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Entretien avec un grand des neurosciences

Idriss Aberkane : « Entrepreneur, c’est


le métier le plus difficile au monde ! »
denses au monde, n’a absolument pas Vous n’êtes pas tendre non plus
Considéré comme le fermé ses restaurants, pas plus qu’elle n’a avec certains médecins pourtant en
génie hyperconnecté confiné, et elle n’a pas eu plus de morts première ligne…
des neurosciences par 10 000 habitants. Toutes ces choses-là, I.A. : Quand on a le professeur Gilbert
évidemment, devraient être encouragées Deray, sur le plateau de BFMTV, qui lance
appliquées, le Dr chez le citoyen. Je considère même que ça l’idée s’un nouveau confinement géné-
Idriss Aberkane est un fait partie du devoir-même de la citoyen- ralisé, tout en ne déclarant pas au pré-
neté que de se renseigner de manière alable ses conflits d’intérêt - ce qui est
entrepreneur social objective sur l’efficacité de son gouverne- illégal en droit français - et qui donne des
4.0, expert du cerveau ment et ne surtout pas prendre sa commu- informations fausses comme la possibilité
nication pour argent comptant. d’avoir des vaccins pour tous les variants
humain et de dans neuf mois, et bien, normalement,
l’écologie positive. Quelle serait la bonne stratégie ou la les médias devraient le contredire immé-
bonne solution ? diatement et ils devraient même ne plus
Quel est votre regard sur la I.A. : Le problème aujourd’hui, c’est le l’inviter. Force est de constater que ce
crise sanitaire, économique et consensus et le fait que tous les médias ne n’est pas le cas.
sociale actuelle et les décisions du jouent pas leur rôle. Certains groupes de
gouvernement français ? presse vont encore plus loin en soutenant Quelles sont d’après vous les pistes
Idriss Aberkane : Elles démontrent l’in- le gouvernement Macron, comme par les plus urgentes pour relancer notre
curie généralisée de l’Etat français, on exemple le Groupe Lagardère que certains économie et nos entreprises ?
ne peut pas dire les choses autrement. médias indépendants viennent de pointer I.A. : C’est précisément sur quoi nous
On a eu des pays qui ont eu très peu de comme un obligé de Bercy, grâce à un avons travaillé lors du Tour SuperFrance
morts par 10 000 habitants. Taïwan a eu soutien d’un demi-milliard d’euros qui lui (superfrance.org), une équipe à l’œuvre
moins de vingt morts au total. Rapporté à a été attribué. Le consensus aujourd’hui, pour construire notre économie sur de
la population française, ce serait une divi- véhiculé par ces groupes de presse, est nouvelles bases, avec de nouvelles réso-
sion par plus de 1000 des morts que nous que le gouvernement a bien géré la crise. lutions et de nouveaux objectifs. Nous
avons eu en France. On voit donc qu’il est Et la plupart des médias comme des gens avons fait l’été dernier 13 étapes en deux
possible de gérer cette crise autrement semaines, pour montrer que la France
sans détruire l’économie. La Suède n’a « D’une façon avait des solutions exportables. C’est
pas confiné par exemple, pas plus que la
Corée du Sud d’ailleurs. On peut donc
générale, nous simple, de manière générale, pour créer
des emplois, il faut distribuer des sou-
gérer la crise sanitaire sans détruire l’éco- sommes très bons tions. C’est ce qu’on a appelé « la méthode
nomie et sans pousser les petits commer-
çants et les étudiants au suicide, ce qui
pour produire des P.S.D. » : constater un Problème (P), iden-
tifier une Solution (S), et la Distribuer
est insupportable et gravissime ! Et en solutions en France, (D). C’est essentiel, car si on ne distribue
plus, au final, les résultats sanitaires ont
été catastrophiques en France. On le sait, mais très mauvais pas les solutions qu’on a trouvées, on ne
gagne pas d’argent. C’est évident pour les
la France n’est pas du tout bonne élève pour les distribuer. » entrepreneurs qui vous lisent, mais abso-
en la matière. lument pas pour la majorité du public.
ne cherchent pas à discuter ce consensus,
Vous allez jusqu’à parler de ni à le contester scientifiquement ou à le Vous voulez dire qu’on a des idées
désinformation ? comparer à d’autres chiffres complète- mais qu’on ne sait pas les vendre ?
I.A. : Tant que le gouvernement sera son ment vérifiables. Pourtant, l’information I.A. : Oui, c’est cela. Premier exemple,
seul critique, tant que les seules sources du public est essentielle. Normalement, peu de Français le savent, l’imprimante 3D
données à la population seront celles du les médias devraient être un contre-pou- a été inventée en France et le CNRS a clai-
gouvernement, on n’ira pas très loin. Le voir et ils ne devraient en aucun cas soute- rement dit que ce n’était pas intéressant
Français moyen est aujourd’hui libre d’al- nir les erreurs du gouvernement. Comme dans les années 80. Deuxième exemple,
ler sur internet pour consulter les chiffres, disait Jack London : « Le but est de porter le laser. La France en a été un des pion-
voir la mortalité à Taïwan ou en Corée, la plume dans la plaie. » Aujourd’hui, les niers et dans les années 70, le CNRS avait
regarder quel pays a confiné ou pas, et médias n’ont absolument pas fait ce tra- cette blague rapportée dans le journal
constater que la principauté de Monaco, vail, alors qu’il était possible de gérer cette Le Monde « Laser à quoi ? Laser à rien ».
qui est pourtant est des états les plus crise autrement. D’une façon générale, nous sommes très

