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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE MONSIEUR BERNARD SÉVIGNY

MAIRE DE SHERBROOKE

CHAMBRE DE COMMERCE DE SHERBROOKE

CHAMBRE DE COMMERCE DE FLEURIMONT

VERSION FINALE

SHERBROOKE, LE MARDI 6 MAI 2014

LE TEXTE LU FAIT FOI


Mesdames et messieurs,

Permettez-moi, d’entrée de jeu, de remercier


Mme Annie Lessard, présidente de la Chambre de
commerce de Sherbrooke, et M. François Bouchard,
président de la Chambre de commerce de Fleurimont,
pour cette aimable invitation.

Je dois vous dire que je suis ravi de ce partenariat


entre nos deux chambres de commerce.

Nous avons également la chance d’accueillir ce soir


nos députés provinciaux fraîchement élus le mois
passé, d’abord Mme Karine Vallières, députée de
Richmond, M. Guy Hardy, député de Saint-François
et M. Luc Fortin, député de Sherbrooke.

Permettez-moi aussi de saluer la présence de mes


collègues du conseil municipal :
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Monsieur Serge Paquin, président du comité exécutif de la
Ville de Sherbrooke;
Monsieur Robert Pouliot, maire suppléant de la Ville de
Sherbrooke;
Madame Chantal L’Espérance, présidente de
l’Arrondissement de Jacques-Cartier;
Madame Diane Délisle, présidente de l’Arrondissement de
Rock Forest–Saint-Élie–Deauville;
Madame Nicole Bergeron, présidente de l’Arrondissement
de Brompton;
Monsieur David Price, président de l’Arrondissement de
Lennoxville;
Monsieur Louisda Brochu, président de l’Arrondissement
de Fleurimont;
Monsieur Jean-François Rouleau;
Monsieur Marc Denault;
Monsieur Julien Lachance;
Monsieur Pierre Tardif;
Monsieur Rémi Demers;
Madame Nicole A. Gagnon;
Madame Danielle Berthold;
Madame Hélène Dauphinais;

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Madame Annie Godbout;
Monsieur Vincent Boutin.

Vous savez, c’est maintenant la cinquième fois que


j’ai le plaisir et le privilège de prendre la parole devant
vous à l’occasion de cet événement; c’est un privilège
de m’adresser à la communauté d’affaires et de faire
le point sur les réalisations passées, sur les
principaux dossiers et enjeux du moment et sur les
perspectives qui définiront notre ville.

Si je peux me permettre un petit clin d’œil à l’intention


de nos nouveaux députés, je ne veux pas faire du
plagiat ou pratiquer de l’opportunisme politique, mais
laissez-moi vous parler des vraies affaires.

Nous avons fait beaucoup de chemin depuis que j’ai


prononcé devant vous mon premier discours en 2010.
Vous aurez constaté qu’il s’instaure petit à petit un

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climat de confiance et de collaboration. Ce n’est pas
parfait, mais aujourd’hui, les acteurs du
développement travaillent moins en vase clos,
collaborent davantage et tirent davantage profit de
synergies qui finissent par servir l’intérêt collectif.

Nous nous sommes dotés, au cours de mon premier


mandat comme maire de Sherbrooke, d’une bonne
structure pour aborder les trois grands volets du
développement de notre territoire, ce sont les « Trois
Piliers » que vous connaissez :

Le développement économique, piloté par


Sherbrooke Innopole, le développement
commercial, champ d’expertise de Commerce
Sherbrooke et le développement récréotouristique,
responsabilité de Destination Sherbrooke.

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Au cours des dernières années, j’ai eu l’occasion de
vous parler des grands défis que nous devions
relever, des occasions d’affaires que nous devions
saisir et des menaces qui planent sur notre
communauté. Tout n’est pas réglé, évidemment, mais
je pense sincèrement que nous sommes,
collectivement, sur la bonne voie...

Ce soir, c’est notre cinquième grand rendez-vous.

Depuis la dernière fois, comme vous le savez, il y a


eu des élections municipales.

La population de Sherbrooke s’est donné un conseil


rajeuni, équilibré et surtout déterminé à relever les
nombreux défis qui se pointent devant nous.

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Ce soir...

Je vais vous parler de quatre grands thèmes. Le


premier, et je pense que vous en avez entendu parler
au cours des derniers mois, est l’autonomie
municipale. Je veux vous parler de l’importance et de
l’urgence de redéfinir le rapport entre les villes et le
gouvernement du Québec.

