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Isolation thermique à température

ambiante. Applications

par Catherine LANGLAIS


Ingénieur civil des mines
Directrice générale, Saint-Gobain Recherche
Ancien Chef de service à ISOVER Saint-Gobain
Centre de recherches industrielles de Rantigny
et Sorïn KLARSFELD
Docteur de l’Université de Paris
Ancien chef de laboratoire à Saint-Gobain Recherche

1. Isolation par l’extérieur .............................................................. BE 9 861 - 2


2. Isolation dynamique ................................................................... — 3
2.1 Principe......................................................................................................... — 3
2.2 Systèmes perméodynamiques................................................................... — 3
2.3 Systèmes pariétodynamiques .................................................................... — 4
3. Isolation translucide................................................................... — 5
3.1 Principe......................................................................................................... — 5
3.1.1 Structure.............................................................................................. — 5
3.1.2 Fonctionnement.................................................................................. — 5
3.2 Matériaux utilisés. Performances du système .......................................... — 6
3.3 Résultats expérimentaux ............................................................................ — 6
4. Isolants réfléchissants................................................................ — 7
4.1 Films réfléchissants ..................................................................................... — 7
4.2 Matériaux minces à base de films réfléchissants ..................................... — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BE 9 862

es exemples d’applications spécifiques choisis se rapportent au domaine


L du bâtiment. La déperdition thermique à travers une paroi (élément de
séparation) dépend :
— de la résistance thermique de l’isolant mis en œuvre ;
— de la technique d’isolation utilisée, en relation avec les conditions d’appli-
cations, qui peut être très différente d’un cas à l’autre (isolation statique ou dyna-
mique, positionnement par rapport aux ponts thermiques, etc.).
Les applications mentionnées tiendront compte, à titre d’exemple, du second
aspect.

Pour les « Notations et symboles », on se reportera à l’article [BE 9 858].

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ISOLATION THERMIQUE À TEMPÉRATURE AMBIANTE. APPLICATIONS ___________________________________________________________________________

1. Isolation par l’extérieur


L’isolation par l’extérieur concerne les murs de façade des bâti-
ments neufs ou en réhabilitation. Le principe de ce système d’iso-
lation (figure 1) présente plusieurs avantages : Pluie

— il permet d’assurer la continuité de l’isolation et de diminuer


ou d’annuler les perditions à travers les ponts thermiques dus à la
structure de résistance des bâtiments, aux liaisons façade-plancher ;
Maçonnerie à l’abri
— il permet d’augmenter l’inertie thermique du bâtiment d’où Ponts des chocs thermiques
une meilleure récupération des apports solaires et une améliora- thermiques
tion du confort d’été et d’hiver ;
— il augmente la durabilité des façades en les protégeant des
variations de températures et des effets de l’eau (pluie, gel, Soleil
condensation, etc.).
L’ensemble des déperditions thermiques ramené à la somme des
surfaces intérieures d’une paroi opaque est exprimé par le coeffi-
cient de transmission surfacique global de la paroi :
a isolation intérieure b isolation extérieure
∑ UA + ∑ Ψ
U g = ---------------------------------------- (1)
A

avec U (W · m–2 · K–1) coefficient de transmission surfacique, Figure 1 – Principe d’une isolation intérieure et extérieure
(d’après [62])
Ψ (W · m–1 · K–1) coefficient de transmission linéique,
A (m2) surface intérieure,
 (m) longueur de la liaison.
Les déperditions par les liaisons entre ouvrages (pourtour de
baies) sont intégrées au calcul sous forme de déperditions linéi-
Ug (W · m--2 · K--1)

