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Planète Santé

Les enjeux de
Santé N05
la vaccination
DU médecin au patient
décembre 2009 | disponible chez votre médecin | www.planetesante.ch

Réseaux de soins
Le patient au centre
de la révolution
• Nouveautés médicales et scientifiques • Témoignages / Interviews
• Traitement d’une maladie • Actualité / Politique de santé

DU médecin au patient
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edito/sommaire

Planète Edito
Santé
Impressum
Les réseaux de soins au
Rédaction
Rédacteur en chef
Michael Balavoine
chevet du système de santé
Rédacteurs par Michael balavoine
Philippe Barraud
Marina Casselyn Voilà un cadeau de Noël inespéré pour Reste qu’au-delà des nombreux modèles
éditeur une réforme enlisée au parlement depuis proposés (voir notre dossier), le problème
Editions Médecine & Hygiène des lustres. Didier Burkhalter, nouveau lié au financement de ces nouvelles structu-
Chemin de la Mousse 46 conseiller fédéral en charge de la santé, res est entier. Le système actuel, qui permet
1225 Chêne-Bourg
Email : planetesante@medhyg.ch affirme vouloir favoriser l’émergence de aux assureurs de pratiquer à la fois l’assu-
Tél : +41 22 702 93 11 réseaux de soins. Autrement dit, rempla- rance de base et la complémentaire privée,
Fax : +41 22 702 93 55 cer le modèle du médecin seul dans son a atteint ses limites. L’opacité entourant
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Tél : +41 21 321 41 88 Pour restaurer la confiance dans le sys-
Fax : +41 21 321 41 99
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Cette véritable réforme de l’accès aux soins tème, et en particulier celle des médecins
Site : www.publimag.ch et de la manière de les envisager vise avant qui travailleront dans les réseaux de soins,
tout deux objectifs : maîtriser l’évolution changer le mode de paiement des presta-
Graphisme
Bruno Charbonnaz des coûts et assurer la qualité de la prise en tions paraît indispensable. L’initiative du
charge. Deux mesures d’autant plus fonda- PS en faveur de la caisse unique – soutenue
Photographie
Romain Graf
mentales que la population vieillit et que par un nombre croissant de politiciens de
les maladies chroniques augmentent. droite – est un pas dans ce sens (voir notre
Impression
Imprimeries Réunies Lausanne SA
article). A la condition, bien sûr, que le peu-
Renens ple adhère cette fois-ci à un concept qui a
été rejeté en 2007.
Comité de rédaction
Dr Pierre-Yves Bilat
Dr Henri-Kim de Heller
Dr Marc-Henri Gauchat
Dr Bertrand Kiefer
Dr Michel Matter
M Pierre-André Repond
Pr Bernard Rossier
M Paul-Olivier Vallotton
Sommaire
Collaborations
Planète Santé est soutenu Politique de santé
par la Société vaudoise de médecine,
l’Association des médecins du canton 4 Réseaux de soins,
de Genève, la Société médicale du
Valais et la Société neuchâteloise de le défi de demain
médecine

Planète Santé est réalisé en


8 Des mesures urgentes
collaboration avec Le Fait Médical
(www.lefaitmedical.ch), périodique
pour maîtriser les coûts
10 Assurance maladie :
indépendant de vulgarisation bio-
médicale éditée par l’Association
pour l’Information Médicale (APLIM).
Comité : Pr B. Rossier, Pr J. Diezi, le retour de la caisse unique
M. G. Saudan

Abonnements Juridique
Le dossier médical
Version électronique : gratuite
Abonnement papier : 12 CHF/an 11
Tél : +41 22 702 93 29
Fax : +41 22 702 93 55 en question
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Santé
Fiche technique
ISSN : 1662-8608 12Les bonnes raisons de
se faire vacciner
Tirage : 100 000 exemplaires
4 fois par an
Disponible dans les cabinets médicaux

planète santé • décembre 2009 3


politique de santé

Le réseau
meilleure parade face
aux maladies chroniques
Le système de santé actuel Le système de santé suisse est Face à cette impasse, l’organisa-
n’est plus adapté à l’évolution un paradoxe ambulant : il est
très efficace et très sophistiqué
tion de réseaux de soins séduit
de plus en plus. Elle apparaît
de la population, chez qui les sur le plan médical et techno-
logique, mais trop cher ; il est
même comme la plus adaptée
face à la demande qui com-
maladies chroniques vont devenir servi par des professionnels de posera le paysage médical de
grande qualité, mais qui tra- demain : la maladie chronique.
prépondérantes. Les réseaux de vaillent chacun dans leur coin ; Pourquoi ? Aujourd’hui, 80%
il est conçu pour des soins aigus, des personnes de plus de 65
soins permettent de faire face à mais la demande s’oriente de ans souffrent au moins d’une
cette nouvelle donne, mais leur plus en plus vers des soins de
longue durée, faisant appel à
maladie chronique. En 2050,
les personnes de plus de 80 ans
mise en place ne va pas de soi. un grand nombre d’interve-
nants différents. En clair, ça ne
composeront 12% de la popu-
lation, contre 5% aujourd’hui,
par Philippe Barraud marche pas comme il faudrait, tandis que les 65-79 ans passe-
et l’assuré, à son niveau, me- ront à 16% (12% actuellement).
sure l’ampleur du problème en Parallèlement, le nombre des
voyant ses cotisations d’assu- personnes de moins de 39 ans
rance maladie prendre l’ascen- diminuera en proportion.
seur, sans pouvoir obtenir des
explications claires de sa caisse.
4 planète santé • décembre 2009
politique de santé