Le deuxième thème, qui illustre les conséquences du


premier, est le contexte budgétaire dans lequel nous
évoluons. Les contraintes sont telles que nous avons
de plus en plus de difficulté à nous consacrer à ce
pourquoi nous sommes aussi élus : orchestrer le
développement de notre ville.

Le troisième grand thème de mon propos, c’est la


situation économique de Sherbrooke ainsi que le

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virage que je nous invite à prendre avec une
détermination et une passion renouvelées. Vous me
permettrez aussi un p’tit couplet sur l’aéroport de
Sherbrooke.

Pour terminer, je vais vous parler du Sherbrooke de


demain, de cette ville du savoir, ville universitaire, ville
entrepreneuriale qui offre des perspectives
extraordinaires. Mais pour voir émerger la ville que
nous souhaitons, il va falloir faire preuve d’audace et
sortir des sentiers battus.

D’entrée de jeu, laissez-moi vous parler d’autonomie


municipale, un enjeu qui est historiquement le cheval
de bataille de l’Union des municipalités du Québec.

Comme maire de Sherbrooke, j’ai souvent


l’impression d’avoir une camisole de force sur le dos.

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On a oublié qu’une ville est un palier de
gouvernement, un gouvernement démocratiquement
élu, qui est capable de prendre des décisions, de se
donner des orientations et d’articuler une vision. Dans
les faits, elle doit presque constamment s’en remettre
à la bonne volonté du gouvernement provincial en
place, et ce, sur presque tout.

On assiste, depuis toujours, à cette pratique qui s’est


enracinée dans la culture du gouvernement du
Québec qui impose plus de contraintes, plus de
règles, plus de normes et, de façon générale, plus de
contrôle aux municipalités.

Ce serait encore gérable si nous étions compensés


pour tous les coûts additionnels que nous encourrons.
Ce n’est malheureusement pas le cas et les villes
doivent assumer trop souvent l’entièreté des coûts qui

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sont associés à ces contraintes. Des contraintes qui
ont des impacts majeurs sur les finances municipales
et, par voie de conséquence, sur le compte de taxes
de nos citoyens.

Quelques exemples très concrets et très récents...

Vous vous souvenez peut-être qu’en juin 2013, le


gouvernement du Québec a annoncé son intention de
remplacer une partie du remboursement de la TVQ
par un crédit sur les intrants à partir de 2014?

Je vous fais grâce des détails, mais vous devez


savoir que, pour la Ville de Sherbrooke, cette mesure
s’est traduite par un manque à gagner à court terme
de l’ordre de 3,6 M$ dans le budget 2014.

Pendant l’été et l’automne, l’UMQ a demandé à


plusieurs reprises au gouvernement du Québec de
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reporter d’un an cette modification pour permettre aux
villes de s’adapter à la nouvelle façon de faire, mais
Québec a toujours refusé. La loi a été adoptée le
6 novembre, alors qu’aucun conseil municipal au
Québec n’était encore assermenté!

En conséquence, nous avons malheureusement dû


hausser le taux de la taxe foncière de 2,4 % afin de
compenser le manque à gagner à court terme
provoqué par ce changement imposé par Québec.

Autre exemple, il existe une pratique historique au


ministère de l’Éducation du Québec qui exige que les
villes fournissent un terrain lorsque le ministère
implante une nouvelle école sur un territoire.

Dans l’éventualité où la ville n’a pas de terrain à sa


disposition, on lui demande d’en acquérir un, et ce,

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aux frais de ses contribuables bien entendu. La Ville a
donc dépensé plus de 1 M$ pour l’achat de terrains
pour la construction de deux nouvelles écoles.

Évidemment, nous sommes enchantés d’accueillir de


nouvelles écoles sur notre territoire, ce qui nous
enchante moins, c’est de devoir assumer une facture
comme celle-là, dans un domaine clairement
non-municipal.

Heureusement, la commission scolaire s’est


comportée comme elle l’a toujours fait, c’est-à-dire en
véritable partenaire avec la Ville de Sherbrooke, et sa
direction a accepté de compenser la Ville en
procédant à un échange de terrain pour une valeur
équivalente.

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D’autres pratiques retardent indûment notre
développement économique. Vous savez, nous
faisons face à un problème sérieux de disponibilité de
terrains industriels.

Depuis plus de 2 ans, nous voulons prolonger le


boulevard de Portland, ce qui nous permettra d’ouvrir
des rues et de rendre des terrains industriels
disponibles.

