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COURS

D’ELECTROTECHNIQUE

Pr. Khalid EL MAJDOUB


COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

LE RÉGIME SINUSOÏDAL.

I. GRANDEURS CARACTERISTIQUES DES SIGNAUX PERIODIQUES :


Une grandeur physique (courant, tension, etc.) est dite périodique si elle reprend
identiquement la même valeur à intervalles de temps égaux.
Période T : temps minimal nécessaire pour retrouver la même valeur de la fonction.
Fréquence F : inverse de la période.
1
F=
T
Valeur instantanée i ou i(t) : la fonction elle-même.
Valeur maximale I : amplitude ou valeur de crête (une valeur instantanée particulière)
Valeur moyenne I0 :
T


1
I0 = i( t ) dt
T 0
La valeur moyenne d'un courant périodique est égale à l'intensité du courant continu qui
fournirait la même charge (q = I0 T) pendant une période.
Valeur efficace Ieff :
T


1
I eff = i 2 ( t ) dt
T 0
Si nous comparons à l'énergie dissipée par effet Joule dans une résistance pendant une période
:
T


WJoule = R i 2 ( t ) dt = R I eff
0
2
T

Nous observons que la valeur efficace d'un courant périodique est l'intensité d'un courant
continu qui fournirait dans une résistance le même effet Joule pendant une période.
On parle de régime permanent sinusoïdal lorsque l'évolution temporelle des signaux
correspond à des sinusoïdes. La forme générale d'un signal sinusoïdal est donc :
i( t ) = I sin (ω t + ϕ)
Rappelons quelques définitions : Phase instantanée : ωt + ϕ
Phase à l'origine ou déphasage : ϕ
Pulsation : ω

Période : T=
ω

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1 ω
Fréquence : F= =
T 2π
Calculons les valeurs moyenne et efficace :
T


1
I0 = sin (ω t + ϕ) dt = 0
T 0
T T
I2 I2 I2
∫ ∫
2 1 − cos [ 2 (ω t + ϕ)] I
I eff = sin 2 (ω t + ϕ) dt = dt = ⇒ I eff =
T 0 T 0 2 2 2

II. REPRESENTATIONS D'UNE GRANDEUR SINUSOÏDALE :


Pour faciliter les calculs il est possible de faire appel à deux représentations des grandeurs
sinusoïdales. Ces deux représentations consistent à associer à une grandeur sinusoïdale un
vecteur tournant dans un plan. La projection de ce vecteur sur un des deux axes peut alors
donner accès à la grandeur considérée. La représentation peut être graphique, il s'agit de la
représentation de Fresnel. Elle peut être analytique. En effet à tout vecteur on peut associer un
nombre complexe dont la partie réelle est égale à une composante de ce vecteur et la partie
imaginaire à l'autre composante dans un repère orthonormé.

A. Représentation de Fresnel :
Le vecteur de Fresnel associé à un signal sinusoïdal est un vecteur tournant dont la vitesse
angulaire est égale à la pulsation du signal. La norme de ce vecteur est égale à l'amplitude du
signal et l'angle polaire est à tout instant égal à la phase instantanée du signal. La valeur
algébrique du signal est donnée par la projection du vecteur tournant sur l'axe vertical.

i(t)
+

i ( t ) = I sin ( ω t + ϕ )
I
ωt + ϕ

Lorsqu'on ne compose que des signaux de même période, on ne s'intéresse en fait qu'aux
déphasages relatifs. Il n'est donc pas nécessaire de faire tourner la figure. On se contente d'un
vecteur fixe ayant pour norme l'amplitude du signal et pour angle polaire son déphasage.

Notation : I = I ∠ ϕ
I
ϕ

Intéressons nous à la somme de deux fonctions sinusoïdales de même fréquence :

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Y ( t ) = y1 ( t ) + y 2 ( t )
y 1 ( t ) = a 1 sin ( ω t + ϕ 1 ) = a 1 (sin ω t cos ϕ 1 + cos ω t sin ϕ 1 )
y 2 ( t ) = a 2 sin ( ω t + ϕ 2 ) = a 2 (sin ω t cos ϕ 2 + cos ω t sin ϕ 2 )
Il vient :
Y( t ) = (a 1 cos ϕ1 + a 2 cos ϕ 2 ) sin ω t + (a 1 sin ϕ1 + a 2 sin ϕ 2 ) cos ω t
Nous pouvons introduire deux paramètres réels A > 0 et φ, tels que :
⎧⎪a 1 cos ϕ1 + a 2 cos ϕ 2 = A cos φ

⎪⎩a 1 sin ϕ1 + a 2 sin ϕ 2 = A sin φ
Avec :
⎧A 2 = a12 + a 22 + 2 a 1 a 2 (cos ϕ1 cos ϕ 2 + sin ϕ1 sin ϕ 2 ) = a 12 + a 22 + 2 a 1 a 2 cos (ϕ 2 − ϕ1 )
⎪⎪
⎨ a sin ϕ1 + a 2 sin ϕ 2
⎪tan φ = 1
⎪⎩ a1 cos ϕ1 + a 2 cos ϕ 2
En reportant dans l'expression de Y(t) nous obtenons :
Y( t ) = A (sin ω t cos φ + cos ω t sin φ) = A sin (ω t + φ)
Nous aurions pu raisonner directement sur la figure ci-dessous et à partir de celle-ci retrouver
l'amplitude A et le déphasage φ du vecteur somme des deux vecteurs représentant les
fonctions y1 et y2.

ϕ2 - ϕ1
A
a2
a1
ϕ2
φ
ϕ1

La mise en équation de certains dipôles fait intervenir la dérivation ou l'intégration. Essayons


de voir comment peuvent se traduire ces opérations dans la représentation de Fresnel.
Considérons une fonction sinusoïdale :
y( t ) = a sin (ω t + ϕ)
Dérivons cette fonction :
d y( t )
= a ω cos (ω t + ϕ) = a ω sin (ω t + ϕ + π / 2)
dt
La dérivée correspond à la multiplication de l'amplitude par la pulsation ω et se trouve en
quadrature avance par rapport au signal. De même intégrons la fonction :


a a
y( t ) dt = − cos (ω t + ϕ) = sin (ω t + ϕ − π / 2)
ω ω
La primitive correspond à la division de l'amplitude par la pulsation ω et se trouve en
quadrature retard par rapport au signal. La figure ci-dessous résume la représentation
graphique de ces deux opérations.

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ϕ + π/2 a

ϕ − π/2

a/ ω

B. Notation complexe :
A toute fonction sinusoïdale d'amplitude a et de phase instantanée ω t + ϕ nous pouvons faire
correspondre un nombre complexe défini par :
y( t ) = a [cos (ω t + ϕ) + j sin (ω t + ϕ)] = a e j (ω t + ϕ) = a e j ϕ e j ω t
Où j représente l'imaginaire pur : j2 = -1 (notation de physicien). Dérivons cette fonction
complexe par rapport à t :
d y( t )
= j ω a e j ϕ e j ω t = j ω y( t )
dt
La dérivation correspond à une multiplication par j ω .
Calculons la primitive de cette fonction complexe :


1 1
y( t ) dt = a e jϕ e jω t = y( t )
jω jω
L'intégration se transforme en une division par j ω .

Impédances complexes
On appelle impédance d'un dipôle linéaire passif (résistance, capacité ou self) la grandeur
complexe Z(jω) qui relie dans la représentation complexe la différence de potentiel au courant
:

u(t)

dipôle u ( t ) = Z ( j ω ) i( t )
A B
i(t)
Avec les notations suivantes pour l'impédance complexe :
Z( j ω) = R + j X = Z e j ϕ
Et son inverse :
1 R− jX
Y= = = G + j B = Y e− jϕ
Z 2
Z
• La partie réelle R de l'impédance est appelée résistance.
• La partie imaginaire X de l'impédance est appelée réactance.
• La grandeur |Z| est appelée module de l'impédance.

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• La grandeur ϕ représente le déphasage de l'intensité i(t) par rapport à la tension u(t).


• La grandeur Q = |X|/R est appelée facteur de qualité du dipôle.
• La grandeur Y = 1/Z est appelée admittance du dipôle.
• La partie réelle G de l'admittance est appelée conductance.
• La partie imaginaire B de l'admittance est appelée susceptance.

Considérons l'impédance des trois dipôles de base.