Maintenir au lieu de ou retarder les institutionnali- médecins et 60 000 assurés, collectivement, de nous poser un
guérir sations ainsi que développer des plutôt satisfaits, semble-t-il, certain nombre de questions sur
En clair, cela signifie que le programmes de prévention de la malgré les quelques restrictions la meilleure manière d’arriver
système de santé doit s’orienter fragilité des personnes âgées à qu’ils acceptent : ils ne peuvent à la meilleure qualité des soins
dès maintenant vers la prise en domicile pour éviter le transfert pas consulter en dehors du tout en diminuant, voire en ex-
charge des maladies chroniques, systématique aux urgences. Il y a réseau, sauf pour la gynécologie, cluant certaines procédures inu-
sur la durée. Et cela change chaque année un certain nombre la pédiatrie et l’ophtalmologie. A tiles ou futiles. Le travail au sein
beaucoup de choses. Face à une d’hospitalisations de personnes l’intérieur du réseau en revan- des cercles de qualité (réunion
maladie aiguë chez une person- âgées et de malades chroniques che, les patients sont libres de hebdomadaire entre médecins)
ne par ailleurs en bonne santé, qui pourraient être évitées, si consulter le médecin de leur permet d’unifier nos traitements,
le médecin va viser la guérison. le réseau sanitaire ambulatoire choix, qui les orientera, le cas d’améliorer les processus de
Avec la maladie chronique, il en était mieux organisé et coordon- échéant, vers un spécialiste. diagnostic et d’utilisation des
va tout autrement. La guérison né et s’il communiquait davan- En contrepartie, ils bénéficient nouvelles technologies à notre
n’étant plus envisageable, il va tage. Une meilleure coopération d’une réduction de 20% à 25% disposition. Nous avons aussi dé-
falloir se fixer d’autres objectifs, entre les différentes professions du montant des primes. Selon veloppé des moyens de commu-
que l’on pourrait qualifier de de la santé serait également plusieurs études mandatées par nication et d’informations plus
«qualité de vie» : limiter la pro- source d’amélioration de la l’OFSP les réseaux semblent performants.
gression des maladies, prévenir qualité des prises en charge, par afficher une économicité d’en- Les médecins participent à la
les épisodes aigus, agir sur les exemple entre médecins et phar- viron 20%, sans que les assurés gestion du système de santé et
facteurs de risque (prévention), maciens ou entre médecins et considèrent qu’ils aient reçu des à ses transformations qui sont
maintenir autant que possible infirmières à domicile. Le credo prestations de qualité inférieure. absolument nécessaires pour ré-
l’autonomie de la personne. est de travailler ensemble sur «Nous avons plus de quinze ans pondre aux défis de ce siècle. Les
Le médecin traditionnel, seul un même territoire de santé.» Et d’expérience et la diminution des médecins ont des connaissances
et débordé dans son cabinet, d’ajouter : «Ces réseaux de santé coûts par rapport à l’assurance et une éthique dont ils doivent
ne peut pas assurer à la fois la élargis vont progressivement se de base reste constante», affirme faire bénéficier la population.
gamme des soins nécessaires et mettre en place, les réseaux de Philippe Schaller. Si nous ne tirons pas tous à la
leur continuité : ces prestations médecins de famille, comme le même corde, nous allons vers
font appel à des professionnels réseau de soins Delta ont un fort Des médecins une crise majeure de nos institu-
différents et nombreux et dès leadership pour les développer. responsables du budget tions sociales».
lors, une coordination serrée est Dès 2010, nous allons déve- Une des caractéristiques du Les cercles de qualité entre pairs
indispensable. C’est là qu’inter- lopper plusieurs programmes Réseau de soins Delta, c’est que sont la pierre angulaire de la
vient le réseau. pour les patients souffrant de les médecins du réseau assu- formation des médecins, ainsi
maladies chroniques comme le ment entièrement la responsa- que de cette culture d’entre-
L’exemple du réseau de diabète, l’insuffisance cardiaque bilité budgétaire des coûts du prise développée depuis plus de
soins Delta ou encore l’asthme. Le médecin dispositif de santé, et donc des quinze ans au sein du réseau de
Fondateur du Réseau de soins traitant sera soutenu dans son éventuels dépassements. «La co- soins Delta. Son collègue, le Dr
Delta à Genève, le Dr Philippe travail quotidien grâce à la mise responsabilité budgétaire avec Marc-André Raetzo, en a déve-
Schaller observe qu’aujourd’hui à disposition d’informations l’assureur maladie nous permet, loppé les principes, basés sur une
déjà, deux tiers des dépenses de pertinentes et de ressources
santé sont générés par un tiers pour améliorer la coordination
des patients, les malades chroni- des différents professionnels Le généraliste ou le pilier manquant
ques. «Les réseaux de profession- nécessaire à une bonne prise en
nels pourraient, à terme, mieux charge de ses patients». Faut-il placer le médecin généraliste sur la liste rouge des
coordonner leurs actions et espèces en voie de disparition ? Les chiffres y inclinent. En
améliorer nettement la prise en Un pionnier 2004, un rapport estimait qu’il faudrait former dans les 15
charge des personnes âgées à do- Malgré leurs nombreux avan- ans à venir entre 100 et 150 médecins de premier recours
micile et celles souffrant de ma- tages, les réseaux de soins par an uniquement pour la Suisse romande. Or entre 2004 et
ladies chroniques. Ces réseaux sont rares en Suisse romande, 2006, seuls vingt-cinq médecins par année ont terminé leur
de santé constitués de médecins, contrairement à ce qui se passe formation de médecine générale en Suisse romande… Et dans
de professionnels des services en Suisse alémanique. C’est une enquête auprès des médecins en cours de spécialisation,
d’aides et de soins à domicile, pourquoi le Réseau de soins 8 à 10% seulement déclaraient se destiner à la médecine
ayant à disposition des struc- Delta fait figure de pionnier générale.
tures d’accueil intermédiaires, dans le paysage médical : voici Ces chiffres sont alarmants puisque, sans généralistes, il n’y
peuvent fortement réduire les un réseau fondé il y a déjà plus a pas de réseaux !
hospitalisations inappropriées de quinze ans, qui compte 160
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politique de santé