Alors que nous croyions pouvoir ouvrir Portland pour


2013, voilà que le Bureau d’audiences publiques sur
l’environnement a décidé de tenir des audiences sur
le projet, et ce, même si la Ville de Sherbrooke avait
obtenu, en 2009, un certificat d’autorisation du
ministère de l’Environnement et que nous avions fait
l’inventaire des couleuvres, des chauves-souris et

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réalisé toutes les analyses environnementales que
vous pouvez imaginer.

Je vais à nouveau esquiver les détails pour vous dire


simplement que nous nous sommes progressivement
enlisés dans la bureaucratie environnementale et les
délais qui y sont associés, ce qui nous a fait perdre
toute l’année 2013 et qui va peut-être nous faire
perdre 2014 au complet si le ministère de
l’Environnement ne bouge pas rapidement.

Dans le monde compétitif dans lequel nous vivons,


l’imposition de tels délais, complètement
déraisonnables et uniquement causés par de la
lourdeur bureaucratique, se traduisent par des
emplois perdus à Sherbrooke au profit d’autres villes.

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Un dernier exemple et on passe à autre chose si vous
le voulez bien…

Parce qu’il faut absolument que je vous parle du cas


le plus lourd et le plus coûteux, la récente décision de
la Régie de l’énergie qui, à la demande
d’Hydro-Québec, a modifié la structure tarifaire, et ce,
de manière parfaitement unilatérale et arbitraire. On
parle ici d’une décision qui aura pour effet d’amputer,
d’ici 3 ans, 7,8 M$ dans les profits
d’Hydro-Sherbrooke donc, dans le budget
municipal…

Au chapitre de la fiscalité, c’est clair qu’il y a un


déséquilibre et des iniquités importantes entre le
monde municipal et les autres paliers de
gouvernement. Le système de financement des villes
est basé presqu’exclusivement sur la taxe foncière.

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Cette structure de financement ne correspond plus à
la réalité d’aujourd’hui, ni aux défis que nous devons
relever.

Vous le savez, les villes assument d’importantes


responsabilités, de l’eau potable à la sécurité
publique, de l’urbanisme à la gestion des matières
résiduelles en passant par l’environnement, les
infrastructures routières et la culture.

Au cours des dernières décennies, on a demandé aux


villes de jouer un rôle social accru, comme de
développer le logement social, de soutenir les
organismes communautaires, de financer le transport
en commun, de lutter contre l’itinérance, d’œuvrer à
l’intégration des nouveaux arrivants, etc.

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Sur le plan des infrastructures où nous sommes
confrontés à un défi de rénovation et de réfection
majeur, 58 % des infrastructures publiques au
Québec sont municipales, alors que seulement 8 %
du plan québécois des infrastructures y est consacré.

Pire, la structure fiscale actuelle fait en sorte que le


gouvernement fédéral perçoit 50 % des taxes et des
impôts, le gouvernement du Québec 42 % et les villes
8 %.

On nous demande d’investir pour développer nos


territoires et nous n’avons aucun retour sur ces
investissements.

Tout projet d’investissement mené par la ville n’a


pratiquement aucune résonnance sur le trésor
municipal. Quand on investi dans une infrastructure

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ou dans un événement touristique, Québec et Ottawa
perçoivent la TPS et la TVQ, de l’impôt sur le revenu
des gens qui y travaillent, toutes sortes de
redevances. La Ville, rien du tout. La seule façon de
tirer une retombée directe des touristes serait qu’ils
achètent une maison à Sherbrooke!

La bataille de l’autonomie municipale doit être menée


à l’échelle du Québec. C’est à Québec que la partie
se joue, pas à Sherbrooke, ni à Trois-Rivières ou à
Saguenay. C’est la raison pour laquelle je me suis
engagé à l’UMQ à titre de second vice-président.
Dans deux semaines, lors des Assises de l’UMQ, je
vais solliciter le poste de premier vice-président de
l’organisation.

Avec le retour récent des villes de Québec et de


Montréal au sein de l’UMQ, l’enjeu de l’autonomie

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municipale est plus que jamais au cœur du nouveau
rapport de force que les municipalités du Québec
veulent établir avec le gouvernement provincial.

Abordons maintenant la situation budgétaire de la


ville...

Nous évoluons, on va se le dire, dans un contexte un


peu pénible. Je vous en parle parce que c’est la
situation budgétaire qui nous permet de poser des
gestes concrets, de mettre en œuvre nos ambitions et
de réaliser notre vision.

Malheureusement, les pressions exercées sur le


budget municipal depuis quelques années ne nous
laissent aucune marge de manœuvre pour investir
dans notre développement.