Résistance pure :

u ( t ) = v A ( t ) − v B ( t ) = R i( t )
i En notation complexe :
A B
u(t) = U e j ω t
R
u ( t ) = R i( t )
u
Donc : Z R ( j ω) = R
Condensateur parfait :
d q( t ) ⎫
i( t ) =
dt ⎪⎬ ⇒ i( t ) = C d u ( t )
i dt
q( t ) = C u ( t )⎪⎭
A q B En notation complexe :
u(t) = U e j ω t
C
d u(t)
u i( t ) = C = j ω C U e j ω t = j ω u(t)
dt
1 1 − jπ / 2
Donc : Z C ( j ω) = = e
jC ω C ω
Inductance pure :
d i( t )
i u(t) = L
dt
A B En notation complexe :
L
i( t ) = I e j ω t
u
u ( t ) = L j ω I e j ω t = L j ω i( t )
Donc : Z L ( j ω) = j L ω = L ω e j π / 2
C. Notation complexe :
Grâce à la notation complexe toutes les lois de base (nœuds, mailles, association en série,
association en parallèle, superposition, Norton, Thévenin, Millman, etc.) qui ont été obtenues
pour les réseaux de résistances en régime continu restent valables en régime permanent
sinusoïdal, les impédances jouant le rôle des résistances. C'est-à-dire qu'il est possible d'écrire
les équations régissant l'étude d'un circuit sans passer par les équations différentielles.
Reprenons l'exemple sur la figure ci-dessous. Remplaçons chaque dipôle par son impédance,
nous pouvons modéliser le circuit comme indiqué. Nous pouvons écrire :

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ZR ZL

+ i
v ZC
-

v( t ) = Z R i( t ) + Z L i( t ) + Z C i( t )
⎛ 1 ⎞
v( t ) = Z i( t ) avec Z = Z R + Z L + Z C = R + j ⎜⎜ L ω − ⎟⎟
⎝ C ω ⎠

III. PUISSANCE EN REGIME SINUSOÏDAL :


A. Puissance moyenne
Nous avons vu qu'en convention réceptrice la puissance reçue par un dipôle s'écrit :
u

p( t ) = u ( t ) i( t )
A B
i
En régime sinusoïdal, la tension et l'intensité sont des fonctions sinusoïdales de même
pulsation. Notons ϕ le déphasage de la tension par rapport à l'intensité. Un choix de l'origine
des temps nous permet donc d'écrire :
⎧i( t ) = I sin ω t

⎩u ( t ) = U sin (ω t + ϕ)

u(t) i(t)

T /2

Calculons la puissance instantanée :


1
p( t ) = U I sin ω t sin (ω t + ϕ) =
U I [cos ϕ − cos (2 ω t + ϕ)]
2
La puissance instantanée apparaît donc comme la somme d'un terme constant et d'une
fonction sinusoïdale de fréquence double. Le terme constant est la puissance moyenne reçue
par le dipôle sur une période :

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1 1
P=<p>= p( t ) dt = U I cos ϕ
T 0 2
Cette quantité est également appelée puissance active.
p (t)

<p>

T /2 T

Au début de ce chapitre nous avons calculé la valeur efficace d'une fonction sinusoïdale. En
utilisant ce résultat nous avons pour la tension et l'intensité :
⎧ U
⎪U eff = 2


⎪I = I
⎪ eff 2

Nous pouvons donc réécrire la puissance active sous la forme :
P = U eff I eff cos ϕ
Ce qu'on écrit encore sous la forme du produit de la puissance apparente S et du facteur de
puissance λ =cos ϕ:
P =Sλ
Avec :
⎧ 1
⎪S = U I = U eff I eff
⎨ 2
⎪⎩λ = cos ϕ
Facteur de puissance :
Pour distribuer l'énergie, le distributeur utilise des câbles et des transformateurs. Le passage
du courant provoque des pertes qui peuvent être :
OHMIQUES : donc en phase avec le courant consommé.
INDUCTIVES : par exemple dans les moteurs, les tubes fluorescents TL, et toutes les
applications industrielles. Cela implique que le distributeur va fournir plus d'énergie que celle
comptabilisée. Cela implique d'une part de devoir surdimensionner les installations de
distribution, et d'autre part de ne pas pouvoir en facturer la totalité.
CAPACITIVES : par exemple la construction des câbles et des lignes de transport forme des
condensateurs. Ces pertes capacitives sont moins gênantes pour le distributeur, car elles vont
améliorer et compenser le déphasage provoqué par les moteurs et les autres charges
inductives. Mais malheureusement dans de faibles proportions.

Pour un distributeur, il est donc important d'avoir une puissance apparente S aussi proche que
possible de la puissance active P afin d'améliorer le rendement de son transport d'énergie. En
conclusions, le distributeur d'énergie a intérêt à ce que le consommateur conserve un angle de
déphasage le plus proche de 0 [°].

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Cela nous amène à définir le FACTEUR DE PUISSANCE.

Exemple 1:
Une charge est connecté au réseau 230 [V] alternatif 50 [Hz]. Les indications des différents
appareils de mesures donnent :
I = 4.5 [A] cosφ = 0.8 AR.
Calculer la puissance apparente S fournie à la charge.
Données :
U = 230 [V] cosφ= 0.8 AR I = 4.5 [A] f = 50 [Hz] S = ?
Application numérique :
S = 230. 4.5 = 1035 [VA]
Exemple2 :
Les mesures opérées sur le primaire d'un transformateur ont donné les résultats suivants : 382
V 11 A 0.62 kW. Calculer P, Q, S, pour le dispositif complet.
Application numérique : 5. 4202 [VA] 620 [W] 4156 [var].

Pour essayer d'appréhender une conséquence concrète de cette décomposition, considérons un


usager consommant une puissance moyenne P. Le réseau d'alimentation électrique doit
fournir une puissance supérieure pour compenser les pertes dans la ligne. Nous pouvons écrire
cette perte sous la forme :
2
PL = R L I eff
Où RL représente la résistance de la ligne. Calculons le rapport PL/P :
2
PL R L I eff R L I eff RL P
= = =
P U eff I eff cos ϕ U eff cos ϕ U 2 cos 2 ϕ
eff
Pour minimiser les pertes l'opérateur doit donc essayer de :
• minimiser la résistance de la ligne ;
• augmenter Ueff (d'où l'utilisation de lignes haute tension);
• avoir un facteur de puissance aussi grand que possible en valeur absolue.

B. Puissance complexe :
La puissance instantanée n'étant pas une fonction sinusoïdale sa représentation complexe n'est
pas autorisée. Nous introduisons toutefois une puissance complexe définie par :
1 * 1 1
P = u i = U I e j ϕ = U I (cos ϕ + j sin ϕ )
2 2 2
Cet abus nous permet de retrouver la puissance active et la puissance apparente. On note
généralement P et Q les parties réelle et imaginaire de la puissance complexe :
P = P + j Q = S e jϕ

Avec :

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1
P = Re P = U I cos ϕ puissance active
2
1
Q = Im P = U I sin ϕ puissance réactive
2
1
S= P = UI puissance apparente
2

C. Théorème de Boucherot :
La puissance active consommée par une installation est égale à la somme des puissances
actives consommées par chacun de ses sous-ensembles. La puissance réactive consommée par
une installation est égale à la somme des puissances réactives consommées par chacun de ses
sous-ensembles.
Remarque : Ce théorème ne s’applique pas aux puissances apparentes, que l’on ne peut
cumuler (la puissance apparente est une somme complexe, de composantes pas
nécessairement en phase).

IV. RESEAUX ELECTRIQUES TRIPHASES :


Un système triphasé (souvent abrégé 3~) est une catégorie particulière de réseau polyphasé
à trois grandeurs (tensions ou courants) sinusoïdales de même fréquence. Le système est
symétrique si les grandeurs sinusoïdales sont de mêmes valeurs efficaces et déphasées de
2π/3. Il est direct si les phases sont ordonnées dans le sens trigonométrique inverse et inverse
dans l’autre cas.

Un réseau triphasé est un assemblage de trois générateurs de tension indépendants connectés


en étoile, c’est à dire avec un pôle commun appelé point neutre. La ligne est l’ensemble des
conducteurs transportant l’énergie. On distingue trois conducteurs (un par phase) et
éventuellement un quatrième pour le retour du courant appelé conducteur de neutre.
Par convention, les trois phases sont notées R, S et T, tandis que N désigne le neutre. Elles
peuvent aussi être numérotées 1, 2 et 3, le neutre conservant sa notation N. C’est cette
notation qui sera utilisée.

Pourquoi des systèmes triphasés?

• Les systèmes triphasés équilibrés permettent de créer des champs tournants qui sont
essentiels dans le fonctionnement de bien des actionneurs électriques.

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• A masse égale (donc à coût égal), une machine triphasée permet de convertir plus
d'énergie qu'une machine monophasée (de 50% à 100% de plus). A puissance égale,
les machines triphasées sont donc moins coûteuses que leurs homologues
monophasés.
• La puissance instantanée fournie par un système triphasé équilibré est constante. Ceci
est très important dans les machines tournantes car on évite ainsi les fluctuations de
puissance (et donc du moment du couple) qui sont à l'origine de vibrations qui peuvent
être préjudiciables au système.
• De plus, à puissance, tension et résistance par conducteur égale, une ligne triphasée
consomme moins d'énergie qu'une ligne monophasée et demande une quantité de
matière moindre pour réaliser la ligne.
• La somme de grandeurs triphasées équilibrées est nulle ce qui permet notamment de
simplifier l'association de trois phases entre elles.

