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Quelles perspectives pour la langue française ? - La maîtrise de la ... https://books.openedition.org/pur/31780?

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de Rennes
Quelles perspectives pour la langue française ?
| Françoise Argod-Dutard

La maîtrise de la
langue française et
l’intégration aux
valeurs du pays
Nathalie Avédian, Christine
Ladret, Marie Lazaridis, Roger
Beslon, Simone Brodeaux, Claude
Derdiri, Alain Seksig et Michel
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Rabaud
p. 65-85

Texte intégral

Politiques et pratiques éducatives

L’école : un lieu d’intégration par la langue


1 La maîtrise de la langue française est une priorité forte de
l’Éducation nationale depuis plusieurs années. Cela veut
dire que trop d’élèves encore ne maîtrisent pas le français.
La langue est pourtant l’outil et le moyen de la pensée et,
encore plus que cela, car c’est elle qui permet à chacun
d’élaborer son rapport au monde, qui instaure la cohésion
sociale et qui, dans le contexte du collège Joachim- du-
Bellay où nous nous trouvons, rassemble nos élèves dont les
origines si diverses constituent la richesse. Pourquoi la
langue française et pas le breton, le basque ou l’arabe
dialectal, langues parlées en France ? Tout d’abord je
répondrai par une évidence historique : l’État, la
citoyenneté s’expriment dans une langue officielle : le
français. La République s’est construite après la langue et
c’est dans cette langue que se sont exprimées les valeurs de
la République dans un texte fondateur qui est la
Déclaration universelle des droits de l’homme : Liberté –
Égalité – Fraternité. Plus tard, le concept de laïcité a
permis à l’individu d’exister dans une société pluri-
culturelle démocratique, indépendamment de son
appartenance ethnique, culturelle, personnelle, religieuse.
Cette France républicaine a voulu, pour tous les enfants qui
vivent sur son territoire, une école laïque, gratuite et
obligatoire. C’est cette école qui a permis l’intégration de
tous les enfants d’immigrés de la deuxième génération. Le
premier des apprentissages, à l’école de la République, c’est
l’apprentissage de la langue française. De la maternelle à la
3e, les élèves ont dix ans, pour en devenir « maîtres ».
Évidemment, ceux qui commencent leur scolarité plus tard,
parce qu’ils viennent d’ailleurs, ont moins de temps pour y

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parvenir. Or, c’est la maîtrise de cet outil qui permet la


réussite scolaire, indispensable aujourd’hui pour trouver un
emploi. Alors, est-il possible à un enfant ou à un adolescent
de s’intégrer, ou à la société de l’intégrer, s’il ne maîtrise pas
la langue française ?
2 Quand on dit « intégration1 », souvent on pense
« immigrés ». Parmi les enfants ou les jeunes issus de
l’immigration, la situation est plus contrastée qu’il n’y
paraît. Il faut se garder de généraliser. Il y a les primo-
arrivants qui ont l’espoir de s’intégrer rapidement, une fois
l’apprentissage de la langue française bien avancé. Encore
faut-il pouvoir les y aider en mettant en place un dispositif
d’apprentissage du français langue étrangère. Il y a aussi les
« primo-arrivants » installés en France depuis deux ans,
voire plus, pour qui aucun dispositif d’apprentissage du
français langue étrangère (FLE) n’a pu être installé et qui
peinent pour réussir à l’école. Parmi les maghrébins de la
deuxième génération, il faut aussi distinguer les aînés des
plus jeunes. Les aînés ont dans l’ensemble réussi leur
intégration : parmi les anciens élèves de Du Bellay, issus de
l’immigration, il y a des ouvriers, des artisans, des
médecins, des avocats, des enseignants, des techniciens
mais aussi des chômeurs. Le problème de l’intégration et de
la maîtrise de la langue se pose davantage chez les cadets
pour qui la motivation et l’investissement personnel ne sont
plus au rendez-vous. Le positionnement des enfants turcs
est encore différent.
3 D’autre part, les difficultés d’intégration ne concernent pas
uniquement les populations d’origine étrangère. Ce n’est
pas parce qu’on est enfant d’immigré qu’on ne s’intègre pas.
Certains élèves, français de souche mais issus de catégories
socioculturelles très défavorisées ont davantage de
difficultés que certains de nos élèves issus de l’immigration.
Ce que l’on observe c’est que l’absence de maîtrise de la
langue française crée un handicap qui bloque le processus
d’intégration à notre société. Par voie de conséquence, on
est conduit à s’interroger sur ce qui fait obstacle aux
apprentissages et donc à l’intégration.

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4 On utilise beaucoup aujourd’hui le terme de citoyenneté,


d’éducation à la citoyenneté, comme moyen magique
d’éradiquer la violence des jeunes. Quelle représentation,
nous adultes, nous faisons-nous de la citoyenneté ? Quel
exemple, quel modèle de citoyen sommes-nous pour ces
jeunes, pour nos élèves ?
5 Je vais partir d’une scène que j’ai vécue en arrivant dans ce
collège : deux élèves ont eu une altercation dans la cour de
récréation où je me trouvais. L’un d’eux me dit : « c’est le
Français qui a commencé » ! Était-ce une manifestation de
racisme de la part de l’élève d’origine étrangère à l’encontre
de l’élève « français » ? Le fait est que l’un des deux ne se
sentait pas français. Qu’il soit maghrébin était sans
importance pour moi, mais cela l’était pour lui ! Il se jouait
là quelque chose qui valait la peine qu’on y regarde de près.
En fait, le conflit reposait sur un acte discriminatoire auquel
je ne m’attendais pas : empêcher l’élève « français » d’aller
aux toilettes. L’élève « français » avait « osé » se rebeller !
Mais parce qu’ils ont accepté de se parler dans mon bureau,
les deux adolescents se sont excusés, ont accepté de se
serrer la main. Les sanctions que j’ai prises ont été
comprises et acceptées. Pour l’élève maghrébin, le problème
de la maîtrise de la langue française était évident, mais
pourtant c’est cette même langue qui nous a rassemblés !
J’ai compris plus tard que le terme de « français », dans le
langage de la cité signifiait « être intégré socialement »,
avoir un statut social, ce qui veut dire que celui qui
employait ce terme ne l’était pas et se plaçait en marge de la
société. Socialement et juridiquement, il se percevait
uniquement comme enfant d’immigrés. Scolairement, il
était en situation d’échec, alors que l’autre élève, repéré
comme « Français », réussissait, faisait du latin et de
l’anglais européen. Derrière des apparences de chef de
bande, il vivait cela comme un handicap, dont il avait honte
et dont il souffrait, dont il se sentait victime, ce qui lui
permettait de justifier un discours de marginalité et
d’irresponsabilité, de se rassurer et d’exister dans son
groupe de jeunes.