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Vous comprendrez que, dans un tel contexte, il est de
notre responsabilité d’agir vigoureusement et de faire
du ménage dans notre propre cour, si l’on veut
épargner le compte de taxes des citoyens.

C’est pour cette raison que nous avons créé, en avril


2011, la Commission sherbrookoise des activités
municipales (CSAM) avec comme principal objectif de
revoir nos activités et de générer des économies.

Divers chantiers ont porté leurs fruits : nous avons


introduit des modifications importantes à la collecte
des déchets, nous avons également modifié notre
politique d’épandage d’abrasifs, d’impartition des
mandats en technologie de l’information et modifié
notre schéma de couverture de risques en sécurité
incendie.

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Toutes ces mesures nous ont permis d’économiser
des millions dans le budget municipal, et ce, de façon
récurrente.

C’est dans le cadre de cet exercice que j’ai proposé


de revoir la gouvernance et les services de proximité.
Le 11 octobre 2013, j’ai rendu publique la proposition
de notre formation politique pour réduire le nombre
d’élus et d’arrondissements et pour réviser la gestion
des loisirs et des parcs.

Vous le savez, cet enjeu a fait l’objet d’un long et


nécessaire débat. Un débat qui a été parfois houleux
et acrimonieux, qui heurtait profondément les
sensibilités de certains de nos citoyennes et de nos
citoyens.

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Je dois dire que je suis très fier qu’on ait pu briser ce
plafond de verre, cette tendance à tenir les structures
et les pratiques pour acquises, même quand il y a
urgence d’agir. Ce n’est pas facile de se remettre en
question.

Mes collègues du conseil municipal peuvent aussi


être fiers d’en être venu à un compromis, soit 14 élus
et 4 arrondissements, qui sans plaire à tous, nous a
enfin permis d’en arriver à une conclusion sur ce
débat qui durait depuis le mois d’avril 2011.

Les membres du conseil ont démontré du courage et


de la maturité et je tenais à le souligner, car ça n’a
pas été un débat particulièrement facile…

Mais comprenez une chose, au-delà des économies,


il y a un message et ce message c’est celui d’un

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conseil municipal qui s’est engagé à prendre ses
responsabilités, un conseil qui a démontré du
leadership et qui a su prêcher par l’exemple.

Par cette décision, nous avons envoyé un signal clair


à l’effet que nous sommes maintenant à l’heure de
l’optimisation et de l’efficience dans la gestion et la
prestation de nos services à la population.

Mais on ne peut parler de la situation budgétaire de la


ville sans évoquer l’épineux dossier des déficits
actuariels des régimes de retraite de nos employés.

Vous le savez, il s’agit d’un défi budgétaire sans


précédent puisqu’il dépasse largement notre capacité
de payer tellement les sommes en cause sont
astronomiques.

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Nous le savons, même si les rendements ont été très
bons en 2013, le problème est structurel et non
conjoncturel.

Nous avons entrepris un processus de discussion


avec nos employés. Nous nous en remettons à
l’ouverture, à la bonne foi, au pragmatisme et au sens
des responsabilités de tous.

Parallèlement, les discussions avec le gouvernement


du Québec ont beaucoup avancé au cours des
derniers mois, le premier ministre, Philippe Couillard,
a déjà annoncé son intention d’agir sur ce front. Le
nouveau ministre des Affaires municipales, Pierre
Moreau, l’a répété en fin de semaine.

Parce qu’il faut se rappeler que les citoyens de


Sherbrooke font déjà très largement leur part. Lors du

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dernier budget, nous leur avons demandé de mettre
la main dans leur poche et d’absorber une hausse de
taxes de 3,3 %.

Nous avons également demandé aux commerçants,


qui ne connaissaient pourtant pas une année facile,
de faire leur part en encaissant une augmentation des
taxes sur le non-résidentiel.

Nous avons ensuite demandé aux promoteurs


immobiliers de faire leur part en leur refilant une
facture additionnelle qui les oblige à payer
eux-mêmes des travaux qui étaient historiquement
assumés par la Ville de Sherbrooke.

Dans cette même foulée, hier soir, le conseil


municipal a adopté la réorganisation de la Direction
générale de la Ville proposée par notre directeur

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général, M. Yves Vermette. À partir d’aujourd’hui, un
des directeurs généraux adjoints a la mission explicite
d’optimiser l’administration municipale, de nous
rendre meilleurs dans ce que nous faisons.

