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com

Takemusu Aïki
Tome I
L'Aïkido est le début d'une lignée unique des dix
mille générations de l'univers.

L'Aikidd est la vérité reçue du ciel, la merveilleuse


performance de l'aiki de takemusu.

L'Aikidd est la voie de l'harmonie du ciel, de la terre et


des hommes.

L'Aïkido est aussi la voie du. l'ordre des dix mille


choses.

Illustration de couverture : extrait de Takemusu Aiki©


Byakko Press
yAKEMUSU AIKI

Auteurs : Ueshiba Morihei et Takahashi


Hideo, édition originale japonaise
© BYAKKO PRESS,1987
812-1 Hitoana Fujinomyia-shi
Shizuoka Ken 418-0102
Japon

édition française
© EDITIONS DU CÉNACLE,2006
43, avenue du Peuple Belge
59000 Lille
France
ISBN : 2-916537-00-7
TAKEMUSU AI KI

Ueshiba Morihei

TAKAHASHI HIDEO

pDITIONS DU CÉNACLE
Takemusu Aïki

Traduction, annotations
ET TEXTES D'INTRODUCTION

KURIHARA SEUCHI, RÉGNIER PIERRE, TRAVERSI BRUNO

ÉDITIONS DU CÉNACLE
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MAÎTRE UESHIBA MORIHEI


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Maître Ueshiba et Maître Goi, dans


l'atelier Byakkó, en juin 1960.
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Devant le sanctuaire principal d'Iwama,


Maître Ueshiba entouré de son épouse et de
son fils, Kisshómaru. Au deuxième rang,
deuxième position à gauche, Takahashi
Hideo, et à droite, Maestro Hikitsuchi
Michio.
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Maître Ueshiba et Tamura Nobuyoshi, avril


1961, retour au Japon après un stage de deux
mois à Hawaï.
Notes sur les transcriptions

Pour la transcription des termes japonais, le système


simplifié Hepburn a été utilisé. Pour préserver l'uniformité
du travail, le même système a également été utilisé pour les
termes japonais hispanisés. Par exemple, « judo » et «
aïkido » ont été transcrits respectivement « jüdó » et «
aïkido ». Les noms propres sont présentés dans l'ordre
japonais :
patronyme (nom) suivi du prénom
wbre

19
indice

LE MONDE D'UESHIBA MORIHEI 25


Introduction à l'édition de textes

Français par Takemusu Aiki, TRAVERSi bruno


Préface27 ..........................................................................

Introduction générale aux cinq volumes de


Takemusu Aïki...............................................................37

Première partie : Participation sacrée47 ....................


A. La parole sacrée49 ...........................................
B. Le corps comme lieu sacré53 ..............................
C. Le sentiment de participation58...........................
D. Le sentiment de participation selon
la doctrine Shingon60...........................................
E. Le sens de la participation et
la conception du Néant62 .....................................
F. Ame-no-minaka-nushi-no-kami68 ......................

Deuxième partie : La mission sacrée73 .........................

A. Le paradis terrestre.... .......... .........


B. L'Omoto-kyo, religion millénariste.
C. La réalisation79................................................
D. L'action divine82 .............................................
TAKEMUSU AÏKI 95

21
Recommandations, Ueshiba Kisshomaru .....................97
L'incarnation divine. Éloge du vénérable
Ueshiba Morihei, Goi Masahisa..................................101

Aïkido et religion, GO1 Masahisa ..............................105


Rencontre avec le vénérable Ueshiba
par Dieu107.................................................................
L'Aïkido est la voie de la réalisation
l'identité de soi et de l'univers111.........................
Le vénérable Ueshiba, incarnation divine115 ......
L'expérience du vénérable Ueshiba de contemplation
de l'unification avec le Divin119 ................................

MyOfiñWibfcJdrf íORfe'™121 ..................................


S'il vous plaît, croyez sans aucun doute que Dieu est
amour129.......................................................................
Vous êtes les enfants bien-aimés de Dieu131.............
Takemusu Aiki135............................................................
Aïkido, Ueshiba Morihei.......................................137
Poèmes de la route, Ueshiba Morihei ...................157
Notes, Takahashi Hideo ........................................179
ANNEXES 183

Ueshiba Morihei185 Biographie Chronologique ..........


Notes de traduction189..................................................

Bibliographie, ouvrages de référence utilisés__.

22
par ToíTtraducteurs201 .................................................

23
Le monde d'Ueshiba Morihei

TRAVERSI BRUNO

Textes d'introduction, de préface et d'introduction


générale aux cinq volumes de l'édition française de
TakemusuAiki

25
Préf
ace

o
pcrrHáwoeWQiífeikfc^feriM^ihtóscfonH^rcdis]aítódi
osiècle. Visage familier, "corps de 80 ans", disait son
ami Goi Masahisa, à la posture droite et détendue, avec
une barbe et des sourcils blancs épais, un front long et
des yeux souriants ; des traces évocatrices, sans doute
caricaturales, de la sagesse d'un Orient rêvé. Et pourtant,
un visage inconnu, celui d'un homme qui a subi les
douleurs de son siècle, un visage qui pleure, celui d'un
mystique orienté vers l'Absolu et vers les hommes pour
construire la paisible cité du Ciel sur Terre,

et derrière ses caractéristiques les plus marquantes ;


mais aussi un visage exemplaire d'une pensée qui
s'articule autour du thème de l'apparence comme
révélation de l'âme.
Les propos d'Ueshiba, répétés ici pour la première
fois dans leur intégralité et donc dans toute leur
dimension, permettent sans doute d'éclairer un peu la
part sombre, sereine et mystérieuse qu'il porte en lui,
sans pour autant lever complètement le voile sous lequel
se cache. Au contraire, ses paroles ne font qu'ouvrir la
profondeur de cette partie, comme un papillon éclairé au
milieu d'un lieu sombre et immense. Il appartient alors à
chacun de tâtonner, avec le seul aide de ses mains et de
mots éclairants, dans l’univers du fondateur de l’aïkido.

27
L'ouvrage, Takemusu Aiki, s'articule autour d'une
compilation de dix-neuf discours prononcés par Ueshiba
Morihei durant les dernières années de sa vie, soit lors
de séances de formation, soit lors de célébrations
religieuses devant un public hétéroclite composé
d'anciens étudiants, de débutants et de non-spécialistes.
... des pratiquants mais intéressés par le fait spirituel et
martial, des intellectuels, des hommes de foi. Les
conférences ont été enregistrées, puis retranscrites et
annotées par Takahashi dóshuilorsque l'œuvre originale
a été publiée en 1987, un texte de Goi Masahisa intitulé
« aïkido et religion » dans le prologue, et plusieurs écrits
de Goi Masahisa et Takahashi Hideo dans l'épilogue.
Nous avons opté pour une traduction en plusieurs
volumes de l'œuvre originale. En raison de la
complexité des mots qui nécessitent de nombreuses
notes explicatives, notre objectif est de fournir au
lecteur occidental une traduction du texte original la
plus fidèle possible, ainsi que toutes les clés nécessaires
à son étude, connaissances préalables des connaissances
linguistiques et corps doctrinal dans lequel s'insèrent les
paroles d'Ueshiba. Nous avons bien entendu respecté la
disposition des conférences, certaines formant des
groupes. L'ensemble de l'ouvrage est donc divisé en cinq
volumes, comme indiqué ci-dessous, le premier volume
servant, en quelque sorte, d'introduction aux suivants.

TOME I :

Préface, Traversi Bruno


Introduction générale, Traversi Bruno

28
Recommandations, Ueshiba Kisshomaru
L'incarnation divine. Éloge du Vénérable Ueshiba,
Goi Masahisa
Aïkido et religion, Goi Masahisa
Aïkido, Ueshiba Morihei
Poèmes de la route, Ueshiba Morihei
Notes, Takahashi Hideo
Biographie chronologique
Notes de traduction

TOME II :

Préface, Traversi Bruno


1. L'Aïkido est le début de la lignée unique des dix
mille mondes de l'univers,
UESHIBA MORIHEI
2. L'Aikido est la vérité reçue du Ciel et l'application
de Takemusu Aiki, Ueshiba Morihei
3. L'Aïkido est la grande voie de l'harmonie et du
service sur la voie de l'ordre de l'univers, Ueshiba
Morihei
4. L'Aikido est la merveilleuse performance du
kotodama, le grand chemin de purification de l'univers,
Ueshiba Morihei
Notes de traduction

TOME III :

29
Préface, Traversi Bruno
Le chemin du développement personnel,
UESHIBA MORIHEI
À propos de la prière, Ueshiba Morihei
Le principe Bu, Ueshiba Morihei
L'origine de Takemusu Aiki, Ueshiba Morihei
Ma méthode de pratique de l'aïkido,
UESHIBA MORIHEI
ou
t^SHéáadMdiftBtóaikid formation,
Le vrai Bu, Ueshiba Morihei
Notes de traduction

30
TOME IV :

Préface, Traversi Bruno


À propos du Ki de Bu, Ueshiba Morihei
ESHIBA ORIHEI
Deuxième 'ouverture miroir'.', UTT M r
Le chemin établi pour Dieu, Ueshiba Morihei
Pratique de purification de l'âme, Ueshiba Morihei
Le vrai sens de la théocratie,
UESHIBA MORIHEI
Le Palais de la Vie Divine, Ueshiba Morihei
Le souffle du Ciel, le souffle de la Terre,
UESHIBA MORIHEI

Notes de traduction

TOME V :

Préface, Traversi Bruno


Compilation des paroles du Grand Maître,
TAKAHASHI HIDEO
1. La danse Kagura, Takahashi Hideo
2. Un avec l'Univers, Takahashi Hideo
3. Absorbe tout dans un seul sabre, Takahashi Hideo
4. Profil de Maître Ueshiba, Takahashi Hideo
L'hypothèse du vénérable Ueshiba, Goi Masahisa
Souvenirs de Maître Ueshiba, Goi Masahisa

31
Épilogue, Takahashi Hideo
Notes de traduction
Conclusion générale, Traversi Bruno

Il convient de noter que cet ensemble de conférences


n’a jamais été traduit dans une langue occidentale. Ce
fait surprendra quiconque connaît l'importance du
développement de l'aïkido dans le monde, et notamment
en Europe, depuis la disparition de son fondateur en
1969. Étant une discipline éminemment corporelle,
l'enseignement oral et l'expérience pratique ont sans
doute suffi à transmettre à dans une certaine mesure, le

tant sur le plan pratique que philosophique. La multitude


de facettes de l'aïkido, qui apparaissent souvent comme
antagonistes en raison de certains de ses aspects, devrait
nous obliger à réfléchir et à nous poser une question
essentielle, en nous orientant vers Ueshiba Morihei :
qu'est-ce que l'aïkido ? Si depuis la disparition
d'Ueshiba Morihei, l'intérêt légitime du pratiquant est de
« faire » et de « comment faire ? », la question de l'être,
de ce qu'est l'aïkido, a souvent été éludée. En matière de
discipline orientale, l’appréhension de l’être passe
nécessairement par la pratique. Par conséquent, la
question de savoir ce qu’est l’aïkido et la question de
savoir comment pratiquer l’aïkido sont étroitement
liées. Malgré cela, le problème de l’essence est souvent
omis. Or, c'est l'objet même desdits discours, et surtout
du premier d'entre eux, retranscrit dans ce volume.
Ueshiba n'explique pas ici tel ou tel mouvement. Il ne
s’agit ni d’une description technique ni d’une

32
présentation historique de la discipline, mais plutôt de
l’essence de ce que l’on appelle « l’aïkido ». Ainsi,
lemots de
protectionprd)ponHeal®¡Üázardunaiírtonbihctia,
d'une part, nous détournant de la question proprement
gestuelle du comment, et d'autre part, de manière plus
fondamentale, nous invitant à abandonner l'idée qui
consiste à réduire le terme d'aïkido à une discipline
particulière. En effet, à la question, qu'est-ce que l'aïkido
?, il ne répond pas par une phrase comme : « L'Aïkido
est une discipline martiale créée au cours d'une année
donnée, dont les pratiquants, l'aïkido, portent tel ou tel
costume et utilisent telle ou telle arme. ..", mais répond
par
la foi
dans le terme « aïkidó » la valeur de principe et non celle
d'un fait particulier. Au fil de ces conférences, Ueshiba
Morihei donne ainsi un double sens au terme aïkido : le
premier désigne la discipline qu'il a fondée au cours du
XXème siècle, le second désigne un principe naturel.iide
création et d'organisation qui, en tant que telle, a
toujours existé, concomitante à la création du monde.
Les deux aspects du terme ne sont pas étrangers l’un à
l’autre, mais entretiennent plutôt, selon Ueshiba, une
relation causale : l’aïkido en tant que discipline est
l’expression phénoménale appropriée, le visage, ou du
moins sa recherche, de l’aïkido en tant que principe.iii.
De là, la question : qu’est-ce que l’aïkido ? ouvre un
problème sur l'être de l'aïkido en tant que tel, à la fois
principe et chemin vers la réalisation effective dudit
principe. Le double sens du terme « aïkido » renvoie
alors à l’idée de mise à jour, c’est-à-dire de passage
d’une virtualité à sa réalité tangible. Donc, étant un

33
principe naturel, il y a implicitement l'idée principale
d'une évolution de la nature vers sa pleine réalisation, sa
perfection kansei]. Pour Ueshiba
Morihei, cette idée fait référence à la cosmogonie et aux
mythologies Sinto et Bouddha ; et dans une moindre
mesure, aux Évangiles, notamment en ce qui concerne le
perfectionnement du monde pendant la parousie.
Interroger l’être de l’aïkido, c’est alors devoir interroger
l’être du monde et donc l’Être suprême. Il s’agit
d’inscrire votre recherche dans une histoire qui s’étend
de la création du monde jusqu’à sa pleine réalisation,
c’est-à-dire d’envisager votre pratique selon une
perspective finaliste et non selon une causalité
uniquement motrice.iv v vi vii viii ix x.

L'ensemble de ces conférences représente ainsi les


fragments d'un enseignement méconnu qui invite
l'étudiant à réaliser un travail particulier pour accéder à
sa propre unité et à l'unité du monde. Ce travail nécessite
non seulement l'implication

taeHelaW^fiW^tWvWwell un coup

34
Introduction générale aux cinq volumes de
Takemusu Aiki

Ueshiba Morihei est né le 14 décembre 1883 à


Tanabe, à Kii, une petite province au sud de Honshü,
l'île principale de l'archipel japonais.
Sans aucun doute, il faudrait commencer toute
présentation d'un individu de la manière suivante : date
et lieu de naissance, le plaçant ainsi dans un espace
temporel et géographique, c'est-à-dire l'inscrivant
ífeffient^nWliáBtoa HimB.
Dans le cas d'Ueshiba, une telle présentation est
absolument insuffisante puisque sa vie est moins liée au
temps de l'histoire qu'à celui du mythe.xi. Si, en effet, on
donne à l'histoire une valeur du temps qui passe, et qui
devient ainsi un élément de mémoire classable et
explicable en rapportant une série d'événements les uns
aux autres et à leur époque, la vie d'Ueshiba échappe à
la préhension. l'historien. Pendant trente-cinq ans, son

37
existence contraire à l'art du biographe. Plusieurs écrits
ont été publiés pour tenter de se remémorer la vie
d'Ueshiba, mais sans succès : ils mettent en avant plus
de singularités dans la suite des événements que de liens
causals. Or, il nous semble que ces essais étaient voués
à l'échec, à tel point que l'existence d'Ueshiba, dans
l'essence même de son œuvre, se révèle intempestive,
c'est-à-dire hors du temps.
Il convient de noter que par intemporel, nous
entendons justement que, dans le cas d'Ueshiba
Morihei, un individu du XXe siècle dont l'œuvre a
marqué son époque d'une manière suffisamment
importante pour que, des décennies plus tard, des
milliers de praticiens répartis sur les cinq continents se
tournent vers chaque soir face à son image, on peut se
demander si au contraire il n'était pas l'homme de son
temps.
Le terme intempestif désigne d'abord le

La création de l'aïkido, qui


trouve ses racines dans les premiers écrits de la
civilisation japonaise et dont l'esprit abhorre la notion
de compétition, peut apparaître comme un acte
véritablement en rupture avec son époque qui a vu
émerger les premiers arts martiaux modernes dont la
conception du physique activité Elle est alors conforme
à l'idée anglo-saxonne d'un sport pouvant être pratiqué
aux Jeux olympiques, comme le judo. Dès lors, on peut
s'interroger sur l'assimilation qui se fait habituellement
entre la création du

6 Dans Takemusii Aiki, Ueshiba critique vivement la conversion


des arts martiaux en un « sport » de combat.
7 Le judo, créé en 1882 par Kanó Jigoró, est devenu discipline

olympique en 1960.

38
l'aïkido et autres méthodes martiales du début du XXe
siècle. Ce travail ne peut que nourrir une telle réflexion.
Deuxièmement, et fondamentalement, c'est sous un
angle beaucoup plus radical que l'on peut considérer
l'attribut intempestif attribué à l'existence d'Ueshiba.
L’intempestif peut être compris ici comme ce qui surgit à
contre-courant du temps. En effet, parlant de sa propre
discipline, Ueshiba affirme ceci : « dans l'aikidd
d'Ueshiba, il n'y a ni espace ni temps. », le caractérisant
ainsi par l'absence de temps. Mais à quelle époque se
réfère réellement ce déni et quelle temporalité implique le
contraire ! Le temps interdit ici est sans doute le temps de
la durée, qui s'étend d'un point à un autre : "Dans l'aikidd
d'Ueshiba, il n'y a ni espace ni temps, et cela s'appelle le
jour de la victoire."

temps de l'instant, du non-temps ou temps qui reste, qui


ne passe pas, temporalité de la présence. Or, ce temps qui
reste dans le temps qui passe est proprement celui du
mythe,
Q

temporalité intempestive. En fait, Ueshiba

8 "Là où l'histoire se fond dans un passé éternel, naît une civilisation


de type grec qui transforme toute chose en ombre d'éternité. Là où
l'histoire est pensée en termes d'avenir éternel, naît une civilisation de
type chrétien qui transforme toute chose en ombre d'éternité.
l'éternité. un chemin vers l'éternité. Mais quand l'histoire est vue
comme un moment dans un "maintenant" éternel, où le passé et le
futur se fondent dans le présent, alors tout vient sans qu'il y ait
d'origine et tout s'en va sans qu'il y ait de fin. , et ce qui est, est éternel,
toujours égal à soi. Cette conception inonde les profondeurs de la
culture et se réfère continuellement à la mythologie pour expliquer
son travail, affirmant que l'aïkido exprime le Kojiki, la cosmogonie
ressentie. De plus, ses actions, ses prouesses au combat résultent du
merveilleux, terme qui désigne à juste titre une activité extraordinaire

39
ou intempestive faisant écho aux légendaires maîtres bouddhas qui
alimentent les contes japonais.
Ainsi, pour la situer dans son essence, il faut inscrire
la vie d'Ueshiba dans une temporalité continuellement
dépassée par le temps du mythe. On pourrait donc
poursuivre notre présentation d’Ueshiba Morihei dans les
termes suivants :
Ueshiba Morihei est né le 14 décembre 1883 à
Tanabe, à Kii, une petite province au sud de Honshü, l'île
principale de l'archipel japonais. Il incarne, durant la
première moitié du XXe siècle, le 9

puis, d'une part, comprendre le sens du terme bourgeon


qui fait référence, selon lui, aux premiers mythes de la
cosmogonie shintoïste, et d'autre part, comprendre l'idée
d'incarnation qui oriente sa pertinence.

oriental dans lequel [nous, les Japonais] avons grandi. » L'explication


donnée dans cet extrait par Nishida Kitaró considère l'appréhension
du temps et de l'histoire basée sur la civilisation japonaise. une notion
qui présente une temporalité qui va de la création de l'univers à sa
pleine réalisation en passant par la construction du paradis terrestre,
histoire pourtant subsumée sous la catégorie de l'instant (voir
Introduction, deuxième partie, « Le paradis terrestre »).
9 Voir Annexes, note XXIII.

