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Cabinets médicaux
Comment installer
la relève ?
Encore un
refroidissement?
Ce serait quand même bien si toute la
famille n‘attrapait pas sans cesse des re-
froidissements pendant la saison froide !
C
ontrairement à ce que l’on pour- Mais ce qui préoccupe surtout les autorités poli-
rait croire, le moratoire sur l’installa- tiques se cache ailleurs. L’ argument majeur qui a
tion des nouveaux cabinets n’est pas conduit Berne à vouloir réintroduire le très décrié
qu’une affaire de médecins. Le pro- moratoire dès avril 2013 est un chiffre controversé :
blème nous concerne tous, car seul un nombre chaque installation coûterait 500 000 francs aux
adéquat de médecins permettra à la Suisse d’as- assurances. Un calcul simpliste et faux (voir notre
surer sur le long terme la qualité des soins qu’elle article page 6). Mais au-delà de cette querelle de
connaît aujourd’hui. coûts, le problème est lui bien réel. Comment le
De quoi s’agit-il ? Le monde politique doit orga- régler ? Personne n’a aujourd’hui de solution et
niser un accès aux soins équitable et pertinent. seules quelques pistes sont évoquées. Premier
Dans ce cadre, il doit assurer que le nombre de point : utiliser des listes d’attente, qui veulent que
médecins soit optimal, pour chaque spécialité et à le dernier arrivé soit le dernier servit, n’est pas à la
chaque endroit, ville ou campagne. Dit autrement : hauteur de l’enjeu. Il s’agit de tenir compte des be-
il lui faut planifier une « offre » cohérente. L’en- soins réels de la population selon les endroits où
nui est que la santé n’est pas un marché qui fonc- elle se trouve. Pour cela, les cantons doivent avoir
tionne comme les autres. Il ne se régule pas de une compétence accrue dans la délivrance des au-
lui-même. Si on le laisse libre, trop de médecins torisations de pratique.
se retrouvent au même endroit pour faire la même Finalement, l’affaire du moratoire montre une
chose. Et c’est la population qui en pâtit. Pendant nouvelle fois que la santé n’est pas un marché
dix ans, les autorités politiques ont donc introduit comme les autres. Le médecin a de toute évidence
un moratoire pour réguler cette « offre » jugée trop une mission de service public. Comment, où et
anarchique. Des listes étaient dressées et des au- quand il peut exercer son art doit être régulé. En
torisations délivrées au compte-gouttes. Au début la matière, les questions sont nombreuses et les
2012, cette limitation était levée, avec pour effet réponses sont tout sauf simples. Une chose est ce-
un rattrapage des installations non autorisées les pendant sûre : le moratoire n’est pas la solution.
années précédentes. Résultat : dans les centres ur-
bains, le nombre d’installations a explosé. Dans
les campagnes et les zones dites périphériques en
revanche, calme plat. La qualité de cette nouvelle
population médicale, avec l’arrivée de profession-
nels européens moins bien formés, est une autre
Michael balavoine
inquiétude suscitée par la fin de ce moratoire (voir
notre dossier en page 6).
+
Impressum
Rédaction Direction artistique Aline Hostettler 022 786 70 00 Collaborations Comité de rédaction
Rédacteur en chef Gaëlle Bryand Antoine Egli 043 211 30 27 Planète Santé est soutenu par Dr Pierre-Yves Bilat
Michael Balavoine - la Société vaudoise Dr Henri-Kim de Heller
Rédacteurs éditeur Abonnements de médecine Dr Marc-Henri Gauchat
Philippe Barraud Editions Médecine & Hygiène Version électronique : gratuite - la Société médicale du Valais Dr Bertrand Kiefer
Winnie Covo Chemin de la Mousse 46 Abonnement papier : CHF 12/an - l’Association des médecins Dr Michel Matter
Malka Gouzer 1225 Chêne-Bourg Tél : +41 22 702 93 29 du canton de Genève Dr Remo Osterwalder
Elodie Lavigne Email : planetesante@medhyg.ch Fax : +41 22 702 93 55 - la Société neuchâteloise M Pierre-André Repond
Benoît Perrier Tél : +41 22 702 93 11 Email : abonnements@medhyg.ch de médecine Pr Bernard Rossier
Fax : +41 22 702 93 55 Site : www.planetesante.ch - la Société médicale M Paul-Olivier Vallotton
Graphisme / Illustration
du canton du Jura
giganto.ch Publicité Fiche technique
HP media SA ISSN : 1662-8608
Photographie
Av de Chamonix 7 – 1207 Genève Tirage : 30 000 exemplaires
Romain Graf
Tél 022 786 70 00 3 fois par an
DR
Fax 022 786 70 13 Disponible dans les cabinets
info@hpmedia.ch médicaux
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Politique
6 Mort et résurrection du moratoire
10 Michel Halpérin : « Il faudra faire mieux
avec moins d’argent »
14 Après une année, quel bilan tirer de
la nouvelle tarification hospitalière ? 6 Cabinets médicaux
Comment installer
Reportage
la relève ?
18 Opération de la cataracte : changement
d’optique
22 Se faire dialyser pour remplacer ses reins,
comment ça marche ?
26 Donner son sang pour préserver la vie
Santé
28 L’huile de palme est-elle vraiment
mauvaise pour la santé ?
31 Dans la lune ? Non, absent !
34 La vraie grippe frappe toujours
en fin d’année
34 Les maladies
40 Maladie : l’angine de poitrine
de l’hiver
Juridique
44 Les enjeux du diagnostic préimplantatoire
46 Quand un traitement est-il trop cher ?
People
48 Daniel Brélaz : les confidences d’un animal
politique résistant et vigilant
48 Daniel Brélaz
face à son médecin
Mort et résurrection
du moratoire
Nouveaux cabinets médicaux Il a été levé le 1er
janvier 2012, il sera réintroduit au printemps 2013 !
La levée du moratoire sur l’installation de nouveaux
cabinets médicaux, institué en 2002 et reconduit
plusieurs fois, a provoqué tant d’effets indésirables
que le conseiller fédéral Alain Berset a décidé de
proposer sa réintroduction le plus vite possible.
Texte Philippe Barraud PHOTOS ROMAIN GRAF
D
e manière peu surprenante, veaux médecins qui arrivent sur le mar-
la levée du moratoire a sus- ché. Beaucoup de demandes émanent
cité une avalanche de de- aussi de médecins désirant travailler à
mandes de la part de mé- temps partiel.
decins désirant s’installer, Entre janvier et juillet 2012, la faîtière des Le Dr Philippe
Suisses et ressortissants de l’UE. Ce qui assureurs, Santésuisse, a reçu 1296 nou- Barazzone osculte
ne manquera pas de susciter une hausse velles propositions de praticiens désirant une de ses patientes.
des dépenses de santé, estiment cer- s’installer. C’est principalement dans les
tains : en effet, chaque nouveau cabi- centres urbains que ces médecins veulent
net engendrerait, pour l’assurance de
base, des coûts compris entre 300 000 et
500 000 francs. de suite, pour le cas où un mora-
A vrai dire, ces montants ne reposent sur “La répartition de ces toire reviendrait...
aucun élément concret. Ces chiffres ont Cette ruée de candidats, favo-
été avancés par Santésuisse, organe des
nouveaux médecins est risée par les accords bilatéraux
assureurs, puis repris dans un rapport parfaitement anarchique et la libre-circulation des per-
par la Commission de la santé du Conseil sonnes, cause du tort aux jeunes
national, qui n’est pas un modèle d’indé- sur le plan géographique.” médecins formés en Suisse,
pendance par rapport aux caisses. Il reste comme à Genève, estime le pré-
que ces sommes ont tourné en boucle sident de l’Association des méde-
dans les médias, et suscité un vent de ouvrir leur cabinet. Ainsi, à Genève, la cins genevois, Pierre-Alain Schneider. En
panique. De tels coûts peuvent certes se croissance du nombre des demandes a effet, à Genève, des entreprises offrant
vérifier dans des villes comme Genève et atteint + 279%, à Zurich + 185%, à Berne des soins (cliniques, centres médicaux,
Zurich ; en revanche, dans le reste de la + 98% et au Tessin + 327% ! etc.) engagent des médecins salariés
Suisse, les nouvelles demandes sont sou- Certes, un certain nombre étaient « pré- qu’ils recrutent pour partie à l’étranger,
vent le fait de médecins salariés qui ont ventives » : les requérants voulaient en notamment en France. Or, les niveaux
effectué les démarches pour devenir in- quelque sorte réserver leur place, même de formation sont différents : en France,
dépendants ; ce ne sont donc pas de nou- s’ils n’allaient pas occuper leur cabinet la formation postgrade des généralistes
Mieux valoriser
la formation
« Sur les accords bilatéraux nous
sommes d’immenses naïfs, nous disons
oui-amen à tout ! En face, ils font ce qui
les arrange... Nous devrions être plus
malins », s’emporte Pierre-Alain Schnei-
der, président des médecins genevois.
Il voudrait notamment que la for-
mation, très exigeante, des jeunes
médecins en Suisse soit mieux mise
en valeur, alors qu’ils souffrent de la
concurrence de médecins européens,
au bénéfice d’une formation qui n’est
pas toujours équivalente, et qui sou-
vent n’ont pas la vision « d’ici » dans la
relation avec le patient.