A. Les tensions simples :


Puisque les grandeurs sont sinusoïdales, les tensions et courants utiliseront la notation
complexe. Les trois tensions entre phase et neutre sont les tensions simples, notées V. Le
Tableau regroupe les formes temporelles et complexes de ces tensions.

B. Les tensions composées :


En retranchant deux tensions simples consécutives, on établit l’expression des tensions
composées, notées U, entre deux phases. Voici le détail du calcul pour la tension U12 :

En effectuant les mêmes évaluations pour les autres tensions.

Ces trois tensions forment un système triphasé symétrique en avance de π/6 sur celui des
tensions simples. Le rapport des modules des tensions simples et composées est
3 : U = 3V On notera enfin, qu’à chaque instant, la somme des trois tensions simples,
comme celle des trois tensions composées est nulle.

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Les couples de tensions sont notés tension simple/tension composée (V/U). Ceux couramment
rencontrées dans l’industrie sont 230/400 V et 380/660 V.

C. Couplage étoile :
Dans le couplage étoile, les éléments de la charge sont soumis aux tensions simples .Le point
neutre de la charge peut être ou non relié au neutre distribué. Les courants dans la ligne I1, I2
et I3 sont ceux dans les éléments :

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D. Couplage triangle :
Dans le couplage triangle, les éléments de la charge sont soumis aux tensions composées. Les
courants J1, J2 et J3 circulent dans les éléments, ils sont donc déphasés de –ϕ par rapport aux
tensions composées :

Le module des courants en ligne est 3 plus élevé que celui dans les éléments :
I = J 3 Les courants en ligne forment un système triphasé équilibré en retard de π/6 sur
celui des éléments.

E. Puissances en triphasé :
E.1. Charge triphasée déséquilibrée (ou quelconque) :
La puissance instantanée absorbée par le récepteur est la somme des puissances
véhiculées par chaque phase:

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En cas de charge déséquilibrée, tensions et courants sont déphasés de ϕ1, ϕ2 ou ϕ3


suivant les phases. La puissance active est la valeur moyenne :

Et la puissance réactive s’écrit alors :

E.2. Charge triphasée équilibrée :


Si la charge est équilibrée, les trois impédances, donc les trois déphasages sont
identiques : ϕ1 = ϕ2 = ϕ3 = –ϕ
Les tensions et courants ont alors les expressions instantanées suivantes :

En ajoutant les puissances instantanées :

Le terme entre crochets est la somme de trois cosinus d’angles équi-répartis sur le cercle
trigonométrique, ils sont donc nuls.
La puissance active consommée par la charge est constante. A la différence de la
puissance moyenne en monophasé, aucun terme de puissance fluctuante n’apparaît dans
l’expression :

Cette particularité est très appréciable dans certaines applications, telle l’électromécanique pas
exemple. Le couple délivré sur l’arbre des machines tournantes, souvent proportionnelle au
courant, se trouve débarrassé de composantes vibratoires préjudiciables à la longévité des
paliers mécaniques. La puissance réactive est la par imaginaire de la puissance complexe :

Ce qui permet d’écrire la puissance complexe :

La puissance apparente est le module de cette puissance complexe :

Les puissances peuvent donc toujours s’écrire :

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LE TRANSFORMATEUR.

I. Notion générales sur les circuits magnétiques :


De nombreux dispositifs font appel à des matériaux magnétiques doux ferromagnétiques ou
ferrimagnétiques (transformateurs, machines électriques tournantes, électroaimants…).
Remarque : on parle de matériaux doux par opposition aux matériaux durs. Les premiers
servent à concentrer le flux magnétique, ont des champs coercitifs Hc et des inductions
rémanentes Br faibles, ce qui fait qu’en absence d’excitation, ils ne créent pas de champ dans
leur voisinage. En revanche, les seconds également appelés aimants, ont des Hc et des Br
élevés, et créent un champ dans leur voisinage en absence d’excitation.
Matériaux doux : Tôle FeSi à grains orientés ou à grains non orientés, tores ferrites…
Matériaux durs : Aimants ferrites, NdFeB (Néodyne)…

I.2. Circuit magnétique :


Un matériau de forte perméabilité tend à canaliser le flux magnétique. On peut donc faire
une analogie avec un matériau de forte conductivité électrique, qui canalise le courant, flux
de la densité de courant électrique.

I.2.1. Relations fondamentales :


On s'intéresse à un circuit fermé constitué d'un matériau magnétique parcouru par un flux.
Nous allons considérer un tube de champ de B, qui, si nous négligeons les fuites
magnétiques, à la même forme que le matériau.

n1 n2

I2
I1

Nous allons désormais utiliser deux relations importantes.

A. la conservation du flux :
Le flux est constant à travers toute section S du tube de champ matérialisé par le circuit. Si on
suppose que B est homogène sur toute section droite du circuit magnétique, on peut écrire
plus simplement que φ=B S.
B. théorème d'ampère appliqué le long d'une ligne de champ :
Si ni nombre algébrique de spires du bobinage (i) enroulé sur le circuit et parcouru par le
courant Ii , on a alors :

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1.2.2. Notion de réluctance (en principe, pour un matériau linéaire uniquement) :


r r
Si le matériau est linéaire dans la plage de travail considérée, alors on a B = μΗ si S est la
section droite du matériau au point considéré, alors :

La grandeur définie par la dernière intégrale ne dépend que des données géométriques du
circuit magnétique. On l'appelle réluctance (on la notera R).

Donc, dans le cas d'un circuit linéaire, le théorème d'ampère nous conduit à la relation
d'Hopkinson :

• Remarque: par analogie avec les circuits électriques, on constate que deux réluctances en
série s'ajoutent alors qu'en parallèle, ce sont les inverses des réluctances qui s'ajoutent.

Exemple de calcul simple: on considère un circuit magnétique en fer doux (longueur L=1m,
section S=100 cm2, perméabilité relative µr=500) en série avec un entrefer (longueur e = 2 cm,
section S=8 cm2). On bobine 1000 spires sur le circuit. Quel courant doit-on faire passer dans
le bobinage pour que B=1T dans l'entrefer? (la structure décrite correspond à un
électroaimant)

S
7 -1
R entrefer=e/(µ0.S)=1,99.10 H
R fer=L/(µ0.µr.S)=0,016.107 H-1
La valeur de la réluctance globale du circuit dépend principalement de l'entrefer (cas fréquent)
donc :

Dans l'entrefer, φ=B S=8.10-4Wb. Le courant à appliquer est donc de 16A environ.
Remarque: l’effet d’un entrefer sur la caractéristique φ (I).
Nous venons de voir que la présence d’un entrefer dans le circuit magnétique augmentait
considérablement la réluctance de ce dernier. La pente de la courbe φ (I) est donc beaucoup
plus faible en zone linéaire. En prolongeant sur les zones de saturation, on obtient des
caractéristiques suivantes :

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Sans entrefer
φ

Avec entrefer

La présence d’un entrefer tend donc à linéariser la caractéristique de flux du circuit


magnétique. Nous nous servirons par la suite de cette remarque pour introduire une relation
linéaire entre flux et courant dans le cas de circuits comportant un trajet important dans l’air.

II. Bobine à noyau de fer :


Une bobine à noyau de fer est un circuit magnétique (principalement à base de matériau
r
ferromagnétique ou ferrimagnétique) dans lequel le champ H est créé par un bobinage
parcouru par un courant.

• Alors, on a

L est appelée inductance propre.


Si la tension d'entrée est sinusoïdale, alors le courant le sera aussi. Si on néglige les fuites
magnétiques, on ne retrouve que l'inductance propre proportionnelle au carré du nombre de
spires.
• Il faut noter que ce cas n'a de sens que pour de faibles valeurs de B dans le matériau (avant
la saturation), c’est à dire pour des valeurs d’excitation faibles (faibles courant dans le
bobinage). Lorsque le circuit magnétique va saturer, les lignes de champ étant moins bien
canalisées, les fuites vont augmenter tout comme l’inductance de fuite.

II.3.1. Hypothèse de Kapp :


Nous allons négliger le flux de fuite et la résistance du bobinage. Cela revient à dire que:

Fréquemment, en électrotechnique, U(t) est sinusoïdale. Compte tenu de l'hypothèse, on


constate alors que φc l’est aussi (en réalité, cette relation ne peut pas être vraie sur toute une
période…il faut bien que la dérivée du flux commun s’annule ! en pratique).
On dit qu'un tel système fonctionne à flux forcé. C'est les cas de la plupart des dispositifs
électrotechnique (transformateurs, machines tournantes…). Cette hypothèse se justifie, dans
la mesure où l’inductance de fuite et la résistance des bobinages sont des effets parasites
qu’on cherche toujours à minimiser lors de la construction des systèmes.

II.3.2. Relation entre Ueff et Bmax :

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On suppose que U(t)= 2 Ueff sin(ωt) et on fait l'hypothèse du flux forcé. Alors, en supposant
que B est homogène sur une section droite S quelconque du circuit magnétique, on a φc=B S
ce qui conduit à :

U eff = 4,44 f n S Bmax C’est la relation de Boucherot.


