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‫الجمهوريـة الجزائريـة الديمقراطية الشعبيـة‬

‫وزارة الموارد المائيـة‬


‫المدرسة العليا لمناجمت الموارد المائية‬

Le Droit Fiscal Face Au


Droit Comptable
Formation du personnel de SPA SEOR
période du 24/02/2013 AU 28/02/2013

Formation animée par Mr SEGHIER M’hamed

28/02/2013
Contenu
1 Le droit comptable et ses principes ; ....................................................................................... 3
1.1 Les sources du droit comptable : ..................................................................................... 4
1.1.1 Le droit commercial ................................................................................................. 4
1.1.2 Le droit fiscal ............................................................................................................ 5
1.1.3 La réglementation comptable .................................................................................. 5
1.2 Les grands principes comptables usuels : ........................................................................ 6
1.2.1 Périodicité ................................................................................................................ 6
1.2.2 Indépendance des exercices .................................................................................... 6
1.2.3 Principe d’importance relative : ............................................................................... 7
1.2.4 Principe de prudence ............................................................................................... 7
1.2.5 Principe de permanence des méthodes................................................................... 7
1.2.6 Les règles générales d’évaluation : .......................................................................... 8
1.2.7 Non-compensation .................................................................................................. 8
1.2.8 Image fidèle ............................................................................................................. 8
1.2.9 Intangibilité du bilan d’ouverture ............................................................................ 8
1.2.10 Prééminence de la réalité économique sur l’apparence juridique .......................... 9
1.3 Les conventions comptables de base: ............................................................................. 9
1.3.1 Le principe de Continuité d’exploitation .................................................................. 9
1.3.2 Le principe de comptabilité d’engagement (ou comptabilité d’exercice -
comptabilité des droits constatés) .......................................................................................... 9
1.3.3 Convention de l’unité monétaire : ........................................................................... 9
1.3.4 Convention de l’entité ........................................................................................... 10
1.4 Caractéristiques qualitatives de l'Information financière .............................................. 10
1.4.1 L’intelligibilité :....................................................................................................... 10
1.4.2 La pertinence : ....................................................................................................... 10
1.4.3 La fiabilité : ............................................................................................................ 10
1.4.4 La comparabilité : .................................................................................................. 10
2 Le droit fiscal, ses sources et ses principes ............................................................................ 10
2.1 Les sources du droit fiscal : ............................................................................................ 11
2.1.1 La constitution : ..................................................................................................... 12
2.1.2 Les conventions fiscales internationales : .............................................................. 12
2.1.3 La loi :..................................................................................................................... 13
2.1.4 Le règlement : décrets et arrêtés : ....................................................................... 13

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2.1.5 La jurisprudence : .................................................................................................. 13
2.1.6 La doctrine : ........................................................................................................... 14
2.2 Les principes fondamentaux du droit fiscal : ................................................................. 14
2.2.1 Le principe de légalité et de l’annualité de l’impôt : .............................................. 14
2.2.2 Le principe d’égalité : ............................................................................................ 14
2.2.3 Principe de non rétroactivité : ............................................................................... 15
2.2.4 Primauté de l’intérêt général: ................................................................................ 15
3 Interdépendance et points de divergences entre les règles comptables et les règles fiscales.
15
3.1 L’interdépendance du droit fiscal et du droit comptable : ............................................ 16
3.1.1 Portée fiscale des principes comptables : .............................................................. 16
3.1.2 Portée comptable des règles fiscales : ................................................................... 23
3.2 Les divergences vues sous l’onglet de l’originalité du droit fiscal : ................................ 26
3.2.1 L’autonomie du patrimoine générateur du bénéfice imposable : ......................... 26
3.2.2 L’autonomie fiscale dans l’appréhension du bénéfice : ......................................... 27
3.2.3 L’autonomie fiscale dans l’appréciation de la déductibilité des charges : ............. 29

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1 Le droit comptable et ses principes ;

En Algérie et jusqu’en 1962, c’est la technique comptable française qui


prenait sasource dans le droit et les usages français (droit commercial, droit
fiscal, réglementation….) qui avait cours. Au lendemain de l’indépendance, elle a
continué à prévaloir. Lestextes juridiques français ayant été reconduits sauf dans
leurs dispositions contraires à lasouveraineté nationale.

En fin de compte, ce n’est qu’en 1975 que les contours du droit


comptableapparaissent avec la promulgation de l’ordonnance portant code de
commerce et celleportant PCN. Il faut noter également qu’avec le développement
économique à la faveurdes différents plans de développement, les pouvoirs publics
conscients de l’importance etdu rôle du système d’information et du souci de sa
fiabilité, ont promulgué en 1971 uneordonnance régissant la profession d’experts
comptables et comptables agrées qui visait laformation en nombre suffisant
d’experts comptables qui devaient organiser et prendre encharge les comptabilités
des sociétés nationales et d’en assurer la fiabilité. Les résultats nefurent pas à la
hauteur de l’objectif assigné, peu d’experts comptables furent formés et lepremier
examen final ne fût organisé en Algérie qu’en 1981.

Toutefois, l’intérêt pour cette profession est réapparu avec les réformes
économiques et les prémices à son nouveau développement et son essor sont
apparu avecla loi n 91-08 du 25 avril 1991 relative à la profession d’experts
comptables agréés etcommissaires aux comptes.

Depuis, ces textes n'ont connu aucune modification ni révision significatives


alorsqu'en parallèle, les changements opérés sur les plans financiers et
économiques sontnombreux. En d'autres termes, les textes élaborés dans un
contexte d'économie administréesont devenus caducs. D'où l'engagement d'une
réforme du Plan comptable national par leMinistère des Finances et l'élaboration
d’une nouvelle loi portant systèmecomptable financier. Ce dernier est marqué par
quatre principales avancées. En apportantun changement sur «le choix de la
solution internationale qui rapproche notre pratiquecomptable de la pratique
universelle», et une énonciation de manière plus explicite desprincipes et des
règles devant guider l'enregistrement comptable des transactions.

Pour atteindre les objectifs qui lui ont été assignés, la comptabilité a fait
l'objetd'une réglementation précise conduisant à la naissance d'un droit comptable
spécifique.

Comme les autres branches du droit, le droit comptable repose sur un


ensemble de règlesformelles hiérarchisées dont les sources sont légales,

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réglementaires, jurisprudentiellesvoire doctrinales. Ces sources constituent le
cadre juridique de la normalisation comptable.

Afin d’assurer la fiabilité des informations fournies aux nombreux


utilisateurs del'entreprise : actionnaires, salariés, partenaires, administration
fiscale. Un certain nombrede principes doivent être observés. Ainsi une
représentation construite d’une entreprise nepeut être faite comptable ment
parlant qu’à travers un respect strict desdits règles etprincipes.

1.1 Les sources du droit comptable :

Les sources du droit comptable n’ont à priori rien d’exceptionnel comme


toutes lesbranches du droit qui puisent en effet les normes le constituant dans
différents textes entrelesquels une hiérarchie peut être établie et qui est la suivante

 Traités internationaux,
 Textes législatifs : lois et ordonnances,
 Textes réglementaires : décrets et arrêtés,
 Jurisprudence : d’une importance relative puisque souvent le juge ne
seprononce que sur des aspects qui sont déjà prévus par une loi ou un
règlement(décret ou arrêté), il ne fait que les interpréter afin de les éclaircir,
 La doctrine : ensemble des opinions émises par un certain nombre
d’organismespublics ou professionnels : l’ordre des experts comptables,
commissaires auxcomptes et comptables agréés. Ainsi que les auteurs et les
commentateurs destextes législatifs ou règlementaires, lorsqu’en principe
cette doctrine exerce uneinfluence sur le législateur ou sur l’opinion du juge.

En Algérie, parmi les sources de la comptabilité, il y en a trois principales:

1.1.1 Le droit commercial

C’est dans les articles 9 à 18 du code de commerce promulgué par


l’ordonnance n°75-09 du 26 septembre 1975, modifié et complété par le décret
législatif n° 93-08 du 25avril 1993 régissant les livres de commerce, que la tenue
de comptabilité est encadrée etl’ordonnance n° 96-27 du 9 décembre 1996 en ce
qui concerne l’article 10 du présent code.

Ces textes sont de portée générale et s’appliquent à tous les commerçants qui
sevoient sévèrement sanctionnés par le rejet de la comptabilité en cas d’absence
de livreslégaux. En effet, il ne suffit pas d’affirmer un fait, il faut pouvoir aussi le
prouver et quoide plus probant qu’un livre légal, en l’occurrence le journal pour
étayer ses affirmations,

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Parce que seul, il décrit les opérations effectuées par l’entreprise de façon
chronologique etprécise. D’une façon générale, le droit commercial est marqué de
la nécessité de considérerla comptabilité comme moyen de preuve entre les parties
de protection des tiers.

Toutefois, si l’ordonnance de 1975 est empruntée de la volonté du


législateurd’imposer des obligations comptables aux dirigeants des sociétés
commerciales, le décretlégislatif de 1993, tout en maintenant cette tendance, a
essayé d’introduire une meilleureinformation des associés.

