Enneagramme Module 3

FORMATION À L’ENNÉAGRAMME
MODULE 3
Module 3:
L’ENNÉAGRAMME DANS LE SOUFISME, RAPPORTS
ENTRE TYPES ET FLÈCHES, LE TYPE 3
 Activité
Nous avons évoqué dans le module précédent un exercice de méditation très simple basé sur
l’observation de la respiration au niveau des narines. Celui que nous vous proposons dans ce
nouveau module devra être combiné avec le précédent et pratiqué régulièrement.
Dans un espace calme et sans bruit, trouvez votre position : assis sur un coussin les jambes croisées
ou assis sur une chaise les jambes pliées. Votre position doit être confortable, le dos bien droit,
vous ne devez pas avoir à bouger pendant toute la durée de la méditation. Fermez les yeux et
prenez une profonde inspiration. En expirant, laissez vos soucis, vos questionnements, vos pensées
s’échapper pour vous concentrer sur le moment présent.
Contrairement à l’exercice précédent, vous allez porter votre attention sur les sensations physiques
que vous ressentez : un picotement, une démangeaison, un courant d’air froid, un courant d’air
chaud, une douleur... Explorez ainsi tout votre corps et prenez quelques minutes pour observer une
sensation en particulier.
Si des pensées viennent interrompre votre observation, laissez-les passer puis revenez à vos
sensations corporelles. Faites cet exercice une fois par jour pendant cinq minutes au début puis
augmentez la durée selon vos disponibilités.
La principale cause de nos soucis vient du manque d’objectivité que nous avons par rapport à nous-
même et à tout ce qui survient dans notre existence. Conseillez cet exercice à tous ceux qui
viendront vous consulter, car l’observation sans jugement et dans le moment présent, est l’une des
clés de la transformation.
Notez ce que vous remarquez pendant cet exercice (déséquilibres du corps, pensées incessantes,
position inconfortable, envie de bouger...).
L’ennéagramme et le soufisme
On désigne par soufisme le courant des mystiques musulmans inspiré de la pratique chrétienne des
Pères du désert (cf. module 2). Il s’agit d’une voie d’élévation spirituelle possible grâce à une
initiation appelée « tasawwuf ». Dans la culture populaire, on ne connaît du soufisme que les
derviches tourneurs (renommés pour pratiquer une danse mystique), la calligraphie, et les poèmes
du célèbre poète Rûmi (1207-1273).
Les théoriciens de l’ennéagramme ont retrouvé dans la pratique même du soufisme les bases du
système, c’est-à-dire les caractéristiques de l’approche pythagoricienne : connaissance de soi,
observation du moment présent, présence divine dans chaque acte et chaque pensée,
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correspondance entre le microcosme et le macrocosme, harmonie avec l’univers, langage codé,
mathématique et symbolique des chiffres, et méditation.
En arabe, le terme « soufi » est un néologisme récent pour désigner le « tasawwuf », c’est-à-dire la
purification des passions et du mental, des fausses idoles... Il est possible de dater l’origine de la
pensée du soufisme dès l’apparition d’Adam, le premier homme.
Les premiers musulmans se sont en effet efforcés de garder la pureté intérieure du premier
homme, suivis par les soufis développeront une manière de vivre l’Islam et une interprétation du
Coran à partir de cette dimension universelle de pureté. Le mot « safa », désignant la clarté ou la
limpidité (et donc la pureté), pourrait d’ailleurs être l’une des étymologies du terme soufisme.
Comme les moines de la religion chrétienne, les soufis vont se réunir en plusieurs confréries
appelées « tariqa », chacune dirigée par un maître spirituel. On en compte quarante très connues
mais les trois plus grandes d’entre elles sont :
La Qadiriyya dont Sheikh Albdel Qader Jilani (XIIe siècle) est le fondateur.
La Chadhiliyya dont Sheikh Abu-l-Hassan Chazili (XIIIe siècle) est le fondateur.
La Naqshbandiyya dont Sheikh Baha-ud-dîn (XIVe siècle) est le fondateur.
L’enseignement soufi est commun à toutes les communautés et repose sur une pratique de
l’observation et de l’identification de l’ego. En contrôlant son ego, l’être peut accomplir sa mission
spirituelle sur Terre.
On a coutume de mettre en avant le maître spirituel Sheikh Muhhy-dîn-ibn-Arabi (1152-1234) et
son livre « Les chatons de la sagesse » pour expliquer les bases de la pratique de l’ennéagramme.
C’est lui qui va en effet proposer neuf catégories de sainteté pour maîtriser l’ego.
Il va aussi initier le développement des 27 cristallisations de la connaissance en opposition aux 27
cristallisations égotiques (les 3 « sous-types » des 9 types de l’ennéagramme que nous étudierons
dans un prochain module). Le principe fondamental de l’enseignement est le suivant : tout homme
possède la connaissance divine et peut accéder au statut de prophète.
Ce chiffre de 27 correspond aux 27 prophètes (ou « chatons de la sagesse ») et aux 27 manières
d’exprimer la sainteté divine. Ce sera par exemple l’expression de la miséricorde avec Salomon, du
pouvoir de vie avec Jésus, de l’intimité avec Élie ou de l’autorité spirituelle avec Moïse. Le terme
« sainteté » évoque ici la faculté d’une personne à retrouver la « source de son essence » grâce à
une « ouverture illuminative » appelé « fath ».
 Activité
Dans le poème de Rûmi cité ci-dessous, vous allez essayer d’identifier les principes communs à
l’ennéagramme et à la pensée soufi. Notez quels vers (ou quels termes) semblent promouvoir
l’observation, l’absence de jugement, l’acceptation de soi, de ses qualités, de ses défauts, de ses
pulsions, la connaissance de soi, l’importance de l’autre, la nature profonde, l’ego...
« L’être humain est un lieu d’accueil,
Chaque matin un nouvel arrivant.
Une joie, une déprime, une bassesse,
Une prise de conscience momentanée arrivent
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Tel un visiteur inattendu.
Accueille-les, divertis-les tous
Même s’il s’agit d’une foule de regrets
Qui d’un seul coup balaye ta maison
Et la vide de tous ses biens.
Chaque hôte, quel qu’il soit, traite-le avec respect,
Peut-être te prépare-t-il
À de nouveaux ravissements.
Les noires pensées, la honte, la malveillance
Rencontre-les à la porte en riant
Et invite-les à entrer.