40
D'un point de vue historique, la création de la voie du
guerrier, bushi [Ét±], devenu plus tard bushidó [it±ü],
puis budó, est due à Yamaga Sokó (1622-1685). Le budó
émerge de l’histoire féodale japonaise, d’une réalité de
conflits guerriers où les individus et les autres s’opposent.
filáíüSéirE^frmVia Wrciflue <$£ldc ladlft

idéogrammes, bu [it] et dd [ü]. Comme vous le savez


peut-être, l'idéogramme dd signifie chemin, chemin.
Quant à l'idéogramme bu, il est sujet à diverses
interprétations. Les acceptions habituelles de ce terme
sont « martial », « militaire » et parfois « bravoure ».
Cependant, il est possible d’approfondir davantage
l’étude étymologique de ce personnage, en examinant ses
éléments constitutifs. Le bu idéogramme est, en fait,
composé de deux parties. Le premier [^c] signifie « lance
» ou « hallebarde ». La signification de la deuxième partie
[th] est généralement « stop ». D’où deux interprétations
antagonistes : soit l’arrêt avec la lance, soit l’arrêt de la
lance, qui bien sûr orientent la pratique d’une manière
différente. Dans la première interprétation, la lance,
c'est-à-dire l'arme en tant que telle, est considérée comme
un moyen de combat. Dans le second, il s’agit du dépôt
des armes. Chemin de combat ou chemin de paix.
Cependant, une étude plus approfondie de l'étymologie
du terme bu peut nous orienter vers une double
déformation du caractère pied [S.]. Ainsi, l'idéogramme
bu désignerait à l'origine quelqu'un qui marche avec une
lance. Interprétation plus neutre, mais cela déplace le
problème. La question qui doit guider notre cheminement
est alors la suivante : quel personnage peut servir de
modèle originel au porteur de lance ? Pour répondre à
cette question, il faut s'orienter, avec Ueshiba, vers la
mythologie Sinto. Selon les Kojiki et les Nihonshoki, les

41
premiers porteurs de lances sont Izanami et Izanagi.xii
dont le travail consiste à créer et à ordonner le monde.
Cette nouvelle interprétation du caractère bu fait
référence à l'interprétation donnée en second lieu « arrêter
la lance », puisque les notions d'ordre et de paix
s'impliquent. Cependant, l'interprétation mythologique
dépasse l'interprétation morale et humaine, conférant au
personnage Bu une dimension métaphysique, c'est-à-dire
une dimension de l'ordre du principe (dimension
principe), principe non pas physique mais spirituel,
principe d'ordre : " Moi, Ueshiba, je veux
systématiquement réparer ce monde
ou^f,bP%feifeió,ZÍI^ii^i<la qualification profonde du
terme bu doit être considérée comme l'essence même de
la recherche d'Ueshiba. Ses conférences peuvent être
définies comme des circonvolutions qui tentent
d'approcher cette signification. On voit ici, à travers la
recherche du sens originel de cet idéogramme, comment
la démarche d'Ueshiba dépasse l'histoire à travers la
mythologie. L’historicité du terme bu est considérée
comme un moment secondaire au sein d’un temps
mythique toujours actuel. L'archétype du Bouddha
enseignant peut ainsi être perçu comme toujours présent,
dans une présence intemporelle, dès une première
occurrence basée sur le travail des parents originels, et est
prêt à s'incarner plus ou moins parfaitement chez certains
individus. C'est dans cette perspective qu'Ueshiba
envisage sa propre existence, et c'est donc dans cette
perspective qu'il faut appréhender ce qui influence et
détermine ses choix et ses actions.
Aux mythes de la cosmogonie Sinto auxquels
Ueshiba se réfère constamment, s'ajoutent les légendes

42
du, du, de cela. inspire et, sur cette base, ajuste sa vie. Des
légendes qui nourrissent l’histoire japonaise comme des
moments en rupture avec le temps. Tout le monde connaît
les contes martiaux qui racontent les exploits de guerriers
célèbres. Ces personnages qui nourrissent la littérature
japonaise sont décrits comme s'ils possédaient de
merveilleux pouvoirs, comme la clairvoyance, des
capacités de puissance extraordinaires et une habileté
dont ils font preuve lors de combats épiques. Ils se sont
joints, tout au long de l'histoire, aux professeurs du
bouddhisme, notamment du Zen [^] et du Shingon.xiii
xiv[MH], embauchés comme conseillers sur les pratiques

spirituelles et magiques, attirés par la réputation de leurs


capacités surhumaines. L’un de ces auteurs de miracles
qui nourrit encore aujourd’hui l’imaginaire japonais est
En-no-Gyója, adepte du bouddhisme ésotérique et
initiateur du Shugendo au VIIe siècle. La légende
populaire le décrit volant dans l'espace en compagnie des
immortels, capable de maîtriser les kijin par le simple
charme de sa voix.xv.
Selon Wunenburgerxvi, ce type de capacités
surhumaines caractérise le type de personnage sacré
commun à toutes les religions (prophète, saint, chaman).
Ils induisent dans leur environnement le sentiment du
numineux, c'est-à-dire d'une présence transcendante, d'un
au-delà sur le plan terrestre. Ueshiba Morihei, appelé
aussi par ses disciples O Sensei, le « Grand Maître »,
représente un de ces personnages autour duquel, selon les
commentaires de ses intimes, l'Absolu semble
transparent.
Le cours de la vie du fondateur de l'aïkido ne tourne
pas autour d'une succession causale d'événements
temporels, mais prend plutôt son origine dans une
verticalité dans laquelle les temps passés surgissent pour

43
s'actualiser à nouveau. Ueshiba Morihei donne ainsi à sa
vie une causalité mythique, l'ajustant à la même condition
que l'existence des héros d'antan flffigiiteFiohátoéiftá^)
dielWhtoscny N^eiWd$> en l'ajustant à celle de certains
de ses contemporains, eux-mêmes réputés pour incarner
une époque intemporelle, comme Takeda Sókaku,
dignitaire d'une école laïque de Bouddha, comme
Deguchi Onisaburó et Goi Masahisa, explorateurs
mystiques et ambassadeurs du « monde des kami ».

La rencontre avec Goi Masahisa est sans aucun doute


d'une grande importance pour Ueshiba, compte tenu des
éloges qu'il lui adresse et des conseils répétés qu'il donne
à ses élèves de suivre son enseignement. Gomó Goi
Masahisa l'explique ici dans "Aïkido et religion", les deux
hommes s'harmonisent par la similitude de leurs
expériences spirituelles qui ne diffèrent finalement que
par leur domaine d'application.

Le monde d'Ueshiba est donc un monde sacré. Mythes


et légendes se concrétisent pour lui dans une temporalité
cyclique à travers l'expérience spirituelle et l'œuvre du
Bouddha qu'il applique. La notion de sacré ne définit pas
telle ou telle chose, mais plutôt un ensemble de choses
liées. Autrement dit, l’objet du sacré, c’est le lien. Ainsi,
le sacré exprime l’essence de la religion dont
l’étymologie latine, religare, rappelle que le sens originel
du terme est de raconter. A cet égard, Goi Masahisa, dans
son livre Dieu et l'homme,distingue la vraie religion de la
religion institutionnelle : « Le développement de la
religion et ses organisations
fWdMfflfelogóWÍ&WaiflffiWfi
Dans les temps anciens, la compréhension de la religion
s’obtenait à travers l’expérience. [...] Trois courants

44
divisent actuellement le monde de la religion : le courant
théologique, le courant traditionaliste dont le souci
principal est de reproduire l'organisation formelle des
Églises et des sectes, et enfin le courant des hommes qui
tentent d'expérimenter la relation entre Dieu et êtres
humains."xviiC'est selon cette acceptation du terme «
religion » qu'il faut traiter le prologue de Goi. Ici, il ne
s'agit pas du tout de questionner les relations de l'aïkiao
avec les institutions religieuses d'un point de vue
historique, social ou dogmatique, mais plutôt
d'appréhender l'expérience sur laquelle repose l'aïkido
comme une expérience proprement religieuse ou sacrée,
c'est-à-dire , elle révèle le lien spirituel qui unit
l'individuel et l'universel. Le sacré est une certaine
manière d’éprouver le monde, tant d’un point de vue
intellectuel que physique, à travers ses multiples
relations, comme manifestation de transcendance.
Pénétrer dans le monde d'Ueshiba nécessite que le lecteur,
le pratiquant, marche vers ledit lieu, sorte de promontoire
sur lequel se dresse le fondateur de l'aïkido et depuis
lequel toutes choses lui semblent intimement liées. Le
sacré s'exprime en termes de participation, en accordant
notamment au corps une conception de réceptacle du
divin à travers l'expérience mystique, qui confère à l'acte
une conception d'expression du divin, qu'il

M^aiwtavdf^l, Wflé^íWciéh1 dHii^ sacré [lián, shimei].

45
Première partie
participation sacrée

Dans une appréhension sacrée de l'univers, les mythes ne


sont pas des choses lointaines, mais restent des présences
susceptibles d'être ravivées par l'activité humaine, que ce soit
par l'incarnation d'individus qui évoquent leur contenu à
travers leur existence et leurs actes exemplaires, ou par le
biais de célébrations populaires vécues comme la résurgence
de leur propre histoire au fil du temps des mythes. Cela leur
donne une identité supérieure et une raison d’être nécessaire.
Par exemple, à un certain moment de sa genèse, le
mouvement Omoto, dont Ueshiba fut un adepte, confond sa
propre histoire avec la mythologie en se replongeant, par des
actions symboliques, comme des pèlerinages ou l'attribution
de nouveaux noms ou titres, dans les lieux ou les dates qui
étaient les hérauts d'autrefois. Ainsi, le moment présent et.
Les temps mythiques sont plus sûrs, ou crus (pour être plus
exact). La représentation du temps linéaire est rejetée au
profit du temps cyclique. En général, les célébrations
mentionnées ci-dessus sont appelées matsuri [|£]. Le Kojiki
présente à la fois le prototype du matsuri à travers le « mythe
de la grotte », et une théorie de la célébration sacrée en tant
que telle.
Dans ce mythe, après avoir été enfermée dans une grotte,

46
Amaterasu, la déesse du Soleil, avait plongé l'univers dans les
ténèbres. Les myriades de dieux qui peuplaient la Plaine des
Hauts Cieux (voir Annexes, note XXV), sentit l'Olympe, se
rassemblèrent pour décider d'un rite sacrificiel capable de
contraindre leur divine compagne à quitter son antre. Ils
décidèrent, entre autres astuces, de fabriquer un miroir. Après
quelques jeux bruyants et riants qui éveillèrent la curiosité de
la déesse Soleil et l'amenèrent à observer furtivement ce qui
se passait et ce qui semblait éclairer un monde pourtant
plongé dans les ténèbres, ils placèrent le miroir devant son
regard. Ensuite,

^diW^Rtft1 Et ®ne l'envisagez pas.


Ce mythe qui symbolise le renouvellement des forces
vives est le prototype de toutes les cérémonies religieuses
sinto destinées à attacher les puissances célestes au plan
terrestre. C'est le cas par exemple des vacances du Nouvel
An. À l’origine, le matsuri impliquait des moments de transe.
De nos jours, ils sont remplacés dans la plupart des cas par
leur représentation imitée. Bien que symboliques, ces rites
suggèrent néanmoins une participation sacrée de l'individu à
l'univers, participation par laquelle l'harmonie du
fonctionnement universel doit être maintenue. Lors de la
première conférence Takemusu Aiki, les festivités du Nouvel
An sont ainsi l'occasion pour Ueshiba de présenter l'aïkido
comme une voie d'harmonie entre le Ciel et la Terre, une voie
qui doit permettre la construction d'un monde ordonné,
c'est-à-dire en paix.

A. La parole sacrée

Avant d'aborder les propos d'Ueshiba, il peut encore


paraître surprenant que Takemusu Aiki n'ait jamais été traduit
jusqu'à présent, le réduisant, même au Japon, au rang d'une

47
chose intime. Pourquoi cet ouvrage, unique en son genre
puisqu'il développe les enseignements du fondateur de
l'aïkido, décrit la genèse de son art et met en lumière les
événements marquants de sa vie, n'avait-il jamais été traduit ?
Pouvons-nous penser que c'est proprement dans la nature
cLuc, nous pouvons trouver les raisons de cela
En fait, la langue d'Ueshiba Morihei est une langue dont
les tournures grammaticales sont complexes, avec des clauses
fréquemment enchevêtrées, ponctuées d'expressions
anciennes. Par ailleurs, l’objet de ses discours est
particulièrement difficile à aborder puisqu’il mélange
syncrétiquement sinto, bouddhisme et christianisme, et
comporte donc un mot à la fois absurde et spécifique. Enfin,
et c'est sans doute la plus grande raison, les paroles du
fondateur de l'aïkido. Ils ne suivent pas l'ordre du . exposition
méthodique, mais ils suivent plutôt par résonance, comme la
parole inspirée, type de discours intuitif oublié de l'homme
moderne.
Posons-nous alors la question suivante : quelle est
précisément la nature dudit langage, dudit discours intuitif,
qui va tant à l'encontre de l'usage que nous faisons de la
parole ?
Pour apprécier la qualité du discours d'Ueshiba, il faut le
replacer dans la tradition japonaise des « histoires inspirées »
qui désignent les discours prononcés sous le règne d'un kami
üü, kamigakari.]xviii. La plupart des fondateurs des « religions
nouvellement nées »
shükyó]xixLes femmes japonaises ont institué leurs
mouvements sur la base de ces histoires extatiques. Les
paroles du fondateur de l’aïkido appartiennent à ce genre
hiérophanique. Ueshiba appartenait en effet au mouvement
religieux Omoto, fondé par Deguchi Nao d'après un
kamigakari, dont l'ascétisme reposait notamment sur une
pratique ancestrale appelée chinkon kishin no hó.xx[íl !)fl?

48
(Méthode D pour calmer l'âme et s'unir au divin] qui
permettait aux médiums d'entrer en transe. Ueshiba réutilisera
cette méthode au cours de sa formation. Il lui faudra
expérimenter personnellement un kamigakari. Ce moment
crucial inaugure véritablement la création de l'aïkido. en
termes de techniques et de finalités. Depuis lors, le fondement
de son enseignement consiste à se replonger dans la nature de
l'acte dans ses trois modalités que sont la parole, la pensée et
le geste, d'origine qu'incarne Ueshiba s'exprime non
seulement à travers le geste mais aussi à travers la
parole.Ainsi, les conférences qu'Ueshiba donnait lors de ses
cours, ou lors de célébrations particulières, comme les
festivités du Nouvel An, décrivent un univers sacré dans
lequel la parole elle-même vient de la révélation.
Sans aucun doute, l’importance du langage dans l’aïkido
n’a pas encore été mise à jour. Si la parole du professeur
(outre le fait que sa qualité est reconnue hiérarchiquement) est
habituellement reçue avec

49
calme et déférence, c'est le plus souvent par force d'étiquette.
Mais sous la formalité du cérémonial, il faudrait interroger
l’essence du langage, et comprendre ainsi la véritable place
de la parole professorale. Au lieu de le concevoir comme ce
qui explique le chemin, il semble qu’il faille plutôt le
comprendre comme ce qui le crée. En aïkido, si l’on fait
attention à ce que nous dit son fondateur, la parole ne doit pas
être considérée comme un moyen de communication, mais,
au contraire, comme la source de la réalité.xxi. D'après les
explications données par Ueshiba et Goi dans Takemusu
Aiki, le mot devrait être placé comme le principe primordial
de toutes les manifestations tangibles depuis l'apparition de
rien de la divinité première Ame-no-mi-naka-nushi jusqu'à
l'émergence actuelle de chacune. une de nos pensées et
chacune de nos actions. Le mot ne serait pas attaché à

Donc, sur la portée des paroles d'Ueshiba, il faudrait


s'interroger sur la nature du kotodama [BS], l'âme des mots,
sur celle du kotoba [íSB], la parole, sur leur relation et, tout
d'abord , sur ce qui relie le mot [B, koto] et la chose ou le fait
[M, koto]. Mais de telles recherches, finalement si
essentielles, ne peuvent tenir dans une simple introduction.
Nous ne ferons donc ici que l'évoquer ailleurs à travers les
notions de prière et de parole authentique dans le bouddhisme
Shingon.

B. Le corps comme lieu sacré

L'expérience mystique à travers laquelle Ueshiba Morihei


est investi d'une mission sacrée est un kamigakari píüü, pris
par un dieu]. Elle se caractérise par la descente d'en haut et la
pénétration du kami dans le corps du pratiquant. La Divinité
du Roi Dragonxxiiqui s'appelle
Ame-no-murakumo-kukisamuhara pénètre dans Ueshiba.

Vers deux heures du matin

une heure l'ascétisme de l'eau et, pour la première fois, il


me sembla que la pierre philosophale de l'œuvre de ma
propre divinité protectrice commençaitxxiii xxiv, esprit
protecteur2. En fait, l'ancienne divinité était descendue
d'en haut et avait pénétré[à l'intérieur de moi]. De plus, la
grande divinité Dragon Roi du Ciel
Murakumo-kukisamuhara (également appelée grande
divinité 1layatakemusir\) était descendue d'en haut et avait
pénétré [en moi] et m'avait dit "Je suis entré dans tes
veines, Ueshiba". Il ajouta ensuite qu'il était la divinité
protectrice de l'aïkidd. Puis il me dit : « Par l'Action des
grandes divinités de la double origine de l'Action de la
grande Divinité Relative à l'origine unique du
commencement du monde, c'est-à-dire par l'Action des
fondateurs du ciel et fondateurs du monde. le paysxxv xxvi, la
terre (l'univers entier) est apparue, mais maintenant, vous
y êtes[ici], via IzunomexxviiDevenir un

Izunome et purifie ce monde."


Comme nous l'avons déjà mentionné, ce type
d'expérience fait référence aux possessions divines des
fondateurs des « religions nouvellement nées ». Ainsi, par
exemple, en 1876, Kurozumi Munetada, fondateur de l'école
Kurozumi-Kyó sintó, prétendait être visité par la déesse du
soleil Amaterasu, et, en 1892, Nao Deguchi, le mendiant
extatique fondateur d'Omoto prétendait être possédé par la
déesse du soleil. divinité Ushitora, et non Konjin.

52
Le thème de la possession fait référence à la mythologie
Sinto telle que décrite dans le premier livre japonais, le
Kojiki. Dans de nombreuses parties de cette histoire, les
descentes sur Terre des kami célestes sont racontées dans le
but d'apaiser le monde des hommes emprisonnés dans un
désordre et une violence continus. Nous citerons par exemple
l'extrait suivant du Kojiki qui représente
Amaterasu-ó-mi-kami et Takami-musubi, l'un des cinq kami
primordiaux :
« Alors Ame-no-oshi-ho-mimi-no-mi-koto, qui se tenait
sur le pont flottant du Ciel, dit : « La plaine aux roseaux
luxuriants, le pays des épis-tendres-de-riz-de- - mille cent
automnes, c'est terriblement mouvementé. Il remonta et en
informa Amaterasu-ó-mi-kami. L'assemblée divine des huit
cents myriades de dieux fut convoquée sous le
commandement de Takami-musubi et
d'Amaterasu-ó-mi-kami, afin qu'il puisse penser : " Ce pays
au milieu de la plaine des roseaux est le pays destiné au
gouvernement de nos enfants. Et on dit que dans ce pays les
dieux terrestres sont des légions qui se déchaînent avec
violence. "Quel dieu allons-nous alors envoyer pour les
convaincre de se soumettre ?"
Il vaut la peine d'observer dans cette histoire la fonction
du pont flottant du Ciel [^0 j? í®, Ame-no-uki-hashi] qui
représente une transition entre le plan terrestre et le plan
céleste que les kami utilisent pour visiter la terre. Se tenir sur
ce pont est, selon Ueshiba, « la condition nécessaire pour
pratiquer l'aïkido » (voir Annexes, note XVIII). Dans cette
première partie du mythe, le plan terrestre est décrit comme
une terre de violence et de désordre dont le fond est les
actions désastreuses des kami terrestres qui refusent de se
soumettre aux lois du Ciel. La pacification nécessite la
descente sur terre des kami célestes amatsu kami] et leur
hégémonie sur les kami terrestres [Hfií kunitsu

idttdfi©ah¿feaqapa®ídeafifinaelme
descend, se matérialisant dans un corps, pour pacifier la terre.

Lors de l'incarnation, le corps, réceptacle de la divinité,


devient un shintai [ííft, corps de divinité] : « Je suis entré dans
tes veines ». Le mot shintai appartient à la terminologie Sinto
et désigne l'objet sacré lui-même, c'est-à-dire toute forme
matérielle censée contenir le divin.

bcami]., L'objet sacré classique du Sintó (cs la branche et


sákaki fCleyeñi japónica) utilisé par les prêtres lors des
rituels, ou encore le miroir. D'après le Nihon Shokixxviii,En
offrant le « précieux miroir » à son petit-fils,
Amaterasu-ó-mi-kami [Déesse du Soleil] lui dit : « Mon fils !
Quand tu regardes ce miroir, fais-le comme si tu me regardais
!xxix. Mais il peut aussi s’agir d’un objet naturel, d’un
parchemin ou d’une boîte. Tout objet peut devenir un objet
sacré, shintai, sous l'invocation d'un prêtre qui, par ses
"paroles puissantes" [>S, kotodama]", le lie musubi]xxx xxxi
xxxii xxxiiià un esprit [kami].

Les objets sacrés sont paradoxaux puisqu'ils sont les lieux


particuliers dans lesquels l'universel se manifeste. L'infini se
produit dans les limites du fini. Cela implique que « toutes les
parties dudit objet30
wí¡gopisdgrpdfeaeialíhditqdbjaqüiadd tout, :igGkiaactó
lui-même dans chacune de ses parties. [...] Les morceaux
d'une relique ont les mêmes vertus que la relique entière. La
plus petite goutte de sang contient le même principe actif que
tout le sang. »
Dans le cas du Kamigakari, le shintai est le corps même
du mystique. On peut donc parler d'un personnage sacré de la
même manière qu'on parle d'un objet sacré. A la fin de son
expérience spirituelle, Goi Masahisa écrit : « J'ai atteint le lieu
C. Le sentiment de participation

A travers son expérience Kamigakari, le personnage sacré


participe à l'ordre divin. Lors du kamigakari d'Ueshiba, la
participation se fait à travers la manifestation d'une divinité
particulière vécue en même temps comme étrangère à lui,
c'est-à-dire venue d'un autre endroit sur le plan humain et
terrestre, et pourtant de manière intime : " " La grande divinité
du Roi Dragon du Ciel Murakumo-kukisamuhara était
descendu d'en haut et avait pénétré [en moi]. Mais le
sentiment de participation à l'ordre divin peut être étendu
encore plus loin, et développé pour donner à l'adepte le
sentiment de communiquer avec chaque élément de l'univers,
l'univers lui-même étant alors considéré comme une entité et
assimilé au Grand Dieu :

refáh^lerwlty Gtélb d eMfáWeciQWtidB)e4s grande terre,


le ki doré émergea qui enveloppa mon corps, et j'eus la
sensation que j'avais été transmué en un corps d'or.
Simultanément, mon cœur et mon corps sont devenus
légers, je pouvais comprendre le sens du murmure des
petits oiseaux et j'étais déjà capable d'une pure harmonie
avec le cœur de Dieu qui a créé cet univers. À ce
moment-là, j'ai compris que l'origine du budó est l'amour
de
Dieu, l'esprit de protection et d'amour des dix mille
choses/ et des larmes d'extase coulaient sans cesse sur
mes joues.