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Entreprendre

Titulaire de trois doctorats,


notamment en neurosciences à
Polytechnique, Idriss J. Aberkane
(35 ans) est Président de Bioniria,
Fondation Suisse pour la
Bioinspiration, Président de General
Bionics SA, Président de Chréage SA
et fondateur de l’opérateur de
microcrédit à taux zéro Eirin
International au Sénégal.
Entrepreneur social, consultant et
conférencier international, il a publié
deux best-sellers « Libérez votre
cerveau » et « L’âge de la
connaissance ».

bons pour produire des solutions en certains entrepreneurs sont absolument c’est que les entreprises étaient capables
France, mais très mauvais pour les distri- ravis de voir Bruno Le Maire arriver pour de se recentrer sur ce qu’elles savaient
buer. Et pourtant, il suffirait de se concen- leur donner son attention. Ce qui n’est bien faire et aussi, pour augmenter leur
trer sur la distribution des solutions que pas du tout le cas aux Etats-Unis, où moins concentration et réduire leur charge men-
nous avons en France. on voit l’Etat fédéral, mieux on se porte ! tale, ce qu’elles aimaient faire. C’est la
En France, cette subservience à l’Etat est théorie que j’avais évoquée dans mon
Des exemples à nous donner ? devenue pathologique. Certains entre- livre : le « Love can do », c’est-à-dire « fais
I.A. : Nous en avons vu plein pendant preneurs sont même convaincus qu’ils ce que tu aimes et ce que tu sais faire ». Ce
notre tour, comme « Les coiffeurs justes », ne pourront rien faire si l’Etat n’inter- que les Japonais résument en « fais ce que
un groupe de coiffeurs qui récupère des vient pas. tu aimes, ce pour quoi tu peux être payé
cheveux pour fixer des hydrocarbures, ou et ce dans quoi tu es bon ». Avant le Covid,
comme ce jeune entrepreneur capable de Vous avez écrit plusieurs best-sellers beaucoup trop d’entreprises étaient dis-
produire des batteries entièrement comes- dont « Libérez votre cerveau ». persées dans plusieurs directions et mal-
tibles, donc plus que biodégradables ! Comment libérer le cerveau des heureusement, ça n’a pas pardonné au
On a vu tout un tas d’entrepreneurs qui entrepreneurs en cette période de moment des chocs de distribution qu’ont
avaient des solutions mais qui ne les dis- charge mentale, pour les aider à été les confinements.
tribuaient pas à grande échelle, seulement résister, à rebondir et à créer ?
de manière locale, à l’échelle d’un village I.A. : La réponse, c’est la concentration. Pour vous, l’erreur absolue, ce sont
par exemple. Réellement, nous avons tout D’une façon générale, en entreprise, on les différents confinements ?
ce qu’il faut pour réussir, mais la France ne peut pas réussir sans focus. C’est une I.A. : C’est évident ! Le choc le plus lourd
est beaucoup trop centralisée aujourd’hui règle absolue ! Et on la trouve depuis n’a pas été le Covid mais bien les confine-
et en plus, par un syndrome de Stockholm l’Antiquité, depuis que les entreprises ments et les choix de l’Etat d’appliquer des
qui est malheureusement consternant, existent. Ce que l’on a vu dans cette crise, méthodes qui n’ont pas été validées par la

