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Le féminicide des Héros
Jean Santilli
https://independent.academia.edu/JeanSantilli
(Version française, traduite par l’auteur.)
« La philosophie ne parle pas au coin du feu. Elle doit enquêter, elle doit
inquiéter. C’est le trait qui caractérise tous les philosophes de l’Antiquité.
Socrate n’est pas cette allégorie de l’homme bon et innocent… C’est un enquêteur
très méchant, qui inquiète ses interlocuteurs, qui les pique comme un taon, qui les
surprend à tout moment.
Voilà, c’est le trait fondamental que nous devons considérer typique de notre
civilisation. »
Massimo Cacciari
Première leçon sur le destin d’Europe
(2.10.2016 - Radio3 RAI - Hommes et prophètes, de Gabriella Caramore.)
« ... nous avons parfois besoin de créer des monstres irréels et de malins esprits
pour prendre la place de ce qui nous fait peur dans notre vie réelle : le parent qui
donne un coup de poing à la place d’un baiser .../... le cancer que nous
découvrons un jour alors qu’il vit dans notre propre corps. Si des événements aussi
terribles étaient des actes des ténèbres, ils seraient plus faciles à affronter. Mais au
lieu d’être sombres, ils ont leur propre terrible éclat, me semble-t-il, et aucun ne
brille autant que les actes de cruauté que nous perpétrons dans notre propre
famille. Si nous regardions directement ce qui brille si fort, nous deviendrions
aveugles, alors nous créons toutes sortes de filtres. »
Stephen King
The Shining
(Introduction à l’édition 2001 – Hodder / Hachette UK)
« J’ai fait de mon mieux pour ne pas ridiculiser, pour ne pas déplorer, pour ne
pas détester les actions des hommes, mais pour les comprendre. »
B. Spinoza
Traité politique (I, 4)
« Le terme galaxie vient du grec pour dire lait, et vous appelez votre galaxie Voie
Lactée. Si je vous disais que... Vous ne me croiriez pas. La Voie Lactée tourne
sur elle-même autour de ma... Un trou noir ? Quelle obscénité ! Un horrible
monstre qui dévore tout, même la lumière ? Quelle tristesse. Elle est si affectueuse !
Si seule qu’elle... Laissons tomber. »
Jean-Jeanne de la Lune
Le soleil s’arrête toujours deux fois
1
Aux Trois fils barbelés de Ta longue barrière
Les touffes blondes et noires de ta Tête
File Ta Laine pour qu’elle soit Ton Fil
2
Préambule
Alors qu’il se promenait dans les bois, l’auteur fut l’objet de regards insistants.
Un vertige, une vision… et il fusionna en une seule personne les trois sujets qui le fixaient.
Le premier était une statuette, une des nombreuses représentations d’une femme assise
sur le sol. Très prospère, elle est considérée une Déesse Mère, ou Déesse de la Fertilité.
Le deuxième était un temple mégalithique. Bien que les temples du Néolithique de Malte
soient d’un intérêt extrême et d’une importance évidente, ayant été construits 1.000 ans
avant Stonehenge, l’auteur n’en avait jamais entendu parler, comme la plupart sans doute
de ses semblables de culture moyenne. Tel un enfant, il ne fut pas capable de voir les
habits neufs de l’Impératrice : Elle était nue.
Le troisième était une fresque d’un mètre de haut. Selon l’étiquette, il s’agissait du
bouclier sacré du guerrier grec : le « Bouclier en forme de 8 ». Ayant lu, l’auteur éclata de
rire, attirant une attention non désirée dans le plus important musée d’Athènes.
La séquence de trois photos qui suit permettra au lecteur de rire avec l’auteur, ou de se
concéder un sourire méditatif. À une condition : comme l’auteur, il devra se libérer d’une
certaine attitude victorienne devant les choses de la vie, et utiliser une technique
d’observation appelée rêverie par un philosophe des sciences français : Gaston Bachelard.
Une meilleure connaissance d’un passé archaïque n’est pas si importante, cependant le
rire ne fut qu’une première réaction. L’auteur examina de plus près ces objets & d’autres
objets & leur contexte & leurs relations au travers de lunettes métadisciplinaires décrites
ailleurs, arrivant ainsi à une première conclusion : cette nouvelle connaissance du passé a
une grande importance aujourd’hui, pour nos lendemains. Bien qu’extrêmement
paresseux, il décida de faire un effort pour partager sa vision et sa rêverie.
Sur chacune des questions considérées, d’infinis ouvrages propagent des vérités éternelles
que ce texte démolit avec le sourire. À propos de machisme et féminicide, on pourrait se
demander s’il y a de quoi sourire. Pourtant, la plupart des femmes finiront par sourire;
certaines éclateront de rire, contrairement à certains hommes. Mais les hommes et les
femmes de bonne volonté apprécieront les implications pour un futur meilleur.
Comme dans toute œuvre littéraire, le contenu n’est pas dissociable de la forme. Par le
choix d’un ton léger qui peut devenir intimiste ou ironique et parfois iconoclaste, l’auteur
se propose deux objectifs :
- informer le grand public d’événements archaïques qui conditionnent encore notre
société, empêchant son évolution positive ;
- secouer certains secteurs académiques de leur torpeur suicidaire.
“Analyse” musicale. De nombreuses chansons sont citées dans cette symphonie
classique en trois mouvements. Après un andante simple et un adagio complexe, le scherzo
final s’articule en deux parties : un flashback offrira la réponse choquante et définitive à
une énigme archaïque ; un flashforward ajoutera une cerise sur ce gâteau herméneutique.
“Synthèse” architecturale. Le plan du texte est celui du Palais de Cnossos, considéré
comme le Labyrinthe construit à Crète par Dédale. Certaines pages, certaines phrases,
certains mots, sont autant de portes qui s’ouvrent sur un couloir bordé d’autres portes.
L’auteur propose un fil conducteur. Au terme de la promenade, le lecteur avisé reviendra
sur ses pas pour se perdre en des couloirs inexplorés, qu’il lise pour son plaisir ou pour
une recherche dans un des domaines humanistes traversés en ce voyage.
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Notre-Dame Déesse & Le Bouclier en forme de 8
Trois objets très différents – Vision d’un seul Sujet
Personne en forme de 8
La forme en 8 est constante dans de nombreuses figurines maltaises. Selon une notion
courante, le Néolithique associait prospérité physique, fertilité et beauté. Cette figure
humaine est considérée une Déesse Mère ou une Vénus.
Il nous a semblé immédiatement évident qu’Elle fut représentée dans les temples de Malte.
Nous examinerons les arguments en faveur d’une vision qu’aurait pu avoir n’importe quel
autre touriste, confirmée par la poterie archaïque dans laquelle le pot représente la Potière.
Temple en forme de 8
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Bouclier en forme de 8
Trois objets très différents témoignent une continuité : la représentation symbolique d’un
seul Sujet pendant des millénaires. Nous percevons cette continuité en comparant les deux
premiers objets avec le troisième que les spécialistes appellent Bouclier en forme de 8.
Examinons-le de plus près.
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Autres Boucliers Magiques ou Sacrés.
La plupart des boucliers grecs n’avaient pas la forme
d’un 8, ni d’un triangle, carré ou rectangle : ils étaient
ronds (hoplon). Ils avaient parfois la forme d’un
croissant de lune (pelta). Le bouclier du soldat romain
était un rectangle, sans pouvoirs magiques mais
hautement protectif. Pourquoi un guerrier grec
aurait-il utilisé un Bouclier Soleil ou un Bouclier Lune?
Disons, pour simplifier, que le guerrier grec
combattait pour son Honneur ; le soldat romain pour
son salaire (Cfr. étymologie de soldat et de salaire).
Certains pourraient objecter que le guerrier persan
aussi était représenté avec un Bouclier Lune. C’est vrai
mais couvrons ce détail d’un voile ; nous ne sommes
pas tout à fait prêts pour ce genre de parenté. Notre
société occidentale est née d’une division du monde
après la bataille des Thermopyles : la conférence de Yalta de notre Époque classique.
Elle – L’Abeille & Marguerite & Soleil & Semences – habite le Temple. Nous la reverrons, à
propos de petites erreurs commises pendant la reconstruction de Mnajdra. “Malte” vient de
melita, abeille en Grec. Nous verrons des murs de l’Abeille de Malte à Mycènes et à Delphes.
Tête et antennes sur nids d’abeilles,
ou double spirale qui émerge d’un
triangle ?
Que représentait la double spirale
néolithique de Malte ?
A-t-elle survécu ? A-t-elle évolué ?
Une réponse nous arrive en un “flux
de conscience”. L’expression naquit
avant que Freud et Jung ne l’utilisent.
Ils auraient pu dire qu’une réponse
remonte en un flux de “sub”- conscience, elle nous tend les bras depuis la préhistoire de
notre première enfance, en un chapelet de mots en liberté :
semences, giron, double spirale, seins, miel, abeille, femme...
Les “boucliers en forme de 8” que nous venons de voir à
Mycène et Crète étaient...
entourés d’une farandole de Spirales qui émergent des Fleurs...
Du Mal ? Baudelaire...
Tous – poètes, psychanalystes, archéologues, entomologistes,
gynécologues, même les femmes, même La Ménagère (1) –
toutes et tous sont bienvenus en cette chasse au Trésor.
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Forme en 8 d’une… Vénus? Mère ? Madone ? Dame ? Notre-Dame Déesse ?
La Géante est un poème de Charles Baudelaire,
dans Les fleurs du mal. Il décrit une jeune
femme qui ressemble à la plantureuse Femme de
Malte. Nous proposons de l’appeler Madone,
Dame du temps jadis, ou Notre-Dame Déesse. Nous
verrons pourquoi Mère et Venus sont limitatifs.
Le poème de Baudelaire a inspiré une très belle
chanson, La Géante, écrite par Pierre Philippe,
composée et chantée par Juliette (Noureddine).
Elle serait heureuse de s’entendre dire que, dans
son propre physique, elle aussi représente une
parfaite Madone du Néolithique. Ou au contraire,
elle pourrait se vexer si, malgré sa sensibilité et
son talent, elle souffrait de préjugés esthétiques. Dans la mythologie de la chanson,
l’amant de la Géante est rejeté pour l’avoir appelée Queen Kong.
La beauté est dans l’œil de celui qui regarde mais parfois, L’Enfer, c’est les autres.
Ces surnoms, Vénus ou Mère, sont des produits de nos préjugés. Ils trahissent la vraie
personnalité de la femme représentée. Leur révision est utile dans différents domaines :
archéologie, psychologie, activités thérapeutiques, etc.
Nous associons Beauté et Vénus, l’Aphrodite des Romains, comme conséquence d’un
récit mythologique grec connu comme Le jugement de Pâris ou La pomme de la discorde. C’est
le mythe fondateur du Patriarcat, comme nous le verrons.
Notre-Dame Déesse de Malte avait tous les attributs des trois Déesses grecques :
Aphrodite, Héra, Athéna. Notre-Dame Déesse était Une. Puis elle fut divisée. Divide et
Impera. Qui a divisé Notre-Dame Déesse en trois ? Une réponse peut être trouvée dans un
roman d’Albert Gianna. Le titre est une définition de mots croisés : Aimer. Une lettre... (B)
Albert Camus conseillait : « Si tu veux être philosophe, écris des romans. » Dans le roman de
Gianna, une lycéenne, Beba, fait ses devoirs à la maison avec l’aide de son oncle.
Ensemble, ils écrivent Le petit lexique mythologique de Beba. L’extrait suivant est notre
modeste traduction de l’original italien.
P
Pâris
Tu te souviens de la Pomme d’Or que Pâris devait donner à... ? Oui ? Bravo ! On voit que tu
lis les bons livres, les beaux... mais que veut dire ‘beau’ aujourd’hui ? Avant, le Beau était
l’Absolu, que nous ne pouvons imaginer qu’en rêvant à avant, avant le... avant Homère. Il nous
a raconté un bobard, le vieux, quand il a dit que Pâris devait juger qui était la plus belle des trois
Déesses : Héra, Athéna, Aphrodite. On connaît la suite : Pâris choisit Aphrodite, déchaînant la
jalousie furibonde de Héra et Athéna ; Aphrodite nome une remplaçante, Hélène, la
mignonnette que Pâris enlève et porte à Troie et déclenche la fin du monde, d’autres mondes
commencent… C’est ce que dit Homère. C’est des bêtises, typiques du Patriarcat : toujours la
même Histoire de l’Homme racontée par les hommes. La Grande Guerre, la force des
machos, la faiblesse de Pâris : tout ça pour une minette. Je suis vieux, Beba, aussi vieux que
Hermès, donc je me souviens : il ne s’agissait pas de ça. Ce n’était pas un “concours” de beauté,
on ne peut pas, on ne pouvait pas “comparer” un Absolu comme la Beauté. Le choix offert
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était un piège ! Pâris est une marionnette inconsciente entre les mains de Zeus, le fondateur du
Patriarcat. Au début de notre temps, à la fin d’un autre temps, Zeus n’était pas assez fort pour
dire : C’est moi qui commande, un point c’est tout ! Lâchement, il appelle Son messager, Hermès, et
ordonne : c’est un sale boulot ; que cet idiot de Pâris le fasse.
Hé toi, l’idiot ! Hermès sourit quand il porte la Pomme de la Discorde à Pâris, et prononce des
paroles hermétiques : « à la plus Belle ». Hermès rigole parce qu’il comprend la blague de Zeus :
elle est salée ! Tu te souviens Beba ? Nous l’avons déjà écrit : Hermès a inventé l’herméneutique,
il sait donc interpréter les paroles de Zeus. « À la plus Belle » est un ordre : « indique l’Absolu
féminin », c'est-à-dire « divise la Femme ». C’était un ordre dia-bolique, Beba, de dia : division. Le
Dia-ble di-vise. Grâce aux idiots, le Diable divise et domine : Divide et Impera. Par la main d’un
idiot, l’Homme Dieu divise la Femme Déesse en trois : Hera est la Femme Mère ; La Femme
Instruite & Sage est Athéna, que les sculpteurs habillent en guerrière parce que ces silences
étaient redoutables, dans les batailles dialectiques ; les armes d’Aphrodite sont plus douces.
Pâris ! T’es un crétin ! Il ne fallait pas choisir. Tu ne dois pas choisir qui jeter de la Tour ; à ce jeu, tu dois
abattre la Tour, toujours ! Et si tu n’y arrives pas, jette celui qui essaye de te coincer dans une question sans issue,
ça lui fera les pieds.
Regarde ce que t’as fait! Aujourd’hui, certaines féministes crétines comme toi ont fait un choix ! Pour elle, la
Beauté Suprême n’est plus Aphrodite mais Athéna en sauce Walt Disney : elles ne cultivent pas savoir et
sagesse ; elles collectionnent les médailles en chocolat du Diplomifice et font du bodybuilding en salle de gym.
Pâris ! Bougre de… ! En donnant la Pomme à Aphrodite, tu as condamné la Femme à un destin funeste. Tu
l’as transformée en objet décoratif, un bibelot du Patriarcat qu’un macho quelconque peut palper ou détruire pour
se défouler. Tu n’aurais pas dû choisir, pas dû diviser ! Tu aurais dû Unir, réconcilier Hera & Athéna &
Aphrodite parce que la Femme est Une & Trine comme Dieu, mais elle n’est pas Dieu : elle est Déesse.
Pour apprécier le potentiel de l’interprétation du mythe selon Albert Gianna, et d’autres
passages de notre exposé, il faut garder à l’esprit un aphorisme bien connu :
« Les mythologies racontent des événements qui n’ont jamais eu lieu,
mais qui arrivent chaque jour, partout. »
En divisant la Femme en trois Déesses, Zeus divisa aussi l’Amour. La distinction établie entre
Eros, Philia et Agapè fut adoptée par la tradition chrétienne. Eros est encore l’amour
d’Aphrodite. Agapè, l’amour universel et fraternel selon les Grecs, l’amour paternel de Dieu
selon les chrétiens, pourrait être l’amour maternel de Hera. Philia, un amour mature, illuminé,
proviendrait d’Athéna. Ce nouvel Ordre, un système fondé sur trois amours, est absurde. Les
caresses et les baisers d’une mère à son enfant ne seraient donc pas charnels ? L’union des
amants serait une gymnastique sans tendresse ni spiritualité ? Cet Ordre chaotique est une
conséquence du Big Bang révélé par Albert Gianna. Il fut précédé par l’Amour avec un A
majuscule, l’Amour non divisé irradié par la Femme non divisée : la Déesse Une & Trine.
Le destin commun qui unit la Femme & l’Amour sera examiné au cours de notre voyage.
Photo de gauche (musée de Delphes). Cet Omphalos très décoré était placé au sommet
de la colonne corinthienne en second plan. Il était soutenu par trois figures féminines
considérées des danseuses. Elles émergent des foisonnantes feuilles d’acanthe, unies,
comme pour représenter la ré-Union de la Déesse divisée en Trois par Zeus. Elles nous
rappellent aussi ce dessin : la célèbre ‘main’ de Myriam, Marie, Fatima. Une vision
transforme la main en cette même Trinité Divine féminine émergeant des feuilles. Un ‘œil’
est toujours représenté sous les ‘trois doigts de la main’, avec au centre l’iris : une fleur. Iris
est aussi la messagère de la Déesse Mère, une Hermès féminine. Cet Œil n’est pas un œil.
Le lecteur pourra partager notre vision plus avant, et au terme du voyage quand nous
serons en mesure de dévoiler la signification de la Double Spirale. Signalons pour l’instant
que ces feuilles d’acanthe sont courbées de façon excessive pour qui connaît la plante. Ici,
elles esquissent une spirale dynamique, vitale.
Dans la colonne ionienne (dessin), la double spirale avait au contraire une
rigueur géométrique ; elle n’apparaissait pas du tout dans la première
colonne dorique. Plus tard, avec le baroque, ces spirales appelées volutes
par les architectes couronneront façades et colonnes, et le manche
d’instruments de musique dont le corps est incroyablement semblable au
“bouclier en forme de 8”: violon, guitare, etc. Le point rond au centre des spirales ioniennes est
appelé œil. Deux spirales, deux yeux forment un 8, un autre porte-bonheur archaïque : le hibou.
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Photo de droite (sanctuaire de Delphes). Voici un Omphalos clair et net. Sur le fond,
un des nombreux Murs-Fleur de Delphes. Leur présence semble vouloir souligner la
rapport entre l’Omphalos et une civilisation qui vécu 2000 ans av. A. (avant Apollon).
- Que représente l’Omphalos?
On peut le retourner dans tous les sens, l’Omphalos ne ressemble à rien.
- Comme c’est intéressant… Si rarement reproduit et pourtant si célèbre. La Tour Eiffel
ressemble à quelque chose ! Sa “tête” ressemble à l’Omphalos, alors pourquoi ne pas le dire ?
Priape n’est pas tabou !
Certains disent que l’Omphalos représente le nombril protubérant d’une femme
enceinte. Une comparaison entre le Centre du Monde de Delphes et L’Origine du Monde
de Gustave Courbet serait-elle tirée par les cheveux ? Au fond, Omphalos, Nombril,
Centre du Monde, Origine du Monde sont des notions convergentes dans le sanctuaire
de la Femme. Le nombril est une porte fermée sur le couloir qui n’est plus. Nous
retrouverons le nombril et le couloir quand nous découvrirons le rapport entre Notre-
Dame Déesse et le Labyrinthe.
La décoration de l’Omphalos dans la photo à gauche pourrait avoir été copiée par
Fabergé pour certains de ses Œufs. L’orfèvre russe avait été remarqué par le Tsar pour
ses copies de bijoux antiques ; l’artiste avait-il senti un rapport entre l’Omphalos, l’Œuf,
Pâques, la Fertilité, la Femme ?
Pourquoi, alors, le sanctuaire de Delphes a-t-il été dédié à Apollon, le nouveau Dieu du
Soleil Masculin ?
Une révolution cosmique avait eu lieu. Le Soleil avait été conquis par la tribu de
l’Homme & Père. La tribu de la Femme & Mère, vaincue, fut reléguée dans une réserve
indienne : La Lune. Nous verrons qu’une telle évocation des USA et de leur Histoire &
Mythologie & Sociologie & Psychologie n’est pas complètement hors sujet.
Un triangle différent était taillé entre deux spirales sur une pierre du Temple de la Femme à
Malte ; nous en reparlerons quand tous les éléments du puzzle auront été considérés.
Depuis la victoire de Poséidon, mille divinités mineures continuent à vivre dans les eaux
d’une Mer transgender : des femelles. Parmi elles, un seul mâle émerge et saute gaiement
parce que tout le monde l’aime. C’est le Dauphin, c'est-à-dire l’utérus : un substantif
masculin dans toutes les langues latines, comme l’exige la logique.
Pensons-nous qu’aujourd’hui ou demain, « Déesse » pourrait substituer « Dieu » ?
Observons notre langage ; il n’est jamais innocent. « Sainte Trinité » est un substantif
féminin dans toutes les langues latines qui indique l’Unité de Trois substantifs masculins
dans toutes les langues latines. Mais évitons ce jargon grammatical : pris séparément, le
Père, le Fils et le Saint Esprit forment un trio d’entités masculines ; quand ils sont “Unis”
comme l’exige le dogme, leur composition harmonieuse constitue L’Unité Féminine. Le
Mystère de la Sainte Trinité est ainsi “dévoilé” par la linguistique ? La science du Verbe
offre une promotion à la Déesse ? Peut-être, mais pas au prix d’une nouvelle guerre de
religion. Mieux vaudrait tout oublier, ré-enterrer les découvertes archéologiques, et faire
un feu de joie avec les livres de linguistique et de théologie, autour duquel danser une
farandole.
Les deux objets archéologiques suivants racontent le début de la première guerre de
religion.
Elle se déroula autour de la Méditerranée mais ce fut sans doute la Première Guerre
Mondiale.
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Notre conclusion sur Mycènes, Delphes et le reste.
Le Patriarcat ne pouvait pas émerger et se développer parmi tant de symboles de La
Femme & Mère. Certains furent effacés. Depuis les Pharaons qui effaçaient à coups de
marteau l’image d’un prédécesseur déchu, l’élimination des symboles du passé a occupé
chaque nouveau Pouvoir.
Nous sommes sur le point de mieux comprendre le
saut stylistique stupéfiant que nous avions observé
à la Porte des Lions de Mycènes : une entrée
majestueuse d’énormes pierres carrées et, sur les
cotés, de délicats murs-fleur.
La stèle à gauche fut trouvée à Mycènes, dans le
soi-disant “cercle à tombes B”. Elle représente une
scène de chasse ou de guerre. Elle se déroule sous
un Ciel Supérieur de nombreuses spirales. Le pré de
petites spirales ondoyantes suggère qu’elles
appartiennent aussi à la Terre. Une double spirale
entre dans le ciel du tableau, comme un Soleil &
Lune. La Double Spirale pourrait-elle avoir une
fonction protective ?
In hoc signo vinces? Par ce signe, tu vaincras?
La seconde photo est une dague en bronze incrustée d’or et d’argent, elle aussi de
Mycènes. Les chasseurs de lion n’utilisent pas de bouclier ; nous avons ici des guerriers ; ils
combattent leur ennemi : Le Lion. Ils ne sont pas protégés par la Double Spirale mais par
le Bouclier en 8.
Le premier guerrier est vaincu, mal protégé par
un bouclier rectangulaire. Le deuxième se
cache entre les jupes du Bouclier en 8 et plante
sa lance dans la tête du Lion. Les autres lions
s’enfuient : victoire ! In God we trust.
Nous avons confiance en Dieu, qui est
Déesse.
Nous venons de lire deux récits symboliques écrits sur deux objets d’une même période ;
ils parlent la même langue parce qu’ils proviennent de la même culture. Ils indiquent une
équivalence entre le Bouclier en 8 et la Double Spirale. L’équivalence de Mycènes nous
ramène à Mnajdra. Sur la dague, la moitié seulement du Bouclier en 8 est représentée ;
l’autre moitié est derrière le guerrier vainqueur : le Bouclier l’enveloppe comme le dôme
du Temple en 8 de Mnajdra.
Sur une pierre du temple, une Double Spirale attend encore une interprétation.
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Comme la Croix ou le Croissant de Lune, la Double Spirale et le Bouclier en 8 étaient les
symboles d’une antique religion. Puis de nouveaux constructeurs arrivèrent. À Delphes
et à Mycènes, des murs de pierres carrées substituèrent les murs de pierres en fleur. Sur
le Bouclier en 8 des guerriers grecs, la ‘Fente Verticale’ disparu, comme disparu la ‘Porte’
originale de Mycènes.
À ce stade du récit, nous pouvons dire que La Dame de Mnajdra régnait à Mycènes
avant l’arrivée des Héros proto-grecs. Ils effacèrent Ses symboles de pierre : la “Porte”
Sacrée, une fois conquise, devint la Porte des Lions.
La deuxième technique pour effacer les Esprits est plus violente, et cependant sournoise.
Nous observerons cette violence, mais voyons d’abord comment elle se cache.
Nous avons parlé de la continuité entre des objets très différents : une statuette, un
temple, une peinture murale. Ils ont représenté un même Sujet sacré pendant des
millénaires. Cette continuité réunit la préhistoire et l’histoire. Deux périodes, divisées par
notre culture scolaire, structurent notre pensée malgré nous. Cette division fut inventée il
y a deux siècles.
Quand une invention quelconque a un succès durable, on peut se demander pourquoi.
Nous avions un passé ; pourquoi a-t-il été divisé en préhistoire/histoire par l’Académie ?
On confond souvent la connaissance avec les produits de l’analyse, qui est la division d’un
tout en morceaux faciles à manipuler. Après, on est rarement capable d’opérer la synthèse :
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la composition du tout qui porte à la vraie connaissance. Parfois, les parties sont
‘manipulées’ pour rendre impossible la reconstitution du tout. Avec la division
préhistoire/histoire, comme dans d’autres cas, l’Académie exprime une volonté et exerce
un devoir : empêcher la connaissance. Pourquoi ?
Une forte pulsion vient frustrer le désir de nouvelle connaissance ; c’est la volonté et le
devoir vital de maintenir la vieille connaissance. Ajoutons, en défense d’une institution par
ailleurs admirable, que dans son effort de conservation, l’Académie a de nombreux alliés.
La division préhistoire/histoire est signe d’un type de refoulement qui intéresse la
psychologie : ce qui est ‘refoulé’, c’est l’origine de crimes quotidiens et d’un malaise
profond de notre société.
La division préhistoire/histoire cache sous terre la pierre d’angle de notre civilisation : le
processus par lequel nous sommes devenus des êtres “civilisés”, appartenant à une
certaine “civilisation”.
Comme disait Macbeth, notre civilisation n’est qu’une ombre qui chemine ; c’est une fable,
racontée par une idiote : L’Histoire. Elle est pleine de bruit et de fureur, et ne signifie rien si elle est
séparée de la préhistoire.
Admettons, pour un instant seulement, que l’Académie veuille vraiment comprendre le
passé au lieu de le confectionner pour le patron du moment, et demandons-nous : peut-
on comprendre l’arbre si on le divise de ses racines ? Peut-on imaginer une science de
l’arbre étudiée de l’école élémentaire à l’université, qui dédaignerait la fonction
d’hypothétiques racines ?
- Oui, je l’ai entendu dire ; les racines seraient une partie souterraine de l’arbre. Quelle drôle d’idée !
D’innombrables sociétés d’experts parlent des fruits de l’Arbre de l’Histoire. De rares
loups solitaires évoquent une substance bénéfique qui serait contenue dans les racines de
l’Arbre.
Bénéfique ?
À quoi peut bien servir, aujourd’hui, la réunion préhistoire & histoire ? Nous le
comprendrons en examinant la deuxième technique pour effacer les Esprits.
La divinité de la “préhistoire” fut combattue et est combattue chaque jour par la divinité
de “l’histoire” avec la plus meurtrière des armes : le récit mythologique de crimes réels.
Les infos TV n’ont rien inventé.
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Le Féminicide des Héros
Les Hommes, dans leur Sagesse, créèrent une source d’énergie inépuisable.
Des cadavres infinis pourrissent au fond de l’Eau.
Les Âmes remontent, sphères parfaites, chacune vers Sa propre Étoile.
Passant, approche une allumette.
La Mer prendra feu, illuminant la Nuit.
23
Alejandra Glez
Serie Mar de Fondo. Presencia. Ausencia. 2018
https://alejandraglez.com
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Le deuxième Travail d’Hercule
Frise du théâtre (Delphes).
Héraclès/Hercule tue l’Hydre de Lerne,
accomplissant ainsi le deuxième de ses Travaux.
L’Hydre de Lerne est un monstre horrible,
parfois représenté avec plusieurs têtes sur
des tentacules. Plus on les coupe, plus ils
repoussent, comme l’herbe. Ici, l’Hydre (du
grec pour eau) est représentée comme un
dragon au corps de serpent. Le python, qui
prend son nom de la Pythia de Delphes, est
un serpent non-venimeux : il tue sa victime
d’une embrassade. L’Omphalos était gardé
par un autre monstre, Python, tué par
Apollon. Le Nombril devint propriété du
nouveau Dieu-Soleil. Gaïa est triste ; elle est la Mère de Python.
L’Hydre de Delphes a un ventre protubérant, en forme de 8, patiné comme si des mains
infinies l’avaient caressé pendant des siècles. Le Héros est endommagé.
La tendresse et la rancœur s’exprimèrent discrètement, au sanctuaire du Patriarcat ; il fut
celui de la Femme. Mais au foyer mesdames, dans le seul Temple qui vous reste, respectez L’Ordre
Nouveau. Si vous inversez Bien et Mal, vous serez attachées à un poteau sur un tas de fagots.
C’était notre rêverie : une façon de raconter mythe & faits. Elle vous dit quelque chose ?
- Cette interprétation est tirée par les cheveux, ou pire !
Nous sommes d’accord : elle est tirée par les cheveux, et pire. Tant est que l’experte du
musée, interrogée sur ce dragon au ventre en forme de 8, répondit qu’il s’agissait d’une
coïncidence. Puis elle regarda l’auteur de ces notes – personne âgée mais encore
présentable – comme une chose que le chat vient de ramener à la maison.
Il convient donc de reprendre nos observations.
Sarcophage romain avec Les Douze Travaux
d’Hercule/Héraclès, réalisé environ deux
siècles après le bas-relief de Delphes. (Rome
– Palazzo Altemps) Entre le Premier et le
Troisième de ses Travaux, après avoir
étouffé le puissant Lion de Némée et avant
d’attraper la véloce Biche de Cérynie,
Hercule/Héraclès tue l’Hydre de Lerne : La
Femme. Elle bloque la jambe du Héros avec
le tentacule d’une pieuvre. Ses jeunes seins
sont une tentation...
Cela nous rappelle-t-il autre chose ?
Au loin, une cloche sonne l’alarme.
- Si tôt ? L’Église est en avance ! Nous ne
sommes qu’au 3e siècle Après Jésus-Christ.
Nous avons tous remarqué, bien sûr, que le sexe de la Femme est caché alors que celui
d’Hercule n’a pas peur de lasser, donc la question importante est la suivante.
25
Pourquoi la cloche de l’Église devrait-elle perdre son temps à sonner pour un si vieux
péril ? Il est plus probable qu’il s’agisse d’un rappel à l’ordre sur les bonnes manières :
« Tu ne dévoileras pas. »
Le récit mythologique est une des formes les plus anciennes et authentiques de magie.
Un mythe doit dire. Quand on dit, ce qui doit être sera. C’est de la magie ! Un mythe doit dire
de différentes façons, pour sembler différents mythes, pour brouiller les pistes et être
plus efficace : ce qui doit être sera & restera au plus profond. Mais un mythe ne doit jamais se
dévoiler, en aucune de ses formes. Il peut se dire en une fable pour enfants & se cacher dans
des objets domestiques, par exemple un costume, mot qui vient de coutume sociale : ce que
l’on doit faire, suivant l’exemple des Héros & Saints.
- Donc, cette femme nue victime d’Hercule est une erreur grossière ?
Dans un chef-d’œuvre, il n’y a pas d’erreur. C’est plutôt le clin d’œil du psychanalyste au
client en pose sur le divan alors qu’il sculpte son portrait sur un sarcophage à usage
privé. Mais pour le grand public, l’art a une fonction sociale : il doit construire & maintenir
une société. L’art mythologique doit représenter le crime mythologique pour qu’il soit
opérant & le cacher pour en maintenir les effets. Au travers du récit mythologique, Le
Crime construit & Le Voile maintient une société bien réelle.
Ce Crime & Ce Voile a été un aspect fondamental de notre vie personnelle & sociale &
politique & religieuse depuis 40 siècles.
Bonaparte s’exclama : - Du haut de ces pyramides, 40 siècles nous contemplent !
- Et pleurent, murmura une vieille Femme.
Andromède, innocente et belle jeune fille, est punie pour une faute commise par sa mère.
Attachée à un rocher sur la mer, elle doit être dévorée par le dragon de service. Persée tue le
dragon et libère Andromède. Nous verrons bientôt ce que le Héros fait à la Mère. La belle est
libre ? Les cordes invisibles de sa nouvelle contrainte sont plus puissantes de celles qui
l’unissaient au Rocher sur la Mer : deux symboles de la Femme. Nous retrouvons le même
Héros dans une nouvelle religion. Le récit est plus clair sur ce qui doit être & rester dans le profond.
Le Héros tue le Dragon et sauve la Femme de sa propre Nature. Merci Saint Georges ! La
Femme n’est pas toujours représentée avec le Saint Héros terrassant le Dragon, mais le
monstre a des caractéristiques constantes. Du feu sort de sa bouche, et sa queue ressemble à un
fouet. Les paroles prononcées par ce genre de monstre
sont des coups de fouet cuisants. Mais la Femme, quand
elle apparaît sur la photo mythologique, est si faible, si
douce, si belle, si parfaite : une Vierge.
Un autre Georges, Giorgio De Chirico, le dit
clairement. Sa “peinture métaphysique” met La
Femme sur le devant de la scène et le Héros en
arrière-plan. Il tue un dragon qui n’habite plus une
caverne paléolithique mais un Abysse de Mer &
Ciel. Saint Georges travaille dans le Laboratoire
Magique ; un Georges quelconque, Jojo, fera ses
devoirs à la maison.
Dans la vraie vie, La Femme de Mnajdra améliore la situation par la résistance pacifique ; le
Mahatma Gandhi a été éduqué à Son école. Certaines femmes réagissent et se battent,
marquant quelques buts dans un derby infini. Quelques pauvres femmes sont des malades
26
mentales féroces qui essayent de détruire un non-Héros en le frappant avec leur enfant. Les
sœurs jumelles de Médée se comportent comme de vrais monstres, et ne pourraient pas
continuer à le faire sans l’aide d’autres femmes trop frustrées pour les arrêter. (12)
Héros & Femmes Guerrières & Monstres Malades & Complices est un aspect spécifique
de l’Univers Patriarcal, depuis son début.
Tant de violence infligée à la propre espèce n’a rien à voir avec l’instinct. On n’en trouve
aucune trace dans une période précédente qui se perd dans la nuit des temps. Nous y
entrerons par la Porte de Mnajdra. Pour mieux comprendre ce Paradis Perdu, nous
examinerons plus tard la mytho-logique du temple.
Persée & Oedipe & Hercule & Georges - Le complexe du Cauchemar Evergreen
Les Héros ne combattaient pas au passé ; ils sont en train de combattre. Les mythologies
vivent hors du Temps et ne déclinent les verbes qu’au présent.
Dans les mythes que nous examinons, les Héros se battent comme un seul homme.
Malgré la diversité apparente, il y a Un Mythe, Un Héros, et Il combat.
Chaque jour, Persée, fils de Zeus et fondateur de Mycènes, coupe la gorge et décapite
Méduse, en grec Protectrice, ou Mère. Le peuple en liesse salut son exploit. Chaque jour, le
Héros combat pour créer & maintenir le Patriarcat sur les cendres de la précédente
Civilisation de la Femme. En grec, ‘Persée’ signifie Destructeur.
Nous ne sommes plus choqués par le récit d’un jeune homme qui ‘doit tuer’ son Père
pour devenir un homme. Pour le même objectif, il doit aussi ‘tuer’ Mère & Femme.
Ou alors, il doit l’abandonner mais Elle ne veut pas le laisser partir, Elle essaye de le
retenir, avec ces tentacules empoisonnés & doux, et plus le jeune Héros les coupe, plus
ils repoussent. C’est un cauchemar ; c’est Le Cauchemar d’un arbre evergreen qui
fructifie éternellement. Ce pourrait être un olivier, le symbole même de la Paix &
Prospérité.
Justement fascinée par Œdipe, la psychanalyse pourrait avoir ignoré ou sous-estimé un
complexe plus… complexe : le Parricide & Matri-Féminicide de Persée & Oedipe &
Hercule & Georges. Nous proposons de l’appeler Complexe du Cauchemar Evergreen.
Mais comme Freud nous l’a expliqué, notre langue est indépendante de notre volonté et
prononce des lapsus. Notre main prononce des actes manqués, quand elle tient un couteau ou
un revolver. Au lieu de ‘tuer’ en rêve, George tue vraiment, dans la vie réelle. Hoops…
Désolé ! Un coup de couteau manqué, ou une balle perdue sans collier qui rentre à la maison.
C’est une bavure du mythe ; çela arrive tous les jours, et ce n’est pas surprenant.
31
Pour comprendre, pour sentir ce qu’était un vase, il suffit observer qu’aujourd’hui
encore, dans les habitations des tribus les plus évoluées, des fleurs semblent sortir, des
fleurs semblent naître, des fleurs semblent être accouchées par un vase plein d’eau.
Ce deuxième extrait permet, par exemple, de répondre à une question qu’on ne pose
jamais.
Les vainqueurs des Jeux Olympiques originaux ne recevaient pas une médaille d’or,
d’argent ou de bronze. Ils étaient couronnés d’un cercle des feuilles d’un arbre toujours
vert, l’olivier, et recevaient un vase d’huile d’olive : l’essence même de la richesse
agricole, nourriture sublime et baume divin. Aujourd’hui, le vainqueur de la plus modeste
compétition reçoit un objet appelé ‘coupe’ alors qu’il ressemble souvent à un vase.
La question qu’on ne pose jamais est simple et pourtant fondamentale en des cas
semblables : pourquoi ?
- Mais parce que c’est comme ça, tout simplement.
Nous évitons les questions qui nous concernent au plus profond. Nous n’aimons pas
suivre la plus célèbre maxime de Delphes : Connais-toi toi-même.
C’était considéré utile, pour changer en mieux, pour vivre un peu plus heureux.
La magie de la maxime fonctionne encore aujourd’hui. Connais-toi toi-même & ta vraie
Histoire serait aussi utile à rendre un peu moins malheureux ce prochain dont parle les
Évangiles, un personnage lointain, hypothétique. Grâce à une autre traduction – celle du
Roi Jacques et de son Scribe Hermès – les Anglais savent, ou savaient, qu’il ne faut pas
aimer son prochain mais son voisin : neighbour.
- Le prochain ? Le suivant ? Au suivant !... Poussez pas, respectez la file, j’étais avant vous...
Le voisin anglais, notion spatiale, est pour nous un prochain temporel qui ne passe jamais,
et qui ne passera pas.
- J’étais ici avant vous alors faite la queue, à la frontière.
Les paroles ont un poids. Mais elles s’usent et perdent de leur poids. Ce n’est la faute de
personne. Quand les paroles sont vides, elles ont un poids négatif. Il s’agit d’une loi
physique. C’est aussi une loi métaphysique qui ne concerne pas seulement la parole prochain.
Les paroles se consument alors que nous les consommons. Les symboles et les rites aussi
s’usent quand on les consomme, et nous mélangeons tout, vases et coupes, consommant
et consumant les fleurs et tout le reste de façon insensée. Nous désirons donc conclure
ce chapitre d’une note optimiste : la réponse à la question précédente, qui redonne du
sens à notre quotidien.
On couronnait le vainqueur des Jeux olympiques d’un cercle magique de feuilles toujours
vertes afin qu’il devienne un Héros Éternel. Pour la même raison technique, quand nous
aimons une personne, nous lui portons une couronne de fleurs le jour de ses funérailles.
- Mais d’où arrivent les fleurs ?
De Mnajdra. C’est le “vase nostalgique, antique”, qui nous l’a rappelé.
D’autres tribus brûlent leurs morts pour les aider dans leur ascension vers la vie
éternelle. Nous les mettons en terre, comme des semences, afin que leur vie continue.
Cette vieille métaphore est utilisée dans le Sermon Académique pour les Morts. Tout le
monde trouve pratique de croire aux promesses des religions, ou de les rejeter. Très peu
essayent de comprendre la logique de la magie religieuse. Elle est simple ; elle pourrait nous
convaincre, quand nous écouterons le Sermon Silencieux pour les Vivants, récité par
Deux Tables de Pierre dans le temple de Mnajdra. Leur sermon parle de semences.
32
Certains se moquent des amants romantiques... Amour & Vie est Éternel, c’est bien
connu, depuis l’Origine du Temps Circulaire. Nous retournerons à ce Temps heureux et
à la Dame qui l’a créé.
- A-t-Elle créé aussi l’Amour ?
Nous pensons que c’est une très bonne question. Nous laisserons le lecteur répondre, à
la fin du chapitre sur les “observatoires solaires” de Stonehenge et Mnajdra, quand nous
aurons fini de les démolir.
Mais si La Dame de Mnajdra devait répondre, Elle pourrait observer que ce n’est pas
une bonne question du tout.
- Si j’ai inventé l’Amour aussi ? Il doit s’agir d’un jeu de mot moderne. Aimer & Vivre est Un
verbe, c’est Le Verbe ! Et vous, vous les petits scientifiques modernes, vous avez analysé Un,
vous l’avez divisé en trois verbes - aimer & vivre - sans même vous rendre compte que le verbe le
plus important est celui du milieu : &.
Albert Gianna aurait économisé beaucoup d’énergie s’il avait écouté la Dame de
Mnajdra, au lieu d’écrire un roman entier sur &. (B)
Démolir les “observatoires solaires” de Stonehenge et Mnajdra nous coutera un certain
effort. Pour démolir un Temple d’aujourd’hui, il suffit d’un seul regard clair.
33
Ébauches & outils pour approfondir & développer
Nouveaux objets pour l’herméneutique
Hermès est un ambassadeur, un intermédiaire qui traduit le langage des Dieux pour les
hommes, et vice-versa. Parfois, il doit cacher une partie de la vérité, ou mentir. On le
voit à Son sourire. Quand Il dit toute la vérité, ou presque, on le comprend à son rire. C’est
un rire cosmique, qui explose, ébranlant l’Univers.
L’herméneutique – l’Art d’Hermès – a longtemps été limitée à l’interprétation des textes
sacrés. Puis elle a été appliquée à tout texte ; enfin à toute autre œuvre d’art.
Peut-on appliquer l’herméneutique à une technique ? Peut-on soumettre une séquence
opérative à une interprétation selon Hermès ?
En effet, une interprétation a déjà été donnée de la technique du potier, qui fut l’Art de
la Potière. Ermeneutica di una tecnica (2) est un petit essai qui s’est démontré utile en de
nombreuses applications de ce qu’on appelle “faire de la poterie” dans l’enseignement,
l’éducation, en situations thérapeutiques, etc.
Une approche visionnaire à la connaissance est à l’origine de notre interprétation de trois
objets reliés entre eux: une statuette, un temple, une peinture murale. La découverte est-
elle originale ? Nous pensons que oui ; la démarche par contre ne l’est pas mais elle nous
donne l’occasion de souligner l’importance d’une herméneutique de tout objet.
En de telles aventures, notre ennemi est le Technicien. Il se révèle en son explication
préférée : c’est comme ça qu’on fait. Après avoir dévoilé une vérité technique, il cite un Dieu
des Techniciens en son Dialecte Sacré. (7)
En de telles aventures, notre meilleur allié est un enfant. Ayant écouté l’explication
préférée du Technicien, il Lui pose une seule question qui ressemble à quatre questions
qui dansent, qui sautillent et se poursuivent en cercle en modifiant les réponses
précédentes à chaque tour de piste : pourquoi & comment & quand & où ? La musique est
entraînante.
Répondre à un enfant peut être fatigant. Mais ce n’est qu’un enfant, donc le Technicien
l’ignore, ou il le fouette de quelques bons gros termes techniques, puis retourne dormir
sur ses lauriers.
Cette attitude est assez courante. Elle cause l’échec professionnel du Technicien s’il n’est
pas un employé de l’État. D’autres Techniciens porteront leur entreprise à la faillite. Si
l’attitude persiste pendant une ou deux générations, elle entraînera une faillite historique :
la disparition de cette Technique. Les trois possibilités se réalisent souvent.
Techniques, arts, artisanats ? Ce sont presque les mêmes concepts, si on considère
l’origine grecque du premier terme. Pour éviter leur disparition, nous devons protéger les
traditions, qui sont les femelles des caméléons. Pour ce faire, les arts, artisanats et
techniques doivent devenir objets d’un audit herméneutique, de la part d’herméneutes
qui ne soient pas seulement des lecteurs de vieux traités et de revues technologiques.
Voyons des exemples typiques.
L’Art de la Potière n’a pas complètement disparu. Il survit dans ce qu’on appelle le hobby
et dans les activités didactiques, éducatives, sociales, thérapeutiques, etc. où l’attention
n’est pas donnée à l’objet seulement mais à Objet & Sujet. C’est un lien avec l’Antique
Déesse ; cette façon de “faire de la poterie” mériteraient donc plus d’attention, et le plus
grand respect. (2, 3, 8)
34
L’art du potier survit dans sa fonction apparemment unique : produire des d’objets pour
les vendre. La dimension symbolique a disparu presque totalement des produits ; elle est
restée dans les processus, comme une magie détériorée. Certains gestes sont répétés
comme font les zombies. Une telle rigidité est le signe ultérieur d’une fonction ontologique de
la technique. Qui produit un objet se produit en tant que Sujet. Le Technicien préfère
mourir (de faim) que de changer sa façon d’Être & Agir.
Fonction ontologique & Rigidité est un concept unique qui replace chaque technique dans sa
catégorie originelle : celle des religions. Les Dieux étaient des travailleurs : Vulcain était
maréchal-ferrant, sur l’Etna.
La Religion pourrait servir de pivot entre les deux paragraphes précédents (Art de la
Potière et Artisanat du Potier) ; et les deux prochains (Technicien Intellectuel et
Céramiste Moderne). Chaque cas peut être lu comme métaphore de la religion.
Pour un herméneute, réinterpréter une religion, c’est comme travailler à la maison. Il fera
du bon boulot s’il s’est exercé hors de chez lui sur des objets non-religieux. L’exercice en
plein air fait du bien. Alors l’herméneute pourra réinterpréter tous les aspects d’une
religion considérée. Quand il ne le fait pas, certains fidèles s’en chargent. Cela arrive
couramment.
Ce qui a été dit du Technicien Potier est valable pour le Technicien Intellectuel. De tous les
techniciens, l’intellectuel est le plus réfractaire au changement. Avec lui, la rigidité devient
paralysie. Considérant une quelconque corporation d’intellectuels, on est émerveillé par un
tel patrimoine de paroles fossilisées, d’habitudes mentales exercées par des zombies. (7) Un
tel attachement à son propre langage technique est signe d’un malaise, d’une particulière
fragilité de l’Être, d’une inconsistance fille de l’éloignement du monde physique et d’un
vide spirituel profond. En général, les intellectuels se vantent d’être incapables de toute
activité “manuelle”. C’est un terme à eux, les pauvres...
La paralysie des intellectuels se reflète sur l’Art de l’Édition, qui montre des signes de
fossilisation. Le plus évident est la réduction des frais par la limitation des photos.
Malheureusement, l’économie sur les photos reste la règle pour les publications sur la
toile. Cela prouve que les auteurs sérieux, comme les bonnes ménagères, ne gaspillent rien.
Un autre signe de paralysie éditoriale est moins visible. Dans le texte présent comme dans
les autres du même auteur, les typographes remarquent que le début du paragraphe n’est
pas signalé par un décalage, ou alinéa. L’auteur préfère ajouter un interligne, ou deux, à
son bon plaisir esthétique, parce qu’il ne doit pas économiser le papier : aucun arbre n’a
été coupé pour ses publications sur la toile.
Le Céramiste Moderne a adapté son art aux temps modernes, avec un grand succès,
grâce à un audit herméneutique scientifique. La céramique est maintenant utilisée dans
tous les domaines, du plus bas au plus haut : du carrelage au véhicule spatial.
Nous pouvons donc conclure sur une note optimiste. Un bon élève ne pose jamais de
question : il fait ce qu’on lui dit. Et s’il continue à être sage, quand il sera grand, il sera
Technicien. (1)
35
Mnajdra et Stonehenge
Pour les questions sérieuses, il est toujours prudent de rappeler l’ABC.
Les instruments scientifiques n’existent pas. Ce qui est scientifique, c’est une méthode. Elle
peut caractériser le travail d’une personne qui utilise un instrument quelconque.
L’instrument le plus sophistiqué deviendra un outil stupide, dans les mains d’un idiot. En
d’autres termes, les instruments scientifiques n’existent pas plus que les outils stupides.
Ce qui ne manque pas, ce sont les idiots.
Le Thermomètre est l’Oracle Idiot des Temps Modernes. Il indique quand le roast-beef
est à point et quand une poterie est cuite, quand on est malade et quand on est guéri. Le
Thermomètre est tellement idiot qu’il indique le Temps ! (B, 1)
Et les Sciences Humaines ? Soyons sérieux. Il n’existe pas une seule Science Humaine. Le
terme a été inventé par un humaniste envieux qui espérait obtenir le succès social et
économique d’un scientifique par un procédé magique : adopter le nom du Héros. Cela n’a
pas fonctionné ? Le gouvernement lui a coupé les fonds ? Adopter le nom du Vainqueur
Scientifique ne suffit pas. Il faut aussi revêtir son Voile Sacré : la Blouse Blanche.
Que le Seigneur de Montaigne illumine qui pense qu’humaniste est réductif, amen. (6)
Sciences et Humanités sont deux formes de connaissance & attitude envers la connaissance.
Différentes, elles sont également profondes. Certaines recherches, et nos notes, ont une
approche scientifique & humaniste : un seul concept indiquant une troisième voie.
Quelqu’un pourrait objecter que c’est l’équivalent de Science Humaine. Il n’en est
absolument pas ainsi. La dégradation du mot Humain à simple adjectif de Sciences est une
inversion grossière sur l’échelle des valeurs : c’est très courant et cela comporte des
conséquences catastrophiques. Ou alors la locution Science Humaine exprime un manque
de sensibilité lexicale, intolérable dans les Sciences comme dans les Humanités.
Des jeux de mot ? Nous avons essayé de formuler un défi pour le XXIe siècle.
La question est simple désormais : c’est une simple question de Vie ou de mort.
Maintenant nous pouvons reprendre notre lecture humaniste & scientifique de Mnajdra et
Stonehenge.
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Pour décrire le temple de Mnajdra de façon plus vraie, pour connaître & expliquer ce
que ce temple est & comment il fonctionne, nous utiliserons une formule, un seul Verbe qui
unifie deux verbes : Représenter & Créer. Cette formule de base de la magie est aussi un
outil. Exerçons-nous à l’utiliser sur le bâton, afin d’être prêt à l’employer sur le temple.
Et si quelqu’un veut se donner des airs académiques, il peut appeler son petit bâton d’un
nom grec : gnomon.
Un bâtonnet planté en terre est une baguette magique : elle représente & crée le Temps
& la Femme nouvelle qui la regarde & naît d’elle & se reconnaît & se crée dans Sa
propre relation avec la baguette & ombre & soleil, comme dans un Miroir Magique. Hier
comme aujourd’hui, la Femme (ou tout autre Être) est sa propre connaissance, Elle est
son propre Miroir Magique. Elle représente & crée Son propre être, Son être nouveau.
Puis Elle Se multiplie en de nouveaux objets, comme par exemple Son Temple. Elle est
différente de nous parce qu’Elle est & vit son Temps Circulaire, alors que nous sommes
& vivons & mourons le long de notre Temps Linéaire. Quel mystère ! Impossible à
décrire dans notre langage qui simplifie, trahit... mais il est clair qu’un bâton était & reste
une arme pour singes & idiots, une arme aussi idiote que l’idée selon laquelle un temple
mégalithique est un observatoire solaire.
Sherlock Holmes nous guide ; à chacun de Ses pas, une observation & création est suivie
d’une déduction & création, puis Elle retourne sur Ses pas jusqu’à l’Induction Suprême.
Elle, Sherlock, nous guide vers Un & Une, un Dieu Neutre.