C'est pour une expérience de ce type, d'identité de son « je »


avec les choses de l'univers qu'Ueshiba fonde sa méthode de
maniement du sabre :

Encore une fois, au bout de quelques jours, debout dans

58
le jardin, il n'y avait plus ni sabre ni "je" ni nuages de
lumière, j'avais l'impression d'exister au cœur de toutes
choses dans l'univers (uni à l'univers). À ce moment-là, il
n’y avait pas de ki de lumière blanche, ma respiration
régnait sur la fin de l’univers et l’univers pénétrait dans
mon ventre. J'ai compris que c'était un des arcanes
religieux, et que le secret de l'art martial est le même que
celui de la religion. Puis j'ai pleuré d'extase.

Pour tenter d'appréhender intellectuellement les paroles


d'Ueshiba et la nature de son expérience, nous devons les
considérer à partir de la doctrine du bouddhisme ésotérique
Shingon, une religion qu'il a pratiquée pendant plus de
quarante ans.xxxiv, et surtout de la notion de rien.

D. Le sens de la participation selon la doctrine Shingon

Le bouddhisme Shingon, école ésotérique du bouddhisme


japonais33, fonde sa doctrine sur le paradoxe d'un univers à la
fois unique et multiple, paradoxe résumé par la locution
ninifuni [_itiPF—, double et non-duel]. Selon l'enseignement
de cette école, tout ce que nous percevons dans le monde, la
diversité des phénomènes ne sont rien d'autre que les
multiples apparitions d'une seule et même réalité : l'Un,
personnifié par le Bouddha universel Dainichi [>;B, Sanskrit.
d'êtres, toutes créatures, y compris la myriade de dieux qui
composent le panthéon bouddhiste, parmi lesquels le
Bouddha historique Shakyamuni. Toutes les manifestations
sont donc considérées comme des émanations partielles de ce
Bouddha. Ainsi, les adeptes de cette école peuvent affirmer

59
leur identité d'essence avec le Bouddha cosmique : « Je suis
Dainichi » [K SPAB, ga soku dainichi]. Ils peuvent donc
aussi affirmer leur identité avec toutes choses de l'univers,

33Le Tendai intègre également des enseignements ésotériques.


Contrairement au Shingon, le Tendai place le Bouddha historique au
premier rang devant le Bouddha cosmique Dainichi.
, shiki shin fuñí]. Ainsi, les contradictions
inhérentes au monde phénoménal sont surmontées. Ces
affirmations paradoxales, qui peuvent être purement
intellectuelles lorsqu'elles sont le fruit de la réflexion de
l'adepte, deviennent des témoignages pour l'individu dont
l'ascétisme en fait une expérience mystique.
Le fondateur de l'aïkido utilise une formulation
équivalente pour exprimer son sentiment de participation :
"Je suis l'univers"ware
soku uchú].
Cette identité de l'univers et de l'adepte engage ce
dernier à la pratique des trois mystères [lll S, san mitsu].
Les trois mystères sont l'acte considéré dans ses trois
modalités, à savoir le mot [MB, shingon], le geste [ED^,
inei] et la pensée Zen. En les pratiquant, l'adepte s'identifie
au Bouddha cosmique Dainichi. Autrement dit, il incarne
l’Un aussi longtemps que dure son œuvre. Les trois
mystères représentent ainsi un chemin vers l'Éveil. Comme
son nom l’indique, le Shingon, bouddhisme ésotérique
japonais, fonde sa doctrine autour du mystère de la parole,
considérée comme le pouvoir créateur et ordonnateur du
monde phénoménal. L'individu peut ainsi abandonner la
parole profane pour accéder à la parole sacrée et acquérir
son pouvoir magique. On imagine sans trop d’effort à quel
point une telle conception de l’acte, et particulièrement de
la parole, pouvait attirer l’avidité des guerriers d’antan vers
d’autres fins non conformes à l’idéal bouddhique de

60
non-violence. Or, cette conception d'une parole
toute-puissante repose sur l'idée originelle de toutes choses,
c'est-à-dire sur leur indifférenciation fondamentale
qu'Ueshiba Morihei appelle « rien » :

Parce que je suis moi-même l'univers, je ne le suis pas.

La notion de participation nous a amené à introduire


celle de rien. Considéré comme le fondement de
l'univers, comme la réalité première derrière les
apparences du monde, le néant caractérise non
seulement la pensée bouddhique mais aussi l'esprit
japonais dans son ensemble. C’est à partir de là que se
forme une pensée sur l’identité du contradictoire.xxxvsur
laquelle se fonde la doctrine Shingon et sur laquelle
repose toute l'œuvre d'Ueshiba.

E. Le sens de la participation et la conception du Néant

La notion japonaise de rien est fondamentale pour


bien saisir la pensée et la pratique du fondateur de
l'aïkido. Le néant doit être traité avec beaucoup de
circonspection puisque son acceptation en Occident est
complètement différente.

L'homme occidental perçoit communément le néant


comme une absence, un manque, de la même manière que
le vide physique s'oppose à la nature, espace hostile
entourant la Terre et confinant l'espèce humaine, ou comme

61
le vide existentiel impliquant un effondrement du sens de
l'existence. dont les valeurs lui semblent sans fondement.
Le néant est donc considéré comme la notion antithétique
de l'existence. L'homme doit sans doute cette appréhension
à l'histoire d'une intellection qui prend naissance dans le
champ de la pensée grecque depuis Parménide. L'ancienne
métaphysique occidentale appréhende en effet le néant à
partir de la formule lapidaire suivante : « À partir de rien,
rien n'est créé » [ex nihilo nihilfif\. Les b»dácrfifla,QpígÚh
IWiátanúánjúc ©idtíMtapal® pfted# contiennent plus que
la cause. Ainsi, le néant se cantonne à une simple
abstraction, qu'il soit pensé comme la négation de ce qui
existe dans ce qui n'est pas, ou comme le néant sur lequel il
est inutile d'insister. Ainsi, s’interroger sur l’être du néant,
c’est-à-dire s’interroger sur l’être de ce qui n’est pas,
apparaissait impensable, au risque, sinon, d’aboutir à une
contradiction logique qui renverserait les principes
d’identité et de non-identité. le discours de la raison
l’implique. Or, puisque nous avons abordé ce paradoxe à
travers la présentation de la doctrine Shingon, c'est
précisément sur ce paradoxe que se fondent la pensée, les
expériences spirituelles et l'activité martiale d'Ueshiba.
La civilisation japonaise, contrairement à la
tradition métaphysique occidentale, ne rejette pas le
néant, mais l'embrasse plutôt comme principe de
création et d'harmonie. Ueshiba lui accorde les valeurs
les plus positives55, celles de l'Être dont l'essence est
pure lumière.

Ce que j'appelle néant n'est pas vide36. C'est


l'existence et le lieu de l'existence, le monde sans
objet de la lumière de la première origine. Ce
monde est l’expansion dudit néant37.

62
Le terme que nous avons exprimé pour désigner la
vacuité est Kyomu [liftM]. Désigne le néant. Cet extrait
est sans doute essentiel pour comprendre l’ontologie qui
sous-tend tous les propos d’Ueshiba. En eux, le Wftítef
d^l ^iddd^ísa^eqb-aclatflge ne peut être distingué
qu'une simple vision de l'esprit. Au contraire,
ajoute-t-il, c'est l'existence elle-même. Ce qui pose la
question du néant non pas comme une question parmi
d’autres, mais comme la première question
métaphysique. Il précise ensuite sa pensée : « c'est le
lieu dexxxvi xxxvii xxxviiiexistence", considérant ainsi le
néant comme le lieu fondamental dans lequel se trouve
l'être de toute chose. Or, ce lieu est caractérisé comme
lumière pure, c'est-à-dire dépourvu de tout objet taishó].
Le terme taishd désigne l'objet considéré par un sujet.
Ainsi, le monde sans objet de la lumière de première
origine désigne un monde de non-séparation,
d'indifférenciation, étranger à toute forme de jugement.
C'est précisément en cela que ce monde de première
origine s'appelle rien. Or, ce dernier est la source de la
multitude de choses du monde manifesté : ce monde est
l'expansion du néant dit. « Ce monde » [Z kono yo] fait
référence au monde actuel en apposition avec le monde
non manifesté de la première origine. Quelle est donc la
place de ce monde d’origine première ? Entret-il un
rapport chronologique avec le monde manifesté ou

.-iWfiais <fc fifenRfgSÁmte5-

D'un point de vue chronologique, Ueshiba définit


d'abord le néant comme ce qui existait avant la création.
C'est le Grand Vide Originel ou le Grand Espace

63
Videxxxix[XlÉzn, dai kokü] d'où l'univers naît et s'étend.
Cette émergence commence par un "point apparu
spontanément", un point qu'il faut identifier avec la
Divinité-maître-du-centre-auguste-du-ciel
\Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami\ , à partir de laquelle
l'univers s'ouvre sur une sphère parfaite, « une sphère
sphérique ». Les dix mille choses de l'univers sont ainsi
décrites comme ayant une seule origine [—7Ü, ichigen] ou
une seule racine [jfijjjji, kongen]. A l'apparition de ce
point, sont également associées une émission d'énergie [ki]
et le son [kotodama] SU, qui se prolonge et se transforme
en U.xl. A ce propos, Ueshiba évoque le Nouveau
Testament (Jean I, 1) : « Au commencement était la Parole
». Ce thème est récurrent dans les conférences du fondateur
de l'aïkido, car cette conception de la Création a une
implication directe sur le plan pratique : chaque technique
ou encore plus généralement chaque acte [H, waza]xliIl est
créé selon le même principe. L'art consiste donc à réitérer
ce qui existait primitivement avant le début des temps,
mais comme ce qui continue d'exister derrière l'apparition
du monde.
D'un point de vue ontologique, Ueshiba identifie le
néant à la réalité innée des choses. Malgré leur
apparente diversité, ils sont une seule et même réalité :
le néant. La réalité phénoménale ou réalité telle qu'elle
apparaît à travers le travail des six sens (les cinq sens
plus la conscience, voir Annexes, note XLIII) est donc
une pensée.
illusoire, ce qu'Ueshiba va jusqu'à affirmer que « les
choses existent et pourtant elles n'existent pas ». Ainsi,
selon lui, la description de la Création de l'univers prend
une dimension à la fois temporelle et intemporelle. Le
néant ne peut être limité à un temps antérieur à la Création,
puisqu'il n'est pas soumis aux formes du temps et de

64
l'espace qui procèdent à l'encontre de lui. L'éternité du
néant n'est pas éternelle mais intemporelle. Il existe donc
une réalité du néant qui permet de le considérer comme
une source d’où émerge continuellement l’univers. C’est
précisément de cette représentation de l’univers que naît
chez Ueshiba l’idée d’un temps cyclique dans lequel
l’histoire est la résurgence du mythe. Sur le plan pratique,
Ueshiba réalise un tel travail à partir de rien en tant que
créateur de l'univers lorsqu'il voit les techniques émerger
sans son intervention :

Ce jour-là, mon corps était plein de force,


alerte et libre, les techniques de divinisation
souverainexliiIls se sont produits naturellement.
S’il enseignait, il exécutait librement et
souverainement des dizaines de milliers de
techniques. S’il portait un sabre, le sabre
pourrait librement enseigner cette voie aux gens.
Je me demandais avec admiration comment il se
faisait qu'une telle force puisse apparaître et que
des techniques puissent émerger ainsi.
On peut aborder cette appréhension du néant, à la fois
comme un état primordial de l'univers, et comme un
Être qui réside derrière l'apparence des choses, à travers
la singularité de la divinité Ame-no-minaka-nushi.

F. Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami

Tous les hommes devraient, sur le pont flottant du


Ciel, devenir Ame-no-minaka-nushi-no-kami et se
lever.

65
Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami est, selon le
Kojiki, la première divinité de la Création. Son nom
eigttrBoádlitcratolcntc "Divinité-maître-de-l'auguste-
Selon le mythe, il apparaît spontanément de l'incréé.
Quatre autres kami le suivent, eux-mêmes issus d'une
génération spontanée : Takami-musubi-no-kami et
Kami-musubi- no-kami, puis Umashi (ashi-kabi-hiko)
ji-no-kami et Ame-no-toko-tachi-no-kami. Pour
exprimer l'apparition du kami au début des temps, le
Kojiki utilise le terme " ase-mase -ru » qui est
généralement traduit par « ont commencé à exister » ou
« sont nées ». Les premières divinités du sintó no §8B
Mtfo w°éí'wAWvfitte? feleteRS ; décrites dans le
Kojiki comme menant une existence comparable à celle
des hommes : naissance, infamies existentielles et mort
selon la longévité relative.
Cependant, une distinction doit être faite lorsqu'il s'agit
d'Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami. La
Divinité-maître-auguste-centre-du-ciel occupe, selon les
commentateurs estimés, un rang supérieur qui la placerait à
l'origine du temps et donc hors du temps comme le suggère
le fait qu'elle ne le fait pas. n'apparaît, contrairement à ses
pairs, nulle part ailleurs dans le récit mythologique. Elle
serait ainsi, contrairement aux autres kami créés, à la fois
au sein et au-dessus de l'univers empirique. Figure de
l'intemporel, elle se situe au sein de la Création et possède à
la fois les attributs « intemporels » et « sans espace » du
néant dont elle est directement issue. Cela lui confère un
rapport paradoxal aux choses, à la fois supérieur et intime.
Ainsi, selon Ueshiba, elle n'est pas seulement le centre de
l'univers mais le centre de tout. Ce centre est le bas du

66
ter Hwinwcqumfeii ftfeaalihacitoifiátcd'd^a eh&'íd'mlty
réalise clairement que le Ciel est la partie intérieure et
profonde de l'être humain et que le « je » divin est la
lumière du « non-moi » de la profondeur intérieure. »

Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami fait donc partie des


dix mille choses de la Création, le dieu qui donne accès au
Néant Originel qu'Ueshiba appelle le Grand Univers du
Vide ou le Grand Dieu Unique :

ufihtlUneíf^lMe. GWk>
univers. C'est-à-dire que ce n'est ni la terre, ni le
ciel, ni l'univers, mais l'Univers du Grand Vide.

Le Grand Dieu Unique n'est pas spécifiquement désigné


puisqu'il s'agit de l'Impersonnel, de l'Être. Cette fois
c'est un kami sans commencement et qui existe encore
car étranger au temps. Sa priorité doit être comprise
d’un point de vue ontologique. Cela transcende
absolument le temps et donc la Création. Cependant,
elle persiste dans le cœur des êtres par l'intermédiaire de
la divinité du Centre [Ame-no-minaka-nushi-no-kami]
qui en est la plus pure manifestation phénoménale.
Ainsi, en participant aux deux ordres, la divinité du
centre établit une relation intime entre le Néant originel
et les dix mille choses de la Création, c'est-à-dire le
Grand Dieu Unique et ses émanations. Le Grand Vide
[dai kokü] se trouve à la fois dans le cœur
[Ame-no-minaka-nushi-no-kami] de chaque être
humain et au centre de toutes choses. Le mythe de la
divinité du Centre du Ciel permet ainsi l'a-spatialité du
néant, comment le singulier peut participer à l'universel

67
en intégrant son Centre Vide, c'est-à-dire en devenant
semblable à Ame-no-minaka-nushi-no. -Kami.
Intégrer votre Centre Vide se présente donc comme
la condition nécessaire pour accéder au sentiment sacré
de participation à l'Univers. Il faut alors se demander en
ces termes : en quoi consiste l'intégration dudit centre,
d'où l'on tire le comportement comportemental de sa
découverte ? Qu'est-ce que d'avoir un corps vide ! Ces
questions sont d'une importance cruciale puisque
l'organisation de la formation dépend directement de
leur élucidation, c'est-à-dire du développement des
techniques qui constituent le chemin par lequel le
praticien accède à l'Éveil.
J'ai réussi à devenir un corps vide en pratiquant
l'interruption de la pensée, c'est-à-dire en contemplant le
vide.
Devenir vide, c’est avoir fait disparaître toutes les
pensées phénoménales et banales.

Le Empty Acting consiste à réduire à néant vos pensées


égoïstes.

Ces indications de Goi Masahisa nous renseignent sur


la corrélation entre l'interruption, la disparition, la
réduction de la pensée égoïste, phénoménale ou mondaine
et l'état de corps vide. Se li'íMrtcitfUi spíindu
rHyuiraoiaifemdttafoidfla tdé 1®abajd qui trouve sa racine
dans le monde phénoménal, c'est-à-dire dans l'apparence
des choses. En d’autres termes, la première étape est une
étape sacrificielle dans laquelle ce que nous formons une
identité particulière ancrée dans la série de relations
mondaines est réduite à néant. Ainsi, la technique,

68
considérée comme une voie de transformation, doit
recentrer le praticien pour qu'il établisse avec les choses
une relation intime et essentielle de non-distanciation, « et
non une relation

(g^ffiM?aé^YesiaHffid^WaMa dans le

42 Tout phénomène procède dans sa construction, à partir du sujet, à

partir de trois catégories cardinales que sont le temps, l'espace et le


rapport de causalité.

Cette démarche sacrificielle est sans doute ce qui


reste extrêmement difficile à réaliser pour l'individu,
puisque le néant avec lequel il a affaire est perçu
d'abord, non pas comme une lumière béatifique, mais
comme le néant. En fait, l’universel que l’on peut
découvrir dans l’expérience spirituelle n’est rien
d’autre, à ce niveau, qu’une hypothèse lointaine à peine
imaginable. La première étape est donc toujours
sacrificielle, même si la seconde est celle de
l'expérience sacrée de participation à l'universel qui
donne à l'individu, sous forme de lumière, de bonheur,
de connaissance et de pouvoir.
Le néant apparaît comme ce qui produit le monde
phénoménal, mais aussi comme un pouvoir de négation
qui permet à l'individu de dépasser sa condition finie,
pouvoir de création et pouvoir d'anéantissement, créant
le jeu de l'individuel et de l'universel.

69
Deuxième partie La
mission sacrée

A. Le paradis terrestre

"Devenez Uzunome et pacifiez le monde."


L'impératif que le kami céleste adresse à Ueshiba
l'oblige à se perfectionner en accomplissant sa mission de
pacification. La prescription de la divinité s'inscrit, pour
Ueshiba, au cœur d'une histoire personnelle marquée, outre
les études religieuses qu'il entame dès sa petite enfance, par
des rencontres avec des personnages qui l'incitent à
considérer le monde.

Smnagusujadadiici pptigloto,
dsve^^d&teeiMwaicááades naturels qui avaient terminé
leurs études supérieures et travaillé dans des universités
occidentales. Il apprend au jeune Morihei, alors âgé de
vingt-trois ans, à considérer le monde comme un seul
organisme vivant. A ses côtés, Ueshiba mène une
campagne écologique antigouvernementale pour sauver le
patrimoine de sa région natale. Plus tard, c'est avec le
révérend Deguchi, qu'il rencontra à son retour d'Hokkaido
en 1915, qu'il ouvrit son esprit à une vision.
du busrestes de

Les matériaux spirituels d'Omoto proviennent d'une


part des expériences mystiques de ses deux fondateurs,
Deguchi Nao et Deguchi Onisaburó, et d'autre part

70
d'éléments dispersés empruntés aux grandes religions
présentes sur le sol japonais.
Au cours de ses possessions extatiques, Nao est
devenue noire d'hiraganaxliiiplus de deux mille feuilles
sous la dictée de la divinité Ushitora no Konjin. Ces «
écrits inspirés » forment un groupe appelé Ofudesaki [Í5
Oui Au fil des pages, Ushitora no konjin « empruntant
la main de Nao » dénonce un monde en perdition et
annonce le retour à l'âge d'or par l'arrivée dans le monde
d'une divinité salvatrice. . Pour donner aux écrits de Nao
une portée universelle, Onisaburó les relie
systématiquement au christianisme et au bouddhisme à
travers le shintoïsme et au royaume bouddhiste de
Miroku.
En 1921, Deguchi Onisaburó commence à écrire
son voyage dans le monde des esprits. Dans son récit, le
Reikai Monogatari, il développe le concept de l'unité de
toutes les religions [bankyó dókan]. Cette idée se
concrétise en 1923 avec le rapprochement entre Omoto
et d'autres groupes religieux étrangers. Cette approche
est devenue, en 1925, une fédération des religions du
monde, puis une seconde fédération visant à
promouvoir l’amour et la bonté universelle. Une
newsletter a été créée à cet effet.