Cette relation est importante pour le dimensionnement des dispositifs. On constate que sa
valeur maximale dépendra de la tension d’entrée imposée au système.

II.3.3. Forme du courant quand le flux est forcé sinus :


Dans le cas d'un matériau non linéaire mais sans hystérésis, le courant est distordu mais non
déphasé par rapport au flux φ. On constate que si on impose un flux trop important, on va
faire apparaître un pic de courant, qui sera d’autant plus marqué que la saturation sera
brutale.

Dans le cas d'un matériau non linéaire avec hystérésis, le courant est distordu et déphasé (en
avance) par rapport au flux φ.

II.4. Les pertes dans les matériaux ferromagnétiques doux :


Les pertes fer sont liées aux phénomènes inductifs résultants de la variation d'induction dans
la matière. On les décompose classiquement en pertes par hystérésis (origine microscopique)
et pertes par courant de Foucault (origine macroscopique). En fait dans les deux cas, il s'agit
de courants de Foucault.
Les pertes d'origine magnétique dans un matériau sont dues à des courants de Foucault. Elles
résultent donc de phénomènes inductifs, mais plusieurs processus doivent être pris en
Compte.

Pr. K. EL MAJDOUB
18
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

II.4.1. Pertes par hystérésis :


Une fois le matériau aimanté, si on diminue lentement H, on ne reste pas sur la courbe de
première aimantation. En fait on décrit un cycle, appelé cycle d'hystérésis.

Courbe de première
Br aimantation
H
Hc

Si ce cycle a été relevé pour des évolutions suffisamment lentes, son aire représente
l'énergie volumique dissipée par les « pertes par hystérésis ». Ces pertes sont dues à des
courants de Foucault résultant des variations locales d'induction provoquées par l'évolution de
la structure magnétique (mouvement des parois essentiellement). Ces pertes seront d'autant
plus importantes que la structure cristallographique comporte des impuretés qui perturbent
le processus d'aimantation.
On modélise souvent la puissance dissipée par ces pertes par :

II.4.2. Pertes par courants de Foucault :


Les pertes par "courants de Foucault", sont dues à la fréquence de l'excitation. En effet, si on
fait évoluer H périodiquement à une fréquence élevée, on observe toujours un cycle
d'hystérésis, mais celui-ci sera d'aire plus importante que celui relevé pour des évolutions très
lentes de H. L'aire du cycle augmente donc avec cette fréquence, et parler de cycle
d’hystérésis n’a pas de sens si on ne précise pas pour quelle fréquence d’excitation on l’a
relevé.

La différence entre l'aire des deux cycles représente ce que l'on appelle les pertes par
courants de Foucault. En fait elles sont dues aux courants de Foucault macroscopiques qui
apparaissent avec l'augmentation de la vitesse de déplacement des parois de domaine due à
l’augmentation de la fréquence. On modélise souvent la puissance dissipée par ces pertes par :

Pr. K. EL MAJDOUB
19
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

Remarques :
• les pertes par hystérésis sont proportionnelles à la fréquence F ainsi qu’à l’aire du cycle
d’hystérésis. Pour diminuer ces pertes il faut choisir des matériaux ayant des cycles
d’hystérésis les plus étroits possible (acier doux au silicium).
• Les pertes par courants de Foucault varient proportionnellement au carré de la fréquence.
Pour réduire ces pertes on utilise un empilement des tôles minces isolées entre elles par un
isolant : papier, verni… et on utilise des matériaux ferromagnétiques à résistivité
électrique élevée.

III. Le transformateur monophasé:


• La distribution de l'énergie électrique, qu'elle soit domestique ou industrielle, se fait
généralement sous tension faible ou moyenne (220V, 380V ou 25kV) pour des raisons de
commodité d'emploi (puissance utile…) et de sécurité. En revanche, le transport se fait
sous tension élevée (pour diminuer la valeur du courant de ligne et donc les pertes Joule
dans les câbles). Pour cela, il est nécessaire, à l'entrée d'une usine ou d'un bâtiment
habitable, de disposer d'une machine permettant d'adapter le niveau de la tension de
distribution aux dispositifs qui vont utiliser l'énergie électrique. C’est le rôle des
transformateurs de distribution. Ils sont conçus pour fonctionner à 50 Hz (les matériaux
utilisés doivent avoir des pertes fer convenables à cette fréquence).
• Il existe des transformateurs particuliers conçus pour des applications autres que la
distribution. On peut citer l'autotransformateur qui permet d'obtenir en sortie un niveau
de tension réglable ou les transformateurs assurant une isolation galvanique dans les
dispositifs d'électronique de puissance (transformateur d'alimentation à découpage…).
• Dans tous les cas, le transformateur est une machine statique, qui permet de modifier le
niveau de tension du signal alternatif d'entrée sans modifier sa fréquence. Il faut noter
que le transformateur est un dispositif inductif et que par conséquent, il filtre la
composante continue du signal d'entrée.

III.1. Structure :

III.1.1. Réalisation du transformateur :


Un transformateur monophasé est constitué d'un circuit magnétique fermé (réalisé avec des
tôles isolées) sur lequel on monte deux enroulements concentriques (afin que le couplage soit
le meilleur possible). Le premier enroulement (celui qui reçoit la tension à transformer) est
appelé primaire alors que le second, aux bornes duquel on récupère le fruit de la
transformation, est appelé secondaire. On trouve principalement deux structures :
La première comporte un circuit magnétique à deux noyaux, chaque noyau portant la moitié
des bobinages primaires et secondaires (pour obtenir le meilleur couplage possible). On
pourra par exemple mettre les deux primaires et les deux secondaires en série.

Pr. K. EL MAJDOUB
20
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

La seconde comporte un circuit magnétique cuirassé. Une colonne centrale porte l'ensemble
des bobinages primaires et secondaires alors que les colonnes latérales servent à fermer le
circuit magnétique.

III.1.2. Réalisation du circuit magnétique :


Pour des raisons de coût, la plupart des transformateurs sont réalisés avec des alliages FeSi
avec environ 3,5 % de Si. Le Si sert à augmenter la résistivité de l'alliage par rapport au fer
pur et donc à limiter les courants de Foucault. On utilise souvent une structure anisotrope, dite
« à grains orientés », qui permet d’avoir une perméabilité plus élevée dans la direction du
flux. On trouve aussi des matériaux dits « à grains non orientés », moins performants quant à
la perméabilité et aux pertes, mais également moins coûteux.
Le matériau est adapté aux fréquences industrielles (50 ou 60 Hz). Néanmoins, les pertes par
courants de Foucault restent importantes et le feuilletage permet de les limiter. Le circuit
magnétique est donc réalisé à partir de tôles isolées.

III.2. Notations utilisées et Symbolisations :


On adopte différentes notations suivant les parties du transformateur que l’on décrit :
• primaire : indice 1 ;
• secondaire : indice 2 ;
• grandeurs à vide : indice 0 ;
• grandeurs nominales : indice n ;
• grandeurs en court-circuit : indice cc.

III.3. Transformateur parfait :

Un transformateur est dit parfait si les conditions suivantes sont vérifiées :


• La résistance des enroulements est nulle r1 = r2 = 0.
• La perméabilité du circuit magnétique est infinie, ce qui entraîne une réluctance nulle.
• Pas de pertes magnétiques (absence de fuites).
• Pas de pertes fer (pertes par hystérésis et courants de Foucault nulles).
• On suppose que le fer est non saturé.
Mise en équation des tensions :
Soient N1 et N2 le nombre de spires respectifs de l’enroulement primaire et secondaire.

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21
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e1 et e2 les f.e.m. induites aux primaire et au secondaire.


u1 = e1 (on adopte la convention récepteur).
u2 = e2.
N dφ N dφ
D’après la loi de Faraday u1 = 1 1 et u 2 = 2 2
dt dt
U1 = jωN1φ et U 2 = jωN 2φ
U N N
Alors : 2 = 2 on en déduit le rapport de transformation m = 2 .
U 1 N1 N1
• m > 1 on dit que le transformateur fonctionne en élévateur.
• m < 1 on dit que le transformateur fonctionne en abaisseur.
• m = 1 on dit que le transformateur assure l’isolation.
u1 = N1 2πFφ1eff
u1 = 4,44 N1 Fφ1max

Mise en équation des courants :


Appliquons la relation d’Hopkinson :
N 1 I 1 − N 2 I 2 = ℜφ = 0
I 2 N1 1
= =
I1 N 2 m
Le transformateur parfait transforme des courants dans un rapport inverse de celui des
tensions.
Conservation de la puissance :
U2 I I*
= m = 1 = 1*
U1 I2 I2
U 1 I1* = U 2 I 2*
S1 = S 2
P1 = P2
Q1 = Q2
Alors il conservation de la puissance active et réactive dans un transformateur parfait.