Pierre-Alain Schneider relativise
l’ampleur des installations de nou-
veaux cabinets à Genève : « Mis à
part les psychiatres, peu de nouveaux
médecins ouvrent effectivement des
cabinets indépendants. Ils consultent
dans des groupes, des cliniques, des
« centres médicaux ». Ces structures
attirent, mais elles n’existent que dans
des zones urbaines alors qu’il n’y a
pas grand-chose en périphérie. Les
communes qui manquent de médecins
devraient réaliser qu’un médecin ne
viendra pas sans incitation. Je suis
convaincu qu’un plus grand nombre
de médecins s’installeraient en Valais,
dans le Jura, etc. si on leur proposait
des opportunités intéressantes. »
dure trois ans ; en Suisse, elle dure au avec les gynécologues : dix demandes à « Parmi les demandes de droit de
minimum cinq, avec beaucoup d’hô- Genève et quatorze à Zurich, mais... au- pratique, explique encore Pierre-Alain
pital et de travail en médecine interne. cune dans le Jura ! Parmi les autres spé- Schneider, il y a un certain nombre
« Nos jeunes médecins sont mieux aptes cialités pléthoriques, on cite les oph-
de médecins qui travaillent déjà en
à prendre en charge des pathologies qui talmologues, les anesthésistes et les
demandent une certaine expérience », ex- chirurgiens. Suisse en tant que dépendants et qui
plique Pierre-Alain Schneider. Situation spectaculairement inverse en se donnent le moyen d’être maintenant
Valais, où il manque des psychiatres, des indépendants sans forcément réaliser
Une répartition anarchique ophtalmologues, des pédiatres, des gy- leur rêve de suite. La réintroduction de
Un deuxième problème est que la répar- nécologues. Selon Marc-Henri Gauchat, la limitation va certainement accélérer
tition de ces nouveaux médecins est par- président de la Société médicale du Va- le mouvement parmi les médecins
faitement anarchique, non seulement lais, cette réticence à s’installer en Valais
sur le plan géographique, mais aussi s’explique par des considérations finan-
hospitaliers qui ne veulent pas y
au chapitre des spécialités. Pour la pre- cières, la valeur du point étant inférieure passer leur vie. Nous aurons donc droit
mière moitié de 2012 seulement, 47 nou- à ce qu’elle est, par exemple, chez les essentiellement aux effets secondaires
veaux psychiatres voulaient s’installer à voisins vaudois. Finalement, la levée du de cette mesure avant d’y trouver un
Genève, et 54 à Zurich. Même problème moratoire n’a attiré en Valais que cinq ou hypothétique bénéfice ! »
six médecins français. Le même constat Cette solution « cantonale » fait l’objet indispensable de s’installer là où on n’a
vaut pour toutes les régions romandes si- d’un large consensus, aussi bien dans le pas besoin d’eux, alors qu’on a besoin à
tuées loin des grandes villes : Neuchâtel, monde politique que parmi les associa- 50 ou 100 kilomètres ! »
Jura, Pays d’Enhaut n’ont pas vu affluer tions de médecins. Ainsi, le ministre vau-
les médecins dont la population a cruel- dois de la Santé, Pierre-Yves Maillard, sa- Proposition critiquée
lement besoin, à commencer par les gé- lue le projet d’Alain Berset, mais regrette Les critiques fusent contre la réintroduc-
néralistes : les « déserts médicaux » sont le retard pris, en rappelant qu’une solu- tion du moratoire sur l’ouverture de ca-
toujours là. En résumé, il y a bien trop tion analogue avait été proposée en 2009 binets médicaux par des spécialistes. Les
de nouveaux spécialistes là où ils étaient par la FMH et les directeurs cantonaux de médecins avant tout, mais aussi les assu-
déjà assez nombreux, tandis que les ré- la santé : il s’agissait d’un système pari- reurs ou les cantons, tous ont de bonnes
gions décentrées manquent de l’essentiel taire de régulation, composé par les can- raisons d’être contre. Les médecins, en
– levée du moratoire ou non. tons et les sociétés de médecine, autre- particulier, auraient souhaité que les gé-
ment dit, des gens connaissant le terrain. néralistes y soient aussi soumis. Par là ils
Davantage de pouvoir Ils se donnaient non seulement la pos- visent les médecins français, qui bénéfi-
aux cantons sibilité de freiner, mais aussi d’encoura- cient de conditions identiques à leurs col-
La solution esquissée par les services du ger l’installation de nouveaux médecins. lègues suisses, alors que leur formation
conseiller fédéral Alain Berset va dans le Pour son homologue genevois Pierre- n’est pas du tout du même niveau. Mais
sens d’un pouvoir plus grand laissé aux François Unger, la voie cantonale est aus- faute d’alternatives crédibles, le projet
cantons. Ils pourront notamment invo- si la bonne : « Il faut donner la possibili- du Conseil fédéral pourrait bien être in-
quer la clause du besoin pour autoriser té aux cantons de réguler la démographie troduit dès avril prochain, soit seize mois
ou refuser une installation, voire octroyer médicale par une planification, en fonc- après la levée du précédent moratoire
une autorisation seulement pour une ré- tion de leurs propres besoins. On est en qui avait duré dix ans. +
gion périphérique donnée. droit de dire aux médecins qu’il n’est pas
Les espoirs
Alexandra Reber :
« A Genève, le Professeur Perrier a crée
des filières de formation. Il faudrait aller
dans le même sens pour les reprises de
cabinets. Cela se prépare souvent deux
ou trois ans à l’avance. Il faudrait en-
core plus connecter les médecins entre
eux pour organiser des installations
cohérentes. »
François Rieben :
« C’est quand on s’arrête de travailler
diologues, etc. Au moment de la levée de Les doutes qu’on devient réellement médecin. Il y
la limitation, ces spécialités n’ont donc Alexandra Reber : a le savoir technique et le savoir être.
pas eu de problèmes à trouver une re- « Ma crainte, c’est de savoir si les pa- Comme nous allons continuer à collabo-
lève. Pour les généralistes, surtout dans tients vont rester ou s’ils vont aller chez rer un moment avec Alexandra, j’espère
ce qu’on appelle la « périphérie », c’est un autre médecin. Mais, par rapport à pouvoir transmettre cette expérience de
le contraire. On a toujours dit qu’on était d’autres de mes collègues, je n’ai déjà praticien que l’on n’apprend pas dans
trop, ce qui fait qu’on a limité l’accès à pas la peur de voir venir personne. Au dé- les livres. Et cet échange intergénération-
cette formation. Aujourd’hui, on ne peut but, c’est dur de se créer une patientèle. » nel me permettra en plus de profiter des
plus remplacer ceux qui partent, et on est François Rieben : connaissances techniques incroyable-
obligé de recruter à l’étranger pour cou- « Quand vous faites de la médecine géné- ment pointues de ma jeune collègue. Que
vrir nos besoins. » rale, vous faites des stages dans plusieurs demander de plus ! » +
Michel Halpérin :
« Il faudra faire
mieux avec moins
d’argent »
Hôpital Nouveau président du
Conseil d’administration des Hôpitaux
Propos recueillis par Malka Gouzer universitaires de Genève (HUG),
Michel Halpérin prend les rênes d’une
institution qui traverse une phase
difficile, notamment due aux coupes
budgétaires de l’Etat. L’ancien Président
du Grand Conseil Genevois répond à
nos questions.
propos recueillis par MALKA GOUZER
photos romain graf
qualité. Elle incombe à Monsieur Gru- Bernard Gruson va bientôt prendre sa supplémentaire, mais que ce n’est pas
son qui a son style mais travaille au sein retraite et vous êtes à la recherche d’un une condition même de l’exercice. Un
d’un Conseil de direction. Si son style nouveau directeur général. La commis- médecin doit pouvoir faire de la méde-
est parfois ressenti comme abrupt, il sion de nomination avait placé un can- cine, mais un médecin qui est en même
faut se rappeler que les HUG sont un na- didat belge en tête de sa liste. Pourquoi temps directeur général des hôpitaux ne
vire important et que son capitaine doit avez-vous écarté sa candidature ? fait plus beaucoup de médecine. Il n’en a
prendre des décisions qui, forcément, ne Le Conseil d’administration s’était saisi de simplement plus le temps.
trois candidatures. L’une d’entre
elles comportait des expecta- Si vous étiez médecin, quel type de mé-
tives salariales qui n’étaient pas decine pratiqueriez-vous ?
“Les HUG économisent déjà en ligne avec les pratiques gene- Par tempérament, je pourrais plus faci-
25 millions par année” voises, elle n’a donc pas été re-
tenue. La question de la natio-
lement m’imaginer en médecin de cam-
pagne faisant un peu de tout et ayant une
nalité du candidat n’a pas été relation personnelle avec chaque patient
examinée par le Conseil. plutôt qu’en chercheur de pointe dans un
sont pas toujours consensuelles. De sur- laboratoire. Cela n’enlève rien à l’admira-
croît, le Conseil de direction et le direc- Il semblerait que vous soyez davantage tion que je porte à ces chercheurs grâce
teur général sont soumis au contrôle du à la recherche d’un bon gestionnaire à qui la médecine fait constamment des
Conseil d’administration. Ce dernier est que d’un bon médecin. Pourquoi ? progrès dont chacun de nous bénéficie. +
composé de 19 personnes. On est donc, Je dirais les choses autrement. Le Conseil
me semble-t-il, assez loin d’un régime d’administration a exprimé assez large- * Diagnosis Related Group. Voir illustration
autocratique. ment l’idée qu’avoir un médecin à la tête explicative en page 15.
des hôpitaux offre peut-être un avantage
Coup de projecteur
sur la Ligue genevoise
contre le cancer
Cancer La Ligue genevoise contre le
cancer, association à but non lucratif,
ment en moment ; le seul juge en est le
non subventionnée, poursuit son but patient. Ce point de vue personnel, va-
riable d’une personne à l’autre et chez
d’aide et de soutien aux malades vivant une même personne, est l’élément déter-
l’expérience de la maladie cancéreuse. minant des décisions d’accompagnement
Texte LUCIENNE BIGLER-PERROTIN
qui sont prises.
Un travail en réseau
S
L’équipe travaille en réseau avec les dif-
ur trois sites (deux arcades, les tous ces malades ou anciens malades, férents acteurs du système socio-sa-
Espace Médiane sans rendez- la Ligue a donc à cœur de s’engager en nitaire genevois (également suisse et
vous et ses bureaux sur rendez- choisissant de soutenir leur qualité de vie européen) à savoir les personnes-fa-
vous, lieux d’accueil, d’écoute, et celle de leurs proches. milles-communautés, les différentes
d’information, de dialogue et de sou- Ceci rejoint le but des soins palliatifs tel structures étatiques sociales et de santé,
tien), la Ligue genevoise contre le cancer que décliné par l’Organisation mondiale les associations de patients, les associa-
(LGC) met à disposition des personnes de la santé (OMS) en 2002 : « Les soins tions professionnelles, les Ligues contre
concernées une équipe d’infirmier(ère)s palliatifs cherchent à améliorer la qualité le cancer cantonales et régionales et la
de santé publique, spécialisées en onco- de vie des patients et de leur famille, face Ligue suisse.
logie et soins palliatifs (5 postes + 2,45 aux conséquences d’une maladie poten- A la Ligue sont également organisées di-
postes pour l’équipe administrative) qui tiellement mortelle, par la prévention verses prestations comme des confé-
assurent accompagnement et suivi éga- de la souffrance identifiée précocement rences brunch, des groupes de soutien
lement à domicile et en institution si et évaluée avec précision, ainsi que par (quinze différents), un service de béné-
nécessaire. le traitement de la douleur et des autres volat (DOMILYS : groupe d’accompagne-
Chaque année en Suisse, 35 000 per- problèmes physiques, psychologiques et ment à domicile et DOMI-SERVICE (ser-
sonnes sont atteintes de cancer et un peu spirituels qui lui sont liés ». vices ponctuels)).
plus de la moitié en guérira. En 2011, la Environ 85% des personnes en soins pal- Finalement, la Ligue ne néglige pas ses
LGC a organisé 2713 rendez-vous pour 601 liatifs sont atteints de cancer et près de autres tâches que sont la prévention, le
personnes/familles et a reçu seize à dix- 50% des patients qui font appel à la LGC dépistage et le soutien à la recherche. +
sept visiteurs par jour sans rendez-vous. vivent les soins palliatifs.