71
Cette recherche du mouvement Omoto pour fonder
un monde pacifié se concrétise par ailleurs par la tentative
de créer le paradis terrestre en Mandchourie. En 1924,
Onisaburó et quatre de ses plus proches disciples, parmi
lesquels Ueshiba Morihei, entrent dans le pays mandchou,
alors en proie à des conflits armés, dans le but d'y
construire un royaume céleste. Après quelques semaines,
après avoir obtenu le soutien de la population grâce au
charisme naturel d'Onisaburó, le petit groupe fut
finalement arrêté par la marine chinoise, ce qui les
contraignit à rentrer au Japon. Le voyage s’est donc avéré
un échec. Cependant, ce fut pour Ueshiba l'opportunité de
vivre plusieurs expériences spirituelles importantes qui
l'aideront à construire son Bouddha. Lors d'une
embuscade tendue par les forces armées,

agresseurs sous la forme d'une lumière. Cette aptitude à


l'anticipation fait référence aux capacités légendaires que
les contes japonais attribuent aux maîtres Bouddha.
Désormais, votre pratique ne sera plus basée sur l'action
physique de vos adversaires, mais sur leur intention.
En 1946, Onisaburó change le nom du mouvement.
L'Omoto est désormais appelé le jardin de l'amour et de la
bonté [aizen en]. Les premiers mouvements pour la paix et
le désarmement commencent au Japon.
Le mouvement spirituel qu’Ueshiba développe à
partir de 1927 doit beaucoup à l’enseignement de Deguchi
Onisaburó. Poursuivez le même objectif que le révérend,

72
la construction du paradis sur terre, et avec la même
volonté d'un mouvement universel. C'est ce qui explique
l'organisation qui suscitera l'aïkido à partir de 1942,
organisation destinée à diffuser l'aïkido d'abord au Japon,
puis dans le monde entier. A la fin de la guerre, l'aïkido
fut le premier budo autorisé par les autorités américaines
qui occupaient alors le pays. Ueshiba explique dans ses
conférences que cela est dû au fait qu'il n'a cessé de faire
l'apologie de l'Amour, ce qui distinguait son art des autres
Budó pour la tutelle américaine.

B. Omoto-kyo, religion millénariste

L'Omoto-kyó fait partie des nouvelles religions


messianiques, qui attendent l'arrivée dans le monde de la
divinité qui établira le Royaume Céleste sur terre. Cet
espoir repose sur la croyance en ses deux divinités,
Ushitora no Konjin qui prit possession de Nao, et Miroku
Bosatsu, le Bouddha du futur dont l'avènement devrait
ouvrir une ère de bonheur.
Ushitora no Konjin, divinité d'origine chinoise, fait
l'objet de nombreuses superstitions populaires au Japon.
Elle est d'abord connue comme une divinité maléfique. Il
faut être prudent, soit en évitant certains actes, soit en
accomplissant des actes de purification ou des
cérémonies magiques. Cependant, à la suite de son
kamigakari, Nao et Kawata, fondateur de la secte Konkó-

73
Kyoxliv, confirment qu'Ushitora no Konjin pourrait être un
kami bienfaisant dont la fonction est « d'unir les deux parties
de l'univers », le plan céleste et le plan terrestre. Nao apparaît
comme le kami qui construira un nouveau monde gouverné
par le Ciel, son apparition redoutée étant un mal nécessaire
puisque la construction d'un nouveau monde nécessite la
transformation de l'ancien. Le prophète l'annonce ainsi : "
Préparez-vous ! Ce monde sera totalement transformé en un
monde nouveau. Un grand nettoyage, un grand lavage des
trois mille mondes, aura lieu. Ushitora no Konjin régnera sur
l'univers entier. Alors, Le royaume des kami sera établi et
durera pour toujours. »
Miroku Bosatsu S] ÜF RÍ ] représente le Bouddha à
venir, successeur du Bouddha historique Shakyamuni. Selon
la doctrine bouddhiste, Miroku existe actuellement sous la
forme d'un bodhisattva (voir Annexes, note XXXIV) dans le
Ciel Tushita attendant sa manifestation sur le plan terrestre.
Il est également appelé le Bienveillant, attendu comme celui
qui conduira la Terre vers un état de bonheur.
La résurgence du culte Miroku s'est produite
régulièrement tout au long de l'histoire japonaise. Cela
correspond toujours à une période de troubles sociaux dans
laquelle la population est victime de grandes difficultés de
vie. Ces difficultés de l'existence sont destinées à
l'effondrement du monde actuel. Ainsi, en période de famine
par exemple, le nom officiel d'une époque

74
pourrait être remplacé par un appel populaire : "Miroku
Years", Miroku-doshi], De même, le
Les troisième et quatrième années de l'ère Eishó (1506 et
1507) étaient respectivement appelées la première année
de Miroku [Miroku gannen] et la deuxième année de
Miroku [Miroku
Quatre cinq

neuf],,
Ces deux divinités, Ushitora no konjin et Miroku,
représentent à la fois le déclin final de ce monde et
l'avènement du Paradis terrestre. Selon Ueshiba, ce
mouvement de renaissance dû à la descente du Ciel sur
Terre caractérise aussi l'aïkido. La création de l'aïkido, à
travers l'incarnation du Roi Dragon, répond au constat
fait par le Ciel d'un monde détérioré, victime de violences
(Seconde Guerre Mondiale). Ainsi, de la même manière
que Nao annonçait le changement prochain du monde,
Ueshiba décrit un changement qui permettra aux choses
de retrouver leur place originelle, donnant au Ciel la
primauté sur la Terre.

Ce monde qui était jusqu'à présent le monde de


l'âme matérielle[haku] se transforme pour
devenir le monde du véritable esprit de l'âme. Si
j'explique autrement l'apparition du chemin :
jusqu'à présent, le Ciel était la Terre et la Terre
était le Ciel, mais celui-ci est restitué à sa vraie
place.xlv xlvi

75
Le kamigakari d'Ueshiba, comme celui de Nao, actualise le
mythe Sintó en décrivant la descente des forces célestes
pour pacifier la terre. Ueshiba définit ainsi l'aïkido comme
une manière de « sauver le monde », de « relever le monde
en ruine », de « construire le Royaume ».

C - La réalisation

Construire le Royaume Céleste n'implique pas pour


Ueshiba un rejet du plan terrestre, comme c'est le cas dans
certaines disciplines ascétiques ou doctrines religieuses qui
considèrent la terre et le corps comme des lieux de
perdition, d'illusions et de souffrance. Comme le
bouddhisme d'Amida [;$ ±, jodo] pour lequel le salut de
l'âme n'est possible que par une réincarnation préalable
dans le paradis de la Terre Pure.

âme, selon deux modalités : comme monde d'illusions et de


souffrances, et pourtant comme lieu d'apparition du Ciel. Il
ne s'agira pas alors de renoncer au corps mais de le purifier
pour qu'il retrouve sa place originelle, qui est celle du
visage [^, sugata]xlviide la divinité.

76
Cette conception est proche de celle du bouddhisme
Shingon pour lequel le corps et la terre, selon le principe selon
lequel toute chose est l'expression du Dainichi (de l'Un), ne
peuvent être considérés seulement comme porteurs
d'impuretés, de souffrances et d'illusions, mais
fondamentalement comme les lieux de l'Éveil et du Nirvana.
L'idéal du bouddhisme Shingon est donc de réaliser l'état de
bouddhéité tout au long de cette vie, « dans ce corps né de nos
parents », et non de reporter l'illumination à une incarnation
future.

Il y a dans cette conception du plan matériel comme lieu de


perdition et pourtant lieu paradisiaque en soi, un paradoxe qui
devrait nous amener à nous interroger sur le sens de la «
réalisation ». Que faut-il entendre par réalisation si ce qui doit
être réalisé, le paradis, existe déjà ?

ace¿iáéioftlé§. 9Ws'(!fiIfirpáAc^rcQhfl8
création d'une chose, de la même manière qu'on crée une statue
en bois par exemple. Le paradis sur terre reste à construire, à
construire pour qu'il devienne le lieu commun d'existence de
tous les hommes. En ce sens, le pays doit devenir un Royaume
gouverné par le Ciel. D’un autre côté, la Réalisation doit être
comprise, à un niveau plus personnel, comme une prise de
conscience. Il s’agit de prendre conscience que le paradis
existe déjà sur terre, que le Ciel a toujours régné sur la Terre, en
abandonnant une illusion qui nous le cachait jusqu’à présent.
Le thème d’un monde divin déjà existant mais à réaliser est
présent dans la plupart des grandes traditions spirituelles. Dans
l'Évangile apocryphe de saint Thomas, à la question : « Quand
viendra le Royaume ? », Jésus répond : « Le

77
Le Royaume du Père s'étend sur la terre et les humains ne le
voient pas. »xlviii xlix. Ou à la question : « Quand viendra le
monde nouveau ? », Jésus répond : « Ce que vous cherchez est
déjà arrivé, mais vous ne le savez pas.

Pour échapper à l'apparente contradiction de ces deux


points de vue, il faut rappeler que l'œil du mystique ne perçoit
ni le temps ni l'espace de manière absolue, le temps n'est pas un
axe linéaire et horizontal, qui va du passé au futur, et un
espace, une extension.
Rappelons que dans le bouddhisme Shingon, la multiplicité
est considérée à la fois réelle et irréelle puisqu'elle peut être
entièrement subsumée sous la catégorie de l'Un, ce qui
implique une réalité relative de l'espace et du temps, une réalité
apparente mais non fondamentale. De même, à travers la figure
singulière d'Ame-no-mi-naka-nushi, le sintó fiQhfeffc
CPVtemps une réalité phénoménale qui
Dans ses conférences, Ueshiba décrit à la fois le monde tel
qu'il est réellement, un monde du divin qui éclaire chacun de
ses habitants, et le monde phénoménal, un monde à venir, un
monde de souffrance et de violence qu'il faut transformer
jusqu'à devenir le monde. des kami. Construire le Royaume
équivaut alors à mettre à jour, à rendre présent, le monde déjà
existant des kami.

78
D. Action divine

Après sa possession par le Roi Dragon, Ueshiba adopte la


construction du Paradis Terrestre comme cause finale de son
existence. Ce but suprême nécessite une manière d’agir.
Posons-nous la question suivante : quel est le régime de
travail d'Ueshiba ?
Pour répondre, évoquons d'une part la figure singulière
d'Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami, archétype selon Ueshiba
de l'être humain, et d'autre part, la figure de l'Empereur qu'il
appelle comme un modèle exemplaire de l'activité humaine.
Dans la perspective d'un univers sacré, qui est celui
d'Ueshiba, l'Empereur est considéré comme la manifestation
du divin sur terre. De la même manière cependant que chaque
individu est l'un des visages particuliers du Grand Dieu
Unique (le Grand Univers du Vide). Le rôle exemplaire
attribué à l'Empereur s'explique par sa position au centre du
pays, analogue à celle d'Ame-no-mi-naka-nushi, qui réside au
centre de l'univers. Avec cette relation analogique, la Terre
(le pays) s'identifie au Ciel,Nl'Empereur avec la divinité du
Centre. Ainsi, l’Empereur affiche l’idéal. C'est l'idéal de l'être
humain-au-monde : chaque individu doit évoluer comme
l'Empereur, c'est-à-dire devenir une personnification sur le
plan.

79
terrestre d'Ame-no-mi-naka-nushi. Cette personnification
consiste à adopter le régime de travail de la divinité du Centre.
L'Empereur, qui se distingue d'emblée par la position centrale
que lui confère sa naissance, son apparition dans le monde,
doit incarner véritablement le divin, réitérant par son action
personnelle l'acte d'Ame-no-mi-naka-nushi- non-kami. Or,
comme nous l’avons déjà vu, Ame-no-mi-naka-nushi-no-kami
se caractérise par son inactivité, un modèle d’agir vide, comme
le signifie sa position à l’arrière de l’histoire factuelle du
monde. Et pourtant, cette inactivité est opératoire puisque sa
vertu est de créer un monde en harmonie. Rappelons que pour
Ueshiba, de la première divinité de la Création émane un
univers qui s'étend dans une sphère parfaite et caractérisé par
son ordre [ÍHH, shori],

mi-M®ifi-tóffl'a^r bBWPffliy nO configuration et


développement du rituel ressenti. En effet, si l'Empereur est
désigné comme Grand Prêtre, son rôle doit néanmoins être
distingué de celui des prêtres shinto qui officient. L'Empereur
est placé au sommet du rite, dans le sens où l'ensemble des
actes accomplis lors du rite fait référence à sa personne.
Cependant, il ne l'exécute pas lui-même, le travail rituel
lui-même étant réservé exclusivement à la classe kannushi.
L'Empereur reste donc à un niveau de présence (sans cette
présence, le rituel perdrait son sens et, à défaut de point central,
son organisation), restant cependant dans l'inaction.l. Ainsi, le
rite réitère en quelque sorte

80
mythologie symbolique conférant à l'Empereur la place du
Centre Vide. Cependant, cette structuration symbolique (le
temps et l'espace sacrés du rituel) ne suffit pas, l'Empereur
doit réitérer l'accomplissement vide au cœur du monde. Il
doit donc être au centre des activités du monde sans s'y
impliquer pour que le pays reste en ordre. Ces considérations
sur la place de l'Empereur, en termes de son mode d'action ou
d'inaction, fournissent les clés nécessaires pour appréhender
correctement les propos d'Ueshiba selon lesquels l'art de
gouverner est un art interne. Le Repos de l'Empereur est
considéré comme une merveilleuse performance myoyó] :
« Le pouvoir [de
Empereur]liC'est considéré comme une vertu. » Leur inaction
laisse libre cours à la gouvernance vivante du Ciel qui crée un
univers en ordre, permettant aux dix mille choses de naître et
de se développer.

nature céleste, c'est-à-dire tant qu'elle ne se fait rien. De


même, tout individu qui atteint son centre vide devient à son
tour un gouverneur dont la mission est d'ordonner le monde :
« Les gens qui réfléchissent sur cette voie doivent servir de
gouverneurs pour la réalisation de l'univers en un seul
Royaume ».

En introduction à la pensée d'Ueshiba, on peut consulter


la philosophie chinoise qui développe une pensée similaire
dans laquelle l'Empereur est une figure exemplaire qui
permet d'envisager l'art de gouverner et d'ordonner la réalité.
Le livre des transformations cite pour illustrer ce
principe de gouvernance, l'inaction de l'Empereur Jaune : «
Lorsque le clan du Divin Fermier disparut, les clans de
l'Empereur Jaune, Yao et Chouen arrivèrent. Ils mirent de

81
l'harmonie dans leurs transformations de manière telle. de
cette manière que les gens ne s'en lassaient pas. Ils étaient
divins dans les changements qu'ils opéraient de telle manière
que les gens étaient satisfaits. Quand une transformation
arrivait à son terme, ils la modifiaient. [...] Ces
transformations étaient basé sur les deux énergies
fondamentales de l'univers, k'ien et kouen, le Ciel et la Terre.
Pour les faire fonctionner, ces sages souverains restaient
immobiles, sans bouger, et toutes choses s'ordonnaient
52

gSfágfo Alébb ¡pafiíFWarmckfer4íRÍ1Y


Les descriptions qui le précèdent pourraient nous induire en
erreur. On pourrait en effet y voir une méthode consciente de
résolution des problèmes de l'État et par extension, de toute
action humaine : « Ils ont mis de l'harmonie dans leurs
transformations », « Ces transformations s'appuyaient sur les
deux énergies fondamentales de l'univers, k' ien et kouen, le
ciel et la terre". Or, toutes ces actions ne sont rien d'autre que
le produit, l'émergence inconsciente d'une méthode unique et
unique, la
"np-action" : "Pour les faire fonctionner, disait-on, les sages
souverains restaient immobiles, sans bouger, et toutes choses
s'ordonnaient grâce à leur inaction."

52 Yi King,le livre des transformations, traduit en français par Étienne


Perrot.

82
Ce non-interventionnisme ("laisser-être") laisse libre cours
à la gouvernance vivante du Ciel dont la vertu est de guider
les dix mille choses en parfaite harmonie. Ce principe est
illustré par Ueshiba sous une forme symbolique :
l'émergence sur terre □, grâce au fait de se tenir sur le pont
flottant O, de l'âme céleste A ou, comme il l'appelle aussi,
de l'âme commune.

Si l’Empereur devait corrompre sa nature céleste pour


des considérations égoïstes, il perdrait alors son pouvoir.
On trouve dans le Tchouang Tseu un extrait qui illustre ce
type de dégénérescence du travail.
"L'Empereur Jaune est allé un jour au nord du !,W Wat #F

SW ífeW ® #

Il avait perdu sa perle noire. Il chargea Knowledge d'aller la


chercher, mais en vain. Il a envoyé Sharpsight, mais il est
revenu les mains vides. Expédition en cas de litige

83
Il ne l'a pas trouvé non plus. Finalement, il envoya Sin Nada
qui la retrouva. "Comme c'est étrange, pensa-t-il, que ce soit
Sin Nada qui l'ait retrouvée." L'appréhension de cet extrait
nécessite quelques explications. Premièrement, les couleurs
ont une valeur symbolique : le jaune est la couleur du centre.
L'Empereur Jaune est l'empereur qui préside au centre, figure
emblématique du pouvoir impérial, c'est-à-dire du pouvoir
actif du Centre Vide. Dans cette histoire, l'Empereur Jaune
commet une erreur en quittant sa place naturelle par un
mouvement qui révèle son intention de domination : « il
gravit le Mont K'ouen-Louen et d'un regard il embrassa le
Sud. » On peut remarquer dans cet extrait la valeur
intentionnelle du regard. « En rentrant chez lui, il se rendit
compte qu'il avait perdu sa perle noire " L'intention de
conquête qui l'a fait quitter sa place originelle, l'a fait en
même temps

|&fd®ss«n R^i@»a'béUdf^WW
original (âme) qui est le Centre Vide dépourvu de toute forme
ou apparence. Le mouvement de l'intentionnalité, l'attention
portée « en présence de soi », le perdait dans l'apparence des
choses en établissant entre lui et les dix mille choses une
relation « pour soi », comme objets à posséder. La surprise du
souverain nous apprend que la perte du joyau se fait
insidieusement, dans une absence de conscience du moment.
L'attention qu'il accordait aux choses extérieures à lui l'a
privé de son intimité, c'est pourquoi la perte s'est produite
sans aucun avertissement. Les premiers émissaires qu'il
envoya dans sa recherche, Knowledge, Sharpsight et
Dispute, échouèrent les uns après les autres. Ces trois
envoyés personnifient des œuvres discriminantes, la
connaissance requiert une relation sujet/objet, la vue
distingue les choses perçues les unes des autres, la dispute

84
repose sur un face-à-face. Aucun de ces emplois dépendant
du jugement n’a réussi à trouver la perle noire. L'Empereur
Jaune "a finalement envoyé le Néant qui l'a trouvée".
Jean-François Billetter donne la traduction littérale de « Sans
rien » : « oubli des phénomènes »53 ; Précision indispensable
pour une bonne compression du texte. Le dernier émissaire,
contrairement aux autres, ne fait pas référence à un travail
discriminant, mais au déni du paraître, c'est-à-dire de la
dualité. C’est donc « l’oubli des phénomènes » qui trouve la
perle noire. Ceci désigne un processus de travail qui permet
de trouver le joyau : un retour sur soi dans un détachement de
la réalité extérieure vers une contemplation du Néant,
évolution h&&táaip@^d§oi^arjaya lae§dg
Ifoc^helalSipagid^ promontoire, scruté jusqu'au Sud avec
une « vue nette ». Oublier les phénomènes, c'est retrouver le
Centre Vide situé aux confins de la réalité phénoménale.

Cet extrait de Tchouang Tseu clarifie le sens de la


théocratie, selon Ueshiba. Elle place l'Empereur, en tant
que figure céleste, dans son rapport au monde selon une
exigence de non-ingérence. L'Empereur est avant tout
responsable de l'état du Pays, puisque... s'il est bien de sa
responsabilité de créer l'ordre fondé sur sa nature céleste, il
est aussi, au contraire, celui par qui l'endémique vient
quand il corrompt son âme.
L’Empereur, à la fois idéal et figure humaine, devient le
modèle de chaque individu. Elle permet de penser un régime
de travail qui, contrairement à nos habitudes de réactions et
d'intentions, réside dans une présence en soi et selon un besoin
intérieur. Ueshiba incite ainsi chacun de ses élèves à ne devenir
rien devant le Grand Dieu, l'Un, acceptant de se laisser agir par
Lui, pour devenir à leur tour des gouverneurs [$£ M, keirin]
qui ont pour mission de conduire le monde à sa perfection. Ses

85
directives accordent à la prière une place primordiale. La prière
représente un moyen d'approcher la non-action, ou plus
exactement dans l'ordre de notre discours, la non-réaction. A
travers elle, l'individu se déclare innocent et se simplifie, en
rejetant tout calcul et raifóta dans son approche des choses,
dans le néant d'où surgit la Parole créatrice [B ffi, kotodama].

La concision des mots d'Ueshiba, la connaissance qu'ils


impliquent en matière de religion, nécessitaient une
introduction sous forme de thèmes susceptibles de clarifier et
de guider le lecteur. Ce thématicisme a son revers : il divise les
différentes composantes du discours. Or, cela se caractérise
entre autres par sa globalité. En effet, les propos d'Ueshiba font
le lien

86
les différents ordres de réalité : la Création de l'Univers,
matérielle, énergétique, spirituelle, fait référence à l'acte
quotidien qui est depuis lors inscrit dans une Sainte Histoire.
L’éthique, c’est-à-dire la manière de se comporter basée sur
l’Un, trouve ainsi son sens dans une réalité qui n’est pas
seulement spirituelle mais aussi physique. Il y a là une
appréhension sacrée de toute réalité qu'il ne faut pas aborder en
morceaux, ni seulement par l'intellect. Pour le rattraper en
plein revivre ce que le mystique a vécu, il faudrait sans doute
pouvoir refaire chacune de ses actions. A défaut, la bonne
attitude semble être celle de l'écoute attentive, de l'accueil,
qu'il faut respecter face à ces personnages qui semblent vivre
sur deux plans à la fois. Ueshiba a confié à ses étudiants ce qui
suit :

delfem^W^iPfdí^jeoti^nplabi^lfl^ fleurs et plein de


fruitslii liii. Je me baigne dans cet état. En aimant ça,
j'oublie le temps et je rate l'occasion de parler aux
gens. Si je suis reconnaissant, ce paysage persiste.
Et ça me fait 55 ans
même.