1.1.2 Le droit fiscal

L’autonomie du droit comptable, n’exclut en aucun cas, le recours à la


fiscalité quiconstitue un support juridique que trouve le contribuable dans des
circonstancesparticulières où la comptabilité n’a pas prévu un principe ou une
règle comptable. C’est lecas notamment des différents systèmes d’amortissement et
de l’imposition des plus-values, des taux des différents impôts et taxes et des
modalités de comptabilisation et de déductionde certaines charges…etc.

Le contribuable pressé par une administration fiscale n’ayant en face d’elle


aucuninterlocuteur valable, essaiera de dresser l’étreinte fiscale en développant
des paradess’appuyant sur le seul moyen à sa disposition, à savoir sa comptabilité.
Mais, même celui-cis’avère inopérant puisque l’administration s’en est accaparée
pour en faire un instrumentaussi bien de pression que de séduction :

 instrument de pression quand elle refuse d’admettre la déductibilité


denombreuses charges d’exploitation même dûment justifiées ;
 instrument de séduction, surtout depuis l’avènement de la réforme fiscale
enaccordant des avantages fiscaux tels ceux liés à la réévaluation des
immobilisations,l’introduction d’amortissements autres que linéaires,
bénéfice du taux réduit,provisions réglementées…etc.

1.1.3 La réglementation comptable

Les pouvoirs publics, dans leur souci d’algérianiser les textes et d’adopter
cet outilà l’opinion de développement économique, ont initié une normalisation de
la comptabilitépar l’adoption du PCN par ordonnance n° 75-35 du 29 avril 1975
et l’arrêté du 23 juin dela même année relatif à ses modalités d’application.

D’autres actions impulsées par le conseil supérieur de la technique


comptable, ontpermis d’avancer les travaux de finalisation des plans comptables
sectoriels qui constituentde véritables guides comptables professionnels renforçant
la normalisation comptable.

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En avril 1991, la loi n° 91-08 est également venue préciser les
domainesd’intervention des professionnels.

Ces nouveaux textes sont venus combler le vide laissé par les différentes
sourcesclassiques du droit.

Du fait que l’économie internationale tend vers la mondialisation, les


pouvoirspublics ont élaboré une législation favorable à l’ouverture du commerce
extérieur et àl’économie de marché. Cependant, la réglementation comptable doit
s’adapter à ce nouvelenvironnement en adoptant une normalisation proche des
directives internationales.

Toutefois, avec l’avènement du nouveau système comptable financier, il y


aura unbouleversement des repères de la comptabilité algérienne, les normes
comptablesinternationales relégueront les sources nationales en seconde position
et cela, pour érigeren principe de base pour la préparation et l’établissement des
états financiers, le principede prédominance de la substance sur l’apparence.
D’où l’importance d’analyser cettecatégorie de source.

1.2 Les grands principes comptables usuels :

La comptabilité financière s’appuie sur un certain nombre de principes.

Le SCF a retenu un certain nombre de principes comptables applicables ce


sont :

1.2.1 Périodicité

Un exercice comptable a normalement une durée de douze mois couvrant


l’année civile ; une entité peut être autorisée à avoir un exercice se clôturant à une
autre date que le 31 décembre dans la mesure où son activité est liée à un cycle
d’exploitation incompatible avec l’année civile

Dans les cas exceptionnels où l’exercice est inférieur ou supérieur à 12 mois


et notamment en cas de création ou de cessation de l’entité en cours d’année ou en
cas de modification de la date de clôture, la durée retenue doit être précisée et
justifiée’

1.2.2 Indépendance des exercices


Le résultat de chaque exercice est indépendant de celui qui le précède et de
celui qui le suit ; pour sa détermination, seuls lui sont imputer les opérations et
événements qui lui sont propres

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Tout événement ayant un lien direct et prépondérant avec une situation
existant à la date de la clôture des comptes d’un exercice, est connu entre cette
date et celle de l’approbation des comptes dudit exercice, doit être rattaché à
l’exercice clos

Si un événement se produit après la date de clôture de l’exercice et n’affecte


pas la situation de l’actif ou du passif de la période précédant l’approbation des
comptes, aucun ajustement n’est à effectuer. Cet événement doit faire l’objet
d’une information dans l’annexe s’il est d’une importance telle qu’il pourrait
affecter les décisions des utilisateurs des états financiers.

1.2.3 Principe d’importance relative :

Les états financiers mettent en évidence toute information significative, c’est


à dire toute information pouvant avoir une influence sur le jugement que les
utilisateurs de l'information peuvent porter sur l’entité

Les montants non significatifs peuvent être regroupés avec des montants
correspondant à des éléments de nature ou de fonction similaires

L’image fidèle des états financiers doit être traduire de la connaissance que
les dirigeants ont de la réalité et de l’importance relative des événements
enregistrés

1.2.4 Principe de prudence

La comptabilité doit satisfaire au principe de prudence impliquant


l’appréciation raisonnable des faits dans des conditions d’incertitude afin d’éviter
le risque de transfert, sur l’avenir, d’incertitudes présentes susceptibles de grever
le patrimoine ou le résultat de l’entité

Les actifs et les produits ne doivent pas être surévalués, et les passifs et les
charges ne doivent pas être sous-évalués

L'application de ce principe de prudence ne doit pas conduire à la création


de réserves occultes ou de provisions excessives

1.2.5 Principe de permanence des méthodes

La cohérence et la comparabilité des informations comptables au cours des


périodes successives impliquent une permanence dans l'application des règles et
méthodes relatives à l’évaluation des éléments et à la présentation des
informations

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Toute exception au principe de permanence des méthodes ne peut être
justifiée que par la recherche d’une meilleure information ou par un changement
de la réglementation.
1.2.6 Les règles générales d’évaluation :

La méthode d’évaluation des éléments inscrits en comptabilité est fondée en


règle générale sur la convention des coûts historiques. Cependant il est procédé
dans certaines conditions fixées par le présent règlement et pour certains éléments
à une révision de cette évaluation sur la base :

 de la juste valeur (ou coût actuel) ;


 de la valeur de réalisation ;
 de la valeur actualisée (ou valeur d’utilité).

1.2.7 Non-compensation

Aucune compensation n’est possible entre un élément d’actif et un élément


de passif, ni entre un élément de charge et un élément de produit, sauf si cette
compensation est effectuée sur des bases légales ou contractuelles, ou si, dès
l’origine, il est prévu de réaliser ces éléments d’actif et de passif de charge et de
produit simultanément ou sur une base nette.

1.2.8 Image fidèle

L’image fidèle des états financiers doit traduire la connaissance que les
dirigeants ont de la réalité et de l’importance relative des évènements enregistrés.

Dans le cas où l’application d’une règle comptable se révèle impropre à


donner une image fidèle de l’entité, les motifs doivent être mentionnés dans
l’annexe aux états financiers.

Aucun traitement comptable inapproprié ne peut être corrigé par une


indication des méthodes comptables utilisées, par des informations en annexe ou
d’autres états explicatifs.

1.2.9 Intangibilité du bilan d’ouverture

Le bilan d’ouverture d’un exercice correspond au bilan de clôture de


l’exercice précédent.

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1.2.10 Prééminence de la réalité économique sur l’apparence juridique

Les opérations sont enregistrées en comptabilité et présentées dans les états


financiers conformément à leur nature et à leur réalité financière et économique,
sans s’en tenir uniquement à leur apparence juridique.

1.3 Les conventions comptables de base:


1.3.1 Le principe de Continuité d’exploitation

 Les états financiers sont établis sur une base de continuité


d’exploitation, c’est à dire en présumant que l’entité poursuivra ses
activités dans un avenir prévisible, à moins que des événements ou des
décisions survenus avant la date de publication des comptes rendent
probable dans un avenir proche la liquidation ou la cessation
d’activité
 Lorsque les états financiers ne sont pas établis sur cette base, les
incertitudes quant à la continuité d’exploitation sont indiquées et
justifiées, et la base sur laquelle ils ont été arrêtés est précisée en
annexe

1.3.2 Le principe de comptabilité d’engagement (ou comptabilité d’exercice -


comptabilité des droits constatés)

 Les effets des transactions et autres événements sont comptabilisés sur


la base d’une comptabilité d’engagement, au moment de la
survenance de ces transactions ou événements.
 Ils sont présentés dans les états financiers des exercices auxquels ils se
rattachent.

1.3.3 Convention de l’unité monétaire :


Chaque entité doit respecter la convention de l’unité monétaire

L’unité de mesure unique pour enregistrer les transactions d’une entité est le
dinar algérien.

Le dinar algérien est l’unité de mesure de l’information véhiculée par les


états financiers.

Seules les transactions et évènements susceptibles d’être quantifiés


monétairement sont comptabilisés ; cependant les informations non quantifiables
mais pouvant avoir une incidence financière sont également mentionnées dans les
états financiers.

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1.3.4 Convention de l’entité

L’entité est considérée comme étant une unité comptable autonome et


distincte de ses propriétaires.

La comptabilité financière est fondée sur la séparation entre les actifs,


passifs, charges et produits de l’entité et ceux des participants à ses capitaux
propres ou de ses actionnaires.

Les états financiers de l’entité ne doivent prendre en compte que les


transactions de l’entreprise, et non celles des propriétaires.