« Dieu est Père, mais Dieu est aussi Mère » précisa un prophète au sourire maternel, à Rome,
récemment. ‘Ils’ lui ont réservé le sort des prophètes :
- Une tisane, Sainteté ? Vous dormirez mieux…
Pour des raisons que nous préférons ignorer en ce moment, Stonehenge est, à lui seul,
beaucoup plus célèbre que tous les temples mégalithiques de Malte. Certains disent que
37
Stonehenge est un observatoire solaire ; d’autres admettent que c’est un temple mais
précisent qu’il est dédié au Soleil, une divinité masculine selon les Druides du New Age
du Bronze, les Sacerdotes et Prêtresses du culte d’Apollon & Amon-Ra de Disneyland.
Ce sont les fils et les filles d’un vieux couple. Il y a bien des années, en son plus bel habit
sombre, le bon Élève Obtus épousa Pure Bigote.
Stonehenge est essentiellement une aire circulaire avec une seule entrée précédée d’un
couloir. Certains vases de la même période ont la même silhouette : un ventre sphérique
avec un col étroit, dressé : un couloir qui se termine par des lèvres. (2) Nous comprendrons
pourquoi plus avant, grâce à un temple semblable, construit 90 siècles auparavant. Pour
l’instant, nous suggérons de considérer Stonehenge comme un Temple Mère. Nous
pourrions l’appeler un Temple de la Fertilité, ou tout simplement un Temple Femme
dans lequel le Soleil entre en des moments favorables, ignorés du gynécologue japonais
Ogino. Équinoxe du printemps et Solstice d’été sont les noms scientifiques que nous donnons
à ces apogées fertiles. Nous en reparlerons à propos des semences magiques de Mnajdra.
Comme un bâton dans le sol, Stonehenge indique & crée deux types de temps : moment et
durée.
- Il est Temps de mettre les graines en terre, les filles !
Le Temps fleurira et portera ses fruits ; soyez patientes.
Semence du printemps, récolte d’automne : un seul cycle court, en climat froid.
Les Nord-men et les Normandes envoyèrent la fleur de leur jeunesse au Sud. Comme tant
d’autres avant et après elles, ces fleurs du Nord et leurs épines sont devenues ‘nous’. Les
migrations ne sont pas une mode nouvelle.
En des climats plus doux, comme en Méditerranée, toute société agricole est consciente
d’une première période fertile : le Printemps, c’est la Primevère, la première ère, la
première période. Pour la fertilité bien sûr. Diverses graines sont semées au printemps
pour la récolte d’été. En une deuxième période magique, en automne, d’autres semences
seront enterrées. La récolte viendra plus tard, après l’Hiver, si la Magie fonctionne, et nous
verrons comment elle fonctionne. Les deux périodes magiques pour les semailles
correspondent à peu près aux équinoxes de printemps et d’automne.
En Méditerranée, le Cycle de La Vie est composé d’une longue Période Heureuse qui
s’écoule entre deux Moments Magiques : semailles - récoltes d’été - semailles.
En Europe du Nord, un seul Instant d’Allégresse, le solstice d’été, n’a jamais cessé de
déchaîner une joie folle - après une longue Nuit d’Hiver, avant la prochaine - et une
certaine exubérance sexuelle, si nous avons bonne mémoire, non sans rapport avec
semailles et récolte.
Nord et Sud, nous avions tous un autre moment spécial. Le solstice d’hiver, le Fol
Espoir en la Naissance du Nouveau Soleil, est désormais submergé par un tsunami
consumériste : Noël.
Le solstice d’été est encore célébré par certains chrétiens. Ils allument des feux de joie la
veille du 24 juin, la fête de Celui qui Porte La Bonne Nouvelle : Jean Baptiste.
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Les antiques célébrations des équinoxes du printemps et de l’automne revivent en deux
dates fondamentales du calendrier agricole chrétien : Pâques, la Résurrection pour
Homme & Nature, et la Saint-Martin. Le Bon Légionnaire Romain avait partagé son
manteau avec le Mendiant. Pour la St Martin en Europe, le Bon Seigneur Chrétien
partageait sa récolte à la fin de la saison fertile avec son fermier, et lui renouvelait son
bail s’il était content de lui.
39
Il était une fois une femme. Elle voulait se construire une maison sur l’île de Malte, une
belle maison, une villa, à la mer. Elle voulait profiter du soleil. Tous les matins, elle
chantait à son doux ami : ♫ O sole mio sta in fronte a te... Mon soleil est en face de toi...
Et en face de moi, pensait-elle, mais elle s’aperçut que le soleil se levait chaque matin à
un endroit différent. Il ne s’arrête jamais, ce truc ?!
Comment construire une maison avec le soleil ♫ en face de moi ?
Elle envoya sa fille sur la plage pour planter un piquet à l’endroit où elle voyait le soleil se
lever, en regardant l’horizon du point exact où elle voulait construire sa maison.
- Allez, grosse paresseuse ! Lève-toi ; le soleil va bientôt sortir de la mer ! Mais où vas-tu comme
une somnambule ? Prend le piquet. Et n’oublie pas de prendre un marteau.
- C’est quoi un marteau, m’man ?
- C’est un petit bloc de fer avec... Que je suis bête, je n’ai pas encore inventé le fer ! Alors prends
une pierre.
À cette époque, ils faisaient tout en pierre ; ils faisaient même les couteaux en pierre.
Chaque matin, la gamine se leva avant le soleil.
J’en ai assez ! pensait-elle. Mais un beau jour...
Tremblante de froid parce que ce n’était vraiment pas la bonne saison pour les jeux de
plage, elle se préparait à planter un autre piquet quand elle entendit sa maman crier de loin :
- Stop ! Plus besoin ; le soleil est reparti en arrière, au piquet que tu as planté avant-hier.
Ce jour-là les enfants fut un jour mémorable. Ce fut un jour historique ! À partir de ce
jour, votre arrière-arrière-arrière-grand-mère ne fut plus obligée de se lever si tôt tous les
matins et redevint une grosse paresseuse comme vous tous. Par contre, sa maman
continua à observer le soleil sortir de la mer, chaque matin au dessus d’un piquet
différent. Mais pas au hasard. Le Soleil se déplaçait entre les deux piquets plus distanciés
entre eux : aller, retour, aller, retour, très lentement...
Ces deux piquets étaient différents des autres ; c’étaient des piquets spéciaux. Il fallait
leur trouver un nom spécial.
La femme aurait pu les appeler Arrêt de Bus Soleil, ou mieux Arrêt de la Navette Soleil parce
que le soleil ne faisait pas un tour en ville comme le bus ; il faisait un aller-retour comme
la navette qui ne va que de la gare à l’aéroport. Mais personne n’avait encore inventé le
bus, la gare, l’aéroport... Alors, les deux piquets furent appelés solstice parce que la femme
avait étudié le latin et elle en était justement fière. Si elle avait fait semblant de connaître
l’anglais comme les journalistes à la télé, elle les aurait appelés sunstop parce qu’ils
indiquaient le lieu exact où le soleil s’arrêtait – de son point de vue – puis retournait d’où il
était venu, en un aller-retour continuel, comme la navette du métier à tisser que la
femme venait d’inventer.
Quelle grande toile ! Combien mesure-t-elle ? se demanda la femme en regardant
l’horizon entre les deux solstices. Elle trouva la réponse en mélangeant l’Espace et le
Temps : la toile tissée par le soleil mesure six lunes, dit la femme. Pendant le temps de
six lunes, le soleil tisse une toile de coton parce qu’il fait de plus en plus chaud. Puis, au
retour, pendant le temps de six lunes, le soleil tisse une toile de laine parce qu’il fait de
plus en plus froid. En cousant ensemble les deux toiles, la femme se fit une
tunique qu’elle appela une année. Pour faire un cadeau à son doux aimé qu’elle avait
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envoyé à la chasse pour essayer sa dernière invention – un arc et des flèches, elle fit une
tunique identique. Mais son aimé l’appela d’un nom masculin : un an.
- Oui mais comment elle s’appelait, la femme ?
- Voyons voir... On ne connaît pas le nom qu’elle se donnait à elle-même. Plus tard, les autres
femmes l’appelèrent Ariane ; c’est un nom grec qui veut dire Araignée. Elles lui donnèrent ce
nom parce que pour le tissage, la femme de Mnajdra était aussi douée qu’une araignée. Et parce
qu’elle avait copié une toile d’araignée pour inventer le filet de pêche. Elle avait aussi inventé la
grande dentelle qui filtrait le soleil, à l’entrée de chaque maison. La porte fut inventée par son
doux ami, bien plus tard, au temps de la tristesse.
La femme avait aussi inventé la géométrie, donc elle était capable de couper un gâteau en
portions égales. C’est important la géométrie, n’est-ce pas les enfants ? Mais pas seulement
pour couper les gâteaux. Géo-métrie signifie mesure de la terre... Avec la géométrie, la femme
mesura la plage et coupa en deux portions égales l’horizon du soleil. À mi-chemin exact
entre les deux solstices, elle planta un piquet plus haut que les autres.
Toute contente après tant de travail, elle l’indiqua à son doux ami qui étendait une nappe
pour le piquenique : ♫ O sole mio, quand il se lève sur le piquet central, est exactement ♫ en
face de toi, en face de moi...
Le centre de l’horizon délimité par les deux piquets-solstice était indiqué par le plus haut
piquet. En face de lui, la femme construisit l’Entrée. Elle pendit le rideau de dentelles qui
filtrait le Soleil alors qu’il pénétrait droit au plus profond du Palais en forme de 8, en ce
jour si spécial. La femme l’avait construit en forme de 8 parce qu’elle avait la forme d’un 8.
- Ça veut dire quoi, tonton ?
- Ça veut dire que la femme était belle, moelleuse, potelée, comme un nounours. Si tu dessines un 8,
après c’est très facile de le transformer en nounours... ou de dessiner la Dame de Malte.
La femme et son palais solaire avaient la forme d’un 8. Plus tard, d’autres femmes
l’appelèrent le Palais de la Fée parce que la Dame de Malte fut la Première Fée Mère.
- Oooohh...
- Oui mais... mais elle l’avait appelé comment, le plus haut piquet ?
- Bravooo !... C’est une très bonne question ma chérie. Tu es éveillée, malgré l’heure... mais il est
tard les enfants ; je vous dis seulement que le plus haut piquet fut appelé comme une recette de
cuisine inventée par la Première Fée. C’est une recette facile. Il faut mélanger le jour et la nuit en
parts “équitables”, ce qui signifie en parts égales, et donc justes, comme les tranches du gâteau.
Après avoir mesuré le temps en plantant des piquets dans le sable, la Fée mesura la longueur du
jour et de la nuit avec du sable : elle faisait couler le sable de la plage comme si c’était de l’eau,
dans une horloge transparente en forme de 8.
C’est tout pour aujourd’hui. Demain, je vous dirai le nom du plus haut piquet ; il a un nom très
beau, très mystérieux : un nom latin. Bonne nuit les enfants ; faites de beaux rêves.
- Oui mais si c’était la mère première, comment elle était née, elle ?
- C’est simple. Tu as remarqué que les têtards se transforment en grenouilles, n’est-ce pas ? Et
bien Le Grand Serpent Joufflu se transforma en Grand Dragon Joufflu qui se transforma en
Mère Première. C’est tout. Bonne...
- Et la fille ?
41
- Tu aurais pu le deviner toute seule. La Petite Chenille Joufflue se transforma en Papillon Joufflu
en Forme de 8 qui se transforma en Première Fille. Maintenant...
- Oui mais la fée elle était de quelle couleur tonton chériii.
- Elle n’était pas bleue.
- Nooon, je veux dire la peau ! Elle était de quelle couleur ?
- Un vrai conte de fée est un miroir magique ; la fée prend la couleur de celui ou de celle qui
l’écoute. Mais ce conte parle d’une vraie fée, sur une vraie île, Malte, au centre de la
Méditerranée. Je pense donc que la Première Mère était... chocolat au lait.
- C’est boooon...
- La Première Fille était pareille, avec moins de lait. Mais elle aurait dit avec plus de chocolat.
Elle adooorait le chocolat.
- Comme moooi...
- Comme toi, elle avait des petites étoiles d’or sur le nez.
- Horriiiible ! Ils se moquent tous de moooi...
- Elles sont si mignoooones tes petites étoiles. Ceux qui te taquinent sont amoureux de toi mais ils
sont trop timides pour te le dire.
- Merci tonton, tu es trooop mignon.
- Je ne suis pas mignon mais je ne suis pas moche non plus. Je suis... café au lait. Cappuccino.
Avec de la crème.
- Je vois bien la crème mais tu n’es pas café au lait.
- Mon café au lait est bizarre parce que je change de couleur dans tous les pays. Comme les
caméléons. À l’origine ils sont verts.
- Je t’ai toujours vu comme ça.
- Tu es très jeune, ma chérie. Donc c’est l’heure de dormir. Bonne nuit.
- Oui mais comment elle s’appelait la fille tontooon ?
- Ça je m’en souviens parce qu’elle s’appelait comme toi : Aube Claire. Elle était brillante et
têtue ! Donc parfois ils l’appelaient Oli, comme la lampe à huile d’olive. Sa petite flamme
tremblante brûlait toute la nuit, combattant les ténèbres.
Cependant, parfois, ils l’appelaient Ali, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’en italien,
Ali veut dire les ailes. Il serait tout à fait logique que le fille de la Première Fée ait eu des ailes
quand elle était toute petite.
- Oui mais...
- Bonne nuit.
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Le Palais de la Première Fée
Maquette des trois temples de Mnajdra. Selon des sources officielles, le temple à droite
fut construit en premier, puis vint le tour du deuxième au centre et du troisième à gauche.
Il suffit d’observer la maquette pour découvrir cette chronologie, en une évolution qui
confirme notre vision de temples anthropomorphes. La façade du premier temple fut
construite le long d’une ligne droite ; la façade du deuxième fut construite le long d’une
ligne légèrement courbe ; la troisième façade suit une ligne nettement courbée.
En une rêverie, on pourrait remarquer que la façade du dernier temple représente deux
jambes courbées qui s’étirent de chaque coté de… La Porte. Ils sont décrits comme des
bancs, comme si le site du temple était un jardin public. Quel plaisir que de s’asseoir sur
les genoux d’une Déesse si accueillante !
Une autre information officielle soutient notre rêverie. Aux équinoxes du printemps et de
l’automne, le Soleil entre droit au travers de La Porte, traverse la Deuxième Porte, jusqu’à
un Point Central au plus profond du Temple. Efficacité maximum… mais dans quel but ?
Voyons comment fonctionne la Magie de la Première Fée, qui inventa l’Architecture.
Nous croyons savoir pourquoi le soleil est tiède au printemps et tiède en automne ; écoutons
le point de vue de la Communauté locale. Pour eux, le Soleil doit entrer au plus profond du
Temple pour se réchauffer à partir du printemps, puis pour se refroidir à partir de l’automne
parce que Elle-Soleil & Elle-Temple a besoin de se reposer.
À l’aube, tout le monde peut remarquer que le Soleil sort de la mer Mère, grand comme un
ballon de pierre de Mnajdra, orange comme un jaune d’œuf sans coquille dans le ventre d’une
poule. Au début de ce voyage, nous l’avons appelé Œuf Magique. Pourrions-nous lui donner
un nom plus approprié dans le nouveau contexte qui émerge des dernières observations ?
- Œuf de Pâques ?
On se rapproche, mais c’est encore tiède...
- Œuf de poule ?
43
C’est presque ça. Les anglais disent chicken egg bien qu’ils sachent presque tous que les
poulets ne pondent pas d’œufs. De toute façon, un œuf de poule n’est pas sphérique
mais ovoïdal, terme technique pour dire qu’un œuf de poule a la forme d’un œuf. (7)
Cependant, chicken egg, œuf de poulet est juste ici pour indiquer ce qui doit sortir de l’œuf :
un poussin qui deviendra poulet rôti. La majorité des britanniques est optimiste et vote
toujours pour cet Eggxit.
Donc, si l’on considère ce qui doit sortir de l’œuf de pierre de Mnajdra, l’Œuf Magique doit
s’appeler Œuf Soleil.
À propos cher Lecteur... Dans notre promenade, nous venons de côtoyer le vieux dilemme
de la causalité linéaire : « Qui est venu en premier, la poule “ou” l’œuf ? » À Mnajdra on le
comprend mieux qu’ailleurs : c’est “ou” qui est venu en premier, et il a créé tout nos
problèmes. Merci Aristote !
Nous y reviendrons. Disons pour l’instant, afin de comprendre ces ballons en pierre, que la
poule ‘et’ l’œuf ne sont pas deux objets ; c’est Un système indivisible, comme une
bicyclette. Si vous enlevez une roue à votre bicyclette... vous devrez continuer à pied.
La poule ‘et’ l’œuf ne sont pas deux êtres venus séparément; c’est un système vital qui est né
puis s’est développé, Un Système de Vie qu’on appelle, dans ce cas, Poule & Œuf, Femme
& Soleil de Mnajdra, Femme Temple de Pierre & Œuf Soleil de Pierre.
Nous avons dit que le dôme, ou le double dôme qui couvrait le temple à l’origine était la
troisième dimension de la silhouette d’une femme prospère. Il apparait maintenant
comme Coquille Protectrice de l’Œuf-Soleil.
- Les ballons en pierre représentent un Œuf Soleil ? Pourquoi pas un Œuf Lune ?
Le nombre d’Œufs Lune serait beaucoup plus élevé : 12 fois plus élevé. C’est pourquoi les
œufs se comptent par douzaine. Mais l’Unité Divine, c’est l’Année, le Cercle féminin de
la Vie. Un Œuf Soleil était sans doute offert comme ex-voto par la Communauté.
Aujourd’hui, on parlerait d’une cause magique pour un effet spécial, comme la Naissance
d’un Enfant très spécial.
- Par exemple ?
Par exemple, la Naissance du Soleil. Cet Enfant doit naître chaque année, pour que
puisse tourner le Joyeux Manège du Temps.
- Ex-voto et cadeau de Noël ?
C’est exact, mais en ce temps-là, en ce Temps Circulaire, la Crèche attendait chaque
année le retour du Bébé Fille, pour des raisons que nous verrons.
Cela ne surprendra pas les nombreuses petites filles qui, comme Beba, ont pleuré parce
que chaque année, dans la Crèche, il y avait toujours un Bébé Garçon. C’est pas du jeu !
Alors, mamma Chiara inventa la Crèche pour Bébé Garçon & Fille. Une révolution
modeste, silencieuse, cosmique. (B)
Grâce à Dieu & Déesse, Chiara et Beba ne sont pas finies sur un bûcher.
- Pas encore !
Elles peuvent être relativement tranquilles, étant deux personnages de roman.
- Pas l’auteur !
Albert Gianna est en sécurité : il ou elle se cache. L’auteur de ces notes se sent tranquille
à 90 %.
- Et pour le 10 % restant ?
44
Bien avant que le coq ne chante trois fois, il reniera chaque paragraphe, chaque ligne
qu’il a écrit ici, et brûlera lui-même le manuscrit, le cœur léger.
- Il en a une copie sauvegardée en lieu sûr ?
Bien sûr, mais aussi parce qu’il a déjà vu le film. Le martyre, c’est bien joli, et c’est même
amusant, mais seulement après qu’une idée ait vécu et se soit développée grâce à des
lâches comme lui.
Peut-on dire que dans ce Temps Circulaire, le Soleil n’était pas le Père mais le Fils de la
Mère ? Ou qu’un Soleil féminin était la Fille de la Mère ? Rien de tout cela.
Elle était Une : Femme & Mère & Soleil & Fille & Fils & Temps & Espace… Puis un
lent processus commença, visible dans les objets de différentes époques. Elle devint
légion. En Égypte, toute Déesse était Dieu et vice-versa. Puis il y eut division par genre.
Et ainsi de suite. Nos sciences modernes continuent sur cette voie et se développent en
divisant à l’infini. Les sciences accumulent des milliards d’analyses – c’est-à-dire de
divisions et d’examens des parties – et un nombre insuffisant de synthèses utiles. Ce qui fait
qu’il est difficile de comprendre comment nous étions, mais ce n’est pas impossible.
Après tant de divisions scientifiques, le rôle de l’humanisme - du Féminisme - est de
réunir. Cela nous aiderait à comprendre qui nous sommes bien sûr, et ce qui se passe,
parce que ce n’est pas très différent de ce qui est arrivé depuis le vrai début des temps,
quand l’humanité était Féminité.
Représenter & Créer l’Harmonie du Soleil & Femme & Mère en un Temple est une
Magie. Ou c’est un Art. D’ailleurs, Art n’est qu’un mot pour dire Magie, et vice-versa.
Art, artisanat, magie, métier, profession... Tous se Représentent & Créent au moyen d’un
dialecte spécifique appelé langage technique. Chaque langage technique est plus ou moins secret ;
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chaque Technicien se cache dans son dialecte, pour des raisons bonnes ou mauvaises. On se
demande parfois où est la différence entre Magie Noire et Dialecte de Tribunal. (6)
Mais il y a aussi de nombreux exemples de Magie Blanche. Par exemple, le Vase est la
Représentation & Création d’une femme : la Potière. Son Pot exprime son Verbe ; c’est la
première Écriture Sacrée.
La fabrication du Vase était un rite mensuel. Son cycle est bien décrit par l’expression De
la poussière à la poussière qui existait avant les temps bibliques, sans être prononcée mais
bien vivante dans le rite originel de la Potière quand le Vase n’était pas cuit. Nous
devons le décrire au présent atemporel ; c’est le Temps de la Magie, que le cycle soit
mensuel ou annuel.
La Potière, qui est faite d’Eau & Poussière, donne Sa propre forme à Poussière & Eau. Le Vase vit
Son été, puis se dissout aux pluies de l’automne. Elle retourne à la poussière et dort mais à Son
printemps mensuel son cycle répète son Être.
Poussière à la poussière... Puis une révolution technologique fut un cataclysme : le Feu.
Cuit, le Vase devint plus ‘fort’, mais il se cassa en tessons qui ne pouvaient pas renaître
dans l’eau. Fin du Cycle ? Impossible !
Une nouvelle phase & phrase fut ajoutée à la magie : Cendres aux cendres, poussière à la poussière.
Le Vase cassé fut broyé en un sable d’os qui fut ajouté à la poussière, afin que le Cycle de
la Vie fut respecté, afin que la Vie puisse renaître encore de la vie immobile.
Cendres aux cendres, poussière à la poussière. Mais la Mort n’existait pas.
Nier & Éliminer, c’est une Magie commune, alors comme maintenant. Ou c’est un Art,
ou un métier : Avocat, par exemple, ou Juge.
De rares potiers modernes ajoutent encore de la terre cuite pilée ou d’autres sables à leur
argile ; les autres l’achètent déjà mélangée. Ce n’est plus une exigence vitale de leur art
que de savoir Pourquoi & Comment & Quand & Qui créa & Se créa en cette Magie. Ils ont
un terme technique pour le sable de squelette : chamotte. Le Verbe Technique transmet
l’art magique & le cache aux regards indiscrets. Mais à force de cacher on oublie Pourquoi
& Qui &... (2, 3)
♫ You may trod me down to the very dirt, still like dust I’ll rise (poème I’ll rise, de
Maya Angelou, mis en musique et chanté par Ben Harper.)
Vous pouvez me piétinez dans la boue, comme la poussière je ressusciterai.
Le sable de squelette a une fonction technique & magique pendant le séchage et la cuisson
du vase. La chamotte pourrait raconter une histoire de résilience : un concept qui émerge
récemment d’un lointain passé.
La résilience n’est pas la résistance. La résilience consiste à devenir plus fort chaque fois
que « nous les os devenons cendre et poudre » et que nous ressuscitons. C’est le cycle de
Mnajdra et de la Potière.
Feu & Résilience... comme dans un autre rite. Le fer devient plus fort quand on le
chauffe jusqu’à ce qu’il rougeoie comme le Soleil, quand alors on le frappe à tour de bras
puis on le refroidit brutalement dans l’Eau ou dans l’Huile, et puis on recommence.
Soumis à un tel supplice, un vase de terre cuite tombe en miettes ; une âme de fer
opaque se transforme en acier luisant... pour le Bien, pour le Mal, ou pour le pire.
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♫ A lu tiempo d''a disperazione
Masaniello se veste 'a lione.
Désespoir vient après affliction
Jacques Bonhomme s’habille en lion
Paisiblement, le Vase et le Temple de Mnajdra opèrent la même Magie, sur deux cycles
périodiques : le cycle de la Lune pour le Vase qui doit être fait chaque mois ; le cycle du
Soleil pour le Temple qui fonctionne sur base annuelle.
Le Vase et le Temple Représentent & Créent la Vie de La Femme qui crée la Vie en Elle
& autour d’Elle.
Représenter & Créer : c’est La Formule des travaux Mytho-Magiques en cour depuis
toujours. La formule fonctionne encore de nos jours, tous les jours, partout et en de
nouveaux nulle-part : elle nage dans les canaux TV et surfe sur la toile.
Représenter & Créer est le processus magique à l’origine de la Vie Humaine. C’est un
secret qui ne devrait pas être dévoilé. Il ne peut être dit qu’en paroles hermétiques, mais
les paroles des Dieux sont traduites par des herméneutes de plus en plus nombreux...
donc l’auteur ne sera pas le seul à avoir des ennuis. Il prie Déesse d’avoir pitié de lui.
- Eh ! C’est faux ! Nous prions Dieu, d’autres prient la déesse ou une déesse.
- Bien sûr que c’est faux, ou c’est un point de vue. Mais étant différent du vôtre, il vous aide à voir
que la Grammaire est une magie théologique : elle produit des réalités divines ou diaboliques avec
des mots.
À Mnajdra, la magie fonctionne de la même façon. Cette même magie compénètre nos
vies. Une personne peut rougir, et être heureuse, et fière, ou elle peut se mettre à pleurer,
s’évanouir, devenir folle et tuer, parce qu’une autre personne a murmuré ou crié un seul
mot.
Nous n’irons pas plus loin parce que nous approchons d’un promontoire dangereux.
Ailleurs nous l’appelons Le Saut d’Icare.
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L’Art est Magie
La rêverie qui suit nous fait mieux comprendre comment le temple “fonctionne”.
Elle suggère une correction (non urgente) aux deux petites erreurs commises dans la
reconstruction du troisième temple de Mnajdra.
Espérons qu’aucun botaniste ne nous fusillera avec le nom latin de la marguerite, qui
n’est pas le tournesol importé plus tard d’Amérique.
Espérons que notre rêverie sur la magie de la Fleur-Soleil et les notes qui suivent ne
seront pas utilisées pour ou contre les nouvelles techniques de reproduction humaine.
Espérons qu’elles ne seront pas l’objet de bavardage pseudo-féministe.
Espérons qu’elles ne deviendront pas une éducation sexuelle “poétique” pour expliquer
aux enfants que Le Soleil est un mâle qui fournit la semence... ou pour le nier platement.
Les rêveries ne s’expliquent pas ; elles se sentent, comme bien des illusions disséminées par
l’école, la TV et le smartphone. Certaines explications rationnelles sont des sensations.
De façons différentes à différents âges, nos notes – forme & contenu – peuvent constituer
un premier pas vers une école métadisciplinaire : Architecture & Philosophie & Cuisine &
Ethnologie & Mathématiques & Sociologie & Poterie & Psychologie & Danse &... (1)
Des exemples infinis indiqueraient que c’est la seule façon sérieuse d’organiser la Recherche
& le Développement en tout domaine et à tout niveau, ou d’étudier, par exemple, une
société différente de la nôtre.
Une civilisation vraiment différente est un Miroir Magique dans lequel découvrir, enfin, la
nôtre.
49
Deux petites erreurs
Nous avons uni Être & Connaissance. Encore une fois, nous devons affronter la question
ontologique & épistémologique, qui porte à des changements onto-épistémologiques. Oui, ça sonne
très mal, mais le terme peut être utile en certaines occasions. Dans une conférence par
exemple, on pourrait signaler que Mnajdra offre le témoignage physique d’une
fondamentale différence onto-épistémologique entre… qui ? Leur civilisation et la nôtre ? Sur
la Grande Spirale du Jeu de l’Oie du Temps, les civilisations ne sont pas enfermées dans
des cases. Nous sommes unis à Mnajdra, bien qu’Elle ne soit pas unie à nous. Nous
avons maintenu une partie de Son Être & Connaissance, et nous l’avons unie avec d’autres
Être & Connaissance qui se sont développés au cours des siècles. Aujourd’hui, nous
sommes Eux & Nous.
Nous sommes différents de Mnajdra en un aspect fondamental : nous pensons que
causes & effets ne sont pas Un en un Temps Circulaire, mais séparés en causes qui
génèrent des effets dans les cases du jeu de l’oie. Nous vivons le long de cette spirale de
Temps linéaire, sautant de case en case. Nous sommes & connaissons ce non-système
linéaire seulement. Dans notre Jeu de l’Oie, la Spirale de Cases Fermées forme un
labyrinthe angoissant… ou du moins nous le pensons. Ce labyrinthe existe parce que nous le
pensons en paroles. Ce labyrinthe est le fruit des paroles que nous pensons. C’est de la
Magie Noire.
Nous sommes coincés sur ce non-système linéaire quand nous perdons le contact avec
notre intériorité. Cette division s’opère en général dans la vie professionnelle, quand
nous nous occupons d’objets extérieurs à nous-mêmes. Cela nous arrive moins dans la
vie privée, à la maison où la Vie est très différente, encore reliée en quelque sorte à
Mnajdra. Retrouver le chemin de la Maison est un autre voyage typique de cette
civilisation Patriarcale. La Femme au Foyer Eternel reviendra un jour, comme Diotima
La Maîtresse. Nous avons un besoin urgent de Sa forma mentis, pour résoudre des
problèmes complexes. (1)
53
Dans certains contextes, comme un temple ou un être humain, il n’y a pas de causes qui
génèrent des effets sur la ligne du temps. En ces lieux hors du temps, c’est une autre
illusion qui règne, avec ses règles, ses avantages et ses limites.
Mnajdra représente un phénomène relativement simple, mais il est difficile à exprimer
dans notre langage linéaire. Il est généralement raconté en d’autres langages.
L’étymologie de poésie nous le rappelle : la poésie Raconte & Crée, quand elle est bonne.
La musique est magique, quand elle est bonne. Quand la musique est sincère, la danse ne
ment pas. Mais quand les musiciens se prennent pour des Dieux, la musique perd le
contact avec la Terre ; elle n’est plus que Céleste. Aujourd’hui, les musiciens ont oublié
que les suites de Bach étaient des danses ; un Maître conduisait La Danse : Allemande !
Courante ! Sarabande !... Dans les temples modernes, le peuple écoute assis, ou à genoux.
Debout, s’il se lève, il se retient de bâiller.
Malgré nos jambes paralysées et nos oreilles sales, essayons d’Écouter & Danser la
Poésie & Musique de Mnajdra.
En été, la Semence existe en tant que telle quand la Soleil La touche & la Soleil existe en
tant que telle quand la Semence La touche. Soleil est tout aussi féminin que Semence,
puisqu’Elle ne fait qu’Une avec La Femme. La Vie de la Semence touche le Soleil & la Vie de
la Soleil touche la Semence.
En hiver, la soleil stérile touche la pierre stérile & la pierre stérile touche la soleil stérile.
Un seul phénomène global – Fertilité & non-fertilité – répète son Être dans un temple, un
cirque, un cercle, un anneau que nous appelons un an solaire. Un autre phénomène unique
– Fertilité & non- fertilité – répète son Être sur un rond ovale comme un œuf que nous
appelons un mois lunaire. Elle & Temple le sait mieux que nous parce qu’Elle n’utilise pas
des mots pour sa Magie, mais la Musique de Son propre Temple intime.
- Mais qu’est-ce que vous dites ?! Temple, Cirque, Cercle, Anneau, Rond, Oval, Œuf,
Tambourin, sont des mots masculins !
- Maintenant que vous m’y faites penser...
- Un temple grec est rectangulaire, et même un ‘ring’ de boxe - un ‘anneau’ en anglais - est carré !
- C’est vrai. Dieu sait comment cela a pu se faire.
- Peut-être que les temples circulaires sont devenus des rectangles quand les murs de pierres carrées
ont commencé à substituer les Murs-Fleur ?
- Bravo ! Je n’y aurais jamais pensé. Vous êtes doué à ce jeu. Pas mal, pour un garçon.
Dans un Temple de la Fertilité où une Table de Pierre chante les Semences, la Pierre
Lisse susurre le poème éternel, le dessin archétypal, la musique silencieuse de la vie
immobile. Notre idée, notre illusion de la mort est une autre histoire, une fable bien
différente. L’Art est Magie Vitale.
- Élémentaire, mon cher Watson. Tout était écrit sur les Deux Tables de la Loi de Mnajdra.
Avez-vous remarqué que d’autres religions ont gardé l’habitude d’écrire La Loi sur des tables de
pierre ? Vous êtes allé au Temple de l’École Élémentaire, donc vous devriez vous en souvenir.
La Loi Magique était écrite en frottant une petite pierre blanche sur La Grande Table de Pierre
Noire: le tableau. Et pour répéter la Magie, vous aviez une petite Table de la Loi, votre ardoise,
et une craie. Maintenant, La Loi Magique apparait sur La Tablette ; elle est en plastique
malheureusement, pas en chocolat.
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Tentons une formulation plus générale. Elle pourrait être utile dans des cas semblables,
et en d’autres contextes.
À propos d’une fonction rationnelle supposée, il a été dit que Mnajdra indique le bon
moment pour les semailles. Ce temple serait une horloge à coucou maltais ? Encore une
fois, nous ne pouvons accepter cette formulation. L’approche rationnelle n’offre qu’une
partie de l’histoire, et une partie n’a rien à voir avec le Tout.
Cependant, comme disait Montaigne « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien
pleine. » Ce qui fait que la forme de la tête compte… ♫ but that’s not the shape of my heart. Ce
n’est pas la forme de mon cœur.
Certaines paroles et certaines musiques sont très significatives, mais paroles & musique –
certains disent chanson – peut signifier plus qu’un traité de philosophie, et apporter le
confort d’une religion perdue. La phrase musicale citée est tirée d’une de ces chansons.
Mais la magie ne fonctionne pas à chaque fois, pour chaque personne. Le tango se danse
à deux... Quand elle fonctionne, ‘Je’ deviens ‘Une’ Chanson & Moi. Pure Magie.
Un moineau le chantait à Paris: ♫ Padam Padam... En argot, moineau se dit piaf. Ce
moineau s’appelait Édith Piaf. Elle enseignait Ontologie à la Sorbonne.
Certains traînent leur Être au long d’une Ligne gluante. D’autres dansent librement sur
un Anneau. Ceux qui voltigent sur une Toile ne doivent pas être appelés artistes, terme
utilisé par trop d’hivers sarcastiques pour nier le Printemps. Des Êtres Mystérieux ont la
forme d’un tissu léger, parfumé, magique... Par millions, ils sont envoyés en un lieu plein
de Monstres et de Déesses. Ils disparaissent, engloutis dans nos écoles.
Quelqu’un parvient à ressusciter en un printemps tardif, réveillé par une des Passantes de
Brassens & Pol. Quand il se souvient de cette vision fugace, il l’appelle son Ange.
Parfois, on représente un système comme une toile d’araignée ou un filet de pêcheur. On
dirait que ses éléments (mais il est absurde de parler des éléments d’un système !)
interagissent & se modifient réciproquement, constamment. Si l’on y pense, cela donne
mal à la tête. Il ne faut pas y penser.
Choisissez une forme d’art qui vous plaise — danse, musique, tricot, poésie, cuisine,
peinture, poterie, mathématiques… — et laissez-vous emporter. Dormez. Quand vous
vous réveillerez, vous saurez & serez quelqu’un d’autre. Vous serez en pleine forme.
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Certains mots, certains morceaux de musique, de philosophie, de religion, furent
découpés sur un Corps Vivant pour que les perroquets les gobent et engraissent au point
de ne plus avoir envie de voler.
Quand l’Art est Entier, l’Art est Vie, l’Art est Magie.
L’Art peut nous changer en mieux, si nous ne changeons pas l’Art en pire.
La compréhension authentique peut être instantanée ou prendre du temps, mais c’est toujours
une métamorphose.
Comme toute métamorphose, la compréhension authentique apporte douleur & béatitude.
Nous sommes ce que nous savons & ressentons pour nous-mêmes & pour les autres.
Nous prenons la forme de notre connaissance & cœur.
Nous pouvons changer, en mieux.
Changer en mieux est plus facile si nous ne savons pas. Et quand nous pensons savoir,
nous devons faire un effort pour oublier & prétendre que nous ne savons pas.
L’ignorance est une conquête précieuse.
L’ignorance est la Semence Magique du nouveau Savoir & Être.
Ne sachant pas, nous pouvons nous réveiller chaque matin avec des organes tout neufs :
yeux & mains & ventre & …
Ne rien avoir su de Mnajdra et presque rien de la Grèce et de Delphes a constitué une
aide phénoménale pour l’auteur de ces notes de voyage. Cependant, il avait un
avantage injuste sur l’Académie : depuis longtemps, il s’était débarrassé des
contraintes de la scolarité & avait redécouvert la forma mentis de la Femme au Foyer
Éternel : La Ménagère. (1)
Étant donné que ce texte est supposé mettre tout lecteur en condition de savoir, les
propositions précédentes pourraient sembler énigmatiques pour un lecteur en particulier.
Ce lecteur est sur la bonne voie. Il trouvera grand réconfort en lisant les Essais de
Michel de Montaigne, le Socrate de la Renaissance. Sa devise était : « Que sais-je ? ».
Montaigne était Gascon ; nous sommes donc sûr que Michel prononçait sa devise en
ajoutant un point d’exclamation, et un juron bien senti.
Quoi qu’il en soit, les énigmes sont excellentes pour la santé. Elles nous aident à
comprendre que nous n’avons pas la forme d’un interrupteur électrique : allumé/éteint,
oui/non, bon/méchant, etc.
Nous avons de nombreuses positions, entre autres Allumé & Éteint, Oui & Non, Bon &
Méchant, etc.
Nous pouvons changer. Souvent, nous changeons ; parfois nous ne changeons pas,
comme tout enfant qui va à l’École du Temple, comme tout être humain dans Le Grand
Temple, depuis le début des Temps & Temples.
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Autres Temples, même Temps Circulaire.
Cercle à tombes A. Cercle à tombes B. Tombeau de Clytemnestre. (Mycènes)
Nous préférons les appeler monuments. Dans les trois cas, nous avons un couloir, qui mène
à une porte, par laquelle on accède à une aire circulaire, recouverte d’un dôme. Nous avons
remarqué ces mêmes caractéristiques dans des temples construits 20 siècles avant, ou plus.
À Mycènes, ils sont appelés cercle à tombes ou tombeau parce qu’on y a retrouvé des
sépultures. Cela semble logique, bien que nous n’aimerions pas entendre un visiteur
appeler tombeaux nos cathédrales gothiques parce qu’il y trouve des douzaines de
sépultures. Se pourrait-il que des Visiteurs de l’Âge du Bronze aient colonisé la Grèce
puis construit des cathédrales pour en faire leurs cimetières ? Il est plus probable que des
visiteurs moins civilisés colonisèrent Mycènes, assez récemment, et furent aveuglés par
les reflets de l’or qu’ils trouvèrent dans une tombe. Ils ne s’en sont pas encore remis.
– Mais pourquoi enterrer une personne importante dans une cathédrale ?
– C’est écrit dans le Temple de Mnajdra. Si vous ne savez pas lire le langage des Semences, essayez
l’Épître aux Romains, de Saint Paul. Elle inspira le poème de Dylan Thomas : « And Death shall have
no dominion », « Et la Mort ne régnera plus », sans doute parce que cette lettre évoque une métamorphose,
un changement dans la façon de penser : ‘metanoia’, dans le grec de Paul.
Cavité et pierre ronde. Pour certains, c’est le sépulcre du Christ.
Nous cherchions une explication à l’incroyable erreur de
l’archéologie académique qui appelle un temple « cercle à tombe » ; nous
l’avons trouvée dans cet exemple d’archéologie religieuse. Ici, une foi
boiteuse offre sa béquille à certains textes religieux ; vice-versa, ailleurs,
certains textes académiques plient l’évidence à leur foi inébranlable.
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absolu : l’origine de la Vie. Nous nous étonnons de ce que les antiques romains
cherchaient des informations sur leur vie, sur leur destin, dans des viscères d’animaux.
Cependant, nous envoyons nos vœux ; nous souhaitons qu’une entreprise difficile, ou
une naissance, advienne sous de bons auspices : ce sont les signes que l’Haruspice lisait
dans les entrailles d’une poule. Haru / spice, du latin spex, qui devient spec dans spectacle.
Et Haru ? Quel spectacle, les haru !, c'est-à-dire les veines et les boyaux. Nous avons deux
labyrinthes dans notre corps. Mais un seul nous fascine depuis toujours. Au point que les
peuples qui formaient la Civilisation de la Femme – c’est ce que voit l’auteur dans sa
rêverie – gravaient partout le Labyrinthe de Boyaux ; ils l’avaient toujours à l’esprit parce
que... parce qu’ils n’achetaient jamais leurs poulets au supermarché.
Puis la signification originale du vrai labyrinthe fut oubliée. Les signes restèrent,
transformés par le vent qui change les sociétés. Les douces rotondités devinrent des angles
droits : l’esprit humain toujours métaphorise, dit Plotin. Une fois oublié le dédale de boyaux, le
labyrinthe devint une métaphore matérielle, solide comme le sable mouvant. Les Sages
découvrirent sa signification : comme la Beauté, elle est dans les yeux de celui qui regarde.
Pour l’humanité commune, l’élégance géométrique du labyrinthe évoqua d’obscurs
indicibles, évitant la peine de les expliciter. Seules les émotions restèrent immuables : une
vague angoisse, et une attraction.
Aujourd’hui, de rares connaisseurs savent que cet amas de viscères animales est une
délice culinaire, mais avant de manger les boyaux préparés selon des recettes archaïques,
il faut démêler l’écheveau. Nos ancêtres suivaient le fil d’Ariane qui va d’un point connu,
la porte, à un centre inconnu associé au Mystère par excellence : la Vie.
La Vie commence ici, dans ces entrailles, c’est évident. On le comprend à cause des
jaunes d’œuf en formation ; on le sait par expérience quotidienne : la poule a pondu un
œuf complet ; un enfant est né.
- Il y a-t-il un autre rapport entre un nouveau-né et un labyrinthe ?
- Oui, et après l’avoir découvert, le rapport entre le Labyrinthe et Notre-Dame Déesse deviendra
évident.
1. Labyrinthe et Nouveau-né
L’archéologie romantique préscientifique a appelé bassin lustral un vase ou un bassin dans
un édifice archaïque lié à des rites de purification par l’eau (d’où le terme lustral.) On parla
aussi de rites d’initiation féminine. Des rites semblables se seraient déjà déroulés dans les
cavernes paléolithiques, dans une simple cavité dans le sol rocheux avec l’eau d’une
source qui formait aussi un miroir. Plus récemment, on a remarqué que l’escalier qui
descend dans le bassin lustral esquisse une spirale, ou méandre, comme s’il s’agissait d’une
reproduction architecturale de la grotte du culte. Dans les églises chrétiennes, il y a
toujours des fonts baptismaux et des bénitiers.
- Mais un bénitier n’a rien à voir avec un labyrinthe !
- Tout deux sont dans la même église ; nous verrons leur rapport dans un instant. L’important,
comme disait Thésée, c’est de ne pas perdre le fil.
Un linguiste qui pourrait être sous-estimé, le Prof. Francesco Aspesi, a découvert que
dans différentes langues archaïques de la Méditerranée orientale, le soi-disant bassin
lustral et le labyrinthe se confondaient en une sorte de “nom & archétype” appelé
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« archéonyme ». Il y a d’autres exemples dans lesquels un archéonyme indiquait des
objets sans aucun rapport pour nous. Quel est le rapport entre les images évoquées par
les mots labyrinthe, bassin lustral, fonts baptismaux ?
Quel est le rapport entre les images évoquées par arbre et barre de fer ?
Dans 10.000 ans, dans un musée, une barre de fer rouillée et le graffiti d’un pin sylvestre
– plante frappée d’extinction pour une raison inconnue – seront décrits par la même
étiquette : Arbre (archéonyme). Nos descendants comprendront grâce aux experts d’une
vieille école de linguistes : les aspesiens. Ils expliqueront le rapport entre l’arbre des
forêts (disparues) et l’arbre moteur des voitures (aussi disparues, mais plus tard).
Selon Aspesi, l’archéonyme de labyrinthe et bassin lustral se retrouve dans deux groupes
linguistiques très différents : les langues indo-européennes (grec, linéaire B, etc.) et les
langues sémitiques (hébreu, arabe, etc.). Le fait qu’un même mot religieux se trouve en
deux familles de langues démontre la préexistence d’une source linguistique et religieuse
commune. Elle jaillit du Néolithique, dans une région où se mélangèrent les mondes
hellénique et sémitique : l’Égée et la terre de Canaan. Pendant ses fouilles de ce qu’il
appelle « substrat égéo-cananéen », Aspesi dépoussière des fossiles, des archéonymes : les
pauvres restes d’une religion néolithique. Elle fut la source de certains mots et rites des
religions successives dans la même région. (Réf. D)
Ceux qui cherchent dans le passé des justifications aux divisions d’aujourd’hui seront
déçus ; tant pis. Nous ne nous occupons que de labyrinthes, à propos de nouveau-nés.
- D’accord, mais quel est le rapport entre le labyrinthe, l’eau, et un bébé ?
- L’eau sert à laver le bébé sorti du labyrinthe, et sa maman.
Aussi sale que l’œuf après son voyage dans le labyrinthe de boyaux, le nouveau-né
apparaît couvert de sang et d’excréments maternels. La vida empieza en lágrimas y caca : la
vie commence dans les larmes et le caca. C’est le premier vers d’un poème écrit par
l’immense Quevedo en ce Siècle d’Or qui recouvrait de préciosités spirituelles baroques
le misérable corps humain.
Pour Dieu sait quelle raison, l’eau est considérée un élément féminin. L’eau était utilisée
dans les rites de purification. Un geste quotidien assuma une valeur absolue quand il fut
associé au thème sacré par excellence : la Vie, la Naissance, et donc la Renaissance, un
cycle qui ne laisse aucune place à la mort. Plus tard, l’Éternité sera promise aux “purs”.
- Mais pourquoi cacher une réalité si naturelle sous tant de symboles ?
- La Nouvelle Vague était arrivée ; elle submergea le passé : la mauvaise saison commença.
Pendant l’ère paléolithique, chaque naissance était une démonstration indiscutable de la
centralité de la Femme, Source de la Vie. Les femmes n’avaient donc rien à démontrer ;
le féminisme n’existait pas ; les hommes étaient des membres respectés de la ruche-tribu.
Il y avait bien sûr des formes d’antagonisme interindividuel, mais on n’a jamais trouvé de
trace d’un conflit entre groupes jusqu’à la fin du Néolithique. Entre les humains comme
entre les animaux d’une même espèce, la guerre n’existait pas. La Vie était-elle vraiment
Sacrée ? Nous étions des mammifères pacifiques, mais capables de chasser en groupe et
de nous protéger de prédateurs féroces : les lions, les ours... Quand sommes-nous
devenus des prédateurs féroces pour notre propre espèce ? Quand notre propre Vie a-t-
elle cessé d’être vraiment Sacrée ?
En Méditerranée orientale où la Civilisation de la Femme fleurissait depuis le début des
temps et venait d’inventer l’agriculture, de nouvelles tribus arrivèrent. C’était des
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nomades, des éleveurs, des bons bergers : ils égorgeaient leurs brebis avec un poignard
de bronze. Avec le temps, le bon pasteur réussi à imposer ses bonnes mœurs. Ayant
fermé le temple de la Déesse, il enferma les Prêtresses de l’Amour dans sa nouvelle
bergerie : le bordel patriarcal.
Le Vainqueur mis fin à la ‘préhistoire’. D’un ton solennel, il fonda l’Histoire, en
devenant Source de Mort & Maquereau & Esclavagiste de Sa propre espèce.
Mais on ne pouvait pas le dire. La poussière magique de la Vie fut cachée sous un riche
tapis de symboles, de métaphores, de religions à mystères. ♫Avec le temps va, tout s’en va, et
les courbes moelleuses du premier labyrinthe devinrent des lignes dures, arides : les
angles droits du deuxième type de labyrinthe et des nouveaux temples.
On ne peut toujours pas le dire : chaque soir, la TV cache la Source de Vie sous des
serviettes hygiéniques de plus en plus minces, opaques, invisibles.
- Que peut-on y faire ?
- Rien. Mais nous devons être optimistes ; la bonne saison de la Vie reviendra, tôt ou tard.
En attendant, suivant l’exemple des bonnes ménagères qui ne gaspillent rien, nous devons
juste écouler nos stocks de bombes.
2. Labyrinthe et Femme
Bassin lustral et Labyrinthe sont superposés dans le même archéonyme, mais c’est l’eau qui
est lustrale. Dans ce contexte, nous pouvons considérer que le Bassin représente le Ventre
de la Mère qui contient un labyrinthe, et de l’eau appelée liquide amniotique. On parle
sans y penser des os du bassin. Les plus instruits disent pelvis ? Oui, comme les Latins :
eux aussi disaient pelvis, pour dire bassin.
L’Eau réunit ce que la révolution patriarcale a séparé : Bassin lustral, Labyrinthe, et Femme.
Notre vision est confirmée par d’autres données linguistiques. De son substrat égéo-
cananéen, Aspesi fait émerger d’autres superpositions d’images utiles à notre enquête.
Labyrinthe et palais se confondent dans le même archéonyme ; on a donc pensé que le
palais était le Labyrinthe de Dédale. Aspesi pense au contraire que les constructions de
Cnossos prirent le nom de leur contenu le plus important du point de vue religieux : le
bassin lustral - labyrinthe. Un phénomène similaire, dans lequel le nom d’une partie indique
le tout, se retrouve dans le mot Chancellerie qui vient du Latin pour dire cancer et crabe. Une
Chancellerie n’est pas un palais cancérigène plein de crabes, bien qu’on aurait des raisons
de le penser. C’était un tribunal romain dont les fenêtres était barrées de grilles en forme
de crabe. Un crabe en fer forgé donna son nom à un tribunal. De façon similaire,
l’archéonyme qui recouvre bassin lustral (et labyrinthe) inclut le palais qui le contenait.
Reste à préciser la réalité originelle unique de ce que nous indiquons en deux termes :
labyrinthe et bassin lustral. Nous le ferons grâce à d’autres superpositions d’images.
Selon Aspesi, nymphe, divinité féminine, et labyrinthe, bien que n’étant pas liés au même
archéonyme, sont unis par une forte relation dans ce contexte.
Labyrinthe et danse par contre se retrouvent dans le même archéonyme ; cela ne surprend pas
si on se rappelle les spirales labyrinthiques sur le « vase nostalgique, antique » : c’était des
farandoles de printemps, dansées autour de la Déesse en forme de 8.
Toujours selon Aspesi, cet archéonyme établit aussi une certaine relation entre labyrinthe et abeille.
À Mnajdra, nous découvrons que cette relation est la notion de “femme” : les dentelles de
pierre du temple en forme de 8 ressemblent aux alvéoles construites par un insecte en forme
de 8, qui vit en une société non-patriarcale. (Mais nous n’avons pas dit “matriarcale”.)
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Nous voici enfin au cœur de la question grâce à la science linguistique de Aspesi. (D)
Le labyrinthe, le bassin lustral, et le palais-temple qui les contenait, et la caverne qui
contenait le bassin lustral primordial, étaient autant d’évocations de l’Absolu.
Pouvons-nous l’appeler Déesse ?
Cet Absolu devint l’Indicible quand prédomina un nouvel Absolu : Dieu.
Les symboles transparents de “Déesse” devinrent d’obscures métaphores de l’Indicible,
puis furent déclassées en des objets matériels quotidiens : un bijou en forme de double
spirale ou de labyrinthe ; une écuelle de marbre pleine d’eau bénite, à la porte d’une église.
Ces images superposées : labyrinthe / bassin lustral / fonts baptismaux / bénitier, nous
semblent si révélatrices que nous nous arrêtons un instant sur le dernier objet, le bénitier,
parce qu’il a souvent la forme d’un coquillage. Un chrétien le reconnaît comme symbole
du pèlerinage à Compostelle. Regardons derrière cet horizon.
« Coquillage avec trois divinités féminines »
Cet objet gallo-romain reprend un thème commun
aux celtes et à d’autres peuples.
Trois femmes tiennent trois cornes d’abondance. La
première à gauche pointe vers le haut comme une
torche; la seconde verse son contenu. La troisième,
desséchée, ressemble à un gourdin et pourrait être
l’origine du bâton des cartes à jouer, parfois dessiné
comme une inexistante branche d’arbre enflée. Ce
bâton est-il une massue ? C’est surtout le signe d’une
Autorité que l’on doit transmettre, comme le Sceptre
en politique et le témoin dans la course de relais.
