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Université Saint-Joseph de Beyrouth

Faculté d’Ingénierie et d’Architecture


E.S.I.B.
ME-A01
Département Électricité et Mécanique

Programme de Génie Électrique


Semestre 1

MESURES DE PUISSANCES EN RÉGIME TRIPHASÉ

SINUSOÏDAL
ME-A01

MESURES DE PUISSANCES EN RÉGIME TRIPHASÉ SINUSOÏDAL

1. RAPPELS FONDAMENTAUX

On rappelle dans ce paragraphe l'ensemble des résultats relatifs à une source ou à une
charge et concernant l'aspect énergétique de celle-ci.

Les conventions de signes sont rappelées figure 1.

Figure 1

- La puissance instantanée p fournie (reçue) par une source (charge) vaut :

p(t) = v(t) . i(t)

1
- L'énergie fournie (reçue) par une source (charge) pendant un temps  vaut :

W =  v( t ).i( t ).dt
0

- Lorsque l'une des grandeurs v ou i est périodique de période T, l'autre l'est aussi et sa
période est T, on définit la puissance moyenne fournie (reçue) par une source (charge) :
1 T
T 0
P = p = v( t ).i( t ).dt

1.1. Cas d'une source de tension sinusoïdale débitant un courant sinusoïdal (Figure 2)

Figure 2

v( t ) = V 2 cos t
i( t ) = I 2 cos (t − )

V et I sont les valeurs efficaces de la tension et du courant, et  est le déphasage du courant par
rapport à la tension.

On obtient :
p(t) = VI cos  + VI cos (2t- )

Le terme VI cos (2t - ) porte le nom de puissance fluctuante.

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- La puissance moyenne vaut :
P = <p> = VI cos 
Elle apparaît comme la partie réelle de la puissance complexe dont la partie imaginaire, appelée
puissance réactive vaut :
Q = VI sin 
On remarquera que :

1 T   2
Q= 
T 0
i( t ).V 2 cos t − .dt
 2
T=

1.2. Cas d'une source de tension sinusoïdale débitant un courant alternatif non sinusoïdal
(Figure 3)

Figure 3

v( t ) = V 2 cos t

i( t ) =  I k 2 cos(kt −  k )
k =1

Le terme de rang k de i(t) porte le nom d'harmonique de rang k, Ik est sa valeur efficace et k
son déphasage par rapport à la tension.

- On obtient :
P = VI1 cos 1

3
et la puissance moyenne n'est plus liée à des grandeurs spécifiquement physiques puisque I1 est
l'un des termes de la décomposition de i(t) en série de FOURIER.

- On définit alors le facteur de puissance Fp par :



I2 =  Ik
2
P = VI Fp où I est la valeur efficace du courant donnée par :
k =1

- Il vient alors :
I1
Fp =  cos 1 où , facteur de déformation du courant vaut : =
I

On remarque que Fp vaut cos  si le courant est purement sinusoïdal, auquel cas  vaut 1.

- On ne peut plus définir une puissance complexe mais la puissance réactive, est encore
mesurée par :

1 T  
Q=
T 0
V 2 cos t −  .i( t ).dt = VI 1 sin 1
 2

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1.3. Cas d'une source de tension sinusoïdale triphasée équilibrée (Figure 4)
"Une" source de tension triphasée est en fait constituée de trois sources monophasées
connectées soit en étoile soit en triangle.
La transformation étoile-triangle, dite de KENELLY, permet de définir une équivalence
entre les deux représentations (Figure 4).

Représentation étoile Représentation triangle Représentation de FRESNEL


Figure 4

On remarquera que la représentation étoile ne peut trouver un équivalent triangle que si le


neutre n n'est pas relié ou si le courant qui le traverse est nul.

 
u12 (t ) = U 2 cos  t + 
v1n (t ) = V 2 cos t  6
 2   
v 2 n (t ) = V 2 cos  t −  u 23 (t ) = U 2 cos  t − 
 3   2
 4   5 
v 3n (t ) = V 2 cos  t −  u 31 (t ) = U 2 cos  t − 
 3   6 

U=V 3

Remarque : Le lecteur n’aura pas manqué de remarquer que les expressions des
tensions simples et composées données ci-dessus correspondent à des
grandeurs sinusoïdales formant un système triphasé équilibré direct.