1.4 Caractéristiques qualitatives de l'Information financière


1.4.1 L’intelligibilité :

Qualité d’une information lorsqu’elle est facilement compréhensible par tout


utilisateur ayant une connaissance raisonnable des affaires et des activités
économiques et de la comptabilité et ayant la volonté d’étudier l’information d’une
façon raisonnablement diligente

1.4.2 La pertinence :

Qualité de l’information lorsqu’elle peut influencer les décisions


économiques des utilisateurs en les aidant à évaluer des événements passés,
présents ou futurs ou en confirmant ou corrigeant leurs évaluations passées.
1.4.3 La fiabilité :

Qualité de l’information lorsqu’elle est exempte d’erreur et de préjugé


significatifs et que les utilisateurs peuvent lui faire confiance pour présenter une
image fidèle de ce qu’elle est censée présenter ou de ce qu’on pourrait s’attendre
raisonnablement à la voir représenter
1.4.4 La comparabilité :

Qualité de l’information lorsqu’elle est établie et présentée dans le respect de


la permanence des méthodes et permet à son utilisateur de faire des comparaisons
significatives dans le temps et entre entités

2 Le droit fiscal, ses sources et ses principes

C'est parce qu’il met en jeu l’Etat lui-même, le droit fiscal est une branche du
droitpublic permettant la participation des sujets de droit (aussi bien personnes

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physiques quepersonnes morales) à l’organisation financière de l’Etat et à
l’expression de la politiqueéconomique et sociale(1).

L'impôt joue donc un rôle important puisque non seulement c’est la pompe
quialimente régulièrement les caisses de l'Etat, mais il constitue également un
instrumentd'intervention économique à travers son rôle de régulateur
conjoncturel, en d'autres termes.

Il permet la régulation des grands équilibres : lutter contre l'inflation,


stimuler l'activité,contribuer au plein emploi…etc. Bien que l'expérience a
démontré qu'il faut être naïf pourcroire que le seul fait de baisser l'impôt va inciter
les entrepreneurs à investir davantage oule seul fait de le rehausser va les
dissuader de se lancer dans une activité bien définie, iln'en demeure pas moins que
s'il est lancé avec d'autres instruments d'actions dans unepanoplie plus vaste de
mesure, ce dernier peut avoir un rôle beaucoup plus décisif à jouer.

Par ailleurs, on a attribué à l'impôt une fonction plus délicate et qui est celle
de laredistribution sociale. La fiscalité constitue un instrument privilégié pour
mener une actionsur les structures sociales en opérant un nivellement social aux
moyens d'impôtsprogressifs sur les revenus et sur les concessions et de détaxation
des produits de premièrenécessité afin de protéger les catégories sociales les plus
démunies. Une autre technique estégalement utilisée et qui consiste à transférer
une partie des impôts collectés au profit decertaines catégories sociales sous forme
de subventions, allocations sociales, aides diverses…etc.

Ces fonctions importantes que recouvre le droit fiscal font de lui, d’une
part,Une discipline juridique par excellence, qui se manifeste par une utilisation
intensive destechniques législatives et réglementaires et par la prolifération des
textes de toutes natureset, d’autre part, un ensemble de modèles de comportement
– de normes- qui visent à régirle domaine d’intervention des agents du fisc et les
droits et obligations des contribuables.

2.1 Les sources du droit fiscal :

Le droit fiscal est une branche du système juridique algérien. Par


conséquent, il en épouse les particularités que forme son caractère essentiellement
écrit. Il reproduit chaque degré de la hiérarchie des normes « chacune d’elle
devant être conforme à toutes les règles qui lui sont supérieures » mais il l’a
complète aussi par une doctrine administrative rare au niveau national, mais
abondante au niveau international. L’analyse de cette hiérarchie commence par le
sommet qu’est la constitution.

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2.1.1 La constitution :

Lors de l’élaboration d’une loi, le parlement est tenu de respecter la


constitution. A défaut, le conseil constitutionnel est là, s’il est saisi, pour le lui
rappeler, en invalidant la disposition qui n’est pas conforme à la constitution.

C’est ainsi que les dispositions relatives à l’impôt et aux fondements de


l’obligation fiscale s’imposent à toutes les autres sources du droit fiscal qui
doivent être conforme à la constitution.

La constitution algérienne de 1996 contient les dispositions relatives :

 Au devoir fiscal du citoyen (article 64).


 A la règle de l’équité fiscale (article 64).
 A l’autorité compétente pour instituer un impôt, définir son assiette et
fixer son taux (article64).
 A l’égalité des citoyens devant l’impôt (article 64)
 A la procédure d’adoption des conventions internationales
(article74).

2.1.2 Les conventions fiscales internationales :

Apparues à compter de 1843(1), les conventions fiscales internationales sont


des traités conclus entre Etats, en vue de définir les règles d’imposition des
revenus qu’un citoyen de l’un des états réalise dans l’autre état. Et ce lorsqu’il y a
un télescopage des deux législations fiscales nationales impliquant, par
conséquent, une double imposition d’un même revenu.

Ces conventions visent non seulement à atténuer, voire éradiquer, le


phénomène de double imposition, mais également à lutter contre la non-
imposition, en éliminant les vides juridiques qui peuvent apparaître dans
l’articulation de deux systèmes juridiques et qui peuvent donner lieu à des brèches
que certains contribuables astucieux ou bien conseiller peuvent saisir, afin de
minimiser leur imposition.

Pour atteindre les objectifs affichés, les moyens employés par les conventions
sont de trois

 L’élaboration de définitions communes ;


 La définition de clés de l’attribution de la recette fiscale ;
 L’échange d’informations entre administrations fiscales.

Enfin, une fois ratifiées, ces conventions ont une autorité supérieure à celle
des lois, sous réserve de leur application par l’autre partie. Elles trouvent à
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s’appliquer lorsqu’elles n’aboutissent pas à une imposition plus lourde que celle
résultant de l’application du régime de droit commun et ce en vertu du principe de
non discrimination et de la règle de non aggravation.
2.1.3 La loi :

La constitution et en vertu de son article 64, attribue la matière fiscale au


parlement. Ainsi, l’impôt relève du domaine de la loi. Par conséquent, aucune
imposition et quelle que soit sa nature ne peut être prise par un texte infra
législatif que ce soit un décret, un arrêté ou une circulaire.

Cette compétence s’exerce le plus souvent par le biais de lois ordinaires.


Toutefois, le législateur peut insérer des mesures à caractère fiscal dans les lois de
finances(3).

2.1.4 Le règlement : décrets et arrêtés :

Le parlement n’a ni le temps ni les moyens pour exercer pleinement la


compétence que l’article 64 de la constitution lui confère en matière fiscale. Des
lors, au lieu de fixer toutes les règles, la loi se contentera de construire
l’architecture du régime des impositions de toutes natures, laissant ainsi au
pouvoir réglementaire, le soin de préciser les détails du dit régime. Par
conséquent. Le règlement fiscal est essentiellement un règlement d’application.

2.1.4.1 Les décrets :

Les décrets relèvent de la compétence du président de la République. Ils sont


pris soit en vertu d’une délégation d’une loi fiscale ou d’une loi de finances, soit
en vertu des pouvoirs généraux de réglementation qui sont conférés à la fonction
de président de la République par la constitution. Dans le domaine fiscal, les
décrets présidentiels sont pris en exécution des lois fiscales.

2.1.4.2 Les arrêtés :

La réglementation par voie d’arrêté se limite en matière fiscale au pouvoir


dont dispose le ministre pour prendre des arrêtés de taxation.

2.1.5 La jurisprudence :

La jurisprudence constitue une source d’enrichissement du droit par le fait


qu’elle l’interprète pour l’appliquer d’une part et quelle est tenue d’apporter une
solution au litige même en présence d’un vide juridique. Dans son deuxième
aspect, la jurisprudence peut précéder à l’élaboration de la loi et à l’influencer :
ainsi, de nombreuses lois viennent consacrer une position jurisprudentielle ; mais
l’inverse aussi peut exister.

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N’étant pas diffusée la jurisprudence algérienne ne joue pas le rôle qui
devrait être le sien dans la formation du droit fiscal algérien.

2.1.6 La doctrine :

► La doctrine administrative :

La doctrine administrative est conçue par les bulletins officiels de la


Direction des Impôts, les réponses ministérielles ainsi que les réponses adressées
par les autorités fiscales aux questions posées par les contribuables.

► La doctrine auteurs:

La doctrine des auteurs est toujours utile à la diffusion d’une culture fiscale,
elle comporte les écrits des professeurs de droit et les opinions émises par les
auteurs et commentateurs des textes législatifs ou réglementaires. Elle peut
lorsqu’elle est dotée d’une logique, aider à interpréter des textes et faire un contre
poids, bien que de portée pratique limitée, par rapport à la doctrine
administrative.

2.2 Les principes fondamentaux du droit fiscal :

Ils sont en nombre de quatre :

2.2.1 Le principe de légalité et de l’annualité de l’impôt :

La constitution impose que l’essentiel des règles formant le droit fiscal soit
définit par la loi. Cette idée découle directement du principe du consentement à
l’impôt, elle est aujourd’hui inscrite à l’article 64 de la constitution qui fixe les
compétences du législateur.

