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Hacheur série : régimes de fonctionnement, formes d'ondes,

dimensionnement, contraintes.

Le hacheur série est un convertisseur électronique de puissance DC-DC à liaison directe,


unidirectionnel en courant et en puissance, à entrée de type source de tension, et à sortie de type
source de courant. Il est constitué (cf. Fig. 1) :
- d'une source de tension VE,
- d'un interrupteur K commandable à l'ouverture et à la fermeture,
- d'une diode de roue libre D,
- d'une inductance L réalisant la fonction source de courant,
- d'un filtre capacitif C de sortie.
L'interrupteur K est fermé sur l'intervalle temporel [0 , αT], ouvert sur [αT , T], T étant la période
de découpage, et α le rapport cyclique de fermeture de l'interrupteur K. On supposera que la source
de tension d'entrée est idéale (VE constante). On note :

⎧ T
⎪X = ⋅ ∫ x (t ) ⋅ dt
1
⎪ T 0
⎨ T
(1),

∫ x (t ) ⋅ dt
1
X
⎪ eff = ⋅ 2

⎩ T 0

respectivement les valeurs moyenne et efficace du signal x(t) sur une période de découpage en
régime permanent, x(t) pouvant être iE(t), iD(t), i(t), iC(t), iS(t), v(t), vS(t), pE(t) = VE·iE(t),
pS(t) = vS(t)·iS(t).

Figure 1 : Cellule hacheur série et notations.

Nous présentons dans ce qui suit les équations électriques générales du hacheur série, son
fonctionnement idéalisé en régime de conduction continue, puis en régime de conduction
discontinue. Nous terminons la présentation par des compléments d'étude, dont certains seront
détaillés en TD (hacheur réel, modélisation dynamique).

1. Equations électriques générales

Nous résumons dans cette section les équations électriques instantanées du circuit de la Fig. 1, et
donnons sur cette base :
- des relations sur les valeurs moyennes dans la mesure où celles-ci caractérisent en grande
partie le transfert de puissance (pour une conversion DC-DC),
- des relations sur les courants efficaces, qui eux, interviennent dans le calcul des pertes, et
donc dans le rendement de conversion et le dimensionnement.

1.1. Maille d'entrée

Les équations instantanées de la maille d'entrée s'écrivent :

⎧v(t ) = VE − v K (t ) = − v D (t )
⎨ (2).
⎩i(t ) = i E (t ) + i D (t )

On peut déduire de la seconde équation, et ce sans hypothèse particulière, une relation sur les
valeurs moyennes de courant :

I = IE + ID (3).

Si l'on suppose les commutations instantanées, le fonctionnement du hacheur impose à tout instant
i E (t ) ⋅ i D (t ) = 0 . On en déduit alors une relation sur les valeurs efficaces de courant :

commutations instantanées ⇒ I eff


2
= I 2Eeff + I 2Deff (4).

Enfin, si l'on suppose VE constante, la puissance moyenne fournie par la source de tension est
proportionnelle au courant moyen d'entrée :

VE constante ⇒ PE = VE ⋅ I E (5).

-2-
1.2. Maille de sortie

Les équations instantanées de la maille de sortie sont :

⎧vS (t ) = v(t ) − v L (t )
⎨ (6),
⎩i(t ) = i C (t ) + i S (t )

soit donc, aux valeurs moyennes :

⎧VS = V − VL
⎨ (7).
⎩I = I C + I S

Deux cas particuliers se présentent ici. En premier lieu, celui d'une inductance idéale, dont la
tension est proportionnelle à di/dt, et qui conduit en régime permanent à :

inductance idéale ⇒ VS = V (8).

En second lieu celui d'une capacité idéale, dont le courant est proportionnel à dvS/dt, et qui conduit
en régime permanent à :

capacité idéale ⇒ I = IS (9).

