les laminés usuels (IPE par exemple). Mais ce gain de grandes déformations n'apparaissant pas brutalement et ne conduisant généralement
poids est obtenu au détriment de l'inertie, principalement de l'inertie transversale. La pas à la ruine de la pièce.
faible rigidité de torsion est ainsi à l'origine de nombreux incidents, en particulier Le phénomène de voilement peut également apparaître sous un effort de cisail-
lors de chutes de neige abondantes. lement simple. Il est, dans ce cas, attaché à la diagonale comprimée.
Très répandus dans les pays anglo-saxons, ces profils minces (épaisseur courante Les âmes des poutres utilisées en construction métallique sont généralement
de 2 mm contre 4 à 5 mm pour les laminés correspondants) sont appelés à se déve- minces et donc susceptibles de se voiler sous des efforts de compression ou de cisail-
lopper vraisemblablement dans les prochaines années en France. Tout concepteur ou
.ç~ lement excessifs .
calculateur se doit de vérifier systématiquement leur stabilité au déversement. 11
{ existe, à ce sujet, un D.T.U spécifique consacré aux éléments à parois minces (Norme
NF P.22703), dont le chapitre 4,13 fixe précisément les règles de vérification au
Les essais montrent que les déformations des âmes de poutres par voilement se
traduisent non pas par des ondulations régulières (comme pour une plaque mince
libre), mais par des cloques et des boursoufflures (zones d'acier plastifiées), localisées
déversement.
dans les zones surcomprimées, comme le montre la figure 65.

,
Pour conclure et sensibiliser le lecteur aux risques encourus, nous publions ci-
dessous la photographie d'un bâtiment qui s'est effondré en totalité sous une charge
de neige minime (40 daN/m 2 ) , du fait du déversement des poutres de portiques
(Omégas en tôle pliée), qui, en basculant, ont entraîné toute la structure au sol. Le
constructeur avait dimensionné ces poutres de portiques en flexion simple, sur la CZ:::~-5:=:>
l base de ue =' 24 daN/mm 2 , alors que le déversement généralisé s'est produit pour une
contrainte nettement plus faible, d'environ 7 daN/mm 2 . r~
l
Fig. 65

{ 100 101

1
Les essais montrent également que les âmes, bien que voilées, résistent encore à et 7" (en daN/mm 2 ) , correspondant à chaque section droite, satisfassent à:
des efforts additionnels. Autrement dit, le voilement ne conduit pas à une ruine
rapide et brutale des pièces, ce qui en fait un phénomène finalement peu dangereux.
Pour éviter le voilement des âmes des poutres, deux moyens sont possibles:
- soit augmenter l'épaisseur de l'âme,
< 0,ül5 CO~~ e a f (2)

- soit disposer des raidisseurs d'âme, judicieusement positionnés.

(
Le choix est dicté, cas par cas, par une comparaison des coûts.

3.4.2. Aspect théorique du voilement

La théorie du voilement consiste généralement à utiliser la méthode énergé-


ha
es

". ~. l e a ;"0,006 h'a


"",.~
~
r
) tique de TIMOSHENKO, qui détermine une contrainte critique, obtenue dès lors
que le travail des forces extérieures appliquées atteint le niveau de potentiel interne
es
J

~
de la plaque sollicitée. + b ,
, d

L'expérience montre cependant que cette théorie est insuffisante, car les

~ contraintes critiques calculées ne correspondent que rarement aux contraintes de Fig. 66


ruine expérimentales.
Enfin, il Y a lieu de vérifier les raidisseurs au flambement. Si T est l'effort tran-
Cela s'explique, entre autres, par les effets de membrane, à savoir des tractions
chant au droit d'un raidisseur, ce dernier sera vérifié au flambement pour l'effort
stabilisatrices générées par les déformations transversales, que la théorie ne prend pas
suivant:
1 en compte.
Nous ne développerons donc pas ici les calculs théoriques du voilement TR = T ~- Ta' e a . ha
- d'une part, en raison de leur grande complexité (théorie des plaques),

