Vous êtes sur la page 1sur 3

Avec un taux d’urbanisation de près de 50 %, le Sénégal voit sa

population urbaine dépassée la moyenne observée en Afrique


subsaharienne. Le nombre d’urbains a presque doublé ces dernières
décennies en passant de moins 23 % à 43 % en 2013 avec des
prévisions de 60 % en 2030. Cette forte urbanisation offre d’énormes
défis aux dirigeants sénégalais l’occasion de réaliser un changement
structurel de l’économie.
Avec un PIB global national de 65 %, seule la région de Dakar s’accapare
des 55 %. Cette dernière abrite 50 % de la population urbaine, elle
concentre une multitude d’emplois.
Pourtant, nous constatons que l’ensemble des villes souffrent d’un
manque d’infrastructures et services publics. Dans les villes
secondaires, en particulier, plus de la moitié des ménages sont
raccordés au réseau d’alimentation en eau, et d’autres dépendent de
bornes-fontaines. Par ailleurs, seuls 36,7 % des foyers en milieu urbain
disposent d’équipements sanitaires de base (latrines, fosses septiques).
Outre Dakar, seuls six centres urbains profitent d’un accès partiel à un
système d’égout : Rufisque, Louga, Saint Louis, Kaolack, Thiès, Sally et
Mbour. La gestion des ordures ménagères regorge des problèmes dans
la plupart des villes du pays sur le plan de l’enlèvement que du
traitement des déchets. À cela s’ajoute une capacité limitée de
planification de l’aménagement urbain : moins de 20 % des villes et des
municipalités possèdent un plan d’urbanisme, et la plupart de ces plans
sont obsolètes ou ne sont pas appliqués faute de capacités de gestion
urbaine suffisantes dans les collectivités locales. L’inadéquation de la
réglementation en matière de gestion et d’aménagement du territoire
entraîne des distorsions sur les marchés foncier et immobilier, et
conduit au développement d’implantations sauvages à la périphérie des
villes, dans des zones sujettes aux inondations.

Mais, en dépit de ces difficultés, il existe plusieurs leviers d’action que


les responsables publics sénégalais pourraient mettre en œuvre.

Renforcer le rôle des villes secondaires et améliorer la


gouvernance de la zone du Grand Dakar
Le manque de réseaux d’infrastructures et de services adéquats dans
les villes secondaires exacerbe l’exode rural vers la capitale, ce qui a
pour effet de dégrader encore davantage les conditions de vie des
populations pauvres et de mettre à rude épreuve les capacités
techniques et financières déjà limitées des autorités municipales et
métropolitaines. Aussi faut-il répondre aux besoins de financement à
deux niveaux différents :

 en renforçant le rôle des villes secondaires, notamment des


capitales régionales, pour qu’elles deviennent des pôles de
développement plus productifs et plus vivables, afin de soulager
l’agglomération urbaine de Dakar ;
 en investissant dans l’agglomération urbaine de Dakar afin de
répondre au manque d’équipements infrastructurels non financés
ces vingt dernières années.

Les autorités sénégalaises peuvent également améliorer la


gouvernance urbaine et surmonter les difficultés associées à
l’urbanisation en mettant l’accent sur des enjeux communs et en y
faisant face avec anticipation. En particulier, elles doivent mettre sur
pied de nouveaux modèles de gestion décentralisée et une coopération
multidimensionnelle afin de créer des systèmes économiques en zones
urbaines plus efficaces et des villes inclusives qui garantissent l’égalité
d’accès au logement, aux services et à l’emploi.

La Revue de l’urbanisation au Sénégal préconise de s’orienter vers les


priorités stratégiques suivantes : revoir et moderniser les outils de
planification territoriale ; dynamiser l’économie urbaine au moyen de
programmes ciblés ; améliorer l’offre et l’accès aux services urbains ;
développer les structures de gouvernance du territoire ; et réfléchir à
des stratégies innovantes pour financer l’expansion du stock
d’infrastructures urbaines. Ces cinq thématiques clés seront traitées
dans le cadre de la mise en œuvre de « l’Acte III de la décentralisation »
et de l’actuelle stratégie économique nationale, le « Plan Sénégal
émergent » (PSE).

En outre, à la suite des recommandations formulées dans la Revue de


l’urbanisation, le ministère de la Gouvernance locale et du
Développement a fait appel à la Banque mondiale afin qu’elle appuie la
mise en place d’interventions dans plusieurs villes du pays, dans
l’objectif de prolonger durablement l’impact des efforts engagés. Le
renforcement des autorités municipales et la réalisation des objectifs de
développement économique à long terme du pays passent par
l’instauration de systèmes de financement locaux fiables et
autosuffisants. Le gouvernement tient par ailleurs à multiplier les
réseaux interconnectés entre les villes et les régions et à tirer parti des
opportunités économiques que recèle la population urbaine.

L’heure est venue pour les dirigeants sénégalais de fixer le cadre qui
permettra de relever les défis du développement urbain et de répondre
aux besoins d’une population en plein essor, dans un souci d’inclusion
et d’efficacité.

Pour plus d'informations, s'il vous plaît voir Perspectives urbaines : villes
émergentes pour en Sénégal émergent (French)

Vous aimerez peut-être aussi