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RENDEZ-VOUS PRIVÉS :

Avec la participation de :
Dr Franck Gigon • Dr Alain Robert • Dr Bérengère Arnal • Dr Danielle Roux

9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE


ARTHROSE – LYME – DIABÈTE – DÉPRESSION – ANXIÉTÉ – ALLERGIES
ASTHME – INTOLÉRANCES ALIMENTAIRES – MÉNOPAUSE
© Santé Nature Innovation Editions – Les Rendez-Vous de Plantes & Bien-Être

Avec la contribution d’Alessandra Moro-Buronzo, Franck Gigon,


Bérengère Arnal, Danielle Roux et Alain Robert

Propos recueillis par Alessandra Moro-Buronzo

ISBN : 978-3-9524915-7-7 – Juin 2018

Crédits photos : © Dmitry Bakulov – © Image Point Fr – © Ruslan Guzov – © andriano.cz


© Aksenova Natalya – © Africa Studio – © Alex Cofaru – © Photographee.eu / Shutterstock.com
SOMMAIRE
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Les experts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Problème 1 : l’arthrose avec Dr Franck Gigon. . . . . . . . . . . . . . . . 13

Problème 2 : la Ménopause avec Dr Bérengère Arnal . . . . . . . 45

Problème 3 : le diabète avec Dr Franck Gigon. . . . . . . . . . . . . . . 67

Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon. . . . . . . . . 97

Problème 5 : les intolérances alimentaires


avec Dr Franck Gigon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

Problème 6 : l’asthme et les allergies


avec Dr Danielle Roux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

Problème 7 : l’anxiété et la dépression


avec Dr Alain Robert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
PRÉFACE
Depuis le lancement des Rendez-Vous de Plantes & Bien-Être, je pars pour
vous à la rencontre des plus grands spécialistes de la phytothérapie et de
la médecine naturelle en France. Rencontres avec les experts, entretiens et
échanges autour des plantes, de leurs bienfaits et du bien-être qu’elles
procurent. Dans les « Rendez-vous », c’est du vivant et du vécu. Vous ap-
prenez à travers l’expérience des plus grands connaisseurs du monde des
plantes. Chaque mois, vous avez même la possibilité d’adresser directe-
ment vos questions à un de nos experts lors de nos webinaires.

Depuis le lancement du programme, près de 18 webinaires ont été dif-


fusés ! C’est un véritable rendez-vous privé entre les membres du pro-
gramme et nos experts pour essayer de comprendre leurs problèmes de
santé et de trouver ensemble les meilleures solutions naturelles.

Ce livre reprend le contenu des webinaires ayant rencontré le plus grand


succès auprès des participants. En le parcourant, vous mettrez la main sur
tous les trésors de santé révélés lors de ces soirées spéciales. Vous obtien-
drez des solutions concrètes dévoilées par des professionnels de santé sur :

• L’arthrose
• La ménopause
• Le diabète
• La maladie de Lyme
• Les intolérances alimentaires
• L’asthme et les allergies
• L’anxiété et la dépression

Attention, les remèdes proposés, bien que conseillés par des experts, ne
vous dispensent pas d’une consultation médicale.

Très bonne lecture,

Alessandra Moro-Buronzo

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LES EXPERTS

FRANCK GIGON

Docteur en médecine, micronutritionniste, phytothérapeute, coordina-


teur du Service Médecine Préventive et de Promotion de la Santé des
universités Paris V Descartes et Panthéon-Sorbonne, responsable pôle
« Alimentation et Santé », il anime des conférences de phytothérapie au-
près de professionnels de santé et du grand public.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la phytothérapie, tels que :

• « La vérité sur les plantes qui soignent »

• « 50 plantes efficaces pour vous soigner »

• « Arrêter de fumer grâce aux plantes »

• « Les meilleures plantes anti-âge au quotidien »

• « Les meilleures cures détox par les plantes »

• « Mon régime brûle-graisses »

• « Petit dictionnaire énervé des aliments toxiques »

• « Se soigner par les plantes pour les nuls »

• « La méthode flexitarienne »

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

ALAIN ROBERT

Pharmacien de formation, expert en phytothérapie, aromathérapie et


herboristerie, Alain Robert est depuis toujours passionné des plantes.
Dans sa pharmacie du Mans, il conseille chaque jour des remèdes à base
de plantes en complément des médicaments conventionnels.

Malgré sa formation scientifique, Alain Robert est avant tout un homme


de terrain. Au contact des malades qui viennent lui demander conseil
dans sa pharmacie, il propose des solutions naturelles au cas par cas.

En 2015, il a ouvert Naturathera, un concept-store autour des plantes à


Paris, qui renouvelle le concept d’herboristerie.

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Les experts

DANIELLE ROUX-SITRUK

Docteur en pharmacie, spécialisée en phytothérapie, enseignant, consul-


tant en phytothérapie, elle est aussi rédactrice en chef d’une revue euro-
péenne de phytothérapie.

Auteur d’ouvrages scientifiques, elle a souhaité faire partager au grand


public les connaissances les plus récentes des plantes.

Elle est l’auteur de plusieurs livres :

• « Les nouvelles plantes qui soignent »

• « Les vertus des tisanes »

• « Les plantes qui soignent »

• « Phytofemme »

• « Phytobeauté »

• « Mincir grâce aux plantes »

• « Conseil en aromathérapie »

• « Précis des tisanes »

• « Botanique, pharmocognosie, phytothérapie, homéopathie »

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

BERENGERE ARNAL

Docteur en gynécologie, phytothérapeute, Bérengère Arnal est aussi so-


phrologue, psychothérapeute, fondatrice et présidente de l’association
Au Sein des Femmes et fondatrice de l’Association médicale pour la pro-
motion de la phytothérapie. Elle est également auteur de nombreux ou-
vrages tels que :

• « Anticancer du sein »

• « Le syndrome prémenstruel »

• « Le cancer du sein, prévention, accompagnement


par les médecines complémentaires »

• « Les meilleures tisanes santé, »

• « PHYTOTHERAPIE la santé par les plantes »

• « Comment enrayer l’épidémie des cancers du sein et des récidives »

• « 9 mois sans médicaments »

• « Ce qui marche, ce qui ne marche pas en phytothérapie »

• « La ménopause »
PROBLÈME 1 : L’ARTHROSE
AVEC DR FRANCK GIGON
JANVIER 2017
Alessandra : Qu’est-ce qui vous a amené à connaître si bien
les plantes, à vouloir vous spécialiser dans la phytothérapie
plutôt que l’homéopathie ou autre chose ?

Franck Gigon : Comment je suis tombé dans la marmite des plantes ?


C’est une vocation tardive puisque c’est pendant mes études de méde-
cine que je me demandais si l’arsenal thérapeutique que l’on nous four-
nissait, et qui est officiel - les médicaments et la chirurgie -, suffisaient
pour prendre en considération tous les maux des personnes. Et je me suis
donc intéressé petit à petit au monde des plantes.

Et surtout, en sortant de mes études, des collègues, des confrères me di-


saient qu’ils utilisaient des plantes et que ça marchait très bien, ce qui m’a
beaucoup surpris car je sortais d’un parcours conventionnel tout à fait ty-
pique et pour moi, rien ne valait mieux que les médicaments. Par curiosité,
je me suis alors inscrit au diplôme universitaire de phyto-aromathérapie de
Paris 13. Et là, j’ai soulevé le coin du voile, le coin du tapis, je suis vraiment
tombé dans cette marmite puisque ça m’a passionné et du coup, je suis
resté 13 ans comme enseignant au diplôme universitaire de phytothérapie.
Et c’est là que j’ai fait mes armes et que j’ai compris qu’il y avait une matière
importante à notre disposition et qui nous permettait en plus des traite-
ments conventionnels de pouvoir appréhender la santé de façon générale.

Alessandra : Et qu’est-ce qui vous séduit particulièrement


chez les plantes ?

Franck Gigon : Le monde des plantes existe depuis que l’Homme est
sur Terre et c’est une ressource qui est à portée de main. Vous le savez

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

sans doute, 70 % des plantes du Vidal sont recensées dans la petite bible
rouge qui trône sur le bureau du médecin, 70 % des médicaments sont is-
sus du monde végétal. Donc ce sont des molécules qui sont plus ou moins
bidouillées, excusez-moi l’expression, par les scientifiques, mais les mé-
dicaments sont issus pour une grande partie du monde végétal. Un mé-
decin généraliste qui utilise les médicaments dans la vie de tous les jours,
c’est comme Monsieur Jourdain, il fait de la phytothérapie sans le savoir.

Alessandra : Passons donc à l’arthrose. La première question


est la suivante : Comment faire la différence entre l’arthrose et
l’arthrite : les douleurs musculaires, les douleurs articulaires,
les rhumatismes en général. Pouvez-vous nous donner un
cadre pour savoir de quoi on souffre ? Comment identifier la
bonne maladie pour pouvoir adapter le bon traitement par les
plantes ?

Franck Gigon : Bien sûr. Il faut déjà rappeler ce qu’est une articulation.
Une articulation, c’est une unité de notre organisme qui permet la mobi-
lité de segments.

Alessandra : Les épaules, par exemple ?

Franck Gigon : Par exemple, oui, l’épaule est une des articulations les plus
complexes puisqu’elle a beaucoup de degrés de liberté.

Alessandra : Les épaules, les coudes, les poignets, les genoux,


les hanches...

Franck Gigon : Concrètement, une articulation, c’est typiquement l’al-


longement, la terminaison d’un os qui est agencée d’une certaine façon
pour glisser, mais assurer une dualité fonctionnelle, c’est-à-dire à la fois
assurer le glissement et une contention importante. C’est-à-dire que ça
permet une solidarité entre le segment qui bouge et le segment auquel
il est rattaché. Donc il faut que ça glisse, il faut que ce soit bien contenu
et il y a une unité articulaire de glissement, il y a un liquide de glissement
qu’on appelle le liquide synovial, il y a une capsule articulaire qui entoure

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Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

le tout et au-dessus de la capsule articulaire, il y a des tendons qui sont


le prolongement des muscles, qui quand ils se contractent permettent de
tirer un segment sur l’autre. Donc vous voyez que le système articulaire,
ce n’est pas que la capsule articulaire ou la surface articulaire, c’est aussi
tous les éléments qui composent l’articulation et ça va de la surface ar-
ticulaire en partant du centre à la périphérie jusqu’aux tissus mous que
sont les muscles, les tendons et la capsule articulaire.

Alessandra : Donc ça dépend de quelle partie fait mal ?

Franck Gigon : Absolument. C’est tout à fait ça. C’est-à-dire qu’on pour-
rait avoir une atteinte de l’articulation en son centre, au niveau de la
surface articulaire, ou quand on s’éloigne du centre et qu’on va un peu
plus vers la périphérie des parties molles comme la capsule articulaire
ou du tendon ou même du muscle. Et une vraie atteinte articulaire, c’est
vraiment une atteinte qui suppose des lésions ou une inflammation de la
surface articulaire. Et là après, on va pouvoir décliner quand je vais vous
expliquer les différentes possibilités qui s’offrent à nous.

Alessandra : Pour bien comprendre, comment


ces maladies se nomment-elles ? Quand c’est autour
de la capsule ou à l’intérieur, y a-t-il des noms différents ?
C’est là qu’on fait la différence entre arthrite, arthrose,
douleur rhumatismale ou articulaire ?

Franck Gigon : Douleur rhumatismale est un terme générique populaire


qui veut dire atteinte des articulations. Donc on ne sait pas très bien ce
que ça atteint. Commençons par l’arthrose.

L’arthrose n’est pas une pathologie du vieillissement, c’est une dégénéres-


cence qui se passe au niveau de la surface articulaire. Et cette dégénéres-
cence est liée à une sensibilité génétique. On a tous une sensibilité géné-
tique héritée de nos parents, et dans un environnement particulier, dans
une expérience de vie particulière, l’arthrose peut apparaître. Elle peut ap-
paraître tardivement, puisque plus on vieillit, plus on est sujet à l’arthrose,
c’est connu. Mais elle peut apparaître aussi précocement. On voit ça chez

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

des jeunes gymnastes qui ont entre 16 et 18 ans et qui ont eu 10 heures de
sport par semaine. Et à ce moment-là, on a une sur-sollicitation de ces ar-
ticulations qui vont présenter précocement des petites dégénérescences.

Au début, c’est la surface articulaire, qui est supposée bien glisser, qui va
commencer à gratter. Ça va se répercuter par des forces de pression. A ce
moment-là, à la radio, on va pouvoir faire le diagnostic, on va voir qu’il y a
des zones de condensation, on appelle ça l’os sous-chondral, c’est-à-dire
sous le cartilage qui va s’épaissir, et le radiologue va très bien identifier
sur la radio ces zones de sur-fabrication d’os, en quelque sorte, qui ré-
pond à une sollicitation, une sur-sollicitation de l’articulation. Ce sont des
signes indirects de la lésion, de l’arthrose si vous voulez, mais ça fait par-
tie des lésions arthrosiques radiologiques. Et puis, ça peut aller jusqu’à
ces fameux becs de perroquets, c’est-à-dire des petites épines comme ça
qui sortent des os et qui sont dans l’articulation ou périarticulaire, c’est-
à-dire autour de l’articulation et qui correspondent à une arthrose pour le
coup qui est un peu évoluée.

Alessandra : Et tout ça, ça fait mal ?

Franck Gigon : Pas nécessairement. C’est une bonne question. J’ai eu des
patients qui avaient des radios catastrophiques, c’est-à-dire polyarthro-
siques : de l’arthrose partout avec des becs de perroquet et le pincement
de l’interligne, on voyait très bien que les surfaces articulaires se tou-
chaient. Et puis je leur demande : vous avez mal ? Non. Et à l’opposé, on
peut avoir quelqu’un qui a une petite arthrose au niveau de l’articulation
du pouce, c’est-à-dire la racine du pouce, qu’on appelle rhizome. D’où le
nom de rhizarthrose, l’arthrose de la base du pouce. Ces personnes-là
ont deux petites lésions radiologiques et une forte symptomatologie, et
eux vont dire : « moi, j’ai très mal, ça me fait mal quand j’écris, ça me fait
mal quand je me sers de mon pouce, etc. » Et comme disait un patron
de radiologie : « on ne soigne pas une radio. » Donc ce n’est pas parce
qu’on a beaucoup de lésions arthrosiques qu’il faut faire quelque chose,
c’est-à-dire soit en donnant trop de médicaments, soit en opérant. Il faut
vraiment soigner le patient par rapport à son niveau de symptôme et de
douleur ou d’inflammation.

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Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Donc l’arthrose, c’est ça. Et l’arthrite en revanche ?

Franck Gigon : Retenez que « ite » veut dire : inflammation, infection.

Alessandra : À chaque fois qu’on a un mot de votre jargon qui


termine par « ite », on sait que c’est enflammé quelque part,
c’est ça ?

Franck Gigon : Vous pouvez généraliser à laryngite, c’est une inflammation


du larynx, pharyngite, une inflammation du pharynx, otite, une inflamma-
tion du tympan. Et arthrite, une inflammation de l’appareil articulaire. Donc
ça peut être du centre jusqu’à la périphérie et là on a toutes les graduations
possibles. On a des arthrites d’origine infectieuse : la capsule articulaire,
ce qui entoure l’articulation, est stérile. Et si un germe par mégarde entre
à l’intérieur, par exemple lors d’une infiltration, où on va mettre des corti-
coïdes à l’intérieur de l’articulation pour que ce soit moins inflammatoire,
il y a une chance sur 500 ou sur 1000 d’injecter un germe qui va créer une
arthrite dite infectieuse. Donc là, on a une inflammation de l’articulation
d’origine infectieuse. Et on peut avoir aussi une arthrite dite microcristal-
line. C’est-à-dire que vous allez avoir des petits cristaux qui poussent à l’in-
térieur de la capsule articulaire. On n’a pas normalement à avoir des petits
cristaux à l’intérieur. C’est comme si vous aviez du sable, finalement.

Alessandra : Quand on tourne les poignets, quand on tourne les


genoux, le coude et que ça craque, ce sont ces cristaux ?

Franck Gigon : Non, fort heureusement, ce n’est pas ça. Là, c’est plutôt,
d’après les physiologistes, des petites surpressions de bulles d’azote qui
font du bruit quand on pousse le cartilage en hyperpression.

Alessandra : Je ne parle pas du « tac ». C’est quand on tourne par


exemple le cou et qu’on sent tout ce sable à l’intérieur.

Franck Gigon : Alors ça peut être un début d’arthrose, certes, c’est-à-dire les
surfaces articulaires qui commencent légèrement à se frotter entre elles.
Si c’est de l’arthrite, vous aurez une inflammation. Donc là, ça commence à

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

faire mal et éventuellement, être rouge et inflammatoire. Mais ça, c’est déjà
plus rare, c’est un peu plus embêtant aussi, mais ce sont des signes complé-
mentaires à l’inflammation. Et on parle d’arthrite à ce moment-là.

Alessandra : D’accord. Et les douleurs musculaires ? Comment


faire la différence entre une douleur musculaire
et la douleur qui vient de l’arthrite ou de l’arthrose ?

Franck Gigon : Au niveau de l’articulation, en général, il n’y a pas trop de


muscle, sauf si l’articulation est recouverte par des muscles. Par exemple, le
muscle de l’épaule est recouvert par le muscle deltoïde. En général, quand
on a une inflammation, une arthrite de l’épaule, de l’articulation de l’épaule,
on n’a pas forcément une inflammation du muscle en regard. Mais si l’in-
flammation s’étend du centre vers la périphérie, on peut avoir une atteinte
des muscles avec l’inflammation de façon contiguë parce qu’elle est juste à
côté, ça peut se propager. Et à ce moment-là, on peut avoir des personnes
qui avaient au départ une petite inflammation centrale qui se développe
parce que l’inflammation va gagner les tissus qui jouxtent l’articulation.
Donc on peut avoir ce que l’on appelle une périarthrite scapulo-humérale.
C’est un jargon médical qui veut dire qu’on a une inflammation diffuse de
l’appareil articulaire de l’épaule. Donc ça ne veut pas dire grand-chose. Il
vaut mieux parler de tendinite, ou de tendinopathie de l’épaule ou d’ar-
thrite, pour bien cibler de quels éléments on parle.

Alessandra : En tant que patiente, comment je peux savoir


dans la vie de tous les jours que là il faut que je m’inquiète, que
c’est peut-être de l’arthrose ou de l’arthrite.

Franck Gigon : La bonne nouvelle, c’est qu’il ne faut pas s’inquiéter trop
de cela. Il faut agir là où ça fait mal, là où ça coince et là où vous avez une
gêne de fonctionnement.

Alessandra : Par exemple, si ça fait mal le matin quand


je me lève. Deux cas de figure : soit ça passe, soit j’ai mal toute
la journée. Est-ce que je fais une différence entre les deux ?

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Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Franck Gigon : Oui, tout à fait. C’est une bonne question. Si vous avez ce
qu’on appelle le fameux dérouillage matinal, c’est-à-dire un peu d’anky-
lose le matin, vous dérouillez les articulations, c’est probablement un dé-
but d’arthrose. Donc les gens qui ont de l’arthrose d’une articulation ont
un phénomène d’ankylose matinal. Ou alors, s’ils restent trop longtemps
assis dans la même position, à un moment donné, quand ils vont bouger,
ils vont dire : « houlà, j’ai un peu de rigidité dans mes articulations. » Ça,
c’est assez typique de l’arthrose. Ça ne veut pas dire que c’est de l’ar-
throse, il faudra vérifier avec le docteur, mais ça peut évoquer un phéno-
mène arthrosique. En revanche, si vous avez ce qu’on appelle des dou-
leurs d’horaire inflammatoire, c’est-à-dire qui sont plutôt toute la journée
ou de façon discontinue toute la journée, on va parler plutôt non pas de
douleur mécanique comme ça l’était pour l’arthrose, mais plutôt de dou-
leur d’horaire inflammatoire comme ça l’est pour l’arthrite, c’est-à-dire
l’inflammation de l’articulation. Et là, en l’occurrence, on a mal un peu
tout le temps. Ou alors, on a mal surtout quand on sollicite l’articulation
qui est enflammée, car quand vous bougez une articulation enflammée,
forcément, vous allez augmenter l’inflammation, donc aussi la douleur, et
potentiellement ce que l’on appelle en médecine l’impotence fonction-
nelle, c’est-à-dire la difficulté à mobiliser les amplitudes articulaires.

Alessandra : Je passe à la deuxième question. Quelles sont


les plantes les plus efficaces pour lutter contre les douleurs
articulaires et quel est le meilleur mode d’absorption ?
Les gélules, les granules homéopathiques, les tisanes, les huiles
essentielles ? Et si ces différentes prises peuvent se cumuler sans
aucun danger, sont-elles plus efficaces si on accumule ? Ou y a-t-il
des contre-indications ? Donc d’abord, quelles sont les plantes les
plus efficaces pour lutter contre la douleur articulaire ?

Franck Gigon : D’abord, il faut essayer de savoir quels sont les symp-
tômes qui vous gênent le plus. Est-ce que c’est de la douleur ? Est-ce
que c’est de la douleur et de l’inflammation ? Est-ce que c’est de la gêne
fonctionnelle ? Une gêne fonctionnelle, c’est simplement une difficulté à
mobiliser une articulation, par exemple comme dans l’arthrose.

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Mais ça fait mal ?

Franck Gigon : Ça peut faire mal ou pas. On peut avoir une gêne fonc-
tionnelle. Ne pas réussir à faire un mouvement sans que cela fasse mal.
Et en fonction de ces différents symptômes, on peut s’orienter vers les
différentes plantes. En général, ça fait mal et ça coince, donc on va utiliser
des plantes dites anti-inflammatoires. Je vais en nommer quelques-unes,
mais on peut aussi agir, et ça c’est relativement nouveau, sur la structure
articulaire. Donc là, on sort un petit peu du monde des plantes avec la
glucosamine et la chondroïtine qui sont des avancées assez importantes
depuis ces 15-20 dernières années. Ce sont des compléments alimen-
taires que l’on peut prendre et qui vont diminuer les symptômes de l’ar-
throse. Et parfois, on va regagner un petit peu sur la lésion arthrosique,
donc c’est quelque chose qui est important parce qu’avant, on ne traitait
que le symptôme et depuis maintenant une dizaine d’années, 10-15 ans,
on peut espérer freiner une évolution d’arthrose tout au moins.

Pour en revenir aux plantes anti-inflammatoires qui sont intéressantes,


d’abord quelle voie utiliser ? La voie orale ou la voie locale ? Je préconise au
départ d’utiliser la voix locale. Il faut toujours agir là où est le problème, et
directement, surtout si c’est une articulation qui est facile à atteindre comme
par exemple, l’articulation de l’épaule, du genou ou de la cheville. Il y a des
articulations qui sont plus difficiles à atteindre qui sont plus internes, comme
l’articulation temporo-mandibulaire. Mais là, on va profiter de l’exposition
de l’épaule, par exemple, pour appliquer dessus de l’huile essentielle de
gaulthérie, la fameuse gaulthérie couchée qui est très intéressante. Cette
huile essentielle de gaulthérie possède des dérivés de l’aspirine, de l’acide
salicylique, et elle va avoir un effet à la fois antalgique, c’est-à-dire, contre
la douleur, et un effet anti-inflammatoire. Et la bonne nouvelle, c’est que
par rapport aux gels anti-inflammatoires classiques qui sont utilisés dans la
pharmacopée, c’est-à-dire dans la liste des médicaments habituels, elle n’a
pas d’effet photo-sensibilisant, c’est-à-dire de risques d’exposition au soleil
avec des allergies ou des choses comme ça qui pourraient apparaître.

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Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Donc que fait-on ? On prend le flacon


et on le verse dessus ?

Franck Gigon : Vous avez deux possibilités. Soit vous êtes un petit peu
artisanal, et vous avez envie de composer votre petit mélange. Soit vous
achetez de l’huile essentielle de gaulthérie. Comme en général, il vient
plutôt du Népal, il faut la prendre bio. Prenez, disons, un flacon de 5 à
10 millilitres. Il faut diluer une huile essentielle, parce qu’une huile essen-
tielle est active au niveau de la peau, donc il faudrait mettre deux à trois
gouttes d’huile essentielle pour l’équivalent de 10 gouttes d’huile végé-
tale. Vous pouvez prendre de l’huile d’olive, si vous en avez à la maison,
c’est un petit peu gras, mais vous pouvez prendre aussi de l’huile de calo-
phyllum, de l’huile de macadamia, de l’huile d’argan, ce que vous voulez.

Alessandra : Grosso modo, ça fait une petite cuillère à café ?

Franck Gigon : Une demi-cuillère à café.

Alessandra : Et sinon, je prépare un petit flacon ?

Franck Gigon : Oui. Je déconseille de la mettre pure parce que ça peut


être un petit peu agressif sur la peau et encore plus sur les muqueuses : il
ne faut pas en mettre sur les muqueuses. L’idée, c’est qu’en aromathéra-
pie, qui désigne l’utilisation des huiles essentielles à visée thérapeutique,
vous n’avez pas besoin d’en mettre beaucoup. Le mieux est l’ennemi du
bien. Donc, si c’est deux gouttes, c’est deux gouttes.

Alessandra : Il ne faut pas penser que plus on en met,


mieux c’est.

Franck Gigon : Surtout pas. C’est économique, parce que vous en mettez
beaucoup plus sur une plus grande surface, et donc vous touchez à ce
moment-là l’articulation et tout ce qui est contigu à l’articulation, et qui

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

va être aussi un petit peu gêné, un petit peu enflammé comme les ten-
dons et les muscles, justement. C’est ça qui est intéressant.

Alessandra : Donc on peut faire ça localement. Il faut se dire


aussi que la gaulthérie, ça sent un peu.

Franck Gigon : Ça ne sent pas mauvais, honnêtement. Ce qu’il faut dire


quand même, c’est que ça doit se poser en l’absence de lésion cutanée,
évidemment. On peut toujours aussi demander l’avis de son médecin par
rapport à ça. Il y a une contre-indication avec l’aspirine, c’est-à-dire que
si on est allergique à l’aspirine, comme il y a un dérivé de l’aspirine à l’in-
térieur de la gaulthérie couchée, il ne faut pas prendre de la gaulthérie
couchée si vous avez une allergie à l’aspirine. C’est un principe de base.

Alessandra : Et les gens qui sont sous anticoagulant ?

Franck Gigon : Deux principes : les gens qui seraient sous anticoagulants,
en théorie, il ne faut pas l’utiliser par voie orale. Alors, je vous rassure, il
ne faut absolument pas l’utiliser par voie orale bien que ce soit pratiqué
dans certains pays, mais c’est vraiment une précaution d’emploi. J’ai déjà
utilisé de la gaulthérie chez des personnes qui étaient sous anticoagu-
lants, il n’y a jamais eu de problème.

Alessandra : Donc localement, ça va.

Franck Gigon : Juste un petit rappel sur la gaulthérie. Comme ça fluidifie


un petit peu le sang puisqu’il y a un dérivé de l’acide salicylique à l’in-
térieur comme l’aspirine, évitez de le mettre sur les hématomes, on est
bien d’accord. Un hématome, c’est du sang en plaque qui est dans une
partie sous-cutanée, sous la peau, donc on ne va pas s’amuser à mettre
de la gaulthérie sur un endroit où il y a une suffusion de sang, une petite
diffusion de sang parce qu’on risque entre guillemets…

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Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : « D’élargir encore plus ».

Franck Gigon : Voilà. On ne va pas tendre le bâton pour se faire battre,


bien évidemment.

Alessandra : Y a-t-il d’autres plantes pour lutter


contre les douleurs articulaires ?

Franck Gigon : J’aime beaucoup une plante qui pousse chez nous. Il ne faut
jamais aller chercher trop loin. Certes, la gaulthérie vient surtout du Népal,
mais chez nous, on a par exemple le bourgeon frais de cassis en macérat
glycériné. C’est facile d’utilisation. On peut trouver ça chez un bon pharma-
cien. Il peut le commander. On en a aussi dans des magasins bio.

Alessandra : On demande quoi exactement au pharmacien ?

Franck Gigon : Un macérat glycériné de bourgeon de cassis. Et vous utili-


sez 50 à 100 gouttes le matin dans un verre d’eau.

Alessandra : Au choix, entre 50 et 100 ?

Franck Gigon : On commence toujours par le petit dosage. Un principe de


base en phyto aromathérapie : on utilise d’abord toujours la plus petite
dose, parce que ça peut vous convenir et ça peut suffire. Et on augmente
progressivement si jamais ça ne suffit pas. À ce moment-là, vous prenez
50 à 100 gouttes en moyenne, le matin, et on dit que ça a un effet « cor-
tisone like », c’est-à-dire comme l’action de la cortisone qui elle-même
est anti-inflammatoire. Vous savez qu’on synthétise dans notre corps
de la cortisone naturelle : les petites surrénales sont les petites glandes
au-dessus de nos reins qui produisent cela. Nous avons nous-mêmes
notre anti-inflammatoire naturel et parfois, il faut l’aider. Donc il semble-
rait que les études montrent que l’extrait de bourgeon de cassis en macé-

25
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

rat glycériné ait une action anti-inflammatoire à condition de le prendre


le matin. Il faut le prendre 10 à 20 jours maximum.

Alessandra : Et après, que fait-on ? On fait une pause


et on reprend si on a mal ?

Franck Gigon : Il faut faire toujours ce qu’on appelle aussi des fenêtres
thérapeutiques, c’est-à-dire qu’il faut éviter de prendre des plantes en
continu. En aromathérapie, il ne faut jamais dépasser six, sept jours de
traitement de principe.

Alessandra : Donc la fameuse gaulthérie, on arrête


après 6-7 jours.

Franck Gigon : On arrête parce que la peau en a peut-être assez de re-


cevoir de la gaulthérie. Il peut y avoir un effet d’épuisement aussi et puis
il faut arrêter pour savoir où est-ce qu’on en est. Est-ce que sans trai-
tement, ça va mieux, c’est ça qui est intéressant. Donc, ça permet de se
repositionner par rapport à ça.

Alessandra : Parfait. Donc on a la gaulthérie, et après ?

Franck Gigon : Je vais vous donner un truc simple, presque de grand-mère, qui
marche et qui est toujours d’actualité. Les plantes qui contiennent des dérivés
soufrés, qui eux-mêmes contiennent du soufre, ont une action anti-inflam-
matoire. Prenez par exemple des grandes feuilles de chou. Faites-les chauffer
quelques minutes au four. Sortez-les, elles vont être un peu défraichies, évi-
demment bien chaudes, broyez-les, et mettez-les directement en application
sur l’articulation douloureuse. Vous allez observer que dans les minutes qui
suivent, la douleur et l’inflammation vont vraiment diminuer jusqu’à parfois
disparaître pour certaines personnes. Et c’est relativement simple puisque du
chou, on peut en trouver un peu partout et ça ne coûte pas cher.

Alessandra : Le fameux cataplasme au chou.

Franck Gigon : Oui !

26
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Alors, si je peux me permettre. Une fois,


je l’ai fait avec du chou rouge, je vous le déconseille fortement
parce que ça tache de manière considérable
la peau. Donc n’utilisez pas du chou rouge. Pour en revenir à la
question : peut-on cumuler toutes ces plantes ?

Franck Gigon : Il faut toujours être simple en médecine de façon géné-


rale. Il faut utiliser un traitement à la fois. Parfois, il s’auto-suffit et ef-
fectivement, si jamais ça ne suffit pas, l’idée de prendre une deuxième
plante n’est pas incongrue, si elles sont compatibles entre elles.

Alessandra : D’accord. Je reviens un petit peu à la


glucosamine et à la chondroïtine dont vous parliez tout
à l’heure. Quelqu’un nous demande justement : « J’ai pris
pendant plusieurs années de la glucosamine et de
la chondroïtine, faut-il en prendre régulièrement ?
Cela peut-il avoir une incidence sur le système digestif ? »
J’en ajoute une autre : quand faut-il commencer à prendre
de la glucosamine ou de la chondroïtine ? Est-ce au premier
signe que vous avez évoqué tout à l’heure, quand vous
dites : « c’est probablement de l’arthrose. » ? S’il n’y a pas
de contre-indication, pourquoi pas ne pas effectivement
déjà en prendre ? Est-ce que c’est une bonne idée ou pas ?

Franck Gigon : Il y a plusieurs questions. On va essayer de faire le tri.

La glucosamine et la chondroïtine sont à l’origine des composés naturels


qui existent dans notre tissu dit conjonctif. Le tissu conjonctif, c’est le
tissu qu’il y a entre les cellules. On connaît la fibrine, les fibroblastes qui
fabriquent le tissu conjonctif. On sait en médecine que ce sont ces cel-
lules qui fabriquent ce tissu dit interstitiel, c’est-à-dire entre les cellules.
Et on sait aussi que l’os, et surtout le cartilage, en contiennent beaucoup.
On appelle ça le groupe des protéoglycanes. Il faut retenir simplement
que ce sont des véritables éponges à eau. Et si on prend le cas de l’arti-
culation. Vous savez, quand vous appuyez sur une articulation de poulet,

27
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

c’est élastique, il y a une souplesse. Donc, il faut savoir qu’il y a jusqu’à 60


à 70 % d’eau dans le cartilage, le tissu articulaire. Malheureusement, en
vieillissant, en sur-sollicitant notre cartilage, on perd cette eau. Et la pro-
priété importante du cartilage, que je vous ai donné au départ, qui était à
la fois de transmettre le mouvement tout en ayant une forme de rigidité.

Il y a une troisième propriété qu’il faut y ajouter. C’est que c’est un élé-
ment suspenseur. C’est-à-dire que par ses propriétés élastiques, il nous
donne une capacité de souplesse au niveau articulaire. Quand vous pre-
nez, et je reviens à la chondroïtine et à la glucosamine, ces produits au
moins trois mois, six mois, un an, vous allez restaurer en quelque sorte
ces éponges à eau, qui vont redonner une forme de souplesse articulaire
et qui vont diminuer en quelque sorte le phénomène de conflit articulaire
qui peut exister lors de l’arthrose. Et c’est la première fois qu’on a obser-
vé avec des compléments alimentaires une amélioration des symptômes
de l’arthrose sans prendre d’anti-inflammatoire et on a réellement, ça a
été prouvé, une action sur la structure articulaire.

Donc votre question, c’était combien de temps il faut les prendre ? Il ne faut
pas les prendre pas longtemps, ça ne sert pas à grand-chose. Il faut les prendre
au moins trois mois, six mois, un an. Est-ce qu’on peut les prendre en préven-
tif ? Oui, mais ça va vous coûter cher. Je vous donnerai d’autres éléments pour
faire de la prévention sans prendre forcément ces molécules qui sont quand
même onéreuses, même si ça commence à se banaliser au niveau du coût. Et
ce qu’il faut savoir, c’est que quand on dit glucosamine, « gluc », ça veut dire
sucre. Donc attention aux personnes qui ont déjà un déséquilibre au niveau de
la glycémie, c’est-à-dire du taux de sucre dans le sang, parce que ça peut peut-
être un petit peu déséquilibrer leurs diabètes, mais c’est juste quelque chose à
vérifier si les personnes sont fragiles de ce côté-là.

Alessandra : Et donc quand on en a pris pendant plusieurs


années, faut-il en prendre encore ? Peut-il y avoir une
incidence sur le système digestif ?

Franck Gigon : À ma connaissance, il n’y a pas d’incidence sur le système


digestif, mais ce qui se passe, c’est qu’on donne rarement ces deux mo-

28
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

lécules toutes seules. Elles sont associées par exemple avec de l’harpa-
gophytum, qui est une plante intéressante aussi au niveau articulaire
puisqu’elle est à la fois antalgique et un peu anti-inflammatoire. C’est
une plante qui est en voie de disparition. Et ça, c’est un autre problème
de l’harpagophytum. Donc il faut bien vérifier d’où vient l’harpagophy-
tum que l’on achète, si on veut être un petit peu écoresponsable. Pour
en revenir aux deux molécules, après trois mois, six mois, un an, il faut
arrêter et faire la fameuse fenêtre thérapeutique et regarder comment
ça se passe. Et l’avantage de ces molécules, c’est qu’elles sont à forte
rémanence. C’est-à-dire que quand vous les arrêtez, l’effet perdure pen-
dant plusieurs mois, d’où l’intérêt d’arrêter quand même. Après, si cela
peut rassurer, je connais des patients qui en prennent tout le temps parce
qu’elles ne veulent pas arrêter, et ça se passe très bien. Il n’y a pas de
toxicité particulière.

Alessandra : Que penser des prétendus bienfaits du silicium


dans les traitements de l’arthrose ?

Franck Gigon : Le silicium, dans le monde végétal, se trouve essentielle-


ment dans la tige stérile de prêle. Attention, n’allez pas la cueillir vous-
même dans les marais car il existe une prêle toxique. Le bambou tabashir
en contient aussi. La silice intervient dans la fabrication du tissu conjonc-
tif. L’idée, c’est qu’en augmentant son absorption digestive de silice, on
renforce tous les tissus, dont notamment les articulations. Par exemple,
c’est bien de prendre de la silice quand on va faire des implants dentaires,
quand on pose les prothèses. Il faut en prendre pendant plusieurs mois,
mais ça a son utilité. Et là, c’est un peu comme avec la glucosamine et la
condroïtine, on joue sur le structurel, on apporte un soutien à la structure.

Alessandra : Est-ce qu’il faut privilégier la silice


ou la chondroïtine et la glucosamine ?

Franck Gigon : On peut proposer les deux. C’est compatible. Elles n’ont pas
la même fonction. Encore une fois, la chondroïtine et la glucosamine aident
à la fabrication des protéoglycanes, ces fameuses éponges à eau, tandis
que la silice va stimuler la fabrication du tissu conjonctif de façon générale.

29
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

En résumé, on se place là dans les tissus entre les cellules, et tous ces élé-
ments vont contribuer à favoriser l’intégrité du tissu articulaire.

Alessandra : Si on a de l’arthrose, qu’est-ce qu’on fait ?

Franck Gigon : Si vous avez de l’arthrose, vous pouvez prendre un com-


plexe qui contient de la glucosamine et de la condroïtine. Et puis, vous
pouvez tout à fait, si vous voulez être encore plus performant au niveau
du traitement, rajouter de la silice de Prêle.