1.3. Bilan de puissance et rendement de conversion

Côté sortie, en utilisant les équations instantanées (6), on montre :

T
PS = ⋅ ∫ v(t ) ⋅ i(t ) ⋅ dt − (PL + PC )
1
(10),
T 0

avec PL les pertes dans l'inductance :

T
⋅ v L (t ) ⋅ i(t ) ⋅ dt
1
T ∫0
PL = (11),

-3-
et PC les pertes dans la capacité :

T
PC = ⋅ ∫ vS (t ) ⋅ i C (t ) ⋅ dt
1
(12).
T 0

Le premier terme de l'Eq. (10) est lui même décomposable, à l'aide des équations instantanées (2),
comme suit :

T
⋅ v(t ) ⋅ i(t ) ⋅ dt = PE − (PK + PD )
1
T ∫0
(13),

avec PK les pertes dans l'interrupteur K :

T
⋅ v K (t ) ⋅ i E (t ) ⋅ dt
1
T ∫0
PK = (14),

et PD les pertes dans la diode de roue libre :

T
PD = ⋅ ∫ v D (t ) ⋅ i D (t ) ⋅ dt
1
(15).
T 0

On aboutit en définitive, et fort logiquement, en notant η le rendement de conversion, à :


⎪⎪PE = PS + (PK + PD + PL + PC )
⎨ (PK + PD + PL + PC ) (16),
⎪η = 1 −
⎪⎩ PS + (PK + PD + PL + PC )

2. Fonctionnement idéalisé en conduction continue

Pour analyser le fonctionnement du hacheur, décrire les formes d'ondes qui lui sont associées,
dimensionner le filtre LC et caractériser les contraintes électriques subies par les composants, on
supposera dans toute cette section que les interrupteurs K et D sont idéaux, de même que les
composants de filtrage L et C.
-4-
Le hacheur est dit en conduction continue si le courant dans l'inductance, positif par principe, ne
s'annule jamais. Le hacheur n'a alors que deux séquences de fonctionnement : S1 = { K } sur
[0 , αT], et S2 = { D } sur [αT , T]. Les équations instantanées régissant le fonctionnement du
hacheur en régime de conduction continue sont résumées dans le tableau 1.

séquence S1 ( t ∈ [0 , αT]) séquence S2 ( t ∈ [ αT , T])

v K (t ) 0 VE

i E (t ) i(t ) 0

v (t ) VE 0

i D (t ) 0 i(t )

i(τ ) − i S (τ ) i(τ ) − i S (τ )
t t
vS (t ) vS (0) + ∫ ⋅ dτ vS (αT ) + ∫ ⋅ dτ
0
C αT
C

V − vS (τ ) vS (τ )
t t
i(t ) i(0) + ∫ E ⋅ dτ i(αT ) − ∫ ⋅ dτ
0
L αT
L

Tableau 1 : Equations du hacheur série idéal en régime de conduction continue.

2.1. Tension moyenne de sortie VS

L'inductance étant supposée idéale, l'Eq. (8) s'applique, ce qui conduit à :

VS = α ⋅ VE (17).

2.2. Calcul simplifié du courant d'inductance i(t)

Pour déterminer l'évolution du courant dans l'inductance au cours d'une période de fonctionnement,
il est d'usage de négliger l'ondulation de la tension de sortie, c'est-à-dire de supposer vS(t) constante,
et donc égale à VS. On a alors :

-5-
⎧ (1 − α ) ⋅ VE ⋅ t
⎪t ∈ [0 , αT ] ⇒ i(t ) = i min + L
⎨ α ⋅ VE
(18),
⎪t ∈ [αT , T ] ⇒ i(t ) = i max − ⋅ (t − αT )
⎩ L

avec imin = i(0) et imax = i(αT), respectivement les valeurs minimum et maximum du courant
d'inductance sur une période de fonctionnement. Ci-dessous, les formes d'ondes de v(t) et i(t).

Figure 2 : Hacheur série idéal : formes d'ondes de v(t) et i(t).

Ondulation de courant : on appelle ondulation de courant Δi la différence i max − i min . La continuité

du courant i(t) en αT et en T permet d'établir :

α ⋅ (1 − α ) ⋅ VE
Δi = (19),
L⋅F

avec F = 1/T la fréquence de découpage. On reconnaîtra une fonction parabolique symétrique par
rapport à l'axe α = 1/2, maximum en α = 1/2, de valeur maximum :

VE
Δi max = (20).
4⋅L⋅F

A noter d'ors et déjà l'importance de la fréquence de découpage dans le dimensionnement du filtre


de sortie. A ondulation maximum donnée (généralement en pourcentage du courant nominal de
l'application), la valeur de l'inductance varie en 1/F. Augmenter la fréquence de découpage permet
donc de réduire la taille et la masse de ce composant magnétique.