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6 Inversement son comportement fautif pouvait favoriser le


racisme et les pratiques discriminatoires. L’absence de la
langue et les difficultés de communication auxquelles se
surajoute une situation d’échec toujours difficile à vivre —
pour tout individu et encore plus pour des adolescents —
sont au cœur des difficultés, de la violence et de l’irrespect
des valeurs de la République. Suite à cette « expérience de
terrain », nous avons ouvert plusieurs chantiers qui ont
constitué les grands axes de notre projet d’établissement. La
démarche de projet permet en effet, à partir d’un diagnostic,
de mettre en place une politique d’établissement pour trois
ans, avec évaluation annuelle, recadrage et bilan,
accompagnée d’actions qui ont pour objectif de changer la
situation de départ.
7 Notre projet d’établissement comporte donc trois axes. J’en
retiendrai deux pour le propos qui nous occupe :
8 1. faire du collège un lieu de vie où l’élève puisse, en toute
sécurité, développer sa personnalité propre dans le respect
de celle des autres. Un lieu de vie, cela veut dire que le
collège est un espace social où on s’approprie des savoirs
mais aussi où on apprend à vivre ensemble. C’est le premier
lieu de socialisation. Et cela implique des objectifs
intermédiaires :

faire aller ensemble les droits et les devoirs de chacun,


ne laisser aucun acte délictueux impuni afin de ne pas
générer de l’injustice et afin de combattre la loi du plus
fort et la loi du silence qui est la loi de la mafia ;
prévenir la violence, dans le collège et aux abords du
collège ;
associer les parents à nos actions éducatives,
développer la coéducation, c’est-à-dire un travail
partenarial d’éducation avec les parents, premiers
éducateurs de leurs enfants qui sont nos élèves.

9 et des actions :

dire « bonjour », premier acte de socialisation ;


constituer des classes hétérogènes qui instaurent une

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mixité sociale ethnique, en supprimant les classes


« ghetto », source de souffrance et de violence pour
ceux qui sont exclus des classes d’élites ;
mettre en place des fiches de suivi du comportement
pour certains élèves, avec une échelle de sanctions ;
organiser démocratiquement les élections des délégués
d’élèves aux conseils de classe et au conseil
d’administration, selon la procédure légale en vigueur
pour les élections en France ;
rencontrer fréquemment les parents ;

10 2. offrir à tous les élèves des voies différenciées de réussite,


ce qui sous-entend des objectifs intermédiaires :

donner la priorité aux actions permettant la maîtrise de


la langue française qui rassemble et qui socialise ;
lutter contre l’échec scolaire, par une réflexion sur la
conduite de classe (stage d’établissement) et la mise en
œuvre des situations et des activités d’apprentissage
adaptées. Car enseigner, ce n’est pas « faire
apprendre », c’est « faire connaître en indiquant »,
« transmettre à un élève de façon qu’il comprenne,
assimile » et s’approprie les savoirs ;
offrir des options qui demandent un plus gros
investissement à ceux qui en ont les capacités ;
valoriser les réussites, par exemple avec la remise
officielle des diplômes du Brevet ou du Certificat de
formation générale (CFG) par le représentant de l’État
de l’arrondissement, le sous-préfet.

11 Plutôt que de mettre en position de phare les différences, il


s’agit de mettre en avant les ressemblances, le plaisir de se
retrouver au collège pour apprendre, pour échanger, pour se
confronter et non pas s’affronter, pour grandir. La cour de
récréation et les groupes classes sont des lieux de
socialisation par excellence, où l’on s’approprie la langue
française, où l’on construit la cohésion sociale dont la
France républicaine a besoin pour se développer.
12 Ainsi, ces valeurs républicaines de liberté, d’égalité, de

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solidarité et de tolérance sont-elles le guide de nos


démarches. Si nous avons fait le choix d’enseigner, c’est
parce que nous les avons bien intégrées, ces valeurs, que
nous les partageons, même si nous connaissons des
moments de doute, de découragement, de colère face à une
réalité parfois difficile. Aussi je les reprendrai pour
expliquer notre démarche.

La liberté
13 Car il n’y a pas de liberté sans accès au savoir, sans
contrainte, sans connaissance de ses droits et de ses devoirs.
Le premier droit d’un élève, c’est le droit à l’instruction et à
l’éducation, son premier devoir, c’est s’instruire, s’éduquer.
Aussi, la liberté pour un élève, c’est :

le pouvoir de dire : pour cela, il faut des mots, une


syntaxe ;
le pouvoir de lire : on ne peut apprendre à lire si on
ignore les mots ;
le pouvoir d’écrire.

14 Mais parler, lire, écrire, ce n’est pas seulement « faire des


exercices », c’est acquérir :

le pouvoir de comprendre,
le pouvoir d’échanger,
le pouvoir de porter sa parole, de structurer sa pensée.

15 L’appropriation de cette liberté, de ces pouvoirs, implique


des ruptures, des conflits qui doivent être constructifs, et
non pas destructeurs. C’est elle qui rend possible
l’autonomie intellectuelle, qui permet de penser et de
choisir par soi- même. Instruire, c’est former par
l’observation, l’expérimentation, la réflexion raisonnée et
argumentée. Ainsi les sciences, les mathématiques
procèdent-elles à l’éducation à la citoyenneté en permettant
des choix raisonnés et rationnels. S’instruire, cela prend
toute une vie. Les apprentissages sont progressifs et
toujours incomplets. Ils sont une remise en cause

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permanente de soi, car leur réalisation participe à un travail


de transformation intérieure. Ce sont les apprentissages, qui
tout au long de la vie permettent d’élaborer une expérience
personnelle, dans la famille, à l’école, puis au travail, dans
des associations…
16 Il n’y a pas de liberté sans apprentissage.

L’égalité
17 Les hasards de la naissance ne valent pas égalité des
chances pour tous. Nourredine Saadi, écrivain et
enseignant, constate : « on n’est pas immigré de la même
manière à Neuilly et à Saint-Denis » et j’ajouterai : on n’est
pas français de la même manière en centre ville et en
banlieue.
18 Il y a des élèves pour qui les apprentissages font sens, qui
sont capables de faire le lien entre les différentes disciplines
enseignées, de réinvestir en physique ce qu’ils ont appris en
mathématiques. Pour d’autres ce réinvestissement
nécessaire fait défaut, pour diverses raisons :

ils sont brouillés avec l’écrit,


ils ne maîtrisent pas la langue,
ils ne possèdent pas ces pouvoirs que j’ai évoqués
précédemment.