ques.
Mur de 3 m
Compte tenu des modes constructifs courants, les calculs ont
montré que, pour une structure de paroi donnée et pour une même 2
épaisseur d’isolant, les déperditions sont plus fortes en isolation
intérieure qu’en isolation extérieure. La figure 2 présente la varia-
Ug =
ΣUA + ΣΨ ᐉ
tion du coefficient de transmission surfacique global U g avec A A
l’épaisseur de l’isolant pour les deux cas. On remarque que :
1,5
— dans le cas de l’isolation intérieure, l’incidence des déperdi- 1 + 0,44
Ψ
tions linéiques ( ∑ ---------- = 0,44 sur la figure 2) sur Ug est d’autant Isolation intérieure
A
plus importante que l’épaisseur de l’isolant croît (faisant diminuer
UA 1 + 0,12 0,6 + 0,44
∑ ----------
A
-); 1,0
0,43 + 0,44
— dans le cas de l’isolation extérieure, l’épaisseur de l’isolant a 0,33 + 0,44
0,27 + 0,44
peu d’influence sur les déperditions linéiques ;
0,6 + 0,06
— pour obtenir un coefficient Ug donné, l’épaisseur d’un même 0,5 Isolation extérieure
isolant est différente suivant le mode d’isolation et est plus faible 0,43 + 0,05
pour une isolation extérieure ; on peut considérer en moyenne
que, pour obtenir un coefficient Ug équivalent (pour 0,33 + 0,03
0,27 + 0,02
λ = 0,04 W · m–1 · K–1), à 6 cm d’isolant extérieur correspondent 12
à 15 cm d’isolant intérieur.
0
Les techniques d’isolation par l’extérieur peuvent se réduire à 0 3 6 9 12 15 18
trois systèmes de base : Épaisseur d'isolant (cm)

— enduit sur l’isolant (figure 3a ) : l’isolant est collé sur la Isolation intérieure : 1 cm plâtre + isolant d’épaisseur variable
façade, puis recouvert d’un enduit armé propre au système ; et λ ⬇ 0,04 W · m--1 · K--1
— vêture (figure 3b ) : c’est un système comprenant un isolant Isolation extérieure : même système d’isolation
et une peau, manufacturés. L’ensemble est posé directement sur la
façade ;
— bardage rapporté (figure 3c ) : l’isolant se place contre la Figure 2 – Variation du coefficient de transmission surfacique
façade en ménageant une lame d’air entre la peau extérieure et globale en fonction de l’épaisseur de l’isolant
l’isolant. (béton de granulats courants sans baie) (d’après [62])

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2. Isolation dynamique
2.1 Principe
Face à l’impossibilité de réduire à zéro les pertes de chaleur par
conduction en améliorant le matériau isolant, l’isolation dynami-
que se propose de faire fonctionner la paroi comme un échangeur
de chaleur. Les pertes de chaleur sont récupérées en préchauffant,
par exemple, l’air de renouvellement venant de l’extérieur en le fai-
sant circuler à l’intérieur des parois. On distingue deux types d’iso-
lation dynamique.
■ Isolation perméodynamique : l’air circule à contre-courant du
flux de chaleur à travers l’isolant qui doit être un matériau poreux
perméable :
— en circuit ouvert, en faisant intervenir l’air de renouvellement
(figure 4a ) ;
— en circuit fermé, dans ce cas, l’air circulant ne pénètre pas dans
le local et ne contribue pas au renouvellement de l’air (figure 4b ).
a enduit sur isolant
■ Isolation pariétodynamique : l’air de renouvellement circule dans
une paroi à une ou plusieurs lames d’air parallèles à ses faces
(figure 5).
Dans tous les cas, la circulation de l’air est naturelle ou forcée (à
l’aide de ventilateurs), mais elle doit être réglable ou autoréglable.

2.2 Systèmes perméodynamiques


Le but est d’évaluer théoriquement le gain susceptible d’être
apporté par l’isolation dynamique par rapport à une isolation
statique [63] [64].

Échangeur

Intérieur
b vêture Matériau
poreux

Air neuf
ou rejeté

a système ouvert b système fermé

Figure 4 – Principe de l’isolation perméodynamique

Parois
imperméables

Air neuf

c bardage rapporté avec isolant incorporé


a paroi à une seule lame d’air b paroi à deux lames d’air

Figure 3 – Application de l’isolation extérieure Figure 5 – Principe de l’isolation pariétodynamique

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En faisant abstraction des apports solaires, la puissance de


chauffage d’une habitation utilisant une isolation statique, ΠS, η Efficacité limite
résulte : (q = 0) 23 %
r = 0,65
S
— des pertes par transmission à travers les parois opaques t ; r = 0,5 p = 0,35
— des pertes par renouvellement d’air ren ; 0,2 q = 0,15
p = 0,5 p = 0,25
r = 0,5
— des pertes par les surfaces vitrées et les ponts thermiques q = 0,1
(pertes irrécupérables) irc : r = 0,4 q = 0,25
r = 0,5
S
Π S =  t + ren + irc (2)