Alessandra : Et il y en a aussi dans l’ortie ?

Franck Gigon : Absolument. L’ortie est une plante très reminéralisante qui
est d’ailleurs, c’est peu connu, assez riche en fer qui est bio-disponible, c’est-
à-dire que ça absorbe bien au niveau digestif. On peut faire de la soupe d’or-
tie, ça ne coûte pas cher. Évidemment, il ne faut pas prendre de l’ortie au
bord des autoroutes ou à côté de l’usine du coin parce qu’elle va absorber
non seulement les micronutriments locaux, mais aussi toute la pollution en-
vironnementale. Mais si vous avez une bonne traçabilité de votre ortie, profi-
tez-en pour bien reminéraliser tous vos tissus, dont le tissu articulaire.

Alessandra : Quels sont les compléments alimentaires


qui soulagent les douleurs de l’arthrose ?

Franck Gigon : En général, ce sont des complexes qui étonnamment, en-


core une fois, contiennent de la glucosamine et de la chondroïtine. Ce ne
sont pas des antidouleurs directs, mais comme ils améliorent la struc-
ture, il y a un effet antidouleur à moyen terme, si je puis dire. Et puis sou-
vent, dans ces complexes, il y a de l’harpagophytum qui est une plante qui
marche très bien sur les douleurs et les inflammations articulaires. Et on
peut trouver aussi du MSM, c’est un dérivé soufré, et du cassis. Ce n’est
pas rare d’en rencontrer. On peut rencontrer aussi, soit toute seule, soit
intégrée dans ces complexes, de la reine-des-prés. C’est une plante qui
contient, comme la gaulthérie, un dérivé de l’aspirine. D’ailleurs, c’est à
partir de la reine-des-prés et du saule blanc qu’on a extrait l’acide acétyl-
salicylique qui a permis de fabriquer l’aspirine.

30
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Le MSM désigne le méthyle sulfonyle méthane ?

Franck Gigon : Oui. Sulfonyle veut dire soufre.

Alessandra : Où peut-on en trouver ?

Franck Gigon : C’est une forme intéressante que l’on trouve rarement
seule. Ce n’est pas très intéressant tout seul, il est déjà intégré dans les
complexes dits articulaires. Donc quand vous allez dans une pharmacie
ou dans un magasin de type parapharmacie, qui est toujours géré par
un pharmacien au final, si le pharmacien en a bonne connaissance, il va
vous proposer un complexe qui en contient. Donc demandez-le, il y aura
un complexe qui l’aura déjà intégré dans sa composition. Il n’y a pas trop
d’intérêt à le prendre tout seul.

Alessandra : Le gingembre et le curcuma sont-ils indiqués


contre les traitements de l’arthrose ?

Franck Gigon : Oui, tout à fait. Il faut savoir que le gingembre et le curcu-
ma sont deux cousins. Ils font partie de la famille des zingibéracées. Le
curcuma est probablement la plante la plus étudiée sous toutes les cou-
tures en ce moment, je crois qu’il y a une revue de plus de 6 000 publica-
tions scientifiques de très grand niveau concernant le curcuma. Je ne vais
pas citer toutes les propriétés du curcuma, mais en ce qui concerne l’ar-
throse, il faut savoir que le curcuma est un antioxydant majeur. Il contient
des composés dits phénoliques, les fameux curcuminoïdes qu’on a re-
groupés sous le terme curcumine.

Quand vous en prenez régulièrement, qu’est-ce qui passe ? Ils vont s’inté-
grer dans vos tissus, tous les tissus, dont le tissu articulaire. Et au niveau
du tissu articulaire, ça va diminuer à plusieurs niveaux la réponse inflam-
matoire ou la réponse qui était à dégénérescence de l’articulation. Donc
le curcuma est une plante intéressante. Les médicaments, c’est une seule
molécule. On a une action mono-moléculaire sur un mécanisme. Le curcu-
ma, lui, agit en cascade sur plusieurs niveaux de la réponse inflammatoire
et de la réponse de dégénérescence.

31
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Et le gingembre est intéressant également : pas mal d’études publiées dans


des publications scientifiques montrent que le gingembre a des capacités
anti-inflammatoires, ce qui n’est pas très étonnant puisque c’est un cousin
du curcuma. Alors, pour revenir au curcuma, une précision importante : soit
on veut faire du préventif et on en met dans son alimentation très réguliè-
rement, un peu comme les Indiens, c’est-à-dire qu’on achète un tubercule
frais et on le coupe en petits copeaux et on le rajoute à l’alimentation de
façon générale. Soit vous l’utilisez en poudre très concentrée et à ce mo-
ment-là, vous pouvez l’utiliser aussi dans l’alimentation.

Et si vous voulez être très anti-inflammatoire, par exemple parce que


vous avez une poussée inflammatoire articulaire, à ce moment-là, je
préconise d’utiliser un curcuma particulier qui est un extrait de curcuma
dosé au moins à 95 % du curcumine. Parce que sinon, dans la poudre
classique et dans le curcuma en tubercule, vous oscillez entre 0,5 à 5 %
du curcumine apporté. Donc, c’est un faible niveau qui est intéressant à
titre préventif, mais qui n’a pas un effet anti-inflammatoire conséquent
comme le voudrait une action importante locale. Est-ce que j’ai été cair ?

Alessandra : Je vais essayer de voir si j’ai compris. On utilise le


curcuma surtout en poudre parce que c’est plus facile à trouver et
plus pratique, on va dire. Dans la cuisine de tous les jours,
une cuillère à soupe éventuellement par jour, en prévention,
mais si on veut se soigner, si on a une inflammation qui est déjà là,
à ce moment-là, on prend des gélules ?

Franck Gigon : Oui. Ça existe en gélules en extrait sec et en extrait liquide.

Alessandra : Et en extrait liquide, on comprend un produit


dosé, plus fortement dosé pour avoir une action plus
performante contre l’inflammation et la douleur, c’est ça ?

Franck Gigon : Absolument. Juste une petite précision, qui n’est pas une
contre-indication, mais un principe de précaution dont il faut parler avec
le médecin. C’est que le curcuma est antiagrégant, c’est-à-dire qu’il flui-
difie le sang. Donc chez les personnes qui prendraient déjà des anticoa-

32
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

gulants, faites attention car ça peut augmenter le temps de saignement.


Bon, ce n’est pas rédhibitoire, ce n’est pas une contre-indication absolue,
il faut juste connaître cette propriété.

Alessandra : Ceci est valable pour les dosages plus élevés


ou bien aussi pour notre curcuma pour la cuisine ?

Franck Gigon : Non, c’est surtout pour les dosages très élevés en curcu-
mine. Pour ce qui est de l’apport quotidien culinaire…

Alessandra : On peut tranquillement prendre du curcuma tous


les jours…

Franck Gigon : Sans problème.

Alessandra : Est-ce valable pour le gingembre aussi ?

Franck Gigon : Le gingembre a des vertus fluidifiantes pour le sang, mais


pas aussi importantes que le curcuma, donc on peut le prendre sans
contre-indication particulière.

Alessandra : Pour certaines douleurs articulaires, y a-t-il


des plantes plus efficaces que d’autres ?

Franck Gigon : En général, au bout d’un moment, il y a une inflammation qui va


se mettre dessus, mais si on veut agir simplement sur le facteur douleur, il y a
des plantes, oui. C’est plus utilisé au Canada et aux États-Unis, où ils utilisent
des pommades à base de petite concentration de piment de Cayenne. Et là,
on a une action antidouleur relativement rapide. Il faut le faire peu longtemps,
mais au moins une semaine à 10 jours pour avoir un effet notable. C’est assez
peu toléré sur la peau. C’est une préparation magistrale que l’on peut deman-
der à faire préparer par son pharmacien même s’il en existe maintenant dans
le commerce : il y a des pommades qui sont déjà à base de piment de Cayenne.

Alessandra : Donc on va voir le pharmacien, on dit : je voudrais une


pommade à base de piment de Cayenne et lui, il saura ?

33
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Franck Gigon : Soit il a déjà une pommade commerciale qui existe sous ce
vocable, soit il peut vous la préparer : certains pharmaciens aiment bien
faire des préparations magistrales, et ce n’est pas très onéreux. Et il la
fera au dosage qui permet une bonne tolérance avec un bon effet sur la
douleur. Ça ne lui pose pas de problème.

Alessandra : Autre question : « Mon mari souffre d’une


arthrose du genou, quelle est la thérapie la plus appropriée ?
Infiltration, condroïtine, glucosamine, huile essentielle ? »

Franck Gigon : Ça dépend à quel stade sa gonarthrose, c’est-à-dire son


arthrose du genou, est placée. À quel niveau est-elle évoluée ? Je sup-
pose que s’il en parle, c’est que son arthrose le dérange et lui fait mal.
De toute façon, là c’est assez intéressant d’utiliser la silice de la prêle
ou du bambou tabashir ou de l’ortie et d’associer un complexe à base de
Chondroïtine et de glucosamine : ça, c’est la base, je dirais. Ensuite, si ce
monsieur souffre d’une inflammation, je suppose qu’il a fait toutes les
recherches : arthrographie et compagnie, toute l’imagerie classique qui
permet de savoir à quel niveau est son arthrose. Ce n’est pas de la phyto-
thérapie mais on peut alors, avant d’utiliser ce qu’on appelle l’infiltration
qui est une grosse aiguille que le rhumatologue ou l’orthopédiste vous
met à l’intérieur de l’articulation…

Alessandra : Rien qu’entendre le dire, ça fait mal.

Franck Gigon : Oui, ça fait mal. Eh bien, avant de faire ce type d’interven-
tion, vous pouvez aller voir un mésothérapeute qui utilise des micro-in-
jections en périphérie de l’articulation et qui sont très efficaces à condi-
tion de séparer les trois séances d’une semaine. Vous avez un effet assez
redoutable sur l’arthrose du genou.

Alessandra : Le mésothérapeute, c’est un médecin ?

Franck Gigon : C’est un médecin qui s’est spécialisé en mésothérapie. Ce


sont souvent des médecins généralistes. Ils piquent à la main, alors ne vous
inquiétez pas, ce sont les aiguilles les plus fines du monde, elles font entre

34
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

un et quatre millimètres et ils piquent en sous-cutané, c’est-à-dire que cela


reste au niveau de la peau. En fait, c’est comme s’il faisait un nappage d’un
mélange dont il a le secret. Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des choses
autorisées. Il y a un petit peu d’anti-inflammatoire, un petit peu d’antalgique,
etc. Et ça va avoir un effet immédiat dans les heures et dans les jours qui
suivent. Et au lieu de prendre un anti-inflammatoire à très forte dose par
voie orale, qui va nécessairement être dilué pour se diffuser dans tout l’orga-
nisme et atteindre une articulation, on a une action avec la mésothérapie qui
est très puissante avec une diffusion locale très importante.

Et c’est pour ça que je m’inscris de plus en plus en opposition sur l’utilisa-


tion quasi quotidienne des anti-inflammatoires, qui ont des effets secon-
daires potentiellement très indésirables. Tout le monde connaît la toxicité
digestive avec l’inflammation de l’œsophage, de l’estomac qui peut aller
jusqu’à l’ulcère ou la perforation, mais c’est aussi toxique pour les reins et
pour le cœur, ce qui est peu connu du grand public. D’où l’intérêt de ces
plantes qui sont intéressantes puisqu’elles n’ont pas ces effets toxiques
sur le cœur, le rein et sur le tube digestif. L’harpagophytum peut cha-
touiller un peu l’estomac de temps en temps, certaines personnes ne to-
lèrent pas bien l’harpagophytum. Mais le curcuma et le gingembre sont
plutôt des protecteurs de tous ces tissus. Donc, vous voyez, on fait d’une
pierre deux coups ou trois coups et on a un effet à la fois protecteur au ni-
veau de l’articulation, anti-inflammatoire, antalgique, c’est-à-dire contre
la douleur, et en plus, on a un effet antioxydant général sur l’organisme.

Alessandra : Autre question : « Peut-on éradiquer l’arthrose


quand on a 66 ans ? »

Franck Gigon : Eradiquer, le mot est un peu fort. On peut freiner, peut-
être stopper dans certains cas l’évolution de l’arthrose, ce qui n’est pas
rien. Mais non, on ne peut pas revenir en arrière. En revanche, les complé-
ments qu’on a cités tout à l’heure : glucosamine, chondroïtine, MSM, etc.,
permettent de freiner considérablement l’arthrose chez certaines per-
sonnes. Encore une fois, ce n’est pas parce qu’on est polyarthrosique qu’il
faut prendre forcément quelque chose. La question c’est : est-ce qu’on a
des symptômes ou pas ?

35
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Autrement dit, si on a mal ?

Franck Gigon : Si on a mal ou si on est vraiment gêné dans ses amplitudes


articulaires. Là, ça peut être intéressant de faire quelque chose, sinon ce
n’est pas la peine. On peut faire une radio générale et une découverte ino-
pinée d’une arthrose généralisée, mais ce n’est pas pour autant qu’il faille
prendre ces traitements. Si on vit très bien comme ça, il n’y en a pas besoin.

Alessandra : D’accord, on n’est pas obligé de traiter si on n’en


sent pas le besoin, si on n’a pas mal. Quels sont les aliments
recommandés pour éviter les crises d’arthrose ?

Franck Gigon : L’alimentation est un levier formidable pour préparer des ter-
rains protecteurs ou facilitateurs de certaines pathologies dites de civilisa-
tion. Effectivement, on va dire que si vous avez une propension importante à
manger beaucoup de produits animaux, et j’inclus les produits laitiers dans
les produits animaux, vous allez en quelque sorte provoquer une acidose,
c’est-à-dire que votre corps va être un petit peu acide, c’est ce qu’on appelle
une acidose métabolique à bas bruit. Et ça, ça fait le lit de l’inflammation. Si
vous prenez deux personnes différentes : une qui mange raisonnablement de
la viande et des produits d’origine animale de façon générale, et l’autre qui
exagère, celle qui prend des produits d’origine animale aura plus tendance à
faire des complications de type inflammatoire. Pas seulement au niveau des
articulations, mais pour le coup, si c’est l’articulation qui est sensible chez
cette personne, ça va s’exprimer plus volontiers. Donc ça, c’est le premier
point : diminuer sa part de produits d’origine animale. On disait que nos ar-
rières-arrières-grands-parents ne mangeaient de la viande qu’une fois par
semaine. Pour ceux qui aiment beaucoup la viande, on n’est peut-être pas
obligé de revenir à une fois par semaine. On peut en manger deux, trois fois
par semaine, ça suffit largement, il y a aussi des protéines dans les végétaux.

Alessandra : Dans quels végétaux trouve-t-on des protéines


qui pourraient éventuellement remplacer la viande ?

Franck Gigon : Les légumineuses, par exemple : ce qu’on appelle les lé-
gumes secs contiennent de l’azote. Fève, haricot, mogette, lentille, pois

36
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

chiche. Des légumes qui ont déserté nos assiettes parce qu’ils nous
avaient ballonnés, que ça fait un peu nourriture du pauvre et puis à cause
du temps de préparation : il faut laisser tremper parfois, etc. Il faut revenir
vers cette alimentation qui est très intéressante.

Alessandra : Peuvent-elles remplacer la viande comme ça,


toutes seules ?

Franck Gigon : Bien sûr. Vous avez des peuples qui sont complètement
végétariens, des populations complètement végétariennes en Inde, je
crois que c’est 40 ou 60 % de la population qui est végétarienne et pour
autant, ils ne sont pas carencés. D’ailleurs, ils mangent, entre paren-
thèses, pas mal de curcuma dans leur alimentation. Donc ils ont déjà le
double profil pour aller mieux au niveau des articulations.

Alessandra : Donc diminuer la viande et puis ?

Franck Gigon : Diminuer les produits animaux, diminuer le sel. Le sel est
caché, c’est comme le sucre raffiné. Le sel est surtout dans les produits
préparés, notamment les boulangeries, les pâtisseries, c’est très salé, les
boissons gazeuses, les conserves et tous les plats préparés, c’est une in-
vasion de sel. Si vous diminuez ne serait-ce que la proportion d’aliments
préparés, vous allez diminuer le sel caché. Et le sel caché prédispose à un
état pré-inflammatoire en quelque sorte. Ça, c’est le deuxième point que
l’on peut mettre en avant au niveau alimentaire.

Alessandra : Et les produits laitiers font partie des produits


animaux, n’est-ce-pas ?

Franck Gigon : Oui.

Alessandra : Ma question était sur les produits laitiers,


sont-ils à proscrire ?

Franck Gigon : Il ne faut pas être anti-produits laitiers, mais il faut tou-
jours raison garder. Les produits laitiers, ce n’est pas une vacherie en soi.

37
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Il se trouve qu’on les a mis depuis ces 30 dernières années un petit peu
trop en avant en disant que comme c’était riche en calcium, ce qui est
vrai, ça allait être bon pour nos os, ce qui n’est pas forcément vrai parce
qu’il n’y a aucune étude qui montre que manger beaucoup de produits
laitiers densifie les os, aucune littérature probante là-dessus. On a même
le contraire, c’est-à-dire que les pays qui mangent le plus de produits
laitiers sont les pays où il y a plus d’ostéoporoses et de fractures du col
du fémur. Donc si ça solidifiait les os, ça se saurait.

C’est moins un problème d’apport de calcium qu’un problème de perte


de calcium. C’est-à-dire que vous perdez de la masse osseuse depuis
votre tendre jeunesse par une exposition à différents principes comme le
manque de soleil, moins de vitamine D ; comme un manque d’activité phy-
sique, donc vous densifiez moins les os ; comme le fait de boire trop de
produits gazeux, donc il y a trop de phosphate, donc ça déminéralise un
peu les os. En fait, toute l’alimentation industrielle, qui est sympathique
pour nous parce qu’elle est à portée de main et pas chère, apporte son
lot de petits problèmes au niveau des pathologies dites inflammatoires
chroniques, dont les pathologies articulaires.

Alessandra : Dernière question : « Pouvez-vous insister


sur les bienfaits du mouvement et du sport pour supprimer
les douleurs articulaires ? Suite à une chute, je me suis
ouvert le genou et du cartilage a dû être endommagé,
d’où un épanchement de synovie à répétition. Puis, prise
de chondroïtine et de glucosamine, puis reprise du yoga,
de la marche et ensuite de la danse. Et petite course fractionnée, et
depuis les douleurs se sont complètement estompées. »

Franck Gigon : Ça, c’est une notion importante, parce qu’on a dit pendant
très longtemps : vous êtes bourré d’arthrose ou d’arthrite, il faut arrêter
de bouger. Il faut vraiment arrêter de bouger quand vous êtes en phase
aiguë inflammatoire parce que là, pour le coup, vous rajoutez de l’huile
sur le feu. Mais dès que vous récupérez un petit peu, et même avant
d’avoir complètement récupéré de la phase inflammatoire ou doulou-
reuse, il faut bouger.

38
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

La vie, c’est le mouvement, le mouvement, c’est la vie, et vos tissus ré-


pondent à vos sollicitations de mouvements. Donc dès que vous laissez
un tissu reposer ou même pire, immobiliser comme avec une contrainte,
c’est-à-dire un maillot clinique pour l’épaule ou un plâtre, etc., qu’est-ce
qui va se passer ? Le tissu va devenir cicatriciel, il va être trop reposé
et on n’envoie plus d’information à la nature pour reconstruire le tissu.
Chaque tissu est en construction-déconstruction. Donc quand vous lui
dites : arrêtez de construire, il se déconstruit. Et vous êtes alors sur une
balance d’ostéoporose, de décalcification et vous allez augmenter para-
doxalement les lésions arthrosiques si vous arrêtez le mouvement. Donc
c’est une dualité, c’est ambivalent ce que je vais vous dire. C’est-à-dire
qu’il faut à la fois arrêter les mouvements traumatiques ou en phase ai-
guë qui provoque l’inflammation, mais surtout, il faut reprendre l’activité
des amplitudes articulaires le plus vite possible pour ne pas s’ankyloser
et pour ne pas pérenniser une lésion arthrosique.

Qu’est-ce qu’il faut arrêter comme sport ? Surtout les sports dits à pivot,
c’est-à-dire le foot, le karaté où on est sur une jambe, on tourne, c’est une
contrainte, les sports agressifs de trépidation. La course à pied, si c’est
fait avec mesure, chez certaines personnes, ça réussit bien. En revanche,
il y a des personnes qui exagèrent et qui augmentent leurs trépidations
lors de semi-marathons ou de marathons et là, ça devient contre-pro-
ductif, on augmente les lésions arthrosiques et l’inflammation. Il faut plu-
tôt privilégier les sports de marche, d’amplitude, et ce qu’on appelle les
sports à chaîne fermée comme le vélo ou le tapis : à ce moment-là, on n’a
pas cette vibration importante qui vient impacter les articulations et qui
vient augmenter les lésions dégénératives éventuellement.

Alessandra : Et que pensez-vous de la natation ?

Franck Gigon : La natation, ce n’est pas mal parce qu’on est en état de
semi-apesanteur, donc déjà ça décoapte les vertèbres, c’est très bon au
niveau du dos, on a un effet de contrainte qui est aidé avec l’eau et il n’y a
pas de conflit articulaire important aigu, donc la natation, c’est très bien.
Je peux citer aussi le longe côte, c’est-à-dire marcher le long des litté-
raux dans l’eau avec de l’eau à peu près à hauteur de genou, de cuisse ou

39
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

de ventre avec des bâtons pour s’aider. Là, on a des contraintes méca-
niques qui sont douces, passives, et on est dans une musculation douce
qu’adorent les articulations. Puisque je rappelle que les articulations sont
bordées de muscles et de tendons et que si on ne les sollicite pas, tout
cela va se rétracter, s’atrophier. Et au niveau même du tissu articulaire, ça
va se dégrader.

Alessandra : La brasse en revanche est peut-être contre-


indiquée quand on a mal au cou ?

Franck Gigon : Oui, c’est une bonne remarque. Il faut savoir brasser. Nor-
malement, si on sait bien brasser, on fait une coulée de la tête dans le
prolongement du corps. Mais la plupart des gens, comme moi d’ailleurs,
nagent comme un petit chien, c’est-à-dire qu’ils poussent et ils relèvent
au maximum la tête. On se retrouve en hyper-extension du rachis cervi-
cal, c’est-à-dire du cou. Et ça, c’est très mauvais pour les surfaces articu-
laires du rachis cervical.

Alessandra : La rotation des poignets, du cou, des épaules,


est-ce utile ?

Franck Gigon : C’est très efficace. C’est même fondamental. Il faudrait, je


dis qu’il faut le faire et je l’oublie souvent, faire ce qu’on appelle un réveil
musculaire et articulaire. C’est-à-dire que normalement, tous les matins,
avant de se lever brutalement, on devrait s’assoir au bord de son lit, déjà
sourire ou dire bonjour au soleil, et puis commencer à faire des mouve-
ments extrêmement doux, on part du bas ou du haut, mais on finit tou-
jours en ayant fait toutes les articulations, tranquillement. On ne fait pas
des mouvements qui n’existent pas, comme faire un cercle avec la tête.

Alessandra : On ne peut pas ?

Franck Gigon : C’est embêtant au niveau des surfaces articulaires. Donc


il vaut mieux faire droite et gauche, haut et bas, pencher un peu la tête
sur les côtés. De l’hyper-extension, tranquillement, sans se faire mal. Ça
va craquer un petit peu. Les épaules, c’est pareil, on les hausse, on les

40
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

baisse, on revient vers l’avant. Allez, on fait 10 mouvements vers l’avant,


10 mouvements vers l’arrière. Ensuite, les deux coudes en même temps,
comme si vous buviez un coup.

Alessandra : Et après, les poignets ?

Franck Gigon : Après, les poignets, vous faites les marionnettes, et en-
suite, délicatement, vous faites du piano. Qu’est-ce qui se passe quand
vous faites ça ? Vous déverrouillez toutes les articulations, mais surtout,
vous avez des récepteurs nerveux partout et ça envoie les informations
au cerveau et le cerveau, il fait : OK, j’ai compris.

Mon schéma corporel atteint l’amplitude et je peux aller dans ces ampli-
tudes. Parce que si vous n’allez pas dans ces amplitudes articulaires, vous
allez réduire et, petit à petit, votre corps va vous dire : OK, moi, je fonc-
tionne à l’économie, je n’ai plus besoin d’aller aussi loin et ce n’est plus la
peine de fabriquer autant de tissus pour préserver mon articulation.

Alessandra : Les hanches aussi, j’imagine.

Franck Gigon : Il faut faire un peu de hula hoop le matin, mais ce n’est pas
la peine de forcer, il ne faut jamais forcer. Vous faites selon vos possibi-
lités, allez au maximum de vos possibilités sans les dépasser. Et dès que
vous avez mal, c’est que vous êtes allé trop loin.

Alessandra : Je ne sais pas si ça arrive à tout le monde, mais moi,


quand je fais ça, ça me réveille, donc peut-être faire une pause
quand on travaille et bouger les articulations dans tous les sens,
ça fait, disent les Chinois, circuler l’énergie à l’intérieur.

Franck Gigon : Absolument. Les indo-asiatiques, les Chinois surtout, pra-


tiquent le tai-chi et le tai-chi, c’est une série de mouvements articulaires
et de respiration qui effectivement remet en mouvement toutes les ar-
ticulations, avec des mouvements respiratoires. Il faut savoir que quand
vous inspirez et que vous expirez, vous faites agir toutes les articulations
costo-chondrales qui sont libérées. Vous les videz et vous les remplissez

41
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

à chaque fois et ça fait bouger tout le gril costal qui est votre squelette,
qui comprend les poumons, le cœur, le médiastin, etc. Donc c’est impor-
tant d’essayer de le faire. Peut-être pas tous les jours si vous n’y pensez
pas, mais très régulièrement pour envoyer des informations à votre corps
et à votre cerveau qui comprend que vous pouvez toujours aller dans ces
amplitudes et lui va dire : OK, je vais fabriquer encore du tissu pour pré-
server cette mobilité. Donc il faut entretenir son corps, pas forcément
avec de l’exercice physique, mais avec de l’entretien articulaire et mus-
culaire régulier.

Alessandra : La petite dernière, quelle est votre plante


préférée, Docteur ?

Franck Gigon : Alors, ma plante préférée, si je dois en garder une comme


ça, c’est une plante alimentaire, j’aime bien le brocoli.

Alessandra : Et pourquoi vous aimez le brocoli ?

Franck Gigon : Parce que pendant très longtemps, quand j’étais petit, on
m’a embêté avec du brocoli, et ça a été une révélation pour moi plus tard
de me dire que c’était une plante qui avait tellement de bénéfices pour la
santé, que je l’ai finalement adoptée.

Alessandra : Le brocoli est bon pour quoi ?

Franck Gigon : Le brocoli est une plante qui contient des dérivés soufrés
qui sont très importants pour un effet santé comme la détoxication au
niveau du foie, il y a un effet préventif très important au niveau des can-
cers, notamment au niveau du cancer du sein, les cancers dits hormonaux
dépendants. Il y a des antioxydants majeurs. Il y a plein de trucs dans le
brocoli, ça protège les yeux, ça protège tous les tissus, ça détoxifie les an-
ciens fumeurs. Et puis, en plus c’est très sympa à manger. Si vous prenez
des jeunes pousses de brocolis frais cuits à la vapeur d’eau, c’est-à-dire
au vitaliseur, ne dépassez pas 90 °, un petit filet de jus de citron bio et de
l’huile d’olive bio, première pression à froid. Et là, vous avez un accom-

42
Problème 1 : l’arthrose Avec Dr Franck Gigon

pagnement qui pourrait être pluri hebdomadaire, plusieurs fois dans la


semaine, qui va vous permettre aussi de préserver vos articulations.

Alessandra : On ne regardera plus le brocoli de la même


manière. Merci beaucoup Docteur Gigon.

Franck Gigon : Merci à vous !


PROBLÈME 2 : LA MÉNOPAUSE
AVEC DR BÉRENGÈRE ARNAL
AVRIL 2017
Alessandra : Quand on dit ménopause, Dr Arnal, on pense
avant tout aux bouffées de chaleur. La première question est :
Est-ce qu’on peut traiter les bouffées de chaleur par
les plantes et l’homéopathie ?

Bérengère Arnal : Oui, on peut les traiter en apportant un traitement de


fond qui va mimer en homéopathie le cycle, en apportant des œstrogènes
et de la progestérone en dilution homéopathique. Et puis on a de très
bons complexes qui sont faits pour participer à la prévention du vieil-
lissement et qui apportent des phytohormones, non dangereuses, des
phyto-œstrogènes et des phyto-progestérones pour se calquer sur le
principe du cycle menstruel. Et avec cet accompagnement-là de départ,
qui est une compensation du fait que les ovaires ne secrètent plus, on a
déjà beaucoup de résultats sur les bouffées de chaleur. Le problème, c’est
qu’il y a des femmes qui sont excessivement perturbées par des bouffées
de chaleur surtout nocturnes, qui mouillent leur lit, qui mouillent leurs
chemises, doivent changer les draps. Et dont le mari râle parce que ce
n’est quand même pas drôle toutes les nuits de vivre ça.

Alessandra : En homéopathie, que donne-t-on contre


les bouffées de chaleur ?

Bérengère Arnal : J’ai l’habitude de travailler avec des échelles d’homéo-


pathie. Folliculinum et Luteinum que je vais donner sur cinq jours en début

47
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

du mois pour fixer une date. En 5, en 7, en 9, en 15 et en 30 CH. À ça, j’ajoute


des plantes : des phyto-œstrogènes et des phyto-progestérones, comme
je vous l’ai dit, et puis un certain nombre d’éléments qui participent à la
prévention du vieillissement, des antioxydants, des omega-3, du chrome,
on en parlera pour la prise de poids. Il y a des produits qui sont très bien,
très complets, qui ciblent tout ce qui se passe chez la femme pour l’aider à
rester plus jeune et en forme. Je donne aussi d’autres conseils : sport, yoga,
sophrologie et puis alimentation, bien évidemment.

Alessandra : Comment éviter que les bouffées de chaleur


ne surviennent la nuit ? Le traitement est-il le même
que pendant la journée ?

Bérengère Arnal : Dans ces cas-là, je donne d’autres choses associées au


traitement de fond dont je viens de vous parler avec l’homéopathie et la
phyto. Et je donne des choses plus spécifiques pour couvrir la nuit. Par
exemple, des granules au dîner, au coucher et si on se réveille dans la nuit
ou bien un roller d’huile essentielle. En pharmacie, il n’y a qu’un seul roller
contre les bouffées de chaleur : c’est le ménophytéa roller. On peut s’en
passer dans le décolleté, quand on se réveille la nuit ou au coucher, et on
peut aussi bien l’avoir chez soi que dans son sac. Parce que dans la moitié
des cas, les bouffées de chaleur diurnes sont liées aux émotions. Et les
nocturnes, pour moi, sont aussi liées aux émotions parce que la nuit, c’est
le monde des émotions qui remonte.

Alessandra : Pouvez-vous nous dire quelles sont les huiles


essentielles qu’il y a dans ce roller ou c’est une formule
préparée à l’avance ?

Bérengère Arnal : C’est une formule toute prête que je ne connais pas
par cœur.

48
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

Alessandra : Que faire quand les bouffées de chaleur durent


depuis plus de 10 ans et que les plantes réputées pour
les soulager sont inefficaces ? Plus que 10 ans, c’est normal ?

Bérengère Arnal : Il y a des femmes qui en ont parfois jusqu’à 90 ans, si


elles doivent vivre jusque-là, jusqu’à leur décès. Ce sont des familles de
femmes où les bouffées de chaleur sont tenaces. Et malheureusement, il
n’y a qu’une seule solution quand elles ne dorment plus et qu’elles sont
fatiguées, c’est d’ajouter un petit traitement hormonal de synthèse, en
choisissant les hormones bio-identiques, c’est-à-dire semblables à celles
que notre organisme fabrique, et en très petite quantité pour très vite,
une fois qu’on aura récupéré la situation, faire un sevrage et pouvoir res-
ter avec des produits naturels.

Il faut tout essayer comme traitement, notamment l’acupuncture, le


yoga, il y a plein de choses quand même. Plein de techniques peuvent
aider à maîtriser ces émotions et à essayer de les traiter et d’éliminer les
bouffées de chaleur. Mais il y a vraiment des familles où il y a des bouffées
de chaleur profuses jusqu’à la fin de la vie. Et c’est de mauvais augure.

Alessandra : Passons à la post-ménopause, quand les règles se


sont arrêtées depuis un an et que le bilan hormonal montre qu’il
n’y a plus d’œstrogène circulant. Comment gérer les troubles
hormonaux quand on n’a pas droit à un traitement hormonal
pour cause du cancer du sein à carcinome in situ, aujourd’hui
totalement en rémission depuis longtemps ?

Bérengère Arnal : Carcinome in situ ou invasif, c’est le même problème.


C’est là où je me suis exprimée pour la première fois sur ces traitements
à donner aux femmes qui ont un cancer du sein, et pour lesquelles il ne
faut pas donner de phyto-œstrogène. Un produit a été conçu spécifique-

49
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

ment pour les femmes qui ont un cancer du sein ou qui ont eu un cancer
du sein, ou qui ne veulent pas prendre de phyto-œstrogène, qui s’appelle
Mamopause, qu’on achète en pharmacie.

Alessandra : Et même les femmes qui n’ont jamais


eu de cancer de sein peuvent le prendre ?

Bérengère Arnal : Les femmes qui ne veulent pas prendre de phyto-œs-


trogène peuvent prendre un Mamopause. Elles peuvent l’associer à
d’autres produits comme Ménophytea bouffée de chaleurs dont on a par-
lé tout à l’heure pour les rollers. Il y a aussi des gélules de Ménophytea.
Tout ça peut s’associer sans aucun problème.

Alessandra : Est-ce que les gélules sont plus efficaces


que le roller ?

Bérengère Arnal : Attention, là je vous parle pour les femmes qui n’ont
pas de cancer du sein. Parce qu’il est possible qu’il y ait des phyto-œs-
trogènes dans Ménophytea gélules, il faudra vérifier. Pareil pour le roller.

Alessandra : Il faut être donc prudent avec les compléments,


même naturels, quand on a eu un cancer du sein ?

Bérengère Arnal : Bien sûr. Pas de phyto-œstrogène, parce que ce sont


des stimulants de la croissance cellulaire, donc aussi des cellules des
cancers du sein. Notamment le soja : quand on a un cancer du sein, il ne
faut pas prendre en thérapeutique du soja. Ça fait un petit moment qu’on
l’a dit, il y a un consensus qui s’est créé et qui fait que, maintenant les
cancérologues le savent, un peu.

Alessandra : Existe-t-il des gels lubrifiants non chimiques, non


parfumés, non collants pour permettre une pénétration aisée à
la ménopause ?

Bérengère Arnal : Alors pour permettre une pénétration aisée, les gels
lubrifiants ne suffisent pas. C’est comme un pansement sur une jambe de

50
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

bois. Donc on peut utiliser le gel du laboratoire D. Plantes, qui respecte


les critères demandés, mais qui, tout seul, il ne suffit pas. Déjà, il faut le
mettre à la fois sur la vulve de la femme et sur le sexe du mari. Et puis
quand je parle de pansement sur jambe de bois, si la muqueuse est toute
sèche, ça ne va pas être la solution idéale. Donc il faut traiter le fond et
traiter au quotidien la muqueuse, au niveau vaginal, deux fois par jour.

Rappelons qu’un gel lubrifiant est un produit hydrophile. Il ne faut pas mettre
de la vaseline qui est hydrophobe. Parce que les sécrétions vaginales sont
aqueuses, elles ne sont pas graisseuses. Donc pour les aider il faudra un pro-
duit qui aime l’eau, pas un produit hydrophobe comme la vaseline.

Alessandra : Autre question. Comment se débarrasser


du ventre qui grossit très souvent à la ménopause ?
Alors là ça concerne pratiquement toutes les femmes,
dites-moi le contraire.

Bérengère Arnal : Non. Ce n’est pas vrai.

C’est lié à la diminution du chrome après 45 ans, qui joue sur ce méta-
bolisme, et qui fait passer les femmes ménopausées sur un modèle an-
droïde c’est-à-dire nos modèles masculins, où des graisses viennent se
mettre sur le ventre. Donc il faut éviter qu’elles arrivent parce qu’une fois
qu’elles sont là, ce n’est pas évident de les faire partir.

Alessandra : Donc il faut agir en prévention ?

Bérengère Arnal : Oui, déjà, il faut prendre du chrome.

Alessandra : Sous quelle forme ? Oligoélément ?

En oligoélément, oui. Il y a aussi des produits pour la ménopause qui


contiennent du chrome. Comme un produit qui s’appelle Serepause.

Alessandra : Donc on prend du chrome pour éviter d’avoir


de la graisse. Et comment le prend-on ?

51
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Bérengère Arnal : Le produit Serepause, on le prend tous les jours matin et


soir. On peut aussi le prendre ponctuellement, voir ce que ça donne et puis
faire beaucoup d’effort aussi. Il faut faire du sport, il faut manger moins gras,
moins sucré. On n’a plus 40 ans, quand on arrive à la ménopause. Le métabo-
lisme change. Les graisses vont se mettre sur le ventre, et puis dans le ventre
aussi. Autour des intestins, ce sont des graisses qui ne sont pas bonnes pour
la santé et qui augmentent le risque cardio-vasculaire. Pour s’en débarras-
ser, il faut faire du sport, du pilate, du yoga, de la marche bien sûr.

En alimentation, pas de sirop de glucose, pas de graisse hydrogénée. Ce sont


les deux grandes ennemies. Le grand fondamental, c’est de cuisiner à la mai-
son, dans des bonnes conditions de conservation et de cuisson des aliments.
Et éviter les produits tout faits, parce qu’ils contiennent beaucoup de choses.
Notamment du soja, beaucoup, dès que la cuisine est toute faite. Et pour
deux tiers, il est OGM, mais on ne le sait pas. Je ne fais que répéter ce que dit
le Professeur Catherine Bennetau Pelissero qui est chercheuse sur le soja.

Alessandra : Encore une question sur le chrome,


quand on le prend en oligoélément, en ampoule,
on en prend une fois par jour ?

Bérengère Arnal : Oui, une ampoule par jour.

Alessandra : Et on peut faire une cure tout le temps


ou on interrompt ?