87
Takemusu Aïki
oh

Ueshiba Morihei

Recommandations d'Ueshiba Kisshomaru


Prologue de Goi Masahisa
Retranscriptions et annotations par TakahashiHideo

95
IO
recommandations

À.
o'SliÉiÉí
UESHIBA KISSHOMARU
AÏKIDO DOSHU

97
C'est un véritable honneur et plaisir pour moi, qui
pratique l'aïkido au quotidien, que Takemusu Aiki soit à
nouveau publié dans une magnifique édition.

Takemusu AïkiIl rassemble les enseignements du


fondateur de l'aïkido, le vénérable Ueshiba Morihei. M.
Takahashi Hideo les a fidèlement rassemblés, précisant
certains extraits difficiles à comprendre.

Alors qu'à notre époque, les déficiences cardiaques


sont à l'origine de graves difficultés sociales,
l'enseignement du vénérable Ueshiba se développe,
suscitant partout l'intérêt pour sa doctrine qui met en
corrélation le cœur et le corps. Parmi l'abondance de
livres sur l'aïkido, Takemusu Aiki est celui que nous
devrions toujours emporter avec nous, car il exprime
sans détour l'esprit du vénérable Morihei et

99
attire avec insistance notre attention sur son sens
essentiel.
Considérant l'amitié entre Maître Goi et Maître
Ueshiba qui disait de lui : « A part Maître Goi, il n'y a
personne qui connaisse mon cœur », et le fait que c'est
Takahashi, son disciple, qui a retranscrit ces conférences
avec toute son énergie, Je peux dire de ce livre qu'il est
véritablement le fruit de circonstances heureuses.
J'espère que les gens de tous horizons le considéreront
comme une littérature précieuse.

Je suis heureux de tout mon cœur de la publication de


ce livre.

Octobre 1986.

99
L'incarnation divine

Éloge du Vénérable Ueshiba Morihei

DE LA SÉLECTION DE POÈMES, PRIÈRES

Goi Masahisa

95
Sans aucun doute, cet homme incarne le
divin.

Dans son corps charnel, il est l'univers.

Il n'a personnellement aucun face à face.

Unis à l'univers, il n'a pas d'ennemi.

Affirmez cela avec la nature.

Petit corps d'un mètre cinquante.

Corps de quatre-vingts ans.

Mais cet homme s'étend à l'univers entier et se


connaît parfaitement.

Quelle que soit la taille de l'armée,

Quel que soit le nom de votre face à face,

Cet homme s'est transformé en vide,

Personne ne peut le renverser.


Le même vide est Ame-no-mi-naka-nushi.

Mêlé à Ame-no-mi-naka-nushi, cet homme possède le


pouvoir d'une divinité tutélaire.

La force de cet homme a désormais transcendé tous les


arts guerriers.

Oeuvre du grand Ki du grand Amour.

Des yeux pénétrants et lumineux, un regard de


compassion,

Ces deux actions réunies en harmonie,

Une telle personnalité conquiert le cœur des hommes.

Cet homme est en réalité une incarnation divine.

Messager de l'Amour absolu.

Je ressens au plus profond de mon cœur l'élévation de


cet homme.
Bilí ¿.zívífc
Aïkido et religion

5#àÀ
Goi Masahisa

99
Rencontre avec le Vénérable Ueshiba par
Dieu

L'autre jour, Ueshiba Morihei, fondateur de l'aïkido, m'a


rendu visite à Kanda (Tókyó) où je donnais une conférence.
Depuis quelque temps, je souhaitais rencontrer Maître
Ueshiba, mais il y a quelques jours, au lendemain de ma
lecture du livre "Aïkidó" publié chez Kówado, j'avais envie
d'avoir à nouveau l'occasion de le rencontrer sans faute. Cette
réflexion s’est concrétisée rapidement, en quelques jours, lors
de l’entretien à Kanda. Le déroulement de cette rencontre
semble être le fait du hasard, mais il s'est réalisé par
l'intermédiaire vraiment subtil de Dieu. En fait, le lendemain
de la lecture de l'ouvrage sur l'aïkido, j'ai demandé à l'éditeur
d'envoyer mon livre à Maître Ueshiba, en lui disant qu'il était
quelqu'un d'exceptionnel, comme une incarnation divine. Au
moment même où l'éditeur écrivait l'adresse pour envoyer le
livre, une femme nommée Hayashi est arrivée. En voyant
l'adresse, elle s'est exclamée : « Ah, Maître Ueshiba ! Mon
mari est l'un de vos amis proches. Le directeur de notre

95
La société présente lui répondit sans intention
particulière : "Notre Maître aimerait rencontrer Maître
Ueshiba." Mme Hayashi lui dit alors : "Moi aussi,
j'adorerais que Maître Goi et Maître Ueshiba se
rencontrent, ce serait une chose très positive pour eux
deux." Elle partit pleine d'enthousiasme en disant : "Je
rentre chez moi et mon mari transmettra son souhait à
Maître Ueshiba." Le lendemain, elle appelle notre dojo :
« Mon mari a immédiatement fait part du souhait de
Maître Goi à Maître Ueshiba, qui a répondu : « Depuis un
mois maintenant, je pensais qu'il devait y avoir quelqu'un
que je devais rencontrer et qui viendrait me chercher. ,
tandis que je me demandais qui pouvait être son
messager. Et il se trouve que vous êtes le célèbre
messager ! "J'irai à Ichikawa dès que possible."
Alors, comme ça me dérangeait de devoir faire
exprès venir Ichikawa, j'ai demandé au Maître

Ueshiba viendra au rassemblement de Kanda.


C'est ainsi que nous avons pu avoir une conversation.
Au cours de cette rencontre, tout s’est trop bien passé
pour être une coïncidence. Était une

95
Coïncidence trop improbable qu'une personne soit arrivée
juste au moment où nous écrivions son nom sur
l'enveloppe ; et le fait que Maître Ueshiba savait déjà que
nous nous rencontrerions un mois avant qu'il n'apprenne
mon existence peut également difficilement être considéré
comme une coïncidence. C’est donc grâce à Dieu que la
rencontre entre Maître Ueshiba et moi-même a pu avoir
lieu. Avant même que nous ayons dit "Bienvenue" ou
"Bonjour !", nos deux cœurs étaient liés et je savais déjà
tout sur la personnalité ou le caractère divin d'Ueshiba et il
semblait tout savoir de moi aussi.
On dit qu'il est un Maître au souffle court, mais
pendant deux heures, avant le début de ma conférence à
six heures, il s'est ouvert avec un cœur joyeux. Au moment
de se dire au revoir, nous étions si proches qu'il n'avait pas
envie de partir et il m'a dit : "Je reviendrai souvent".

109
L'Aïkido est la voie de la réalisation de l'identité de soi et de
l'univers

Après les paroles de Maître Ueshiba ce jour-là et à mon


avis, résultat de la lecture du livre sur l'aïkido, j'ai pensé que
la voie considérée comme budo, appelée "aïkido", a pour
principe le fait d'agir à vide, dont résulte un libre et un
mouvement sans entrave, ainsi qu'un mouvement de grande
harmonie et d'amour ki. En d’autres termes, agir dans le vide
revient à réduire à néant vos pensées égoïstes. Le vénérable
Ueshiba Morihei, étant quelqu'un qui a été éveillé par le corps
à ce principe et qui le met en pratique de manière corporelle,
était pour moi un grand homme que je voulais connaître.
C'est exactement ce que dit Ueshiba : « L'Aïkido n'est pas
une technique pour lutter contre un ennemi ou le vaincre.
C'est la voie de l'harmonie dans le monde, qui convertit la
race humaine en une même famille. Le sens profond de
l'Aïkido est d'être en harmonie avec le mouvement de
l'univers et s'unir au

95
univers. Celui qui comprend le sens profond de l'aïkido,
l'univers est dans son propre ventre car « je suis
moi-même l'univers ». Je me suis éveillé à ce concept
grâce au bu. Peu importe la rapidité avec laquelle un
ennemi m'attaque, je n'ai pas été renversé. Ce n'est pas
parce que ma technique est plus rapide que celle de mon
ennemi. Ce n'est pas une question de vitesse ou de
lenteur. C'est que, dès le début, le combat est décidé.
C'est parce que l'ennemi, en essayant de combattre « avec
moi qui suis l'univers », tente de briser l'harmonie de
l'univers. En d’autres termes, dès qu’il pense à me
combattre, l’ennemi est déjà vaincu. C’est qu’il n’existe
plus du tout de durée du temps, comme la lenteur ou la
vitesse. L'Aïkido est le principe de non-résistance. C’est
parce qu’il s’agit de non-résistance qu’il gagne d’emblée.
Par conséquent, les personnes malveillantes au cœur
combatif perdent dès le début. Alors, comment est-il
possible de se purifier de sa propre hostilité, de purifier
son cœur et de s’harmoniser avec le travail des dix mille
choses de l’univers ? Pour ce faire, nous devons d’abord
convertir le cœur de Dieu en notre propre cœur. Ce qui
s'étend en dessous,

95
En haut, dans les quatre directions, du passé à aujourd'hui,
jusqu'aux extrémités de l'univers, se trouve « l'Amour ».
"L'amour n'est pas un combat." "En Amour, il n'y a pas
d'ennemi." C’est parce que le cœur qui fait de quelqu’un
son ennemi, qui lutte contre quelqu’un, n’est pas encore le
cœur de Dieu. Celui qui n’est pas en harmonie avec cela ne
peut pas s’harmoniser avec l’univers. Le bu de celui qui
n'est pas en harmonie avec l'univers est le bu de la
destruction, ce n'est pas le takemusu de la vérité (l'âme des
paroles de vérité du Sintó). Par conséquent, convertir des
actes de bu en techniques de combat, gagner, perdre, n’est
pas le bu de la vérité. La bouée de la vérité, dans toutes ses
occurrences, est absolument invincible. En d’autres
termes, absolument invincible est absolument le fait de ne
se battre avec personne. Gagner, c'est maîtriser le « cœur
belliqueux » au centre de son propre cœur, mener à bien sa
propre mission. Cependant, bien que nous puissions
facilement nous convaincre de cette théorie, si l’individu
ne la met pas en pratique, il ne peut pas surmonter l’état de
l’homme ordinaire. Lorsqu'on pratique l'aïkido pour la
première fois, un

113
une grande force s'attache et on devient capable de
réaliser l'union au sein de la Grande Nature elle-même.
Telles sont les déclarations. Si ce n’est pas la parole
de Dieu, alors qu’est-ce que c’est ? Ce mot est le mot de
la voie de la religion elle-même. Si cette parole est
prêchée comme la parole elle-même, comme une pensée
théorique, elle n’a pas de vie et même si c’est une parole
de vérité, elle ne peut pas suffire à toucher le cœur de
l’homme. Cependant, lorsqu'il s'agit du vénérable
Ueshiba, ce mot suscite un choc car, mis en pratique, il
s'avère que le fait de perdre face à quelqu'un n'existe pas.
Quant à moi, au moment où j'écris ces mots, une
grande émotion m'envahit et me réchauffe la poitrine.

114
Le vénérable Ueshiba, incarnation divine

Le vénérable Ueshiba est sans aucun doute une incarnation


divine. Cette incarnation est particulièrement humble. Dans un
corps charnel, il m'a accordé l'honneur de venir me voir, me
considérant comme son fils (le vénérable Ueshiba est né le 16
novembre, 16 Meji), moi, un homme à la foi sombre, et il m'a dit,
avec son le cœur devenant plus brillant : "A partir de maintenant
A partir de maintenant, il est temps pour vous [Maître Goi] de
commencer à jouer et je vais vous aider." Un tel cœur est
vraiment difficile à obtenir. Les religieux inutilement hautains
qui croient qu’ils sont les seuls dignes de respect, considérant les
autres comme faibles et insignifiants, et qui rivalisent pour
obtenir l’empire avec d’autres congrégations, devraient avoir très
honte.
Une personne religieuse doit avant tout posséder un cœur
d’amour et un esprit de profonde harmonie. Les religieux qui
pensent, même un peu, rivaliser pour obtenir l'empire, qui sont
fiers de la magnificence de leurs édifices et se vantent d'avoir un
grand nombre de fidèles, ne sont pas authentiques.
Ce monde est la terre de Dieu. Ce n’est ni le pays du désir
égoïste, ni le pays des pensées occupées1. Est

95
le monde dans lequel tout est la pure image du noble cœur de
Dieu, où la haute gouvernance de Dieu s'accomplit
progressivement.
Penser à être l’apôtre du divin en vivant dans l’ego et les
désirs, c’est comme vouloir se laver dans un champ de boue.
L’ego et les désirs obscurcissent le cœur de l’amour, et ce sont
toutes les actions et pensées qui obscurcissent le cœur de la
grande harmonie. Même si on y pensait mille fois, la parole
produite par la voix ne suffit pas. Parce que si nous ne pensons
pas vraiment avec notre cœur et si nous ne le mettons pas en
pratique, tout cela est vain.

Lors de mon entretien avec le Vénérable Ueshiba, il y avait


une personne près de nous qui avait développé des pouvoirs
psychiques. Nos deux aspects lui paraissaient totalement
transparents. C'est parce qu'en effet, ni le Vénérable [Ueshiba] ni
moi-même n'avons aucun ego et parce que nous n'avons pas fait
ressentir à ce clairvoyant les vagues de la pensée.

Quand je regarde l'apparence du Vénérable, ce n'est pas un


corps charnel que l'on appelle « vénérable Ueshiba », mais c'est
un dieu célèbre, dont l'existence est décrite dans le sintó, qui
s'exprime. C'est la preuve que le Vénérable n'a pas le moindre

95
penser à son propre ego et agir comme l'incarnation de la divinité.
L'aiki du Vénérable est la capacité de projeter tous les
adversaires à la fois, quel que soit leur nombre, ou de porter avec
indifférence des objets lourds pesant des centaines de kilos. Dans
ces moments, le corps charnel rendu vide du Vénérable est
également sollicité par la divinité du bu décrite dans le sinto.
Avant de le rencontrer, je connaissais déjà ce principe, mais c'est
en le rencontrant que j'ai pu l'observer clairement.
Comme je l'écris dans mon autobiographie, "Celui qui unifie
le Ciel et la Terre"liv, sous la direction de ma divinité tutélaire,
j'ai réussi à devenir un corps vide par la pratique de l'interruption
de la pensée, c'est-à-dire par la contemplation du vide. Ainsi, en
utilisant mon corps, ma tête, ma bouche, mon savoir, la divinité
œuvre au rétablissement du monde de grande harmonie, du
monde divin.

95
Expérience de contemplation de l'unification avec le Divin du
Vénérable Ueshiba

Je pense que ce doit être au printemps 1924 (taishó 14) que


l'identification du Vénérable Ueshiba avec Dieu a eu lieu.
"Je marchais seul dans le jardin, quand soudain la Terre et le
Ciel tremblèrent. De la grande terre émergea le ki doré qui
enveloppa mon corps, et j'eus la sensation que j'étais transmué en
un corps d'or. Simultanément, mes deux Mes mon cœur et mon
corps sont devenus légers, j'ai pu comprendre le sens du murmure
des petits oiseaux et je suis devenu capable d'une intelligence claire
avec le cœur de Dieu qui a créé cet univers. À cet instant, j'ai
compris que l'origine du budó est l'amour. de Dieu (l'esprit de
protection et d'amour des dix mille choses), et des larmes d'extase
coulaient sans fin sur mes joues. Dès lors, j'ai senti que la terre
entière était ma maison, que le soleil, la lune et les étoiles étaient
tout à moi. De plus, le statut, les honneurs, les trésors et le désir de
devenir puissant, tout cela avait

95
manquant. Budó ne renverse pas l’adversaire en utilisant la
force physique ou les armes, ni ne mène le monde à sa
destruction par les armes. Le vrai Bouddha doit mettre de
l'ordre dans le ki de l'univers, protéger la paix du monde,
produire correctement, protéger et élever les dix mille choses
du monde. En d’autres termes, la pratique de Bouddha consiste
à mettre en pratique dans votre cœur et votre corps la force de
l’amour pour produire, protéger et élever correctement les dix
mille choses du monde. » C’est ainsi que s’exprimait le
vénérable Ueshiba.
Comme dans mon livre Celui qui unifie le Ciel et la Terre,

je décris une expérience similaire, je la mentionne ci-dessous à

titre de référence.

114
Mon expérience de contemplation de
l'unification avec le Divin

Comme la nature est magnifique ! Tandis que je me mêlais


à moitié à la magnificence de la nature, j'entendis venant d'un
endroit de mon cœur une voix plaintive me disant, comme si
c'était mon propre devoir : « Si les souffrances de la maladie et de
la misère du monde ne sont pas éradiquées, le cœur ne peut pas
complètement se fondre dans cette magnificence. » En réponse à
cette voix, il répétait intensément la prière habituelle : "Dieu, je
t'en supplie, utilise ma vie pour ton œuvre". Après mon voyage,
au moment où j'atteignais la rive opposée11, une voix retentit,
comme un éclair : « Êtes-vous prêt à ce que Dieu vous ôte la vie ?
Cette voix n'était ni dans ma tête ni dans mon cœur, elle venait
véritablement du Ciel. C'était une résonance significative,
c'est-à-dire une voix céleste. Sans aucun doute, c'était une voix,
une parole. Cependant, ce n'étaient pas des paroles de l'esprit
comme les voix humaines que j'entendais les jours

95
suivant, matin et soir. A cette résonance, j'ai répondu « oui » au
même instant.
À partir de ce moment, tout mon être est devenu une
chose de Dieu. L'individu Goi Masahisa et le moi de Goi
Masahisa avaient été éteints. Mais il a fallu un certain nombre
de jours pour que cet état de fait devienne évident.
Je me tenais là sur le rivage, les yeux fermés, sans penser
à rien, puis peu de temps après, j'ai ouvert les yeux comme
quelqu'un qui sort d'un rêve. Le soleil brillait avec un éclat
intense. Le chant des oiseaux était clair à mes oreilles. Me
frottant des deux mains, le corps durci par la tension, je me
dirigeai vers le bateau. "Ma vie était déjà devenue une chose du
Ciel, mon corps charnel traversait le Ciel et la Terre." Mon cœur
s'était éclairci et je ne doutais pas du tout lorsqu'il s'agissait
d'une voix céleste. Après cette expérience, j’ai fait de
nombreuses pratiques spirituelles, juste avant de devenir
moi-même actuel. [...]
Comme d'habitude, il entra dans la méditation du soir. En
pratiquant l’interruption de la pensée, j’ai rapidement réussi à
me concentrer. Cette nuit-là, étant concentré, il n'inspira plus,
mais expira seulement. A ce moment, devant moi, un énorme
pilier111 est apparu

95
rond, clair comme du cristal, qui donnait l'impression de s'élever
vers le ciel. Je suis alors entré dans ce ruisseau et, sur cet énorme
pilier, je me suis élevé. [...]
Après avoir traversé le septième monde spirituel, brillant de
couleur or dans une lumière semblable à celle de kdmydiv, purifié
en rassemblant toutes les couleurs, je me suis retrouvé assis sur un
siège brillant de couleur or, et portant une couronne telle qu'ils
auraient pu porter les nobles. d'antan. En un instant, ma
conscience s'est unifiée. Moi qui étais uni, je me tenais
calmement. Sans aucun doute, c’était le monde divin. J'ai vu
différents dieux aller et venirlv. [...]

Cette réalité du moi terrestre était unifiée avec le moi


céleste (le vrai soi). Ma conscience personnelle réalisa à ce
moment-là la contemplation en esprit de l'unité du divin et du moi
comme étant en fin de compte une contemplation réelle de l'unité
du divin et du soi. Dans

114
la pratique d'interrompre la pensée, bien que sentant qu'il existe,
un peu plus haut (en bas), son propre corps personnel, je n'avais
jamais su jusqu'à présent comment m'unifier correctement à ce
corps. Mais à ce moment-là, j'ai pu m'unir correctement à lui.
Ma lumière intérieure supprimait tous les obstacles et émettait
un grand éclat. Depuis, je me considère comme la lumière.
Parce que je rayonne une lumière intérieure, j’aide les
personnes qui souffrent et je guéris les malades.
J'ai clairement réalisé que le Ciel est la partie intérieure et

profonde de l'être humain et que le moi divin est la lumière du

non-moi de la profondeur intérieure. [...]

Concernant la contemplation du vide, le vide n’était pas la


fin. Devenir « vide », c’est faire disparaître toutes les pensées
phénoménales et banales. Dans l’instant devenu vide, le monde
réel et le soi réel s’unissent au monde phénoménal et au soi du
phénoménal. Le moi de l'union du Ciel et de la Terre, le moi de
l'union de Dieu et du moi apparaît. Mais qu’est-ce que le moi de
soi et de Dieu ? C'est le moi de Dieu, c'est la compassion, c'est
la grande harmonie, c'est le cœur de la souveraineté.