19 Donner à tous un égal accès à l’instruction et à l’éducation


passe par une égale maîtrise de la langue.
20 On comprend l’engagement personnel et collectif que cela
implique de la part des enseignants, engagement qui
n’existerait pas sans le plaisir d’enseigner qui les anime. Le
chemin le plus rapide pour que tous les élèves s’approprient
les savoirs n’est pas forcément le plus court, surtout quand
il y a la barrière de la langue qui empêche les
apprentissages. Aussi les enseignants du collège Du Bellay
s’attachent- ils à développer la pédagogie du contournement
grâce à des actions comme l’écriture de deux romans par les
élèves de CM2 et de 6e, comme l’élaboration de poèmes,
comme les défis lecture organisés par le collège en
partenariat avec la ville de Cholet pour tous les élèves de

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Cholet, du public et du privé, la participation au concours


sur la citoyenneté organisé dans le cadre du bicentenaire de
la Légion d’honneur et de Victor Hugo…
21 Lire, écrire pour un destinataire identifié qu’il faut
informer, intriguer, amuser, intéresser, placent les élèves
dans des situations de communication qui font sens. Ils ont
été rassemblés dans un projet commun, grâce à la langue
sur laquelle ils se sont interrogés avec enthousiasme. Ils se
sont corrigés, ont argumenté, se sont transformés en
véritables écrivains. Ils ont compris que la langue est l’outil
grâce auquel on structure une pensée que l’on peut
confronter, frotter à celle des autres, que dans l’histoire
inventée il y a une part de la représentation de soi et du
monde et qu’elle permet d’établir une relation à l’autre, aux
autres.
22 Le concours sur la citoyenneté a obligé les élèves de 4e, à
réaliser un gros travail de recherche sur le Premier Empire,
sur Victor Hugo et sur la Légion d’honneur, dans le cadre de
leur programme d’histoire et de français. Puis ils ont
répondu, via Internet, aux questions du concours. Ils ont dû
argumenter, confronter leurs réponses dans le groupe
classe, car il s’agissait d’un concours collectif, accepter le
point de vue de l’autre, vivre une véritable aventure
intellectuelle. Le premier prix — qu’ils ont remporté —
consistait en un voyage en TGV jusqu’à Paris, avec visite des
Invalides, puis, du Sénat et de la Chambre des députés,
sièges du pouvoir législatif. Enfin, ils ont été accueillis à
l’Élysée, lieu du pouvoir exécutif. C’était la première fois que
l’Élysée ouvrait ses portes à un groupe d’élèves.
23 Toutes ces actions valorisantes en faveur des élèves ne
seraient pas possibles si la solidarité, troisième grande
valeur républicaine, n’était pas au rendez-vous.

La solidarité
24 Aider les plus démunis dans l’apprentissage des savoirs, les
aider à surmonter une situation d’échec, « donner plus à
ceux qui ont moins », ce sont les principes qui ont prévalu à
la mise en place des ZEP (Zones d’éducation prioritaire), un

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acte de solidarité sans précédent de la part de l’État vis-à-vis


des plus démunis. Les ZEP sont des laboratoires
d’innovation pédagogique. Je dis souvent que, dans ce
cadre-là, nous sommes des chercheurs en sciences de
l’éducation. Si nous nous sommes attelés à ce problème
complexe de la maîtrise de la langue française, c’est parce
qu’on ne peut laisser une partie des élèves sur le quai de la
gare quand d’autres sont installés dans le train de la
réussite. Cela ne peut se faire qu’au travers de ce nécessaire
travail d’équipe solidaire qui permet de repérer
régulièrement les élèves en difficultés, d’établir un
diagnostic, de mettre en place des remèdes et d’évaluer. Il
permet de réfléchir à des dispositifs adaptés comme l’École
ouverte, comme le FLE en partenariat avec le Groupement
de retraités éducateurs sans frontière (GREF), l’Aide
personnalisée obligatoire… Il faut donc construire et
développer un partenariat, qui nous rende plus efficaces, au
sein de notre institution, avec le Rectorat et l’Inspection
académique, et à l’extérieur avec :

les collectivités territoriales : conseil général, mairie de


Cholet et communauté d’agglomérations,
l’État en la personne de M. le sous-préfet dans le cadre
du contrat de ville avec la ville de Cholet,
le FASILD, le Fonds d’action et de soutien pour
l’intégration et la lutte contre les discriminations,
des associations comme le GREF,
des centres sociaux : la Maison de l’enfance, le centre
social Convergence et le centre social Pasteur,
des lieux de culture : le Jardin de Verre, le cinéma Le
Palace,
des écrivains, des cinéastes.

25 L’école ne peut plus être fermée sur elle-même. Elle n’est


pas un îlot isolé dans un monde traversé de crises. Elle aussi
est frappée de plein fouet par les crises qui traversent la
société. Pour réussir le pacte républicain d’intégration,
enjeu majeur de notre société et de notre démocratie, elle a
besoin de partenaires où chacun doit rendre compte de son

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action.
26 Les adultes qui s’occupent des jeunes, à quelque niveau que
ce soit ne doivent- ils pas être les modèles de ce qu’ils
proposent à ces jeunes ? Donner l’exemple. Avoir vis-à-vis
de soi une exigence forte, afin d’avoir la légitimité d’exiger
beaucoup des élèves.
27 Les conditions de l’intégration aux valeurs de notre pays
seront facilitées si notre société démocratique évolue vers
plus d’égalité et de solidarité. Comme on aurait pu écrire, au
siècle dernier, sur un bulletin trimestriel : « peut mieux
faire », l’école peut faire mieux. La République est
perfectible. Ce sont nous, les citoyens, qui faisons vivre et
l’école, et la République, pour que les élèves, les jeunes
soient les citoyens responsables de demain.
28 À diplôme égal, emploi égal, salaire égal — entre les
hommes et les femmes, mais aussi entre Français d’origine
et Français d’adoption —. Trop de jeunes se trouvent encore
confrontés au « délit de faciès » quand, une fois les
diplômes acquis de haute lutte, ils cherchent un emploi et
un logement. Je salue les entreprises citoyennes qui, quelles
que soient les origines ethniques des élèves, les acceptent en
stage de découverte ou signent avec eux un contrat
d’apprentissage. Si l’école est le premier pilier de
l’intégration, le monde du travail en est le deuxième. C’est
sur ces deux piliers que continuera à se bâtir notre
démocratie.
29 NATHALIE AVEDIAN

La diversité culturelle comme facteur d’intégration


30 En tant que responsable, au rectorat, du suivi des
établissements de cette académie, et tout particulièrement,
des établissements que j’appellerai innovants pour la
réussite des élèves, c’est-à-dire ceux qui amènent une réelle
valeur ajoutée en terme de réussite scolaire et de
démocratie, je voudrais souligner trois points qui m’ont
paru particulièrement importants dans la précédente
communication.
31 Madame Avédian en a présenté tout d’abord une vision très

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large, ne réservant pas le concept d’intégration aux seules


populations d’origine étrangère, mais l’ouvrant également
aux populations françaises en voie de marginalisation
sociale. Cette conception de l’intégration fait l’hypothèse
que la diversité culturelle des élèves est une richesse pour
un collège et non pas un handicap comme on peut
l’entendre dire parfois.
32 De plus, la langue française y est mise en acte non
seulement comme outil de pensée, d’élaboration du rapport
au monde et à soi-même, mais également comme outil de
cohésion sociale.
33 Enfin, c’est une citoyenneté qui s’ancre dans l’universalisme
des valeurs de la République tout en intégrant le pluralisme
et la diversité de la société française d’aujourd’hui.