pédagogie bien codifiée. Depuis gère pas le système, et il n’est


quelques années, ces cercles se
sont élargis avec un certain nom-
pas souhaitable qu’elle vienne
des assureurs, dont ce n’est pas
Des réseaux de toutes
bre de pharmaciens, regroupés
au sein du réseau Rétis.
le métier. Autre problème aigu :
il y a, et il y aura demain un
les couleurs
manque flagrant de médecins
Chez les assurés, la de- de premier recours, qui sont les Les principaux modèles de réseaux de soins
mande existe piliers du système : sans eux, sont les suivants :
Il ne fait guère de doute que les point de réseaux ! C’est donc aux
réseaux – quelle que soit leur professionnels de se prendre en
nature particulière (voir enca- main, en faisant preuve d’imagi- j Modèle «médecin de famille» :
dré) – répondent non seulement nation et d’esprit d’entreprise, en
à l’évolution démographique de sachant s’adapter aux conditions l’assuré doit toujours consulter en premier lieu
la société et donc de la demande locales, qui sont très différentes son médecin de famille (qu’il a choisi librement).
de soins, mais aussi à la nécessité d’une région à l’autre. Et comme
impérative de contenir les coûts. le pense le Dr Schaller, «à terme,
Variante : le patient doit choisir son médecin de
C’est assurément ce dernier les réseaux actuels vont in- famille dans une liste établie par l’assureur.
aspect qui conduit une majorité clure, sur une base territoriale,
d’assurés à s’intéresser aux mo- l’ensemble des professionnels et
dèles alternatifs d’assurance, des institutions du système de j Modèle «réseau de santé» ou HMO :
dits managed care, si l’on en santé. Ces réseaux coordonne- l’assuré doit toujours commencer par consulter le
croit une étude du site bonus.ch : ront les actions cliniques et les
deux tiers des assurés se disent services, qu’ils proviennent de même médecin du réseau.
intéressés, sachant qu’ils peuvent financement public ou privé. Les
économiser jusqu’à 25% sur trajectoires soins de plus en plus
leurs primes. Et ils sont nom- complexes des patients âgés et
j Modèle «télémédecine» :
breux à accepter une restriction des malades chroniques l’exi- l’assuré doit appeler un centre de conseil médical
de leur libre choix du médecin : gent !» avant d’aller chez le médecin.
42%.
Mais pourquoi n’y a-t-il donc pas
une explosion de réseaux ? On
l’a dit, le système de santé suisse
est parcellisé, et l’initiative ne
peut pas venir de l’Etat, qui ne

Neuchâtel Valais
Le premier réseau est en place Des stages en cabinet pour jeunes
médecins
Le réseau de soins neuchâtelois (www.rsne.ch) comprend
environ 80 médecins de premier recours (internistes, généralistes Pour faire face à la pénurie prévisible d’omnipraticiens en Valais,
et pédiatres). Il a passé contrat avec deux groupes de caisses- l’initiative a été prise de favoriser l’installation de jeunes médecins
maladie, Helsana et le Groupe Mutuel, qui proposent pour 2010 au travers d’un projet d’implantation en Valais d’un Cursus Romand
un contrat de ce type. de Formation en Médecine Générale. L’idée est d’offrir une partie
importante de cette formation post-graduée en Valais par un tournus
Les médecins du réseau de soins neuchâtelois sont des indépendants, dans une série de services intéressés, et d’inclure dans ce tournus un
installés dans leur cabinet privé dans les différents districts du stage de médecin assistant en cabinet médical d’au moins six mois.
canton de Neuchâtel. Ils ont accepté de remettre en question leur Une douzaine de médecins praticiens valaisans ont déjà suivi la
pratique médicale dans des Cercles de qualité, et se veulent garants formation de base exigée pour superviser des médecins assistants
d’une continuité des soins dans le cadre de la médecine de famille. en cabinet, et sont donc reconnus tant par la FMH que par le Collège
Pour sa mise en œuvre, le réseau a bénéficié des compétences suisse de médecine de premier recours. Le potentiel de places de
techniques de la société Ctésias Care, centre de compétences dans formation en cabinet existe donc sans problème en Valais. Les
le domaine du managed care (www.ctesiascare.ch). stages de formation post-graduée en cabinet durent au minimum
six mois à plein temps ou douze mois à mi-temps.

6 planète santé • décembre 2009


politique de santé

«Le réseau ne coûte pas


moins cher, mais il est propice
à une meilleure médecine»
Propos recueillis par Philippe Barraud

Médecin-interniste à Château-d’Oex et
président de la Société médicale de la Suisse
romande, Charles-Abram Favrod-Coune voit
dans les réseaux un moyen de faire de la
meilleure médecine, sans pour autant que ce
soit une panacée.

