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PLANÈTE

DISPONIBLE CHEZ VOTRE MÉDECIN


SANTÉ
No11 – AVRIL 2012
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DU MÉDECIN AU PATIENT

Accès aux soins


pénurie annoncée
Réseaux de soins Les somnifères
Le peuple votera sont-ils dangereux
pour la santé?
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de médecine / Société médicale du canton du Jura / CHUV / HUG / PMU / Faculté de Médecine
UNIGE / Faculté de biologie et de médecine UNIL / Service de la santé publique du canton du
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le cancer / Promotion Santé Valais / Addiction Valais / Pro mente sana / Slate.fr / Canal9 / Check-
your-lovelife / Fondation Profa
EDITO 3

Au-delà des réseaux de soins,


la pénurie de médecins
2012 sera-t-elle l’année de tous les changements Pourquoi les jeunes rechignent-ils donc aus-
pour le système de santé suisse ? Le vent du re- si violemment à embrasser une vocation qui a
nouveau, ou du cataclysme, selon de quel côté fait le bonheur de bon nombre de leurs pré-
on se place, souffle en tout cas tous azimuts. décesseurs ? Les maux, tout comme l’annonce
Ainsi, le forfait par cas, une nouvelle manière de la pénurie, sont bien connus. Moins valorisé
de facturer les prestations au sein des hôpitaux, dans ses compétences professionnelles que le
a été instauré en début d’année. Le peuple vo- spécialiste, le généraliste travaille énormément
tera sur les réseaux de soins le 17 juin prochain et est, dans de nombreux cantons, astreint à la
(voir notre article page 14). Et, cerise sur le gâ- garde. Bref, à une époque où une vie réussie
teau, l’initiative pour une caisse unique essaie- passe avant tout par la réalisation de projets
ra, à nouveau, de révolutionner le monde de personnels, il n’est pas franchement étonnant
l’assurance-maladie. que le tableau n’attire pas les foules.

Autant de réformes structurelles qui pourraient Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Les ini-
toutefois s’avérer de peu d’utilité. Car au-de- tiatives lancées par la «vieille» génération de
là des changements, un mal bien plus perni- généralistes pour attirer cette insaisissable «re-
cieux s’annonce. Celui du manque de méde- lève» pullulent. Création de centres universi-
cins. Ou plus exactement : la disparition lente, taires dédiés au généralisme, changements des
terrifiante, des «généralistes», rouage essentiel conditions cadres de la garde, stage en cabinet :
de tout système de santé qui souhaite prendre tout y passe. La nouveauté, c’est que le monde
en charge une population de plus en plus politique s’en fait enfin l’écho. Une cloche a-
vieillissante. t-elle sonné à Berne pour annoncer qu’au-de-
là des structures, pour soigner des malades, il
L’affaire ne date pas d’hier. En 2008, un rapport faut aussi des types en blouse blanche ? Peut-
de l’Observatoire suisse de la santé (OBSAN) être. Espérons juste qu’il ne soit pas trop tard.
prévoyait déjà qu’il manquerait à la Suisse 30%
de médecins de premier recours pour couvrir
les besoins de la population en 2030.

MICHAEL
AEL BALAVOINE

+
Impressum
Rédaction Éditeur Abonnements Collaborations Comité de rédaction
Rédacteur en chef Editions Médecine & Hygiène Version électronique : gratuite Planète Santé est soutenu par Dr Pierre-Yves Bilat
Michael Balavoine Chemin de la Mousse 46 Abonnement papier : CHF 12/an - la Société vaudoise Dr Henri-Kim de Heller
Rédacteurs 1225 Chêne-Bourg Tél : +41 22 702 93 29 de médecine Dr Marc-Henri Gauchat
Cécile Aubert Email : planetesante@medhyg.ch Fax : +41 22 702 93 55 - la Société médicale du Valais Dr Bertrand Kiefer
Philippe Barraud Tél : +41 22 702 93 11 Email : abonnements@medhyg.ch - l’Association des médecins Dr Michel Matter
Winnie Covo Fax : +41 22 702 93 55 Site : www.planetesante.ch du canton de Genève Dr Remo Osterwalder
Richard Etienne - la Société neuchâteloise M Pierre-André Repond
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Av de Chamonix 7 – 1207 Genève Fiche technique du canton du Jura
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Aline Hostettler 022 786 70 00 Disponible dans les cabinets
Romain Graf
Antoine Egli 043 211 30 27 médicaux

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LES CONNAÎTRE, LES SOIGNER. QUAND L’ALIMENTATION
iété où l’effort
N’AIMONS Moins connus, souvent banalisés voire ignorés en com-
paraison de l’anorexie et de la boulimie, les troubles
POSE PROBLÈME
Quand l'alimentation pose problème...
Pourquoi nous
à une quête des conduites alimentaires atypiques (TCAA) sont
pourtant plus répandus et constituent un réel enjeu

PAS LE SPORT
onduite toxico-
n’aimons pas le sport
de santé publique.
L’intensité de la souffrance, la complexité des tableaux
symptomatiques, la diversité des parcours et les mul-
tiples répercussions sur la vie sociale démontrent
sopHIe VUst
bon ton pour Guide motivationnel à l’usage des praticiens
l’importance de repérer et de prendre en charge ces
sous son jour
FranCesCa saCCo et aLaIn goLaY
troubles alimentaires atypiques. Dans cette perspec-
Ni anorexie ni boulimie :
igé comme un
tive, la formation au dépistage, à l’évaluation et à la
prise en charge des divers intervenants confrontés à les troubles alimentaires Nous entretenons tous un rapport complexe avec
Pourquoi nous n’aimons pas le sport

ces troubles représente un enjeu majeur.


our les profes- atypiques
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Cet ouvrage retrace les résultats d’une recherche
ticulier. qualitative et présente le vécu des TCAA en suivant le
parcours des participantes à un groupe thérapeutique. QUAND L'ALIMENTATION
ation avec un Il fournit certains éléments cliniques fondamentaux
POSE PROBLÈME...
n large public ; mais pourquoi ? Ce livre aborde aussi bien le
pour la prise en charge des TCAA et rend compte de
la réalité clinique vécue par les patientes. Les témoi- Mais cette préoccupation peut devenir probléma-
e professionnel gnages des jeunes lles retracent leurs parcours et Sophie Vust
us d’accompa- thème de la sédentarité en tant que problème
leur évolution à travers la prise en charge de groupe.
tique. Un livre de témoignages pour expliquer et
Sophie Vust

Enn, cet ouvrage dénonce les pressions sociocultu-


relles à la minceur et le diktat des régimes, proposant

de société que l’aspect médical et bénéfique mieux comprendre.


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SOMMAIRE 5

Politique de santé
6 Accès aux soins, les signaux sont au rouge
10 Un label suisse pour les médecins ?
12 EGK quand la concurrence pousse à la faute
14 Les réseaux de soins, un modèle unique ?

Reportage
16 Procréation médicalement assistée :
le curieux chemin des spermatozoïdes 6 Accès aux soins
20 Médecin légiste pénurie annoncée
Santé
26 Il ne répond pas, il ne respire pas :
massage cardiaque immédiat
30 Peut-on inoculer le cancer ?
32 Le baclofène, médicament miracle
contre l’alcoolisme ?
34 Les écrans font-ils grossir les enfants ?
36 Les somnifères sont-ils dangereux
pour la santé ?
36 Les somnifères
39 Dépendance au jeu : à qui s’adresser ?
sont-ils dangereux
40 La dégénérescence maculaire (DMLA) pour la santé?
Eclairage juridique
44 Le patient peut-il consulter son
dossier médical ?
46 Le scandale des «listes unilatérales»

People
48 Jean-Marc Richard face à son médecin

48 Jean-Marc Richard
face à son médecin

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6 POLITIQUE

Accès aux soins


les signaux sont
au rouge
Accès aux soins Pour la plupart d’entre
nous, l’accès aux soins relève de l’évidence :
on appelle son généraliste et on le voit dans
la semaine ! Sauf que les choses se passent de
moins en moins ainsi.
TEXTE PHILIPPE BARRAUD

D’
une part, beaucoup de cachées derrière des symptômes bé-
gens, notamment parmi les nins ; il faut donc expliquer les choses,
jeunes, n’ont pas de mé- beaucoup plus que par le passé, et donc
decin de famille (30% des prendre davantage de temps ; d’autres
clients des urgences). D’autre part, la fois, les patients pensent trouver aux ur-
pénurie dramatique de généralistes fait gences des examens techniques (radio-
que parmi eux, plus personne ne prend graphie, scanner...) que leur généraliste
de nouveaux patients. Résultat : les per- a jugé inutiles ; d’autres espèrent être en-
manences, policliniques et services d’ur- voyés vers un spécialiste, ou souhaitent
gence sont pris d’assaut, souvent pour obtenir un arrêt de travail...
des vétilles.
En réalité, tout concourt à ce que l’ac- Des walking patients
cès aux soins se dégrade rapidement. en quête d’un médecin
La population augmente vite, de même Beaucoup de ces visiteurs de perma-
que ses besoins. Surinformés ou mal in- nences, dits walking patients, s’y rendent
formés, les patients débarquent aux ur- par défaut, après avoir fait une dizaine de
gences avec des demandes qui dépassent téléphones chez des généralistes qui les
très largement la vocation de ces insti- ont refusés. Ces derniers confirment re-
tutions : parfois, c’est une petite fièvre cevoir une demi-douzaine de téléphones
mais, comme le note le Dr Henri-Kim de par jour, auxquels ils doivent répondre
Heller, les gens ont de plus en plus ten- négativement, puisque beaucoup d’entre
dance à fantasmer des maladies graves eux sont déjà au bord du burn out, voire

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


POLITIQUE 7

Un partenariat
entre l’Etat
et les médecins
Un peu partout en Suisse, le système
de santé sera confronté à des défis
majeurs ces prochaines années, en
particulier à cause de l’évolution
démographique. Il s’agit à la fois
d’assurer l’équité de l’offre ambu-
latoire, la liberté thérapeutique du
médecin, la liberté de choix du patient
et la relation médecin-malade.
Pour répondre aux besoins crois-
sants de la population vaudoise et
dans un contexte de pénurie médi-
cale, la Société vaudoise de médecine
(SVM) et le Département de la santé
et de l’action sociale du canton de
Vaud (DSAS) se sont lancés dans
une démarche inédite, et qui n’a pas
d’équivalent en Suisse. Il s’agit d’une
convention-cadre de partenariat, en-
trée en vigueur le 1er septembre 2010,
qui met en place une collaboration
régulière entre l’Etat et les médecins
vaudois.
Cinq domaines prioritaires font
l’objet d’études et de propositions :
la relève et la formation médicales ;
la garde médicale, dont on connaît
l’importance pour les régions péri-
phériques ; la clause du besoin, l’une
des causes de la pénurie médicale
actuelle ; la récolte de données
démographiques et épidémiologiques
fiables, sans lesquelles un véritable
pilotage du système de santé n’est
pas possible ; et les réseaux de soins
(Managed Care).
Après quelques mois d’existence,
le partenariat avait déjà prouvé son
utilité : les divergences dans le traite-
ment des demandes de dérogation à
la clause du besoin étaient devenues
rares, la SVM et ses groupements étant
systématiquement pris en considéra-
tion. Depuis l’abandon de la clause
du besoin, les réflections s’orientent
d’ailleurs vers d’autres modes de régu-
lation des installations. Le partenariat
est un bon cadre pour en discuter.

Le système de santé
sera confronté à des
défis majeurs ces
prochaines années.

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8 POLITIQUE

“Il faut créer


des petits pôles
de santé pour
désengorger
les permanences
et les urgences.”

au-delà. «Ceux qui n’ont pas un sésame effort colossal pour une structure de ce chez les personnes âgées et les malades
d’entrée chez un médecin traitant ne type. Et pourtant, nous devrons recom- chroniques pourraient être assumés par
peuvent plus entrer dans le système clas- mencer cette année, car la croissance de des infirmières, par exemple. Ainsi, le gé-
sique», explique le Dr de Heller. l’activité va de 3 à 5% par année.» néraliste pourrait utiliser son temps plus
Cette rapide évolution de la sociologie Pour ce qui est du tri des patients, les rationnellement. Le problème est que
des demandes de soins exige de mul- pharmaciens jouent déjà un rôle très les patients tiennent à voir le médecin
tiples réformes : il faut améliorer l’infor- important – même si les structures sont en personne plutôt qu’une infirmière, si
mation et le tri des patients à la base, mal adaptées : qui veut raconter ses pro- compétente soit-elle !
trouver des ressources de soins alterna- blèmes de santé à une jeune aide en
tives acceptables par les patients, ren- pharmacie, tandis que trois autres clients Donner l’envie d’être généraliste
forcer les capacités des permanences et font la queue à la caisse ? Les consulta- Mais l’essentiel reste la pénurie de géné-
enfin, surtout, former de nouveaux géné- tions par téléphone ou par e-mail sont ralistes. Et c’est seulement en augmen-
ralistes, en évitant que leur cursus uni- risquées, les généralistes préfèrent tou- tant fortement le nombre de ceux-ci que
versitaire ne les détourne vers une spé- jours voir les patients devant eux – ils ont la société pourra répondre à la demande
cialisation supposée plus prestigieuse et l’œil exercé ! – surtout dans le domaine croissante de la population, sans creuser
lucrative. des troubles psychiques, si fréquents des inégalités. Pour former davantage de
Au niveau des permanences, le can- aujourd’hui. généralistes, il faut former plus de mé-
ton de Vaud «a investi cinq millions en Le fait est que les généralistes consacrent decins en général. L’Université de Lau-
2008 aux Urgences du Bugnon, indique beaucoup de temps à des tâches qui sanne est la seule université de Suisse
le conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, pourraient être déléguées à du personnel à avoir augmenté de 25% ses capacités
ce qui représente quelques dizaines de paramédical : ce qu’on appelle le «suivi de formation postgraduée des médecins.
forces de travail supplémentaire. C’est un du tout va bien» : les examens de routine «Nous aurons bientôt accru de 40% la