Bérengère Arnal : Il faut tester. Voir comment le corps réagit. Le chrome


perturbe le métabolisme de l’insuline, donc des sucres. Et ça a beaucoup
de conséquences, sur la prise de poids et la répartition des graisses.

Alessandra : Après la ménopause, beaucoup de femmes


ne ressentent plus les mêmes sensations lors de l’orgasme.
Comment expliquer ce changement ? Est-il inévitable ?

Bérengère Arnal : Il y a beaucoup de choses. Mais d’abord le côté physique.


Si la muqueuse est sèche, même si on a un lubrifiant, le plaisir n’est pas le

52
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

même. Parfois il y a des douleurs. Et s’il y a des douleurs, il n’y a plus de désir.
S’il n’y a plus de désir, il n’y a plus de lubrification. S’il n’y a plus de lubrifica-
tion, il y a des douleurs et on est dans un cercle infernal. Donc la première
chose à faire, c’est de traiter la muqueuse pour que lors du rapport sexuel, ce
soit agréable, même si la lubrification naturelle se fait 10 minutes plus tard,
elle se fait. Il faut le savoir : s’il y a des préliminaires doux et prolongés, la lu-
brification se fait, avec retard, mais elle va se faire. Quant à la qualité du plai-
sir et de l’orgasme, ils vont dépendre du degré d’hydratation de la muqueuse
vaginale et vulvaire. Donc du traitement de fond qu’on va mettre en place.

Autre chose. On sait bien que la sexualité des femmes n’est pas la même
que celle des hommes. Les hommes, après la ménopause de leur femme,
restent toujours pour la plupart sur des besoins qu’ils ont envie de satis-
faire. La femme peut avoir du désir ou non. Il faut le faire naître par d’autres
choses que les caresses physiques. Si on vient de s’engueuler avec son
mari, on n’a pas envie d’avoir un rapport sexuel. Si on est fatiguée, on n’a
pas envie non plus parce que l’autre rentre dans votre espace. Donc c’est
toute une alchimie qu’il faut revoir et remettre en place. Et puis considérer
qu’au bout de 30 ans, 40 ans de mariage, il y a des habitudes qui se créent
et qui ne sont pas forcément idéales pour alimenter la libido des femmes.

Donc je leur fais lire beaucoup de livres pour expliquer ce que c’est que le dé-
sir, ce que c’est que l’orgasme et puis je leur dis de préparer un petit voyage
quelque part tous les deux en amoureux, un bon foie gras, un bon verre de
Sauternes et puis après ne pas tomber dans le rituel, dans l’habitude parce que
ça, ça tue le désir des femmes. Mais ça ne tue pas le besoin des hommes. Je
dois dire qu’il y a aussi des hommes qui sont dans le désir, et qui savent faire,
mais pour la plupart, au bout de 40, 45 ans de mariage, ce sont des habitudes
qui s’instaurent et qui ne sont pas forcément bien pour la libido des femmes.

Alessandra : Quels sont ces livres que vous conseillez


à vos patientes ?

Bérengère Arnal : Ce sont des livres non pas érotiques, mais des livres
pour expliquer la sexualité des femmes et des hommes. Il y a deux livres
qui sont très intéressants de Sylvain Mimoun qui s’appellent Sexe et sen-

53
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

timents. Il y a une version femme et une version homme. Je trouve tou-


jours bien que les époux ou les couples les lisent ensemble. Ou bien un
livre aussi qui s’appelle Ce que les femmes préfèrent, c’est un livre sur le
désir. Et puis un livre que beaucoup de femmes qui s’intéressent au sujet
ont lu qui s’appelle Femme désirée, femme désirante de Danièle Flaumen-
baum. Un autre livre sur la ménopause qui est Sexe, croyances et méno-
pause de Daniel Delanoë.

Alessandra : Surtout, si vous avez des questions, n’hésitez pas


à les poser, à votre gynécologue s’il est ouvert sur la phyto, sur
l’homéo, sur les médecines alternatives et complémentaires
pour avoir des réponses. Il n’y a pas de questions idiotes, il n’y
a pas de questions pour lesquelles
il faut avoir honte.

Bérengère Arnal : C’est pour ça que quand je reçois une nouvelle pa-
tiente, je lui envoie un questionnaire de quatre pages. Et à la fin de la
quatrième page, j’ai marqué « Souhaitez-vous ou pas me parler de sexua-
lité ? » Et c’est la porte ouverte pour qu’elles puissent en parler. Mais par-
fois elles n’en parlent pas non plus, elles ont honte.

Souvent, les avis sexuels, c’est en fin de consultation, au moment où vous


raccompagnez la patiente, qu’elle vous dit la chose la plus importante.

Alessandra : Pourquoi les variations hormonales changent-


elles le caractère ? Peut-on éviter ces sautes d’humeur ?

Bérengère Arnal : La réelle problématique post-ménopause est liée peut-


être au fait qu’on vieillit et qu’on est moins jolie, on se sent moins désirable. Et
qu’il faut d’abord s’accepter comme on est. Je ne suis pas sure qu’on puisse
dire que l’état de ménopause change trop l’humeur. Le suivi par un médecin
de médecine naturelle aide, car il peut aussi travailler sur le stress, l’aide à la
gestion des stress, notamment en prenant beaucoup de magnésium.

54
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

Alessandra : Donc pour avoir un caractère stable,


on prend du magnésium et que du magnésium ?

Bérengère Arnal : Non non, il y a des tas de choses qu’on peut prendre
comme des plantes anxiolytiques, ou des granules d’homéopathie contre
l’anxiété. Mais déjà être sous magnésium, ça fait du bien. Ça permet de
dépasser certaines fatigues physiques, psychiques, des problèmes de
mémoires, de concentration et des sautes d'humeur.

Alessandra : Sous quelle forme ?

Bérengère Arnal : Sous toutes ses formes. Chlorure de magnésium si on


veut se le préparer. Il y a tellement de magnésium sur le marché. Beau-
coup ont de la vitamine B6, parce qu’ils fonctionnent en duo. Mais il y a
un produit que j’aime beaucoup qui s’appelle D-Stress. Il y a une forme
booster qui vraiment donne la pêche toute la journée, puis une forme
comprimée plutôt régulatrice qui elle contient d’autres vitamines et des
acides aminés qui permettent la synthèse de certains neuromédiateurs.

Alessandra : Peut-on le prendre aussi si on n’est pas


à une période de ménopause ?

Bérengère Arnal : Dès qu’on a un stress, on en perd. Donc je conseille vraiment


beaucoup aux femmes d’en prendre, mais ça peut être aussi en buvant de
l’Hépar, de la Badoit, de la Quézac. On recharge bien son stock en magnésium.

Alessandra : Quel remède naturel pour préserver l’élasticité


de la peau après la ménopause ?

Bérengère Arnal : Pour la peau on a des complexes tout faits, par exemple
le Lero Derm qui est très bien fait. On peut prendre aussi de l’huile d’Ona-
gre, de bourrache, de l’huile de germes de blé. Il faut aussi ne pas se ca-
rencer totalement en graisse. Il y a des graisses qui sont bénéfiques, il ne

55
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

faut pas les rejeter. Puisqu’en absorbant des graisses par la nutrition, on
va aussi nourrir notre peau.

Sur la peau, on met le moins de parabène possible, le moins de conserva-


teurs. Donc, il faut utiliser des crèmes bio pour nourrir la peau.

Alessandra : Les huiles d’Onagre, de bourrache, peut-on


les prendre ensemble ou faut-il choisir entre les deux ?

Vous avez des capsules dans lesquelles elles sont mélangées. C’est très
bien aussi, on peut faire des cures d’Onagre, puis des cures de bourrache,
puis des cures de germes de blé, puis des cures de Lero Derm. Il y a un
certain nombre de produits efficaces pour prévenir une certaine partie
du vieillissement.

Alessandra : Autre question. Les hémorragies de la pré-


ménopause sont parfois si problématiques que le gynécologue
propose voire impose l’ablation de l’utérus. Comment s’en
sortir autrement ?

Bérengère Arnal : Nul médecin ne peut vous imposer une intervention


dont vous ne voulez pas. Je pense qu’il faut se battre à la pré-ménopause
pour conserver un utérus, sauf dans certains cas de règles hémorragiques
épouvantables, qui peuvent être liées à une endométriose interne. C’est-
à-dire la présence de l’adénomyose. L’adénomyose, c’est la migration de
la muqueuse utérine dans la paroi musculaire de l’utérus. C’est une mi-
gration anormale qu’on ne s’explique pas et qui fait que chaque mois,
dans ces petites cryptes de muqueuses qui sont dans le muscle, il y a des
saignements et ça fait comme une éponge remplie de sang qui, un jour, va
complètement se vider. Et ça, c’est une vraie urgence chirurgicale, c’est
parfois la seule solution pour soigner un utérus qui est très encombré
par cette adénomyose. Parfois ce sont des fibromes qui saignent, mais
il y a toujours d’autres solutions. Il faut toujours essayer de mettre en
place ces traitements naturels avec des plantes à action progestérone, de
l’homéopathie ou en pratiquant l’ostéopathie gynéco, en prenant du fer

56
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

pendant les règles quand on a des règles trop abondantes et des antihé-
morragiques. Et en travaillant sur ces données-là, pour accéder tranquil-
lement à la ménopause. Et à la ménopause tout va rentrer dans l’ordre.
Aussi bien les fibromes que l’endométriose. Mais parfois on n’a pas le
choix. On peut avoir le choix si on ne veut pas enlever l’utérus et qu’on
est tout près de la ménopause. On peut faire le choix d’une intervention
plus légère qui consiste à enlever les ovaires sans enlever l’utérus. Ça se
fait par cœlioscopie en ambulatoire et ça évite d’avoir une intervention
trop lourde et si les ovaires sont enlevés, les fibromes et l’endométriose
ne vont plus s’exprimer. Parfois, il faut y penser.

Alessandra : Juste une précision. Vous parlez d’endométriose,


de quoi s’agit-il exactement ?

Bérengère Arnal : C’est la migration de la muqueuse de l’utérus, qui


s’appelle l’endomètre, n’importe où dans le ventre, par exemple sur les
ovaires, sur les ligaments, sur le péritoine et chaque mois ça saigne. Ça,
c’est l’endométriose externe. L’endométriose interne c’est la migration de
la muqueuse de l’endomètre dans le muscle utérin, ça forme des cryptes
et ça saigne dans le muscle. Ce qui fait qu’à un moment l’utérus ne peut
plus contenir autant de sang et il y a des hémorragies cataclysmiques.

Alessandra : Quand vous dites hémorragie cataclysmique,


ça ressemble à quoi et on perd combien de sang ?

Bérengère Arnal : Cela nécessite de changer de tampons et de serviettes


toutes les heures ou toutes les demies-heures. Donc je me répète, c’est
important de savoir que, dans ces cas-là, on n’est pas obligé d’enlever
l’utérus. On peut enlever seulement les ovaires, et l’utérus va petit à petit
rentrer dans l’ordre au fur et à mesure du temps.

Je me souviens d’une patiente : à 40 ans, elle avait un utérus qui remon-


tait juste sous le foie, comme une grossesse de 5 mois, elle n’a jamais
voulu se faire opérer. Maintenant elle a 70 ans, elle a un utérus quasiment
normal, alors qu’il était absolument énorme.

57
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Pouvez-vous nous proposer un remède naturel


contre la sécheresse vaginale ?

Bérengère Arnal : Bien sûr. Ce remède est aussi bien pour les femmes
qui ont un cancer du sein, qui ont eu un cancer du sein, ou qui n’ont pas
de cancer du sein. Ce que j’ai expérimenté depuis quelques années et
qui fonctionne remarquablement bien, c’est un traitement local avec un
savon spécifique hydratant 100 % surgras, ou l’huile lavante réparatrice
avec lequel je travaille beaucoup, qui est une huile à base de tilleul, d’aloe
vera et d’huile de millepertuis. C’est pour se laver, c’est une huile extrê-
mement douce. Puis, après, une fois qu’on a fait sa toilette matin et soir,
appliquer de l’huile de millepertuis, de l’huile de noyau d’abricot, de l’ex-
térieur à l’intérieur donc dans le vagin et sur la vulve, matin et soir après
la toilette.

Si ce n’est pas suffisant, on peut associer des ovules de plantes, deux par
semaine, par exemple Cicatrivite, qui sont des ovules de plante et d’huile
essentielle pour nourrir la muqueuse, et puis on a bien sûr ce gel dont on
a parlé et qui va aider à lubrifier sur une muqueuse hydratée.

Parallèlement on a un certain nombre de laboratoires qui commercialisent


des produits qui sont les mêmes que pour la peau. Et qui s’appellent par
exemple Ménophytéa sècheresse intime ou Donalis. Et ces produits vont
non seulement nourrir la peau, mais aussi nourrir les muqueuses. Et puis
le traitement phyto/homéo de la ménopause qu’on a mis en route permet
aussi d’apporter quelques informations au niveau de la muqueuse.

Donc on peut vraiment retrouver une muqueuse normale même quand


on a eu un cancer du sein et surtout il faut le redire, quand on a eu un can-
cer du sein, mettre une crème avec des hormones c’est complètement
contre-indiqué, et pourtant c’est relativement souvent prescrit. On nous
dit que les crèmes hormonales ne passent pas dans la circulation, mais
vous avez des femmes qui à la suite de la pause de ces crèmes ont mal
aux seins, ont des saignements. Ça montre bien que l’œstrogène passe
dans la circulation. Il faut être très vigilant.

58
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

Alessandra : « J’aimerais avoir des conseils sur le traitement pour


reconstituer et restaurer les muqueuses vaginales atrophiées.
Quelle plante ? Par voie externe ou interne ? Comment faire le
traitement et pendant combien de temps ? »

Bérengère Arnal : Tout le temps. C’est tout le temps, jusqu’à ce qu’on n’ait
plus envie de se soigner. L’atrophie, c’est-à-dire le rétrécissement lié à la
sécheresse, pose plusieurs problèmes. Ça fait mal, ça perturbe totalement
la sexualité. Ça favorise les infections urinaires et vaginales et ça peut favo-
riser ou aggraver des troubles de la continence urinaire, donc c’est impor-
tant, qu’on ait des rapports ou pas, qu’on ait une sexualité ou pas, de se soi-
gner à ce niveau-là, comme on met une crème sur le visage tous les matins.

Alessandra : Donc ça c’est vraiment à faire tout le temps.

Bérengère Arnal : Tout le temps, comme une crème de jour. Et puis je


voudrais juste signaler une petite bêtise de certains pharmaciens qui re-
fusent de l’huile de millepertuis que je donnais en usage local. Ils disaient
aux femmes qui étaient sous chimiothérapie de ne pas le prendre parce que
ça les perturbait. Ça ne peut pas perturber. La macération de fleurs dans
l’huile d’olive, qu’on va mettre en application externe, n’a pas les mêmes
contre-indications que le millepertuis qu’on va avaler pour la dépression.

Alessandra : Donc il faut dire que le millepertuis a beaucoup


de contre-indications avec les médicaments, mais quand
on le prend par voie orale, pas quand on applique l’huile
de millepertuis sur la peau ou sur les muqueuses.

Bérengère Arnal : Bien sûr, et grâce à l’huile de millepertuis, avec un


petit flacon d’huile essentielle de lavande, on peut soigner beaucoup de
choses. Par exemple des muqueuses qui brûlent, qui sont enflammées.
On met quatre à cinq gouttes d’huile essentielle de lavande dans une pe-
tite soucoupe, avec l’huile de millepertuis ou même avec de l’huile d’olive.
En passant ça tous les jours, plusieurs fois par jour après la toilette, ou
après avoir uriné, beaucoup d’inflammations disparaissent en quelques

59
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

heures. Quand vous partez en voyage, prenez un peu d’huile de milleper-


tuis et de la lavande.

Alessandra : C’est simple à faire !

Bérengère Arnal : Simple à faire et à emporter. L’huile de millepertuis


est rouge, elle peut tacher un petit peu. Alors on peut prendre de l’huile
d’abricot qui est incolore. Mais qui est, je trouve, un peu moins efficace.

Dans le cadre de la Maison Rose, qui est une maison à l’intention des
femmes qui ont un cancer du sein, je fais régulièrement des tables rondes
sur la sécheresse vaginale et d’autres choses, alimentation, hormonothé-
rapie. Mais c’est vrai qu’on s’amuse bien, on discute, on aide les unes et
les autres, et c’est tout à fait positif comme type de rencontre.

Alessandra : Pouvez-vous nous raconter un peu l’histoire


de cette association ?

Bérengère Arnal : Au départ, ce sont deux journalistes qui ont créé Rose
Magazine pour les femmes qui ont eu un cancer. Et puis après elles ont
créé une association de la Maison Rose. La Maison Rose, c’est un endroit
qui est sponsorisé par L’Oréal, ici à Bordeaux, et qui accueille des femmes
depuis un an, des femmes atteintes de cancer. Pour la plupart elles ont des
cancers du sein, et tous les intervenants sont bénévoles. Moi j’y vais pour
aider les femmes à arrêter de fumer, ce n’est pas la meilleure période de
leur vie pour ça, avec de l’acupuncture, la méthode Chiapi, les huiles essen-
tielles, la phyto et l’homéo. Et j’y vais pour des rencontres avec les femmes,
notamment pour parler de sécheresse vaginale, ou comment mieux tolérer
les antihormones après les traitements ou chirurgies, de radiothérapie, de
chimiothérapie. Quand on les met pour 5 ou 10 ans sous antihormones, il y
a des effets secondaires, dont la sécheresse vaginale. Je suis là pour leur
donner quelques conseils et c’est très bénéfique, pour elles comme pour
moi. 7000 femmes sont passées à la Maison Rose en une année.

60
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

Alessandra : Vous rendez-vous compte de l’importance


de ces associations ?

Bérengère Arnal : C’est merveilleux. Les deux journalistes Céline Lis-


Raoux et Céline Dupré ont fondé tout ce système de défense des femmes
qui ont un cancer, notamment pour emprunter quand on est malade et puis
de droit à l’oubli aussi. Elles œuvrent beaucoup maintenant au niveau des
députés, pour que des lois changent vis-à-vis des femmes malades.

Alessandra : Continuons sur la ménopause. Les fleurs


de Bach peuvent-elles aider à la gestion des émotions ?
Si oui, lesquelles prendre et à quelle étape : préménopause,
ménopause, post-ménopause ?

Bérengère Arnal : On peut s’aider des fleurs de Bach à tout âge, en fonc-
tion des émotions qu’on a. C’est au médecin prescripteur de faire son
choix, mais il y a une souche qui est le Walnut, c’est-à-dire le noyer, qui
aide les femmes à passer les grands changements. Mais c’est vrai que
passer de la préménopause à la ménopause installée est un grand chan-
gement de vie personnelle et sociale et familiale.

Alessandra : Pourquoi les seins font souvent mal


avec la ménopause ?

Bérengère Arnal : Ils ne peuvent pas faire mal. Les seins ne font plus mal à
la ménopause, ils font mal en préménopause quand on est en situation d’hy-
perœstrogénie qui est non compensée ou non traitée. Et à la ménopause les
seins deviennent mous, plus mous. Ils ne sont pas stimulés par les œstro-
gènes donc ils ne font pas mal. S’ils font mal, ça veut dire quoi ? Ça veut dire
qu’il faut aller voir l’ostéopathe. Ça peut être un problème d’une douleur qui
arrive effectivement dans le sein, à cause des cervicales ou dorsales, d’un
problème d’omoplate. Un problème ostéopathique ou même une douleur in-
tercostale qui va fuser dans le sein et donner une douleur, apparemment du

61
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

sein. Mais un sein qui a mal, ça n’inquiète pas, le cancer ne fait jamais mal. Un
sein qui a mal après la ménopause, il faut aller voir l’ostéopathe.

Alessandra : Les médecins sont très précis avec les termes :


avant la ménopause, c’est la pré-ménopause…

Bérengère Arnal : Et après c’est la post-ménopause.

En préménopause, on travaille sur l’hyperœstrogénie, donc on va la


compenser en apportant des plantes à action progestérone, comme le
gattilier ou l’alchémille. Vous avez un produit qui s’appelle Prépause. Et
comme c’est quantitativement actif, si un le matin et le soir en continu
ne suffit pas, on peut en prendre deux matin et soir. On peut ajouter de
l’huile d’onagre et on n’oublie jamais le magnésium.

Alessandra : Comment préparer notre entourage mari, enfant.


Que leur dire ? Tout ceci de manière naturelle.
Est-ce qu’il faut le faire ?

Bérengère Arnal : C’est la vie qui se déroule ainsi. Et je crois qu’il n’y a
pas besoin de préparer. Ce n’est pas une descente aux enfers d’être mé-
nopausée. Du tout. C’est une autre étape de la vie et si nous, en tant que
femme on la vit bien, notre entourage va bien le vivre. Il n’y a pas de pré-
paration, à mon avis.

Alessandra : Peut-on tomber enceinte après la ménopause ?

Bérengère Arnal : J’ai eu deux cas de patientes de 53 et 54 ans. Enceintes


sans s’en rendre compte jusqu’au quatrième mois, parce qu’elles avaient
une ovulation pirate. C’est-à-dire 3 ans après leurs dernières règles, avec
des taux de ménopause. On n’est jamais à l’abri d’une ovulation pirate.

Alessandra : Qu’est-ce qu’une ovulation pirate ?

Bérengère Arnal : C’est moi qui ai inventé ce terme. C’est une réactiva-
tion des hormones ovariennes. Tout d’un coup, pour des raisons qu’on ne

62
Problème 2 : la ménopause avec Dr Bérengère Arnal

connaît pas, les ovaires recommencent à secréter des œstrogènes et vont


déclencher une ovulation, la femme ne va pas s’en rendre compte, elle va
être enceinte. J’ai eu déjà deux cas comme ça et c’est franchement dou-
loureux pour le cœur et pour l’esprit. Parce que bien sûr, ça aboutit sur des
IVG et sur des grossesses qui peuvent être tardives parce qu’on ne pense
pas tout de suite qu’on peut être enceinte à 53 ans. Si on a mal aux seins,
les deux seins qui sont tous deux les gonflés, si on a de la glaire cervicale,
c’est le blanc d’œuf qui sort du vagin, et si on un peu mal au ventre, on peut
penser qu’on fait une réactivation ovarienne avec un risque, donc il faut
mettre des préservatifs au moins une quinzaine de jours.

Alessandra : Donc ce n’est pas la peine de faire des examens


en particulier. Il faut juste observer son propre corps.

Bérengère Arnal : Oui, et si c’est à 60 ans, ce sera anormal. Donc là il faut


consulter tout de suite. Mais entre 50 et 55 ans, deux-trois ans après, on peut
avoir des réactivations ovariennes sur un choc, et puis des fois sans raison.

Alessandra : Donc attention à l’ovulation pirate. Sophie


nous pose cette question. Après ménopause, si on choisit
de prendre le gattilier sous forme de gélules, quelle est
la quantité préconisée la plus adaptée ? Si on le prend sous
cette forme, peut-on boire à côté des tisanes d’alchémille,
d’achillée et verveine ?

Bérengère Arnal : Je voudrais tout de suite cibler la verveine. Ce n’est pas la


verveine odorante, c’est la verveine officinale qui qui inhibe les récepteurs à
progestérone. Comme l’achillée, l’alchémille et le gattilier. Je travaille beau-
coup avec le gattilier et l’alchémille. On peut effectivement ajouter des tisanes
en même temps, mais on a des produits tout faits : par exemple Prépause, qui
contient gattilier et alchémille. Ce sont des plantes qui ont une action proges-
térone et qui vont éviter de prendre des hormones de synthèse, de la proges-
térone de synthèse des laboratoires. Je le donne souvent en continu, notam-
ment après ménopause pour bien cadrer la situation, et si je donne des gélules
de gattilier, j’en donne deux à quatre par jour en continu. Les tisanes ne feront
que renforcer le gattilier à condition que ça soit la verveine officinale.

63
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

La verveine odorante, elle, sert à se calmer et à mieux digérer.

Alessandra : Conseillez-vous l’huile d’onagre


et pour quelle période ?

Bérengère Arnal : Je la conseille dans le cas du syndrome prémenstruel,


c’est-à-dire de tous les signes qui arrivent avant les règles, avec du ma-
gnésium et avec des plantes progestérones. Il faut aussi penser qu’il ne
faut pas prendre trop d’oméga-6, donc je donne l’huile d’onagre de façon
ponctuelle. Je peux la donner 15 jours avant les règles quand on a mal aux
seins. Et puis, on l’a dit tout à l’heure, pour traiter la peau. Auquel cas, il
faut faire en sorte qu’on ne se déséquilibre pas trop entre les oméga-6
et les oméga-3. On peut prendre aussi des oméga-3, notamment le soir,
parce que c’est le soir qu’ils s’incorporent dans les cellules du cerveau.

Il ne faut pas trop prendre d’oméga-6 parce qu’on a un mauvais rapport omé-
ga-6 – oméga-3. Donc si on veut en prendre de façon prolongée, on peut aussi,
en plus de consommer les aliments ou les huiles qui contiennent des oméga-3,
prendre des gélules d’oméga-3, et plutôt le soir si on veut avoir une action sur
le cerveau, sur la mémoire, la concentration. Magnésium et oméga-3.

En résumé, l’huile d’onagre nous aide bien dans les syndromes prémens-
truels parce qu’elle va avoir une bonne action anti-inflammatoire. Mais on
peut l’associer aux oméga-3 pour ne pas déséquilibrer le rapport omé-
ga-6 – oméga-3, qui est déjà trop en faveur des oméga-6.

Alessandra : Et les oméga-3, comment les prendre ?

Bérengère Arnal : Tout le temps. En continu, deux capsules le soir.

Ou on peut prendre une ou deux cuillères d’huile de noix ou de colza. Ou


5 noix fraîches. Avec ça, on a la ration qu’il faut.

Alessandra : Docteur Arnal, un grand merci.


PROBLÈME 3 : LE DIABÈTE
AVEC DR FRANCK GIGON
FEVRIER 2017
Alessandra : Quelle est la différence entre le diabète
de type 1 et le diabète de type 2 ?

Franck Gigon : Quelques rappels de physiologie, très simples. Le corps, l’or-


ganisme essaie de maintenir des constantes biologiques comme la tempé-
rature à 37 degrés, ou un taux de sucre dans le sang d’un gramme par litre
de sang. Quand on est en dessous de ce seuil, on est en hypoglycémie, c’est-
à-dire que l’on manque de sucre dans le sang. Et quand on est au-dessus de
ce seuil, on se situe en hyperglycémie, c’est-à-dire avec trop de sucre dans le
sang. Ça peut être normal si c’est quelques heures après un repas, mais si le
taux de sucre est trop élevé et trop longtemps, voire tout le temps, au-des-
sus de 1,2 gramme par litre de sang, on appelle cela du diabète.

Après, en effet, on peut distinguer deux sortes de diabète de façon un


peu caricaturale, mais tout vient du pancréas. Le pancréas, c’est une belle
glande qui est située sur notre flanc gauche et qui fabrique entre autres
une hormone qui s’appelle l’insuline. Cette hormone est sécrétée après
un repas qui a été chargé en sucre. Je vais globaliser tout de suite : on
appelle à la fois sucre les glucides, les hydrates de carbone...

Alessandra : Que sont les glucides et les hydrates


de carbone, pour bien comprendre ?

Franck Gigon : Ce sont les sucres. Hydrate de carbone, sucre, glucide,


glucoses, tout ça veut dire la même chose. Ce sont les nutriments, qui
sont essentiellement apportés par la nature, par le monde végétal. On en
trouve aussi par exemple dans le lactose du lait, c’est un sucre d’origine
animale, mais globalement, tous les sucres sont d’origine végétale.

69
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Lors d’un repas, nous avons forcément ingéré un peu de végétaux. Ces
végétaux sont digérés par les enzymes. Ils arrivent au niveau de notre
tube digestif, cassés en petites unités qu’on appelle glucose. Le glucose,
ce sucre, est aspiré à travers le tube digestif et va se retrouver dans toute
la circulation sanguine. On a des capteurs dans le sang qui repèrent cette
élévation de taux de sucre dans le sang : au-delà d’un gramme par litre de
sang, ils envoient des informations au pancréas pour lui dire de sécréter
l’insuline. L’insuline est alors sécrétée dans le sang.

Que doit faire l’insuline ? Elle a un rôle principal qui est de prendre le sucre
sous son bras, d’aller à la porte de toutes les cellules de notre organisme
et dire : toc, toc, toc, je suis la clé, j’ouvre la porte de la cellule et je mets le
sucre à l’intérieur. Au bout d’un certain temps, quelques minutes à quelques
heures, comme les cellules vont assimiler le sucre, le taux de sucre dans le
sang va mécaniquement baisser pour retrouver un taux normal qui serait
d’un gramme par litre de sang de sucre. Mais si l’insuline n’est pas produite
en assez grande quantité ou si elle n’est plus produite du tout, vous imagi-
nez bien que le sucre va s’accumuler dans la circulation sanguine.

A ce moment-là, le taux de sucre va s’élever, et on appellera ça un diabète


de type un.

Quand l’insuline est bien sécrétée, mais que le message de l’insuline n’est
pas reçu par les cellules, c’est-à-dire que l’insuline tape à la porte des
cellules mais qu’on n’entend pas le message de l’insuline et que la porte
reste fermée, c’est typiquement ce qu’on appelle la résistance à l’insu-
line. Le résultat est le même, on se retrouve avec trop de sucres dans le
sang : le taux de sucre dans le sang va être au-delà d’un certain seuil et
on va appeler ça le diabète.

Après, on verra avec vos différentes questions en quoi cette situation


peut compliquer le bon fonctionnement de nos organismes, mais en ré-
sumé vous avez le diabète de type 1, qui est lié à un défaut de production
d’insuline, soit totalement, soit partiellement. En tout cas, il faut pallier
l’insuffisance de production d’insuline avec de l’insuline de synthèse que

70
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

l’on peut s’injecter avec des petites seringues ou avec une pompe à insu-
line que l’on se fait placer sous la peau : il y a différents procédés. Le plus
connu et le plus répandu étant bien évidemment de s’injecter de l’insu-
line en fonction d’un taux de sucre que l’on contrôle régulièrement.

Et si vous êtes dans la situation de résistance à l’insuline, c’est-à-dire


que votre insuline est produite mais est inefficace, on donne des médi-
caments : des sulfamides hypoglycémiants qui permettent d’essayer de
jouer sur cette résistance à l’insuline, de la diminuer afin que le taux de
sucre dans le sang baisse jusqu’à atteindre un taux acceptable afin de ne
pas avoir de problèmes de santé.

Alessandra : Pourquoi le corps ne reconnaît-il plus l’action de


l’insuline ?

Franck Gigon : Différentes hypothèses ont été émises. Il y a des hypothèses


qu’on appelle auto-immunes, c’est-à-dire qu’on peut fabriquer des anticorps
contre nous-mêmes. Et donc, ça peut se retourner contre certains organes,
dont le pancréas. Ça peut se retourner aussi contre les protéines qui servent
à réguler le message de l’insuline. Et puis, une autre hypothèse, c’est qu’ac-
tuellement, un Français mange par an et par personne environ 35 kg de
sucre : c’est phénoménal, c’est une véritable avalanche de sucre.

Les Américains, c’est entre 50 et 70 kg par an. Imaginez tout ce sucre qui
circule dans le corps. Sachant qu’il ne faudrait pas dépasser en gros huit
kilos par personne et par an de sucre. Mais avec tous les sucres cachés
dans l’alimentation, on le mange presque sans le savoir.

Alessandra : Quand vous dites sucre, c’est vraiment le sucre qu’on


imagine, le sucre blanc ou le sucre roux ou bien tous
les sucres ? C’est-à-dire aussi les pâtes, le riz. Quand vous dites
ce chiffre qui nous paraît énorme, que met-on dans le mot sucre ?

Franck Gigon : Là, je globalise, mais évidemment, je cible plus particuliè-


rement ce que l’on appelle les sucres cachés, c’est-à-dire les sucres qui

71
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

sont mis dans beaucoup d’aliments par les industriels et en quantités qui
ne sont plus raisonnables. Qui doit gérer tout ça ? C’est encore une fois
votre pancréas, qui doit fabriquer de plus en plus d’insuline.

Deux mécanismes vont s’instaurer au bout d’un moment. Soit le pancréas


est épuisé et il dit : « J’arrête d’en fabriquer, stop ». Ça fait un diabète de
type un. Soit le message insulinique est complètement faussé et à un mo-
ment donné, la résistance à l’insuline se met en place et le résultat, c’est
que le taux de sucre va s’élever dans le sang et le diabète va apparaître.

En tout état de cause, le diabète est un taux de sucre anormalement éle-


vé et de façon constante, et cette situation va provoquer des complica-
tions dites diabétiques qui peuvent être redoutables.

Alessandra : Il faut bien dire que dans la plupart des produits


qu’on achète, des plats préparés surtout, il y a du sucre caché.
Même là où on ne l’attend pas vraiment, par exemple dans le
saumon fumé, il y a souvent du sucre. C’est très étendu et il
faut faire attention. Deuxième question, que faire en cas de
diabète de type 1 ?

Franck Gigon : En cas de diabète tout court, de type 1 ou 2 il y aura des


solutions médicales avec des traitements médicamenteux injectables ou
par voie orale. Mais normalement, le diabétologue ou le médecin qui vous
suit va vous demander d’aller voir une diététicienne, ou s’il est lui-même
spécialiste en nutrition, il va vous donner un mode alimentaire qu’il faudra
adopter pour ne pas sur-solliciter le pancréas. Si le pancréas ne marche
déjà plus, il ne faut vraiment pas l’embêter. S’il marche un peu ou s’il n’est
pas bien écouté, les conditions doivent changer au niveau alimentaire et
il va falloir faire la chasse aux sucres.

C’est là où on peut apporter au niveau naturel des informations impor-


tantes, parce qu’on peut performer sur les aliments. Ce qui m’amène à
parler de la notion très importante d’index glycémique (ou indice glycé-
mique) qui est très peu valorisé en France. Qu’est-ce que l’index glycé-

72
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

mique ? On parle souvent de sucre lent, sucre rapide, sucre raffiné, sucre
complexe. En fait, ces modes de présentation des sucres sont proba-
blement obsolètes, c’est-à-dire qu’il faut passer maintenant à la notion
d’index glycémique. Pourquoi ? Parce que quand on mange un sucre ou
quand on achète un plat préparé, il y a certes marqué, c’est une obliga-
tion légale, la composition des aliments, et si vous regardez, il est écrit
glucide. Mais c’est rapporté par 100 grammes (ou 100 millilitres si c’est
un liquide). Or on ne peut pas préjuger de la quantité de sucre que l’on
va manger : si vous mangez une portion, qu’est-ce qui va finir dans votre
bouche et dans votre organisme ? Et puis, le plus important, quelle est la
qualité du sucre que je vais mettre dans ma bouche et qui va finir dans
mon organisme ?

Alessandra : Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire


la qualité du sucre ?

Franck Gigon : Les sucres pour lesquels on est faits et pour lesquels on
n’aurait jamais dû déroger depuis la nuit des temps et avec la pression
de sélection naturelle, ce sont les végétaux dits alimentaires. Mais il se
trouve que nous, on les a transformés, raffinés. Bien sûr, il faut quand
même préparer un peu les végétaux parce que c’est un peu dur de ne
manger que des produits crus, et ça ne les modifie pas de façon ex-
traordinaire. En revanche, tous les procédés industriels de raffinage, de
chauffage, de panification, tout ce que vous voulez, modifient la qualité
du sucre absorbé. Et le sucre que vous allez absorber va être très raf-
finé. C’est comme s’il avait été prédigéré. Du coup, il n’y a plus de tra-
vail des enzymes qui partent de la bouche. Je vous rappelle que dans la
bouche, on a une amylase salivaire qui est là pour commencer un travail
sur l’amidon.

D’où l’importance de mâcher et de ne pas avaler ses pâtes directement.

Une précision importante : al dente, ça réduit l’index glycémique. Les


nouilles, on a tendance à ne pas les mâcher parce qu’elles sont déjà en pe-
tites fractions. Des spaghettis ou des lasagnes par exemple, c’est mieux.

73
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Pour en revenir aux index glycémiques des végétaux :


ils n’ont pas tous le même index glycémique et selon
le mode de transformation, l’index glycémique change.
Comment savoir quels sont les aliments à index glycémique bas,
qu’on peut manger tout le temps, dans la limite du raisonnable ?

Franck Gigon : C’est extrêmement simple. Dès que vous prenez des vé-
gétaux, que ce soit des fruits, des légumes frais ou secs, etc., qui sont non
dénaturés, ils ont un index glycémique favorable pour la santé. On les a
appelés bas et modérés, ces index glycémiques. Mais ce sont tout simple-
ment des index glycémiques normaux. En fait, ils sont bas et modérés par
rapport à ce qu’on a inventé de façon industrielle. Un index glycémique
bas et modéré est en dessous de 50. On peut s’acheter des tables d’index
glycémique, mais sans rentrer dans l’orthorexie c’est-à-dire une espèce
de rigidité pour suivre des régimes et des tables.

Il suffit de comprendre que manger des végétaux crus, soit frais, soit secs,
cuits ou non, c’est bon. En fait, c’est toute la cuisine traditionnelle, comme
le régime méditerranéen qui correspond à ça par exemple. Il faut manger
des aliments qui sont peu déstructurés. Par exemple, si vous mangez des
céréales, dès que vous les passez au stade de farine, vous les raffinez et
vous allez faire monter l’index glycémique. Si vous prenez une carotte crue,
elle a un index glycémique très bas, entre 15 et 30. Si vous la mettez en
jus, elle va monter à 30 ou 40. Une action mécanique, chimique, physique
sur un végétal augmente son index glycémique. Ensuite, c’est l’association
d’aliments qui va donner un index glycémique général du repas que vous
allez ingérer. C’est pour ça qu’il y a plein de nutritionnistes qui ne veulent
pas aller là-dedans parce qu’ils disent : « Ah oui, mais on ne peut pas pré-
dire l’index glycémique du repas de façon générale ». Certes, ça va varier.

Alessandra : Quelle différence entre l’index glycémique


et la charge glycémique globale ?