La Corne d’Abondance n’est pas celle d’un ruminant ;
c’est ce coquillage, appelé comme la divinité marine :
Triton. Avec le Trident, ce Triton est l’autre symbole
d’un Dieu transgenre, Poséidon. Comme le labyrinthe
de l’oreille interne, le boyau du coquillage-Corne
d’Abondance s’élargit et s’ouvre en deux grandes
lèvres qui versent un flux de fleurs et de fruits.
Si le lecteur comprend le double sens, il pensera que l’auteur est un obsédé. L’auteur le
confirme : son obsession est de dévoiler notre identité passée pour comprendre ce que
nous sommes devenus, dans l’intention puérile d’améliorer notre condition actuelle. En
cet effort, il est aidé par un géant de la linguistique, Giacomo Devoto, expert
d’étymologie. Dans sa bible, nous trouvons l’origine du mot porcelaine, que nous utilisons
pour définir la délicate céramique translucide de la tasse de thé sur la table de la Reine
Victoria. Du texte italien de Devoto, nous traduisons que porcelaine (kaolin), dérive du
féminin de porcelet, par une analogie entre l’ouverture du mollusque gastéropode et les
parties génitales d’une jeune truie. (E)
Il faut dire que la comparaison de ce coquillage avec l’anatomie de cet animal fut établie bien
avant l’arrivée d’Extrême-Orient d’une céramique merveilleuse. Elle prit un nom qui ne
faisait plus sourire. Pendant l’ère prévictorienne, l’analogie entre les objets que nous
examinons ici fut renforcées par la poésie symbolique & les perceptions sensibles: le parfum
de la mer et un goût salé. Nous retrouverons la coquille à la “porte” du labyrinthe, dans la
basilique de Saint-Vitale à Ravenne.
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Enfin, de nombreux coquillages sont des modèles évidents de la
spirale du labyrinthe et des autres rencontrées à chaque pas.
La coquille et la corne d’abondance sont deux symboles
équivalents de la Femme.
La sculpture du coquillage avec trois divinités féminines
représentait L’Unité de la Femme en Ses Trois Saisons : jeunesse -
Beauté / âge ‘mûr’ - Fécondité / vieillesse - Sagesse, symbolisées par
les trois versions de la Corne d’Abondance. Elles deviendront Aphrodite, Héra et
Athéna quand Zeus divisera la Femme en trois pour dominer. Cette révolution sociologique
est racontée par un des mythes fondateurs du patriarcat, La Pomme de la Discorde,
comme nous l’avait expliqué Albert Gianna au début de ce voyage. (B)
Zeus, encore Lui, avait séduit la nymphe Callisto, Très Belle en grec. Callisto avait déjà un
patron dans la hiérarchie patriarcale : Artémis, une Déesse lesbienne qui devait être très
jalouse ou très peu féministe. Quand Artémis s’aperçut que Calliste était enceinte, elle se
fâcha tout rouge et la transforma en ourse. Puis, comme d’habitude, une affaire terrestre
fut transférée à l’étage du dessus : Callisto devint La Grande Ourse. Si on s’intéresse à
peine aux cavernes paléolithiques comme la grotte Chauvet, on remarque une curieuse
cohabitation entre les humains et les ours. Callisto Grande Ourse fait penser à la grand-
mère, la Grande Mère du Paléolithique, mémé. Aujourd’hui, on parle de troisième âge et
on évite de parler de ménopause. Au contraire, dans notre vision paléolithique, nous
souhaitons bonne fête à Mémé Ourse. Elle avait été Callisto La Belle ; devenue La
Fertile, elle avait engendré presque chaque année. Quand Femme et Ourse cessèrent
d’être fertiles, elles n’entrèrent pas seulement dans le troisième âge, mais aussi dans l’Âge
de la Troisième Corne d’Abondance : La Sagesse. Bon Nouvel Âge Grand-Mère !
Bien plus tard, Gros Pipeau changea la musique ; notant que Mère-grand connaissait les
plantes médicinales, il l’appela Sorcière et la brûla sur un bûcher. Sigh
La sculpture des trois divinités féminines, que nous voulons maintenant appeler Les Trois
Cornes d’Abondance de la Femme, a été trouvée à Lyon. Dans le centre historique, à St Jean,
il y a encore une rue des Trois Maries. Parlons donc de Marie et des Trois Sœurs.
Le joli mois de mai est le mois des fleurs et des jeunes filles en fleur. C’est le mois de la
Vierge Marie. L’Église catholique fut malmenée pendant la Révolution Française. Au 19e
siècle, cette religion patriarcale ne confia pas sa renaissance à de nouveaux Héros mais
aux vierges et aux pucelles. La plus célèbre, une bergère, ne s’appelait pas Jeanne d’Arc
mais Bernadette de Lourdes. À la même époque, Marie la Vierge devint l’Immaculée.
Aujourd’hui, les écologistes devraient demander la protection de la Déesse de la Nature :
Elle est Vierge & Fertile. De jolies médailles bio sont déjà disponibles.
En mai, les ‘gitans’ de toute l’Europe partent en pèlerinage. Le 24 mai, Fête de Marie
Auxiliatrice, ils arrivent aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Ces saintes de la mer sont les
Trois Maries qui, dans les Évangiles, trouvèrent vide le tombeau du Christ le matin de
Pâques, Fête de la Résurrection : une re-Naissance. Selon la légende populaire, les Trois
Maries furent persécutées par les Romains ; fuyant de la Palestine, elles traversèrent la
Méditerranée sur un radeau jusqu’à cette côte aujourd’hui française.
« L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie », aurait pu dire Karl Marx. Le point culminant du
pèlerinage aux Saintes Maries est la bénédiction de la mer, et le baptême des nouveau-nés.
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En d’autres termes, un Être bicéphale, “Mère & Enfant”, a un rôle central dans un
pèlerinage de la foi chrétienne qui en théorie concerne le Christ. Pouvons-nous ajouter
qu’en cette expression de christianisme populaire, les Trois Maries forment La Déesse ?
Fluctuante en Sa propre Unicité & Trinité, Marie résiste à la misogynie et au féminicide.
Quand les seigneurs, les patrons, les Romains, soumettent une esclave aux pires tortures
publiques, comme dans le cas de Blandine de Lyon, pour le peuple elle devient la sainte
patronne des servantes. Quand les violences sont commises en privé sur une demoiselle,
comme dans le cas d’Agathe de Catane, le peuple la vénère – de Vénus – comme sainte
patronne des victimes de viol. Sainte Agathe est aussi la patronne de Malte, où elle aurait
témoigné de sa foi dans une caverne, comme la Déesse paléolithique de l’île.
Modèle de résilience, vulnérable & invincible, Marie est protégée par la ferveur des
vaincus qui réussissent en cela à s’imposer aux vainqueurs.
Vénus est étendue sur son coquillage préféré,
dans son temple de Pompéi. L’angelot de
gauche chevauche Le Dauphin. À Delphes,
nous avions évoqué l’étymologie commune
de dauphin et Delphes : matrice, utérus. La plus
célèbre variation sur ce thème est La
Naissance de Vénus de Botticelli. Nous
retrouvons partout ce même coquillage, en
particulier dans les fontaines et dans l’iconographie chrétienne. Parfois Saint Jean Baptiste
l’utilise pour verser l’eau du Jourdain sur la tête de Jésus. Pour l’austère prêcheur du désert,
le creux de la main ne suffit pas.
Avertissement. Contre les interprétations psychanalytiques sans fondement, Freud avait
dit que presque toujours, un cigare est seulement un cigare. Indirectement, il confirmait
que dans certains contextes, et dans ces contextes seulement, une bouche n’est pas
seulement une bouche, et un coquillage n’est pas seulement l’exosquelette d’un
mollusque. Nous cherchons la signification d’objets archaïques, loin de la pruderie
victorienne qui couvrait de pantalons les jambes des tables, loin de la Renaissance qui
célébra à nouveau la virilité d’Adam mais ne libera pas Ève de sa feuille de vigne. Nous
devons donc signaler qu’en espagnol, coquillage se dit concha. Vulgairement, concha indique
le sexe féminin (la première syllabe suffit en français) à cause des coquillages symétriques
bivalve qui peuvent faire penser à la vulve, sans compter que vulva en latin signifie matrice.
En outre, la forme triangulaire de la coquille St Jacques peut faire penser au pubis
féminin. En espagnol, ce coquillage est appelé vieira, parole galicienne qui dérive de
Vénus. En Argentine, concha est une exclamation si courante qu’elle a perdu sa
signification anatomique, comme c’est le cas d’autres paroles semblables dans toutes les
langues. C’est pourquoi nous espérons ne pas sembler blasphème à propos du geste
chrétien lié au bénitier. Une goutte d’Eau Sacrée est recueillie d’un objet qui évoque la
Source Sacrée de la Vie et sa lointaine origine. À Malte, 6.000 ans avant que la reine
Victoria n’impose sa loi sur l’île, la Déesse en forme de 8 était représentée avec la main
droite sur le point en question. Ce geste illumine deux images superposées dans le même
archéonyme : le bassin lustral et le labyrinthe.
Ce geste indique la source à laquelle on doit retourner pour la reproduction, comme font les
saumons, des années après en être sorti. Nous l’avons écrit : Celui qui sort du labyrinthe n’est plus
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celui qui y est entré : cette promesse ésotérique est facile à comprendre, si on reconnaît la Porte. Mais
Hermès, l’hermétique plaisantin, n’a jamais dit que c’est la même Porte.
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La “préhistoire” est encore bien vivante en de nombreuses parties du monde, et dans le
quartier, et au plus profond de nous-mêmes. Réaliser un objet quelconque était aussi un
rite de réalisation de soi. Aujourd’hui encore, nous nous réalisons par des rites magiques
dont nous n’avons pas conscience. Nous pourrions parler d’autopoièse, comme d’autres le
font. Cela ne signifie que auto création, mais puisqu’il s’agit de créer le Soi & le Monde, un
peu de gréco-latin est le bienvenu. Comme d’habitude, le gréco-latin permet aux
membres de la corporation de se comprendre, et d’exclure tous les autres. (7)
Un rite mensuel de fertilité féminine que nous pourrions appeler « Faire Le Vase » était
pratiqué dans certaines tribus du Brésil. Il a été décrit en partie par Claude Lévi-Strauss,
d’un point de vue différent du nôtre.
Une église catholique ? C’est La Géante de Baudelaire & Juliette !
L’architecture
est une magie...
mais elle n’est pas
mystérieuse
si on la regarde
en rêve.
Les églises ont des architectures diverses. Considérons une église dans laquelle deux
tours puissantes encadrent une façade plus basse ; en son centre, la porte principale. Elle
ne s’ouvre que pour les rites principaux de la Vie : Baptême, Mariage, Funérailles. L’église
est si grande qu’elle contient l’entière communauté en son ventre. Elle culmine en un
dôme sur trois chambres qui ressemblent de façon impressionnante au premier temple
de Mnajdra, donc... Mais non, ce n’est que la vision d’un voyageur. Les trois chambres
sont disposées en croix pour une raison évidente : il s’agit d’un temple chrétien. Bien sûr,
mais... si nous nous laissions emporter par une rêverie, nous pourrions voir au travers du
brouillard des millénaires.
Une Jeune Femme prospère, une Géante, est couchée sur le dos, nue. Ses Jambes
énormes sont repliées ; les Genoux pointent vers le Haut. Les Bras aussi sont repliés,
Mains sous la Tête Ronde. Fermement enracinées sur la Terre, Elle regarde le Ciel.
Perdue dans sa rêverie, elle mâchouille la tige d’une fleur... Une marguerite ? Mais sa
position est aussi celle d’une femme en train d’accoucher.
Elle est ouverte – grande ouverte – au Soleil Levant, aux Équinoxes et aux Solstices du
Soleil, ouverte envers Elle-même : Elle est le Soleil. Elle n’est pas désorientée mais
orientée dans le vrai sens du terme. Certains disent que les cathédrales sont orientées, que
c’est drôle ! La plupart tournent le dos au Soleil Levant et s’ouvrent vers l’ouest, au Soleil
Mourant. Ils disent que les cathédrales tournent la Tête vers le Soleil Levant ? Ils sont
aveugles, en conséquence de leur manipulation stérile des faits de la Vie. C’est le résultat
d’un mensonge répété pendant 4.000 ans.
Pour de nombreux chrétiens de ces derniers siècles, l’Église, en tant qu’institution, est la
Mère. Le Père La survole : Le Pasteur La protège & menace du Ciel.
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La prière est-elle une tentative de ré-Union ? Il semble que oui. En effet, les fidèles
essayent de se ré-Unir à la Divinité. Ils prient pour éliminer la Dia-bolique Di-vision.
Depuis que la Divinité a été Dia-boliquemt Di-visée, ils essayent de la ré-Unir : ils prient
en levant les bras au Ciel avec les genoux à Terre. Ils ne le savent pas ? Non, mais ils le
font depuis des millénaires, comme on respire : sans s’en rendre compte. S’il n’en était pas
ainsi, pour se ré-Unir avec le seul Dieu du Ciel, les monothéistes prieraient en sautant.
- Mais s’agenouiller, se plier, tendre vers la terre, sont des signes de soumission !
Oui, c’est vrai, c’est vraiment vrai. Les Pasteurs du Patriarcat ont calqué certains de leurs
gestes symboliques sur le comportement social des animaux. Depuis, dessus est mieux
que dessous.
Avant le monothéisme Patriarcal, il n’y avait pas de fidèle à ré-Unir, bien au contraire. Le
temple fut créé à l'image et à la ressemblance de la femme parce que La Femme était Le
Temple, le Lieu où ciel et terre s’Unissent en mariage: Ciel & Terre. De tels fidèles
existent encore.
Pour les Quechuas, Pachamama n’est pas la Terre-Mère comme disent les ethnologues
chrétiens. Pachamama est Terre & Ciel, comme la Déesse de Mnajdra.
Après cinq siècles, le Patriarcat n’a pas encore réussi à imposer sa Di-Vision, il n’a pas
divisé le Cœur & Âme de l’Amérique “Latine”.
L’église de la photo est San Isidoro Agricola, c’est-à-dire Paysan en Latin. Elle se trouve à
Giarre, en Sicile, au pied d’un volcan vivant, l’Etna, que les gens du commun appellent
Mamma Etna. Elle garantit la fertilité en déversant ses cendres & eaux sur cette terre
d’Abondance. Mamma Etna est patiente, comme toute Déesse Femme & Mère.
Espérons qu’Elle ne perde pas la patience.
- Pourquoi ?
La Sicile était espagnole. Dans l’Espagne de la Contre-réforme, Déméter et les autres
divinités féminines de l’agriculture était encore trop présentes pour les goûts de la Sainte
Inquisition. On inventa un nouveau saint, un Héros du Prolétariat : Isidro Labrador,
Isidore laboureur. D’un coup de marketing, on imposa à la Terre Mère la Loi du Soc de la
Charrue. Priape était plus amusant.
En outre, Isidoro en grec signifie don d’Isis, la Déesse de la Fertilité et de la Magie. Isis ré-
Unit les morceaux de son mari assassiné Osiris. Elle restaure l’Harmonie en Lui. Isis
redonne la Vie à Osiris... sans obtenir Son éternelle reconnaissance, à ce qu’il semble.
- C’est tout bon, Mamma Etna, i’ sont pas méchants ; ils comprendront, tôt ou tard. Laisse-leur
encore une chance.
Sur certains points, nous n’avons aucun doute.
- Comme les façades de nombreuses cathédrales, celle de San Isidoro de Giarre imite les
façades de temples égyptiens, comme ceux de Amon à Louxor ou Edfou.
- Les deux monuments sont connus avec un nom masculin : Amon et Isidoro.
- Comme font les espagnols avec le double nom de famille de leurs enfants, les deux
monuments devraient porter aussi nom de la Mère : Mut, et Santa Isidora, avec un “a”
final, d’autant plus que toutes deux sont ouvertes aux Solstices du Soleil. C’est le cas de
Stonehenge qui devra donc se trouver un deuxième nom féminin, à moins qu’un
deuxième referendum ne décide en faveur d’un deuxième Brexit de l’Histoire.
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- Amon-Mut en Égypte, Stonehenge-Ladyhenge en Grande-Bretagne, Saint Isidoro-Dora
en Italie, et de nombreuses cathédrales en Europe, sont des imitations récentes de
Mnajdra à Malte.
Saint Isidoro de Giarre
Moitié d’un bas-relief répété quatre fois sur
les façades des deux tours, pour un total de 8
coquilles St.-Jacques.
La base de la coquille est formée par deux
spirales et un triangle bombé. La sculpture
représente les habituelles fleurs et fruits mais
ils ne sont pas versés par une corne
d’abondance, un autre grand coquillage, un
symbole païen suspect aux yeux de
l’Inquisition. Par contre, elle ne voit aucun mal à associer fleurs et fruits avec la coquille
du pèlerinage à Compostelle... où on l’appelle vieira : coquille de Vénus.
Le sculpteur ignorait-il l’ABC de son art, ou était-il un disciple clandestin de la Déesse ?
Son Verbe Divin traverse les barrières de la censure, comme l’Amour. Aucun mur n’a
jamais empêché les amants de se réunir ; ils ne sont pas protégés par une Vierge mais par
Vénus. Nous avons parlé de cette “coquille” à propos du Labyrinthe.
Fact Checking. Regardons mieux le bas-relief. Nous avions parlé de fleurs et de fruits.
Fake news ! Il n’y a que des fleurs.
Pourquoi ? Écoutons Vénus. Elle nous a concédé une interview exclusive.
- Des Fruits ? Serais-je devenue une Déesse Mère par hasard ? Pas encore ! Alors des fleurs
seulement, merci. Mais j’ai moi aussi ma Corne d’Abondance ; elle est à sa place, sous ma
Coquille, et elle versera ses fruits quand ce sera le moment.
Vénus sait se faire comprendre, si on a envie de comprendre.
En toute justice et pour arriver à la conclusion, nous devons compléter ce discours par
une observation et une question. La façade d’une église n’est pas courbée ; à quelques
exceptions près elle est plate. Par contre, le fond n’est pas plat ; à quelques exceptions
près il est courbé. Pourquoi ?
- Notre église a le dos bien droit.
- Et un clocher bien droit lui aussi, érigé vers le ciel ?
- Mais oui.
- Il a de la chance. C’est le signe qu’il est jeune et en bonne santé.
Cherchons une réponse à partir d’une affirmation précédente : « Ils disent que les
cathédrales tournent la Tête vers le Soleil Levant. » En effet, dans presque toutes les
églises, une “abside”, une protubérance “courbée”, prolonge la nef et pointe vers le Soleil
Levant. Dans cette direction, le prête catholique regardait et le peuple regarde encore,
pendant la Messe. Le demi-cercle de l’abside était bordé de sièges réservés à certains
“vir”, les “hommes” en latin. Ces hommes étaient “âgés”, adjectif qui devient “prêtes” et
donne le nom à l’abside : “presbytère”. Ils tournaient le dos à Dieu ? Ils surveillaient le
peuple ? Les deux hypothèses sont complémentaires, si l’on considère que la protubérance
virile de l’église était la partie la plus importante de son corps de pierre. Comme les
dames de Mnajdra, les sieurs du christianisme créèrent le Temple à leur image.
72
Parfois la tête pointe entre deux épaules plus petites. Dans ce cas, on parle d’abside
trilobée : lobe principal au centre, deux lobes latéraux plus petits. Ici, nous devrions parler
du trèfle à trois feuilles du jeu de cartes mais ce serait inutile sans une longue description
du contexte : tous les symboles des cartes, leurs noms, leurs origines lointaines. Elles
expliquent pourquoi le trèfle est le symbole donné à l’Irlande par son évangélisateur,
Saint Patrice. Patrick priait dans une grotte profonde... mais il n’a pas inventé ce trèfle. Il
ressemble à la Croix chrétienne ? La ressemblance est lointaine, vraiment très lointaine,
dans le temps. Si vous coupez la queue du trèfle à trois feuilles, il devient le Triskell, la
triple spirale attribuée aux celtes mais qui précède de beaucoup leur invasion des îles
britanniques. En ce temps-là, la Déesse n’avait pas besoin d’une queue pour générer la
Vie. La fonction de la queue fut expliquée plus tard par les hommes de sciences aux
longues blouses blanches : les Druides. Ils reviennent chaque année au solstice de juin,
pour les mascarades de Stonehenge.
Si la nef est la panse du temple, que signifie la tête qui pointe ? Si le temple pointe un
trèfle à trois feuilles dont la queue serait la nef, représente-t-il... la Croix chrétienne ?
Oui & non. Qui veut comprendre comprendra, s’il observe que le Temple de la Femme
est aussi devenu le Temple de l’Homme.
- Une église comparée au corps nu d’une femme ?! Et d’un homme dont le...
Quel scandale !
Désolé, mais cette vision effectivement scandaleuse n’est pas la nôtre. Pendant un rite
catholique appelé Confession, le prêtre ne manque jamais de mettre en garde les garçons
et les filles contre les manipulations solitaires qui rendent aveugle. Il leur conseille de
respecter leur propre corps parce qu’il est leur Temple : une image du Temple de Dieu.
74
Nous ne devons pas juger Ulysse. Il a d’autres flèches à son arc, ce que confirment les
prétendants de Pénélope. Un tel Héros de la tradition orale devrait être comparé à un acteur
du cinéma hollywoodien : il reste une star, une étoile de notre firmament, quel que soit le
scénario. Même s’il a la gâchette facile, même s’il se laisse aller à un coup-de-poing futile, à
un baiser fougueux et imposé, la star reste un personnage positif. On ne peut pas dire du
mal d’un Héros mythologique comme John Wayne.
De retour dans sa maison bleue, l’auteur vagabond était troublé. Il fit part de ses
divagations à un ami. En bon professionnel qui vérifie chaque nouvelle – aujourd’hui, on
dit fact checking – Paolo interrogea l’Oracle de Google en termes clairs : Ulysse violeur. La
Sybille WWW émit sa réponse en mentionnant un livre : Demoni, mostri e prodigi de
Giorgio Ieranò, professeur de langue et littérature grecque. Il cite Pausanias, le
géographe écrivain qui, au 3e siècle a. J.-C., recueilli des témoignages sur la Grèce
antique ; certains furent confirmés par l’archéologie moderne. Nous résumons cet
épisode légendaire en l’interprétant parce, que comme nous l’avons déjà rappelé, les
mythes racontent des histoires jamais advenues mais qui arrivent tous les jours, partout.
Cette histoire mérite dix lignes dans les faits-divers, sous un titre : Compagnon d’Ulysse viole
jeune femme à Témésa. C’était une ville de la Magna Grèce, aujourd’hui déclassée en Italie
méridionale. Sans procès humiliant pour la victime, le violeur fut lapidé à mort, mais
avec des pierres bien plus petites que celles utilisées par Polyphème.
Ulysse ne célébra pas les funérailles du compagnon d’armes. En un temps où la bataille s’interrompait
chaque soir par une cérémonie pour convaincre les morts à passer dans l’Au-delà, ce rite
manqué est un lapsus freudien : il indique que le Héros rusé s’enfuit pour sauver sa peau.
L’esprit du lapidé sans sépulture hanta la ville, se vengeant de ses habitants. Il fut
considéré la cause de tant de morts que l’entière population décida d’émigrer dans ce
Nord légendaire où certaines choses n’arrivent jamais. L’exode fut bloqué par la Sybille
de Delphes. Interrogée, la Pythie ou un remplaçant dicta la solution : pour plaquer la
rage du démon, il fallait lui dédier un temple et y présenter des offrandes spécifiques.
Ayant construit l’Enceinte Sacrée à la gloire éternelle d’un violeur connu depuis comme
Héros de Témésa, les habitants livrèrent aux mains du Sacerdote une jeune femme, choisie
chaque année parmi les plus belles du pays. Nous retrouvons la même chronique dans
Strabon, très éminent écrivain et géographe grec qui exerçait deux siècles avant Pausanias.
Apparemment, l’Académie n’a pas saisi le thème central de la fable. Après une lapidation
spontanée, claire, sans appel, un tel changement de comportement social indique un changement d’ère.
Nous l’avons décrit ici comme le passage d’un monde à un autre : la Civilisation de la Femme
fut conquise et subjuguée par le Patriarcat.
On pourrait éclairer la chronique de Pausanias et Strabon d’une proverbe sarcastique comme
le sourire de certains hommes commentant une violence sexuelle au Café des Sports et au
Tribunal. « Une vierge chaque année éloigne le médecin. »
Enfin, nous trouvons un ultérieur indice dans un classique : les Métamorphoses d’Ovide
(L.13, 770-775). Thélème, un devin qui ne rate jamais ses prophéties, avertit Polyphème :
« Cet œil unique que tu portes au front, Ulysse te l’arrachera ! » Le Cyclope rit et répond « une
autre créature m’a déjà aveuglé. » Certains traduisent « Ulysse te le prendra / une autre me l’a déjà
pris ». C’est depuis ce temps que l’amour rend aveugle et ravit les cœurs ?
75
Celui de Polyphème fut ravit par Galatée. On dit ainsi : ravir, verbe qui donne ravissant,
mais aussi ravissement. Les métaphores deviennent innocentes quand elles sont répétées à
l’infini. Le cœur est-il une zone érogène ? L’auteur le pense, sincèrement. Cependant,
dans les journaux, la victime du ravissement est en général une femme qui a été prise, de
force, et le cœur n’y est pour rien.
Les traducteurs trahissent le latin d’Ovide qui spécifie bien rapiet / rapuit, comme dans
rapt, à propos de viol. C’était un sport national à Rome ; après sa fondation, elle fut
peuplée grâce à un rapt avec viol de masse : l’enlèvement des Sabines. Ovide était naïf ? Il était
surtout prudent dans son récit du mythe, plus prudent que l’auteur qui n’a pas peur
d’être exilé comme le fut Ovide. Les mythes étaient la religion et le fondement même de
l’État. Les premiers chrétiens furent martyrisés parce que leur monothéisme blasphème
fut un attentat à la sûreté nationale de Rome.
C’est ainsi que nous la voyons à l’heure de l’apéro, après un deuxième verre. D’ailleurs,
même avec un troisième verre, on n’arriverait pas à imaginer un lutteur de Sumo qui
ouvre son intimité fertile au Soleil du Solstice... même en agitant un petit drapeau
japonais avec le Soleil Levant. D’autant plus qu’un lutteur de Sumo fait de tout pour
repousser son prochain en dehors du Cercle Magique, au lieu de l’accueillir chez lui.
À moins que... À Mnajdra, autour du Temple de la Vie, les crimes les plus graves ne
pouvaient pas être sanctionnés par une peine sans aucun sens : la ‘mort’. Donc, le pire
criminel devenait un bandit, un exclu du Cercle Magique de la Communauté. C’est ce que
fait encore le lutteur de Sumo, pour le compte de la Déesse Femme qu’il représente dans
son propre corps. Ils savent maintenir les traditions, au Japon : contrairement au ring
carré de la Boxe, le ring de Sumo est encore Le Cercle, avec tout autour un lieu où aucun
homme ne veut finir, un no man’s land d’exclusion. Ce terrain vague a la forme d’un
carré : le “contraire” d’un cercle. Les deux surfaces sont inconciliables, malgré les efforts
d’étranges mystiques qui tentèrent pendant des siècles de réussir la quadrature du cercle :
les mathématiciens.
À l’apéro, les deux lutteurs de Sumo nous rappellent d’autres jumeaux qui ne
ressemblaient pas du tout à leur Mère: Romulus et Rémus.
- ... nourris aux mamelles multiples de la Déesse Mère, la Louve... le soc d’une charrue se plante
dans la Terre pour tracer le Cercle-Frontière de la Nouvelle Cité... Sa Fondation est une
tragédie biblique en un acte : Le Meurtre du Frère.
Voilà le modèle qu’on nous offre, dans l’Éternel Présent d’un mythe appelé Patriarcat.
À l’apéro, on peut boire non pas pour oublier mais pour se souvenir de l’aphorisme de
Chris Marker : « L’humour est la politesse du désespoir. »
Le lecteur ne devra pas boire autant pour se rendre compte que de nombreux siècles
après Mnajdra, l’obélisque, ou le clocher, ou le minaret qui se dresse pour garder la Porte
du Temple ou dominer sa Coupole, représente cette partie qui est le Tout du Héros,
dans le gigantesque selfie en pierre d’une civilisation en mutation permanente.
79
Hypothèse parallèle - Un outil et une technique néolithiques pour tailler la pierre
À Delphes au coucher du soleil, en ayant vu assez pour
une vie entière, il nous sembla sage de diner tôt.
À l’entrée d’un restaurant, un objet extraordinaire nous
accueillit : des centaines de dents de silex pointaient sous
une luge en bois. Des dents manquantes avaient été
remplacées par des morceaux de lame de scie. Après avoir
pris quelques photos, le conseil de protéger la luge à
l’intérieur fut ignoré par le garçon, un fataliste : « ils ont
déjà essayé de la voler. » Il expliqua que la luge pouvait avoir
plus d’une centaine d’année, mais qu’elle avait été utilisée
jusqu’à nos jours. Il dit qu’on ne battait pas le blé avec un
fléau, on le déchiquetait. Cette machine fabuleuse passait
sur les épis éparpillés, traînée par un âne et un homme.
Sancho Panza ? Il n’y avait pas que des Héros en Grèce,
Déesse merci !
Le joyeux tintement de grelots en silex du traîneau de Delphes célèbre une continuité qui
va du Néolithique à nos jours.
Une vision et une rêverie nous offrirent un outil et une
technique du Néolithique pour couper la pierre. Faire une
corde, tisser des fils, sont des techniques développées très
tôt par l’homme ou mieux par la Femme, la Gardienne du
Feu. Regardons la Cordière accorder sa corde de trois
cordons : une tresse de cheveux avec des perles. À chaque
tour de la tresse, elle colle un silex qui dépasse des deux
cotés. Elle fait une chaîne en silex, pour sa
tronçonneuse néolithique. Le moteur est une équipe de
deux scieurs de long. Pour couper un bloc de pierre selon
un profil précis (droit ou incurvé comme les pierres des
Murs-Fleur), la Cordière positionne deux silhouettes
jumelles de chaque coté du bloc, pour guider le va et vient
de la chaîne. La portion de corde sans dents qui frotte sur
les jumelles est recouverte de cuir, rendu glissant avec un peu de graisse. Pour son usage
personnel, elle tresse une chaîne de silex plus fine, plus courte, tendue sur un arc. Elle
l’utilise d’une seule main, mais elle a aussi un modèle plus grand pour scier du bois avec
sa fille : on est jamais trop jeune pour apprendre les Arts Domestiques. Extraordinaire ?
Ce n’est qu’une des magies de la Femme au Foyer. (1)
Nous avons maintenant un bon programme pour cet été. Chercher des silex, recueillir la
résine à utiliser comme colle, etc. Mais toute l’année, nous continuerons à ne rien produire :
ni objets, ni connaissance. À l’école et à l’université, on consomme de la connaissance
décongelée, et les seules pierres admises sont l’ardoise et la craie.
Voilà le VRAI scandale ! La poussière de craie et les pixels de la Silicon Valley causent la
silicose, une maladie des poumons qui empêche de respirer librement.
La silicose est un cancer ; il se développe des poumons au cœur et remonte au cerveau.
Les enseignants en souffrent; certains se soignent dans un Lab-Oratoire Métadisciplinaire. (1, 10)
80
« La Géométrie sacrée du hasard »
Méditations d’un pèlerin par Hasard & Nécessité
Rêverie
Dans une rêverie, une sorte de langage intérieur unit images & mots. Comme un rêve,
mais plus accessible qu’un rêve, la rêverie évite les blocages habituels du langage
conscient.
La rêverie est un ustensile pour creuser dans la matière humaine. C’est une sorte de
sonde qui fournit de façon articulée une longue vision ; ce concept différent sera examiné
plus loin.
La rêverie est un écran pour montrer à soi-même tout ce qui semble intéressant. Elle
n’impose pas un point de vue ; cependant, elle n’est pas vague mais ouverte à d’autres
rêveries.
Rêver sans dormir est une façon s’ex-primer, ce qui signifie pousser à l’extérieur : ex-pulser.
Qui s’occupe d’enseignement et d’éducation devrait laisser les autres s’ex-primer. Quoi
qu’il en sorte, c’est utile et très bon pour la santé. Si quelqu’un a vu un double sens dans
la phrase précédente, il a vu juste. Si la “matière” le préoccupe, il devrait en parler à un
psychanalyste ou à un ami.
Dans le texte présent, il n’y a pas une seule rêverie. On y trouve une tentative de mettre
quelques rêveries en paroles ; d’autres les traduisent en notes de musique. La dernière
affirmation propose une méthode et des exercices pour se laisser aller à la composition
de bonnes rêveries. Elles ne sont pas toutes bonnes, certaines peuvent être mauvaises, ou
même dangereuses.
Un philosophe des sciences, Gaston Bachelard, a écrit des essais fascinants en utilisant la
rêverie comme moyen de recherche & expression. Ses rêveries sont célèbres et ont
influencé de façon positive deux ou trois générations de gens très biens.
81
Les rêveries ont un rapport avec la Sybille. Une rêverie apporte une réponse sibylline
sans qu’une question ait été posée. Nous devons l’interpréter, devenir notre propre
Hermès, reliant notre rêverie à notre vie.
La rêverie a aussi un rapport avec Socrate. Les enseignements de « l’homme le plus sage
de la Grèce » étaient fondés sur la maïeutique, un art de femme. La maïeutique est l’action
d’une sage-femme qui aide une autre femme à accoucher.
La technique de Socrate est cachée dans l’étymologie du verbe expliquer : ex-plain en
anglais, s-piegare en italien, ex-pliquer en français. Les trois termes indiquent la même
action : ouvrir une boule de papier et repasser la feuille afin que le texte soit compris par
quelqu’un d’autre. À l’opposé, de nombreux sadiques ‘expliquent’ en utilisant un langage
technique comme une cravache, avec un sourire vaniteux et cruel. (7)
La rêverie, quand elle explique, le fait par analogies. Son langage ne s’adresse pas
seulement à l’intellect du destinataire mais à toutes les dimensions de son Être:
intellectuelle & spirituelle & émotionnelle & physique &...
La rêverie parle des sous-bois secrets où prennent source le plaisir et la souffrance.
La rêverie laisse à l’autre la magie de la Lecture Créative.
Les bons élèves savent qu’il ne faut pas rêvasser, surtout à l’école.
Les bons élèves ne supportent pas le langage systémique des rêveries.
Les bons élèves sont bons parce qu’ils avalent des phrases linéaires et les mémorisent.
La mémoire est l’intelligence des imbéciles.
Méthode
Les rêveries ont un rapport avec une méthode : l’approche métadisciplinaire.
L’approche métadisciplinaire n’a rien à voir avec l’approche interdisciplinaire. Souvent, sinon
toujours, l’approche interdisciplinaire colle ensemble des pièces de bœuf congelées.
Comment s’étonner que ce collage ne devienne jamais la Vache Sacrée qui nous donne
son Lait chaque matin.
Cette mauvaise magie ne fonctionne pas pour une raison simple : contrairement à ce que
disent certains, le Tout n’est pas plus grand que la somme de ‘ses parties’. En fait, le
Tout n’a rien à voir avec ces ‘parties disciplinaires’, et encore moins avec leur somme.
Qui en doute peut demander à la Vache Sacré, ou même à Son veau analphabète.
Cela porte à des questions fondamentales à propos de notre Être & Savoir, appelées
questions onto-épistémologiques. Cela porte aussi à un changement de paradigme fondamental
dans l’éducation & la recherche & le développement. Par exemple, dans l’approche
métadisciplinaire, le chercheur ne sait jamais ce qu’il cherche. Il ne sait jamais ce qu’il fait
& il ne veut pas qu’on le lui dise. Cela prouve qu’il est un vrai chercheur, et non un des
techniciens avec lesquels il collabore. Il en respecte la compétence spécifique quand ils
travaillent comme lui en modalité interrogation. (1, 6)
Avec le présent ouvrage, l’auteur espère être utile à ceux qui creusent en verticale, de
façon séquentielle & rationnelle. Lui s’est étendu en horizontale, de façon analogique &
émotive. Parfois, l’horizontal et la verticale se heurtent ; parfois elles forment un écran
sur lequel projeter de nouvelles visions.
82
Pour certains, il pourrait être utile d’abandonner la métaphore des morceaux de bœuf.
Voici un exemple en archéologie, où certains tentent parfois de coller des morceaux de
poulet congelés.
Les Étrusques sont un peuple “mystérieux”, ce qui signifie que nous sommes
“ignorants” : c’est une honte pour tout bon élève ; c’est une solide base de lancement
pour tout chercheur désirant voler haut.
Un objet typiquement étrusque a été appelé bucchero, puis il a été classifié dans une
catégorie : poterie.
Étant conscient qu’il sait bien des choses sur les Étrusques, mais rien sur le bucchero, un
archéologue entraîne d’autres spécialistes en une recherche interdisciplinaire : un géologue, un
chimiste, et un céramiste qui, avant de devenir professeur d’Éducation Artistique au
lycée, avait produit de la faïence toute sa vie sans jamais se poser deux questions :
- Pourquoi cette nouvelle céramique appelée faïence fut-elle développée en un lieu et un temps où
naquit une nouvelle culture appelée Islam ?
- Par quel mystère ce qui était juste dans une école de formation pour les ouvriers de l’industrie du 19e
siècle, ne pouvait pas être juste un siècle plus tard dans l’école professionnelle où il s’est diplômé,
devenue le lycée artistique où il enseigne la céramique depuis que son artisanat de poterie a fait faillite ?
Dans cette recherche interdisciplinaire, quatre formes de connaissance partielle, c'est-à-dire
quatre modalités d’ignorance totale du Tout, furent collées ensemble. Elles ne portèrent
à aucune vision sur l’aspect & la signification originale du bucchero étrusque. De
nombreuses analyses furent accumulées en tas : un obstacle évident à la synthèse.
Émergeant des morceaux de poulet congelés et collés, des petits coqs mécaniques
dressèrent leur crête rouge et chantèrent : des tonnes de relations académiques furent
publiées sur le bucchero, avec de belles images et des données pseudo-scientifiques sans
aucune relation entre elles. Elles appartiennent à la catégorie des connaissances pseudo-
scientifiques parce qu’elles ne constituent pas un corpus, un Être. Elles constituent un
catalogue sans aucun sens : dimensions des objets, température du four, composition de
l’argile, etc. Le tout conduisit à des “expériences scientifiques” risibles, comme la
tentative de faire un bucchero avec un mélange d’argile, miel et vin entre autres, dans un
four presque étrusque avec un “thermomètre scientifique” planté dans le cul ! (4, 5, 6)
Pendant ce temps, une meilleure compréhension du bucchero & des Étrusques fut
possible grâce à une approche métadisciplinaire. Le problème fut résolu en plaçant le
bucchero dans une nouvelle catégorie : céramique & métallurgie & autoportrait. On dévoila
ainsi la spécificité de cette “céramique” étrusque, unique alors à avoir l’aspect d’un
“métal”. Cela permit de répondre à trois questions en une : comment conserver un bucchero
après sa découverte & comment le produire aujourd’hui & pourquoi ?
L’approche métadisciplinaire est utile parce qu’elle ne tente pas une synthèse au travers
d’analyses “objectives”, sans relation avec le “Sujet”: un bucchero dans cet exemple. On
part d’une vision, ou synthèse hypothétique, et on continue avec des analyses strictement
liées à la vision, et ainsi de suite au long d’un parcours circulaire : chaque pas en avant
ayant un effet sur le pas précédent & sur la vision originale, en ce non-lieu hors du temps
qu’on appelle recherche normale. (1, 10)
Un bon instrument métadisciplinaire est l’étymologie : elle permet de belles visions et, en
même temps, elle dévoile les idioties du nationalisme et de la xénophobie.
83
Vision
Une vision n’est pas une hallucination.
Une vision est une rêverie instantanée : un flash. Le contraire d’une vision est une division
lente : une analyse.
Chaque vision est la plus vaste synthèse permise à une certaine personne à un certain
moment. Puis, vision & personne se développe comme un seul Être. De nature
métadisciplinaire, chaque vision devrait être soumise à des vérifications disciplinaires, qui
peuvent la réduire à une illusion, ou confirmer son statut, jusqu’à la prochaine
vérification.
Il en est toujours ainsi, pour tout le monde, même pour ceux qui ne savent pas qu’ils
vivent une vision parce qu’ils ont acquis la vision des autres.
Notre vision devient plus large & plus profonde alors que nous démolissons patiemment
les murs nécessaires construits en notre Être par notre famille, par notre scolarité, par
notre communauté et surtout par notre langage, alors que nous construisons des murs
meilleurs pour notre Être.
Dans une page précédente, nous avons reproché à Descartes de ne pas connaître Lacan ;
nous n’avions pas transcrit la réplique de Descartes : « Socrate ne connaît pas moi ! ». Dans
notre temps linéaire, ce qui précède influence ce qui suit. Jacques Lacan aurait dit que
« Le langage précède la pensée ». Nous sommes d’accord, mais cela implique que nous ne
pouvons penser qu’entre les murs de notre langage. Pour être plus libres, nous devrions
écouter le lexique et la grammaire de métiers différents (philosophe, tricoteuse,
laboureur…) et apprendre d’autres dialectes (les langues maternelles d’autres patries)
tout en faisant la connaissance d’autres langages (musique, cuisine, mathématique,
poterie…) pour saisir un reflet de la relation qui les unit, une vision de ce qu’ils cachent &
disent & produisent.
Parler, écrire, cuisiner, chanter, danser... pour écouter enfin le langage intime de notre
corps intérieur ou de celui des autres : il n’est pas silencieux quand il rit. Le corps
extérieur porte les signes de ses cris de colère, de douleur, de désespoir.
Nous sommes arrivés ainsi au cœur de la question onto-épistémologique, intimement
liée au signe &. (B, 1)
À part de grossières motivations classistes, de misérables avantages économiques et de
honteux privilèges sociaux, pourquoi un humain devrait-il accepter de diviser Son Être, et
choisir d’être un travailleur seulement intellectuel & pas du tout manuel ?
Dans le plus riche joyau de sa couronne, Apologie de Raimond Sebond (Essais), Montaigne
nous dit en confidence : « J'ay veu en mon temps, cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus
heureux que des recteurs de l'université, et lesquels j'aimerois mieux ressembler.» Au passage, nous
remarquons le crescendo de sages à heureux, et nous demandons pardon à Michel d’avoir
imité sa voix, ici et ailleurs.
Toute personne saine est le fruit de la multiplication de facultés que nous divisons
stupidement. Physique & Mentale & Émotionnelle & Spirituelle & Culturelle & … Telle
est la forme, bonne ou mauvaise, harmonieuse ou douloureuse, de tout Être humain ou
animal.
- Oui, les animaux aussi ont une culture ; même Montaigne l’a dit.
84
Nous devrions promouvoir une Loi Éducative & Sociale & Économique selon laquelle
aucun diplôme dans aucun domaine ne pourrait être délivré sans une expérience de
travail dans un domaine différent, et aucun travail autorisé sans l’étude sérieuse d’une
autre matière, à partir de l’âge de 12 ans. Avant cet âge, une seule activité serait
autorisée : jouer & étudier, ou étudier & jouer ; au choix.
Heureux les pauvres, car ils auront la Connaissance, s’ils ne sont pas trop fatigués pour ouvrir les yeux
pendant qu’ils travaillent à en crever. C’est notre traduction de « Ora & Labora », le latin de
Saint Benoît, Patron de l’Europe et fondateur des premiers monastères. Il leur donna
une Règle complexe plus tard résumée en Ora & Labora, Prie & Travaille, Trois
Verbes qui n’en font qu’Un parce que le verbe plus important est au centre : &, Le
Multiplicateur, Celui qui Unie, appelé aussi Amour, le contraire du Diviseur, appelé aussi
Haine. Il y a longtemps, deux mots furent enterrés dans la philosophie : amour, bonheur.
Elles pourraient ressusciter d’entre les morts, réunies en un nouveau pléonasme comme
Amour & Bonheur, grâce à des incantations de paroles & musique : des chansons. Il y en
a ici, au service de lectrices et lecteurs subtils & entreprenants.
Prie & Travaille n’a rien à voir avec prier ni avec travailler. Prie et travaille, c’est la Règle
pour les esclaves. Prie et laisse travailler les autres, c’est la Règle du Diviseur : Le Dia-ble. (B)
Ora & Labora, c’est la formule magique pour obtenir le bonheur, en harmonie.
Un psychothérapeute et un plombier comprendraient mieux leur propre métier s’ils
combinaient leurs connaissances dans une certaine mesure, surtout s’ils jouaient d’un
instrument de musique, sans jamais perdre une occasion de construire un mur en pierres
sèches...
- avec leurs mains ?!
Oui, fait-main, fait avec leurs mains, comme les intellectuels qui parlent avec leur langue. Ce
serait une façon de produire de nouveaux mots, des mots plus utiles, des paroles plus
belles & de plus belles musiques & de plus beaux murs, puisque les murs sont des
nécessités onto-épistémologiques.
Cela ne signifie pas que nous devons accumuler des expériences superficielles en une
overdose de notions ; on consomme déjà bien trop de ces drogues à l’école et après.
Il n’y a pas de recette sinon celle-ci : il faut vivre avec ses propres yeux grands ouverts,
ayant branché le cerveau & cœur & ventre & âme & mains & pieds & …
- et éteignez ce smartphone de malheur !
Théoriciens et expérimentateurs
La vision de l’humaniste est semblable à l’intuition et à la plus austère hypothèse du
scientifique. Ce sont les occupations des théoriciens. Dans certains domaines comme la
physique des particules, les théoriciens scientifiques ne sont pas des expérimentateurs
scientifiques, lesquels sont méprisés cordialement par certains théoriciens comme étant
plus “matériels”, plus proches de la “réalité” humaine, ou moins divins.
Au contraire, les théoriciens humanistes sont méprisés par de pseudo-expérimentateurs
scientifiques qui s’occupent en réalité de “sciences” “humaines”. Que font ces adeptes des
sciences humaines, pour qu’ils se prennent pour des expérimentateurs scientifiques ? Par
exemple, ils chargent un laboratoire d’établir la composition chimique d’un vase antique ;
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puis, ils utilisent ce genre de “base scientifique” pour parler d’une civilisation du passé.
Mais ils traitent de rêveur un théoricien humaniste qui lit le même vase comme un texte
quelconque écrit en une langue morte, sans se préoccuper de la composition chimique
des vases ni des parchemins.
Les théoriciens sérieux, qu’ils soient humanistes ou scientifiques, soumettent leurs
visions et hypothèses à différents contrôles. Les scientifiques moins sérieux, qu’ils soient
théoriciens ou expérimentateurs, méprisent cordialement leurs collègues humanistes bien
qu’ils fassent presque le même métier, presque de la même façon. Trop de vanité vide, trop
de frustrations immotivées, naissent de deux “presque”.
À partir du 19e siècle, Divide et impera a été complété par Méprise & Colonise. Les Romains
ne méprisaient pas les peuples vaincus ; cela aurait diminué leur gloire et offensé la
Déesse de la Victoire. Ils tiraient des vaincus un butin de guerre, en or et en esclaves. Par
contre, à cause d’on ne sait quel cancer religieux, une civilisation chrétienne pervertie
méprisa sa classe ouvrière plus basse. Elle l’écrasa par une magie noire de faux noms.
Cela commença avec les païens, les pagus ou habitants des terres conquises et
administrées ; puis on continua avec les millions d’indiens habitants l’Amérique, puis avec
les millions de negros, les noirs habitants de l’Afrique quand les esclaves indiens ne
survécurent pas en nombre suffisant pour déterrer notre or et couper nos cannes à
sucre... et nous avons continué encore, et encore, sur toute la surface du Globe : La
Sphère Sacrée.
87
Mais il semble que les choses soient en train de changer, très, très lentement. C’est une
Bonne Nouvelle : un nouvel Évangile, bien qu’il ne soit pas tout à fait neuf. Il remonte de la
Terre où Il avait été enfoui, comme une vague Musique sur des Paroles oubliées.
La Bonne Vieille Chanson Oubliée est chantée par un Chœur sur une autre
île à quelques milles au nord de Malte : en Sicile. La multiplicité de
Malte est clairement représentée à Syracuse par un monument, une
composition unique : Temple & Église & Mosquée & Église. Il intègre
le Cœur & Âme & Architecture du peuple, depuis 25 siècles. Ses
colonnes Doriques chantent. Elles marchent très, très lentement, en
procession, montrant la courbe légère de leur jeune ventre sous un fin
péplum. Depuis 25 siècles, ce monument est dédié à Notre-Dame
Déesse. En ce moment, Elle s’appelle Marie : Vierge & Mère & Sage,
comme la Femme Une & Trine dans la coquille de Lyon, comme
Aphrodite & Héra & Athéna avant la Division imposée par Zeus avec
la Pomme de la Discorde.
Si la Magna Græcia – la Grande-Grèce – a existé un jour, elle a été précédée par la Magna
Malte, tout autour de notre Ventre Méditerranéen. Elle existe encore, elle coule comme une
rivière souterraine, alors que le Héros grec, le macho, infeste encore la surface de la Terre.
- Lysistrata… Praxagora… parlez, pour l’Amour de Déesse ! Où êtes-vous passées ?!
Devoir à la maison
Établissez une liste des idéologies à l’origine de pensées, paroles, actions et omissions en
Archéologie, Histoire, etc. Décrivez leurs influences néfastes sur les décideurs
d’aujourd’hui, sur ceux qui croient décider quoi que ce soit, sur ceux qui les élisent, et sur
nous tous quand nous avalons les mots comme du pop-corn. Par exemple, le mot
“Matriarcat”.
Médée
Médée est la petite-fille du Soleil. On dit qu’elle a tué ses propres enfants pour se venger
de Jason, mari infidèle. Dans la réalité du mythe, Médée ne tue pas ses propres enfants ;
elle tue les enfants du père biologique pour éliminer la semence du Père archétypal. Les
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guerriers rageurs répandent du sel sur les ruines de la ville ennemie pour empêcher
l’herbe de pousser. C’est pourquoi Médée ne devrait pas être définie comme Mère (des
enfants qu’elle a tués) mais comme Fille (du Père, Éternel ou presque.) Médée ne tue pas
le Père comme un Œdipe quelconque ; elle s’attaque au cœur du système, comme
certains “révolutionnaires”. Bravo ! Vive Médée ! En effet, Médée est bien vivante.
Certains êtres de sexe féminin, qui se croient féministes, considèrent Médée comme une
Héroïne de la Résistance au Patriarcat. De temps en temps, on voit Médée à l’œuvre, en
un savant montage d’images TV. Une ombre noire au visage masqué casse des vitrines et
brûle des voitures, alors que défile à visage découvert un cortège de travailleurs, de
travailleuses et de retraités. Inexorables, les CRS ne matraquent que ceux-ci, ignorant
celle-là. Protégée par son masque d’Héroïne de la Résistance, Médée réussit toujours à
échapper. Elle se planque dans les égouts du Pouvoir avec les terroristes et les rats de La
Peste de Camus, prête à en surgir en préparation des prochaines élections. Elles seront
gagnées par le Parti de l’Ordre, voté en masse par les travailleurs, les travailleuses et les
retraités qui ont vu les manif de Médée à la télé.
Ne plaisantons pas avec les choses sérieuses : Médée est une Héroïne du Patriarcat, pas
de la Résistance. On ne se libèrera pas des abus du Patriarcat grâce à un Héro, parce que
c’est lui, le Héro macho, qui a fondé et maintenu le Patriarcat, avec l’aide d’un modèle
femelle qu’il a inventé : le macho avec nichons.
Une vraie prophétesse du féminisme à visage humain chantait : ♫ We don’t need another
Hero... Nous n’avons pas besoin d’un autre Héros. Ses paroles devraient être étudiées à l’école,
où personne n’écoute Tina Turner. (12)
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lune les boules d’un concurrent, en les poussant avec ses propres boules. À l’apéro, les
vainqueurs ont droit à un pastis gratuit. Au café, sur le mur, il y a l’image de la Fanny,
une jeune fille prospère, souriante : elle montre son derrière nu que les vaincus doivent
embrasser... ou sont-ils autorisés à embrasser la Fanny? Quoi qu’il en soit, punition
supportable ou prix de consolation, c’est un jeu pour de vrais hommes. Ils n’habitent pas
loin de Mnajdra.
92
Trois citations
&
Un calligramme de la Sybille de Delphes
Por toda la hermosura
nunca yo me perderé
sino por un no sé qué
que se alcanza por ventura
Juan de la Cruz
« Parmi tant de beauté jamais je ne me perdrai si ce n’est pour un je ne sais quoi que l’on
atteint par hasard » Jean de la Croix
Aucun homme n’est une île, un tout en soi …/… n’envoie jamais
demander pour qui sonne le glas ; il sonne pour toi.
John Donne - Engagement sur les opportunités émergeantes (Méditation XVII)
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Sieste sur un vol low cost
J’ serais plus content si j’ pouvais étendre mes jambes mais dis donc, quelle ballade !