Sois reconnaissant envers celui qui arrive
Quel qu’il soit,
Car chacun est envoyé comme un guide de l’au-delà. »
 Éléments de réponse
L’observation de soi-même se retrouve par exemple dans les expressions « Accueille-les », « Invite-
les à rentrer » ; l’importance de l’Autre est dans le vers « Chaque hôte, quel qu’il soit, traite-le avec
respect » ; l’acceptation de soi dans les deux vers : « Les noires pensées, la honte, la malveillance /
Rencontre-les à la porte en riant » ; la nature profonde est à deviner dans les derniers vers : « Sois
reconnaissant envers celui qui arrive / Quel qu’il soit / Car chacun est envoyé comme un guide de
l’au-delà. »
Le chiffre 9 dans le Coran et l’interprétation par

le soufisme
Nous verrons au module 4 comment l’introduction de l’ennéagramme en Occident s’est justement
faite à partir de l’enseignement soufi qu’a reçu Gurdjieff.
L’origine soufie de l’ennéagramme est évidente dans le texte commun à tous les musulmans : le
Coran. Le chiffre neuf constitutif du système de l’ennéagramme apparaît ainsi dans les chapitres 9,
18, 27 et 36 du texte sacré.
Dans le chapitre 9, les 9 saintetés sont mentionnées, reprises par les soufis comme les 9 services
spirituels. La liste des 9 points qui suit est tirée du traité soufi « tabaqat al awliya » (les précisions
entre crochets viennent du livre de Philippe de Vos, L’Ennéagramme dans la pratique soufie) :
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Ceux qui reviennent à Dieu (par le repentir)
Ceux qui l’adorent (par le service, mot de la même racine)
Ceux qui le louent (en concourant à l’excellence)
Ceux qui voyagent et se livrent à des exercices de piété, (pour la pratique spirituelle)
Ceux qui s’inclinent (en limitant leur grandeur, car Dieu seul est grand)
Ceux qui se prosternent (reconnaissance de leur existence en Dieu)
Ceux qui ordonnent le bien (le positif est suscité) [soit ceux qui vont ordonner la justesse et la
justice]
Ceux qui interdisent le blâmable (leader plus rigoureux) [soit ceux qui vont, au contraire des
précédents, défendre les injustices, les crimes et les péchés quels qu’ils soient]
Ceux qui sont les gardiens de toutes les lois divines.
Ces neuf sortes de saints ainsi caractérisés vont changer leur tempérament pour atteindre la
sainteté grâce à des séries d’exercices et de pratiques adaptés à chacune de leur spécialité.
On retrouve également ce chiffre neuf dans le chapitre 18 du Coran appelé « la caverne ». Ce
chapitre évoque un groupe d’hommes, au nombre de 9 selon Sheikh Muhhy-dîn-ibn-Arabi, qui se
seraient retirés du monde dans une caverne et à propos desquels il est écrit : « Ils restèrent dans la
caverne trois cents ans, auxquels on ajoute neuf années. » (Coran 18-25).
Sur le plan symbolique, ces neuf hommes seraient les gardiens de l’héritage spirituel. Cette idée des
neuf gardiens se retrouve chez les premiers templiers fondateurs, mais aussi dans la confrérie
soufie Naqshbandi qui influencera tout l’enseignement de Gurdjieff.
Au chapitre 27 du Coran, il est question du rapport entre Dieu et Moïse (personnage associé au
type 8 pour sa capacité à « remplacer » le mal par le bien). Il y est mentionné « neuf signes » (Coran
27-12) puis la phrase suivante : « Il y avait dans la ville, neuf individus qui répandaient la corruption
sur la terre et qui ne se purifiaient pas » (Coran 27-48).
Sur cette phrase en particulier, la tradition soufie va donner une interprétation tout à fait
révélatrice dans son commentaire : la ville représente le cœur de l’homme, et les neuf individus
sont les neuf faiblesses égotiques qui ont besoin d’être nettoyées.
Le chapitre 36 est considéré comme le cœur même du Coran selon la tradition islamique. Et il revêt
un sens tout particulier pour Gurdjieff, que nous verrons dans le prochain module.
 Activité
C’est le moment de vous intéresser à ce chiffre symbolique, le 9, et d’essayer de le retrouver dans
d’autres situations et modèles. Effectuez quelques recherches et notez dans quels contextes vous
retrouvez ce chiffre 9 comme modèle (par exemple comme base de la numérologie, mais aussi
comme le chiffre chinois consacré à l’empereur, c’est-à-dire le chiffre se rapprochant le plus du
divin qui serait le chiffre 10...).
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Module 3:
L’ennéagramme et le soufisme
Vous avez à présent une vision claire de l’origine des neuf points dans le Coran. Vous pourrez donc
commencer à comparer cette perspective des neuf points du parcours initiatique de
l’ennéagramme avec les schémas spirituels du monde occidental et du monde oriental.
Il s’agit en général de constater combien l’âme a été pervertie par l’ego et comment elle doit se
purifier pour retrouver son essence divine (et sa liberté). Nous retrouverons ainsi le schéma
occidental du voyage de l’âme relatée dans le texte de la Divine comédie de Dante :
La descente aux Enfers, guidée par Virgile. C’est l’observation de ce qui est à l’origine, dans
l’enfance, des stratégies de survie et donc des compulsions égotiques.
L’ascension de la montagne, guidée également par Virgile. C’est le moment où l’être va explorer
les limites de lui-même, et donc découvrir tout le potentiel dont il est capable (que ce soit au
niveau personnel ou professionnel).
L’envol vers les étoiles, guidé par l’amour en la personne de Béatrice. C’est l’étape de la
transformation de l’être, avec accès au niveau spirituel et supérieur, retrouvant ainsi sa nature
profonde et son essence divine.
Le soufisme va proposer des solutions pour les neuf types de saintetés, comme les 9 types de
l’ennéagramme peuvent trouver des solutions grâce à l’examen de soi-même, aux prières en
nommant les différents noms de Dieu, aux ablutions et autres exercices de purification.
On pourra comprendre que, dans cette perspective spirituelle, les traits égotiques ne sont pas
simplement des traits de personnalité. Ils ressemblent davantage à « la construction des idoles que
les hommes produisent quand ils sont coupés de leur relation avec le divin » comme l’explique
Philippe de Vos.