Franck Gigon : La charge glycémique, c’est très simple, c’est la quantité


de sucre que vous avalez multiplié par l’index glycémique. Donc la quan-
tité en gramme ou en kilo. La charge, c’est le volume d’index glycémique.

74
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Je prends un exemple très simple : la pastèque a un index glycémique


qui peut sembler très élevé, 60-70, mais la charge glycémique est faible
puisque le volume de sucre que vous allez absorber va être extrêmement
réduit. Donc il faut surtout cibler les aliments à index glycémique bas et
modéré pour mettre votre pancréas au repos et envoyer beaucoup moins
de sur-sollicitation de sucre après la digestion.

C’est compliqué parce qu’il faudrait revoir notre base alimentaire, sur-
tout chez nos chères têtes blondes. Les pâtes, le riz blanc, le pain, c’est
ce que les anglo-saxons appellent la menace blanche. Ce sont typique-
ment des index glycémiques élevés que nous qualifions de féculents et
que, d’ailleurs, certains nutritionnistes continuent de préconiser même
en cas de diabète. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut plus les manger mais
ils sont déséquilibrants dans le sens où, si ça constitue une base alimen-
taire par la répétition et par le volume, vous allez asséner des charges
glycémiques répétées et vous allez déséquilibrer un diabète.

Et qu’est-ce que vous allez faire pour rééquilibrer votre diabète ? Vous allez
augmenter la dose de votre traitement. Donc pour répondre à la question
« Que faire en cas de diabète de type 1 et 2 ? » : Il faut déjà cibler majoritai-
rement, préférentiellement, tous les aliments à index glycémique bas et
modéré. C’est très simple, ce sont les fruits. Vous allez me dire : « Ah, mais
les fruits sont sucrés ». Oui, mais je parle des fruits frais ou peu déstructu-
rés. Je ne parle pas des fruits en sirop où l’on a mis du sucre rajouté.

Alessandra : Pas les jus de fruits ?

Franck Gigon : Les jus de fruits, c’est un glucide déstructuré, mais en l’oc-
currence, vous pouvez en boire un peu, mais pas non plus en faire un li-
quide d’hydratation courant. Vous pouvez vous faire plaisir, mais évidem-
ment, sans sucre ajouté. Et si vous gardez de la pulpe à l’intérieur, c’est
encore mieux puisqu’encore une fois, ça baisse l’index glycémique parce
que votre organisme a un travail enzymatique à faire supplémentaire.

Quand vous mangez du pain blanc, la baguette industrielle - ça marque les


esprits en général -, c’est comme si vous mettiez du sucre en poudre dans la

75
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

bouche. Je ne peux pas faire mieux comme représentation au niveau de l’index


glycémique. Vous allez être très impactant au niveau du sucre dans le corps.

Alessandra : Quel type de pain peut-on manger ? Est-ce qu’il


suffit de prendre du pain complet, des pâtes complètes,
du riz complet pour résoudre le problème ?

Franck Gigon : Si on est en phase de dérégulation de sa glycémie, c’est-


à-dire si en phase de diabète, je dirais que pendant une certaine période,
il va falloir s’abstenir de manger du pain, sauf le pain dit intégral, appelé
aussi Schwarzbrot, le pain noir, ou appelé encore (dénomination hollan-
daise et allemande) le Pumpernickel. Ce pain-là a un index glycémique à
peu près à 50. Je dirais que c’est correct. Mais si on continue à prendre
même du pain complet, même si l’index glycémique du pain complet est
plus bas que celui du pain blanc, vous participez quand même à la déré-
gulation de votre glycémie dans une période où il faudrait l’équilibrer.

En résumé, si vous êtes dans une phase de déséquilibre, ne vous amusez


pas à continuer à remanger du pain, même si je sais que certains auteurs
disent que ce sont des féculents, que ce sont des sucres lents. C’est toute
la nuance. Ce sont des sucres lents, appelés aussi sucres complexes, et
à ce titre-là, ils sont encore conseillés, alors que leur index glycémique
reste élevé et va impacter le taux de sucre dans le sang des personnes.

Alessandra : Donc c’est vraiment dans l’alimentation


que ça se joue ?

Franck Gigon : Oui, c’est le conseil numéro un : cibler pendant plusieurs


mois les index glycémiques bas et modérés. Encore une fois, je rappelle
que ces index sont juste normaux, issus de plantes peu transformées ou
pas transformées du tout. Mais par facilité et aussi par rapport aux sucres
industriels qui sont ultraraffinés, qui rythment notre alimentation de fa-
çon continue, et qui ont des index très élevés, on a dit : « tiens, ils sont
bas ». En fait ils sont juste faits pour nous, il faut le rappeler.

76
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Comment régler la question de l’insulino-résistance


avec les plantes ? Quel est le protocole à suivre ? Les plantes
peuvent-elles nous aider à résoudre le problème du diabète ?

Franck Gigon : Oui, les plantes et quelques micronutriments comme le


chrome, le vanadium, il y a pas mal d’études. Si on se focalise sur les
plantes : nous avons la chance d’avoir des plantes médicinales qui sont
aussi des plantes alimentaires pour la plupart, et qui ont une action sur
l’insulino-résistance. Si le sucre reste à l’extérieur des cellules, il va rester
dans le sang et s’il reste dans le sang, il va y avoir des complications du
diabète. Le sucre est un carburant, au même titre que l’oxygène.

Ces plantes, on en connaît quelques-unes, il y en a même qui font l’objet


d’études scientifiques parfois de haut niveau. La cannelle diminue l’insu-
lino-résistance, le thé vert bio aussi.

Il y a des gélules qui contiennent de la poudre de cannelle. Sinon, autant


que faire se peut, multiplier la cannelle dans l’alimentation : quand on fait
des gâteaux, on peut faire des boissons avec un peu de cannelle, etc.

Alessandra : Oui mais par expérience, on met très peu de cannelle


sinon le goût devient trop fort. J’imagine que ce n’est pas suffisant
de mettre juste de la cannelle dans l’alimentation ?

Franck Gigon : Les études ont été faites avec des doses importantes, avec
plusieurs centaines de milligrammes. Mais l’idée qu’il faut retenir, parce que
vous n’allez pas manger toute votre vie des gélules de poudre de cannelle,
c’est que si vous utilisez régulièrement de la cannelle, vous allez participer à
la baisse de la résistance de l’insuline. Donc c’est très intéressant de l’utiliser
de façon répétée dans sa cuisine, d’avoir un peu la main lourde dessus.

Alessandra : Peut-on faire des cures de cannelle ?

Franck Gigon : Absolument, vous pouvez faire des cures de cannelles.

77
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Vous en pouvez faire 10 à 20 jours par mois, vous insistez un peu sur la
cannelle condimentaire que vous saupoudrez par-ci, par-là. Pour les per-
sonnes qui veulent vraiment être sures qu’elles prennent la bonne dose
de cannelle, c’est difficile à dire. Les études n’ont pas déterminé ce qu’il
fallait exactement, mais on suppose qu’en en prenant très régulièrement,
vous allez participer à la baisse de la résistance à l’insuline.

Alessandra : Est-ce qu’il y a des contre-indications pour la


cannelle ?

Franck Gigon : Les contre-indications qui existent, concernent surtout


l’huile essentielle de cannelle qui n’a pas les mêmes propriétés que la
poudre de cannelle. L’huile essentielle de cannelle est très intéressante
parce qu’elle est anti-infectieuse, antiparasitaire, etc. Elle est tonique,
mais elle est très caustique sur la peau, attention, elle brûle et sur les
muqueuses a fortiori. Donc quand je parle de cannelle, je parle bien de
poudre de cannelle ou les fameux bâtons de cannelle. Il faut prendre la
bonne qualité, évidemment.

Alessandra : C’est-à-dire la cannelle de Ceylan ?

Franck Gigon : Cannelle de Ceylan en poudre ou bâton. Et puis, il ne faut


pas hésiter à l’effriter, à en mettre partout. Maintenant, les grands chefs
s’en sont emparés et en mettent vraiment des gros morceaux partout et
c’est ce qu’il faut faire.

Alessandra : Et en ce qui concerne le thé vert ?

Franck Gigon : Il y a pas mal d’études sur le thé vert. J’insiste sur le thé
vert bio, pourquoi ? Parce que le thé de façon générale comporte pas mal
de métaux lourds et de pesticides, donc il faut vraiment faire attention
quand vous faites une infusion, quelle qu’elle soit d’ailleurs, que ce soit
du bio. Je sais, il y a des polémiques sur le bio, mais c’est la politique du
moindre mal. Si vous choisissez quelque chose qui est étiqueté bio, vous
êtes quasiment sûr que c’est bio. Le thé vert exerce une action de baisse
de résistance insulinique, ça, c’est clair.

78
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Donc que fait-on ? Deux tasses par jour ?

Franck Gigon : Voilà. Vous pouvez faire d’ailleurs un thé vert aromatisé à
la cannelle, tiens, pourquoi pas. Vous faites d’une pierre deux coups, vous
faites votre petit thé vert bio à la cannelle fréquemment et vous allez
participer à la baisse de la résistance à l’insuline.

Alessandra : Avez-vous une autre plante à suggérer ?

Franck Gigon : Il y en a beaucoup. On peut parler du curcuma et du gin-


gembre dont certaines études pointent aussi tout à fait leur intérêt sur le
diabète de façon globale, de type 1 et de type 2. Grâce à ces ingrédients qui
sont utilisés dans les pays indo-asiatiques, en mangeant, on prévient les
maladies et on peut se soigner. Donc quand vous utilisez le gingembre ou
le curcuma, qui sont des cousins, ils font partie de la famille des zingibéra-
cées, vous avez une action sur l’insulinorésistance (résistance à l’insuline).

Vous n’êtes pas obligé d’en manger tout le temps, mais de temps en
temps, vous variez un petit coup de cannelle, un petit coup de thé vert,
un petit coup de curcuma, un petit coup de gingembre et vous allez avoir
une action sur la résistance à l’insuline notable. À tel point que si vous
prenez un traitement pour le diabète, il va peut-être falloir le réviser à la
baisse au niveau des doses et posologie avec votre médecin. Parce que
souvent, ça améliore tellement la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre
dans le sang, que votre médecin devra adapter à la baisse - et c’est une
bonne nouvelle - le traitement que vous prenez pour le diabète de type 2,
en l’occurrence, si c’est un traitement oral.

Et pour le diabète de type 1, quand on supplée le manque d’insuline par


une insuline de synthèse que l’on apporte par piqûre ou par pompe, on
peut aussi avoir, selon des études, parfois une régénération au niveau de
ce qu’on appelle les cellules bêta Langerhans, c’est-à-dire les cellules qui
produisent l’insuline dans le pancréas. On a eu des réactivations de syn-
thèse d’insuline. Je ne vais pas parler de miracle, mais il y a quelques cas
isolés de personnes qui étaient sous insulines à la pompe ou par injection,
qui ont respecté d’abord les premiers règles de retourner à une alimenta-

79
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

tion avec des index glycémiques bas et modérés, puis en ayant utilisé des
plantes comme le curcuma, le gingembre.

On peut parler aussi du melon amer ou de la margose.

Alessandra : Sous quelle forme trouve-t-on la margose ?

Franck Gigon : C’est une espèce de concombre qui est assez dentelée,
assez jolie, on la trouve surtout sur les étals de l’île de la Réunion. À Paris,
il y en a sur les marchés exotiques.

Alessandra : La trouve-t-on en complément alimentaire ?

Franck Gigon : Elle existe en complément alimentaire. Il faut se conformer à la


posologie qui sera préconisée sur la boîte, évidemment, à ne pas dépasser, et
à chaque fois prévenir son médecin puisqu’encore une fois, vous pouvez avoir
un heureux effet qui est la baisse de la glycémie, mais à ce moment-là, votre
traitement est trop fort. Donc, c’est à coordonner avec votre médecin, surtout
si vous surveillez ce qu’on appelle la glycémie capillaire : la petite goutte de
sang qu’on prend au doigt parce qu’on doit tester tous les jours ou plusieurs
fois par jour le taux de sucre dans le sang. Vous allez vous apercevoir que votre
taux de sucre dans le sang peut baisser, et à ce moment-là, il va falloir adapter
les doses de votre traitement puisque votre traitement va être trop fort. Et si
votre traitement est trop fort, vous allez vous retrouver en hypoglycémie.

L’hypoglycémie est une situation où vous vous retrouvez avec paradoxa-


lement trop peu de sucre dans le sang. Mais c’est plus chez les personnes
qui ont trop de sucre dans le sang que ça arrive. Pourquoi ? Parce que
votre glycémie fait des véritables montagnes russes dans votre orga-
nisme alors que normalement, elle devrait osciller au rythme des repas
en faisant des petites collines. Mais chez ceux qui sont dérégulés au ni-
veau du sucre, ça monte très haut. Ensuite, ils prennent le traitement, ça
redescend parfois trop bas, etc., surtout s’ils ont une activité physique
qui consomme du sucre. Donc ils se retrouvent avec des yoyos : parfois ils
sont trop hauts, parfois ils sont trop bas. Soit parce que le traitement est
trop fort, soit parce qu’ils ont une activité physique soutenue.

80
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Comment sait-on qu’on a une hypoglycémie ?

Franck Gigon : Vous allez le savoir très vite parce que l’organe noble de
notre corps qui ne supporte pas un taux bas du sucre dans le sang, c’est le
cerveau. Le cerveau a besoin de beaucoup d’oxygène et de sucre. Et dès
qu’on descend au-deçà d’une certaine limite, il va exprimer des signes :
de la fatigue, le fameux coup de barre, des sueurs, les palpitations. On
n’a pas forcément tout en même temps, mais je vous donne toute la liste
éventuelle : des malaises, des pulsions alimentaires avec des fringales.

Vous allez avoir des attirances pulsionnelles sur des aliments qui ne sont
pas faits pour vous, mais qui vont remonter le taux de sucre dans le sang
très rapidement et qui vont d’ailleurs provoquer juste après une autre
hypoglycémie, donc ce n’est pas vraiment ce qu’il faut prendre.

Pour résumer, les signes sont des signes d’inconfort, de malaise, de sueur,
de palpitation et ça peut aller, pour certaines personnes, jusqu’à la perte
de connaissance et au coma dit hypoglycémique. Ou un malaise de rien
du tout, mais qui fatigue bien quand même, vous êtes fatigué pendant
plus de deux heures.

Justement, à ce propos, évitez de manger des sucres rapides à ce moment-là.


Souvent, on donne du sucre ou une tranche de pain blanc. Donc ça va remon-
ter très vite, on va se sentir bien, il y aura un coup de fouet, mais ensuite il y
aura une descente très rapide du taux de sucre dans le sang et là, on va être
abattu, dans un état d’une nouvelle hypoglycémie en quelque sorte.

Alessandra : Que faut-il manger alors ?

Franck Gigon : Des sucres à index glycémique bas et modéré.

Alessandra : Un fruit, par exemple ?

Franck Gigon : Un fruit, absolument. Pas forcément un jus de fruits. Du


pain complet si on en a, pas du pain blanc.

81
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Pour revenir à ce que vous avez évoqué tout à l’heure,


les minéraux, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Franck Gigon : Oui, je suis passé un peu rapidement dessus, mais il y a des
études qui montrent qu’on peut prendre une certaine dose de chrome en
compléments alimentaires, déjà préparés. On s’est aperçu dans les études
que ça diminuait la résistance à l’insuline de prendre du chrome en plus.
Maintenant, il y a même des complexes et des laboratoires qui proposent
des formules qui contiennent du chrome et aussi une plante qui diminue
la résistance à l’insuline comme le thé vert ou la cannelle. Il y a des com-
plexes qui sont extrêmement bien faits qui amènent tout ce qui existe dans
la nature qui peut concourir à faire descendre cette résistance à l’insuline.

Alessandra : Le rapadura et le sirop d’agave peuvent-il


être consommés en cas de diabète ? Est-ce qu’on peut
rappeler ce qu’est le rapadura ?

Franck Gigon : Le rapadura, c’est un sucre de canne à sucre.

Le sirop d’agave et le rapadura, franchement, ça dépend comment ils ont


été raffinés parce que vous pouvez avoir des index glycémiques qui oscillent
de 55 jusqu’à 90. Donc on est sur des index glycémiques qui ne sont pas à
recommander chez des personnes diabétiques. Je dirais de ne pas prendre
ce type de sucre en cas de diabète parce qu’encore une fois, on ne sait pas
quels sont leurs index glycémiques ni comment ils ont été raffinés. De même,
quand vous prenez du fructose, en confiture par exemple, on dit : « Ah le fruc-
tose, ça vient des fruits, donc c’est formidable ». Mais le fructose monte à 110
en index glycémique quand il est raffiné. Là, pour le coup, on est contre-pro-
ductif, on fait l’inverse de ce qu’il faut. Mettez tout simplement du miel : ça
a un pouvoir sucrant intéressant, ce n’est pas très calorique, ça n’a pas un
index glycémique très élevé et ça permet de sucrer des boissons, etc.

Alessandra : Et que penser de la stevia ?

Franck Gigon : La stevia est un faux sucre naturel. C’est un peu contro-
versé. Des études montrent que ça participe à la baisse de la résistance

82
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

à l’insuline et certains auteurs disent que c’est intéressant de ce point de


vue-là. Mais ça va rappeler à notre cerveau ce petit goût sucré comme la
madeleine de Proust et ça va finalement stimuler le pancréas.

Alessandra : Même si ce n’est pas du sucre ? Je rappelle


que la stevia est une plante qu’on trouve sous deux formes : la
feuille broyée et l’extrait.

Franck Gigon : Oui. On a un problème avec l’extrait : il aurait peut-être


aussi une action hormonale. Donc là, on est embêté aussi. Il y a beaucoup
de marketing là-dessus, mais il faut rester simple. Le miel, c’est très bien
et ça permet de revenir à quelque chose de sucrant et qui impacte peu ou
pas la santé des diabétiques. Evidemment, pas de grosses quantités de
miel, c’est juste pour sucrer un tout petit peu.

Alessandra : D’accord. Donc effectivement, il faut s’habituer


à ne plus avoir ce goût du sucré dans nos aliments. C’est juste
une question d’habitude, petit à petit, on y arrive.

Franck Gigon : Vous savez, les industriels font du neuro-marketing, c’est-


à-dire qu’ils essaient d’influencer nos achats et plus ils vendent de pro-
duits, plus ils gagnent dessus. Ces petits malins ont repéré que dans les
études scientifiques, il y avait deux choses qui nous incitaient à prendre
non pas une part, mais deux parts, voire trois parts, c’est de rajouter du
sel raffiné et du sucre raffiné dans notre alimentation. Ça ne leur coûte
pas très cher et quand vous mangez, par exemple, un yaourt qui est très
sucré, vous avez tendance à en manger un deuxième derrière. Pourquoi ?
Parce que vous allez stimuler dans votre cerveau la zone qui s’appelle
la zone de récompense et qui va vous intimer d’aller en reprendre une
deuxième fois. Et le sel, c’est pareil. Alors les petits malins combinent
souvent les deux. Par exemple, dans les gâteaux industriels, il y a à la
fois du sel raffiné et du sucre raffiné. Et là, ça affole votre cerveau qui se
dit : « Mais bon sang, mais c’est bien sûr, il faut que j’en prenne une deu-
xième fois ou une troisième fois ». C’est bien fait quand même. L’industrie
agroalimentaire n’est pas le diable non plus, mais ce sont des artifices qui
font consommer un petit peu plus qu’il n’en faudrait.

83
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Conclusion : faites-vous plaisir autrement


et faites la cuisine. Il faut revenir aux fondamentaux,
faire la cuisine et éviter tous ces plats préparés.

Franck Gigon : Autant que faire se peut, mais je sais que ce n’est pas fa-
cile pour les gens qui travaillent par exemple.

Alessandra : Vraiment en cas de besoin, quand on est vraiment


très pressé. Et si on est très pressé tout le temps,
il faut trouver une solution.

Franck Gigon : Vous avez tout à fait raison. Cela ne doit pas être une base
alimentaire. C’est ça le souci : tout cela est devenu une base alimentaire.
Et notre organisme a du mal à s’habituer à tout ça et quand il a du mal, il
exprime des signes au départ, et ensuite il peut exprimer des maladies.

Alessandra : Le diabète n’est pas systématique


chez les personnes obèses, est-ce un problème héréditaire ?

Franck Gigon : L’obésité est multifactorielle. Ça dépend évidemment de


beaucoup de paramètres, mais ce qu’il y a de sûr, et c’est la science qui
parle, c’est qu’il y a une forte influence de l’alimentation. Et dans l’alimen-
tation, c’est moins la nourriture grasse qui impacte que les glucides appe-
lés aussi sucres ou hydrate de carbone. On a fait la chasse au gras pendant
des années grâce aux magazines de santé juste avant les vacances d’été
pour se mettre en maillot, etc. On a ciblé quelque chose qui n’était pas le
plus important, même si le gras participe à minima à la prise de poids.

Le plus important, c’est surtout la gestion des sucres. Et les sucres, en-
core une fois, viennent du monde végétal, que l’on a transformé et qui est
pris en trop grosse quantité de façon répétée, ce qui vient impacter notre
métabolisme au point de le faire grossir.

Reprenons mon schéma de tout à l’heure : quand vous avez une résis-
tance à l’insuline, l’insuline tape à la porte de la cellule qui n’entend pas le

84
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

message de l’insuline et qui ne prend pas toutes les molécules de sucre.


Le sucre va rester dans les tuyaux, dans notre circulation. Cela va provo-
quer un état prédiabétique ou diabétique, c’est-à-dire trop de sucre dans
le sang. Il y a une autre fonction de l’insuline dont je ne vous ai pas parlé
encore qui est de stocker le sucre excédentaire sous forme de graisse. Et
ce sucre excédentaire va être transformé et mis dans nos stocks, c’est-à-
dire au niveau de nos petits bourrelets entre les anses intestinales. Voilà
comment on devient aussi en surcharge pondérale ou gros ou obèse. C’est
parce qu’il y a une grosse partie du sucre excédentaire qui est transformé
en triglycéride, c’est-à-dire du gras de réserve. Sauf que c’est fait pour
la réserve et pour être réutilisé, c’est-à-dire pour les périodes de disette.

Alessandra : Et que nous, les périodes de disette,


on ne les fait jamais.

Franck Gigon : Voilà. L’insuline avait été inventée chez les mammifères
par la nature pour les périodes de disette, mais les périodes de disette,
comme vous le dites très bien, n’arrivent pas souvent, c’est même le
contraire. Nous compensons encore plus avec d’autres sucres et nous
sommes en stockage permanent. Il faut savoir qu’un enfant sur deux ou
sur trois aux États-Unis qui naît, est soit diabétique, soit obèse, soit les
deux. C’est un petit peu embêtant quand même.

Et c’est lié fondamentalement à l’environnement. Et dans l’environne-


ment premier, que trouve-t-on ? L’alimentation. Déjà par la nourriture
de la maman dans la vie intra-utérine, puisque vous prédisposez votre
futur enfant à être diabétique ou obèse par l’alimentation maternelle. Je
vais culpabiliser un peu les mamans, mais tant pis. Vous faites un terrain
qui va favoriser l’émergence d’un diabète ou d’une obésité (et des mala-
dies cardio-vasculaires) et une fois qu’il arrive au monde, bienvenue : le
monde qu’on lui présente est rythmé par plein de glucides qui sont déjà
pré-intégrés dans différentes formulations très intéressantes. En tout
cas, intéressantes à la vue et au goût, mais qui de façon répétée vont gé-
nérer des déséquilibres au niveau de la glycémie qui peuvent se traduire
par un état de diabète à un moment donné.

85
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : On pourrait parler pendant des heures et


des heures du rapport au sucre. On récompense les enfants en
donnant un bonbon ou un gâteau sucré, et quand on
les punit, on les prive de dessert. Vous parliez tout à l’heure du
pré-diabète : pourriez-vous le définir ?

Franck Gigon : Le pré-diabète est un état où vous êtes dans les starting
block pour passer à l’étape suivante, qui serait le diabète.

Alessandra : Comment le mesure-t-on ? Faut-il une prise


de sang ?

Franck Gigon : En général, c’est ce qu’on appelle l’intolérance au glucose :


quand on vous fait une prise de sang, vous êtes un peu au-dessus d’un
gramme, mais pas de façon répétée. Vous êtes par exemple à 1,1 gramme
de sucre, là vous êtes en intolérance, ou à 1,2, mais de façon non continue.
Cela veut dire que vous avez une petite tendance à aller vers une dérégu-
lation du sucre dans le sang.

Les mêmes règles s’appliquent : il faut une alimentation qui serait sou-
tenue du point de vue index glycémique bas et modéré. Donc encore
une fois, ce sont des végétaux, et j’inclus fruits et légumes secs le moins
transformés possible. Ce serait notre base alimentaire.

D’ailleurs, je souligne qu’il faut retourner vers les légumineuses, aussi appe-
lés légumes secs, qui sont les légumes oubliés. Les légumes secs (haricot,
fève, pois chiche, lentille, etc.) ont déserté nos assiettes, pour différentes
raisons : parce que ça fait ballonner, parce qu’il faut les préparer, parce que
ça fait « nourriture du pauvre ». Il y a beaucoup de raisons, mais ces ali-
ments-là sont antidiabétiques. Quand vous commencez à les réintroduire
massivement dans votre alimentation, ils vont lisser votre glycémie, évi-
ter les fameux phénomènes de yoyo, etc. Et finalement, ils vont vous per-
mettre de vous recaler sur des cycles glycémiques relativement normaux.
Ils vont vous permettre de faire baisser votre traitement contre le diabète
et ça, ce n’est pas assez dit, je trouve, parce que c’est une alimentation qui
ne coûte pas cher. On peut la mélanger, on peut faire des woks, des salades.

86
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

C’est vraiment une alimentation qui est puissante et comme par hasard,
ce sont des ingrédients fondamentaux que l’on retrouve dans la diète dite
méditerranéenne. La diète méditerranéenne, vous allez me dire : « Ah, mais
manger un couscous, c’est antidiabétique ? » Oui, c’est antidiabétique. Une
choucroute, c’est antidiabétique. Le cassoulet, c’est antidiabétique, je vais
en faire sauter plus d’un sur leurs chaises, mais tant pis. Pourquoi ? Parce
que la façon dont c’est préparé et leurs ingrédients sont des aliments qui
vont concourir à faire baisser le taux de sucre dans le sang. En tout cas, à
ne pas le déréguler avec les sucres raffinés ou index glycémiques élevés.

Alessandra : Vous parliez des ballonnements.


Les ballonnements très fréquents ont-ils un rapport
avec un excès de sucre dans le sang ?

Franck Gigon : Les ballonnements peuvent être liés d’abord à un traite-


ment contre le diabète, c’est le premier point. Autre point : le ballonnement
est lié très souvent à une activité de certaines bactéries intestinales qui
fabriquent des gaz, et à force de fabriquer des gaz, vous allez faire le syn-
drome de la baudruche, du ballonnement. C’est très lié à une alimentation
qui serait par exemple trop riche en fibre végétale fermentescible. Il faut en
manger de toute façon parce que c’est comme ça qu’on régule le diabète,
mais chez certaines personnes, ça peut provoquer un peu d’inconfort.

Encore une fois, il y a des plantes médicinales à donner ensuite : des


plantes dites carminatives, c’est-à-dire qui régulent l’aspect des gaz et
des spasmes digestifs. C’est très connu, mais je vais le répéter. On peut
prendre des tisanes de graines de carvi, de graines de cumin, de graines
de fenouil ou même d’anis étoilé. Cela peut être un ensemble des quatre
ou des cinq ou juste une de ces plantes. Ça a une action très puissante.

Alessandra : A prendre après les repas ?

Franck Gigon : Dès que vous êtes ballonné ou avec un état de pesanteur.
Oui, après le repas, c’est judicieux. On peut en prendre aussi avant, mais
vous allez avoir très rapidement une action antispasmodique, c’est-à-
dire d’anti-contraction, parce que parfois on a des contractions qui font

87
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

mal, et puis ce ballonnement qui va être réduit de façon notable grâce à


ces plantes qui sont vraiment d’un coût très modique et facile d’accès.

Alessandra : « Sage-femme libérale, je suis de plus en plus


confrontée à des patientes présentant un diabète gestationnel.
Ma première réaction est de revoir avec elles leur alimentation et
leur habitude de vie. Hélas, je me heurte de plus en plus
à certains diabétologues qui ne tiennent pas le même discours
et préfèrent les mettre sous insuline de synthèse en leur disant
qu’ainsi, elles peuvent vivre “normalement et manger
ce qu’elles veulent”, même si on avait réussi à réguler
les dextroses avec un réglage alimentaire simple. Quelles
pourraient être les plantes qui aideraient ces patientes
à diminuer cette envie de sucré et à réguler leur glycémie ? »

Franck Gigon : Les patientes qui sont dans un état pré-diabétique ou dia-
bétique, il faut qu’elles retournent vers une alimentation, je vais me répé-
ter encore une fois, avec des aliments à index glycémique bas et modéré
parce qu’elles sont sur un profil de glycémie qui oscille comme un yoyo,
les montagnes russes. Tant qu’on est dans ce profil-là, on aura des déré-
gulations du sucre et évidemment, le diabétologue ou le médecin endo-
crinologue va avoir tendance à augmenter la posologie du traitement si
c’est un traitement par voie orale et à augmenter les unités d’insuline si
c’est un traitement par voix injectable.

Mais là, la vraie question, c’est qu’il vaut mieux de mon point de vue prévenir
que guérir et diminuer effectivement le traitement. Il faut savoir que quand on
est dans ce profil de montagne russe, il faut plusieurs semaines avant de re-
tomber sur un profil où la glycémie ne monte pas et ne descend pas trop vite. Il
faut à peu près huit semaines en moyenne, ça peut être plus court et plus long
chez certaines personnes. Cela veut dire que pendant au moins deux mois, il
faut s’astreindre à prendre une alimentation avec uniquement les aliments à
index glycémique bas et modéré. Une fois qu’on a modulé et qu’on revient à
nos jolies petites collines, et bien vous allez voir que la glycémie va s’améliorer
et qu’on n’aura pas nécessairement besoin d’augmenter le traitement avec des
doses croissantes comme le préconisent certains de mes confrères.

88
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Ces femmes enceintes peuvent-elles prendre


exactement les mêmes plantes qu’on a évoquées tout à l’heure ?

Franck Gigon : Oui. Les plantes qu’on a données tout à l’heure ne posent
aucun problème de contre-indication par rapport à la grossesse, sauf
l’huile essentielle de cannelle.

Alessandra : Y a-t-il une plante qui pourrait diminuer


cette envie de sucré ?

Franck Gigon : Ce qui va diminuer l’envie de sucré, c’est encore une fois le fait
de revenir à des cycles beaucoup plus modulés et doux au niveau de la glycé-
mie. Ce qui fait que vous avez des pulsions alimentaires, c’est que vous êtes
en hypoglycémie réactionnelle. Cela veut dire que vous allez trop bas dans
le taux de sucre dans le sang à un certain moment de la journée, ce qui vous
incite, vous invite, à sauter sur un gâteau, etc. Donc c’est incontournable et si
on ne fait pas ça, après, c’est un coup de pierre sur une jambe de bois.

Alessandra : C’est vrai que si on prend l’insuline, on peut manger


« normalement », c’est un choix de vie quelque part. Soit on agit
en prévention, soit on se dit : je m’en fiche, je mange, je vais faire
ce que je veux, je veux manger des gâteaux à longueur de journée,
etc. A ce moment-là, on prend de l’insuline pour pouvoir le faire,
mais c’est un choix personnel, non ?

Franck Gigon : C’est un choix personnel, mais qui n’est pas très judicieux
parce qu’il n’est pas anodin d’augmenter son insuline. L’insuline est une hor-
mone qui sert aussi à la croissance des cellules. L’insuline, quand vous êtes
un enfant en pleine croissance, va être augmentée parce que c’est ergogène,
ça va développer la masse musculaire, ça va développer la masse grasse.
Et d’ailleurs, il y a des personnes dans les salles de sports, à une certaine
époque, qui s’en servaient pour prendre de la masse musculaire. Mais il faut
vous dire aussi que l’insuline peut stimuler des mauvaises cellules. Donc ce
n’est pas anodin d’avoir des taux d’insuline trop forts parce que, et c’est la
littérature scientifique qui parle, ça peut aussi chatouiller des mauvaises cel-
lules qui ne demandent qu’à croître si on leur rajoute un stimulant.

89
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : « J’ai du diabète de type 2 et cela fait deux ans


que je n’ai plus de sensations sur les pieds, existe-t-il
des solutions naturelles pour retrouver ces sensations ? »

Franck Gigon : Ce que décrit cette personne, c’est une des complications
du diabète. Parmi celles-ci, il peut y avoir des atteintes dites neurolo-
giques périphériques, c’est-à-dire que certaines personnes peuvent être
atteintes des nerfs distaux, c’est-à-dire du bout des membres et no-
tamment au niveau des pieds. On appelle ça polynévrite (poly veut dire
plusieurs et névrites, inflammation des nerfs) des pieds, qui n’apparaît
pas heureusement chez toutes les personnes diabétiques, mais qui peut
apparaître en complication. C’est lié au phénomène d’un taux de sucre
trop élevé dans le sang : la glycation, c’est-à-dire les protéines qui se lient
avec du sucre et qui va perturber certaines protéines localement, etc.

Ce sont des états un peu embêtants parce qu’en médecine classique,


on n’a pas grand-chose à faire. On donne des traitements avec des an-
talgiques qui ont souvent des effets secondaires indésirables. Ce que je
peux préconiser, c’est une prise en charge dite micro-nutritionnelle.

Toujours les index glycémiques bas ou modérés, bien évidemment, au ni-


veau alimentaire.

Préconiser des vitamines dites de groupe B : on peut en trouver pas mal


dans l’huile de germe de blé. Une cuillère à café d’huile de germe de blé
tous les jours, ce n’est pas mal.

Les fameux oméga-3 : ce sont des acides gras dits polyinsaturés dont on
a besoin. Vous voyez qu’on ne doit pas diaboliser tous les gras comme
on a fait pendant des années, il y a des bons gras. Ces bons gras se
trouvent surtout dans les poissons pour les acides gras dites terminaux,
mais il se trouve que les poissons sont soumis à une pollution, donc il
faudrait prendre des gélules d’oméga-3. L’industriel qui produit les gé-
lules d’oméga-3 est dans l’obligation de les détoxiquer en métaux lourds.

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Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Quand on prend des gélules d’oméga-3, au moins, on est sûr qu’il y a peu
de produits industriels à l’intérieur et qu’on a des bons oméga-3 ! Sinon,
il y a des oméga-3 qui sont d’origine végétale comme l’huile de lin, l’huile
de caméline, l’huile de colza : une à deux cuillerées à café par jour.

Il faut prendre aussi du magnésium car il intervient dans tout ce qui est
neurologique au niveau des synapses, c’est-à-dire les terminaisons ner-
veuses entre les cellules nerveuses ou entre une cellule nerveuse et un
muscle. C’est intéressant d’amener beaucoup de magnésium parce qu’il y
a 70 à 80 % de la population française qui est carencée en magnésium. Il
intervient dans 300 à 400 réactions métaboliques biochimiques de notre
corps. On n’en meurt pas si on en manque beaucoup, mais ça marche
beaucoup moins bien. Pour favoriser l’influx nerveux et des réparations
au niveau cellulaire, le magnésium est quand même important.

Et puis, je pourrais proposer aussi à cette personne de prendre du curcu-


ma de façon régulière. Soit de façon condimentaire dans son alimenta-
tion quotidienne, soit des gélules si elle n’aime pas le goût.

Un dernier conseil pour la polynévrite du diabétique : il y a une prépara-


tion que j’aime bien qui s’appelle le bourgeon macérat glycériné de cas-
sis. En latin, le cassis c’est ribes nigrum. A la dilution de 1dh. Nous on met
BMG (bourgeon macérat glycériné), 1dh de bourgeon de cassis. Et vous
en prenez 50 à 100 gouttes le matin dans un demi-verre d’eau tiède et
vous faites ça pendant 10-20 jours. On a une action dite cortisone like,
c’est-à-dire qui mimerait l’action de la cortisone, d’où une action un peu
anti-inflammatoire qui n’est pas inintéressante dans certains cas de po-
lynévrites, voilà ce que je peux apporter.

Une autre huile est intéressante, c’est l’huile de Nigelle qu’on peut appli-
quer localement. L’huile de Nigelle, c’est l’huile de cumin noir. On a souvent
des bonnes réactions avec l’huile de Nigelle, ce n’est pas inintéressant de
l’essayer parce qu’on a des cas, j’ai vu ça sur des forums, de personnes qui
avaient des récupérations satisfaisantes avec l’huile de Nigelle sur la peau.

91
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : A quoi sert l’huile de Nigelle en général ?

Franck Gigon : Mahomet aurait dit que l’huile de Nigelle, en tout cas le
cumin noir, soignait de tout, sauf de la mort. Ça sert à tout, c’est une es-
pèce de panacée.

D’après des études, l’huile de Nigelle, ou huile de cumin noir, dont il fau-
drait prendre quelques cuillerées par jour, aurait un impact sur la baisse
du diabète en termes de résistance à l’insuline et même de stimulation de
l’insuline au niveau du pancréas qui n’en fabriquerait pas assez.

Vous voyez qu’on a un arsenal de plantes. Je crois qu’on a recensé à peu près
1 700 plantes médicinales avec différentes études, de plus ou moins haute
qualité, des études qui sont des études cliniques et d’autres qui sont des
études expérimentales sur le rat : pour transposer à l’homme, c’est un peu
plus difficile. Mais on va dire qu’on a quand même un arsenal naturel qu’il
convient d’utiliser avec parcimonie et à bon escient avec un phytothérapeute
ou un naturopathe et bien sûr, toujours sous l’œil avisé de son médecin.
Quand on utilise ces plantes, on a un effet souvent intéressant sur des états
de diabète avec une baisse des chiffres du sucre, et donc une amélioration du
diabète. Et plus vous améliorez votre diabète, plus vous diminuez les risques
des complications du diabète qui sont redoutables encore une fois.

Alessandra : Sur Internet, certaines plantes exotiques sont


vantées pour avoir telle ou telle efficacité. Avez-vous des
connaissances sur le neem, une plante qui serait intéressante
pour beaucoup de pathologies, dont le diabète ?

