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Il est impossible d'entreprendre ici une étude complète sur les fendeurs métier saisonnier
s'exerçant en forêt.
Forêt multiple tant par la variété des essences dont elle est composée que par sa
gestion, les deux étroitement liés à la géologie et aux besoins des exploitants.
La broussaille et la haute futaie en constituent les éléments limites, le taillis sous futaie
est la forme la plus répandue dans les forêts de feuillus. (Les résineux plantés à espace
régulier, sont un cas d'espèce de forêt cultivée qui tend à se répandre, parfois trop, elle ne
concerne pas dans le cas présent.
Certains hommes travaillaient le bois toute l'année mais leur activité forestière était
réduite à la coupe et à la première transformation sur place (charbonniers, charpentiers,
sabotiers).
Les bûcherons chargés de l'abattage et du débit sont souvent des agriculteurs dont
l'activité se déplace normalement vers la forêt l'hiver.
Une autre activité disparue vers 1950, ne durait guère qu’une semaine en mai, l’écorçage de
jeunes chênes. L’écorce empilée était alors utilisée en tannerie. Les cuis de cette époque
tannés « avec du tan et du temps » étaient imputrescibles et imperméables, même à la rosée .
Les fendeurs, souvent charpentiers et scieurs de long, débitaient le bois dans le sens
longitudinal en plaçant des coins entre les fibres. Cette technique permet d'obtenir du bois
droit de fil qui présente ce fait une résistance maximale à la flexion, caractéristique importante
dans la charpenterie, principalement de marine ainsi que pour les tonneaux et tous les bois
devant être courbés par exemple les sièges. Le bois "virandé" (dont les fibres sont
hélicoïdales) est inutilisable, de même que le bois gelé.
Le bois de feu, seul combustible jusqu’à une époque récente, est scié en longueur de 1
m 33 (Moule), plus récemment en 1 mètre (stère). Les gros morceaux sont fendus ce qui en
facilite le transport et l'usage et permet au bûcheron, toujours payé au volume débité, d'en
augmenter le foisonnement.
Le bois était bien entendu mis à longueur avant de le fendre ce qui facilite la tâche et
diminue les pertes. Les sabotiers fendaient en quartiers ce qui permettait de tirer deux paires
d'une bille. La semelle coté cœur, plus dur . La fente avec la cognée posée et la mailloche était
suffisamment précise pour obtenir une ébauche ayant déjà la forme d’un sabot, ce qui
réduisait le travail ultérieur à la lourde hache dite épaule de mouton, à l'herminette et enfin au
paroir.
Le travail
Les techniques, l'outillage et l'utilisation ont très peu varié du début de l'ère des
métaux à la fin du XIX° siècle.
A l'époque ou le transport était long et ou la scie mécanique (d'un usage fort ancien,
Villart de Honnecourt en reproduit une dans son maintenant célèbre album) nécessitait une
chute d'eau ou un important courant, il était plus intéressant de ne transporter que la partie
utile. C'est la même raison qui conduisait à dégrossir les pierres en carrière.
La fente était le moyen le plus rapide de débit et permettait en outre d'avoir des bois
"droits de fil", c'est à dire dont les fibre ne sont pas coupées et qui de ce fait sont plus solides.
En charpente surtout maritime, en charronnerie et dans la tonnellerie, le bois scié en long est
pratiquement inutilisable et les bois tors étaient repérés, parfois formés jeunes en forêt en vue
d'une utilisation précise. Je l'ai vu faire d'une année sur l'autre pour obtenir des fourches en
bois à une époque ou les gerbes étaient formées de trois javelles liées à la main, les liens
(rouottes) étant soit en paille de seigle soit en osier ou en coudrier, ce dernier utilisé pour les
fagots de bois.
Pour la boissellerie et la lutherie, le bois fendu est également le seul utilisable
D'ou viennent dans notre pays les métiers du bois, de très loin probablement. Comme
les vikings, les phéniciens étaient de grands constructeurs de bateaux et curieusement
utilisaient les mêmes techniques de bordé a clin c'est à dire à recouvrement.
La Marine est donc le lieu de rencontre des fendeurs et des charpentiers. Sur terre, le
bois à probablement précédé la pierre dans la construction d’abris (en dehors de l'utilisation
de grottes naturelles).
Il fût longtemps impossible de construire sans bois pour le transport, les échafaudages
et les cintres des voûtes sans parler de la charpente proprement dite.
Selon les régions l’Art de la charpente a eu plus ou moins d'importance, souvent,
inutile pour l'habitation où des poutres sont placées entre deux murs sans ferme intermédiaire.
Des murs de refend avec pignons permettent d'allonger les corps de bâtiment suivant les
besoins, des pierres d'attente sont souvent prévues dans les murs supportant les pignons, les
portées vont de quatre à six mètres selon le bois, le matériau de couverture et l'enneigement.
Le fendage du bois est également une technique utilisée par le charron dont les pièces
soumises à effort doivent être droite de fil.
Le bois était équarri par fendage est ensuite dégrossi à la hache ou à la doloire. La
tonnellerie est encore une activité utilisant des bois fendus, pour en permettre le cintrage à
chaud.
Le chêne est loin d'être le seul bois utilisé en charpente.
Dans le centre de la France en région un peu marécageuse le peuplier fût très employé,
léger facile à travailler, il vieilli bien s'il reste au sec. Quand au châtaigner, il est localisé à
quelques régions, et comme d’autres bois si les araignées ne le fréquentent pas c’est qu’il
résiste aux insectes dont elles font leur nourriture.