Elle a octroyé près de 600 000 francs Dans sa pratique de tous les jours,
d’aide financière directe. l’équipe infirmière a choisi de s’appuyer Références
sur un modèle en sciences infirmières, - Parse, R. R. (1998). The human becoming scho-
Soutenir la qualité de vie modèle utilisé dans de nombreuses insti- ol of thought : A perspective for nurses and other
Pour beaucoup de patients qui ont gué- tutions : ce modèle, dit de l’humain deve- health professionals. Thousand Oaks, CA : Sage.
ri, le diagnostic d’une maladie grave, les nant, (R. R. Parse), suggère que la contri- - Doucet T.J., Maillard Struby F. V. (2011). Rosemarie
traitements reçus, le choc au sein de la bution de la discipline infirmière est de Rizzo Parse : L’école de pensée de l’Humain deve-
famille laissent des traces, souvent pro- soutenir la qualité de vie. Les personnes nant. Les éditions Aquilance, Fribourg, CH.
fondes. Il n’est donc pas si simple de re- ne sont pas pris en charge dans un mo-
prendre le chemin de la vie. La Ligue se dèle standard, selon des critères éta-
tient disponible auprès de ces personnes blis. La qualité de vie est l’incarnation de
aussi longtemps que nécessaire. Pour l’expérience individuelle vécue de mo-
d’un tarif par forfait basé sur le diagnostic, les DRG Quelles données envoyer
aux assureurs ?
(voir illustration). L’une des grandes polémiques 2012 liées
Texte Simon Regard* illustrationS giganto.ch à l’introduction des DRG a été la trans-
mission des données aux assureurs ma-
ladie. Du côté des médecins et des pré-
L
posés à la protection des données, on
e but de la réforme était et est qui amènera une concentration de l’offre crie au respect du secret médical tandis
toujours de permettre une meil- hospitalière. que les assureurs font valoir leur compé-
leure comparaison entre les hôpi- L’introduction des DRG dans toute la tence de contrôle de l’économicité des
taux suisses à travers l’utilisation Suisse coïncide avec la réforme de la Loi prestations fournies, donc un droit de re-
d’un tarif unifié. Ce système exclut toute- sur l’assurance maladie (LAMal). Celle-ci gard sur les actes pratiqués.
fois les soins psychiatriques, gériatriques permet à un résident suisse d’être hos- Les deux parties ne trouvant pas d’ac-
et de réhabilitation. Cette comparaison pitalisé – même sans urgence – dans un cord, le Conseil fédéral a tranché, cou-
vise à mieux allouer les ressources entre hôpital situé dans un autre canton que pant la poire en deux : les assureurs ont
les hôpitaux et augmenter la concurrence celui où il réside. Plus loin encore, cette accès à toutes les données, écartant ain-
entre eux. Corollaire : les hôpitaux qui ne réforme lui ouvre les portes des cliniques si le point de vue des médecins, qui ima-
peuvent pas faire face à la réforme n’arri- privées, subventionnées en retour par les ginaient, eux, un système de contrôle par
veront plus à se financer et fermeront, ce pouvoirs publics alors même que ce pa- « pointage » aléatoire. Mais d’un autre
Avant
1. Le patient entre à l’hôpital un lundi
matin à 9h
2. A 10 heures, le patient est opéré
de son hernie
3. Il passe l’après-midi en salle de réveil
4. Il passe la nuit à l’hôpital
5. 2 jours sont comptés sur la
facture finale. Ce sont eux qui sont
déterminants pour la facture.
Après
1. Le patient entre à l’hôpital et est opéré
2. Il passe la nuit à l’hôpital mais cela n’est
pas déterminant pour la facture
3. A sa sortie, un code spécifique (DRG) lui
est attribué pour son hernie
4. La facture est un forfait global pour ce
traitement..
côté, ces données ne seront, en théorie, Le but est de réduire les files d’attente – tentant de retarder les examens non ur-
accessibles qu’à un service spécifique notamment dans le domaine chirurgical gents afin qu’ils aient lieu en ambula-
de réception des données pour chaque – ainsi que les transferts interhospitaliers toire, où ils seront pleinement facturés
assurance. coûteux et inconfortables. Mais qu’en est- par un autre système, celui de la tarifi-
il vraiment ? Là encore, le bilan est pour cation usuelle des médecins, le fameux
Les hôpitaux publics lésés l’instant mitigé. Tarmed.
Deuxième remarque : pour une même Enfin, dernier incita-
maladie, les patients les plus sévère- tif négatif, il devient in-
ment atteints se retrouvent souvent dans téressant d’introduire le
les grands hôpitaux publics. Ces patients
sont susceptibles de consommer plus de
“ Le risque, c’est que le patient code tarifaire d’un pa-
tient avant sa sortie,
ressources hospitalières et de rester plus soit poussé vers la sortie, même voire dès son arrivée. Ce
longtemps à l’hôpital. Ce dernier en sort « pré-diagnostic » permet
perdant puisqu’il reçoit la même rétri- si celle-ci est jugée précoce alors de calculer la du-
bution – pour un même DRG – qu’une rée maximale de l’hos-
structure plus petite, parfois privée, plus d’un point de vue médical.” pitalisation afin d’éviter
à même de sélectionner les patients ju- que le séjour du patient
gés moins risqués. Corollaire d’un sys- ne coûte plus cher que ce
tème basé sur la moyenne des coûts, qu’il rapporte. Le risque ?
une petite clinique reçoit donc plus d’ar- En cause, les honoraires des médecins Que l’on pousse le patient vers la sortie,
gent qu’elle n’en dépense, dégageant des et la partie de cette rétribution qui re- même si celle-ci est jugée précoce d’un
bénéfices parfois privatisés alors qu’un vient à l’hôpital-hôte. Suite aux négocia- point de vue médical. Rappelons qu’en
grand hôpital public, sous-financé, risque tions tarifaires, les honoraires relatifs à théorie, un DRG ne devrait être attribué
de présenter un déficit, comblé par les la prise en charge d’un patient couvert au séjour d’un patient qu’après sa sor-
impôts. Une meilleure prise en compte par l’assurance de base sont inférieurs à tie de l’hôpital.
de tous les troubles liés à une même ma- ceux garantis par une pratique médicale
ladie ainsi que de la sévérité des cas pa- purement privée. Médecins et cliniques Un décalage avec la réalité
raît nécessaire. privées n’ont donc pas un réel intérêt à S’il est un peu tôt pour effectuer un bi-
prendre en charge ces patients. lan global de l’introduction des DRG, on
Des incitatifs négatifs Le risque est également celui d’augmen- ne peut nier que certaines tendances
Autre promesse de cette réforme : désen- ter les coûts du secteur ambulatoire commencent déjà à se dessiner. Des me-
gorger les hôpitaux publics en déléguant (quand le traitement ne nécessite pas de sures correctives rapides doivent être en-
la prise en charge d’un certain nombre dormir à l’hôpital). Le forfait hospitalier visagées afin d’éviter que le système ne
de patients couverts uniquement par l’as- ne dépendant pas du nombre d’examens s’enfonce, au détriment du contribuable.
surance de base à des cliniques privées. effectués lors de l’hospitalisation, il est Parmi les mesures imaginées figure une
meilleure prise en compte financière des
cas compliqués, valorisant ainsi les hôpi-
taux s’occupant des patients à haut po-
tentiel de consommation de ressources
médicales. Mais ce n’est qu’un exemple
parmi d’autres. Pour assurer la qualité
des soins hospitaliers sur le long terme,
des solutions doivent être trouvées. Et
vite, car sinon c’est tout le système qui
risque de s’effondrer. +
Trois questions
au docteur Hervé Spechbach
DRG Chef de clinique au Service
de médecine interne générale des
Hôpitaux universitaires de Genève,
Hervé Spechbach s’est investit au
sein de nombreuses institutions de
jeunes médecins pour expliquer les
DRG à ses collègues.
propos recueillis par SIMON REGARD
Changement
d’optique
Cataracte Une dizaine Arrivé à 8 heures, il repartira le matin
même avec un nouveau cristallin. Gil-
Le gauche est au menu ce matin : le
chirurgien va ouvrir son œil, en ôter le
de minutes sur la table bert* a 76 ans et se fait aujourd’hui opé- cristallin devenu opaque (ce qui trouble
rer de la cataracte à l’Hôpital ophtal- la vision) et le remplacer par une lentille
d’opération pour chasser mique Jules-Gonin à Lausanne. Après un artificielle. On s’interroge : voit-on le scal-
la cataracte. Récit d’une enregistrement à l’accueil, on l’a accom- pel arriver devant ses yeux ? Non, par
pagné au bloc opératoire. Nous le ren- contre « on voit des choses, pas comme
intervention à Lausanne. controns à l’Hôpital de jour où il attend un kaléidoscope… disons de l’art abstrait.
Texte BENOÎT PERRIER son opération après les premiers prépa- Et il y a ce son dans votre crâne, comme
PHOTOS Romain Graf ratifs (la pose de gouttes et d’une coque la polisseuse d’un dentiste après un dé-
de protection). tartrage. » Voit-il mieux de l’œil déjà opé-
Si Gilbert redoute l’intervention, il n’en ré ? « Plus net, moins jaune, plus bleu. »
laisse rien transpirer. Il se sait entre de Le retraité concède une seule crainte avec
bonnes mains, celles de la Doctoresse un sourire : qu’on doive refaire l’opéra-
Abou Zeid qui a réalisé près de deux tion si nous manquons nos photos !
mille interventions de ce type. Et sur-
tout, il était déjà là il y a deux semaines.
Quand il s’est fait opérer la cataracte de
l’œil droit.
C’est un examen de routine qui a amené Nous nous arrêtons pour détailler le pro-
Gilbert à prendre la décision de se faire gramme opératoire. La cadence est im-
opérer. Tous les deux ans, sa vue doit portante, selon qu’il s’agisse d’injections
être contrôlée pour pouvoir continuer contre la dégénérescence maculaire, de
à conduire. De plus, il consulte tous les chirurgie de la cataracte ou de la myopie.
ans son ophtalmologue. En août, celui- En ce début de matinée, deux feuilles s’y
ci l’a averti qu’il faudrait à terme opérer ajoutent pour décrire les urgences. Il y en
sa cataracte. Ni une ni deux, l’amateur a habituellement cinq par jour au total.
d’art (Rothko, Pollock et Matisse) a pris
contact avec Jules-Gonin. « Il faut perce-
voir totalement ».
Avant de le retrouver pour l’intervention,
nous faisons le tour des quatre blocs opé-
ratoires avec Britta Hüdepohl, infirmière-
cheffe de service. Stérilisation, réserve
d’instruments, couloir variés et vue sur
le lac.
Le chirurgien regarde
à travers un microscope
l’œil qu’il opère.