Le neem fait partie des 1 700 plantes que j’ai citées tout à l’heure. C’est un
nom un peu compliqué : Azadirachta indica. Vous pouvez sortir ça pendant
les soirées d’ambassadeur, ça fait toujours son effet. Plus sérieusement, ce
sont les feuilles de neem qui peuvent avoir en infusion un impact, mais je
n’ai pas beaucoup d’arguments à vous donner car je n’ai pas d’étude précise
à vous apporter. C’est plutôt une utilisation traditionnelle de personnes
dans certains pays qui ont vu que leur diabète s’améliorait en prenant des

92
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

infusions de feuilles de neem. On est dans la même mouvance avec l’aloe


vera, avec la margose, avec le fenugrec ou le gymnéma sylvestre.

Plus facile à utiliser, par exemple chez nous, les plantes dites à pigment violet
à anthocyanosides, comme la myrtille, l’aronia, la canneberge, le cassis. Ces
baies qui sont très noires ou bleutées ou violettes contiennent le principe
actif qui va déjà les protéger des complications du diabète en consommation
régulière. Et puis, des études montrent que ça provoque, surtout pour l’aro-
nia par exemple, une baisse de la résistance à l’insuline. Toutes ces petites
choses que l’on a à portée de main peuvent être intéressantes pour amélio-
rer le quotidien des personnes qui sont en pré-diabète ou en diabète.

Alessandra : « J’ai décidé de modifier mon mode


d’alimentation en faisant un jeûne partiel, soit un repas
normal, sans alcool et sans amidon, par jour et quelques jus
de fruits et légumes dans la journée. Je prends dorénavant
un seul comprimé d’Eucréas, au moment du repas, entre
16 heures et 18 heures au lieu de deux comme avant. J’ai
perdu six kilos en 15 jours sur 113 kg. Et ma glycémie à jeun
est devenue normale. Je suis moins fatiguée et je m’essouffle
moins en marchant. Que pensez-vous de ma démarche ? »

Franck Gigon : D’abord bravo. C’est une démarche qui est courageuse et qui
montre ses effets. Moi j’allais dire : on ne change pas une équipe qui gagne.
Je suppose que cette personne a fait ça avec l’aval de son médecin ou sous
contrôle de son médecin. Le faire avec son médecin, c’est bien parce que vous
allez avoir des améliorations notables qui vont vous éviter de vous mettre
dans ces fameux statuts d’hypoglycémie qui ne sont pas très agréable à vivre.

Le jeûne partiel, c’est très intéressant mais attention, c’est très difficile
de faire un jeûne quand on est dans ce système de montagne russe parce
que quand vous jeûnez, par définition vous n’apportez plus aucun glu-
cide, plus aucun sucre. Et si vous êtes déjà en hypoglycémie à ce mo-
ment-là, vous allez augmenter votre hypoglycémie. La conclusion de ce
que je viens de dire, c’est qu’il ne faut pas jeûner tant que vous êtes dans

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

cet état de montagne russe. Il faut attendre d’avoir mangé suffisamment


longtemps des index glycémiques bas et modérés pour se retrouver sur
des jolies collines et pas à des exagérations de la glycémie. Parce que si
vous êtes en mode exagération à la hausse et à la baisse de la glycémie
et que vous vous « amusez » à jeûner, vous allez, excusez-moi du terme,
vous taper des hypoglycémies sévères. En tout cas, c’est un risque. Et là
pour le coup, c’est plus qu’inconfortable. Voilà le conseil que je donnerai.

En revanche, si ça fait un certain temps que vous mangez méditerranéen


par exemple, que vous faites attention qu’il n’y ait pas de sucre raffiné,
qu’il n’y ait pas d’index glycémique élevé dans votre alimentation et que
vous êtes stabilisé au niveau du diabète, vous pouvez tout à fait faire ce
qu’on appelle un jeûne intermittent ou un jeûne partiel. Qu’est-ce que
c’est ? Toujours sous contrôle de votre médecin, c’est ne pas manger pen-
dant 16 heures dans la journée, c’est-à-dire mettre au repos pendant les
24 heures de votre journée, votre système digestif. Vous laissez au repos
votre pancréas, vos cellules au niveau de votre tube digestif qui vont ap-
précier, et comme en informatique, on appelle ça un reboot, ça va relan-
cer l’activité cellulaire, ré-initier un cycle qui va permettre de réguler en-
core une fois beaucoup mieux ces cycles glycémiques que nous rythmons
par notre alimentation. Si vous n’avez pas de repas, vous n’avez pas ces
fameuses collines ou ces fameux pics qui interviennent. Mais l’idée, c’est
d’aller vers les collines et de descendre de la montagne.

Alessandra : L’idée, c’est aussi de se faire suivre,


de ne pas faire les choses comme ça au hasard.

Franck Gigon : Absolument.

94
Problème 3 : le diabète Avec Dr Franck Gigon

Alessandra : De bien se renseigner avant d’utiliser n’importe


quoi, que ce soit juste un aliment, des plantes, peu importe.
Il faut se renseigner, avoir un médecin qui suit votre état
de santé. Je vous remercie beaucoup Docteur Gigon.

Franck Gigon : Merci, c’est un plaisir.


PROBLÈME 4 : LA MALADIE
DE LYME AVEC DR FRANCK GIGON
OCTOBRE 2017
Alessandra : La maladie de Lyme reste encore mystérieuse pour
la plupart d’entre nous, malgré le nombre d’articles et de livres
qui sortent maintenant. Combien de temps exactement faut-il
pour qu’une tique qui s’accroche à vous devienne dangereuse
pour le corps humain ? Rappelons que nous devons cette maladie
principalement à ces petites bêtes pas sympathiques du tout
qui nous « agressent » quand on marche dans la nature.

Franck Gigon : Effectivement, la maladie de Lyme est transmise, véhi-


culée, principalement mais pas seulement, par un insecte qui saute sur
nous à l’occasion d’une balade forestière. C’est un insecte qui se nourrit
de notre sang (hématophage). Lors de son repas, il peut être lui-même
chargé de microbes qui se transmettent à l’intérieur de notre organisme,
et ces microbes peuvent se développer.

Parmi ces microbes, on a la Borréliose qui est le support de la maladie de


Lyme et qui peut occasionner les symptômes qu’on va voir ensemble. Il
faut savoir que la tique peut transmettre également d’autres infections :
on appelle ça des infections associées, ou co-infections, comme la Babé-
siose. Ce sont des découvertes relativement récentes.

Alessandra : Quand on se balade en forêt, il faut mettre des


chaussettes hautes, bien se couvrir, parce que contrairement à ce
qu’on a longtemps pensé, les tiques ne tombent pas des arbres :
elles sont dans l’herbe. Elles montent sur les fils d’herbes, elles se
mettent en attente et quand on passe,
elles s’accrochent à nous et rentrent à travers les vêtements
de façon très aisée pour nous piquer à des endroits différents.

99
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Franck Gigon : C’est ça. Elles peuvent ceci dit être quand même dans les
arbres, mais c’est plutôt dans les herbes hautes qu’on les attrape, soit
parce qu’on s’allonge par terre et que l’on est en short, soit parce que l’on
se balade jambes nues. À ce moment-là, elles profitent du passage de
notre peau en contact avec ces herbes pour sauter littéralement sur notre
peau, mais aussi sur d’autres vecteurs à ce niveau, comme par exemple
des chiens. Tout le monde a déjà retiré des tiques à son chien : ce sont les
mêmes tiques, qui véhiculent parfois les mêmes petites bestioles. Et pas
seulement les chiens, ça peut être des rats, des mulots : toute cette gentille
population est autant de vecteurs qui diffusent potentiellement la maladie.

Alessandra : Comment reconnaît-on la tique ? Faut-il


s’inspecter, regarder son corps à chaque fois qu’on rentre
d’une balade ? Comment la voit-on et comment la retirer ? Est-
ce qu’on panique ?

Franck Gigon : C’est une vraie question que vous posez là. Effectivement,
on devrait avoir des réflexes quand on rentre d’une balade forestière ou
campagnarde. Que l’on soit en short ou pas, il faut retirer son pantalon
et bien scruter ses jambes, de bas en haut, il faut même monter jusqu’à
l’aine et essayer de repérer des espèces de petites araignées, ça a huit
pattes, ce n’est pas très joli. Il y a différentes tailles, et le problème c’est
qu’on repère surtout la tique adulte et pas forcément nécessairement la
tique au stade de larve ou de nymphe, qui est beaucoup plus petite. Donc
ça peut passer inaperçu.

Si on en repère une qui semble bien accrochée, il ne faut pas essayer de


la retirer en la pressant avec les doigts : comme ses glandes salivaires
contiennent de la borréliose, on pourrait s’auto-inoculer la maladie de
Lyme en pressant la petite bête. On peut utiliser un tire-tique, une es-
pèce de petit crochet qui vient passer sous la tique et qui vient soulever la
tique pour la retirer. J’ai entendu parler d’une personne qui chloroformait
avec un produit quelconque, comme une huile essentielle : il ne faut pas
le faire parce que la tique peut relâcher dans notre organisme, via ses
glandes salivaires, la borréliose.

100
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

Donc il faut éviter autant que faire se peut d’arracher, de presser la tique
ou de l’endormir, plutôt utiliser un tire-tique.

Alessandra : Les tire-tiques se trouvent aisément dans les


pharmacies, ils ne coûtent pas très chers, quelques euros. Ce
sont des petits objets en plastiques qu’on peut tranquillement
se trimbaler si on fait des promenades de plusieurs jours,
ce n’est pas lourd, c’est pratique. Mais comment utilise-t-on un
tire-tique ? On dévisse presque la tique ?

Franck Gigon : Avez-vous déjà utilisé un outil pour retirer les clous sur
un mur ? C’est un petit outil fourchu qui passe sous la tête du clou et qui
permet de faire levier. Le principe est le même : c’est un crochet avec une
double-fourche qui passe sous la tique et qui permet de la retirer en la
poussant de la peau vers l’extérieur sans manipuler l’insecte. La manipu-
lation de l’insecte est susceptible de relâcher un relais de la maladie. Et
puis il peut y avoir d’autres infections, donc il faut prendre des précau-
tions pour la retirer. Ce n’est pas difficile et on peut le faire avec cette pe-
tite technique pour éviter de s’auto-inoculer la borrélie. Heureusement,
toutes les tiques ne sont pas contaminées, mais il vaut mieux adopter le
principe de précaution.

Alessandra : Comment se protéger efficacement pour éviter


qu’elles nous piquent : peut-on utiliser des vêtements,
des huiles essentielles, des produits pour les asperger soit sur
la peau soit sur les vêtements ?

Franck Gigon : La première protection, c’est de mettre des chaussettes


hautes, même quand il fait chaud. Rentrez votre pantalon dans la chaus-
sette s’il le faut. Ça fait un peu militaire, mais il faut procéder comme
cela. On peut utiliser des huiles essentielles, et il se trouve que les huiles
essentielles qui sont anti-borrélie sont aussi répulsives. On peut tout à
fait aller se balader, mélanger quelques-unes de ces huiles essentielles
dans un peu d’huile végétale et se masser les jambes pour avoir un effet
répulsif, si tant est que la petite bête ait sauté sur nous.

101
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Les tiques ne sont donc pas toutes porteuses de


la maladie de Lyme ?

Franck Gigon : Non, en effet. Et on ne peut pas savoir. On pense que 30 %


d’entre elles contiennent au moins 2 espèces différentes. On pense qu’en
2016, 60 % étaient infectées contre 15 % en 2006 : en 10 ans, il y a eu une
augmentation de la contamination des tiques avec les borrélioses. On va
partir du principe que les tiques sont potentiellement chargées avec ces
microbes et qu’il faut s’en prémunir.

Alessandra : Faut-il systématiquement se traiter si on trouve


une tique sur nous ?

Franck Gigon : J’aurais tendance à dire que si on trouve une tique sur
nous, il faut aller voir un médecin généraliste ou spécialiste qui nous pro-
posera un traitement antibiotique de 2 à 3 semaines avec un antibiotique.
D’habitude je ne suis pas très antibiotique, mais il s’avère que si on traite
dès le départ une borréliose avec des antibiotiques, c’est-à-dire la mala-
die provoquée par les borrélies, on évite de passer aux complications qui
sont durables et parfois invalidantes. Donc si on se fait piquer et qu’on a
la preuve qu’on s’est fait piquer par une tique, il est tout à fait légitime
de faire un traitement antibiotique de 2 à 3 semaines, plutôt 3 semaines
d’ailleurs avec évidemment. En cas d’allergie, il y a une solution à base de
Doxycycline.

En résumé, une piqûre de tique implique un traitement antibiotique. On


peut ensuite l’agrémenter d’huile essentielle bio à visée antiinfectieuse
et apaisante

Alessandra : La maladie de Lyme peut-elle également être


transmise par les araignées et les moustiques ?

Franck Gigon : Ce sont des vecteurs potentiels de la maladie de Lyme.


On n’a pas de chiffre, mais plus on repousse ces insectes piqueurs, et
les huiles essentielles vont nous aider, moins on a de chance de se faire
piquer donc d’attraper la maladie de Lyme.

102
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Quelles huiles essentielles peut-on utiliser


pour éloigner tous ces piqueurs ?

Franck Gigon : Il y a des huiles essentielles que l’on appelle répulsives.


Les plus connues sont l’huile essentielle de géranium et de citronnelle de
Java. Il ne faut pas hésiter à les utiliser pour une action répulsive. On peut
aussi utiliser des huiles essentielles dites anti infectieuse de première in-
tention, par exemple d’arbre à thé ou de ravintsara. On peut essayer aussi
l’huile essentielle de thym vulgaire à Thuyanol.

Alessandra : Comment utiliser ces huiles essentielles ?


On les diffuse dans l’air ambiant ou en spray sur les vêtements ?

Franck Gigon : Des laboratoires ont développés des préparations toutes


prêtes qui permettent de les mettre sur la peau. Si on est plus artisanal,
on peut en faire : le principe est le même, on met 2 à 4 gouttes de ces
huiles essentielles, diluées dans de l’huile végétale et on étale sur la par-
tie à traiter, en l’occurrence les jambes.

Alessandra : Peut-on les utiliser sur les enfants aussi ?

Franck Gigon : Les huiles essentielles ne s’utilisent pas avant 6-7 ans.
Il faudra utiliser des complexes tout faits, qu’on trouve en pharmacie et
parapharmacie.

Avant 3 ans, il faut faire vraiment attention qu’ils ne soient pas exposés
aux petites bestioles dans les pieds, et surtout on regarde s’ils n’ont pas
été piqués en rentrant d’une balade.

Alessandra : La maladie peut-elle se déclencher plusieurs


années après une piqûre ?

Franck Gigon : Excellente question, et c’est tout l’objet de la maladie de


Lyme qui est controversée en France. Il y a 2 camps : celui des médecins
qui disent que c’est une maladie plutôt aiguë qui se traite relativement
bien avec les antibiotiques sur 2 à 3 semaines de traitement. Et puis un

103
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

deuxième camp dont je fais partie, et je ne suis pas tout seul, qui pense
que si elle n’est pas suffisamment traitée ou pas traitée, parce qu’elle est
passée inaperçue, parce qu’on n’a pas vu la piqûre, elle va s’installer dans
nos organismes sous une forme chronique, dite latente.

L’infection primaire est celle que l’on connaît, c’est-à-dire celle qui crée un
petit halo rouge autour du point de piqûre quand on a la chance de le voir, et
qui comme on l’a dit tout à l’heure nécessite un traitement de 3 semaines.

Les phases secondaire et tertiaire sont des phases qui se manifestent


plus tard, quelques semaines, quelques mois, plusieurs années après
pour la phase tertiaire.

Beaucoup de spécialistes et de médecins s’accordent à dire qu’elles sont


responsables de complications parfois dermatologiques, mais aussi neu-
rologiques, avec des atteintes diverses et variées du système nerveux,
mais aussi des atteintes rhumatologiques, c’est-à-dire des atteintes de
notre système articulaire avec inflammation et douleur.

Donc pour répondre à la question oui, probablement, une piqûre de tique


qui contenait une borréliose et qui nous la transmet peut occasionner
plusieurs mois voire plusieurs années après des complications médicales.

Alessandra : Après un traitement antibiotique suite à une


infection, comment s’assurer du bienfait du traitement et est-il
possible d’avoir des plantes pour compléter la protection ?

Franck Gigon : En phase primaire, il y aura une disparition du halo rouge au-
tour du point de piqûre et puis si on est fatigué, la fatigue peut s’amender
et disparaître. Dans les phases secondaire et tertiaire, c’est la clinique qui
va parler, c’est-à-dire que les gens vont beaucoup mieux. Et là est-ce qu’on
peut parler de guérison on ne sait pas, mais en tout cas on peut parler de
rémission pour certaines personnes puisqu’elles ont connu une diminution
très significative de leurs symptômes : douleurs, fatigue intense, complica-
tions cardiaques...

104
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Quels sont les symptômes de la maladie de Lyme ?

Franck Gigon : Il y en a plusieurs, c’est là où les médecins divergent sur le


diagnostic de la maladie de Lyme. Il y a d’abord une détection biologique
que l’on peut faire avec une prise de sang. En France, cette prise de sang
peut se faire en 2 temps. Il y a une détection dite ELISA qui est rembour-
sée par la Sécurité sociale. Ce test est soit positif soit négatif : en cas de
positivité, il faudra faire un test Western Blot qui se fait aussi par prise de
sang qui est beaucoup plus sensible et donc fiable.

Le problème c’est que l’ELISA est dans un tiers des cas négatif, c’est-à-
dire qu’il n’est pas très sensible. Or on peut être porteur de la Borréliose,
ce qu’on appelle un faux négatif et il faudrait pouvoir faire plutôt le Wes-
tern blot qui est remboursé si le test ELISA est positif, en tout cas en
France et le Western blot est beaucoup plus à même de confirmer le fait
que l’on est porteur de la borréliose.

Il y a d’autres tests qui sont encore plus spécifiques et qui n’étaient pas en-
core disponibles en France, que l’on trouve en Allemagne, et maintenant dans
certains laboratoires spécialisés parisiens et au sud de la France, notamment
à Nice. Mais ces prises de sang coûtent à peu près 150 à 170 €, elles sont très
spécifiques. Il y en a un, l’ELISPOT, qui teste la réactivité de ces globules blancs
qui réagissent assez spécifiquement à la Borréliose. C’est cette réactivité spé-
cifique qui est le caractère incontournable de l’infection. Une partie des méde-
cins les pratique, l’autre partie ne reconnaît ni le développement des formes
latentes ni ces biologies qui pour eux ne sont pas adaptées à la prise en charge
d’une forme de Borréliose qui pour eux n’est qu’aiguë finalement.

Alessandra : Donc il y a deux tests prévus par la Sécurité sociale.

Franck Gigon : Oui.

Alessandra : Et l’ELISPOT qu’on peut pratiquer à ses propres frais


dans certains laboratoires. Mais la question était surtout sur
les symptômes, quels sont les symptômes que l’on peut avoir ?

105
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Franck Gigon : Ils vont de la forme dermatologique de départ c’est


l’érythème qui est caractérisé par un aspect en cocarde de la rougeur
et puis ça peut aller jusqu’à des formes subjectives comme une fatigue
intense, des douleurs musculaires ou articulaires importantes. D’ailleurs,
on parle de similitude avec la fibromyalgie ou la fatigue chronique. Il y
a aussi des troubles du rythme cardiaque, des difficultés de concentra-
tion, une espèce de brouillard, des maux de tête : autant de signes qui ne
sont pas exhaustifs, qui peuvent se trouver dans la longue liste des symp-
tômes associés à la maladie de Lyme et de ses co-infections.

C’est pour ça qu’on a un problème en France de reconnaissance puisque


beaucoup de médecins spécialisés en médecine interne ou en rhumatologie
classent ces symptômes en entités cliniques distinctes sans les rassembler
pour dire que ça fait partie de la même maladie. Donc c’est un peu compliqué,
mais ce qu’on peut conseiller au grand public c’est que si jamais vous avez
une fatigue profonde, des douleurs un peu diffuses, mal expliquées, comme
des articulations inflammatoires, etc, une fois qu’on a fait le bilan classique et
conventionnel chez les médecins généralistes et spécialistes, d’évoquer une
possible atteinte par la maladie de Lyme. Allez voir des médecins qui sont for-
més à la maladie de Lyme et des associations françaises comme la Fédération
Française des Maladies Vectorielles à Tiques (FFMVT). Vous pouvez trouver ça
sur internet très facilement avec leur liste de médecins qui sont formés.

De plus, ils ont plusieurs questionnaires à notre disposition, que l’on peut rem-
plir, et comme tous les questionnaires, au-delà d’un certain nombre de points,
il y a une forte probabilité qu’on se trouve dans cette situation. À ce moment-là,
ça nous permet de faire le test biologique et si le test est convaincant, si on a
un questionnaire convaincant et si la clinique parle, c’est ce qu’on appelle des
convergences, tous ces arguments permettent de penser qu’on peut être at-
teint de la maladie chronique de Lyme et d’avoir une prise en charge spécifique
et adaptée et non pas un simple traitement rhumatologique, cardiologique ou
dermatologique comme c’est fait dans la plupart des cas en France.

106
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

Alessandra : Quelles sont les plantes qui peuvent aider


à compléter les traitements d’antibiotiques ?

Franck Gigon : L’aromathérapie on sait qu’elle est potentiellement très


anti-infectieuse. Donc on utilise des huiles essentielles comme on l’a
dit tout à l’heure à la fois à titre préventif et curatif, qui ont un effet an-
ti-borréliose. Parmi celles-ci, il y a des huiles essentielles dites à phénols,
comme le thym à thymol ou à carvacrol, ou l’origan compact. Plus douces,
mais aussi actives, les huiles essentielles à monoterpénols comme le ra-
vintsara ou le tea tree qui sont assez connus du grand public. Elles ne
peuvent jamais être utilisées plus 10 jours parce qu’on ne fait pas d’aro-
mathérapie, par voie orale et par voie locale, pour la phase secondaire et
tertiaire, c’est-à-dire les phases latentes. On les utilise soit toutes seules
pour les gens qui ont des contre-indications aux antibiotiques, soit en
alternance avec les antibiotiques puisque maintenant il est préconisé
de ne pas faire des traitements au long cours, mais de faire des cures
discontinues. C’est-à-dire : je donne par exemple 10 jours à 3 semaines
d’antibiotiques, on arrête 2 à 3 semaines, on reprend, et ainsi de suite.
Pendant cet intervalle de temps, il est judicieux de placer un traitement
par les huiles essentielles que je viens de citer à la fois par la peau, dilué,
mais aussi par voie orale, et ça permet de ne pas laisser de répit à la ma-
ladie de Lyme qui s’est infiltrée dans les tissus sous forme kystique ou de
biofilms : ce sont des formes de maladies qui s’insinuent dans les tissus
et qui restent latentes, au repos, et qui se réveillent quand notre système
immunitaire est un petit peu en bas, ce qui peut expliquer largement ces
effets de rémission et de reprise quelques semaines, quelques mois ou
quelques années après.

Donc les huiles essentielles sont un excellent traitement direct pour les
gens qui ont une contre-indication aux antibiotiques et pour ceux qui en
prennent mais qui veulent faire un traitement alternatif complémentaire,
en instance.

107
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : On ne met pas d’huile essentielle pendant la


phase primaire ?

Franck Gigon : Si, on peut mettre des huiles essentielles pendant la phase
primaire. Ce qu’il faut, c’est être le plus efficace possible. Puis, pour les
phases secondaire et tertiaire qui encore une fois ne sont pas reconnues
par la médecine conventionnelle, les huiles essentielles ont leur place.

Il faut savoir qu’il y a des médecins français qui ont été poursuivis par leur
caisse de Sécurité sociale parce qu’ils avaient prescrit des traitements
non conventionnels beaucoup trop longs de 3, 6 mois à 1 an, donc la Sé-
curité sociale ne voulait pas rembourser des traitements qui n'étaient pas
reconnus dans la prescription.

Donner un traitement antibiotique au long cours, ça fatigue, ça perturbe


la flore intestinale. Donc il n’est pas inintéressant de faire des pauses, et
pendant ces pauses, d’instaurer un traitement par l’huile essentielle.

Alessandra : « Mon mari a été piqué par une tique et a eu une


réaction, une rougeur, autour de la piqûre. J’ai acheté les huiles
essentielles recommandées dans le livre de Judith Albertat : il
en est à 5 gouttes de Tic Tox en plus du draineur et il se sent
mieux. Combien de temps doit-il prendre ces produits et y a-t-il
un régime alimentaire qui peut aider ? »

Franck Gigon : On va commencer par le régime alimentaire. Il est recom-


mandé de consommer régulièrement des alliacées (ail, oignon, échalote,
cive) et des brassicacées (choux, brocolis). Pourquoi ? Parce que ces
plantes contiennent des dérivés soufrés qui optimisent les voies de dé-
toxication au niveau du foie. Surtout, elles exercent une action antimicro-
bienne de haut niveau qui ne laisse pas de répit à ces infections, et donc
ça permet d’avoir un autre front d’attaque sur ces bestioles.

On peut aussi manger une ou deux gousses d’ail par jour ou alors avaler,
si on n’aime pas l’ail, des gélules contenant 4 à 5 grammes d’allicine par
jour, qui est le composé principal de l’ail. Voilà pour le côté nutritionnel.

108
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

On peut compléter aussi en disant que le foie, qui est très sollicité à la fois
par l’infection et les médicaments, mais aussi les huiles essentielles, peut
être soutenu par le chardon-Marie. C’est une plante assez connue des
phytothérapeutes qui permet la détoxication au niveau du foie. On peut
le trouver sous différentes formes en pharmacie et parapharmacie, mais
il y a notamment l’EPS (Extraits de Plantes Standardisées) qui est une
solution de plante fraîche en solution glycérinée à raison de 2 cuillères à
café par jour dans un grand verre d’eau.

Il faut penser aussi à renouveler sa flore intestinale qui a dû être bien dé-
séquilibrée par l’utilisation des antibiotiques plus que par les huiles essen-
tielles qui ont tendance à préserver la flore intestinale. On peut manger
régulièrement des produits fermentés comme du kéfir, de la choucroute,
du miso qui est du tofu fermenté, ou du kombucha qui est une boisson à
base de fruits fermentés qu’on trouve facilement en magasin bio. On peut
utiliser aussi des probiotiques en gélules dites gastro-résistantes pour as-
surer un apport de germes vivants. Ça peut relancer la flore intestinale.

Concernant la durée de traitement au Tic Tox et au draineur, comme disait


Fernand Raynaud, un certain temps. Au moins 1 à 3 mois, ça dépend des
personnes. La clé c’est une amélioration clinique, c’est-à-dire que quand
on est bien touché par la borréliose, on doit avoir la fatigue et la douleur
qui diminuent. Les médecins qui sont spécialisés et qui nous suivent sur
ce plan-là vont faire des tests qui montrent qu’il y a une amélioration bio-
logique aussi. C’est décrié, mais les médecins qui sont dans le réseau font
ces tests qui permettent une surveillance à la fois clinique et biologique
de la maladie de Lyme chronique.

Alessandra : Comment prévenir et soigner les piqûres de tique


chez les enfants de 0 à 6 ans ? Le protocole de précaution et
dantesque avec les 3 semaines sous antibiotique Amoxicilline,
mais les huiles essentielles recommandées sont à phénols
donc hépatotoxiques. On a l’impression de passer de Charybde
en scylla. Quelles recommandations pourriez-vous faire en
prévention, en curatif pour ces âges très sensibles ?

109
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Franck Gigon : De 0 à 4 ans, à part les vêtements, on n’a pas grand-chose. Il


faut vérifier bien sûr qu’ils n’ont pas été piqués. Après 4 ans, on a des formula-
tions que proposent certains laboratoires pour pousser les insectes piqueurs
à la fois pour avoir un petit effet traitant puis à part ça, on peut espérer qu’ils
aient des huiles essentielles par voie cutanée qui est une voie royale. Et puis si
jamais l’enfant est atteint par une borréliose chronique on va dire, une maladie
de Lyme chronique, en phases secondaire ou tertiaire, on peu commencer à
instaurer les protocoles experts, avec un médecin habitué, par voie orale et
toujours en discontinu, c’est-à-dire pas plus d’une semaine, 10 jours d’aro-
mathérapie. Pour des traitements chez l’homme en tout cas.

Alessandra : Est-ce que c’est dangereux pour un enfant


de mettre les huiles essentielles sur les vêtements ?

Franck Gigon : Ce n’est pas préconisé. Il y a des produits spécifiques à


partir de 3-4 ans qu’on peut proposer pour les insectes piqueurs de façon
générale, et les insectes piqueurs inclus les tiques. On a de jolis produits
qui ont été réalisés et dont il ne faut pas se priver. Avant 3 ans c’est com-
pliqué, à partir de 4-5 ans on a des produits qui sont en préparation toute
faite, des associations d’huiles essentielles bien diluées qui permettent
d’opérer une répulsion.

Alessandra : « Mon conjoint souffre de douleurs musculaires et


de fatigue chronique depuis des mois sans pouvoir trouver un
diagnostic. Peut-il souffrir des dérivés de borrélie,
car il a été mordu par une tique il y a un peu plus d’un an ? »

Franck Gigon : Oui, c’est, possible. Une fois qu’on a été piqué par une
tique, on peut développer soit immédiatement soit très longtemps après
des symptômes divers et variés. La grande difficulté pour les médecins
c’est de faire la synthèse de ces symptômes et de les faire converger sur
une maladie de Lyme.

Parfois des médecins ne seront pas d’accord, certains pensent que la ma-
ladie de Lyme est un grand fourre-tout dans lequel tout le monde met
n’importe quoi ou même une maladie qui n’existe pas. Et on leur rétor-

110
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

quera que c’est une maladie qui est connue pourr sa chronicité dans de
nombreux pays, comme dans beaucoup d’Etats aux États-Unis, en Alle-
magne et en Autriche où d’ailleurs il existe des cliniques dédiées à la ma-
ladie de Lyme. Nous on pense que les médecins autrichiens et allemands
sont sérieux et s’ils ont décidé de dédier, spécialiser, des établissements
sanitaires pour traiter spécifiquement la maladie de Lyme, c’est qu’il y a
un vrai problème de contagion et de chronicité.

Alessandra : « On entend des gens de la médecine dire


que la maladie de Lyme ne se soigne jamais, qu’on ne soigne
que les symptômes. Mon compagnon est atteint. Notre
médecin lui donne un traitement pas du tout naturel, mais
il nous dit que la maladie peut se soigner. C’est un spécialiste
de la maladie de Lyme, le traitement est très lourd, plusieurs
antibiotiques pris avec des pauses, il en a fait 3 déjà.
Nous ne savons plus qui croire... »

Franck Gigon : Dans des situations dantesques ou catastrophiques comme


ça, il faut vraiment démêler le vrai du faux, et c’est compliqué. Pour simpli-
fier, il faut faire des questionnaires. Une fois qu’on a fait les questionnaires
on va savoir si on est dans la zone de risque ou pas. Ensuite, il faut faire des
tests spécifiques : encore une fois, ne pas hésiter à consulter des médecins
qui font partie du réseau de la Fédération Française des Maladies Vecto-
rielles à Tiques en France. Ils vont voir si la personne est atteinte d’une
pathologie purement rhumatologique ou purement neurologique.

Moi je dirais qu’il y a des probables rémissions qui peuvent être assez
différentes selon les personnes, par exemple un patient qui se traitait
pour la maladie de Lyme avec le traitement non conventionnel contre un
autre qui le supportait bien pendant 1 à 2 ans et 1-2 après qui rechutait
en quelque sorte et qui reprenait le traitement et qui allait mieux de nou-
veau. Donc on va dire qu’on est guéri jusqu’à la prochaine rechute et on
espère que la prochaine rechute n’arrive plus jamais.

Alessandra : Y a-t-il des centres français ou étrangers


spécialisés dans cette maladie ?

111
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Franck Gigon : En France pas encore, à l’étranger oui, on a parlé tout à


l’heure de cliniques spécialisées en Allemagne et en Autriche.

Il y a le Dr Nicolaus qui est le fondateur et dirigeant de la clinique BCA à


Augsburg près de Munich, qui est entièrement dédiée au traitement de
la maladie de Lyme.

Une précision : des Français sont allés dans cette clinique, certains sont
restés pour faire le protocole et d’autres sont repartis avec le protocole à
faire à la maison, donc ça dépend des cas, ça dépend aussi des possibili-
tés financières de chacun parce que ça a un coût particulier. Tout ça n’est
absolument pas remboursé.

Alessandra : Quelles huiles essentielles sont efficaces


en prévention, mais aussi en traitement ? On en a déjà évoqué
certaines, y en a-t-il d’autres ?

On a parlé surtout de la prévention, on peut rajouter la cannelle de Cey-


lan, la marjolaine à coquilles, le Niaouli aussi.

Alessandra : On prend la cannelle par voie orale ?

Franck Gigon : Toujours oui, jamais sur la peau parce qu’elle est très caus-
tique. Ce que je conseille, c’est d’utiliser les comprimés neutres, ce n’est
pas cher en pharmacie. Et des gouttes d’huile essentielle de cannelle de
Ceylan au-dessus et on en prend un comprimé matin et soir pendant maxi-
mum 10 jours pour les cures. En association avec la Ravintsara, le Niaouli.

Alessandra : Concrètement, on met une goutte de cannelle,


une goutte de niaouli, une goutte de tea tree sur le comprimé ?

Franck Gigon : J’utilise un comprimé à chaque fois, mais on peut les


mettre sur le même comprimé : une goutte d’huile essentielle de ravint-
sara sur un comprimé neutre.

112
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

On le prend matin et soir en milieu ou en fin de repas, entre une semaine


à 10 jours par mois.

Donc pour être clair, on fait ça matin et soir : 3 gouttes d’huile essentielle
en tout le matin et 3 gouttes d’huile essentielle en tout le soir, 3 compri-
més différents, on avale et maximum 10 jours et puis on peut recommen-
cer le mois d’après.

Bien sûr, je rappelle les contre-indications : femmes enceintes et allai-


tantes ne peuvent pas prendre l’huile essentielle, les personnes aller-
giques, normalement la voie orale est réservée à partir de 12 ans pour les
enfants, pas avant en théorie. Avec un médecin expert en aromathérapie
on peut descendre à 7 ans.

Alessandra : Il faut être suivi par un expert si on veut aller au-


delà des indications générales que l’on donne.
C’est au cas par cas.

Franck Gigon : Oui. Sinon il y a des études qui sont tombées sur certaines
plantes pour le biofilm, c’est-à-dire la forme latente, mais qui ne sont pas
inintéressante puisque vous pouvez les prendre par voie orale. On peut
faire une cure de gelée royale qui contient de puissants actifs qui sont
actifs sur le biofilm de la borréliose.

On peut aussi faire, c’est assez simple, des infusions régulières de ro-
marin bio. Et puis on a découvert que le principe actif de l’huile de coco
vierge, la monolaurine, a une action sur ces biofilms également.

Donc si je résume : gelée royale, romarin bio et huile de coco vierge bio.
C’est un excellent complément alimentaire pour lutter contre les formes
chroniques. Et puis un autre que j’aime bien utiliser, c’est l’extrait de pé-
pin de pamplemousse, très actif également sur les biofilms. On peut uti-
liser un extrait liquide de bioflavonoïde de pépin de citrus paradisi : c’est
le pamplemousse. On prend 20 gouttes le matin et le soir dans un grand

113
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

verre d’eau pendant un mois par exemple, c’est un excellent complément


à la prise en charge de la forme chronique de la maladie.

Alessandra : Les extraits de pépins de pamplemousse c’est


comme le pamplemousse, il ne faut pas l’associer à d’autres
médicaments ?

Franck Gigon : Ce qui perturbe dans le jus de pamplemousse ou la pulpe


de pamplemousse, c’est la naringénine, que l’on ne trouve pas dans le
pépin de pamplemousse. En théorie, quand c’est bien fait, il n’y a pas de
contre-indications à la prise d’autres médicaments, mais de principe il ne
faut pas les associer comme le préconisent certains experts.

Alessandra : « Une amie a été mordue par une tique et j’ai tout
de suite appliqué 2 gouttes d’huile essentielle de tea tree sur la
bête. Elle a été tuée en très peu de temps et s’est décortiquée
toute seule. J’ai appliqué sur la morsure une autre goutte d’huile
essentielle de tea tree puis encore le lendemain. Devrait-elle
quand même suivre un protocole antibiotique d’huile essentielle
ou bien l’huile de tea tree a-t-elle pu agir immédiatement sur
l’infection possible ? » Elle a donc fait ce que vous avez dit de ne
pas faire, d’endormir ou de tuer la bête quand elle est encore à
l’intérieur de nous.

Franck Gigon : Oui… On ne va pas lui jeter la pierre. Disons qu’il y a eu


une mauvaise et une bonne action : la mauvaise c’est d’avoir essayé de
tuer la bête, parce qu’il y a un relâchement potentiel des glandes sali-
vaires, avec les sucs qui peuvent être chargés en divers microbes dont la
borrélie qui peut délivrer la borréliose. La bonne chose, c’est le tea tree
qui est effectivement un anti-infectieux et un anti-Borrélie qui peut jugu-
ler une infection débutante.

114
Problème 4 : la maladie de Lyme avec Dr Franck Gigon

Donc c’est un bon exemple pour dire : on ne tue pas la bête, on l’extrait
avec un tire-tique si possible ou alors on met des petits crochets par des-
sous et on la tire. On n’attend pas qu’elle reste et qu’elle tombe puisque
c’est autant de temps où elle va pouvoir relâcher toute ses sécrétions.
Une fois retirée, on peut utiliser assez rapidement de l’huile essentielle
de tea tree ou de Ravintsara localement. Et puis il faut traiter au moins
avec 3 semaines d’antibiotiques de l’Amoxicilline ou de Doxycycline si on
est allergique. C’est indispensable.

Alessandra : Pourquoi en France les analyses faites après


une piqûre de tique avec rougeur ne donnent pas les mêmes
résultats qu’en Allemagne, Suisse ou Belgique ?