III.4. Transformateur réel :


III.4.1. Fonctionnement du transformateur à vide :
Le transformateur comporte deux enroulements de résistances r1 et r2 comportant N1 ou N2
spires. Le primaire reçoit la tension u1(t) et absorbe le courant i10(t). Le secondaire délivre la
tension u20(t) et un courant i20(t) nul puisqu’il est à vide.
Le flux φ10(t) créé par l’enroulement primaire se décompose en un flux de fuite au primaire
φf10(t) auquel s’ajoute le flux commun φC0(t) dans le circuit magnétique.

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Mise en équation des tensions :


Le comportement du primaire est celui d’une bobine à noyau de fer :
dφ di dφ
u1 = r1i10 + N 1 10 = r1i10 + l f 1 10 + N 1 c 0
dt dt dt
Considérations sur les courants :
Le courant au primaire n’est pas sinusoïdal. Pour y remédier, on effectue l’hypothèse de
sinusoïdalité du courant primaire. En conséquence et d’après le théorème d’Ampère, le champ
d’excitation, le champ d’induction et donc le flux sont des grandeurs sinusoïdales. Dans ces
conditions, on peut utiliser leur notation complexe
Mise en équations en grandeurs complexes :

Équations des flux :

III.4.2. Établissement du schéma équivalent :


On retrouve le comportement d’une bobine à noyau de fer. Le schéma ci-dessous est
identique à la différence de l’insertion d’un transformateur parfait en parallèle avec les
éléments de magnétisation et des pertes fer.

III.4.3. Représentation dans le plan de Fresnel :


Pour réaliser le diagramme de Fresnel, on trace successivement : E10 en référence, U20, I10P,
φC0, I10Q, I10, φf10, φ10, r1.I10, jlf1ωI10 et U1.

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N1ΦC0 ┴ U1

III.4.4. Équations des courants :


Hypothèse : en pratique industrielle la chute de tension au niveau du transformateur est
négligeable devant la tension primaire. La valeur maximale du flux est fixe et ne dépend que
de la tension u1 pour une fréquence donnée et pour un circuit donné. U 1 ≈ jωN1φC
N1 I1 − N 2 I 2 = ℜφC et ℜ = cte (circuit non saturé).
A vide I2 = 0 alors N1 I10 = ℜφc d’où N1 I1 − N 2 I 2 = N1 I10 = ℜφc
I2 N 1
Alors = 1 =
I1 − I10 N 2 m
III.4.5. Bilan des puissances :
Puisque c’est un élément de transfert d’énergie, l’étude du transformateur nécessite
d’effectuer un bilan des puissances mises en jeu dans le but de déterminer le rendement.
A vide, le transformateur absorbe une puissance active P10 et une puissance réactive Q10. Pour
effectuer le bilan des puissances, on utilise le théorème de Boucherot.

On peut écrire : P10= U10 I10 cos ϕ10 où Cos ϕ10 est le facteur de puissance à vide, On peut
aussi écrire : Q10= U10 I10 Sin ϕ10.

IV. Fonctionnement du transformateur en charge :


La présence d’un courant dans le bobinage secondaire a pour effet l’existence d’un flux de
fuite φf2 émanant de cet enroulement et nécessite la prise en compte de la résistance du
secondaire.

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COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

IV.1. Mise en équation :


Mise en équations des flux :
Flux total embrassé par les N1 spires du primaire : N1φ1=N1(φc+φf1).
Flux total embrassé par les N2 spires du secondaire : N2φ2=N2(φc-φf2).

Mise en équation des tensions :

Mise en équation des courants :


Le flux φc(t) est créé par le champ d’excitation magnétique H(t) dans le circuit magnétique.
Théorème d’Ampère sur la ligne moyenne l : Nl i1-N2 i2= H l (f.m.m.).
On identifie cette fmm (à celle créée par un courant i1µ dans le primaire du transformateur
lorsqu’il est à vide (c’est ce que l’on observe pratiquement : i1µ ≈ i10).
Donc: Nl i1-N2 i2= Nl i1µ.

Mise en équations en grandeurs complexes :

On pose E1 = jωN1φC , en quadrature avant sur le flux φc.

On pose E2 = jωN 2φC , en quadrature avant sur le flux φc, donc en phase avec E1 .
N
L’analyse de ces relations permet de définir le rapport de transformation : 2 = m
N1
Comportement des courants : Nl i1-N2 i2= Nl i1µ., soit I1 = I1µ + m I 2
Comportement des flux :
φ1 = φC + φ f 1
φ2 = φC + φ f 2

IV.2. Etablissement du schéma équivalent


Au schéma équivalent à vide vient s’ajouter l’influence des éléments du secondaire. On
définit alors le schéma équivalent complet du transformateur en charge.

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IV.3. Représentation de Fresnel :

Avec φ f 2 = l f 2 I 2

IV.4. Bilan des puissances :


On peut envisager le bilan de toutes les puissances, actives ou réactives, qui apparaissent dans
le transformateur :

IV.5 Comportement simplifié dans l’hypothèse de Kapp :


Les tensions primaire et secondaire à vide sont proportionnelles : elles sont dans le rapport de
transformation. En ce qui concerne les courants iµ intervient : Nl i1-N2 i2= Nl i1µ. Or, les
transformateurs sont réalisés de manière à ce que le courant à vide (donc N1iµ) soit le plus
faible possible. L’hypothèse de Kapp permet de négliger ce courant vis à vis de i1 si bien que
i1 et i2 sont dans le rapport de transformation.

Mise en équation :

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COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

IV.5.1. Etablissement du schéma équivalent simplifié :


Ramené au secondaire :
Dans ces conditions, on assimile tous les défauts à un circuit RL au secondaire du
transformateur.

On peut écrire l’équation du transformateur ramenée au secondaire :

Ramené au primaire :
Dans ces conditions, on assimile tous les défauts à un circuit RL au primaire du
transformateur.

IV.5.2. Détermination de la chute de tension ΔU2:

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27
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Le triangle de Kapp représente les défauts du transformateur. Ses dimensions sont faibles par
rapport au module de U2. Dans ces conditions U2 et U20 sont déphasées d’un angle θ proche
de zéro.

θ est faible, on réalise deux approximations de la chute de tension en charge ΔU2=U20-U2 :


ΔU 2 = R2 I 2 cos ϕ 2 + X 2 I 2 sin ϕ 2
Dans un contexte industriel, les grandeurs sont données relativement à la tension à vide :

On a alors :

IV.5.3. Rendement du transformateur :


Le transformateur est un élément essentiel de la chaîne de distribution de l’énergie électrique
pour des réseaux de très grande puissance. Dans la recherche d’une optimisation des coûts, il
est nécessaire de connaître le rendement du transformateur.
Le rendement d’un appareil est le rapport de la puissance restituée à la puissance fournie.

En résumé le rendement est maximal lorsque pertes fer et pertes Joule sont identiques.
Alors Pfer = R2 I 22
IV.6. Identification du transformateur :
La démarche expérimentale consiste à mesurer la puissance à vide, c’est à dire les pertes fer,
et la puissance en court-circuit, c’est à dire les pertes cuivre. Ces deux seuls essais, simples à
mettre en œuvre suffisent à déterminer la tension secondaire en charge et le rendement du
transformateur.

IV.6.1. Essai à vide sous tension nominale :


Dans un essai à vide, les courants, et par conséquent les pertes Joule, sont faibles. On mesure
les tensions primaire et secondaire à l’aide de voltmètres supposés parfaits (impédance
infinie), le courant primaire (ampèremètre d’impédance nulle) et la puissance absorbée au
primaire.

On se place au régime nominal pour relever les grandeurs suivantes :


• tension primaire U1 = U1n avec V1 ;
• tension secondaire U20 = E2 avec V2 ;

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• courant primaire à vide I10 qui n’est autre que le courant magnétisant Iµ avec A ;
• La puissance primaire P10 avec W.

Détermination de m :
Puisque le transformateur est à vide, la chute de tension dans r1 et lf1 est très faible par rapport
à E1 (l’essentiel de la tension primaire). La tension E2 est mesurée. On a alors :

Détermination des pertes fer matérialisées par la résistance Rµ :


Toutes les résistances sont ramenée au secondaire, où le courant est nul : Les pertes par effet
Joule sont nulles. On a donc :

Quel que soit le modèle utilisé, les pertes mesurées à vide représentent les pertes fer du
transformateur. Ces dernières ne dépendent que de la fréquence et de la tension primaire,
constantes en utilisation industrielle.

Détermination de la réactance magnétisante Xµ :


Dans ce cas :

= (U1I10)2 − P102

IV.6.2. Essai en court-circuit sous tension réduite :


Dans un essai avec secondaire en court circuit, il faut limiter la tension primaire pour se placer
au régime nominal de courant au secondaire. Dans ces conditions, les tensions sont faibles.
Pour amener le courant secondaire à la valeur nominale, la tension primaire est réglée avec
un autotransformateur. On mesure la tension primaire à l’aide d’un voltmètre supposé parfait
(impédance infinie), les courants primaire et secondaires (ampèremètres d’impédance nulle) et
la puissance absorbée au primaire.