Gilbert a rejoint l’antichambre du bloc où couvrir le corps de Gilbert et ne laisse ap- nir le tonus de l’œil. Place à l’attaque du
il est placé sur une table d’opération mo- paraître que son œil. cristallin.
bile. Après un temps d’attente, il y rentre. Lumière, moteur, action ! L’éclairage de Avant de remplacer cette lentille natu-
Il est salué par la Doctoresse Abou Zeid la salle est abaissé, remplacé par le halo relle par un substitut artificiel, il convient
qui vient de terminer une autre inter- puissant du microscope dans lequel re- en effet de l’ôter. Cela ne peut se faire
vention. L’anesthésiste vérifie quelques garde le chirurgien pour opérer. « Cette qu’après l’avoir coupée en quatre puis
points avec le patient. Gilbert sera position demande une grande concen- « dissous » à l’aide d’ultrasons (le fameux
conscient, l’anesthésie n’est que locale. tration, expliquera-t-elle ensuite. Ima- bruit de dentiste). Les gestes de la Docto-
L’équipe se compose de quatre per- ginez, je regarde vers le haut alors que resse Abou Zeid sont tout à la fois pré-
sonnes : le chirurgien, l’anesthésiste, un mes mains sont tournées vers le bas et cis et déterminés. Dans 199 cas sur 200,
infirmier instrumentiste et une aide-in- doivent faire des mouvements vraiment l’opération se déroule parfaitement, re-
firmière. S’adressant à ses collègues, le très précis. » late-t-elle. Et dans nonante-neuf sur cent,
chirurgien reprend à haute voix les carac- Une toute petite incision de la cornée le résultat est très satisfaisant au bout du
téristiques de l’opération à venir. Après est faite sans toucher l’iris. Un maté- compte.
désinfection, un champ opératoire vient riel visqueux y est injecté pour mainte-
La lentille est prête à être insérée dans tigmatisme que crée nécessairement le
l’œil. Particularité, elle est enroulée sur geste du chirurgien quand il incise la cor-
elle-même dans un injecteur. C’est cette née, ouvre la capsule du cristallin ou le
technique qui permet de rendre l’opéra- fragmente.
tion beaucoup plus rapide et moins inva- La lentille se déplie, elle est bien placée,
sive. En effet, insérer la lentille « pliée » les incisions de la cornée sont étanches.
nécessite une incision beaucoup plus pe- L’opération est finie, elle aura duré moins
tite que si elle était à plat. d’un quart d’heure.
Jusque dans les années 1970, il fallait Après une petite collation et un temps de
une heure d’opération et une semaine repos, Gilbert sort de l’hôpital une heure
d’hospitalisation pour un remplacement plus tard, tout à fait alerte. Nous voit-
du cristallin. Aujourd’hui, il s’agit d’une il net ? « Mais oui, à travers la coque je
vingtaine de minutes à peine pour une vous vois très bien », sourit-il. Il appelle
intervention ambulatoire. Le prochain un taxi pour venir le chercher ; effective-
progrès (dont bénéficiera très bientôt ment, la coque de plastique qui enserre
l’hôpital) consistera à réaliser les inci- son œil gauche est la seule trace visible
sions et d’autres étapes délicates avec un de son opération. +
laser (le même que celui utilisé pour la
chirurgie de la myopie). La précision ac- *Prénom fictif
crue du rayon réduira à zéro le léger as-
Au bout de l’injecteur,
la lentille artificielle est
prête à venir remplacer
le cristallin.
« Les reins ont plusieurs fonctions, ex- « Il existe plusieurs types de dialyse, ex-
plique le Docteur Bullani. L’une des plus plique encore le docteur Bullani. On peut
importantes, c’est d’épurer le sang des choisir la dialyse péritonéale. On utilise
différentes substances néfastes que notre alors la membrane qui tapisse la paroi in-
organisme produit quotidiennement pour terne de l’abdomen et des viscères, le pé-
fonctionner. » Lorsque les reins n’éli- ritoine, comme filtre naturel de dialyse.
minent plus correctement ces toxines, L’autre possibilité c’est l’hémodialyse : un
des conséquences graves, voire même système de filtration externe au corps. »
la mort, peuvent survenir. La personne Dans ce cas, il s’agit de faire sortir le sang
concernée développe ce qu’on appelle du corps, de l’épurer grâce à un circuit ex-
un syndrome urémique, caractérisé entre terne où les déchets sont filtrés par une
autres par un manque d’appétit, des nau- membrane artificielle, puis de le réinjec-
sées, une perte de poids et de la fatigue. ter dans l’organisme.
En fait, les reins sont comme le filtre d’un A Morges, 3000 séances de dialyse sont
aquarium. Lorsque celui-ci ne marche réalisées chaque année. Les patients,
plus, tous les poissons commencent à dont la plupart souffre de diabète ou
aller mal. C’est la même chose avec les d’hypertension, se rendent au centre trois
reins : quand ils ne fonctionnent plus, fois par semaine pendant quatre heures.
c’est tout l’organisme qui commence à se Dans l’établissement vaudois, ils béné-
dérégler. ficient de la technique d’hémodialyse
Le rôle de la dialyse est de remplacer cette considérée actuellement comme la plus
Le rôle de la dialyse fonction de purification des reins quand performante : l’hémodiafiltration (voir dé-
est de remplacer la celle-ci marche au ralenti. En temps nor- tail en page suivante). +
fonction de purifica- mal, les reins épurent 100 à 120 ml de
tion des reins.
sang par minute. Quand ce taux descend
en dessous de 10-15 ml par minute, il faut
remplacer la fonction rénale par une dia-
lyse ou par une transplantation rénale,
sans quoi les malades meurent.
La carte
Chaque appareil peut
lire une carte qui
contient les infor-
mations de chaque
patient. Elle permet
d’individualiser la
prise en charge de
dialyse de façon
très précise. Il s’agit
notamment de définir
le volume du sang à
épurer puis à réinjecter
dans le corps et de
définir la composition
exacte du dialysat.
Il est très important
de bien paramétrer
l’appareil car sinon,
le patient risque des
conséquences graves.
Le débit de sang qui
passe dans le filtre de
dialyse est de 350-500
ml chaque minute.
Il faut épurer le sang
pendant 240 minutes,
soit quatre heures.
Le dialysat
Le dialysat est le liquide qui est mis en contact avec le sang dont
il est séparé par une membrane de dialyse. Le dialysat recueille les
déchets. Il s’agit d’une solution dont on peut modifier la composi-
tion. Cette solution est produite à partir d’eau ultra pure. A Morges,
la production de cette eau ultra pure se fait par un système qui
associe double osmose et rayonnements ultraviolets. Les procé-
dés de purification de l’eau sont extrêmement importants car il
faut empêcher toute infection ou inflammation, même invisible.
La Fistule
Pour l’hémodialyse, il faut pouvoir accéder au sang. On parle d’accès vasculaire,
idéalement une fistule artérioveineuse dont le principe est le suivant :
- Une veine est reliée à une artère.
- Sous la pression de l’artère, la paroi de la veine s’épaissit et devient plus
résistante, ce qui permet d’avoir un plus gros débit de sang.
- Le sang est ponctionné par des aiguilles. L’une sort le sang du corps de la veine
et l’autre le réintroduit dans l’artère, plus en amont de la circulation sanguine.
La fistule est généralement confectionnée au niveau du bras de la personne.
On peut avoir des fistules natives (sans utilisation de prothèse) ou, en cas
d’impossibilité de créer une fistule native, des fistules prothétiques (insertion
d’un tube artificiel entre l’artère et la veine). En cas d’impossibilité de créer
une fistule, on peut alors recourir à un cathéter.
5
Après avoir été fractionné,
6
le sang est validé après un
contrôle de qualité. Une ana-
lyse biologique est opérée pour
être certain qu’il ne contient pas
d’agents pathogènes.
préserver la vie »
2
Les donneurs se présentent alors au
centre de don du sang ou participent
à des collectes externes. A leur arri-
vée, ils doivent remplir un question-
3
naire médical, répondre à quelques
questions administratives, passer un
entretien confidentiel, et enfin subir
un test de l’hémoglobine (pour s’as-
surer de leur taux d’anémie).
4
possibilités se posent alors : soit on
fait un prélèvement de sang total, envi-
ron 450ml, ce qui représente entre 10
et 13 % de la masse sanguine (l’opéra-
tion prend 5 à 15 minutes ), soit le don-
Une fois le sang prélevé, il sera neur fait un don de plaquettes (il s’agit
fractionné en trois éléments : les en général de donneurs réguliers). Il est
globules rouges, le plasma et les alors branché à une machine qui opère
plaquettes. Chaque produit sera une circulation extracorporelle. Les pla-
gardé dans des poches et rangé quettes sont prélevées, tandis que les
au centre de transfusion. autres composants sont réinjectés. Cela
prendra environ une heure et demie.
L’huile de palme
vraiment mauvaise
pour la santé ?
Alimentation Cachée dans de nombreux
aliments, elle est accusée d’être un des
grands ennemis de la santé.
Texte Lucie de la Héronnière illustrationS giganto.ch
C
achée dans les biscuits, les en mars 2010, l’ANSES, Agence nationale entre les différents acides gras. A l’ex-
plats préparés, les viennoi- de sécurité sanitaire (France), précise : ception de l’huile de palme (très riche
series du supermarché, la « les acides gras saturés sont consommés en acide palmitique et présente dans de
mayonnaise en tube, le pain en excès par la population française (16% nombreux produits manufacturés), il est
de mie, la fameuse pâte à tartiner aux des apports énergétiques en moyenne conseillé de consommer et de diversifier
noisettes, les céréales et bien d’autres alors que l’apport nutritionnel conseillé les huiles végétales (les huiles de colza
produits, y compris bio, elle est rendue est inférieur à 12%). Ils sont notamment et de noix sont les sources principales
coupable de mille maux. Souvent consi- constitués d’acides laurique, myris- d’acide alpha-linolénique). »
dérée comme un ingrédient « politique- tique et palmitique qui, en excès, sont Autre problème, l’huile de palme n’est
ment incorrect », elle est accusée d’être athérogènes » pas facilement identifiable : le manque
un des grands ennemis de la santé. Qui Justement, vous l’aurez deviné, un de transparence des étiquettes est la
est-elle ? L’huile de palme bien sûr ! des composants essentiels de l’huile règle dans ce domaine. Ainsi, la men-
Tout d’abord, qu’est-ce donc au juste que de palme est l’acide palmitique. Il est tion « huile végétale », connoté positi-
cette graisse tant décriée ? Il s’agit d’une donc athérogène, c’est à dire qu’il fa- vement dans nos esprits de consomma-
huile végétale naturelle, issue d’un pal- vorise les dépôts graisseux à l’intérieur teurs, cache bien souvent l’utilisation de
mier spécifique, le palmier à huile Elaeis des vaisseaux sanguins. Et augmente l’huile de palme.
guineensis. Comparée aux autres huiles, par conséquent les risques cardiovascu- Cette huile et ses dérivés peuvent ap-
elle est très riche en acides gras saturés laires quand il est consommé de manière paraître sous des noms divers. Adrien
(50%), accusés de s’accumuler dans les excessive. Gontier, chimiste qui a vécu un an sans
artères et de favoriser le cholestérol. L’ANSES jette clairement la pierre sur huile de palme, a dressé une liste des ap-
l’huile de palme en expliquant : pellations que l’on peut rencontrer dans
Mauvais gras bien caché « les lipides ont des effets bénéfiques les rayons des supermarchés : graisse
Dans son avis sur la « réévaluation des sur la santé à condition de diversifier les palmiste, oléïne de palme, stéarine de
apports nutritionnels conseillés en li- apports en graisses végétales et animales palme…
pides : ni trop, ni trop peu » rendu public pour respecter l’équilibre des apports Dans son petit guide vert, il propose une
Et ailleurs ?