L’intégration
34 Je vais présenter peut-être en écho le dispositif « école
ouverte ». L’une des difficultés majeures de l’intégration est
qu’elle ne se réduit pas à la seule adaptation et à la réussite
scolaire des élèves. Elle se joue également dans d’autres
univers et, en particulier, l’univers de la sociabilité des
enfants, des loisirs et des apports culturels. Le dispositif
« école ouverte » est un dispositif extrêmement atypique
dans l’Éducation nationale puisqu’il fait le pari de concilier
un lieu hautement symbolique, l’école, et les vacances. Ces
deux moments paraissent inconciliables. Il existe des
établissements qui ont pourtant relevé le défi et ouvert leurs
locaux pendant les temps de congé pour accueillir les élèves
qui auraient besoin de plus d’école, de plus de culture et de
plus de loisirs. À Cholet, nous sommes tout à fait gâtés,
puisque le collège Colbert fut l’un des premiers à ouvrir ses
portes dans l’académie. Le collège Du Bellay l’a rejoint dans
ce mouvement il y a quelques années. C’est bien là une
manière de lutter contre l’échec scolaire d’une part et de
revaloriser de l’image d’un établissement dans un quartier
d’autre part.

L’apprentissage de la langue française

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35 Je laisserai à Marie Lazaridis le soin de traiter du problème


de la citoyenneté lorsqu’elle parlera de l’accueil des enfants
allophones. Je vais essayer auparavant de parler de cette
langue qui est le lieu où se stigmatisent les différences
sociales et culturelles, les différences de rapport à l’école et
au savoir, et où la tension est très forte entre le langage et
l’affirmation identitaire.
36 Mais quand on parle de langage des jeunes, de quoi s’agit-
il ? Les jeunes demandent à s’exprimer, revendiquent haut
et fort et réclament une reconnaissance identitaire. Leur
langage se réduit souvent à des mots, des expressions, des
intonations, à des usages de formes syntaxiques et lexicales
chargées lourdement de valeurs, qui marquent leur
appartenance à un groupe ou, plus manifestement,
marquent leur opposition à d’autres groupes et tout
particulièrement au groupe des adultes. Il y a identification
de soi au mot. On est ce que l’on parle. Tout entier dans
l’action et dans la fête, dans la fusion de soi au groupe et
dans la distinction radicale avec l’autre, le différent.
37 À fonctionner par slogan, le langage devient codé et toute
correction ou remarque linguistique d’un enseignant sont
ressenties comme identitairement dangereuse et
socialement agressive. Ce rapport au langage privilégie
l’oralité aux dépens de l’écriture, rendant difficiles les
apprentissages scolaires liés à l’écrit. Ce qui frappe les
enseignants, c’est cette aisance à l’oral qui contraste avec le
blocage à l’écrit. Ce sont les mêmes élèves qui produisent
des textes composés, dénoncés, juxtaposés dans le sens, la
répétition et le martèlement du même mot, comme le rap.
Le décalage est alors très grand entre les situations
d’écriture scolaire permettant de s’approprier des savoirs et
les habitudes d’écriture des élèves ayant ce rapport au
langage. La distinction entre habitude d’oralité et habitude
d’écriture semble constituer une piste pour comprendre ce
qui se joue de profondément culturel dans le domaine
langagier.
38 CHRISTINE LADRET

La scolarisation des nouveaux arrivants


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39 Il me revient de parler de la scolarisation des élèves


étrangers nouvellement arrivés en France, bien souvent
non-francophones, et j’insiste sur le terme de nouvellement
arrivés, parce qu’effectivement cette temporalité de la
migration est déterminante pour comprendre la spécificité
de l’apprentissage de la langue française à l’école pour les
enfants de migrants.
40 Au ministère de l’Éducation nationale, avec la parution de
nouvelles circulaires en avril 2002, il nous a semblé
important de souligner la distinction entre les élèves de
nationalité étrangère, qui sont nés et scolarisés en France, et
ceux qui arrivent en cours de scolarité en France et qui ont
été en partie scolarisés dans leur pays d’origine. Pour ces
derniers, il s’agit de réfléchir à leur scolarité non pas en
terme de difficultés, bien que certains d’entre eux puissent
en rencontrer, mais surtout en termes de remise à niveau
linguistique. Ce constat et cette certitude ont motivé le souci
de remplacer le terme générique et pourtant poétique
d’«enfants de migrants, par une longue périphrase, qui a
l’avantage de la clarté et de la précision : « élèves
nouvellement arrivés en France sans maîtrise de la langue
française ou des apprentissages scolaires pour intégrer
immédiatement une classe du cursus ordinaire.
41 Et pourtant, la question de la scolarisation des enfants de
migrants n’est pas nouvelle. Depuis la création de l’école
publique il y a toujours eu des élèves de nationalité
étrangère à l’école, enfants de migrants, nés ou
nouvellement arrivés en France. L’égalité de principe entre
tous les enfants, quelles que soient leur origine et celle de
leurs parents, est au fondement de l’école de la République.
La loi d’obligation scolaire du 28 mars 1882 vaut pour tous
les enfants français comme pour tous les enfants de
nationalité étrangère.
42 Ces dernières années, le principe même de l’obligation
scolaire a été parfois discuté notamment pour les enfants de
parents entrés sur le territoire français en dehors des voies
légales et ne pouvant justifier de papiers en règle. Devant
ces difficultés, le ministère de l’Éducation nationale a

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rappelé récemment qu’« en l’état actuel de la législation,


aucune distinction ne peut être faite entre élèves de
nationalité française et élèves de nationalité étrangère pour
l’accès au service public de l’éducation. Rappelons, en effet,
que l’instruction est obligatoire pour les enfants des deux
sexes, âgés de six à seize ans, qu’ils soient français ou
étrangers, dès l’instant où ils résident sur le territoire
français. Il n’appartient pas au ministère de l’Éducation
nationale de contrôler la régularité de la situation des élèves
étrangers et de leurs parents au regard des règles régissant
leur entrée et leur séjour en France2 ».
43 Mais c’est seulement à partir des années soixante-dix, que la
scolarisation des enfants de migrants est prise en compte
dans un dispositif spécifique. L’allongement de la scolarité,
la démocratisation et la massification de l’enseignement,
notamment dans le secondaire, obligent à la mise en place,
pour un temps donné, de dispositifs particuliers qui doivent
permettre à tous l’accès au cursus général.
44 À partir de 1970, date de la première circulaire officialisant
les classes d’initiation (CLIN) dans l’enseignement
élémentaire, des dispositions particulières ont été prises
pour faciliter l’apprentissage du français par les nouveaux
arrivants. Dès 1965, des classes avaient été spontanément
créées par des enseignants et il existait déjà cent classes
d’initiation expérimentales à la parution de la première
circulaire.
45 Cette première circulaire est suivie, en 1973, de celle qui
concerne « la scolarisation des enfants étrangers non
francophones arrivant en France entre 12 et 16ans ». Des
classes dites « d’adaptation » se mettent en place dans les
collèges. On en modifiera, quelques années plus tard, la
dénomination pour enrayer la (coupable) confusion avec les
« classes d’adaptation » qui scolarisent pour un temps
limité des élèves d’écoles maternelles ou élémentaires en
difficulté d’apprentissage.
46 Ainsi, en 1986, une nouvelle circulaire réunit les deux
degrés de scolarisation et adopte un titre plus explicite en
soulignant la priorité en matière d’apprentissage de la