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1.3.1. Le système des courants est sinusoïdal triphasé équilibré

i1 (t ) = I 2 cos (t − ) i1 (t ) + i 2 (t ) + i 3 (t ) = 0

 2 
i 2 (t ) = I 2 cos  t − −  p(t ) = v1 (t ) i1 (t ) + v 2 (t ) i 2 (t ) + v 3 (t ) i 3 (t )
 3 

 4 
i 3 (t ) = I 2 cos  t − −  p(t ) = v1 (t ) - v 3 (t ) i1 (t ) + v 2 (t ) - v 3 (t ) i 2 (t )
 3 

v1 (t ) - v 3 (t ) = u13 (t ) p(t ) = v1 (t ) i1 (t ) + v 2 (t ) i 2 (t ) + v 3 (t ) i 3 (t ) (1)

v 2 (t ) - v 3 (t ) = u 23 (t ) p(t ) = u13 (t ) i1 (t ) + u 23 (t ) i 2 (t ) (2)


L’une ou l’autre des expressions (1) ou (2) est valable pour peu que la somme des
courants soit nulle.
Il vient (Voir Figure 5) :

P = 3VI cos  = 3UI cos  en utilisant (1)

   
P = W1 + W2 = UI cos  −   + UI cos  +   en utilisant (2)
6  6 

Figure 5

 
cos  +  
On peut noter que le rapport :
W2
= 6 
W1  
cos  −  
6 

6
ne dépend que de  et on peut tracer deux abaques, donnant les variations de W2/W1, soit en
fonction de  soit en fonction de cos  (Figure 6).

Figure 6
La puissance réactive Q, qui est la somme des puissances réactives fournies par chacune
des sources v1(t), v2(t) et v3(t) vaut :

Q = 3VI sin  = 3UI sin 

ou encore,

Q = 3 (W1 − W2 )

1.3.2. Le système des courants est sinusoïdal mais déséquilibré

i1 (t ) = I1 2 cos (t − 1 )

 2 
i 2 (t ) = I 2 2 cos  t − − 2 
 3 

 4 
i 3 (t ) = I 3 2 cos  t − − 3 
 3 

Cette fois, deux cas sont à envisager selon que le neutre est relié ou non.

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- Si le neutre n’est pas relié, la somme des courants est nulle à tous les instants et l’une ou
l’autre des deux expressions (1) et (2) est valable :
P = VI 1 cos 1 + VI 2 cos  2 + VI 3 cos 3 = W1 + W2

 
W1 = UI 1 cos − 1 
6 

 
W2 = UI 2 cos −  2 
6 
- Si le neutre est relié, la somme des courants n’est plus nulle et seule l’expression (1) est
valable :
P = VI 1 cos 1 + VI 2 cos  2 + VI 3 cos 3

- Dans les deux cas, la seule expression de la puissance réactive fournie par l’ensemble
des sources est :
Q = VI 1 sin 1 + VI 2 sin  2 + VI 3 sin 3

1.3.3. Le système des courants est triphasé équilibré, mais non sinusoïdal
On entend par là que chacun des courants i1(t), i2(t), i3(t) occupe la même position par
rapport à chacune des tensions v1(t), v2(t), v3(t).

i1 (t ) =  I k 2 cos (kt − k )
k =1


 2 
i 2 (t ) =  I k 2 cos  kt − − k 
k =1  3 

 4 
i 3 (t ) =  I k 2 cos  kt − − k 
k =1  3 
L’ensemble des résultats de la partie 1.3.1. se reproduit en remplaçant I par la valeur
efficace I1 du fondamental d’un des courants et  par le déphasage 1 du fondamental d’un des
courants par rapport à la tension simple correspondante.
Il vient :

P = 3VI 1 cos 1 = 3UI 1 cos 1

   
P = W1 + W2 = UI 1 cos  − 1  + UI 1 cos  + 1 
6  6 

Q = 3VI 1 sin 1 = 3UI 1 sin 1 = 3 (W1 − W2 )

L’abaque de la figure 6 fournit W2/W1 (ou W1/W2) en fonction de 1 ou de cos 1.

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1.3.4. Le système des courants est triphasé déséquilibré et non sinusoïdal
Chacun des courants peut se décomposer en série de FOURIER et les considérations du
paragraphe 1.3.2. peuvent être reprises globalement, à condition toutefois de remplacer les
valeurs efficaces des courants par les valeurs efficaces de leurs fondamentaux et de considérer
que 1, 2 et 3 désignent les déphasages des fondamentaux de chacun des courants par rapport
aux tensions simples correspondantes.

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2. MESURES DES PUISSANCES
2.1. Réglage du cos 
Lorsqu’une bobine, d’inductance L, présente une résistance négligeable, on peut régler le
cos  en utilisant judicieusement le diagramme de la figure 7.

Figure 7

L’interrupteur K étant fermé, la source de tension sinusoïdale débite un courant dont la


valeur efficace est I, et fournit une puissance moyenne :
<p> = VI cos 
Lorsque l’on ouvre l’interrupteur K, la puissance moyenne fournie par la source de
tension n’est pas modifiée et la valeur efficace I’ du courant qu’elle fournit est telle que :
<p> = VI’ d’où I cos  = I’
ce que représente le diagramme de FRESNEL associé à la figure 7.

Le mode opératoire est donc le suivant :


- Lorsque l’on veut un courant I sous cos  donné, on ouvre K et on règle la résistance R
de manière à absorber un courant dont la valeur efficace est I cos .