Dans la logique de rééquilibrage et de purification que propose le soufisme, s’ajoute une idée
intéressante : celle de la compréhension de l’être comme un équilibre entre le féminin et le
masculin.
Dans l’approche soufie « la prise de conscience de nos blessures ou nœuds de l’âme se fait en
corrélation finale avec un rééquilibrage en nous des principes féminins et masculins, y compris et
surtout dans notre relation à la Présence divine. » Ces principes sont la Beauté (féminin) et la
Majesté (masculin).
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Le parcours initiatique cherchera donc à retrouver l’« équilibre du couple intérieur » comme pour
les énergies yin (principe féminin) et yang (principe masculin) dans la médecine traditionnelle
chinoise. Dans l’optique spirituelle du soufisme, le divin va se présenter selon deux formes :
Al-jamal, c’est-à-dire la Beauté divine reliée au féminin, exprimant l’amour, la vie et
l’immanence (l’état intérieur d’un être, d’un objet - par opposition à transcendance).
Al-jalal, c’est-à-dire la Majesté divine reliée au masculin, exprimant le respect, la crainte et la
transcendance.
Les points de l’ennéagramme peuvent être reliés à ces deux tendances, avec un axe central
représentant l’union des deux, symbolisé par le triangle interne vu au module 2 :
Al-jalal : 7, 4, 2
Axe central et triangle interne : 9, 6 et 3
Al-jamal : 8, 5 et 1
 Activité
Dans le diagramme suivant, notez au-dessus ou à côté de chaque chiffre le point correspondant au
côté Al-jalal, à l’axe central et au côté Al-jamal. Vous obtiendrez ainsi une répartition claire des
deux tendances.
Dans votre pratique, vous pourrez chercher précisément de quel côté se situe le déséquilibre d’un
individu (masculin ou féminin). Vous verrez ainsi s’il a plutôt tendance au relâchement (Al-jamal) ou
à la contraction (Al-jalal).
Pour rétablir l’équilibre, le soufisme conseille des prières tantôt en récitant les noms de la présence
divine de la Beauté (Ar Rahman, le Miséricordieux ; As Salam, la Paix...), tantôt en récitant les noms
de la présence de la Majesté divine (Dhul Jalal, La majesté ; Al-’Aziz, l’Inaccessible ; Al-’Azim, le
Magnifique, etc.).
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Vous n’aurez sans doute pas à utiliser cette technique soufie dans votre pratique, mais il est bon de
la connaître et de garder cette perspective d’équilibre entre les deux polarités. Vous pourrez ainsi
mieux orienter vos conseils et exercices selon les questions qui vous seront posées, surtout si les
problématiques mettent en avant un déséquilibre entre les deux pôles (une femme trop autoritaire
et masculine, ou un homme trop sensible et féminin).
Les neuf types dans la perspective spirituelle du

soufisme
C’est en étudiant brièvement chaque type à partir de cette perspective spirituelle que l’application
du soufisme prend son sens. Derrière ce que nous voyons comme un problème de l’enfance dans le
module 2, le soufisme y voit un plan divin plus vaste : cet être est venu au monde pour accomplir
une mission divine ; Dieu lui a donné certaines prédispositions pour qu’il les observe, les analyse et
les transforme pour se rapprocher de son essence divine.
Vous ne vous servirez sans doute pas des prières répétant les noms de Dieu pour rééquilibrer les
pôles masculin et féminin de chacun. Cependant, vous pourrez vous en inspirer pour proposer des
exercices ou des sortes de mantras (phrases à répéter tous les jours par exemple). Si le sujet du
soufisme vous intéresse, référez-vous aux livres suggérés dans le dernier module de cette
formation.
Dans la tradition soufie, les neuf types représentent ainsi les neuf étapes spirituelles proposant un
travail sur le corps et le cœur. Il constitue l’Éveil que les Soufis appellent « fath rabani ». Vous
verrez lors d’un prochain module consacré aux figures bibliques qu’il est aussi possible de
rapprocher cet enseignement de la perspective chrétienne.
 Type 1 : At taibum, ceux qui se repentent (Le Perfectionniste dans l’ennéagramme)
Ceux qui se repentent sont ceux qui retrouvent leur conscience après l’avoir perdue. C’est le
premier éveil du cœur qui permet d’accepter le pardon après les errances et les douleurs. Il prend
la forme d’un retour à soi qui va s’opposer à la culpabilité par exemple. Mais il est aussi et surtout
le retour à la source divine.
Cependant, les sages soufis font une mention particulière de cette étape car c’est d’elle que dépend
la suite du chemin : le repentir doit être véritable et il est plus important que bien des révélations.
Sheikh Muhhy-dîn Ibn Arabi évoque cette catégorie de saints comme « les députés » (« Nuqaba »).
De typologie 1 en ennéagramme, ils constituent la base incontournable du système. C’est l’oubli du
repentir, en tant que service spirituel, qui les aliène et dont ils doivent se purifier.
Pour accomplir cette première étape, les exercices proposés par la voie soufie comprennent
l’ablution (une purification par l’eau combinée à une intention à formuler), la prise de conscience
grâce au cœur et l’invocation des noms de Dieu le matin et le soir en guise de prière. Il faudra aussi
rééquilibrer les deux polarités en récitant les noms de la Beauté (Al-jamal).
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 Type 2 : Al’abidun, ceux qui l’adorent et le servent (L’Altruiste dans l’ennéagramme)
Ce type est lié à la notion de « service » qui se trouve être le même mot pour « adoration » :
« ubudiya ». Un terrain mal compris de ce type, qui est capable d’osmose même avec le divin, mène
à des problématiques d’oubli de soi.
Les exercices proposés pour rééquilibrer ce type sont ceux d’un examen de conscience. Il permettra
de faire la différence entre un sentiment d’obligation de service et la gratuité épanouissante dans le
service.
Il faudra aussi purifier l’intention même du service en la replaçant dans le cœur et pour Dieu, plutôt
qu’uniquement pour soi. Le service devra être perçu comme un honneur et pourra prendre des
formes diverses dans la vie de la communauté : le jardin, la cuisine...
Dans les prières, le type Al’abidun devra rééquilibrer la polarité féminin/masculin en répétant les
noms de Majesté divine, car il est souvent trop présent dans ceux de la Beauté.