On ne parle que de réseaux En tout état de cause, ni un poli-


et de managed care. Serait-ce tique, ni un entrepreneur, ni un
donc la panacée pour résoudre hôpital ne peuvent dire comment
les problèmes du système de faire un réseau.
santé suisse ?
Ce serait une illusion. Ces struc- Quel rôle doivent alors jouer
tures ne peuvent pas résoudre les pouvoirs publics ?
tous les problèmes. En particu- Ce doit être un rôle d’incitation,
lier, ils sont mieux adaptés aux qu’ils peuvent jouer efficacement
concentrations urbaines qu’à la sur deux axes : d’une part en
périphérie. Pour fonctionner, ils créant des infrastructures per-
ont besoin de généralistes, de mettant l’échange d’informations, charles-abram favrod-coune : “Ce n'est pas à l'assureur mais au
spécialistes, de moyens techni- car sur ce plan, le monde médical médecin de décider ce qu'il doit faire avec les moyens à disposition
en fonction des besoins du patient”
ques, d’infrastructures, toutes est encore au Moyen Age ; d’autre
choses difficiles à réunir loin des part, en mettant en place un ca-
villes. dre légal et financier qui n’interfè- faire de la meilleure médecine. l’éthique de son métier et des
re pas sur les modèles, mais laisse Et cela, on ne peut pas le faire besoins des patients. Si un assu-
Le patient non urbain sera la porte ouverte à la créativité. avec moins d’argent, puisque reur ou un politique se trouve en
donc amené à se déplacer de Il existe un risque énorme, celui moins d’argent, cela signifie position de dire à un médecin :
plus en plus ? de favoriser des modèles fondés moins de soignants, et moins «Vous ne pouvez pas faire ceci ou
Oui, car les moyens de transport sur le gatekeeper : que le patient d’heures passées avec le patient. cela», c’est un abus de pouvoir.
existants (144, hélicoptère…), doive consulter un généraliste Même constat avec les médica- La responsabilité du médecin
sont efficaces. Grâce à eux, le avant d’aller chez le spécialiste, ments : les nouveaux médica- est immense, puisqu’il n’a pas le
patient est protégé contre les ca- c’est très bien. Mais il ne faut ments seront toujours meilleurs, droit de faire autre chose que ce
tastrophes sanitaires traitables, il pas transformer le médecin de et il sera souvent justifié qu’ils qui est nécessaire pour la santé
ne faut guère que dix minutes de premier recours en simple trieur, coûtent plus cher. de son patient. C’est la discipline
plus qu’en ville. car alors cela conduit au ration- incontournable à laquelle tout
nement des soins. C’est logique Quelle est la place de l’assureur médecin – réseau ou non – est
La définition du réseau n’est puisque dans ce cas, le généraliste dans l’organisation future ? tenu. Et cela est vrai dans tous
pas excessivement claire. produit de moins en moins de Ce qui est sûr, c’est que les les cas de figure : dans un réseau
Quelle est votre vision ? soins. assureurs ne doivent pas piloter ou du managed care, il n’est ni
Les réseaux ont un énorme le système. Ils peuvent assurer plus difficile ni plus facile de
potentiel, mais il peut y avoir Pensez-vous que les réseaux le financement, resserrer les faire preuve de discipline médi-
mille configurations possibles. vont coûter moins cher que boulons quand c’est nécessaire, cale qu’ailleurs.
Différents patients et différents l’organisation actuelle ? mais c’est au médecin de décider
médecins se sentiront bien dans Je ne crois pas. Ce ne sera pas ce qu’il doit faire avec les moyens
un réseau, et pas dans un autre. moins cher, mais on peut espérer à disposition, en fonction de
planète santé • décembre 2009 7
politique de santé

«Mesures urgentes» :
l’urgence est ailleurs !
par Philippe Barraud

Le 9 septembre dernier, le Conseil national a


adopté une partie des «mesures urgentes» mentation des primes, provo- (médecins et assureurs) d’une
proposées par le Conseil fédéral pour réduire quée par les manipulations poli- prérogative pour laquelle ils sont
tiques de celles-ci et des réserves les mieux placés. D’autre part,
les coûts de la santé, mesures dont on sait qui ont été faites au cours des elle supprime les compétences
déjà qu’elles n’auront aucun effet sur les années précédentes : maintenant, cantonales en la matière, et enfin
primes d’assurance maladie en 2010. Le 26 il a fallu faire un rattrapage. Mais exclut tout droit de recours.
les coûts de la santé eux-mêmes Dans quels cas le gouverne-
novembre, le Conseil des Etats a refusé de ont peu augmenté. Nous vivons ment pourrait-il intervenir ? Il
suivre le National. Les deux chambres n'étant donc une situation très artifi- faudrait que les coûts, dans un
pas d'accord, de nouvelles discussions seront cielle et très politisée. Du point canton donné, augmentent dans
de vue des médecins, les mesures une proportion supérieure à la
menées. Mais, surtout, comme le rappelle à prendre d’urgence sont dans moyenne suisse. Plus précisé-
Jean-Pierre Pavillon, président de la Société l’organisation et le financement de ment, il ne devrait pas y avoir
vaudoise de médecine, s’il y a des mesures l’assurance maladie. Ce serait plus plus de 10% de différence entre
utile que des mesures urgentes qui la valeur du point la plus haute
urgentes à prendre, c’est dans le financement partent dans tous les sens.» et la plus basse. Or, estiment les
de l’assurance maladie. médecins, il est indispensable de
Comparer des pommes tenir compte des conditions lo-
«On nous tanne avec l’augmen- et des poires cales dans ce genre de comparai-
tation des coûts de la santé, Parmi ces mesures urgentes, il son, car les coûts par patient et
observe Jean-Pierre Pavillon, en est une qui suscite une claire par an dans l’ambulatoire privé
mais le problème n’est pas là ! Le opposition des médecins : celle ne sont pas directement corrélés
problème, c’est l’augmentation qui donne au Conseil fédéral la à la valeur du point tarifaire ni
des primes d’assurance maladie. latitude de baisser, par voie d’or- au revenu des médecins.
La Suisse est le pays d’Europe où donnance, les valeurs du point
la part privée du financement de tarifaire et les tarifs forfaitaires. Par exemple, les cantons de
la santé est la plus élevée, donc, C’est une mauvaise mesure, Zürich, Bâle-Ville et Genève ont
toute augmentation frappe de totalement contraire à l’esprit de des coûts nettement plus élevés
plein fouet l’assuré. On a créé un la LAMal, estime-t-il. D’une part, que le canton de Vaud ou le Jura,
psychodrame autour de l’aug- elle prive les partenaires tarifaires où pourtant les valeurs de points

THERESE MEYER-KAELIN
Et maintenant, une vraie réforme !
Pour la Fribourgeoise Thérèse Meyer-Kae- (nouveau réexamen extraordinaire des prix, ou de réseaux à disposition).
lin (PDC), membre de la Commission de la extension du panel des pays de comparaison Mme Meyer-Kaelin appelle désormais de
sécurité sociale et de la santé publique du pour les prix pratiqués à l'étranger, modifi- ses vœux une véritable réforme du système,
Conseil national, les «mesures urgentes» cations de la réglementation des génériques, au-delà des blocages idéologiques gauche-
ont été prises sous le coup de l’émotion et entre autres). En revanche, certaines mesu- droite qui ont empêché de réfléchir à un
aujourd’hui, la pression est un peu retom- res lui paraissent problématiques, comme système plus intelligent. «L’avenir est aux
bée, les hausses de primes ont été intégrées la durée minimale des franchises, même ré- réseaux de soins, affirme-t-elle, à ceux qui
dans un calme relatif par la population. duite à deux ans, et la participation différen- intègrent tous les intervenants, et les rend
Mme Meyer-Kaelin juge positives les mesu- ciée des patients aux coûts, alors qu’ils n’ont coresponsables.»
res prises au sujet du prix des médicaments pas toujours le choix (pas d’infrastructures Ph. B.

