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AOUT 2011
AVANT PROPOS
L a vision de développement du Cameroun à l’horizon 2035 est celle d’un pays émergent,
démocratique et uni dans sa diversité. Sa déclinaison dans le Document de Stratégie pour
la Croissance et l’Emploi (DSCE) pour les dix prochaines années, met l’accent sur la
croissance, la création d’emplois et la redistribution des revenus pour une meilleure lutte contre
la pauvreté. Pour atteindre les objectifs de cette vision, le DSCE place le développement urbain
parmi les défis que le Cameroun doit relever, en précisant qu’il «s’agit non seulement de
maîtriser le développement des villes(…) et d’en faire des centres de production et de
consommation nécessaires à l’essor du secteur industriel, mais également de promouvoir
l’émergence des agglomérations périphériques, le développement des villes moyennes ou
secondaires capables de structurer les activités économiques dans l’espace urbain et de
concourir au développement des zones rurales environnantes».
C’est hautement conscient de ce qui précède et de la nécessité de rompre avec le pilotage à vue
du développement que le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, a instruit les ministères à
assurer une meilleure lisibilité et visibilité des activités menées dans leurs secteurs respectifs.
Cette volonté est fortement affirmée depuis 2000, dans les circulaires présidentielles relatives à
la préparation du budget, qui obligent les départements ministériels à présenter à l’appui de
leurs projets de Budget d’Investissement Public (BIP), des documents de politique et de
stratégie, en vue de légitimer les programmes et projets à mettre en œuvre.
En janvier 2010, la population urbaine était estimée à 10 091 172 âmes sur les 19 406 100
habitants que compte le Cameroun et les statistiques montrent qu’en 34 ans (1976-2010),
l’effectif de cette population urbaine a été multiplié par 4,6.
L’armature urbaine du Cameroun, avec ses 312 villes réparties sur l’ensemble du territoire
national, peut toutefois être un atout indéniable pour l’économie et le développement de notre
pays, dans la mesure où les villes constituent bien des pôles de croissance tant au niveau de
l’économie locale, que nationale et sous régionale, pour peu que les instruments de maîtrise et
de gestion de la croissance urbaine soient adéquats.
RAPPORT FINAL i
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Les défis1 auxquels doit répondre le Cameroun face aux fortes pressions annoncées des
populations urbaines dans les prochaines années, concernent :
d’une part, les types d’organisation institutionnelles et d’arrangements à prévoir pour
accueillir les populations supplémentaires, pour leur offrir des logements décents et des
opportunités d’emplois suffisantes, pour réduire la pauvreté des populations et faire en
sorte de leur fournir une qualité et un niveau de vie acceptable, ;
d’autre part, le développement de la productivité par le renforcement des connaissances,
des savoir-faire, de la technologie et de l’innovation, le développement du secteur privé
pour soutenir le développement des entreprises, promouvoir le partage de l’information
et faciliter l’accès au crédit.
Un effort particulier a été consenti pour le rendre synthétique. Mais compte tenu de la quantité
de matériaux disponibles, des choix, et quelques fois des arbitrages ont été nécessaires pour sa
réalisation.
La première partie, tout en rappelant le contexte général dans lequel le document a été
préparé, présente l’état des lieux et le bilan-diagnostic dans le sous secteur. On y traite
notamment des grandes activités économiques et de l'impact des grandes politiques
sectorielles. L'approche qu'elle emprunte permet un rapide tour d'horizon de la situation à
travers les principales composantes du milieu : i) Urbanisme, habitat et cadre de vie – ii)
transports urbains - iii) secteur privé urbain - iv) gouvernance urbaine. Elle fournit des
indications précieuses qui en faciliteront la compréhension.
La deuxième partie présente les axes stratégiques et analyse les différents types d'interventions
possibles. Cette partie est centrale dans le processus de l’élaboration de la stratégie. Elle
indique la direction à suivre et le cadre de référence pour le choix des différentes actions à
réaliser. C'est précisément ce chapitre qui traduit le consensus obtenu entre les partenaires.