 Type 3 : Al’hamidun, ceux qui sont dans l’émulation de la louange (Le battant dans
l’ennéagramme)
Le type 3 est naturellement doué pour le succès et la compétition. Dans la voie soufie, ces
prédispositions doivent être entendues comme un appel à suivre un chemin qui ne ressemble à
aucun autre, ce qui leur confère une autorité individuelle. En arabe, ils sont appelés « afrad », les
« particuliers ».
L’appel n’est pas celui vers la compétition (qui serait mal perçu par ce type), mais vers un code
d’honneur et une réalisation spirituelle dignes des samouraïs ou des chevaliers par exemple.
De nombreux passages du Coran parlent de ce type « extraordinaire » comme les hommes de la
caverne cités précédemment. Les exercices suggérés pour rééquilibrer ce type seront double : la
méditation sur les passages du Coran évoquant ce profil, et des prières invoquant les noms de l’axe
central (le triangle interne) propre à résoudre un déséquilibre entre les pôles féminin et masculin.
 Type 4 : As sa’ihun, les voyageurs (Le tragico-romantique dans l’ennéagramme)
La quête spirituelle pourra prendre la forme d’un voyage sur tous les plans (spirituel, physique,
émotionnel...) Pour les soufis, les types qui fonctionnent ainsi sont les « abdal », c’est-à-dire les
substituts.
Leur nom vient de leur pouvoir de métamorphose leur conférant un don d’ubiquité, (la faculté
d’être présent en plusieurs lieux à la fois). Pour eux, les quatre exercices visant l’ascèse sont
recommandés de préférence dans le cadre de retraites spirituelles : le silence, la solitude, le jeûne
et la veille.
Ainsi, les abdals pourront méditer sur ce qui sépare les désirs des façons de les obtenir. Pour
rééquilibrer leur tendance à être trop du côté de la Beauté, ils pourront réciter les noms de la
Majesté.
 Type 5 : Ar raki’un, ceux qui s’inclinent (L’observateur dans l’ennéagramme)
Ce sont ceux qui arrivent à s’effacer devant la grandeur divine, qui peuvent s’avilir ou se cacher. Ce
sont les insignifiants qui peuvent vivre leur accomplissement spirituel dans la pauvreté. Ils pourront
ainsi montrer une apparence totalement différente de leur vie intérieure.
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Le parcours de ce type est d’aller vers une absence de détermination. Pour y parvenir, il pourra
méditer sur l’élément de l’eau, sur les notions de conscience, de pouvoir, sur ce qu’est le
dépouillement, la sobriété et l’invisibilité. Pour rééquilibrer ses pôles, il faudra lui conseiller les
noms de la Majesté.
 Type 6 : As Sajidun, ceux qui se prosternent (Le loyaliste dans l’ennéagramme)
L’acte de se prosterner, et donc de mettre son visage au sol, procède de l’acceptation du cosmos.
Ces saints transmettent le chemin de l’extinction par la contemplation, appelée « fana »,
correspondant à l’extase dans la religion chrétienne. Ils protègent le monde en le gouvernant ; ils
sont comme les étoiles dans le ciel ; ils suivent la parole du Christ : « n’ayez pas peur du monde,
vous vaincrez le monde comme je l’ai fait ».
Ce seront aussi eux qui pratiquent la calligraphie. Dans la réalité, c’est le type qui va se libérer des
croyances figées qui effraient, des superstitions et des préjugés. Comme ils doivent faire
l’expérience verbale de la force du monde, ils devront apprendre et réciter les 99 noms de Dieu. Les
prières à prononcer seront celles de l’axe central, comme pour les types 3 et 9.
 Type 7 : Al’amirun bil ma’rouf : ceux qui demandent le Bien – connu dans les prescriptions
divines (L’épicurien dans l’ennéagramme)
Ces saints enseignent la voie positive des choses, c’est-à-dire le Bien tel qu’il est décrit dans les
textes sacrés. Si le type 6 est arrivé à un point culminant dans l’adoration de Dieu, le type 7
commence à redescendre sur terre pour enseigner ce qu’il a compris. Il faudra donc comprendre les
type 7 et 8 comme des guides de la volonté divine dans le monde.
Emprunts de l’énergie féminine de la Beauté, les types 7 seront habités par la douceur, l’amour et
la paix. Ils pourront enseigner aux hommes grâce à un langage fait d’images et de symboles.
Les exercices proposés vont les guider vers cette vocation de l’enseignement et du
compagnonnage. Ils pourront ainsi méditer sur la notion de purification et, par exemple, réciter le
chapitre 112 du Coran où il est question de cette pureté d’orientation. Ce type étant axé vers le
pôle masculin de la Majesté, il faudra rétablir l’équilibre en citant les noms de la Beauté.
 Type 8 : An nahun ‘an el munkar, ceux qui interdisent le blâmable (Le chef dans
l’ennéagramme)
Là où le type 7 enseignait le Bien et l’aspect positif lié à la Beauté (féminin), le type 8 va interdire le
mal et enseigner la crainte et la force de la Majesté divine (masculin). Moïse est l’un de ces
hommes dans la Bible car il brise les tables de la loi. Les types 8 sont ici les émissaires de la
puissance divine (et les problèmes surviendront s’ils font une utilisation personnelle de ce pouvoir).
Les exercices proposés sont ceux d’une tempérance (modération) qui les situera entre les types 7 et
9. Les excès de la Présence de la Majesté divine pourront être rééquilibrés par des prières portant
sur les noms de la Beauté.
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 Type 9 : Al Hafizun li hudud Allah, ceux qui sauvegardent les limites données par Dieu en
toutes choses (Le médiateur dans l’ennéagramme)
Porteurs de l’Esprit et de sa totalité, les saints de type 9 sont comme l’axe central et immobile de
l’ordre divin autour duquel tout s’organise. La recherche se focalisera sur l’idée d’une synthèse, une
somme de tous les possibles et la recherche d’une place juste.
La phrase clé pourrait être : « la vraie victoire est celle qui arrive sans que le combat ait eu lieu ».
Ainsi, il ne faut pas fournir d’effort pour arriver à l’éveil car ce dernier survient de lui-même. Le
point 9 se situe sur l’axe central entre les deux pôles de la Beauté et de la Majesté.
 Activité
Sur une feuille, ou une fiche, tracez à nouveau le schéma de l’ennéagramme et positionnez cette
fois les 9 saints de la voie soufie. Profitez-en pour reprendre ceux se prévalant du principe féminin
et du principe masculin, en mettant de côté l’axe central du triangle interne. Vous pourrez ainsi
prendre en compte cet aspect dans votre pratique ultérieure.