Ceci dit, il s’agit quelque peu de soucis
européens… L’huile de palme non raf-
finée, utilisée dans des plats tradition-
nels en Afrique, au Brésil ou encore en
Indonésie, a quelques avantages en
plus. Adrien Gontier explique qu’elle
est « rouge, avec une odeur forte. On
la trouve dans un plat de riz au poulet
en Afrique par exemple. Mais là elle est
utilisée additionnée, comme un plus, et
pas pour masquer un goût ou créer une
texture ».
Le jeune chimiste précise dans son der-
nier billet que l’huile de palme vierge –
souvent consommée dans les pays pro-
ducteurs – est particulièrement riche
en carotènes. Mais elle perd la plupart
d’entre eux lors du raffinage – qui fait
changer sa couleur vers le blanc – pour alimentaires. Je vais souvent à Djakarta. enquête évoque une consommation
une utilisation dans l’industrie agro-ali- Presque toute la nourriture est frite à moyenne individuelle de 57 grammes
mentaire. L’huile de palme non raffinée l’huile de palme : riz, poisson, poulet… d’huile de palme par mois, soit 1,9
est également riche en tocophérols, un Mais les gens ont d’autres habitudes grammes par jour. Cela représente envi-
antioxydant important. Par contre, raffi- que les Européens, mangent des fruits, ron 10% des apports maximum en acides
née ou pas, elle est toujours très riche en ignorent les fast-foods et les plats tout gras saturés. Cependant, les adeptes du
acides gras saturés. prêts ». grignotage et du réchauffage de surge-
Alain Rival, chercheur qui travaille sur le lés peuvent dépasser les 300 g d’huile de
sujet de l’huile de palme au Cirad (Centre Une question de quantité palme par mois.
de recherche agronomique pour le dé- En 2010, la marque Findus a publié une Pour Findus, il s’agit d’une consomma-
veloppement), explique d’ailleurs qu’il étude sur le sujet en partenariat avec le tion « inconsciente et non maîtrisée ». La
faut « raisonner en termes d’habitudes nutritionniste Jean-Michel Cohen. Cette marque en profite d’ailleurs pour annon-
cer à grand renfort d’outils de communi- Il faut également penser global, car il y chael Pollan, ne pas manger ce que votre
cation la suppression de l’huile de palme a des acides gras saturés dans les autres grand-mère n’aurait pas connu… »
dans ses produits… huiles. Même si l’huile de palme en Et de préciser : « l’huile de palme bio
Pour l’ANSES, les acides gras saturés contient 50%, l’huile d’olive en contient ou durable a exactement les mêmes
laurique, myristique et palmitique ne 15%, l’huile de tournesol 11,5%, l’huile de conséquences sur la santé ! Il vaut
doivent pas dépasser 8% de l’apport colza un peu plus de 7,5%… Autrement donc mieux acheter des aliments bruts
énergétique total, en sachant que le total dit, si on consomme beaucoup d’huile à cuisiner… C’est mieux d’un point de
des lipides recommandé est de 35 à 40%. de tournesol avec des légumes, on peut vue économique, gustatif, nutritionnel.
Ce n’est donc pas une recommandation, ingérer plus d’acides gras saturés que Mais c’est comme tout, l’huile de
mais un seuil juste avant l’excès. Pour quelqu’un qui consomme une petite tar- palme occasionnellement n’est pas
l’EfSA (l’Autorité de sécurité alimentaire tine de Nutella à l’huile de palme chaque dangereuse ! ». Tout comme on ne
européenne), comme il existe une rela- matin ! mange pas une demi-plaque de beurre
tion entre l’apport en acides gras satu- par jour, il ne faut donc pas abu-
rés et l’augmentation du cholestérol, « un ser d’huile de palme.
seuil d’apport d’acides gras saturés en- Alors, est-ce qu’il y a des matières
dessous duquel aucun effet indésirable “ Même pour Findus, les grasses à privilégier ? L’ANSES
n’est observé ne peut pas être défini. Dés a proposé une nouvelle classi-
lors un apport maximal tolérable ne peut adeptes du grignotage et du fication distinguant les acides
pas non plus être fixé ». gras « indispensables », dont
Il s’agit donc d’être raisonnable… La
réchauffage de surgelés ont font partie les oméga 3 et 6 par
diététicienne Brigitte Coudray explique
que « ces acides gras saturés présents
une consommation « incons- exemple, et les « non indispen-
sables », comme les acides gras
dans l’huile de palme ne sont pas des ciente et non maîtrisée » ” saturés. On n’a donc absolument
amanites phalloïdes ! Il y a des risques pas besoin d’une dose de Nutel-
cardio-vasculaires en cas d’excès. Mais il la quotidienne, par contre il est
ne faut pas oublier que l’augmentation indispensable de manger régu-
du cholestérol est multi-factoriel ». Près de 60% du gras contenu dans lièrement du poisson…
le beurre est également saturé. Mais ce- Et Ariane Grumbach conclut que « le
Penser global lui-ci a l’avantage d’être riche en vita- tout huile d’olive n’est pas non plus
L’huile de palme est un lipide « caché » mine A… une solution. Alors j’encourage une
(entrant dans les recettes de l’industrie Pour la diététicienne Ariane Grum- consommation de gras raisonnable et
alimentaire) en opposition aux lipides bach, « il y a des matières grasses saturées surtout variée ! ». Le meilleur moyen
« visibles » (huile de cuisson, beurre, naturellement dans l’alimentation, de prendre conscience des quantités de
qu’on utilise en tant que graisse). Brigitte dans la viande par exemple. Celle graisses qu’on consomme est donc extrê-
Coudray déclare en effet que « l’huile de qui compose l’huile de palme n’est mement simple : cuisiner. +
palme est décriée car on ne la trouve pas pas mauvaise en soi, elle est devenue
dans le commerce à l’état brut. Elle entre mauvaise par les quantités consommées, Un article de :
dans la composition de plats cuisinés, qui ont beaucoup augmenté depuis 20
biscuits, etc. Le problème c’est que l’on ou 30 ans. L’important, c’est de limiter
en consomme sans s’en apercevoir. Il la consommation d’aliments industriels.
faut donc lire les étiquettes ou cuisiner Ou au moins, regarder la liste des
soi-même ! » ingrédients, et comme le conseille Mi-
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santé 31
Dans la lune ?
Non, absent !
Epilepsie Les « absences » sont l’une
des nombreuses formes d’épilepsies.
Ces épisodes, brefs et transitoires,
nécessitent une prise en charge pour
éviter qu’ils ne perturbent la scolarité.
Explication.
Texte Élodie Lavigne ILLUSTRATIONs GIGANTO.CH
En librairie
A
l’évocation du mot « épilep- mouvement. Pendant une dizaine de se-
sie », on pense immédiate- condes, l’enfant « décroche » : il reste im- Sur la base de quatre cas d’enfants
ment à une personne en proie mobile, le regard perdu, insensible aux épileptiques, les auteurs ont cher-
à d’impressionnantes se- sollicitations de son entourage. Après ce ché à démystifier une maladie fré-
cousses. De telles crises sont appelées laps de temps, il reprend ce qu’il était en quente, mais qui reste mal connue
« tonico-cloniques généralisées » en rai- train de faire. du grand public. Dans un langage
son du sursaut violent, de la chute et des Malgré leur caractère bénin et éphé- médical vulgarisé, ils évoquent
secousses des quatre membres qui les mère, ces absences doivent toutefois être les contours de ce symptôme dont
caractérisent. Or, il ne s’agit là que d’une prises au sérieux, comme l’explique le le spectre est large. En marge des
des nombreuses manifestations de l’épi- Dr Charles-Antoine Haenggeli, neuropé- classifications diagnostiques et des
lepsie. En effet, le grand public l’ignore diatre à Genève et co-auteur d’un ou- traitements, les auteurs consacrent
souvent, mais il en existe en réalité de vrage sur la question (lire l’encadré) : également tout un volet au quoti-
nombreuses formes. Les spécialistes « Généralement, ces épisodes sont dans dien des enfants épileptiques et de
parlent d’ailleurs « des épilepsies ». Ce- un premier temps considérés par les ob- leur famille. Un ouvrage riche en
pendant, ses différentes expressions tra- servateurs comme étant des moments de informations et en couleurs, grâce
duisent toutes une activité soudaine, ex- rêverie, mais ils ont tendance à devenir aux nombreuses illustrations du
cessive et désordonnée de groupes de de plus en plus nombreux et à pertur- dessinateur Pécub.
neurones dans le cerveau. Ce sont la lo- ber le travail scolaire de l’enfant. Les dif-
calisation et l’étendue de cet « orage » ficultés d’apprentissage qui en découlent Anne et ses copains, quatre enfants
qui déterminent l’ampleur et la nature se répercutent sur les notes et mena- atteints d’épilepsie, Charles-Antoine
des symptômes. cent la réussite scolaire. De plus, un ac- Haenggeli et Christian Korff,
cident, par exemple à vélo, même s’il est éditions Médecine & Hygiène, 2012.
Des pertes de conscience exceptionnel, n’est pas exclu ». Pour ces
discrète mais gênantes raisons, un traitement médicamenteux
Ainsi, la maladie épileptique peut aus- est en général proposé durant quelques
si s’exprimer de façon très discrète, au années.
travers de phénomènes appelés « ab- Comme le souligne le spécialiste, c’est le
sences ». L’épilepsie-absences touche plus souvent dans le cadre scolaire que
les enfants de quatre à huit ans environ. les absences sont repérées : « L’enfant
Ces épisodes se caractérisent par une s’arrête soudainement de lire, d’écrire
brève perte de conscience, sans chute ni ou de dessiner, il ne réagit pas si on l’ap-
pelle et ne se rend pas compte de ce lérés existent. Il survient chez des enfants
qui se passe autour de lui. Quand il re- qui sont par ailleurs en parfaite santé et
prend conscience, il poursuit son activi- ne conduit pas au développement ulté-
té comme si de rien n’était, en réalisant rieur d’autres formes d’épilepsies. Par-
parfois qu’il y a eu un petit couac ». fois d’autres membres de la famille en
Heureusement, ce type de problème est ont aussi souffert. L’épilepsie-absences
généralement bien dépisté et des traite- guérit après quelques années. +
ments efficaces et le plus souvent bien to-
1 2
Crise partielle Propagation de la crise
Le foyer épileptique est Certaines crises partielles
circonscrit à une zone limitée. peuvent se généraliser.
3 de vomissement ou de salivation,
pour éviter les risques d’étouffe-
ment.
Elodie Lavigne
Crise généralisée
Tous les neurones sont touchés.