Une ballade ? Une réaction en chaîne... un pauvre aveugle conduit par un chien dans les...
D’abord la neige sur mes orangers ! y’en avait jamais eu autant, aux pieds de Mamma Etna... pas pu
tailler mes oliviers... mais bon, une p’tite vacance... soldes de janvier sur les low cost... jamais été en
Grèce... Delphes enfin !... c’est moins cher via Malte ? L’Irlandais... il vient de me parler de Malte, de
sa culture... les guerriers chrétiens c’est pas mon truc... mais... mais j’ai une copine chinoise à Malte ! ce
serait gentil de la revoir... elle m’attend à l’aéroport avec un manuel touristique ! non merci, je ne lis pas
ce genre de... mais prends-le, tu verras bien... bon, merci... comment dormir dans des draps humides
glacés... hôtel horrible... sans chauffage... j’ouvre le guide... des temples mégalithiques ? à Malte ?!... j’ai
toute la matinée avant mon vol... tout juste le temps de voir un temple... mais comment y arriver... sur le
port un type me branche... soldes de janvier pour les bus touristiques... désolé pas le temps... on part dans
quelques minutes, trois temples... sans blague ?!... premier coup de poing sur le nez à Tarxien...
deuxième à Hagar Qim... et coup de poing mégalithique dans l’estomac à Mnajdra.
Non, dans le ventre... J’y suis resté quoi ? quarante minutes ? plus que suffisant... et puis Athènes... la
rigolade !... mais ça m’a mis sur la route de Mycènes... et bon, Delphes j’avais prévu, mais comment
imaginer que...
Au fond les mythes, les légendes... les infos à la télé... sont des rêves que les pharaons... on n’a plus envie
d’interpréter... de comprendre ! On écoute, on mémorise, après on sait tout... tout un tas de conneries !
Oui Delphes, connais-toi toi-même, c’est ça... Mais dis-moi Delphes, tu te connais toi-même toi ? T’as
été enfouie sous des dizaines de siècles d’oubli... et sous quelques utiles mensonges... momifiés par une
attaque de paralysie académique !
La connaissance... La connaissance !... Elle est vraie si elle convient à une des mafias... mais une vraie
recherche peut combattre toutes les mafias... d’un éclat de rire cosmique !
Non. Ça ressemblera pas à un essai académique... et le style victorien fait parti du problème.
M’enfin quoi... bouclier en forme de 8 ! Le garde-chasse avait raison... et Lady Chatterley était
d’accord : nous regrettons tous le temps où un homme pouvait porter des pantalons rouges, et parler clair.
Vénus de Malte !... Rien qu’une Vénus ? Alors Maria Callas était une petite chanteuse à la croix de bois.
D’abord le bucchero étrusque... maintenant le bouclier en forme de 8... et Mnajdra, Mycènes, Delphes...
et j’ai même pas étudié le grec ni le latin... ni grand-chose d’autre non plus d’ailleurs... je dois être un
sacré génie ! Mais plus probablement, il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Archéologie. Un
problème de forma mentis, encore. Pensée linéaire contre pensée systémique, encore. Sans parler des
censures du subconscient.
Sans parler des selfies ! Le sourire des imbéciles heureux... avec une bouteille de pinard... tous autour
d’une tombe à peine fouillée !
Aucun respect pour... ni pour eux-mêmes... des selfies avec leurs noms sur une revue d’étruscologie !
Si au moins ils avaient lu Albert Gianna... ils sauraient que & est Le Scribe Accroupi.
Ça t’avait bien plus ça, hein M’sieur Albert ? Ou c’est Madame Gianna ?
& est le Ankh moderne. Désolé Albert, mais celui-ci t’as pas pu l’acheter, j’ l’ai trouvé après ah ah...
94
Et avant Malte et Athènes, j’ pouvais pas voir un 8 dans &.
Scribe Accroupi & Déesse Accroupie ? Logique quantique... le photon est ici & là.
Pile & Face, répondit la Sibylle en ramassant la pièce de monnaie.
Un nœud de marin en 8, bien sûr : Mnajdra prend le Soleil sur la plage de la Mer Mère.
Elle devait être pêcheuse...
Un filet... un hameçon au bout d’un fil... c’est ben des trucs de femme ça... femme-araignée... Ariane.
Un bonhomme costaud a inventé le harpon.
Pile & Face a inventé arc & flèche.
Compris ! The Nœud Gordien en forme de 8 maintenait unie une société entière... jusqu’à ce que...
Oui, Alexandre était bien un Héros grec.
Un Héros grec typique, avec son glaive qui lui pendouillait du ventre.
Le Nœud Gordien et Le Glaive. Avec Charlton Heston. Dans le rôle d’Alexandre, bien sûr. Et une
paire de nichons bibliques... vol sans escale du divan du producteur à celui du Héros.
Alexandre? De alex andro: défenseur des mâles... Contre qui ?
Absalom, Absalom ! Qu’est-ce que t’as à pleurer, David ? Fais pas ton théâtre ; nous savons que les
Patriarches n’étaient que des bergers enrichis. Ton fils Absalom a conquis ton troupeau de femmes et de
moutons, mais tu les a récupérés, non ? Alors laisse tomber, David, s’il te plait. Ton temps est fini !
Faulkner a dû ressentir quelque chose comme ça dans son Sud tragique... faut pas que j’aille du coté de
la Bible Belt... la Ceinture de la Bible ne soutient qu’un pantalon avec revolver... ils te tirent dessus pour
moins que ça.
Certains Uroboros forment un cercle, d’autres un 8... l’Infini comme Éternité spatiale... à moins que ∞
ne soit un très vieux modèle de soutien-gorge ! Ah ah... mais c’est pas si tiré par les cheveux...
Une Éternité couchée en forme de ∞ ... l’Éternité dors ? Peut-être, mais moi j’arrive pas à dormir.
L’Éternité est couchée avec moi... une jolie Éternité... et j’arrive pas à dormir parce qu’elle m’excite !
95
Ah ah ah l’Éternité m’excite ! Je dois être un mystique... un mystique un peu cochon mais ne le sont-ils
pas tous ? Les extases baroques sont suspectes, c’est bien connu... si les gens lisaient von Clausewitz...
l’orgasme n’est que la continuation de l’extase par d’autres moyens... les églises seraient pleines tous les
dimanches ah ah ah
Exact ! L’Éternité est Femme parce que le Ciel est le Ventre Infini de Nout.
- ♫ While the memory of it fades. I know that the spades are the swords of the soldiers . ...
♫ Alors que sa mémoire s’estompe. Je sais que pique c’est l’arme d’un soldat...
Ça relaxe... récupérer la mémoire de l’Éternité Infinie de Nout... mais les soldats...
Oui, le ciel bleu étoilé de Nout est la Femme, Éternité Infinie, sans commencement ni fin...
Sans alpha ni oméga ?
La lettre alpha... un ventre avec les jambes ouvertes, comme le troisième temple de Mnjadra... comme
oméga... qui est parfois tracé comme une paire de fesses ah ah ah
La fin et le commencement... n’existent pas, dans le temps circulaire.
Depuis quand y a-t-il une première et une dernière lettre de l’alphabet ?
Dans le temps circulaire, l’alphabet est-il circulaire aussi ?
Poète ou prophète ? Un génie incompris a tenté de rendre circulaire l’alphabet linéaire d’antan en
ajoutant l’esperluette & à la fin, pour qu’il n’y ait ni fin, ni début... xyz & abc... oméga & alfa... le
beau manège... qui me fait tourner la tête...
Que d’histoires oubliées dans les lettres...
Les lettres sont des hiéroglyphes fossilisés...
Comme la lettre grecque phi ? Ça m’fait penser à...
La fente verticale du bouclier en 8... et de la lettre grecque phi... après tout, il faut la lettre phi pour
écrire philosophie... dans lequel philo est le verbe aimer... et la lettre phi est un cercle coupé d’une fente
verticale ! Ah ah ah ! Celle-ci, ils devraient la graver au fronton des Temples Scolaires : tous les
étudiants feraient philo ! Ah ah ah ! Et phi se prononce fi comme figue ! S’ils avaient censuré le grec
ancien à cause de ça, j’aurais passé mes nuits à l’étudier ! Wooaaaahhhh!!! Ça aurait été utile dans cette
ballade... l’école ne sait pas motiver la jeunesse, quel ennui… par contre ils créent et développent l’esprit
de compétition... bande de criminels !... make war not love... c’est ça leur belle philosophie.
Et si la fente sur le O n’était pas une fente ? Alors, O serait... zéro... et la fente serait 1... pour tout
produire, dans le nouveau langage... vieille magie... vieille magie porno avec beaucoup de 0 et de 1...
tellement répétitif que ça devient ennuyeux... les arabes était moins obscènes... leur 1 est modeste, sans tête,
comme une virgule... et une virgule, c’est une petite verge... mais leur zéro n’est qu’un point. Ça colle pas.
Un point, c’est un petit O ? Certains ne mettent pas de points sur les i mais des petits cercles...
Un petit cercle et une petite verge... maintenant, ça colle... et ça se tient. Les arabes ont appris tous ça des
hindous? Leurs temples étaient assez explicites.
Pour les hindous, 6 était une spirale...
6 était une spirale aux Indes mais chez nous, 666 c’est le Diable...
666 ou trois spirales ? J’ai vu des tas de triple spirales... unies... à partir d’un Y...
Le Y original représentait le sexe de la femme ? Non là tu exagères... mais peut-être...
Mais cette fibule à double spirale ?
Et tous ces autres bijoux en double spirale… y’en a de partout.
Une grande double spirale... et au milieu, là où les deux spirales se touchent, un petit 8...
Un grand ∞ et un petit 8...
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Une double éternité... deux temples en forme de 8 ?
Non, un seul temple, avec deux portes...
Deux trous au milieu d’un grand ∞...
La géante en forme de ∞... avec deux trous.
Une femme géante ? Une femme normale ! Deux trous entre deux fesses !
C’est pas croyaaaable !... Je dois être aveugle.
Aveugle ? Comme Œdipe?... La fibule à double spirale est la broche de Jocaste !! C’est dingue...
Et sur la pierre du temple une double spirale... avec un petit triangle au milieu... l’objet de l’adoration !
Et dans la plupart des statuettes, elle allonge la main entre les jambes, au bon endroit... aucun doute :
Époque pré Victorienne.
Puis les trois spirales sont devenues 666... et la Femme Déesse est devenue le Diable; c’est logique.
Mais comment diable expliquer que le 8, dans ce contexte, c’est...
Probablement ailleurs aussi.
Le dire sans expliquer ?
Flux de conscience à la Dos Passos... ou écriture automatique.
Dos Passos & le Surréalisme.
Art néolithique & Littérature du 20e siècle. Tout le monde s’en fout.
Dos Passos, Hermès, et la Chasse au Trésor. Les bons lecteurs le trouveront... il doit bien y en avoir.
Ou une chanson.
Ça devra être une vraie bonne chanson.
De la pure magie.
Pure Union de deux magies absolues : Paroles & Musique.
Faudrait un sacré génie.
Il en reste un ou deux mais ils ne travaillent pas sur commande.
Brassens était un génie... et à sa façon, il a chanté ce que je ne sais pas dire :
♫ Je lui ai dit de la Madone
Tu es le portrait
Le Bon Dieu me le pardonne,
C'était un peu vrai
Qu'il me le pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou
C’est beau... c’est gentil... mais c’est trop hermétique pour expliquer mon truc.
Bon, on garde la musique de Brassens, et on y va carrément :
♫ Les Deux Spirales sont deux fesses
♫ Deux trous au milieu
♫ Deux Spirales, c’est la Déesse
♫ Le plus ancien Dieu
Pouah ! Dégueulasse ta chanson, tonton Jean-Jean !
Z’avez raison les enfants, mais comment le dire ?!
Y vont croire que j’suis un vrai cinglé... et un vieux cochon !
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Et bien oui... je suis assez fou-fou parfois... et j’suis pas un vieux cochon mais un cochon d’âge moyen,
s’il vous plaît... mais j’ai raison... vision et interprétation... socialement utiles... aujourd’hui...
♫ la morale de cette morale la rirette la rirette...
Bien sûr, avec le temps... les gens oublièrent ce que la Double Spirale représentait.
C’est comme maintenant. Tous avec une petite croix... collier, boucle d’oreille... plus personne ne sent les
clous.
À part la Croix au dessus de Notre-Dame la Juge, au mur du Tribunal des Mineurs de... avec le
gamin cloué dessus... son père cloué au revers... Croix double-face... horreur absolue.
Le Juge tournait le dos à la Croix... nez dans sa procédure bureaucratique... oreilles aux amies
politiques corrompues qui susurraient... Elle ne pouvait pas voir l’enfant et son père, elle.
Elles ne savent pas ce qu’elles font. Toutes et tous, fous à lier. Aucune poursuite possible… pour des
coupables jusqu’à la moelle.
Je ne sais pas ce que je dois faire... de cette Double Spirale...
Leur pardonner... oui, pour ma sérénité... mais sans oublier...
Mais comment dire au monde... ce que représente la Double Spirale...
Faudra qu’ j’y pense.
Et que je dorme, pour mieux penser.
Hermès, Pythia, s’il vous plaît ! Laissez-moi dormiiiir !!
Un collier de perles.
Je dois offrir à la Déesse un collier de perles.
Noires et blanches, de mer et d’eau douce, des petites bien rondes et des grosses bizarres...
Des perles... j’avais déjà des perles à moi, j’en ai trouvé d’autres, c’est tout... toutes neuves... ou déjà
trouvées par d’autres, comment le savoir... je m’en moque, ce qui compte le plus, c’est Le Fil.
Et le voyage...
De la mère au père et retour... pas de la vie à la mort; la Vie est un voyage circulaire.
Quelle est gentille... la Vie éloigne ses garçons... allez... allez... vous devez devenir pères... elle n’éloigne
pas ses filles... mais personne n’a dit qu’il faut obéir à la Reine des Abeilles... pourvu que les rayons de
miel soient bien pleins... que chaque petit trou soit rempli de miel... comme le cœur de la fleur-soleil... un
grand cœur... grand comme une table de pierre touchée par le soleil...
Les abeilles aussi ont la forme d’un 8.
Le temple en 8 devait avoir deux dômes... un trullo à deux cônes... est un temple en 8 avec des
nichons ah ah ah
Si y’avait pas eu le manque d’eau, je serais en train de retourner dans mon trullo des Pouilles... ou dans
ma borie de Provence, dans le Luberon... dommage... Oli et Leo auraient bien aimé la cabane
néolithique de Tonton Jean-Jean... espérons que les cadeaux grecs arrivent à temps pour le Carnaval.
En chiffres grecs, 8 c’est le H... Non. On ne s’occupe pas d’un chiffre mais de sa forme.
Et pourtant, à un certain moment... les deux notions ont dû se fondre... typique, en numérologie.
Comme on dit : c’est pas vrai mais j’y crois.
C’est ça ! Ils n’ont plus vu la Déesse et ils se sont mis à croire au numéro 8.
Je me demande ce que 8 peut bien signifier dans leur pièges à sous... probablement des tas de bonnes
choses... misez sur le 8 ! Les pauvres... quand ils sont pauvres. Saoulés par le plus petit gain... aveuglés
par l’avidité... Saoulés et aveuglés, comme le Cyclope.
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Cyclope... Étymologie ? Cyclo opos, œil rond... tiens donc...
Ulysse au contraire était comme moi : un bicyclo opos... deux yeux ronds comme des roues de bicyclette,
hypnotisés par Calypso.
Calypso... Étymologie ? Calice de fleur... Le calice de Calypso émanait un parfum magique qui fit
oublier à Ulysse la tasse de bouillon réchauffé qui l’attendait à Ithaque... il en a joui pendant sept ans de
ce calice... sept ans de bonheur... sur les dix du retour au bercail.
Pénélope... épouse et mère exemplaire... comme tu me manques mais comme je suis bien ici dans la grotte
de Calypso... bien mieux que dans la grotte de Polyphème... jusqu’à l’arrivée d’Hermès.
– Assez joué Uly, rentre à la maison, tu dois faire tes devoirs...
Quel casse-pieds ! et je suis poli.
Mais en tout cas, cet œil du cyclope n’est pas important parce qu’il est unique mais parce qu’il est rond.
Si ça avait été un monstre avec un seul œil, ils l’auraient pas appelé Cyclope mais Monope ! Ah ah ah...
Qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
Eurêka ! J’ai trouvé... quoi ?
Cet œil rond était... encore ?! Mais c’est une obsession !
Mythe et pornographie ; représentation symbolique de l’obscène... bon titre de thèse de maîtrise. Le tout,
c’est de dire les choses de façon présentable... faut pas choquer les professeurs... si respectables, même
quand leurs étudiantes doivent passer l’examen oral à genoux...
– Messieurs du jury, ayant démontré la signification de la fente verticale sur le bouclier sacré en forme
de 8, nous pouvons affirmer que le nom Cyclope, de par son étymologie, est un euphémisme grivois : il
indique que cet œil rond, ce cercle, est “l’anneau invisible” caché entre deux lèvres que nous n’appelons
pas “paupières” parce qu’elles sont verticales.
– Votre interprétation est hardie, jeune homme ; s’il en était ainsi, Ulysse serait resté sept ans avec la
cyclope Polyphème.
– J’accueille volontiers une objection si pertinente, cher Professeur, et tente une modeste réponse : l’épisode
du Cyclope se déroule au début de l’Odyssée, alors qu’Ulysse n’a pas encore perdu tous ses compagnons.
En bande, les machos ne font pas l’amour ; ils commettent des viols de groupe. Nous devons aussi
considérer, éminents et futurs collègues, que Poly-phème signifie “qui abonde en paroles”. La cyclope était
une pipelette, ce qui justifie le stupre de groupe. Mais si le monstre n’était pas une femme dotée du 8
sacré, c’était nécessairement un homme doté du zéro sacré, le ‘cyclope’, cet unique ‘œil rond’ dont les
machos grecs était si friands dans leur jeux érotiques.
– Vous nous avez presque convaincus, mais votre théorie sur le comique troupier dans l’Odyssée a besoin
d’une référence étymologique plus spécifique.
– Dans une caserne on n’étudie pas le grec, et pourtant même un caporal comprendrait pourquoi le mot
obélisque vient du grec pour dire broche à rôtir. Je ne crois pas devoir expliquer comment on enfile un
petit cochon à la broche.
– Bravo ! Reçu avec les félicitations du jury.
Œil pour œil... le frère doit violer la sœur du violeur... le devoir avant tout.
Mais alors l’Œil dans le Triangle ? Encore un vol aux dépens de la Déesse, source de Vie.
Les mythes, les textes sacrés religieux ou politiques, les fables, les journaux...le Loup ne veut pas manger
le Petit Chaperon Rouge... ou pas comme pensent les enfants... mais les gamines le sentent...
confusément... les plus éveillées... ♫ promenons-nous dans les bois, et sans rien dire à papa... le chasseur
me défendra avec son gros fusil.
Et pour devenir grande, Alice doit manger le biscuit...
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Les fables pour enfants... c’est autre chose que notre brave pornographie entre adultes... pédophilie...
inceste... mais les psychanalystes le savent bien... ils en vivent.
Les bois... comment étaient les bois, avant?... Les Nymphes dansaient dans les bois mais le Loup... pas
question... si ce n’était pas Zeus en personne, le Loup passait son chemin... non merci... les Nymphes
sont belles, aguichantes, sexy... mais c’est toujours des Sirènes... d’ailleurs la bande à Ulysse... une meute
de loups guidée par un renard... prudence... écoute, regarde, mais pas touche !... et si elles se permettent
trop de liberté, on peut toujours les massacrer... mais dans ce cas on les appelle Amazones.
Non mais écoutez-les... tous à parler de foot... comment je fais à m’endormir ?!
Un ballon de foot, tout beau tout rond, d’accord... mais le ballon de rugby... est un œuf... qui doit entrer
où ?... dans le deuxième trou en haut, au dessus de la barre horizontale du H... lettre grecque qui
signifie 8... et le joueur avance en passant le ballon à son prochain resté en arrière... ça c’est des
hommes... des hommes de Mnajdra... ou presque... ils se battent pour prouver... y’a rien à prouver…
c’est un problème de math... on ne prouve que le contraire... ♫ But me myself I got nothing to prove...
Mais moi je n’ai rien à prouver... bonne chanson... vieille histoire... trop de mecs vroom-vroom…
Bouclier en 8 ! Plutôt une guitare... Jimi Hendrix la faisait gémir mais Mark Knopfler est plus
délicat... Andrés Segovia, le Casanova d’Espagne... et Brassens bien sûr.
Une guitare... est aussi une épée... surtout une guitare électrique... Dieu sait si je le sais.
Double signification ? La guitare est hermaphrodite... le fluteau et la lyre ne le sont pas.
Mais les greeeecs ! Ils ne savaient pas lire l’inscription sur le mur?! Leur bouclier sacré était la...
Tous aveugles, comme aujourd’hui.
Non... pas aveugles... de pauvres petits machos... perdus dans leurs visions de machos... au point de
peindre des scènes de guerre sur le ventre stérile d’un champion de bodybuilding... Avant, Le Vase était
La Femme !
Et les femmes les laissaient faire parce qu’elles avaient été battues... longtemps avant.
♫ Que sont devenues les Fleurs, du temps qui passe...
Les machos de bronze avaient battu les pacifiques femmes du Néolithique.
Quel courage, quelle force... arrivés de nulle part... et de l’intérieur de leur propre société.
Cria cuervos : élève des corbeaux, et ils t’arracheront les yeux.
Bah ! ... juste un autre inconvénient de la révolution agricole... la terre de l’abondance...
7 années d’abondance... 7 années de famine.
Les ruches pacifiques essaiment des nuages de jeunes affamés.
Et pour comble de malheur, la première révolution industrielle métallurgique.
♫ Que sont devenues les Femmes, du temps passé.
Non. S’il vous plaît, non. Plus de vengeances. La Femme n’est pas une macho minable... y’en a déjà
trop de ces femmelettes musclées... Sans parler de Médée... l’arme la plus monstrueuse du Patriarcat.
Essayons juste de changer l’échelle des valeurs.
Essayons de ramener à la lumière les simples faits de la Vie... les priorités de la Vie.
Comme allonger les jambes par exemple... j’aurais dû prendre une place sur le couloir... j’arrive pas à
dormir... pieds et poings liés pour le sacrifice...
100
Abraham... Le patriarcat... Abraham y est né, le pauvre... il a amélioré ce qu’il a pu... belle trouvaille,
la Voix qu’entendent les bergers... j’ te crois, c’était la sieste... et ils l’ont cru. Il porta Isaac au sommet
de la montagne, laissant derrière lui les serviteurs et l’âne... Pourquoi ? Parce qu’ils étaient fatigués.
Au fond d’un bois obscur, alors qu’Abraham cherchait un sanglier pour lui arracher le cœur promis à la
méchante marâtre... splash! Il fut inondé de Lumière... envahi par une Voix, suave... effets spéciaux du
ventre pour rendre l’âme sereine sans le dire au cerveau...
L’unité des chrétiens... et l’unité des juifs... qui se méprisent les uns les autres et ne s’unissent que pour
combattre... et l’unité des musulmans... tous en guerre permanente entre eux... Les Trois Mousquetaires
d’Abraham devraient faire comme lui : s’en foutre, de la tradition ! Et grâce aux effets spéciaux, ils devraient
adorer Dieu-Déesse, Mère-Père de tous les Prophètes... pour ne combattre que le Diable : Richelieu.
Richelieu ? Riche-lieu...
La pauvreté... la simplicité... en paix... et la douceur, la fragilité toute puissante de la Femme. C’était
ça, la nouveauté, la révolution du christianisme des origines. Au fond, il a pris la place de la Femme sur
la Croix... de la Femme de Mnajdra.
Les Sibylles... et combien de Cybèle... y’en avait des tas, avant ! Elles se sont fait virer il y a 3.000 ans
en gros... temps bibliques... restructuration d’entreprise... OPA.
Une pagaille de mythes éparpillés... à ‘déconstruire’, comme disait machin, et après... quoi ?
Une mythologie... de la Femme ?
La Femme & L’Histoire! OK mais racontée au féminin cette fois, en commençant par Mnajdra.
Et après ?
Isis ? Cybèle ? Gaïa ?
Cybèle... Cybèle avait un temple à deux pas de chez nous à Lyon... à Lugdunum... et presque dessus, ils
ont construit la basilique de Fourvière dédiée à la Vierge Marie... transformisme conformiste... on dirait
un aphorisme latin.
Fourvière... Forum Vetus, le vieux Forum romain... mais Cybèle vient de Turquie...
Cybèle de Turquie, Marie de Palestine... sales émigrées ah ah
Mais y’avait pas plus d’ Turquie que d’ beurre en broche ! Le bled s’appelait... la Lydie.
101
Les hommes sont moins cruels à Corfou… le samedi de Pâques, ils jettent par la fenêtre un vase de terre
cuite plein d’eau... les botides... i’ savent pas pourquoi mais ça les amuse comme au Jour de l’An.
Je leur dirai que c’est pas en tuant leur vieille bobonne qu’ils en trouveront une nouvelle.
Avant, oui... mais plus maintenant.
Moi je l’aime bien Thésée, il a sauvé des gosses... mais cette histoire du Minotaure qui mangeait les
enfants d’Athènes... un taureau communiste ah ah
La tête du taureau, c’était la Déesse... ça je l’ai déjà entendu dire... c’est ça, ils disent que les organes
génitaux internes de la femme ressemblent à une tête de taureau... mais un triangle avec deux cornes
ressemble à un pubis avec des moustaches à la Dalí ah ah ah... ou à une tête de taureau, ou à un vase
avec deux anses... et ces cornes sur les casques, au nord... c’étaient les cornes du vase... des porte-
bonheurs... comme le marteau de Thor... comme la hache lydienne... comme le bouclier en 8.
Revisitation, déconstruction du western, des mythes de l’Est... et déductions... utiles pour aujourd’hui et
demain.
Go East, young Woman! Va à Est, jeune Fille ! Ouest Est Nord Sud… ça dépend d’où tu es. Toutes
les routes mènent à Mnajdra.
Vierge ! M’enfin quoi... faut pas tout confondre... y’avait la vierge vigoureuse comme une verge verte en
latin... une virago savait la manier, la verge, si tu essayais sans son consentement... pas confondre avec
l’innocente pucelle... intacte.
Pucelle, et puceau... ça voulait dire jeune, mais pas encore mariés... donc patrimoine du pasteur de la
maison qui pouvait jouer avec... comme il jouait avec ses jeunes chèvres et brebis, le bon pasteur... così fan
tutti... coït fan tutti.
La vraie virginité, la pureté... est dans le regard, pas entre les jambes ! Albert Gianna a dit un truc comme ça.
Le voile... ils parlent tous du voile. D’accord ! Parlons du voile.
Mais pas seulement du voile qui devient rouge sang quand tu l’ouvres... rideau rouge sur le Mystère...
théâtre du Sacré...
Non, il faut dévoiler la conspiration du silence et les vieux mensonges... et une vieille vérité... sous le
même voile. Le silence, les mensonges et la vérité doivent être dévoilés.
Pourquoi pas un Coming Out de la Femme. La Journée de l’Orgueil Menstruel ! Bon sang la fête ! Pas
une fois par an mais chaque mois... suivons la lune.
Ouiii ! Bon Sang, c’est le cas de le dire ! C’est décidé : à la Pleine Lune, on se retrouve à Bon Sang La
Fête pour la Danse en Cercle Magique. ♫Hey miss Tambourine woman play a song for me... Il faut
que la communauté se reconstitue, tous les âges et tous les sexes sont admis. Smartphones interdits.
Entrée gratuite pour enfants, adolescents, et pour les adultes qui achètent une amulette Figa: nous devons
financer notre campagne contre les mutilations génitales.
102
Aphrodite & Héra & Athéna c'est-à-dire Clitoris & Utérus & Cerveau... c’est-à-dire Un Cœur.
La Sainte Trinité est revenue... Elle est revenue... enfin... disons qu’elle est en train de revenir... j’en ai
pas rencontré beaucoup mais il doit bien y en avoir d’autres.
Le patriarcat est venu bien avant le monothéisme, bon sang ! Et ces simplettes attaquent la religion en
croyant attaquer le patriarcat... sous-espèces de macho qui se croient féministes... si vous voulez vraiment
aller à la guerre, étudiez une stratégie... ou au moins une tactique... expliquez aux bigotes que leur
religion est née après leur soumission et peut survivre à leur libération... ça sera utile, à elles et à leur
religion... il serait temps, on est entré dans l’ère post-patriarcale, bon sang ! Bon sang d’bonsoir ? Bon
sang dit bonsoir au patriarcat, justement... et de toute façon, on sait tous que les petits garçons naissent
dans les choux et les filles dans les roses.
Que savaient-elles de sexualité, de reproduction ?...
8... 8... ça va, on a compris ce que ça représente, mais quelle en était la valence, dans cet univers ?...
8 comme symbole d’un double plaisir ?... plaisir plus sensuel que sexuel... sur un lit de fleurs... en une
farandole... à l’Âge de la pierre de l’Innocence, quand l’amour était vraiment libre, pas seulement libéré
de la Faute.
Oui, le Paradis Terrestre, avant la Chute, avant la connaissance du Bien et du Mal dans les questions
sexuelles... avant le SIDA... les hippies dansaient la farandole... un Woodstock néolithique... sans les
Héros armés d’une guitare électrique...
Le Paradis Terrestre... avant la Faute... était le paradis des LGBT et des autres! Si ça se savait !
L’Arbre de la Vie et l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal... la connaissance charnelle... vie et
connaissance...
La Faute d’Ève fut la connaissance... reçue d’une de ses nombreuses Maîtresses... La Grande Serpente
expliqua à Ève comment utiliser le petit serpent d’Adam : comme ça, tu fais comme ça juste avant
l’hiver, puis tu attends le printemps et tu verras... une jolie petite Evita...
Puis quelque chose a fait tilt et une voix électronique dit : Sorry, Game Over.
D’ailleurs, avant de devenir le Grand Méchant Dragon, la Déesse était probablement une Grande
Serpente, gentille... un peu trop gentille, peut-être... assez étouffante, donc... mais mieux vaut le
communisme étouffant de la Mère ou le fascisme macho du Père ? Bof, on verra aux prochaines élections.
De toute façon, l’esclavage sexuel commence avec la connaissance... j’ai toujours dit qu’il fallait fermer les
écoles.
6.000 ans d’esclavage sexuel avant d’arriver à la libération sexuelle : 1968 Wouah ah ah ah ah
Quand? Il y a 6.000 ans ?...
Pour l’hébraïsme, nous sommes à peu près en l’an 5700 depuis le début du monde... ça colle.
Et après ? Qui l’a inventé, ce Mal ? Le même berger qui a inventé ce Bien... les sélectionneurs de la
race... toi qui est beau, avec la plus belle... les autres, à la boucherie.
Agneaux castrés, brebis, femmes, où est la différence ?
Et tu dois faire comme ça, pas comme ça... Il faut de l’Ordre ! Mais si ça me fait plaisir ? Ordre ou
Malédiction !
Mon troupeau sera le plus beau, plus blanche ma tunique de laine...
La terre où coulent le lait et le miel... le premier vrai pasteur créa la première banque du sperme, la
première industrie agroalimentaire, la première colonisation des sauvages... mais les premières productrices
de lait et miel furent les premières ouvrières sélectionnées sur le divan du producteur, les premières esclaves
violées : les brebis et les abeilles.
La Reine fut chassée de la grande Ruche du Ciel.
L’An zéro est le début du règne du Faux Bourdon.
103
Caïn ? Caïn est une femme... une pauvre simplette qui cultive la terre... pauvre idiote ! Elle sourit,
béate, quand elle dit : la Déesse est aussi Père...
Mais qu’est-ce que t’as à sourire ? Tu te fous de nous ? Aussi père, tu dis ? Et tu empêches mes brebis
de paître dans ton jardin ?... Dieu est seulement Père ! Dieu est Un homme qui aime la viande... sur
l’autel tu dois griller de la viande, pas composer un bouquet de fleurs dans un vase, bougre d’idiote !
Abel est la vertu même, comme ses offrandes... Et Caïne...
Caïne... si tu veux noyer ta chienne...
Caïn et Abel... Quel mythe! Prix Nobel! Une fois découverte la fonction sexuelle du mâle, le reste se
déduit... la suprématie de l’éleveur sur l’agriculteur, du bédouin sur le fellah, du cow-boy sur le péon
mexicain, du mâle alpha sur ses copains et sur toutes les femelles... et pour éliminer la concurrence, tout
prétexte est bon pour la guerre !
Simples déductions, mon cher Watson Néolithique... Le Père Fondateur du monothéisme macho est
Sherlock Holmes... pipe à la bouche et main dans la poche : la Déesse de Malte n’est pas la seule qui se
touche en public.
Symposium académique : Origine préchrétienne des chiffres sacrés 1 et 3... pour l’affiche, le vase pansu en
forme de femme... ou plutôt un des autres vases avec 3 protubérances et 1 joli couloir avec des lèvres...
l’affiche suffirait... mais ils sentiront le besoin de noyer la Déesse dans leur argot académique... s’ils
m’invitent je la sauverai... respiration bouche à bouche ah ah ah...
Mais s’il vous plait mes sœurs, jeunes et vieilles comme moi... dans votre temps libéré, occupez-vous de
Médée : elle est malade. Elle tue son enfant tous les jours... elle dévore le cœur de son fils tous les jours
avec d’horribles mensonges sur son père... Héraclès est impuissant, dans tous les sens... il tue le corps de
Médée de temps en temps, et Médée renaît plus puissante à chaque fois.
Un cauchemar réel. Médée... la mythologie... mais cette mère, cet enfant, ce père, sont réels.
Soyez prudentes ! Médée sait comment vous manipuler... folle mais maline... C’est un génie, le Génie du
Mal, elle ressemble à la voisine de palier... normale... certes elle a son caractère, elle peut être de mauvaise
humeur...
Un psychiatre a étudié Médée... il l’a appelée Malicious Mother... peut pas faire grand-chose d’autre que
décrire... ils ont traduit Mère Malveillante... que c’est mignon... qui est Le Malin caché dans Malicious ?
Une femme le sait, le sent...
Seules les femmes peuvent s’occuper de Médée et du Syndrome de la Mère Maligne... comme une
tumeur ? Non, disons Malveillante, soyons gentils, ou Médée se fâche et c’est l’enfant qui trinque.
Seules les femmes... donc Albert Gianna est sûrement une femme.
Arrêter les féminicides, c’est un Labeur pour hommes : il faut un voleur pour attraper un voleur.
Arrêter Médée et qui lui permet d’utiliser son propre fils comme otage, c’est Le Labeur de la Déesse.
Hermès est aussi une Déesse... Thoth est Seshat & Seshat est Thoth
Tirésias est homme & femme... aveugle et voyant des abysses... aveugle mais pas muet.
Zeus, vieille fripouille, pourrais-tu cueillir d’autres pommes dans le verger, s’il te plait ? Pâris est fort, il
peut nous en ramener un plein panier... nous voulons faire du cidre pour Bon Sang La Fête.
Les Géants ont construit les temples de Gigantia ! C’est ce qu’ils disent... mais les Titans ?
Gaïa, Mère des Titans, vaincus par les Dieux de l’Olympe...
Les Titans ont construit les temples de Gigantia sur l’île de Gozo ! C’est évident ! Ils ont fait une petite
maison pour leur Maman, les mignons... C’est bon, on verra ça au prochain voyage.
Ils dissent que Gaïa était la Mère seulement. Encore tout faux. Elle était La Femme.
Mais bon, appelons ça Le Temple de Gaïa & Le Bouclier en 8, ça se vendra bien à Hollywood.
Spielberg ? Indiana est trop occupé à tirer sur les méchants arabes... et le Professeur Jones construit sa
carrière académique à coups de fouet.
Disney ? Pas question ! Il a noyé les Contes de Fées et les Mythes dans du sirop... Albert Gianna l’a
dit et elle a raison. Hollywood, on laisse tomber.
Le Sundance Festival ? Ma foi... si c’est une dance de Soleil & Lune...
Tu sais Gaston, ta rêverie, ou les séances de brainstorming des managers... c’est une façon de déconner en
roue libre... dans ta tête ou avec des potes. Ça devrait devenir une matière obligatoire au lycée. Avec
Math et Philo... et Langages, pour comprendre & raconter une histoire complète... écrire la prochaine
Histoire...
Non.
Non. Il faut ab-so-lu-ment interdire le Déconnage en Roue Libre au lycée. Comme ça les meilleurs s’y
mettront sérieusement.
Et ben dis donc, quel voyage ! Quel trip ! Bien mieux que leurs minables petites pilules.
Faut raconter ça aux media.
Communiqué de Presse :
Une émotion à Malte devient orage à Athènes et tempête à Mycènes.
Un ouragan nettoie Delphes des lambeaux de Patriarcat.
Une découverte archéologique reconstitue Le Grand Puzzle.
Les conséquences, incalculables, émergent avec le sourire d’un petit texte illustré.
C’est ça ! Je dois faire un p’tit truc souriant... pas de conneries académiques… c’est pour des gens réels.
L’archéologie scientifique... Le carbone 14!... Les bras de l’Homme Volant furent sculptés il y a 3200
ans, mais un ingénieur a démontré qu’il s’agit de superstition : on ne peut pas voler dans le ciel à bras
ouverts cloués sur une croix.
La science ! Mais comment est-il possible que personne n’ait rien remarqué ?!
Bah ! Dieu sait combien de manuscrits refusés... ou publiés inutilement... mais je m’en moque... je publie
tout... et si quelqu’un prétend qu’il le savait déjà, il devra préciser qui a dit quoi, exactement, et dans
quel contexte... je les connais ceux-là... pour un os ils aboient tout la soirée à la télé sans rien dire... et
105
puis l’important, c’est que ça se sache... après ils pourront aboyer... ça m’empêchera pas de dormir... ce
qui compte le plus, c’est Le Fil.
Et tout ça à cause des soldes de janvier d’un low cost.
Je devrais porter un ex voto à la Déesse Low Cost.
Elle a des ailes et joue de la lyre, comme Hermès.
Les mensonges utiles de l’Histoire… Les vols low cost dévoilent les mensonges utiles des nations.
Comme cette histoire des anglo-saxons… ils sont saxo-normands !
Non, ils sont un minestrone, comme les italiens ... un pot-pourri, comme les français.
Et pot-pourri n’est que la traduction insipide de la olla podrida cuisinée par les espagnols : le seul peuple
européen qui ne cache pas ses ingrédients persans & arabes & berbères & islamiques.
Les mensonges utiles...
Aux chiottes du Temps, l’Histoire des hommes n’est qu’un torchon merdeux !
Mensonges utiles... pour qui ?!
Pax Romana tout autour de la Méditerranée, ou une petite Pax Europea ?
Pourquoi la Paix devrait-elle respecter les frontières ? La Guerre ne le fait pas.
Pax, pour l’Amour de Déesse, ou Guerre, pour le sale bénef de quelques-uns. À vous de choisir, filles et
garçons.
Votre Histoire sera faite de mariages & divorces, ou de viols & assassinats. À vous de choisir ; c’est
votre Histoire.
T’as dit Troisième Guerre mondiale, François ? C’est ça, et Troisième Suicide de l’Europe.
Il nous faut un Empire en copropriété... appelez-le comme vous voulez, Union, Fédération... Europe est
la Femme de Mnajdra... Europe nous embrasse tous !
Nous devons mettre fin à ce gang-bang sado-maso ! Nous avons urgent besoin d’un Mariage Collectif
Européen.
Et il faudra inviter les voisins à la fête ; ils apporteront des tas de cadeaux de mariage.
Voyager... dévoiler de récents mensonges nationalistes... c’est bon pour la santé. Et faire l’effort de parler
plus d’un dialecte européen est excellent contre l’Alzheimer politique. On ne peut pas comprendre son
dialecte mère sans connaître les dialectes tatan et cousines...
Et moi, je dois absolument apprendre au moins une langue étrangère...
Comment on dit merci en chinois ?
Bon mais là il faut que je me calme... que je dorme...
Je dois être en pleine forme pour ma petite ‘déconstruction’ :
- ♫ Jacques Derrida dirla da da
♫ la la dirla da da.
Ah ah ah ah...
Oh là doucement c’est quoi ce... on a atterri !
Thank you Captain! Parfaitement à l’heure, “comme dans 97% de nos vols”
Clap clap clap clap clap...
106
Weakly Leaks - Transcription d’un enregistrement
Éditeur – Hellooo Jean !
Auteur – …
É. – Jean ?
A. – … j’sais pas. C’est qui ?
É. – Paul !
A. – Paul qui ?
É. – Paul McCartney
A. – Ah salut Paul, ça va vieux ?
É. – Très bien, merci. Ton texte a été accepté par le comité de lecture. À l’unanimité, et c’est bien la
première fois. Félicitations.
A. – C’est bien ça ! Et maintenant ?
É. – On va le publier, mais...
A. – Mais... ?
É. – Mais nous devrons faire quelques changements. Un peu d’editing, comme d’habitude, tu sais...
A. – Oui, ça au moins, je sais.
É. – Nous voulons toucher un plus vaste marché. Les adolescents surtout.
A. – Et ?...
É. – Et nous avons pensé que tu pourrais développer le coté mythologique, les héros...
A. – Ça m’a l’air assez facile.
É. – La chose ne te dérange pas, n’est-ce pas ?
A. – Pas du tout. En fait je suis d’accord. Les adolescents absorbent trop de cochonneries Fantasy. Trop
de ces trucs qui leur rétrécit les méninges. Plus dangereux que l’herbe qu’ils fument !
É. – Oui Jean mais
A. – Le genre Fantasy est presque aussi dangereux que le football professionnel !
É. – Jean ? Qu’est-ce qui ne va pas dans
A. – Ils t’obligent à choisir un camp, ceux-ci ou ceux-là.
É. – Mais oui, c’est un jeu.
A. – C’est une compétition ! Un jeu, c’est une harmonie... Par exemple, prends une chanson triste... et
rends la meilleure ! Take a sad song and make it better... Tu vois ce que je veux dire ?
É. – Pour les chansons, je ne sais pas trop mais
A. –Ils organisent des compétitions même avec la musique, il y a cette ridicule Top Ten... et quand on
étaient gosses, ils nous obligeaient à choisir entre un groupe rock et l’autre !
É. – Ça me rappelle vaguement quelque chose mais
A. – Comme dans leurs enquêtes, comme avec leur référendum !
É. – Là on est d’accord mais le foot !?
A. – Le foot est un entraînement militaire pour le grand public, un lavage de cerveau quotidien Paul,
organisé par ceux qui s’enrichissent avec la vente d’armes !
É. – Il y a des marchands dans tous les temples mais
A. – Mais tu y penses Paul ? 12 héros de chaque côté. 11 jeunes sur le champs de bataille, Arthur sur
son trône en forme de banc, et Merlin qui susurre en coulisse... tous essayant d’enfiler leur truc dans le truc
de... bon, c’est pas une baïonnette... mais le rugissement, Paul ! Un orgasme collectif chaque fois que ça
entre ! Et la frustration quand ça n’entre pas. Et le désespoir, ou la rage violente quand l’ennemi te
l’enfile... Le foot professionnel, c’est de la pornographie de masse Paul, c’est la version totalitaire d’un
conflit théâtralisé. Et les acteurs sont payés une fortune pour une... pour une connaissance biblique de 90
minutes... avec toutes les tricheries que cette montagne de pognon implique à tous les niveaux. Tous mes
107
compliments, c’est très éducatif. I’ pourraient pas s’affronter simplement sur la place du village, comme font
les braves gens ? Je veux dire gratis, et pour une ’tite bouffe et tout ce qui va avec : on gueule, on chante, on
danse... après une douche bien chaude, tout seul ou avec la personne de son choix. Pas tous ensemble !
É. – Jean, est-ce que tu
A. – Dans le temps, leurs douches partouzes étaient appelées Orgies Dionysiaques… ou Bacchanales,
Paul. Leur fédération devrait s’appeler FIFO, Fédération Internationale de Football Orgiastique !
É. – Je ne sais pas si
A. – Et ce n’est pas tout ! Maintenant chaque Héros entre sur le terrain en tenant par la main un enfant
innocent. Ils ont transformé une compétition sociale en un sacrifice archaïque ! Deux par deux en procession,
les adultes entrainent des enfants vers le Labyrinthe du Minotaure ! Écoute bien c’que j’te dis Paul : c’est -
l’in-fa-mie - de - notre - temps ! Comment s’étonner qu’il y ait parmi eux tant de pédophiles criminels... et ils
continuent... et ils s’en sortent pendant des années grâce à ceux qui se taisent pour le bien de leur église !
É. – Mais Jean
A. – Je suis d’accord Paul, idée brillante ! Développons le coté mythologique. Plutôt que de chatouiller
les plus bas instincts des adolescents, nous devons leur dire... expliquer que les mythologies anciennes et
nouvelles racontent toutes les mêmes saloperies. Comme ça ils comprendront ce qui se passe vraiment... en
eux-mêmes... et tout autour : nous sommes submergés par un tsunami de stimulations dégradantes,
Paul ! Le monde en crève.
É. – Oui bien sûr... mais... ce que nous pensions, c’est... dans ton texte... pourrais-tu ajouter quelques
héros celtiques ? Ils sont très à la mode.
A. – Ça m’a l’air possible.
É. – Et transformer le tout en quelque chose... un peu comme un récit, tu vois ce que je veux dire ?
A. – Non Paul, je ne vois pas.
É. – Et bien tu as entendu parler de... hem... du Hobbit... tu connais le Hobbit, n’est-ce pas ?
A. – J’ai dû lire ce truc quand j’étais en troisième mais je me souviens très bien du jeune... machin.
É. – Tu pourrais l’ajouter ? Le genre Fantasy je veux dire le folklore celte se vend très bien et...
pourrais-tu décrire le Hobbit combattant le Mal... tu sais... combattant le Mal avec une épée... le Hobbit
avait une épée, n’est-ce pas ?
A. – Ils lui ont sûrement donné une épée dans un film de série B... mais je ne sais pas pourquoi, je le revois
avec son petit poignard qui pendouillait de... et dans sa main, bien sûr. Les garçons, c’est des garçons.
É. – C’est parfait ! C’est exactement ce qu’il nous faut. Un poignard. Et la Coupe. N’oublie pas de
décrire la quête éternelle de la Sainte Coupe.
A. – Non Paul, le Saint Graal était bien un calice sacré, mais dans une vraie légende, pas dans ce truc
contre l’acné juvénile. Cependant, le Saint Graal et Lancelot s’adapteraient bien à mon texte : un beau
jeune homme, qui s’est débarrassé de son père d’une façon ou d’une autre, élevé au Paradis par la Dame
du Lac... puis d’autres beaux jeunes hommes, Arthur, une Épée, puissante… et si dure qu’elle est
plantée dans la roche, waouh !... puis des aventures... des hauts faits... l’Épée passe de main en main...
et quand les Héros sont fatigués, un d’eux ramène l’Épée d’où elle vient, il la jette dans le Lac, une
main en sort, mystérieuse, délicate, elle chope l’Épée au vol et l’engloutit au fond des Eaux Noires où la
Puissante Épée dort depuis lors, et pour l’Éternité de l’Ennui. Ça s’adapte très bien à mon texte. Mais
pas le Hobbit ! Je ne veux pas de p’tit Hobbit dans mon texte. Je désire le maintenir à un niveau décent,
avec des vraies mythologies.
É. – D’accord, ajoutons Lancelot, mais le Hobbit aussi, s’il te plaît ! C’est une histoire décente, non ?
A. – Disons... que je devrais expliquer, et elle n’aurait plus l’air si décente. Les gens seraient déçus.
É. – Mais comment pourraient-ils l’être ?!
108
A. – Par exemple... De toute façon, le Hobbit cherchait autre chose, avec son p’tit poignard. Tu vois ce
que je veux dire ? Pour déclencher la magie, Paul, il fallait trouver le petit cercle magique, le choper…
É. – Et ?
A. – Tu ne vois pas ?
É. – Je ne vois pas quoi ?
A. – La partie cachée, Paul. Dans une légende, comme dans la vie réelle, le plus important est le plus
secret. Le secret est caché... sous un voile très fin, presque transparent... ou alors il est invisible.
Compris ?
É. – Compris quoi ?
A. – La matière est visible Paul, mais le trou, un trou dans la matière ne l’est pas ; le trou est invisible.
Parfois, il est presque visible... sous un voile léger. Pour déclencher la magie, Paul, tu dois enfiler ton
doigt dans ce trou.
É. – Je dois enfiler mon doigt où ?!
A. – Enfile ton doigt dans l’Anneau !
É. – Dans l’Anneau bien sûûûûr ! Où, sinon ? Comme l’Anneau de Wagner ! Wunderbar ! Ils
peuvent y entrer tous les deux ? Je veux dire dans ton texte... Pourrions-nous avoir le Hobbit et
Wagner ? Pourrais-tu faire ça pour nous, Jean ? S’il - te - plaîîîîît ! Ça aurait un tel
A. – C’était le point suivant Paul. Le Hobbit a déjà pas mal fricoté avec la bande à Wagner à la fin
des années trente, et après. À moins que vous ne vouliez toucher un plus vaste marché de néo-nazis,
skinheads, hooligans et de simplets qui ne savent pas
É. – Mais ils sont beaucoup, non? Donc
A. – Ils sont beaucoup trop ! Mais ils ne savent pas lire. Pas mon genre de truc en tout cas.
É. – Peut-être qu’avec un bon mélange de héros grecs, de druides celtiques, de vikings
A. – C’est déjà tout mélangé Paul; cette marmelade n’a rien de nouveau... mais pourrais-je vous poser
une question, Sir Paul McCartney ?
É. – ... Jean ? Oui Jean... bien sûr que tu peux.
A. – Ne serais-tu pas, par hasard, en train de travailler à ce projet avec la Walt Dis
É. – Qui te l’a dit ?!
A. – Personne. Juste une impression.
É. – Je sais qui ! D’accord, mais avant d’autres fuites, que dirais-tu de signer notre petit contrat ?
A. – Disons...
É. – Disons demain. Demain c’est dimanche mais nous sommes prêts à
A. – Désolé, je ne signe les contrats que le lundi. C’est une question de religion. Tu sais que lundi, c’est
le jour de la Lune, non ? La Lune a une influence positive sur marées et contrats. Lune et marée,
coquillages sans diarrhée. Quand le Sage te montre la Lune avec l’index de sa main droite, fais attention
au médium de sa main gauche, et
É. – C’est parfait ! Ajoutons un horoscope celtique en plus du Hobbit de Wagner. On se voit lundi
dans mon bureau, à dix heures.
A. – Mais lundi, la Lune ne sera pas pleine.
É. – Tu veux dire... pour que tu signes un contrat, la pleine lune doit tomber le lundi ?
A. – C’est exact !
É. – Et depuis quand ?
A. – Depuis Malte, Paul. J’ai eu comme une illumination à Malte. Maintenant, je ne signe mes
contrats que sous la Pleine Lune, le lundi. Et ça doit être... ♫ quand vient la fin de l’été, sur la plage, il
faut alors... que tu signes mon contrat, Paul. Dans le Temple de Mnajdra, j’ai compris que pour les
contrats, les avocats c’est très bien, mais la Lune, Paul, la Pleine Lune...
109
Note finale de l’auteur
Oui, j’ai fait une grosse bêtise. C’est une chose – dangereuse – que de réécrire l’histoire
d’une nation, sourire des malices, combler les omissions, corriger les petits mensonges...
Mais réécrire l’Histoire de notre civilisation ? La dénoncer comme étant fondée sur un
unique énorme mensonge ? Il faudrait être inconscient... ou tout à fait conscient d’une
Histoire de l’Humanité, de la naissance d’une nouvelle civilisation en cours, de la
nécessité d’aider l’accouchement afin qu’il soit moins traumatique.
Mais sans se monter la tête ! À qui voudrait suivre le conseil de Voltaire – cultivons notre
jardin – disons que ce texte est un paquet de sachets de semences, lié d’un bout de ficelle.
Quoi qu’il en soit, c’est une sorte de déclaration préliminaire ; d’autres textes suivront.
Je crois fermement en une retombée positive sur nos sociétés, à longue échéance.
Diffusez la nouvelle, si vous la trouvez bonne.
Pour beaucoup, ce n’est pas une bonne nouvelle.
Pour certains, c’est une mauvaise nouvelle.
Meilleurs vœux à tout le monde.
Merci de votre attention.
Jean Santilli
PS L’auteur prie Sir Paul McCartney d’accepter ses excuses, et d’avoir pitié d’un pauvre
vieux qui s’occupe de recherche & communication métadisciplinaire : il ne sait pas ce qu’il fait.
15 mars - Ides de Mars - sur un volcan appelé Mamma Etna.
Première version corrigée et bouclée le 16 avril : Pâques 2017.