Ensuite, l’idée que l’impôt doit être régulièrement consenti s’affirme avec le
principe de l’annualité qui astreint l’administration à avoir un consentement
préalable des représentants du peuple pour percevoir l’impôt. Cette obligation est
aujourd’hui inscrite à l’article 3 de la loi 84-17 du 7 juillet 1984 qui préconise que
« la loi de finances de l’année prévoit et autorise, pour chaque année civile,
l’ensemble des ressources et des charges de l’état ainsi que les autres moyens
financiers destinés au fonctionnement des services publics et à la mise en œuvre du
plan annuel de développement ».

2.2.2 Le principe d’égalité :

Principe général du droit(1), avant même d’être celui de la fiscalité celui-ci


est devenu une règle écrite et son contenu est très spécifique en matière fiscale
puisqu’il épouse en effet deux sous principes :

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 14


 L’équité horizontale selon laquelle le même régime doit être appliqué à
toutes les personnes qui se trouvent dans des situations identiques.
 L’équité verticale selon laquelle l’Etat doit prélever l’impôt
proportionnellement aux facultés contributives des citoyens en vue de la
couverture des charges publiques.

2.2.3 Principe de non rétroactivité :

Bien qu’il n’a qu’une valeur législative en droit français (c'est-à-dire que le
principe de non rétroactivité n’est pas reconnu comme principe général en droit
fiscal puisqu’il ne figure qu’à l’article 2 du code civil et peut par conséquent être
contre dit par un texte de loi). Ce dernier est bel et bien reconnu comme principe
fondamental du droit fiscal algérien ayant une valeur constitutionnelle qui
s’oppose à ce qu’une disposition fiscale ait un caractère rétroactif, sauf pour ce
qui est des textes rétroactifs dont l’application ne peut qu’être favorable au
contribuable et ne représente par conséquent aucun mal en soi.

2.2.4 Primauté de l’intérêt général:

Dans un but d’intérêt général le droit fiscal a des dispositions et des


privilèges exorbitants comparativement au droit commun. Par conséquent, il est
libre de définir ses propres concepts ou de dégager une signification propre d’un
concept préexistant dans une autre branche du droit : la notion de domicile fiscal,
par exemple ne recouvre pas exactement les mêmes contours que la notion civiliste
du domicile(1). Toutefois, en l’absence d’un texte de loi affirmant cette
indépendance, l’administration fiscale est tenue de se soumettre au droit commun
ce qui limite relativement son autonomie.

3 Interdépendance et points de divergences entre les règles


comptables et les règles fiscales.

La relation entre la comptabilité et la fiscalité s’est toujours caractérisée par


une interdépendance, mais aussi par une autonomie qui ne pourrait être que
relative. Il est vrai que les règles fiscales règnent sur les règles comptables du fait
que la fiscalité s’appuie largement sur la comptabilité, faisant de cette dernière un
de ses instruments favoris. Mais la comptabilité sous les contraintes économiques
tend à se détacher du joug de la fiscalité.

Affirmant de plus en plus l’existence de deux langages comptables celui du


droit fiscal et celui du droit comptable.

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 15


3.1 L’interdépendance du droit fiscal et du droit comptable :

Comptabilité et fiscalité sont étroitement liées l’une à l’autre. Bien que le


droit fiscal algérien ne se soit pas exprimé clairement sur cette relation, on peut
affirmer par déduction « vue que la fiscalité et la comptabilité algériennes
s’inspirent énormément de la législation française » que le droit fiscal algérien est
largement construit sur un alignement de ses principes et de ses règles sur ceux du
droit comptable. Cette liaison s’exprime également par le fait que la comptabilité
doit reconnaître et traduire l’incidence dans les comptes sociaux des dispositions
ou des situations fiscales particulières.

3.1.1 Portée fiscale des principes comptables :

En l’absence d’un texte de loi ou d’une réglementation qui permet au droit


fiscal de présenter des dispositions ou de donner des définitions qui dérogent de
celles retenues par le droit comptable, le droit fiscal est contraint d’harmoniser ses
solutions avec celles du droit comptable. Cette cohérence entre les deux disciplines
s’illustre par l’examen des principes comptables suivants :

 Le principe de la comptabilité d’engagement ;


 Le principe d’indépendance des exercices ;
 La distinction entre immobilisation, stock et frais généraux ;
 Le principe du nominalisme monétaire ;
 Le principe de distinction des erreurs comptables et des décisions de gestion.

3.1.1.1 Le principe de la comptabilité d’engagement :

Si dans la fiscalité des ménages le revenu imposable est déterminé à partir


d’une comptabilité de caisse « encaissements – décaissements », il n’en est pas le
cas pour la fiscalité de l’entreprise où le bénéfice imposable se détermine à partir
d’une comptabilité d’engagement de produits et des charges, ce qui veut dire que
les créances correspondant à des ventes ou à des prestations de services ne sont
comptabilisées qu’à la date de l’exécution de l’obligation correspondante. La
règle générale retenue est celle de l’enregistrement des ventes à la vue des
factures. C'est-à-dire après la livraison du bien ou l’achèvement de la prestation
de service. Si cette règle n’est pas respectée le dirigeant encourt des sanctions
pénales de distribution de dividendes fictifs et de présentation de comptes infidèles.

La fiscalité suit la comptabilité sur le fondement de ce principe qui enregistre


les créances dès qu’elles sont acquises et les dettes dès qu’elles sont nées. Ainsi,
c’est on fonction de ce principe que l’on déterminera à quel moment un bénéfice
est considéré comme réalisé et peut être distribué après avoir été soumis à l’impôt.

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► Notion de créance acquise :

La créance doit, tout d’abord, être certaine dans son principe. Toutefois, des
difficultés d’application peuvent surgir dans certains cas. Lorsqu’une créance est
affectée d’une condition, une vente qui est assortie d’une condition suspensive par
exemple implique que la créance ne devient certaine qu’à la date de réalisation de
cette condition, par conséquent elle ne sera imposable qu’au titre de l’exercice de
sa réalisation. Par contre, une vente assortie d’une condition résolutoire est
immédiatement imposable vue que la vente est définitive dès la signature du
compromis et si la condition se réalise dans le futur, la vente peut-être résiliée.

Ensuite, la créance doit être déterminée dans son montant, la circonstance


que le montant d’une créance ne soit pas connu avec une complète précision ne
s’oppose pas nécessairement à la prise en compte immédiate de cette créance,
c’est uniquement lorsque une créance certaine dans son principe, dont les
modalités de calcul sont connues, mais dans la base à laquelle le calcul s’applique
n’est pas déterminée, que cette créance ne peut être considérée comme acquise, et
par conséquent, son imposition n’interviendra que dans l’exercice ou la base sera
connue avec précision.

Enfin une créance ne doit être retenue pour la détermination du résultat que
lorsqu’elle est certaine dans son principe et déterminée dans son montant. Une
créance incertaine dans son principe ne doit pas être comptabilisée et par le fait
même, elle ne doit pas être imposée. Par contre, une créance douteuse qui est
certaine dans son principe (le montant n’est pas contesté par le débiteur), mais
dont le recouvrement est douteux, doit être comptabilisée et imposée, par
conséquent. Toutefois, le caractère douteux du recouvrement autorise la
constitution d’une provision pour créance douteuse qui sera déductible fiscalement
si elle remplit les conditions prévues par l’article 141-5 du CID

► Date de rattachement des créances acquises :

Qu’il s’agisse de prestations de services ou de ventes, trois dates sont


possibles pour le rattachement : Celle de la commande, celle de l’exécution et
celle du règlement, c’est la date de l’exécution de l’obligation qui a été retenue
pour la comptabilisation des produits correspondants. Ainsi la créance acquise
par suite d’une vente est rattachée à l’exercice au cours duquel le bien a été livré.
Tandis que pour la prestation de service, c’est la date de l’achèvement, c'est-à-
dire, date à laquelle le service est rendu.

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a) les ventes :

Définit par l’article 351 du code civil, la vente est un contrat par lequel le
vendeur s’oblige à transférer la propriété d’une chose ou tout autre droit
patrimonial à l’acheteur qui doit lui en payer le prix. Ainsi c’est au moment où
s’opère le transfert de propriété de la chose, qui se manifeste par la livraison «
juridique ou matérielle », qu’intervient la comptabilisation de la créance acquise.
Cette règle de rattachement à la « livraison » est commune à la fiscalité et la
comptabilité. Cependant, deux types de ventes sont à distinguer :

1) La vente de stocks :

Concernant les ventes de stocks, c’est généralement par la livraison des biens
qui lui ont été commandés que le vendeur s’acquitte de son obligation, donc c’est à
ce moment qu’il émet la facture correspondante et qu’il enregistre le produit
facturé(1). Si, toutefois, des acomptes ont été versés avant la livraison, ils doivent
être inscrits au compte 419 « acomptes et avances reçus des clients ». Ils seront
donc neutralisés et n’entre pas en conséquence dans la détermination du résultat,
sauf si la livraison a lieu dans le même exercice, dans ce cas le compte 419 sera
soldé au détriment du compte 70 selon qu’il s’agisse d’une marchandise ou d’une
production. En revanche, les produits financiers générés par le placement des
acomptes sont imposables selon les règles du droit commun.