De nouveaux chantiers seront donc lancés au cours


des prochains mois, des chantiers qui examineront
des pans entiers des activités municipales sur
lesquelles nous ne nous étions pas penchés jusqu’à
maintenant.

Nous proposerons une démarche structurée,


organisée qui sera largement discutée avec les
membres du conseil et avec toutes les parties
prenantes de l’organisation municipale. On ne peut
pas se permettre d’improviser si on veut obtenir des
résultats significatifs et durables.

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Les élus municipaux sont d’ailleurs invités à un
important lac-à-l’épaule, le 14 juin prochain, pour
discuter de la stratégie à adopter pour les prochaines
années.

Voilà qui fait le tour du jardin en ce qui concerne le


contexte budgétaire auquel notre ville est confrontée.
Je vais maintenant vous parler, si vous le voulez bien,
de notre environnement économique.

Vous en conviendrez, l’année 2013 n’a pas été une


année faste et euphorique sur le plan du
développement économique. Nos entreprises et nos
gens d’affaires ont démontré énormément d’agilité et
je trouve cela extrêmement encourageant.

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Nos entrepreneurs ont tiré avantage des grands
cycles économiques. Alors que notre dollar était au
dessus de la devise américaine, les investissements
industriels ont été en hausse de 20 % en 2013 par
rapport à 2012, pour atteindre 144 millions de dollars.
Ils ont investi principalement dans la machinerie, les
équipements et en recherche et développement.
C’est extrêmement rassurant pour l’avenir.

C’est ce qu’illustre le dernier rapport annuel de


Sherbrooke Innopole, dévoilé la semaine dernière par
son président, M. Marc Cantin et par sa directrice
générale, Mme Josée Fortin.

En dépit de la situation dans laquelle se trouve


l’économie mondiale, situation qui demeure précaire,
nous avons connu, cette année encore, un gain net
de sept entreprises et de 402 nouveaux emplois au

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sein des entreprises qui font partie de nos cinq
filières-clés.

Un des phénomènes importants à être survenu à


Sherbrooke au cours des dernières années, mais
curieusement, une des choses dont nous parlons le
moins, c’est la croissance de la population.

Quand je suis devenu conseiller municipal pour la


première fois en 2001, nous étions 138 000
Sherbrookois et Sherbrookoises, aujourd’hui nous
sommes 160 000. Cette croissance place la Ville de
Sherbrooke dans le peloton de tête des grandes villes
du Québec en termes d’attractivité.

Cela dit, même si nous attirons du monde, il faut les


faire travailler. Là-dessus, les perspectives semblent
bonnes. En 2014, notre PIB devrait demeurer

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au-dessus de la moyenne québécoise selon le
Conférence Board du Canada avec une croissance
de 2,1 %. C’est davantage que celui de la ville de
Québec (2 %), de Saguenay (1,4 %) et de
Trois-Rivières (0,5 %).

Le taux de chômage demeure, pour une cinquième


année consécutive, inférieur à la moyenne
québécoise avec un taux de 7,5 %.

Aussi positifs soient-ils, ces chiffres nous disent que


nous avons encore beaucoup de travail à faire,
particulièrement sur l’adéquation entre les emplois
disponibles et les qualifications des travailleurs.

Avec le redressement prévu de l’économie


américaine, la perspective de l’entrée en vigueur du
traité de libre-échange avec l’Union européenne et la

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baisse du dollar canadien, les conditions sont réunies
pour que le marché des exportations de nos
entreprises se redresse.

Nous avons le devoir d’accompagner nos entreprises


pour les aider à tirer le meilleur parti de cette
conjoncture hautement favorable et c’est l’objectif que
s’est donné Sherbrooke Innopole en 2014.

En compilant les résultats des 5 dernières années, je


pense qu’on peut affirmer que notre stratégie de
développement économique est la bonne. En effet,
nous avons été en mesure, en pleine crise mondiale,
de continuer à créer des emplois à haute valeur
ajoutée. Il m’apparaît de plus en plus clair que nous
avons misé sur les bons créneaux.

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Maintenant, permettez-moi de faire le point sur le
dossier de l’aéroport de Sherbrooke…

Vous le savez, en 2013, nous avons frappé un mur, le


mur de l’indifférence du gouvernement fédéral.

Je suis extrêmement amer et déçu de cette situation.


Depuis que je suis en politique, où mon rôle est de
faire arriver les choses, c’est sans aucun doute ma
plus grande déception, pour ne pas dire ma plus
grande frustration.