110
13 bonus tracks
11. Nomades et paysans – Conjectures sur la genèse de la conscience humaine (Juin 2018)
111
Bonus track 1 – Septembre 2017
Feedback
Vibrations harmoniques & Ondes sur l’étang
« À mon avis, sa qualité la plus fascinante et originale était justement sa capacité de connecter
passé et présent en une dimension interprétative à la fois dialectique et unitaire. Les archéologues
comme nous sont souvent conditionnés par les limites de notre spécialisation professionnelle. Il est
inutile de dire que ce qui nous manquera de lui, ce sont ses critiques parfois âpres et cuisantes à
l’establishment académique national et international. Ce faisant, il voulait créer des conditions de
recherche en harmonie avec une archéologie moderne, multidisciplinaire, et réellement
interprétative et non-descriptive. »
112
Quoi qu’il en soit, l’auteur ne cherche pas de confirmation. Il préfère de loin les
réfutations : elles évitent les pertes de temps. Et il ne cherchera certainement pas des
confirmations ou des réfutations dans les textes académiques qui citent le « Bouclier en
forme de 8 » , la « Tombe Cercle B » et autres inventions farfelues qui recouvrent une réalité
embarrassante.
À Malte, des touristes aussi ignorants que l’auteur ont sûrement vu la ressemblance qui
unit La Femme et Son Temple. Ils auraient pu tirer les conclusions de l’auteur en
observant en Grèce le « Bouclier en forme de 8 » et la « Tombe Cercle B », si l’Académie ne les
avait pas habitués à visiter temples et musées comme on va au cinéma, et à gober les
œuvres et leurs étiquettes comme du pop-corn.
Il a été démontré que la consommation de pop-corn transforme les ignorants lucides en
érudits aveugles.
Sieste sur un vol low cost et d’autres chapitres le disent clairement : les “découvertes” de
l’auteur ne sont pas patent pending, en instance de brevet. D’autres avant lui pourraient
avoir compris tel ou tel détail. L’auteur ne revendique que la partie invisible du récit : le
Fil qui réunit des perles éparpillées en un collier pour la Déesse. Le Fil forme le double
nœud magique : &.
Notre Préambule suggérait dès le début ce que pourrait faire un lecteur avisé. Arrivé à la
fin du récit, il devrait se payer un autre tour de manège. Il entrerait ainsi dans le temps
circulaire du texte, comprenant mieux ce qu’il avait lu au début à la lumière de ce qu’il a
lu après, et ainsi de suite en une progression en spirale. En outre, délaissant le parcours
de l’auteur, le lecteur devrait lorgner à son goût par toute porte ou fenêtre ou fissure
dans les murs, enquêter sur ce chantier archéologique planétaire. Silencieusement, toute
nouvelle connaissance change les vieilles façons d’être. Si le lecteur écoute les rumeurs
du monde, il découvrira que des travaux de restructuration sont en cours, dans le
Temple de son Être individuel & communautaire.
Bien évidemment, à ce stade, l’auteur n’est qu’un lecteur parmi d’autres.
113
Bonus track 2 – Janvier 2018
114
Bonus track 3 – Mars 2018
Un autre Dieu transgenre : Océan
Nous avons parlé de Poséidon - Neptune, Dieu transgenre de la Mer. Que dire d’Océan ?
Le Dieu des fleuves était associé à l’océan qui entourait la terre ; celui qui l’aurait traversé
serait arrivé dans l’outre-tombe. On explique ainsi la prudence des capitaines
méditerranéens et la fortune d’un fou : Christophe Colomb.
Ici, Océan a la suffisance
légèrement condescendante d’un
jeune dandy sorti de chez lui avec le
chapeau de sa maman sur la tête.
Il se tourne vers un passant
époustouflé et admet :
– Oui, en effet, je suis remarquable.
Suivait-on la mode de Londres dans
la Rome du 2e siècle a. J.-C. ? Cette
corne d’abondance à la mode de
Priape est trop comique pour
constituer une usurpation de
pouvoir. Elle mérite une visite à la
collection Farnèse du Musée
Archéologique de Naples. Alessandro Farnese – un Pape – a dû se laisser impressionner
par la puissance virile de la corne d’abondance ; a-t-il remarqué deux personnages
mineurs en bas à droite ? Ce sculpteur romain jouait le jeu de son époque, mais il n’était
pas idiot. Le bras gauche d’Océan s’appuie sur un petit monstre pour l’écraser. Un
enfant potelé – un vrai petit ange – console le Dragon. Certains dessins satiriques sont
complétés d’un détail, en bas à droite.
Depuis Delphes, nous avons souvent rencontré cette pauvre madame Dragon : déguisée
en Python tuée par Apollon ; en Hydre de Lerne tuée par Hercule ; en Monstre tuée par
Persée pour ‘sauver’ Andromède ; en Dragon de Saint Georges, et en Femme de Georges.
Georges, Jojo, un médiocre antihéros, est l’interprète moderne du féminicide.
Voici une deuxième sculpture romaine, presque
contemporaine. Nous avons déjà examiné ce bas-
relief des Travaux d’Hercule. Dans le deuxième
dessin d’une BD en marbre, la bulle dit : L’Hydre
de Lerne est La Femme. Le sculpteur révélait un
secret de Polichinelle, enterré depuis.
Comme les sculpteurs romains, nous devons
jouer le jeu mais en bas à droite, nous pouvons
dénoncer discrètement la confusion instaurée de
nos jours entre madame Dragon et Médée. Pour
se venger du Père, Médée massacre chaque jour
ses propres enfants. Son triomphe est souvent
célébré : certaines sentences des Tribunaux pour
Enfants sont des feuilles de vigne sur la mauvaise conscience de petits hommes
médiocres et sur l’agressivité de femmelettes revanchardes. (12)
Connaître le passé est toujours utile ; parfois c’est une nécessité vitale, urgente.
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Bonus track 4 – Pâques 2018
La composition printanière de plante, panier et souvenirs aurait pu inspirer Ovide. Des siècles
après Callimaco, l’auteur des Métamorphoses (L. 13, 685-704) décrira des « feuilles d’acanthe
dorées » ; non pas autour d’un Panier mais autour d’un Vase de bronze, décoré avec les scènes
d’un mythe : sous les murs d’une ville sans nom, des bûchers funéraires se consument.
Sautant hors des braises, deux jeunes hommes renaissent des cendres de deux vierges
héroïques : les « filles d’Orion ». Ce changement de sexe – « pour maintenir vive la lignée » dit Ovide
en souriant – mériterait un commentaire mais nous parlons ailleurs des Dieux transgenres. Ici,
remarquons qu’après leur re-naissance, les deux fils guident le cortège avec les cendres de leur
mère. Gentils garçons. Remarquons aussi qu’autour des braises et des cendres des défunts, il y
a des « femmes aux cheveux ébouriffés avec la poitrine découverte. » Pourquoi ?
C’était l’usage. Surmontant la pudeur, les femmes personnifiaient en public le souvenir
intime de la mère de leur enfance, pour donner corps à la Mère qu’elles invoquaient :
« Mamma mia ! ». Personne ne crie « Papa mio ! ». Aujourd’hui encore, dans certains pays,
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des femmes sont payées pour crier ces lamentations et “s’arracher” les cheveux : pour
être “décoiffées” comme une maman le matin.
La vision de Callimaque, moins moderne, est plus profonde. Avant de se fossiliser
autour du Vase en bronze d’Ovide et ailleurs, l’acanthe de Callimaque était plante-Mère &
fleur-Fille née de ses propres cendres. Callimaque décrivait La Continuité de la Vie dans la
relation Mère-Fille. Nous la voyons dans la colonne de Delphes ; nous la reverrons dans
une petite ville à deux pas d’Athènes, Éleusis, célèbre pour ses Mystères. Ont-ils été
dévoilés ? Transformés ? Recyclés ? René et Renée sont des noms courants, donnés aux
enfants même par des parents sceptiques.
« .../... mes vers seront lus ; et, si les pressentiments du poète ne sont pas trompeurs, par la gloire dans
toute la durée des siècles, je vivrai. »
Je vivrai, en latin vivam, est la dernière parole prononcée par Ovide à la fin des quinze
livres des Métamorphoses. Comme les Héros, il espérait que la Gloire – une Déesse – lui
concède la continuité vitale parfois appelée Éternité. Son symbole pour Callimaque était l’Acanthe.
« ... si les pressentiments du poète ne sont pas trompeurs ... » L’auteur de ces notes n’est pas un
“poète” ; cependant il a eu un “pressentiment” qui n’a pas été “trompeur”. La vérification
sur une version papier des Métamorphoses aurait duré un an ; quelques minutes suffirent
pour tamiser deux versions en deux langues sur l’Internet.
Sur les 116.815 mots d’un chef-d’œuvre qui parle en long et en large de chaque plante
significative de la Méditerranée – un texte fondamental pour la culture européenne depuis
deux mille ans – le nom d’une plante fondamentale pour la culture Classique, l’acanthe, le
symbole même de la continuité vitale que Ovide décrit dans chaque métamorphose, apparaît
une seule fois : dans notre citation « feuilles d’acanthe dorées ». Ovide ne parle jamais de la
fleur. Il parle des feuilles une seule fois bien qu’elles soient omniprésentes sur les
monuments, sculptures, céramiques, peintures, tissus et partout où l’on regarde. On ne
peut pas dire qu’à Rome la Grèce était passée de mode. Ovide aurait fini d’écrire les
Métamorphoses quand Jésus de Nazareth avait huit ans ; dans un procès pour omission
blasphème de l’Acanthe de la re-Naissance, personne ne pourra accuser le Christ Ressuscité.
Souvent, le mot clef est celui qui n’est pas prononcé. Voici donc un nouveau Mystère, avec
majuscule. On pourrait l’éclaircir en répondant à une question : blasphème pour qui ?
L’auteur demandera des explications en famille. Nous sommes originaires de Secinaro,
sur le Mont Sirente, à 20 km de muletière de la ville natale d’Ovide : Sulmona, la capitale
mondiale dei dragées pour cérémonies de mariage et baptême. Une fois par an, nous
descendions à pied pour vendre trois brebis au marché et payer les taxes impériales ;
nous rentrions le soir même à la maison – ouf ! –, rue de Rome. Tonton Ovide était
surnommé Nasone, Gros-Nez. Son profil est l’héritage dont ses descendants sont le plus
fiers. Pour fouiner et comprendre certaines choses, il faut du nez.
Ovide ignorait-il l’importance de l’acanthe ? Il est plus facile d’imaginer qu’il fut prudent
pour des motifs politico-religieux. On ne plaisante pas avec la religion de l’État ; nous
l’avons vu avec Socrate. Nous n’avons pas de réponse mais dans la famille, une mauvaise
langue murmurait que le nez du célèbre tonton était bouché. Elle avait une dent contre
lui parce qu’elle était une sicinara. Elle dansait comme la nymphe Sicina en l’honneur de
Notre-Dame Déesse, déclassée à Rome en une des nombreuses Déesses : Cybèle. À
Secinaro, toutes les femmes étaient des sicinare. Elles donnèrent le nom au village, plus
tard déformé au masculin par on ne sait quel macho romain.
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Callimaque traduisit sa vision en un nouveau chapiteau avec feuilles d’acanthe. Il est dit
corinthien, de Corinthe, la ville natale de son auteur.
Question. Dans la colonne de Delphes, pourquoi les feuilles de pierre esquissent-elles
une spirale, alors que les vraies feuilles sont à peine courbées ?
Dans la partie haute de certains chapiteaux corinthiens, on retrouve un autre
thème fossilisé : la double volute du précédent chapiteau ionien. Nous voulons
l’appeler double spirale, parce que nous avons des motifs de penser que son
origine est une autre double spirale. Cette caractéristique fondamentale du chapiteau ionien,
et la feuille d’acanthe recourbée de Delphes, viennent de Malte comme d’autres symboles de
la culture grecque déjà commentés ici. Au cours des siècles, ils sont devenus des
représentations hermétiques de La Vie, c’est-à-dire de Notre-Dame Déesse.
Dans ce chapiteau corinthien, du cœur de la plante d’acanthe
émergent les spirales préhensiles de la plante de pois. Au printemps,
elle rampe et grimpe partout comme un serpent. La cosse
mériterait un développement ; son contenu de semences – les pois –
était représenté avec un réalisme parfait deux mille ans avant
Callimaque. Au centre, une fleur complétait le bouquet. Puis le
chapiteau corinthien se fossilisa lui aussi mais à l’origine, il
représentait l’explosion de la Vie au printemps.
La colonne de Delphes est un feu d’artifice, une fusée à trois étages, un chœur de pierres
qui chantent la ritournelle de la re-Naissance, l’Hymne de l’irréfrénable Continuité de la
Vie. Émergeant de l’Acanthe comme une seule tige de Fleur, trois jeunes filles en fleur
s’élèvent : elles célèbrent l’Élévation du Nombril du Monde. La composition verticale est
caractérisée par une unité non seulement stylistique ; c’est un unique symbole de La
Continuité. La Colonne de Delphes est une symphonie en trois mouvements : « À la Vie ».
Le compositeur pourrait avoir travaillé dans l’atelier de Callimaque.
« M’man ?... Pourquoi tu mets l’ pain dans un panier et pas dans une assiette m’man ? »
Le Panier plein de jouets de Callimaque semble un écho de la précédente Ciste ou Kyste, la
corbeille avec couvercle qui cachait les objets sacrés des Mystères d’Éleusis. Le contenant, le
panier, la Ciste sacrée, couronnait la tête de Déméter, Déesse Mère de la Terre. La Ciste
couronnait aussi la tête du contenu, la Déesse Fille Perséphone – ou Kora, jeune fille en grec –
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qui fut enlevée par Hadès et portée sous terre. Plus tard, Hadès enleva la jeune fille dont la
tombe inspira Callimaque. C’était un tueur en série ? Non ; Hadès était le Dieu des Enfers,
et non de la « mort ». Ce qui n’est dit dans aucun langage n’est pas.
Cette « cariatide avec panier sur la tête » (sic) est exposée au musée
d’Éleusis, la cité des Mystères, ou rites. Elle soutient une Ciste,
ou mieux Elle procède au rite de l’Élévation de la Ciste. De même,
l’Omphalos était élevé par la colonne de Delphes. Cette
cariatide pourrait s’appeler Déméter ou Perséphone. Dans les
infinies terres cuites produites par l’industrie religieuse, la Mère
et la Fille ont sur la tête une Ciste basse, comme un prototype
de couronne mais lisse, comme l’autre Omphalos de Delphes.
Quelle belle coïncidence ! Paolo Orsi a trouvé l’objet de la photo en un lieu appelé
Carrière de la Dame, à Castelluccio, près de Syracuse. Le grand archéologue nota sa
ressemblance parfaite avec des objets que Schliemann venait d’extraire des fouilles de
“Troie”. Identifiant l’objet par sa matière, ils l’appelèrent en italien osso a globuli et en
anglais bossed bone plaque : plaques d’os bosselées. (Réf. I)
Dans 5.000 ans, notre civilisation sera connue grâce à un objet en or vénéré comme
symbole algébrique de l’accumulation de richesses : une croix. Attribuer une certaine
valeur à la matière d’un objet peut en fausser l’interprétation. Cette erreur peut porter à
une vérité plus grande, ou à un contresens.
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L’os, un symbole de mort pour notre temps, empêcha Schliemann et Orsi de voir
qu’alors, la Vie renaissait de l’os lui-même. À quoi sert un spécialiste ? Par exemple à
nous dire à quel animal – ours, humain ou autre – appartenait cet os, entaillé “à pois”
pour protéger la vie de l’artiste ou de son client, et pour garantir la vie prochaine,
logiquement, avec Le Porte-bonheur de La Vie.
- C’était l’équivalent de la Croix ?
- Peut-être, pour ceux qui la porte au cou ; pas pour ceux qui la porte sur l’épaule.
Un spécialiste est utile, mais s’il ne creuse qu’en verticale et jamais de façon latérale comme
la pensée prémoderne, ses collègues moins obtus cueilleront les fruits de son travail.
Dans cette cosse sculptée, les pois sont 12 ; est-ce un nombre significatif ? Peut-être,
mais dans d’autres cas les pois sont moins nombreux, se rapprochant du modèle naturel.
Ou bien ils sont plus nombreux, peut-être pour une raison pratique, comme s’il s’agissait
d’un boulier, ou pour une magie non-mathématique : chapelet, misbaha, komboloï...
Deux “yeux” donnent un visage à certains pois. D’autres ont une seule cavité; un
nombril ? D’autres encore sont lisses comme les œufs en pierre du temple de Mnajdra,
mais moins ronds, légèrement aplatis, comme de vrais pois tassés dans la cosse mûre
quand elle est sur le point d’exploser et de répandre sa charge de Vie.
Des cosses semblables ont été trouvées à Troie, Lerne, Castelluccio, Tarxien... mères de
nombreux cousins qui furent divisés par des pères autoritaires, les États modernes :
Turquie, Grèce, Italie, Malte... Il y a 5.000 ans, la Mère Méditerranée n’avait pas encore été
dépecée, donc Elle ne pouvait pas être « unie » par le commerce comme disent certains
archéologues. Ils ne se lassent pas de découvrir les preuves de communication archaïque,
sans doute parce qu’ils habitent dans un immeuble où les voisins ne se parlent pas. Ils
devraient savoir que s’ils vont en voiture de l’université au supermarché, d’autres peu de
temps avant traversaient normalement l’Europe à pied, pas seulement pour les pèlerinages,
et ils n’avaient même pas leur baccalauréat.
Sans le vouloir, ces archéologues démontrent que les croyances actuelles sont absurdes,
mais ils oublient d’indiquer leur origine : la transcendance de deux idées modernes – la
Nation et le Progrès – qui engendrèrent le racisme culturel, qui produit des scènes tragi-
comiques : « Regardez ! Je suis un Ph. D. et pourtant j’ai du mal à faire du feu avec deux silex, donc
les Troglodytes n’étaient pas des imbéciles. »
Il se sent supérieur ; il se croit évolué. Ce “Docteur” en “Philosophie” confond une idée du
début du 19e siècle – l’évolution – avec une idée différente qui mûrit cinquante ans plus tard
dans l’esprit de Darwin : la sélection naturelle.
Les espèces ne vivent pas, n’évoluent pas ; certains individus le font pendant leur vie. Une
espèce, un groupe, ne change et résiste qu’au travers d’individus qui résistent en s’adaptant
& en changeant, pour le meilleur et pour le pire, ou bien l’espèce, le groupe disparaît avec
eux. L’évolution de l’espèce est une illusion d’optique. La notion même d’espèce serait à
revoir. Pour lui enlever un relent vaguement totalitaire, espèce avait été associée à évolution,
qui a le même goût à la fraise de progrès, la même démarche linéaire, modérée. La Vie est
révolutionnaire, et anarchique.
- Encore la question onto-épistémologique ?!
- Oui, bien sûr, mais avec le sourire.
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Si un Ph. D. prend en main deux silex pour allumer un feu, une étincelle changera-t-elle sa
façon de penser, ou s’écrasera-t-il les doigts ? L’extinction de cette espèce de Ph. D. ne sera
pas causée par un astéroïde venu du ciel mais par une panne de courant qui durera un hiver.
Ce Ph. D. n’a pas lu ou pas compris la valeur universelle d’une célèbre pensée de Camus sur
la Guerre Civile : « C’est en Espagne que ma génération a appris que l’on peut avoir raison et être vaincu,
que la force peut détruire l’âme et que, parfois, le courage n’obtient pas de récompense. »
Vae Victis, malheur aux vaincus, à ces vaincus. Leur âme noble ne fut pas victime d’une
évolution ni d’un progrès, mais d’une forme de sélection naturelle qu’on appelle la guerre.
L’archéologie semble ignorer que notre idée de commerce est “moderne” et donc fruit de la
division, comme la guerre. Il fut un temps où l’on comprenait pourquoi marchandise,
commerce, merci, ont la même étymologie que Mercure, un Dieu “moderne”. Le Messager
avait une mission : ré-Unire ceux qui furent séparés. Mais il est aussi vrai que peu avant,
quand il s’appelait Hermès, il avait aidé à diviser la Déesse en trois – nous l’avons vu –
avec la Pomme de la Discorde. D’ailleurs Mars aussi divise et unit, mais à sa façon.
Avant ces Dieux, et depuis toujours, la Méditerranée était un grand parc avec des villas :
une copropriété de luxe. On s’y rencontrait pour quelques querelles et de nombreuses
fêtes où chacun apportait une spécialité à goûter ensemble ou à échanger, avec la recette.
La Méditerranée était un espace open source.
Selon trois chercheurs de l’Université de Grenade, une analyse spectrographique indique
que l’unique ornement trouvé dans une grotte “sépulcrale” de l’Andalousie est une
ambre arrivée de Sicile dans le quatrième millénaire a. J.-C., soit 2.000 ans avant les
grandes pyramides d’Égypte. (Rif. J)
L’excellent et très sensible chercheur espagnol, sans doute encore trop jeune pour défier
tout seul les fossiles de l’Académie, chercha et trouva de nombreux alliés. La
bibliographie qui conclut son essai est remarquable mais, comme pour toutes les
bibliographies, dix essais ne suffiraient pas à préciser le contenu de chaque œuvre
évoquée. Il cite Marija Gimbutas ; elle aussi aurait remarqué la forme gynécologique de
ces “tombes”, évidente pour qui n’est pas aveuglé par la morale victorienne et par le
conformisme. Tellement évidente que la question fait partie du Quiz pour guide
touristique qui termine notre récit.
Nous n’avons aucun doute : un jour, Martínez-Sanchez sera considéré comme un grand
archéologue espagnol, mais il minimise sa vision. C’est l’usage dans les académies ; la
modestie est une qualité des forts, ou un truc pour apparaître fort. Dans ce cas, un futur
grand archéologue exprime une modestie authentique mais il le fait à propos d’une délicate
question épistémologique : il observe que sa proposition est « ascientifique ».
Dire que 2 + 2 = 4 serait donc une proposition a-humaniste ?
Vole, cher Rafael, vole au-dessus de ce nid de coucou ! Et essaye de débrancher le pilote
automatique
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Pour l’Académie, la photo de l’Impératrice Nue ne suffit pas à prouver sa nudité. Ils ont
besoin d’une analyse spectrographique du spectre de ses habits.
Pas nous. Comme beaucoup, nous pensons que si le laboratoire médical fait l’analyse, il
faut toujours un médecin pour interpréter les données. Quand le scientifique en blouse
blanche a décrit un aspect de l’objet archéologique, sa totalité ne peut être interprétée que
par un humaniste qui devrait avoir le courage de porter sa veste de velours côtelé. Il ne
devrait pas usurper, comme font certains médecins, la blouse blanche du chimiste : sa
blancheur n’atteste qu’une pureté chimique. Malheureusement, à cause d’une tare
héréditaire – son affectivité – l’humaniste est « a-scientifique ». C’est un péché, dans la
religion Moderniste. Pour cette raison, les Modernes de deuxième classe inventèrent un
cocktail : les “sciences humaines”, locution démolie auparavant parce qu’elle déclasse le
Sujet humain au rôle d’adjectif, de vassal de la Science.
Nous ne voulons pas répéter le “discours sur la méthode” tenu dans différentes étapes
du voyage, mais seulement rappeler l’exigence d’une « archéologie moderne,
multidisciplinaire, et réellement interprétative et non descriptive » comme écrivait en février
2017 un grand archéologue et grand réorganisateur de l’archéologie. Nous avions déjà
cité Sebastiano Tusa dans notre Bonus Track 1. Il écrivait l’éloge funèbre d’un autre
grand archéologue, Maurizio Tosi.
Malheureusement, en ce même mois de mars 2019, il l’a rejoint.
Sur un Boeing 737, un savant fou avait substitué un homme par un robot.
Après cette parenthèse sur la cosse du petit pois et ses alentours, retournons dans la
Sicile de 2018, à Pâques.
* * *
Méditons un instant sur les trois fleurs-
filles d’acanthe et les trois jambes des
armoiries de la Sicile, sur les trois spirales
préhensiles du petit pois unies en un
centre triangulaire : le Triskèle. Il est
gravé partout sur des rochers, au
Néolithique. Bien plus tard, il sera peint
sur le bouclier des guerriers grecs, comme
protection magique semblable à celle du “bouclier en forme de 8” qui a marqué le début
de ce voyage. Même en guerre, la Maman protège Son chiot. Si quelque chose va de
travers, d’un rite Elle l’accueille à nouveau en Son sein, dans la terre comme au ciel, avant de le
faire renaître au Printemps comme une fleur.
Confusément, une connaissance nous arrive de loin. Notre vocabulaire ne peut que la
trahir d’un vilain mot: la mort n’existe pas, elle n’est pas.
Cette connaissance était sous-entendue dans une pensée attribuée à Parménide, qui ne
disait jamais de vilains mots : « L’être est ; le non-être n’est pas. »
Les armoiries de la Sicile le disent mieux. Derrière un visage féminin énigmatique, d’un
point imprécisé et indicible entre Ses Cuisses Sacrées, c'est-à-dire du centre du Triskèle,
émergent trois symboles de la vie qui renaît toujours : Trois Boutons de Fleur d’Acanthe,
la plante symbole de La Vie. Mais non pas la vie éternelle, statique comme la mort.
Si on regarde fixement le Triskèle, un vertige le transforme en un drone à trois hélices qui
tournent en spirales et vont au-delà... sans l’aide d’aucune drogue.
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L’axe MèreFille est une Union dynamique, c’est l’axe vital autour duquel tourne le
Temps Circulaire, c’est l’axe vital FeuillesFleur d’Acanthe représenté à Delphes par la
Colonne de l’Omphalos que certains appellent l’Axe du Monde : Mère & Fille.
L’Axe du Monde Mère Fille fut substitué par un nouvel axe : Père Fils.
L’Unité “Temps Linéaire & Vie & Mort & Éternité” est le nouveau système.
Sans vie ni mort, le Temps Circulaire n’a aucun besoin d’éternité.
En une période de transition semblable à celle que nous vivons aujourd’hui, la Colonne
de Delphes émergeait des feuilles d’acanthe et s’élevait : le Phare tentait d’illuminer le
monde classique de la Lumière de la Déesse Primordiale. Le monde classique réagit avec
l’ostracisme de la Fleur d’acanthe, mais les Feuilles réussirent à se maintenir partout.
L’Axe Vital du Monde – Mère Fille / Feuilles Fleur – fut brisé par le Patriarcat
alors qu’il occupait toutes les cases de la Déesse, à Delphes et ailleurs, pour faire échec à
la Reine. Ce combat motiva l’omission de l’Acanthe dans les Métamorphoses d’Ovide.
Un duel en coulisse justifiait le langage crypté des Mystères : il nous raconte la relation
entre l’Omphalos sur la Colonne et le Panier sur la tête de Déméter à Eleusi. On
comprend alors le geste du prête chrétien à l’Élévation : partout, toujours, la Vie renaît.
La Vie renaît sur les armoiries de la Sicile, en trois boutons de fleurs d’acanthe.
- Encore des fake news !
- Tu causes amerloque p’tit gars ?! Tu veux faire du fact-checking ? Regarde la photo, avec l’épis
de blé et le bouton de fleur d’acanthe. Lequel vois-tu sur les armoiries de la Sicile ?
Tôt ou tard, quelqu’un dessinera trois épis de blé sur les armoiries de la Sicile. L’antique
source d’inspiration doit être sauvée ; modifions la Loi : « avec la gorgone et les épis »
deviendra « avec La Déesse et Ses Fleurs d’Acanthe ». La réforme ne coûtera rien, si on évite
conférences et buffets. On pourrait ainsi lancer la Renaissance – si quelqu’un en ressentait
le besoin – de la Sicile et de la Méditerranée avec un programme pour le Troisième
Millénaire. Dans le monde entier, L’Espoir pourrait resurgir avec la Fleur d’Acanthe.
Par contre, nous pouvons nous passer d’un certain patrimoine patriarcale. Peut-être faut-
il nous en passer. Il pourrait même être urgent de s’en débarrasser.
Dans mille contextes, mille interprétations attribuent à mille triskèles les caractéristiques
de la Déesse.
Personne n’ose parler de la Source de la Vie, au centre des Cuisses Sacrées de la Déesse.
Nous l’avons fait.
Tôt ou tard, nous parlerons de la célèbre Cuisse de Jupiter, divine “Mère porteuse
gestationnelle”. Pour l’instant, deux Dieux transgenres – Poséidon et Océan – sont
suffisants pour notre revisitation de l’Olympe et des Héros semeurs de Mort.
Mais grâce à Dieu, c'est-à-dire grâce à la Déesse de la Vie, peut-être que demain, il se
pourrait que, sait-on jamais...
Bah, nous verrons... Vous verrez : nous devons céder la place aux enfants aux yeux
innocents. Puis nous renaîtrons nous aussi. N’est-ce pas ?
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Bonus track 5 – Avril 2018
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Voilà énoncé le fondement d’une philosophie des langages. Un anthropologue qui
l’ignore est un chirurgien qui opère sans désinfecter son bistouri parce qu’il ignore
l’existence des microbes. Répétons-le : au 19e siècle, le mot matriarcat ne décrivit pas une
réalité archaïque ; il produisit un phénomène moderne. En inventant une antagoniste
“historique”, le patriarcat justifia son propre rôle de protagoniste. Le mot matriarcat
organisa un derby pour deux perdants. Dans la civilisation de la Femme, il n’y avait pas
de derby ; aucun jeu n’était fondé sur la compétition. Même pas peut-être dans les jeux
sexuels, ce qui prouverait que les humains, alors, étaient supérieurs aux animaux.
Un point semble certain : dans la civilisation de la Femme, il n’y avait même pas de
guerres. Le Dieu de la Guerre commença une brillante carrière avec des armes de bronze ;
la diffusion de sa religion fut facilitée par la nouvelle thérapie de Sa divine sœur : la Gloire,
qui concédait la Vie Éternelle aux Héros qui méprisaient la Mort. C’est ce que chantaient
les bardes qui arrivaient après la bataille parce qu’eux ne la méprisaient pas.
Notre parole tombe produit notre parole mort, et vice-versa : elles forment un système qui
produit une réalité. D’autres que nous, en creusant le rocher, produisent un autre
système, une autre réalité – le ventre-temple-hôpital de la Vie – dans un langage de pierre.
Notre langage, Créateur & Créature de notre réalité, est incapable de décrire une réalité si
différente de la nôtre. Nous pouvons seulement tenter de ne pas trop la dénaturer, si
l’objectif est une connaissance utile. Traduttore traditore : traduire, c’est trahir. Nous
devons traduire le passé, en le trahissant le moins possible, si nous espérons découvrir
une éventuelle sagesse antique utile à résoudre les problèmes d’aujourd’hui. Mais s’il ne
s’agit que d’entasser un peu de mots difficiles à faire réciter aux étudiants, tout est bon.
Les études humanistes ont été dévaluées. À l’école, la philosophie se meurt, étouffée sous
un tas de notions disciplinaires. Pourquoi réanimer cette vieille dame ? Pourquoi reporter la
philosophie chez elle, où elle étudiait chaque phénomène d’un point de vue métadisciplinaire,
pour rendre les humains un peu moins malheureux. A-t-on besoin d’un autre grand mot ?
Archéo-ethno-philosophie ? L’ethnologie n’étudie pas les religions mais les “cultes” : ce sont les
religions auxquelles les hommes ne croient plus, à moins qu’ils ne soient inférieurs.
L’ethnologie est une “science” jeune ; la demoiselle méprise de vieilles philosophies qui
pourraient être “utiles & bonnes” aujourd’hui, et non pas “vraies” : autre mot venimeux.
Seuls les Grecs étaient philosophes ? Oui, c’est vrai, et seuls les Héros yankee sont des
cow-boys ; les autres sont des vachers. Répétons-le : le langage n’est pas innocent.
Usant d’un sarcasme facile, nous avons commenté une certaine façon de regarder le
passé et d’en parler ; regardons à nouveau le portillon de Castelluccio. Si le lecteur devine
quel geste est gravé dans la pierre, il recevra une médaille gravée dans le chocolat. S’il est
également capable d’expliquer pourquoi, sur une “tombe”, le Génie du Temps
Circulaire sentait le besoin de parler de ces choses que l’on tait dans un salon, il
découvrira le thème central de notre récit de voyage : La Vie.
À quel âge appartiennent les peuples de l’Amazonie ? À l’âge du plomb. De ce plomb
qu’ils reçoivent des cow-boys d’aujourd’hui et des planteurs de soja pour “bio” diesel.
Castelluccio et les autres villages de la même civilisation s’installaient près de grottes,
même sur des hauteurs incommodes pourvu qu’elles soient loin de la mer et des pirates
aux armes de bronze. Dire que Castelluccio appartient à l’âge du Bronze équivaut à dire
que le ghetto de Varsovie appartient à l’âge du Nazisme : c’est une généralisation injuste.
Le 20e siècle a connu d’autres écoles de pensée – le nationalisme obtus, la religiosité
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fanatique, le chauvinisme xénophobe, le monolinguisme hautain – encore très
dynamiques, souvent associées.
Pouvons-nous dire qu’un masque Aztèque appartient à l’âge des Conquistadores ?
Où serait l’erreur ? Veut-on sauver la civilisation de Castelluccio du “Néolithique”, la
promouvoir au “Bronze” lié à nos Héros ? Ce “Bronze Héroïque” fait émerger une
fonction de l’Histoire de l’Art : l’autosatisfaction du macho. Cette pratique solitaire sévit
de l’école primaire à l’université puis éjacule dans les musées, contaminant notre société.
Comment peut-on se faire une idée de l’âge du Bronze et de ses Héros ? Comment
dénoncer certains aspects de leur civilisation, restés vivants dans notre société ?
Comment imaginer les futurs possibles ?
Observons une “culture” de l’âge de la Vidéo. Ses crimes sont chantés par la propagande
de “l’État Islamique”. Pouvons-nous exclure que de semblables méfaits deviendront les
hauts faits de récits mythologiques ? Une confusion est cultivée entre “État Islamique”
et Islam. Puis, une propagande irresponsable associe l’Islam à une inexistante invasion de
migrants. En réalité, elle prépare la canonisation de Héros Islamistes de l’âge du Pétrole,
dans un ailleurs si proche que nous en faisons partie.
140
Exemple d’application. Celle-ci est bien connue des bons éducateurs : si tu penses qu’il y
a quelque chose à améliorer dans un sujet, avant d’intervenir sur lui, observe ses objets et son contexte et
essaye de les améliorer dans l’intérêt de ce sujet.
Maintenant nous pouvons observer comment deux doubles spirales sont identiques &
différentes, dans deux différents contextes.
Exemple d’un contexte qui change tout.
Dans le portillon 1, le contexte au-dessus de la double spirale
est en relief. Il forme un cadre avec une pointe triangulaire au
milieu. Dans les peintures qui viendront des millénaires plus
tard, le cadre représente l’ici de l’observateur. À l’intérieur du
portillon 1, le cadre avec une pointe triangulaire représente le
premier plan, la peau du ventre. Il repousse la double
spirale qu’il encadre dans un ailleurs, dans un second plan, à
l’intérieur du corps représenté dans cette “peinture”.
En une telle optique, et dans ce contexte précis seulement,
quelle est la signification gynécologique de cette double
spirale ?
C’est à nouveau le contexte qui nous le dit. Dans la partie
basse du tableau, les deux petites boules ovales en sont le
“pendant”, terme qui indique une symétrie et ce qui pendouille. C’est un bon mot anatomique ?
Bien sûr. Il nous a semblé nécessaire d’introduire un demi-sourire dans une question très
sérieuse : dans un système, de façon instantanée et réciproque, chaque Un est le contexte de
l’Autre & chaque Un est le signifiant de l’Autre & chaque Un signifie l’Autre.
Les implications sont évidentes, n’est-ce pas ?
143
éviter les malentendus causés par une formule malheureuse, nous utilisons un autre
vocabulaire mystique ; celui créé par les mathématiciens archaïques : Union contre Division.
On sous-estime les mots courts. Que signifie la conjonction “et” entre ces Dieux ? La
formule Éros “et” Thanatos indique-t-elle L’Union de l’Amour et de la Mort ?
Malheureusement, nombreux sont ceux qui le pensent et agissent de conséquence. Éros
“et” Thanatos est une invitation subliminale. Nous l’avons remarqué : le langage ne décrit
pas la réalité ; il la produit. Éros “et” Thanatos est une formule de magie noire qui produit
les féminicides et des formes criminelles de sadisme.
Si nous devons utiliser les Dieux grecs, tachons de ne pas être blasphèmes ; “et” doit être
substitué par “contre”: Éros contre Thanatos.
Le portillon 1 représente trois Dieux. Quelqu’un voit Éros seulement ? La myopie se
soigne très bien. Avec de bonnes lunettes, il verra aussi les autres Dieux : Thanatos, la
Mort; Nike, la Victoire.
L’artiste sicilien du portillon 1 a sculpté La Victoire de Éros contre Thanatos.
C’est la vraie formule du thème grec, mais la Victoire fut célébrée d’abord en Sicile, et
bien plus tard en Grèce (à l’époque province de la Magna Sicilia).
À Castelluccio sur le portillon 1, Éros bat Thanatos 3 à 0.
À Castelluccio, chaque Dimanche est Pâques.
En ces Pâques Joyeuses, l’Amour est une pratique sexuelle. Le portillon 1 de Castelluccio
marque un tournant fondamental dans la vraie Histoire des Humains.
Par exemple, les célèbres “temps bibliques” commencent avec le portillon 1.
Avant, dans l’ère du Plaisir Innocent, cet acte n’était pas plus “sexuel” qu’une caresse ou
un baiser. Il ne constituait qu’une des expressions physiques d’un rapport amoureux
entre humains. L’acte n’était pas limité aux organes ici représentés. Nous le comprenons
en considérant un tabou : la sodomie. Ce fut une innovation socio-religieuse, comme le
patriarcat, comme l’autre tabou : l’inceste. Certains humains avaient compris les
conséquences d’une des modalités de ce plaisir, mais ils voulaient en sélectionner les
fruits. L’art mystérieux de l’éleveur s’unit à la magie de la paysanne.
Deux tabous fondamentaux engendrèrent la condamnation de l’homosexualité
masculine. L’homosexualité féminine ne gênait pas parce que dans la nouvelle logique
utilitariste, la tendresse, le plaisir et la joie n’avaient aucun sens. Seule la pénétration
comptait, et elle n’était légitime que pour la procréation physique & métaphysique.
Les raisons de cette limite sont restées mystérieuses à nos jours. La pensée moderne, soi-
disant non religieuse, ne fournit qu’un seul bon motif : l’hygiène. Il n’existait pas dans les
formes d’aujourd’hui. L’hygiène moderne est un couteau suisse : il sert à bien des choses,
et il peut faire du mal. La pensée moderne explique que les tabous de l’époque étaient les
conseils du médecin. Ces généralistes primitifs se soumettaient aux ordres du Sacerdote,
non à ceux du Pharmacien. Mais comment expliquer l’homophobie, aujourd’hui, dans
l’ère de l’hygiène moderne ? Tout le monde sait qu’unir l’utile à l’agréable est chose
bonne. L’utile, la procréation, c’est bien. Mais on ne comprend pas pourquoi l’agréable seul
serait une faute, si on pense aux folles énergies dépensées pour un utile seul qui n’est pas
hygiénique du tout : le travail séparé du plaisir, quand on n’aime pas son travail.
- Mais pourquoi parler de travail à propos du portillon 1 ?!
Parce que cette pierre marque la fin de l’Amour Innocent et le début des temps bibliques.
144
L’esclavage – le Travail sans Amour – commence avec la Genèse. (Gen. 3, 17-19) Bien des
siècles plus tard, quelqu’un proposa une re-composition, une formule magique prébiblique,
“néolithique” : Ora & Labora. Prie & Travaille, un nouveau programme sans aucune relation
avec prier ou travailler, tout comme la Surface est un Être nouveau sans relation avec la
longueur ou la largeur. Ce prophète ne fut pas compris. (Réf. B) Le re-Compositeur ne fut
pas brûlé comme une sorcière quelconque, au contraire ; il fut fait Saint. Benoît a eu de
la chance : nomen omen, puisque Benoît signifie bénit en français.
Ce n’est pas par hasard que la Malédiction de l’Homme a été lancée seulement après la
Malédiction de la Femme, protagoniste pour la dernière fois dans la Première Sentence du
Tribunal Suprême. Elle fait jurisprudence : depuis Gen. 3, 16, la Femme est soumise à l’Homme.
Gen. 3, 16, marque le début du Deuxième Acte dans une comédie & tragédie intitulée
Histoire de l’Homme. La “pré” histoire est une invention récente ; nos notes de voyage
concernent l’Histoire de l’Humanité.
Si on n’est pas créationniste, le mythe biblique implique qu’avant la Genèse, au Premier Acte,
la Femme n’était pas soumise, l’Homme ne la dominait pas, et il n’était pas soumis au
travail sans amour.
Travail & souffrance : ce fut tout un pour la Femme, dans le travail de l’accouchement.
Gen. 3, 16 instaure l’accouchement dans la douleur, une horrible nouveauté du Deuxième
Acte, causée par Dieu sait quel changement physiologique, dû à Déesse sait quelle
nouveauté socioculturelle ou environnementale. On ne peut que l’imaginer, en pensant
aux petites chinoises dont on bandait les pieds pour les atrophier, aux pieds déformés par
les chaussures à pointe, aux chevilles et genoux torturées par les talons hauts. Nous
portons des chaussures toute l’année et non en hiver seulement comme c’était l’usage à la
campagne avant le Progrès Industriel Citadin. La mode aussi est un langage, et elle n’est
pas innocente non plus.
Le portillon 1, dans lequel un acte de plaisir est finalisé à la re-Naissance, devrait s’intituler
La Perte de l’Innocence. Avant, c’était l’Âge d’Or : l’âge de la pierre. Ce sont les Sages auteurs
du Livre de la Genèse qui l’ont dit. Le Nouvel Ordre – le Deuxième Acte – commence
par l’expulsion du Paradis Terrestre.
Nous avons parlé des dégâts causés par la division du passé en “âges” ; nous avons vu
que sur l’essentiel, les “cultures” ne sont pas si divisées. Ceux qui ont de bonnes raisons
de préférer l’union à la division sont invités à plonger avec nous, au large, pour découvrir
le fond de la mer. Il explique bien des petites choses qui flottent dans les tempêtes.
Certaines arrivèrent sur nos plages. Réunies par le hasard, elles formèrent des “cultures”.
Parmi ces restes de vies passées, on peut choisir ce qui est utile à notre projet, laissant
que la marée emporte ce qui est inutile ou dangereux.
Mais c’est plus difficile qu’il n’y paraît.
La capacité de choisir parmi les choses est exprimée par l’étymologie du mot intelligence.
Sur la plage, l’intelligence choisit & unit les épaves en fonction d’un projet.
Sans éthique, l’intelligence sert à diviser : par la supercherie, la soumission, le crime, etc.
Tout projet éthique se heurte à deux catégories d’antagonistes. Les voici, en crescendo :
145
- quelques personnes, ayant un vieux projet pour chaque domaine : diviser & régner ;
- les nombreuses éponges, qui n’ont aucun projet.
Voici définis trois groupes humains. Tous sont capables de choisir le groupe auquel
appartenir, selon les catégories antiques du Bien ou du Mal. Tous sauf les éponges qui ne
choisissent pas ; elles absorbent.
Les éponges ne sont pas produites par la mer mais par l’Académie. Dans un monde
vivant dont chaque aspect change à tout moment, l’Académie développe la mémoire des
élèves et des étudiants en leur faisant réciter des catalogues produits par des divisions
absurdes: les “âges”, les “cultures”, les “dates des batailles”, les “températures de
cuisson” et autres notions vides. Elles nourrissent l’organe principal des éponges : la
mémoire, déjà signalée ici en un aphorisme : La mémoire est l’intelligence des imbéciles. Ajoutons
maintenant que les imbéciles sont infiniment plus dangereux que les méchants parce
qu’ils sont infiniment plus nombreux.
Cependant l’union n’est pas toujours possible. Au restaurant, le repas est divisé en plats.
Les invités ont chacun une chaise. Mais quand ils mangent de façon insensée, boivent
trop et en viennent aux mains, l’addition est salée.
Nous devrions participer à l’Histoire de l’Humanité de façon plus éduquée ; nous avons
eu l’honneur et le privilège d’être invités au Dîner de Gala de la Vie.
Mais il s’agit peut-être d’une pièce de théâtre...
Ce soir, le spectacle était une expérience unique mais nous sommes arrivés en retard.
Le Premier Acte racontait une obscure Civilisation de la Femme.
Nous sommes arrivés à la fin du Deuxième Acte : La Lumineuse Civilisation de l’Homme.
Le Troisième Acte, Harmonie, doit être écrit par le public : la comédie est de Pirandello.
Il concerne les trois dimensions de notre planète : sujets & objets & environnement.
Tous, dans le public, veulent éviter un final tragique. Notre récit de voyage espère y
contribuer, en observant mieux le passé et en fournissant quelques instruments pour le
présent : des trucs et des conseils de plombier. Nos plaisanteries pour rendre la comédie
plus légère ne font pas sourire tout le monde, donc nous devrions être sur la bonne voie.
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Bonus track 7 – Mai 2018
Continuité
Insectes. Du latin insecta: (animaux) divisés.
Giacomo Devoto
Une petite ballade imprévue a produit un long récit de voyage parce que nous avons vu
la continuité qui unit une statuette, un temple, et le “bouclier en forme de 8”.
Cette continuité est importante pour résoudre des problèmes d’aujourd’hui.
Dans le précédent Bronze and Sex and Rock ‘n Roll, nous nous sommes libérés d’un catalogue
académique du 18e siècle qui empoisonne encore écoles et musées. Ainsi, nous avons été en
mesure de voir l’âme des portillons 1 et 2 de Castelluccio, exposés à Syracuse au Musée
intitulé à Paolo Orsi qui les a découverts. On y conserve deux autres trésors semblables.
Pour simplifier, nous les appellerons portillons 3 et 4, mais comment les décrire en paroles ?
Après ce que nous avons appris dans le précédent bonus track, nous pouvons donner de
chacun une définition claire, indiscutable.
Portillon 3
Homme et Femme
Portillon 4
Femme
Réunis, les objets s’expliquent réciproquement : chaque objet devient le contexte de l’autre.
P.1 Femme et Homme P.3 Homme et Femme P.2 Femme sur lit en forme de 8 P.4 Femme
Les portillons 1 et 2 expliquent les portillons 3 et 4. Nous ne précisons pas que dans le
portillon 3, “la femme est dessous”, métaphore spatiale d’une hiérarchie. Nous ignorons si à
Castelluccio, la femme était déjà devenue inférieure, si supérieur signifiait déjà meilleur. Nous
essayons d’éviter les messages implicites dans notre langage ; ils ne décrivent pas l’objet ;
ils expriment les évaluations de l’observateur et ne décrivent que lui.
147
Le portillon 3 n’est pas une pierre unique comme le portillon 1. Pourquoi les deux sujets
ont-ils été divisés ? Un seul bloc aurait-il été trop lourd ? Dans la représentation d’un
homme et d’une femme, la division en deux pierres indique-t-elle une “liberté dans
l’union” ? Quoi qu’il en soit, le portillon 1 est un exemple d’écriture ou de dessin ; le
portillon 3 est une sculpture. Le genre d’un humain n’est pas indiqué par des signifiants
gravés mais par des volumes : deux protubérances pour la femme, une protubérance pour
l’homme. Nous ignorons si ce type d’écriture-dessin précède ou suit cette sculpture.
Ce symbolisme est-il compréhensible aujourd’hui ? Peut-être, parce que l’anatomie est
plus constante que les symboles. Plus loin, nous devrons nous occuper du signe “1” et de
son signifiant “un” ; ils ont de nombreux signifiés qui sont les fondements invisibles de notre
civilisation.
En comparant les portillons 1 et 3, 2 et 4, nous ne devons pas parler d’une évolution des
symboles ; le terme fausserait la description avec une évaluation implicite : le progrès, un
changement positif sur l’axe du Temps. Parlons plutôt de changement de signifiant dans la
continuité des signifiés. La formule nous aidera à comprendre l’origine de nos symboles,
notre proximité à leur origine, leur signification profonde : aussi profonde que la flaque
d’eau tachée de sang de notre inconscient.
D’autant plus que, comme nous l’avons dit à propos des portillons 1 et 2, les quatre
portillons pourraient avoir été produits la même année.
- Mais ils sont trop différents, et l’analyse de la kryptonite prouve que...
L’idée qu’une “culture” soit “homogène” par définition, la recherche à tout prix de
l’homogénéité, la persécution de ceux qui ne se laissent pas homogénéiser, caractérisent
le centralisme d’un État nouveau-né, conscient de sa faiblesse. Cette idée politique a la
dignité d’un pot de nourriture homogénéisée. Par exemple, même en admettant que
l’Europe soit chrétienne et la Turquie musulmane, n’aurait-on pas mieux fait d’accepter
l’entrée de cette dernière dans l’Union, dans la perspective d’une “culture” de paix et
prospérité ? On a préféré une autre “culture”. Alors que nous écrivons, nombreux sont
ceux qui souffrent des conséquences de tant de faiblesse malveillante, et l’U. E. a perdu
un autre train. L’Europe aurait perdu de son homogénéité ? On ne trouverait pas quatre
pèlerins de la même religion parmi ceux qui habitent au Vatican.
La “simplification stylistique” des portillons de Castelluccio n’est pas l’effet du temps.
Comme l’espace, le temps n’a aucun effet et il ne cause rien du tout. C’est l’effet de la
Vie, qui change tout. Le changement du produit que nous lisons comme simplification peut
être causé par une moindre habilité du travailleur, une majeure rapidité d’exécution, des
moyens économiques différents, une nouvelle connaissance, par l’union de toutes ces
causes et par la capacité de synthèse symbolique qui en dérive. Nous remarquons cette capacité
chez les jeunes qui inventent des écritures pour leur smartphone. De la même façon, la
Femme, représentée par quatre spirales et un triangle sur le portillon 2, est toute entière
dans le X du portillon 4. L’Homme, représenté par deux testicules et leurs canaux
confluant dans le phallus sur le portillon 1, est tout entier dans la protubérance du
portillon 3. Les représentations, stylisées à l’extrême en 3 et 4, pourraient sembler plus
primitives que celles en 1 et 2 ; pourtant, elles nous semblent plus récentes si nous
pensons aux tendances de notre art moderne. “Donc” elles pourraient tout aussi bien
148
avoir été produites à la même époque, comme nous l’avons déjà dit. Mais encore une
fois, la datation du signifiant nous importe moins ici que la continuité du signifié.
Dans le portillon 3, le genre est indiqué par deux dimensions des protubérances : nombre
& forme.
Deux & rondes signifie Femme ; une & allongée signifie Homme. Il s’agit d’un système binaire
signifiant & signifié fondamental. Dans les millénaires suivants, il sera La Règle Grammaticale &
Mathématique qui distingue, et divise, les humains dans leurs relations entre eux.
Depuis lors, dans certains contextes, le nombre Deux est féminin ; Un est masculin. Le sexe
des nombres est connu depuis des millénaires, alors que les disputes sur le sexe des
anges n’ont duré que quelques siècles. Une fable dévoilera la hiérarchie sexuelle et sociale
cachée dans les lettres de notre alphabet.
« Il était une fois une femme analphabète. Pour signer chez le notaire, elle traçait
humblement un “X”. Ce n’était pas une lettre mais une photo d’identité sexuelle et
sociale. Monsieur le Notaire signait d’un coup sec comme un coup-de-poing, avec son
gros “I”: un sceau allongé à la tête de bronze. »
La fable est une caricature ; le lecteur l’a comprise grâce à la continuité de notre système
symbolique mais pour certains, l’Histoire doit être divisée de la préhistoire à l’apparition
de l’écriture. Les humains ont toujours “écrit” d’une façon ou d’une autre. Si nous ne
sommes pas capables de lire l’écriture des autres, ce n’est pas une raison pour les appeler
analphabètes. Surtout quand leurs connaissances pourraient être d’une importance vitale
aujourd’hui. Un quelconque objet, concept, sentiment, peut être représenté en d’autres
objets et dans leurs relations, puis dans leurs dessins qui deviennent symboles, puis
lettres d’un alphabet. Les experts de langues archaïques le savent ; la maîtresse l’explique
aux écoliers en visite au musée égyptien.
Problème. (Éducation sexuelle & histoire & langues vivantes. Cfr. Notre visite au
musée archéologique Paolo Orsi de Syracuse.) À l’aide de deux signes seulement du
clavier de votre smartphone, traduisez en langage actuel le langage antique des portillons
1 et 3 de Castelluccio.
Solutions. Voici deux bonnes réponses.
Une élève a écrit “: -”
Un élève a écrit “- :”
Une élève d’origine chinoise a écrit “o –”
Quand le prof a dit que c’était faux, elle a murmuré quelque chose à son oreille, les deux
ont ri, puis le prof a admis devant tous les élèves que c’est lui qui s’était trompé parce
qu’en chinois traditionnel, “o –” signifie “zéro 1”.