-6-
Courant moyen et courant efficace : on calcule le courant moyen d'inductance par intégration de
l'Eq. (18), ou plus simplement par l'aire sous i(t) sur [0 , T] :

Δi
I = i min + (21).
2

A noter ici que le courant moyen d'inductance ne dépend que de la charge (Eq. (9) : I = IS). La
relation (21) est donc à considérer comme une équation permettant la détermination de imin et imax :

⎧ Δi
⎪i min = I − 2
⎨ Δi
(22).
⎪i max = I +
⎩ 2

Le courant efficace d'inductance se détermine par intégration de i2 sur une période de


fonctionnement :

Δi 2
I eff = I 2 + (23).
12

Condition de conduction continue : elle s'écrit de façon générale i(t) > 0, ce qui équivaut à imin > 0.
Soit donc :

Δi
I> (24).
2

2.3. Calcul simplifié de l'ondulation ΔvS de la tension de sortie

Pour le calcul de l'ondulation de la tension de sortie, on supposera iS(t) constante, et donc égal à IS.
Le courant capacitif (cf. Fig. 3) est alors égal à la composante alternative i(t ) − I du courant
inductif :

⎧ Δi (1 − α ) ⋅ VE
⎪t ∈ [0 , αT ] ⇒ i C (t ) = − 2 + L
⋅t
⎨ Δi α ⋅ VE
(25).
⎪t ∈ [αT , T ] ⇒ i C (t ) = − ⋅ (t − αT )
⎩ 2 L

Le courant capacitif étant proportionnel à la dérivée temporelle de la tension de sortie, on en déduit


que vS(t) est décroissante sur [0 , αT/2] et sur [(1+α)·T/2 , T], croissante sur [αT/2 , (1+α)·T/2],
-7-
minimum en αT/2 (milieu de S1) et maximum en (1+α)·T/2 (milieu de S2). L'ondulation de tension
vaut donc l'aire de l'alternance triangulaire positive de iC(t), à 1/C près :

Δi
ΔvS = (26).
8⋅C⋅F

Figure 3 : Hacheur série idéal : courant capacitif.

2.4. Formes d'ondes dans les interrupteurs

Nous présentons Fig. 4 les formes d'ondes de tension et de courant associées aux interrupteurs.

Figure 4 : Hacheur série idéal : tensions et courants des interrupteurs K et D.


-8-
Le calcul des valeurs moyenne et efficace donne, pour le courant iE circulant dans K :

⎧I E = α ⋅ I
⎨ (27),
⎩I Eeff = α ⋅ I eff

et pour le courant iD circulant dans la diode :

⎧I D = (1 − α ) ⋅ I
⎨ (28).
⎩I Deff = 1 − α ⋅ I eff

2.5. Contraintes composants

interrupteur K diode D inductance L capacité C

tension
VE - VE VE
maximum

courant Δi max Δi max Δi max Δi max


In + In + In +
maximum 2 2 2 2

courant
α⋅I (1 − α ) ⋅ I I = IS 0
moyen

courant Δi 2 Δi
α ⋅ I eff 1 − α ⋅ I eff I eff = I + 2
efficace 12 12

Tableau 2 : Contraintes composants.

2.6. Dimensionnement du filtre de sortie

Pour le dimensionnement de l'inductance, on se donne généralement l'ondulation maximum de


courant Δimax, soit en valeur absolue, soit en pourcentage (typiquement 10 % à 20 %) du courant
nominal de l'application. On détermine alors la valeur de L en fonction de la fréquence de
découpage par :

VE
L= (29).
4 ⋅ F ⋅ Δi max

-9-
Pour le dimensionnement du filtre capacitif de sortie, on peut procéder de même et déterminer alors
la valeur de C par :

Δi max
C= (30).
8 ⋅ F ⋅ ΔvS max

On garantira ainsi un taux d'ondulation maximum pour une alimentation régulée en tension de sortie
à VS = VSn, mais aucunement pour une alimentation à tension de sortie réglable entre 0 et VSn. Dans
ce second cas, on se donne un taux d'ondulation maximum (ΔvS/VS)max. A partir de l'Eq. (26), on
peut écrire l'expression générale du taux d'ondulation de la tension de sortie comme suit :

ΔvS
=
(1 − α ) (31),
VS 8 ⋅ L ⋅ C ⋅ F 2

d'où la valeur de C garantissant un taux d'ondulation maximum quelle que soit VS :