 Éléments pour compléter le diagramme

C’est à vous d’intégrer, grâce à la pratique physique du dessin, les principes sous-entendus par
chacun des neuf chiffres du système :
au-dessus du chiffre 9, placez le titre de la description du type 9 que nous avons vu dans la
perspective soufie, c’est-à-dire « Al Hafizun li hudud Allah, ceux qui sauvegardent les limites
données par Dieu en toutes choses » et ajoutez « Axe central ».
à côté du chiffre 1, placez le titre de la description du type 1, « At taibum, ceux qui se
repentent », et ajoutez « Al jamal » (principe féminin de la Beauté et de l’Amour).
à côté du chiffre 2, placez le titre de la description du type 2, « Al’abidun, ceux qui l’adorent et le
servent » et ajoutez « Al jalal » (principe masculin de la Majesté et de la Puissance).
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Module 3:
à côté du chiffre 3, placez le titre de la description du type 3, « Al’hamidun, ceux qui sont dans
l’émulation de la louange » et ajoutez « Axe central ».
à côté du chiffre 4, placez le titre de la description du type 4, « As sa’ihun, les voyageurs » et
ajoutez « Al jalal » (principe masculin de la Majesté et de la Puissance).
à côté du chiffre 5, placez le titre de la description du type 5, « Ar raki’un, ceux qui s’inclinent »
et ajoutez « Al jamal » (principe féminin de la Beauté et de l’Amour)
à côté du chiffre 6, placez le titre de la description du type 6, « As Sajidun, ceux qui se
prosternent » et ajoutez « Axe central ».
à côté du chiffre 7, placez le titre de la description du type 7, « Al’amirun bil ma’rouf : ceux qui
demandent le Bien (connu dans les prescriptions divines) » et ajoutez « Al jalal » (principe
masculin de la Majesté et de la Puissance).
à côté du chiffre 8, placez le titre de la description du type 8, « An nahun ‘an el munkar, ceux qui
interdisent le blâmable » et ajoutez « Al jamal » (principe féminin de la Beauté et de l’Amour).
Conseiller avec l’ennéagramme

Un homme de quarante ans vient vous voir car il n’arrive pas à s’accepter. Il vous explique qu’il est
dans une phase spirituelle de sa vie, qu’il cherche à donner un sens à son existence et à croire en
quelque chose. Il se sent toujours fautif de quelque chose, même s’il ne sait pas de quoi, et il
n’arrive jamais à se pardonner, comme il ne pardonne d’ailleurs jamais à son entourage. À quel
saint de la voie soufie allez-vous le relier ? Quels genres d’exercices pourriez-vous lui proposer ?
Pour cette fois, essayer de faire le parallèle avec la voie soufie pour vous aider.
On retrouve ici un cas de « Ceux qui reviennent à Dieu par le repentir », et donc un lien avec le type
1 et At taibum, ceux qui se repentent. Vous pourrez tout à fait lui parler de la faute originelle
commune à tous les êtres humains depuis l’histoire d’Adam. Au fond, la faute n’est pas le plus
important ici. Ce qui importe, c’est le repentir, le pardon, arriver à se pardonner. Ceci est d’autant
plus valable pour quelqu’un d’intransigeant comme le type 1 qui n’accepte pas de faire des erreurs
et qui ne cesse de tout critiquer. Il faudra insister sur le fait que ce « député » est en proie à l’étape
initiale et cruciale du pardon. C’est elle qui va lui permettre de revenir à sa nature profonde, son
essence spirituelle. On pourra ainsi lui proposer des exercices pour l’amener à observer les façons
qu’il a de ne pas se repentir ou de ne pas se pardonner. Et d’autres plus symboliques : exercice de
purification (par les ablutions), de prise de conscience grâce au cœur et non à la raison. Un
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Module 3:
réajustement avec des énergies plus féminines sera peut-être nécessaire pour développer les
valeurs de l’amour, de la réception, de l’acceptation.... plutôt que les valeurs traditionnellement
masculines de l’action et du jugement.)
Les neufs flèches de l’ennéagramme

Nous avons étudié jusque-là les neuf points de l’ennéagramme selon les traditions, leur lien avec le
parcours spirituel soufi allant du 1 au 9 et avec les trois points du triangle interne. Voyons
maintenant comment ces points symboliques peuvent former des couples grâce aux flèches.
Chaque personne pourra s’identifier à un profil en particulier, à l’un des neuf points du cercle.
Certaines personnes cependant se situent à mi-chemin entre deux points. Si le type de base d’une
personne ne change pas, ses influences et son évolution peuvent en revanche changer au cours de
son existence. C’est le cas notamment si elle décide de s’en libérer et d’arriver à une autre prise de
conscience d’elle-même.
Vous trouverez ci-dessous le schéma des flèches où chacune relie deux points de l’ennéagramme :
Le type 1 reçoit la flèche venant du point 7 tout en étant à l’origine d’une flèche en direction du
point 4.
Le type 2 reçoit une flèche venant du point 4 tout en étant à l’origine d’une flèche en direction
du point 8.
du point 9.
du point 2.
du point 7.
du point 3.
du point 1.
du point 5.
du point 6 (ce qui révèle à nouveau le triangle interne mais avec un mouvement interne
révélateur).
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Module 3:
En résumé, les flèches représentent les autres attitudes du type, révélées selon les situations. Ainsi,
le type 2 habituellement si serviable pourra cacher une soif de pouvoir, tendance dont parle
d’ailleurs la voie soufie. Elle démontre ainsi les aléas de chacun des saints en proie à des tentations
personnelles.
Situations de stress et de sécurité de chaque

type
Dans l’ennéagramme psychologique, la flèche indique pour un seul type deux genres de situation :
Une situation de stress qui est le point d’arrivée de la flèche
Une situation de sécurité qui est le point d’origine de la flèche
Ainsi, une personne à dominante type 1 pourra se retrouver proche du type 7 dans une situation de
sécurité. Au lieu d’être intransigeant envers lui-même et les autres (tendance du type 1), il sera
davantage calme et reposé, voulant profiter de la vie et des plaisirs (tendance du type 7).
En revanche, en cas de grand stress, il réalisera que ses exigences sont irréalisables (type 1) et
tombera dans la tristesse et la dépression (type 4). Ainsi, toute personne pourra se reconnaître avec
ces trois critères : la dominante (le type), la flèche indiquant la situation de stress et la flèche
indiquant la situation de sécurité.