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langue française3. L’apparition du terme structure d’accueil,


préféré à celui de classe d’adaptation, permet de souligner
le caractère temporaire de la scolarisation dans ces classes.
Cette circulaire introduit également une distinction entre les
élèves étrangers nouvellement arrivés en France et « les
élèves étrangers qui sont nés ou arrivés très tôt en France, et
dont les difficultés, qu’il s’agisse d’une insuffisante maîtrise
de la langue ou d’autres matières fondamentales, doivent
être traitées dans le même cadre que les difficultés
analogues des élèves français ».
47 Qu’est ce qui pouvait donc justifier la nécessité de publier de
nouvelles circulaires quinze ans plus tard pour rappeler ces
principes ? Progressivement en effet, sans grand bruit, ces
classes ont scolarisé des élèves en difficulté qu’ils soient ou
non des nouveaux arrivants. Il ne s’agissait pas de tous les
élèves en difficulté, mais de ceux dont on estimait que leurs
difficultés « étaient issues de l’immigration » même s’ils
n’avaient jamais connu personnellement l’expérience
migratoire et qu’ils étaient scolarisés depuis plusieurs
années dans le système scolaire français. La nationalité des
élèves, réelle ou supposée, valait comme explication de leurs
difficultés scolaires en lieu et place de leur parcours scolaire.
Ces classes à caractère pédagogique devenaient ainsi des
marqueurs identitaires en regroupant des élèves selon leur
origine nationale.
48 Outre que le terme d’origine étrangère peut porter à débat
dans l’école (quelle réalité scolaire recouvre-t-il ?), fallait-il
continuer à confondre les difficultés scolaires rencontrées
par des élèves nés et scolarisés en France et descendants de
migrants avec la remise à niveau linguistique des élèves
nouvellement arrivés en France ? Pouvait-on continuer a
nommer les premiers non-francophones parce que la langue
première de leurs parents n’était pas le français ?
49 De nombreuses études4 ont récemment montré que la
notion de langue maternelle est à utiliser avec précaution
s’agissant des enfants nés en France de parents locuteurs
d’une langue étrangère. Ces enfants apprennent
simultanément les deux langues.

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50 Des débats ont posé comme préalable la maîtrise de la


langue maternelle pour l’apprentissage du français, d’autres
la nécessaire connaissance du français par les parents pour
faciliter son apprentissage aux enfants. Il apparaît
aujourd’hui tout aussi excessif de dire que « ne pas parler sa
langue d’origine mettrait l’enfant en difficulté scolaire » que
de dire « ne pas parler français dans les familles est
générateur d’échec scolaire ». Les pratiques linguistiques
des familles sont loin d’être aussi tranchées et hermétiques.
Par ailleurs que gagne-t-on à désigner comme non-
francophones des enfants nés et socialisés en France ?
51 Qu’est ce qu’une langue maternelle ? Comment peut-on
l’établir avec certitude alors que cette notion même est
l’objet dé débat parmi les linguistes ? Est-elle la ou les
langues de l’enfance ? Peut-on en posséder plusieurs ? Et le
français, dès qu’il est appris dès le plus jeune âge à l’école,
n’est-il pas également une langue maternelle ? Il nous faut
dans ce domaine nous départir de notre vision de sédentaire
monolingue et ne pas considérer ce modèle linguistique
comme le seul qui vaille.
52 Par ailleurs la méconnaissance du français par les nouveaux
arrivants devait- elle être confondue avec les questions
d’illettrisme et les difficultés scolaires d’ordre cognitif ? On
dispose aujourd’hui d’évaluations qui nous permettent de
connaître précisément le niveau scolaire des nouveaux
arrivants dans des disciplines comme les mathématiques.
On doit en effet pouvoir tenir compte de l’ensemble des
compétences de ces élèves, linguistiques comme
disciplinaires.
53 Toutes ces questions sont des questions déterminantes
parce qu’il me semble que, comme le disait Albert Camus,
« mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du
monde ». La priorité pour les nouveaux arrivants est de tout
mettre en œuvre pour qu’ils acquièrent une maîtrise rapide
et solide de la langue française. Comme le soulignait le
ministre de l’Éducation nationale lors des journées
nationales d’études et de réflexion sur la scolarisation des
élèves nouvellement arrivés en France, organisée par la

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direction de l’Enseignement scolaire les 29 et 30 mai 20015 :


Ce qui les rassemble c’est d’être accueillis, dans une langue
qu’ils ne parlent pas…
Cet accès à la connaissance de la langue de la société
d’accueil est le premier principe d’hospitalité que celle-ci se
doit d’offrir à l’étranger qui arrive.

54 La langue de l’école est avant tout enseignée dans sa forme


écrite. Il faut rapidement valoriser celle-ci pour travailler
sur une langue commune. Cette langue rencontre par
ailleurs des usages variés selon les disciplines enseignées. Il
faut pouvoir également donner accès à cette variété au
nouvel arrivant. Le français langue seconde (FLS) consiste à
enseigner dans une langue qui leur est originairement
étrangère à des fins de scolarisation sans omettre, dans un
premier temps, les mécanismes de base de la langue de
communication. Il s’agit tout à la fois d’acquérir les
automatismes langagiers et de découvrir la langue en
situation scolaire.
55 Il faut se soucier de leur dispenser un enseignement dont
l’objectif est, comme pour tous les autres élèves, celui des
acquis scolaires. Ce n’est pas parce qu’ils sont nouvellement
arrivés que l’on ne va pas leur enseigner l’histoire et la
géographie, la physique ou l’éducation physique et sportive.
Ils ont droit à tous les enseignements dès leur arrivée, et
cela, pour leur permettre d’acquérir la langue française, de
communiquer et de réussir scolairement et socialement.
Pour cela, il est vrai, il faut que les enseignants qui les
accueillent puissent être accompagnés, formés à la
complexité de cette démarche pédagogique. C’est dans cette
optique, que le Ministère a souhaité recentrer les missions
des centres de formation et d’information pour la
scolarisation des enfants migrants (CEFISEM), qui sont
devenus les centres académiques pour la scolarisation des
nouveaux arrivants (CASNAV)6.
56 Par ailleurs pour ces élèves qui ont été scolarisés dans leur
pays d’origine, la poursuite à l’école française de
l’apprentissage de la langue première de scolarisation,
comme langue vivante, demeure un atout pour la réussite

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scolaire, qu’il est nécessaire de leur offrir le plus souvent


possible.
57 Ces nouvelles orientations nous permettent également de
sortir d’une vision par trop misérabiliste concernant la
scolarisation de ces élèves en reconnaissant pleinement, s’il
y a lieu, leurs compétences scolaires.
58 Pendant l’année scolaire 2001-2002, c’est plus de 40 000
élèves nouvellement arrivés en France qui ont été accueillis
et scolarisés dans le système éducatif français et qui ont eu à
apprendre l’histoire, les mathématiques et bien d’autres
choses encore en langue française. Il est fort probable que la
plupart d’entre eux resteront, et même si cela n’est pas,
nous nous devons de faire en sorte que la belle expression
de Cioran, écrivain roumain de langue française, devienne la
leur : « on n’habite pas un pays, on habite une langue ».
59 MARIE LAZARIDIS