Dans le Jura , les résineux abondants, sont très employés, leur résistance à la flexion
est, à poids égal, supérieure à celle du chêne.
Le mélèze est un excellent bois de charpente très résistant et comme le cœur de chêne
rarement attaqué par les parasites.
Pour cet aspect plus anecdotique qu'initiatique, l'ouvrage d’Albert Dineaux Les
Sociétés Secrètes Littéraires, Bachiques et Chantantes est à consulter.
Le fendeur fût à l'origine un Devoir dit ce rituel en préambule, c'est ce qui mérite
notre attention.
Dans tous les grades qui émergent autour de 1740-1770, un nombre important à
disparu et chaque Loge pratiquait au dessus des trois degrés quelques grades dont le titre et le
contenu était variable suivant les relations avec d'autres Loges, relations qui s'entretenaient
souvent par correspondance ce qui nous permet aujourd'hui d'en suivre les migrations parfois
avec étonnement.
Vers 1780 le Fendeur était à Auxerre le quatrième degré. le Maître Parfait à également
occupé cette place, son origine opérative est également évidente, dans les rituels de cette
époque
.
L'existence des fendeurs dans cette région est attestée dans un sermon de l'Evêque
d'Auxerre en 16 57________________________(publier le texte)
Nous pensons que ce Devoir comme celui des charbonniers fût pratiqué jusque vers 1860 en
Bourgogne et dans le Jura avec la participation de notables qui pouvaient avoir travaillé en
forêt dans leur jeunesse à une époque ou la vie était surtout rurale. Daniel Lobrau « Chers
frères et bons cousins » démontre que la double appartenance était fréquent et en 1761 dans la
correspondance entre Meunier de Précourt et Willermoz (Steel-Maret « Les archives secrètes
de la Franc-Maçonnerie », il est indiqué que le grade de Fendeur est « très utile aux
voyageurs »
Quand à l’importance des charbonniers dont nous donnons par ailleurs un rituel très complet
daté de 1800, il faut rappeler que le bois était alors le seul combustible et que toute la
métallurgie était liée à l'usage du bois et du charbon de bois jusqu'au XVII° siècle en France.
Le cahier
De 23,5 x 19 cm in folio couvert de papier noir doublé, une feuille de garde d’un papier
différent, à l'intérieur 16 pages en vergé avec en filigrane " C. & D. Blaw" sous un écusson
surmonté d'une couronne fleurdelisée.
Texte
Le cahier a été paginé par nous au crayon, la disposition et l'orthographe sont respectées.
L'orthographe et les tournures de phrases indiquent une origine que l'on peut situer vers le
centre-est de la France.
Si aucune date n’est indiquée, les références (nombreuses ) à la "Forest du Roy" et "l'a
Santé du Roy"(page 15) ainsi que le papier, l'écriture et la comparaison avec d'autres textes
permettent de le dater d'avant la Révolution de 1789. Le seul indice de la santé du roi est
insuffisant et pourrait dater de la Restauration, période à laquelle les fendeurs étaient encore
en activité.
Il est d'ailleurs probable que ces rituels opératifs ont peu varié au cours des ages, seuls
les "intellectuels" éprouvent le besoin de changer souvent ce qu'ils ne comprennent pas
toujours.
Un rituel d'une série dont l'un est daté de 1767 et provenant de la région d'Auxerre
indique bien pour le fendeur "4° Grade" or il est identique à celui que nous publions aux
variantes près suivantes et qui semblent postérieures.
Ce qui précède est une intime conviction étayée sur une expérience du sujet et des
comparaisons. Elle est sujette à révision en fonction d'éléments que les lecteurs pourront
apporter.
page 1:
Les fendeurs
...
....
page 3:
Réception
Le Père Maître
Le Cousin du Chêne parrain
Le Cousin Del'orme introducteur
Le C. du Hêtre garde bois
Le C. Cormier garde du pain
Le C. Du Charme garde de l'hospitalité
Le C. d'Erable garde du siège d'honneur
Le CX. Dufresne garde du siège d'honneur
_____________
page 6
après il prend son sifflet qui lui pend a sa
boutonnierre et sifle trois fois en fendeur, au defaut
de sifflet il crie houpe trois fois, puis il crie
trois fois al'avantage.
page 11
page 12
Cathechisme
___________
D. Douvenez vous
R. de la forest du Roy
et atous les
cousins et bons Compagnons fendeurs alavantage
page 13
D. Connoissez vous votre maraine
R. on fait le signe
D. Le passe partout
D. larbre fourchu
D. l'arbre noué
R. on montre le genou
D. larbre tortu
page 14
D. letron de larbre
R. on montre lecorps
D. La tête delarbre
R. on touche latête
D. Lefeüilles de larbre
page 15
page 16
Notes :
Houppe: c'est le cri de la huppe qu'elle répète généralement trois fois.( Faut il rappeler que la
huppe est l'oiseau bleu et qu'elle est également la messagère de Salomon: Voir Farrid Uddin
Attar, Mantic Uttaïr ou Langage des Oiseaux.)
Il est inutile d’insister sur l’analogie entre le matériau et celui qui le travaille, c’est ce qui
distingue un véritable « métier qui nourrit son homme » aussi bien spirituellement que
matériellement.
C.G. - texte relu rapidement le 7 juillet 2001.