Franck Gigon : Pour des raisons qui nous échappent encore, le test ELISA
qui est demandé en première intention n’est pas calibré correctement
pour détecter efficacement les différentes borrélioses. Ce test ne détecte
que 3 espèces de borrélies sur une vingtaine, voilà le problème. Donc si
vous avez un gros doute, demandez à votre docteur en plus le Western
blot qui est plus fiable. Il sera remboursé si l’ELISA est positif, sinon il
coûte un peu moins de 50 € si vous voulez vraiment aller plus loin. Si
le test western blot est positif et que vous avez un questionnaire qui va
dans ce sens également, là ça vaut le coup de consulter un des prati-
ciens du réseau FFMVT (Fédération Française Des Maladies Vectorielles
à Tiques) dont vous pouvez trouver le site très facilement sur Internet et
vous pourrez faire le point avec ce spécialiste qui va pouvoir vous faire
une petite liste sur une prise en charge spécifique.
PROBLÈME 5 :
LES INTOLÉRANCES
ALIMENTAIRES
AVEC DR FRANCK GIGON
OCTOBRE 2017
Alessandra : Comment sait-on que l’on a une intolérance
alimentaire ? Quels sont les symptômes ?

Franck Gigon : Il y a des petits signes, des petits symptômes qui peuvent
être évocateurs, qui peuvent nous faire penser que l’on est atteint d’une
intolérance alimentaire. Il y a les signes digestifs et il y a, et c’est plus
subtil, des signes extradigestifs.

Pour les signes digestifs, on a par exemple les personnes qui ont régulière-
ment des ballonnements après les repas, les gens qui disent : « mon ventre
double de volume », les personnes qui ont régulièrement des douleurs à
l’estomac, qui ont des désagréments intestinaux de façon régulière avec
une alternance de selles plutôt molles voire diarrhée, et constipation.

Dans les signes extradigestifs, c’est-à-dire en dehors du système digestif,


on retrouve des personnes qui auraient des maux de tête fréquents, des
céphalées. Des migraines : c’est très intéressant de faire le rapproche-
ment entre des personnes qui ont des migraines et une possibilité d’into-
lérance alimentaire.

Des personnes qui ont des démangeaisons cutanées régulières ou un ter-


rain eczémateux.

Des personnes qui seraient sujettes à une fatigue chronique, c’est très
intéressant. Quand on a une fatigue chronique, on a beaucoup de choses
à rechercher, certes, mais on se doit à un moment donné de la recherche
de savoir si on n’est pas en proie à une intolérance alimentaire.

119
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Les maladies à répétition comme rhume, angine, rhinite, sinusite, etc. En-
rouement, obstruction par mucosité, des femmes qui auraient des pertes
aussi à répétition. Donc un excès de mucosités en quelque sorte aussi.

Des personnes, au contraire, qui auraient des sécheresses des yeux, des per-
sonnes qui auraient tendance à vomir ou à mal digérer les aliments. Des per-
sonnes qui auraient aussi une humeur fluctuante ou alors, un petit peu triste
avec une déprime à la clé. Donc vous voyez, c’est un peu généraliste tout ça,
mais on se doit de rechercher une intolérance alimentaire quand on a ces
signes qui reviennent un petit peu trop souvent. Ça ne veut pas dire que c’est
une intolérance alimentaire, mais ça vaut le coup de chercher si c’en est une.

Alessandra : Les tests sanguins d’intolérance alimentaire


sont-ils fiables ? Et donc, comment sait-on que l’on a une
intolérance alimentaire ?

Franck Gigon : On peut aller voir un thérapeute, ou un médecin qui a été


formé à la micro-nutrition. Je rappelle ce qu’est la micro-nutrition.

La micro-nutrition, c’est une nutrition qui étudie les rapports entre l’alimen-
tation et la santé, sachant que la nutrition conventionnelle est plutôt une
discipline qui s’occupe de traiter par l’alimentation les personnes qui sont
déjà malades, donc qui ont un terrain particulier. Par exemple, la nutrition du
diabétique, la nutrition de la personne insuffisante pancréatique, etc.

La micro-nutrition, c’est la nutrition conventionnelle plus l’étude des mi-


cronutriments et leurs impacts sur la santé, comme les antioxydants, les
phytonutriments, c’est-à-dire les substances végétales que l’on trouve
dans les aliments et qui ont des effets sur la santé. Ça peut être aussi
l’impact du magnésium, des antioxydants ou des probiotiques, les petites
bêtes qui nous font du bien. Ça, c’est la micro-nutrition.

Il y a des micro-nutritionnistes qui ont été formés à ces rapports entre


l’alimentation et la santé et ils sont orientés dans leurs pratiques pour
dépister, faire des tests par prescription. Malheureusement ces pres-

120
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

criptions ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. Ces tests s’ap-
pellent « tests d’intolérance alimentaire ». On peut les faire à jeun ou non,
ce n’est pas très grave. On teste dans ces prises de sang plusieurs ali-
ments. Ça peut aller de quelques dizaines à plusieurs centaines. Il vaut
mieux avoir plusieurs centaines, comme ça on est exhaustif, et on teste
la capacité du corps à avoir fabriqué les anticorps contre ces aliments.

L’idée, c’est que normalement, on n’a pas à fabriquer les anticorps contre
les aliments : les aliments ne sont pas nos ennemis. Il se trouve que dans
certaines situations, quand l’estomac, plus exactement les intestins,
deviennent un peu plus perméables qu’ils ne le sont (parce qu’il faut
qu’ils soient quand même perméables pour absorber les aliments), il y a
une « excitation » du système immunitaire, qui est placé dans les sous-
couches de la muqueuse, et il y a une hyperproduction d’anticorps. Ça
peut être des aliments, des déchets bactériens, etc.

Le test aux IGG, aux immunoglobulines G, qui fait partie du bilan des in-
tolérances alimentaires, permet de savoir si on a fabriqué des anticorps
contre des aliments. Et dans la théorie des intolérances alimentaires qui
n’est pas encore tout à fait - ça commence à venir - acceptée par le sys-
tème médical conventionnel, quand un aliment est repéré avec des an-
ticorps dans ce test avec des taux relativement importants, on fait une
liaison entre ce taux important d’anticorps, c’est-à-dire la présence de
cet aliment qui revient fréquemment dans l’alimentation en quantité et
en fréquence, et l’émergence, l’apparition, l’installation de symptômes
qui peuvent être à la fois digestifs et extradigestifs.

Alessandra : Les intolérances alimentaires peuvent-elles être


responsables d’allergie ?

Franck Gigon : Il faut considérer une intolérance alimentaire comme une forme
d’allergie retardée. Et donc, à ce titre, une intolérance est assimilée à une aller-
gie. Ça veut dire quoi allergie retardée ? C’est-à-dire qu’entre le temps où l’on
prend l’aliment et le temps où se déclenchent les symptômes, il s’écoule au
moins une dizaine d’heures, voire un à deux jours, voire une semaine.

121
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

C’est d’ailleurs pour cela que les médecins conventionnels ont du mal
à accepter le fait que les intolérances alimentaires puissent vraiment
exister puisqu’entre le moment où l’on prend l’aliment et le moment où
apparaissent les symptômes, il y a un délai qui ne permet pas de faire
l’imputabilité entre l’aliment qui serait le déclencheur et l’apparition des
symptômes. En tout état de cause, les micro-nutritionnistes et ceux qui
adhèrent à cette idée d’intolérance alimentaire ont constaté que, quand
on ne donnait plus l’aliment pendant un certain moment - on appelle ça
une rotation alimentaire, c’est en général au moins pendant deux, trois
mois, six mois, un an - et que les symptômes soit diminuaient soit s’amen-
daient soit s’arrêtaient, il y avait une relation de cause à effet. Et d’ailleurs,
la meilleure preuve en est que les personnes qui ont vu leurs symptômes
diminuer ou disparaître après avoir évité un aliment pendant un certain
temps, ont constaté que quand ils le réintroduisaient, il y avait une réap-
parition des symptômes. Ce qui a permis d’ailleurs de comprendre qu’il y
avait une relation de cause à effet et que ces allergies retardées appelées
intolérances étaient effectives.

Alessandra : Les tests sanguins d’intolérance alimentaire


sont-ils fiables ?

Franck Gigon : J’en ai pratiqué beaucoup pendant quelques années et il y


en a qui sont meilleurs que d’autres, qui sont plus exhaustifs que d’autres
puisqu’on a plus d’IGG à demander dans certains. Évidemment, il y a un
surcoût. Je rappelle que ces tests ne sont pas remboursés par la Sécuri-
té sociale, qu’ils ne sont pas nécessairement validés par l’Académie des
Sciences de médecine, mais qu’il y a des laboratoires qui, moyennant un
dépassement, peuvent pratiquer un prélèvement pour détecter une into-
lérance alimentaire. A Paris, il y a trois ou quatre laboratoires maintenant.
Dans les grandes villes de province, il y a au moins un laboratoire qui
s’est spécialisé dans les intolérances alimentaires. En général, c’est un
laboratoire conventionnel qui a décidé d’apporter à ses patients une offre
supplémentaire concernant les intolérances alimentaires.

Les tests d’intolérance sont-ils fiables ? Ce que je peux dire par mon ex-
périence, c’est que je fais de moins en moins de tests d’intolérance ali-

122
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

mentaire. Je le demande quand on tourne vraiment autour du pot, qu’on


ne sait pas où aller avec le patient. Dans ce cas-là, je préconise d’en faire
puisqu’il faut qu’on aille à l’essentiel, il faut qu’on arrive à déterminer si
un aliment est responsable, s’il provoque une stimulation de son système
immunitaire. Ce qu’on peut faire pour les personnes qui n’ont pas beau-
coup de moyens, ou dans un premier temps en tout cas, avant un bilan
d’intolérance alimentaire sanguin, c’est de regarder des questionnaires.

Il y a des questionnaires, que l’on peut trouver sur internet, avec des co-
tations qui nous permettent de savoir si on a une forte probabilité d’être
dans le créneau d’intolérance alimentaire ou non. Il y a quelques labo-
ratoires de micro-nutrition qui proposent ces tests de façon spontanée.
On peut en trouver dans certaines salles d’attente de médecins. Le mé-
decin lui-même ou le thérapeute peut proposer dans un premier temps
un bilan des intolérances alimentaires. C’est un bilan par un test avec des
réponses à des questions.

Et puis, si on veut aller plus loin, qu’on a éliminé les intolérances qui re-
viennent le plus souvent (produits laitiers, céréales à gluten, œufs, cho-
colat), ce que je propose chez des personnes qui sont susceptibles d’avoir
des intolérances alimentaires et qui n’ont pas forcément des revenus suffi-
sants, c’est de faire ce qu’on appelle une éviction alimentaire pendant trois
mois avec premièrement les produits laitiers, parce que c’est plus facile.

Aucun produit laitier pendant trois mois et on regarde ce qui se passe.


La personne revient dans trois mois et dit : « Effectivement j’ai des symp-
tômes de maux de tête qui se sont atténués ou qui ont complètement dis-
paru. Effectivement, j’avais des douleurs articulaires et j’ai moins mal ou
ça a disparu. » Par expérience, il y a entre 60 et 80 % de retours positifs.

Ou alors, pas de réponse, et on passe à ce moment-là à la deuxième pro-


position. On a évité les produits laitiers pendant trois mois, on va essayer
d’éviter la deuxième catégorie la plus fréquente de source d’intolérance
alimentaire que sont les céréales contenant du gluten. Pour retenir les-
quelles contiennent du gluten, il y a un moyen mnémotechnique : retenez
SABOT, pour seigle, avoine, blé, orge, triticale, mais cette dernière est

123
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

une céréale qui n’a plus d’usage chez l’humain. On l’utilise plutôt dans
le monde de l’élevage ovin et bovin. Et si on n’a de réponse ni sur les
produits laitiers ni sur les céréales à gluten, à ce moment-là, il est certai-
nement judicieux de proposer un bilan des intolérances alimentaires aux
IGG par voie sanguine.

Alessandra : « Dès que j’ai fini de manger un repas, mon ventre


gonfle systématiquement au bout de cinq minutes avec
des douleurs et des gaz, est-ce normal qu’il gonfle aussi vite
et surtout avec autant de flatulences ? Comment guérir
de l’intolérance aux FODMAPS ? »

Franck Gigon : On va voir ce qui se cache derrière cet acronyme. Déjà,


répondons à la première question.

Ce n’est pas forcément anormal, mais en tout cas, il y a une exagération


d’une flore qui produit des gaz dans le tube digestif et qui produit cet
état de distension au niveau des anses intestinales qui sont remplies de
gaz. Donc on peut dire qu’il existe vraisemblablement un déséquilibre de
la flore intestinale. On appelle cela en médecine une dysbiose (bio : les
petites bêtes, dys : déséquilibre). Cette dysbiose peut survenir quand on
mange une certaine catégorie d’aliments et que ces aliments vont avoir
tendance à nourrir une catégorie particulière de bactéries dans notre in-
testin qui fabrique des gaz. À ce moment-là, ces gaz vont distendre les
anses intestinales et donner les symptômes de gonflement, de ballonne-
ment, de desserrement de la ceinture, etc., qu’un certain nombre d’entre
nous ont déjà pu connaître.

Concernant les FODMAPS. C’est un acronyme qui est dérivé de noms


d’une série d’aliments dont les effets naturels physiologiques ont été
prouvés chez des patients qui avaient ce que l’on appelle une intolérance
au niveau du côlon. On appelle ça le syndrome du côlon irritable (IBS en
anglais). FODMAPS signifie Fermentable Oligo -, Di-, Mono-saccharide and
Polyols. Ce sont des sucres qui se retrouvent dans le côlon, qui sont fer-
mentés et qui fabriquent les gaz.

124
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

Des chercheurs avaient montré dans les années 2010 que certains ali-
ments provoquaient les signes de la fameuse colopathie fonctionnelle, qui
regroupe les troubles digestifs divers, bénins, mais qui peuvent être han-
dicapants comme le ballonnement, les gaz, sensation de pesanteur, des
troubles du transit, etc. On trouve les FODMAPS dans certains aliments
comme le blé, certains fruits, les légumes, certains produits à base de lait.
En Europe occidentale, les fameux oligosaccharides tels que les fructanes,
les monosaccharides (ce sont des sucres) et le fructose sont des FODMAPS
qui sont le plus couramment utilisés dans l’alimentation. Mais le blé est le
principal contributeur de fructane en Europe et notamment en Angleterre.

Il y a des spécialistes en micro-nutrition qui ont inventé un régime pauvre


en FODMAPS. Ce n’est pas compliqué, mais il faut d’abord faire une inves-
tigation sur les symptômes potentiels. On les identifie, ensuite il y a trois
phases : une phase une où on élimine les FODMAPS pendant huit semaines.
Ensuite, il y a une phase de réintroduction : le diététicien ou nutritionniste
étudie les symptômes et le journal alimentaire de la période afin d’identifier
les déclencheurs. Et puis, ensuite, on conseille de réintroduire ces FODMAPS
progressivement. Et la phase trois est une phase d’autogestion à long terme
des symptômes que l’on demande aux patients de faire. Et le patient conti-
nue donc à inclure les FODMAPS petit à petit jusqu’à leur seuil de tolérance.

Alors, est-ce que cette histoire de FODMAPS est intéressante ? Oui. Est-ce
qu’il faut exclure totalement de l’alimentation ces FODMAPS parce qu’ils
génèrent des problèmes ? Là, je ne suis pas forcément d’accord et je ne
suis pas le seul. Pourquoi ? Parce que bien que ce régime soit maintenant
relativement documenté, ces glucides, ces sucres qui sont fermentescibles
sur la santé, ont des effets quand même intéressants au niveau biologique.
Les glucides fermentescibles, les FODMAPS, améliorent entre autres le vo-
lume des selles, améliorent l’absorption de calcium, modulent les fonctions
immunitaires, favorisent la croissance et le fonctionnement de certains
groupes microbiens comme certaines bifidobactéries...

Je pars du principe, et je ne suis pas le seul à penser ça, que les FODMAPS
peuvent être utiles. Donc essayer de diminuer l’apport de ces sucres fer-

125
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

mentescibles dans un premier temps, quand il y a une grosse intolérance


avec des signes de ballonnements importants, d’accord. Mais les suppri-
mer à vie, il n’en est probablement pas question puisqu’ils apportent pour
la santé des choses très intéressantes. Donc ce qu’il faut retenir, c’est que
la flore intestinale qui fabrique ces gaz est à la hausse et il faut probable-
ment jouer aussi sur cette flore intestinale plutôt que de jouer unique-
ment sur les aliments, donc sur les glucides fermentescibles.

L’idée, quand on a un ventre qui gonfle systématiquement, avec des


douleurs, des gaz, c’est effectivement de diminuer un peu cet apport de
sucre fermentescible, mais aussi probablement de faire une cure de ce
qu’on appelle les probiotiques, ces fameuses petites bêtes qui sont in-
téressantes pour réguler l’équilibre de la flore intestinale par un effet de
passage. Les probiotiques ne remplacent en aucun cas la flore dominante
que l’on a fabriquée au cours des trois premières années de sa vie. C’est
comme une véritable carte d’identité, on la garde pendant toute sa vie.

Après, cette flore intestinale est malmenée par le mode de vie, par l’alcool,
par des médicaments, etc., mais globalement, on garde la même flore in-
testinale dominante et ces probiotiques, par leur effet de passage de tran-
sit, à condition qu’ils soient donnés deux à trois mois, vont pouvoir rétablir
une flore intestinale « équilibrée », « normale ». Et à ce moment-là, on a
une forte probabilité aussi que ces effets d’intolérance, de flatulence, de
ballonnement, etc. disparaissent. Donc diminuer les FODMAPS, c’est in-
téressant au départ pour diminuer des symptômes importants, mais en
aucun cas il ne faut retirer les sucres fermentescibles de la santé, il faut
les réintroduire à un moment donné et plutôt rapidement puisqu’ils sont
quand même très importants pour l’équilibre de notre biologie.

Alessandra : Les brûlures d’estomac sont-elles toujours dues à


un excès d’acide chlorhydrique ?

Franck Gigon : C’est une question qu’on ne se pose pas assez souvent.
Car on a tendance évidemment à penser naturellement que c’est un ex-
cès d’acidité qui provoque toujours les brûlures d’estomac.

126
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

Rappelons ce qu’est l’estomac. L’estomac vient à la suite de l’œsophage qui


est une grande cheminée. Ce tuyau va s’aboucher sur une poche que l’on
appelle l’estomac. Donc, à l’entrée de l’estomac, il y a un sphincter qu’on
appelle cardia et à la fin de la poche de l’estomac, il y a un autre sphincter
qui s’appelle le pylore et qui donne suite au duodénum. Retenons que l’es-
tomac est une partie de l’organisme où le pH est très bas, ce qui signifie en
termes simples que l’acidité est importante. Pour ceux qui connaissent les
notions de pH, il est proche de 1 ou 2, donc c’est très acide.

Les cellules qui produisent l’acidité sont des cellules qui produisent ce que
l’on appelle des protons H+. En biochimie, on sait que des protons H+, plus
il y en a, plus le milieu est acide. L’estomac est le milieu le plus acide de
l’organisme et il y a une bonne raison à cela : c’est à ce moment que les pro-
téines sont le plus digérées, attaquées. Rappelons ce qu’est une protéine.

Une protéine est un assemblage d’acides aminés, un assemblage à la


chaîne de petits éléments qui se retrouvent pelotés, et la protéine adopte
ce qu’on appelle une conformation spatiale qui lui donne des spécificités
de fonction, etc. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais tout ça pour
vous dire que quand une protéine arrive dans la poche gastrique, dans la
poche de l’estomac, un milieu très acide, l’acidité va commencer à couper
la protéine en gros et petits morceaux, donc la digestion protéique com-
mence vraiment au niveau de l’estomac. C’est aussi à ce niveau-là qu’il y
a l’absorption de certaines vitamines et que commence la préparation de
la digestion des sucres et des graisses.

Donc l’estomac est une poche très acide et cette fonction est très impor-
tante. Il se trouve qu’en vieillissant, on a la tendance fâcheuse à beaucoup
moins produire d’acidité. Les cellules qui produisent les protons, le H+,
vieillissent et c’est comme tous les organes, on est moins performant de
ce point de vue-là.

Pour revenir à la question : « Les brûlures d’estomac sont-elles toujours


dues à un excès d’acide chlorhydrique ? », c’est étonnant, mais on a 80-
90 % des cas à peu près estimés où on est plutôt en hypochlorhydrie,

127
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

c’est-à-dire qu’on va moins produire d’acide chlorhydrique. L’acide chlo-


rhydrique étant HCl, Cl c’est le chlore et H c’est le H+, le proton qui provoque
cette acidité. C’est d’ailleurs pour cela que la médecine conventionnelle a
inventé deux sortes de traitements pour lutter contre ce que l’on pense
être la cause de nos douleurs et de nos lésions qui serait à chaque fois une
hyperacidité. Je dis « qui serait » puisque ce n’est pas toujours cela.

On a inventé les pansements gastriques, souvent à base d’aluminium :


Maalox, PHOSPHALUGEL (phosphore), GELOX, il y en a une tripoté à base
d’aluminium. L’idée, c’est de tamponner cette acidité avec un pansement
mécanique et chimique. Et puis, la deuxième classe thérapeutique qui a
été inventée et qui est d’ailleurs utilisée tout le temps et un peu n’importe
comment, il faut bien le dire, ce sont les IPP, les inhibiteurs de pompe à
protons. Le principe est le suivant : si on inhibe les pompes à protons,
ces derniers n’étant ni plus ni moins que ces cellules qui produisent des
ions H+ pour fabriquer de l’acidité, l’idée première qui paraissait logique
c’était : si on diminue l’acidité en diminuant la production de H+ au ni-
veau de ces cellules, mécaniquement, on aura moins d’acidité, donc
moins de douleurs et plus de facilité de cicatrisation. Et on a remporté
des beaux succès d’estime avec la cicatrisation des ulcères qui étaient
effectivement souvent liés à un excès d’acidité, mais surtout à une déré-
gulation du milieu bactérien local et une prolifération d’une bactérie qui
s’appelle l’Helicobacter pylori et qui a été retrouvée dans bon nombre de
cas comme initiatrice des lésions au niveau de la muqueuse de l’estomac.

Donc si on reprend notre raisonnement, la médecine conventionnelle


s’attache à essayer de systématiquement diminuer une acidité dans l’es-
tomac, qui diminue physiologiquement de facto au fil du temps. Est-ce
vraiment une bonne chose ? On peut se poser la question. Surtout qu’on
est plus, comme je le disais précédemment, dans des situations d’hy-
pochlorhydrie, c’est-à-dire qu’on a tendance à moins fabriquer d’ions H+,
donc d’acidité dans le temps. Alors en quoi un manque d’acidité pour-
rait provoquer des douleurs et puis, finalement aussi, des reflux acides ?
C’est un peu paradoxal. Quand on a un manque d’acidité, on va favori-
ser une certaine flore qui va trop se développer au niveau de l’estomac.
Et cette flore va fabriquer des gaz. Ces gaz vont distendre l’estomac et

128
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

quand la pression de distension de ces gaz sur la paroi de l’estomac est


suffisamment importante, ces pressions vont en quelque sorte libérer le
sphincter supérieur qui s’appelle le cardia et ça va donner une béance
cardiale. C’est-à-dire une capacité pour le liquide gastrique qui est acide
de remonter dans le tuyau de l’œsophage qui n’est absolument pas fait
pour résister à ces fortes acidités. Je rappelle qu’il n’y a que l’estomac
qui est fait pour cela. L’œsophage qui est au-dessus n’est pas fait du tout
pour recevoir de l’acidité et le duodénum, la suite du tuyau, non plus.
Donc quand vous avez un peu de liquide gastrique qui remonte, ne se-
rait-ce qu’un petit peu, qui dépasse le sphincter supérieur de l’estomac,
on a ces phénomènes de douleurs.

Déjà par l’effet de distension gastrique, et puis ces petits reflux qui peuvent
remonter plus ou moins haut puisque ça peut être le départ de l’œsophage
et puis ça peut être ce qu’on appelle une douleur rétrosternale traçante.
C’est-à-dire que ça passe derrière le sternum et ça remonte parfois jusqu’à
la bouche, surtout quand on est en position d’équilibre, en position pen-
chée. On comprend que si, déjà, on a une hyperpression abdominale,
c’est-à-dire qu’on a une ceinture un peu serrée, ça pousse sur le portillon
par-dessous, ça remonte encore plus au niveau du sphincter supérieur de
l’estomac. Donc premier mécanisme : hyper prolifération de ces bactéries
qui font des gaz, et puis on sait aussi que physiologiquement, ce qui per-
met de chasser ce qui a été digéré dans l’estomac et de passer dans le
duodénum et d’ouvrir le piler, le sphincter inférieur, c’est quand l’acidité est
à un certain niveau et a bien travaillé. Quand on est en hypochlorhydrie,
c’est-à-dire avec moins d’acidité dans l’estomac, le sphincter inférieur n’a
pas tendance à s’ouvrir mais ça a tendance à ouvrir le sphincter supérieur.
Et donc on a deux raisons : la prolifération bactérienne qui produit des gaz
avec une hyperpression, plus ce défaut, cette incapacité, ce ralentissement
à dégager l’acidité du repas premièrement digéré, du bol alimentaire digé-
ré dans l’estomac qui n’est pas évacué, mais qui va avoir tendance à faire
une pression pour encore ouvrir le sphincter supérieur. Donc on est encore
sujet aux douleurs et aux reflux acides.

Et c’est là qu’il faut se poser la question : pourquoi a-t-on autant de suc-


cès dans la prescription des IPP, les inhibiteurs de pompe à protons, qui

129
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

sont prescrits maintenant partout, non seulement dans l’ulcère, mais dès
qu’on a une petite brûlure ou douleur à l’estomac, dès qu’on a un petit
reflux. Ce sont des indications qui sont outrepassées parce que normale-
ment, c’est réservé au traitement de l’ulcère qui a été objectivé par une
fibroscopie et parfois par prélèvement bactériologique local, d’ailleurs,
c’est ce qu’on appelle une biopsie. Donc on peut se poser la question de
l’intérêt d’utiliser ces produits, qui en plus coûtent cher. Le pansement
gastrique en lui-même, c’est aussi déjà une première question, mais on
se pose une véritable question en se demandant : quelle est l’utilité de
continuer à utiliser autant d’IPP ? Il faut qu’on travaille là-dessus, nous
les médecins, puisque les études montrent en plus que les IPP sur le long
court ont une incidence d’effets indésirables qui commencent à peser
dans la balance. Ces médicaments ne sont pas anodins et puis, si on se
penche juste sur l’action de ces antiacides, peut-être qu’on est carrément
contreproductif à certains moments de notre physiologie puisque si on
est déjà en manque, dans notre production d’acidité, et qu’on rajoute
quelque chose qui bloque la production d’acidité, ces fameuses protéines
qui doivent être bien digérées au niveau de l’estomac ne le sont vraiment
plus. Et que se passe-t-il quand des protéines mal digérées continuent
leur périple au niveau du tube digestif ? Elles vont alimenter une flore au
niveau du côlon qu’on appelle flore de putréfaction. Et là, ce sont des ef-
fets secondaires d’inflammation locale, de ballonnement, et on a poten-
tiellement un phénomène d’hyperperméabilité intestinale qui va se faire
en contrebas et qui n’est pas franchement désiré.

Donc la question est intéressante : les brûlures d’estomac sont-elles tou-


jours dues à des excès d’acide chlorhydrique ? Non, probablement pas.
C’est peut-être même l’inverse.

Que faire pour lutter contre ces acidités ? Manger par petites portions,
éviter de manger et d’aller se coucher rapidement. Il faudrait manger
normalement trois à quatre heures avant le coucher. Il faut qu’il y ait
une vidange gastrique qui se soit opérée. Essayez d’éviter les alimen-
tations trop riches en graisse, on s’est aperçu que ça favorisait l’acidité.
Prenez plutôt des viandes maigres pour ceux qui continuent à manger
de la viande et puis évitez les tomates parce qu’elles sont quand même

130
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

acidifiantes au niveau de l’estomac. Évitez bien évidemment les boissons


gazeuses qui ont cette propriété de distension de la poche à air gastrique, et
donc qui vont pousser sur le sphincter supérieur de l’estomac et favoriser les
reflux. L’alcool est agressif pour la muqueuse, donc à éviter. Le thé, le café, le
chocolat, ce n’est pas très connu, mais ils contiennent ce que l’on appelle en
biochimie des bases xanthiques qui ont tendance à diminuer la pression du
sphincter supérieur de l’estomac, donc à favoriser un éventuel reflux. Si vous
avez de l’embonpoint, perdez un peu de poids, car plus vous en avez, plus la
pression sur l’estomac est forte. Évidemment, si vous fumez, diminuez ou
arrêtez de fumer. Et puis, on s’est rendu compte qu’il ne faut pas faire de
l’exercice tout de suite après avoir mangé, car cela a tendance à faire refluer
quelque chose qui n’a pas encore été chassé de l’estomac.

Dernier conseil que je donnerais pour les brûlures d’estomac : ce sont


des personnes qui sont stressées qui ont des brûlures d’estomac et à
ce titre-là, il y a quelques exercices, pour déstresser, de relaxation qui
permettent de mieux digérer et de favoriser la vidange gastrique. Des
exercices de respiration qu’on peut trouver facilement sur internet, de
la méditation, de l’autohypnose, beaucoup de choses, beaucoup de tech-
niques, de méthodes dites corps-esprit qui permettent de se calmer. Vous
savez, on a un câble qui relie le cerveau à nos intestins. On a le nerf vague
qui va avoir un effet de modulation sur la vitesse de vidange de certaines
poches intestinales, donc les émotions sont captées par nos intestins et
inversement, les choses qui se passent dans nos intestins sont envoyées
en rétroaction dans le cerveau. Préservons notre équilibre mental pour la
santé de notre estomac aussi.

Alessandra : Existe-t-il un spécialiste des intolérances ?

Franck Gigon : Oui. Un spécialiste des intolérances est thérapeute ou méde-


cin en micro-nutrition. Micro-nutrition est un diplôme universitaire ou même
interuniversitaire que l’on peut passer dans différentes facultés françaises. Et
comme je l’ai rappelé précédemment, la micro-nutrition est une discipline qui
permet d’étudier les rapports entre l’alimentation, ses ingrédients et la san-
té. Les micro-nutritionnistes ont souvent la possibilité d’évaluer à travers un
questionnaire ciblé alimentaire et des habitudes et des modes de vie, voire

131
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

ajouter à cela une prescription qui s’appelle le bilan des intolérances alimen-
taires aux IGG (immunoglobulines G), à ne pas confondre avec les immunoglo-
bulines E que testent les allergologues. Et grâce à ces deux armes, le bilan qui
est un interrogatoire et un questionnaire ciblé et de bilan biologique, on peut
avoir une évaluation des intolérances alimentaires de tout un chacun.

Alessandra : Existe-t-il un rapport entre les hormones


(dérèglement hormonal) et les intolérances alimentaires ?

Certainement, puisque certaines études ont montré qu’il y avait un lien


entre l’intolérance la plus connue qui est l’intolérance au gluten et des
déséquilibres hormonaux chez certaines femmes.

Après, il y a différents niveaux d’intolérance au gluten.

Le plus haut est l’intolérance totale au gluten qui s’appelle la maladie


cœliaque.

Ensuite, il y a des intolérances intermédiaires qui ne sont pas encore to-


talement prises en considération par la médecine conventionnelle, mais
maintenant, des études sont faites pour dire qu’il n’y a pas que l’intolé-
rance au gluten, mais aussi les intolérances intermédiaires au gluten.

Mais en tout cas, quand on est intolérant au gluten, soit totalement soit
partiellement, on peut avoir un déséquilibre en étant une femme sur la
progestérone et les œstrogènes.

Et puis on a montré aussi que l’intolérance au gluten pouvait avoir un


impact sur l’équilibre hormonal au niveau des glandes qu’on appelle les
surrénales. Comme le nom l’indique, ce sont des petites glandes au-des-
sus des reins. Les surrénales interviennent pour produire notamment
cortisol (cortisone naturelle), l’adrénaline. Et toutes ces hormones sont
fabriquées à des moments particuliers de la journée où on est en état
de stress. Et les personnes qui sont très stressées vont avoir tendance à
tirer sur ces surrénales, à même épuiser leurs surrénales.

132
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

Et ensuite, ça va avoir une relation avec le tube digestif puisque ça peut


créer des états en quelque sorte de sidération immunitaire au niveau du
tube digestif, c’est-à-dire une baisse des capacités de l’équilibre immuni-
taire. Et on sait qu’à 70 % des cellules du système immunitaire, on appelle
ça des cellules immunocompétentes qui sont dans la sous-couche des in-
testins. Quand on fait nos études de médecine, on nous dit : 70 à 80 % des
cellules du système immunitaire sont circulantes dans le sang et sont dans
la moelle osseuse. Et il s’avère qu’il y a 70 à 80 % des cellules immunitaires
qui sont logées et circulantes au niveau du tube digestif, donc c’est pour
une bonne raison. C’est parce que c’est là qu’il y a la plus grande interaction
avec l’extérieur. Je rappelle que si on prend les intestins et qu’on les étale à
plat sur le sol, on peut recouvrir un à deux terrains de tennis.

Alessandra : Y a-t-il un rapport entre les intolérances


alimentaires et des parasites (bactéries, virus) ?
Si oui, quelle analyse peut-on faire ?

Franck Gigon : Le rapport premier qu’on peut mettre en avant, c’est que
quand on a un déséquilibre de la flore intestinale (dysbiose), il peut y
avoir des phénomènes d’hyperperméabilités intestinales, c’est-à-dire
que le tube digestif devient un peu plus poreux. Il peut y avoir aussi des
phénomènes d’inflammation locale qui prévalent. Et à ce moment-là, on a
un tube digestif plus inflammatoire, plus poreux, et ça favorise la fabrica-
tion des auto-anticorps. Les auto-anticorps, c’est notre système immu-
nitaire qui fabrique les anticorps, par une surexcitation, par des aliments
qui reviendraient en fréquence, en quantité. C’est la théorie qui était mise
en place pour comprendre ces phénomènes d’intolérance alimentaire.

Donc quand on a un déséquilibre de la flore intestinale, on peut avoir une


inflammation et une hyperporosité intestinale qui provoque les intolérances
alimentaires. Et inversement, quand on a des intolérances alimentaires qui
sont installées, on a de fait un tube digestif un petit peu inflammatoire, un
petit peu déséquilibré et ça va en cercle vicieux en quelque sorte favoriser
le déséquilibre de la flore locale de notre écosystème ambiant qu’on appelle
maintenant la microflore intestinale. Et donc il y a bien un rapport entre les

133
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

deux. Et ça marche dans les deux sens. C’est pour ça qu’il faut préserver notre
flore intestinale, parce qu’elle dialogue avec notre système immunitaire, et
quand notre système immunitaire est bien équilibré, on a moins de cas aller-
giques, on fait moins d’intolérance alimentaire, on sera probablement aussi
moins pathologie auto-immune, on sera plus protégé de ce point de vue-là.

Alessandra : La lactase diminue beaucoup, je crois,


dès que la nourriture se diversifie. Si l’on continue à manger
de nombreux laitages, ne serait-ce pas un moyen de prolonger
sa présence et peut-être de mieux supporter
le lactose, souvent source d’ennui ?

Franck Gigon : En fait, chez tous les mammifères, nous sommes faits pour
recevoir jusqu’à deux, trois ans le lait de notre maman qui est un liquide de
croissance et qui comporte entre autres comme ingrédient, mais comme
sucre principal un ose qu’on appelle le lactose, c’est-à-dire le sucre du
lait. Il se trouve que pour digérer le lactose, notre organisme en tant que
mammifère nous a dotés d’une enzyme qui s’appelle la lactase pour di-
gérer le lactose. Cette lactase est opérationnelle génétiquement parlant
jusqu’à deux, trois ans. Ensuite, elle n’est plus du tout opérationnelle ou
beaucoup moins. Et ça, c’est vrai pour tous les mammifères.

Il se trouve que les Caucasiens blancs ont développé depuis le néolithique,


c’est-à-dire il y a 9 000 jusqu’à 10-11 000 ans une capacité à continuer à
ce que cette lactase soit opérationnelle après trois ans. Et donc, il y a
70 % du blanc caucasien qui est capable de continuer à digérer à l’aide
d’un liquide de croissance qu’on appelle le lait.

En théorie, à partir de deux, trois ans, on ne devrait plus utiliser du lait en


consommation régulière. Il se trouve qu’on a inventé les produits laitiers :
les produits laitiers fermentés notamment. Produits laitiers fermentés,
c’est-à-dire qu’ils contiennent les ferments lactiques qui digèrent le lac-
tose. Et donc on a développé nous les blancs caucasiens, une enzyme : la
lactase, qui est opérationnelle pendant un petit peu plus longtemps pour
70-80 % d’entre nous.

134
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

Il se trouve que pour des populations asiatiques ou plutôt noires, eux,


c’est plutôt l’inverse, ils sont physiologiquement dans une sélection na-
turelle qui a fait que la lactase s’arrêtait vraiment d’être opérationnelle
à deux, trois ans. Et donc c’est bien connu, quand un asiatique mange
des produits laitiers et notamment du lait entier, ou en boire, il va beau-
coup moins bien le tolérer. Donc la lactase, à partir de trois ans, elle est
moins opérationnelle, il faut bien garder ça à l’esprit. Et plus on grandit,
moins normalement on est capable de digérer des produits laitiers sauf
les produits fermentés qui ont cette capacité à avoir prédigéré la lactase,
à savoir les fromages et les yaourts.

La question c’est : si l’on continue à manger de nombreux laitages, ne


serait-ce pas un moyen de prolonger sa présence et donc, peut-être,
de mieux supporter le lactose ? Il faudra en manger pendant quelques
dizaines de milliers d’années puisque cette modification de cette résis-
tance à la lactase, pour qu’elle soit opérationnelle dans le temps, ça s’est
opéré sur quelques milliers d’années.

Donc pour ceux qui continuent à bien digérer le lait et les produis laitiers,
vous pouvez continuer d’en manger. Le lait en lui-même et ses produits
dérivés ne comportent pas plus d’éléments fondamentaux qu’on puisse
trouver ailleurs, donc si vous aimez le lait, si vous le digérez bien, continuez
à quantité raisonnable puisqu’on a montré dans les études que quand on
commençait à manger trop de produits laitiers, et vous savez que les pro-
duits laitiers, ils sont souvent industriels, transformés, trop sucrés, portés
à haute température, et contiennent des pesticides et des antibiotiques.