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Entretien avec Idriss Aberkane

« La différence entre le succès et l’échec,


c’est un essai supplémentaire… »
c’est un essai supplémentaire. » Tous les dépenses de l’Etat, ce qui va bien au-delà
entrepreneurs ont échoué. Prenez le cas des dépenses sociales. A partir du moment
du Colonel Sanders de KFC - qui n’était où 57% de notre économie sont contrôlés
pas colonel d’ailleurs - c’est un type qui par l’Etat, directement ou indirectement,
avait un nombre de faillites incalculable on a du mal à comprendre ce qu’est un
derrière lui et puis à 65 ans, il s’est dit risque et ce qu’est un preneur de risques,
« Love can do », « il me reste peut-être et on a encore plus de mal à les respecter,
quinze ans à vivre, alors autant essayer puisque ça ne constitue pas un plan de
carrière. Il y a des pays où c’est l’inverse.
« Dans toute En Allemagne, le prestige est atteint, non
pas quand on devient docteur, mais quand
crise, il y a des on a créé une entreprise et des emplois.
opportunités. Mais C’est valable aussi aux Etats-Unis où des
professeurs de Stanford disent à certains
pour cela, je le de leurs étudiants : « vous êtes trop malins
science et qui n’ont pas fait leurs preuves.
Je l’affirme avec toute la rigueur scienti-
répète, il ne faut pour suivre mes cours, allez créer votre
entreprise ». C’est une vision à l’opposé
fique nécessaire. La source est le professeur absolument pas du système académique français. Créer
John Ioannidis de Stanford qui a publié une
étude absolument sans appel sur la contre-
attendre que ce une société quand on est un universitaire
en France, c’est une dégradation dans
productivité totale des confinements en soit l’Etat qui donne tous les sens du terme. On dégrade sa
matière sanitaire pour le Sars-Cov-2. Après
ce choc immédiat, on a vu des entreprises, cette impulsion. » recherche et on dégrade son rang…

prenons le cas de la restauration, qui se de vendre ma recette de poulet frit ». Il a On n’a jamais autant entendu
sont tout de suite adaptées en produisant fait plus de 500 restaurants avant qu’il y parler de digitalisation et
des paniers repas très facilement livrables. en ait un qui veuille lui acheter sa recette. d’écologie positive. Ce sont les 2
Certaines ont même augmenté leur chiffre Les gens ne comprennent pas qu’entre- clés indispensables des entreprises
d’affaires pendant les confinements. preneur, c’est le métier le plus difficile d’avenir ?
D’autres en revanche n’ont pas cherché au monde ! Je ne plaisante pas, et ce, I.A. : Oui, parce que ça présente des
ou mis en place de réponses particulières toutes catégories confondues, devant opportunités qui sont comparables à
et se sont retrouvées à encaisser le choc. l’Armée, les pompiers et même les méde- celles de la Révolution industrielle. C’est
Pourtant, en matière de combat, on le sait, cins qui rendent au public des services comme si vous aviez demandé à une
encaisser le choc n’est jamais la bonne stra- qui sont extraordinaires. Et comme l’a si entreprise en 1850 « la machine à vapeur,
tégie, il faut accompagner le choc, plutôt bien dit Nassim Nicholas Taleb : « Si vous est-ce une opportunité ? ». La réponse eut
que de le subir pleinement. Pour les entre- touchez un salaire tous les mois, remer- été dans ce cas bien plus claire : ce n’est
preneurs, c’est ce qu’on appelle un pivot. ciez quelqu’un qui a pris un risque pour pas seulement une opportunité puisque
Une situation comme celle-là, il y en a eu vous. » Toucher un salaire, ça n’existe que les entreprises qui ne vont pas l’adop-
plein dans l’Histoire. Je pense aux entre- s’il y a derrière quelqu’un qui a pris des ter vont mourir. La digitalisation d’une
preneurs italiens après la guerre, qui ont risques. Et ce quelqu’un, c’est toujours part, et l’idée d’autre part qu’on peut
su accompagner le choc pour rebondir l’entrepreneur, il n’y en a pas d’autres ! En transformer ses déchets en patrimoine
à l’image de Vespa. Idem pour Honda au France, la plupart des gens en sont tota- ou en actifs, ce sont en effet les clés.
Japon. Dans toute crise, il y a des opportu- lement inconscients. Aux Etats-Unis, c’est Savez-vous qu’Apple a acheté presque
nités. Mais pour cela, je le répète, il ne faut l’inverse, ils en ont conscience, car c’est toutes les décharges électroniques dans
absolument pas attendre que ce soit l’Etat un pays de pionniers qui devaient devenir le monde ? En dix ans, le géant améri-
qui donne cette impulsion. autosuffisants pour survivre. cain a fait main basse de la façon la plus
légale et la plus morale sur ce marché,
Qu’est-ce qui différencie le succès En France, le problème vient-il de la en essayant d’obtenir un monopole. La
de l’échec selon vous en matière centralisation et d’un système social société la plus riche du monde se pré-
entrepreneuriale ? Est-ce avant tout le ultra protecteur ? cipite pour collecter des déchets, parce
mental des dirigeants ? I.A. : Oui, cela vient d’un Etat trop cen- qu’elle sait que dedans se trouvent l’or, le
I.A. : Oui, c’est ce que disait justement tralisateur et d’un problème qui tient à cuivre et l’argent du futur. Et c’est valable
Soichiro Honda, le fondateur de Honda : la structure même des aides sociales. Et pour tous les déchets. Faire de l’actif avec
« La différence entre le succès et l’échec, puis au fait que 57% du PIB, ce sont les quelque chose qui est considéré comme