13
Module 3:
 Phases de désintégration et d’intégration
Chaque individu pourra utiliser les 9 facettes de l’ennéagramme pendant une journée par exemple,
mais on continuera à percevoir une constance (type) et des épisodes (flèches). On parlera alors
d’une « désintégration » lorsque le type suit la flèche vers le point de stress, et d’une
« intégration » lorsque le type emprunte le chemin de la flèche vers le point de sécurité. Ces deux
phases concernent la nature profonde de l’être et non l’ego.
Cette indication supplémentaire va permettre de « prédire » certains comportements par rapport à
une base type. Elle permettra d’identifier les tendances d’une personne à emprunter une certaine
stratégie pour se sortir d’une situation stressante.
L’excès de désintégration va souvent pointer les aspects négatifs du point désigné par la flèche,
ressemblant alors à une problématique d’aliénation par rapport à soi. L’excès d’intégration pointera
les aspects positifs du point désigné par la flèche en explorant, au contraire, une dynamique de
libération.
Par exemple, une personne de type 7 (l’Optimiste) montrera un comportement excessif de profil 7
dans une situation de stress donnée. Si la tension monte, il aura tendance à se diriger vers les
aspects négatifs du point 1 (le Perfectionniste) ; il accentuera le jugement des autres et le sien, la
critique et l’intransigeance jusqu’à oublier l’enthousiasme du type 7.
À l’inverse, dans une situation positive, le type 7 se dirigera vers sa zone de confort et les aspects
bénéfiques du type 5 (l’Observateur) ; ils lui permettront d’expliquer le monde, de voir de manière
lucide et de se concentrer avec calme.
Ce mouvement (ou modèle d’explication de comportement) est souvent principal au moment
d’identifier le type. Néanmoins, chaque individu pourra développer d’autres stratégies selon sa
place dans le cercle (et les ailes comme nous allons le voir). Il faudra donc mesurer votre évaluation.
Dans l’exemple précédent, un type 7 avec un comportement de type 1 non-problématique ne sera
pas forcément en train de souffrir d’une « désintégration ». Si les réactions sont positives et montrent
les aspects bénéfiques du type 1, il s’agira surtout d’une bonne chose. Le 7 parvient en effet à se
libérer de son type et de ses tendances pour trouver une attitude plus adaptée à la situation.
Ainsi, les flèches devront toujours être considérées comme des liens, des mouvements de va-et-
vient qui n’ont rien à voir avec ces équivalences. Le tableau ci-dessous résume les possibilités de
chaque type selon qu’il est dans la phase de désintégration ou d’intégration :
TYPE DÉSINTÉGRATION INTÉGRATION
1 4 7
Perfectionnisme Originalité Optimisme
Fuite dans l’imaginaire Moins rigide
Culpabilité face à son Joyeux
irresponsabilité Accepte les choses comme elles
Incompris, humeur dépressive sont
Comportements autodestructeurs Voit ce qui marche et ce qui ne
marche pas
14
Module 3:
2 8 4
Aide envers les Recherche de pouvoir Originalité
autres Se plaint de ne pas recevoir ce À l’écoute de ses besoins
qu’il mérite matériellement ou en Recherche à s’exprimer
termes de reconnaissance singulièrement, de manière
Dominateur originale
Facilement en colère Besoin d’être apprécié pour ce
Vengeur qu’il est et pas pour ce qu’il fait
pour les autres
3 9 6
Quête de Quête d’harmonie Quête d’approbation
victoire Désengagement Prise en compte du groupe
Ralentissement du rythme Collaboration
Profil bas Fidélité et dévouement
Apathique (burn-out) Importance de la réussite
collective
4 2 1
Originalité Aide envers les autres Perfectionnisme
Aspect amical forcé Affirmation de soi
Exagération de son importance Efforts pour changer les
dans la vie des autres situations plutôt que de s’en
Scènes mélodramatiques plaindre
Capacité à entraîner les autres
5 7 8
Explication du Optimisme Recherche de pouvoir
monde Agitation Tient ses positions sans se replier
Insatisfaction Plus en contact avec son corps et
Quête de stimulation et ses instincts
d’expériences nouvelles Plus d’assurance et de
spontanéité
6 3 9
Quête Quête de victoire Quête d’harmonie
d’approbation Recherche de résultats à tout prix Plus de confiance dans son
Souci de son image instinct
Entrée en compétition Moins de méfiance envers la
Airs supérieurs nouveauté
Importance de l’harmonie
Entente placée au-dessus de
l’obéissance aux normes et aux
coutumes
15
Module 3:
7 1 5
Optimisme Perfectionnisme Explication du monde
Rigidité Réflexion en profondeur
S’impose des procédures qui le Réalisme
font souffrir Admet l’effort nécessaire pour
Fait la leçon, critique mener à bien une tâche difficile
Sérieux inaltérable Empathie
8 5 2
Recherche de Explication du monde Aide envers les autres
pouvoir En retrait pour établir une Prête attention aux besoins de
stratégie, gagner du temps, ses proches
recouvrer ses forces Amical
Calme et détachement Cesse de s’imposer brutalement
Solitaire
9 6 3
Quête Quête d’approbation Quête de victoire
d’harmonie Réactivité excessive aux Initiatives
demandes des autres Actions
Doute et pessimisme Capacité à se rendre intéressant,
Suspicions paranoïaques à se « vendre »
Il convient cependant d’ajouter la précision suivante. D’après l’expérience d’Helen Palmer, les
points dits de stress et de sécurité ne correspondent pas forcément à des aspects respectivement
positifs et négatifs.
Bien des théoriciens et pratiquants de l’ennéagramme expliquent qu’en développant les facteurs
d’intégration, le sujet pourra évoluer tout en diminuant les facteurs de désintégration. Cependant,
les deux cas (stress et sécurité/désintégration et intégration) peuvent apporter des aspects tant
négatifs que positifs.
Ainsi, tomber amoureux d’une personne qui partage les mêmes sentiments (situation de sécurité)
n’apportera pas obligatoirement le meilleur en matière de sécurité. La situation est simple mais elle
pourra susciter des angoisses ou des peurs liées à une précédente expérience.
Une situation de stress pourra survenir même en cas d’apparente sécurité. On remarque d’ailleurs
que bien des personnes éprouvent du stress précisément dans les situations dites de « sécurité ».