~ )2
- d'autre part, parce que les profilés laminés normalisés utilisés en construction 1000 ea ) 4 ( a
métallique ne sont pas sujets au voilement, leurs âmes étant dimensionnées largement avec Ta = 0,015 --,- .---
( ha 7
pour éviter tout risque à ce sujet.
Seuls les profilés reconstitués peuvent être sujets au voilement. Leur vérifica- Ta e ha étant l'effort tranchant que pourrait supporter l'âme sans raidisseurs.

i tion est régie par les règles CM 66, qui proposent des formules empiriques simples,
que nous allons examiner.
a
Soit:
- 4 2

(~)
1000 e a a
\{a ("7) . e a ha (3)

~ 3.4.3. Aspect réglementaire du voilement TR =T- 0,ül5 -

Les règles CM66 (article 5,212) fixent des formules empiriques simples, compte
tenu de la mauvaise connaissance que l'on a des problèmes de voilement. Les règles CM 66 donnent un abaque (article 15,212), qui permet de s'affran-
Les règles précisent que l'on peut se dispenser de placer des raidisseurs intermé- chir d'une partie des calculs de ces formules.
diaires, dès lors que dans toute section droite d'une poutre, les valeurs des contraintes Pour terminer, nous rappelons qu'il est inutile de vérifier au voilement les âmes
normale et tangentielle a et T (en daN/mm 2 ) satisfont à : des laminés normalisés (IPE, HE, ...), largement surdimensionnées à cet égard. Cepen-
dant, les règles CM 66 préconisent de positionner des raidisseurs au droit des appuis
et des charges concentrées, pour éviter d'éventuelles déformations locales.
U)2 (1000ea)4
("7 +7 2 < 0,ül5 ~ (1)
l! 3.4.4. Exemple d'application

Soit une poutre reconstituée soudée de 25 mètres de portée, sur 2 appuis


Si cette condition n'est pas satisfaite, il faudra prévoir des raidisseurs intermé- simples, supportant une surcharge libre q == 5.000 daN/ml. Vérifier l'âme de la poutre
diaires, disposés de façon à ce que dans tout panneau de longueur d, les valeurs de o au voilement, sachant que ses caractéristiques géométriques sont les suivantes:

103
102
h~ = 1500mm es = 40 mm Nous ne disposerons pas d'autres raidisseurs, car le tableau précédent montre
ha = 1580mm e a = 10 mm que pour x = 2,70 m, il n'est plus nécessaire de raidir.
b = 500mm Acier E24
~,
2,70 2,70
<Calcul des contraintes a et T : . + +
lx = 2.413.000 cm"
lx
LJ 1 i
-= 32.170 cm"
v • 25.00 m t
g = 425 daN/ml (poids propre poutre)
La surcharge linéique sur la poutre est: Fig. 67.
4 3
( P = - g + - q = 8.067 daN/ml
3 2
_ Vérification des raidisseurs au flambement
Nous vérifions le raidisseur le plus sollicité, à savoir celui situé au droit de
Dans une section courante de la poutre, située à une distance x de l'appui, nous
l'appui.
avons: px(Q- x) Q L'effort tranchant que peut supporter l'âme seule, sans raidisseurs, au droit de
M(x) = _ et T(x) = p(2"-x) l'appui, vaut:
1000 X 10)4
D'où les contraintes: ra e a ha 0,015 ( X 10 X 1580
1500
a (x) = ~ (x).v et
T(x)
T(X) = - -
1 ea·h a = 86.000 daN.
Portons ces valeurs, ainsi que les termes de l'inéquation (1), calculés pour dif- La charge supportée par le raidisseur est:
férentes valeurs de x, dans le tableau suivant:
~
~ T R = T - 86.000 avec T=