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


POLITIQUE 9

WAZEM
Il manquera (les spécialistes se substituant aux
généralistes). Certaines spécialités,
1 800 généralistes comme la psychiatrie, seront en net
déficit (manque de 500 médecins).
en 2030 En revanche, la gynécologie et la
pédiatrie ne devraient pas connaître
de pénurie criante.
L’étude de l’Observatoire suisse de la Le gatekeeping, qui peut amé-
santé publiée en juillet 2008* prévoit liorer l’efficacité de l’offre de soins,
à l’horizon 2030 une forte augmenta- peut néanmoins accroître aussi la
tion de la demande de consultations, demande en médecine de base.
surtout en raison de l’évolution Quant à la substitution du généra-
démographique, et une baisse mar- liste par du personnel paramédical,
quée de l’offre médicale. elle se heurte à la nécessité pour
C’est la médecine de base qui les infirmières d’agir sous l’autorité
sera la plus touchée, avec dix mil- d’un médecin. Enfin, ces profes-
lions de consultations non couvertes sions peuvent elles aussi subir une
en 2030, et une pénurie de médecins pénurie.
estimée à 1 800 équivalents plein- Selon l’Observatoire, la mesure
temps. La médecine générale sera prioritaire à prendre consiste à aug-
la plus touchée, d’autant que la menter l’offre en médecine de base,
féminisation de la profession, ainsi et pour ce faire, il faut encourager la
que des taux d’activités réduits, formation de médecins en médecine
vont diminuer encore l’offre de de base.
consultations. Mais même chez les
spécialistes, l’offre couvrira à peine * Hélène Jaccard Ruedin et al. : Offre et recours
aux soins médicaux ambulatoires en Suisse
la demande, si bien qu’il ne pourra – Projections à l’horizon 2030. Observatoire
pas y avoir de substitution partielle suisse de la santé – www.obsan.ch

un salaire. Ce modèle Au-delà de la formation proprement dite,


a beaucoup aidé à la il s’agit de promouvoir la création de ca-
“L’essentiel du problème reprise de cabinets, binets de groupe décentralisés, où de
dans la mesure où le jeunes médecins pourront partager une
reste la pénurie de généralistes.” praticien peut évaluer structure administrative et technique,
son éventuel succes- assurer des horaires atypiques et des
seur, ou refaire l’expé- gardes, grâce notamment au temps par-
rience avec un autre tiel. Au final, il s’agit d’offrir un débou-
capacité de formation des médecins au jeune médecin pendant six mois», ex- ché économique aux jeunes médecins,
lit du malade», dit Pierre-Yves Maillard. plique le ministre vaudois de la Santé. qui devraient pouvoir s’installer sans de-
Mais pour éviter la fuite vers les spécia- Une autre forme d’immersion a été mise voir s’endetter lourdement, comme c’est
lisations, il faut donner aux jeunes mé- en place à la PMU du Flon à Lausanne, encore le cas lors d’une reprise de cabi-
decins l’envie d’être généralistes, et donc avec des teams formées de jeunes mé- net. Ces petites «pôles de santé» permet-
les faire sortir du cocon universitaire decins en formation postgraduée, et une traient de capter la demande de soins qui
pour les mettre en prise avec les réalités septantaine de médecins expérimentés, se dirige, souvent à tort, vers les urgences
du terrain et de la proximité. qui les supervisent. Dans le Nord vau- et les permanences. +
dois, on fait «tourner» les jeunes méde-
Des «pôles de santé décentrali- cins dans les différents centres de soins
sés pour les jeunes médecins» (hôpital, EMS, réadaptation, cabinet de
C’est l’objectif des stages en cabinet : «Le généraliste...) afin de les immerger dans
jeune médecin poursuivra son stage chez un autre aspect de leur métier que la mé-
un médecin installé, et nous lui payerons decine universitaire.

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10 POLITIQUE

Un label suisse
pour les médecins ?
Dr Patrick Saudan,
médecin au Service de Concurrence De nombreux
néphrologie aux Hôpitaux
Universitaires de Genève.
médecins étrangers viennent
s’installer à Genève. Le médecin
et député, Patrick Saudan,
demande que le patient puisse
connaître la formation reçue
par celui qui le soigne.
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BARRAUD

Face à l’afflux de médecins en prove-


nance de l’Union européenne, pré-
conisez-vous le retour à la clause du
besoin ?
Non, pas du tout. D’ailleurs, la clause
du besoin était une erreur. Le problème
est qu’à partir du moment où la clause
du besoin a été levée, et dans le droit fil
des accords sur la libre circulation, nous
avons eu un afflux de médecins venus
des pays limitrophes. Un exemple ? De-
puis janvier 2012, 120 médecins ont de-
mandé un droit de pratique à Genève !

Faut-il remettre en cause les bilatérales


sur ce point ?
Non, je suis pour la libre circulation des
personnes. Néanmoins, dans un mar-
ché privé, le monde de la médecine, il
est normal que le patient-consommateur
dispose d’un libre droit à l’information,
dans la mesure où il existe une distorsion
dans les formations médicales.

Comment la définissez-vous ?
La formation postgraduée des futurs mé-
decins en Suisse est longue, cinq ans au
minimum, et elle impose des années en

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


POLITIQUE 11

Genève,
Eldorado médical ?
hôpital universitaire, dans plusieurs ser- patients, sachant que de toute façon, on La clause du besoin pour l’installation
vices différents. Elle est reconnue par ne pourra plus aller contre les bilatérales. de nouveaux médecins en Suisse a
l’obtention d’un diplôme de spécialiste été instituée dans les années 2000,
(anciennement appellation FMH). Nos La formation joue-t-elle un rôle sur essentiellement pour faire face à un
médecins de premier recours ont donc l’économie de la santé ? afflux de médecins allemands en
dans leur grande majorité un diplôme de Oui. Moins bien un médecin est formé, Suisse alémanique. Elle a été levée
spécialiste en médecine générale ou in- plus il va coûter cher. Il y a une relation en 2010 pour les médecins de premier
terne, et ont donc fait au minimum cinq clairement établie entre les compétences recours (généralistes), et en 2012 pour
professionnelles d’un mé- les spécialistes.
decin et les principes d’éco- Il s’est ensuivi un grand nombre de
“L’idée, c’est de promouvoir nomicité dans la pratique demandes, en particulier à Genève,
de la médecine. Dès lors, puisque les accords bilatéraux
un label de qualité suisse, puisqu’on ne peut pas jouer donnent cette opportunité aux méde-
sur les droits d’installation, cins en provenance des pays de l’UE.
qui permettrait de connaître on doit exiger que les pa- Ceux-ci reçoivent un diplôme de prati-
le type de formation suivi tients puissent connaître la
formation reçue par leur mé-
cien fédéral – même si leur formation
est généralement moins longue que
par le médecin.” decin. C’est quelque chose celle des médecins formés en Suisse :
de tout à fait légitime. il y a une équivalence des titres sur la
forme, sinon sur le fond. Ce vif attrait
ans de formation avant de s’installer. Comment cette information du pa- pour l’exercice de la médecine en
Quant aux spécialistes, leur formation tient peut-elle se concrétiser dans la Suisse s’explique notamment par des
nécessite le plus souvent entre six et huit pratique ? possibilités de gain bien plus élevées
ans de pratique dans des établissements Elle devrait apparaître sur la plaque du en Suisse que dans l’Union euro-
hospitaliers. médecin apposée sur l’immeuble où il péenne, et en particulier à Genève.
pratique. Par exemple, au lieu de lire Ainsi, depuis janvier, non moins de
Et ce n’est pas le cas des médecins simplement spécialiste en gastro-entéro- 120 demandes ont été déposées au
étrangers qui s’installent en Suisse ? logie, ce qui ne dit pas grand chose au bout du lac !
Non. Ils ont une formation postgraduée commun des mortels, on préciserait for- Ces demandes émanent surtout de
bien inférieure en durée à celle exigée en mation suisse, formation autrichienne spécialistes, ce qui explique que,
Suisse. Ils reçoivent un diplôme de prati- ou formation finlandaise, et de la sorte paradoxalement, le canton de Genève
cien fédéral en vertu des accords bilaté- le patient saura un peu mieux à qui il a – comme son voisin vaudois – souffre
raux, qui obligent la Suisse à reconnaître affaire. d’une pénurie de médecins de premier
les formations médicales de l’Union Eu- recours (surtout hors des régions
ropéenne. Or, un diplôme de praticien Est-ce que les associations profession- urbaines), et d’une pléthore de spécia-
fédéral ne correspond qu’à trois ans de nelles partagent votre souci ? listes, notamment de cardiologues.
pratique postgraduée, et un diplôme Oui, elles souhaitent promouvoir un la- Dans le contexte politique des rela-
de spécialiste décerné en Suisse corres- bel de qualité suisse, ce qui est normal : tions entre la Suisse et l’UE, un retour
pond au minimum à cinq ans de forma- lorsqu’on vend des montres, on met tout à la clause du besoin paraît exclu.
tion postgraduée. Il faut savoir de plus naturellement en avant le label de qua- En revanche, les cantons pourraient
qu’en 2012, la clause du besoin a été dé- lité suisse. Nous n’avons pas à rougir de favoriser l’installation de médecins
finitivement levée également pour les notre formation médicale, et je trouve dans les régions excentrées, où la
spécialistes, et on peut par conséquent normal que les gens qui passent à travers pénurie de généralistes est criante, et
s’attendre à une forte augmentation du cette formation puissent s’en prévaloir. dissuader l’installation de spécialistes
nombre de médecins spécialistes en pro- là où il y en a déjà trop.
venance de l’UE. Certains pourraient vous accuser de
pratiques discriminatoires...
Les patients devraient donc être davan- ... Disons de distorsion de la concur-
tage informés de la formation reçue par rence. Mais j’ai pris des avis de droit, et
celui à qui ils confient leur santé ? la forme de la motion par laquelle je pro-
Oui. Ils doivent pouvoir savoir que tel pose cette idée permet précisément d’en
médecin a fait sa formation postgraduée étudier tous les aspects. Dans l’idéal, le
en Suisse, en Finlande ou en Espagne : principe que je propose devrait s’étendre
cela doit être clairement spécifié. C’est à toute la Suisse. +
une information très importante pour les

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12 POLITIQUE

Assurance maladie
«Ce qui est trop bon marché
est toujours trop cher» : cette
sage maxime, les assurés de
la caisse-maladie EGK en ont
fait la cuisante expérience fin
février, avec des hausses de
primes atteignant +66%.
TEXTE PHILIPPE BARRAUD

EGK :
quand la concurrence
pousse à la faute
C
ette décision a d’autant plus l’automne dernier, les primes publiées avoir préféré protéger les intérêts de la
scandalisé les assurés qu’elle ont été présentées comme définitives, caisse, qui risquait une fuite massive de
a reçu la bénédiction de l’Of- alors même que l’OFSP avait décidé clients, plutôt que ceux des assurés.
fice fédéral de la santé pu- qu’elles seraient provisoires, comme
blique, qui est chargé de la surveillance l’a expliqué le directeur de l’OFSP, Les limites du système
des primes, et peut donc les refuser. En Pascal Strupler (Le Temps du 2 mars 2012), Alors que le directeur et le chef des fi-
l’occurrence, il semble que la décision «nous avions un doute que les primes nances d’EGK étaient éjectés, l’OFSP,
d’EGK soit juridiquement conforme (pro- d’EGK couvrent les coûts. Nous avons en janvier, a été contraint d’intervenir,
cédure et délais ont été respectés), mais donc approuvé les primes de cet assu- ce qui a conduit à la hausse des primes
une plainte pénale ayant été déposée, cet reur pour une durée de six mois, en pro- que l’on sait. Toutefois, le directeur de
aspect sera examiné par la justice. cédant ensuite à un contrôle mensuel.» l’OFSP concède que «le système de sur-
Pour certains en effet, comme la Fédé- Le hic, c’est que personne, ni à l’OFSP ni veillance a montré ses limites», et qu’il
ration romande des consommateurs, les chez EGK, n’a jugé utile d’en informer les faudra désormais permettre à l’autorité
assurés ont été délibérément trompés : assurés... En l’occurrence, l’OFSP semble de surveillance d’avoir accès à davantage

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


POLITIQUE 13

quent personne n’est Comment une caisse-maladie


“L’affaire EGK montre lésé, cela pose des
en arrive-t-elle a augmenter
que le système de surveillance problèmes à de nom-
breuses personnes peu massivement ses primes en
des caisses a montré ses limites” familières de ce genre
cours d’année ?
de démarche, com-
pliquée, fastidieuse, EGK a subi une augmentation
qui prend du temps et
de données à l’intérieur des caisses, de oblige d’aller déposer un recommandé à du nombre de ses assurés
contrôler leur gouvernance, et de sanc- la poste. En outre, il y a des restrictions plus importante que prévu.
tionner les dirigeants le cas échéant : désagréables : C’est surtout dans le canton
c’est l’objectif de la future loi sur la sur-
veillance, mise en œuvre par le conseiller – Si un assuré est en retard dans le paie- de Vaud qu’EGK s’est com-
fédéral Alain Berset. ment de ses primes d’assurance mala- plètement fourvoyée dans
Cette affaire montre que le système fondé die, il ne peut pas changer de caisse. ses projections : les «mauvais
sur la concurrence entre les caisses fonc- Difficultés supplémentaires en vue
tionne mal, et conduit certaines d’entre donc pour ceux qui n’arrivent pas à risques» se sont fortement ac-
elles à des comportements aventureux, assumer leurs primes, a fortiori des crus, de même que les charges
dans le seul but de s’attirer les bons primes qui sont près de doubler pour par rapport à 2011.
risques, en comptant sur le désarroi des certaines familles !
assurés, étranglés par des primes trop
élevées par rapport à leur budget. – Impossible de changer de franchise
en cours d’année : c’est possible seule- – En changeant de caisse-maladie pour
Changer de caisse ? Oui, mais ment lors de l’annonce du montant des l’assurance de base, l’assuré a droit au
En attendant, quels sont les droits des as- nouvelles primes, en novembre. même catalogue de prestations. Par
surés lésés, ceux-là même dont la caisse contre, il doit compter avec des restric-
veut de toute évidence se débarrasser ? – Les personnes disposant d’une assu- tions s’il a opté pour un modèle alter-
Selon la loi, en effet, elle ne peut pas rance de base à choix limité des four- natif de type HMO, médecin de famille,
les exclure donc elle les force à partir nisseurs de prestations doivent s’affi- télémédecine, etc.
d’eux-mêmes, sous la pression de primes lier au même modèle dans la nouvelle
insupportables. caisse ou, si celui-ci n’existe pas, Rappelons enfin que les caisses ont
Le premier droit des assurés lésés d’EGK peuvent exceptionnellement changer l’obligation d’accepter les nouveaux as-
est évidemment de changer de caisse, de modèle en cours d’année. surés, quels que soit leur profil de risque,
mais il fallait le faire avant le 31 mars. leur âge et leur état de santé. +
Même si M. Strupler croit pouvoir se ré- – La montant de la franchise ne peut pas
jouir du fait que «changer de caisse être modifié en cours d’année, même
n’est pas difficile», et que par consé- en changeant de caisse.