Puis le prof a expliqué en quoi il s’était trompé : le problème était mal formulé. Il aurait
dû limiter les solutions aux combinaisons de signes qui peuvent exprimer le genre sexuel des
nombres 2, 1. Hors de cette limite, le clavier offre d’autres signes qui, dans un certain
contexte linguistique, peuvent acquérir une identité de genre. Par exemple, le signifiant du
nombre zéro : 0, ne signifie pas zéro seulement dans le contexte vu ici. On pourrait faire
d’autres exemples parce que l’anatomie et les nécessités humaines sont plus stables et
simples que les langages.
149
Ceux qui ne sont pas capables de lire et d’écrire ainsi sont des analphabètes du Troisième
Millénaire, a. J.-C. et ap. J.-C.
Ceux qui organisent de tel jeux métadisciplinaires aujourd’hui sont des éducateurs du
Troisième Millénaire ap. J.-C., restés aussi éveillés que leurs élèves malgré des années d’études
disciplinaires.
Revenons au portillon 1 et à sa fonction magique.
Nous avons vu comment, dans un contexte sacré, la froide définition rapport sexuel est
devenue une légende plus poétique : La Victoire d’Éros sur Thanatos. Ce thème grec existait
en Égypte, sous d’autres noms, symboles et rites. La continuité Sicile - Grèce - Égypte
indique qu’il n’existait qu’un seul monde, qui fut divisé pour différentes raisons. Nous le
découvrirons quand nous réussirons à démolir nos cloisons mentales.
Les subdivisions facilitent la compréhension ? On le pense à cause d’une métaphore
catastrophique : « les nourritures de l’esprit. » Une cuisse de poulet rôti n’aide pas à
comprendre la ferme. À cet effet, on doit partir d’une vision globale des fermes, ce qui est
facile si on a lu La ferme des animaux de George Orwell. Après avoir observé les systèmes-
ferme, on pourra étudier un système-ferme en particulier, et chaque détail de chaque
dimension de ce volume complexe, en fonction d’un projet dans un contexte éducatif,
économique, politique, criminel... Tout est possible. Apparemment, les pires instincts
sont capables d’une vision globale. S’agit-il de la vision naturelle ? Ou plutôt une culture de
la division fait obstacle à la civilisation, qui est le fruit d’une culture de l’Union ?
Certains experts interprètent le signifiant “anse ovale” comme sexe féminin ou ventre
maternel, mais sans un contexte précis, aucune signification ne peut être attribuée au signe.
151
Dans le signifié habituel de Ankh, nous voyons une continuité de la civilisation des
Pharaons avec la civilisation chrétienne. Leurs croix signifient La Vie.
Certains chrétiens pourraient rectifier, précisant que leur Croix n’est pas le symbole de la
Vie mais de l’Amour qui est plus fort que la Mort. Les yeux voilés par une légère
cataracte sexophobe, ils ont oublié le rapport entre Vie et Amour, avec et sans
majuscules. Ces étourdis nous renvoient en Grèce et à Castelluccio où d’autres
célébraient la Victoire d’Éros sur Thanatos. La cataracte se soigne très bien de nos jours ;
ces chrétiens pourraient ainsi améliorer la vision qu’ils ont de leur Croix.
Aujourd’hui, les descendants des Pharaons, les chrétiens d’Égypte appelés coptes,
utilisent Ankh comme Croix. “Copte” signifie égyptien, en grec.
Division, où est ta victoire ?...
En remontant le fleuve...
L’auteur a peut-être redécouvert le jeu d’un petit moine du Mont-Cassin. Un crayon et
du papier suffisent pour tracer le signe &, en un jeu aux implications surprenantes dans
un certain contexte. L’été sur la plage, on peut tracer du doigt le signe & sur le sable. En
d’autres temps, un Doigt traçait des signes dans la poussière devant une femme ; de
saints hommes – ou des héros ? – voulaient la lapider.
Nous devons donner au jeu un contexte alphabétique.
T est la dernière lettre de l’alphabet hébraïque et d’autres langues sémitiques. Dans la Bible, T
est le signe sur le front qui sauve les élus de la punition divine. Pour les Romains, T
indiquait un instrument de mort : la croix, sans pointe à l’origine. Elle était formée par
un poteau planté dans le sol, vertical comme une antenne de radioamateur, et par une
traverse horizontale amovible. On comprend donc l’importance du T dans le monde
chrétien. En tant que symbole préféré de Saint François, le T est devenu la Croix des
franciscains.
& est la dernière lettre de l’alphabet de nos grands-parents. & représente deux lettres : E , T.
Entrelacées, enlacées de nombreuses façons, elles forment ET, la conjonction latine. Ce
terme grammatical a un poids énorme en tout contexte religieux. Dans ces contextes
seulement, la Conjonction exprime le souci constant de rétablir la communication
interrompue entre Terre et Ciel. À cette besogne titanique furent destinés des hommes
exceptionnels, des Dieux, et depuis peu des extraterrestres. Dans notre jeu, nous
pensons bien sûr à l’extraterrestre préféré des enfants : ET.
Problème. Pour participer au jeu, il faut répondre aux quatre questions suivantes,
posées en ordre croissant d’importance et de difficulté.
- Pourquoi, dans son commentaire à la lettre T, l’auteur a-t-il écrit « vertical comme
une antenne de radioamateur » et non plus simplement “vertical comme une
antenne” ou mieux encore “vertical”?
- Quel verbe se cache dans le mot composé “radioamateur”?
- Pourquoi ce verbe se cache-t-il, ici et ailleurs ?
- Ce verbe peut-il être écrit en une seule lettre ?
Qui n’a pas trouvé la réponse aux questions plus importantes et difficiles ne peut pas
jouer avec nous ; il doit jouer, pour son bien.
Et maintenant, nous pouvons jouer avec le petit moine du Mont-Cassin.
152
Sur le papier, entrelaçons e, t pour former &, plusieurs fois. Il faut partir de la pointe en
bas à droite et remonter le long de la diagonale, sans soulever le crayon du papier avant la
fin de chaque &. En écrivant de plus en plus vite, la diagonale devient une verticale. En fin
de course, il faut tracer soigneusement le trait horizontal du T original ; il est omis dans
certains fonts typographiques. Tôt ou tard, la vitesse nous fera tracer un trait horizontal
plus long.
Tôt ou tard, la vitesse et le manque d’habilité transformerons & en Ankh.
Une coïncidence ? Peut-être, mais le petit moine rit, heureux d’avoir compris avec un jeu
- les discours arides des théologiens,
- les métaphores de mysticismes millénaires,
- la clef de questions onto-épistémologiques fondamentales en Éducation formative
& Recherche scientifique & Développement technologique, du point de vue d’un
nouvel Humanisme environnementaliste.
Certains égyptologues remarquent que le mot ankh signifie aussi les lanières des sandales
égyptiennes. Le cordonnier précise que l’ankh est l’empeigne : la partie supérieure de toute
chaussure. Dans la sandale égyptienne, on enfile le pied dans l’anse ; les bras de la croix
descendent se fixer latéralement à la semelle ; la verticale passe entre les orteils, comme
font les tongs.
Les calligraphes et les typographes adorent la lettre &. Ils la proposent de mille façons ;
ils la décrivent parfois comme double liaison ou nœud double. Ce sont des métaphores
appropriées pour la conjonction latine, alors que pour un Égyptien, l’ankh est le lien
concret, matériel, qui unit le pied et la semelle, le haut et le bas. Pour les Ptoléméens, les
Grecs qui gouvernèrent l’Égypte d’Alexandre le Grand jusqu’à Cléopâtre inclue, le Dieu
égyptien Thoth était le Dieu grec Hermès. Tous deux unissent le Haut et le Bas, le Ciel
et la Terre, comme les anges — messagers en grec — qui se cachent dans le mot Évangile.
Le nom anglais de &, ampersand, cache le “Volume” produit par les trois dimensions de
& : mathématique, philosophie, mysticisme. (Réf. 1) Ce sont les trois dimensions de
l’Ankh, symbole sublime utilisé aujourd’hui par des chacals analphabètes qui abusent de
la crédulité des faibles.
L’organisation scolaire et la chaîne de montage sont comme la poule et l’œuf. Qui est
venu en premier ? Au début du voyage, nous avons dû montrer que la poule et l’œuf
sont nés et se sont développés ensemble comme tout système : poule & œuf.
Dans un système appelé Surface, longueur & largeur “naissent ensemble” et changent,
si la Surface change. Un autre système important est un Volume aux trois dimensions
Bio-logiques : Mère & Père & Fils. Tous les trois “naissent ensemble” et changent alors
que le Volume change, avec l’Environnement.
Une solution à un dilemme ne doit pas être cherchée dans un contenu de notre
connaissance mais dans sa forme, qui a souvent été déformée. Privés de &, nous ne
trouverons jamais la solution à aucun dilemme. Avec &, il n’y a pas de dilemme. Voilà
l’objet de l’épistémologie telle que nous l’entendons ici.
154
Comment les humains peuvent-ils vivre avec des instruments intellectuels si gravement
endommagés par l’école ? Ils y arrivent grâce à la forma mentis qui précède la science &
technologie & révolution industrielle. Les humains survivent, comme l’environnement.
Le plus petit artisan savait tout de sa matière & de ses instruments & de ses produits &
de ses marchés : il aimait son travail. Il était son travail. Avec le verbe être, ou le verbe ne
pas être & ne pas aimer, nous faisons le pas suivant : l’onto-épistémologie.
L’ouvrier de la chaîne de montage ne doit connaître que son boulon. Charlot doit serrer
son boulon, l’étreindre sans amour. N’ayant pas une vision du tout, sa connaissance est
aussi vide que la connaissance scolaire. Les robots ont substitué les ouvriers ; la structure
de l’école est restée en harmonie avec l’exploitation industrielle du travail humain,
dépassée depuis des décennies dans certains domaines.
Depuis des décennies, certaines écoles essayent de suivre la mode ; le maquillage
s’appelle approche interdisciplinaire. C’est souvent une faillite à cause d’une rouille disciplinaire
explicable par la médiocrité, l’ontologie et la psychiatrie.
Une réforme radicale, en harmonie avec la révolution post-industrielle, est devenue
urgente ; nous l’appelons Projet d’école métadisciplinaire (Réf. 1)
En descendant le fleuve...
“A” devient “a” dans l’écriture cursive : l’écriture rapide comme la course. Comment s’est
transformé le symbole ankh en cursive ? Il pourrait être important de le savoir, en
relation avec les concepts de Vie, d’Amour, d’Union, mais seulement pour rejoindre les
objectifs précisés en chemin. (Cartomanciennes s’abstenir, merci).
Quand le scribe égyptien dessinait rapidement un ankh, il ne traçait pas un &, bien
évidemment. Les experts distinguent deux écritures égyptiennes cursives, rapides. La
première dérive des hiéroglyphes ; on l’appelle écriture hiératique (du grec hierós, sacré). La
deuxième écriture rapide, plus populaire, plus démocratique, s’appelle démotique. Comment
écrivait-on ankh en hiératique et en démotique ?
Bien avant le voyage raconté ici, l’auteur cherchait un lien entre Ankh et &. Lors d’un
échange épistolaire en août 2014, le Prof. Franco Crevatin, de l’Université de Trieste,
confirma indirectement une hypothèse.
Crevatin répondit « ci-joint ankh hiératique (le démotique est pratiquement identique). »
Nous voyons ici le signe fourni par un expert éminent. Sa forme est très
différente de la croix ansée ; il reste la jambe verticale, l’anse s’est atrophiée, les
bras ont disparu. Le signifiant est très différent, le signifié est resté ; il a galopé
jusqu’à nos jours sur une jument arabe : l’algèbre. Pour l’auteur, l’anneau
manquant entre deux signifiés – Ankh , & – se trouve dans le signifiant ankh écrit en
hiératique. Dans notre contexte, dans lequel nous parlons d’Union, on voit une
ressemblance évidente entre le ankh hiératique et le signifiant 1, qui signifie le nombre Un.
- Il y aurait donc une relation entre 1, Un, Unité, et Union, Amour, Vie ?
155
Dans ce contexte précis, nous répondons que oui. Il convient donc de continuer la
recherche mais ce sera facile : dans l’école de notre enfance, nous avons démoli les
cloisons qui la divisaient comme une chaîne de montage industriel ; nous avons rétabli la
communication entre les classes de mathématiques et de philosophie, et la chapelle.
Considérons “1, Un” dans les pays méditerranéens, à partir de l’Égypte antique. Le
chiffre “1” le plus rigide est aussi la lettre “I” des Romains. Les différentes écritures
arabes, utilisant un signe indien, ont maintenu le moelleux de l’ankh hiératique. Il faut
aller en Extrême-Orient pour trouver un différent “1, Un”, avant la globalisation
numérique. En Chine, comme nous l’avons vu, mais aussi au Japon ou en Corée, le signe 1
n’est pas vertical mais horizontal. Un effet de l’opium ? Une mauvaise plaisanterie
souligne une question fondamentale que personne, jamais, ne pose : pourquoi ?
Depuis toujours, on compte sur ses doigts et en touchant d’autres parties de son propre
corps ; une main ouverte signifie un nombre : “cinq”. Certains utilisent une longue ligne
horizontale pour signifier “un” ; pourquoi d’autres utilisent-ils un court trait vertical?
Sans hésiter, un lecteur de Rabelais donnerait un nom à ce court trait vertical ; il aurait tort.
Il tuerait une bonne question avec le plomb d’une seule petite réponse, ignorant la
question implicite dans la longue ligne horizontale : à qui appartient ce corps au repos ?
156
Certains historiens, ou plutôt certains lecteurs de livres d’histoire, ont inventé la
préhistoire et l’ont définie période sans écriture. La préhistoire est le temps sans “livres”,
selon les rats de bibliothèque. Il serait donc absurde de chercher des archéonymes à
l’origine de Ankh et de &.
Cependant, nous en avons trouvés dans le musée de Syracuse, exprimés en hiéroglyphes
siciliens de pierre. Leur poids n’est pas seulement matériel.
Les portillons 1 et 3 sont deux calligraphies d’un archéonyme fondamental. Il recouvre le
même champ sémantique que Ankh et &, il en combine toutes les significations : Union,
Amour, Vie, indiquant ainsi la thérapie pour les conséquences d’un accident grave ou
d’une crise d’adolescence que nous appelons vieillesse.
Les portillons 2 et 4 sont deux calligraphies d’un archéonyme fondamental précédant,
quand la guérison était assurée par l’Amour Vital de Notre-Dame Déesse.
Les quatre pierres de Castelluccio sont des substrats de notre être ; elles appartiennent à
notre géologie intime.
Au début du voyage, nous avions lu deux panneaux de pierre dans le temple de Mnajdra.
Pour notre “culture”, l’écriture est importante ; certains textes sont sacrés, et la première
chose que doit faire un enfant à l’école est d’apprendre à lire le papier. Dans les
“cultures” archaïques, ceux qui ne savaient pas lire la pierre étaient des analphabètes.
Nous sommes tous analphabètes dans un champ ou dans un autre, mais apprendre à lire
de nouvelles langues peut aider à vivre plus heureux. Ce n’est pas urgent.
Voici une vision qui complète les portillons 1 et 2. Il faut observer leur forme
rectangulaire, mince, puis fermer les yeux pour les rouvrir au bar à l’heure de l’apéritif.
À une table, quatre retraités jouent aux cartes. Chacun tient cinq ou six portillons de
Castelluccio d’une seule main. Les Géants...
Quelle vision ! Mais à propos de l’abside trilobée et du trèfle de Saint Patrice, nous
avions déjà dit que les signes “néolithiques” sur les cartes à jouer mériteraient un
développement impossible ici. Nous invitons chercheuses et chercheurs à écrire ce livre.
Les Dieux sont propices, et quand la dernière librairie aura fermé ses portes, leur livre
sera vendu par les cartomanciennes et les magiciens qui ouvrent des boutiques partout.
157
Premier épilogue, triste.
Le petit moine riait, heureux d’avoir découvert la continuité entre & et Ankh. Il riait de
l’embarras suscité par sa conviction ingénue que & était le nouveau symbole de l’Union,
de l’Amour, de la Vie...
Il ignorait que le monde se fiche complètement de l’Union, de la Con-jonction ; il
ignorait que tous préfèrent la Di-vision dans toutes ses formes Dia-boliques.
Il ne rit plus, le petit moine. Il gît sous les décombres de son monastère, rasé par les
bombardements de la bataille de Montecassino en 1944 et partout aujourd’hui au
Moyen-Orient et ailleurs.
Impossible ici ne pas penser aux concerts de rock. Un peuple entier chante en chœur
avec l’Idole sur scène ; des milliers de bras levés ondoient comme le blé mûr au vent : ils
illuminent la nuit de la flamme de mille briquets et de dix mille smartphones.
158
Sur la route du retour, Mamma Etna était bien visible à l’horizon. Ralentie par la
circulation, l’automobile passa à coté d’un panneau publicitaire. Deux petits pots
représentaient le produit, mais à la place de la Vénus sans cellulite, il y avait une gamine
plus petite que les deux pots de... yaourt ? Elle était assise sous un arbre prospère. Une
phrase – Pépé tu me racontes une fable ? –- accompagnait la marque : Bio quelque chose.
L’auteur n’a pas besoin de yaourt bio pour régler son intestin mais étant grand-père, il
pensa au problème de son petit-fils. Le soir, revivant les émotions de la journée, il versa
le yaourt dans les ventres de pierre qui couronnent le théâtre grec de Syracuse, fermés
par les portillons de Castelluccio et illuminés par les étoiles : des centaines de sites
anonymes – villages de gens comme nous – sur une carte de la Sicile.
Une nouvelle marque de yaourt ?... À moins que, sur une île qui vibre de Vie depuis des
milliers d’années, quelqu’un n’ait compris les temps archaïques mieux que l’Académie, et
le temps présent mieux que le Palais et le Temple.
L’Oracle de Google confirma l’hypothèse : une entreprise de pompes funèbres a trouvé
la synthèse parfaite entre les exigences d’aujourd’hui et d’il y a 10.000 ans. Elle propose
une urne biodégradable dans laquelle déposer les cendres de la crémation, en y ajoutant
des graines au choix. Enterrée dans le jardin de la maison, l’urne bio est aussi magique
qu’un portillon de Castelluccio ; sa magie est concrète, réaliste ; elle soigne une âme
triste. Qui a aimé une personne vivante dans le souvenir est un peu moins triste de la
voir vivre dans une plante, comme dans la vision de Callimaque où la fleur d’acanthe
s’élève dans la Colonne de l’Omphalos de Delphes.
Il y a une cerise sur le gâteau, si l’on peut dire. La marque a un slogan qui semble écrit
pour ce Monologue sur la Continuité : « Bio urne – La vie continue. »
L’auteur fait tous ses compliments à l’inventeur du produit, mais il maintient son
copyright sur un vieux projet : instaurer un nouveau rite archaïque. Dans ce récit de
voyage, nous avons souvent parlé du Vase. Pour le rite de la Continuité de la Vie, que
certains appellent funérailles, nous proposons un vase de terre non cuite. Il est plus
écologique que le vase cinéraire en terre cuite du pépé villanovien. D’un point de vue
philologique, notre vase est plus correct que le petit pot simil-yaourt : le carton
biodégradable est moins noble que la terre. Notre vase Terre à Terre® redécouvre une
formule magique antique qui n’impliquait pas une acceptation de la mort inéluctable,
bien au contraire. La formule garantissait la renaissance à partir d’une matière très
fertile : « Les cendres aux cendres, la poussière à la poussière. »
Le tri sélectif des déchets suit le même schéma dans un autre Temps Circulaire : la Vie
Cyclique des produits est demandée par la Déesse Industrie Écologique et offerte par
des fidèles qui La servent librement. Ils ne sont pas esclaves du Dieu Consumérisme,
n’est-ce pas ?
On explique ainsi l’antique coutume de la crémation. Les pasteurs brûlent les champs
pour faire renaître l’herbe jeune qui donne le meilleur lait. La crémation offre un bonus :
alors que les cendres préparent la renaissance à partir de la Terre, la fumée de la bonne
âme caresse parents et amis pendant qu’elle monte au Ciel. Elle reviendra ; elle est déjà
revenue les autres fois : les visages des enfants le disent ; ils sont semblables à ceux des
parents et grands-parents, sans autre explication plausible.
159
On comprend alors l’importance des rites du rebord de fenêtre, dédiés à une plante dans
un Vase : la couronne de Déméter. L’officiant, jeune ou vieux, est toujours archaïque : il
parle avec une fleur pour l’inciter à vivre. Si la Magie du Verbe est impuissante, il la
plante à nouveau. C’est la Loi d’un Dieu cruel : Le Vendeur de belles esclaves en fleur. Il
spécule sur la peur d’un dénouement tragique qu’Il a prévu, programmé et annoncé en
termes hermétiques dès le premier acte du drame.
Sur l’avant-scène d’une fenêtre, parmi les fumées de la circulation, on récite des tragédies
antiques.
Insecta, éntoma: les Latins et les Grecs signalent des animaux divisés : les insectes.
Isis, La Déesse, colle les morceaux du Dieu Divisé, Osiris, avec l’Ankh.
N’ayant pas de pouvoir divin, nous réunissons ce que nous pouvons avec &.
D’autres petits humains l’ont fait ailleurs.
- Qui ? Où ? Pourquoi ?
Par exemple les Grecs d’Alexandrie d’Égypte. Pour unir et gouverner une populace divisée
par les religions, ils collèrent les morceaux de leurs divinités.
Ils inventèrent le Dieu Pizza & Coca-Cola : Sérapis, chargé du
rayon “La Belle Vie Ne Finit Jamais”.
Barbe de Zeus et Panier-Vase de Déméter sur la tête, le Sérapis
du Vatican est un chef-d’œuvre de syncrétisme, à mourir de
rire pour renaître le sourire aux lèvres, prêt pour un nouveau
tour sur le manège du Temps Circulaire.
160
Bonus track 8 – Mai 2018
L’Oreille de Dionysos
Dans le Prologue, nous avons mis en garde contre la morale victorienne : une magie noire qui
rend invisible ce qui est humain. Nous avons rappelé que, selon la linguistique, la
signification d’un symbole dépend de son contexte. Qui a suivi notre voyage de Malte à
Athènes et de Mycènes à Delphes pourra venir ici à Syracuse et contempler l’Invisible.
Derrière le théâtre grec, une dépression rocheuse est appelée Latomia del Paradiso : carrière
de pierre du Paradis. À Rome pendant la Renaissance, le Colisée était devenu une carrière
de pierre ; on aurait pu l’appeler Latomie de l’Enfer.
Le Caravage baptisa Oreille de Dionysos une “grotte-carrière de pierre” de la Latomie du
Paradis. Après notre voyage, nous pouvons l’appeler Temple du Paradis Perdu.
À 9 heures du matin dans l’antre, on sent la présence d’une nymphe : Écho. À 9.30 il faut
se sauver : les touristes ne crieraient pas comme cela pour écouter l’écho dans une église,
mais ce lieu n’est pas sacré, n’est-pas ? Cependant, il suffit d’un instant de silence pour
entendre murmurer la Sybille de Syracuse, dont aucune chronique ne parle. Il y a déjà tant à
raconter sur la Sicile : les Grecs, les Romains, les Arabes, les Normands, les Espagnols...
– Notre industrie touristique n’a aucun besoin d’une Sybille paléolithique !
L’écho, l’air plus frais font venir à l’esprit une cathédrale. On croit voir pour la première
fois, comprendre pour la première fois, l’arcade gothique, après avoir compris la porte du
temple de Mnajdra. Les deux parois de pierre se rejoignent en une ogive à 18-20 mètres
de hauteur. La nef, large 5-6 mètres, ne continue pas tout droit mais en un méandre en S,
long 50-60 mètres, interrompu brusquement par une paroi rocheuse verticale,
péremptoire. Étrange. À mi-chemin à droite, un renfoncement creusé, rectangulaire, fait
penser à une utilisation, à une fonction. Un rite ? Le S ne suffit pas à évoquer une
spirale, ni à appeler ce temple Ventre de la Déesse Serpent.
À l’entrée, il y a deux anneaux de pierre creusés dans le
rocher, l’un en face de l’autre. Un seul anneau était creusé
dans une pierre à l’entrée de pauvres maisons de
montagne ; on y attachait la corde de l’âne. Chez les
grands-parents de l’auteur, dans les Abruzzes, une
fonction si humble ne justifiait pas la dépense d’un anneau
de fer. Ici, les deux anneaux de pierre sont trop élevés
pour un âne : trois mètres environ. Ils seraient parfaits
pour y tendre la corde d’où pend le rideau de scène. Nous
sommes dans un théâtre où tout spectacle est un rite,
comme dans le théâtre grec, là-haut.
La porte de ce temple de la Déesse de Syracuse à une
forme différente de la porte de Ses autres temples :
Mnajdra à Malte et Giarre sur l’Etna. Le signifiant est
différent mais, dans le même contexte, le signifié est le
même : abc = Abc.
Cette porte nous rappelle d’autres printemps, il y a 50
ans. Les Vestales de la Déesse chantaient, en cortège.
Elles élevaient les mains au-dessus de leur tête. Les pouces et index unis formaient une
arcade gothique. Il y a 5.000 ans, bien avant qu’elles ne brûlent leur soutien-gorge, leur
geste signifiait... l’Oreille de Dionysos. (*)
161
(*) Note sur l’archéologie “scientifique” et sur l’origine des “religions” (Août 2021)
Avons- nous exagéré ?
- Pour assimiler l’entrée d’une grotte à une vulve, il faut une preuve scientifique !
Ainsi-soit-il. Voici donc une preuve vraiment scientifique, sur Mediterranean Archeology.
« Un archéologue découvre qu’au 19e siècle, le pain, les spaghetti et le couscous avaient la même
composition chimique. Donc, à l’époque, trois mots différents indiquaient le même aliment. »
C’était une plaisanterie bien sûr, mais tous les jours nous lisons ce genre de bêtise : une parodie
de méthode scientifique appliquée à un domaine humaniste ; la confusion habituelle, et fatale,
entre connaissance disciplinaire et compétence systémique.
Comment démontrer que la grotte de Syracuse était une cathédrale paléolithique, un temple de
roche de l’âge de la pierre dédié à la Femme Mère ?
On ne le démontre pas, justement. On observe qu’une cavité rocheuse naturelle fut modifiée par
des humains pour représenter l’organe génital féminin, fermé par un voile puis par un mur, en une
conscience “préscientifique & humaniste”.
Les humains préhistoriques étaient des humanistes ? Oui, à leur façon. La réalité humaine était pour
eux au centre d’un Tout dont ils n’avaient pas encore été séparés. La Femme était au centre de la
Communauté. Le Centre du centre était l’Absolument Sacré, le Sancta Sanctorum du Temple.
Mais Sacré, Déesse, Temple, Religion, Mort, et donc Vie, sont des mots et des réalités à nous.
L’archéologie doit recueillir des données objectives pour l’herméneutique, mais l’interprétation est
toujours subjective. Elle peut être correcte si on adopte le point de vue de cette époque au cours
d’une observation humanistique métadisciplinaire.
Au début de ce voyage, nous avions découvert que l’organe génital féminin était représenté dans
le temple de Mnajdra et sur les “boucliers en 8” de Mycènes et Crète. Dans les deux cas, le vagin
était clairement distinct de l’utérus. À Syracuse, une paroi rocheuse verticale sépare la première
partie de la grotte d’une cavité onirique fondamentale : les coulisses du Théâtre de la Vie.
Ce “mur” pourrait représenter la division naturelle derrière laquelle se réalise la Magie de la Vie. Ce
n’était pas un secret ; c’était un “Mystère”.
Questions, réponses et déductions.
Existe-t-il ailleurs d’autres grottes dans lesquels un long couloir – le vagin – serait interrompu par
des pierres dont la disposition transformerait le fond de la grotte en une poche – l’utérus – où se
réaliserait cette magie secrète ?
Quels objets significatifs pourrait-on trouver derrière ce muret, dans cette poche ?
Réponse : oui. On a découvert des grottes semblables avec un muret derrière lequel se
trouvaient des ossements humains.
Déduction de l’archéologie “scientifique” : le mort avait été l’objet d’un rite funéraire.
Pourrions-nous dire au contraire que le “mort” était un “vivant” avec un problème, résolu en (re)mettant
son corps dans l’utérus de la Roche Mère ou de la Terre Mère ? Cela aurait été logique dans leur
Temps circulaire, si semblable au manège des jours, des mois et des fêtes de notre Temps linéaire.
Non, nous ne pouvons pas le dire. Il manque la preuve décisive, l’analyse chimique, le pourcentage
de kryptonite dans les restes de… soupe populaire d’une certaine archéologie “scientifique”.
Avons-nous encore exagéré ? Voyons un autre exemple, plus subtile cette fois, et authentique. (**)
Un archéologue décrit la scène de sa découverte: « grotte », « mur grossier qui divisait
partiellement en deux la cavité, assez étroite en elle-même .../... derrière lequel étaient déposés
les ossements humains cités.»
Pour ce tableau, il envisage une « fonction incubatrice », comme pour les œufs et les bébés.
Il évoque des « enterrements à l’intérieur des grottes » et « dans des cavités artificielles .../... qui
veulent d’une certaine façon reproduire, selon une interprétation, l’“utérus” de la Terre Mère. »
L’archéologue conjugue ses verbes au dubitatif. Veut-il suggérer le manque de preuves scientifiques ?
Essaye-t-il de se protéger de la Sainte Inquisition ?
Il a écrit “utérus”, entre guillemets, mais pour les avoir omis sur Mère, il finira sur le bûcher.
Ce sera une peine légère, pour qui décrit l’origine des religions mais refuse de la voir.
La Déesse immobile
Après des heures de travail heureux, mon pied arrêtait la roue mais pour mes yeux hypnotisés – saoulés ! –
le vase continuait de tourner.
Je devais attendre un instant.
Quand le vase s’était arrêté lui aussi, je pouvais descendre du tour et sortir de mon ‘labeuratoire’ – ainsi
l’appelait Nicolò, étymologiste à 4 ans – comme un marin qui a le mal de terre après la traversée.
Un soir, j’inventais un jeu gentil pour nous deux : pour ma terre et moi.
Après le dernier vase, j’arrêtais la roue en traînant du pied droit ; Nicolò arrêtait ainsi son tricycle.
Un pied disait que la roue était immobile ; deux yeux affirmaient que le vase tournait.
D’un petit coup de talon, en arrière, le vase continuait de tourner en avant mais plus lentement.
Au deuxième petit coup, mon pied droit disait que la roue tournait plus rapidement en arrière.
Menteur...
Les yeux disent toujours la vérité : pour eux, mon vase – La Déesse – était immobile.
164
Bonus track 11 – Juin 2018
Nomades et paysans
Conjectures sur la genèse de la conscience humaine
La vie n’est qu’ombre qui chemine...
W. Shakespeare (Macbeth, V, 5)
Dans les domaines humanistes et scientifiques, le chercheur n’est pas un artisan qui
connaît la matière qu’il travaille ; c’est un nomade chasseur-cueilleur. Il suit de vagues
traces, il cueille des racines et des fruits au hasard ; il les goûte avec prudence. Ils
nourrissent une nouvelle connaissance des choses et une nouvelle conscience de soi,
semences d’un monde nouveau. Quand il est rassasié, le chercheur s’arrête et devient
artisan ; le nomade devient un paysan. Sa recherche n’avait été qu’une réaction à une
attaque de fringale, ou à une question brutale comme la suivante.
Comment diable a bien pu commencer l’histoire des Dieux ?! Et avant, l’histoire de la
Déesse ? Et avant encore, l’histoire et la préhistoire de la conscience, de soi et du monde ?
Narcisse inventa le selfie, mais fut-il aussi responsable du Péché Originel : la prise de
conscience de soi ?
On peut imaginer que le nomade chasseur-cueilleur primordial n’avait pas un point de vue
parce qu’il se déplaçait. Il ne pouvait pas avoir un point de vue parce qu’il en avait trop : il
nageait dans un Tout fluide, son Tout à lui, un élément obscur pour nous. Cela n’empêchait
pas une accumulation de compétences et connaissances qu’on pourrait définir “souvenirs
atemporels”, associés à des actions complexes et à une vie sociale, comme chez d’autres
espèces. Pourtant, la conscience des animaux n’est pas semblable à la nôtre, ni à celle de nos
ancêtres. Chacun de nous est une certaine conscience de soi & de son propre monde.
Toute conscience est une surface. Grâce à La Multiplication, une longueur et une largeur
disparaissent dans une Surface : un Être différent, nouveau. Les mathématiciens mystiques du
passé devaient être fascinés par une opération algébrique qui produit un objet géométrique :
- Multiplication est le nom secret de la Déesse...
Ils pourraient l’avoir pensé. L’auteur les imite et propose une autre multiplication dans
laquelle deux facteurs disparaissent en un produit : un Être nouveau.
- Un monde sensible & Un monde linguistique = Une Conscience
Voici donc exprimée la genèse de la Conscience en une formule qui explique notre
aphorisme initial : toute conscience est une surface. Avec la prudence de Dédale, nous évitons
de noter que le monde sensible, la “réalité”, est le produit de nos sens : ce sont des langages
eux aussi. Unis à d’autres langages, les sens sont des langages qui produisent ce qu’ils
prétendent décrire. À moins que quelqu’un ne croie vraiment que la couleur bleue
appartient à la mer, le blanc à la peau des justes et le rouge à leur pinard, pour citer les
couleurs du drapeau d’êtres humains qui croient vraiment être Français, un mot d’origine
allemande. Le monde sensible est produit par nos cinq sens. D’autres sens existeront quand
nous leur donnerons un nom. Les sens sont des langages communs mais la sensibilité de
chaque sens – sa grammaire, son vocabulaire, etc. – est différente pour chaque humain. Les
mots nous manquent pour les sens des autres vivants, végétaux compris.
165
La formule devrait donc être réécrite :
- Une Conscience est le produit de la multiplication de tous ses langages.
Paternel, Dédale insiste : tenez-vous-en à ces deux dimensions de votre conscience :
votre monde sensible et vos langages. Contentez-vous de votre Surface.
Et la troisième dimension ? Une multiplication successive transformerait-elle la Surface
en Volume ? Ou produirait-elle un nouvel Être Supérieur sans nom ?
Dédale émet un grand biiip ! et descend en vol plané. Il atterrit en un lieu sûr où
pleurer son fils, puis il reprend son travail, comme un brave artisan.
Dédale est L’Artisan ; il travaille au temps présent éternel du mythe.
Il construit le Labyrinthe comme prison pour le Minotaure. Il y est maintenu
prisonnier avec Icare par une force naturelle et culturelle. Il échappe à la gravité
grâce à la légèreté des plumes, fixées par la cire d’une collègue : Abeille. Il prend
son envol mais il sait que le Monstre Obscur qu’il fuit a un contraire tout aussi
dangereux : la Lumière Absolue.
Dédale est L’Artisan Pragmatique : il ignore la composition chimique et la
température de cuisson qui occupent les pensées de certains archéologues quand
ils regardent un vase, mais il sait bien comment & pourquoi & quand faire Le
Vase et il le fait, toujours différent et toujours utile.
Au début du voyage, nous avons examiné le Labyrinthe primordial ; il n’avait
aucun rapport avec Dédale. Comment cela est-il possible ? La réponse nous vient
de la genèse des mythes.
Un mythe peut-il avoir été créé par quelqu’un? Quel que soit l’auteur, le mythe est
vrai, en cours de validité, riche de substances actives, bref le mythe est vivant
quand il a été intériorisé de mille façons par les gens et retransmis, avec des
changements. Le mythe n’est pas une langue morte. Cependant, s’il était licite
d’établir un classement, on pourrait dire que les mythes les plus importants sont
les plus stables. Malgré quelques changements, ils se reconnaissent dans des
contextes différents. Les grands mythes sont des caméléons ; leur interprète
devrait être aveugle aux couleurs ; il devrait regarder les formes, voir les relations
et reconnaître les structures.
- - Donc l’herméneute devrait être un structuraliste.
Oui professeur, merci de l’avoir souligné de façon si docte, mais à propos de la
genèse du mythe, nous cherchons un boulanger, pas un critique gastronomique.
Comment crée-t-on un mythe, et qui le crée ? Un poète ? Un prophète ? Un
philosophe ? Un romancier ? Un historien ? Un journaliste ? Un apparatchik ?
Dans tous ces cas, l’auteur du mythe récupère de vieilles briques linguistiques et,
ajoutant un peu de ciment frais, il construit un nouvel édifice de paroles qui
produisent un nouveau monde. Les mythes héroïques grecs utilisent du matériel
mythologique dénaturé.
Par exemple, la Femme Serpent, dégradée à Hydre monstrueuse, est tuée par
Hercule. Les Héros combattent une guerre civile et imposent une révolution sociale
et religieuse. Les mythes héroïques grecs décrivent & produisent & maintiennent le
Patriarcat & démolissent la Civilisation de la Femme, chaque jour. La marche sur
166
Rome des fascistes italiens en 1922 fut un remake hollywoodien de la marche sur
Delphes des Héros grecs.
Le mythe de Dédale et Icare a une fonction différente et contraire, mais sa genèse
est similaire. Chaque jour, le mythe de Dédale et Icare décrit & produit & maintient
la philosophie : un pléonasme qui indique l’Amour de la Sagesse & La Sagesse de l’Amour.
La vraie philosophie naquit dans la Méditerranée nord-orientale où avait existé le
vrai Labyrinthe. C’était une caverne, l’image spéculaire de la Femme Mère, avec un
bassin d’eau, le premier miroir pour les femmes qui s’y contemplaient alors qu’elles
célébraient les rites de la Déesse : des ablutions, probablement, comme aujourd’hui.
La vraie philosophie nous éloigne du Monstre Obscure et nous rapproche du Soleil. En
nous élevant au dessus de ce nouveau Labyrinthe qui empêche toute vision et impose ses
parcours, la vraie philosophie nous guide vers un Ciel sans frontières qui nous laisse libres
comme l’air... mais le philosophe Dédale conseille de rester à bonne distance des deux.
Une boussole guide Dédale alors que la Vie s’écoule comme un arc-en-ciel
tourbillonnant, loin des pôles – le Noir, le Blanc – qui hypnotisent tant de gens.
Par exemple, Sartre a écrit Le Diable et le Bon Dieu, pièce dans laquelle le Héros
choisi d’être un criminel, puis il choisit d’être un saint. Comme beaucoup, Sartre
semble utiliser la conjonction latine Et, qui s’écrit & sans souligner, comme s’il
s’agissait de la disjonction latine Aut qui signifie “ou”: on est un criminel, “ou” on
est un saint. Dédale réécrirait le drame en l’intitulant Le Diable & Bon Dieu, parce
que & souligné change tout. Rappelons que longueur & largeur = Volume, le
Produit qui n’a aucun rapport avec ses facteurs. Dédale conjugue le Verbe caché
dans la dernière lettre de l’antique alphabet : &. (B)
Suivant l’aiguille de cette Boussole, Dédale sait presque toujours comment il
devrait voler, et pourquoi, et pour qui.
À quoi sert la philosophie ? La vraie philosophie sert à mieux voler.
Bras dessus bras dessous avec Dédale – un père très maternel – nous reprenons
nos divagations sur le Volume sans nom.
Si cet Être Supérieur avait un nom, il serait produit par son propre nom comme dans un
miroir, parce que les langages ne décrivent pas, ne représentent pas. Nos langages
produisent le réel & l’irréel, l’être & le non-être, contribuant à notre conscience.
Le Volume ne peut même pas être évoqué, comme font les mystiques, par une note
musicale spéciale: silence. Un silence n’est qu’un autre produit de l’union entre un monde
sensible & un monde linguistique.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » écrivit Pascal.
Ce silence ne fait pas peur à l’auteur parce que, comme Pascal, il écoute donc il produit un
silence & un temps éternel & des espaces infinis. Il y en a d’autres.
Une oreille & un silence = une conscience, produite par cette oreille & ce silence. Il y a
d’autres consciences.
Nous voici donc revenus à la case départ.
En passant, nous avons presque répondu à la question fondamentale que Roland Barthes
ne se pose pas quand il observe que « les hommes veulent sans cesse représenter (le réel) par des
mots ». Il parlait de littérature. Voici notre question :
167
- Pourquoi tout Être tente-t-il sans cesse, obstinément, de représenter le réel, non seulement par des
mots mais par d’infinis langages ?
Au début du voyage, nous avions conseillé de ne pas trop s’approcher du promontoire que
nous appelons Le Saut d’Icare. En commentant les portillons de Castelluccio, nous avons
énoncé le fondement d’une philosophie des langages : « Les langages ne décrivent pas la
réalité ; nos langages produisent notre réalité. » Imprudents, nous nous sommes pousser jusqu’à
évoquer la mécanique quantique, pour laquelle l’observateur modifie la matière “existante”
d’un regard.
Nous existons sur une strate d’un millefeuille appelé Univers, à mi chemin entre
des particules subatomiques et des milliards de galaxies. L’Univers existe : il fut
produit par nos langages passés et présents. Nos langages futurs produiront de
nouveaux univers. Comment exclure qu’un jour, un mathématicien démontre que
les particules subatomiques sont des galaxies, ou qu’elles sont ces mêmes galaxies
et vice-versa, dans l’Espace-Temps Circulaire ? Chaque religion, chaque science,
est une iconoclaste qui produit des images. Le plus grand mystère, qui fait en sorte
que chaque chose existe, peut s’exprimer avec un verbe et un substantif : Vivre,
Vie. Deux paroles à nous suffisent pour produire la magie de notre Vivre, la réalité
de notre Vie. Il y en a d’autres.
Voilà qui peut suffire pour entreprendre une exploration personnelle au bord de l’Abysse.
L’extrême variété des mondes sensibles et des mondes linguistiques explique l’extrême
variété des consciences : elles peuvent être humaines, animales, végétales, ou toute autre
combinaison de telles catégories humaines qui, dans ce contexte, sont assez ridicules.
La conscience du petit pois
Semez un petit pois et, à 50 centimètres, plantez un bâton.
Ayant germé, le petit pois cheminera sans aucune hésitation vers le bâton sur
lequel il grimpera comme le Serpent sur le Caducée.
Antonio Machado a écrit : Caminante no hay camino, el camino se hace al andar – Routard,
il n’y a pas de route ; la route se trace en marchant.
Pas pour les petits pois.
Les humains observent depuis des millénaires leurs petits frères les pois, des parents
eux aussi du Totem vertical qui unit la Terre au Ciel avec lequel ils tentent de se
réunir. C’est du moins ce qu’il semble aux humains, pas aux petits pois qui sont une
autre conscience de soi & un autre univers.
Les petits pois ne mangent pas les humains, qui mangent les petits pois depuis le
début des temps parce qu’ils sont anthropophages – toujours, et de bien des
façons – à cause de la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes et des choses : ils les
dévorent avec les quelques sens à leur disposition afin de se réunir avec l’univers,
et les humains en sont pleinement conscients. Ou plutôt les vrais humains le sont;
pas les petits pois.
Pour les humains “modernes”, et seulement pour eux, la conscience est produite par la
somme de deux dimensions linguistiques : religion + science. On ne peut pas faire la somme
des pommes et des poires, mais c’est ce que font les “modernes”. Cette réflexion offre un
nouveau contenu au terme “postmoderne”. Une quelconque ré-Union de religion &
science, qui ne soit pas une variante du fatras religion + science, rapproche la conscience
168
“postmoderne” de la conscience “préhistorique”. Ce disant, nous ne voulons pas
promouvoir un retour à la préhistoire ou dénigrer la postmodernité ; nous essayons de
décrire différentes formes de conscience humaine en relation avec diverses forma mentis. (1)
Quand commence la modernité qui divise, et quand finira-t-elle ?
Qui a divisé les animaux des plantes parce qu’elles ne bougent pas? Ce mauvais
observateur est un des fondateurs de la science “moderne”: Aristote. L’inventeur de la
logique identifia la mobilité comme différence entre plantes et animaux, puis il eut
recours à d’autres mauvaises observations pour distinguer les animaux des hommes.
D’autres criminels avaient divisé les humains des divinités.
Et pourtant elles bougent, les plantes, observent les Galilée postmodernes. Les vrais
philosophes d’aujourd’hui s’occupent de comportement végétal & animal & humain : ils
trouvent des points de rencontre, des vibrations harmoniques, des traits d’Union. Le
regard tourné vers le futur, ils sautent 25 siècles en arrière pour embrasser Diotime de
Mantinée &... Qui d’autre, avant ? On ne les connaît pas, mais on sent leur présence.
La forma mentis et la conscience ne sont pas fixes. Elles évoluent ? Le terme évolution
contient une idée vieille et trompeuse : le Progrès, un mythe à vapeur du 19e siècle.
Disons alors que la forma mentis et la conscience changent, au cours d’une journée, d’une
vie, et au long de l’Histoire qui contient la préhistoire.
Dans un environnement donné, des individus avec une certaine conscience &
forma mentis survivent, qu’ils soient meilleurs ou pires à nos yeux. Leurs groupes
ou espèces survivent ou disparaissent avec eux. Nous rejoignons ainsi Darwin qui
ne parlait que de sélection naturelle. L’évolution est l’illusion d’optique préférée de la
religion Moderniste. Le vrai titre de l’œuvre de Darwin n’est pas « De l’évolution
des espèces » comme on le laisse croire, mais « De l’origine des espèces au moyen
de la sélection naturelle ». Plus modestement, nous venons d’écrire un paragraphe
qui pourrait s’intituler : « De l’origine des espèces d’analphabètes qui écrivent mais
ne savent pas lire ».
Chaque conscience, chaque subconscient, chaque conscience supérieure, est une des
surfaces d’un petit Millefeuille appelé Marie Durand ou Paul Dupont.
Chaque conscience est une Surface et il n’y a pas de conscience collective.
Les points communs à deux ou plusieurs consciences sont utilisés pour justifier des
idéologies collectivistes.
Les points communs peuvent former une ligne, à l’intersection de deux Surfaces.
Plus rarement, et par une coïncidence incroyable, deux Surfaces peuvent correspondre
en tout point, pour un instant, mais on ne peut pas parler d’un cas de conscience
collective. Ce phénomène fugace & éternel est décrit par un substantif statique : Amour.
Très différent, le verbe dynamique suivant ne suppose aucun point commun : Aimer.
Il convient parfois d’écrire ce Verbe sublime d’une seule lettre : &.
Longueur & largeur = Surface.
Il n’y a aucun point commun entre une longueur et une largeur, mais quand elles s’aiment
parfois assez pour oublier leur ego, elles disparaissent un instant pour former une Surface
contenant un infini hors du temps. (B)
169
Quand les nomades s’arrêtèrent, ou presque, ils devinrent paysans, ou presque, et développèrent
une conscience nouvelle, une nouvelle vision sensible & linguistique. Par exemple, les chasseurs
nomades suivaient des ombres que nous appelons des traces d’animaux. Ces traces
constituèrent « le premier texte non écrit mais lu » (2). N’étant plus nomades, les paysans lurent
le premier texte sacré non écrit mais révélé : ils suivirent pendant une année entière l’ombre vivante,
immense, de la montagne immortelle où ils avaient fait leur nid...
... et la Femme appela Déesse cette Montagne, et Année cette ombre, et...
Il n’est pas opportun de réécrire la Genèse. À moins que ce ne soit utile à résoudre
quelques petits problèmes actuels. Dans ce cas, tenter ne coûte rien (si on reste caché
pour ne pas risquer sa peau.)
Rien n’est plus relatif que le Temps, qui se confond avec la conscience fluctuante de Soi et
du Monde. Rien n’est lié plus que le Temps à des points de vue que nous appelons
religieux ou scientifiques.
Diverses religions et diverses sciences produisent diverses formes de Temps, et de
conscience d’un soi & de son monde. Elles produisent aussi un Être Suprême – Dieu, ou
la Vérité Scientifique – ou plusieurs Dieux et plusieurs Vérités.
Chaque Être Suprême ou Vérité Scientifique garantit l’être du Monde et l’être du Soi,
tout comme chaque Banque Centrale garantit l’existence de chaque monnaie et la valeur
de chaque pièce.
Un jour, pour résoudre ses problèmes, l'astrophysique théorique pourrait adopter une
catégorie paléolithique & postkantienne : l’Espace-Temps Circulaire. En attendant,
certaines sciences ont substitué la Vérité Objective avec l’Intersubjectivité. Elles se
rapprochent ainsi de la vieille invitation mystique à dépasser le Soi & le Temps. C’est le
signe d’une nostalgie de l’Infini Éternel, l’expression d’une volonté de retourner à se
fondre dans le Tout, dans lequel nager et voler sans le savoir, comme font les poissons et
les oiseaux, comme faisaient les humains aussi avant le Septième Jour. On s’en rapproche
pendant la somnolence de la sieste, sans les effets collatéraux de certaines pilules.
À un certain point de la vie et de l’Histoire, le Temps change. Il cesse d’être un instant qui se
répète à l’infini en une conscience primordiale ; il devient durée finie qui structure une
existence consciente. Dans l’Histoire, le changement pourrait être advenu en un phénomène
à deux dimensions : la sédentarité & religiosité.
Le passage de la cueillette du nomade à la culture du paysan pourrait avoir été la
conséquence ultime d’une sédentarité “rituelle” dans un utérus symbolique, simple abris
sous roche ou grotte labyrintique. En d’autres termes, la permanence dans une caverne et
ses alentours a probablement été causée par des exigences “non-matérielles mais
spirituelles”, comme disent les Modernes. À un certain moment, le lieu associé au “culte”
devint plus important que les sources de subsistance, illimitées pour les premiers nomades
“athées”. Ils seraient devenus sédentaires avec une nouvelle prise de conscience, le premier
grand changement de paradigme : ils devinrent “religieux”.
Citons à nouveau Albert Gianna. Ayant observé que le Temple est la Frontière, lieu &
symbole de Division & Rencontre, Gianna observe que Temps et Temple ont la même
racine étymologique : «‘TEM’, la division que Mercure tente de recoudre, forme la racine de ‘Temple’
170
mais aussi de ‘Temps’ qui n’existe que divisé en jours, heures... L’Éternité ne se divise pas. L’Éternité n’a
aucun rapport avec le Temps. De la même façon, l’Infini ne se divise pas ; il n’a aucun rapport avec l’espace,
même sidéral. Éternité et Infini sont deux métaphores, l’une spatiale et l’autre temporelle, de la même
Irréalité. » (B)
Cette Irréalité, si obscure pour nous, était la mer d’instants dans laquelle nageait le nomade
chasseur-cueilleur primordial. Puis, la fréquentation d’un lieu “sacré” fut l’occasion de
développer les premières formes d’agriculture. Il y eut une expansion du Temps Circulaire
grâce à de nouvelles divisions : un an de saisons agricoles s’ajouta aux mois lunaires et aux
jours solaires. Le nomadisme perpétuel et infini laissa la place à un nomadisme régional et
saisonnier, une errance cyclique rendue nécessaire par un nouveau facteur :
l’appauvrissement des ressources locales. Il fut suivi par le retour éternel à la terre semée
rituellement pour la récolte rituelle, dans les parages de la grotte-temple : l’Utérus.
La première sédentarité, seulement saisonnière et “rituelle”, causa la première famine,
résolue par un nomadisme saisonnier et régional. Son rayon limité causa la deuxième
famine, résolue par la deuxième agriculture, “rituelle” & alimentaire. Comme aujourd’hui.
Mais la première agriculture, née au temps de l’abondance illimitée, fut exclusivement
rituelle : un système de rites ontologiques, comme les rites de la Potière qui précèdent les rites
de la Paysanne de dizaines de milliers d’années. (2, 3)
Deux systèmes de rites produisaient et reproduisaient et maintenaient une nouvelle conscience :
la vision d’un Soi dans le Temps, mensuel pour la Potière, annuel pour la Paysanne.
Quel prophète athée inventa Chronos ? Le Dieu du Temps dévore ses propres
enfants, les Fils du Temps. Quelle vision ! Seul un prophète athée peut avoir “vu”
l’après et l’avant : sa conscience de Soi dans le Temps, et la conscience d’autres
humains qui vivaient hors du Temps, qui n’étaient pas encore dévorés par Le
Monstre. Il l’appela Chronos. Cette vision en fit surgir deux autres, sur lesquels il
mit deux autres noms, deux substantifs insaisissables et fondamentaux : le Paradis
et l’Éternité, deux royaumes hors du Temps. Le Paradis était/est sur terre, avant le
Temps. l’Éternité était/est le non-Temps du Paradis.