Par rapport à ces trois types de pertes thermiques, une


construction peut être caractérisée par le triplet (p, q, r) où : 0,1

S
p = t ⁄ Π S (3)

q = irc ⁄ Π S (4)

r = ren ⁄ Π S (5)
0
avec p + q + r = 1. 0 1 2 Pe*

Les besoins en puissance de chauffage pour les systèmes d’iso-


Figure 6 – Efficacité de l’isolation perméodynamique
lations perméodynamiques ouverts, Πd, et fermés, Π′d, s’expri-
en système ouvert (d’après [64])
ment respectivement par :

d
Π d =  t + ren + irc + vent (6)
ηE = 1
avec vent puissance des ventilateurs, η p = 0,5

Π ′ d = t′ d + ren + irc + vent – inj (7) 0,4

avec inj puissance récupérée et réinjectée par le dispositif


échangeur d’efficacité ηE. ηE = 1
p = 0,35
0,3
Les efficacités des systèmes ouverts et fermés sont données par ηE = 0,9
les rapports : p = 0,5

Πd
η = 1 – ---------
- (8) 0,2 ηE = 0,9
ΠS
p = 0,35
Π ′d
η ′ = 1 – ----------
- (9)
ΠS
0,1
Sur les figures 6 et 7, les efficacités η et η′ des deux types de ηE = 0,8
systèmes sont représentés en fonction du nombre de Péclet de p = 0,35
filtration :
0
( ρ c p ) g vd 0 1 2 3 Pe*
Pe* = ---------------------------
-
λ
Figure 7 – Efficacité de l’isolation perméodynamique
avec v vitesse de filtration de l’air à travers l’isolant, liée à sa per-
en système fermé (d’après [64])
méabilité K et la perte de charge ∆p, par la loi de Darcy.

Pour le système ouvert, la courbe η = f (Pe*) met en évidence


l’existence d’un maximum [64] [65]. Le gain que l’on peut atteindre
se situe autour de 23 %, ce qui est obtenu pour le triplet : p = 0,35,
2.3 Systèmes pariétodynamiques
q = 0, r = 0,65 et Pe* = 1,86 (soit une vitesse de filtration d’environ
2 m · h–1 pour un isolant fibreux de 10 cm d’épaisseur ayant une Dans le cas d’une paroi à une seule lame d’air (figure 5a ), l’effi-
conductivité thermique λ ≈ 0,04 W · m–1 · K–1). Cette vitesse de fil- cacité du système s’exprime par la relation :
tration ne nécessite qu’une faible différence de pression à travers 2
l’isolant en tenant compte de sa perméabilité à l’air. U0
η = --------------- γ
Ui Ue
Dans le cas du système fermé, l’efficacité générale η′ est para-
métrée en p seulement et en ηE. Pour l’échangeur idéal, ηE ≈ 1, η′ avec U 0 , Ui et Ue coefficients de transmission thermique respecti-
tend vers p, ce qui revient à dire que l’on annule toutes les pertes vement de la paroi non ventilée, de sa partie intérieure et de sa
par conduction. partie extérieure.

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η U0 η
0,25 0,3

0,20 3,0
2,5 0,2
0,15 2,0
1,5
0,10 0,1
1,0
0,05 0,5

0 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0 4 8 12 16 20 24
Q/A Q/A (m 3 · h --1 · m --2)

mesures modèle
Figure 8 – Efficacité de l’isolation pariétodynamique d’une paroi
à une seule lame d’air (d’après [66])
Figure 10 – Efficacité du procédé d’isolation pariétodynamique
thermophonie (d’après [67])