S’agissant d’une vente, conclue avec clause de propriété, la comptabilisation


s’opère dès qu’il y a livraison matérielle sans attendre le transfère juridique de
propriété, on entend par livraison matérielle : la remise physique des biens entre
les mains de l’acheteur.

2) La vente des immobilisations :

Lorsqu’il s’agit de corps certains (immobilisation) et non de bien fongible, le


principe retenu, à la fois, par la comptabilité et la fiscalité et celui du transfert de
propriété dès qu’il y a accords sur la chose et sur le prix, même si la livraison
n’aurait pas encore été effectuée. Si, par exemple, une entreprise cède en
décembre 2012 un terrain qui figurait à son bilan en immobilisation et qui ne sera
livré à l’acquéreur qu’au début de l’an 2013. Ce terrain devra être retiré du bilan
du cédant à la clôture de l’exercice 2012 ; quant à la plus-value réalisée, elle sera
imposable au titre de cet exercice. A l’inverse le terrain devra figurer au bilan de
l’acquéreur à la clôture de l’exercie2012.

Autant préciser, que la règle qui fixe le transfert de propriété n’est pas
d’ordre public, les parties sont libres de convenir d’une autre date. Elles peuvent

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 18


par exemple décider que le transfert de propriété aura lieu le jour de la remise
matérielle. Dans ce cas le vendeur reste propriétaire tant que le bien n’est pas
livré et l’imposition, par conséquent, n’aura lieu qu’au cours de l’exercice où la
livraison a lieu.

3) Les prestations de service :

Le régime de prestation de service est plus complexe que celui des ventes
notamment lorsqu’il s’agit d’une prestation dont l’exécution se poursuit sur
plusieurs exercices.

Lorsqu’il s’agit d’une prestation qui s’effectue sur un exercice le principe est
simple : les produits sont rattachés à la date d’achèvement de la prestation. Par
contre, la difficulté se pose lorsqu’il s’agit d’une prestation qui s’étale sur
plusieurs exercices, du fait que le principe de prudence interdit de dégager un
bénéfice par anticipation « on ne peut vendre, le poisson qui se trouve encore dans
l’océan », parallèlement cela ne doit pas conduire à reporter indéfiniment la date
d’imposition des produits au prétexte que les prestations ne sont pas entièrement
achevées.

Pour cela, lorsqu’il s’agit d’un contrat qui produit ses effets sur plusieurs
exercices, la solution, comptable comme fiscale, retenue est celle de la méthode
comptable des profits partiels correspondant à des exécutions partielles. En cas de
bail par exemple le loyer couru au cours de cet exercice constitue un produit à
rattacher à cet exercice puisque, dans cette limite, l’entreprise a accompli le
service qu’elle a promis(2).

3.1.1.2 Le principe d’indépendance ou de spécialisation des exercices :

Le principe de spécialisation des exercices prévoit que les charges et les


produits qui concernent un exercice lui sont effectivement rattachés. Ce principe
interdit donc à l’entité comptable d’enregistrer ses créances acquises et ses
charges engagées en les rattachant à un exercice (ou période d’imposition) autre
que celui auquel elles se rapportent, soit en décalant l’imposition d’un produit
dont le fait générateur est survenu, soit en déduisant une charge afférente à un
autre exercice.

De ce fait, l’entité comptable ne peut prendre en compte des incidents


ultérieurs à l’exercice auquel le rattachement de la créance acquise ou de la
charge engagée s’est effectué. Ainsi, lorsqu’une opération commerciale a été
conclue à un prix déterminé, donnant ainsi naissance à une créance acquise, les
modifications qui peuvent affecter ce prix après la clôture de l’exercice (ou
période d’imposition reste sans incidence sur les résultats de ce dernier.
Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 19
Le principe d’indépendance des exercices comptables (conjugué au principe
de l’annualité de l’impôt) a enfin pour conséquence de rendre inopposable en
matière fiscale la rétroactivité des actes juridiques.
3.1.1.3 La distinction entre immobilisations, stocks et frais généraux :

En comptabilité, il y a lieu de distinguer entre les dépenses


d’immobilisations, de stocks et de frais généraux. L’importance et de taille de
point de vue fiscal puisque le régime fiscal diffère. Ainsi, si les dépenses
d’acquisition de stocks et les frais généraux sont des charges immédiatement et
intégralement déductibles pour la détermination du résultat imposable, il n’en est
pas le cas pour les dépenses d’investissements qui doivent être immobilisées dans
l’entreprise à travers la constitution de provisions et d’amortissements et le
résultat imposable ne sera pas, par conséquent, affecté, que par la fraction qui a
été rattachée à son exercice.

► Distinction entre immobilisations et stocks :

La comptabilité et la fiscalité s’accordent sur des définitions identiques de la


notion d’immobilisation et de stock. S’agissant des immobilisations se sont «
l’ensemble des biens ou valeur durables acquis ou crées par l’entreprise ». Les
stocks quant à eux comprennent : l’ensemble des biens acquis par l’entreprise et
qui sont destinés à être vendus ou fournis, ou à être consommés pour les besoins
de la fabrication ou de l’exploitation.

Ainsi, donc, pour la comptabilité comme pour la fiscalité, le critère de


distinction entre les éléments immobilisés et ceux classés en stock et celui de la
destination de ces biens, selon qu’ils sont assignés à être utilisés d’une manière
continue à l’activité de l’entreprise pour les immobilisations ou qu’ils intègrent
directement ou sont destinés à intégrer le cycle de production et/ou
commercialisation pour les stocks.

► Distinction entre immobilisations et charges :

En comptabilité, les décaissements effectués par l’entreprise en vue


d’acquérir ou de produire un élément destiné à être conservé durablement dans le
patrimoine de l’entreprise sont considérés comme immobilisation. La fiscalité
s’aligne avec la comptabilité concernant les immobilisations corporelles. Elle
présente en parallèle, une définition plus large quant à la notion d’immobilisation
incorporelle.

Concernant les immobilisations corporelles et lorsqu’il s’agit d’élément


acquis, la règle générale de distinction se fonde sur le critère de durée de

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 20


détention « supérieur ou inférieur à une année ». Tandis que pour les éléments
figurant déjà dans le patrimoine de l’entreprise, les dépenses y afférentes auront le
caractère d’immobilisation si et seulement si elles ont pour objectif une
augmentation de la valeur de ces éléments, ou le prolongement de leur durée
d’utilité. Il en résulte, que les dépenses qui ont pour effet l’entretien de ses
éléments d’actifs pour qu’il puisse servir jusqu’à la fin de la durée
d’amortissement prévue seront considérées comme charge d’exploitation. La
fiscalité opère les mêmes distinctions et retient les mêmes solutions.

Alors que pour les immobilisations incorporelles, la fiscalité présente


quelques spécificités à l’égard de la comptabilité. En effet, si en comptabilité le
principe de patrimonialité caractérise un élément d’actif immobilisé, le droit fiscal
quant à lui fait de la patrimonialité un critère essentiel mais auquel il faut lui
rattacher d’autres critères

► Distinction entre stocks et charges :

Les stocks comprennent l’ensemble des biens ou des services qui


interviennent dans le cycle de l’exploitation pour être soit vendus en l’état ou en
terme d’un processus de production à venir ou en cours ; soit consommés au
premier usage.

Pour l’évaluation des stocks, la comptabilité et la fiscalité retiennent les


mêmes règles, il s’agit du coût d’achat « comprenant le prix d’achat majoré des
frais de transports, des droits de douanes, et plus généralement de tous les frais
payés à des tiers pour l’acheminement de ces produits à l’entreprise » et du coût
de production pour les produits finis et les en-cours «comprenant le coût d’achat
des produits mis en œuvre, majoré des charges directes et indirectes engagées
pour la fabrication ». Etant entendu que les taxes qui ne sont pas supportées
réellement par l’entreprise ne sont pas incluses dans les coûts, quant aux charges
de sous-activité « charges fixes que la comptabilité analytique ne rattache pas à la
production lorsque celle-ci est inférieur à la capacité de normale de production de
l’entreprise », elles sont admises en déduction du résultat imposable sans
incorporation dans les stocks.

Ainsi, les composantes du coût d’acquisition (pour les provisions et les


marchandises) et du coût de production (pour les produits et les en cours) ne sont
pas sensiblement différentes en comptabilité et en fiscalité. La seule divergence
réside dans l’exclusion, par le droit fiscal, des frais financiers des charges de
production. Quant aux modalités d’évaluation des coûts ceux-ci se réfèrent à la
comptabilité analytique ou à défaut à partir des calculs ou évaluations statistiques.

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 21


3.1.1.4 Le principe du nominalisme monétaire :

En vertu de ce principe, 1DA est toujours égale à 1 DA, même s’il se déprécie
dans le temps. Cela implique que la comptabilité ne tient pas compte de l’inflation
et enregistre des coûts historiques.

Le droit fiscal fait également application du principe du nominalisme


monétaire, bien que, celui-ci a été souvent critiqué mais, il demeure toujours celui
du droit algérien.