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14 POLITIQUE

Managed Care Les réseaux


de soins,
Les électeurs vont devoir
se prononcer le 17 juin
2012 sur les réseaux
de soins, dits encore
Managed Care. En effet,
un référendum a été lancé
contre cette réforme de
un modèle
la LAMal, qui a récolté
131 000 signatures.
TEXTE PHILIPPE BARRAUD unique ?
L
a nouvelle loi encourage les pa- «Une inégalité déjà présente»
tients et assurés à s’affilier à un Cofondateur du Réseau Delta à Onex, le
réseau de soins. En contrepar- Dr Marc-André Raetzo relativise les ef-
tie de certaines restrictions, no- fets de la nouvelle loi : «Va-t-on péna-
tamment quant au libre-choix du méde- liser les gens qui ne veulent pas s’affi-
cin et au respect d’un budget fixé par les lier à un réseau, puisqu’ils devront payer
assureurs, les affiliés paient une quote- plus cher ? Mais ils paient déjà plus cher !
part réduite à 10% et au maximum de Dans notre réseau, nous avons amélio-
500 francs par an. En revanche, ceux qui ré la prise en charge des gens et dimi-
ne veulent pas rejoindre un réseau sont nué les coûts de manière massive, de
pénalisés par une quote-part de 15%, sorte que nos patients paient 20 à 25%
et au maximum de 1000 francs par an ; de primes en moins que les autres. Par
mais, pouvoir est donné au Conseil fédé- conséquent, l’inégalité de traitement est
ral de l’augmenter. Personne aujourd’hui déjà présente.»
ne conteste plus guère l’existence des ré- Le Dr Raetzo conteste également l’éten-
seaux de soins en tant que tels. C’est es- due de la perte du libre-choix brandie
sentiellement contre ce caractère quasi par les référendaires, dans la mesure où
obligatoire de l’affiliation à un réseau, et dans de nombreux cas, elle n’existe pas :
contre la perte du libre-choix du méde- «Si vous allez à l’hôpital, vous n’avez pas
cin, que le référendum a été lancé. le libre choix de votre docteur. Vous êtes
«En juin 2008, plus de 70% des Suisses en urgence ? Vous n’avez pas le choix de
ont dit oui au libre-choix du médecin, et votre docteur. Dans le réseau, vous avez
plus de 90% des électeurs vaudois et ge- le choix parmi 300 médecins de premier
nevois, rappelle le Dr Michel A. Matter, recours sur 450 à Genève : est-ce une li-
président du Comité référendaire suisse mitation inacceptable ? En plus, ces 300
Libre-choix du médecin pour tous. Nous médecins se sont engagés dans un pro-
défendons la diversité de l’offre, dans un cessus de qualité, et disposent d’un
marché ouvert, et qui ne pénalise pas les label.»
patients. Nous refusons la monoculture Pour les opposants, d’autres défauts de
d’un seul système de soins que serait le la loi sont montrés du doigt. En particu-
Managed care généralisé, dans lequel le lier, ils craignent une main-mise des as-
patient peut être lié pour trois ans.» D’ail- sureurs sur le système, même si la loi
leurs, la perte du libre-choix ne touche prévoit qu’ils ne puissent pas gérer eux-
pas qu’au médecin, mais aussi à l’hôpi- mêmes des institutions dispensant des
tal, à l’EMS et à la pharmacie, puisque traitements médicaux : «Indirectement,
les assureurs pourront avoir des contrats ou directement en cas de généralisation
d’exclusivité avec ces institutions. du système, ce seront les assureurs qui di-

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


POLITIQUE 15

rigeront les réseaux, via les contrats qu’il mettre d’accord avec nous. Cela, un ré- fameuses «listes unilatérales» de méde-
passeront avec eux. Or, la vision écono- seau a les moyens de le faire. Pas un mé- cins agréés, souvent arbitraires et floues,
mique défendue par les assureurs risque decin tout seul.» et que personne ne peut contester. C’est,
d’engendrer une perte de qualité au ni- estiment certains, la porte ouverte à la
veau des soins», avertit le Dr Matter, d’où Le retour des «listes chasse aux bons risques et surtout, un
un risque de rationnement des soins. unilatérales» préjudice considérable pour le patient,
Et si, au contraire, les réseaux pou- Il est une autre disposition de la loi parfois forcé de changer de généraliste
vaient dicter leur loi aux caisses-mala- qui inquiète, notamment dans le mi- ou de gynécologue, si son praticien est
die ? «La responsabilité financière (as- lieu médical : c’est la possibilité, pour rejeté par l’assureur.
sumée par les prestataires de soins au les caisses-maladie, de promouvoir des Ce que les électeurs auront à trancher, fi-
sein d’un réseau- ndlr) fait que les assu- «formes particulières d’assurance mala- nalement, c’est la question de savoir si
rances nous fichent la paix, affirme Marc- die», des modèles dans lesquels l’assu- les réseaux de soins doivent devenir le
André Raetzo. Mieux, nous pouvons les ré accepte de ne recourir qu’à des pres- modèle unique, et quasi obligatoire, de
mettre en concurrence, et refuser de tra- tataires de soins désignés par la caisse. l’assurance de base, au nom de la maî-
vailler avec celles qui ne veulent pas se On retrouve là le problème récurrent des trise des coûts de la santé. +

Les grandes lignes


de la réforme
Quote-part et participation aux
coûts : un assuré ne voulant pas
choisir d’adhérer à un réseau assume
une quote-part supérieure à celle d’un
assuré qui s’y est affilié.

Coresponsabilité budgétaire :
les fournisseurs de prestations
regroupés dans un réseau assument la
responsabilité financière des coûts des
soins médicaux.

Durée des contrats : jusqu’à trois ans.


L’assuré pourra changer d’assureur,
mais pas de modèle d’assurance.

Formes particulières d’assurance :


les caisses pourront proposer des
contrats particuliers, limitant l’accès à
certains médecins agréés par elles.

Interdiction aux assureurs d’être


propriétaires d’un réseau de soins.

Modification de la compensation
des risques, qui interdit dans le futur
la chasse aux bons risques.

Limitation de l’intérêt du système


des «listes».
WAZEM

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16 REPORTAGE

PMA En Suisse,
10 à 15% des couples
ont besoin d’une aide
médicale pour concevoir.
A l’Unité de médecine
de reproduction au CHUV
à Lausanne, gynécologues,
biologistes, laborantines
et psychologues les
accueillent.
TEXTE ÉLODIE LAVIGNE

Procréation
médicalement assistée :
le curieux chemin
des spermatozoïdes
D
epuis leur création dans les an- qui ont recours à la PMA. Si l’infertilité Située au deuxième et au septième étage
nées 80, plusieurs milliers de masculine est très répandue, elle reste l’Unité de médecine de la reproduction
bébés sont nés grâce aux tech- complètement taboue. Quelles solutions (UMR) reçoit chaque année de nombreux
niques de procréation médica- et quels chemins de traverse les sperma- couples romands en proie à des difficul-
lement assistée (PMA). tozoïdes sont-ils contraints d’emprunter tés pour donner vie à leur projet d’enfant.
Les hommes sont les plus concernés par pour espérer féconder un ovule ? Les ré- Parallèlement, des hommes viennent y
les problèmes de fertilité. Selon l’Office ponses dans notre reportage. donner leur sperme (banque de sperme),
fédéral de la statistique, dans plus de Au sein de la maternité du CHUV, les pour en aider d’autres à concevoir.
45% des cas, un diagnostic d’infertilité couples en désir d’enfants croisent le Dans la salle d’attente, une femme de
masculine est posé (17% d’infertilité fé- chemin des femmes enceintes et des ma- 39 ans accompagne son mari, venu re-
minine et 25,7% mixte) chez les couples mans avec leur nourrisson dans les bras. cueillir son sperme en vue d’une congé-

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


17

Le spermogramme
permet de mesurer la
mobilité, la concentra-
tion et la morphologie
des spermatozoïdes.

La Dr Dorothea Wunder,
médecin-chef de l’Unité
de médecine de repro-
duction du CHUV.

lation. Dans deux semaines, ils tenteront


Nicole Cita, laborantine,
procède à la cryogéni-
pour la première fois une fécondation in
sation du sperme pour vitro «ICSI» (de l’anglais Intra-cytoplas-
une conservation longue mic sperm injection). Cette technique,
durée. très utilisée aujourd’hui, est indiquée
notamment dans certains cas d’infer-
tilité masculine. Elle consiste à injec-
ter un spermatozoïde directement dans
l’ovule, pour augmenter les chances de
fécondation.
Après quatre jours d’abstinence, l’homme
au regard sérieux et aux cheveux poivre
et sel, s’apprête à rentrer dans la pe-
tite pièce tapissée de violet, spéciale-
ment aménagée. Une chaise, une télévi-
sion, un lecteur dvd et quelques revues
classées X pour faire monter le désir, en
Pour être conservées du-
rablement, les paillettes
toute intimité, ou presque. «Parfois, les
de sperme sont plongées messieurs viennent avec leur partenaire,
dans des bonbonnes mais la plupart du temps ils sont seuls,
d’azote liquide à – 196°. commente Brigitte Valzino, laborantine
à l’UMR. En cas de blocage psycholo-
gique, ils peuvent récolter leur sperme à
la maison et nous l’amener dans l’heure
qui suit». Ce père de trois enfants, qui
rêve de donner un bébé à sa nouvelle
compagne, aborde la situation avec sé-
rénité : «Ce n’est ni une épreuve phy-

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18

Après le lavage, les


spermatozoïdes les plus
prometteurs à la fécon-
dation se concentrent
dans le fond du tube.

La Dr Marie-Pierre Primi,
biologiste et responsable
du laboratoire, devant
l’incubateur où a lieu le
processus de féconda-
tion.

La Dr Malgorzata Kempf
Haber, médecin chef de
clinique de l’UMR et le
Dr Sébastien Adamski,
médecin assistant,
procèdent au transfert
d’embryons chez la
patiente.

sique, ni psychologique. On profite des Ensuite, on dépose quelques gouttes sur toire ou antibiotique. Mais les possibili-
avancées de la science et on met simple- une lame à l’aide d’une pipette qu’on tés de traitement sont limitées. Souvent,
ment toutes les chances de notre côté», place sous le microscope». Sur l’écran de la cause de l’infertilité masculine ne peut
confie-t-il. l’ordinateur relié au microscope, des pe- pas être identifiée et seules l’ICSI ou l’in-
tits «têtards» bougent dans tous les sens. sémination avec donneur permettent d’y
Case «spermogramme» «On mesure la concentration des sperma- remédier. Les moyens d’action sont en
Avant cela, il a dû effectuer un (voire tozoïdes, leur mobilité et leur morpholo- revanche plus étendus pour l’infertilité
deux) «spermogramme», un examen per- gie. Un nombre réduit, voire une absence féminine.
mettant d’analyser la qualité du sperme totale (azoospermie), une faible mobilité De l’autre côté du laboratoire, la labo-
et de détecter les anomalies. ou des défauts morphologiques peuvent rantine s’attèle à la cryogénisation. Les
Dans le laboratoire attenant, les deux être responsables de l’infertilité, explique candidats à la PMA y ont parfois re-
techniciennes manipulent avec précau- la Dr Wunder. Mais dans environ 10% des cours pour avoir l’assurance d’avoir du
tion le sperme fraîchement recueilli dans cas, il arrive aussi qu’aucune cause de sperme le jour du traitement chez leur
un entonnoir : «D’abord, on le laisse se l’infertilité (ni chez l’homme, ni chez la partenaire. «Cette solution rassure les
liquéfier dans un bain-marie à tempéra- femme) ne soit identifiée». Dans certains hommes stressés à l’idée de devoir éja-
ture de 37 °C pendant trente minutes en- cas, l’infertilité masculine peut être soi- culer sur commande. Mais la congélation
viron, explique Nicole Cita, laborantine. gnée par un traitement hormonal, opéra- abîme un peu le matériel», prévient la Dr