La crise peut être marquée par
un début brutal. Retrouvez le descriptif de 100 autres maladies sur
www.planetesante.ch
Source : lefigaro.fr
La vraie grippe
frappe toujours
en fin d’année
Hiver Si tout va bien la grippe ne devrait pas frapper à
notre porte avant le mois de décembre. Il est peut-être
encore temps de faire le point sur la maladie. Entretien
avec le Professeur Claire-Anne Sigriest, pédiatre et
présidente de la commission fédérale de vaccination.
PROPOS RECUEILLIS PAR WINNIE COVO PHOTOS ROMAIN GRAF
Qu’est-ce qu’une grippe exactement ? faire pour la calmer, boire beaucoup, res-
La grippe est une infection causée par le ter tranquille et surtout attendre que ça
virus influenza. Virus respiratoire, il fait passe.
généralement, mais pas toujours, couler Le problème de la grippe n’est pas la
le nez, donne de la fièvre, des courba- maladie en tant que telle mais plutôt
tures, un rhume et de la toux. Si l’on en- les complications qu’elle peut engen-
tend en novembre déjà des gens se dire drer chez des personnes soit très jeunes,
victimes de la grippe, c’est tout à fait soit très âgées, ou alors qui ont des fac-
faux ! Ils sont pour l’heure sous le coup teurs de risque comme la grossesse par
d’un rhinovirus (un virus qui se multi- exemple ou des affections qui les fragi-
plie dans les voies nasales) qui circule. lisent. Pour elles, la grippe peut alors
L’influenza quant à lui se balade encore entraîner diverses maladies comme des
entre l’hémisphère sud et l’hémisphère pneumonies, ou des complications neu-
nord, et n’est pas arrivé en Suisse. rologiques. C’est dans ce genre de cas
qu’il faut faire attention.
Quel est le traitement idéal ?
Pour les personnes en bonne santé, il La grippe fait le tour du monde
n’y a pas grand-chose à faire d’autre que chaque année. Comment s’effectue
d’augmenter son confort au maximum son périple ?
en diminuant la force de la réaction in- Elle est tout simplement véhiculée par
flammatoire, c’est-à-dire de la fièvre. En les humains. La grippe se développe
cas de forte fièvre en effet, il faut tout par exemple en Australie durant l’hi-
ver, notre été donc (juillet-août). Les vi- Peut-on déjà prévoir l’intensité A qui s’adresse le vaccin contre
rus se promènent alors de personnes en de la maladie ? la grippe ?
personnes, puis certaines d’entre elles Pour comprendre quelle sera sa puis- La grippe est une infection parfois pénible,
prennent l’avion, le train ou le bateau sance, on étudie comment les virus mais bénigne chez les gens en bonne san-
et les virus circulent avec elles. Elle suit qui circulent se comportent dans les té. Les recommandations médicales de
alors le parcours de l’humain, se déve- autres pays. Cette année par exemple, si vaccination contre la grippe s’adressent
loppant en hiver, changeant de pays avec l’on regarde ce qui s’est passé en Aus- alors aux personnes à risque de compli-
les saisons. tralie, on s’aperçoit qu’il y a eu une cations, ainsi qu’à leur entourage.
vraie « belle » épidémie, avec deux fois Actuellement en Suisse, la vaccination
Quand va-t-elle arriver en Suisse ? plus de cas que l’année dernière. Le est recommandée pour les personnes
C’est rarissime chez nous qu’elle arrive grippe a touché surtout les enfants de malades ou fragilisées, aux femmes en-
avant le mois de décembre. Elle s’installe moins de cinq ans et les personnes de 70 ceintes (la grossesse étant un facteur des
en générale entre décembre et mars. A ans et plus. Bon nombre d’entre eux ont risques de complications au deuxième et
l’approche de la période épidémique, on dû être hospitalisés. Maintenant, il est troisième trimestres pour la mère, et aus-
est désormais en mesure de prédire son aussi probable que le virus mute avant si parce que la vaccination des femmes
arrivée, à plus ou moins quinze jours. On d’arriver sous nos latitudes. enceintes génèrent des anticorps qui
remarque en effet son arrivée au nord de
l’Europe, puis on peut la voir descendre
par le nord de la France. C’est très sou-
vent par Genève qu’elle fait son entrée en Les effets
Suisse, elle continue par la suite vers l’est.
de la grippe
en Suisse,
et en chiffres
1 500 personnes meurent
chaque année de la grippe
en Suisse.
90% des décès concernent
des personnes de plus
de 65 ans.
1 000 à 5 000 personnes
doivent être hospitalisées.
100 000 à 250 000 consulta-
tions médicales, en lien
avec la grippe, ont lieu
chaque année.
Six mois, c’est le temps
durant lequel la vaccination
protège de la maladie.
sont transmis au bébé et le protège pen- Quand faut-il se faire vacciner ? que généralement on note des réactions
dant les premiers mois de sa vie). Elle est Il faut au moins quinze jours pour que inflammatoires avec douleurs à l’endroit
également recommandée chez les per- l’immunité soit déclenchée. La grippe de la piqûre pendant les deux jours qui
sonnes âgées, considérant que très sou- pouvant arriver en décembre, le meil- suivent la vaccination. Plus rarement, la
vent avec l’âge apparaît aussi une dimi- leur moment pour se faire vacciner est zone touchée peut devenir rouge, chaude
nution des compétences immunitaires entre mi-octobre et mi-novembre, fin no- ou gonflée. Chez certaines personnes en-
et donc une augmentation du risque de vembre au plus tard. fin, cette réaction locale peut se traduire
complications. Enfin, on recommande à par des maux de tête ou des sensations
toutes les personnes qui sont en contact Quels en sont les effets secondaires ? de fatigue liées à l’inflammation. Le tout
avec des bébés de moins de six mois de Les effets secondaires du vaccin ne sont passe en deux ou trois jours. +
se faire vacciner pour éviter de les conta- pas liés au vaccin lui-même, mais aux
miner (les bébés de moins de six mois réactions qu’il déclenche. Il peut s’agir
étant à risque, mais ne pouvant pas être très rarement de réactions allergiques
vaccinés). (comme pour tout médicament), bien
U
ne publication signée par des a ainsi fallu compter avec le H5N1 (grippe
scientifiques de l’Oregon State aviaire) puis le H1N1 (pandémie grippale
University vient d’être publiée de 2009). Nous avons alors découvert à
dans la revue américaine Ve- cette occasion que de nouvelles souches
terinary Pathology. Ceux-ci expliquent de virus grippaux peuvent évoluer au
qu’à l’approche de la saison de grippe, sein des populations animales comme
les personnes qui tombent malades ne les porcs et les oiseaux ; et que ces
savent généralement pas encore qu’elles souches peuvent finalement affecter les
peuvent transmettre la grippe non seu- populations humaines. On sait toutefois
lement à d’autres humains, mais aus- moins que les humains infectés peuvent
si à des animaux, à commencer par les à leur tour contaminer des animaux.
Les cas connus et parfaite-
ment documentés ne sont
certes pas légion et les
“ On ne sait pas pour l’heure conséquences pour la san-
té publique des « zoonoses
si un chat (ou un autre animal inverses » restent à détermi-
ner. Les premiers cas connus
de compagnie) infecté par un ou suspectés avaient été en-
virus grippal pourrait conta- registrés durant la pandé-
mie de 2009 et la ques-
miner ses maîtres humains. ” tion s’était alors posée de
la grippe chez des animaux
domestiques.
Aux Etats-Unis, dans l’Etat
de l’Oregon, le propriétaire
animaux de compagnie : les chats et les d’un chat était tombé gravement malade
chiens, bien sûr mais aussi les furets qui du fait d’une infection grippale et avait
font l’objet d’un certain engouement chez dû être hospitalisé. Alors qu’il était en-
les amis des bêtes. On a appris ces der- core à l’hôpital, son chat - un chat d’inté-
nières années à regarder différemment la rieur, sans exposition connue à d’autres
grippe et les virus qui en sont la cause. Il personnes malades ou à des animaux
sauvages – devait également mourir coup plus de chats et de chiens domes- listes américains encouragent désormais
d’une pneumonie causée par une infec- tiques infectés par le virus de la grippe les propriétaires de chats et de chiens à
tion due au virus H1N1. Depuis, les cher- que ceux qui ont été diagnostiqués consulter un vétérinaire dès lors que leur
cheurs ont identifié un total de treize concrètement. La transmission naturelle animal présentera des signes d’infection
chats et un chien avec une infection pan- et expérimentale du virus H3N2 de la respiratoire alors même qu’eux se savent
démique H1N1 en 2011 et 2012, infections grippe chez les chiens aux chats en Corée (ou pensent être) infectés par un virus de
qui semblaient toutes avoir été contrac- du Sud a aussi montré le potentiel du vi- la grippe. +
tées auprès d’humains infectés dans un rus de la grippe à se transmettre entre dif-
environnement domestique. Il en fut de férentes espèces animales. A l’inverse, on
même pour des furets. Tous les symp- ne sait pas pour l’heure si un chat (ou un
tômes des animaux étaient semblables à autre animal de compagnie) infecté par
ceux des humains. D’autres études, séro- un virus grippal pourrait contaminer ses
logiques, suggèrent qu’il y avait eu beau- maîtres humains. En pratique, les spécia-
enrhume
en cinq questions.
PROPOS RECUEILLIS PAR BENOÎT PERRIER
Qu’est-ce qu’un refroidissement ? giles (s’ils sont âgés, s’ils souffrent d’une peine à déglutir. Dans tous ces cas, il faut
Le refroidissement est un terme com- maladie chronique, si leur immunité est consulter son médecin.
mode pour décrire un état fréquent en hi- diminuée ou s’il s’agit d’une femme en-
ver où le nez coule (rhume), où l’on peut ceinte) doivent contacter leur médecin. Se couvrir aide-t-il à s’en prémunir ?
aussi avoir mal à la gorge et, potentielle- Ce dernier pourra faire un frottis du nez Non. Contrairement à ce que l’on pense
ment, une extinction de voix. Les méde- et de la gorge pour déterminer de quel vi- habituellement, le froid ne cause pas di-
cins n’utilisent pas cette appellation mais rus précis il s’agit. rectement le refroidissement. Les cou-
lui préfèrent celle de rhinite pour une in- pables sont des virus, le rhinovirus par
flammation du nez ou de rhinopharyn- Mais ce n’est pas une grippe ? exemple, explique Anne Iten.
gite pour une inflammation du nez et du Non, la grippe est une maladie bien par- Dans nos contrées, durant les périodes
haut de la gorge. ticulière. Elle provoque généralement où le temps est sec et froid (à la fin de
Le refroidissement est généralement sans une forte fièvre, des douleurs dans les l’automne et en hiver), la survie des vi-
gravité. Si toutefois on « se sent tellement muscles et les articulations, des maux de rus responsables des refroidissements est
mal » (fatigue, abattement, fièvre, toux, tête et de gorge. « Avoir une vraie grippe, prolongée à l’extérieur du corps. Comme
douleurs notamment) que l’on doit gar- c’est quelque chose dont l’on se sou- les gens ont, à ces périodes, tendance à
der le lit, il faut consulter son médecin, vient », remarque la doctoresse. se regrouper dans des espaces clos, ces
prévient Anne Iten, médecin au service Ce n’est pas non plus une sinusite, on au- virus se transmettent plus facilement
de Prévention et contrôle de l’infection rait alors mal au-dessus des yeux, voire entre les individus.
aux Hôpitaux universitaires de Genève mal aux dents. Pas plus qu’une angine Ils le font par les gouttelettes générées
(HUG). De même, les patients les plus fra- où l’on aura très mal à la gorge, de la lors de la parole, lors de la toux ou de
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L’angine
de poitrine
Maladie L’angine de poitrine est une douleur du
muscle cardiaque (cœur) causée par un manque
d’oxygène provoqué par un rétrécissement ou un
spasme d’une artère.