Toutefois, avec l’avènement du SCF, certains biens tels que les actifs
biologiques ou certains instruments financiers seront valorisés à leur juste valeur.

3.1.1.5 Le principe de distinction des erreurs comptables et des décisions de gestion :

Une fois arrêtée, la comptabilité ne peut plus être modifiée. Le droit


comptable admet l’irréversibilité des écritures comptables. Cependant, lorsqu’il
s’agit de fautes matérielles, de l’utilisation de méthodes non conforme ou de
l’usage incorrect d’une méthode comptable admise. Le droit comptable tolère la
correction des exercices antérieurs.

L’administration fiscale, quant à elle, se réserve le droit de rectifier les


impositions, et donc les écritures comptables et ce, dans le cadre des pouvoirs
exorbitants dont elle dispose et que le législateur lui a reconnus. Ce pouvoir de
l’administration a pour corollaire le droit à l’erreur reconnu au contribuable et
par lequel celui-ci peut obtenir la correction de ses propres erreurs. La
jurisprudence a, toutefois, restreint la reconnaissance de ce droit uniquement à
des écritures susceptibles de rectifications en cas d'erreur (faite de bonne foi),
tandis que, celles commises suites à une décision de gestion, c'est-à-dire, les
écritures qui sous-tendent des choix fiscaux ouverts ne sont pas rectifiables. Il y a
lieu donc de procéder à la distinction des erreurs comptables et des décisions de
gestion.
3.1.1.5.1 L'erreur comptable :

Il faut que soit réuni un certain nombre d'éléments :

- Il faut que la transcription en comptabilité d'une opération faite en


entreprise soit obligatoire : que l'entreprise n'est de par la loi fiscale aucun choix
(l'entreprise est en situation de compétence liée) ;

- Elle peut se tromper en commettant deux types d'erreurs :

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 22


L'erreur de fait : il se trouve que pour certaines raisons, l'entreprise ait fait
abstraction d'une opération matérielle.

L'erreur de droit : l'entreprise a mal interprété la loi fiscale et ceci a une


incidence sur une écriture comptable (ex. rattachement des créances et des dettes à
tel ou tel exercice).

- L'erreur doit être commise de bonne foi : l'erreur doit avoir été
involontaire (circonstances de fait).

3.1.1.5.2 La décision de gestion :

La décision de gestion est une écriture comptable qui traduit un choix fiscal
de l'entreprise : décision de procéder à une écriture ou à un ensemble d'écritures
comptables dont la passation est facultative en utilisant une marge de choix que les
prescriptions légales laissent ouvertes.

La jurisprudence a considéré que ce choix ne pouvait être ouvert que par la


loi, un acte réglementaire où par elle-même. Par exemple. Le choix pour
l'entrepreneur individuel d'inscrire un immeuble soit au bilan de l'entreprise soit
dans le patrimoine professionnel.

Liste de décisions de gestion :

 Choix de la méthode d'amortissement : amortissement linéaire ou dégressif ;


 La constitution d'une provision ;
 L'imputation d'un déficit sur les résultats bénéficiaires des exercices suivants ;
 La décision de réviser la valeur comptable de certains éléments de l'actif.

Il résulte de cette distinction qu’une décision de gestion ne peut être critiquée


par l’administration dans l’exercice de son pouvoir de vérification (principe de
non-immixtion dans la gestion de l’entreprise), ni modifiée par l’entreprise à qui
cette décision est opposable, alors que l’erreur peut faire l’objet d’une
rectification à l‘initiative de l’administration comme de l’entreprise(1).

3.1.2 Portée comptable des règles fiscales :

S’il est indéniable que la fiscalité s’appuie sur les règles et principes
comptables, il n’en demeure pas moins que certains aspects du droit fiscal sont
aussi pris en compte par la comptabilité dont la négligence ne pourra que
conduire une interprétation erronée de la relation existante entre les deux
disciplines

La portée comptable des règles fiscales revêt trois aspects :

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 23


 Les contraintes comptables qui sont établies uniquement dans le but
de satisfaire certaines dispositions fiscales ;
 La nécessaire traduction dans les comptes sociaux des effets d’une
situation fiscale particulière ;
 La gestion fiscale des règles comptables afin d’optimiser la charge
fiscale de l’entité.

3.1.2.1 Les obligations comptables édictées par le droit fiscal :

La loi a édicté des obligations comptables pour renforcer l’accomplissement


de certaines dispositions fiscales, On citera ci-après les exemples les plus
frappants sans, toutefois, les développer :

En fiscalité, une charge ne peut être déduite si elle n’est pas comptabilisée.
Ainsi pour être fiscalement déductible, les amortissements ou les provisions
doivent au préalable être comptabilisés, de ce fait même les amortissements ou les
provisions qui ne traduisent pas une dépréciation ou un risque comptable doivent
obligatoirement être comptabilisés.

3.1.2.2 La gestion comptable de la fiscalité :

Indépendamment des prescriptions légales subordonnant le bénéfice d’une


disposition fiscale au respect d’une obligation comptable édictée à cette fin par la
loi, l’influence de la fiscalité sur la comptabilité trouve également sa traduction
dans la nécessaire prise en compte par la comptabilité de l’incidence de la fiscalité
sur les comptes sociaux.

Certaines charges ou certains produits sont retenus dans des exercices


différents pour la détermination du bénéfice imposable et pour le calcul du
bénéfice comptable.

Dans certains cas, la distorsion est définitive : Il s’agit de charges ou de


produits qui ne seront jamais admis en déduction pour la détermination du résultat
fiscal. Comme par exemple les amendes et pénalités fiscales ou les dividendes
perçus par une société en contrepartie d’un placement dans une autre société.

Dans d’autres cas, la distorsion est temporaire : elle résulte des règles
fiscales différentes des règles comptables ; les charges ou les produits sont
intégrés dans l’assiette de l’impôt de l’exercice au cours duquel ils ont été
enregistrés dans les comptes. Ces décalages temporaires ont pour conséquence
soit reporter à une date ultérieure le paiement de l’impôt (situation fiscale
passive), soit d’anticiper le paiement de l’impôt par rapport au bénéfice dégagé
comptable ment (situation fiscale active).Il s’agit par exemple de certains déficits

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 24


fiscaux qui viendront probablement, neutraliser totalement ou partiellement, les
impôts à acquitter dans les exercices ultérieurs.

Dans d’autres cas (situation fiscale latente), le fardeau fiscal que l’entreprise
aurait, éventuellement, à supporter étant incertain car subordonné à la réalisation
de certaines conditions ou la prise de quelques décisions. A l’exemple des produits
bénéficiant d’un taux d’imposition réduit ou d’une exonération totale sous
conditions (telles les plus-values et les bénéfices réinvestis). Si ultérieurement
s’avère que les conditions ne sont pas remplies, les exonérations seront
réintégrées.

Le droit comptable ne peut ignorer l’impact de ces distorsions. Pour les


traiter il propose deux méthodes possibles. La méthode de l’impôt exigible ou la
méthode du report de l’impôt (impôt différé), qui ne concerne que la fiscalité
différée.

En pratique, c’est la méthode de l’impôt exigible qui est retenue par la


plupart des entreprises, celle-ci considère que la charge d’impôt de l’exercice est
une dette envers l’Etat. Par conséquent, il n’est pas tenu compte dans le résultat
des différences temporaires, une information sur ces dernières étant donnée dans
l’annexe.

3.1.2.3 La gestion fiscale de la comptabilité :

Le contribuable judicieux doit gérer sa fiscalité d’une manière lui permettant


de payer le moins d’impôts possibles, cette gestion s’articule autour de deux
objectifs le premier visant la neutralisation de la charge fiscale, le second
recherche à réguler cette charge. A cette fin, lorsque la loi offre une multitude de
choix au contribuable, celui-ci tendra à choisir la voie la moins imposable.

L’objectif de neutralisation concerne les entreprises en situation déficitaire,


le déficit n’étant reportable que pour les cinq prochaines années, l’entreprise
pourra tenter d’anticiper les impositions futures afin d’assurer l’imputation dudit
déficit, pour cela elle essayera par exemple de limiter les dotations de certaines
provisions pour ne pas accentuer le déficit ou lorsque les pouvoirs publics
l’autorisent (comme c’était le cas en 1990 .1993 et 1996) la réévaluation des
investissements permettra de dégager une plus-value, celle-ci n’est pas traitée
comme un élément du résultat, mais doit être portée dans un poste spécifique des
capitaux propres « C/ 105 écart de réévaluation ». En revanche, sur le plan fiscal,
la plus-value de réévaluation constitue un produit imposable.

La régulation de la charge fiscale a pour objectif de minorer le fardeau fiscal


pesant sur la société et ce, à travers l’élaboration d’une stratégie fiscale qui se fait
Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 25
notamment par le choix des méthodes d’amortissement des immobilisations, par le
jeu des provisions…etc. mais, celle-ci, doit se faire dans le cadre du respect stricte
de la loi car si l’habilité fiscale est une vertu son excès pourra devenir un pêché.