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


REPORTAGE 19

Wunder. Aussi, en cas de maladie (cancer tube. En fonction des résultats obtenus «On libère d’abord les ovocytes de leurs
par exemple) ou de traitement toxique, après le lavage, le médecin propose au cellules nourricières. Puis, on choisit les
les patients peuvent faire congeler leur couple l’un ou l’autre des traitements spermatozoïdes qui paraissent les plus
sperme pour pouvoir concevoir après la (FIV, ICSI, insémination). beaux et les plus vigoureux et on en in-
guérison. jecte un dans chaque ovocyte.» Les spé-
«La procréation, c’est cialistes mettent toutes les chances de
Dans ces bonbonnes un feuilleton passionnant» leur côté, mais au final, c’est la vie qui
se côtoient des milliards La fécondation est laissée aux mains ex- décide d’éclore ou pas.
de spermatozoïdes pertes de la biologiste. Dans le labora-
La technicienne place les paillettes - de toire spécialisé (air filtré, température et Dans la salle de consultation d’à côté, un
petits tubes de plastique contenant le lumière adaptées), la Dr Marie-Pierre Pri- couple tente sa chance pour la dernière
sperme - portant l’identité du patient, mi, responsable du laboratoire, fait se fois. «Après quatre essais infructueux qui
dans une machine qui abaisse leur tem- rencontrer les gamètes mâles et femelles, n’ont pas débouché sur une grossesse,
pérature à - 150 °C. Elle dispose ensuite récoltées le matin : «Pour la FIV, on les on va me transférer les embryons qui me
les paillettes dans des étuis nominatifs réunit dans de petites cupules, qu’on restent», raconte cette femme de 42 ans.
qui sont déposés dans une grosse bon- place ensuite dans l’incubateur qui rem- «On espère toujours que cette fois est
bonne d’azote liquide à - 196 °C. Les pail- place en quelque sorte le ventre de la la bonne, poursuit son mari. Le premier
lettes sont ainsi stockées dans un local mère. La température, le taux d’oxygène échec a été difficile à vivre. Au fil du
sécurisé. et d’humidité sont proches des condi- temps, on perd espoir, d’autant plus que
Après avoir analysé le sperme, les labo- tions physiologiques de l’utérus». Le len- les chances de succès après décongéla-
rantines procèdent au lavage par centri- demain, elle ira voir le résultat de la fé- tion sont moindres qu’après un trans-
fugation, une étape qui mime le passage condation. «En procréation assistée, fert d’embryons “frais”. Même si ça ne
des spermatozoïdes à travers la glaire chaque étape est déterminante pour pou- marche pas cette fois-ci, on va s’arrêter
cervicale : «On le centrifuge pour le dé- voir passer à la suivante. C’est un feuil- là. Ma femme a plus de quarante ans
barrasser de toutes les cellules et des leton passionnant», relève la biologiste. et cela coûte une fortune». Dans quinze
spermatozoïdes morts», explique Bri- Pour l’ICSI, les manipulations sont plus jours, ce couple courageux saura enfin
gitte Valzino. Les candidats les plus pro- techniques et se font à l’aide d’un mi- s’ils deviendront parents… +
metteurs se concentrent dans le fond du croscope et de micromanipulateurs :

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20

Reportage Souvent
associée aux simples
autopsies, la médecine
légale représente
en réalité l’interface
entre la médecine
et la justice.
TEXTE & IMAGES ROMAIN GRAF

Médecin
légiste
Les rapports avec la police et les dif-
férents procureurs sont quotidiens. Le
médecin légiste se retrouve d’ailleurs
souvent au tribunal pour témoigner, ou
sur le terrain pour des levées de corps
durant lesquelles il constate la mort du
défunt.
Les autopsies appartiennent à l’unité de
médecine forensique. D’autres unités
de médecine légale entrent également
en jeu. Parmi elles, l’unité de toxicolo-
gie va analyser une partie des prélève-
ments (cheveux, urine ou sang) afin de

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


REPORTAGE 21

1 Briefing du matin, 8 heures. Le mé- Le second cas du week-end concerne le


decin chef Tony Fracasso écoute le rap- décès d’un homme d’une cinquantaine
port du week-end. Une jeune femme a d’années au cours d’une intervention
été observée aux urgences de la mater- chirurgicale. C’est le cas que nous allons
nité pour une suspicion de viol. En ef- suivre lors de cette journée.
fet, la jeune femme, de sortie same-
di soir, a perdu la mémoire à 2 heures 2 La médecin légiste Bettina Schrag re-
du matin et s’est réveillée nue dans un cherche le corps dans les frigos situés à
lit qui n’était pas le sien, accompagné proximité de la salle de dissection. Le
d’un homme inconnu. La jeune femme préparateur est chargé de l’installer.
ne souhaite pas pour l’instant porter On distingue plusieurs types de morts
plainte. Elle a peur des représailles de nécessitant une autopsie : la mort vio-
cet homme qui, l’ayant raccompagnée lente ou traumatique, comme par
chez elle, sait où elle habite. exemple une accident de voiture ; la
Le GHB est très difficile à repérer dans le mort subite, dans ce cas le défunt était
sang d’une victime. En effet, huit heures en bonne santé au moment du décès ; la
après, le GHB ingéré n’est plus détec- mort suspecte, pour laquelle les circons-
table, contrairement aux benzodiazé- tances de la mort pourraient impliquer
pines, visibles encore plusieurs jours. l’intervention d’une tierce personne.
Une suspicion de drogue du violeur n’est
parfois qu’une soirée trop arrosée. Ce-
pendant, la jeune femme a pris la pi-
lule du lendemain et suit une trithérapie
préventive.

détecter la présence d’un toxique pou- viol grâce à l’analyse de traces. L’unité
vant être interprété. Autre unité, celle de médecine du trafic reçoit les con-
d’histopathologie. C’est ici qu’on ana- ducteurs qui demandent à être suivis
lyse les différents tissus prélevés, par ex- médicalement et collabore étroitement
emple un échantillon des poumons. Des avec l’unité de toxicologie. Enfin, l’unité 2
laborantines préparent les échantillons de psychiatrie évalue les personnes sus-
afin qu’ils puissent être interprétés par pectées de troubles psychiques par
le médecin légiste via microscope. la justice ainsi que leur capacité de
Mais la médecine légale ne traite pas discernement.
que des morts. Elle s’adresse également A l’occasion de ce reportage, nous avons
aux vivants. L’unité de génétique colla- suivi une journée à l’unité de médecine
bore autant lors de l’identification des forensique.
corps qu’à déterminer le coupable d’un

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22

4 6

4 Les instruments du médecin légiste


comprennent des « réglettes » permet-
tant de mesurer et comparer les élé-
ments observés.

5 Durant l’autopsie, on pèse les organes


et on les photographie de manière
scientifique à l’aide de cette installation.
On utilise un flash et une réglette com-
me échelle de comparaison. La docteur
Schrag insiste sur le travail de nettoyage
3 Le corps est installé sur la table du des organes d’éventuels résidus de sang
fond, sous un drap. pouvant perturber les observations.
L’autopsie doit idéalement avoir lieu Toutes les images sont archivées électro-
dans les quarante-huit heures après niquement et protégées.
le décès. Il est à noter qu’on autop-
sie fréquemment des corps très altérés 6 La table de dissection sur laquelle on
dont la mort remonte à plus de deux se- dispose le corps. On remarque sa forme
maines. Le travail est alors plus difficile, permettant un bon écoulement des
même pour la simple identification. liquides, comme les graisses liquéfiées
ou le sang.

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


23

7 La docteur Bettina Schrag est prête sés par les différents départements de 8 Série de prélèvements liquides. Entre
pour procéder à l’autopsie du corps. Elle médecine légale. Lors de cet examen, autres : sang, urine, bile.
va d’abord l’observer de manière ex- une thrombose est suspectée, par con-
terne et le décrire précisément. Elle relè- séquent, on dissèque également les 9 Prélèvement du cerveau destiné à
vera par exemple des ecchymoses ou jambes. l’unité d’histopathologie. Le cerveau
des plaies. Puis, elle va ouvrir succes- Lorsque le travail est terminé, on con- était-il bien oxygéné ? Révèle-t-il des
sivement la boîte crânienne, la cage tho- voque « le plateau » : tous les médecins hémorragies ? Des métastases ?
racique et l’abdomen pour avoir une vi- légistes présents assistent à un résumé La boite en plastique contient l’ensemble
sion d’ensemble. de l’examen. des prélèvements. L’analyse du foie
Les médecins légistes, en majorité des Lorsque tout le monde est parti, le révèlera une pathologie hépatique
femmes, opèrent toujours à deux. préparateur referme le corps. Les soins sévère, ainsi qu’une tumeur cancéreuse.
La Dr Coraline Egger assiste la Dr Schrag esthétiques seront effectués par les
et pèse les organes avant de les photog- pompes funèbres.
raphier. On relève que le cœur est anor-
malement gros et lourd, 510 grammes, et
que les coronaires sont bouchées. Pen-
dant ce temps, la Dr Schrag effectue
des prélèvements destinés à être analy-

8 9

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24

10 13

10 Certains prélèvements partent à


l’unité de toxicologie.

11 Les laborantines de l’unité


d’histopathologie préparent les lamelles
de prélèvements à être observées.

12 Une lamelle est bientôt prête.

11 12

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


25

13 La composante d’enquête est un as-


pect qu’apprécient la plupart des mé-
decins légistes. C’est un métier vivant
intimement lié à la vie de la cité. Les mé-
decins légistes de l’unité de médecine
forensique collectionnent les articles de
journaux et s’intéressent à l’issue des in-
vestigations de la justice.

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26 SANTÉ

Il ne répond pas,
il ne respire pas
Massage cardiaque
immédiat
Massage cardiaque
Une personne s’effondre devant
vous. Pas d’hésitation : appelez
les secours, commencez un
massage cardiaque et envoyez
chercher un défibrillateur. Ces
gestes sont simples et sauvent
des vies. Découvrez-les en
photos.
TEXTE BENOÎT PERRIER
MÉDECIN EXPERT Dr FRÉDÉRIC LADOR,
MÉDECIN RESPONSABLE FIRSTMED

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


SANTÉ 27

1. Reconnaître l’arrêt cardiaque


Une personne tombe inconsciente de-
vant soi. Que faire ? La réaction doit être
la plus rapide possible, heureusement
les gestes à effectuer sont simples. Tout
d’abord, s’approcher et la stimuler ver-
balement. On peut également la secouer
un peu. Si elle ne réagit pas et qu’elle ne
respire pas ou anormalement, il faut ap-
peler les secours et débuter un massage
cardiaque. En appuyant régulièrement
sur le thorax de la victime, on aidera le
sang à circuler, se substituant au cœur
et évitant que les organes (le cerveau au
premier chef) manquent d’oxygène.

2
1

2. Appeler le 144 et faire chercher


un défibrillateur
Première étape, appeler les secours (144
en Suisse, 15 en France, 112 en Europe).
Leur dire d’amener un défibrillateur, pré-
ciser où l’on se trouve. Décrire ce qui
s’est passé et l’état de la personne in-
consciente. Si l’on est deux à s’occu-
per du patient, l’un commence le mas-
sage cardiaque immédiatement pendant
que l'autre alerte les secours et se met
en quête d’un défibrillateur semi-auto-
matique (on en trouve dans les lieux très
fréquentés comme les gares, les aéro-
ports ou certaines entreprises).

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28

4. Masser
Les bras du sauveteur doivent être ten-
dus et ses épaules à la verticale de la
poitrine du patient. Presser fortement
vers le bas : le thorax doit s’enfoncer
d’au moins cinq centimètres. Répéter à
une fréquence de 100 fois par minute, le
rythme de Stayin’ Alive des Bee Gees est
3 parfait pour trouver la cadence. Effectuer
ces pressions est assez fatigant : si, par
chance, il y a plusieurs sauveteurs, se
3. Débuter le massage cardiaque relayer toutes les deux minutes jusqu’à
Le massage cardiaque devrait commen- l’arrivée des secours. Si l’on sait prati-
cer dans la minute qui suit la perte de quer le bouche-à-bouche, l’effectuer mais
conscience et se poursuivre jusqu’à l’arri- ce n’est pas le plus important.
vée des secours. Il ne faut pas avoir peur
de le faire pour rien : si le patient n’est
pas en arrêt cardiaque, il réagira quand 4
on appuiera sur sa poitrine. La personne
inanimée doit reposer sur une surface
dure et plane (ni lit ni canapé). Dénuder
sa poitrine, placer une main au centre de
son thorax et appuyer avec le talon de la
paume de la main (sa partie la plus in-
férieure). La seconde main du secouriste
venant reposer sur la première.

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


SANTÉ 29

6. «Attention, je vais choquer !»


Après avoir vérifié que ses électrodes lui
répondaient et analysé le rythme car-
diaque, le défibrillateur annonce s’il est
prêt à envoyer une décharge. A ce mo-
ment, prévenir les personnes rassem-
blées autour de la victime s’il y en :
5 «Attention, je vais choquer !» En effet,
quiconque toucherait la personne inani-
mée risquerait de recevoir une décharge
5. Mettre en place les électrodes électrique (le plus souvent pas dange-
Si l’on dispose d’un défibrillateur semi- reuse, mais désagréable). Recommencer
automatique, l’utiliser impérativement. ensuite la réanimation pour deux mi-
Celui-ci, en envoyant un fort courant nutes. Si le cœur n’a pas repris norma-
fera peut-être repartir un cœur «coincé» lement, un nouveau choc électrique sera
dans un battement désordonné (fibrilla- alors proposé par le défibrillateur.
tion ventriculaire). Ces appareils sont
simplissimes à employer et donnent
leurs instructions en parlant au sauve- 6
teur. La première étape après l’avoir al-
lumé est la pose de deux électrodes sur
le thorax de la personne inanimée selon
le schéma indiqué sur l’appareil.