114
Un peu après la méditation, soudain, devant mes yeux, une
lumière extraordinaire a brillé. Sans bouger mes pensées, je me
concentrai intensément sur cette lumière quand, d'une
hauteurlviLoin devant moi, j'ai vu une statue de Shakyamuniv
descendre, assis en position du lotus sur un socle de lotus blanc, et
étendant ses bras vers moi. Lorsque, sans réfléchir, je lui tendis
les bras à mon tour, il déposa au fond de mes mains une perle
dorée qui semblait être un « bijou qui exauce les vœux ». Je
l'acceptai et la déposai à l'intérieur de mon corps spirituel.
Ensuite, j'ai donné cinq feuilles comme celles du
viii
arbre que l'on appelle dans le monde phénoménal "sakaki", puis
disparu en émettant une lumière vive. Alors que je continuais à
méditer un instant avec le sentiment d'accompagner Shakyamuni
de mon regard, cette fois-là, hors de la lumière, Jésus-Christ est
apparu sur une Croix dorée, qui a immédiatement disparu
lorsqu'elle est entrée dans mon corps par l'avant. À ce moment-là,
j'ai entendu une voix qui me disait « tu as le même corps que le
Christ ».

Ma méditation de ce matin-là s'est terminée avec cette voix

95
cela m'est resté à l'oreille. Au-delà d'une émotion intense, au
fond de ma poitrine, le sentiment de ma mission me serrait
jusqu'à en être douloureux. Mon âme savait bien qu'il ne
s'agissait pas d'une simple illusion car j'entendais clairement, au
plus profond de moi, une voix qui affirmait : « Toi, à partir
d'aujourd'hui, tu seras souverainVU1. Tu dois accomplir ta
mission. J'étais devenu quelqu'un qui savait tout intuitivement,
quelqu'un spirituellement éveillé. Depuis ce jour,
apparemment, je suis revenu à mon ancien moi, c'est-à-dire à
mon ancien moi qui n'était pas obsédé par les questions
spirituelles. J'ai fait n'importe quoi pour moi. J'ai pensé avec ma
propre tête, j'ai pensé avec mes propres mots et j'ai bougé mes
jambes et mes bras face aux gens qui leur souriaient.
Désormais, mes yeux ne se fixaient plus sur le ciel, ma posture
exprimait avec douceur et liberté les mouvements de mon cœur.
Il n’invoquait plus Dieu et ne parlait plus de religion aux gens
pour les convaincre. Pour mes parents, mon frère aîné et sa
femme, ainsi que mon jeune frère, le Goi Masahisa d'autrefois
semblait avoir été ressuscité. Chaque nuit, le bon fils, attentif et
insouciant, frottait les jambes de son vieux.

126
père et massait les épaules de sa vieille mère en plaisantant.

Lorsqu'on vit la véritable expérience de contemplation de


l'unité de Dieu et de soi, de l'unité avec l'univers, les concepts de
soi et de l'autre, de soi et de l'adversaire, disparaissent
complètement. Maître Ueshiba est parti du Bouddha basé sur la
force et, en passant par l'état d'unification de Dieu et de soi, il a
créé l'aïkido d'une manière parfaitement identique à une voie
religieuse. Pour ma part, conscient de mes faiblesses, je me suis
complètement abandonné à Dieu et, de là, j'ai atteint le lieu
spirituel d'unification de Dieu et de moi, devenant ainsi le
réceptacle de Dieu. Bien que nous empruntions des chemins de
pratiques complètement différents, le lieu spirituel auquel nous
sommes arrivés est exactement le même. C'est sans aucun doute
ce fait qui nous liait, Maître Ueshiba et moi. Même si les chemins
pour y arriver diffèrent, ce lieu spirituel est unique, et donc nous
sommes forcément unis. Cependant, le monde religieux
d’aujourd’hui ne semble pas pouvoir s’unir. Cela est dû au fait
que les différents chefs spirituels

95
ils n’ont pas atteint l’état de vrai Vide, l’état de souveraineté.

95
S'il vous plaît, croyez sans aucun doute que Dieu est
amour

Je n’ai jamais pensé que la sagesse, les connaissances et


les capacités de mon corps me rendaient supérieur aux autres.
Par conséquent, je n’ai jamais parlé avec condescendance, ni
aux personnes âgées ni aux enfants. Mais il y a quelque chose
de solennel dans ces paroles d’enseignement, dans l’attitude
de purification. Cela est dû au fait que ce n’est pas mon corps
charnel qui agit, mais Dieu.
Je suis quelqu'un qui transmet l'amour de Dieu au monde
humain à travers mon corps charnel, d'une manière douce et
facilement compréhensible. Dieu est amour. Dieu est
compassion. C’est pourquoi il cherche toujours à sauver les
êtres humains sans jamais penser à les punir. À cet égard, les
religieux confus, en prêchant le châtiment divin, ne font que
juger et condamner les défaillances du cœur. De cette façon,
les gens de bon cœur qui

114
Ceux qui recherchent la religion deviennent des gens amers et
sombres, et sont exclus de la porte de la religion, de la porte de
Dieu.

95
Vous êtes les enfants bien-aimés de Dieu

Lisez et relisez ma doctrine au dos de la couverture de


Byakkd à plusieurs reprises. L'amour de Dieu pénétrera dans
votre cœur. Dieu veut montrer à ses enfants, aux êtres
humains, sa véritable apparence.
En ces mots, Dieu s'est exprimé à vous :
"Vous êtes mes enfants ! Vous êtes lumière et éclat !
Vous, en ce moment, semblez souffrir dans votre vie
quotidienne, souffrir de maladie, mais je vous assure que votre
vrai cœur ne souffre pas, il ne s'afflige pas. Cette souffrance est
dû au fait que vous ne vous tournez pas vers Moi et que, par
vous-mêmes, vous plongez dans la souffrance. C'est pour cette
raison que j'ai envoyé Shakyamuni prêcher que tout dans ce
monde n'est rien, vide, le monde du Bouddha. J'ai envoyé
Jésus comme rédempteur de vos péchés à tous et j'ai suspendu
vos pensées perdues et mauvaises sur la Croix, et je vous ai
enseigné que l'être humain n'a ni péché ni impureté, mais vous
ne semblez pas le comprendre. .. Alors, cette fois-là, je t'ai
clairement appris

95
les esprits protecteurs et les divinités tutélaires pour vous
aider. Et si seulement vous vous accrochez à cette force,
insensiblement, vous comprendrez clairement que vous êtes
mes enfants, vous sortirez de la spirale des actions et pensées
karmiques, ces aspects négatifs disparaîtront et votre monde
deviendra le monde de la grande harmonie, un monde d'amour,
de vérité et de beauté, véritable expression de mon visage.
Quoi que vous fassiez, orienté vers Moi, en faisant passer
toutes vos pensées par les divinités et esprits tutélaires. C'est ce
qu'on appelle la prière. »

Vous ne devriez pas vous considérer comme un grand


pécheur, comme quelqu’un de mauvais. Vous devez savoir de
tout votre cœur que vous venez vous-mêmes de Dieu. Ce qui
est mauvais c'est de se considérer uniquement comme un corps
charnel car votre cœur originel venant de Dieu, vous ne
pouvez pas être mauvais. Croyez en cette vérité,
pardonnez-vous et pardonnez à votre prochain, continuez à
être reconnaissant envers les dieux et les esprits tutélaires et
consacrez tout votre temps à prier pour la paix dans le monde.
Votre jour viendra sûrement et les jours de paix dans le monde
viendront sur terre. Bien que la manière puisse varier, des gens
comme Ueshiba ou moi sommes les émissaires du Ciel pour le

95
réalisation de la Grande Paix dans le monde des êtres humains.
Courage, continuons à travailler ensemble pour parvenir à la
paix dans le monde.

95
Takemusu Aïki

UESHIB

114
L'AikicP

UESHiaMfeWfl

114
1

Aujourd'hui, en réponse à votre demande, je vais essayer


de vous expliquer ce qu'est l'aïkidox. L'Aïkido est le début
d'une lignée unique des dix mille générations de l'univers.
L'Aikido est la vérité reçue du ciel, la merveilleuse
performance de l'aïkixu par takemusuX111. L'Aïkido est la
voie de l'harmonie entre le ciel, la terre et les hommes.
L'Aïkido est aussi la voie de
xivXV
ordre des dix mille choses. L'Aïkido est la merveilleuse
performance du kotodamaxvl, c'est la grande manière de
purifier l'univers.

Les personnes qui réfléchissent sur cette voie doivent


servir de gouverneurs à la pleine réalisation de l’univers dans
un seul Royaume. En accomplissant notre mission en tant
qu’êtres humains, nous devons être les jalons de la grande
famille du monde. À cet égard, s'éveiller correctement aux
principes et aux vérités factuelles de l'univers, devenir le noble

139
1

cœur du Grand Dieu, apprendre de manière inspirée par le

139
La forme et le comportement du Grand Dieu de ce grand
univers, et devenir le comportement de l'épéexvu, doivent
servir à amener [l'univers à sa pleine réalisation].

En aïkido, il faut absolument se tenir debout sur le pont


flottant du sky5™11 « Ame-no-uki-hashi-ni-tatashite ». En
effet, cela est nécessaire pour revenir à l'unité avec les parents
de la première origine, l'esprit de la grande origine et le Grand
Dieu. Au moins, vous devez vous tenir sur le pont flottant.
C'est l'acte d'essayer de se conformer à la pratique du chinkon
kishinxlx, en ne se faisant rien devant le Grand Dieu.
L'acte divin primordial est le fait d'harmoniser, d'unifier
et de devenir l'image du Dieu qui est Grand Dieu et créateur.
Autrement dit, cette méthode consiste à accomplir la tâche qui
nous a été confiée, à progresser vers l'unification avec l'âme
divine de l'esprit. C'est devenir l'image du grand univers.

C’est pourquoi l’esprit en tant qu’esprit et le corps en


tant que corps doivent être ordonnés. Après avoir ordonné
l'esprit et le corps, chacun progressera vers le ki, le flux, la
douceur, la forcexx et leurs mondes. Puis trier

95
correctement les frontières du ki, du flux, de la douceur et de la
force, et comprendre clairement par l'expérience, ce qu'on
appelle la conscience divinexxl.

Devenir l'esprit et le corps de cet univers et pratiquer la


lumière de l'harmonie est ce que j'appelle maintenant l'aïkido.
Par exemple, s’il y a de la saleté sur le sol, des insectes
viennent le nettoyer. Ainsi, les insectes, les poissons, les
oiseaux, les animaux ont tous cette façon de s'ordonner. Pour
les hommes, purifier les impuretés et les taches, et accomplir
la mission reçue du ciel, c'est l'aïkido. Pour celaXXII
Vous priez pour la paix dans le monde comme le recommande
Goi sensei. Cependant, il ne faut pas mendier avec le bout des
lèvres. Si vous ne le faites pas en toute sincérité, cela ne sert à
rien.

95
2

L'Aïkido est le véritable ¿>wxxul, c'est le travail de


l'amour. C'est le chemin de protection pour tous les êtres de ce
monde. En d’autres termes, l’aïkido est la boussole qui
maintient toutes choses en vie. En revanche, il a produit,
jusqu'à présent, des techniques martiales et est la manifestation
du takemusu. Ce bu, qui naît selon la loi de production et de
développement des dix mille choses, est la loi qui entretient
leur croissance. Si j'essayais de l'expliquer en détail, ce serait
trop long. Pour simplifier, c'est le lieu de la genèse qu'est la
maturation et le perfectionnement de l'âme du Japon qui
protège clairement le principe des dix mille choses et des dix
mille vérités. En d’autres termes, il s’agit de rester sur la voie
de Masakat.su Agatsu Katsu Hayabi où il s’agit de mettre en
lumière le vrai sens de l’unité de l’Église et de l’État, de la
grande démocratie et du grand libéralisme le plus heureux. Est

143
la merveilleuse performance du kotodama. En d'autres termes,
c'est le chemin du Service qui consiste à être comme la
boussole pour obtenir la paix, c'est-à-dire à être le guide de
prière pour un monde de paix, à indiquer le chemin de
purification et à rendre la pureté du Ki Universel.lvii.
Cependant, désormais, l'accomplissement de l'aiki
consiste à faire tout son possible pour ne pas perdre les actes
divins qui nous ont été accordés, pour accomplir notre devoir
d'enfants incarnés de Dieu, pour aider à la pleine réalisation de
l'univers en un seul Royaume. , pour aider au travail de
perfectionnement de l'être humain, pour harmoniser, rendre
XXV

progresser et gouverner les trois mondes, qui sont le monde


actuel, le monde des morts et celui des dieux. C’est ce que je
veux vous dire à vous tous, en tant qu’individus de la grande
famille du monde.
SU-UA (prononcez ces kotodama). Les AOUEI en sont
produits. Les AOUEI sont les manifestations des huit
pouvoirs. L'univers est apparu grâce au travail de dédicace
oskotodama. C'est la manifestation du cœur sacré du kotodama
des 6 kotodama de TA-KA-A-MA-HA-RA

et d'AOUEI, de l'apparition des trois origines et des huit

95
pouvoirs et des soixante-quinze kotodama. Les trois origines
sont le ki, la fluidité et la douceur, et la force. Ce sont aussi
IKUMUSUBIA, TARAMUSUBI OR,
TAMATSUMEMUSUBI □. C'est le takemusu de l'aïkido.

Takemusu, c'est la traction de la force attractive.

145
3

L'Aïkido est l'œuvre du Roi Dragon

Ame-no-murakumo-kukisamuhara.

Je n'aime pas Murakumo,C'est le ki de l'univers, le ki de


l'île d'Onogoroxxvl, le travail du ki qui pénètre et fait respirer
le tout.
Kuki,Il s’agit d’atteindre l’unité de l’apparence de
l’esprit merveilleux de la grande terre et de l’apparence du
ciel. En d’autres termes, c’est l’épée à deux tranchants du ciel
et de la terre.
Samuhara,Ce sont des paroles d’éloge de la vérité et de
la vertu du meilleur des mondes.

Ainsi, le but de l’aïkido est la construction du Royaume


Céleste sur terre, progressant vers la pleine réalisation de
l’univers. L'Aïkido est le principe qui, en purifiant
complètement l'univers, ordonne et purifie les péchés des dix
mille choses, ainsi que le mauvais ki et les mauvaises pensées.
Ce processus est réalisé par le kotodama. La voie de l'Aiki est
la voie qui protège l'amour. Ouais

147
Il n’y a pas d’amour, rien ne peut être construit dans ce monde.
C'est pourquoi je crois que sans le véritable travail de l'Aiki, ce
monde s'effondrerait. Ce monde doit donc être protégé à
travers les trois mondes, le monde actuel, le monde des morts
et le monde divin. C'est la manifestation du Ainsi Comexxvu
Saishómyó [Le plus sublime et le plus merveilleux]. L'Aiki est
la voie dont le rôle est de restaurer ce monde à la dérive en se
plaçant au centre de l'univers. C'est se purifier, purifier
l'individu, le royaume et l'univers, et progresser pour le nom
divin. C'est maintenant que le véritable travail de l'aïkido
commence. Je ne connais pas d'autre moyen que l'aïkido pour
restaurer ce monde. Nous franchissons cette porte avec le
Bouddha, et nous devons accomplir notre Service pour éviter
la destruction de l'humanité et la maintenir en paix. Ce travail
fait partie du travail du Grand Dieu. Le temps est venu. A
partir de cette époque, désormais, nous commençons les
travaux.

soit
. Aikid est le chemin de la sincérité. .La vérité est le
chemin de la loyauté. La fidélité est le Service qui va vers la
perfection de la construction du Royaume Céleste de l'univers,
c'est-à-dire le Service pour l'esprit de

95
construction du Royaume Céleste sur Terre. Pour progresser
sur ce chemin, il faut d’abord se perfectionner. Nous devons
améliorer le pays, le perfectionner, améliorer l’humanité,
l’améliorer, améliorer la Terre.

L'Aïkidó est aussi l'œuvre des cinq sons AOUE I. C'est


parce qu'il existe une relation intime entre les deux origines du
nœud d'eau et de feu. C'est ainsi que l'on appelle en Sintó les
deux divinités Takami-musubi et KamimusubiXXV111.
Grâce au comportement des deux flux, le monde a été créé.
Les deux origines reviennent à l'origine unique, c'est-à-dire à
l'origine unique OR SU. Ils sont les origines de l'esprit et de la
matière. De quoi venaient-ils ? L’esprit et la matière viennent
du kotodama U. Mais alors, quelle est l’origine du kotodama U
? Cela vient de la croissance du son SU. Le travail du son SU
et du son U est la racine de l’esprit et de la matière. C'est la
racine des dix mille choses de l'univers. Quelle est alors
l’origine du son SU ? Le son du SU est soudainement apparu
comme un point dans le Grand Espace Vide. Ainsi est né du
Grand Espace Vide. Quelle est l’origine du Grand Videxxlx ?
Il est né du videxxx (rien) (ce que j'appelle « rien » n'est pas le
vide™1. C'est l'existence et le lieu de l'existence, le monde

95
sans objet™1 de la lumière de la première origine. Ce monde
est l'expansion de rien de béni), mais un saint érudit ne pourrait
pas le dire puisqu'il se trouve dans un endroit indescriptible.

Alors, comment moi, Ueshiba, ai-je compris cela ?


Chaque jour, je m'entraîne à lâcher prise et, ce faisant, j'ai vu
mon propre corps de lumière. Parfois il ressemble à
FudómyóóXXX111 avec son grand feu de joie lumineux sur le
dos, d'autres fois il ressemble au bodhisattva Kanzeonxxxlv.
Moi, Ueshiba, je me demandais et je savais. C'est parce que
l'univers est en moi. C'est parce qu'il y a de tout. Parce que
l'univers, c'est moi. Parce que je suis l'univers, je ne le suis pas.
Ou parce que je suis moi-même l'univers, moi seul existe.

Désormais, la porte Bu émerge de la question AOUEI.


Autrement dit, il ressort des formes AO □. Matériellement
parlant, c'est le ciel, le feu, l'eau et la terre, et spirituellement
parlant, ce sont les quatre âmesxxxv, c'est-à-dire l'esprit
étrange, l'esprit agité, l'esprit harmonieux et l'esprit heureux.

95
D'où viennent ces manifestations ? Ils naissent du degré
du rythme du comportement noble des deux origines, l'eau et
le feu. L'esprit et la matière sont le kotodama, ainsi que la
substance de l'univers. Mais cela est incompréhensible pour
les religieux ordinaires. La merveilleuse performance du
kotodama qui rend cela possible est l’aïkido.

L'Aïkido n'est pas une religion et c'est une religion.


Ainsi, l’aïkido est différent de tous les budo ayant existé
jusqu’à présent. Mettre en pratique tous types de vérités à
travers le corps, c’est l’aïkido. J’espère que vous tous,
ensemble, vous respirerez le champ spirituel du Bouddha.
Désormais, respirons ensemble avec notre corps.

L'ère du showa 34 [1959], le 15 janvier, jour de la


cérémonie d'ouverture du miroir du nouvel an. Extrait du
discours au dojo central d'aïkido.

145
4
La mission

AO □ signifie IKUMUSUBI, TARUMUSUBI,


TAMATSUMEMUSUBI et Masakatsu Agatsu Katsu Hayabi.
D'un point de vue spirituel, c'est A l'âme commune, l'âme
agitée et vigoureuse Ou l'âme harmonieuse et l'âme heureuse □.
D'un point de vue matérielXXXV1, c'est Au Ciel, au feu Ou à

l'eau et à la terre □.

Le Ciel est le commencement et le principe corporel.


