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Revue d'histoire de la pharmacie

La cosmétologie à travers les âges


Yannick de Roeck-Holtzhauer

Zusammenfassung
Die Kosmetologie im Laufe der Zeit.
Die Verfasserin gibt eine kurze Übersicht der Kosmetologie vom alten Aegypten an bis zum 19. Jahrhundert.

Abstract
Cosmetology across the ages.
The author paints a quick sketch of cosmetology from Ancient Egypt to the 19th century.

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de Roeck-Holtzhauer Yannick. La cosmétologie à travers les âges. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 76ᵉ année, n°279,
1988. pp. 397-399.

doi : 10.3406/pharm.1988.3019

http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1988_num_76_279_3019

Document généré le 28/09/2015


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La cosmétologie à travers les âges

BEAUTÉ
temps un
dusouci
visage
constant
et dedepuis
la chevelure,
les peuplades
soinsprimitives
du corpsjusqu'à
ont éténos
dejours.
tous

Essayons de situer à chaque grande période de notre histoire les canons


de beauté et les cosmétiques en usage pour orner c'est l'étymologie même
du terme cosmétologie nettoyer ou soigner.
La femme égyptienne se fardait les joues et les lèvres en rouge ; c'est
ainsi que l'on a retrouvé des traces de pigments rouges sur des palettes,
généralement de l'ocre rouge analogue à celle des peintures rupestres. Les
sculptures antiques nous montrent des visages aux yeux immenses soulignés
de fard, ombre à paupière verte, bleue ou noire. La blancheur du teint
s'obtenait en appliquant une pommade à base d'albâtre et de lait d'ânesse
tout comme dans la Rome antique ou encore des emplâtres de beauté à base
de cervelles de tortue, de suif, de fiente d'ibis délayée toujours dans du lait
d'ânesse.
Les cheveux, les mains et les ongles étaient teints au henné, tandis que
la malachite et la galène servaient de poudre colorante verte ou noire comme
fard à paupière.
Les Égyptiens prenaient soin de leur corps comme de leurs vêtements.
Ils se lavaient plusieurs fois par jour, le matin au lever, avant et après les
repas, se frictionnaient avec des onguents à base de térébenthine, d'encens,
de parfum et de graisses, et pour raffermir les chairs usaient de poudre
d'albâtre, de natron, de sel nordique et de miel. Ils s'épilaient et se peignaient.
Les huiles de senteur accompagnaient les cérémonies rituelles et funéraires.
Les Grecques s'enduisaient les lèvres de miel et s'appliquaient des
crèmes animales à base d'excréments de taureau et de brebis dans du suif.
La poudre d'ocre était également en usage dans la Crète ancienne.
Les Romaines se teignaient les lèvres en vermillon et s'enduisaient le
visage de poudre de craie. Elles noircissaient leurs sourcils avec une pâte
d'ufs de fourmis et de mouches. Afin d'imiter les blondes captives grecques,
elles décoloraient leurs chevelures en étalant leurs longs cheveux sur un
chapeau de paille sans fond en restant plusieurs heures sur leurs solariums
pour obtenir ce que l'on a appelé le blond vénitien. Le brou de noix permettait
au contraire de noircir la chevelure et cette idée sera reprise lors de la
recherche de colorants capillaires naturels.

Communication présentée à la réunion de la Société d'Histoire de la Pharmacie à Nantes,


le 2 octobre 1988.

REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXXV, N° 279, 4e TRIM. 1988.


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Les Gaulois se servaient de cendres végétales comme savon. Ils


connaissaient déjà les poudres, les onguents, les pommades, infusions, huiles,
baumes, lotions, sels. Avec comme ingrédients de beauté l'iris, le mélilot,
la myrrhe, le safran, le styrax, le miel et le vin. Leurs colorants étaient déjà
la craie et la céruse pour les fonds de teint blancs, l'ocre, le henné ou la
cendre de hêtres. Les lésions inesthétiques étaient camouflées et non soignées.
Si les bains étaient en faveur dans l'Antiquité avec des bains publics et
des salles de bains chez les riches Romains, après le Moyen Age la propreté
disparaît. On se contente de se passer un peu d'eau sur le visage et de
masquer la crasse en blanchissant la figure et en se parfumant à l'ambre,
au musc, au jasmin, à la cannelle, la rose ou la lavande. Après l'invention
de la distillation à Byzance, ce sont les croisades et les routes des épices
qui ont fait connaître les parfums à l'Occident médiéval. L'Eau de Hongrie
est née en 1500 et on en parfume vêtements, gants et coussins.
René le Florentin manie le musc, l'ambre gris et la civette au même
titre que les poisons. Du Moyen Age à la fin du XVIIe siècle, seuls les
apothicaires préparaient et vendaient des eaux de senteur et des poudres
parfumées, ce qu'a confirmé un édit de 1631. La poudre de chypre à base
de benjoin, de myrrhe et d'aloès servait à parfumer les vêtements et les
maisons.
Les premières pommades étaient à base de jus de pomme, d'où leur nom.
Diane de. Poitiers au XVe siècle allait fixer pour cent ans les canons de
la beauté : toute femme devait avoir, comme elle :