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30 SANTÉ

Peut-on
inoculer
le cancer ?
Cancer Le président vénézuélien Hugo
Chavez a récemment accusé les Etats-Unis
d’être à l’origine de l’ «épidémie»
de cancers qui touchent les chefs d’Etats
sud-américains. Mais peut-on donner
le cancer ? Rien n’est moins sûr si la cible
est en bonne santé.
TEXTE BRIAN PALMER
TRADUCTION JEAN-CLÉMENT NAU

C
es derniers mois, cinq prési-
dents et ex-présidents sud-
américains (dont le chef
d’Etat vénézuélien Hugo Cha-
vez) ont annoncé qu’ils souffraient d’un
cancer. Le 28 décembre, Chavez a émis
une hypothèse : des agents américains
auraient pu administrer le cancer à ces
chefs d’Etats sud-américains en leur in-
jectant, ou en empoisonnant leur nourri-
ture avec une mystérieuse substance. Dès
le lendemain, le département d’Etat amé-
ricain réfutait les insinuations de Chavez.
Question : peut-on inoculer le cancer à
quelqu’un ?
lules cancéreuses vivantes dans le sys-
Il n’existe pas de méthode infaillible. Le tème sanguin d’une personne, son
seul fait d’injecter des cellules cancé- système immunitaire attaquerait et dé-
reuses à une personne ne peut lui trans- truirait certainement ces éléments étran-
mettre la maladie – pour ce faire, les tis- gers. En théorie, des agents secrets pour-
sus pathologiques doivent pénétrer et se raient certes inoculer le cancer à un
développer à distance, dans d’autres ré- président sud-américain gauchiste, mais
gions du corps. Si l’on injectait des cel- à une condition : son système immuni-

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


SANTÉ 31

taire devrait être gravement affaibli. Autre La plupart des travaux de recherche por-
“Le seul fait d’in- possibilité : prélever des tissus, les expo- tant sur l’inoculation du cancer chez
jecter des cellules ser à une substance cancérigène, puis les l’homme remontent à plusieurs décen-
réintroduire dans son organisme. Mais nies. Dans les années 1950, le docteur
cancéreuses à une pour autant que nous sachions, ces tech- Chester Southam s’est fait connaître en
niques ne sont jamais parvenues à pro- injectant des cellules cancéreuses vi-
personne ne peut voquer le cancer chez un être humain. vantes à des centaines de malades déjà
atteints d’un cancer, ainsi qu’à des pri-
lui transmettre la Il est donc difficile d’inoculer le cancer à sonniers en bonne santé. Southam
maladie.” un ennemi – mais il est tout à fait possible
en revanche d’augmenter ses risques de
n’avait pas pour projet de leur inocu-
ler le cancer ; il voulait tester l’efficaci-
contracter cette maladie. L’option la plus té avec laquelle leurs systèmes immu-
efficace demeure les irradiations. Les on- nitaires pouvaient rejeter ces cellules. Il
cologues implantent des dispositifs émet- était absolument persuadé de voir les
tant des radiations (ils n’excèdent pas la malades repousser l’envahisseur - au
taille d’une graine) à leurs patients, et point d’omettre de leur préciser ce qu’il
leur permettent ainsi de lutter contre les était en train de leur faire. Ces injections
cancers existants. Ces appareils pour- ne semblent avoir développé aucun can-
raient-ils à l’inverse permettre d’augmen- cer métastatique chez ses patients, et
ter les risques de cancers chez des per- la plupart des oncologues estiment au-
sonnes en bonne santé ? Difficile à dire jourd’hui que l’expérience ne faisait cou-
- mais en laissant implanté un modèle à rir aucun risque sérieux aux sujets (l’un
haute densité pendant des semaines (ou d’entre eux montra des signes évocateurs
des mois) dans un organisme, on expose d’une propagation cancéreuse, avant de
ce dernier à une dose importante de ra- mourir d’une autre maladie). Southam
diations. Il est cependant difficile d’ima- a néanmoins été sanctionné pour pra-
giner que la victime ne remarque pas tiques frauduleuses ; son cas a aidé à
la présence de l’implant : ces dispositifs mettre sur pied les actuelles normes juri-
sont trop gros pour être injectés à l’aide diques relatives au consentement éclairé.
d’une seringue ordinaire ; ils doivent être
introduits via un cathéter. Les expériences de Southam ont été
abandonnées dans les années 1950, mais
Autre solution potentielle : administrer à d’autres médecins ont injecté des cel-
la personne visée de fortes doses d’afla- lules cancéreuses vivantes à leurs pa-
toxines (substances naturelles associées tients. En 2009, un médecin taïwanais a
aux risques de cancer du foie) en conta- ainsi été accusé d’avoir implanté des cel-
minant sa nourriture. Il serait également lules utérines cancéreuses chez des pa-
possible de l’infecter à l’aide d’une large tients sains dans le cadre d’une escro-
gamme d’agents biologiques cancéri- querie à l’assurance. Les compagnies
gènes. Helicobacter pylori favorise le dé- d’assurance ont perdu 660 000 dollars
veloppement du cancer de l’estomac, et dans l’affaire, mais aucune des victimes
les papillomavirus humains peuvent être n’a contracté de cancer.
à l’origine de cancers du col utérin et de
l’anus, et d’autres encore. Mais de telles Aujourd’hui, les chercheurs respectueux
tactiques ne peuvent garantir le dévelop- de l’éthique injectent des cellules cancé-
pement d’un cancer à court terme - et reuses vivantes à des animaux de labora-
il se pourrait même qu’elles n’aient au- toire – rats et souris, par exemple. Dans
cun effet. Dans les pays où les habitants la plupart des cas, soit ces animaux sont
sont exposés à des niveaux élevés d’afla- immunodéficients, soit ils ont été généti-
toxines (c’est le cas en Chine et dans cer- quement modifiés - de manière à ce que
taines régions d’Afrique), moins d’une les cellules mutantes se propagent rapi-
personne sur mille développe au final un dement dans leur organisme. +
cancer du foie.

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32 SANTÉ

Le baclofène,
médicament miracle
contre l’alcoolisme ?
Alcoolisme Les médecins ont-ils trouvé, avec le
baclofène, la parade face «au verre de trop» ? Si les éventuels effets indésirables du ba-
des études donnent des résultats prometteurs, clofène ont été bien tolérés par les pa-
tients atteints de cirrhose (jusque-là ces
l’heure est encore à la prudence pour bon nombre derniers ne pouvaient prendre aucun mé-
de spécialistes. dicament anticraving, leurs effets secon-
ADAPTATION* RICHARD ETIENNE
daires étant trop importants). Mais en
2010, une autre étude rapporte des résul-
tats négatifs : ses auteurs n’observent au-

E
cune différence entre les patients qui ont
n 2008, un cardiologue alcoo- fène à forte dose (3 mg/kg) choisissent pris du baclofène et ceux qui ont reçu un
lique, Olivier Ameisen, a publié systématiquement de boire de l’eau plu- placebo.
un livre qui a fait couler beau- tôt que de l’alcool, comme auparavant. La même année cependant, une pre-
coup d’encre. L’auteur y décrit et mière étude considère des hautes doses
clame sa guérison de l’alcoolisme grâce Des résultats encourageants de baclofène et obtient des résultats très
à une autoprescription de baclofène à Les essais chez l’homme sont encore intéressants. Elle porte sur 100 patients
hautes doses. Il déclare même être deve- rares mais ils sont encourageants. Ils ont alcooliques qui ont sollicité du baclofène
nu indifférent à l’alcool, lui qui peut dé- tous été, à l’exception d’un seul, réalisés après l’échec de traitements antérieurs.
sormais boire sans crainte de rechute. Le avec des doses assez faibles de baclo- Trois mois plus tard, 50% des patients
baclofène se charge en effet de le proté- fène (0,5 mg/kg). En 2000, une première ont totalement arrêté ou contrôlent leur
ger du craving, cette appétence à l’alco- étude, auprès de dix patients, montre consommation, 34% ont diminué leur
ol. Dès la sortie du livre, des centaines une réduction significative du craving et consommation de plus de la moitié et
d’alcooliques se sont précipités chez leur de la consommation d’alcool. Deux ans 16% seulement ont rechuté.
médecin pour obtenir le médicament mi- plus tard, les mêmes auteurs incluent 39 Les effets secondaires, quand ils existent,
raculeux. La plupart se sont vus notifier patients alcooliques dans un essai com- paraissent d’intensité variable, impos-
un refus, souvent intransigeant. Alors, le parant le baclofène à un placebo. 70% sibles à prévoir et toujours réversibles à
baclofène, info ou intox ? des patients sous baclofène restent abs- l’arrêt du traitement. Parmi ceux qui ont
Le baclofène n’est pas un nouveau médi- tinents pendant les trois mois de sui- pris du baclofène, certains ont ressenti
cament. Ce décontractant musculaire est vi contre 21% de ceux qui ont pris un une fatigue, des vertiges, voire des nau-
utilisé depuis 1974 dans le cadre de ma- placebo. sées. L’évolution des effets indésirables
ladies neurologiques comme la sclérose En 2007, du baclofène est administré à pendant le traitement est également im-
en plaques pour lutter contre la raideur 84 patients atteints de cirrhose et de dé- prévisible. Certains patients observant
musculaire encore appelée spasticité. pendance à l’alcool. La moitié en reçoit que ceux-ci ont tendance à diminuer,
Par ailleurs, il limite la surexcitation neu- 30 mg/j pendant trois mois, l’autre prend d’autres patients sont obligés d’arrêter en
ronale liée à la peur ou à l’anxiété. Son un placebo. Trois mois plus tard, 30 pa- raison de leur prolongation. Une incon-
rôle paraît central dans les addictions. tients sous baclofène (71%) sont encore tinence urinaire et un syndrome confu-
Des tests sur des rats alcoolo-préférants abstinents contre douze (29%) dans le sionnel ont également été notés. Des
montrent que ceux qui sont sous baclo- groupe placebo. Autre résultat de taille, problèmes respiratoires peuvent aus-

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


33

Le baclofène est
utilisé depuis 1974 dans
le cadre de maladies
neurologiques.

Alcohol and Alcoholism


si survenir en cas d’administration si-
multanée d’autres médicaments ou de a ainsi entamé une im-
“Selon un cardiologue, ex-alcoo-
consommation d’alcool. portante campagne mé- lique, le baclofène aurait annulé
diatique en faveur du
Manque de preuves baclofène. D’autres, plus son appétence à l’alcool.”
En 2008, la Société française d’alcoolo- réservés, ont émis l’idée
gie recommandait aux médecins de ne que la suppression du
pas prescrire ce traitement tant que des craving n’est pas la
preuves de son efficacité n’avaient pas seule voie à suivre dans
été apportées et que ses effets secon- le traitement de l’alcoolisme. Des fac- fiques pouvant justifier la prescription,
daires n’étaient pas mieux connus. En teurs environnementaux et psychiques sur l’échec des traitements antérieurs et
2010, elle revoyait sa position en le to- sont également présents, d’autres voies sur l’information du patient sur le traite-
lérant dans certaines conditions, notam- thérapeutiques devront les aborder. ment, le remboursement et les risques.
ment lorsque les patients ont eu recours Le baclofène n’étant pas officiellement Deux essais obéissant aux méthodes
à tous les traitements disponibles sans enregistré pour le traitement de l’alcoo- d’évaluation des médicaments sont en
succès avéré. Le débat autour de sa pres- lisme, sa prescription est considérée cours. Leurs résultats seront connus en
cription s’est surtout cristallisé en France. comme hors indication. Selon la loi sur 2013. +
Dans le reste du monde, la découverte les produits thérapeutiques, il est en effet
d’Ameisen a conduit des spécialistes à possible de prescrire des médicaments * «Le baclofène sera-t-il le nouveau médicament
encourager publiquement sa prescrip- non homologués, hors indication, sous miracle de l’alcoolisme ?», Dr P. Gache, Genève, in
Revue médicale suisse 2011;7:1458-61,
tion à hautes doses malgré l’absence de certaines conditions, qui portent notam- en collaboration avec les auteurs.
preuve. Le rédacteur en chef de la revue ment sur l’existence de données scienti-

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34 SANTÉ

Écrans iPhone, iPad, iPod,


ordinateur, télévision, les
écrans n’ont plus de secrets
pour les enfants, même tout
petits. Faut-il s’en inquiéter ?
Oui, répond la Dr Nathalie
Farpour-Lambert, pédiatre
et médecin du sport aux HUG
et spécialiste de l’obésité
infantile.
TEXTE CÉCILE AUBERT

Les écrans font-ils


grossir les enfants ?
«
Un petit scotché à un écran reste couvre les chiffres alarmants de l’obési- Responsabiliser les parents
immobile, ce qui ne favorise pas té infantile. Alors, forcément, on se de- Une attirance néfaste que devraient théo-
son développement par le mou- mande s’il n’y a pas un lien de cause à riquement contrer les parents : «Nous
vement. En plus, il ne dépense effet. Un pas que franchit allègrement la tentons de renforcer leur rôle. De les en-
pas d’énergie et, donc, il grossit.» Cette Dr Nathalie Farpour-Lambert, respon- courager à mettre des limites à l’utilisa-
lapalissade résume bien le problème sable du programme de soins Contre- tion des divers écrans par leur enfant.
croissant de l’intrusion dans la vie des poids aux HUG : «La technologie actuelle Après tout, leur faire faire des activi-
enfants des créatures de Steve Jobs. Sans est contre nous. Nous recommandons tés physiques relève de la responsabili-
oublier leurs ancêtres, sur le point d’être avant tout de mettre l’accent sur l’acti- té de base des parents, tout comme le
ringardisés : la télévision et l’ordinateur. vité physique quand on constate un pro- bain ou le brossage des dents. Surtout
Un monde technologique qui ne fait que blème d’excès de poids chez un enfant. que les recommandations internatio-
reflèter celui de leurs parents, certes. Mais il est difficile de lutter contre l’effet- nales déconseillent de placer un enfant
Mais là où cela se gâte c’est lorsqu’on dé- aimant de l’écran.» de moins de deux ans devant un écran»,