C’est ainsi que cinq axes stratégiques ont été définis : (i) Développement de l’habitat urbain, (ii)
Développement des infrastructures de transport urbain, (iii) Amélioration du cadre
institutionnel et juridique, (iv) Amélioration des ressources humaines, financières et matérielles
et, (v) Promotion de la gouvernance urbaine.
Par conséquent, toutes les actions qui seront menées dans le sous-secteur urbain dans les
prochaines années découleront de ces programmes.
Enfin la quatrième partie fournit les principaux éléments de la mise en œuvre de la stratégie.
Le présent document de la stratégie du développement du sous secteur urbain, cadre de
référence par excellence, est donc une réponse en matière de rationalisation des choix du
Gouvernement sur le plan de développement urbain et de l’habitat. C’est un cadre d’orientation
des activités susceptibles d’assurer une meilleure contribution du développement urbain et de
l’habitat aux objectifs globaux de développement définis dans la vision nationale de
développement et dans le DSCE.
Pour cela, j’invite tous les acteurs urbains, qu’ils soient publics, privés ou de la société civile,
ainsi que les populations, à s’associer et à se mobiliser pour la mise en œuvre des actions
définies dans le Plan d’Actions Prioritaires de cette stratégie.
Puisse cette grande réflexion permettre au Cameroun de relever le défi d’une croissance
maîtrisée de ses villes, pour le bien-être de nos populations et dans le respect de notre
environnement.
CLOBERT TCHATAT
SOMMAIRE
AVANT PROPOS ......................................................................................................................................................................... I
............................................. 11
I – DELIMITATION .................................................................................................................................................................. 27
A - COMPOSANTES ................................................................................................................................................... 27
B - ACTEURS DU DEVELOPPEMENT URBAIN .............................................................................................................. 27
II – DESCRIPTION .................................................................................................................................................................... 29
........... 125
............................... 157
.............. 267
Tableau 27 : Cadre logique de planification stratégique de la composante «secteur privé urbain» ................... 142
Tableau 28 : Cadre logique de planification stratégique de la composante «Gouvernance urbaine» ................ 146
Tableau 29 : Passage des axes d'intervention aux axes stratégiques ..................................................................... 148
Tableau 30 : Passage des axes stratégiques aux programmes ................................................................................ 152
Tableau 31 : Identification des programmes de développement urbain ............................................................... 153
Tableau 32 : Actions à mettre en œuvre dans les cinq programmes retenus ........................................................ 183
Tableau 33 : Programmes P1, P2, P3 ....................................................................................................................... 185
Tableau 34 : Programme P4 (Développement des infrastructures de transports urbains) ................................. 198
Tableau 35 : P5. Programme Support (Renforcement des moyens d’accompagnement du sous-secteur urbain)201
Tableau 36 : Identification des actions du Programme P1. Développement de la planification urbaine ........... 220
Tableau 37 : Eléments de contenu des actions de P1 .............................................................................................. 221
Tableau 38 : Chiffrage du coût des actions de P1 ................................................................................................... 223
Tableau 39 : Programmation pluriannuelle des actions de P1 ............................................................................... 224
Tableau 40 : Identification des actions du Programme P2. Amélioration de l’habitat ........................................ 225
Tableau 41 : Eléments de contenu des actions de P2 .............................................................................................. 226
Tableau 42 : Chiffrage du coût des actions de P2 ................................................................................................... 229
Tableau 43 : Programmation pluriannuelle des actions de P2 ............................................................................... 230
Tableau 44 : Identification des actions du programme P3. Amélioration de l’environnement urbain et de
l’accès aux services urbains de base ................................................................................................................ 231
Tableau 45 : Eléments de contenu des actions de P3 .............................................................................................. 232
Tableau 46 : Chiffrage du coût des actions de P3 ................................................................................................... 236
Tableau 47 : Programmation pluriannuelle des actions de P3 ............................................................................... 237
Tableau 48 : Identification des actions du Programme P4. Développement des infrastructures de transport
urbain ................................................................................................................................................................ 242
Tableau 49 : Eléments de contenu des actions de P4 .............................................................................................. 244
Tableau 50 : Chiffrage du coût des actions de P4 ................................................................................................... 247
Tableau 51 : Programmation pluriannuelle des actions de P4 ............................................................................... 249
Tableau 52 : Identification des actions du Programme P5. Renforcement des moyens d’accompagnement du
sous-secteur urbain ........................................................................................................................................... 251
Tableau 53 : Eléments de contenu des actions de P5 .............................................................................................. 254
Tableau 54 : Chiffrage du coût des actions de P5 ................................................................................................... 263
Tableau 55 : Programmation pluriannuelle des actions de P5 ............................................................................... 265
INTRODUCTION GENERALE
1 – Contexte général
Le Cameroun est un pays qui regorge d’énormes potentialités. Il dispose en effet d’importantes
ressources naturelles notamment agricoles, minières, hydriques et touristiques en plus des
ressources humaines de qualité. À la faveur de la dévaluation du FCFA en 1994 et de la première
génération des réformes structurelles, le pays a retrouvé le sentier de la croissance économique
et l’amélioration de la situation macroéconomique après la récession de la fin de la décennie 80.