On relève les grandeurs suivantes :


• tension primaire U1cc avec V ;
• courant primaire I1cc avec A1, essentiellement pour contrôler le courant dans le wattmètre
et éviter de dépasser le calibre courant de cet appareil ;
• courant secondaire I2cc = I2n avec A2 ;

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• La puissance primaire P1cc avec W.

Détermination de la résistance ramenée au secondaire R2 :


Dans ce cas :

Puisque puissance et courant sont mesurés, c’est la résistance R2 qui peut être déterminée dans
cet essai :

Puisque l’on se place au régime nominal de courant, les pertes mesurées en court circuit sont
les pertes Joule nominales, appelées aussi pertes cuivre car elles concernent uniquement la
dissipation de puissance dans les conducteurs électriques.

Détermination de la réactance ramenée au secondaire X2 :

V. Le transformateur triphasé :
Un transformateur triphasé est l’association de trois transformateurs tout en respectant un
couplage bien défini.
Choix du couplage :
Le choix repose sur trois (3) points :
• La présence du neutre dans une distribution coté basse tension ;
• La présence du neutre dans une distribution coté haute tension ;
• Il faut éviter d’avoir le même couplage pour éviter de transmettre le déséquilibre.

Rapport de transformation :
U ab ⎞
m= ⎟
U AB ⎟⎠ à vide
La puissance apparente :
S n = 3 U 20 I 2 n
V.2. Couplage d'un transformateur triphasé :
• Les enroulements haute tension d'un transformateur peuvent être reliés en étoile (symbole
Y) ou en triangle (D).
Les enroulements basse tension peuvent être montés en étoile (symbole Y), en triangle (D) ou
en Zig-Zag (Z).
L'association d'un mode de connexion de la haute tension avec un mode de connexion de la
basse tension caractérise un couplage du transformateur (Yz par exemple).

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• Pour représenter le schéma d'un transformateur triphasé, on fait les conventions suivantes.
On note par :
• A, B, C les bornes de la haute tension,
• a, b, c les bornes de la basse tension.
• Couplage Yy :

• Couplage Dy :

• Couplage Yz :

• Couplage Yd :

V.3. Les transformateurs usuels :

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U ab Calcul :
Le couplage m=
U AB
N2 V AN = KN 1 Van = KN 2
Yy
N1 U AB = 3KN 1 U ab = 3KN 2
N2 V AN = KN 1
Yd U ab = KN 2
3 N1 U AB = 3KN 1

3 N2 V AN = KN 1 Va = 3Va'
Yz
2 N1 U AB = 3KN 1 U ab = 3K N 2
2
N2 Van = KN 2
Dy 3 U AB = KN1
N1 U ab = 3KN 2
N2
Dd U AB = KN1 U ab = KN 2
N1

2 N2 Va = 3Va' Van = KN 2
Zy
3 N1 U ab = 3K N 2 U ab = 3KN 2
2

Bibliographie :
Séguier Guy et Nottelet Francis. Electrotechnique industrielle.
Claude Chevassu. Couplage des transformateurs :

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COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

INTRODUCTION AU MACHINES A COURANT ALTERNATIF.

Les champs tournants.


Ces champs sont à la base du principe de fonctionnement des machines électriques tournantes
à courants alternatifs. Nous allons nous intéresser à la façon de produire de tels champs à
partir d'un courant alternatif, puis à partir d'un système triphasé équilibré de courants.

Théorème de Leblanc.
Considérons un bobinage d'axe Ox parcouru par un courant i(t). Ce dispositif permet de créer
un champ sur l'axe Ox défini par

Considérons deux champs H+ et H- de norme constante Hm/2 qui tournent en sens inverse à
des vitesses ω et -ω. On constate alors que

Théorème de Leblanc:
Un bobinage alimenté par un courant i (t ) = I 2 cos(ωt ) crée un champ
r r
H = H m cos(ωt )u x qui est équivalent à la somme de deux champs de norme constante
Hm/2 qui tournent en sens inverse aux vitesses ω et -ω.

Conclusion: Ce théorème permet de comprendre comment obtenir un champ tournant au


moyen d'un seul bobinage. Nous verrons que cela permet d'expliquer le fonctionnement des
machines monophasées.

I.2 Théorème de Ferraris :


Considérons trois bobinages répartis dans l'espace de telle sorte que l'on passe de l'un d'entre
eux à son voisin par une rotation de centre O et d'angle 2π/3. Ces bobinages sont alimentés
par un système triphasé équilibré de courants. La structure se présente sous la forme suivante :

Pr. K. EL MAJDOUB
33
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

Courant et champ H résultant étant proportionnels, on a les champs suivants, dans l'axe de
chaque bobine:

En travaillant en complexes pour faire une somme de vecteurs, on va alors avoir :

Globalement, on trouve que

La partie réelle donne la composante suivant l'axe Ox et la partie imaginaire la composante


suivant l'axe Oy. On trouve donc un champ H qui tourne dans le plan Oxy autour de O.

Théorème de Ferraris :
Trois bobinages décalés de 2π/3, alimentés par des courants sinusoïdaux triphasés
équilibrés de pulsation ω permettent de créer un champ tournant à la vitesse ω. Ce
champ, équivalent à un rotor fictif, passe par l'axe d'une bobine quand le courant y est
extremum.
Remarque: Si on inverse deux phases, le sens de rotation est inversé. C'est de cette façon
qu'on modifiera le sens de rotation de la machine.
Remarque: On ne s'est intéressé qu'à la résultante de la composante des champs créés dans
l'axe des bobinages. Dans la pratique, on ne peut se contenter de s’intéresser à un champ
tournant uniquement au voisinage du point O. De par la structure des machines (entrefer fin
entre rotor et stator ferromagnétiques), le champ tournant va se retrouvé localisé dans
l’entrefer (si le matériau est de perméabilité quasi infinie, H est quasi nul dans les parties
ferromagnétiques).
De plus, en répartissant les bobinages du stator judicieusement, on va pouvoir faire en sorte
que la composante radiale de H dans l’entrefer évolue sinusoïdalement en fonction de la
position angulaire θ à un instant donné.

Pr. K. EL MAJDOUB
34
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

CHAPITRE 5 :

MACHINE ASYNCHRONE.

Introduction :
Le moteur asynchrone est de beaucoup le moteur le plus utilisé dans l’ensemble des
applications industrielles, du fait de sa facilité de mise en œuvre, de son faible
encombrement, de son bon rendement et de son excellente fiabilité. Son seul point noir est
l’énergie réactive, toujours consommée pour magnétiser l’entrefer. Les machines triphasées,
alimentées directement sur le réseau, représentent la grande majorité des applications ;
supplantant les machines monophasées aux performances bien moindres et au couple de
démarrage nul sans artifice.

I. ORGANISATION :
L’organisation d’une machine asynchrone est constituée des principaux éléments suivants :
• Le stator (partie fixe) constitué de disques en tôle magnétique portant les enroulements
chargés de magnétiser l’entrefer.
• Le rotor (partie tournante) constitué de disques en tôle magnétique empilés sur l’arbre
de machine portant un enroulement bobiné ou injecté.
• Les organes mécaniques permettant la rotation du rotor et le maintien des différents
sous-ensembles.

1. Stator :
Les différents types de moteurs asynchrones ne se distinguent que par le rotor ; dans tous
les cas le stator reste, au moins dans son principe, le même. Il est constitué d’un enroulement
bobiné réparti dans les encoches du circuit magnétique statorique. Ce circuit magnétique est
constitué d’un empilage de tôles dans lesquelles sont découpées des encoches parallèles à
l’axe de la machine.

Pr. K. EL MAJDOUB
35
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

2. Rotor bobiné :

Le rotor comporte un enroulement bobiné à l’intérieur d’un circuit magnétique constitué de


disques en tôle empilés sur l’arbre de la machine. Cet enroulement est obligatoirement
polyphasé, même si le moteur est monophasé, et, en pratique, toujours triphasé à couplage en
étoile. Les encoches, découpées dans les tôles sont légèrement inclinées par rapport à l’axe de
la machine de façon à réduire les variations de réluctance liées à la position angulaire
rotor/stator et certaines pertes dues aux harmoniques. Les extrémités des enroulements
rotoriques sont sorties et reliées à des bagues montées sur l’arbre, sur lesquelles frottent des
balais en carbone. On peut ainsi mettre en série avec le circuit rotorique des éléments de
circuit complémentaires (résistances, électronique de puissance…) qui permettent des
réglages de la caractéristique couple/vitesse. Ce type de moteur est utilisé essentiellement
dans des applications où les démarrages sont difficiles et/ou nombreux ; en effet les pertes
rotor pendant la phase de démarrage valant approximativement ½ Jω2 ne sont pas toujours
supportées par les cages.