(;r ave~ 2

c
Comparaison
OOO a
x a r
(fr '[2
+ T
2
K=0015 - -
, h~
e ) =30
soit :
TR = 100.800-86.000= 14.800 daN.
Adoptons un raidisseur de 60 X 10, placé de part et d'autre de l'âme (fig. 68).
f 2
0 0
5,8
6,7
5,6
0
0,7
44,9
31,4
44,9
32,1
>K
>K
Nécessité de
raidisseurs
4 10,5 4,6 2,3 21,2 23,5 <K Sans 10
{ 8
12,5
17,1
19,6
2,4
0
6,0
7,8
5,8
0
Il,8
7,8
<K
<K
raidisseurs
AmePRS

- Position des raidisseurs


f Nous disposons d'emblée un raidisseur au droit de chaque appui. ~
Le raidisseur suivant sera placé à une distance d. La longueur du panneau d Fig. 68.
est obtenue par l'inéquation (2) :
6 ,7 ) 2 ,;( 0015 ( 1000 X 10)4 2
0+ . _Section raidisseur: A = 60 X 10 X 2 = 1.200 mm
1 + 3 X 1500 2 ' 1500
( R 2
4 d2 _Contrainte de compression: a = T = 12,4 daN/mm
{ qui se ramène à une inéquation du quatrième ordre:
IX 13 2
A

8,3 d" -54 X 10 6 d 2 -4556 X 10 1 0 ,;( 0 _Moment d'inertie: 1= ---. = 183 cm"
12
dont la solution est d ,;(2700 mm.

105
104

/
t
- Rayon de giration: \fF'"
i '" 3,9 cm 4
- Longueur de flambement: Q '" h~ '" 150 cm
Q
CONCEPTION ET CALCUL
fi. '" - '" 38,5
- Élancement:
i DES BÂTIMENTS MÉTALLIQUES
- Coefficient de flambement: k '" 1,062
1 - Contrainte finale amplifiée: k.a'" 1,062 X 12,4'" 13,2 daN/mm
2
< Ue
f 1
l l
~
Les bâtiments métalliques peuvent être de conceptions fort différentes, selon
l'application à laquelle ils sont destinés, les contraintes d'exploitation, les contrain-
tes d'environnement, les exigences architecturales, les habitudes des constructeurs,
etc ...
Nous ne retiendrons que les solutions technologiques les plus couramment
J utilisées et nous effectuerons les calculs de dimensionnement et de vérification
des bâtiments, élément par élément, successivement et dans le sens logique de des-
cente des charges (couvertures, pannes, fermes, poteaux, contreventements, etc ...).
La méthodologie des calculs sera la suivante:
- repérage des diverses actions possibles et calculs des combinaisons d'actions les
plus défavorables.
- calcul des sollicitations correspondantes (efforts normaux et tranchants, moments
de flexion simple ou déviée, moments de torsion éventuels)
- vérification des résistances des pièces (calcul des contraintes)

~
- vérification des stabilités de forme (déformations, flèches, déplacements).
Les calculs seront conduits en élasticité, conformément aux règles CM 66,
ce qui, par rapport aux calculs en plasticité, revient à ne pas tirer parti des propriétés
élasto-plastiques de l'acier et à renoncer aux allègements qui en découlent, ce qui
nous place en fait en sécurité. Dans certains cas cependant, nous effectuerons en
parallèle les calculs en plasticité, conformément à l'Additif 80, afin de comparer
les résultats obtenus par les deux méthodes.
~.
f Enfin, les calculs seront menés traditionnellement «à la main», dans un seul
souci de clarté et de bonne compréhension, sachant que dans la pratique quotidienne
les calculs sont de plus en plus informatisés, tant en raison du développement de
progiciels spécialisés, que de la tendance à la modélisation et à la standardisation

1 des structures de la part des constructeurs, qui facilite considérablement le recours


aux calculs automatiques.

106 ,
t
107

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