Plus récemment ont été étudiés du point de vue théorique et


Matériau isolant
thermophonique expérimental [68] les systèmes pariétodynamiques formés de
double lame parois à deux lames d’air (figure 5b ) et plus particulièrement le
Lisse procédé thermophonie intégré dans une structure comme celle
d’about représentée sur la figure 9. L’air de ventilation mécanique
de dalle contrôlée circule dans la double lame d’air de la façade (isolation
extérieure) et récupère à la fois l’énergie du soleil et celle des
Paroi déperditions du bâtiment. En circulant également au-dessous du
extérieure
plancher, il se réchauffe encore sur le compte de l’énergie thermi-
Entrée d’air que accumulée dans la dalle. Le procédé fait intervenir dans une
neuf en façade grande mesure l’inertie thermique du bâtiment.
La modélisation du comportement thermique d’un mur à deux
Flux de perte lames d’air à l’aide d’une méthode nodale appliquée par tranches
de chaleur de la paroi a permis de calculer l’efficacité du système en fonction
du rapport Q /A (figure 10).
Ventilateur
Échauffement
solaire
Air neuf
3. Isolation translucide
3.1 Principe
Plaque
de plâtre 3.1.1 Structure
(régulatrice
d’humidité) Le schéma de principe d’un système d’isolation translucide est
représenté figure 11. Le système est constitué :
Figure 9 – Isolation pariétodynamique réalisée d’après le procédé — d’un mur lourd de façade, de capacité thermique élevée
thermophonie (d’après [68]) (béton, briques, etc.), limité vers l’extérieur par une surface forte-
ment absorbante (ε ≈ 1), ayant le rôle de capteur-accumulateur du
système ;
— d’un isolant translucide protégé par un vitrage, vers l’exté-
γ coefficient compris entre 0 et 1, donné par des abaques [66] rieur du système ;
dépend : — d’une lame d’air.
— du rapport Q /A du débit entrant à la surface de la paroi L’isolant translucide, de faible masse volumique, est caractérisé
(m3 · h–1 · m–2) ; par deux propriétés importantes :
— de la somme Ui + Ue .
— un facteur de transmission du rayonnement solaire (total
D

On suppose que la répartition de l’isolation de part et d’autre de hémisphérique) T élevée (> 50 %) ;


la lame d’air est la même sur toute la surface de la paroi et que — une conductance thermique ΛIT faible.
l’épaisseur de la lame d’air est comprise entre 15 et 100 mm. Pour
un système pour lequel la résistance thermique de sa partie exté-
rieure Re est beaucoup plus petite que la résistance thermique de 3.1.2 Fonctionnement
sa partie intérieure Ri (R e << R i et R e ≈ 0), l’efficacité η en fonction
de Q /A pour différentes valeurs de U 0 est représenté sur la En période ensoleillée, la température de la surface extérieure du
figure 8. L’efficacité du système est limitée à 0,25. mur s’élève au-dessus de la température intérieure du bâtiment

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Mur lourd η
capteur-accumulateur
Surface 0,6
absorbante
(ε ⬇ 1)
0,4

0,2

Te Ti
0
Extérieur Intérieur 0 1 2 3 4
ΛM (W · m --2 · K --1)

Aérogel monolitique sous vide


Vitrage Lame
de protection d’air Aérogel monolitique
Triple vitrage
Isolant
translucide Structure nid d’abeille en polycarbonate

Calcul de η d'après les valeurs T et ΛIT du tableau 16

D
Figure 11 – Principe d’un système d’isolation translucide (d’après [70])

Figure 12 – Rendement d’un système d’isolation translucide


(Ti ) ce qui se traduit par un flux thermique surfacique entrant q– en fonction de la conductance du mur (d’après [69])
gratuit (par convention, on considère le flux thermique surfacique
sortant comme positif, noté q +, et le flux surfacique entrant comme
négatif, noté q –. Ils correspondent respectivement aux pertes et ∆T = Ti – Te différence de température entre les
gains d’énergie du système). températures intérieures Ti et exté-
Pendant la période de nuit, les gains d’énergie sont conservés rieure Te ,
grâce à l’isolation extérieure et à la capacité thermique élevée du qsol (W · m–2) densité de flux d’énergie
mur. solaire incidente.
Un espace libre (lame d’air) peut être laissé entre le mur et l’iso- La relation (10) contient deux termes : le premier exprime les
lant translucide. Le rôle de cet espace est : pertes thermiques par conduction q + en absence de rayonnement
— de permettre l’introduction des moyens de contrôle du flux de solaire, le deuxième le gain d’énergie par apport solaire q –. Si le
rayonnement solaire incident : des stores ou surfaces réfléchis- gain d’énergie est supérieur aux pertes Λ* < 0.
sants d’orientation variable, etc. ; Le rendement du système est :
— d’utiliser la couche d’air mise en mouvement par convection
T A ΛM
D

naturelle ou forcée (à l’aide de ventilateurs) pour mieux répartir la


chaleur stockée dans les murs (par effet de transfert pariétodyna- η = --------------------------------
- (11)
Λ M + Λ IT
mique) à l’intérieur du bâtiment.
D