8 planète santé • décembre 2009


politique de santé

“La Suisse est le pays


d'Europe où la part privée
du financement de la
santé est la plus élevée”

sont sensiblement plus hautes. L’esprit de la Lamal mis


De plus, fait-on remarquer, il est à mal
périlleux de vouloir comparer les Et l’idée de créer une seule
revenus des médecins de part et valeur de point pour l’ambula-
d’autre de la Sarine, dans la me- toire, qu’il soit public ou privé ?
sure où le revenu s’acquiert de Pour le Dr Pavillon, elle n’est pas
manière différente : les médecins justifiée car là aussi on traite de
alémaniques pratiquent ce que choses qui sont peu comparables,
l’on appelle la propharmacie, dans la mesure où la structure
autrement dit la vente de médi- de prestations est très différente
caments au cabinet. Cela génère entre les deux. «On constate un
un bon tiers de leurs revenus : glissement du volume des presta-
ainsi, les médecins zougois ont tions vers l’ambulatoire hospita-
un revenu très supérieur à celui lier, observe-t-il ; notre volume,
comme l'explique jean-pierre pavillon, président de la société
des praticiens romands, malgré dans le privé, a peu augmenté – vaudoise de médecine, “Les coûts dans l'ambulatoire privé ne sont pas
une valeur de point plus basse. de l’ordre de 2,5% par an – alors directement corrélés au revenu des médecins”
Ceux-ci gagnent leur vie diffé- que l’ambulatoire hospitalier a
remment, puisque la propharma- une croissance à deux chiffres qui sont au téléphone. En Valais exemple, faxer une ordonnance
cie leur est interdite. Il n’est donc depuis des années.» par exemple, ce sont des méde- à la pharmacie. Mais une garde
pas surprenant que chez eux, la cins praticiens expérimentés qui téléphonique peut aussi être as-
valeur de point soit plus élevée La franchise bloquée pour deux assurent la garde téléphonique surée par des infirmières formées
et partant, il n’est pas possible de ans ? Le président des médecins d’urgence, et assurent un tri à ce travail, comme c’est le cas
comparer simplement les valeurs vaudois ne juge pas déraisonna- entre ce qui demande un conseil dans le canton de Vaud.
de point respectives. ble qu’un assuré ne puisse pas téléphonique, une consultation
changer sans cesse le montant par le médecin de garde, ou une Toujours pour la caisse
Certains se demandent alors s’il de sa franchise au gré des hospitalisation. C’est un système unique
ne faudrait pas supprimer la pro- événements. En revanche, lier qui fonctionne bien, et qui a Jean-Pierre Pavillon rappelle
pharmacie, par un souci quelque l’assuré à un seul assureur est permis de beaucoup diminuer les qu’en son temps, la SVM avait
peu dogmatique d’uniformisa- totalement contraire à l’esprit appels d’urgence à la garde. Mais publiquement soutenu l’idée
tion, voire d’économie. «Cela ne de la LAMal, puisque ainsi on s’il fonctionne bien, c’est qu’il d’une caisse unique – et elle
générera aucune économie !» entrave la concurrence : l’assuré, est assuré par des médecins de n’a pas changé d’avis. Il reste à
s’exclame le Dr Jean-Pierre Pa- qui ne connaît pas l’évolution des terrain qui ont de l’expérience.» définir un modèle susceptible de
villon. Les études montrent que coûts, ne peut plus changer de réunir une majorité, qui pourrait
les coûts en termes de médica- caisse, alors qu’on l’y encourage En revanche, on connaît mal le s’inspirer du fonctionnement
ments sont équivalents, voire un fortement par ailleurs ! niveau de formation et d’expé- de la caisse de chômage : une
peu inférieurs dans le cadre de rience des centrales commercia- centrale encaisse les primes,
la propharmacie. En tout état de Centrales téléphoniques : les, généralement financées par puis redistribue ensuite l’argent
cause, les médecins romands ne il faut des interlocuteurs les assureurs. Ce sont souvent aux caisses en fonction des coûts
sont pas favorables à la sup- bien formés de jeunes médecins en fin de réels. « Ce qui supprimerait au
pression de la propharmacie, Les centrales téléphoniques formation, ou qui n’ont pas moins le système des réserves,
qui bouleverserait la structure de tri font partie des mesures d’activité de cabinet, et à qui il qui favorise une opacité to-
du revenu médical en Suisse, adoptées par le Conseil national. peut manquer une expérience tale entre l’assurance de base et
une situation dans laquelle le «Tout dépend de la qualité du clinique pour être totalement l’assurance privée», estime le Dr
manque à gagner provoqué d’un conseil donné, estime Jean-Pier- performants. Mais pourrait- Pavillon.
côté devrait être supporté par les re Pavillon, qui dépend elle-mê- on faire sans médecins ? Il est
autres acteurs de la santé. me de la qualité des personnes évident que non, si l’on veut, par
planète santé • décembre 2009 9
politique de santé

Le retour
fracassant de Face à l’explosion des primes et au manque
de transparence dans la gestion de l’assurance

la caisse unique de base, le projet de création d’une caisse


unique refait surface. Débarrassée du tabou du
financement par le revenu, l’initiative, que la
par Michael balavoine
gauche prévoit de lancer au printemps 2010,
séduit même une partie de la droite qui avait
fait échouer la votation de 2007.