1
C= (32).
8 ⋅ L ⋅ F ⋅ (ΔvS / VS )max
2

Au travers des relations (29), (30) et (32), on notera, comme déjà indiqué, l'importance de la
fréquence de découpage dans le dimensionnement du filtre de sortie : augmenter la fréquence de
découpage permet de réduire la taille (volume et masse) des composants de filtrage. Cependant, il
existe diverses limites à l'accroissement de la fréquence de découpage, dont de sévères liées aux
pertes dans les composants :
- augmentation des pertes ferromagnétiques dans les noyaux des composants magnétiques avec
la fréquence (pertes typiquement en Fx, avec x > 1). Au-delà de quelques kHz, on a recours
aux ferrites, les pertes ferromagnétiques étant inacceptables avec des matériaux magnétiques
classiques,
- augmentation des pertes ohmiques dans les conducteurs avec la fréquence (conséquence de
l'effet de peau, dont l'épaisseur caractéristique varie en F-1/2). Selon le courant nominal de
l'application et la fréquence souhaitée, il peut s'avérer nécessaire de recourir à des conducteurs
spéciaux, type conducteur fractionné (fil de Litz) ou conducteur méplat,
- augmentation des pertes par commutation dans les composants semiconducteurs avec la
fréquence (pertes proportionnelles à F).

- 10 -
3. Fonctionnement idéalisé en conduction discontinue

Le régime de conduction discontinue correspond à l'annulation du courant d'inductance au cours de


la phase de roue libre S2, et donne lieu à une troisième séquence (cf. Fig. 5) durant laquelle i(t) = 0.
Il est caractérisé par :

α ⋅ (1 − α ) ⋅ VE
IS < (33).
2⋅L⋅F

Il comporte donc trois séquences : S1 = { K } sur [0 , αT], S2 = { D } sur [αT , θT], et S3 = Ø sur
[θT , T], avec θ ∈ ]α , 1[. Les équations instantanées régissant le fonctionnement du hacheur en
régime de conduction discontinue sont résumées dans le tableau 3.

séquence S1 séquence S2 séquence S3


( t ∈ [0 , αT]) ( t ∈ [ αT , θT]) ( t ∈ [ θT , T])

v K (t ) 0 VE VE − vS (t )

i E (t ) i(t ) 0 0

v (t ) VE 0 vS (t )

i D (t ) 0 i(t ) 0

i(τ ) − iS (τ ) i(τ ) − i S (τ ) iS (τ )
t t t
vS (t ) vS (0) + ∫ ⋅ dτ vS (αT ) + ∫ ⋅ dτ vS (θT ) − ∫ ⋅ dτ
0
C αT
C θT
C

V − v (τ ) vS (τ )
t t
i(t ) ∫ E L S ⋅ dτ i(αT ) − ∫ ⋅ dτ 0
0 αT
L

Tableau 3 : Equations du hacheur série idéal en régime de conduction discontinue.

3.1. Calcul simplifié de la tension moyenne de sortie VS

L'inductance étant supposée idéale, l'Eq. (8) s'applique (on a donc VS = V). Si l'on néglige de plus
l'ondulation de la tension de sortie (i.e. vS(t) = VS), il vient :
- 11 -
α
VS = ⋅ VE (34).
θ

Première conséquence du régime de conduction discontinue, le niveau de tension de sortie est


supérieur à celui associé au régime de conduction continue.

3.2. Calcul simplifié du courant d'inductance i(t)

Comme précédemment, on néglige l'ondulation de la tension de sortie. On établit alors :

⎧ VE − VS
⎪t ∈ [0 , αT ] ⇒ i(t ) = L
⋅t
⎪⎪
⎨t ∈ [αT , θT ] ⇒ i(t ) =
VE V
⋅ αT − S ⋅ t (35).
⎪ L L
⎪t ∈ [θT , T ] ⇒ i(t ) = 0
⎪⎩

Ci-dessous, les formes d'ondes de v(t) et i(t).

Figure 5 : Hacheur série idéal : formes d'ondes de v(t) et i(t).

Ondulation de courant : elle est égale à imax, c'est-à-dire i(αT). Soit donc, compte tenu de
l'expression de VS (Eq. (34)) :

VE ⎛ α⎞
Δi = ⋅ α ⋅ ⎜1 − ⎟ (36).
L⋅F ⎝ θ⎠

- 12 -
Courant moyen : il vaut, à 1/T près, l'aire sous i(t) sur [0 , T]. Tout calcul fait, on obtient :

α ⋅ (θ − α ) ⋅ VE
I= (37).
2⋅L⋅F

Comme précédemment indiqué, le courant moyen d'inductance ne dépend que de la charge (I = IS).
La relation (37) est donc à considérer comme une équation permettant la détermination de θ en
fonction du rapport cyclique α de l'interrupteur K et du courant moyen de charge IS :

2⋅L⋅F
θ=α+ ⋅ IS (38).
α ⋅ VE

Seconde conséquence du régime de conduction discontinue, la tension de sortie est non-linéaire en


α, et dépend du courant de sortie.