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Entreprendre
du passif, ça concerne toutes les entre- Doctorats. On le voit bien aujourd’hui, Vous dites que le monde politique
prises et ça peut rapporter à toutes, aussi les diplômes se dévaluent, tant dans les n’est pas non plus adapté au monde
bien aux TPE qu’aux grands groupes ; ça pays industrialisés que les pays émer- réel ?
va donc des « Coiffeurs justes » jusqu’aux gents. Et cette dévaluation vient du fait I.A. : Oui, c’est la même chose ! Nous
décharges électroniques d’Apple. que le monde académique est en situation avons des personnalités politiques et des
de pourrissement comme le dit Nassim gouvernants qui ne rendent plus compte
Dans votre livre « L’âge de la Nicholas Taleb, c’est-à-dire qu’il opère en à ceux qui les ont élus. Et ces systèmes
connaissance », vous écrivez que vase clos, complètement détaché des pro- qui sont en vase clos, sont toujours la
c’est l’économie de la connaissance marque ou la voie vers la corruption et le
qui peut nous assurer un « Je dis aux pourrissement.
développement durable.
Expliquez-nous. entrepreneurs : Face à tous les défis du monde
I.A. : Ce qui nous manque, c’est la
connaissance. De façon générale, le savoir
Ne perdez pas de d’après, êtes-vous plutôt optimiste
pour nos entreprises, et si oui,
est la seule richesse que l’on puisse entiè- temps, allez-y, faites pourquoi ?
rement dépenser sans en rien la dimi-
nuer. Le développement durable n’est
des essais-erreurs, I.A. : Si je n’étais pas optimiste, je n’aurais
pas fait le Tour SuperFrance. On dit sou-
qu’un problème de connaissance. Les prototypez. Bref, vent que la France c’est un paradis dont
problèmes d’énergie aussi. C’est valable
pour les écosystèmes aussi. Dès lors qu’on
lancez-vous, car les gens sont convaincus qu’ils sont en
enfer. L’enfer français vient de cette rela-
considère les écosystèmes non pas comme personne ne le fera tion peuple-Etat. Et ça remonte au temps
des sources de matières premières mais
des sources de savoir, là aussi on a résolu
pour vous ! » de Charlemagne ou du moins à François
Ier. Ce que les Français attendent de leur
le problème. On peut exploiter la forêt blématiques du monde réel, en particulier Etat et ce qu’ils attendent d’eux-mêmes
amazonienne pour en sortir des molé- en termes de carrière. Or, les problèmes est totalement incorrect. Il suffirait de
cules, des techniques de matériaux. D’une du monde réel nécessitent de faire des changer ces deux points pour complè-
façon générale, ça rapporte énormément essais et des erreurs. La machine à vapeur tement changer l’économie française. Si
d’argent. Si on exploite la nature pour a fait beaucoup plus pour la science de la les Français mettaient sur la table leur
chercher des barils de connaissances plu- thermodynamique que cette dernière a illusion que l’Etat crée des emplois, ça
tôt que des barils de matières premières, fait pour la machine à vapeur. Ce sont des changerait la donne. Car la seule fonction
on laisse la nature intacte - puisqu’on la gens qui ont mis les mains dans le cam- de l’Etat c’est de laisser les entreprises