Séparer la base de la complémentaire éternelle question des coûts de la santé


En quoi consiste le projet ? Grossièrement résumé, il s’agit d’en finir Reste que pour les opposants, changer de système ne résoudra pas
avec un système hybride qui permet aux caisses de pratiquer à la fois le problème de l’augmentation régulière des coûts de la santé. Selon
l’assurance obligatoire et l’assurance complémentaire. Aujourd’hui Claude Ruey, président de santésuisse interrogé par la Tribune de Ge-
liés, ces deux types d’assurances sont toutefois bien différents, comme nève, « ce n’est pas en changeant le compteur d’électricité que l’on fera
le relève le Dr Pierre-Alain Schneider, président de l’Association des baisser la consommation d’énergie. » Autrement dit : repenser le rôle
médecins du canton de Genève. « D’un côté, l’assurance de base est du payeur et ajouter des chicanes ne mènent à rien. Un argument qui
obligatoire et doit garantir à tous les soins indispensables. Elle permet n’ébranle pas les partisans de l’initiative. « La caisse unique ne règlera
aux assureurs de couvrir leurs frais administratifs mais pas de réaliser pas le problème du financement des coûts de la santé, analyse le Dr
des bénéfices. Les assurances complémentaires, elles, autorisent les Schneider, si ce n’est qu’elle permettra d’économiser sur les frais de
prestataires à procéder à un examen de risques à la conclusion d’un publicité nécessaires au démarchage de nouveaux assurés et sur les
contrat et de refuser des personnes en mauvaise santé. Dans ce type frais administratifs liés aux changements de caisse. Elle apportera une
d’assurances, les prestataires peuvent faire des bénéfices. » transparence essentielle pour retrouver un climat de confiance néces-
saire à une réforme en profondeur du système. Le peuple suisse s’est
Transparence et sélection des risques : les biais du donné une loi sur l’assurance maladie généreuse qui paraît mainte-
système nant au-dessus de nos moyens à en juger par l’évolution des primes. »
Cette mixité entre assurances de base et complémentaire entraîne de Convaincu qu’il faut absolument conserver une haute qualité des soins,
nombreux problèmes comme l’a rappelé Stéphane Rossini, vice-pré- le médecin genevois esquisse « une autre voie préalable à la réforme
sident du PS suisse sur l’antenne de la Télévision suisse romande. A globale du système de santé qui consisterait à imposer une séparation
commencer par l’étanchéité des comptes entre les deux types d’assu- totale entre la pratique de l’assurance de base et celle de l’assurance
rances. Comment répartir avec précision les frais administratifs liés au complémentaire sans pour autant constituer une caisse unique. Une
travail d’un collaborateur ou les coûts liés à l’utilisation de locaux si le option à laquelle certains médecins travaillent actuellement. »
tout fait partie de la même structure ? « Cela est impossible, répond le
Dr Schneider. Et surtout, il devient possible de transférer des bénéfices
réalisés dans l’assurance de base vers la complémentaire ce qui est illé-
gal mais improuvable. » A cette opacité vient s’ajouter un autre problè-
me de taille : celui de la sélection des risques. « Lors de la conclusion
d’un contrat pour l’assurance de base, il n’est pas rare que les vendeurs
proposent une complémentaire parfois superflue, explique encore le
docteur genevois. Cela permet aux assureurs de procéder à un examen
de santé pour sélectionner des personnes en bonne forme physique et
d’accéder aux données sensibles qui sont protégées dans l’assurance
de base. L’intérêt est évident : plus une caisse attire une clientèle saine,
plus son activité sera rentable car ses assurés “ consommeront ” moins
de soins. »

10 planète santé • décembre 2009


éclairage juridique

Votre dossier médical


vous appartient
par Philippe Barraud

Contrairement à ce que l’on croit souvent, le


dossier médical du patient n’est nullement un
Véronique matthey, juriste à la société vaudoise de médecine :
document inaccessible, ou réservé au seul usage "Le patient a le droit de prendre connaissance de son dossier médical
et d'en demander une copie"
du médecin. Chaque patient a le droit d’en
prendre connaissance, de se le faire expliquer, • Les notes personnelles du médecin. Celles-ci ne doivent pas être
ou de se le faire remettre gratuitement. Le point remises, mais la définition en est restrictive : il ne doit s’agir que de
notes servant, par exemple, d’aide-mémoire, qui n’appartiennent pas
avec Véronique Matthey, juriste à la Société formellement au dossier médical. Les notes personnelles ne doivent
vaudoise de médecine. contenir aucune information sur la santé, le diagnostic et le traitement
du patient.