3.3. Caractéristiques de sortie du hacheur idéalisé

Les équations (34) et (38) permettent d'établir, en régime de conduction discontinue, l'expression de
la tension de sortie en fonction de α et IS comme suit :

α ⋅ VE
VS = (39).
2 ⋅ L ⋅ F ⋅ IS
α+
α ⋅ VE

On normalise généralement cette expression en faisant intervenir les grandeurs adimensionnées


suivantes :

⎧ L⋅F
⎪⎪x = VE
⋅ IS
⎨ VS
(40),
⎪y =
⎩⎪ VE

la première étant représentative du courant moyen de sortie, et la seconde de la tension moyenne de


sortie. Avec ces notations, la condition limite de conduction continue (Eq. (33)) s'écrit :

α ⋅ (1 − α )
x lim = (41),
2
- 13 -
et les caractéristiques de sortie du hacheur série idéalisé sont données, avec α pour paramètre, par :

⎧ 1
⎪ x < x lim ⇒ y =
1 + 2x / α 2
⎨ (42).
⎪x ≥ x lim ⇒ y = α

Nous en donnons ci-dessous une représentation graphique pour quelques valeurs de α.

Figure 6 : Hacheur série idéal : caractéristiques de sortie.

Sur cette représentation, l'influence du régime de conduction discontinue sur le comportement


statique du hacheur apparaît clairement. La tension moyenne de sortie ne dépend plus uniquement
de la grandeur de réglage α, vis-à-vis de laquelle la dépendance est devenue non-linéaire, mais
également du niveau de courant moyen IS, et ce également de façon non-linéaire. A noter aussi que
le régime de conduction discontinue modifie singulièrement le comportement dynamique du
hacheur série.

4. Alimentation d'une machine à courant continu à excitation indépendante

On alimente une machine à courant continu à excitation indépendante par un hacheur série. Le
schéma électrique est donné Fig. 7. Sur ce schéma, point de filtre de sortie LC apparent. Il est
pourtant bien présent, réalisé par la machine.
- 14 -
Figure 7 : Cellule hacheur série sur MCC à excitation indépendante

L'objet de cette section est donc de montrer que le circuit de la Fig. 7 est équivalent à celui de la
Fig. 1. Ces deux circuits ne diffèrent que par leur maille de sortie. Les équations électriques de cette
maille sont, dans le cas du circuit de la Fig. 1, en considérant les pertes ohmiques dans l'inductance
L au travers d'une résistance rL :

⎧ di(t )
⎪v(t ) = vS (t ) + rL ⋅ i(t ) + L ⋅ dt
⎨ dv (t )
(43),
⎪i(t ) = C ⋅ S + iS (t )
⎩ dt

et dans le cas du circuit de la Fig. 7, en faisant appel aux équations électromécaniques de la MCC à
excitation indépendante :

⎧ di(t )
⎪v(t ) = k ⋅ Ω(t ) + rind ⋅ i(t ) + Lind ⋅ dt
⎨ dΩ ( t )
(44),
⎪ k ⋅ i (t ) = J ⋅ + ΓR (t )
⎩ dt

avec k = M0·IF le coefficient de conversion électromécanique (M0 : mutuelle induit-inducteur,


IF : courant inducteur), rind la résistance d'induit, Lind l'inductance d'induit, J l'inertie du moteur, Ω sa
vitesse de rotation, et ΓR le couple résistant auquel il est soumis. Par identification, on en déduit les
variables de sortie équivalentes de la configuration "moteur" :


⎪vS (t ) = k ⋅ Ω(t )
⎨ Γ (t )
(45),
⎪i S (t ) = R
⎩ k

ainsi que ses paramètres équivalents :


- 15 -
⎧L = L ind

⎨rL = rind (46).
⎪C = J / k 2

Différence notable, cependant, entre les deux configurations : la valeur de la capacité équivalente de
filtrage de la configuration "moteur", de plusieurs centaines de millifarads (et bien plus si le moteur
est dans un véhicule), donc copieusement plus grande que la capacité de sortie (quelques mF à
quelques dizaines de mF) d'une alimentation à découpage.