Le maintien de la température extérieure du mur (surface absor- avec A facteur d’absorption (totale hémisphérique) de la
bante) a un niveau moyen journalier élevé favorise le maintien surface extérieure du mur,
d’un gain important de chaleur (|q –| > |q +|) sur l’ensemble de la
D

T facteur de transmission (totale hémisphérique)


journée. Quantitativement, ce gain dépend de nombreux de l’isolant.
paramètres : le climat de la région, l’orientation de la maison, etc.
Dans le tableau 1 sont indiqués les rendements η en fonction de
L’ensemble de ce système d’isolation représente une extension T et ΛIT de différents types de matériaux translucides ; à titre de
D

améliorée du mur de type trombe, basé sur l’effet de serre et l’uti- comparaison, les rendements d’isolants transparents de type
lisation des apports solaires indirects (chauffage solaire passif). vitrage sont également donnés. Les rendements η sont calculés
pour un même mur et une même surface extérieure absorbante.
D’après la relation (11), on remarque que η croît avec l’augmenta-
3.2 Matériaux utilisés. tion de ΛM et la diminution de ΛIT ce qui met en évidence l’effica-
cité des superisolants translucides aérogels ainsi que l’intérêt de
Performances du système l’application de ce procédé d’isolation à des maisons anciennes
mal isolées ayant des murs épais de capacité thermique élevée. La
On peut associer au système une conductance thermique équi- figure 12 montre l’influence de ces deux paramètres ΛIT et ΛM (en
valente Λ* exprimée par la relation : abscisse). Pour des bâtiments anciens mal isolés, avec ΛM compris
Λ IT Λ M entre 1 et 2 W · m–2 · K–1, le rendement du système est particuliè-
q η q sol
Λ* = ----------- = ------------------------
- – ---------------- (10) rement intéressant.
∆T Λ IT + Λ M ∆T (0)

avec q = (Σ|q +|) – (Σ|q –|) bilan thermique surfacique moyen sur
une période de temps donnée, 3.3 Résultats expérimentaux
ΛM (W · ·m–2 K–1) conductance thermique
La figure 13 représente la variation moyenne hebdomadaire de
du mur,
Λ* en fonction du rapport entre le flux solaire q sol et la différence
ΛIT (W · m–2
· K–1)
conductance thermique de température ∆T (Te variable, Ti ≈ constant). Les valeurs expéri-
de l’isolant translucide, mentales sont déterminées à partir des mesures de densité de flux

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Tableau 1 – Performances de matériaux translucides [69]

 IT 

D
T
Type de matériau
(%) (W · m–2 · K–1) (%)

Simple vitrage ............................................................................................................................... 90 6,0 12


Double vitrage séparé par une couche d’air de 16 mm ............................................................. 76 2,8 18
Double vitrage séparé par une couche d’argon de 14 mm (dépôt à base d’argent) ............... 56 1,3 22
Triple vitrage (2 × 8 mm) (dépôt à base d’argent) ...................................................................... 44 0,7 23
Structure capillaire en polycarbonate (∅ = 30 mm ; d = 100 mm) ............................................ 62 0,8 31
Structure nid d’abeille en polycarbonate (∅ = 3,5 mm ; d = 100 mm)...................................... 71 0,9 34
Aérogel monolithique (d = 20 mm).............................................................................................. > 69 0,7 37
Aérogel monolithique (d = 20 mm, sous vide) ........................................................................... > 69 0,5 40
Aérogel granulaire (d = 20 mm) ................................................................................................... > 44 1,0 20
Pour le calcul de η, on a pris ΛM = 1 W · m–2 · K–1 ; A
D

= 0,9 .