Powerxxxvu est considéré comme une vertu.
Le feu est la règle et la gouvernance.
Gouverner, en fusionnant complètement le principe,
c'est-à-dire en connaissant toutes les raisons de l'univers, c'est
transmettre largement la règle après avoir incarné dans l'abdomen
le principe, la règle, la courtoisie et la manièreXXXV111.
La règle est la valeur de transmission en fusionnant tous les
vrais sens du matsurixxxxx (matsuri est l'équilibre du Ciel et de la
Terre, cela signifie les unir par

153
la célébration, en d’autres termes, est l’aiki du Ciel et de la
Terre).
L'eau est la courtoisie, quels canaux et l'âme
harmonieuse. Se déplacer harmonieusement s'appelle
NIGI-TAMA. Autrement dit, il s’agit d’unir poliment ce qui est
en bas et ce qui est en haut, en les nouant. Cela s'appelle de la
courtoisielviii. La sincérité est donc nécessaire. La sincérité
signifie que les amours sont liés. C'est le courant mutuel de
l'amour.
Toutes les entités incarnent la vérité, et pour ne pas la
lâcher, aussi minime soit-elle, elles la montrent au corps. C'est
ce qu'on appelle le chemin. C'est la Terre et les gens. La voie
consiste, sans dire un mot, à faire grandir toutes les vérités dans
le ventre et, tout comme le sang circule, à les laisser se répandre
dans tout le corps sans les lâcher. Pour la route, cela signifie ne
pas s'éloigner. Quand il faut s’éloigner, ce n’est pas la bonne
solution. Il faut vraiment le faire avec fermeté. La terre est le
lieu où apparaît la Puissance du Ciel. C'est que la Puissance du
Ciel rayonne sur chaque membre du peuple. Lorsque cela se
produira, le Japon pourra manifester la forme de la vérité sur
terre. Pour ce faire, nous devons clarifier le véritable sens de la
théocratie et

95
logique des dix mille choses et des dix mille vérités, et faire tout
son possible pour l'indiquer aux gens et les faire progresser. C'est
la mission et le rôle de l'aïkido. Tous les hommes devraient, sur le
pont flottant du Ciel, devenirxl
Ame-no-mi-naka-nushi, et reste debout. Il faut devenir le
Bouddha Amidax11 et rester debout. Ainsi, en devenant la
lumière, il faut purifier l'univers. La terre était achevée et
Kunitokodachi-no-mikotoxlu apparut à sa surface. Seuls les
hommes ne sont pas encore pleinement perfectionnés. C'est parce
que le péché et l'impureté inhibent notre corps. La forme de
technique d'aïkido est un entraînement pour dénouer les
articulations. Désormais, nous devons purifier les taches des
péchés des six sensxllu. L'Aïkido est né pour cette purification.
C'est-à-dire que c'est la mise en mouvement du sabre sacré de
Kusanagi. Ordonner, c'est purifier les herbes des taches pour
clarifier la logique des dix mille choses. Laisser chaque chose
dans l'univers avoir sa place, même le plus petit insecte, et
protéger chaque principe, en clarifiant le grand principe de
croissance, est la voie de l'aïkido. Il s’agit donc d’abord de
calmer les saints. Cela calme le kami et le Bouddha. S'il y a des
impuretés dans le
oreilles, les oreilles doivent être purifiées, s'il y a des impuretés
dans la bouche, la bouche doit être purifiée, s'il y a des impuretés

95
dans le nez, le nez doit être purifié. Les six sens doivent être
complètement purifiés. Tout doit être restitué et confié en
offrande à la divinité relative. A Awagihara, dans Odo de
Tachibana de Himuka à Tsukushi, le grand dieu Oharaido fut
purifié. De cette danse sacrée est né l’aïkido xllv. C'est AOUEI,
autrement dit le centre de purificationxlv. Le fait est qu’en
purifiant les impuretés et la saleté, l’aïkido s’harmonise avec
tout. Moi, Ueshiba, je veux systématiquement réparer ce monde
en le mettant en ordrexlvi via le bu.

156
Poèmes de la route

UESHIBA MORIHEI

NOTES DE

TAKAHASHI HIDEO

157
#
#
#
#
#
#
#
L'esprit mutable, Quand je souhaite
m'entraîner

Sur le pont flottant


Le vrai vide crée un lien
Par la grâce de Dieu

163
#
#
#
#
#

#
#
#
#
Si le lien n'existe pas
Du vide du Grand Vide
Le chemin de l'aïki

ne peut pas être connu

161
#
#
#

#
#
#
#
#
#
#
La lumière du matin brille
Le cœur aussi s'est clarifiéEn
approchant de la fenêtreJe cours
dans le ciel

Je suis celui qui brille au


firmament

163
#
#
#
#
#

#
#
#
#
Jour après jour
M'entraîner et me perfectionnerEt
pourtant toujours impurLes cris de
guerre se font entendre

Des huit grandes forces souveraines

163
#
#
#
#
#

#
#
#
#
dans la lueur
Du pouvoir d'Amaterasu
Les cris de guerre

Des huit grandes forces souveraines

163
Inquiet pour le mondeCrier

Et m'encourageant

La lumière de Murakumo est en moiLe


jour de la victoire éclair

163
#
#
#
#
#

#
#
#
#
#
En regardant le
monde
je pleure
Apathie

A cause de la colère
de Dieu, je deviens
courageux

171
#
#
#
#
#

#
#

Y
o
Y
o
#
#
#
Le temps est venu
Le ciel, le feu, l'eau, la terre

Et le cordon c!qI l'âme se


redresseRester debout
je suis un guide

163
#
#
#
#
#

Y
o
#
#
#
#
Les actes de l'aïki
qui protègent ce monde

Les chemins des kami Iqs et des


Bouddhas sont le chemin de
Kusanagi

175
#
#
#
#
#

Y
o
Y
o
#
#
#
Sabre d'âme de Susano-oxlv11
Apparaissant dans le monde
émet de la lumière

Dans le ciel de l'Est

163
Notes de Takahashi Hideo

Note 1
[Ame no ubuya]
Le lieu de naissance du Ciel

Traversant le pays des morts pour aller à la rencontre


d'Izanami-no-mikoto, Izanagi-no-mikoto, surpris et terrifié de
voir son horrible apparence, s'enfuit. Izanami-no-mikoto,
furieux d'avoir vu son apparition, le poursuivit avec une
armée. Izanagi-no-mikoto s'enfuit, jetant son peigne, tout en
faisant tournoyer son sabre derrière lui. Mais elle continua à le
poursuivre et atteignit la frontière entre le pays des morts et ce
monde. À ce moment-là, il cueillit trois pêches et les lança sur
l’armée des morts, la faisant se retourner. Les deux dieux
étaient de chaque côté de la pierre qui fermait le passage entre
le pays des morts et ce monde. Izanami-no-mikoto dit alors : «
Chaque jour, je tuerai un millier de personnes de votre

163
monde", ce à quoi Izanagi-no-mikoto a répondu : "Si vous tuez
mille personnes, je construirai quinze cents maisons de
naissance." A ce propos, Maître Ueshiba m'a dit que les pêches
qu'il a lancées contre l'armée du pays du morts Ils sont aïkido.

Note 2

Maître Ueshiba m'a dit que la réalisation du


L'Aïkido, c'est le fait de regrouper le triangle, le cercle et le
carré dans un cercle parfait. Plus tard, j'ai trouvé cela écrit dans
le livre du kotodama que Maître Goi m'a enseigné, comme
illustration de la respiration de l'univers.

AO □ devenir qui se retourne à son tour

180
ANNEXES

183
Biographie chronologique d'Ueshiba Morihei

1883, 14 décembre :naissance d'Ueshiba Morihei à


Tanabe, dans la province de Kii. Son père était un
terrat^te^g^re^^o^c^fg. du bouddhisme ésotérique Shingon.
1893,Il entreprend également l'étude du bouddhisme zen
au temple Hómanji à Akitsu.
1898,Son père encourage Morihei, de constitution faible,
à se renforcer en pratiquant le sumo et le suei-jutsu, une
natation ancienne traditionnellement enseignée dans le cadre
des arts de combat.
1901,Il se rend à Tókyó pour devenir marchand de
papeterie. A cette occasion, il a eu l'occasion d'étudier le
jü-jutsu de l'école Tenjin shin'yó-ryü et le ken-jutsu de l'école
shinage-ryu.
1903,Ueshiba épouse Itokawa Hatsu.
Il reçut la consécration Inka des mains de son professeur
bouddhiste Fujimoto Mitsujó, qui atteste de la transmission de
la loi bouddhiste d'un professeur à un disciple.
La guerre russo-japonaise éclate, Ueshiba rejoint Osaka.
1905,envol pour Tanabe. Pour équilibrer son
tempérament agité et sa fougue mystique, son père l'encourage
à suivre des cours de judo.
1909,rencontre Minakata Kumagusu, un érudit
polyglotte. A ses côtés, il entreprendra une campagne
écologique contre la politique gouvernementale.

187
1912,En mars, il prend le commandement d'une petite
colonie qui se rend à Shirataki, sur Hokkaidó, l'île du nord du
Japon, pour défricher des terres vierges.
1915, Il retrouve à Hokkaidó Takeda Sókaku, directeur
de l'école Daito-ryü Jü-jutsu, très célèbre pour sa pratique du
ken-jutsu, du bó-jutsu et du sumo. Pour
toujours dans sa réalité originelle
1916, reçoit le diplôme et le livre de transmission de
l'école Takeda.
1918, Apprenant que son père est mourant, il décide de
retourner vivre avec sa famille à Tanabe. En chemin, il
apprend la mort de son père.
Déprimé par la nouvelle, il part à la rencontre du
révérend Deguchi Onisaburó, chef de l'Omoto-kyó. Il reste à
ses côtés cinq jours avant de regagner sa ville natale.
1919, Il décide d'aller vivre avec sa famille dans la
communauté d'Ómoto, où il deviendra économiste.
1921, Le gouvernement soupçonne Omoto de maintenir
un activisme séditieux et arrête Deguchi Onisaburó.
1922, Ueshiba reçoit le diplôme Shinkage de kenjutsu.
Takeda Sókaku lui rend visite et, constatant que sa technique a
changé, lui demande d'arrêter d'utiliser le nom de sa propre
discipline.
1924,Deguchi organise avec Ueshiba et deux autres
membres de la communauté Omoto un voyage en
Mandchourie, alors en guerre, afin d'y établir un royaume de
paix. L'aventure s'avère être un échec, mais c'est l'occasion
pour Ueshiba de vivre certaines expériences spirituelles qui
l'aideront à construire son Bouddha.

187
1925,En Ayabe, il vit une plus grande expérience
spirituelle grâce à laquelle il prétend percevoir l'Amour
comme l'essence de l'univers.
1927,Ueshiba quitte la petite ville d'Ayabe pour
s'installer à Tókyó, avec le projet de faire connaître son art
sous le nom d'Ueshiba-ryü. Enseigner au château princier
dS áa^Y&unprofesseur célèbre et accueille un
1940,Il vit une plus grande expérience spirituelle sous la
forme d'un kamigakari : il aurait reçu la visite du Roi Dragon
Murakumo-kukisamuhara.
1940 à 1942,Après son kamigakari, Ueshiba tombe
malade. Il reste malade pendant deux ans pendant la guerre. Il
vit alors à Iwama.
1942,crée l'aïkido.
1942 à 1969,Il enseigne son art dans divers centres,
notamment à Iwama, Osaka et Shingü dans la préfecture de
Wakaj^gJ^-.26 avrilUeshiba décède à 86 ans. Ses cendres sont
conservées à Tanabe, dans le temple bouddhiste Shingon de
Kózan-ji.

187
Notes de traduction

189
I Gyosonen
] Pensées occupées ou karmiques.
II Banque
Cette histoire fait écho, de manière symbolique, aux mythes
des Kojiki où le pays des kami est parfois décrit comme le pays
d'au-delà de la mer. Pour y accéder, il faut prendre un
"kami-ship-bird", tori-fune-no-kami.
III Pilier céleste
Dans l'expérience spirituelle de Goi Masahisa, le pilier qui «
donnait l'impression de s'élever vers le ciel » évoque le pilier
céleste évoqué dans la mythologie Sinto. A la fois pilier du centre
de la Terre et pilier du centre du Ciel, il relie les plans céleste et
terrestre, et sert de transition entre le Ciel et la Terre, à l'instar du
pont flottant (voir note XVIII). C'est à travers ce pilier que les
parents d'origine, Izanagi et Izanami, envoient la déesse du Soleil,
Amaterasu-ó-mi-kami, au paradis. Selon les mythes, on
mentionne en réalité un ou plusieurs piliers, qui sont également
considérés comme des vents qui soutiennent la voûte céleste, ce
qui peut expliquer la description de Goi Masahisa : « Je suis alors
entré dans ce courant et, dans cet énorme pilier, j'ai élevé ".
IV Kñmyñ
Lumière, aura, qui émane des bouddhas et des kami.
vShakyamuni

Bouddha historique. Shakyamuni, [L'Ascète (le Silencieux) né


dans la tribu Shakya], nom donné au fondateur du bouddhisme,
Siddhartha Gautama, qui vécut dans le nord de l'Inde au Ve siècle
avant JC. A l'âge de vingt-neuf ans, il abandonne sa condition
princière et s'enfuit de son palais pour partir à la recherche de la
Vérité qu'il découvre dans le renoncement à lui-même et au

190
annihilation du désir. Il enseigne sa doctrine et, en recrutant de
nombreux disciples, fonde la sangha (communauté monastique).
V1Un bijou qui exauce les vœux
[&□í£, nyoihóju] Dans le bouddhisme, joyau spirituel
cela a la vertu de combler les désirs.
viii

[Wí^Arbre shinto sacré, Teaácea Cleyera, (Japonica). Le


personnage sakaki est composé de deux parties, la première
signifie arbre[^]et le deuxième kami[tt].
VU1Souverain

jiyu jizai] Qui s'appartient, libre,


indépendant.
1 FOISSatorumono

[JÉ#]On dit de quelqu'un d'Éveillé, qui éveille les autres


et dont les actions et l'Éveil sont parfaits. Ce terme est la
traduction sino-japonaise du terme sanskrit « bouddha ».
XAïkido

Étymologiquement, Aikido[nMl]signifie : le chemin, le


chemin[ou,c] d'harmonie [l = r,ai] avec le Ki[M].Il est également
possible de le traduire par « la voie de l'harmonie des énergies
(ki) ». Nous ne retiendrons cependant pas le pluriel, puisque pour
Ueshiba, il ne s’agit pas d’harmoniser les choses singulières
entre elles, mais plutôt d’harmoniser le singulier avec
l’universel. En fait, il faut distinguer les énergies particulières de
l'énergie universelle associée au Grand Univers du Vide (Grand
Dieu Unique), le travail étant pour l'homme de retrouver sa
nature originelle, c'est-à-dire le Ki universel qui réside dans son
Centre du Vide.

191
x1La lignée unique de dix mille générations
üchu no bansei ikkei] Cette expression
exprime le fait que la multitude de choses qui composent l'univers
ont la même origine. Il fait référence à une création temporaire du
monde, du point unique à la diversité des choses, de génération en
génération.
Xu La magnifique prestation
myoyo]
XU1 Takemusu
[Ét JÉ]Nous n'avons pas traduit ce terme car il est
spécifique à la langue Ueshiba. Sa signification dépasse l'union des
idéogrammes qui le composent. Ueshiba explique sa signification
profonde tout au long des conférences.
X1VL'ordination

shori] Arrangement ou organisation. Pour Ueshiba,

shori.
dix mille choses
Littéralement[75W,banyu]ça veut dire dix
mille[Jj,interdire] des choses[W,vous]. Ce terme est une
expression qui désigne l'ensemble des phénomènes, c'est-à-dire le
Tout.
Kotodama
[Ouais,kotodama ou kototama] Ce terme désigne le
glfflllal()S scdíiüte] yUaUpíflabitbiKtipdsccrkQtofeikííila
^r&mcp^WiK:i® intrinsèque. Cette croyance est très ancienne au
Japon. Les premiers écrits japonais, le Kojiki et le Nihonshoki,
attestent par de nombreux récits édifiants de son importance pour le

190
les personnes âgées. Ueshiba fait correspondre la notion de
kotodama à la conception christique de la Parole. En effet, il
désigne le kotodama comme la Puissance à l'origine de la Création
qui préside à toutes les manifestations du monde. Le kotodama
n'est donc pas identifié par le son produit par l'organe parlant. La
parole entendue, comme le geste et la pensée,

.même manifestation du kotodama, c'est-à-dire de la


XVII
Parole
Épée
[j=pi^|(Z)^lJ,Kusanagi-no-tsurugi] L'épée qui éteint les
feux d'herbe, également appelée Ame-no-muraku-mo-no-tsurugi.
C'est l'épée que Susano, le frère d'Amaterasu, a trouvée dans la
queue du serpent à huit têtes lorsqu'il l'a tué. Ce serpent représente
les forces terrestres opposées aux forces célestes. Cette épée
apparaît également dans un autre épisode du Kojiki auquel Ueshiba
fait référence (voir note XXIV).
xvmLe pont flottant du Ciel
Ame-no-uki-hashi] Sur le Kojiki, le pont
flottant du CielC'est une étape privilégiée qui relie le plan terrestre
au plan céleste. C'est l'endroit où se trouvent notamment les
Izanamie Izanagilos
parents originels, lors de la création de la terre. C'est aussi le point
d'où les dieux observent la terre. Les spécialistes du Sintó se
demandent ce qui a pu inspirer les personnes âgées sous ces termes
évocateurs. Plusieurs thèses anthropologiques coexistent. Pour
certains, ce serait la Voie Lactée, p&tótódgscdft wh (bitfta
^©ced^^^llha^teisámadtóMdáiitg celle des arcs-en-ciel. Pour le
fondateur de l'aikidó, ce pont est une réalité tangible mais
spirituelle, et fait référence à un état
extatique par lequel le mystique est en relation avec le le plan
céleste, condition nécessaire à la pratique de l'aïkido.

193
X1XChinkon Kishin no hó
Ozi,Méthode pour calmer l'âme et s'unir au
divin] Chinkon Kishin est une ancienne pratique sinto qu'Ueshiba a
apprise aux côtés du révérend Omoto-Kyó, Deguchi Onisaburó.
C'est l'une des trois cent soixante-deux méthodes qu'il préconise
pour atteindre le kamigakari, l'état de transe des médiums. Il s'agit
notamment d'un moment appelé tama-furi[¿ÜÍB] qui signifie «
mouvement de l'âme », qui consiste à unir les forces vitales [tama].
Lors d'un tama-furi, Ueshiba scandait successivement les noms
d'Amaterasu-ó-mi-kami (déesse du Soleil), Oharaidó (kami de la
purification) et Ame-no-mi-naka-nushi-ó-kami (kami du centre).
xx Le ki, le flux, la douceur, la force

XX1 [M,ki],[^,ryü],[^,jü],[a,gó]
La conscience divine
[itÉ'D,Satoshi Gokoro]
xxxuPrière pour la paix dans le monde
, sekai heiwa no inori] dont le texte
donné par Goi Masahisa vnDieu et L'homme est :
Que la paix règne dans le monde
Que la paix soit dans nos foyers et dans nos pays
Que nos missions soient remplies
Divinités protectrices
Nous n'avons pas traduit le mot bu[Ét].La signification
profonde de tout cela constitue, en effet, l'essence même de la quête
d'Ueshiba. L'interprétation littérale suivante du personnage peut être
proposée : "avancer avec une lance", (voir Introduction générale)
XX1VMasakatsu Agatsas Katsu Hayabi
c'est à dire @] Ce kami, dont le nom signifie
"Vrai-conquérant-rapide-céleste-long-tourbillons", est l'un des cinq
kami nés du souffle de Susano-o (voir note XLVII). Il joue un rôle très
important dans la pacification du plan terrestre. Au cours de ses
nombreux combats, il a particulièrement utilisé Kusanagi-no-tsurugi,
l'Épée-qui-éteint-les-feux-d'herbe. Ueshiba fait référence à l'extrait
suivant du Kojikv. "Quand il est arrivé dans la province de Sagamu, le
gouverneur de cette province l'a trompé en disant : 'Il y a un grand
marais dans ce champ. Le kami qui vit dans ce marais est très méchant et
sauvage.' Alors, il entra sur le terrain pour voir ce kami.

^Qfeeffib^pJs«te) Igri^íñiidgiaabKgtUlióicakceiUlPfe
Aibtaufedóomatiác Majesté-Princesse-Yamato. Il a trouvé des silex.
Alors il coupa l'herbe autour de lui avec son sabre et mit le feu aux silex.
Le feu qui avait été provoqué par le même était dirigé vers l'autre (pour
élargir l'espace inattaquable autour de lui). Il a ainsi pu quitter le terrain
et a tué le gouverneur de la province ainsi que son entourage." (in
Kojiki, p. 174)
xxvLes trois mondes
La mythologie Sintho reconnaît trois mondes. D'abord le
monde supérieur, qui est celui des dieux : la haute plaine céleste
Takamahara], ils l'imaginent semblable à une terre (toko). Parmi les cinq
kami primordiaux, il y a entre autres Ameno-toko-tachi-no-mikoto (Le
kami-auguste-qui-est-trouvé-sur-la-plancher-du-ciel). Deuxièmement,
le monde actuel, qui est le monde terrestre visible des vivants (utsushi
kuni), appelé le pays du milieu de la plaine des roseaux. Troisièmement,
l'enfer désigné par divers appels : le pays racine
[IBBI,Ne no kuni], le pays sombre[OU^.H,Yono Tsu Kuni]. Il s’agit
d’une région sombre située sous terre où résident deux fois plus de
morts. On y accède par un couloir. Ce pays n'est pas le seul dans ce sens,
l'Enfer semble être le séjour de toutes les puissances ennemies de
l'homme. Cependant, cette représentation absolument négative du pays
des morts a évolué au fil du temps. Une nouvelle conception du pays des
morts s'est forgée à partir de la légende de Susano. Dans ce mythe, les
défunts sont décrits comme menant une vie presque similaire à la leur
lorsqu’ils faisaient encore partie du monde des vivants.
XXV1Onokoro

île japonaiseK^IPn%Q1ÉWlj!póPW
divinités Izanami et Izanagi, le plan terrestre commence avec la création
de cette première terre. Il convient de noter que les scientifiques
s'interrogent aujourd'hui, d'un point de vue anthropologique, sur la
localisation de ladite île primordiale dans l'archipel japonais.
L'hypothèse principale suggère qu'il pourrait s'agir de l'île d'Awaji ou
d'une de ses parties côtières ou montagneuses.
XXV1Ainsi Viens
[ÍHUfc,nyorai] [Sanskrit. tathágata] Cette épithète se traduit

pftigSÍa¥m©nté> élefeiW Wíúfecú díísái^dílds'ig^-cKf/q^ le


Bouddha est « Celui qui est d'accord avec ce qu'il dit ».
xxviii
Kamimusubi et Takamimusubi
D'après le Kojiki, Takamimusubi[i^íítóM 0ÍÍ]et
Kamimusubi[ttíÉM 0ÍÍ]Ce sont les deux divinités apparues
spontanément après Ame-no-mi-naka-nushi.