- On ferme K et on règle la valeur de L de manière à absorber un courant dont la valeur


efficace est I.

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Remarques : En pratique, la résistance de la bobine n’est pas négligeable et la méthode
de réglage de cos  déjà exposée n’est pas valable. Il est alors nécessaire de
mesurer la puissance active P, la tension V et le courant I pour régler le
cos .
Le même mode de réglage peut être utilisé sur un circuit capacitif.
Le procédé s’étend aux systèmes triphasés équilibrés sinusoïdaux de
tensions et de courants.

2.2. Mesure d’une puissance en monophasé (Figures 8 et 9)

Figure 8 Figure 9

- « W » est un wattmètre qui mesure la valeur moyenne du produit v(t).i(t).

- « A » et « V » sont des respectivement un ampèremètre et un voltmètre qui mesurent la


valeur efficace vraie.

Dans le cas où la valeur efficace du courant est trop importante pour que le courant puisse
traverser directement les appareils de mesure, un transformateur de mesure abaisseur de
courant sera connecté conformément au schéma de la figure 9.

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2.3. Mesure d’une puissance en triphasé
2.3.1. Méthode des trois wattmètres (Figure 10)
Le domaine d’utilisation de cette méthode découle directement des considérations
exposées au paragraphe 1.
Des transformateurs de mesure abaisseurs de courants seront connectés conformément au
schéma de la figure 9 si la valeur efficace du courant dépasse la valeur qu’un appareil de
mesure peut supporter.

Figure 10

2.3.2. Méthode des deux wattmètres (Figure 11)

Figure 11

Le domaine d’utilisation de cette méthode découle directement des considérations


exposées au paragraphe 1.
Des transformateurs de mesure abaisseurs de courants seront connectés conformément au
schéma de la figure 9 si la valeur efficace du courant dépasse la valeur qu’un appareil de
mesure peut supporter.

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3. TRAVAIL A EFFECTUER
3.1. Régime équilibré, neutre relié
3.1.1. Essai préliminaire
On considère le réseau triphasé 220V (neutre disponible) ; ce réseau débite dans une
charge constituée d'un ensemble de 3 résistances connectées en étoile et de 3 inductances
montées en triangle conformément au schéma de la figure 12.

En régime équilibré (même valeur de la résistance pour les 3 phases et même valeur de
l'inductance, dernière condition qui est automatiquement remplie de par la réalisation des
résistances et des inductances), régler la charge (ensemble résistances et inductances) de sorte
que le courant en ligne I1 dans la phase 1 soit égal à 7 Aeff environ et que ce courant présente un
déphasage  par rapport à V1N tel que cos  = 0,5. Mesurer la puissance W1 qui transite du
réseau vers la charge par la phase 1 et le neutre.

3.1.2. Prédéterminer, dans les mêmes conditions, les puissances W2 et W3 qui transitent vers la
charge respectivement par la phase 2 et le neutre, et, la phase 3 et le neutre, ainsi que les
courants I2, I3, IN. En déduire les puissances active et réactive fournies par la source
triphasée à la charge.

3.1.3. Vérifier expérimentalement les résultats du paragraphe 3.1.2.

3.1.4. Toujours dans les mêmes conditions, déterminer la validité éventuelle de la méthode des
deux wattmètres pour la mesure des puissances. Si on peut utiliser cette méthode,
prédéterminer les valeurs de W1 et W2. En déduire les puissances active et réactive qui
transitent du réseau vers la charge.

Figure 12

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3.1.5. Vérifier expérimentalement les résultats du paragraphe 3.1.4. et les comparer à ceux du
paragraphe 3.1.3.

3.2. Régime déséquilibré


Sans modifier les réglages de R et de L, on déséquilibre le réseau précédent en plaçant
entre A et n une résistance supplémentaire constituée de la mise en parallèle des trois
résistances R’ d'un rhéostat, dont la valeur est telle que I soit voisin de 10 Aeff.

3.2.1. Mesurer W1, W2, W3 correspondant â la méthode des 3 wattmètres.


Mesurer W1 et W2 correspondant à la méthode des deux wattmètres.

3.2.2. En déduire la puissance active consommée par la charge. Prédéterminer ou


mesurer la valeur de la puissance réactive consommée par la charge.

3.2.3. Mesurer le courant dans le neutre.


Conclure quant à la validité des méthodes de mesure de puissance utilisées.

3.2.4. Recommencer les mêmes essais qu'au paragraphe 3.2.1. après avoir déconnecté le
neutre, mais sans modifier les réglages de R et L. Le réglage de R’ sera tel que I1
soit voisin de 9 A eff.
Conclure quant à la validité des méthodes de mesure de puissance utilisées.

3.3. Débit sur charge capacitive


Effectuer les essais du paragraphe 3.1. en remplaçant les inductances par des
condensateurs, les condensateurs étant montés en triangle.

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24/10/2023

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