Pr. K. EL MAJDOUB
36
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

3. Rotor à cage :

Le circuit du rotor est constitué de barres conductrices régulièrement réparties entre deux
couronnes métalliques formant les extrémités, le tout rappelant la forme d’une cage
d’écureuil. Bien entendu, cette cage est insérée à l’intérieur d’un circuit magnétique analogue
à celui du moteur à rotor bobiné. Les barres sont faites en cuivre, en bronze ou en aluminium,
suivant les caractéristiques mécaniques et électriques recherchées par le constructeur. Dans
certaines constructions, notamment pour des moteurs à basse tension (par exemple 230/400
V), la cage est réalisée par coulée et centrifugation d’aluminium. On démontre que, si le
nombre de barres est suffisamment grand (soit en pratique, Nb ≥ 8 p), la cage se transforme
automatiquement en un circuit polyphasé de polarité adéquate. Ce type de moteur, beaucoup
plus aisé à construire que le moteur à rotor bobiné est par conséquent d’un prix de revient
inférieur et à une robustesse intrinsèquement plus grande. Il n’est donc pas étonnant qu’il
constitue la plus grande partie du parc des moteurs asynchrones actuellement en service. Son
inconvénient majeur est qu’il a, au démarrage, de mauvaises performances (courant élevé
et faible couple). C’est pour remédier à cette situation qu’ont été développés deux autres
types de cages (rotor à double cage et rotor à encoches profondes).

4. Rotor à double cage :


Le rotor comporte deux cages coaxiales. L’une (fréquemment réalisée en laiton ou en bronze),
externe, à résistance relativement élevée, est placée près de l’entrefer, L’autre (en cuivre),
interne, de plus faible résistance, est noyée dans le fer. Au démarrage, le courant rotorique,
de fréquence égale à la fréquence f du réseau d’alimentation, se situe essentiellement dans la
cage externe, du fait de la faible pénétration des courant dans l’épaisseur du rotor (effet de
peau). Sa relativement forte résistance réduit l’appel de courant et accroît le couple de
démarrage. Au contraire, lorsque le moteur atteint son régime nominal de fonctionnement,
normalement caractérisé par un faible glissement g donc une fréquence rotorique basse, la
cage interne de faible résistance est parcourue par la presque totalité du courant rotorique ce
qui réduit le glissement donc les pertes rotoriques. On peut ainsi, obtenir des couples de
démarrage Cd de deux à trois fois supérieurs à ceux du rotor à simple cage sans trop
augmenter le glissement nominal.

Pr. K. EL MAJDOUB
37
COURS D’ELECTROTECHNIQUE.

5. Rotor à encoches profondes :


Le rotor à double cage est beaucoup plus difficile à construire que le rotor à simple cage et est
donc d’un coût plus élevé. On peut pallier cet inconvénient, tout en gardant une partie de ses
avantages, en construisant une cage rotorique simple avec des barres très plates s’enfonçant
profondément dans le circuit magnétique. Lors du démarrage, les lignes de courant se
concentrent près de la périphérie et tendent ainsi à assigner une section de conducteur
apparente réduite et par conséquent une résistance rotorique importante. En revanche, en
marche normale, cet effet disparaît et les lignes de courant, en occupant la pleine section de
la barre, retrouvent un circuit de faible résistance. Ce type de moteur, dit à encoches
profondes, est très utilisé, notamment dans le cas des moteurs à haute tension à fort couple de
démarrage. Il présente cependant l’inconvénient d’entraîner une augmentation du coefficient
de dispersion des enroulements, donc une diminution du facteur de puissance du moteur, et
bien sûr, d’exiger un diamètre de rotor plus important. Pour remédier à ce dernier
inconvénient, on a parfois fait appel à des conducteurs ayant des formes plus compliquées, en
trapèze, voire en L (la base du L étant en fond d’encoche).

II. Symbole :

III. Glissement :
Le rotor tourne à la vitesse Ω plus petite que la vitesse de synchronisme Ωs. On dit que le
rotor «glisse» par rapport au champ tournant. Ce glissement g va dépendre de la charge.

ns : vitesse de rotation de synchronisme du champ tournant (tr/s).


n : vitesse de rotation du rotor (trs/s).
ΩS = 2πns (rad/s) et Ω= 2πn (rad/s)

VI. Caractéristiques :
1. Fonctionnement à vide :
A vide le moteur n’entraîne pas de charge.
Conséquence : le glissement est nul est le moteur tourne à la vitesse de synchronisme.
A vide : g = 0 et donc no = ns
Le facteur de puissance à vide est très faible (<0,2) et le courant absorbée reste fort (P est petit
et Q est grand).On parle alors de courant réactif ou magnétisant (ils servent à créer le champ
magnétique).

2. Fonctionnement en charge :
Le moteur fournit maintenant de la puissance active, le stator appelle un courant actif. Le
moteur asynchrone est capable de démarrer en charge.

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3. Caractéristique mécanique Tu = f(n) :

4. Modélisation de la partie utile de la courbe :


On veut déterminer l’équation de la droite qui modélise la partie utile de la caractéristique
mécanique. Il faut deux points :
1er point évident : A1(ns,0)
2eme point : il faut un essai de la machine A2(n2,T2)
Equation d’une droite : y = a x + b soit Tu = a n + b
Coefficient directeur (pente) :
⏐a⏐est grand (droite presque verticale) et a est négatif.
Ordonnée à l’origine : point A1 0 = a ns + b soit b = −a ns
Remarque : le point A2 peut aussi être fourni par les informations figurant sur la plaque
signalétique de la machine (couple nominal Tn et vitesse nominale nn).

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Caractéristique mécanique en fonction du glissement :


L’axe des abscisses de la caractéristique mécanique peut être représenté par le glissement

D’où la même caractéristique avec l’axe en g. Cette fois ci le modèle est une droite passant
par l’origine, donc d’équation :
y = k x soit Tu = k g
Finalement :
Au voisinage du point de fonctionnement nominal, le couple utile est proportionnel au
glissement :
Tu = k.g
k est une constante de proportionnalité (coefficient directeur) en Nm.
Relation entre a et k :

Résumé des caractéristiques :


• A vide, le courant est non négligeable, mais la puissance absorbée est surtout réactive (Q);
• Le couple et le courant de démarrage sont importants ;
• L’intensité du courant absorbée augmente avec le glissement ;
• La machine asynchrone peut démarrer en charge.

Stator Rotor Puissance


Puissance transmise Électromagnétique : Pem
Au rotor : Ptr Puissance
Puissance
Utile : Pu=CΩ
Absorbée : Pa

Pm
Pjr
Pjs Pfr
Pfs

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V. Bilan des puissances :


1. Puissance électrique absorbée : Pa

U : tension entre deux bornes du moteur


I : courant en ligne
2. Pertes par effet joule au stator : Pjs

R : résistance entre deux bornes du stator.

3. Pertes fer au stator : Pfs


Elles ne dépendent que de la tension U et de la fréquence f et sont donc constantes si le
moteur est couplé au réseau.

4. Puissance transmise : Ptr


Ptr = Pa - Pjs - Pfs C’est la puissance que reçoit le rotor.

5. Moment du couple électromagnétique : Cem


Les forces qui s’exercent sur les conducteurs du rotor tournent à la vitesse ΩS : elles glissent
sur le rotor qui, lui, ne tourne qu’à la vitesse Ω. L’action de l’ensemble des forces
électromagnétiques se réduit à un couple électromagnétique résultant de moment Cem.
P P
C em = em = tr
Ω Ωs
Pfr ≈ 0
Pjr = gPtr
6. Puissance mécanique totale : PM
Le couple électromagnétique de moment Cem entraîne le rotor à la vitesse Ω. Il lui
communique donc la puissance électromécanique totale Pem. Cette puissance comprend la
puissance utile et les pertes mécaniques.
Pem = C em Ω
Ω
Pem = C em Ω = Ptr = Ptr (1 − g )
Ωs
7. Pertes par effet joule et pertes dans le fer au rotor : Pjr et Pfr
Ces pertes représentent la différence entre Ptr et PM. On les calcule d’après le bilan des
puissances. Les pertes fer du rotor sont négligeables.
Pjr + Pfr = Ptr − Pem = Ptr − Ptr (1 − g ) = gPtr
Pjr = gPtr

8. Pertes mécaniques : Pm
pm = Pu - Pem
La vitesse de rotation variant peu en marche normale, ces pertes sont pratiquement constantes.
9. Pertes « collectives » : Pc
Ces pertes ne dépendent que de U, f et n. Comme ces grandeurs sont généralement constantes,
les pertes fer au stator et les pertes mécaniques le sont aussi.
pc = pfs + pm

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On définit le couple de perte :


pc
CP =
Ω
Le couple de perte est une grandeur constante quelle que soit la vitesse et la charge de la
machine

10. Puissance utile : Pu


Puissance utile : Pu = Pem – Pm
p
Couple utile : C u = U
Ω
p
Rendement : η= u
Pa

11. Bilan des puissances à vide :


Le bilan total, quelque soit la situation, est :
Pa = Pu + Pjs + Pjr + Pc (On néglige les pertes au rotor)
A vide : Cu = 0 alors Pu = 0
g = 0 alors Pjr = 0
Pa0 = 3 U I0 cos(ϕ0)
3
pjs0 = R I20 Pc à vide ≈ Pc en charge
2
Bilan à vide : Pa0 = Pjs0 + Pc
En simplifiant : Pa0 ≈ Pc (les pertes joules à vide sont négligeables)
Un essai à vide permettra de déterminer les pertes collectives.