Des actions d’encadrement pour une


meilleure intégration linguistique et
sociale

La mission éducative du GREF


60 Le Groupement des Retraités Éducateurs sans Frontières
(GREF), est une organisation de solidarité internationale
créée il y a douze ans. Ses membres, entre 250 et 300,
interviennent chaque année dans une vingtaine de pays
pour apporter une aide dans le domaine de la formation et
de l’éducation, et cela depuis plus de dix ans, à la demande
des pays d’Europe centrale et orientale (PECO), mais aussi
du Moyen-Orient et bien sûr de la France. Ces
interventions, d’une durée de deux ou trois mois, ont pour
but d’aider les enseignants à perfectionner leur pratique du
français et à mettre au point des outils pédagogiques
adaptés au service de la collectivité.
61 C’est dans ce cadre que s’inscrit l’action du GREF auprès du
collège Joachim Du Bellay : il vient en aide à une vingtaine
d’élèves volontaires qui ont des difficultés en français. Les
jeunes, qui bénéficient de cette formation, sont d’abord ceux

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qui arrivent d’un pays étranger où notre langue n’est pas


pratiquée. Mais peuvent également en profiter des élèves
qui, installés en France depuis quelque temps, ont encore
des difficultés dans la maîtrise du français. Cette action
sollicite l’adhésion des parents pour qu’une véritable
coéducation soit mise en place et pour qu’aux yeux de tous
l’école et ses valeurs républicaines soient valorisées. Elle
s’appuie, bien entendu, sur une pédagogie adaptée que le
GREF a mise en place. Mais cette démarche requiert, pour
être pleinement fructueuse, des moyens financiers et
humains accrus : ce partenariat entre le collège et le GREF
devrait, à brève échéance, être relayé par les pouvoirs
publics.
62 Mais au-delà des problèmes, des pratiques pédagogiques,
des actions ponctuelles, le GREF est bien, malgré sa
modeste participation, un acteur de la francophonie. À ce
titre, il contribue à maintenir une précieuse diversité
culturelle dans le monde.
63 ROGER BELSON

Le CELIOS et l’accueil des adultes migrants à


Nantes
64 Le Centre d’Évaluation Linguistique, d’Orientation et de
Suivi (CELIOS) créé en 1998, est une initiative d’Espaces
Formation, financée par le FASILD et le FSE. Il a pour
vocation d’accueillir le public dit « Migrant », c’est-à-dire
essentiellement des adultes d’origine étrangère,
francophones ou non, aussi bien analphabètes que
scolarisés à des niveaux supérieurs7.
65 Le CELIOS évalue le niveau linguistique des arrivants8, les
oriente vers les organismes de formation, les accompagne
dans leur parcours selon les cas.
66 Mais, pour la plupart des personnes d’origine rurale, pas ou
peu scolarisées dans leur pays, l’apprentissage de la langue
n’est pas la priorité. On les retrouve dans des emplois sans
qualification et, dans la région de Nantes, par exemple, des
emplois saisonniers de maraîchage. Ce public a une
expérience antérieure difficilement transférable dans notre

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société (pensons au petit commerce des femmes africaines).


Il s’appuie donc sur la deuxième génération pour son
intégration sociale. La famille a bien conscience de l’enjeu
que représente l’école, même si cet univers paraît lointain
dans ses attentes, ses contraintes. Nous observons ainsi la
présence d’enfants assez jeunes qui accompagnent le parent
demandeur auprès de l’institution (mairie, assistante
sociale, organisme de formation, etc.) : pour le parent, cet
enfant qui va à l’école doit être capable de faire face, pour la
famille, aux exigences administratives. Selon lui, l’école le
prépare aussi à cela. L’enfant se trouve donc placé devant
une responsabilité dont la portée lui échappe en partie. Les
familles misent sur les enfants pour évoluer dans l’échelle
sociale ; or ces mêmes familles sont souvent loin du monde
de l’école. Cette attente peut donc être perçue comme trop
forte.
67 Nous sommes également amenées à accueillir des
personnes scolarisées, ayant suivi des études supérieures :
certaines ont occupé un poste qui conférait statut, pouvoir
ou aisance financière. La venue en France signifie alors le
renoncement à tout cela. Faire le deuil est douloureux. Aussi
nous constatons qu’elles ont des difficultés à acquérir la
langue, malgré leurs aptitudes à apprendre. Comment
répondre, dans ces conditions, aux demandes de la société
accueillante ? Comment comprendre un système dont les
règles sont inconnues, ne correspondant pas aux repères
habituels, sans passer par le langage ?
68 De plus, nous nous heurtons à des freins bien réels : un
niveau scolaire trop faible — il est difficile de commencer un
apprentissage théorique lorsqu’on n’y a pas été préparé dès
l’enfance —, une histoire personnelle compliquée — la
famille, la personne, est venue en France avec le projet
d’accéder à un avenir meilleur (mais, dans le cas des
réfugiés politiques notamment, c’est souvent un exil très
douloureux après des épreuves) —, un environnement social
peu facilitateur qui induit isolement, repli dans la
communauté éloignée du milieu francophone, difficultés
économiques.

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69 Notre rôle est de faciliter leur insertion sociale grâce à des


stages linguistiques ; ce sont en effet des lieux où les codes,
les règles se découvrent, se mettent en place : ponctualité,
assiduité, persévérance, règles de socialisation. La
formation transmet non seulement des structures de langue
mais aussi des moyens pour s’approprier un
environnement, s’impliquer dans la vie sociale locale, avoir
des relations en dehors de la famille, du groupe. Pour
compléter l’insertion des migrants, nous pouvons aussi les
orienter vers des stages linguistiques intensifs, et, bien sûr,
vers des dispositifs de droit commun. Il faut noter la
difficulté de nombreux migrants à comprendre notre
exigence de qualification professionnelle et de maîtrise du
français, surtout si une expérience de plusieurs années leur
a permis d’acquérir des savoir-faire.
70 Notre objectif est donc de mener chaque personne vers une
intégration réussie, qu’elle passe ou non par l’emploi. Mais
nous ne pouvons pas faire l’économie de la langue : on ne
peut que déplorer les situations de ces hommes et femmes
qui vivent depuis fort longtemps en France et qui ne sont
toujours pas autonomes dans leur vie quotidienne, faute de
parler suffisamment le français. Toutefois, il faut évoquer
aussi les parcours réussis de ceux qui ont pu reconstruire
leur vie, prendre leur place dans notre société : nous les
côtoyons quotidiennement et nous nous enrichissons de
leurs différences.
71 SIMONE BRODEAUX, CLAUDE DERDIRI