Ce sera donc à vous de déterminer le travail à faire à ce niveau, par exemple soumettre la personne
à un véritable stress en pratiquant simultanément une observation rigoureuse et distanciée.
Cette technique, combinant l’exploration d’une émotion négative tout en s’en détachant, rappelle
la pratique des cultes d’Apollon et de Dionysos dans le temple de Delphes pendant l’Antiquité. On
adorait tour à tour les deux dieux : Dionysos comme mystère féminin de la puissance émotive de la
terre, et Apollon comme principe des vertus masculines du soleil et de la clarté capable de
distanciation et de détachement.
16
Module 3:
Tantôt on s’abandonne à ses sensations et émotions, tantôt on les regarde avec détachement pour
les discerner. On remarquera qu’en étant vécue ainsi pleinement, la sensation de stress amènera
souvent naturellement à une distanciation salutaire.
 Activité
À vous de reproduire le schéma de l’ennéagramme avec les flèches reliant les points. Si vous êtes
déjà capable de vous identifier à l’une des dynamiques par rapport à un type et ses flèches, notez
vos remarques. Elles vous serviront à affiner ce que vous découvrirez sur vous-même et sur votre
rapport aux différentes situations de stress et de sécurité.
 Activité
À vous de jouer maintenant en imaginant ce qui pourrait se passer dans une situation donnée à
partir du tableau ci-dessus. Envisagez les 18 cas de figure par rapport à la situation suivante : un
homme rentre de voyage sans avoir prévenu son épouse à qui il veut faire une surprise, mais il
découvre en entrant dans l’appartement des vêtements masculins qui ne sont pas les siens. Quelles
seront les réactions possibles selon les 9 types de l’ennéagramme ?
1/ type 1 - désintégration dans le 4 : ... ; - intégration dans le 7 : ...
2/ type 2 - désintégration ...
 Éléments de réponse - Type 1
désintégration dans le 4 : fuite dans l’imaginaire ; culpabilité face à son irresponsabilité ;
incompris, humeur dépressive ; comportement autodestructeur ; etc.
intégration dans le 7 : moins rigide ; joyeux ; accepte les choses comme elles sont ; voit ce qui
marche et ce qui ne marche pas ; etc.
 Type 2
désintégration dans le 8 : recherche de pouvoir ; se plaint de ne pas recevoir ce qu’il mérite
matériellement ou en termes de reconnaissance ; dominateur ; facilement en colère ; vengeur ;
etc.
intégration dans le 4 : à l’écoute de ses besoins ; recherche à s’exprimer singulièrement, de
manière originale ; besoin d’être apprécié pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait pour les
autres ; etc.
 Type 3
désintégration dans le 9 : désengagement ; ralentissement du rythme ; profil bas ; apathique
(burn-out) ; etc.
intégration dans le 6 : prise en compte du groupe ; collaboration ; fidélité et dévouement ;
importance de la réussite collective ; etc.
 Type 4
désintégration dans le 2 : aspect amical forcé ; exagération de son importance dans la vie des
autres ; scènes mélodramatiques ; etc.
17
Module 3:
intégration dans le 1 : affirmation de soi ; efforts pour changer les situations plutôt que de s’en
plaindre ; capacité à entraîner les autres ; etc.
 Type 5
désintégration dans le 7 : agitation ; insatisfaction ; quête de stimulation et d’expériences
nouvelles ; etc.
intégration dans le 8 : tient ses positions sans se replier ; plus en contact avec son corps et ses
instincts ; plus d’assurance et de spontanéité ; etc.
 Type 6
désintégration dans le 3 : recherche de résultats à tout prix ; souci de son image ; entrée en
compétition ; airs supérieurs ; etc.
intégration dans le 9 : plus de confiance dans son instinct ; moins de méfiance envers la
nouveauté ; importance de l’harmonie ; entente placée au-dessus de l’obéissance aux normes et
aux coutumes ; etc.
 Type 7
désintégration dans le 1 : rigidité ; s’impose des procédures qui le font souffrir ; fait la leçon,
critique ; sérieux inaltérable ; etc.
intégration dans le 5 : réflexion en profondeur ; réalisme ; admet l’effort nécessaire pour mener
à bien une tâche difficile ; empathie ; etc.
 Type 8
désintégration dans le 5 : en retrait pour établir une stratégie, gagner du temps, recouvrer ses
forces ; calme et détachement ; solitaire ; etc.
intégration dans le 2 : prête attention aux besoins de ses proches ; amical ; cesse de s’imposer
brutalement ; etc.
 Type 9
désintégration dans le 6 : réactivité excessive aux demandes des autres ; doute et pessimisme ;
suspicions paranoïaques ; etc.
intégration dans le 3 : initiatives ; actions ; capacité à se rendre intéressant, à se « vendre » ;
etc.)

Une femme vient vous voir car elle souffre énormément de ne jamais pouvoir agir et donner son
avis comme elle l’entend. Elle vous parle ainsi de nombreuses situations au travail où elle n’arrive
pas à trouver la confiance pour s’exprimer. Elle finit toujours par feindre l’indifférence alors que ce
n’est pas du tout ce qu’elle ressent. Vers quel type dominant pensez-vous que cette femme
s’oriente ? Quels en seraient les points de désintégration et d’intégration ? Que pourriez-vous lui
recommander ?
18
Module 3:
Comme toujours, et même si vous avez deviné le type auquel elle appartient, arrangez-vous pour
qu’elle le découvre elle-même. Dans les prochains modules vous découvrirez un test et certaines
approches pour vous aider dans ce sens. Ici, il semblerait que cette femme ait une dominante de
type 6. Elle tombe dans les travers du type 3 par manque de confiance et d’approbation venant des
autres, mais peut développer cette confiance en se dirigeant vers le point 9. Vous devrez l’amener
tout d’abord à identifier ses 2 flèches. Vous explorerez ensuite ensemble les travers du type 3 (culte
de Dionysos) : son désir de vaincre, de gagner à tout prix et de maintenir une image forte d’elle-
même. Elle pourra ainsi arriver à la distanciation nécessaire pour se libérer de cet obstacle intérieur
(culte d’Apollon). Ce travail pourrait l’amener paradoxalement à faire ressortir ses instincts, sa
spontanéité et son aptitude à l’harmonie (points positifs du point 9) tout en rééquilibrant la
faiblesse de son profil 6 (recherche permanente de l’approbation des autres plutôt que de la
sienne). Proposez-lui de vivre ou de décrire tous les excès de sa situation de stress en les observant
- sous forme de méditation - et de les inscrire ensuite sous forme de notes ou de journal en fin de
journée.