196
XX1XGrand espace vide
[XJÉzn,daïkoku]
xxx Vide
[z£,ku] Vide ou Ciel.
XXX1 Vide

[1É^,kyomu] Le vide, le néant.


XXX1Objet

taishó] Objet en relation avec le sujet.


Fudómyóó
Divinité Bouddha, roi des sciences magiques. Fudómyóó
est l’une des figures les plus populaires du panthéon bouddhiste. Fudómyóó
apparaît au Japon avec l'école Shingon au début du IXe siècle. Fudó
[sanskrit. Acala] signifie « l'Immuable ». Il est l'incarnation sous forme
irritée de Dainichi, le Bouddha universel, l'Un. Il est représenté tenant dans
sa main droite une épée, symbole d'une sagesse qui pardonne l'erreur et,
dans sa main gauche, une corde, instrument de capture qui implique la
compassion. , planté sur un rocher, dont la solidité symbolise l'immuabilité
de ses résolutions.
XXX1VBodhisattva Kanzéon
[SMÍ,Kanzeon] [Sanskrit. Avalokitesvara] Selon le Grand Véhicule,
c'est le personnage qui incarne le plus parfaitement l'idéal de compassion du
bodhisattva. Le bodhisattva [jp. Bosatsu] est un être qui renonce à entrer
dans l'état de nirvana (Paradis de Bouddha), afin d'aider les êtres
appartenant au cycle karmique. Kanzeon signifie littéralement « Celui qui
prend en considération les voix du monde ».
xxxvLes quatre âmes
L'âme commune[ísf ffi,kusu-mitama], l'âme agitée et
vigoureuse[JÉIS,Ara-mitama], l'âme harmonieuse[íüffi,Nigi-mitama],
l'âme heureuse Sachi-mitama], Ueshiba fait correspondre ces quatre âmes
aux quatre éléments : le ciel, le feu, l'eau et la terre. Chaque âme correspond

197
à un symbole, une divinité (ou esprit) et un tempérament. Il existe une
classification similaire dans l'ésotérisme occidental qui appelle cette
catégorie d'esprits les « élémentaux ».
XXXV1Les quatre éléments et leur symbole
■ jk.O□ leetje ciei0 [dix], feu [ka], eau [sui] et terre [chi]. Les
quatre éléments font référence à quatre âmes et 3 symboles
XXXVÜT»
Pouvoir
[í,l,toku] Ce terme désigne le pouvoir qui émane des kami, de
l'Empereur et du Bouddha, c'est-à-dire leur vertu. On trouve dans le
Nihonshoki une histoire selon laquelle Yamato (le Japon ancien) a été
dévasté par une pandémie. À cela s’ajoute une rébellion paysanne.
L'Empereur était alors incapable d'arrêter de tels désordres et calamités par
sa seule vertu [toku]. Bien que présent dans les mythes sinto, ce terme est
d'origine bouddhiste et confucianiste. Le Pouvoir de l’Empereur est donc la
vertu de gouvernance qui produit l’ordre des choses.
XXXV1ULes quatre principes
[íl)£ILüí]Le début[Oui,ri], la règle[;£,hó], avec l'aimable
autorisation[IL,j'ai ri] et la route[ou,faire].
XXX1XMatsuri

Le matsuri[|£]Elles désignent communément les fêtes sinto. Ce sont


des cérémonies avec des sacrifices rituels dont le prototype est le mythe de
la grotte où il s'était réfugié après le harcèlement de son frère Susano. Les
matsuri sont donc des rituels destinés à renouveler les forces vitales dont
Amaterasu est le

197
représentation. Ces rites se constituent traditionnellement autour de danses
sacrées kagura, dont les formes primitives étaient les kamigakari.

xlAme-no-minaka-nushi-no-kami

d3 Kami-maître-du-centre-auguste-du-ciel]

Contrairement aux autres kami, il n'apparaît pas dans l'histoire. Il se situe à


la frontière de l'incréé et du créé, procédant à la fois du temps et de
l'intemporalité, à la fois immanents et transcendants à cet univers et donc
aux « dix mille choses ».
x11Amida Butsu
[PñJ^P'S'ÍA][Sanskrit. Amitábha ou Amitáyus] Ce Bouddha, dont le
nom signifie littéralement lumière infinie ou longévité infinie, est le plus
populaire des Grands Véhicules [Sanskrit. Maháyána], d'après le bouddha
tewíhffi, .Wiw cft^G») tew \tt «lúe lítei Éf I», qui n'accepterait pas l'Éveil si
les êtres ne trouvaient pas le moyen d'y accéder.
xluKunitokodachi-no-mikoto

[Bl^íínn,Kami-qui-réside-éternellement-sur-la-terre] Premier kami à


apparaître après les cinq kami primordiaux. Il est le premier dieu dont le
nom porte la mention kuni, qui signifie terre ou pays.
XLMLes six sens
rokkon] Les six sens et la conscience. Ce sont les facultés
(pouvoirs) des organes sensoriels : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le
toucher. Ce sont des formes internes subtiles qui constituent la base de la
conscience sensorielle et qui permettent la perception de l'objet.
xllv danse sacrée
[fiH,furumai]
XLV L'épuration

199
[P^, <?/ ■ ■? cf,misogi] La doctrine du mouvement Omoto
accorde le terme misogi, qui signifie communément : purification
rituelle par l'eau, symbole constitué des trois phonèmes du
mot[^,mon,Df,donc, gi], "Mi représente l'eau, le soleil, la plénitude, le
fruit, le chemin, le joyau. Ainsi, sont les poussières du vent, les
vêtements du corps, qui entourent le signe Su. Gi, croix la vie, il devient
blanc, perd sa couleur, se substitue à tout. Ainsi, le Misogi balaie toutes
les poussières, purifie les impuretés [...] établit le gouvernement idéal
des kami : le misogi désigne le grand rite de purification qui éliminera le
^ng(^aussi la moindre contrariété." (voir Omoto de Jean-Pierre

Berthon,xlvi En ordre

saisi], dans l'ordre, logiquement.


X1V11 Susano-o
Susano-o-no-mikoto] Dieu dont le nom signifie
littéralement « Son Altesse le mâle courageux, rapide et impétueux », est
le frère d'Amaterasu-mi-kami, la déesse du soleil. Ce kami est l'un des
plus importants de la cosmogonie Sinto. Elle occupe la première place
dans les mythes relatifs à la pacification du plan terrestre. Soumettez les
forces terrestres parmi lesquelles le serpent infernal. Lorsqu'il l'a tué, il a
brisé sa propre épée sur une épée que le serpent portait sur sa queue.
Cette épée est Kusanagi-no-tachi (Voir note XVII). C'est son fils,
O-kuni-nushi, qui hérita de la propriété foncière. Il devint, comme
l'indique l'étymologie de son nom, le « Maître de la Terre ».

200
Bibliographie Ouvrages de référence utilisés par les traducteurs

BERTHON JEAN-PIERRE,Omoto,Cahiers d'étude et de documents sur les


religions du Japon-VI, Ed. Atelier Alpha Bleue, 1985, 170 p.

PORTEFEUILLE JEAN FRANÇOIS(;OIS,Étude sur Tchouang-Tseu,Éd.


Éditions Allia, 2004, 304 p.

BLAIZE GÉRARD,Aïkido, recherche du geste vrai,Éd. Sedirep, 1988,


112 p.

BONET-MAURY PAUL, COURTINE HENRI,Je lui jure,Presse


Universitaire de France, 128 p.
CHARLOT EMMANUEL, DENAUD PATRICK,Les arts martiaux,Presse
Universitaire de France, 128 p.

DÔGEN,La vision Immédiate,Traduction en français par Bernard


Faure, Ed. Le Mail, 1987, 190 p.

FRANCK BERNARD,Amour, couleur et couleur, Essais sur le


bouddhisme au Japon,Éd. Collège de France, 2000, 330 p.

FRANCBERNARD,Histoires qui sont maintenant du passé,Éd.


Gallimard, 1987, 338 p.

rRANK Bernard, Lépanteon bouddhique au Japon, Collections

201
d'Émile Guimet, Ed. Editions de la Réunion des musées nationaux, Paris,
1991, 336 p.
HAENEL YANNICK, MEYRONNIS FRANCIS, COLLECTIF,ligne de
risque,1997 - 2005, Éd. Gallimard, 376 p.

1988,JM, Le shintoisme ancien, Ed. Jean Maisonneuve,

MARTTZEL GÉRARD,Le dieu masqué,Ed. Publication


Orientaliste de France, 1982, 340 p.

MASAHISA GOI,Dieu et l'homme,Byakko Press, 1987, 128P-

MOATTI PASCAL,La fin de Muromachi,Éditions Sulliver, 56 p.

JE SUIS MORT TOSHIKO,Folklore et théâtre au Japon,Ed.


Publication Orientaliste de France, 1987, 210 p.

NISHIDA KITARŌLa culture japonaise en question,Ed.


Publication Orientaliste de France, 1991, 128 p.

PHILIPPE DONALD(traduit en anglais par), Kojiki, Ed.


University of Tokyo Press, 1967, 654 p.

RENONDEAUG., Le shugendó, histoire, doctrine et rites des


anachorètes dits Yamabushi, Cahiers de la société asiatique,
Imprimerie Nationale, 156 p.

202
KOCHEDIEU EDMOND,Le Shintoisme et les nouvelles religions
du Japon,Éd. Edito-Service, 1970, 256 p.

ROTTERMUND HARTMUTO., Collectif, Religions, croyanées et


traditionspopulaires du Japon, Ed. Maisonneuve et Larose, 2000,
540 p.

SADAKATA AKIRA,Cosmologie Bouddhique,Éd. Editions


Sully, 2002, 246 p.

SIEFFERT RENÉ,Les religions du Japon,Ed. Publication


Orientaliste de France, 1968, 270 p.

TANIZAKI JUNICHIRO,Éloge de l'ombre,Éd. Publication


Orientaliste de France, 112 p.

TCHOUANG TSEU,Œuvre complète,traduit par Liu Kiahway,


Ed. Gallimard, 1985, 390 p.
TREMBLAY JACYNTHE,Nishida Kitard, Le jen de l'individuel et
de l'universel,Éd. CNRS Éditions, 2000, 336 p.

TSUDA, ITSUO,École de la respiration,Ed. Le courrier du livre,


9 volumes.

203
Pour leurs connaissances et recommandations, merci à :

LAIZÉ
7ème dan de aiGiÓlSudbBAikikai de Tókyó
5ème dan de Bó-jutsuMasakatsu
7ème dan du Jodo Shindo-muso jo-jutsu

Parce que le travail nécessite la combinaison de diverses


connaissances, grâce à :

Kaeko Murata, Stéphanie et Fabien Missiaen-Ribery, Vincent


Clavier, Fabrice Sailly, Marielle Sirgue, Sonia Idri, Jennifer
Stanislawsky, Laéticia Blancher et François Lenoir.

Pour leur soutien amical et leurs conseils avisés, merci à :

Odile Guern, et le corps professoral de l'Association


Française d'Aïkido Traditionnel du Japon.

205
Travail réalisé avec la contribution de :
Culture japonaise [www.japan-culture.com] Aïkido-Nord
[www.etude-japonaise.com]
Production graphiqueTristan O'Byrne

206
Fabrication
Samuel Fournier

ÉDITIONS DU CÉNACLE

www.editionsducenacle.com
43, avenue du Peuple Belge,59000 Lille

France

207
Prochain article:

OUESHIBAMORIHEI

http://slidepdf.com/reader/full/takemusu-aiki 106/106
i[il±] "Maître du chemin."
ii La relation de l'Aïkido avec la nature est communément acceptée. Cependant, il convient de noter quenatureIl faut l'entendre dans un double sens : la nature dans ses expressions, dans son abondance,

et la nature comme force productive et ordonnatrice du réel, c'est-à-dire dans ses principes, nature naturelle et nature naturelle. On aurait sans doute tort de voir dans les techniques de l'aïkido une
imitation des formes et des mouvements de la nature. La corrélation entre nature et aïkido doit être considérée à un niveau plus fondamental, celui des principes. L'Aïkido, en tant que discipline, est
naturel dans le sens où l'Aïkido, en tant que principe, est un principe naturel, et non un accord humain et social. Et si, en effet, il y a une certaine similitude entre les mouvements de l'aïkido et les
mouvements de la nature, c'est parce qu'ils sont produits selon les mêmes principes, issus de la même origine ou de la même racine [®zM, kongen],
iii Ces notions sont particulièrement importantes pour comprendre que la genèse de l'aïkido ne résulte pas du tout de la synthèse de différents arts martiaux, mais plutôt d'un principe naturel qui se révèle

à Ueshiba à travers diverses expériences spirituelles et martiales. Cet aspect fait l'objet de longues explications dans ses cours.
iv La nature, qui englobe le phénomène humain, est considérée

comme évoluant selon un but. Autrement dit, pour


Ueshiba, l'évolution de la nature ne s'explique pas selon un
processus d'adaptation au hasard, mais selon un projet. aïkido
comme un principe naturel qui ordonne les dix mille choses (voir
Annexes, remarque
xtellement consciemment leur pratique dans ledit projet.
xi Nous n’opposons pas ici histoire et mythologie selon un critère de véracité. Dans l'ordre de nos mots, l'histoirece n'est pasle réel et le mythe, l'irréel. C'est sur la base de la notion de temps que nous

les distinguons, et que nous devons, à notre avis, en fonction des différentes valeurs accordées audit terme, nous rapprocher de l'existence d'Ueshiba.
xii Les parents d'origine.Voir Annexes, note XVIII.
xiii Branche ésotérique du bouddhisme japonais.
xiv Shugendo signifie étymologiquement le chemin [IM, do] des pratiques [ft, shu] des pouvoirs surnaturels [®t ken].
xv Kijin [j&íí ] fait référence aux démons ou esprits des morts dotés de pouvoirs surnaturels.
xvi DansJe le sacre,Wunenburger, PUF (version espagnole publiée : Lo Sagrado).
xvii DansDieu et l'hommepar Goi Masahisa. Éd. Byakko Press, 1987, p. 50 (version espagnole publiée : Dieu et l'homme}.
xviii L'orthographe dekami—kakariou kamigakari signifie « attaché » ou « attrapé » [ÜÜ, kakari] par un kami [í$]. Il désigne la possession d'un individu par un kami, entité supérieure à l'homme.
Cependant, ce thème de la possession doit être compris selon l’idée que tout est un. Autrement dit, le kami qui prend possession et le médium ne sont pas fondamentalement différents. Par conséquent,
de telles expériences spirituelles de « possessions » doivent être considérées comme une hypothèse, une réalisation de soi. Ces expériences doivent amener le pratiquant d'aïkido à réfléchir sur les
notions de personnalité, de liberté et de volonté pour Ueshiba.
Le terme kami est difficile à traduire puisqu'il désigne selon le contexte les termes Dieu, dieu(x), esprit. Il peut s'agir de divinités célestes de la Plaine des Hauts Cieux (takamahara), ou du Grand Dieu
d'origine unique, ou encore des esprits des éléments (ciel, feu, eau et terre), des esprits inférieurs, comme les esprits du renard. ou encore les blaireaux qui sont, selon la tradition populaire, à l'origine
de la majorité des kamigakari (ce n'est plus une hypothèse, mais plutôt une régression).
xix shireligieux^],eWWfai¡f8tígj»^iify%W^ed^^^os[#§ apparu du début du XIXe siècle jusqu'à la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Sa doctrine est issue du shintoïsme, du bouddhisme et du
christianisme. Il existe 31 religions de ce type, parmi lesquelles la Grande Origine Omoto] représente l'une des plus importantes, non seulement par le nombre de ses adeptes, qui atteint deux millions, mais surtout
parce qu'elle a influencé de nombreux mouvements religieux ou spirituels. L'aïkido Ueshiba en fait partie.
xx Voir Annexes, note XIX.
xxi Pour nous qui portons la tradition occidentale de la parole, cet enseignement doit faire écho aux paroles de Martin Heidegger. " "La parole est un avènement du sacré", affirme Heidegger.
L'apparition du monde, l'émergence du langage et la présence des Dieux ont une parenté qui échappe incontestablement à l'opinion commune. Pour elle, le langage sera toujours un fait humain. , et
repérer." DansLigne de Risque,Ed. Gallimard (magazine français).
xxiiLe dragon est un animal fantastique qui alimente les croyances les plus anciennes en Inde, en Chine et au Japon. La croyance populaire le place dans le ciel ou dans la mer. Les dragons sont liés à

l’élément eau et sont considérés comme les pouvoirs qui règnent sur la pluie. Cela lui vaut la sympathie populaire. Ils symbolisent aussi la montée au ciel, l'assomption de l'adepte. Dans le bouddhisme
en particulier, le dragon a été adopté comme propagateur de la doctrine.
oui, shugojin]
xxiv oui, shugorei]
xxv [c'est SHayatakemusu ou kami]
xxvi tenso-kokuso]
xxvii
xxviii Nihon Shokiou Nihongr. Chroniques japonaises écrites en 720.
xxx Voir Annexes, note XVI.
xxxi Musubi est l'action magique qui consiste à attacher leTama(âmes ou forces vitales) à un corps. Soit pour empêcher le tama de s'échapper du corps, soit pour attacher un tama à un corps qui lui
était jusque-là étranger. Le corps en question peut être un être vivant ou n'importe quel objet. Ces techniques magiques étaient particulièrement appliquées en cas de maladie pour empêcher les forces
vitales d'emporter le corps de l'individu, ou en cas de rituels sorciers destinés à générer des sentiments d'amour chez une personne en liant deux âmes ensemble.
xxxii DansJe l'ai sorti,Jean-Jacques Wunenbenburger, PUF, p. 23.
xxxiii DansLes formations et élémentaires de la vie religieuse,E. Durkheim, PUF, p. 328 (version espagnole publiée : Les formes élémentaires de la vie religieuse).
xxxiv

Les éléments religieux ne devraient pas surprendre le lecteur occidental habitué à une séparation radicale des religions. Le syncrétisme religieux est très courant au Japon. Il existe également un ryobu
shinto « shinto double face », qui
fusionne plus systématiquement le bouddhisme et le sintho.
xxxvNishida Kitaró, initiateur du mouvement philosophique appelé « l'école de Tókyó », a développé son système de pensée à partir de la notion d'identité contradictoire. Ce qui lui permet, prenant le
néant pour principe, de reconsidérer les catégories de la logique dans un dialogue avec la philosophie occidentale, y compris la philosophie hégélienne, à partir du paradoxe « duel et non-duel » de la
doctrine bouddhiste.
xxxviD'un point de vue historique, l'appréhension japonaise du néant vient en partie de la pensée chinoise du Tao qui a influencé, d'une part, la formation du bouddhisme Chan, dont l'expression

japonaise est le Zen, et d'autre part, la formation de l'ancien Sinto. , religion primitive du Japon.
Watashi ga iu mu towa kyomu de wa arimasen].
kono yo wa kono mu yori no seichó de arimasu].
xxxix IlGrand espace videCe n’est pas un espace au sens où on l’entend habituellement, c’est-à-dire une surface. Mieux dit, l'espace (et le temps) commence à exister avec l'apparition du premier

point (la Divinité du Centre). Le Grand Espace Vide ne désigne donc pas une surface illimitée, mais un monde a-spatial.
Pour Ueshiba, le terme vide [zíz, kü] n'est absolument pas différent du terme rien [^, mu].
xl La lettre U se prononce comme en espagnol. Par conséquent, les deux kotodama « su » et « u » doivent être lus comme en anglais.
xli L'acte dans ses trois modalités que sont la pensée, la parole et le geste.
xlii [shinpen jizai]
xliii Syllabaire japonais.
xliv Nao fut pendant un temps un adepte de Kawata.
xlv DansOmoto,par Jean-Pierre Berthon, p. 131.
xlvi DansTakeniusu Aiki,p. 140.
xlvii Selon le contexte, nous avons traduit le termesucrepar « visage », mais aussi par « figure », « apparence » ou « expression ». Désigne ce qui se manifeste.
xlviii DansL'Évangile de Thomas,Logion 113, p. 241. Traduction de Jean-Yves Leloup, Albín Michel (voir Évangile de saint Thomas)
xlix Idem. Logion 51, p. 149.
l Nishida Kitaro décrit la maison impériale comme « venant de rien ».
li Le termePouvoirdésigne un pouvoir lumineux qui émane des dieux et de l'Empereur.
lii Ce paysage évoque le paradis tel que décrit dans le bouddhisme Shingon. Découvrez le paradis enchanteur décrit dans le sütra de Miroku.
liii TakemusuAiki,p.144.

livCela signifie littéralement « Celui qui unit le Ciel et la Terre ».


lvCette vision béatifique fait référence au type d'histoire que Onisaburó Deguchi, leader du mouvement Omoto, appelle « Histoire du monde des

^í^fitu^í^iliai mmtgóWillehilitiWórhtoFl^gpQltigOníSafeyiiTi^efltti exploration de la foi du monde des esprits. Bien entendu, seule mon âme a entrepris le voyage. [...] Ébloui au-delà de tout
entendement, j'ai reçu la luminosité de ladite pierre rare, de l'or brillant [...]." On pourrait aussi se référer, à ce propos, à l'étude réalisée par Jean-Pierre Berthon sur le mouvement Omoto.
lviConformément au caractère syncrétique des mouvements spirituels japonais, ce récit rassemble bouddhisme, sinto et christianisme.
lviiVoir Annexes, note I.
lviiiUeshiba utilise ici une vieille lecture du mot politesse : maintenant.

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