lit simplement, on ne la détruit pas - et bouis et qui ont fait des essais-erreurs qui créer des emplois. Je suis convaincu que 2
en plus, on augmente nos marges et nos ont permis tous les progrès, et c’est vrai Français sur 3 ne sont pas au clair avec ça.
exports, puisque le baril de connaissances dans tous les secteurs. L’Europe adore se suicider. Dans les cent
se négocie beaucoup plus cher que le baril dernières années, elle l’a fait deux fois,
de matières premières sur les marchés Quel conseil donner aux jeunes ? avec les deux guerres mondiales. Et on
internationaux ! Donc le développement I.A. : Le conseil que j’ai à donner aux recommence, dans une moindre mesure,
durable est entièrement réductible à l’éco- jeunes, c’est de commencer l’essai-erreur avec les confinements. Sacrifier des gens
nomie de la connaissance. tôt, car il est pour moi comparable à pour rien, c’est l’une de nos spécialités !
l’épargne ; plus on commence tôt, plus Et c’est ce qu’on est en train de faire avec
C’est l’objet de la Fondation Bioniria on le fait fructifier. Or, dans le monde uni- nos petites entreprises, nos commerces
que vous présidez autour de la versitaire, il n’y a aucun essai-erreur. Donc et nos jeunes. Dans le contexte de la crise
« Bioinspiration » ? je dis aux jeunes, si vous vous retrouvez sanitaire, il y avait d’autres solutions que
I.A. : Oui, car la Bioinspiration, c’est consi- dans un cursus universitaire qui ne vous le confinement. Aujourd’hui, scientifi-
dérer que la nature est avant tout une fait prendre aucun risque, qui ne vous quement, il n’y a que des preuves de sa
source de connaissances avant d’être une met pas en capacité de faire un proto- contre-efficacité.
source de matières premières. Cela revient type, arrêtez ! Ce qui permet à un jeune
à dire que si l’on exploitait l’économie de aujourd’hui d’avoir un avenir, c’est la voie Quel message avez-vous envie
la nature comme une source de connais- du prototypage. Aujourd’hui, un CV avec de passer aux entrepreneurs
sances et non de matières premières, on des diplômes ne vaut rien face à un por- qui nous lisent ?
n’aurait plus d’opposition entre nature et tefeuille pour être pris au sérieux. C’est I.A. : J’ai envie de leur dire : « Just do it ! »
économie. En résumé, la nature transcende ce qui m’intéresse quand je recrute un Il ne faut pas attendre. Je dirais même,
tout le développement durable. candidat : quel est son portfolio ? Qu’est- à l’image du slogan de la Silicon Valley,
ce qu’il a produit ? Les diplômes, je m’en « Don’t worry, by crappy ». Ne perdez
Vous invitez la nouvelle génération fous. C’est pour cela qu’il faudrait que les pas de temps, allez-y, faites des essais-
à se tourner vers quoi aujourd’hui ? candidats diplômés sortent avec un porte- erreurs, prototypez. Bref, lancez-vous, car
L’entrepreneuriat ? feuille, mais le monde universitaire ne leur personne ne le fera pour vous ! n
I.A. : Oui, c’est clair, l’entrepreneuriat ! propose pas, à l’exception de quelques Propos recueillis par Valérie Loctin.
Et je le dis sans ambages. J’ai perdu mon écoles de commerce, car les cours ne sont
temps dans ma jeunesse à faire trois pas orientés vers le monde réel.

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