Jamais je n’aurais cru, ça fait partie de mes rares


désillusions politiques, que le gouvernement fédéral,
dont le crédo est le développement économique, allait
être aussi insensible à l’un des principaux enjeux de
la Ville de Sherbrooke et de toute une région.

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Je rencontre des entreprises pour qui l’absence de
services aériens commerciaux est un véritable frein à
leur développement, des entreprises de Sherbrooke
et de l’Estrie qui, pour la même raison, délocalisent
certaines activités vers les grands centres comme
Montréal et Toronto…

J’entends aussi, par l’entremise de Destination


Sherbrooke, que notre industrie touristique est privée
de dizaines et de dizaines d’événements parce qu’un
aéroport fonctionnel est devenu un critère pour
obtenir des congrès nationaux et internationaux…

Je vois aussi des communautés de la région qui


tentent de se relever après avoir encaissé des coups
durs, je pense à Thetford Mines et à Asbestos, parce
que les mines d’amiante ont été fermées. Et que dire
de Lac-Mégantic… ces villes ont aussi besoin de cet

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outil de développement économique… l’insensibilité
d’Ottawa est tout simplement scandaleuse.

Dans un discours prononcé le 23 mars dernier à


Niagara Falls, la ministre fédérale des Transports,
Lisa Raitt, disait ceci :

« De nos jours, pour prospérer dans l’économie


mondiale, nous devons pouvoir compter sur des
réseaux de transport sûrs, sécuritaires, respectueux
de l’environnement et efficients, qui favorisent le
commerce et la croissance économique, créant des
emplois et contribuant à la prospérité future ».

Quatre jours plus tard, le 27 mars, c’est la même


ministre des Transports qui répondait à une question
de notre député de Sherbrooke à la Chambre des
communes, Pierre-Luc Dusseault, en disant que

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Sherbrooke ne sera pas ajoutée à la liste des
aéroports désignés. Non c’est non!

On nous demande d’attendre, d’être patients, on nous


affirme qu’il y a une vingtaine de cas comme le nôtre
au Canada et que l’on travaille sur un nouveau cadre
légal pour accommoder les aéroports comme celui de
Sherbrooke.

Les derniers renseignements internes que nous


avons été en mesure d’obtenir nous laissent croire
qu’il s’agit d’une priorité très lointaine.

Pendant ce temps-là, nous avons travaillé des


alliances, avec le maire de Montréal, d’abord, mais
aussi avec celui de Cold Lake, en Alberta, placé dans
la même situation que nous.

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Nous avons également travaillé sur une hypothèse
qui aurait fait de l’aéroport de Sherbrooke une
extension de l’aéroport de Montréal, ce qui nous
aurait permis de profiter de la désignation existante
de Dorval.

Nous avons travaillé directement avec le fournisseur


privé de l’Agence canadienne de sécurité dans le
transport aérien pour déployer un système de sécurité
qui répondrait aux standards et aux pratiques de
l’Agence. Malheureusement, il y avait un petit bout
d’article dans la loi qui nous empêchait d’emprunter
cette voie qui semblait pourtant intéressante…

Bref, nous travaillons et nous réfléchissons « outside


the box » comme disent les anglophones, mais je
vous avoue que je trouve ce dossier extrêmement
frustrant.

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Vous savez, en 2012, nous avons commandé une
étude à la firme MBA Research auprès de 1 509
répondants, qui démontrait que 7,8 % des voyageurs
de notre région utilisaient les aéroports américains
(Burlington, Plattsburgh, Manchester et même
Boston).

Nous avons demandé à MBA Research de refaire la


même enquête le mois dernier. J’ai eu les résultats la
semaine dernière.

Cette fois, l’enquête a été réalisée auprès de 1 513


répondants. Combien de voyageurs de la région se
sont rendus dans les aéroports américains? 18,7 %!
C’est presque 2 fois et demie plus.

Nous savions que les fuites économiques étaient de


plus en plus importantes, que les marchés de

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Sherbrooke et de l’Estrie glissent de plus en plus
rapidement vers les États-Unis, ce que nous
confirment les résultats de l’enquête est que ces
fuites s’accentuent à une vitesse grand V. Quelle sera
la proportion dans 2 ans… 25 %, 30 % ou 35 %!

Devant l’insensibilité du gouvernement fédéral qui ne


veut pas reconnaître la situation particulière qui
prévaut à Sherbrooke, je vous annonce que nous
allons travailler avec ceux qui veulent faire des
affaires avec nous, nos voisins du Sud.