Texte Dr Didier Locca et Pr Pierre Vogt
Angine Athérosclérose
Traitement : l’angioplastie
Outre des médicaments anti-angi- 1
neux qui améliorent la circulation Artère coronaire
sanguine, les spécialistes recourent
à l’angioplastie pour traiter la
Cathéter
maladie.
2
1 Un cathéter est introduit par
l’artère fémorale (aine) ou radiale
(poignet)
Les enjeux
du diagnostic
préimplantatoire
Grossesse Totalement interdit en Suisse, le diagnostic
préimplantatoire (DPI) pourrait y être autorisé dans
un futur proche, mais avec d’importantes restrictions.
TEXTE PROFESSEURE VALéRIE JUNOD ADAPTATION* Philippe Barraud
D
e nombreux couples ont re- alors recourir à un diagnostic prénatal, avortement décidé après un diagnostic
cours à la fécondation in vi- qui consiste en un prélèvement in utero, prénatal (in utero), le couple voulait re-
tro. Lorsqu’ils sont porteurs de après dix à 22 semaines de grossesse, se- courir à la procréation médicalement as-
maladies génétiques connues, lon la technique employée. Ces interven- sistée, puis à un diagnostic préimplanta-
comme la mucoviscidose, ils aimeraient tions, relativement invasives, peuvent toire in vitro, pour éviter à nouveau ces
éviter de transmettre cette maladie à leur provoquer une fausse-couche dans un expériences douloureuses. Face à l’inter-
enfant. Ils voudraient pouvoir effectuer cas sur cent. Si elles révèlent que le fœtus diction italienne du DPI, ils ont saisi la
les tests nécessaires au tout début du dé- est atteint d’une maladie grave, la femme Cour de Strasbourg et, à l’unanimité des
veloppement de l’embryon en labora- devra alors décider si elle veut avorter. juges saisis, obtenu gain de cause.
toire (in vitro), lorsqu’il ne compte encore Aujourd’hui en Suisse, on peut effec- Pour la Cour, il est illogique d’admettre
que cinq cellules, pour ensuite détermi- tuer une très vaste gamme de dépistages la destruction d’une vie à un stade tar-
ner s’il doit être implanté ou non – ce sur le fœtus in utero, et avorter le cas dif, à savoir le fœtus in utero, avec toutes
qu’on appelle le diagnostic préimplanta- échéant. Cette liberté contraste avec l’in- les conséquences émotionnelles et médi-
toire ou DPI. Or, ces investigations sont terdiction absolue de tester l’embryon de cales pour la mère (et le père) – et de l’in-
interdites en Suisse, alors même qu’elles quelques cellules en laboratoire ! terdire à un stade très précoce, celui de
sont possibles dans de nombreux pays Cette situation absurde, qui prévaut aus- l’embryon in vitro.
qui nous entourent, à l’exception de l’Au- si en Italie, a amené la Cour européenne
triche et de l’Italie. des droits de l’homme à en dénoncer La Suisse revoit son jugement
l’incohérence. Elle a en effet donné rai- Depuis 2004, la Suisse a entrepris de
Une alternative lourde son à un couple italien, dont la femme réviser le droit en la matière. L’arrêt de
Pour les couples concernés, l’alternative et l’homme étaient porteurs sains de la la Cour de Strasbourg ne peut que l’in-
est lourde, risquée, et psychologique- mucoviscidose. Après la naissance d’une citer à aller de l’avant. Les dernières
ment éprouvante : en effet, ils doivent fille atteinte de mucoviscidose, puis un propositions du Conseil fédéral, qui
datent de juin 2011, prévoient d’autori- déjà dénoncée par la Cour européenne
ser le diagnostic préimplantatoire, mais des droits de l’homme : pourquoi pour- “ Le diagnostic pré-
à des conditions plutôt restrictives. Ain- rait-on diagnostiquer par DPI la muco-
si, il ne sera admis que pour écarter « le viscidose, mais pas la trisomie 21 ? Et implantatoire est
risque de transmission d’une prédisposi- par conséquent, pourquoi obliger une
tion à une maladie grave, qui se déclare femme à attendre plusieurs semaines de interdit en Suisse,
avant l’âge de 50 ans, et pour laquelle il
n’existe aucune thérapie efficace et ap-
grossesse, avec l’angoisse qu’on imagine,
pour obtenir ce résultat par diagnostic
alors même qu’il
propriée ». De plus, le couple devra affir- prénatal, et le cas échéant, avorter ? est possible dans
mer ne pas être en mesure d’assumer la Cette préférence pour la destruction
naissance d’un enfant atteint d’une telle d’un fœtus de plusieurs semaines dans de nombreux pays
maladie. le corps de la femme, plutôt que celle
Pourquoi de telles restrictions ? Il s’agit d’un embryon de quelques jours en la- européens.”
d’empêcher le recours au diagnostic pré- boratoire, paraît paradoxale. En 2010, en
implantatoire pour détecter des maladies Suisse, 2 000 embryons ont été détruits
jugées moins graves, des maladies non- faute de pouvoir être implantés ; la même
héréditaires comme la trisomie 21, ou en- année, il y a eu plus de 11 000 interrup-
core, ce qui se comprend mieux, pour sé- tions de grossesse. +
lectionner le sexe de l’enfant, la couleur
de ses yeux, voire son QI... *Un article paru dans la Jusletter
Ces restrictions du projet de loi amènent
toutefois à s’interroger sur l’incohérence
Quand un traitement
est-il trop cher ?
Argent Peut-on refuser un traitement médical parce
qu’il est trop cher ? Sur cette question, le Tribunal
fédéral a pris une première position qui, si elle est
discutable, a le mérite d’ouvrir le débat sur le thème
délicat du rationnement, soit le seuil financier
au-delà duquel une société accepte de laisser souffrir
ou mourir un être humain.
TEXTE PROFESSEURE VALéRIE JUNOD ADAPTATION* Philippe Barraud PHOTOS ROMAIN GRAF
Â
gée de 67 ans, une patiente manière abstraite, c’est-à-dire selon des dépense disproportionnée par rapport
souffrait d’une maladie gé- études cliniques, et de manière concrète, au résultat thérapeutique. Des consi-
nétique rare, la maladie de selon l’amélioration de l’état général de dérations éthiques ne dispensent pas
Pompe ; elle avait reçu un de tenir compte
traitement au moyen du seul médica- des moyens finan-
ment existant, le Myozyme. Ce médi- ciers limités du
cament ne guérit pas la maladie - dont “ Pour le Tribunal, un traitement système de santé.
l’issue à terme est fatale -, mais en at- Les montants qui
ténue les symptômes. Elle se manifeste est en tous les cas non écono- viendraient à être
par un affaiblissement de la muscula- consacrés à une
ture et de la capacité respiratoire. Le coût mique si ses coûts excèdent une maladie, même
du traitement dépassant 500 000 francs
par an, l’assurance maladie de la pa-
limite de 500 000 à 600 000 rare, pourraient
manquer à d’autres
tiente avait refusé la poursuite du trai- francs par année de vie gagnée.” secteurs d’activi-
tement. Le Tribunal fédéral lui donne té. Pour le Tribunal,
raison et confirme le refus de prise en un traitement est
charge. Pourquoi ? Deux raisons : le mé- en tous les cas non
dicament n’apportait pas un bénéfice économique si ses
thérapeutique élevé, et ses coûts étaient l’assuré. Ici, ces deux critères aboutissent coûts excèdent une limite de 500 000 à
disproportionnés. au constat d’un bénéfice insuffisant, no- 600 000 francs par année de vie gagnée.
tamment parce que l’assurée n’était pas
Le problème de la mesure des en mesure de prouver quantitativement 100 000 francs par année
bénéfices une amélioration de sa qualité de vie. de vie supplémentaire
Comment mesurer le bénéfice apporté Quant à l’économicité du traitement, le Le Tribunal fédéral va plus loin et suggère
par un médicament ? Selon le Tribunal, Tribunal a jugé que le médicament, bien qu’il peut y avoir une limite générale au
ce bénéfice doit être mesuré à la fois de qu’il soit le seul disponible, exigeait une remboursement d’un médicament qui
“ Des considérations
éthiques ne dispensent
pas de tenir compte des
moyens financiers limités
du système de santé. ”
ne figure pas dans la Liste des spécia- ment délétères pour les multiples par- Comment dès lors assurer la couverture
lités, à savoir la liste des médicaments ties prenantes : patients, caisses-mala- des maladies orphelines, sans augmenter
en principe remboursés par les caisses. dies, fournisseurs de soins et industrie de manière insupportable les primes de
Il avance un montant jugé raisonnable pharmaceutique. tous les assurés, enjeu particulièrement
de 100 000 francs par année de vie sup- Pour les premiers, les patients atteints aigu pour les petites caisses ? Une solu-
plémentaire en bonne santé. Ce chiffre a de maladies rares (quelque 500 000 cas tion serait d’assurer un financement sé-
ensuite été abusivement brandi dans les en Suisse), l’arrêt du Tribunal fédéral va paré de ces cas très lourds sur une base
médias comme le montant de référence compliquer la prise en charge médicale. solidaire plus large que les seuls assurés
valable à l’avenir. En réalité, le Tribunal En effet, les caisses seront enclines à re- des caisses concernées. La récente pro-
fédéral l’a articulé en se référant à des fuser d’emblée le remboursement des position du Conseiller fédéral Berset va
cas antérieurs décidés en Suisse ou à des traitements ou à exiger des patients des dans ce sens. +
pratiques étrangères. preuves (efficacité des médicaments, ab-
sence d’alternative thérapeutique) qu’ils *Un article paru dans la Jusletter
Une décision discutable n’ont guère les moyens de rassembler.
L’arrêt du Tribunal demeure discutable S’agissant de l’industrie pharmaceu-
dans la mesure où il donne une vision lar- tique, l’arrêt peut avoir un effet dissua-
gement tronquée de la méthode usuelle sif. A quoi bon investir des montants im-
employée pour calculer le coût d’une an- portants pour développer des molécules
née de vie gagnée. De plus, le Tribunal que personne n’achètera, faute de prise
n’envisage guère les effets potentielle- en charge par les assurances ?