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


SANTÉ 35

c’est le soin que les gens ont à sortir leur tations, nous proposons aux parents de
“Les adultes chien, alors que leurs enfants… Pourtant, remplacer l’écran par… le parent pour
jouer dehors, se promener, découvrir son que le temps de tv ou d’ordi se trans-
ont la responsabilité environnement, ce sont les bases du dé- forme en activité commune parents-en-
de faire bouger veloppement psychomoteur et de la so-
ciabilisation d’un enfant.»
fants. Ou nous les encourageons à ins-
crire les petits dans des clubs sportifs
leur enfant.” ou de loisirs, qui ne manquent pas dans
Une société stressée notre région. Pour contrer l’écran et l’en-
et stressante nui, autres maux inquiétants des jeunes
Les enfants paient aussi le prix d’une so- générations. Les adultes ont la responsa-
rappelle la spécialiste. Mais dans une so- ciété stressante où les parents courent à bilité de prendre soin de leur enfant et
ciété qui tend à la déresponsabilisation droite à gauche, travaillent les deux et de le faire bouger au moins une heure
générale, dur dur d’être entendu, recon- sont souvent séparés (rappelons qu’il y par jour, afin de favoriser son dévelop-
naît la pédiatre. a 50% de divorces à Genève). Le petit pement et sa santé. En fait, nous faisons
Il est actuellement établi que la dose est souvent seul et quoi de plus simple beaucoup de travail éducatif avec les pa-
d’écran quotidienne est parallèle au et rassurant que de se réfugier devant la rents», conclut la pédiatre. +
risque d’obésité. «Si un enfant est vis- télé ou l’iPad. «Sans oublier qu’en plus,
sé plus d’une heure par jour devant un les parents ont peur d’envoyer leurs en-
écran, le risque peut doubler ou même fants dehors», relève la médecin. Bref,
tripler. Et, inversement, moins il regarde l’écran devient le baby-sitter attitré.
un écran, moins le risque est élevé», C’est facile pour tout le monde, l‘enfant
précise la Dr Nathalie Farpour-Lambert. est calme puisqu’il est quasi hypnoti-
Qui ajoute : «ce qui me frappe toujours, sé par ce qu’il voit. «Dans nos consul-

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36 SANTÉ

Les somnifères
sont-ils dangereux
pour la santé ?
Somnifères Près de 5% de la population suisse consomme plus
ou moins régulièrement des somnifères. Une étude américaine vient
chambouler l’ordre établit en avançant que ces consommateurs auraient
trois fois plus de risques de mourir que les autres.
TEXTE WINNIE COVO

Un pavé dans la marre Dans le milieu de la médecine du som- lution optimale pour contrer l’insomnie
Le très célèbre British Medical Journal meil, cette étude, bien que largement chronique. S’il est vrai qu’ils peuvent ai-
(BMJ) publie dans son édition du 27 fé- contestée, jette un pavé dans la marre. der un patient à court terme, ils ne sont
vrier une étude faisant l’effet d’une Car si d’un côté les professionnels en la pas pour autant une bonne issue. Il nous
bombe : les consommateurs de somni- matière expriment une très sévère rete- est en revanche impossible d’accepter
fères auraient trois fois plus de risques nue quant à la méthodologie utilisée par ces résultats tels quels !» Selon l’expert,
de mourir et 35% de chances de plus de le Dr Kripke, ces résultats alarmants sou- l’étude publiée dans le BMJ est biaisée
souffrir d’un cancer. lèvent néanmoins une problématique du simple fait qu’elle met en opposi-
En se basant sur le dossier médical de plus large encore. tion des personnes qui consomment des
quelque 30 000 Américains, le Dr Daniel somnifères à celles qui n’en consom-
Kripke établit en effet que «se faire pres- Problème de méthode ment pas, sans prendre en compte suf-
crire des somnifères est associé à une «Nous partageons la réticence aux hyp- fisamment leurs autres paramètres de
probabilité de mourir au moins trois fois notiques exprimée dans cette étude, ex- santé. Si elles ont une plus grande pro-
supérieure à la moyenne, et cela même plique le Dr Grégoire Gex du Laboratoire pension à mourir cela peut dès lors être
lorsque la consommation est inférieure à du Sommeil des HUG. Les somnifères le fait d’autres raisons, et non pas de la
18 pilules par an». ne sont pas et n’ont jamais été une so- seule responsabilité d’un hypnotique. «Il
faudrait en effet pouvoir être certain qu’à
état de santé parfaitement égal ceux qui
prennent des somnifères meurent plus»,
continue le Dr Gex.

Il n’empêche que de tels résultats laissent


songeur, «le doute subsiste, c’est un fait,
et ce pour de nombreuses raisons». Le
spécialiste souligne en effet ne pas pou-
voir affirmer que les résultats de l’étude
sont erronés, il insiste néanmoins sur le
fait que la méthode, quant à elle, l’est
SANTÉ 37

certainement. «Nous savons que les gens ajoute l’expert. Il est alors clair que les fères au cours de l’étude même, laquelle
qui prennent des somnifères peuvent insomniaques pris dans leur ensemble a duré deux ans et demi. Nous savons
par exemple avoir des problèmes de vi- sont plus malades que les autres et de néanmoins que la plupart des cancers
gilance ou d’attention, ils auront alors en fait meurent plus, indépendamment de mettent beaucoup plus de temps à se dé-
moyenne certainement davantage d’acci- leur consommation de somnifères. Ils velopper, tels que celui du côlon ou de la
dents. De plus, les hypnotiques intensi- ont également en moyenne plus de pro- prostate, qui prend une dizaine d’années
fient les apnées du sommeil, ainsi que blèmes de dépression et d’angoisse. «La pour devenir détectable. Alors en deux et
certains problèmes respiratoires durant sédentarité touche également d’avantage demi…»
la nuit. Les personnes qui en consom- les gens insomniaques, ce qui est un fac-
ment ont par ailleurs plus tendance à teur de risque important, surenchérit le Respect du patient
faire des bronchoaspirations, ce qui fa- Dr Gex. Mais il s’agit ici d’une vision gé- «L’article du BMJ nous fâche car s’il a
vorisera une infection pulmonaire. Voi- nérale des choses, de même que d’ob- le mérite d’avoir fait le buzz, il inquiète
là des raisons précises pour lesquelles server que les insomniaques font souvent les patients qui nous demandent des
nous n’aimons pas les somnifères». partie de classes socio-économiques plus comptes. Et considérant encore une fois
Quant au manque de sommeil à propre- basses». qu’il est fondé sur une méthode biaisée,
ment parler, il semble pouvoir augmen- Le Dr Kripke laisse également entendre c’est rageant». Le Dr Gex argumente en-
ter à lui seul la tension artérielle, le cho- que les consommateurs de somnifères core que les personnes insomniaques
lestérol ou encore le diabète, continue le auraient 35% de risques supplémentaires culpabilisent souvent de consommer des
spécialiste. de développer un cancer, une conclusion somnifères. «Elles ont conscience que
Dans les deux tiers des cas, l’insomnie très douteuse aux yeux du Dr Gex, «82% prendre des somnifères n’est pas forcé-
est secondaire à une maladie organique des personnes comprises dans l’étude ment bon. Alors qu’une étude vienne par
(douleurs, trouble respiratoire, etc.), ont commencé à prendre des somni- dessus le marché leur expliquer qu’elles

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38 SANTÉ

vont en mourir… Imaginez l’état de ces ont un succès incroyable, comparable à gnons dans sa démarche en réduisant
personnes déjà parfois anxieuses, le soir l’efficacité d’un somnifère !» par exemple sa dose au fur et à mesure».
à l’heure de prendre leur somnifère !» Cette approche non médicamenteuse
serait même plus efficace à long terme. On fait quoi maintenant ?
La fin du somnifère ? «Mais encore une fois, cela demande au Malgré tout cela, l’étude du Dr Kripke fait
Même si ces petites pilules du sommeil patient de remettre en question ses habi- grand bruit. Que faut-il alors en faire ?
sont apparemment bourrées de défauts, tudes, alors que prendre une petite pilule L’ignorer ? Tenter de l’enterrer dans un
les médecins n’entendent pas, et de loin, ne lui demande pas grand chose», se dé- coin ? Ou au contraire l’instrumentaliser
les éliminer de leurs prescriptions. sole le spécialiste. dans le but de réduire la consommation
En attendant le Dr Gex rappelle qu’il globale en somnifères ?
existe d’autres méthodes pour atteindre «Il est vrai que nous
le sommeil. Leurs défauts ? «Elles de- nous sommes posés la
mandent un plus grand engagement de question. Si nous déci-
participation de la part des patients, et
“Les somnifères ne sont pas dions de l’instrumenta-
sont de ce fait moins attirantes». Compa- et n’ont jamais été une solution liser - car au final nous
ré aux effets indésirables des somnifères, avons le but commun
il ne leur reste plus qu’à faire un choix. optimale contre l’insomnie.” de réduire la consom-
Bref : si une personne est frappée d’in- mation de somnifères
somnie à court terme, une prise de som- - cela serait finalement
nifères de quelques jours peut être une bien cynique, sachant
bonne solution et ne comporte pas de Enfin, les plantes peuvent, elles aus- que cette étude est mauvaise. D’un autre
risque majeur. En revanche, en cas d’in- si, se poser comme une alternative aux côté, nous pourrions décider de la rejeter
somnie persistante, elle doit se tourner somnifères. dans son ensemble. Au final, elle a son
vers des solutions alternatives. «L’ap- «Elles peuvent avoir une petite efficaci- utilité car elle met en lumière les revers
proche cognitivo-comportementale a té. Nous savons que la crainte de ne pas d’une mauvaise méthodologie. Tout sim-
fait ses preuves et est bien souvent en- réussir à dormir entretient l’insomnie. De plement. Et particulièrement sur un sujet
core plus efficace que les hypnotiques. Il fait, tout ce qui paraît apporter une solu- si sensible». +
s’agit non seulement d’adopter une hy- tion a son importance. En matière d’in-
giène du sommeil optimale, mais égale- somnie, l’effet placebo est de loin non
ment d’explorer ses craintes de ne pas négligeable».
dormir et modifier transitoirement ses Quant aux patients qui souhaitent en fi-
habitudes de sommeil. Par exemple de nir avec les hypnotiques, le chemin est
réduire le temps qu’une personne passe parfois compliqué. Pour se sevrer des
au lit, pour qu’au moment où elle va se somnifères, il est préférable de faire ap-
coucher, la pression de sommeil soit telle pel à un professionnel, car pour certains
que le sommeil vienne rapidement. Petit cela peut représenter une étape diffi-
à petit, le cerveau se conditionne à dor- cile. «Cela peut parfois prendre un mois,
mir plus rapidement et l’horaire du cou- voire plus. Comme pour le tabac, il est
cher peut de nouveau être progressive- important que la patient soit d’accord
ment avancé. Ces différentes techniques et motivé, par la suite nous l’accompa-

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COMMUNICATION 39

Dépendance au jeu :
à qui s’adresser ?
Jeu Trop peu de joueurs excessifs se font aider et l’aide
arrive souvent trop tard. Mieux informer la population sur
les ressources existantes est donc nécessaire.
TEXTE ADDICTION VALAIS, GISLAINE CARRON ACONE
COORDINATRICE DU PROGRAMME DE PRÉVENTION DU JEU EXCESSIF

La dépendance aux jeux d’argent et de dans ce changement. Il peut également ou des professionnels du réseau
hasard est un problème de santé publique l’orienter vers des services spécialisés, qui socio-sanitaire. Elle permet de parler
que l’on peut traiter, au même titre que la vont collaborer ensuite avec le médecin directement avec un professionnel à même
dépendance à l’alcool ou aux drogues. généraliste en vue d’une prise en charge de répondre aux questions concernant le
globale et optimale. jeu excessif, ses implications sur la santé,
Des centres d’aide spécialisés Souvent la honte, le déni et d’autres ses conséquences sociales et sur les
dans les cantons raisons empêchent le joueur excessif diverses offres de prise en charge.
Chaque canton romand dispose de centres de demander de l’aide. Il consultera
d’aide, la plupart spécialisés dans les alors son médecin pour des symptômes Traitement par internet
addictions. Diverses possibilités de prises tels que des maux de tête ou de dos, Un programme permettant de traiter un
en charge sont proposées, notamment en des insomnies, des troubles gastro- problème de jeu excessif par internet
consultations ambulatoires ou dans des intestinaux, de l’anxiété ou un état est également proposé par le Service de
centres de traitement résidentiels. Plus dépressif, sans lui parler de ses habitudes psychiatrie des Hôpitaux universitaires
l’intervention est précoce, meilleures sont de jeu. de Genève. Ce programme comprend des
les chances de résoudre rapidement le C’est alors au médecin de poser les exercices, des exemples ainsi que des
problème. questions au patient lui permettant de explications sur le jeu et s’accompagne
Les proches de joueurs excessifs peuvent dépister un éventuel problème de jeu d’un contact hebdomadaire par e-mail
également demander de l’aide, et ceci ou au contraire d’en écarter l’hypothèse. avec un professionnel (psychologue ou
même si le joueur ne souhaite pas entrer En effet, une situation de jeu excessif médecin). Il est accessible de partout et
dans une démarche d’aide. non détectée peut s’aggraver au fil des en tout temps, de manière anonyme et
mois et des années et devenir une vraie sécurisée. +
En parler à son médecin dépendance avec des conséquences
Le médecin de famille ou généraliste dramatiques (financières, personnelles, Pour accéder au programme de traitement :
www.jeu-traitement.ch
est également une personne ressource etc.). Pour plus d’informations : www.sos-jeu.ch,
pour demander soutien et conseil en www.stop-jeu.ch
cas de problème de jeu excessif. Environ Une ligne téléphonique
80% de la population adulte voit un Une ligne téléphonique de soutien et
médecin généraliste une fois par année. d’information sur le jeu excessif existe
Ce professionnel est souvent le premier également en Suisse romande : 0800 801
contact avec le système de santé. Une fois 381. L’appel est gratuit et anonyme.
informé du problème de jeu, le médecin Ouverte 24h/24h, tous les jours, la ligne
peut inciter son patient à changer de peut être utilisée par les personnes
comportement, voire l’accompagner concernées ainsi que par leurs proches

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40 SANTÉ

La dégénérescence
maculaire (DMLA)
Œil La dégénérescence maculaire (DMLA) touche la rétine. Elle
se manifeste par des difficultés pour lire, une vision déformée
ou une tache noire au centre de la vision.
ADAPTATION* THOMAS DESMETTRE, SALOMON YVES COHEN

Brève description atrophique ou «sèche», qui est la conséquence d’une dispa-


La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une ma- rition progressive (sur plusieurs années) des cellules qui for-
ladie dégénérative de la partie centrale de la rétine, la macula, ment la macula.
aussi appelée «tache jaune». – l’impression de voir «tordu» ou de voir des lignes ondu-
La maladie affecte les deux yeux. Elle peut conduire à la perte lées, déformées ou discontinues alors qu’elles sont droites et
progressive de la vision centrale, sans toutefois affecter la vision continues en réalité. Il peut s’agir de la forme néovasculaire
périphérique (c’est-à-dire qu’on constate une tache immobile ou «humide», qui est la conséquence de l’apparition de vais-
plus ou moins opaque là on l’on fixe son regard). La DMLA est seaux sanguins sous la macula dans une région où ils sont
la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de normalement absents.
55 ans dans les pays industrialisés.
Causes
Symptômes La DMLA est une dégénérescence des cellules de la macula (aus-
Les symptômes de la maladie sont discrets et peu typiques. si appelée «tache jaune»). Celles-ci disparaissent progressive-
ment (forme sèche) ou sont affectées en raison de l’apparition
Stade précoce de vaisseaux sanguins sous la macula (forme humide).
A ce stade, on observe un besoin de plus en plus important de
lumière, notamment pour lire, et des difficultés d’adaptation Facteurs de risque
rapide aux changements de luminosité, typiquement lorsqu’on Les facteurs de risque pour une DMLA sont les suivants :
entre ou sort d’un tunnel. – les facteurs génétiques (antécédents familiaux de DMLA)
– l’âge (en général après 55 ans)
Stade tardif – le tabagisme
Ici, deux situations sont possibles : – une alimentation trop grasse, c’est-à-dire une diète trop
– l’impression qu’une partie des mots s’effacent lors de la lec- riche en acide gras oméga 6 (les oméga 3 pourraient être
ture, que les couleurs s’estompent. Il peut s’agir de la forme protecteurs).