Une politique de la langue

La langue française, un pays à habiter


72 On a évoqué au travers des différentes interventions, les
termes d’élèves français, d’élèves étrangers. Je voudrais
rappeler ce simple mot d’un chercheur, aujourd’hui disparu,
Abdelmalek Sayad, directeur de recherche au CNRS, qui a
travaillé pendant des années à l’École des hautes études en
sciences sociales. Il disait ceci en parlant des enfants
d’origine étrangère, nés de parents, voire de grands-parents,

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qui venaient de l’étranger : « ces enfants sont enfants


d’étrangers peut-être, enfants étrangers à la société
française, assurément non, et plus assurément encore,
élèves français, en tant qu’élèves de l’école française ». Il
faisait nettement la distinction entre l’état privé de l’enfant
et le statut qu’il acquiert dès lors qu’il entre dans ce lieu
public qu’est l’école. Il est élève français au même titre que
les autres en tant qu’élève de l’école française. Donc nous
devrions nous-mêmes commencer à bannir de notre
langage les termes d’élève maghrébin, d’élève français, pour
parler d’élèves tout court ou, le cas échéant, de jeunes gens
de telle ou telle origine. Commençons déjà par les
considérer tous comme « élèves français, en tant qu’élèves
de l’école française ».
73 C’est aussi ce que nous dit un jeune d’origine italienne
arrivé en France à l’âge de sept ans, devenu depuis un
écrivain prolifique et un journaliste provocateur de renom,
François Cavana. Beaucoup le connaissent ; il a écrit Les
Ritals qui relate la vie de sa famille dans le quartier de la
petite Italie, où il grandissait à Nogent- sur-Marne. Cavana
disait cette chose toute simple (que vient également de
rappeler Marie Lazaridis) : « la langue maternelle, au fond,
c’est la langue de l’école ». L’école qu’il continue à appeler
aujourd’hui encore la communale, sa chère communale. Et
Cavana raconte que, lorsqu’il était enfant, il partait à l’école,
cartable au dos, avec son cousin. Dans la rue, en classe, il
parlait français ; revenu à la maison avec son cousin, il
parlait le piémontais.
74 Il faisait une très simple et très naturelle distinction entre la
langue de la maison, la langue de l’intérieur, et la langue de
l’extérieur, la langue de l’école, la langue de tout le monde
dans la société qui l’entourait. La question qu’il faut peut-
être se poser est celle de savoir si nous n’avons pas péché,
au cours des vingt dernières années, par confusion, une
confusion que nous avons même introduite dans la tête des
enfants. Que revenait-il en effet à l’école de faire ? Était-ce à
l’école de prendre en charge des cours dits de langue et
culture d’origine pour les enfants ?

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75 Avant de travailler au ministère, j’ai été instituteur, puis


directeur d’école, dans le 20e arrondissement de Paris, un
quartier très populaire où j’ai d’ailleurs connu Madame
Avédian comme principale de collège. Dans les années
soixante-dix, je me souviens très bien de ce que,
enseignants, nous disions en toute bonne foi aux parents de
nationalité étrangère qui venaient nous voir pour parler de
la scolarité de leur enfant : « Vous qui êtes d’origine
polonaise, italienne, marocaine, quelle langue parlez-vous à
la maison avec vos enfants ? Parlez-leur français, cela les
aidera pour l’école ». Résultat : nombreux étaient les
parents qui avaient du mal à parler français avec leurs
enfants ; au mieux ils s’efforçaient de parler un français
approximatif, mais cela ne leur était pas naturel. Dans les
années quatre-vingt, droit à la différence aidant, nous avons
changé notre discours et dit aux parents : « Si vous voulez
que vos enfants soient à l’aise dans notre culture et dans la
vôtre, qu’ils s’y retrouvent à l’école, à la maison, parlez-leur
votre langue ». Dans les deux cas, de quoi nous sommes-
nous mêlés ? Est-ce que nous sommes allés dire aux parents
berrichons : « Parlez ceci ou cela à la maison » ? Les parents
peuvent parler la langue qu’ils veulent à la maison avec
leurs enfants. La famille de ma femme est d’origine
espagnole, arrivée en France après la guerre civile par
émigration politique. À la maison, on parlait français, sans
doute par commodité pour les enfants, mais aussi pour
honorer le pays d’accueil. À d’autres moments, avec les
amis, on parlait espagnol. Cela regardait chacun et n’a
jamais empêché ma femme d’être parfaitement bilingue. Au
contraire. Nul n’a semé de confusion dans son esprit, au
nom du respect de son identité originelle ou d’autres
présupposés qui n’avaient alors —heureux temps ! —
aucunement cours à l’école.
76 Je voudrais citer, pour terminer, deux écrivains, et non des
moindres. Le premier, Cioran, poète roumain, disait : « on
n’habite pas un pays, on habite une langue ». L’objectif
essentiel de l’école française doit bien être en effet que tous
les élèves se sentent chez eux dans la langue française. C’est

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le premier principe d’hospitalité que nous nous devons de


leur offrir, leur offrir la langue, qu’ils soient chez eux dans
notre langue. Avant de leur donner la parole, comme nous le
disons souvent à l’école, il faut déjà leur donner la langue.
Le second auteur a reçu le prix Nobel de littérature en l’an
2000 ; il s’agit de Gao Xingjian qui aime à définir ainsi son
identité : « mon véritable pays, c’est la langue française ».
Ce sont des artistes et des écrivains en exil, ayant vécu
souvent des expériences inouïes, qui disent des phrases de
ce genre. Je crois que nous devons nous en inspirer dans
notre action quotidienne, au ministère de l’Éducation
nationale comme au ministère de la Culture.
77 ALAIN SEKSIG

Une politique contre l’exclusion culturelle


78 De part et d’autre du fleuve Oyopock, qui marque la
frontière entre la Guyane et le Brésil, la langue locale est le
palikur. Sur la rive française, les instituteurs enseignent en
français, même aux plus jeunes, tandis qu’en face leurs
collègues recourent à un traducteur pour les plus petits, et
passent peu à peu au portugais. Les résultats scolaires sont
réputés meilleurs du côté brésilien.
79 La France est traditionnellement méfiante à l’égard du
plurilinguisme, que l’on considérait naguère comme un
handicap. Il est évident aujourd’hui que c’est au contraire
un atout, à condition qu’il ne s’agisse pas de mal parler, mal
comprendre et mal écrire plusieurs langues : on ne fait alors
que multiplier les handicaps.
80 La langue a longtemps été comme le « point aveugle » de la
culture : pendant quarante ans d’existence, le ministère de
la Culture a négligé de se doter d’une politique linguistique.
C’est aujourd’hui chose faite, et cela selon plusieurs
directions.
81 Le premier axe est celui de la défense de la diversité
linguistique, consubstantielle à la diversité culturelle. Il
s’agit en particulier de permettre aux Européens de
conserver vivantes leurs langues, et au français de rester,
aux côtés de l’anglais et de l’allemand, une des langues de