À l’interface paroi-air, les transferts de chaleur par convection


naturelle et rayonnement s’expriment par la relation :
Λ* (W · m --2 · K --1)

1
q = qcv + qr = ( h cv + h r ) ⋅ S ⋅ ( T 1 – T A ) (12)
0 6/93 7/93
52/92
4/93 5/93
--1
 
1 1
9/93 53/92 h r = 4 σ T 3 ⁄ ------- + ------- – 1 (13)
--2 51/92 εE εp
3/93 1/93 5/93
--3 avec S surface de la paroi,
η=
2/93
0,5 hcv coefficient de transfert thermique surfacique de
--4 convection,
10/93

--5 hr coefficient de transfert thermique surfacique de


0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 rayonnement,
q sol/( Ti -- Te ) T1 température de la paroi,
TA température de l’air,
Résultats expérimentaux (moyennes mensuelles)
Résultats de calcul T = (T 1 + TA)/2,
εp facteur d’émission (total hémisphérique) de la
Les calculs sont effectués pour paroi ou du revêtement,
η = 0,5 et ΛIT ΛM / (ΛIT + ΛM) ⬇ 0,51 W · m --2 · K --1
εE facteur d’émission des surfaces environnantes,
σ constante de Stefan-Boltzmann.
Figure 13 – Conductance thermique équivalente du système
d’isolation en fonction du rapport de la densité de flux d’énergie D’après la relation (13), on voit qu’un revêtement de basse émis-
solaire à la différence de température (d’après [69]) sivité ( ε p << 1 ) a pour effet de diminuer hr et donc d’augmenter la
résistance thermique superficielle de rayonnement Rr = 1/hr .

thermique effectuées sur la face intérieure du mur, ce qui permet En affectant au cas de la paroi sans film réfléchissant l’indice 1
le calcul de la différence |q +| – |q –| et de ∆T en fonction du temps et à celui avec film réfléchissant l’indice 2 (et en posant
à l’aide des enregistrements de q, Ti , Te . hj = hcvj + hrj ; j = 1,2 et hcvj étant supposé identique pour les deux
cas), le gain dû à l’augmentation des résistances superficielles est
Dans la plupart des cas Λ* < 0, ce qui met en évidence l’impor- 1 1
tance de l’apport gratuit d’énergie solaire qui compense et dépasse exprimé par δr = -------- – -------- .
h2 h1
les pertes par conduction.
Un calcul simple conduit à exprimer δr par la relation :

δh r 1 δh r f
4. Isolants réfléchissants h r1 
δr = --------- ⁄ --- – --------- -----------
f h r1 h r1  (14)

où f = h r1 ⁄ ( h r1 + h cv1 ) désigne la fraction des transferts radiatifs


4.1 Films réfléchissants par rapport aux transferts totaux à la surface de la paroi, avec :
δh

  
1 1 2
Pour augmenter l’efficacité des systèmes isolants, on préconise ---------r = -------------------- – -------------------------------------- ---------- – 1
quelquefois l’utilisation de films réfléchissants, de basse émissivité h r1 2 1 1 ε p1
--------- – 1 ---------- + ---------- – 1
(ε ≈ 0, 1), comme revêtement de surface des parois ou des isolants. ε p1 ε p1 ε p2

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Gain relatif de résistance thermique δr/R (%)


δr (m2 · K · W --1)

50
45
0,6 40
35
30
0,4 25
20
15
0,2 10
5
0
0
0 1 2 3 4 5
0 0,2 0,4 0,6 0,8 Facteur f
Résistance thermique de la paroi (m2 · K · W--1)
Film réfléchissant côté intérieur, visible Film réfléchissant côté intérieur, visible, d’émissivité εp2 = 0,1
Émissivité : trait plein : εp2 = 0,1 trait pointillé : εp2 = 0,2

Figure 15 – Variation du gain relatif en fonction de la résistance


Figure 14 – Augmentation de la résistance thermique superficielle thermique de la paroi
avec le facteur f