Quel prophète ou prophétesse ? À Mnajdra, nous avons senti que seule une
femme – La Femme – avec ses rythmes, ses cycles, peut avoir pris conscience du
“temps”, cette irréalité qui n’existe que si elle est divisée. Albert Gianna a lu
l’étymologiste Giacomo Devoto, pour qui la racine “tem” indique une coupure,
une division. (E)
Prophétesse ou poétesse ? La poésie est poiêsis, création, linguistique ou autre. Dans
un domaine où les sciences postmodernes rencontrent la spiritualité, on parle de
l’autopoïèse. Adoptons ce terme pour indiquer le phénomène physique & spirituel
plus antique qui soit : l’autopoïèse primordiale. En se créant, La Poétesse, Maîtresse
des Néologismes, et mille poétesses avec elle, créèrent les mondes des humains.
Une d’entre elles était La Potière. (2, 3)
Poétesse & Mère ? Elle avait observé que les enfants passent du Paradis hors du
Temps à d’autres mondes successifs, à chaque rite de passage jusqu’au rite final : la
garantie que le jeu recommencera grâce au Temps Circulaire, qui n’est pas un
“temps” parce qu’il n’est pas divisé. Mais dans une de ses visions – un cauchemar –
la Poétesse & Mère vit surgir Le Monstre, Chronos. Il dévora les enfants du Temps
Linéaire.
171
Bien plus tard, de rares mystiques auraient redécouvert l’Harmonie avec le Tout hors du Temps.
Ils retournèrent à la vie de caverne avec la cueillette d’aliments d’origine naturelle, ou
d’origine sociale avec la mendicité rituelle. Les gens du commun partaient plutôt en
pèlerinage : une ritualisation du deuxième type de nomadisme, cyclique et religieux.
- La première agriculture était donc un rite religieux ?
C’est le moderne en nous qui le dit. À une époque indéterminée, notre Être fut divisé en
spirituel et matériel, la prière fut séparée du travail et vice-versa. « Il y a quinze siècles, quelqu’un
s’était aperçu que ça clochait. Il avait suggéré ora et labora : prie et travaille. Il avait peut-être
écrit prie & travaille, en soulignant pour les plus obtus : prie & travaille, mais rien à faire. Ils n’ont
pas compris, ils l’ont fait Saint et bien le bonjour. » (B)
L’homme moderne oppose deux autres termes problématiques : gratuit et intéressé, utilisés par
ceux qui cherchent le spirituel dans des domaines matériels, et par ceux qui nient toute
dimension spirituelle. Avec la notion de “prévalence du spirituel sur le matériel”, les
Modernes justifient l’énorme énergie dépensée pour construire les grottes artificielles que
nous appelons temples mégalithiques et pyramides. Nous devrions nous en rappeler, dans un
pèlerinage de Malte au Caire, puis de Jérusalem à Rome. Au retour, si nous nous regardons
dans un miroir, nous découvrirons qu’aujourd’hui, dans les sociétés les plus athées, la
“prévalence du spirituel sur le matériel” justifie des milliards d’efforts qui se somment en
dépenses énergétiques absurdes : nous portons des vêtements malgré la douceur de l’été.
À Mnajdra, puis à propos de labyrinthes, nous avons vu que les notions de temps, cycle, semailles,
grotte, ventre... se fondaient en une attention, en une révérence, en un “culte” de la fertilité humaine,
et donc de la Déesse : la Femme qui peut devenir Mère. L’homme n’avait pas encore un rôle
officiel, c'est-à-dire un rôle religieux avant que biologique, dans la Magie de la Vie. Donc, le
rapport entre activité sexuelle et procréation n’était pas clair pour la femme non plus. Tant est que
dans le vase-Femme vu précédemment, le Triangle Sacré de la Vie est formé par les
seins – source de lait – et par le nombril, souvenir éternel de maternité & filiation. Son sexe est à
peine représenté ; il n’était qu’une source de plaisir et ce n’était pas la seule comme nous l’avons
observé en différents contextes. La “porte de sortie seulement” dans la filiation ne méritait pas
plus d’attention. Elle occupa une place plus importante sur le “bouclier en 8”. Dans le brouillard
qui enveloppait La Magie Fondamentale, les vieilles habitudes de pensée se mélangeaient aux
nouvelles découvertes... mais il en est ainsi aujourd’hui encore dans les sciences de pointe.
Les poules aimaient bien les coqs : ils sont inutiles mais si beaux ! Elles ignoraient les
conséquences de plaisirs trop rapides, trop rares. Puis la recherche scientifique et
la conscience de soi firent des pas de l’oie de géant et un beau jour de malheur,
Monsieur Le Coq – probablement un gaulois – régna sur les poules.
Un grand changement arrive avec le troisième type de nomade. Ce n’est plus un chasseur-
cueilleur ni un paysan du Dimanche : c’est un éleveur de bétail. La mythologie du Far-West
lui a réservé le rôle du protagoniste, comme dans la Bible. Abel, Favori de Dieu grâce à des
offrandes de viande, fut victime de la jalousie de son frère ainé Caïn, dont les sacrifices de
fruits et légumes étaient dédaignés. Ce Dieu n’était pas équitable, ni végétarien.
Dans la hiérarchie du Patriarcat, une telle humiliation du fils ainé est un contresens. Ce
mythe, comme toujours, raconte & se tait ; il parle & il ment. Le mythe de Caïn et Abel
172
parle de la fin de la Civilisation de la Femme & ment sur l’identité de Caïn, parce que cette
révolution socioreligieuse fondamentale ne pouvait pas être racontée en clair. Elle devait
être dite & cachée dans un mythe, comme celui de La Pomme de la Discorde.
Caïn n’était pas le frère ainé mais la sœur ainée d’Abel : Caïne, la fille ainée d’Ève, et
d’Adam.
Au bord d’un désert traversé par des troupeaux affamés, Caïne travaillait son champ. L’humble
paysanne en avait assez de ce vagabond fainéant, de ce cow-boy arrogant qui menait paître ses
horribles bestioles au beau milieu de son jardin. Un beau jour, elle le tua à coup de pioche,
comme aurait fait un péon mexicain, avant qu’Abel ne puisse dégainer son Colt 45. Les récits
du Far-West font revivre une bonne vieille guerre, commencée ailleurs entre bédouins et fellahs.
Les deux castes sont encore bien distinctes au Moyen-Orient, aujourd’hui.
Au Mali, pour les raisons habituelles, on alimente encore un conflit ancestral entre une
communauté de paysans et une communauté d’éleveurs nomades : les Dogons et les
Peuls.
Caïne est-elle la première criminelle? Il serait plus juste de dire que Caïne est la figure
allégorique de l’Homicide, comme sa mère Ève est la figure allégorique de la Chute, du
Péché, de la Mort contre laquelle il n’y aura aucun remède jusqu’à... jusqu’à la fin des
temps, au Paradis, ou jusqu’à l’arrivée providentielle de la cavalerie, ou du Rédempteur :
un Héros qui ne tue personne pour une fois. Toutefois, Lui aussi résout le problème de
la Mort avec la mort : la sienne. C’est logique puisque tout le monde sait, ou savait, que
le venin du Serpent est un pharmakon : poison et remède. En outre, le pharmakos est le
Bouc Émissaire des Grecs. Les rares fois où le bouc ou la chèvre est un volontaire, il ou
elle devient Saint/e. Il ou elle mérite ce statut divin, de par sa conscience de la Vie. Mais
sa Lumière brille à des années Lumière du mythe de Caïne et Abel.
La Genèse est la tragédie primordiale. Le deuxième acte reproduit le schéma du premier.
Après Adam et Ève, Caïne et Abel remettent en scène le coupable féminin et la victime
masculine. Comme dans toute tragédie, le premier acte contient l’annonce chiffrée du
drame à venir. L’Arbre de la Connaissance produit un fruit empoisonné, une pomme
infestée par une larve qui la divise en deux parties, une bonne et une mauvaise : la
conscience de la vie et la conscience de la mort.
La Genèse inventa aussi notre temps moderne, linéaire, indissolublement lié à notre
mort et donc à notre vie. Caïne et Abel forment le nouveau cadre existentiel : on est
vivant ou on est mort ; on n’en sort pas. Dans un autre univers, dans le Temps
Circulaire, la Pomme n’est pas gâtée, corrompue, divisée ; la Pomme est saine, entière,
intègre. Dans le Temps Circulaire il n’y a que Vie, grâce à la certitude du Printemps, du
prochain tour sur le Manège Astral, du réveil après une nuit auprès du foyer. Si nous
pouvions voir avec les yeux du Temps Circulaire, si nous avions l’auto-conscience du
Temps Circulaire, nous serions immergés dans la Vie : un environnement si total qu’il
n’y aurait aucun besoin de l’exprimer, il n’y aurait pas un mot pour dire la Vie, et donc
pour la créer. Nous pourrions être, sans la conscience de l’Être ni de la limite du temps.
Cette Innocence primordiale – un mythe persistant – est une réalité qui peut être saisie
dans les yeux des chiots du genre humain : ils sont & ils ne savent pas qu’ils sont.
173
Avec les nouvelles religions, le temps linéaire naît et, vice-versa, avec le temps linéaire
naissent les nouvelles religions. Chacune se croit différente parce que le credo secret établit
que pour être, il faut se diviser. De qui, Dieu seul le sait.
Cela est confirmé par l’étymologie de “religion” : ré-unire pour les chrétiens, re-lire pour
Cicéron. (Le Robert)
Cela est confirmé par l’étymologie du mot temps : de “tem”, qui signifie divisé. Le temps et la
température n’existent que parce qu’ils ont été divisés pour être mesurés, comme l’espace. (B)
Immergés comme nous sommes dans l’espace-temps linéaire, nous parlons du Temps
Circulaire mais il ne s’agit pas d’un “temps” au sens propre, étymologique, ni d’un “espace”.
Les nouvelles religions ont toutes la même foi, la même espérance en une deuxième vie
séparée pour toujours de la mort à la fin des temps. Dans ces religions salvifiques, le
temps mourra un jour et ce jour, même la mort mourra. Quel capharnaüm ! C’est bien le
cas de le dire, si on sait que dans ce village de la Galilée, la maison où se trouvait Jésus
fut assaillie par une foule chaotique qui voulait être sauvée. (Marc, II, 1-4)
Que personne ne tue Caïne ! La fille ainée fut chassée. Où ? À l’est du jardin d’Éden, pour la
deuxième fois : telle mère telle fille. La Punition de Caïne fut le remake de La Faute d’Ève,
après laquelle Dieu « chassa Adam ; et il mit à l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui
agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de la vie. » (Genèse 3: 24)
D’abord Ève, puis Caïne, furent envoyées là où naissait Mère Soleil avant qu’Elle ne fut
transformée par les Patriarches en Père Soleil.
Au fond, le Père est une découverte récente. Son jeune âge, cause de l’insoutenable légèreté
de son Être, explique tant de violence pour s’affirmer. Ce Père est un adolescent frustré qui
n’a pas plus de 6 ou 7.000 ans. Entre temps, de nombreux pères sont devenus des adultes
de façon presque clandestine. Un bon exemple pourrait être Joseph de Nazareth.
174
Épée Flamboyante... On dirait le nom du Héros dans un film fantasy, ou de l’Héroïne, selon
le marketing. Ce qui compte au fond, c’est l’Épée.
À quoi sert-elle ? L’Épée sert à « garder le chemin de l’arbre de la vie. » On ne saurait être
plus clair, et puis on se demande d’où viennent les psychoses sexuelles, avec ou sans
violences et crimes.
-Mais ça n’a aucun rapport ! Et puis c’est quoi, l’arbre de la vie ?
- C’est une très belle plante ; ces racines descendent dans les profondeurs de la terre, pour nourrir
sa chevelure qui monte haut dans le ciel. Ses fleurs sont parfumées, ses fruits succulents...
- Je ne peux pas...
- Et ben tu vois que t’as compris mon grand! Tu ne peux pas. Et si tu essayes, avec son Épée
Flamboyante, l’Ange te la coupe.
175
Bonus track 12 – 28 juin 2018
Codicille
Un codicille ? Le récit a siffloté mains dans les poches pendant toute la traversée, il a
chanté et il s’est mutiné dans les tempêtes et maintenant qu’il entre au port, il se donne
des airs ? Monsieur Le Loup de Mer se prend pour un acte de notaire, avec un codicille ?
Veut-il rester dans notre mémoire ?
Ah, la mémoire... L’auteur a déjà cité un aphorisme :
La mémoire est l’intelligence des imbéciles.
Tout le monde sait que sans mémoire historique, nous n’avons pas de futur. Notre futur est
compromis par la cantine académique : on y sert l’Histoire en tranches, comme le jambon.
À l’école, nous devions apprendre par cœur les dates des batailles, et plus on s’en rappelait,
plus on devenait imbéciles. Ils le faisaient exprès. Il était interdit de comprendre les raisons
ridicules, scandaleuses, des guerres. Comprendre aurait créé des tensions quand, à 18 ans, les
garçons seraient devenus chair à canon, les filles repos du guerrier.
En France, nous savions tous la réponse à une question : – Marignan ? – 1515 !
Personne en France ne sait où se trouve Marignan, bien que ce fut une “victoire”. Donc
ne demandez pas à un français où se trouve Trafalgar.
Sur le seuil d’une petite mer – la Méditerranée – les anglais conquirent la suprématie sur
tous les océans. Britannia rules the wave, dit un chant patriotique ; Britannia gouverne les
vagues, comme Neptune. Britannia gouverna le plus grand empire de l’Histoire après la
“défaite” à Trafalgar d’un petit empereur avec un rêve européen en sauce romaine.
Trafalgar est un mot arabe : Tarf al-gharb, le “cap ouest” de l’Andalousie, al-Andalus, la terre
des Vandales qui avaient vandalisé les restes d’un empire romain remontant à... etc., etc.
Ils moururent par millions à la bataille de Trafalgar en 1805, par dizaines de millions au
Traité de Paix de Versailles en 1919, qui continue de ravager le Moyen-Orient.
L’incendie permanent en Afrique est plus discret. On n’en sait rien, on imagine
vaguement, quand des épaves finissent sur les plages de l’Europe et dérangent les
baigneurs. Alors la Presse Libre fait un titre : Invasion ! Elle ne parle jamais de la Sainte
Alliance entre Corrupteurs et Corrompus. Ce n’est pas la faute des journalistes ; eux aussi
ont étudié l’Histoire à l’école, donc ils ne peuvent pas savoir que quiconque tente
d’administrer l’Afrique pour les africains est éliminé par la Sainte Alliance parce qu’il viole
le Traité de Paix de Versailles de 1919.
Aujourd’hui, ce vieux Traité a encore une énergie explosive.
Aujourd’hui, 28 juin 2018, le Traité de Paix de Versailles a 99 ans. Il faut fêter ça.
- Garçon ! Un sandwich d’Histoire en tranches bien fines, et une bouteille de Champagne.
Ré-unir l’Histoire ? Dans les écoles de pseudo-nations composées par cent peuples de
cent “cultures” – l’Espagne, l’Italie, la France, l’Allemagne, le Royaume “Uni” ! – l’Union
est seulement Sacrée & Contre. Contre qui ? Mais contre l’ennemi bien sûr. L’ennemi est
un fantôme, un être sans “culture” à part le vice de manger les enfants. Ou d’égorger nos
fils et nos compagnes. Madame la Marseillaise est trop bien élevée pour dire que
l’ennemi est un lâche sans Dieu et sans papiers qui viole nos mères et nos sœurs. Nos
176
vaillants soldats ne le feraient jamais parce qu’ils sont fidèles à leur fiancée, à leur Patrie,
à leur religion, et parce qu’ils ont des papiers.
En grattant ce maquillage de crasse, en lisant les rides du Temps comme nous l’avons fait
ici, on peut s’apercevoir que les “cultures” ont toutes le même visage. On dévoile aussi une
vérité honteuse : sous leurs drapeaux bariolés, les patries cachent toutes le même cul
cradingue.
Les peuples ont les mêmes besoins ; ils ont des goûts différents, va-t-on en faire un drame ?
Oui, les drames plaisent, vus d’un fauteuil. Les patries sont des équipes de foot. Pour limiter
les dégâts de compétitions insensées, la fédération mondiale fait beaucoup pour gêner les
petites équipes, et rien contre les clubs puissants qui tirent les ballons de foot au canon.
Au début du Troisième Millénaire, le sort des peuples est décidé par des pulsions
acéphales au-dessus des États. Il nous est semblé utile de redécouvrir, dans le passé
éternel de l’humanité, d’autres entités acéphales à l’origine de bien de nos maux : les
Héros.
Nous avons trouvé les traces d’une pulsion bénéfique et d’une entité acéphale plus douce...
Il faut ôter à l’idiot du village global la tronçonneuse avec laquelle il coupe la branche sur
laquelle il est assis.
Il faut ôter des mains de la technologie le sceptre avec lequel elle gouverne le genre
humain.
Il faut redonner à l’humanisme le contrôle des sciences. À cette fin, les humanistes devront se
libérer de leur fétichisme bibliophile et recommencer à observer le monde.
177
Bonus Track 13 – Premier octobre 2019
Cherchez la femme !
L’homme préhistorique se sentait misérable. Nous voyons, nous reconnaissons sa misère
dans une misère actuelle : elle émerge de deux exemples.
Gravure rupestre. Suède
Cette reproduction apparaît sur la couverture
d’un livre publié en Italie en 1995. Dans un
article écrit par le même auteur en 2015, elle
illustre une information précise que nous
traduisons de l’anglais :
« Dans les figurations rupestres post-
paléolithiques d’au moins trois continents,
une ligne associée à la figure humaine indique
le genre masculin, un point le genre
féminin. »
Oui, peut-être, normalement... La ligne qui traverse le personnage de gauche représente bien
un sexe masculin, et la queue d’un loup ou d’un autre animal totémique. Mais le point, gros et
rond comme un “ballon” de pierre de Mnajdra, n’indique pas la femme. Un signe, un
signifiant, n’a de signification, de signifié, qu’en relation avec son contexte. Et dans ce contexte, la
femme est indiquée par la silhouette du sein droit, en relation avec la position des jambes qui,
en relation avec ce “ballon”, indique clairement sa nature. C’est presque un Soleil de pierre de
Mnajdra ; c’est presque la Lune : c’est surtout le nouveau-né que la femme vient
d’accoucher. La main centrale commune à l’homme et à la femme complète un exemple
rare, peut-être unique, de Sainte Famille préhistorique. Conclusion du premier exemple de
problème actuel : une “magie” réservée à la femme a été ignorée par un spécialiste de
préhistoire. Nous ne citerons pas son nom : en Italie, on nomme le péché, pas le pécheur.
L’omission ou la négation de la centralité de la femme dans les sociétés préhistoriques
reflète la centralité de l’homme dans les sociétés modernes.
Omission ou erreur, elle fut commise ici par un homme, mais nous devons être équitable
et considérer dans le deuxième exemple ce dont une femme d’aujourd’hui est capable.
Claude Lévi-Strauss a écrit La potière jalouse. En anglais, le titre a été traduit The Jealous
Potter : le potier jaloux. La translation, l’élévation du féminin au masculin pourrait être un
choix de marketing de l’éditeur américain. À moins qu’une femme, spécialiste de
traductions du français à l’anglais, puisse ignorer le terme Potteress.
Ignorance, erreur, omission, acte manqué, pudeur, pudibonderie victorienne, paternalisme,
misogynie latente, machisme sournois... La misère de la femme moderne est l’image spéculaire
de la misère du Chasseur en cette “préhistoire” appelée Civilisation de la Femme aux chapitres
précédents. Les “féministes” modernes s’inventent de nouvelles fonctions sociales ; nous verrons que
des “hoministes” préhistoriques inventèrent la Chasse.
La préhistoire que nous observerons précède de beaucoup cette gravure rupestre où un
homme est devenu – enfin ! – père, de famille.
178
Misère du chasseur préhistorique
Dans la préhistoire, une relation existe entre une très vieille magie féminine que nous
appelons “poterie’ et une nouvelle magie masculine que nous appelons “chasse’. Nous
verrons que la première “chasse’ fut pratiquée par des végétariens.
Le vase préhistorique de terre, dont personne ne parle parce qu’il a disparu, précède bien
évidemment le vase de terre cuite. Ce dernier monopolise l’attention de l’archéologue
sans dévoiler le secret de la Potière primordiale qui produisait le Vase une seule fois en
trois jours, chaque mois. Claude Lévi-Strauss l’a dit autrement parce qu’il avait un
propos différent du nôtre.
En créant une simple écuelle avec de la terre et de l’eau, la Potière se représente elle-même.
Elle sent que le rythme mensuel de son incantation a un rapport avec le cycle lunaire.
Récemment, à son échelle temporelle, elle commence à cuire le Vase. Comme nous l’avons
expliqué dans Ermeneutica di una tecnica, la cuisson du Vase est un rite de passage de l’enfance
à l’âge adulte ; il prolonge le premier rite de passage que nous appelons naissance. La
cuisson rend le Vase “éternel”, comme un os. (2, 3)
D’ailleurs, suivant la logique de sa magie, la Potière utilise un os comme instrument dur et
lisse avec lequel frotter son Vase presque sec pour le rendre brillant. (4, 5)
Utilise-t-elle aussi un galet à cet effet ? Certes, mais la distinction entre os et galet n’est
pas si nette pour elle : dans sa magie, un galet est un os. Comme l’eau où elle le prend, le
galet appartient à la montagne, sa Mère, dont le ventre l’abrite encore.
La Potière primordiale est la femme préhistorique. Si elle ne “chasse” pas, ce n’est pas à
cause de la faiblesse qu’on lui attribue. D’autant plus que la “chasse” est question
d’observation, de patience, d’astuce, avant la scène finale qui monopolise notre attention
mais demande plus d’adresse que de force, grâce aux armes de jet, entre autres trucs.
La Potière ne chasse pas parce qu’elle n’a pas besoin d’un tel succédané. Elle est le modèle
archétypal de l’homme préhistorique, le pauvre, qui se considère incapable de faire le Vase
rituel à chaque Lune.
En un nouveau rite tout masculin, la Chasse, un homme végétarien commencera la construction
de son amour-propre. Ce sera une œuvre laborieuse, jamais satisfaisante ; elle portera à la
seconde moitié de notre titre : Le féminicide des Héros.
Mais avant, dans la “préhistoire”, la Chasse fut un drame religieux articulé en actes
rituels, comme la Sainte Messe.
L’Homme Nouveau, le Chasseur, transféra la magie fondamentale de la Femme dans la
Chasse afin de pouvoir lui aussi générer la Vie en faisant naître et renaître.
Voilà, tout est dit.
- Quoi ?! La Vie ? Mais voyons, les chasseurs donnent la mort !
Oui, c’est ce qu’on répète sans y penser, dernièrement, depuis 3 ou 4.000 ans, et c’est ce
que font certains pseudo-chasseurs aujourd’hui. Mais vous avez raison ; on ne devrait
pas commencer un récit par le flash final : la vision. Nous allons donc reconstituer la
rêverie précédente, qui mène à un paradoxe illuminant. Elle fut nourrie par un texte très
convainquant : Autres regards sur la chasse préhistorique, de Marcel Otte. (L)
Du même auteur au même lien, une autre pierre d’angle, Le serpent et la pomme – Illustration
de la préhistoire religieuse, étaye nos notes de voyage.
179
L’anneau manquant
Ce 13e bonus track à Notre-Dame Déesse & Le féminicide des Héros a certainement été inspiré
par Autres regards sur la chasse préhistorique. Mais Marcel Otte, professeur de préhistoire de
l’Université de Liège, poète de la paléoanthropologie et philosophe, ne partage pas
forcément notre vision. Elle constitue l’anneau manquant entre la Civilisation de la
Femme (que nous avons redécouvert dans notre parcours ici en démolissant au passage
le terme “matriarcat”) et ce que nous refusons d’appeler la Civilisation de l’Homme. Le
Patriarcat, surface tumultueuse d’une mer profonde, n’a que 5 ou 6.000 ans de vie. Son
jeune âge n’est pas une excuse pour des excès qui l’ont vieilli prématurément et qui
préparent sa fin.
La démarche du vagabond
Nous n’avons pas suivi un parcours, nous faisions une promenade. Nous ne cherchions ni
champignons ni fraises des bois, ni rien, ni ce rien qu’on appelle Absolument Rien. Mais
nous avons bien été obligés d’observer, de constater, que dans le passé le plus lointain, on
trouve les clefs du présent. Cela permet d’imaginer un futur souhaitable et possible pour nos
sociétés : c’est une activité mentale légère, typique du vagabond.
Science ou humanisme ? Une question de méthode.
Pour comprendre les sociétés du passé, le paléoanthropologue interroge des témoins
matériels tels que des os, humains et animaux. Ses observations scientifiques sont suivies
d’hypothèses et de déductions qui ne sont pas scientifiques parce qu’il ne peut pas les confirmer
selon la méthode scientifique. Il s’agit donc de spéculations et de conjectures, mais elles naissent
des sentiments les plus profonds d’un humaniste. Il ne se sent pas inférieur à un scientifique, au
contraire. Un humaniste met sa connaissance du cœur et de l’âme au-dessus de la
connaissance scientifique qu’il utilise souvent. Nous avons déjà développé la question ici
dans une critique de l’expression “sciences humaines”. Les spéculations et conjectures d’un
humaniste sont le fruit de capacités affectives & logiques intimes, subjectives, mais qui
s’exercent sur des indices externes, objectifs. Pour un détective, trois indices font une
preuve, mais les jurés ne changent pas si facilement leurs vieilles opinions.
Dans de nombreuses “tombes” archaïques, on trouve des os et des vases de terre cuite. Ignorant
un instant la fable de la vaisselle pour l’au-delà, nous parlerons d’un plus ancien rapport symbolique entre les
vases et les os. Il ne sera pas nécessaire de distinguer entre os humains et os animaux.
Au chapitre Labyrinthes, nous avons examiné le vase de terre que personne ne peut voir
aujourd’hui parce qu’il a disparu. Il eut une importance fondamentale pendant cent mille ans
et plus, avant le vase de terre cuite. La Maîtresse de la Potière primordiale existe encore : La
Potière Volante fait ses petits pots de terre depuis deux millions d’années. (3)
Par contre, d’innombrables os d’animaux nous furent laissés en héritage par le Chasseur. Ils
sont décrits scientifiquement par le paléoanthropologue. Ses interprétations tentent de reconstituer
les sociétés des chasseurs, comme il le fait avec les tessons de terre cuite. Nous verrons le
rapport entre les os de l’animal chassé, le Chasseur et le Vase invisible de la Femme invisible.
Notre civilisation a de sérieux motifs de ne pas voir les traces de la femme préhistorique.
Grâce aux mathématiques, les physiciens voient l’invisible, mais la mathématique de
l’humaniste – la rêverie – n’est pas admise dans les académies, qui tolèrent tout juste Gaston
Bachelard. Tant pis pour elles. Au cours de la rêverie qui suit, nous chercherons la Femme
préhistorique pour mieux comprendre “L’Homme visible” : le Chasseur.
180
Cherchez la femme !… au Paradis Terrestre, avant la Division.
Marcel Otte résume ainsi des observations personnelles et celles d’autres experts : « La
mentalité primitive n’établit pas de distinction nette entre le monde animal et l’humain. »
Paraphrasant, résumons nos observations sur la femme préhistorique : la mentalité
primitive n’établit pas de distinction nette entre le monde du Vase et celui de la Femme.
Auparavant, nous avons rappelé que la “poterie” fut d’abord un rite de fertilité. (2)
Résumons d’autres données du texte de Otte, utiles ici. Les humains étaient végétariens.
Dans un milieu où les aliments végétaux désirés étaient très abondants, on trouve des traces
de chasse habituelle. Les proies étaient choisies selon des critères symboliques qui guidaient
aussi une consommation magique, non-nutritionnelle. La distribution des os dans
l’environnement semble indiquer un rite ayant pour but de redonner la vie à l’animal.
Ce dernier concept s’explique : les spécialistes croient en la mort.
- Comment ça ?! Vous n’y croyez pas ?
N’étant pas un spécialiste, la question ne se pose pas. Mais au lieu de jouer aux Indiens
comme d’habitude, nous jouerons aux Troglodytes, pour récupérer avec bonheur notre
âme troglodyte. Nous comprendrons ce que signifie la sépulture d’un être, qu’il soit humain,
animal ou végétal, par exemple une semence. Seuls les “modernes’ associent la sépulture à
la mort ; c’est inconcevable, si on croit que la Vie et le Temps ne sont pas linéaires mais
circulaires. Nous pensons bien évidemment à nos frères troglodytes anthropophages : ils
mangent le corps et boivent le sang d’un Homme-Dieu vénéré. Il naît chaque année au
solstice d’hiver dans une grotte, puis s’endort comme un ours d’un sommeil comateux
dans une caverne d’où Il renaît au Printemps. (Cfr. chapitre Continuité)
La proie était donc choisie selon des critères symboliques. Est-ce aussi le cas des
“aliments” végétaux ? Les Modernes divisent la chasse de la cueillette parce que Aristote a
officialisé la division entre hommes, animaux et plantes. Ce n’était pas évident, en ce
temps-là. Plus inspiré par Les Métamorphoses d’Ovide que par Aristote, l’auteur, comme
son alter ego troglodyte, ne divise pas nettement l’animal du végétal : le serpent et la
plante de pois rampent et grimpent tout deux. On peut donc penser que les humains
préhistoriques choisissaient leurs “aliments” végétaux selon des critères aussi
symboliques. Les critères médicinaux sont plus évidents ? Peut-être pour les Modernes,
mais que signifie “médecine”, pour une conscience qui n’a pas encore divisé l’Être
humain en corps et âme, ni l’humain de l’animal et de la plante ?
Au chapitre Nomades et paysans, nous avons vu que la première agriculture fut une activité
“religieuse” : un rite de fertilité. Ailleurs, nous avions noté qu’une corne d’abondance qui
verse ses fruits n’était pas seulement un cliché de générosité de la Nature. La Corne
d’Abondance était la représentation plastique de la Source au centre de l’attention du
gynécologue. Nous avons aussi parlé des spirales préhensiles du pois que personne ne
remarque dans le chapiteau corinthien ; nous devons ajouter maintenant une vision
troglodyte : quand un petit pois germe, la tête d’un nouveau-né émerge de deux lèvres.
Au chapitre Le Nombril & L’Acanthe, notre lecture des plaques d’os bosselées de Schliemann
et Orsi a confirmé l’importance du pois sauvage. Fut-elle une des premières plantes à être
cultivée ? Ce serait logique pour les raisons symboliques suivantes. Une plaque d’os
bosselée représente les petits pois dans la cosse : un phallus plein des semences qui évolue
d’une fleur évoquant une vulve.
181
L’Androgyne n’est pas seulement un mythe. La prise de conscience d’un rôle masculin
dans la procréation a dû être une révolution, avec ses habituelles restaurations. Choisissant
le pois comme plante totem, une Femme-Pois pourrait avoir voulu restaurer une fertilité
indépendante de l’homme. Aujourd’hui, elle sait à qui s’adresser. La science médicale doit
répondre à une autre exigence de fertilité indépendante : certains hommes voudraient que
leur corps puisse générer un enfant. Ce caprice exprime-t-il une envie profonde? Pourquoi
pas. Freud a bien parlé de l’envie du pénis de la part de la femme.
Dans la préhistoire, les relations entre humains, animaux, plantes et choses étaient
réglementées. Des lois non écrites étaient codifiées en récits que nous définissons légendes
ou mythologies, et en rites que nous disons magiques ou religieux. Il s’agissait de questions
ontologiques qui se traduisaient en des choix existentiels. C’était les Lois
Constitutionnelles de ré-publiques, dans lesquelles presque toutes les “ré” – les “choses” en
latin – étaient encore publiques, où presque rien n’avait encore été divisé du Tout pour le
faire devenir privé.
Nos philosophies judiciaires, économiques, politiques, ainsi que nos armées, s’affrontent
sur ce seul mot : presque. Nous comprenons la pensée préhistorique parce que nos
religions, traditionnelles ou scientifiques, nous disent encore aujourd’hui ce qu’il faut
manger ou pas, c'est-à-dire ce qui il faut être ou ne pas être.
182
Les végétariens pratiquants ont un nouveau problème : la découverte scientifique d’une
conscience des plantes. Voilà encore un pont lancé entre les sociétés archaïques et
postmodernes. Ailleurs, nous avons décrit une forme de pensée “pré & postmoderne”
utilisée par l’Indien, par la Ménagère et par le vainqueur du Nobel de physique : trois
scientifiques & humanistes. (10)
Du silex au silicium
Il n’est pas indispensable d’établir une chronologie scientifique des formes de pensée
parce que, par exemple, la “préhistoire” existe encore ; les ethnologues le savent bien.
Divers auteurs littéraires d’Amérique Latine ont observé que dans leur continent, les âges
de l’humanité sont contemporains, du silex biface au silicium de la puce électronique.
Dans le roman Les pas perdus, Alejandro Carpentier décrit comme dans un cauchemar
une tribu indigène traitant en esclaves subhumains les membres d’une autre tribu. Ce
pourrait être une métaphore de notre société. Carpentier a décrit la Révolution Française
dans les Antilles ; le titre du roman exprime un sarcasme féroce : Le siècle des Lumières.
Le Temps Linéaire est une vision et son fils moderne, le Progrès, est une illusion.
Le géomètre n’aime pas l’astrophysicien qui démontre qu’à une certaine échelle, la ligne
droite est une illusion elle aussi. Une fusée semble monter bien droit dans le ciel, mais
c’est aussi une illusion parce que la Terre tourne et parcoure une ellipse, comme chaque
objet dans l’univers. Comme par exemple une comète qui passe et repasse semant la Vie
comme un paysan aveugle, sur la terre fertile et sur les cailloux.
Le Progrès… Quand on regarde les infos et quand on écoute leurs silences, on trouve
chaque jour une nouvelle raison de grandir pour devenir un troglodyte.
183
mais on fit en sorte de toujours inclure le Phare vivant de la Méthode: une ménagère. Elle
disait respecter la tradition mais elle était trop intelligente pour le faire, à propos du
pourquoi et du comment cuire ou ne pas cuire. (10)
Le détective et le majordome
Le chapiteau corinthien fut créé par Callimaque. Nous l’avons soupçonné d’être l’auteur
de la Colonne des Danseuses qui élèvent l’Omphalos, le Nombril du Monde, à Delphes.
Nous avons redéfini ce groupe de marbre au chapitre Le Nombril & L’Acanthe grâce à
une expression courante : l’Axe du Monde, c’est l’axe Mère-Fille. Les feuilles d’acanthe
représentent la Mère. De ces feuilles, trois “danseuses” émergent comme une seule
colonne qui élève l’Omphalos comme la tige élève le bouton de la fleur avant qu’elle ne
s’épanouisse : la fleur représente la Fille. Des photos éloquentes illustrent cette vision.
Tout le monde connaît les feuilles d’acanthe et les reconnaît partout ; personne ne
semble remarquer l’absence de la fleur. La Fille a été éliminée, et sans Fille, pas de Mère.
Qui est l’assassin ?
- Cherchez la femme !
Non ; cherchez l’homme. Cette fois encore, l’assassin est le majordome ; il s’appelle
Hermès. Nous l’avons vu ; au service de Zeus, Hermès livra la Pomme empoisonnée de
186
la Discorde qui divisa la Femme en trois : Aphrodite, Athéna, Héra. Le fondateur du
Patriarcat, Zeus, divisa la Femme en trois pour mieux régner. Elle fût effacée par la
Trinité suivante. L’axe Mère-Fille fut substitué par l’axe du nouveau monde : Père-Fils.
Mais on trouve encore partout des feuilles d’acanthe et des images de la Sainte Vierge.
Nous ne sommes donc pas arrivés à « la fin de l’Histoire. »
La préhistoire permanente
Le Chasseur aimait certains animaux comme des semblables. D’autres étaient ignorés. Les
animaux tabous étaient-ils exécrés ? Aujourd’hui, nous parlerions peut-être d’espèces non-
comestibles. Pourtant, dans les supermarchés de notre monde global, on trouve des cafards
caramélisés, de la viande de chien, et même des morceaux de cochon que certains
mangent crus, séchés dans du sel.
Réfléchissons au bon animal : l’alter-ego, l’élu, le Dieu du Chasseur, celui dont l’Être
garantit son Être.
Dans un brouillard, nous entrevoyons le rapport archaïque entre aimer / sacrifier / manger
notre alter-ego, notre Totem, notre Dieu. On le voit plus clairement dans notre langage
gestuel. Nous le signalions dans Funzioni ed usi del linguaggio tecnico. (7)
« Le dialogue, aujourd’hui symbole de paix, est depuis toujours une transposition
symbolique du combat corps à corps. Un éthologue dirait que l’Homme a inventé une
façon de défouler une “compétition intraspécifique” en un duel ritualisé qui protège
l’espèce de l’auto-extermination. .../... L’étymologie, comme un fil d’Ariane, nous aide à
relier les mots .../... Un éthologue signalerait que sympathie-compréhension-
communication-communion-absorption s’expriment par le langage gestuel : la poignée
de main, l’embrassade, le baiser. Les Dieux de l’Amour et de la Guerre, et des monstres
anthropophages, et de suaves esprits, sont encore actifs dans les coulisses de notre
théâtre quotidien. »
Dans la pratique rituelle qu’on appelle “la chasse”, “tuer” ou “sacrifier” n’était pas le
contraire de “donner la vie”, “accoucher”. C’était un rite équivalent compensatoire, spécifique
d’un sous-groupe humain de sexe masculin : les chasseurs. Ce rite était probablement
célébré en des moments précis, comme aujourd’hui mais pour des raisons légèrement
différentes. Comme dans nos fêtes religieuses, la “chasse” était probablement l’occasion
de festins : une exhibition “d’abondance”, de “fertilité” sans proportion avec des
exigences alimentaires. Une telle joie & folie semble liée à la satisfaction momentanée
d’un besoin qu’on ne peut pas assouvir ; il faudra donc la répéter de façon cyclique.
On entrevoit le rapport avec des rites orgiastiques. Les descriptions traditionnelles plus ou
moins oniriques mêlent les notions de “manger”, “aimer”, “tuer”. Ces fantasmes ne semblent
pas émerger du monde féminin archaïque ; ils ne semblent plus réservés au monde masculin.
188
L’eau chaude fut inventée par les humains de l’âge de la Terre & Eau, avant l’âge de la
Terre Cuite (deux âges snobées par la chronologie académique). Il faut le remarquer parce
que pour bouillir de la viande, pour faire un pot-au-feu, on n’a pas besoin d’un pot en terre
cuite (et nous sommes encore loin de l’âge des casseroles en bronze). Ce qui est
indispensable, c’est l’Eau.
Décrivons une “technique” qui fut un rite de fertilité aux retombées incalculables.
À côté du Feu, on creuse dans la Terre un Ventre ; on le remplit d’Eau, après l’avoir
recouvert de la peau d’un animal choisi selon des critères oubliés.
Autour du feu, de l’énergie est accumulée en d’étranges batteries paléolithiques appelées
pierres. Elles sont mises dans l’eau qui se met à bouillir avec une rapidité qui ne doit pas
étonner : le Feu, caché dans la Pierre, est entré dans le Ventre d’Eau. Pour maintenir
l’ébullition, il suffit de changer les piles. Résultat ? Nous n’avons pas bouilli seulement de la
viande. Un beau jour, ou un triste jour, on fait une découverte : sous les traces de feu
délavées par les pluies, la Terre aussi est cuite.
La Terre Cuite est plus forte que l’Eau, plus forte que le Feu.
Un jour, un Ventre creusé dans la Terre contiendra le Vase de Terre et le Feu.
Bien plus tard, le Ventre surgira de la Terre et la surmontera comme un Temple. Il sera
appelé four. Sa base sera d’abord circulaire puis rectangulaire.
Poterie & Cuisine & Architecture... Pour la conscience humaine primordiale, chaque
action était rituelle. Ces “techniques” étaient des séquences d’actions symboliques
convergeant en un seul rite ontologique. Sa fonction était d’affirmer l’Être.
Le Rite fut divisé plus tard par des observateurs non-troglodytes appelés spécialistes. (2)
Les techniques évoluent & les rites changent & vice-versa. Cette considération nous
permet de répondre à la question initiale à propos de la viande grillée. La manger était un
tabou parce que mettre la viande de l’animal sur le feu n’était pas une cuisson finalisée à
son assimilation, à le rendre semblable en le mangeant. Bien au contraire, brûler la viande
était finalisé à faire renaître l’animal hors de soi, donc sans le manger. Plus tard, le rite signifia
garantie de Vie Supérieure. Il n’était pas réservé aux animaux ; aujourd’hui, ce rite est
réservé aux humains. L’incinération a été commentée ici au chapitre Continuité. Une autre
façon de retourner dans le Ventre Céleste était l’exposition du corps aux oiseaux.
Nous n’examinons pas des techniques ritualisées ; nous décrivons un rite que la vision
moderne considère comme un ensemble de techniques. La Communion n’est pas une
technique mais un rite. Aujourd’hui, un spécialiste pourrait dire que l’Ostie est produite
en ritualisant la technique du boulanger. Un jour, il écrira que l’Ostie était une petite
pizza sans sauce tomate. Il publiera son essai sur une revue spécialisée, au 21e siècle
après la naissance de Notre Seigneur Smartphone.
Pour mieux comprendre le rite du Chasseur, il faut comprendre un aspect du rite de la
Potière. Ce pourrait être utile, pour certains problèmes d’aujourd’hui.
Avant la création du Vase, la Potière doit unir Terre & Eau.
Après la création du Vase, la Potière doit diviser la Terre de l’Eau, afin que la Terre se renforce.
Le processus est douloureux. La perte d’Eau se traduit en une perte de volume qui cause des
tensions, des déformations, et même des fêlures. Mais c’est un passage indispensable : tout le
monde sait que le (vase) nouveau-né doit être séparé de l’eau où il a grandi.
189
Un jour, le Vase de Terre ne fut plus considéré parfait, qui signifie accompli. Il fut donc
soumis donc à un deuxième rite de passage : la cuisson.
Avant de cuire le Vase, on doit être sûr qu’il est parfaitement sec. Personne ne demande
jamais pourquoi. Voyons la question d’un point de vue moderne, pour autant que
possible.
Tout le monde devrait savoir que dans certains environnements, l’eau est un explosif. Si le
lecteur le découvre en versant une cuillérée d’eau dans une casserole d’huile de friture
bouillante, il s’en souviendra toute sa vie grâce aux cicatrices des brûlures.
Pour sécher son Vase, la Créatrice, la Démiurge, ne souffle pas sur sa Créature comme dans
la Genèse ; elle s’assoit et attend. Au travers de ses mains, elle a déjà conféré au Vase son
propre Esprit, c’est-à-dire son souffle, et son Âme, c’est-à-dire son vent. Les latinistes le
confirment.
En anglais, âme se dit soul. Notre Potière peut expliquer l’origine d’un concept
insaisissable. Pour certains étymologistes, soul vient du proto-germanique saiwaz, qui
indique eau, puis lac et mer. Tant que la terre contient de l’eau, elle reste fertile et
malléable ; si elle est abandonnée par l’âme-eau, la terre de l’abondance devient un désert
stérile, et le corps d’argile devient rigide. En résumé, notre âme est Eau pour les Germains,
Air pour les Latins. Les deux visions sont acceptées par la sage Potière : elle veut éviter
une autre guerre de religion.
Une deuxième division de L’Eau de la Terre advient au début de la cuisson-
métamorphose. Le phénomène est mystérieux parce qu’il est (presque) invisible. Ce
passage est un gué qu’il faut traverser lentement. Plus l’objet est épais, plus cette phase doit
se prolonger. Si le feu n’est pas trop vif en début de cuisson, on évite l’explosion du vase de
terre dans le four.
Selon le céramiste, le coupable est « La bulle d’air ! L’argile a été mal pétrie. »
Pour le céramiste, ôter la bulle d’air est un rite de purification.
Tous doivent pétrir le pain d’argile comme fait le céramiste : religieusement.
Le céramiste se trompe ; le potier a raison : il enlève les grosses bulles d’air qui le gênent,
mais seulement s’il utilise un tour.
Pour le vérifier, il suffit d’insérer de nombreuses bulles d’air dans l’argile encore fraîche
de dix objets; si un seul explose pendant la cuisson, ce n’est pas la faute des bulles d’air.
Un vase peut exploser à cause d’un reste d’humidité ; il fallait le sécher mieux.
- Mais mon vase était resté sur le radiateur pendant un mois !
Donc il était sec. La matière qui a fait exploser le vase dans le four est son eau moléculaire.
Elle ne peut sortir de l’argile qu’au début de la cuisson, quand une plus grande chaleur
casse ses molécules hydratées. L’eau en sort à l’état de vapeur, la même qui peut déplacer un
train. Elle doit donc sortir lentement. Si la cuisson est trop rapide, si une flamme s’allonge
trop tôt, on entend une explosion dans le four : un coup de tonnerre souterrain, annoncé
par l’éclair de la flamme.
Comment décrire le résultat ? On pourrait dire que la terre crue est devenue cuite.
Chacune de ces notions est objective & subjective. On décrirait mieux ce phénomène
190
physique & psychologique en disant que le Vase qui a résisté au Feu ne sera plus désagrégé
par l’Eau, comme les os.
On confond souvent la résistance avec la résilience, terme qui vient de la métallurgie ; il
s’adapte bien à l’art de la Potière. Comme le fer battu, le vase de terre cuite a subi des
épreuves initiatiques épouvantables. Avant la cuisson, il était assez fort pour exister.
Dans le four, il a souffert horriblement, mais au travers d’une épreuve, il a prouvé sa
résilience : il est devenu plus fort qu’avant, plus fort que l’Eau, plus fort que le Feu sur
lequel le vase pourra retourner pour cuire à son tour quelque chose dans son propre
ventre.
Le rite de la Potière est circulaire. La distinction entre le sujet et l’objet n’est claire que
pour l’observateur moderne qui ignore que ce rite circulaire est un système. Il ne voit qu’un
ensemble de personnes, choses, techniques.
Les techniques existent pour lui parce que l’observateur moderne appartient au Système
Moderne.
Les techniques n’existent pas pour la Potière ni pour le Chasseur qui appartiennent au
Système Préhistorique.
Une telle relativité Sujet-Système est admirablement illustrée par un petit livre amusant et
fondamental : Flatlandia, de Edwin A. Abbott (1884). Il unit un récit fantastique sur la vie
dans un monde à deux dimensions & un manuel philosophico-scientifique & une satire
très subtile de la société victorienne.
La Poterie était un rite féminin ; est-elle devenue un rite aussi masculin ? Les torrents se
mélangent, les eaux du fleuve coulent en surface, en profondeur et sous terre, comme
l’Histoire de l’Homme & la non-Histoire de la Femme.
Le céramiste n’a pas su expliquer l’explosion d’un vase parce qu’il n’a pas compris une leçon
de chimie au lycée, distrait par un ami devenu archéologue. Les mêmes statuettes de terre
cuite, issues du même site, sont rouges, roses ou grises parce qu’elles furent réalisées avec
des argiles différentes, dit l’archéologue. S’il a vu cuire des crevettes, il n’a rien observé
parce qu’il méprise l’antre des femmes : la cuisine n’est pas un laboratoire scientifique. À
l’université, il a lu des livres sur la céramique mais, pour un projet interdisciplinaire, il a invité
son ami céramiste ; on ne sait jamais... L’article publié sur ce projet est risible parce qu’il
exprime des notions pseudo-scientifiques gribouillées au tableau par le professeur du lycée,
incapable de faire vivre les sciences en des activités métadisciplinaires. Par exemple la
“cuisson” des “aliments”. (1, 4, 6, 7)
Une pensée & action métadisciplinaire caractérise l’humanisme authentique. Le scientifique
doit se spécialiser et donc diviser ; l’humaniste unit ce qui a été divisé et tente de s’exprimer
dans cette Union. Quand le scientifique tente une approche interdisciplinaire, il tend vers
l’humanisme. Quand l’humaniste a recours à des connaissances scientifiques, il ne tend pas
vers les disciplines scientifiques, et, s’il ne se laisse pas engloutir par le tourbillon du Tout, il
reste un humaniste. Illustrons cette digression sur la méthode avec un exemple.
193
Quand un homme se prend pour un loup, il mange comme un loup. Ce végétarien devient
carnivore par un processus d’assimilation de type religieux, ou plutôt ontologique : on est ce
que l’on mange, ce que l’on fait, etc.
L’ex végétarien devenu carnivore dans la préhistoire n’est pas différent de l’ex carnivore
devenu végétarien aujourd’hui. Tout deux ont assimilé un modèle qu’ils croient meilleur,
comme les enfants que nous sommes tous à tous les âges, quand tout va bien.
Nous concevons difficilement l’union Chasseur-animal parce que nous ne voyons que la
(leur) division. Au même moment, dans le même rêve, grâce à la même initiation,
Wolfgang est devenu Le Loup & Le Loup est devenu Wolfgang, nom qui signifie Marche
comme Le Loup. C’est facile à comprendre, pour l’enfant de la ville qui chasse le cerf la
nuit avec la meute des loups, ses frères indiens. Mais l’adulte a du mal. Il a fait des
études, au pluriel : ce qu’il a étudié est divisé en disciplines, en cours, et chaque diplôme
est une plume de plus dans sa coiffe, une cicatrice de plus après une autre initiation
douloureuse. (Est-ce pour cela qu’on les appelle disciplines ?) Son langage précède sa pensée
et il ne possède que des mots contradictoires – la vie, la mort – avec lesquels il n’arrive
pas à opérer une fusion qui élimine la Division, la Catastrophe : la perte de l’Innocence
paradisiaque qui mit fin à l’Union hors du Temps. Il n’y arrive pas malgré les efforts
millénaires des Dieux Messagers, des Anges et des re-ligions.
La Chasse préhistorique est un rite de Communion. Le Chasseur “aime & tue & mange &
devient” son modèle idéal, son animal totémique. Nous voici encore confrontés avec
l’aspect linguistique de la question onto-épistémologique : il faut lire un seul Verbe en quatre
verbes unifiés par &. Ne les considérer qu’un à la fois serait de la boucherie de supermarché,
où un Tout est divisé et proposé en barquettes de polystyrène : c’est si pratique !
Un homme nouveau naît d’un rite nouveau : la Chasse. Le Chasseur imite la magie
réservée à la Potière. Mais la femme préhistorique aussi entretient des relations intimes
avec le monde défini come animal par l’inventeur de la modernité, Aristote, pour le
diviser du monde humain. Le totem de la Potière est la guêpe potière ; nous l’avons
appelée La Potière Volante. (3) Sa cousine construit des petits nids de cire pour ses enfants
qu’elle nourrit du lait le plus doux qui soit : le miel. La récolte de miel sauvage apparaît
sur des dessins rupestres qui datent de dizaines de milliers d’années. Cela nous rappelle la
Terre Promise, où coulait le lait et le miel...
- Oui mais qui produisait le lait ?
Et qui produisait le Miel ? L’auteur troglodyte l’ignore, englouti qu’il est par l’Union
humain & animal, mais suivons un bref raisonnement.
Grâce à Francesco Aspesi (D), nous savons que abeille et labyrinthe étaient liés dans « le
substrat linguistique égéo-cananéen » : antiques restes de langages dans ce Nord-est
méditerranéen où la géographie est chargée d’Histoire. Dans cette région et en cette
période – disons prébiblique – l’Abeille était un symbole de la Femme. Au chapitre
Labyrinthes, nous avons observé qu’à la même époque, le labyrinthe en spirale gravé sur
un rocher représentait le ventre créateur féminin.
Ainsi, l’expression « le lait et le miel » pourrait avoir été un pléonasme symbolique pour
évoquer la Déesse et ses dons paradisiaques, dans le monde égéo-cananéen, avant
l’occupation de ces territoires par des immigrés venus d’un Sud qu’on appelle Égypte.
194
Mais pour ces ex-Égyptiens, que pouvait signifier « lait et miel » ? Seulement un excellent
petit déjeuner? Ou aussi l’Union idéale : « Lait & Miel » ? Dans ce cas, « le pays du lait et
du miel » n’était pas seulement un mirage d’abondance vu par des fugitifs affamés perdus
dans le désert, mais aussi et surtout le lieu idéal où un groupe de réfugiés pourrait naître
comme peuple : la Terre Promise.
- Tout le monde sait qu’Israël est la Terre Promise !
Tout le monde le dit, sans se demander ce qu’était le Miel, pour les anciens Égyptiens.
Quand vous le découvrirez, dans un instant, ne vous exclamez pas « pourquoi n’y ais-je pas
pensé plus tôt ?! » Les écoles, les temples et les supermarchés ne servent pas à faire penser.
198
La Sexualité Masculine est la continuation de la Chasse, par d’autres moyens.
Une banale vantardise machiste...
- Vous pourriez la maquiller comme font les intellectuels. Ils citent un chasseur de femmes, Don
Juan, et précisent toujours qu’avant Mozart et Molière, Tirso de...
Pas du tout ! Notre formule indique un passage fondamental dans l’Histoire de l’humanité.
Du plaisir innocent à l’idée fixe du pouvoir : genèse de l’égo fertile.