Les patients sont de plus en plus mobiles et, logiquement, lorsqu’ils • Les «données sensibles» du dossier. Elles sont de deux ordres. Le
déménagent, ils ont intérêts à glisser leur dossier médical dans leurs médecin ne pourra pas remettre à son patient des données relevant du
cartons à bananes. Façon de parler bien sûr : le dossier peut être secret professionnel, en particulier des informations concernant des
envoyé du médecin de famille au praticien du nouveau domicile. tiers, membres ou non de la famille du patient. La seconde catégorie
Mais plus généralement, les patients peuvent avoir besoin de leur est celle des données susceptibles d’avoir de graves conséquences
dossier médical pour, par exemple, solliciter un second avis avant un pour le patient. On pense en particulier aux cas psychiatriques, et à
traitement lourd ou une opération. des cas somatiques particulièrement graves, dans lesquels la simple
Plusieurs dispositions légales ou réglementaires (lois cantonales lecture du dossier risque de précipiter le patient dans un trouble
sur la santé, protection des données, code de déontologie…) fixent important. Dans de tels cas, le médecin peut soit suspendre le droit
les conditions de la remise du dossier médical. Elles peuvent varier d’accès (un recours du patient est alors possible), soit exiger que la
selon les cantons. Sur le principe, les choses sont claires : le patient prise de connaissance soit faite en sa présence, ou en présence d’un
a le droit de prendre connaissance de son dossier médical, de se le médecin désigné par le patient.
faire expliquer, et d’en demander une copie. Il peut aussi demander la
remise gratuite du dossier complet, en signant un reçu. En revanche, Un dernier aspect concerne la remise de données aux assurances.
il ne peut pas le faire modifier ou expurger. Celles-ci tentent de plus en plus souvent d’obtenir des pièces du dossier
médical, notamment les protocoles opératoires, ou en relation avec des
Une règle simple… et des réserves arrêts maladie et des pertes de gain. «La LAMal leur donne le droit de
Le médecin n’a guère de latitude pour faire un tri parmi les éléments le faire, explique Véronique Matthey, mais le patient doit expressément
du dossier. Il doit remettre toutes les pièces d’ordre médical qui le autoriser la levée du secret médical.» Il est très important que les
constituent : ses notes, qu’elles soient manuscrites, électroniques patients restent vigilants à cet égard, de même que leur médecin,
ou dactylographiées, les radiographies, les analyses de laboratoire, puisque c’est lui qui reçoit les demandes. Ce dernier assume donc une
les rapports opératoires, les rapports aux assurances, les courriers responsabilité certaine quant à la nature des données transmises. S’il
échangés avec d’autres médecins, etc. estime la demande abusive, le patient peut refuser, ou autoriser la
transmission de données au seul médecin-conseil de l’assurance. A ses
Il y a pourtant des réserves, et c’est ce qui complique parfois les risques et périls : théoriquement, les dossiers ne doivent pas circuler
relations. Sur deux points, le praticien peut être amené à restreindre dans les caisses. En pratique, ils circulent ! Un patient averti en vaut
la remise pure et simple de tout le dossier : deux.

planète santé • décembre 2009 11


le fait médical

Pourquoi la vaccination
est-elle primordiale ?
Adaptation : Marina Casselyn
Retrouvez la version complète du dossier sur www.lefaitmedical.ch

« Méfiante », « peu encline », « mal informée »,…


Comment convaincre la population de se faire vacciner
si même une partie du personnel soignant – censé se
plus, il s’épuise progressivement tousser pendant des semaines.
retrouver en première ligne, être le mieux informé – avec l’âge. Pourtant, à tout âge, Les bébés risquent d’étouffer, de
les mécanismes de protection voir leur cerveau privé d’oxygène
rechigne à le faire ? Combien de morts faut-il atendre,
naturels sont insuffisants contre pendant les quintes de toux ou
pour que tout le monde se rue alors sur les doses les microbes les plus agressifs. Il même d’arrêter soudainement
faut donc entraîner le corps à se de respirer. Chaque année, des
de vaccin ? Vaccin qui est fabriqué exactement de la
défendre contre eux, autrement bébés sont hospitalisés avec une
même façon que celui de la grippe saisonnière… dit se faire vacciner. coqueluche grave et l’on estime
Car un vaccin a pour rôle de que, sans vaccination, plusieurs
Bien sûr, nous ne l’avons pas encore cité. Il s’agit d’un
stimuler les défenses naturelles centaines mourraient en Suisse.
vaccin contre le virus A(H1N1). de l’organisme. Choisir de ne pas Jadis, c’était une calamité : l’An-
faire tel ou tel vaccin a des consé- nuaire statistique de la Suisse
C’est pourtant bien grâce à des campagnes de
quences importantes pour celui rapporte ainsi 987 décès pour
vaccination internationales que des maladies qui n’est pas protégé, mais aussi la seule année 1886. S’il fallait
pour son entourage qui court ne choisir qu’un vaccin pour
mortelles ou provoquant de graves séquelles ont
des risques supplémentaires de protéger son bébé, ce serait donc
pu être éradiquées ou largement maîtrisées : la contamination. celui de la coqueluche. Heureu-
La crainte des effets secondai- sement, les vaccins combinés
variole, la poliomyélite, la tuberculose, la rougeole, la
res fait parfois renoncer à une permettent aujourd’hui d’élargir
coqueluche… et la grippe. vaccination pourtant utile : or, la protection contre la coque-
le risque le plus élevé après luche au tétanos, à la diphtérie
La pandémie de grippe H1N1 remet à l’ordre du jour
une vaccination est celui d’une (DiTePer), à la polio et aux mé-
tous les questionnements sur la nécessité de la réaction inflammatoire pendant ningites sans augmenter du tout
un à deux jours à l’endroit de la le risque d’effets secondaires.
vaccination en général. On ne peut obliger qui que ce
piqûre, avec parfois un peu de
soit à se faire vacciner. Mais avant de prendre toute fièvre. Dans un à deux cas pour Quel est le risque le plus élevé
un million de personnes vacci- en Suisse pour un enfant non
décision, il est primordial de comprendre les enjeux
nées, une réaction allergique (encore) vacciné : le tétanos,
de la vaccination, pourquoi il est important de la faire, immédiate peut nécessiter un la rougeole, les oreillons, les
traitement, facile à appliquer. méningites bactériennes ?
pour qui et contre quelles maladies particulièrement.
Les méningites bactériennes et
Quelle maladie est-elle la plus les complications des oreillons
Pourquoi et contre quoi se dangereuse en Suisse pour un sont elles aussi très rares. Pour
faire vacciner en Suisse ? bébé non (encore) vacciné : un enfant non vacciné, le risque
Nous possédons tous un système le tétanos, la poliomyélite, la le plus élevé est celui de la rou-
immunitaire naturel, qui nous coqueluche, la diphtérie ? geole, qui a fait a fait dix-neuf
permet de nous défendre contre Le tétanos, la poliomyélite et jeunes victimes en 2005-2006
les virus, les bactéries, les la diphtérie sont extrêmement en Europe. Le virus est tellement
champignons, les parasites ou rares en Suisse. Sans hésiter, le contagieux qu’il suffit d’entrer
même les cellules cancéreuses. vaccin le plus important pour les dans la même pièce - école,
Mais ce système de défense bébés est celui contre la coquelu- transports publics, magasins…-
nécessite plusieurs années pour che. C’est une infection respira- qu’un patient incubant la rou-
devenir efficace, ce qui explique toire fréquente chez les grands geole pour l’attraper. La rougeole
la fragilité des petits enfants. De enfants et les adultes, qu’elle fait ne provoque pas seulement de la
12 planète santé • décembre 2009
le fait médical