5. Compléments d'étude

5.1. Filtre capacitif d'entrée

Le schéma de la Fig. 1 est très théorique, et très trompeur : les discontinuités du courant iE (cf.
Fig. 4) ne sont pas compatibles avec l'existence inévitable d'inductances parasites liées au câblage
entre la source de tension VE et la structure de conversion. Dans la mesure où il n'est pas
envisageable (pertes obligent) de ralentir les commutations, la structure de la Fig. 1 ne fonctionne
pas, il est nécessaire de lui adjoindre en entrée un découplage capacitif rapproché (cf. Fig. 8) pour
réaliser l'indispensable fonction source de tension d'entrée.

Figure 8 : Réalisation pratique d'une cellule hacheur série.

Un dimensionnement rapide de la capacité d'entrée peut être obtenu si l'on suppose constant (et
donc égal au courant moyen IE) le courant débité par la source E. L'ondulation de la tension d'entrée
et le courant capacitif efficace s'expriment alors comme suit :

- 16 -
⎧ α ⋅ (1 − α ) ⋅ I
⎪⎪ΔVE = C ⋅ F
⎨ E (47).
(
⎪I CE , eff = α ⋅ I eff
2
− α ⋅ I2 )
⎩⎪

La capacité d'entrée garantissant, sur toute la plage de courant de sortie, un taux d'ondulation
maximum (ΔVE/E)max pour la tension d'entrée, est alors donnée par :

ISn
CE = (48),
4 ⋅ F ⋅ E ⋅ (ΔVE / E )max

condition proportionnelle au courant nominal de l'application, et donc bien plus contraignante que
celle établie pour la capacité de sortie (Eq. (32)). La comparaison s'applique également sur les
valeurs efficaces maximales des courants capacitifs. Dans le cas du filtre capacitif de sortie (cf.
Tableau 2), cette valeur efficace maximale vaut Δi max / 12 , soit typiquement de 3 % à 6 % du
courant nominal de l'application. Dans le cas de la capacité d'entrée, la contrainte en courant
efficace est notablement plus élevée, elle vaut sensiblement ISn/2 (valeur déduite de l'Eq. (47), en
négligeant l'ondulation de courant d'inductance).

5.2. Hacheur "2 quadrants" en mode de fonctionnement hacheur série

On rappelle Fig. 9 la structure du hacheur "2 quadrants". Si l'on adopte pour cette structure de
conversion la commande complémentaire usuelle, l'interrupteur K1 est fermé sur l'intervalle
temporel [0 , αT] et ouvert sur [αT , T], α étant son rapport cyclique de fermeture. Pour
l'interrupteur K2, la logique de commande est inversée : K2 est ouvert sur [0 , αT] et fermé sur
[αT , T].

Figure 9 : Structure hacheur "2 quadrants".


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On s'intéresse ici au fonctionnement hacheur série de cette structure, c'est-à-dire à une conversion
de la source de tension d'entrée vers la charge en sortie. En d'autres termes, on considère un
transfert de puissance caractérisé par IS > 0. Deux cas se présentent, suivant la valeur de IS par
rapport à Δi/2.

Premier cas : IS > Δi/2. La structure se comporte alors rigoureusement comme le hacheur série en
conduction continue, avec transfert de puissance par K1 sur [0 , αT], et roue libre par D2 sur
[αT , T].

Figure 10 : Hacheur "2 quadrants" en fonctionnement hacheur série, à IS > Δi/2.


Interrupteurs conducteurs et formes d'ondes de v(t) et i(t).

Second cas : IS < Δi/2. La structure étant réversible en courant, i(t) peut s'inverser. On conserve
alors un fonctionnement à deux séquences :
- une séquence de transfert sur [0 , αT], par K1 si i(t) > 0, ou par D1 si i(t) < 0,
- une séquence de roue libre sur [αT , T], par D2 si i(t) > 0, ou par K2 si i(t) < 0.

Figure 11 : Hacheur "2 quadrants" en fonctionnement hacheur série, à IS < Δi/2.


Interrupteurs conducteurs et formes d'ondes de v(t) et i(t).
- 18 -
Point donc, dans cette configuration, de fonctionnement en régime de conduction discontinue, ni de
problèmes de non-linéarité associés.

5.3. Prise en compte des pertes

Elle est traitée dans le TD2 (dans le cas du hacheur parallèle).

5.4. Modélisation dynamique

Elle est traitée dans le TD3.

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