Cette croissance qui s’est située en moyenne à 4,5% sur la période 1996-2003, est principalement
tirée par le secteur tertiaire dont la contribution à la croissance se chiffrait à 2,5% en 2002. Les
secteurs primaire et secondaire n’y ont contribué respectivement qu’à hauteur de 0,8% et 0,3%
la même année.
A partir de 2004, l’on observe un ralentissement économique qui s’est poursuivi jusqu’en 2008
avec une croissance moyenne de 3,1%. Ce ralentissement est au premier chef le fait du secteur
secondaire dont les activités baissent en moyenne de 0,1% l’an, et de l’agriculture d’exportation
qui enregistre une décroissance en 2006 et 2007. Les recettes d’exportation proviennent
essentiellement des matières premières (pétrole, bois, cacao, coton, banane, caoutchouc, etc.)
dont les prix ne sont pas toujours favorables, alors que plus de 50% des importations sont
constituées des produits manufacturés, plus coûteux. Il en résulte des termes de l’échange
défavorables à l’économie nationale.
Toutefois, ces résultats négatifs n’ont pas entaché la volonté du Gouvernement d’exécuter de
façon satisfaisante son programme économique et financier appuyé par le Fonds Monétaire
International (FMI) et d’autres partenaires au développement au titre de la Facilité d’Ajustement
Structurel Renforcée (FASR). Le Cameroun a atteint le point d’achèvement de l’Initiative Pays
Pauvres Très Endettés (IPPTE) en avril 2006, ce qui a permis de réduire substantiellement le stock
de sa dette extérieure, et de dégager des marges budgétaires devant permettre de mieux
répondre aux besoins de développement économique et social du pays à court terme.
Le Cameroun a adopté en 2009 une nouvelle vision pour son développement baptisée «Vision-
2035». L’objectif global de cette vision est de faire du Cameroun un pays émergent,
démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon 2035, avec pour objectifs généraux :
(i) - réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ;
(ii) - atteindre le stade de pays à revenus intermédiaires ;
(iii) - devenir un Nouveau Pays Industrialisé ;
(iv) - consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale.
Pour baliser la première étape vers les objectifs de cette vision, un Document de Stratégie pour la
Croissance et l’Emploi (DSCE) a été également adopté en 2009 pour la période 2010-2020, en
remplacement du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) dont la mise en
œuvre a abouti à des résultats plutôt mitigés. Le DSCE sert désormais de cadre de référence qui
doit inspirer les politiques et stratégies sectorielles et régionales, d’où découleront les
programmes et projets de développement à mettre en œuvre.
Sur la base de ce cadre de référence, chaque secteur de l’économie doit élaborer (ou
réactualiser) son document de stratégies, afin d’organiser et de présenter la manière d’apporter
sa contribution à l’atteinte de l’objectif général de développement du Cameroun recherché pour
2035.
Il est à noter que le DSCE mentionne le développement urbain parmi les défis que le Cameroun
doit relever pour atteindre les objectifs de la vision, en précisant qu’il «s’agit non seulement de
maîtriser le développement des villes (taux d’urbanisation de 57,3% en 2020) et d’en faire des
centres de production et de consommation nécessaires à l’essor du secteur industriel, mais
également de promouvoir l’émergence des agglomérations périphériques, le développement des
villes moyennes ou secondaires capables de structurer les activités économiques dans l’espace
urbain et de concourir au développement des zones rurales environnantes».