En outre, cette obsession ne concernait pas seulement le rapport sexuel entre homme et
femme. La recherche de la fertilité était un moteur aussi puissant que le recherche
aujourd’hui de son contraire. Dans cet univers magique, le mâle découvrait un petit rôle
dans la fertilité de la femelle “donc” il découvrait une autre voie à sa propre fertilité, en plus
de la Chasse. Voici donc une réponse à l’origine des rapports homosexuels masculins. Elle est
différente des élucubrations “scientifiques” d’une certaine médecine. Qui cherche aussi une
justification à l’homosexualité devra se contenter de la sérénité émotive, du plaisir physique, de
la passion amoureuse, pour ne rien dire de la dimension spirituelle de tous les “rapports
sexuels” humains.
Espérons que, dans le futur, tous puissent vivre chaque relation amoureuse, sans que les
ex opprimés sentent le besoin d’imiter les rites religieux des ex oppresseurs. L’origine
d’infinies polémiques sur le “mariage homosexuel” se trouve dans la contradiction
originelle de l’expression “mariage civil”. Les sociétés post-théocratiques pourraient être
plus créatives, linguistiquement parlant, ou plus sobres : le terme “Union” semble
suffisant, dans la République, où toutes les religions sont libres d’appeler leurs propres
rites comme elles l’ont toujours fait.
- Elles devraient nommer leurs rites en langue originale – hébreu, grec, latin, arabe – et préserver
ainsi la pureté de leur foi.
Vous êtes bien sarcastique mon amie, mais vous avez raison : on peut recourir au
sarcasme, dans les cas désespérés.
Espérons que l’origine prébiblique de Sodome la protège, désormais. Sa destruction par le feu
et le soufre est interprétée comme un interdit biblique. Dans une société d’éleveurs de bétail,
la première leçon de zootechnie devint un code moral universel. Le Livre parle de feu et de
soufre ; cela semble logique parce qu’une odeur de soufre accompagne la chute de la foudre.
- Du soufre ? Mais ne suffisait-il pas d’évoquer les foudres divines ?
Bravo ! Voulez-vous écrire un article à ce sujet ? Utilisez l’interprétation des symboles 8 et
∞ donnée ici dans Sieste sur vol un low cost, pour expliquer le symbole alchimique du soufre.
Cette double croix – qui n’est pas chrétienne en ce qu’elle pointe tout azimut sa
flèche, sa lance, et nous n’en dirons pas plus – se dresse sur les deux … Mais ne parlons
que d’un 8 couché, symbole désormais d’éternité et d’infini. Si votre article conclut que
le symbole du soufre satanique représente la domination de l’homme sur la femme, vous
aurez un trône dans l’Olympe du féminisme. Mais avant, vous serez brûlée comme
sorcière pour avoir contredit la Bible, démontrant que le Feu qui détruisit Sodome n’était
pas divin mais diabolique.
199
Dans son combat pour l’égalité avec la femme, l’homme nouveau préhistorique fut
soutenu par divers idéologues. Bien qu’opposés entre eux, par exemple le Cerf et le
Loup, ils étaient si éminents qu’il les divinisa. Aidé par des modèles divins, utilisant
l’énergie inépuisable de son malaise existentiel, le mâle humain entreprit son escalade
sociale. Elle dura longtemps. Elle fut inscrite dans les annales préhistoriques comme la
Longue Marche. La guerre civile révolutionnaire culmina par la victoire du Patriarcat sur
la Civilisation de la Femme, thème central de notre récit de voyage.
On a écrit que l’Histoire est finie ; ceux qui l’espèrent doivent être contents du résultat.
À La Higuera, deux rôles dans la fertilité humaine esquissent deux genres distincts. Par contre,
les espèces restent indistinctes, confondues en une harmonie holistique paradisiaque : humains &
animaux & plantes &... Mais il est légitime d’y voir le chaos pré-aristotélique. L’auteur, un
troglodyte postmoderne, apprécie ce paysage comme un cocktail : harmonie & chaos.
Jordán Montés signale d’autres grottes dont les dessins associent Cerf & cueillette du
“miel” sauvage. Cette union était donc un thème canonique. (D’autres textes parlent de
“chasse” au miel.) Il cite aussi la description faite par Carme Olaria d’un dessin rupestre
à La Roca dels Moros, dans lequel des femmes entourent une biche enceinte et dansent
autour d’un “varón itifálico”, une sorte de Priape.
- Typique représentation du chaman autour duquel les femmes se réunissent.
Vous trouvez cher ami ? On pourrait aussi penser aux abeilles qui voltigent autour du nid de
“miel” de La Higuera. Mais le dessin de La Roca dels Moros représente-t-il les phases d’un
rite de fertilité, ou les jeux préliminaires d’une fécondation, ou encore un ordre social ? Est-ce
une nouvelle vie qui naît, ou c’est La Vie ? Le nouveau-né est-il un animal ou un humain, un
individu ou une communauté ? Une société se représente-t-elle comme étant de ce monde, ou
se veut-elle divine ? Comme d’habitude, l’auteur substitue chaque “ou” par “&”.
Au contraire, vous avez projeté sur l’écran rocheux une diapositive vieillotte : un totem-
croix avec un chamane-prêtre entouré de femmes-béguines dont l’adoration est ambiguë.
Votre cliché, votre instantanée d’une réalité complexe en mouvement comme le
christianisme, n’a aucun rapport avec l’Évangile du Christ. Ni avec la conscience
humaine préhistorique : une vision que les Modernes considèrent une confusion primitive. La
fusion primordiale constitue l’objectif idéal des mystiques ; elle est combattue par le
dogmatisme religieux, avec l’aide récente du notionisme “scientifique”. La bio-logie n’est
pas le logos sur la Vie, mais une série de belles diapositives en couleur, utiles aux
chamanes modernes qui ne soignent que le corps.
Jordán Montés et les auteurs qu’il cite sont de vrais experts. Pensant aux spécialistes qui
croient “décrire l’art rupestre” avec des analyses chimiques, des pourcentages statistiques
et autres données “scientifiques”, nous signalons que le géomètre ne “décrit” pas le
terrain, il le mesure pour le compte de l’architecte, un rêveur avec les pieds sur terre.
Rappelons que la rêverie est une méthode de recherche & divulgation inventée par un
philosophe des sciences : Bachelard. (Gaston était un neveu français d’oncle Carl, Jung.)
Pour d’autres exemples de l’union spécifique entre Arbre & Cerf & Miel & Homme, et
plus en général entre humains, animaux et plantes dans les mythologies archaïques & les
religions récentes, nous conseillons la transcription d’une conférence extraordinaire
200
tenue en 1915. The Origin of the Cult of Dionysos, de James Rendel Harris (1852-1941), est
disponible sur plusieurs sites en ligne.
Pourrions-nous émettre l’hypothèse que l’animal représenté à La Higuera n’est pas un
cerf mais une biche avec des cornes ? Son énorme ventre blanc est vide ; indique-t-il un
potentiel de fertilité féminine ? Bref, sommes-nous en présence d’un cerf, d’une biche,
ou d’un animal androgyne ?
Certaines questions valent mieux que toute réponse. Notre description & interprétation
essaye d’analyser sans donner de définitions trop étroites, pour traduire une non-division
qui caractérisait la conscience humaine primordiale.
La non-division perdure dans certaines circonstances de nos jours, et chaque nuit dans
nos rêves. Pour limiter les effets négatifs d’une division qui n’existait pas dans la
préhistoire, des rites religieux et civils sont encore célébrés en de nombreux pays. Nous le
verrons en examinant mieux le dessin du début.
Il semble représenter trois personnes seulement :
un homme, une femme et un nouveau-né.
La main gauche de l’homme et la main droite de
la femme, confondues, indiquent l’union du
couple, motivée par la naissance de l’enfant.
Le contraste entre les parties proportionnées du
dessin et la disproportion absolue des mains exige
une explication.
Ayant décodé ce message, nous pourrons raconter
un rêve antique.
Commençons par le plus simple. Bras élevés, mains ouvertes... Un ethnologue
reconnaîtrait la posture de l’orante : une personne qui prie. Mais dans un contexte
préhistorique, des termes comme prière, religion, ne semblent pas appropriés. Mettons
notre observation de coté, pour qui voudrait enquêter sur les origines plus lointaines de
l’orante. Pour l’instant, une observation génère une vision : ces mains énormes, avec de
tels doigts, ne sont pas seulement des mains.
Essayons de rêver comme ces humains pour les comprendre et comprendre nous-mêmes.
Si la queue endossée par l’homme est celle d’un loup, il est Le Loup, à ses yeux et aux
yeux de la femme. L’admiration, l’identification de l’homme avec un animal chasseur est
le corollaire d’une forme d’amour de cet homme pour la proie de l’animal : le Cerf.
Le drame est-il joué par trois, quatre ou cinq personnages ? L’homme, la femme,
l’enfant... et le Loup ? Mais où est le Cerf, dans ce dessin scandinave ?
La proie est commune, l’amour est partagé, nous ne sommes plus cinq, c’est le grand amour...
En Amour, nous sommes Un.
Arrivons-nous à sentir, maintenant, que les mains énormes sont les bois du Grand Cerf ?
- Nous ne sommes pas à La Higuera !
Vous avez raison. Mais relaxez-vous. Endormez-vous, et regardez : voici une paire de
bois différents.
201
Ils sont aplatis comme les paumes de deux mains,
mais avec plus de doigts. Le dessin nous vient de
Scandinavie, où le Grand Cerf de La Higuera
devient le Grand Élan. Les trois mains seraient
donc trois bois de deux élans. Pour que deux
élans aient trois bois, il faut qu’ils s’unissent
comme dans le dessin.
- Mais la femelle d’élan n’a pas de bois !
Si vous voulez à tout prix introduire votre logique
dans un rêve, dans une rêverie, mettez en compte
que chez ces animaux, c’est la femelle qui choisit le mâle. Et pour régler la question,
rappelez-vous que le rêve est le lieu des fusions, que l’élan est souvent confondu avec le
renne, dont la femelle porte aussi des bois. Regardez le dessin ; entendez-vous les
clochettes ? L’Enfant vient de naître ! Les rennes de Maman & Papa Noël sont gravés sur
ce rocher. Tout autour, on devine de vastes forêts de sapins de Noël, comme en Palestine.
Sans le rêve, la réalité n’existe pas.
L’Animal transforme un homme et une femme en un Couple humain : Homme & Femme.
Vice-versa, le Couple confère à l’animal un genre supérieur, divin : Cerf & Biche.
On l’avait bien senti à La Higuera où les bois, un attribut masculin chez le cerf, étaient
accompagnés d’un attribut féminin dans ce contexte : un énorme ventre vide, en attente
d’un contenu vital. Cette union totale peut être évoquée par une formule : Homme &
Femme & Cerf & Biche attendent l’Enfant. Si nous ne voyons que des éléments séparés,
c’est parce que nous refusons de rêver. Nous restons à la frontière du Pays de l’Union.
Malgré la magie de &, nous voyons encore des espèces divisées et deux genres sexués
distincts, enchaînés par des anneaux d’or dans le cas d’un couple humain, ou collés avec
du scotch bureaucratique.
Le pire, c’est que l’Enfant a disparu de nos photos de mariage. Il était le point focal de
cette photo préhistorique. Elle n’avait été prise que pour l’Enfant, représenté
logiquement par un gros point rond, sans aucune référence sexuelle : c’était un Être
supérieur. Alors, un enfant et un cercle étaient tout aussi divins. Aujourd’hui, les cercles
avec une flèche ou une croix représentent des humains divisés par un attribut sexuel.
Aujourd’hui, les enfants aussi sont divisés par sexe, avant de naître. Mais ils n’ont même
pas un nom quand ils se noient dans la Méditerranée et dans une mélasse narcotique de
pseudo-information & pure propagande.
En ce temps-là, il n’y avait que des jeux bien plaisants entre adultes, avant une naissance.
Mais « lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille » se formait, librement, sans l’analyse de
l’ADN inventée par des gardiens de moutons pour la défense de la race. Deux personnes
disaient : « notre enfant » et tout changeait, et il fallait respecter le pacte gravé sur un
rocher en Suède, pour sa défense seulement.
En était-il ainsi en Russie, en 1944 ? Dans le roman Maintenant ou jamais de Primo Levi,
une jeune résistante juive, endurcie par l’horreur, ne prend la parole qu’une seule fois
dans son groupe de maquisards juifs. Sur un ton de reproche, elle revendique son
indépendance érotico-sexuelle. Chez elle, en Russie, l’amour était libre jusqu’au mariage,
202
en accord avec la Bible. Selon elle, bien entendu ; Line n’était pas rabbin. D’autres femmes
sont devenues rabbines ; elles devraient écouter Line, et Primo Levi, traducteur et ami de
Claude Lévi-Strauss.
En Scandinavie dans une tribu préhistorique, les bois de l’Élan veillaient sur une Famille,
comme s’ils étaient sur la cheminée dans la maison d’un chasseur “moderne”. Ailleurs,
plus tard, un nouveau-né sera veillé par un bœuf et un âne. Voilà qui éclaircit
ultérieurement une Union examinée ici : Homme-Loup “chasseur” & Cerf “chassé”.
Les autres grottes signalées par Jordán Montés sont proches de La Higuera (Aragon), dans
une zone que nous appelons “hispano-catalane” pour ne fâcher personne (ou en fâchant
tout le monde ?) On y trouve les dessins d’autres biches enceintes. Cela est stupéfiant, si
on pense aux différences évidentes entre Aragón, Catalunya et Comunitat Valenciana.
D’autant plus qu’Altamira se trouve sur une autre planète, en Euskadi. Au chapitre
Labyrinthes, nous avions parlé de la grotte d’Altamira et de deux bisons rouges célèbres.
Presque personne ne remarque qu’il s’agit d’une femelle de bison et d’un fœtus de bison
peint sur une roche pansue. Mais un bison n’est pas un cerf, qui n’est pas un élan ni un
renne ou un caribou. Aucune relation ne peut unir des animaux divisés par les définitions de la
Science Moderne. La nouvelle Déesse les appelle avec des noms latins distincts afin que
les spécialistes se mettent d’accord au moins sur un point. Utiliser une langue morte est la
meilleure façon de mettre tout le monde d’accord. C’est sans doute pour cela que des mots
incompréhensibles apparaissent sur les blasons d’états modernes, par exemple E Pluribus
Unum : « Issu de plusieurs : Un ». Un comme l’Enfant du Rocher, qui est issu d’une
femme, d’un homme, d’un loup, d’un cerf, d’une biche, d’un rocher, ...
Nous, l’auteur, refusons la vision moderniste fondée sur la division. Nous préférons
observer les humains comme des fluides, et décrire leurs courants comme fit un
ethnologue martien quand il observa que tout coule : Panta rei. Par exemple, nous
pouvons confirmer la centralité du genre féminin en époque préhistorique & une
importance progressive du genre masculin officialisée par un mythe existentiel du 19e
siècle : le Progrès. Ah ah ah !
Le petit dessin de La Higuera a la valeur d’une gigantesque fresque historique. Elle enseigne
que les Modernes se trompent quand, pour parler d’un autre monde, ils divisent un tout avec
des termes comme “chasse”, “cueillette”, “fertilité”. Ce dessin est un récit dans lequel une
société holistique se crée & maintient en un seul rite propitiatoire multiforme : un système qui
produit l’Être Conscient.
Pour comprendre la “préhistoire”, et surtout pour comprendre les malaises modernes, nous
devrions abandonner l’expression “rite de fertilité”. Elle nous vient de sociétés obsédées par
les organes sexuels, si utiles pour élever les moutons et diviser les humains selon un ordre
hiérarchique. Des comportements spontanés complexes furent réduits à expressions sexuelles,
afin de réprimer par la Loi celles qui ne semblaient pas utiles à cet Ordre. Les métaphores des
premiers prophètes furent transformées en dogmes par les bergers du Patriarcat. Ces porteurs
d’un sexe mâle étaient semi-analphabètes parce qu’ils avaient « trop étudié, ou pas assez ». (10)
Dans une édition future de la Genèse, les éleveurs de moutons deviendront machinistes
de locomotives à vapeur. Ils diront que Dieu créa le monde pendant la révolution
203
industrielle et divisa l’humanité en deux genres : les vis, et les écrous qui les reçoivent en
douceur, mais qui doivent être forcés quand leur filetage est imparfait.
Dans l’édition suivante, des nerds californiens diront que le monde fut créé par le Verbe
numérique : il divisa les humains en 0 et 1.
La Higuera nous dit qu’un repas partagé autour du feu de camp ou de la nappe du pique-
nique, à la table ronde ou autour de la table rectangulaire, assis sur une chaise ou sur un tapis
– deux symboles de royauté –, n’est pas un “rite gastronomique” séparé d’un “rite de
fertilité” et d’autres rites. Ce repas vital, parfois appelé la Cène, est une des formes du Rite
propitiatoire unique qui crée & maintient la communauté & l’individu. Aujourd’hui, nous
sommes divisés de mille façons. Par exemple par la “nationalité”, qui nous rappelle de plus
en plus le National-socialisme. Nous sommes divisés par le “genre”, cousin de la génétique
qui fascinait les savants fous du nazisme. Un dicton humaniste italien devrait être sculpté au
fronton de tous les Temples et sur la porte de chaque Maison : « Prima mangiamo; poi
parliamo. » Mangeons ensemble d’abord ; après on parlera.
En résumé, nous pourrions dire qu’à La Higuera, une société en harmonie avec le monde
exprima une vision d’elle-même. Ce thème artistique fut repris par Picasso. Lui aussi
exprima une vision de sa propre société. Le tableau s’appelle Guernica, du nom d’une
charmante petite ville à quelques kilomètres d’Altamira. L’union de trois œuvres,
Altamira & La Higuera & Guernica, résume notre rêverie sur notre société dont la
disharmonie, le désaccord avec le monde fut codifié sinon inventé par Aristote.
À suivre
205
Splendeur du chasseur préhistorique
(en Technicolor®)
La Chasse au Trésor
Les trésors sont toujours enterrés ou cachés dans une caverne. Nous ignorons pourquoi,
donc nous ne parlerons que d’animaux, peints dans une tiède caverne pendant la
dernière glaciation.
Pour peindre un animal en mouvement avec un réalisme parfait, il faut l’observer
longuement. L’animal sera-t-il “chassé” ? L’animal a déjà été “mangé avec les yeux”,
comme le prouve un croquis bien croqué. Une vision habite alors l’observateur, jour et
nuit. Le rêve sera peint sur les parois de la caverne, mais si l’observateur-rêveur et le
peintre doivent être une même personne, il n’est pas dit qu’il s’agisse du Chasseur, qui
est un homme. L’Artiste des Rêves pourrait-elle être la Maîtresse de la Caverne ? Comme
le Chasseur, elle observe les animaux qu’elle admire. Sans les chasser, elle les imite,
devenant la Potière, la Fileuse, la Tisseuse... Est-elle aussi l’Artiste ?
Aujourd’hui, dans l’occident opulent, tous les enfants sont invités à gribouiller et à
dessiner dès le plus jeune âge. Dans la nouvelle version d’un rite magique archaïque, nos
enfants expriment, affirment leur propre être, dans leur propre monde de rêves & réalités.
Les fillettes semblent souvent plus précoces que les garçonnets. Avec le temps – c’est
toujours la faute ou le mérite du Temps – les différences disparaissent, ou augmentent.
- À cause de l’environnement ?
Peut-être, mais certaines personnes semblent avoir un talent supérieur, de façon tout
aussi indiscutable qu’inexplicable. Avant que son école et son monde ne l’éteigne, une
gamine de cinq ans peut être une artiste consommée, comme on le verra en appendice.
Le Portrait de l’auteur est une représentation symbolique et réaliste de cinq personnages et
de leurs relations émotives, sur un thème et avec une dynamique qui font penser à Chagall.
Ce dessin rejoint le niveau des peintures rupestres de Altamira, Lascaux et Chauvet.
207
magie fertile de chaque femme ; donc, s’il est le peintre, sa peinture d’un animal chasseur ou
d’un animal chassé serait la phase magique initiale de ce rite.
- Dans la Caverne, le songe se fait chair et sang...
Vous pouvez le dire bien fort... mais pas trop fort.
D’ailleurs, un chapitre précédent s’intitule L’Art est Magie.
La Dame de la Caverne n’a aucun besoin de semblables artifices ; elle se contente de sa
propre Magie naturellement fertile.
Quant à ses arts, il s’agit d’artisanats. Avec une "technique & objets", le sujet-artisane ne
produit pas seulement une image symbolique de Soi & de nombreuses représentations-
créations de son Être. Elle produit aussi des "biens de première nécessité" pour une
communauté. Ils deviennent "l’âme visible" de la Communauté. (Merci Lamartine !)
L’Artisane continue ainsi le rôle de Créatrice-Nourrice de la Dame de la Caverne.
Conclusion : l’Artiste & Prestidigitateur de Chauvet, Lascaux et Altamira est le Chasseur.
- Je le savais ; encore un machiste !
Laissez-moi terminer, s’il vous plaît. Avez-vous entendu parler d’Artémis, Déesse de la
Chasse ? Les Romains l’appelait Diane Chasseresse ; il serait plus juste de l’appeler
Déesse Chasseur, mais procédons par étapes.
Dans les questions qui concernent le genre d’un humain, la réalité sociale peut être
différente de la réalité biologique. En outre, les visions religieuses précèdent les projets sociaux-
politiques. Les communautés tentent d’influencer & canaliser les préférences érotiques des
individus en brandissant des arguments discutables. Les plus hautes institutions culturelles
– qu’elles soient religieuses ou civiles – opposent un “ choix contrenature ” (donc un choix
culturel) à un “ choix naturel ” (contradiction). On peut sourire, si on aime la logique, ou
pleurer si, comme Camus, on préfère les humains.
Limiter les préférences érotiques au choix d’un genre est une généralisation ridicule. Mais
en ignorant les autres critères – âge, aspect, etc. –, quel serait le nombre de genres parmi
lesquels choisir ?
La distinction masculin ou féminin ne suggère que deux genres possibles. Voici une autre
structure binaire à laquelle il semble impossible d’échapper ; un autre dia-bolique di-lemme,
comme cuit ou cru, duquel nous avons été sauvés auparavant par le prophète Lévi-Strauss.
En attendant, on parle beaucoup d’un troisième genre. Il apparaît dans la mythologie et dans
la philosophie grecques, comme l’Hermaphrodite ou l’Androgyne. C’est aussi une réalité
sociale qui présente parfois des aspects biologiques : masculin & féminin. Chaque Dieu
Égyptien était aussi Déesse et vice-versa. Notre civilisation a tout fait pour le cacher, mais la
langue anglaise nous le dit chaque jour avec le pronom personnel de la troisième personne
“it”. Il n’indique pas nécessairement un objet ; un Anglais l’utilise aussi pour un être divin :
le nouveau-né humain. “ It ” n’est pas “ neutre ”, comme on nous l’a dit à l’école, mais
androgyne, comme bien des animaux et des plantes. En anglais, la mer et le vent ne sont pas
respectivement féminin et masculin : chacun d’eux a le tempérament de Mère & Père. Ils
sont donc tout deux indiqués par “ it ” : le troisième genre. Pour un Anglais cependant,
208
certains objets ont un genre seulement. Par exemple, tout bateau est une femme indiquée
par “ she ”, mais il serait plus juste de dire mère. Les marins savent pourquoi.
Existe-t-il un quatrième genre ? Nous le trouvons dans le refus de la division par genre :
« Je ne pense pas au sexe, donc je suis. » Une telle condition concerne les anges et la
première enfance. À l’âge adulte , il peut s’agir d’un choix conscient : la libération d’un
conditionnement social « plein de bruit et de fureur, se signifiant rien ». Ce choix peut
constituer une brève vacance. Le quatrième genre redevient normalement une condition
permanente positive, dans un quatrième âge serein qui a parfois la sagesse de ne pas
poser comme modèle de sagesse.
Artémis par contre est sincère. Ce n’est pas une femme lucidement folle comme Médée
mais une Déesse, une grande Déesse. Quel est son rôle social ?
Dans la grande propriété Patriarcale, Artémis s’occupe des zones boisées. Gardienne et
Videur, elle décide quelle femme peut entrer dans son parc naturel et laquelle doit être
expulsée comme une Ève quelconque.
Artémis est une Déesse très spéciale : bien que femme, elle se comporte comme un
homme. Elle chasse dans la mythologie comme le Chasseur dans la préhistoire, pour le
même objectif : cette forme de fertilité lui convient tout à fait.
La Déesse Chasseur avait-elle décidé de rester vierge ? On peut en douter. Il se pourrait
qu’ayant constaté que, comme certains humains, elle ne gênerait aucune vie nouvelle, elle
en adopta l’activité spécifique : la Chasse.
Après tout, la découverte de la fertilité masculine s’accompagna nécessairement de la
découverte de l’infertilité de certaines femmes : un nouveau drame. Il fut affronté par de
nouveaux expédients, comme le recours à la Déesse Mère. Fut-elle inventée à cet effet ?
Acceptant sa condition, Artémis prétendait l’abstinence de ses servantes, les Nymphes.
Ovide raconte sa colère quand elle découvrit que Calliste, sa servante plus belle, était
enceinte. Elle avait été séduite par le père d’Artémis : Zeus.
- Encore Zeus !
Oui. Calliste fut punie. Elle dut laisser ses chères compagnes. Elle erra de par le monde,
transformée en ourse par Artémis, ou par Zeus, ou par son épouse jalouse Héra, selon
les différentes versions. Toutes s’accordent sur un point : elle ne fut pas transformée en
truie ou en chienne, parfois symbole péjoratifs de fertilité ou promiscuité, mais en une
ourse. Cet animal est presque aussi cher à Artémis que le cerf ; il n’y avait donc aucune
intention péjorative dans ce choix, qui mérite une explication.
Selon la logique mythologique, normalement appliquée par Ovide dans Les Métamorphoses,
la plus belle Nymphe, devenue mère, aurait dû être transformée dans la plus belle fleur
d’eau, la nymphe justement, puisque l’Eau est l’élément maternel. Pourquoi un animal
sauvage fut-il choisi pour la métamorphose de Calliste ?
- Artémis était aussi la Déesse de la nature sauvage.
- La fleur nymphe aussi est sauvage et naturelle. Et pourquoi en ourse et non en biche ?
- …?
La réponse arrive d’une discipline : la paléontologie & ethnologie & mythologie & zoologie.
Paléontologie. Il y a 30.000 ans, des ours et des humains occupèrent au même moment
la grotte Chauvet, en France.
210
Ethnologie. Sur la côte Ouest de l’Amérique du Nord, jusqu’au siècle dernier, les
indigènes étaient fiers de se comporter comme les ours, de diverses façons, par
exemple dans l’attitude d’une mère envers ses enfants. L’hibernation de l’ours et sa
“renaissance” au printemps doit avoir eu un rôle dans son statut totémique ou divin.
Pour un humain, la “mort de froid” et la successive “résurrection” dans un milieu plus
chaud est un évènement connu, objet d’études de la part de scientifiques sérieux. Le
phénomène peut être associé aux rites antiques relatifs à ce que nous appelons “la
mort”, un concept aussi insaisissable que “la vie”.
Mythologie & zoologie. Certaines légendes européennes parlent du risque, pour une
femme, d’être enlevée par un ours. Aujourd’hui aux USA, patrie de la recherche
scientifique, on susurre que le risque est plus grand pour une femme ayant ses règles. En
défense du tourisme écologique, les spécialistes du Yellowstone National Park écrivirent
un rapport rassurant : ce n’est pas vrai. Ou plutôt, la statistique ne le confirmait pas pour
les ours bruns du parc de Yellowstone.
Pour les ours blancs le doute restait, “donc” on procéda à une expérience scientifique
avec quatre ours blancs et des tampons périodiques usagés. Le résultat positif fut atténué
par une considération : les ours polaires étaient affamés. À cause de la fonte des glaces ?
Certains scientifiques sont féministes : la Faute n’est plus attribuée à la Femme Impure
mais au CO2. (11)
Peur télécommandée ou rêve secret ? Fake-news ou mythe ? La réponse est simple : &.
212
Le nazisme n’existait pas dans la préhistoire. L’ethnologie le prouve. Chez des peuples
primordiaux survécus à l’Holocauste de la Modernité, un épileptique est un être spécial,
visité de temps en temps par un Dieu spécial : le sien.
213
L’Annonce faite au Chasseur : un rêve prémonitoire.
Un rêve réaliste ne se produit qu’après une rencontre avec l’objet rêvé. Ce rêve précède
donc la prochaine rencontre, crainte et/ou désirée. Si elle advient, le rêveur dit qu’il a fait
un rêve prémonitoire. Il peut le dire de diverses façons : ses langages créent sa propre
puissance magique & la puissance génératrice de ses rêves.
Le Chasseur a appris à lire des signes. Une empreinte dans la boue signifie la proie désirée au
point d’être la semence de l’animal qui pénètre le Chasseur. Ses deux yeux forment son “8”, et
nous avons vu ce que 8 ou ∞ représentaient. Rappelons que chaque signe est une
semence, pour la sémantique : la science du “sperme”, en grec. L’Artiste accouchera de son
œuvre dans la tiédeur du Nid-Caverne de la Femme, comme le coucou.
La première écriture fut un dessin, mince, rapide et précis comme une flèche. Il deviendra
hiéroglyphe. Un jour le Chasseur sera écrivain ; pour l’instant, il est peintre.
Nous pourrions dire que la grotte fut peinte pour la même raison que les vases grecs :
pour conquérir un lieu symbolique – la Grotte, le Vase – qui représentait la Femme au
point d’être confondu avec l’univers féminin, avec l’Univers. Mais pourquoi l’aurait-il fait ?
Comme la magie de la Femme qui l’inspire, la magie du Chasseur est à base de sang.
Le nouveau rite est-il célébré chaque mois ?
Ou plus rarement, comme l’accouchement de la Femme ?
Dans la préhistoire, le Chasseur végétarien chasse, il a besoin de chasser. La Femme est.
Elle n’a aucun besoin de preuve ontologique. La Potière fait son Vase mensuel comme elle
ajoute du bois dans la cheminée, afin que le Feu du Temple continue de brûler.
214
Who’s Who de la Préhistoire et de l’ère victorienne.
La Dame de la Caverne n’est pas la matriarche inventée par la sociologie du 19e siècle. Elle
règne discrètement, par sa seule présence, et attire comme la Lumière dans l’obscurité.
Elle attire comme Mrs Ramsay dans Vers le Phare, de Virginia Woolf.
Dans To the Lighthouse – Vers la maison de la Lumière – Mrs Ramsay est Maison & Lumière. Sa
Caverne secrète a produit huit enfants. Elle anime son petit monde d’une magie
incompréhensible aux adultes qui l’observent : elle tricote des chaussettes pour un enfant
pauvre, fils du gardien du Phare (avec une majuscule dans tout le roman). Tous respirent ce
que Madame Ramsay émane : une substance invisible et indispensable comme la Lumière.
On ne la voit que la nuit, le jour elle fait voir, en projetant des ombres qu’on préférerait
ignorer. “Donc” Notre-Dame Ramsay n’a pas besoin d’un succédané de fertilité comme la
Chasse, ni d’une sublimation compensatoire comme la Peinture.
Le Chasseur préhistorique peignait au fond de sa caverne obscure. Si nous lisons
attentivement le roman, nous verrons que Virginia Wolf écrivait dans son smog.
Examinons ce trait d’union entre des temps qui ne sont pas si lointains.
Cherchez la femme !
Cette enquête est La Recherche de Virginia Woolf, qui a lu Proust attentivement et n’aime pas
Freud parce que ses interprétations simplifient trop, dit-elle dans un essai. Deux ans après
avoir écrit Mrs. Dalloway en un style direct, elle trace le portrait de son contraire, Mrs.
Ramsay, dans un roman entièrement écrit en style symbolique.
Le lecteur anglais était entrainé aux doubles sens, aux devinettes, aux énigmes, mais bien peu
avaient saisi la riche complexité d’une “ fable pour enfants ” : Alice au Pays des Merveilles de
Lewis Carroll. Le trésor fut découvert un siècle plus tard, dans les versions éditées par un
auteur de livres de divulgation scientifique : Martin Gardner.
À première vue, Vers le Phare aussi se présente comme un récit tranquille : une belle
famille de la bourgeoisie intellectuelle de Londres, en vacances à la mer avec des amis...
L’indicible victorien apparaît en filigrane dans Alice, mais Gardner n’en dit rien, et il
n’était pas aveugle. Entre les lignes, Virginia Woolf semble faire allusion à des questions
très personnelles. Elle offre au lecteur des indices évanescents et des symboles plus ou
moins hermétiques. Elle les offre peut-être aussi à elle-même, inconsciemment.
Madame Ramsay est aimée et admirée par une jeune protégée qui ne la considère
cependant pas comme un modèle existentiel. Lily Briscoe est une artiste. Au début du
roman, elle essaye de peindre Madame Ramsay, à la fenêtre avec le petit James qui rêvait
d’aller au Phare.
Dix ans après, à la fin du roman, une Lily Briscoe fanée et seule reprend ce projet
abandonné mais ne peint qu’une « tentative de quelque chose. »
Ce même jour, Monsieur Ramsay organise enfin la traversée en bateau jusqu’au Phare. Il
emmène James, qui n’a plus aucune envie d’y aller, et sa sœur Cam. James la croit son alliée
contre les « ailes noires » et le « bec dur » du père ; il rêve de l’éliminer d’un coup de couteau en
plein cœur alors que, au contraire, Cam aime et admire son père.
215
Du Cerf au Bélier, de la fin de la préhistoire aux temps bibliques.
Madame Ramsay aime et admire son mari, elle n’a pas de mots pour le lui dire, seulement des
gestes quotidiens pour le servir, mais elle le déteste aussi. Monsieur Ramsay est un macho
intellectuel, toujours plein de mots sauf quand il explose de colère et fait voler les assiettes : un
docte tyran qui aime sa femme mais n’arrive pas à le lui dire. Ce Chasseur poursuit des idées
même à table avec sa grande famille : c’est un professeur de philosophie très connu, athée
militant et rationnel rabat-joie.
Si on connaît un peu la vie de Virginia Woolf, les interrogations qui l’habitaient, on peut
remarquer que Monsieur Ramsay est le seul personnage du roman à ne pas avoir de
prénom, avec sa femme qui n’a même pas un nom. L’absence totale d’une identité sociale
pour une femme est une touche subtile dans ce roman ; elle sera développée deux ans plus
tard dans Une chambre à soi. Mais que dire de Monsieur Ramsay ? Quel est son nom, son vrai
nom dans un roman hautement symbolique, vu qu’il n’a pas de prénom ?
Ram signifie bélier. Le macho autoritaire qui défonce la Porte est le mâle de la brebis.
La laine est utilisée dans l’art d’Ariane, pratiquée par la Maîtresse de Maison. Peut-on
conclure que pour Virginia Woolf, le nom du Maître, Ram-say, signifie Le Dit du Bélier ?
Ce serait bien trouvé, pour un nom de Patriarche.
Avec les premiers mots du roman, la Mère avait accédé à la demande du petit James :
« Oui, bien sûr, s’il fait beau demain. » Le Monstre ailé du Patriarcat avait démoli le rêve de
son fils: « mais il ne fera pas beau », empêchant ainsi le voyage initiatique vers le Phare. Un
père qui entrave son fils dans cette conquête (en forme de tour ici) était déjà un cliché.
Dans la scène finale, d’une densité extrême, Lily Briscoe peint dans son brouillard en
présence d’un vieux monsieur. La maison est vide. L’Ombre de la Lumière ayant disparu
des escaliers, Lily peut admettre désormais qu’elle est jalouse de Madame Ramsay et attirée
par Monsieur Ramsay. Elle vient de céder à son propre désir, en pensée.
« Quelle que soit la chose qu’elle avait voulu lui donner, quand il l’avait laissée ce matin, elle
la lui avait enfin donnée. “Il a débarqué”, dit-elle à voix haute. “C’est fini.” Alors, se soulevant
en haletant un peu, le vieux Mr Carmichael se tint à son coté, avec l’air d’un vieux Dieu
païen, ébouriffé, avec des algues dans les cheveux et le trident …/… à la main. »
Mais le trident était seulement “a French novel”, précise la voix narrante.
Un détail douloureusement sarcastique arrive de l’enfance trahie de Virginia Woolf. Ce
nom, Carmichael, évoque un Saint Michel Archange qui n’avait pas l’intention de terrasser
le Démon : il était en train de lire “a French novel”. En cette Angleterre, ce n’était pas un
roman français mais un roman cochon.
Autour de Lily Briscoe, le brouillard devient du smog. Elle pense, elle voit le vieux
Carmichael comme une présence bénéfique qui surveille de haut leur destin commun,
216
laissant tomber une guirlande de fleurs : des violettes et des asphodèles. Une jeune romantique
connaît le langage des fleurs. La violette est l’amour innocent.
Mais en anglais, violet se prononce comme le verbe violer.
Dans la mythologie grecque, bien connue de Virginia, l’asphodèle est la fleur des morts.
Le rythme accélère ; un destin précipite. Lily sent l’urgence de retourner à son tableau.
À un instant culminant, la peinture lui apparaît floue mais « avec une soudaine intensité,
comme si elle la voyait clairement pendant une seconde », Lily Briscoe termine sa toile en
traçant « un trait, là, au centre » : un coup de couteau dans le ventre. C’est la faillite d’une
vie : un harakiri.
Le Japon était à la mode, et l’allié militaire de la Grande Bretagne en des rapines
orientales.
Il est des conclusions ouvertes ; les derniers mots du roman le verrouillent pour toujours.
Après la touche finale, de sa peinture et de son duel avec elle-même, Lily épuisée pose son
pinceau et dit « I have had my vision » : j’ai eu ma vision.
C’est une illusion et un mensonge, le contraire de la vision conquérante du Chasseur préhistorique :
sa peinture sur roche n’est pas floue et il ne veut tuer personne, encore moins se suicider.
L’Histoire du Patriarcat précède les temps bibliques. Le Chasseur préhistorique deviendra le
Héros et triomphera de la Déesse. Notre-Dame Ramsay meure « assez soudainement » au milieu du
roman, au début de la Première Guerre mondiale, sans cesser de projeter sa lumière sur une petite
société d’intellectuels victoriens, avec l’intermittence d’un phare.
Pour capturer l’essence du féminisme passionné et désespéré de Virginia Woolf, il faut
lire Three Guineas (1938). On en trouve une goutte, une goutte salée, à la fin de notre
récit, dans Épilogue de Virginia Woolf & Antonio Machado.
To the Lighthouse fut écrit juste après la Première Guerre mondiale. Au fil de ces pages qui
s’écoulent calmement, chaque personnage observe les autres et soi-même avec des phrases
qui s’allongent en sinueuses spirales : les moulinets d’un fleuve tranquille naissent d’un
obstacle profond et peuvent engloutir qui s’y abandonne.
Trop consciente de la misère des hommes, des femmes et du monde en 1941, Virginia Woolf
décide de mettre fin à sa douleur. Elle bourre ses poches de cailloux avant d’entrer dans une
rivière aux eaux immobiles. Froide détermination à se dissoudre & vague désir de renaître, autre ou
ailleurs... comme dans notre jeu à base de terre & eau.
L’Eau était au centre de la Civilisation de la Femme. Nous avons vu Sa caverne au
chapitre Labyrinthes : un ventre de roche où une flaque d’eau était Son miroir magique, à la
lueur rouge d’une torche que le Chasseur Artiste utilisait pour... Flash !
Le chasseur d’images
Après avoir observé sa proie, il l’immobilise avec une arme magique, silencieuse comme
lui. Puis le chasseur entre dans sa caverne où, à la lueur rouge d’une torche, il la fait
renaître dans l’eau et il la contemple, sur le papier.
FIN
217
Postface de
Virginia Woolf & Antonio Machado
Dimanche 2-02-2020.
Dédié à mes voisins d’en face, de l’autre coté de la route : Lina Ben Mhenni & Mohamed Bouazizi.
218
QUIZ à choix multiples
Vérification des connaissances acquises dans le cours Notre-Dame Déesse & Le féminicide des Héros
Niveau 1
(Guide touristique professionnelle en Sardaigne et dans les autres Républiques Méditerranéennes)
N.B. Les questions portent sur des monuments non étudiés en cours mais de catégorie semblable.
En cas d’échec, nous n’accepterons ni réclamation, ni demande de remboursement.
Fortification de l’âge du bronze, avec puits à eau pour
résister en cas de siège, utile aussi en temps de paix.
Temple, semblable à Göbekli Tepe. (Réf. C) OK
Bassin lustral-labyrinthe dans un temple-palais. (Réf. D) OK
Puits sacré, différent qu’en Sardaigne, Bulgarie etc. (Réf. H) OK
Lieu des rites féminins liés à la naissance. OK
Je ne sais pas. OK
Autre ? Je ne sais pas mais j’y pense. L’aspect le plus
important est l’absence d’angles et de lignes droites,
comme dans le labyrinthe primordial inspiré par
l’anatomie féminine. OK
Coup de pouce !
La première définition proposée, bien qu’officielle, est toujours fausse. Pourquoi ?
Les définitions officielles ne sont pas écrites par des spécialistes, archéologues ou intellectuels.
Les définitions officielles sont écrites par des spécialistes, archéologues ou intellectuels.
Les définitions officielles sont écrites par des gamins qui lisent trop d’histoires de châteaux, héros et géants. OK
Je ne sais pas.
Autre ? Comme on l’a dit en cours, « ils achètent leurs poulets au supermarché », donc ils
ignorent que la coquille de l’œuf est un temple de pierre que la mère construit autour de ses
enfants pour les faire naître. Pour les faire re-naître quand ils sont grands, le temple est
logiquement plus grand. OK
220
Portrait de l’auteur
L’Amour avec un A majuscule n’est pas
partagé, pourtant il est heureux.
(Pensée 333/Z/148)
Le seul portrait officiel de l’auteur est un chef-d’œuvre d’Olivia, 5 ans, Oli pour ses amis.
Après papa et maman cachés en de robustes symboles, elle se représenta avec son petit-
frère Leonardo (Leo) alors qu’il faisait… bon, on le voit, mais c’est pas grave, dit-elle avec
son petit accent de Provence.
Ce jour-là, la pluie avait
interrompu la récolte des
olives. Les historiens du
climat peuvent vérifier :
c’était le lundi 16 octobre
2015, un an et trois mois
avant le voyage raconté ici.
Le portrait de l’auteur était une commande. Elle fut exécutée sur promesse d’un échange
jugé avantageux par l’artiste, trop jeune pour être consciente de sa valeur. Un examen
attentif du portrait contredit la théorie d’un chercheur universitaire du Middle West. Le
nom du personnage central, Jean, n’est pas le même que celui de la regrettée Norma
“Jean”, connue comme Marilyn Monroe, dont le sexe était féminin.
221
Remerciements
Je désire remercier le Prof. Massimo Cacciari, le Prof. Marcel Otte et le Prof. Sebastiano
Tusa pour les citations, autorisées avec des paroles d’encouragement.
Je remercie Sony-ATV pour la courtoisie avec laquelle ils ont immédiatement concédé la
citation extraite de Shape of my heart de Sting & Dominic Miller.
Je ne remercie pas l’agent littéraire de Stephen King. Incapable de me dire le nom de l’éditeur
titulaire du copyright de The Shining, il m’a ordonné d’ôter la citation. Je l’ai maintenue parce
qu’il a ainsi confirmé ce que Stephen King a écrit à propos des agents littéraires.
Je remercie la Prof. Maria Bonghi Jovino, l’illustre étruscologue, pour les gentilles
expressions qui m’incitent à poursuivre une œuvre de stimulation des institutions académiques.
Je remercie aussi la Dr Marylène Patou-Mathis, du CNRS, Responsable de l'équipe
"Comportements des Néandertaliens et des Hommes anatomiquement modernes
replacés dans leur contexte paléoécologique". Je viens de découvrir l’existence de son
texte de vulgarisation : Préhistoire de la violence et de la guerre. Le peu que j’en sais pour
l’instant confirme une vision fondamentale qui sous-tend mon texte, et le peu qu’elle
savait de mon texte a motivé un premier commentaire positif.
De même, je remercie Patrick Ferryn, Daniela Orlando, Daniela Rossini, Nicolò Santilli,
Patrizia Schettini-Natrella, Daniela Thomas et Paolo Alberto Valenti pour des
commentaires utiles.
Une grande partie de ma reconnaissance va à Mike Andolfo, Marie Bolliand et Daniella
Conti pour leurs corrections à la première version en anglais, français et italien. Un
remerciement spécial va à Tucker Zimmerman : l’ayant informé qu’il était cité comme poète
& compositeur de Oregon, il a spontanément révisé le texte anglais, pour aplanir les bosses du
chemin – dit-il – qui ralentissent le lecteur. Depuis, j’ai ajouté du texte et des bosses.
Le Prof. Salvatore Arcidiacono de Catane a été une source d’information précieuse pour
le Bonus Track 4 : Le Nombril & l’Acanthe. Dans une conférence pour la présentation de
son livre Etnobotanica Etnea, j’ai rencontré pour la première fois la fleur de l’acanthe. Ce
fut fondamental pour expliquer le succès millénaire de la feuille d’acanthe, qui m’avait
toujours laissé perplexe.
Je remercie le Prof. Franco Crevatin de l’Université de Trieste, pour une confirmation
illuminante pour moi. Elle est citée et longuement commentée dans le Bonus Track 7:
Continuité.
Le dernier n’est pas le moindre : je désire remercier un éminent expert de langues
archaïques méditerranéennes, le Prof. Francesco Aspesi, de l’Université de Milan. Ayant
examiné mon manuscrit de son point de vue, il a exprimé surprise et approbation avec
des mots qui m’ont touché profondément.
Et pourtant, je suis convaincu que tout le mérite aille à un Dieu, Mercure-Hermès-
Thoth, qui m’a prêté son sourire, et à Notre-Dame Déesse, intervenue personnellement
parce qu’Elle ne supporte plus le présent état de choses. J’ai eu le plaisir et l’honneur de
La rencontrer, dans Ses personnifications actuelles. Ces Femmes étaient toutes de
parfaites et différentes compositions d’Aphrodite & Héra & Athéna, toutes cachées sous
des noms inusuels ou communs : Honorine ou Marie, Mimma ou Adriana, et encore Beatriz,
Lidia, Elisa, Roberta, Daniela... toutes parfaitement invisibles comme La Déesse, ou
comme La Ménagère, parce que La Déesse peut être la ménagère d’à coté.
222
Références et liens
A.The Eight-Shaped Shield in the 2nd Millennium BC Aegean - Despoina Danielidou - Athens
1998 - Academy of Athens - Research Center for Antiquity Monographs, N° 5.
B. Amare. Una lettera... - Albert Gianna https://independent.academia.edu/AlbertGianna
C. Dessin de Fernando Baptista pour National Geographic Magazine.
D. Au chapitre Labyrinthes, nous avons utilisé les découvertes du Prof. Francesco
Aspesi, dans ses textes : Il sostrato linguistico sacrale egeo-cananaico (dans Gli uccelli del
Faro) - Il labirinto all’Amnisos - La denominazione del labirinto: un archeonimo - Greco
labyrinthos, ebraico debir - L’ape e il labirinto ; un possibile nesso lessicale nell’ambito del
sostrato egeo-cananaico: https://unimi.academia.edu/FrancescoAspesi )
Archeonimi del labirinto e della ninfa (L’Erma di Bretschneider, 2011).
E. Avviamento alla etimologia italiana. Giacomo Devoto - Oscar Mondadori.
F. La colonne des danseuses de Delphes. Jean-Luc Martinez. Comptes rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1997
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1997_num_141_1_15701
G. The Language of The Goddess. Marija Gimbutas - Thames & Hudson, p. 231.
H. I pozzi sacri in Sardegna e in Bulgaria. Massimo Rassu
http://www.massimorassu.it/portal/secondo/13Bulgaria.htm
I. Bossed Bone Plaques of the Second Millennium. John D. Evans (www.cambridge.org)
https://doi.org/10.1017/S0003598X00028283 Le ossa a globuli – Un feeling culturale tra
Sikelia e Troia. Italo Russo https://www.academia.edu/11867901
J. El ámbar de la Cueva de los Cuarenta . M. Murillo-Barroso, R. Mª Martínez-Sanchez, J. C.
Vera-Rodríguez - Trabajos de Prehistoria, Vol 75, n° 2 (2018)
http://tp.revistas.csic.es/index.php/tp/article/view/786
K. Tiempo circular y ancestralización entre el IV y III milenio antes de nuestra era. Propuesta de lectura
interna de un sepulcro de cámara y corredor en el mediodía peninsular. R. Mª Martínez-Sanchez - –
Arte Arqueología Historia n° 15 (2008) https://www.academia.edu/673663/Ensayo.
L. Autres regards sur la chasse préhistorique et Le serpent et la Pomme. Marcel Otte
https://independent.academia.edu/marcelotteulgacbe
M. El ciervo, el árbol y la miel. Juan Francisco Jordán Montés
https://independent.academia.edu/JORDANMONTESJUANFRANCISCO
224
Ébauches & outils pour approfondir & développer
Nouveaux objets pour l’herméneutique
Mnajdra et Stonehenge
Quoi ?! Mnajdra aussi est un « observatoire solaire » ?! Comme Stonehenge ?!
Occident, occire, choir : même étymologie.
Intermezzo : La Première Fée
Le Palais de la Première Fée
Mytho-Logique & Magie-Logique
Ralentir : travaux Mytho-Magiques en cours.
L’Art est Magie
Deux petites erreurs
Autres Temples, même Temps Circulaire.
Tombe Cercle A. Tombe Cercle B. Tombeau de Clytemnestre. (Mycènes)
Göbekli Tepe (Turquie)
Labyrinthes
La Porte
Une église catholique ? C’est La Géante de Baudelaire & Juliette !
Un bien plus grand scandale : Ulysse
Réponse à la question de l’Avocat du Diable
Hypothèse parallèle - Un outil et une technique néolithiques pour tailler la pierre
« La Géométrie sacrée du hasard »
Méditations d’un pèlerin par Hasard & Nécessité
Rêverie
Méthode
Vision
Théoriciens et expérimentateurs
Métaphore, parabole, mythe.
Mensonges historiques & omissions
Devoir à la maison
« Matriarcat » ? Une bêtise ab-so-lue !
Médée
Des boules et des hommes
La Magie Blanche de Légende
Les perles et Le Collier
Trois citations & Un calligramme de la Sybille de Delphes
Sieste sur un vol low cost
Weakly Leaks - Transcription d’un enregistrement
Note finale de l’auteur
13 bonus tracks
Postface de Virginia Woolf & Antonio Machado
Quiz à choix multiple
La preuve
Portrait de l’auteur
Remerciements
Références
225
L’auteur
Jean Santilli sait lire et écrire. Certains lisent et écrivent des livres ; il lit les personnes,
leurs habitudes, leurs objets, puis il en parle, par écrit. Sa plume manque d’imagination ;
elle ne sort pas des cases préétablies : fiction, non-fiction littéraire, essais. Vagabond
pantouflard, il n’utilise que les dialectes de chez lui : le français, l’anglais et l’italien. Il
réserve l’espagnol à des mots d’amour ressemblant à des poèmes. Il n’écrira pas son
épitaphe, ayant adopté celle de La Fontaine : « Jean s’en alla comme il était venu... etc. »
Après une licence d’anglais à l’Université Lyon II, il enseigne pendant deux semestres
comme lecturer dans le département d’anglais de la California State University San José.
Ayant rapidement fait le tour de la question académique dans deux pays, il s’installe en
Italie. À Urbin, ville natale de Raphaël, il entreprend sa propre petite ‘renaissance’ en
créant un centre de recherche & formation pour enseignants et éducateurs.
Le ‘Lab-Oratoire Métadisciplinaire’ s’adressait à un grand public sous le nom de Club
Poterie Sauvage (Club Ceramica Selvaggia). Son action était amplifiée par un
département interne, les éditions “Terra & ...” (textes et vidéos en cinq langues,
distribués en Europe par le réseau du Club).
Le Club Poterie Sauvage a évolué, devenant un réseau conversationnel mondial ‘engagé’
sur des activités éducatives, sociales et culturelles de type profit & non profit.
Cette expérience fut résumée en un essai hautement cohérent avec le texte proposé ici :
The Oregon Vision – An Educational Approach to the New Frontier. Le manuscrit fut enregistré
par la Bibliothèque Nationale de l’Oregon avec les remerciements du Gouverneur, après
avoir été envoyé à La Maison Blanche (en 2009).
Quelques autres publications. Voir la page de l’auteur sur un site académique de San
Francisco : https://independent.academia.edu/JeanSantilli
Dernière révision 1.10.2022 dédiée à une Dame qui a 103 ans aujourd’hui.
Données sur le Copyright
Le texte et certaines photos sont © Jean G. Santilli 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022.
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a été présentée.
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