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


SANTÉ 41

La dégénérescence maculaire
liée à l’âge (DMLA)

Anatomie de l’œil

Rétine
Iris
Macula
Rétine Cornée
Nerf Iris
Macula
optique

Nerf Cornée
optique

Cristallin
Pupille

Corps vitré
Cristallin
Pupille

Corps vitré

1 Rétinede
normale 3 Dégénérescence tardive
Etape la dégénérescence 2 Dégénérescence précoce
humide
Ici, la macula, Ces tâches jaunes,
une zone de la aussi appelées
1 Rétine
rétine centralenormale 2 Dégénérescence
druses, sont des précoce 3 Dégénérescence
Hémorragie sur tardive
la macula signalant
située au fond de
Ici, la macula,
dépôts sous-
Ces tâches jaunes,
humide
la présence de
l’œil, est saine. rétiniens observés
une zone de la aussi appelées vaisseaux sanguins
dans la DMLA. Hémorragie sur
rétine centrale druses, sont des (néo-
la macula signalant
située au fond de dépôts sous- vascularisation).
la présence de
l’œil,La
estmacula
saine. rétiniens observés
Druses vaisseauxHémorragie
sanguins
dans la DMLA.
(néo-
vascularisation).
La macula Druses
Hémorragie

Photos - Source: Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne / S. Linder

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42 SANTÉ

Traitement Evolution et complications possibles


Le traitement de la DMLA varie en fonction du stade de la La DMLA évolue vers une perte progressive de la vision centrale.
maladie. La conduite automobile devient ainsi impossible, la lecture et la
reconnaissance des visages sont de plus en plus difficiles.
Stade précoce Le traitement permet de ralentir ou stopper l’évolution de la
(aussi dans certains cas au stade tardif) composante humide (apparition de nouveaux vaisseaux san-
La prescription de vitamines spécifiques par voie orale pourra guins sous la macula), mais ne guérit pas la maladie en
être proposée par l’ophtalmologue, dans le but de ralentir l’évo- elle-même.
lution de la maladie.
Prévention
Stade tardif Certaines mesures peuvent avoir un effet de prévention de la
Dans la forme humide, le traitement standard consiste en des DMLA, en particulier :
injections à l’intérieur de l’œil (injections intravitréenne) répé- – Prendre des vitamines (sur prescription du médecin ophtal-
tées une fois par mois dans le but de stopper la croissance des mologue uniquement).
vaisseaux. La durée du traitement dépend de la sévérité de la
maladie, mais pourra être nécessaire pendant un an, voire da- Quand contacter le médecin ?
vantage. Ce traitement devrait être entrepris rapidement, si pos- Il est impératif de voir un ophtalmologue dès que l’on a consta-
sible dans le mois suivant les premiers symptômes (difficultés à té une baisse rapide de la vision (lecture difficile, lignes ondu-
la lecture, vision de lignes ondulées). lées), au plus tard dans le mois qui suit !
Dans certains cas, un traitement au laser peut aussi être propo- Il est possible aussi de faire le test d’Amsler pour détecter des
sé (photothérapie dynamique). anomalies (ondulations ou morceaux manquants).
Pour les personnes atteintes, un recours à des centres de réha-
bilitation visuelle est vivement conseillé, afin de disposer et de Informations utiles au médecin
se familiariser avec les nombreuses aides à la vie quotidienne Le médecin s’intéressera en particulier à :
(loupes spécifiques, etc.). – la durée des symptômes
– la baisse de la vision au niveau d’un seul œil
ou des deux yeux

FSMO Planète 179-124_FSMO Planète santé 27.02.12 16:36 Page1


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C’est parce que “ça n’arrive pas
qu’aux autres” que plus de 4000
Même le pire... parents adhèrent à la Fondation
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une équipe de bénévoles compé-
tents poursuit cette œuvre parce
qu’ils croient à la solidarité que
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SANTÉ 43

– la présence d’une atteinte maculaire déjà connue ou détec- – une angiographie à la fluorescéine (un produit de contraste
tée, notamment dans la famille est injecté dans une veine du bras) qui permet de détecter la
– la prise éventuelle d’un traitement contre la DMLA présence de vaisseaux sous la macula.
– la présence de douleurs au niveau de l’œil (ce qui peut sug-
gérer une autre cause de baisse de la vue). Au début de la maladie, particulièrement dans la forme «hu-
mide», il peut être nécessaire de répéter ces examens tous les
Examens mois. +
Pour poser le diagnostic de DMLA, le médecin effectuera :
– un test de la vision * Dégénérescence maculaire liée a l’âge, 2e édition, Masson, Paris 2009
– une tomographie rétinienne (appelée «OCT» qui mesure –G. Soubrane. Les DMLA. Rapport SFO 2007, Masson, Paris 2007
–http://www.sfo.asso.fr/fr/07-Ophtalmologie/guidemaladie/livret-patient4.asp
l’épaisseur de la macula). –http://www.snof.org/maladies/dmla
–http://www.retina.ch

Test de la grille
d’Amsler
A droite, un test gran-
deur nature pour savoir
si vous êtes atteint de
DMLA.

Pour faire le test :

- placez la grille à
environ 30-40 cm
de vos yeux

- cachez un œil avec


votre main

- avec l’autre, fixez le


point noir au centre,
en évitant de regarder
la grille

- recommencez avec
l’autre œil.

Si la grille apparaît défor-


mée, comme par
exemple sur l’image ci-
dessous, il convient
de consulter un spécia-
liste au plus vite.

+ Dans chaque numéro, un problème de santé


est expliqué par des médecins romands.
Retrouvez toutes les maladies sur
www.planetesante.ch

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44 ÉCLAIRAGE JURIDIQUE

Dossier médical D’une manière générale, le


patient a le droit de consulter son dossier médical
complet, à l’exception des notes personnelles du
médecin et des données concernant les tiers et
protégées par le secret professionnel.
ADAPTATION* PHILIPPE BARRAUD

Le patient peut-il
consulter son
dossier médical ?

Un risque que le patient


doit assumer
Théoriquement, le médecin peut censu-
rer le dossier ou en refuser l’accès s’il es-
time que celui-ci contient des données
traumatisantes pour le patient, dont l’état
psychologique ne lui permettrait pas de
les assumer sereinement. Cette «excep-
tion thérapeutique» reste possible, mais
rarement invoquée de nos jours car elle
est juridiquement fragile. En effet, la ju-
risprudence considère que le patient fait
une demande dont il connaît les risques,
ou plus exactement dont il doit assumer

C
les risques, comme contrepartie de son
ela n’est pas sans risques Le patient a le droit de consulter son dos- droit à l’autodétermination. Si le méde-
pour le patient, car le rapport sier médical complet, avec tous les rap- cin a des raisons de penser que le pa-
contient des informations qui ports, correspondances, dossiers d’ima- tient pourrait courir un risque à la lecture
peuvent être abruptes et dés- gerie, analyses de laboratoire, etc. Il n’a de son dossier et réagir de façon inappro-
tabilisantes – à la différence du discours pas à justifier cette demande, qui consti- priée, il peut demander que cette consul-
mieux adapté du médecin. D’autre part, tue un droit fondamental. Si le médecin tation se fasse en sa présence, ou en
le fait qu’un patient réclame son dos- refuse ou temporise, le patient peut dé- présence du médecin traitant actuel du
sier témoigne souvent d’une mauvaise poser une plainte auprès de la Commis- patient s’il y a lieu. Le patient a le droit
relation thérapeutique, d’une perte de sion de surveillance des professions de la de prendre des notes ou de demander
confiance entre le médecin et son patient. santé et des droits des patients. des copies.

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


ÉCLAIRAGE JURIDIQUE 45

“Théoriquement, le médecin lèvent de sa sphère pri-


vée, contrairement aux
décédées n’ont pas davantage un droit
automatique à consulter le dossier mé-
peut refuser l’accès au dossier faits médicaux propre- dical du défunt. Cas échéant, les héritiers
ment dits. On ne pour- qui voudraient le faire doivent faire va-
s’il estime que celui-ci contient ra pas consulter non loir un intérêt digne de protection, mais
plus les données rela- dans le même temps la protection de la
des données traumatisantes.” tives à des tiers et cou- personnalité du défunt doit être proté-
vertes par le secret pro- gée : celui-ci doit être assuré que les don-
fessionnel. En revanche, nées figurant dans son dossier médical
les données fournies ne seront pas divulguées sans retenue.
par des tiers sur le pa- En d’autres termes, les proches pourront
Une communication déficiente tient doivent pouvoir lui être communi- avoir accès au dossier médical du défunt
Le fait qu’un patient exige de pouvoir quées : dans la mesure où ces données par l’intermédiaire d’un médecin qui de-
consulter son dossier médical signale sont prises en compte dans un processus vra avoir obtenu la levée de son secret
une mauvaise communication entre lui de décision le concernant, il est logique professionnel et pourra, s’il l’estime né-
et son médecin : en effet, l’information qu’il puisse en prendre connaissance. cessaire pour la protection de la person-
délivrée par ce dernier est supposée être nalité du défunt, en expurger certains élé-
claire et nuancée, et donc, rendre super- Qui peut consulter ments. +
flue la consultation du dossier médical le dossier médical ?
par le patient. Une telle demande devrait La consultation du dossier médical est un * D’après Philippe Ducor in Médecin
donc alerter le praticien, et l’inciter à res- droit strictement personnel. Cela signifie et droit médical, Editions Médecine & Hygiène.

taurer la relation de confiance, indispen- en particulier que les parents n’ont pas
sable à un traitement efficace. le droit de consulter le dossier de leur
Que ne peut-on pas consulter dans le enfant mineur, capable de discernement,
dossier médical ? Ce sont d’une part les sans son accord préalable.
notes personnelles du médecin qui re- Les parents et les proches de personnes

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Trop c’est combien ?

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46 ÉCLAIRAGE JURIDIQUE

Caisses maladie Dans tous les cantons,


les caisses maladie établissent des listes dites
unilatérales de médecins avec lesquels elles
acceptent de travailler – provisoirement du moins.
TEXTE PHILIPPE BARRAUD

Le scandale des
«listes unilatérales»
V
ous habitez une région décen- cales tempêtent contre cet arbitraire, et des Chambres, mais on sait celles-ci
tralisée où il y a peu de mé- qui confine parfois à l’absurde, explique très proches des assureurs. Une solution
decins-généralistes ; vous avez Pierre-André Repond, Secrétaire général radicale serait que tous les médecins re-
opté pour un modèle d’assu- de la Société vaudoise de médecine : il fusent d’être sur ces listes, mais cela im-
rance dit «médecin de famille», pour al- arrive qu’on trouve parmi les médecins pliquerait une solidarité sans faille de la
léger vos charges ; heureusement, votre de famille agréés des praticiens... décé- corporation.
médecin de famille, qui vous suit de- dés, ou des spécialistes qui n’ont nulle
puis des années, est aussi rhumatologue, intention de devenir généralistes. Sou- Encore et toujours,
ce qui vous arrange bien. Mais un jour, la sélection des risques
votre caisse maladie vous retourne vos Pour le conseiller d’Etat Pierre-Yves
factures et ne vous rembourse plus rien :
elle a décidé abruptement, en effet, de ne
“Il arrive qu’on Maillard, on retrouve là les deux défauts
rédhibitoires du système : le problème de
plus rembourser les honoraires de votre trouve parmi les la gestion des réserves qui ne suivent pas
médecin. Lequel, par effet collatéral, ne l’assuré – on l’a vu avec l’affaire EGK –
pourra plus assumer de gardes. Quant médecins de famille qui ne peut être résolu qu’en mutualisant
à vous, patient, ou bien vous payez de les réserves, selon le ministre vaudois de
votre poche, ou vous changez de méde- agréés des prati- la Santé ; l’autre vice fondamental à ses
cin, quitte à faire des kilomètres. yeux, c’est que l’organisation actuelle
Pourquoi ? Comment ? Vous n’avez pas le
ciens… décédés.” récompense ceux qui sélectionnent les
droit de le savoir, et la caisse n’a pas jugé risques : «Les avantages à sélectionner
utile, ni même courtois, d’en informer les risques sont toujours supérieurs aux
votre médecin. C’est comme ça : un fait vent, comme chez Assura et Supra, le pa- charges que représente la compensation
du prince, un caprice d’assureur ! tient ne peut même pas savoir si son mé- des risques.» Tant que ce système sera en
Dans tous les cantons où les caisses ma- decin de famille est sur la bonne liste, car place, les assureurs chercheront des mo-
ladie établissent, dans le cadre de pro- les listes ne sont pas publiées. Et lorsque dèles particuliers d’assurances en fonc-
duits d’assurances réputés bon marché, le médecin découvre qu’il est une sorte tion de cette sélection des risques : si par
des listes dites unilatérales de médecins de pestiféré, il peut tout au plus s’en exemple, ils élaborent un modèle «méde-
avec lesquels elles acceptent de travail- plaindre auprès de la caisse et tenter cin de famille», ils vont s’arranger pour
ler – provisoirement du moins – leur poli- d’obtenir son admission. Le seul droit dé- écarter les malades : on ne remboursera
tique à l’égard de tel ou tel médecin peut volu aux généralistes est de... refuser de pas le médecin de famille qui est aussi
changer d’un jour à l’autre. Il n’y a au- figurer sur la liste d’une caisse. diabétologue, puisqu’il a des diabétiques
cune concertation avec les praticiens, et Face à cet abus de pouvoir manifeste parmi ses patients !
aucun recours n’est possible. de la part des caisses, les médecins ten- Que faire ? «On ne peut rien faire, sou-
Depuis des années, les sociétés médi- tent de réagir auprès du Conseil fédéral pire Pierre-Yves Maillard : on a beau re-