(0)
Si l’on s’en tient aux valeurs des coefficients de transfert ther-
mique surfacique, d’après les règles Th-U (tableau 2), pour une
Tableau 2 – Valeurs des coefficients de transfert thermique paroi verticale ou une toiture en hiver, f est compris entre 0,4 et 0,6
surfacique (d’après Th-U [17]) et δr est très faible, inférieur à 0,2 m2 · K · W –1. Pour un plancher
Paroi en contact avec : bas avec flux thermique descendant, f ≈ 0,9 et le gain peut attein-
— l’extérieur ; dre 0,6 m2 · K · W –1.
— un passage ouvert ; La contribution relative au film réfléchissant est représentée en
Position de la paroi — un local ouvert. fonction de la résistance thermique de la paroi sur laquelle il est
1 1 1 1 appliqué (figure 15). On peut remarquer que cette contribution
-------- -------- -------- + --------
h1 h2 h1 h2 n’est réelle que pour des parois de résistance thermique faible,
δr
Paroi verticale ou faisant avec le inférieure à 1 m2 · K · W–1 pour laquelle ------- peut dépasser 10 %.
R
plan horizontal un angle supérieur Il faut néanmoins mentionner l’intérêt d’appliquer un revête-
à 60o 0,13 0,04 0,17
ment ou une peinture réfléchissante sur le toit, côté extérieur.
Dans un tel cas, le rayonnement solaire sera largement réfléchi,
évitant ainsi le chauffage du toit. Une telle solution peut permettre
d’améliorer le confort d’été de l’habitat [71].
Paroi horizontale ou faisant avec Souvent, l’intérêt des couches réfléchissantes dans l’amélioration
le plan horizontal un angle égal ou des systèmes isolants a été exagéré dans le domaine des températu-
inférieur à 60o res ambiantes par extrapolation de leurs performances dans d’autres
cas particuliers (vase de Dewar, isolation sous vide, applications à
— flux ascendant (toiture) 0,10 0,04 0,14
haute température, etc.) où le rayonnement est prépondérant.

4.2 Matériaux minces à base de films


réfléchissants
— flux descendant (plancher bas) 0,17 0,04 0,21
La fabrication courante des films réfléchissants a favorisé l’appa-
rition sur le marché de matériaux minces (3 à 4 mm et plus) pour
isolation thermique. Ils sont constitués d’une succession de ces
films séparés entre eux par des molletons en fibres textiles, des
mousses ou encore des nappes de bulles d’air. Il s’agit d’un maté-
riau de type multicouche placé dans de l’air à la pression atmos-
phérique. La conductivité thermique de ces matériaux minces
b é n é fi c i a n t d e l ’ e f f e t d ’ é p a i s s e u r e s t d e l ’ o r d r e d e
La variation de δr en fonction de f est représentée pour deux 0,033 W · m–1 · K–1, ce qui permet de les classer parmi les isolants
valeurs du facteur d’émission du film réfléchissant, ε p2 = 0,1 et thermiques traditionnels (λ  0,065 W ⋅ m –1 ⋅ K –1 ). En revanche,
ε p2 = 0,2 sur la figure 14 (pour les applications du bâtiment leur faible épaisseur conduit à des résistances thermiques très fai-
ε p1 = ε E = 0,9 ; T = 20 oC ; donc h r1 ≈ 5 W ⋅ m –2 ⋅ K –1). bles, à la limite voire inférieures à celles demandées à un isolant
On remarque que : ( R  0,5 m 2 ⋅ K ) . Leur résistance thermique peut être améliorée
— la variation de δr sera d’autant plus élevé que le transfert de en les plaçant entre deux lames d’air, mais seulement en l’absence
chaleur par convection sera plus faible, c’est-à-dire f plus grand de convection naturelle ou forcée (ventilation). Toutefois, l’apport
(utilisation préférable à l’intérieur du bâtiment, à l’abri du vent) ; des lames d’air n’est pas suffisant pour atteindre des performances
— la variation de δr est très sensible aux variations de εp : l’effet d’isolation couramment utilisées [71] [72]. De plus, l’efficacité des
du film réfléchissant est très vulnérable aux modifications, même lames d’air dépend fortement du facteur d’émission de surface de
faibles, de ε p2 dues aux poussières, salissures, etc. l’isolant, qui doit pouvoir rester faible dans le temps.

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