3.2 Les divergences vues sous l’onglet de l’originalité du droit fiscal :

Comme on l’a vu, le droit fiscal s’aligne avec le droit comptable sur
plusieurs aspects. Toutefois, cela n’est toujours pas vrai, car il existe plusieurs
divergences entre ces deux disciplines. C’est la conséquence de la spécificité de
l’objet de la loi fiscale qui fait de celle-ci un droit relativement autonome.

Ainsi pour comprendre le fondement de ces distorsions, il est nécessaire


d’analyser certaines traductions les plus manifestes de l’originalité du droit fiscal
au regard :

 Du patrimoine générateur ;
 De l’appréhension du bénéfice ;
 De l’appréciation des conditions de déductibilité des charges.

3.2.1 L’autonomie du patrimoine générateur du bénéfice imposable :

Le résultat fiscal est produit à partir d’une matière première qui est le
résultat comptable, ce dernier résultant du bilan comptable qui a pour emploi
d’enregistrer les variations du patrimoine de l’entreprise et qui se fonde
principalement sur une conception patrimoniale et juridique. La patrimonialité est
donc un principe sur lequel repose, sauf exceptions, le bilan dans la comptabilité
algérienne (du moins actuelle), ce principe souffre, au regard du droit fiscal, de
deux particularités considérables pour la détermination du patrimoine générateur
du bénéfice imposable.

La première résulte de ce que le droit fiscal a, dans certaines circonstances,


une conception du patrimoine de l’entreprise plus large que le droit comptable.
Ainsi, si en droit comptable le principe de l’unicité patrimoniale attribue à
l’exploitant d’une entreprise individuelle la liberté de décision d’affectation
comptable, qui fait de celle-ci une décision de gestion opposable à l’administration
comme à l’exploitant lui-même, la fiscalité a introduit quelques restrictions à la
liberté d’affectation comptable, tel est le cas du fonds de commerce qui est
toujours considéré comme un des éléments de l’actif immobilisé, même s’il ne
figure pas au bilan dans la mesure où il est la traduction juridique de l’entreprise .
Il en est de même des éléments qui sont, par nature, affectés à l’exploitation de
l’entreprise c'est-à-dire qui ne peuvent être utilisés à d’autres fins que l’exercice
d’une profession. Ces éléments doivent obligatoirement figurer à l’actif
immobilisé. Le rattachement d’un bien au patrimoine de l’entreprise a pour

Consultant formateur SEGHIER M’hamed Page 26


conséquence de pouvoir l’amortir, d’une part, et, d’imposer la plus-value dégagée
éventuellement sur sa cession, d’autre part, et ce suivant le régime des plus-values
professionnelles.

La seconde exception introduite par le droit fiscal à la relation


patrimonialité/ bilan concerne les sociétés en participation, celles-ci, sont
démunies de personnalités morales et donc de patrimoines propres. Ce qui a pour
corollaire, l’absence d’obligations juridiques et comptables pour établir un bilan.
Néanmoins, le droit fiscal intervient pour les doter de personnalité fiscale qui
astreint les associés de porter à l’actif de ces sociétés les biens que ces derniers
ont convenus de mettre en commune propriété.

La création d’un patrimoine fiscal de la société en participation constitue


une incohérence fondamentale avec le droit comptable, le paradoxe se posera lors
du transfert au patrimoine fiscal de la société en participation des biens que ses
associés lui apportent.

Surtout, si le transfert du bien se fera à sa valeur réelle à la date de transfert,


alors qu’il continue de figurer dans la comptabilité de l’associé à son prix de
revient. Cela se traduira en conséquence par un écart entre l’amortissement
fiscalement pratiqué par la société en participation et celui comptable ment
pratiqué par l’associé.

3.2.2 L’autonomie fiscale dans l’appréhension du bénéfice :

En comptabilité, le bénéfice comptable est un bénéfice unitaire, c'est-à-dire,


qui s’étale sur toute la durée de l’exercice comptable, Egalement, c’est un
bénéfice global englobant l’ensemble des profits réalisés par l’entreprise au cours
de cette durée. Ce double caractéristique du bénéfice comptable n’est pas pris en
compte par la fiscalité qui y déroge par application du principe de l’annualité de
l’impôt, concernant le caractère unitaire du bénéfice comptable, en ce sens que le
bénéfice soumis à imposition est un bénéfice nécessairement annuel, sans
considération de la durée de l’exercice comptable au titre duquel il est arrêté.
Ensuite il déroge au caractère global du bénéfice comptable dans la mesure où
certains profits comptabilisés ne sont pas retenus pour la détermination du résultat
imposable, même qu’inversement, le droit fiscal appréhende comme profits
imposables des sommes qui n’ont pas le caractère de profit comptable.

3.2.2.1 La neutralisation fiscale de certains profits comptables :

Bien que comptabilisés et admis comme profits comptables, certains gains


réalisés par l’entreprise se trouvent soustraits du bénéfice imposable, Cette
neutralisation peut se traduire par :

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- la soustraction définitive du profit comptable : cette neutralisation peut être
d’origine légale en se fondant sur le principe de territorialité qui fixe les
conditions d’imposition d’un profit, par exemple, pour l’IBS, les bénéfices de
sources étrangères sont exclus d’imposition, alors que pour l’IRG, l’imposition se
fonde sur un critère personnel : celui du domicile fiscal. Egalement, la
soustraction peut être d’origine jurisprudentielle qui repose sur le principe de
neutralité fiscale, selon lequel un enregistrement comptable d’un produit ne doit
pas avoir de retombée fiscale s’il n’est pas la contrepartie d’un revenu imposable,
tel est les cas par exemple des indemnités versées à une société par l’assureur de
son expert-comptable, en réparation des pénalités fiscales auxquelles elle avait été
assujettie par suite d’erreurs commises par ce dernier. Les pénalités n’étant pas
fiscalement déductibles il en résulte que ces indemnités ne le seront pas non plus.

- la neutralisation visant à éviter les doubles impositions : celle-ci a pour fin


d’empêcher qu’un revenu déjà taxé (ou déduit) ne le soit une seconde fois, et ce,
soit dans une optique légale, à l’exemple des dividendes perçus par une société «
en contrepartie d’un placement effectué dans une autre société » qui seront
exonérés du fait qu’ils ont déjà subi une imposition à l’IBS au nom de la société où
le placement a été effectué. Soit dans une optique jurisprudentielle qui se fonde sur
le principe « non bis in idem : non deux fois pour la même chose » qui veut dire
non seulement qu’une même base imposable ne peut être taxée deux fois, mais
également le même impôt ne peut pas atteindre deux fois le même contribuable à
raison du même état, de la même situation ou des mêmes faits.

- La neutralisation temporaire : dans certains cas, un gain réalisé par une


entreprise, n’est pas exempté définitivement de l’impôt, son imposition est
simplement suspendue dans le temps. Cela s’inscrit le plus souvent dans le cadre
d’une politique fiscale visant à faciliter ou à encourager certaines opérations.

3.2.2.2 L’imposition fiscale de produits non comptabilisés :

La distorsion entre le bénéfice comptable et le bénéfice fiscal peut également


découler de l’imposition fiscale de produits qui n’ont pas fait l’objet d’une
comptabilisation.

Ainsi, Il arrive qu’une entité renonce à un gain au profit de ses membres ou


de tiers, qui constituera pour ces derniers un avantage puisqu’il leur permettra de
faire des économies de charges ou de dépenses qu’ils n’auront pas à supporter. Si
l’octroi de cet avantage n’a pas d’incidence sur le bilan de l’entité, il n’en
demeure pas moins que celui-ci constitue un profit du point de vue fiscal qui
nécessitera par conséquence de le réintégrer au bénéfice pour subir une taxation.

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La réintégration d’un profit auquel l’entreprise a renoncé trouve son
fondement dans la théorie de l’acte anormal de gestion. Comme l’a souligné M.
Racine(1) : « en droit fiscal, l’acte anormal de gestion est un acte ou une
opération qui se traduit par une écriture comptable affectant le bénéfice imposable
que l’administration entend écarter comme étrangère ou contraire aux intérêts de
l’entreprise...etc.

En résumé sur ce premier point, le concept d’acte anormal de gestion est le


fruit de l’acclimations ou de la transplantation en droit fiscal du concept
commercial d’acte non conforme à l’intérêt social, mais avec deux différences de
taille ; seule l’administration peut l’invoquer et elle peut agir d’office ».

Ainsi, constituant une des plus remarquables illustrations du pouvoir


exorbitant dont dispose l’administration fiscale, l’acte anormal de gestion est une
arme qui permet à l’administration fiscale de rejeter les dépenses non rattachées à
une gestion normale ou qui n’auraient pas été exposées dans l’intérêt direct de
l’entreprise.

3.2.3 L’autonomie fiscale dans l’appréciation de la déductibilité des charges :

Les divergences entre la comptabilité et la fiscalité se manifestent également


au niveau des charges. Les deux disciplines n’ont pas la même approche ni la
même conception des dépenses engagées. Le droit fiscal restreint le rayon
comptable des charges déductibles, et ce soit et limitant le niveau de déductibilité
de certaines charges, soit en rejetant carrément l’imputation de certaines
dépenses. L’origine de ces limitations peut différer selon la nature des charges
concernées, toutefois, elle peut avoir deux fondements principaux : la théorie
d’acte anormal de gestion, et le principe de rattachement des charges aux produits
par exercice.