La direction de l’aéroport de Burlington est très


intéressée à travailler avec nous, et ce, pour des
raisons évidentes. C’est pourquoi nous avons entamé
des discussions, notamment avec des représentants
de compagnies aériennes américaines et de la
douane américaine pour voir si nous pourrions

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développer des modèles mutuellement avantageux
pour eux et pour nous.

Nous en sommes à un stade exploratoire, mais vous


comprendrez qu’il y a énormément d’ouverture de
leur côté, une attitude qui tranche agréablement avec
celle que nous rencontrons chez notre propre
gouvernement.

Je suis conscient que cette option serait loin de régler


tous nos problèmes de mobilité, notamment vers
Toronto, mais elle mérite quand même d’être
explorée et c’est ce que nous avons commencé à
faire. Nous avons le devoir de ne rien négliger, de
tout envisager et nous ne manquerons pas à ce
devoir.

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Laissez-moi vous parler de dossiers plus
réjouissants... nos perspectives de développement.

Comme vous le savez, en matière de développement


économique et de création d’emplois, il existe deux
grandes approches.

La prospection qui mise sur notre capacité à attirer


des entreprises de l’extérieur et l’entrepreneuriat qui
mise sur notre capacité à créer nous-mêmes des
entreprises.

Cela dit, en matière d’entrepreneuriat, nous nous


positionnons de mieux en mieux. Vous savez, la
Fédération canadienne des entreprises
indépendantes publie annuellement son palmarès des
villes entrepreneuriales au Canada. Il s’agit d’un

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indice qui s’appuie sur 14 indicateurs dans 3
catégories (présence, perspective et politique).

Des 107 villes canadiennes analysées, Sherbrooke


était 23e en 2009, elle est passée à la 21e place en
2012 et s’est glissée à la 14e position l’an dernier.
Parmi les grandes villes canadiennes de plus de
150 000 habitants, Sherbrooke est 1ère au Québec et
5e au Canada, après Calgary, Saskatoon, Toronto et
Edmonton.

En dévoilant ces résultats l’automne dernier,


l’économiste de la FCEI, Simon Gaudreault, disait :
« Sherbrooke s’est fortement positionnée dans
l’ensemble des indicateurs de l’étude avec une forte
concentration d’entrepreneurs, un taux élevé de
démarrage d’entreprises, un niveau d’optimisme et de
réussite élevé pour les entreprises, ainsi que des

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politiques fiscales et réglementaires favorables aux
entreprises ».

Vous savez, il se fait des choses extraordinaires sur


notre territoire. Un foisonnement d’initiatives, de
moyens pour éveiller chez le citoyen, chez les jeunes
aussi, l’entrepreneur qui dort en eux, stimuler son
éclosion et soutenir son épanouissement et son
développement.

Au cours des dernières années, on ne s’est pas


contenté de regarder les autres. De nombreuses
organisations, très porteuses, ont été créées sur notre
territoire par nos partenaires du développement.

Je pense l’institut de l’entrepreneuriat de l’Université


de Sherbrooke...

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... à l’Accélérateur de Création d’Entreprises
Technologiques de l’Université de Sherbrooke
développé sous le leadership de l’ex-doyen de la
Faculté d’administration, Roger Noël.

Je pense au travail de ProGestion Estrie qui depuis


30 ans, développe l’entrepreneuriat à travers
différents programmes d’accompagnement comme le
service d’aide aux nouveaux entrepreneurs.

Je pense au centre d’entrepreneurship


Dobson-Lagassé qui accompagne des jeunes
entrepreneurs depuis maintenant 16 ans.

Au programme de mentorat d’affaires de Sherbrooke


Innopole, à son projet Entreprendre Sherbrooke,
mené avec ProGestion Estrie et par la cellule
sherbrookoise de réseau Anges-Québec.

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Je pense au Cégep de Sherbrooke qui offre à ses
étudiants un profil entrepreneurial qui est une
formation facultative et complémentaire à différents
programmes pour développer les compétences
entrepreneuriales.

Le Carrefour jeunesse-emploi de Sherbrooke qui


tient des activités d’éveil à l’entrepreneurship.

Le Forum Jeunesse Estrie tiendra demain à


Sherbrooke, le 2e Salon estrien de l’entrepreneuriat
scolaire où une trentaine de projets seront présentés.

Je vous le dis, les astres sont de plus en plus alignés


pour que nous puissions réussir LE virage qui va
changer le visage de notre ville et qui fera de nous un
modèle.