Pour toutes ces raisons-là et surtout pour le fait que des études de Har-
vard ont montré que les gros mangeurs de produits laitiers avaient déve-
loppés plus de pathologies de civilisation et notamment certains cancers,
et aussi des facteurs de cataractes, soyez raisonnables. Donc il ne faut
être ni anti-produit laitier, ni pro-produit laitier puisque quand on com-
mence à en manger un petit peu trop, l’effet santé peut s’inverser chez
certaines personnes. Quant à la question du calcium, on doit la régler. Le
calcium est surtout biodisponible, c’est-à-dire bien assimilable à partir

135
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

de produits végétaux : les légumes racines (radis, etc.), qui contiennent


du calcium très biodisponible, et les légumes feuilles (salades, etc). En
résumé, il y a moins de calcium que dans les produits laitiers, mais il est
davantage bioassimilable.

Alessandra : En ce qui concerne l’allergie ou l’intolérance aux


produits laitiers, existe-t-il une différence de risque entre
les différentes formes : les natures plus pasteurisées UHT,
yaourt, fromage, et leurs variétés, crème, beurre, etc. Et selon
l’espèce : vache, brebis, chèvre. Existe-t-il une différence de
risque entre les différentes formes ?

Franck Gigon : De risque, peut-être, mais en tout cas, le lait nature n’est
pas constitué des mêmes ingrédients que le yaourt ou les fromages
puisque ces derniers contiennent des bactéries qui permettent lors de la
fermentation de faire disparaître la quasi-totalité du lactose. Ils sont plus
digestes pour les personnes qui seraient intolérantes au lactose. Or, il ne
faut pas confondre l’intolérance alimentaire et l’intolérance au lactose.
L’intolérance au lactose concerne un sucre qui est l’ose (ose veut dire
sucre), le sucre principal des produits laitiers. L’intolérance alimentaire
concerne essentiellement des protéines alimentaires qui peuvent d’ail-
leurs être contenues dans le lait. Dans le lait par exemple, on a des proté-
ines comme la caséine, de l’albumine, etc., pour lequel on peut être aussi
intolérant et pour lequel on peut fabriquer les anticorps anti-protéines.
Retenons qu’il y a l’intolérance au lactose, qui est une intolérance physio-
logique à partir de trois ans, sauf chez certaines personnes qui gardent la
capacité à digérer le lactose encore à l’état adulte, ce qui leur permet fi-
nalement de continuer de manger des produits laitiers plus ou moins bien
digérés au niveau du lactose. Maintenant qu’on a fait la différence entre
le lait nature cru, pasteurisé UHT, le yaourt et les fromages, revenons sur
un point qui concerne les laits industriels.

Il y a des différences qualitatives entre un lait qui proviendrait d’une


grande unité productiviste et un lait qui provient d’un agriculteur bio. Qui
dit agriculture productiviste dit élevage intensif. Qui dit élevage intensif,
alors pas en France, pas en Europe, mais dans d’autres pays, dit hormones

136
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

et on en importe ! En France et en Europe, les animaux qui produisent du


lait sont élevés avec des fourrages et des tourteaux de maïs, de soja qui
sont parfois du soja OGM. Et comme disait Jane Goodall : « nous mangeons
ce que les animaux ont mangé. » Donc nous intégrons des principes actifs
génétiquement modifiés quand nous prenons du lait de vache de l’indus-
trie agroalimentaire conventionnelle qui utilise en plus des produits pes-
ticides, qui sont des perturbateurs endocriniens. Au-delà de l’intolérance
alimentaire, il y a aussi une différence qualitative au niveau du lait que l’on
choisit. C’est toujours la source qui compte quand on fait ses courses : d’où
ça vient et comment ça a été traité éventuellement ? Est-ce qu’il y a des va-
riations qualitatives en fonction de l’espèce : vache, brebis, chèvre ? Brebis
et chèvre sont de petits animaux, donc il y a un faible facteur de croissance.
A l’inverse, la vache est un animal conséquent donc il y a un gros facteur
de croissance. Les brebis et les chèvres sont souvent élevées dans des pe-
tites unités. Il y a des unités productivistes, mais on va dire que ça n’est
pas légion. Privilégiez donc plutôt du lait de chèvre ou de brebis, de petits
animaux, que du lait de vache, sauf si c’est du lait de vache bio qui a été
élevée dans de meilleures conditions, avec une alimentation qualitative-
ment supérieure aux vaches qui auraient été élevées dans des conditions
malheureusement productivistes. Je dis malheureusement car le bien-être
animal n’est pas forcément au rendez-vous partout.

Alessandra : Question suivante : « Bonjour, je pratique un


régime alimentaire sans gluten, sans glucose, sans blanc
d’œuf depuis plusieurs années, car je souffrais de fortes
douleurs articulaires. Depuis, cela va beaucoup mieux,
si bien que j’ai voulu reprendre une alimentation normale.
Mais je ressens de nouveau une forte inflammation sur mes
articulations. Dois-je me dire que toute ma vie, il ne faudra
plus du tout manger de gluten, lactose et blanc d’œuf ou puis-
je de temps en temps faire un petit écart ? En ce qui concerne
la rechute, j’ai fait un gros écart avec du fromage de chèvre
tous les jours au petit-déjeuner. »

Franck Gigon : Ce que l’on dit en matière d’intolérance alimentaire, c’est


qu’il faut faire une éviction alimentaire suffisamment longue avec l’ali-

137
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

ment qui a été incriminé soit par questionnaire soit par le bilan des into-
lérances alimentaires aux IGG. Une fois qu’on a identifié cet aliment, on le
retire au moins trois mois. Pour certaines personnes, ça peut être six mois,
pour d’autres personnes, ça peut être un an pour avoir des résultats.

Si on a des retours positifs, c’est-à-dire une baisse des symptômes qui sont
vraiment significatifs, on attend que le bruit immunitaire diminue au niveau
intestinal et on demande aux personnes au bout de trois mois, six mois, un
an de réintroduire en petite quantité le produit incriminé. En l’occurrence,
c’était un produit laitier puisque c’était du fromage de chèvre.

Il ne faut pas le réintroduire en grosse quantité, mais en petite quantité. On


attend non pas quelques heures, mais quelques jours, voire une semaine
ou 10 jours. S’il n’y a pas de souci, pas de réapparition des symptômes, on
peut considérer qu’en mangeant ponctuellement des petites quantités
pour se faire plaisir et éviter la frustration, on ne va pas réamorcer la ré-
ponse immunitaire par auto-anticorps qui générait les symptômes.

C’est là qu’il faut faire la différence avec une allergie qui provoque, dès qu’on
réintroduit l’aliment incriminé dans les minutes ou les heures qui suivent,
voire dans les secondes, une réaction potentiellement dangereuse, aller-
gique, avec le fameux œdème de Quincke, mais aussi des réactions cutanées,
des rougeurs, le grattage qu’on appelle le prurit, etc. Il faut bien distinguer
l’allergie qui est une réponse plutôt immédiate et l’intolérance alimentaire qui
est une réponse retardée à des protéines qui sont dans des aliments comme
le lait, le gluten, le blanc d’œuf, etc. Donc réintroduisez en faible quantité les
aliments pour lesquels vous avez été intolérant, et ne les réintroduisez pas
tous en même temps. Et quand on en reprend, c’est en petite quantité et si
on le tolère. Après, ça ne veut pas dire qu’il faut se lâcher, ça veut dire qu’il
faut les reprendre partiellement, de temps en temps, pour se faire plaisir.

Alessandra : Pouvez-vous nous en dire plus sur les dangers


des céréales blanches raffinées ?

Franck Gigon : Les céréales raffinées sont des aliments dits à index gly-
cémique élevé et ce n’est ni plus ni moins ce que l’on sert à nos chères

138
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

têtes blondes, majoritairement aux petits déjeuners et au goûter, c’est-


à-dire les « choco trucs » et compagnie qui sont des céréales hautement
raffinées. Une céréale raffinée, en elle-même, possède un index glycé-
mique élevé et on rajoute des sucres raffinés qui ont un index glycémique
élevé, donc il y a un double effet sur la glycémie.

Et quand on mange régulièrement des aliments à index glycémique éle-


vé, on a le taux de sucre qui monte dans le sang, ça fatigue le pancréas, et
ce qu’on appelle une hyper-insulinémie chronique se constitue. D’où un
risque de diabète, en fatiguant le pancréas, qui peut survenir.

Il y a deux formes de diabète : le diabète de type un ou de type deux. Si


c’est de type un, on ne fabrique plus d’insuline et là il faut suppléer régu-
lièrement avec une insuline de synthèse, par piqûre ou par pompe.

Et puis, on peut avoir une intolérance à l’insuline qui s’installe : c’est-à-dire


qu’à force de stimuler notre pancréas qui fabrique notre insuline, on fabrique
une insuline qui n’est plus efficace. Et donc on a tendance à fabriquer beau-
coup d’insuline parce que le message insulinique ne se fait pas entendre au-
près de nos cellules et on va avoir une transformation du sucre excédentaire
en graisse. C’est ce qu’on appelle le diabète de type deux ou gras. On a une
intolérance à l’insuline chronique qui fait que le taux de sucre dans le sang
s’élève, ça s’appelle le diabète de façon chronique et on a tendance aussi à
stocker trop de gras qui vient du sucre excédentaire qui n’a pas été consom-
mé et qui est stocké sous forme de triglycéride, donc de graisse.

Donc qu’est-ce que je pense des céréales raffinées ? On n’est pas fait
pour manger ça, en tout cas régulièrement. Eventuellement de temps en
temps pour se faire plaisir, mais en aucun cas ça ne devrait être une base
alimentaire, surtout pour nos enfants.

Alessandra : Que pensez-vous du régime sans gluten lorsque


l’on n’est pas intolérant ?

Franck Gigon : Il y a des personnes qui ne sont pas du tout intolérantes


au gluten, ni d’après le questionnaire santé ni du point de vue biologique,

139
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

et qui ont essayées d’arrêter le gluten pendant un, deux, trois mois. Qu’a-
t-on remarqué chez ces personnes ? Un mieux-être : moins de fatigue,
une perte de poids souvent assez rapide (quelques kilos), les idées plus
claires. Tout ça peut s’expliquer puisque dans « gluten », comme son nom
l’indique, il y a glu qui est une colle biologique. Si on en mange de temps
en temps, ça va. Mais chez certaines personnes, ça peut « encrasser »
certains organismes.

Il y a un tennisman connu qui a performé au niveau de ses entraînements :


c’était Djokovic. Il n’était pas franchement intolérant au gluten, mais
quand il a arrêté, il a eu une meilleure santé. En tout cas, il performait
plus au niveau de ses résultats sportifs. Il est même devenu, c’est ce qu’il
dit, numéro un mondial en deux ans. Il ne l’est plus, mais il dit que c’est
grâce à son éviction du gluten, même s’il n’y était pas forcément intolé-
rant. Rappelons que ses parents avaient plusieurs pizzerias à Belgrade.
Dans la pizza, il y a du gluten.

Et puis, vous savez, les sportifs ont tendance à manger ce qu’ils appe-
laient anciennement le sucre lent, donc des pâtes, des pains, des pommes
de terre, etc. Dans les pâtes, il y a du blé, qui contient du gluten. Donc
ce que je pense du régime sans gluten lorsqu’on n’est pas intolérant : on
peut faire des pauses totales avec un jeûne d’un ou deux jours, ou de
quelques heures, de 14 à 16 heures par jour. Mais on peut aussi continuer
de manger, sans gluten, pendant quelques jours ou quelques semaines.
Et ça peut apporter chez certaines personnes un certain bienfait.

Alessandra : Existe-t-il un remède pour le syndrome


du côlon irritable ?

Franck Gigon : On en a parlé. Le syndrome du côlon irritable peut être dû à


une intolérance alimentaire, donc on peut faire une éviction alimentaire. Il
faut commencer par les produits laitiers pendant deux, trois mois, puis les
céréales à gluten pendant deux, trois mois. Si on continue à avoir un syn-
drome du côlon irritable malgré ces deux évictions temporaires, on peut se
tourner vers un micro-nutritionniste qui pourra évaluer la possibilité d’avoir
d’autres intolérances alimentaires. En tout cas, le côlon irritable, dans la

140
Problème 5 : les intolérances alimentaires avec Dr Franck Gigon

plupart des cas, provient d’un mode de vie particulier, et notamment de


certains aliments qui reviennent régulièrement dans l’alimentation.

Alessandra : Toutes les céréales à gluten sont mises dans


le même sac. Or, il me semble que le seigle, l’orge ou l’avoine
ont été beaucoup moins transformés par sélection que le blé.
Leur gluten sont-ils aussi nocifs ou mieux tolérés ?
Cela a-t-il été étudié ?

Franck Gigon : Il faut comprendre que dans le seigle, l’avoine, le blé et


l’orge, il y a du gluten. Donc quand on est intolérant au gluten, quand on
fait une pause, il faut faire une pause totale. Il ne faut plus stimuler son sys-
tème immunitaire avec une protéine contre laquelle on a fabriqué un anti-
corps. On calme le système, on apporte peu de protéines et il faut au moins
que ce soit deux à trois mois. On peut faire des nuances : effectivement,
l’avoine aurait un gluten moins sensibilisant : certaines études le montre-
raient. Mais globalement, si on a une intolérance au gluten qui est totale,
comme la maladie cœliaque, il ne faut plus prendre de gluten. Si on a une
intolérance partielle au gluten qui est révélée par un questionnaire ou par
un bilan biologique, je conseille de supprimer totalement, pendant deux
ou trois mois pour voir comment ça se passe, toutes les céréales à gluten.

J’espère que cette conférence vous a plu. N’oubliez pas que tous les
conseils que l’on vous donne ne vous dispensent pas d’aller voir un mé-
decin si les symptômes perdurent, car quand on a des troubles diges-
tifs, que ce soit des diarrhées, des constipations, etc., il y a des examens
complémentaires à la clé qui sont importants, qui passent par un examen
clinique. Il y a aussi éventuellement une coloscopie ou une fibroscopie
qui peuvent être évaluées par un médecin conventionnel spécialiste ou
généraliste. Donc ne vous passez pas d’une consultation médicale si vous
avez des effets digestifs qui durent. La complémentation et les conseils
alimentaires peuvent s’opérer dans un second temps, une fois que vous
avez fait le bilan et un état des lieux. Au revoir.
PROBLÈME 6 : L’ASTHME
ET LES ALLERGIES
AVEC DR DANIELLE ROUX
MARS 2017
Alessandra : Avant de commencer, j’aimerais savoir,
vous qui avez une grande expérience dans la phytothérapie, ce
qui vous a poussé un jour à vous intéresser aux plantes ?

Danielle Roux : J’ai eu pendant quelques années une pharmacie, une of-
ficine, avec pas mal de clients et un naturopathe dans le quartier qui était
passionné de plantes. Alors j’ai foncé à la faculté et j’ai suivi un ensei-
gnement de phytothérapie pointu en fac de médecine. Et ce fut le début
d’une passion, j’ai interrompu mes activités à l’officine pour me consacrer
à la formation des professionnels de la santé, des médecins, des pharma-
ciens, des kinés, des ostéopathes, et même des naturopathes, ce que je
continue à faire encore aujourd’hui.

Alessandra : Pour commencer, qu’est-ce que l’asthme


et qu’est-ce qu’une allergie respiratoire ?

Danielle Roux : Il faut bien séparer une allergie d’une intolérance, il y a


parfois une confusion entre les deux. Une allergie respiratoire peut être
de l’asthme ou une manifestation cutanée ou autre. On peut avoir d’ail-
leurs un transfert d’une allergie sur l’autre. On voit des gens qui font de
l’eczéma atopique quand ils sont enfants et qui adultes deviennent asth-
matiques, ça arrive.

L’allergie est une manifestation immédiate ou retardée, qui se mani-


feste par une conjonctivite, une rhinorrhée (le liquide coule beaucoup,
les yeux pleurent). Parfois cela peut être plus grave : on peut avoir un
œdème du pharynx, un œdème de Quincke ou même aller jusqu’au choc
anaphylactique qui peut être mortel. Donc il faut faire très attention. On

145
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

sait très bien que par exemple, les gens qui sont piqués par une guêpe,
la première fois, c’est anodin mais la deuxième fois, ils peuvent avoir une
réaction énorme.

Donc il faut bien séparer l’allergie de l’intolérance alimentaire. J’ai l’im-


pression que beaucoup de gens se disent : « Je suis allergique donc j’en-
lève plein d’aliments. » Ce n’est pas la même chose.

Alessandra : Pourquoi acquiert-on de l’asthme


ou des allergies au cours de sa vie ? Est-ce dû à une bactérie
ou à une baisse des défenses immunitaires qui se retourne
contre notre propre organisme ?

Danielle Roux : Pour l’asthme, il y a un problème héréditaire, certaine-


ment. Si vous avez un parent asthmatique, il y a des risques d’être asth-
matique. Si les deux parents sont asthmatiques, évidemment on a des
risques multipliées. L’aspect héréditaire, probablement génétique, est
très important. D’autre part, il y a des asthmes qui se déclenchent chez
l’adulte, souvent après 30 ans. On est persuadé que ça démarre dans
l’enfance, ce n’est pas vrai. Chez l’adulte, quasiment la moitié des asth-
matiques ont plus de 30 ans quand ils démarrent de l’asthme. Cela peut
être dû à des tas de choses : des antigènes bactériens, une infection…

Alessandra : Un antigène ?

Danielle Roux : C’est-à-dire qu’ils ont eu une infection à répétition et


qu’ils ont fabriqué un anticorps contre la bactérie. Ils prennent la bactérie
pour un antigène, ils fabriquent quelque chose contre ça. Et on peut avoir
une réaction immunitaire particulière.

Alessandra : Donc on peut avoir plusieurs causes ?

Danielle Roux : Oui, il y a énormément de facteurs pour l’asthme, on dit


que c’est multifactoriel. Il peut y avoir des facteurs environnementaux, ça
peut être la pollution. Il peut y avoir des facteurs infectieux, ça peut être
les bactéries. Il peut y avoir des facteurs alimentaires, des facteurs inhalés.

146
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

On connaît bien les allergies aux pollens. Ces pollens très fins vont se
coller dans les muqueuses et peuvent provoquer une réaction allergique
localisée sur le nez, avec le nez qui coule (rhinorrhée), ou plus profondé-
ment, dans les bronches.

Avec l’asthme, en général, on dit que c’est une dyspnée expiratoire : les
asthmatiques aspirent de l’air qui passe dans les poumons, mais quand ils
veulent expirer, ça se resserre au niveau des bronches et ça fait comme
un sifflement. Et quand l’air ressort, ça siffle, c’est très caractéristique.
Et ça se resserre fort, ils ont l’impression d’étouffer. C’est dramatique
l’asthme, ça les fait souffrir. C’est difficile à vivre.

Alessandra : Quand vous dites qu’on a plus de chance d’avoir de


l’asthme quand les parents sont asthmatiques, est-ce qu’on est
condamné ? Ou c’est juste un terrain favorable ?

Danielle Roux : C’est un terrain favorable. C’est multifactoriel, il n’y a pas


que ça. C’est comme pour les diabétiques, il y a plus de risques d’être
diabétique si vous avez un ou deux parents diabétiques.

Alessandra : Que faire quand on a ce terrain héréditaire ?


Quels sont les facteurs à exclure pour ne pas aggraver le risque ?

Danielle Roux : Lorsqu’il y a par exemple une allergie aux pollens, fermez
les fenêtres au moment de la saison. Attendez qu’il pleuve pour ouvrir les
fenêtres. Evitez de sortir le jour où il y a du vent dans des périodes où il y
a un effet pollinique plus important. Chaque fois qu’on peut faire une évic-
tion de l’allergène, c’est mieux. Mais parfois on ne le sait pas tout de suite.

Alessandra : C’est-à-dire qu’on peut être en contact


avec l’allergène mais que l’asthme se manifeste plus tard ?

Danielle Roux : Oui, on peut avoir un déclenchement qui se fait après,


comme pour n’importe quelle allergie, même une allergie alimentaire.
Pour prendre un exemple : ceux qui sont allergiques aux fraises, aux
akènes, les petits points noirs, peuvent en manger une première fois sans

147
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

rien avoir. L’allergie se déclenchera la deuxième fois, au bout d’un certain


temps. Mais on peut avoir une réaction immédiate aussi. C’est la même
chose pour l’asthme qui, encore une fois, est souvent lié à des pollens,
aux acariens, à des choses plutôt inhalées, qui passent par les voies res-
piratoires. C’est là qu’il y a un risque de bronchoconstriction.

Alessandra : Et il est donc possible de devenir asthmatique


à tout âge ?

Danielle Roux : Oui. On peut être asthmatique très jeune. On peut faire
un eczéma atopique quand on est enfant et déclencher l’asthme plus
adulte, et on a des asthmes qui se déclenchent après 30 ans. Donc ce
n’est pas parce qu’on n’est pas asthmatique tout petit qu’on ne peut pas
déclencher de l’asthme à l’âge adulte.

Alessandra : Peut-on se débarrasser d’une allergie respiratoire


aux pollens par les plantes ?

Danielle Roux : Il faut savoir d’abord que les pollens sont souvent des
pollens de cyprès ou d’ambroisie. Vous avez des pollens de plantes qui sont
plus agressifs que d’autres parce qu’ils sont tellement fins qu’ils vont coller
aux muqueuses plus facilement. Plus le pollen est petit, plus on a un risque.
Ce n’est pas parce qu’on mange l’aliment qu’on est allergique, c’est parce
qu’on l’inhale : il passe par les voies respiratoires. Quand l’allergie est aiguë,
c’est-à-dire qu’il y a une réaction allergique brutale et très grave, il faut
aller aux urgences. Ça, c’est clair, on ne va jamais soigner quelqu’un qui
vous fait une réaction allergique ou une crise d’asthme avec des plantes.
Celles-ci peuvent simplement aider au quotidien.

On a des huiles essentielles qui sont assez intéressantes. L’huile essen-


tielle d’estragon (Artemisia dracunculus), qui est antihistaminique : elle
va aider aux réactions allergiques. Il faut savoir quand même qu’elle
contient un principe actif qui s’appelle le méthylchavicol qu’on ne peut

148
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

pas prendre en trop grande quantité. Mais ça peut être intéressant contre
l’allergie à toute petite dose.

Et contre l’asthme, on a deux huiles essentielles que j’aime beaucoup et


qui vont aider les bronches à se dilater : l’huile essentielle de khella et
l’huile essentielle d’hysope couchée (hyssopus decumbens). Surtout pas
l’hysope officinale qui est dangereuse et toxique pour le système ner-
veux, mais l’hysope couchée. Elle, on la donne même en suppositoire à
des enfants qui font par exemple des bronchites asthmatiformes. C’est
très intéressant de la faire inhaler ou de faire des massages.

Alessandra : Une question pratique. Si je suis allergique


aux pollens, sans asthme, qu’est-ce que je fais à la période
des pollens ? Quand l’allergie se manifeste, j’inspire les huiles
essentielles, je le fais en prévention, comment ça se passe ?

Danielle Roux : Si vous pensez savoir à quel pollen vous êtes allergique, l’al-
lergologue peut faire un certain nombre de tests pour le vérifier, et il peut
faire un traitement en injectant ou en scarifiant des petites quantités de
cet allergène progressivement, pour vous désensibiliser, ça existe. Ce qu’on
peut faire pour aider, c’est donner des plantes et des huiles essentielles ou
même de la gemmothérapie qui va aider dans l’allergie. On ne parle pas de
l’asthme là, on parle de l’allergie aux pollens. On a une plante, le plantain
lancéolé, dont on peut faire des petites infusions en tisane et appliquer sur
les yeux, ça marche assez bien. On peut aussi consommer cette plante en
tisane. 20 grammes dans un litre d’eau, soit une concentration à 2 %. Et on
peut consommer cette tisane régulièrement, il n’y a pas de danger.

Alessandra : Donc le plantain, tout le monde peut


en prendre ? Même les gens qui ont des problèmes divers
et variés ? Le plantain peut avoir des contre-indications ?

Danielle Roux : Non, il n’y a pas de contre-indication. Au dosage, c’est-à-


dire 2 %, 20 grammes dans un litre d’eau, c’est bien, ça permet l’expecto-

149
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

ration, parce que quand dans les bronches de l’asthmatique il y a en plus


des sécrétions abondantes, ça l’étouffe encore plus. Ça serre, et s’il a un
peu de bronchite, il faut être beaucoup plus prudent. Lui donner la tisane
de plantain de façon régulière en hiver va lui permettre d’expectorer un
petit peu dans ses bronches et ça va l’aider petit à petit sans danger.

Alessandra : Donc en résumé, je prends 20 grammes


de plantain lancéolé, je fais un litre de tisane, je le bois
pendant la journée tous les jours. C’est ça ?

Danielle Roux : Oui, tous les jours, et j’applique sur les yeux.

Alessandra : Donc je peux faire des compresses. J’imbibe


un tissu dans la tisane, je le mets sur les yeux. Je peux faire
des gargarismes ?

Danielle Roux : Ce n’est pas un produit toxique, on peut faire des garga-
rismes. Et cette forme de tisane est assez intéressante par rapport aux
gélules parce qu’on peut aussi l’utiliser comme compresse sur le visage.
J’avais participé une fois à une conférence, et un des participants avait eu
une espèce d’allergie au niveau des yeux, on ne sait pas trop pourquoi. Il
avait vu un ophtalmo qui lui avait donné de la cortisone, mais ça n’avait
pas bien fonctionné. Quand on lui a appliqué ces compresses de plantain,
très vite, ses yeux ont dégonflé, il allait mieux. Ce sont des choses qui
peuvent marcher très bien et qui ne sont pas dangereuses. En matière
d’huile essentielle, l’huile essentielle antiallergique est l’estragon qui
marche bien, mais à petite dose. On pourrait l’inhaler.

Alessandra : On ouvre le flacon et on respire ?

Danielle Roux : On ouvre le flacon et on respire fortement. On va avoir une


partie des molécules qui va passer au niveau des muqueuses et qui devrait
aider. On l’utilise seulement en l’inhalant. Et ça, c’est intéressant. Voilà un
traitement qu’on peut faire sur une allergie aux pollens en sachant qu’évi-
demment, à côté de ça, il y a une prise en charge qui se fait pour éviter que
cette allergie s’accélère. Mais normalement ça devrait aider.

150
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

Alessandra : Vous parliez d’autre part de l’hysope couchée


et de l’huile essentielle de khella en cas d’asthme.

Danielle Roux : Oui, pour favoriser la dilatation des bronches. Ce qui ne


veut pas dire que l’asthmatique ne va pas prendre ses médicaments.
Souvent, il prend des bronchodilatateurs ou des corticoïdes qu’il inhale. Il
peut utiliser cette huile essentielle en alternance. Il peut l’utiliser aussi en
l’inhalant, comme une inhalation. Quelques gouttes dans une eau tiède et
on l’inhale. Ça peut être intéressant, ça peut aider. Un médecin peut très
bien prescrire des suppositoires avec de l’hysope couchée et on a de très
bons résultats, sur les enfants notamment. Ça marche très bien, vraiment
très bien. Et ce n’est pas dangereux.

Alessandra : Pour les enfants, il vaut mieux les faire suivre


toujours par un professionnel.

Danielle Roux : Toujours, bien sûr. Et un asthmatique c’est grave, l’asthme


est une maladie sérieuse donc il faut toujours un professionnel.

Alessandra : Pour revenir à l’huile essentielle d’estragon,


on a dit : on peut ouvrir le flacon et respirer en cas d’allergie
respiratoire. Mais est-ce qu’on peut faire des inhalations,
comme pour l’hysope couchée ?

Danielle Roux : Absolument. On met quelques gouttes d’huile essentielle,


disons quatre gouttes de khella et quatre gouttes d’hysope couchée dans
une tasse, une chambre à l’inhale ou un bol à inhaler qui est déjà tout près
avec un embout.

Alessandra : Oui, ce qu’on achète à la pharmacie.

Danielle Roux : On met quelques gouttes dans de l’eau bien chaude, cette
huile essentielle va se vaporiser et on va pouvoir l’inhaler. Et on laisse la
voie orale aux professionnels. Les professionnels peuvent prescrire des
choses, des suppositoires ou une autre forme, mais pour le public qui le fait
tout seul, il vaut mieux que ce soit uniquement par voix inhalée, ou les com-

151
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

presses de plantain comme j’ai expliqué. Pour l’asthmatique, on peut lui


donner aussi des tisanes de plantain. C’est tout à fait bien, ça peut l’aider.

Alessandra : Donc le plantain est pour tout le monde ?

Danielle Roux : C’est antiallergique. Or, l’asthme est un problème de


constriction bronchique avec souvent un terrain allergique. C’est donc
les deux. Il faut traiter les bronches et l’allergie.

Alessandra : Qu’en est-il des oligoéléments ?

Danielle Roux : On utilise fréquemment en oligoéléments le manganèse


et éventuellement manganèse cuivre. Il existe des ampoules à base de
manganèse qu’on trouve à la pharmacie. Et on les met sous la langue.
On peut prendre en alternance manganèse et manganèse cuivre, pen-
dant trois jours chacun. Et le dimanche, on ne fait rien. Le lundi on prend
manganèse, le mardi manganèse cuivre, etc., et le dimanche, on ne prend
plus rien. On fait ça dans les périodes de crise. Le manganèse petit à petit
va améliorer l’allergie. Certains ophtalmologistes utilisent ces oligoélé-
ments aussi en compresse dans les allergies, même en compresse ocu-
laire. Ces ampoules manganèse-manganèse cuivre sont stériles. Donc ça
peut être intéressant, on peut les diluer, et les appliquer en compresse
sur les yeux fermés. Mais mon plantain marche très bien.

Alessandra : La médecine traditionnelle chinoise préconise de


traiter l’intestin contre l’asthme et les allergies, qu’en
est-il de la phytothérapie ? C’est vrai qu’on fait souvent
ce lien entre les intestins et les poumons. Est-ce qu’il y a
un lien ? Comment ça se passe ?

Danielle Roux : Oui, bien sûr. On est persuadé aujourd’hui - on travaille


sur l’intestin, il ne s’agit pas de phytothérapie mais de micro-nutrition -
que 80 % de notre immunité se trouve dans l’intestin. Et donc, en parti-
culier, on est persuadé qu’un certain nombre de pathologies, de maladies,
peuvent survenir lorsqu’il y a une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre

152
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

de la flore intestinale ou bien un problème d’hyperperméabilité de l’intes-


tin, avec des cellules de l’intestin (entérocytes) qui sont disjoints, laissant
un certain nombre de choses passer par le sang et provoquer des réac-
tions immunitaires, des réactions d’allergie, bien sûr.

Ce qui est compliqué, c’est de dire quelles sont les bactéries intestinales
qui sont bien pour ça ou moins bien. J’ai lu que des chercheurs canadiens
se sont aperçus que lorsque certaines bactéries sont en nombre insuffisant
dans l’intestin d’un patient, il a plus de chance de devenir asthmatique. On
s’est aperçu qu’un adulte manquant de Faecalibacterium ou Lachnospi-
ra par exemple avait plus de risque de faire de l’asthme que des gens qui
avaient plus de ces bactéries. Donc n’en ayant pas assez, il y avait un risque.
Ce qu’on sait aussi, c’est qu’il y a un certain nombre de choses qui interfère.
Par exemple, quand les mamans accouchent par césarienne, l’enfant n’est
pas forcément en contact avec la flore vaginale de la mère. On s’est aperçu
que ces enfants font plus d’allergies, ont plus de réactions allergiques que
les autres. Et en plus, sur le plan immunitaire, ils sont moins costaux.

Alessandra : On ne va pas culpabiliser non plus les femmes qui


ont fait une césarienne.

Danielle Roux : Non, bien sûr, et ce qu’on peut dire pour ne pas culpa-
biliser les mamans, c’est que la sage-femme ou la gynéco va récupérer
la flore bactérienne de la mère avec les mains et en enduire l’enfant. On
le fait de plus en plus pour que cet enfant ait cette flore et elle va lui en
mettre dans la bouche, un peu partout, de façon à ce qu’il puisse avoir
cette flore protectrice. Et puis il y a plein d’autres raisons. On peut re-
chercher aussi les immunoglobulines.

Alessandra : On a fait ce lien entre l’intestin et l’asthme


ou les allergies. Maintenant, est-ce qu’il faut traiter l’intestin
quand on a un problème d’asthme ou d’allergie ?

Danielle Roux : Alors ce n’est pas de la phytothérapie, ce n’est pas com-


plètement mon domaine, mais c’est vrai que lorsqu’on travaille en phy-

153
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

tothérapie, on travaille sur l’intestin, on donne des probiotiques et des


prébiotiques. Si on pense qu’il y a un problème de perméabilité intesti-
nale, on va donner un certain nombre d’éléments, comme la L glutamine,
qui va favoriser la fermeture de ces entérocytes et limiter les réactions.
Mais c’est très compliqué parce qu’on en est au début aujourd’hui, il y a
beaucoup à faire. Savoir quelle est la bactérie qui va convenir, quelle gélule
on va rajouter à une patiente ou à un patient atteint d’allergie ou d’asthme,
ce qu’on peut lui donner pour rééquilibrer son intestin. Mais je pense qu’on
avance de plus en plus et on aura des solutions fiables très rapidement.

Alessandra : On peut quand même donner des conseils


au niveau alimentaire parce que l’intestin, on le soigne aussi
par l’alimentation.

Danielle Roux : Absolument. Il faut éviter des aliments allergisants. De-


puis 2015, 14 allergènes doivent être notés sur les produits alimentaires.
Les gens qui ont un terrain allergique, qui font de l’asthme, il faut éviter
de leur ajouter des allergènes.

On peut aussi faire des tests aujourd’hui. On appelle ça des analyses


fines. Malheureusement, ces tests sont pour la plupart payants et relati-
vement onéreux. Ils vont tester un certain nombre d’aliments et un cer-
tain nombre de substances susceptibles de provoquer des allergies chez
telle ou telle personne. Ça permet d’éviter les évictions systématiques
parce que comme les parents ou les adultes ne savent pas quoi faire, ils
enlèvent tout. Ils finissent par enlever le gluten, le lactose, ce n’est pas la
vraie solution. On ne peut pas empêcher des enfants d’avoir une alimen-
tation lactée. C’est très compliqué de tout enlever et de le faire sans avis.
Il faut faire ces tests, savoir à quoi on est allergique. Et ne pas faire des
évictions totales. Je pense qu’il faut être très prudent.

Alessandra : Quelle est la différence entre le lierre grimpant et


le lierre terrestre, lequel faut-il utiliser ?

Danielle Roux : Je sais que beaucoup de formules de lierre terrestre qui


ont été utilisées, mais je pense que c’est son effet anti-inflammatoire en

154
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

application sur la peau des femmes qui veulent perdre un peu de cellulite.
Ce n’est plus du tout la même chose.

Le lierre grimpant (Hedera helix) est utilisé dans les bronchies comme
béchique, ça veut dire qu’il fait expectorer, et comme antispasmodique,
ça veut dire qu’il relâche un peu les spasmes de la fybrolyse, c’est-à-dire
de l’intestin, mais aussi des bronches. Donc c’est intéressant pour ça. Ça
calme la toux, ça permet de drainer, donc pour l’asthmatique, ce n’est pas
mal. C’est antitussif et ça relâche un peu le spasme. Pourquoi pas des
tisanes de lierre grimpant mais uniquement à petite dose.

Le lierre terrestre, lui, a été utilisé longtemps pour faire mûrir un furoncle
par application sur la peau en cataplasme. Il est aussi béchique et on l’a
longtemps utilisé dans les catarrhes bronchiques, pour les gens qui tous-
saient et qui avaient des catarrhes.

Donc les deux peuvent être utilisés, mais pour moi, le lierre grimpant
est mieux pour les spasmes. Donc chez l’asthmatique ce n’est pas mal
puisque ça relâche le spasme, alors que le lierre terrestre agit sur les
bronches. C’est plutôt à utiliser sur une petite bronchite, une petite toux.
De toute façon, il faut le prendre sous une forme de tisane ou de sirop. Il
existe des sirops qui contiennent du lierre grimpant. Ça existe en phar-
macie. Il n’est pas toxique, c’est toujours une question de dose.

Alessandra : Quels seraient les traitements d’urgence en cas


de crise d’asthme sévère ?

Danielle Roux : Alors là, je suis intraitable. En cas de crise d’asthme sé-
vère, on donne toujours la même chose, c’est-à-dire les béta-2-agonistes,
c’est-à-dire les choses d’actions rapides qui vont relâcher les bronches
dès qu’elles sont inhalées. Les asthmatiques se baladent toujours avec
leurs inhalateurs et il faut qu’ils l’aient sur eux. Et quand c’est sévère,
ils vont voir le médecin ou les urgences qui vont leur donner de la corti-
sone orale, à avaler peut-être et à inhaler. Mais on va faire rapide, parce
que dès que la fréquence respiratoire diminue, dès que la fréquence car-
diaque augmente, c’est-à-dire qu’on sent que le cœur se fatigue, qu’on

155
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

respire moins bien, il ne faut pas hésiter : que ce soit un enfant ou un


adulte, on le conduit aux urgences et ça va aller très bien.

Après, il fera des traitements lorsque ça ira mieux pour prévenir une
autre crise. Mais en cas d’urgence, ni l’homéopathie, ni la phytothérapie,
ni l’aromathérapie ne vont supplanter un traitement allopathique d’ur-
gence incontournable. En revanche, s’il prend de la phyto régulièrement,
il aura de moins en moins de crises, même en association avec son trai-
tement. J’entends beaucoup de gens me dire : « Alors, j’arrête tout et je
prends de la… ». Non, vous continuez votre traitement et le médecin va
se rendre compte que ça va mieux et baisser les doses. Il sait tout l’intérêt
de vous en donner le moins possible. Mais ça, ça va être parce qu’on va
vous rééduquer par les oligoéléments, par le manganèse, par le plantain,
par l’estragon, par tout ce que je vous ai raconté. Petit à petit, on va avoir
des gens qui ont des crises qui s’espacent. C’est ça qu’on veut. Mais en
aucun cas on ne se substitue au traitement allopathique qui sauve des
vies, parce qu’avant, ils mouraient.