3.2.3.1 Les limitations fiscales à la déductibilité des dépenses :

La fiscalité apporte deux types de limitation à la déductibilité des dépenses :


le premier est relatif à l’objet de la dépense, la seconde est relatif au montant de la
dépense.

► Restrictions afférentes à l’objet de la dépense :

Les charges engagées à l’encontre de l’intérêt de l’entreprise, c'est-à-dire, la


réalisation ou la conservation du bénéfice, peuvent ne pas être admises en
déduction pour la détermination du résultat fiscal, la déductibilité des dépenses
peut être mise en cause lorsque leur nature même de charge est écartée, pour être
réintégrée soit en immobilisation soit en stock.

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a) exclusion des charges « anormales » :

Comme on l’a déjà vu, c’est la théorie de l’acte anormal de gestion qui fonde
l’exclusion des charges accomplies non dans l’intérêt de l’entité mais dans celui
des tiers comme l’a souligné le commissaire du gouvernement O. Fouquet sur
l’arrêt du 10 juillet 1992 : « un acte anormal de gestion est celui qui est accompli
dans l’intérêt d’un tiers par rapport à l’entreprise ou qui n’apporte à cette
entreprise qu’un intérêt minime, hors de proportion avec l’avantage que le tiers
peut retirer » autant préciser qu’une opération apparemment faite dans l’intérêt
de l’entité ne sera pas qualifiée d’acte anormal de gestion si l’entreprise a obtenu
en échange des contreparties suffisantes des tiers.

Une dépense qualifiée d’anormale sera réintégrée dans le bénéfice de


l’entreprise, et le tiers bénéficiaire est imposé, également, en proportion de
l’avantage anormal reçu qui sera intégré dans la catégorie des BNC « bénéfices
non commerciaux » si la société relève de l’IRG, ou bien dans la catégorie des
RCM « revenus de capitaux mobiliers » s’il s’agit d’une entité relevant de l’impôt
sur le bénéfice des sociétés (IBS).

En fin, l’acte anormal de gestion n’est pas une construction purement fiscale
: elle sanctionne en réalité des actes que le droit commercial appréhende lui-même
comme fautifs, en cela, l’acte anormal de gestion s’apparente au concept
commercial d’acte non conforme à l’intérêt social, il est très proche également de
la notion privatiste de faute de gestion ou d’imprudence fautive car l’acte anormal
de gestion est aussi celui qui « excède manifestement les risques qu’un chef
d’entreprise peut être conduit à prendre pour améliorer les résultats de son
exploitation ».

En dépit de ce qu’on a vu, L’administration fiscale attribue également une


présomption de non déductibilité pour certaines catégories de dépenses en mettant
à la charge de l’entreprise l’apport de preuves qu’elles ont été engagées dans son
intérêt direct.

b) Activation des charges :

Alors que le droit comptable a une approche essentiellement patrimoniale de


la notion d’immobilisation et de stock, la comptabilisation de ces derniers ayant
pour but d’enregistrer la valeur comme élément du patrimoine de l’entreprise, la
vision fiscale, est pour sa part, dérivée du principe de rattachement des charges
aux produits par exercices.

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En d’autres termes, les produits et les charges afférents à une même
opération sont rattachés à un même exercice.

Ce principe, qui n’est pas ignoré par le droit comptable mais qu’aucun texte
n’explicite clairement, s’applique aux immobilisations par le biais d’étalement des
charges au rythme des amortissements lorsqu’elles sont rattachées à des actifs qui
se déprécient ou de neutralisation des charges lorsqu’elles sont rattachées à des
actifs qui ne se déprécient pas. Il s’applique également aux stocks à travers la
neutralisation de dépenses engagées pour la fabrication de stock et qui n’ont pas
été consommées dans l’exercice même, en différant l’incidence des charges de
production jusqu'à l’enregistrement en comptabilité des produits de la vente.

L’objectif est donc de différer l’incidence des charges sur le résultat jusqu'à
la constatation du profit correspondant, voire des fois de la neutraliser
définitivement.

Les charges sont immobilisées lorsqu’elles ne sont pas susceptibles d’être


rattachées à une opération de l’exercice mais sont réputées contribuer
durablement à générer des profits au cours des exercices ultérieurs, c'est-à-dire
lorsqu’elles sont réputées concourir soit à la création soit à l’acquisition d’un
élément d’actif, soit à l’augmentation de la valeur de celui-ci. Les charges sont
imputées aux stocks lorsqu’elles ont été exposées en vue d’une opération
(production de bien) dont le résultat n’a pas encore été constaté.

Bien que la réglementation fiscale a essayé d’harmoniser ses solutions avec


celles de la comptabilité. Les distorsions demeurent toujours et qui nécessitent un
éclaircissement afin de mettre en évidence les points de divergence entre le
raisonnement comptable et celui fiscal.

- l’immobilisation des charges : c’est surtout en matière des charges, les


distorsions sont les plus évidentes, le doit fiscal considère certaines charges
comme concourant soit à la création soit à la l’acquisition d’élément d’actif, alors
que le droit comptable les appréhende comme des charges ; il en est ainsi des frais
afférents aux demandes d’enregistrement d’une marque déposée, des redevances
versées au titre d’un contrat de concession exclusive d’un brevet lorsque celles-ci
sont réputées avoir pour contrepartie l’acquisition d’un élément de l’actif
immobilisé, ou enfin le coût de démolition d’un immeuble vétuste pour le
reconstruction d’un autre, cette charge constitue la contrepartie de l’acquisition
d’un élément de l’actif immobilisé et ne peut donc être déduite.

- l’imputation des charges en stock : en différent l’incidence des charges de


production jusqu'à l’enregistrement en comptabilité des produits de la vente, le

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stock est selon l’expression du commissaire du gouvernement M. Bissara, une «
anti-provision ». Ainsi que l’analyse très pertinemment J. Turot(1), « le stock est
pour le fisc ce que la provision est pour l’entreprise : le moyen de neutraliser, de
ce point de vue, le décalage entre l’enregistrement du résultat d’une opération et
celui des charges afférentes à cette opération ». Cela à une double répercussion,
d’une part, une charge qui a pour conséquence de croître le coût de revient d’un
élément en stock doit être imputée à ce dernier. D’autre part, les dépenses non
consommées au cours de l’exercice doivent être incorporées dans les stocks.

► Limitations relatives au montant de la dépense :

Certaines dépenses effectuées par l’entité au cours d’un exercice peuvent ne


pas être retenues en fiscalité que partiellement, en vue de la détermination du
bénéfice imposable, Tel est le cas des véhicules de tourisme ne constituant pas
l’outil principal de l’activité de l’entreprise, la base de calcul des annuités
d’amortissement ne peut excéder la valeur de 1 000.000 DA. Ainsi l’amortissement
retenu en comptabilité sera différent de celui en fiscalité si le montant du véhicule
acquis dépassera la dite valeur de 1 000.000 DA.

3.2.3.2 L’approche fiscale des provisions :

En comptabilité, une provision est une charge déduite du bénéfice en vue de


faire face soit à une dépréciation d’un élément d’actif non amortissable, soit à une
perte ou à une charge que des événements en cours à la clôture de l’exercice
rendent possible. Celle- ci est édictée par le principe de prudence selon lequel tout
événement qui risque de diminuer la valeur du patrimoine de l'entreprise doit être
pris en compte.

Fiscalement, elle constitue une charge déductible du bénéfice si elle satisfait


aux conditions de déductibilité et que sa déduction n’est pas interdite par un texte.
Car il ne faudrait pas que la constitution de provision ait pour conséquence de
minimiser excessivement le bénéfice pour échapper à l’imposition ou pour en
retarder l’échéance. Le droit fiscal développe ainsi une approche limitative des
provisions.

► Le principe fiscal de liberté de constitution de provision :

Contrairement à l’amortissement, la constitution de provisions par une


entreprise est facultative au regard du droit fiscal. Cette liberté de décision de
l’entreprise a pour effet de permettre à l’entité n’ayant pas constitué de provisions
au cours d’un exercice, alors qu’elle pouvait, ultérieurement si le risque ne s’est
pas éteint, elle-même constituer une provision partielle inférieure au montant de la
perte la charge ou de la charge probable, puis ensuite la rehausser au cours des
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exercices ultérieurs, même si le niveau du risque n’a pas changé, jusqu'à parvenir
au montant qui serait justifié. Cette liberté de décision permet une gestion fiscale
des provisions

Les conditions de déductibilité des provisions :

La déductibilité des provisions est subordonnée au respect par l’entreprise de


conditions de fond et de forme, s’agissant des conditions de forme, la provision
doit être régulièrement comptabilisée, le non comptabilisation est sanctionné par
la perte de droit à la déduction. Aussi la provision doit apparaître sur le relevé
spécial joint en annexe de la déclaration fiscale. S’agissant des conditions de fond,
la provision ne doit être constituée qu’on vue de faire face à des pertes ou charges
déductibles du résultat imposable, et que des événements en cours rendent
probables.

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