VI. Point de fonctionnement du moteur en charge :


C’est le point d’intersection des caractéristiques C = f(n) du moteur et de la charge.
Cu : couple utile du moteur ;
Cr : couple résistant.
La courbe du couple résistant dépend de la charge.(C=T)

Exemple : cas d’une charge ayant un couple résistant proportionnel au carré de la vitesse.
Il faut résoudre : Cu = Cr soit : a n + b = Cr
Cr = c n2
Cu = Cr alors a n + b = c n2
Finalement, il faut résoudre une équation du second degré : c n2 – a n - b = 0
Une solution sur les deux trouvées sera la bonne.

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Complément : caractéristiques C= f(n) de quelques charges

Machine à puissance constante (enrouleuse,


compresseur, essoreuse)

Machine à couple constant (levage, pompe)

Machine à couple proportionnel à la vitesse


(pompe volumétrique, mélangeur)

Machine à couple proportionnel au carré de la


vitesse (ventilateur)

VII. Modélisations : Schéma équivalent d’une phase statorique :


La similitude très nette entre la machine asynchrone et le transformateur fait que leurs
schémas équivalents sont identiques, le stator et rotor du moteur étant respectivement associes
aux primaire et secondaire du transformateur. On peut trouver dans la littérature différents
modèles qui dépendent chacun des hypothèses prises pour les définir. Par exemple, si l’on
considère :
• La machine en régime établi,
• Avec un champ tournant à répartition spatiale sinusoïdale,
• Machine non saturée
Et si l’on souhaite modéliser la séparation stator / rotor par un transformateur. On obtiendra le
schéma suivant par phase :

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V1 : tension aux bornes d’un enroulement statorique.


V2 : tension aux bornes d’un enroulement rotorique.
Z1 : impédance d’enroulement statorique.
Rμ : résistance représentant les pertes fer.
Lμ : inductance magnétisante statorique.
Z2 : impédance rotorique.
mg : rapport de transformation (rotor/stator)
g : glissement.
Ωs : vitesse angulaire synchrone.
ωs : pulsation des courants statoriques (ωs =2 π Fs).

V2 = K 2 N 2 f r Φ
V1' = K1 N1 f s Φ
fr = g fs
V2 K 2 N 2 g
= =g m
V1' K1 N1
K2 N2
m=
K1 N1
Le couple utile dans la machine Pu:
On néglige les pertes mécaniques, on aura alors Cem = Cu .L’expression des pertes joule au
rotor :
Pjr = g Ptr = g Cu Ω s = Cu ΔΩ = 3R2I22
2
⎛V ⎞ ( gmV '1 ) 2 ( gmV '1 ) 2
= ⎜⎜ 2 ⎟⎟ =
2
=
(R )
I2
⎝ Z2 ⎠ 2
+ ( gL2ω s ) 2
2
R22 + ( gL2ω s ) 2
2

3R2 I 22 3R2 ( gmV1 ' ) 2 3 p 2 '2 gR2 3 p 2 '2 R2


C= = = m V1 2 = m V1
gΩ s gΩ s R2 + ( gL2ω s )
2 2
ωs R2 + ( gL2ω s ) ω s
2 2
R2
+ g ( L2ω s ) 2
g
3 p 2 '2 R2
Alors : CU = m V1
ωs R22
+ g ( L2ω s ) 2
g

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Afin de simplifier l’expression du couple mécanique :


• On néglige la résistance rotorique R1=0 ;
• On néglige les fuites de flux dans le stator, alors L1=0. c'est-à-dire que on suppose que le
flux dans stator est forcé.
3p 2 2 R2
Alors : V’1=V1 ⇒ CU = m V1 2
ωs R2
+ g ( L2ω s ) 2
g
Si v1= V1 2 cos (ωt), le flux max imposé par cette tension est :
dϕ v V 2
v1 = N1 donc dϕ = 1 dt = 1 cos(ωt ) dt
dt N1 N1
U 2
ϕ= sin(ω t ) + ϕ 0 (= 0)

V 2 2 V1
donc Φ max = 1 = .
N1ω 2πN1 f S
CONCLUSION : La nature de la tension (valeur efficace et fréquence) impose alors le flux
dans la machine: on dit alors que le flux est forcé.
R22
C = f (g) passe par un maximum lorsque + g ( L2ω s ) 2 est minimum, c’est à dire lorsque
g
R22
= g ( L2ω s ) 2 puisque leur produit est constant. On montre que le couple maximum
g
Cmax vaut alors :Cmax = K (V1/fs)2 ,
2
3 pm 2V12 g 2 L2ω s 3 pm 2V12 L2ω s 3 pm 2 ⎛ V1 ⎞
CU max = = = ⎜⎜ ⎟⎟
ωs ( gL2ω s ) 2 + ( gL2ω s ) 2 ωs 2( L2ω s ) 2 8π 2 L2 ⎝ fs ⎠
D’après ce qui a été vu plus haut :Cmax = K’ (Φmax)2
R
g0 = 2
L2ω
1
CU = 3(mV1 ) 2
MAX
2 L2ω s2
V1
Φ MAX = β
fs
3m 2
CU = Φ 2MAX
MAX
8L2π 2 β 2

CONCLUSION : Pour faire travailler la machine à : CUmax = Constante, il faut avoir


V/f = Cte, ou Φ= Cte

VIII. Modèle simplifié de la machine asynchrone :


Pour simplifier le modèle de la machine asynchrone ; à tension constante, on va faire
l’hypothèse simplificatrice suivante :
• La chute de tension aux bonnes de l’impédance de fuites et de la résistance d’un
enroulement primaire est négligeable devant la tension d’alimentation.
On ramène l’impédance rotorique au primaire, d’où le schéma électrique équivalent suivant :

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Notation :
r : Grandeur rotorique ;
s : Grandeur statorique ;
’ : Grandeur ramenée.
I’r jgLrωs
I1 Rs jLsωs
Ir

V’1
Rµ Lµ
V1 V2 Rr

Détermination des éléments I r' , Rr' et L'r grandeurs rotoriques ramenées au stator ;
Calcul du courant ramené : I r'

A vide on a : I1 = I10 + I r
'
I r = I r' = 0 alors I1 = I10
ℜ Φ = N1 I10
En charge : ℜ Φ = N1 I10 = N1 I r' − N 2 I r
N2
Et si le rotor et stator ont le même le coefficient de Kapp alors K1=K2 ; m=
N1
Donc : I r' = m I r + I10
Dans le cas où I10 est faible on aura alors : I r' ≈ m I r
V2
Impédance dans le rotor Z 2 = = Rr + jgLr ω s
Ir
Z 2' : Impédance rotorique ramenée au stator ;
V1' V2 1 Rr'
Z 2' = = 2
= 2
( Rr + jgL ω
r s ) = + jL'r ω s
I r' gm I r gm g

Rr L
Avec Rr' = 2
et L'r = r2
m m
Et si on considère que la chute de tension négligeable ; le schéma devient :

jL’rωs
Rs jLsωs I’r

Lµ Rµ
V1 R’r/g

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Rr'
V1 = I ( Rs +
'
r + j ( Ls + L'r )ω s )
g
Rr'
Pjr Rr I r2 R ' I ' 2 3 PV12 g
Cu = =3 =3 r r =
gΩ s gΩ s gΩ s ωs ( Rs + R
'
r ) 2 + ( Ls + L'r ) 2 ω s2
g

Caractéristique électromécanique :V1 et fs constants.


dCu Rr'
= 0 ⇒ g CMAX =
dg Rs2 + ( Ls + L'r ) 2 ω s2

3PV12 Rs2 + ( Ls + L'r ) 2 ω s2


Cu ( g CMAX ) =
2ω s Rs2 + ( Ls + L'r ) 2 ω s2 + Rs Rs2 + ( Ls + L'r ) 2 ω s2
Rr'
si Rs = 0 alors g CMAX =
( Ls + L'r )ω s
3PV12 gRr'
Cu =
ωs 2
Rr' + g 2 ( Ls + L'r ) 2 ω s2
3PV12 1
Cu ( g CMAX ) =
2ω s ( Ls + L'r )ω s

CMAX
ω > ωs Ω<0
Génératrice Freinage.
hyper synchrone
g =-1
gCMAX g =1

Remarques
• gcmax≈ 10 %
3PV12
• pour g faible : Cu ≈ g Commande linéaire.
ω s Rr'
3PV12 Rr' 1
• pour g grand : Cu ≈
ω s ( Ls + Lr ) ω s g
' 2 2

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