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travail des institutions européennes. À l’intérieur de notre


pays, cette diversité linguistique doit également être
valorisée : place est désormais faite, aux côtés du français,
langue de la République, aux langues de France, c’est-à-dire
aux langues régionales et aux langues de l’immigration, qui
font partie de notre patrimoine culturel vivant.
82 Le Premier ministre a clairement défini cette double
postulation en recommandant, dans l’avant-propos du
dernier Rapport au Parlement sur l’emploi de la langue
française, de veiller simultanément à la primauté du
français et à la pérennité des langues de France. Le français
est à l’évidence le premier facteur d’intégration dans la
communauté nationale. Mais préserver la diversité
linguistique, c’est empêcher que dans l’effacement d’une
langue ne s’effondre un pan de la pensée humaine. La
langue en effet n’est pas un simple outil, mais le lieu même
où se forme et se formule notre pensée, et où nous
rencontrons la pensée des autres. De plus, il est aujourd’hui
clair que bien posséder sa langue, c’est se donner toutes
chances de bien maîtriser une langue apprise. De grands
écrivains, tels Conrad, Beckett, Ionesco ou Senghor, ont
montré à l’évidence que l’on pouvait s’exprimer et faire
œuvre originale dans une autre langue que sa langue
maternelle.
83 La maîtrise de la langue est donc logiquement l’autre axe
majeur de la politique linguistique. Le champ envisagé est
large. Au minimum, il s’agit d’alphabétiser ceux qui n’ont
pas appris à lire, écrire ou compter, et d’aider ceux qui ont
oublié ou mal appris ces fondamentaux à sortir de leur
situation douloureuse d’illettrisme. Mais au-delà, il s’agit de
faire que tous se sentent à l’aise dans leur langue, c’est-
à-dire en possèdent un vocabulaire suffisant, une syntaxe
fonctionnelle, et des moyens rhétoriques qui permettent
d’écouter et de comprendre ses interlocuteurs, de formuler
des idées, de présenter et d’enchaîner des arguments, et de
les faire valoir dans une discussion raisonnée. L’insuffisance
linguistique, a contrario, conduit à ce que les échanges
consistent moins en communication d’idées et d’arguments

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qu’en repérage de signes de reconnaissance et de


connivence communautaires.
84 La maîtrise de la langue implique la maîtrise des registres
de langue et des situations où l’on peut recourir avec aise et
justesse à tel ou tel d’entre eux. Cela signifie comprendre la
pratique linguistique de l’autre dans sa variété langagière,
savoir, par exemple, distinguer le tutoiement de respect,
importé de l’arabe, d’un tutoiement familier ou insolent. Il
ne s’agit pas d’exclure tel ou tel registre, que ce soit le
verlan, le parler jeune ou le jargon énarchique, mais de
permettre de circuler entre les différents registres, afin
d’éviter le mieux possible la clôture et l’exclusion
sociologique. La société est en effet toujours présente dans
le langage, et parler c’est proposer une pratique sociale. À
cet égard, je voudrais féliciter les jeunes qui ont conçu et
joué la saynète que nous venons de voir d’avoir fort bien
abordé et porté au théâtre cette problématique des registres
de langue.
85 Je conclurai là-dessus, en observant que l’on réduit trop
souvent l’exclusion à son aspect économique et à l’absence
de ressources ou d’emploi. C’est oublier que l’exclusion est
avant tout sociale et qu’elle commence par l’exclusion
culturelle et linguistique qui, pour être moins chiffrable,
n’en est pas moins insupportable. De ce point de vue,
travailler pour que tous accèdent à la maîtrise de la langue,
facteur essentiel d’intégration, est une exigence
républicaine.
86 MICHEL RABAUD

Notes
1. C’est-à-dire : « établissement d’une interdépendance plus étroite
entre les membres d’une société ». Quant au mot intégrer, il signifie :
« rendre complet, achever » et traduit une démarche qui va vers l’autre
alors que s’intégrer implique une démarche personnelle et volontaire.
2. « Modalités d’inscription et de scolarisation des élèves de nationalité
étrangère des premier et second degrés » ; Bulletin officiel de
l’Éducation nationale, spécial, n° 10, 25 avril 2002.
3. « Apprentissage du français pour les étrangers nouvellement arrivés
en France », circulaire n° 86-119 ; Bulletin officiel de l’Éducation

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nationale, n° 13, 3 avril 1986.


4. Fabienne LECONTE, La Famille et les langues. Une étude
sociolinguistique de la deuxième génération de l’immigration africaine
dans l’agglomération rouennaise, Paris, L’Harmattan, 1997 ; Raja
BOUZIRI, La Variation dans les pratiques langagières des jeunes
d’origine maghrébines à la Goutte d’or, Paris 18e, thèse EHESS, Paris,
2000, sous la direction de Pierre Encrevé.
5. Actes des journées nationales d’étude et de réflexion La Scolarisation
des élèves nouvellement arrivés en France, CNDP-VEI, hors série n° 3,
octobre 2001.
6. Bulletin officiel de l’Éducation nationale, spécial, n° 10, 25 avril
2002, voir « Missions et organisation des centres académiques pour la
scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage ».
7. Les sources d’immigration sont multiples : regroupement familial,
mariage avec un conjoint français, réfugiés politiques, demande d’asile
territorial, etc. Il nous paraît peu aisé d’aborder ici la question des
raisons de l’immigration : beaucoup trop de vies vouées à la misère et
attirées par un mirage, celui d’une France où tout est possible. Les
déceptions sont à la hauteur des espoirs.
8. Nous prenons en compte la scolarisation antérieure de la personne
dans sa langue d’origine pour définir le niveau : la personne non-
scolarisée relèvera de l’alphabétisation. La personne scolarisée relèvera
du Français Langue Étrangère. Il faut ensuite moduler en fonction des
acquis de chaque personne.

Auteurs

Nathalie Avédian
Du même auteur

Comment se réconcilier avec


l’école ? in Le français : des
mots de chacun, une langue
pour tous, Presses
universitaires de Rennes, 2007

Christine Ladret

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Quelles perspectives pour la langue française ? - La maîtrise de la ... https://books.openedition.org/pur/31780?lang=fr

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Quelles perspectives pour la langue française ? - La maîtrise de la ... https://books.openedition.org/pur/31780?lang=fr

Quand des diplômés étrangers


doivent apprendre le français
pour des raisons
professionnelles… in La langue
française : de rencontres en
partages, Presses
universitaires de Rennes, 2010
L’invention terminologique,
clef de la vitalité des langues in
Le français et les langues
d'Europe, Presses
universitaires de Rennes, 2011
Tous les textes
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sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Référence électronique du chapitre


AVÉDIAN, Nathalie ; et al. La maîtrise de la langue française et
l’intégration aux valeurs du pays In : Quelles perspectives pour la
langue française ? Histoire, enjeux et vitalité du français en France et
dans la francophonie [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de
Rennes, 2004 (généré le 22 décembre 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pur/31780>. ISBN : 9782753545809.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.31780.

Référence électronique du livre


ARGOD-DUTARD, Françoise (dir.). Quelles perspectives pour la langue
française ? Histoire, enjeux et vitalité du français en France et dans la
francophonie. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2004 (généré le 22 décembre 2023).
Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/31762>.
ISBN : 9782753545809. DOI : https://doi.org/10.4000
/books.pur.31762.

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