trois choses blanches : la peau, les dents, les mains ;


trois choses noires : les yeux, les sourcils, les paupières ;
trois choses rouges : les joues, les lèvres, les ongles ;
trois choses longues : le corps, les cheveux, les mains ;
trois choses courtes : les dents, les oreilles, les pieds ;
trois choses étroites : la bouche, la taille, l'entrée du pied ;
trois choses grosses : les bras, les cuisses, le haut des jambes ;
trois choses petites : les tétins, le nez, la tête.
Le maquillage avait alors des obligations de caste ou de rang social :
certains violines et albâtres ne pouvaient être portés que par les dames de
la cour. Cependant, la céruse dont on enduisait le visage pour sa pâleur
était toxique pour la peau et la nuit on portait des masques toniques. Un
masque de farine et de blanc d'uf pouvait masquer les imperfections de
la peau du visage.
Catherine de Médicis installera à Grasse la première usine de distillation,
cependant qu'Anne d'Autriche suspendait des pâtes parfumées à base
d'essences exotiques que l'on appelait les oiselets de Chypre pour parfumer
les pièces.
Si l'on se baignait à nouveau au XVIIe siècle dans de l'eau distillée de
fleur de lys, de fève, de nénuphar, au XVIIP, Joséphine de Beauharnais usait
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de bains d'eau de rose et de cognac, ou encore de myrrhe, cannelle et résine


ou bain de mendésium.
Au XVIIIe siècle, sont décrites à côté des eaux de senteur, l'eau de beauté
du sieur Lambert, l'eau singulière du sieur Mauriceau qui ôtait le hâle,
corrigeait les vices de la peau et effaçait les taches de rousseur. Le lait
virginal était une teinture de benjoin précipitée par l'eau, tandis que la
pommade au raisin à base de beurre, de cire d'abeille, de racine d'orcanette
et de raisin en grappe, était un des premiers rouges à lèvres, d'où le nom
donné aujourd'hui encore au bâton de rouge à lèvres.
L'eau du comte d'Orsay deviendra l'eau de Cologne d'Orsay et Houbi-
guant créera une poudre parfumée, et en Bretagne nous trouvons
aujourd'hui des cosmétiques selon les vieilles recettes de Lenoir, parfumeur de
Napoléon III.
Le temps nous manque pour parler de notre siècle cosmétique, je vous
parlerai une autre fois de la période exotique où la publicité s'inspirait de
l'Orient (huile de Chaldée, pâte de la Sultane, Dermophyl indien), de la
période scientifique où tout devait être scientifiquement obtenu : crème aux
ultra-violets, rouge à lèvres vitaminé, crème radioactive au microradium,
crème scientifique au radium et du thorium selon la formule du Dr Alfred
Curie, rouge baiser calculé à Paris par Paul Baudecroux, pour terminer par
une note technique que ne désapprouveraient pas nos chercheurs actuels :
ambre solaire (1936), filtre solaire scientifique qui arrête les rayons solaires
qui brûlent entre 2967 et 3130 de l'échelle des Angstroms.
Pr Yannick DE ROECK-HOLTZHAUER
Centre Atlantique d'Études en Cosmétologie
8, bd Eugène-Orieux, 44000 Nantes
BIBLIOGRAPHIE
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Dermatol, et Cosmétoi, 1987, 23, p. 49-56.
DE ROECK-HOLTZHAUER : Cosmétologie, Esthétique et Médecine, Colloque Nantes-Noirmoutier,
mars 1976.
DE ROECK-HOLTZHAUER : Soins esthétiques en cosmétologie, Colloque Nantes-Saint- Jean-de-
Monts, mars 1981.
SUMMARY
Cosmetology across the ages. The author paints a quick sketch of cosmetology
from Ancient Egypt to the 19th century.

ZUSAMMENFASSUNG
Die Kosmetologie im Laufe der Zeit. Die Verfasserin gibt eine kurze Ubersicht
der Kosmetologie vom alten Aegypten an bis zum 19. Jahrhundert.

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