Alessandra : Comment expliquer l’alternance entre asthme


et allergie cutanée : urticaire, eczéma, etc ? Est-ce qu’il y a un
lien entre la peau et les allergies respiratoires ?

Danielle Roux : Absolument. L’allergie, c’est quand le système immunitaire


réagit de façon totalement anormale à un corps que l’organisme considère
comme un étranger. Il considère cette chose qu’on a avalé ou inhalé comme
étranger, et il va réagir de façon exagérée. Ça, c’est une allergie.

Ce que l’on voit, et ça arrive très souvent, c’est pour ça que je vous parle
de l’eczéma atopique, ce sont des enfants qui, dès l’âge de six, sept mois
font des eczémas, parfois terribles. Ces enfants-là se grattent et ça peut
durer jusqu’à l’âge de cinq ans, voire plus. Parfois ça s’apaise vers l’âge de
cinq ans et puis à 25-30 ans, ils font de l’asthme. C’est une réaction aller-
gique qui s’est modifiée au cours du temps. C’est classique, ces eczémas
atopiques qui deviennent de l’asthme à l’âge adulte. Donc c’est toujours
un problème de terrain. Et ce terrain est lié évidemment à un équilibre,
mais aussi probablement à un problème d’origine intestinale.

156
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

Alessandra : Quand on sait qu’on a ce terrain, est-ce qu’on


peut le corriger ? Quand l’enfant fait de l’eczéma atopique,
peut-on par exemple lui donner du cuivre, du manganèse,
de la tisane ?

Danielle Roux : On ne commence pas à six mois, mais à partir d’un an,
nous on leur donne par exemple des capsules d’huiles de bourrache,
parce que ça assouplit la peau. On les masse aussi, on met une goutte
d’huile essentielle de lavande, ça va les calmer parce qu’il y a un phéno-
mène de stress. Moi, j’avais fait intervenir un psychiatre dermatologue
qui était absolument fantastique.

Alessandra : Un psychiatre dermatologue ?

Danielle Roux : Ça existe. Vous savez, la peau est le reflet de ce qu’il y a à


l’intérieur. C’est un peu comme la médecine interne. S’il sort des trucs, ce
n’est pas par hasard. On dit souvent que quand on a une peau bien nette,
bien saine, c’est qu’à l’intérieur, ça va bien aussi.

Alessandra : Donc regardez votre peau pour savoir si vous


êtes sain à l’intérieur, c’est ça ?

Danielle Roux : Je pense qu’il y a un peu de ça. Quand vous êtes stressé,
ça se voit au niveau de la peau, du teint. Des personnes, suite à un coup
de stress, font de l’eczéma ou une poussée d’acné car les corticosurré-
nales se mettent à travailler.

Ce psychiatre, qui était absolument fantastique, avait expliqué qu’il y avait des
liens très importants entre l’eczéma atopique de l’enfant et le comportement
de la mère. Ça allait très loin, il nous avait raconté des histoires fantastiques.
J’avais été stupéfaite. Il connaissait le cas d’une maman qui, lorsqu’elle a vu
que son enfant faisait de l’eczéma atopique, a arrêté toute activité pour s’oc-
cuper de lui. Parce que c’était dramatique. Il était très rouge et il se grattait au
sang. Ce psychiatre a pris en charge cette maman, il n’arrivait pas à trouver
des vraies solutions, il y avait des récidives. Lorsque l’enfant a eu 4-5 ans, il a
dit à la mère : « Maintenant, il faut envoyer l’enfant chez sa grand-mère ». Là,

157
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

la mère a dit : « Il n’en est pas question, autrement je viens avec lui. » Il a dit :
« Non, la grand-mère va venir le chercher. Et vous, vous restez chez vous. Il va
aller seul chez la grand-mère. » Quand l’enfant est arrivé chez la grand-mère
au bout de 48 heures, il n’avait plus rien. Elle était tellement anxieuse que cette
anxiété a provoqué chez l’enfant un stress énorme. Un enfant est complète-
ment fusionnel avec sa mère quand il est petit. Et quand l’enfant est retourné
à la maison, de nouveau, il a refait des crises. Il a fallu attendre très longtemps
pour qu’il se débarrasse de cet eczéma atopique.

Alessandra : Peut-être que les mamans doivent aussi se poser


des questions et respirer un peu de lavande avec leurs petits.

Danielle Roux : Très bonne idée. La maman peut masser l’enfant avec un petit
de lavande dans l’huile végétale et la mère va largement inhaler la lavande.

Alessandra : Peut-on traiter l’asthme avec des plantes afin


d’éviter les corticoïdes ? Je fais en prévention, depuis quelques
jours, des tisanes de plantain lancéolé, qu’en pensez-vous ?

Danielle Roux : Je suis tout à fait d’accord. Ça ne va pas être un traite-


ment d’urgence, mais en traitement de fond, utiliser des tisanes de plan-
tain, ou des gélules de plantain si c’est un adulte, de façon régulière, c’est
très bien. Il y a aussi une petite plante qui marche pas mal : la matricaire,
qui est anti-inflammatoire et qui pourrait s’additionner au plantain. Pour
les huiles essentielles, on en a déjà parlé, khella et surtout hysope cou-
chée, qu’on a un peu de mal à trouver. Il faut insister, mais il s’agit bien de
l’hysope couchée, pas de l’hysope officinale.

Alessandra : La matricaire, c’est la camomille allemande, qu’il


ne faut pas confondre avec la camomille romaine ?

Danielle Roux : Tout à fait.

Alessandra : On la prend aussi en tisane ?

Danielle Roux : Oui, et même inhalé en huile essentielle, c’est bien.

158
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

Alessandra : On peut faire un mélange plantain-matricaire ?

Danielle Roux : Tout à fait, je le recommande.

Alessandra : En quelle proportion ?

Danielle Roux : On va mettre 10 grammes de chaque et on va faire un in-


fusé. On peut faire bouillir un peu, mais en général, on fait bouillir l’eau, on
met nos 20 grammes de plantes, on laisse infuser au moins cinq minutes,
on filtre et on va boire dans la journée. Je rappelle qu’une tisane ne doit
jamais être réchauffée, parce que c’est un bouillon de culture. Soit on la
maintient au frais et on la boit fraîche, soit on la met dans un thermos et
on la boit chaude dans le thermos sans la réchauffer. Tout ce qui contient
de l’eau est un bouillon de culture, on ne réchauffe pas.

Alessandra : Qu’est-ce qui se passe si on réchauffe ?

Danielle Roux : On a un développement bactérien. C’est comme quand


on décongèle un produit et qu’on le recongèle, on modifie la température
et lorsqu’on va réchauffer, on risque d’avoir une quantité de bactéries
beaucoup plus importante. Donc on ne réchauffe jamais une tisane. On
la laisse dans le thermos.

Alessandra : « Allergique depuis l’enfance aux pollens et


aux poussières, je réagis depuis deux ou trois ans au soleil
avec boutons et démangeaisons. Au printemps, je pratique
l’exposition progressive, que puis-je faire d’autre ? »

Danielle Roux : L’exposition progressive avec un écran total est une


bonne pratique. Le soleil est agressif, il faut absolument protéger sa peau.
Ce qui peut être intéressant dans les allergies cutanées, c’est d’utiliser en
traitement de fond ce qu’on a dit tout à l’heure avec les oligoéléments,
alterner manganèse et manganèse cuivre et le faire sur du long terme :
une ampoule de chaque sous la langue tous les jours en alternance. On
arrête le dimanche et on recommence. On fait ça au moins deux mois, on
agit sur le terrain.

159
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Quels aliments privilégier chez les enfants


pour éviter qu’ils développent des allergies ?
Est-ce qu’il y a des aliments qui peuvent aider ?

Danielle Roux : Ce que disent les spécialistes, c’est qu’on a fait entrer des
nouveaux aliments, des nouveaux fruits comme le kiwi par exemple et on
s’est aperçu que quand on avait des choses nouvelles qui rentraient dans
l’alimentation que l’organisme ne reconnaissait pas, on pouvait avoir une
réaction un peu plus importante. Mais là franchement, mieux vaut de-
mander à un nutritionniste.

Je rajoute juste un point : Je vous ai dit qu’il y a un certain nombre d’aller-


gènes qui maintenant sont répertoriés. Mais il y a un exhausteur de goût
qui est très allergisante et qu’on ne connaît pas toujours : c’est le gluta-
mate. D’où ce qu’on appelle le syndrome du restaurant chinois. Vous avez
des gens qui ont des réactions énormes parce qu’on en met beaucoup
dans l’alimentation chinoise, et ça s’appelle le E621 quand on le retrouve
dans des aliments.

Alessandra : Pour les oligoéléments et les plantes


dont on a parlé, peut-on faire des cures de quelques mois ?

Danielle Roux : Oui, trois mois pendant la période des pollens. Les méde-
cins oligothérapeutes les donnent sur du long terme.

Alessandra : Peut-on commencer avant l’arrivée


des pollens ? Combien de jours avant ?

Danielle Roux : On peut commencer 15 jours avant : manganèse et manga-


nèse cuivre et on va le faire sur du long terme. On n’arrête que le dimanche.

Alessandra : Idem pour le plantain et la matricaire,


éventuellement tous les jours ?

Danielle Roux : Oui, tous les jours on prend une tasse de tisane, par
exemple le matin ou le soir.

160
Problème 6 : l’asthme et les allergies avec Dr Danielle Roux

Alessandra : Et si jamais on n’a pas la possibilité de prendre


une tisane, on peut prendre des gélules de plantain ?

Danielle Roux : Oui, des gélules de plantain, de la poudre de plantain.


Beaucoup de laboratoires en font.

Alessandra : C’était un voyage dans les allergènes


très intéressant. Je vous remercie infiniment,
c’était très intéressant.

Danielle Roux : Je vous en prie ! Au revoir.


PROBLÈME 7 : L’ANXIÉTÉ
ET LA DÉPRESSION
AVEC DR ALAIN ROBERT
FEVRIER 2018
Alessandra : voici la première question « ma femme et moi
sommes parents pour la première fois depuis quelques mois.
Cet événement est, vous vous en doutez, la plus belle chose
qui nous soit arrivée. Malgré tout, ma femme a eu les premiers
jours (depuis le retour à la maison) une extrême anxiété,
irritabilité et susceptibilité, je dirais même de la dépression
les pires jours. Deux mois plus tard tout se passe désormais
bien mais occasionnellement ces états recommencent.
J’aimerais bien aider ma femme avec des traitements naturels,
mais vu qu’elle allaite, nous sommes très limités dans nos choix.
Qu’est-ce que vous nous recommanderiez ? Merci d’avance
pour votre réponse ! JC »

Alain Robert : C’est un jeune papa, qui vient d’avoir un bébé, son épouse
allaite et ça, c’est fantastique. Le lait de maman, c’est le lait qui est parfai-
tement adapté à l’espèce humaine. Mais la maman souffre d’un état qui ar-
rive très fréquemment, c’est la dépression postpartum ou postnatale. Cette
dépression est liée à la fois aux modifications hormonales qui apparaissent
après la naissance, et surtout, lors de la naissance et puis avec l’allaitement,
au don de sels minéraux à son bébé…. Ce qui entraîne une fatigue.

A cela s’ajoutent, très fréquemment, des nuits qui ne sont pas répara-
trices parce que, les mamans, comme on le sait tous, vont dormir d’une
seule oreille. Ce qui peut provoquer une fatigue, une irritabilité, une dé-
pression, d’autant plus que l’allaitement continue de « pomper » les vita-
mines et minéraux de la maman.

165
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Il est donc fortement conseillé de ne pas prendre de médicaments, sauf


si le médecin les considère nécessaires et sur prescription uniquement.

A côté de cela, il y a des approches naturelles qui peuvent permettre d’ai-


der la maman aussi bien au niveau physique qu’au niveau moral. L’ho-
méopathie présente un très grand intérêt. Il n’y a pas de toxicité dans ces
conditions. Certes, l’action est peut-être parfois un petit peu plus lente
mais on a de bons résultats. J’ai une petite formule qui me paraît assez
intéressante dans mon livre, qui est à base de :

• China Rubra en 5 CH ;

• Phosphoricum Acidum, intéressant pour le fonctionnement


du cerveau, en 7 CH ;

• Mélange des 12 sels de Schussler en 9 DH, qui sont des sels


très reminéralisants ;

• Thallium Aceticum en 5 CH, parce qu’il peut souvent y avoir aussi


une chute des cheveux liée aux bouleversements hormonaux suite
à la naissance.

Prendre trois granules, trois fois par jour, ou bien quinze gouttes trois fois
par jour dans un peu d’eau, y associer une complémentation en vitamines
du groupe B, en sels minéraux, pourquoi une cure de spiruline par exemple.

A cela, associer à une bonne hygiène alimentaire : manger du poisson,


des légumes, des fruits en quantité suffisante, mais également limiter le
sucre. Enfin, il faut boire suffisamment d’eau.

Ne pas oublier le magnésium, qui est un oligoélément qu’il faut apporter


tous les jours. Très souvent, l’alimentation ne suffit pas et le magnésium
est un oligoélément qui va intervenir, entre autres, sur l’adaptation au
stress et permet une meilleure adaptation à tout ce qui peut être stressant
pour l’organisme. Cela va également permettre un sommeil de meilleure
qualité. J’espère que j’ai répondu à votre question, heureux jeunes parents.

166
Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

Alessandra : « Suite à plusieurs cancers, je suis suivi


en orthophonie et psychiatrie pour dépression, troubles
cognitifs, forte anxiété depuis 3 ans. Un diabète cortico-induit
suivi d’une insuffisance rénale vient compléter le tableau.
J’ai 66 ans et suis en activité libérale. Malgré les soins,
je m’enfonce un peu plus tous les jours. Je dois gérer, en plus
de la fatigue du cancer, une forte irritabilité, de l’insomnie
et toujours aucun goût à vivre. J’ai abandonné la méditation
qui correspond à une obligation de plus pour moi. Comment
traiter l’insomnie et l’irritabilité ? MJ »

Alain Robert : C’est une personne en activité libérale, donc qui travaille
beaucoup malgré ses 66 ans. Mais on est jeune à 66 ans ! La fatigue qui
s’installe est à la fois liée à la gestion du cancer, à l’irritabilité et à l’insom-
nie. Bien sûr, il est impératif de suivre et de poursuivre les traitements or-
donnés par les médecins s’il y en a. Ce que l’on peut faire en complément,
mais après vérification qu’il n’y a pas de contre-indication avec les mé-
dicaments que vous prenez, c’est de faire une cure à base de curcumine.
Moi, j’adore la curcumine de curcuma ! Elle a un effet très protecteur, en
prévention du cancer et mais également au niveau du système immuni-
taire en protégeant la muqueuse intestinale. Il faut également recharger
en vitamines et minéraux, en antioxydant, si possible d’origine naturelle
(flavonoïdes, zinc…).

On peut compléter avec certaines plantes comme le lapacho, qui est une
plante immunostimulante et tonique. Je rappelle qu’il faut impérative-
ment boire suffisamment d’eau. Une bonne hydratation permet à l’orga-
nisme de beaucoup mieux fonctionner. Concernant le diabète, il faut, bien
sûr, prendre les médicaments. Mais on peut de temps en temps essayer
d’être très vigilant au niveau de l’apport des sucres pour laisser votre
pancréas au repos de façon à ce qu’il se nettoie. Pour cela, faire des ti-
sanes avec de l’aubier de tilleul, du radis noir, du géranium, du mûrier. Ce
dernier est intéressant aussi bien au niveau cancer qu’au niveau diabète.

167
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Il faut également penser à recharger en magnésium, c’est vraiment un


oligoélément central pour notre équilibre santé. L’homéopathie peut être
intéressante. Le phosphoricum acidum va avoir un effet protecteur au ni-
veau du cerveau et surtout vis-à-vis des effets secondaires de la toxicité
cérébrale de ces traitements. En plus, c’est très bon pour la mémoire !

Les oméga-3 peuvent être intéressants s’il n’y a pas de traitement mé-
dicamenteux à base d’anticoagulants, ils vont avoir une activité anti-in-
flammatoire et permettre une bonne nutrition de toutes les enveloppes
de nos cellules. Ce sont des approches qui viennent en complément,
et j’insiste là-dessus, des traitements allopathiques, des traitements
conventionnels. Je ne suis pas là pour vous dire d’arrêter un traitement
qui est instauré par un médecin.

Alessandra : Quand on diminue son traitement antidépresseur


chimique, peut-on commencer à prendre
des plantes antidépressives en même temps pour éviter
une chute trop brutale et palier les effets secondaires
des antidépresseurs chimiques ?

Alain Robert : Je vais être très clair, il n’est pas question d’arrêter les trai-
tements sans l’accord du médecin. Par contre, rien n’empêche de les ac-
compagner avec des plantes pour détoxiquer le foie ou la vésicule biliaire
comme le chardon-Marie, le desmodium, le radis noir, la fumeterre… mais
également avec des compléments qui vont permettre de recharger en ma-
gnésium, en oméga-3, qui vont agir sur les enveloppes du cerveau et ain-
si permettre à la sérotonine, à la dopamine de mieux fonctionner. On peut
avec l’accord du médecin, pour certains antidépresseurs, je ne parle pas
des antipsychotiques, je parle des antidépresseurs, éventuellement cer-
taines benzodiazépines, essayer de diminuer très progressivement. On a
toujours tendance à vouloir aller trop vite. Dans les pays anglo-saxons, la
tendance est de dire qu’on essaie de baisser d’un dixième la dose toutes
les quatre à six semaines. Il ne faut pas essayer d’arrêter en 15 jours, c’est
dangereux, surtout si cela fait depuis un certain temps que le traitement
est commencé. En parallèle, vous pouvez prendre des précurseurs de la
dopamine ou de la sérotonine comme : la tyrosine, l’hypéricine, la griffo-

168
Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

nia ou le 5-hydroxytryptophane qui vont aider l’organisme à fabriquer sa


propre sérotonine. Associée à des oméga-3 spécifiques du cerveau, cette
sérotonine sera beaucoup mieux utilisée, ce qui peut permettre très pro-
gressivement de baisser les médicaments sérotoninergiques.

Bien sûr, à côté, il faut manger correctement : poissons, légumes, fruits, et


s’hydrater suffisamment. Le cannabis a une très nette toxicité cérébrale
et il faut être très prudent et bien connaître tous les éléments avant de
décider l’arrêt ou la diminution d’un traitement instauré par le médecin.

Alessandra : « Pour la dépression saisonnière, quel est


le meilleur appareil de luminothérapie, son mode d’emploi,
son prix ? Où le trouver ? En dehors de l’activité physique et
de l’écoute, de la vitamine D, du magnésium, des probiotiques,
du millepertuis, des HE de lavande vraie et de camomille
noble, quels sont les autres produits susceptibles d’améliorer
l’anxiété et la dépression ? Où les trouver de bonne qualité à
prix raisonnable ? Que pensez-vous des produits qui associent
toutes les vitamines et minéraux (sauf le cuivre et le fer
oxydants nécessaires seulement à ceux qui sont en déficit) ?
Personnellement, je n’ai jamais constaté une efficacité correcte
chez les personnes. Il faut mieux dépister et traiter uniquement
les carences. Qu’en pensez-vous ? Merci pour votre réponse.
Marie-France »

Alain Robert : Honnêtement, je ne sais pas. Quel est le meilleur, le prix, je


ne sais pas du tout.

En dehors de l’activité physique et de l’écoute, de la vitamine D, du ma-


gnésium, des probiotiques, du millepertuis, de huiles essentielles, quels
sont les autres produits susceptibles d’améliorer l’anxiété et la dépres-
sion ? C’est vrai que là, il y a déjà une bonne liste. La vitamine D, et par-
ticulièrement la vitamine D3, sont très intéressantes en hiver. On est
tous en carence et elle joue sur le moral. Les probiotiques sont conseil-
lés pour la flore intestinale, la production de sérotonine et mélatonine.

169
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Les huiles essentielles de lavande et de camomille sont intéressantes.


On peut éventuellement y ajouter des oméga-3, riches en EPA qui vont
avoir une action sur le fonctionnement du cerveau et donc l’utilisation de
ce que l’on appelle les neuromédiateurs qui interviennent dans l’humeur.
La sérotonine, c’est l’hormone de l’humeur. La dopamine, c’est l’hormone
de l’envie. Elles seront beaucoup mieux utilisées parce que notre cerveau
sera mieux nourri et donc fonctionnera beaucoup mieux.

Il est intéressant aussi, si on n’est pas allergique, de prendre une goutte d’huile
essentielle de bergamote. Ça semble intéressant en hiver. Je ne dirais pas que
cela remplace le soleil mais elle pourra avoir une action sur l’humeur qui est
assez intéressante. Pensez aussi au magnésium et aux vitamines du groupe B !

Dès que l’on peut, pourquoi pas un petit peu de luminothérapie, pour ceux qui
le peuvent, partir au soleil, ça peut être utile ! Des complexes de vitamines et
minéraux, peuvent aussi vous soulager, si possible d’origine naturelle, ils sont
beaucoup mieux assimilés. Alors, moi je connais ceux de Naturathera, puisque
je suis conseiller scientifique de Naturathera à Paris, mais il y a certainement
d’autres marques qui sont très intéressantes. L’angoisse aussi peut être amé-
liorée avec de l’homéopathie : Ignatia, Gelsemium, Arsenicum Album, Lycopo-
dium… mais également des plantes : la passiflore, l’eschscholtzia.

Travaillez votre respiration, si vous sentez que vous commencez à être en-
vahi par cette anxiété, asseyez-vous, respirez profondément pour bien oxy-
géner le cerveau. S’il est nécessaire de prendre des médicaments parce que
cette anxiété est beaucoup trop importante et que vous ne pouvez pas la
supporter, il faut les prendre, tout simplement. Dès que vous irez mieux,
vous pourrez voir pour les éliminer ou les diminuer. Il faut être pragmatique.

Alessandra : « Le millepertuis est-il efficace contre les


dépressions sévères ? Avec quel médicament ou substance le
millepertuis est-il fortement déconseillé ? La dépamide,
le norset ? Charles P. »

Alain Robert : Norset et Depamide sont des médicaments lourds, il va


de soi que le millepertuis ne remplacera absolument pas ces médica-

170
Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

ments-là et qu’il peut effectivement y avoir des interactions. Les inte-


ractions ont surtout lieu avec les médicaments qui utilisent le système du
cytochrome P450, qui est un mode de détoxication au niveau hépatique,
c’est là où il peut y avoir des compétitions avec les différentes molécules :
certaines chimio, certains médicaments. En revanche, rien n’empêche
d’associer des oméga-3, du magnésium ou des plantes comme la passi-
flore, la valériane, l’eschscholtzia, l’aubépine, en cas de palpitations.

Le millepertuis peut être intéressant dans les dépressions légères à mo-


dérées, en aucun cas dans les dépressions sévères. Ce ne sera pas suf-
fisant. Et puis, ne jamais oublier également que le millepertuis peut être
un peu photo-sensibilisant. Donc attention, si on le prend en été, il peut
donner et favoriser les coups de soleil.

Alessandra : « Peut-on combattre, voire éviter, la dépression


saisonnière grâce à la luminothérapie à raison de 20 minutes
tous les matins ? »

Alain Robert : La luminothérapie dans les dépressions saisonnières, oui,


ça peut être très intéressant. C’est cette carence en vitamine D et en
rayons du soleil qui en est la cause. Moi, je déteste cette saison. Je n’ai
pas envie de me lever le matin quand il fait sombre, quand il fait gris. La
luminothérapie avec des appareils de qualité peut être une solution inté-
ressante. On peut aussi faire appel aux plantes : par exemple le griffonia
– deux gélules le soir - va apporter ce fameux 5-hydroxytryptophane et
permettre la fabrication de la sérotonine.

Le matin, pour donner un petit coup de boost, on peut prendre par


exemple de la rhodiola, ce fameux ginseng, on va dire de Russie, qui est
une plante adaptogène, un petit peu tonique, qui s’associe très bien aux
plantes sérotoninergiques qui apportent des précurseurs pour fabriquer
notre sérotonine, notre hormone de la bonne humeur.

Alessandra : « Bonjour, souvent à la fin de l’hiver,


je me sens vidé, fatigué sans aucune énergie, le blues,
que me conseillez-vous pour me redonner la pêche ! »

171
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alain Robert : On en vient toujours un peu aux mêmes questions. L’ab-


sence ou le manque de sommeil chez certaines personnes influe énor-
mément sur l’humeur. Vous pouvez mettre une petite goutte d’huile es-
sentielle de bergamote sur un petit morceau de sucre de canne ou un
petit peu de miel le matin. Mais le plus important, c’est une bonne nuit de
sommeil, on récupère durant la nuit.

Alessandra : « Peut-on prendre des plantes de notre jardin ou


doit-on acheter des plantes en magasin spécialisé ? »

Alain Robert : Les plantes du jardin sont intéressantes s’il n’y a pas de
pesticide. Le romarin, la mélisse et tous les aromates que l’on peut avoir
dans le jardin peuvent être intéressants. Deuxième élément, il faut être
sûr de l’identification de la plante, que ce soit bien le romarin, la mélisse,
que ce ne soit pas une autre plante, qu’il n’y ait pas de confusion. Ensuite,
quand on les cueille, bien les laver puisque la pluie va tomber dessus et
apporter tous les polluants qu’il peut y avoir dans l’eau de pluie. Le sé-
chage aussi est extrêmement important parce que si c’est mal séché la
plante va pourrir, et donc il faudra la jeter ou bien il peut y avoir des moi-
sissures qui se développent dessus.

Si l’on veut prendre une tisane avec les plantes du jardin, c’est possible
si on les connaît bien, mais il faut savoir que la composition de la plante
varie dans la saison. Il y a des périodes privilégiées pour les cueillir de
façon à avoir le maximum de propriétés. Il y a des ouvrages de botanique
qui peuvent vous donner des conseils. Ici, je parle des plantes cueillies
dans le jardin.

Je ne suis pas partisan des plantes cueillies en forêt, pendant une balade,
pour plusieurs raisons. D’abord, il faut être vraiment un très bon botaniste
pour être sûr que c’est la bonne plante que l’on cueille parce qu’il y a des
plantes qui se ressemblent énormément ou des racines de plante qui se

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Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

ressemblent énormément, et si certaines sont bonnes, d’autres peuvent


être extrêmement toxiques. Donc attention ! Si on n’est pas très au courant,
ça va être le même problème que pour les champignons. Deuxièmement, il
y a toujours ce problème de pollution. On ne sait pas comment les nuages
ou la pluie sont passés par là. Est-ce qu’il y a une route à fréquentation
importante non loin ? Est-ce qu’il y a des champs avec des traitements qui
sont faits sur les champs ? Troisième problème, il faut aussi avoir à l’esprit
la notion de protection du biotope. Il est très intéressant de cueillir telle
petite plante mais souvent on en cueille trop et donc, on détruit le biotope,
on détruit la parcelle de plante. Et puis après, il y a aussi un élément dont il
faut avoir conscience, c’est que certaines plantes peuvent aussi être para-
sitées, surtout les plantes qui poussent en dessous, je dirais, de 40 cm du
sol. Vous avez dans la forêt des animaux sauvages et il y a certaines patho-
logies comme l’échinococcose qui est transmise par l’urine des renards. Si
un renard ou un animal sauvage a uriné ou fait ses besoins sur la plante,
elle risque d’être parasitée et de là vous parasiter. Il faut donc être extrê-
mement prudent et vigilant et plutôt cueillir les plantes en hauteur. Ce sont
des éléments dont il faut tenir compte.

Après, il y a vraiment un problème qui me terrorise. C’est la maladie de


Lyme avec les tiques. Il y en a partout en France et c’est un problème de
santé publique. Il faut savoir que ce n’est plus une épidémie, mais une
pandémie mondiale. On considère actuellement, par exemple aux Etats-
Unis, qu’il y a un million de nouveaux cas par an, c’est dramatique. N’allez
pas vous balader dans les bois en short, les jambes nues, en petit t-shirt,
etc. Il faut vraiment vous couvrir au maximum, bien serrer les manches,
les pantalons avec des élastiques pour qu’elles ne rentrent pas.

Vous pouvez acheter ces plantes chez des spécialistes en pharmacie,


pour ceux qui connaissent, en herboristerie où là, en général, nous avons
des plantes de bonne qualité récoltées, travaillées, dont la sécurité sani-
taire est garantie.

173
RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

Alessandra : Dernière question : « J’ai depuis quelque temps


un problème d’anxiété, voire d’angoisse lorsque je vais me
coucher ou si je suis au restaurant et que je mange dans un
angle du restaurant où je suis un peu coincé et difficile de
m’extraire rapidement de ma place. Cela m’arrive aussi quand la
température extérieure est élevée et que c’est humide.
Je pense que j’ai peur d’étouffer par manque d’air ou dès
que j’ai mangé, j’ai comme une boule au-dessus de l’estomac.
Je ne vis bien que dans des grandes pièces avec de belles
baies vitrées. Tout cela me gâche un peu ma vie. Que me
conseillez-vous ? Maurice »

Alain Robert : C’est une espèce d’angoisse, d’agoraphobie, quand on


est dans des espaces petits, fermés, avec du monde. Effectivement, on
peut avoir ce type de problème. C’est vrai qu’être dans de belles pièces
vitrées avec une belle vue, c’est quand même agréable, mais ce n’est
pas toujours possible. Là aussi, on peut essayer l’homéopathie avec les
souches classiques pour les problèmes d’anxiété, de stress, voir peut-
être un homéopathe qui pourrait aussi déterminer un traitement sur-me-
sure et l’adapter à votre cas particulier, Maurice. On peut aussi essayer
les plantes qui vont détendre : la passiflore, la valériane, l’aubépine - qui
sera intéressante s’il y a des palpitations. Prendre aussi pourquoi pas du
coenzyme Q10 qui est une espèce de vitamine : l’ubiquinone, qui a un ef-
fet protecteur au niveau musculaire, et ne pas oublier que le cœur est un
muscle. C’est un super antioxydant et un super protecteur cardiaque. Je
fais une petite digression. Ce coenzyme Q10 est très intéressant égale-
ment si on a certains traitements comme les fameuses statines contre le
cholestérol, les bétabloquants pour faire baisser la tension, voire certains
médicaments pour dormir : les benzodiazépines, les somnifères qui vont
avoir tendance à détruire cette vitamine et donc expliquer une partie des
effets secondaires que l’on peut recevoir, ressentir au niveau des dou-
leurs musculaires. Il suffit tout simplement de prendre du coenzyme Q10
à raison d’à peu près 120 mg de coenzyme Q10 par jour. Il semblerait aus-
si que ce fameux coenzyme Q10 soit très intéressant en prévention de
la maladie de Parkinson. Actuellement, il y a des essais en cancérologie
sur le fonctionnement des mitochondries (qui sont nos cellules énergé-

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Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

tiques et dans lequel intervient le coenzyme Q10), c’est très intéressant


pour avoir un effet curatif et préventif au niveau du cancer. C’est une des
voies de recherche actuelle. Donc coenzyme Q10 plus toujours ce fameux
magnésium et particulièrement le soir : le magnésium permet d’avoir un
sommeil profond, qui est le sommeil réparateur de meilleure qualité.

Des plantes vont détendre, l’eschscholtzia, ce fameux pavot de Californie


qui est absolument sans aucun danger et qui est une plante qui agit très
vite. On l’utilise surtout comme inducteur de sommeil, pour s’endormir
rapidement. On peut le prendre avec de la lavande, de la feuille d’oranger,
du petit grain bigarade, de la passiflore, de la valériane, de l’aubépine et
de la mélisse. Cette dernière est également intéressante si on a des maux
de ventre, des spasmes puisque c’est un excellent antispasmodique et
elle apaise également le mental. Et on peut le donner aux enfants sans
aucune difficulté ! Par exemple, une petite recette de tisane pour enfants
quand ils ont des petits problèmes d’insomnie : mélanger mélisse et co-
quelicot et faites une infusion légère le soir.

Bien sûr, s’il y a des problèmes d’insomnie, on va éviter, on va dire après


16 heures, tous les excitants. Pas de café, pas de thé, pas de chocolat le
soir. Je rappelle que dans le chocolat, vous avez une molécule qui s’ap-
pelle la théobromine qui est de la même famille que la caféine ou la théine.
Alors, il y a des gens qui sont plus ou moins sensibles. On évite tout ce qui
va contenir ce type de molécule. Et la théine, par exemple, met six heures
pour vous énerver. Vous en buvez à 16h00 : 16 + 6 =22, c’est à 22 heures
que vous serez en forme. Cela peut expliquer les problèmes d’insomnie
lorsqu’on consomme trop de ce type d’éléments le soir. Bien sûr, avoir
une chambre aérée, bien ventilée, pas trop chaude, est important. Parfois
les chambres sont beaucoup trop sèches. Quand l’atmosphère est trop
sèche, mettre un humidificateur sur le radiateur et dedans, 2, 3 gouttes
d’huile essentielle de lavande, de mandarine pour se détendre. En cas de
toux, on peut mettre un peu d’huile essentielle d’eucalyptus. Ça va assai-
nir l’atmosphère. On peut également mettre quelques gouttes d’huile es-
sentielle de lavande pour se détendre sur l’oreiller ou au niveau du plexus
solaire pour détendre un petit peu ces tensions. Vous voyez, il y a plein
de choses. Surtout, prendre une bonne tisane avec des doses thérapeu-

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RENDEZ-VOUS PRIVÉS : 9 MALADIES PASSÉES AU CRIBLE

tiques : on met une bonne cuillère à soupe d’une plante ou d’un mélange
pour une tasse, on laisse infuser 8-10 minutes couvert et on boit ça, le
soir, en essayant de ne pas trop sucrer.

On peut prendre également de la mélatonine le soir, surtout si on est un


peu dépressif, il faut savoir que c’est la sérotonine qui est transformée en
mélatonine. On peut donc avoir des difficultés de sommeil. Il va de soi aussi
qu’il faut laisser tranquille son cerveau, c’est-à-dire pas de téléphone, pas
d’ordinateur, surtout pour les jeunes, une heure avant de se coucher. Le
cerveau va mettre une heure pour essayer de se calmer à cause de cette
lumière bleue qui bloque la fabrication de la mélatonine et qui surexcite les
cellules du cerveau. Donc mieux vaut prendre un bon bouquin.

Manger légèrement mais suffisamment le soir pour pouvoir s’endormir,


tout simplement. L’homéopathie peut aussi être intéressante et là, je
vous invite à voir un médecin homéopathe si c’est nécessaire. On peut
faire des massages aussi avec des huiles essentielles : l’huile essentielle
de lavande, ou en fonction aussi des odeurs qui vous plaisent, l’huile es-
sentielle de mandarine, de petit grain bigaradier... Enfin, il y a vraiment
un grand choix et ces huiles essentielles en massage, on peut les diluer
dans une huile végétale et faire un petit massage au niveau du dos, au
niveau des trapèzes pour bien décontracter. Et cela peut permettre, en
étant plus décontracté, plus détendu, de s’endormir plus facilement. Voilà
des choses simples à mettre en œuvre et souvent très efficaces.

Une chose à laquelle on ne pense plus beaucoup : on ne vermifuge plus les


gens. C’est comme si, tout d’un coup, les petits parasites avaient disparu
de notre organisme. Cette irritabilité peut souvent être le résultat d’une
parasitose, ces fameux petits oxyures que l’on peut avoir, et que nous
avons tous d’ailleurs, n’ont pas disparu. Il serait important de voir avec le
médecin s’il ne serait pas utile de faire une à deux fois par an, une petite
cure d’un antiparasitaire, de façon à éliminer ces hôtes qui peuvent à la
fois fatiguer et entraîner de la nervosité. On voit aussi souvent les enfants
par exemple ou les adultes d’ailleurs, qui lorsqu’ils sont assis, sont tout
le temps en train de gesticuler, comme s’ils se grattaient un petit peu les
fesses : c’est le parasite, les oxyures, entre autres, qui peuvent venir un pe-

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Problème 7 : l’anxiété et la dépression avec Dr Alain Robert

tit peu titiller l’organisme. On fait une cure de vermifuge une à deux fois par
an. Dans le temps, on pouvait traiter aussi avec l’ail, manger des gousses
d’ail, ça peut être intéressant comme un antiparasitaire naturel. Mais ça
c’est quelque chose d’assez fréquent et que l’on ignore de plus en plus.

Au niveau sommeil, soyez vigilant aussi qu’il n’y ait pas trop de prises
électriques, d’ondes électromagnétiques au niveau de la tête : ça peut,
pour des personnes sensibles, perturber et entraîner des problèmes de
sommeil. Si on a tendance à se réveiller vers deux, trois heures du ma-
tin, on considère que c’est l’heure à laquelle le foie se met à travailler et
peut-être de façon un peu excessive, c’est peut-être un signe qu’il fau-
drait faire une cure un peu détox, dépurative. Notre organisme a besoin
d’être nettoyé avec toujours les mêmes : radis noir, fumeterre, desmo-
dium, chardon-marie, on a vraiment un très grand choix dans les plantes
ou dans les huiles essentielles qui peuvent être utilisées.

Je pense que l’on a fait le tour de questions que j’ai. Donc en conclusion,
ne pas hésiter à utiliser la nature pour s’aider : aussi bien avec des tisanes,
des huiles essentielles, des gélules. Faire un petit peu le bilan chez soi
pour voir si on n’a pas aussi des habitudes négatives qui pourraient ex-
pliquer cette insomnie, ce mauvais sommeil, comme trois ou quatre cafés
par jour, beaucoup de thés le soir, trop de télévision pour les enfants, les
plus jeunes, ondes électromagnétiques.

La moindre petite lumière entraîne la fin de la sécrétion de la mélatonine


par l’organisme et donc le réveil. C’est une réaction du temps où on était
de la préhistoire : dès qu’il y avait de la lumière, il fallait être en mesure
de se réveiller pour pouvoir être à l’affût d’éventuels prédateurs. Cette
session est maintenant terminée. C’est toujours avec un grand plaisir que
j’interviens auprès de vous. Merci à tous, merci de votre écoute. Au revoir.

177
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