“Vacciner,
c’est stimuler
les défenses
naturelles de
l’organisme”

fièvre, de la toux et des plaques


rouges. Ses complications sont
fréquentes : pendant l’épidémie
de 2007-2008, qui a touché plus
de 3 400 personnes en Suisse,
un malade sur huit a fait des
complications (pneumonie) et
un sur quinze a dû être hospita-
lisé. Huit patients ont présenté
des complications neurologiques
graves (inflammation ou abcès
du cerveau). L’épidémie s’est
poursuivie en 2009, continuant
d’occasionner des hospitalisa-
tions et provoquant la mort à
Genève d’une fillette de 12 ans,
jusqu’alors en bonne santé. Le
vaccin peut être fait seul ou
combiné avec les oreillons et la
rubéole (ROR), pour une protec-
tion élargie.

Quel est le risque le plus


élevé en Suisse pour une
personne âgée non vaccinée :
la pneumonie, la grippe
saisonnière, le zona, le
tétanos ?
Toutes ces maladies peuvent
être dangereuses pour un senior,
dont les défenses immunitaires
s’affaiblissent avec le temps qui
passe. Le risque le plus élevé est
celui de la grippe saisonnière,
qui tue chaque année entre 300
et 1 000 personnes âgées en
Suisse.

Pr Claire-Anne Siegrist
Département de pathologie et
d’immunologie – CMU, Genève

Site utile : www.infovac.ch

planète santé • décembre 2009 13


le fait médical

Sida, tuberculose, malaria :


à quand des vaccins ?
Adaptation : Marina Casselyn

Pourquoi n’existe-t-il pas de vaccin efficace à Sida


100% contre trois des maladies infectieuses Malgré les traitements anti-VIH (trithérapies), l’épidémie de sida
continue de prendre de l’ampleur et tue trois millions de personnes
épidémiques les plus meurtrières au monde ? par an. L’OMS estime que plus de 30 millions de personnes dans le
C’est parce que le virus de l’immunodéficience monde sont aujourd'hui touchées. En dépit d’avancées spectaculaires
humaine (VIH), la bactérie de la tuberculose dans la compréhension de l’infection et de la réponse immunitaire des
individus infectés, les vaccins de 1ère et 2e générations et les vaccins
(Mycobacterium tuberculosis) et le parasite du combinés testés jusqu’ici n’ont pas eu d’effet protecteur, ou trop faible
paludisme (Plasmodium falciparum ou vivax) ont bien que prometteur. Plusieurs raisons à cela :
développé d’ingénieuses stratégies pour échapper • le VIH infecte précisément les globules blancs (lymphocytes T) qui
participent à la défense contre les infections virales ;
aux mécanismes de défense de l’hôte, et qui • pour que le lymphocyte T soit efficace contre une infection virale,
restent encore mal comprises. il doit seulement être « activé » par le virus. Mais le VIH infecte le
lymphocyte et se multiplie à l’intérieur ;
• le sperme des personnes séropositives contient des lymphocytes
infectés abritant le virus qui échappe ainsi à l’action des défenses
naturelles de la muqueuse vaginale ou du col de l’utérus.

Tuberculose
Un tiers de la population mondiale est porteuse du bacille de la
tuberculose qui entraîne chaque année environ deux millions de décès.
Un vaccin, dit BCG (bacille de Calmette et Guérin), a été développé à
l’Institut Pasteur de Paris au début du XXe siècle à partir d’une souche
virulente de tuberculose bovine atténuée. Le BCG protège les enfants
contre les formes graves de la tuberculose (méningite tuberculeuse),
mais son efficacité diminue avec le temps et les jeunes adultes ne sont
plus protégés contre la tuberculose pulmonaire, la source principale de
la dissémination de la maladie. On invoque des souches trop atténuées
ou la présence d’une immunité préexistante contre le BCG.
La mise au point de nouveaux vaccins est difficile car on connaît
encore très mal les mécanismes de défense immunitaire contre
la tuberculose. Les nouveaux vaccins doivent être au moins aussi
sûrs et efficaces que le BCG. De larges essais cliniques doivent être
conduits, mais il faudra encore attendre plusieurs années pour les
voir remplacer le BCG.

paludisme
Le paludisme (ou malaria) tue un million d’individus par an,
principalement des enfants d’Afrique subsaharienne. Les parasites
transmis par la piqûre d’un moustique infecté passent de la peau dans
le foie où ils prolifèrent rapidement, et de là dans les globules rouges.
L’explosion des globules rouges infectés est responsable des accès
de fièvre typiques de la maladie. L’infection, aiguë ou chronique,
peut être contrôlée par le système immunitaire et éliminée, mais
chez certains elle peut conduire à des anémies sévères et à des
inflammations du cerveau (encéphalites), et à la mort. On connaît
de mieux en mieux les mécanismes d’infection du parasite. Grâce à
cela, deux candidats-vaccins testés au Mozambique et en Papouasie-
Nouvelle-Guinée, où le paludisme est endémique, ont eu de bons
résultats. Ces vaccins induisent des anticorps qui bloquent l’entrée
du parasite dans le foie.

Pr Jean-Pierre Kraehenbühl
Fondation HSeT – épalinges / Lausanne

14 planète santé • décembre 2009


Daniel Jaquet
URGENCES
ASSISTANCE MÉDICALE
AUX POPULATIONS EN DANGER
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© Christiane Roth / MSF

© Fransesco Zizola

Les Médecins Sans Frontières apportent leurs


secours aux populations en détresse, aux victimes
de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de
situation de belligérance, sans aucune discrimination
de race, de religion, philosophie ou politique.
(Extrait de la charte MSF)

www.msf.ch

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