Daniel Brélaz :
les confidences d’un
animal politique
résistant et vigilant
Bulletin En toute transparence,
Daniel Brélaz fait état de sa santé et
balaie au passage les idées reçues sur
son physique. Le chef de la capitale
vaudoise va bien !
Propos recueillis par Élodie Lavigne PHOTOS ROMAIN GRAF
Une interview sur la santé, votre santé, non des conneries ». On peut ne pas être l’autre. Mais je récupère le week-end en
qu’est-ce que cela vous inspire ? d’accord avec mes idées, mais j’ai de la dormant dix à douze heures par nuit et
Daniel Brélaz : J’admets le principe de peine avec la diffamation mal étayée. J’ai en faisant de longues siestes.
transparence sur mon état de santé. Par une très bonne résistance à la critique,
contre, je regrette le manque d’éthique mais je suis un être humain. On connaît votre amour des chats.
de certains médias qui utilisent mes dé- Concernant ma petite sieste, je l’assume Dormez-vous avec eux ?
clarations pour faire du sensationna- totalement. A midi ce jour-là, on a bien Les chats ne nous demandent pas si on
lisme ou qui cherchent à me démolir mangé à l’Ecole Hôtelière et j’ai été très veut dormir avec eux ou pas, ce sont eux
avec des attaques en dessous de la cein- naturellement pris d’une fatigue au mo- qui choisissent ! J’ai des relations privilé-
ture. Pour ceux qui s’inquiètent de mon ment de la digestion. Je ne suis pas le giées avec deux de mes six chats et il ar-
poids, contrairement à ce que mon ap- premier à en être victime. En son temps, rive qu’ils dorment avec nous, mais plu-
parence pourrait suggérer, je n’ai aucun Yvette Jaggi s’était elle aussi assoupie. tôt du côté de ma femme.
problème de santé majeur. En tout cas, Aujourd’hui, de telles images font évi-
rien qui m’empêche de travailler ! demment le tour des médias. Malgré les lourdes responsabilités
qui vous incombent, vous reste-t-il du
Faites-vous référence au traitement Êtes-vous fatigué Daniel Brélaz ? temps pour prendre soin de vous ?
médiatique de votre « turbosieste » Je vais avoir 63 ans en janvier, donc je Ça dépend de ce qu’on entend par là. Je
lors d’une séance au Grand Conseil ressens plus la fatigue qu’il y a vingt ans surveille de près ma santé. Je prends plu-
l’été dernier ? en arrière. Je travaille entre septante et sieurs médicaments qui m’aident à être
Non, je fais allusion à des attaques dé- huitante heures par semaine, et je dois en forme et à rester performant. J’ai des
jantées du type : « Il ne fait plus rien si- en plus me déplacer d’un endroit à soucis d’acidité gastrique, de l’hyperten-
“ Je ne fais pas
un blason de mon
physique, mais
pas une obsession
non plus. Ça fait
longtemps que je
vis avec.”
Le syndic de Lausanne
travaille entre septante
et quatre-vingts heures
sion à cause de mon poids et des palpi- est la seule chose qui pourrait me donner par semaine.
tations qui sont désagréables, et un tout envie de quitter le jeu. Les attaques des
petit peu de diabète, mais à part ça je adversaires n’ont pas ce genre d’effets.
vais bien ! J’ai appris en autodidacte à gérer mes
émotions. J’étudie bien mes dossiers, je
Comment gérez-vous le stress ? pratique l’humour et l’autodérision pour
Il y a eu un certain nombre de burn out supporter et évacuer le stress.
dans la profession. Parfois, il y a une ac-
cumulation des sources de tensions, Faites-vous du sport ?
mais cela fait longtemps que je suis en Non, j’ai fait du sport jusqu’à 50 ans,
politique et j’ai une très forte résistance. mais plus maintenant. En revanche, je me
Je ne sais pas si c’est familial, mais je me déplace passablement à pied. Je ne peux
suis donné un principe de vie : n’avoir au- pas faire de longues marches en raison de
cune honte par rapport aux objectifs que mon poids, mais je ne suis pas du tout en
je me suis fixés. Avoir trahi mes idéaux incapacité. Plus je marche, mieux ça va.
Le politicien est
aussi un amoureux
des chats.
On se souvient de votre épouse Quel rapport entretenez-vous avec Avez-vous déjà eu peur de mourir ?
Marie-Ange qui avait médiatisé votre médecin : « moins je le vois, On peut avoir peur de mourir tous les
sa perte de poids dans un quotidien mieux je me porte » ? jours : il suffit d’un camion, d’un fou, de
romand. Avez-vous, de votre côté, Non, au contraire. Je vois mon méde- n’importe quoi. La fois où j’aurais vrai-
déjà envisagé de maigrir ? cin-généraliste tous les quatre mois ment eu des raisons d’avoir peur de
Maigrir est toujours quelque chose que pour faire une analyse de la situation. Il mourir, c’est peu avant l’âge de cinq ans.
j’ai envisagé, mais je n’ai jamais eu vrai- m’adresse de temps en temps à un col- Je me suis fait dégager de douze mètres
ment le temps pour le faire. Je ne suis lègue spécialiste pour un aspect ou un par une voiture sur un passage à piétons.
pas contre d’essayer tel ou tel régime autre. J’ai un rapport de confiance avec J’ai passé une semaine entre la vie et la
pour voir les effets, par curiosité. Mais le lui, c’est important. Il m’est arrivé par mort, mais je ne m’en suis pas vraiment
médecin spécialiste qui me suit ne croit le passé que cette confiance soit brisée. rendu compte.
pas en tout ça. Si on me donne une mé- Dans ce cas, je n’hésite pas à changer de D’un point de vue santé, j’ai eu une fois
thode simple pour perdre rapidement médecin. le sentiment que je pourrais mourir.
trente ou cinquante kilos, je le ferai. Je Quand mes problèmes d’acidité sont ap-
ne fais pas un blason de mon physique, Êtes-vous un « bon » patient, qui suit parus, j’ai ressenti à peu près les mêmes
mais pas une obsession non plus. Ça fait sérieusement ses traitements ? symptômes que ceux d’une crise car-
longtemps que je vis avec. Oui, je ne rechigne pas à me soigner, sauf diaque. J’ai été immédiatement contrô-
Je ne peux pas me permettre de faire une si c’est compliqué et inutile, ce que j’ai lé et j’ai été soulagé de ne pas avoir eu
opération comme ma femme (ndlr un by- vécu une fois. J’étais à la limite pour enta- autre chose ! Je prends le maximum de
pass gastrique) car je ne peux pas arrêter mer un traitement contre des problèmes précautions pour ma santé, du moment
mon boulot pendant deux mois. Quand d’apnée. Le pneumologue voulait absolu- que c’est compatible avec mes missions.
je serai à la retraite, s’il y a un risque ma- ment que je porte un masque pour dor- On peut mourir à 40 ans d’une crise car-
jeur de diabète, il va de soi que je ferai mir. J’ai vaguement essayé, mais au bout diaque en ayant une vie saine ou à 90
une opération, sauf s’il existe un traite- de six mois, je l’ai rendu. Si je m’étais après avoir mené une vie de fou. J’es-
ment moins lourd et plus efficace. Si je le senti beaucoup plus mal et que mon père être dans la bonne partie de la
fais un jour, ce sera uniquement pour des sommeil n’était pas suffisamment répara- distribution ! +
raisons de santé. teur, j’aurais fait un autre raisonnement.
De plus en plus de suisses sont exposés au stress à leur travail et souffrent d’un burnout.
Avec le guide «Mieux informé sur le burnout» proposé par le génériqueur Mepha, les
personnes concernées et ceux que le sujet intéresse peuvent en apprendre davantage sur
le syndrome d’épuisement lié au travail. Ce guide peut être commandé gratuitement sous
www.mepha.ch.
Burnout_f_4311_UG_f 25.10.11 16:25 Seite 2
Celui qui souffre d‘un burnout est consumé, phy- Guide destiné aux patients
siquement et émotionnellement. Les personnes
concernées sont complètement épuisées et se
distancient de leur travail, ce qui peut se ma-
nifester, par exemple, par une attitude cynique
envers les clients ou les supérieurs. Une autre ca-
ractéristique est le sentiment d’inefficacité. Ceux
qui souffrent d’un burnout se sentent comme un Mieux informé sur le
hamster dans sa roue. burnout – le syndrome
Un burnout atteint surtout des gens qui sont
d’épuisement professionnel
trop engagés, qui ne savent plus se déconnecter,
qui se mettent eux-mêmes la pression et sont
constamment sous haute tension. La charge de
travail joue aussi un rôle important. Etre quoti-
diennement exposé à des journées de travail de
11 heures voire davantage, être chargé de trop
de responsabilités mais ne disposer que d’une
étroite marge de manœuvre à son travail sont
des situations à haut risque de burnout. Lorsque
la reconnaissance et les possibilités de dévelop-
pement de carrière font défaut au travail, un
sentiment de disproportion entre l’engagement
et le retour qui en résulte s’installe rapidement
chez les personnes se donnant à fond dans leur
travail. La situation est également influencée
par l‘environnement social.
La de comprendre…
dépression
Nombre de déprimés auraient préféré se casser les
deux jambes plutôt que d’affronter les tourments de
la dépression.
Affection redoutable, le nuage noir de la dépression
envahit les moindres recoins de la pensée et du corps,
parfois jusqu’à étouffer l’envie de vivre.
Au cours de leur vie, une femme sur cinq et un homme
sur dix vont en faire la douloureuse expérience.
Connaître sa maladie est le premier pas pour sortir du
tunnel dépressif. Symptômes, diagnostic, traitements,
prévention des rechutes : ce livre accompagne le pa-
tient sur le long chemin qui le mène vers la guérison.
Il est aussi une aide pour les proches qui sont en
première ligne aux côtés de la personne dépressive.
Tiraillés entre l’envie de la réconforter et de la se-
couer, ils sont guettés par le sentiment d’impuissance
et l’épuisement. En s’informant sur sa maladie, l’en-
Suzy Soumaille tourage peut mieux soutenir le déprimé sur la durée,
Journaliste médicale, auteur de sans sombrer avec lui.
« J’ai envie de comprendre les
allergies » et de « J’ai envie de Cette nouvelle édition, entièrement mise à jour,
comprendre la dépendance au tabac » est le premier volume de la série « J’ai envie de
aux éditions Médecine&Hygiène.
Responsable du service de la commu-
comprendre... ».
nication patients et usagers et
rédactrice en chef du magazine
Pulsations aux Hôpitaux universitaires
de Genève.
Dr Guido Bondolfi
Chargé de cours à la faculté de
médecine de l’Université de Genève.
Vente
Médecin adjoint agrégé aux Hôpitaux
universitaires de Genève. En librairie et dans les kiosques romands dès décembre
Et aussi aux Éditions Médecine & Hygiène :
Pr Gilles Bertschy en ligne : www.planetesante.ch/depression
Professeur à l’Université de Stras-
bourg, chef du service de psychia- par téléphone : 022 702 93 11
trie II aux Hôpitaux universitaires de par e-mail : livres@medhyg.ch
Strasbourg.