Le type 3 ou « Le Battant »
 Mots-clés de ce que le 3 apprécie et ses grandes qualités
Gagner, réaliser, être fier de soi et de sa réussite, efficacité, activité, être occupé, la performance, la
confiance en soi, motiver autrui, remplir des missions, atteindre les objectifs, compétition, bien
vendre, mesurer sa progression, faire des affaires, faire attention à son apparence, montrer sa
réussite et ses succès, prestige, etc.
 En revanche, il n’aime pas
Parler des émotions ou des sentiments, être inactif, la lenteur, le manque d’efficacité, échouer,
patienter, attendre, etc.
 Sa problématique de l’enfance
Le type 3 aura eu très tôt la certitude qu’on ne le voit pas comme il est, mais uniquement pour ce
qu’il fait. Cette primauté de l’action va donc dissimuler un manque d’affection ou de
reconnaissance. On n’aurait aimé cet enfant que pour ses bonnes notes, ses réussites, ... L’image du
succès servira donc à camoufler toutes les insécurités.
19
Module 3:
À force de vouloir montrer ce qu’elles font dans le but de gagner, les personnes du type 3, habitués
à n’avoir de récompense affective qu’en cas de succès, vont aller jusqu’à oublier tous leurs
sentiments.
 Manifestations du déséquilibre
On remarque que le type 3 n’arrive à envisager une thérapie ou un travail sur lui-même qu’une fois
arrivé à bout de force physique, mentale ou psychique. Un deuil ou toute autre situation peut
mener la personne à ne plus pouvoir maintenir le rythme de la réussite ou des efforts à fournir pour
toujours gagner. Dès qu’une situation où les sentiments prendront le dessus surviendra, le type 3
éprouvera toutes sortes de difficultés pour maintenir cette poursuite du succès et de ses
apparences. Ce sera surtout le cas pour les personnes n’ayant jamais pris en compte leurs
émotions.
 Solutions pour évoluer
Plusieurs pistes sont à explorer pour lui permettre d’évoluer :
s’arrêter ou faire une pause et donner assez de temps aux émotions pour survenir
accepter d’avoir peur de l’inaction et le fait de se réfugier dans l’action permanente
prendre conscience des mécanismes et des automatismes dans les actions quotidiennes
identifier les moments où les rêves de succès se confondent avec la réalité plus simple et
sensorielle
cesser de fuir les problèmes ou les signes de manque de réussite ou d’échec
faire la différence entre un « moi » public et un « moi » privé
en remarquant que ce principe de réussite, ce réflexe pour être toujours parfait survient dans
tous les domaines de la vie (y compris dans une thérapie où le type 3 aura tendance à vouloir
être le patient parfait)
nommer ses sensations corporelles afin de pouvoir nommer les émotions qui y sont liées
distinguer l’action des sentiments et du ressenti
donner la priorité aux décisions venant des sentiments plutôt que des apparences ou de l’image
sociale
faire la différence entre mensonge et authenticité
affronter la réalité de soi, des autres, du monde
 Mises en garde
Pendant la période de prise de conscience et de changement du type 3, diverses réactions
pourraient survenir :
éprouver une confusion entre le réel et l’apparat, une émotion et l’apparence de l’émotion, ...
la course aux bons résultats, trouvant refuge dans l’action et parfois délaissant la thérapie pour
se consacrer à des choses qui semblent « plus efficaces »
envie d’occuper la place du professeur
20
Module 3:
pratiquer le détachement des émotions en permanence
impression de résoudre rapidement les problèmes
peur du vide intérieur
Toutes ces réactions devront toujours être rigoureusement observées par le sujet avec ses yeux
neutres d’observateur extérieur.
 Analogies et personnalités
On pourra comparer le type 3 à un battant cherchant toujours à se dépasser.
On pense aux personnalités comme John F. Kennedy, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Sharon
Stone ou Anne Sinclair.
 Activité
Pour vous aider à bien comprendre le type 3, faites une fiche récapitulative comprenant autant de
dimensions possibles et même d’exemples tirés des observations quotidiennes que vous ferez
autour de vous.

Un jeune homme très ambitieux vient vous parler des crises de panique qu’il éprouve depuis
quelque temps. Il a trente ans et vient juste de perdre, coup sur coup, son père d’une crise
cardiaque et sa mère qui souffrait d’un cancer depuis des années. Il avoue avoir été affecté mais ne
pas avoir fléchi pour autant, continuant à être le fils dont ils seraient fiers aujourd’hui. Tout lui
sourit sur les plans professionnel, matériel et même affectif puisqu’il va se marier prochainement
avec une jeune fille vraiment très bien qui connaît, elle aussi, la réussite. Néanmoins, depuis
quelques semaines, il est pris de crises terribles qu’il ne s’explique pas. Son cœur s’emballe, son
corps tremble et il ressent une grande peur. Ces crises d’angoisse prennent de plus en plus
d’ampleur, et il s’avère qu’il est incapable d’aller travailler depuis deux jours. Qu’allez-vous lui
conseiller ?
21
Module 3:
Il faudra commencer par le rassurer en lui expliquant que l’ennéagramme va l’aider à affronter ces
peurs qui le paralysent. Cependant il faudra qu’il soit prêt à accepter une autre réalité que celle
qu’il pense vivre. Vous l’amènerez progressivement à s’identifier au type 3. En guise d’exercice,
vous lui proposerez d’observer toutes ses sensations physiques, notamment pendant les crises
d’angoisse. Dans un deuxième temps, vous lui suggérerez de relier ces sensations à des sentiments.
Il faudra en effet s’assurer que toutes les émotions liées à la perte de ses parents ont été explorées,
de manière à ce que le deuil soit bien fait. Conseillez-lui des exercices quotidiens de méditation (sur
la respiration) afin de revenir au moment présent. Il lui faudra d’abord vivre ses émotions avant
d’arriver à observer le décalage qui existe entre l’image de réussite qu’il a de lui-même et qu’il
donne, et la réalité de sa douleur, de ses émotions et affections. L’orienter vers les qualités du type
6 – en intégration – lui permettra d’accepter ses faiblesses, sa vulnérabilité, sa sensibilité, etc.
22

Enneagramme Module 3

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