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Nous avons tous les ingrédients nécessaires pour
faire éclore une culture entrepreneuriale forte et
permanente, la volonté des acteurs du
développement y est, la détermination de nos
institutions aussi.

Nous sommes la 1ère ville au Québec et nous pouvons


devenir la 1ère ville au Canada.

Cet objectif exige une cohésion exemplaire et une


parfaite synchronisation des actions entre les acteurs.
Je suis profondément convaincu que nous sommes
capables de générer l’éclosion de dizaines et de
dizaines d’entreprises et de leur permettre de se
développer chez nous, à Sherbrooke.

C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que


nous avons demandé à Sherbrooke Innopole de

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travailler à la réalisation d’un projet d’incubateur
d’entreprises innovantes au centre-ville de
Sherbrooke.

Un comité de pilotage y travaille déjà depuis


plusieurs mois, analyse les meilleurs modèles et les
meilleures pratiques qui existent en Amérique du
Nord et dans le monde.

Il faut aussi comprendre qu’il s’agit d’un projet


extrêmement structurant pour notre ville.

Un incubateur est un lieu où le démarrage et la


croissance d’entreprises sont facilités par une offre
de services et de ressources à moindre coût.

Mais un incubateur, c’est infiniment plus que de la


brique et du mortier, c’est un état d’esprit, c’est la
création d’un écosystème entrepreneurial, une
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synergie entre les entrepreneurs de divers horizons
et les ressources humaines et matérielles mises à
leur disposition.

Un écosystème entrepreneurial peut s’articuler,


prendre racine et se développer dans un espace
physique qui est en mesure d’offrir à la nouvelle
génération d’entrepreneurs un milieu de vie stimulant,
un milieu de vie à la mesure de leurs aspirations où
l’on peut y habiter et y retrouver une concentration de
services et d’activités sociales et culturelles riches.

Ce lieu peut parfaitement être le centre-ville de


Sherbrooke.

Mais pour y arriver, nous avons un rôle à jouer,


fournir les outils nécessaires à la redéfinition et à la
relance de cet espace.

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Outre l’incubateur technologique, je souhaite
introduire un programme qui vise l’accès à la
propriété au centre-ville.

D’autres incitatifs, de nature fiscale, qui pourraient


faciliter la mise en place de cet écosystème
entrepreneurial.

Les grands objectifs sont d’ailleurs déjà tracés dans la


démarche Centre ville 2020, menée par
M. Jean-Pierre Bertrand de l’Université de
Sherbrooke, pour Commerce Sherbrooke.

Évidemment, ces projets seront amenés et discutés


en temps et lieu au conseil municipal.

Voilà les outils dont nous avons besoin pour


compléter notre virage, maintenant bien engagé, vers

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l’économie du savoir et d’assumer pleinement notre
identité de « Ville universitaire ».

Pour ma part, je ne m’en suis jamais caché, l’idée de


faire de Sherbrooke une véritable « Ville
universitaire » est au cœur de mon engagement
politique.

Cette personnalité de « Ville universitaire » se


développe jour après jour, grâce au travail
extraordinaire de nos institutions, qu’elles soient
universitaires, collégiales ou scolaires, grâce à nos
partenaires institutionnels, grâce à nos entreprises qui
s’investissent et qui investissent dans l’innovation.

Construire réellement une « Ville universitaire », c’est


aussi l’ouverture aux nouveaux arrivants et aux
changements, une ville où la création et la diffusion

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des produits culturels est présente partout, c’est une
ville qui mise sur l’éducation comme source de
développement des individus et de prospérité.

Une « Ville universitaire », c’est une ville où la


population a un fort sentiment d’appartenance à sa
communauté, à ses valeurs et c’est également une
ville qui croit en l’engagement dans son milieu.

Une « Ville universitaire », c’est une ville innovante et


synergique, une ville qui jouit d’une culture de
coopération et de partenariat qui est bien intégrée
dans toutes les organisations du territoire, qu’elles
soient publiques ou privées.

Une « Ville universitaire », c’est une ville qui met tout


en œuvre pour convertir le savoir en richesse et en

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emplois de qualité pour ses citoyens et par ses
citoyennes.

Être une « Ville universitaire », c’est un état d’être,


une façon de se développer, de prospérer, même
quand les vents économiques sont contraires.

Une « Ville universitaire », c’est une ville où


l’imagination et la créativité règnent, c’est une ville
que l’on ne veut pas quitter, c’est une ville où l’on veut
aller vivre, c’est une ville comme Sherbrooke.

Je vous remercie de votre attention.

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