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


47

tourner la législation dans tous les sens,


elle est faite sur mesure pour favoriser
la sélection des risques, la concurrence
entre les caisses et la déresponsabilisa-
tion des cantons. Il faut changer la loi,
ou alors – c’est une réflexion que nous
menons – il faut que les partenaires de
soins renversent la logique du système
et disent, eux, avec quels assureurs, et à
quelles conditions, ils acceptent de tra-
vailler. Les sociétés médicales devraient
s’unir pour refuser des modèles d’assu-
rances qui ne respectent pas un certain
nombre de règles.»

Où l’on retrouve la loi sur


le Managed Care
Sur le plan juridique, il semble que la po-
sition des caisses soit difficilement atta-
quable, puisque la loi est de leur côté.
Un opposant courageux et fortuné pour-
rait éventuellement invoquer la concur-
rence déloyale, ou l’entrave à la liberté
du commerce et de l’industrie... En at-
tendant, ce défaut du système est deve-
nu un des principaux arguments des op-
posants au Managed Care, attaqué par
un référendum (voir en page 14). En ef-
fet, la nouvelle mouture de la LaMal au-
torise expressément des formes d’assu-
rances impliquant une limitation de la
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liberté de choix du patient, et donc des


listes unilatérales. +

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48 PEOPLE

“La santé passe


avant l’amour”
Jean-Marc Richard L’animateur vedette de la
RTS nous parle de ses combats, de son indignation
perpétuelle et de son rapport à la santé, qu’il
chérit par dessus tout.
TEXTE WINNIE COVO

Quel est votre rapport à la maladie ? de radio, je ne prends jamais de médica-


Je fais partie des gens qui préfèrent par- ments pour la gorge et suis, de manière
ler des trains qui arrivent à l’heure plu- générale, plutôt porté sur les médecines
tôt que de ceux qui arrivent en retard… naturelles.
En clair, la santé, je l’ai et je fais ce qu’il
faut pour la préserver. Mais, en géné-
ral, c’est davantage celle des autres qui
m’intéresse, celle de ceux qui souffrent.
Moi je vais bien, je souhaite alors aider
ceux qui en ont besoin.

Quel est votre secret pour garder la


forme malgré votre rythme de travail
effréné ?
J’ai une certaine hygiène de vie qui
consiste à manger le moins possible.
Je travaille en effet beaucoup mieux
lorsque je suis à jeun. Au contraire de
beaucoup de gens, le manque de nourri-
ture ne m’a jamais fatigué.
Sinon, tous les matins, je commence
par un verre d’eau et un jus de citron. Je
L’animateur est éga-
ne bois pratiquement jamais de café ou
lement ambassadeur
d’alcool, évite les féculents le soir et ne des Droits de l’enfant
mange quasiment plus de viande. Même auprès de “Terre des
si ma voix est capitale dans mon métier hommes”.

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


PEOPLE 49

Jean-Marc Richard
sillone la Suisse
romande au volant
de son camping-car
«zébré».

Je ne vais pratiquement pas chez le mé-


decin et ne prends jamais de médica-
ments. Je n’ai d’ailleurs pas de méde-
cin de famille et ne pense pas en avoir
besoin plus que cela. Ce qui a le plus
d’importance pour moi, c’est tout ce
que l’on peut faire en amont, à travers
les médecines douces et alternatives
par exemple. Ma femme attache beau-
coup d’importance aux médecines non
traditionnelles, et en particulier au reiki
(ndlr : une méthode de médecine alter-
native d’origine japonaise, basée sur des
soins dits énergétiques), elle m’a ainsi
apporté énormément.
Au pire, si j’ai vraiment mal à la tête,
j’avalerais un dafalgan ! Mais vraiment
s’il le faut... Pour mes deux fils c’est à
peu près pareil : ils n’ont pas vraiment
de médecin. Ils sont vaccinés mais pas
à outrance non plus ! Disons que je ne
trouve pas dramatique si, dans notre so-
ciété, un enfant doit attraper la rougeole.

Vous êtes engagé auprès de «Terres


de hommes» depuis de nombreuses
années en tant qu’ambassadeur des
Droits de l’enfant. Quelle est la cause
qui vous tient aujourd’hui le plus à
cœur ?
Quand on dit «l’essentiel, c’est la san- souffrance injuste et je bénis chaque Le plus grand scandale mondial pour
té», cela vous parle ? jour la chance que j’ai d’être en bonne moi est la malnutrition. Je n’arrive tou-
La santé, c’est de l’or, elle se place santé. Il faut alors selon moi, en contre- jours pas à comprendre comment une
par exemple largement au-dessus de partie, se mettre à disposition de ceux société riche comme la nôtre, à travers
l’amour. Elle est ce qui nous permet de qui ne le sont pas. ses banquiers, ses grosses entreprises
donner. Une personne malade doit telle- ou par le biais de certains spéculateurs
ment recevoir qu’elle n’a plus forcément Votre médecin : un meilleur ami ou peut continuer à appauvrir la planète.
l’énergie de donner. La maladie est une une vague connaissance ? Comment accepter que tous les jours

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50 PEOPLE

Jean-Marc Richard
animera “la ligne du
cœur” dès la rentrée.

“Comment accepter que tous


les jours et chaque seconde
un enfant meurt de faim dans
le monde ?”

et chaque seconde un enfant meurt de à l’ONU sur les droits à l’alimentation) rênes de la ligne du cœur dès la ren-
faim dans le monde ? Si la maladie est ou des organisations suisses comme trée prochaine. Quel est votre projet
bien souvent une fatalité, la faim, elle, «Terres de hommes» œuvrent pour les pour l’émission ?
ne l’est tout simplement pas. Tout cela faire disparaître. On parle toujours de Comme je le faisais dans les «Zèbres»,
est parfaitement scandaleux et il est la Confédération pour ses montres, ses sillonnant la Suisse romande à bord de
temps pour nous de prendre nos respon- montagnes, son chocolat ou son argent, mon camping-car, je compte m’instal-
sabilités face à une réalité inacceptable. on devrait aussi en parler pour le travail ler chaque semaine dans une ville dif-
Si nous ne nous indignons pas, nous fi- acharné que font ces gens-là ! férente et plutôt que de répondre au té-
nirons par perdre les valeurs humaines, léphone comme cela se faisait jusqu’à
la capacité que nous avons de tendre la Dans votre métier et votre vie de tous maintenant, aller à la rencontre des
main. les jours, vous êtes quelqu’un qui ap- gens. Donner la parole à ceux qui ne la
précie d’aller au contact des autres et prennent pas forcément, faire le tour des
En tant que porte-voix de la «Chaîne bien souvent à la rencontre de la ma- hôpitaux par exemple, ou tendre le mi-
du bonheur», avez-vous l’impression ladie, comment faites-vous pour soute- cro à des personnages extraordinaires !
que la population suisse est à l’écoute nir ces personnes ? En parallèle, je continuerai mes activi-
des plus démunis ? J’écoute l’âme des gens, ce qu’ils res- tés sur la TSR, dans la «Poules aux œufs
La Suisse est le pays le plus généreux du sentent. Même une personne qui aurait d’or» ou en compagnie d’Alain Mori-
monde, la population a confiance en ses tendance à se plaindre beaucoup ne se sod. +
organisations non gouvernementales lo- plaint jamais pour rien. La plainte cache
cales. Il faut savoir que l’on fait beau- toujours quelque chose de plus.
coup de choses bien dans notre pays.
Il y a des inégalités criantes en matière Après onze années aux commandes
de santé dans le monde, et des gens des «Zèbres», programme axé sur les
comme Jean Ziegler (ancien rapporteur enfants, sur la 1ère, vous prendrez les

PLANÈTE SANTÉ – AVRIL 2012


PUBLIREPORTAGE

Syndrome métabolique –
tout le nécessaire avec Mepha
On désigne sous le terme de cardiovasculaires et/ou un diabète de type l’endurance physique. Les personnes
«syndrome métabolique» un trouble 2 est élevé chez les sujets atteints.1, 2, 3 ayant de temps en temps des difficultés à
métabolique complexe qui se déve- vaincre leur paresse, trouveront aussi des
loppe sur des années et a des con- Un exercice physique régulier conseils éprouvés de motivation qui favo-
séquences graves sur la santé à long est important! risent la persévérance. Et cela en vaut la
terme s’il n’est pas dépisté et traité Le syndrome métabolique est considéré peine: la seule adoption d’un style de vie
à temps. Le changement de style de comme un tableau clinique typique du actif réduit de 30 –50% le risque de souf-
vie, incluant une activité physique monde occidental; outre une prédispo- frir d’un diabète de type 2.4 Un entraîne-
régulière et une alimentation réflé- sition familiale, les facteurs déclenchants ment d’endurance régulier a également
chie, est considéré ici comme la responsables sont une mauvaise alimen- des effets positifs sur la pression artérielle
principale mesure thérapeutique. tation ou une suralimentation chroniques et le risque d’accidents cardiovasculaires.5
avec un mode de vie essentiellement
Les quatre facteurs obésité abdominale, sédentaire. Le premier objectif d’une Mepha propose des médicaments
modification pathologique des lipides intervention thérapeutique devrait donc de haute qualité pour tous
sanguins, résistance croissante à l’insuline être de réduire le surpoids et de motiver les facteurs de risque
et hypertension artérielle sont caractéris- les patients à pratiquer une activité Mepha dispose d’une large palette de
tiques du processus pathologique du physique régulière.1, 2 médicaments éprouvés pour le traitement
syndrome métabolique, mais tous ces médicamenteux des différents facteurs
facteurs ne sont pas nécessairement La nouvelle brochure Mepha donne de risque du syndrome métabolique:
présents simultanément. En conséquence, plus envie de pratiquer un exercice cette palette va des antidiabétiques oraux
le risque de développer des maladies physique permettant de baisser individuellement
Dans la nouvelle brochure «Mieux infor- le taux de sucre dans le sang jusqu’aux
més sur l’activité physique en cas de antagonistes éprouvés de l’A-II particu-
Guide destiné aux patients syndrome métabolique», Mepha désire lièrement bien adaptés pour diminuer
motiver les patients à pratiquer un exer- la pression artérielle en cas de syndrome
cice physique régulier. Cette brochure métabolique, en passant par les hypolipi-
contient différents exercices de muscula- démiants pour le traitement médicamen-
tion ciblés, complétés par des illustrations teux des taux pathologiques de lipides
Mieux informé sur
facilement compréhensibles. Un program- sanguins. Des guides informatifs gratuits
l’activité physique en cas
de syndrome métabolique me d’entraînement de dix semaines, destinés aux patients sur le syndrome
établi par l’«Institut für Sportmedizin» de métabolique et ses facteurs de risque
Bâle, aide à développer progressivement complètent cette large offre.

Exemples d’exercices de musculation

Musculation du torse 1
 Placez-vous debout, les jambes
écartées dans le prolongement
des hanches
 Fléchissez légèrement les genoux
 Penchez-vous légèrement en avant
en maintenant le dos droit
 Pliez les bras, de sorte à ce que les
coudes soient à hauteur des épaules
 Amenez les bras devant le visage
 Contractez les omoplates et
ramenez lentement les bras à
Les médicaments à l’arc-en-ciel l’arrière
 Répétez l’exercice 10 , exécutez
3 séries

Position initiale Position à la fin de l’exercice

Ce guide est disponible gratuitement Extrait du guide destiné aux patients «Mieux informé sur l’activité
sous www.mepha.ch. physique en cas de syndrome métabolique».

Références: 1 Cornier MA, Dabelea D, Hernandez HL et al., The metabolic syndrome. Endocr Rev 2008; 29(7):777–822. 2 Prasad H, Ryan DA, Celzo MF,
Stapleton D; Metabolic syndrome: definition and therapeutic implications. Postgrad Med 2012; 124(1): 21–30. 3 Grundy SM; Pre-Diabetes, metabolic
syndrome, and cardiovascular risk. J Am Coll Cardiol 2012; 59(7): 635 –43. 4 Hartmut Zwick (hrsg.); Bewegung als Therapie; Gezielte Schritte zum
Wohlbefinden. 2. erweiterte Auflage 2007, Springer Verlag Wien. S. 95 f 5 ebda, S.48 f

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