C’est dans ce contexte que le Ministère du Développement Urbain et de l’Habitat (MINDUH) qui
intervient dans le secteur des infrastructures, a pris l’initiative de fédérer toutes les réflexions
engagées depuis 2002, pour produire un document de stratégies de développement du sous-
secteur urbain.
Enfin, la stratégie est un document de plaidoyer pour la mobilisation des acteurs et des
ressources en vue d’assurer un développement urbain durable.
2 – Méthodologie
L’élaboration de cette stratégie a été menée selon le canevas prescrit par le Guide
méthodologique conçu par le Ministère en charge de la planification stratégique (MINEPAT) pour
encadrer l’élaboration des stratégies de développement économique et social au Cameroun.
Organisation du travail
Il convient de préciser qu’en 2006, un projet de stratégie de développement urbain a été élaboré,
mais non adopté. Pour la reprise du processus, le MINDUH a mis en place un Comité de Pilotage
(COPIL) et une Cellule Technique Partenariale (CTP) multi-acteurs, appuyés par trois consultants
(deux internationaux et un national).
Processus de validation
Les trois rapports, élaborés à l’issue des réunions et retraites de rédaction organisées par la CTP,
ont bénéficié des contributions de partenaires du secteur privé et de la société civile impliqués
dans le développement urbain. Après acceptation par le COPIL du travail accompli par la CTP,
chaque rapport a été envoyé au MINEPAT pour observations avant l’organisation d’un séminaire
national de validation. L’ensemble du processus a ainsi connu quatre sessions du COPIL (dont une
consacrée au lancement du processus), et trois séminaires nationaux de validation. Chaque
séminaire a regroupé une soixantaine de responsables de haut niveau dont : des Délégués du
Gouvernement auprès de Communautés Urbaines, l’Association CVUC, les ordres nationaux du
RAPPORT FINAL Page 3
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
sous-secteur (urbanistes, architectes, ingénieurs de génie civil), des PTF, des représentants des
administrations et établissements publics du sous-secteur, des communicateurs, ainsi que des
OSC.
Données utilisées
Au Cameroun, un certain nombre d’études générales ont été réalisées, notamment «l’étude sur
l’état d’urbanisation du Cameroun» (ETURCAM), «la revue du développement du secteur urbain
par la Banque Mondiale (2002)», les consultations de villes, etc. Parce qu’on dispose d’un plus
grand nombre d’études sur Yaoundé et Douala, les données sur ces villes sont amplement citées,
mais les problématiques dégagées peuvent être étendues aux villes secondaires. Cependant,
d’une manière générale, ces études présentent des insuffisances en termes de données. Aussi,
tout en exploitant ces sources, les données issues des enquêtes de l’Institut National de la
Statistique (INS) ont été utilisées, mais elles ne sont pas assez fines pour les questions de
développement urbain, en plus du fait que la plupart d’entre elles ne sont disponibles que tous
les cinq ans (au mieux). Les chiffres du 3ème RGPH, également utilisés, ont été publiés 23 ans après
ceux du 2ème RGPH réalisé en 1987. Les données administratives produites par les services publics
du secteur urbain ont été aussi utilisées. Toutes ces données ont été complétées par quelques
informations pertinentes collectées auprès d’autres sources.
Le présent rapport fusionne en un seul document les trois rapports validés. Il comporte, en plus
de cette introduction générale, un chapitre consacré à la définition des concepts généraux et des
annexes, quatre parties comportant chacune plusieurs sections :
(i) Etat des lieux et bilan-diagnostic (3 sections) ;
(ii) Choix stratégiques de développement urbain (3 sections) ;
(iii) Plan d’actions prioritaires (3 sections) ;
(iv) Outils de mise en œuvre de la stratégie (2 sections).
Notion de ville : selon la loi n°2004/003 régissant l'urbanisme au Cameroun, la ville est définie
comme un milieu urbain qui couvre l’ensemble des agglomérations ou établissements humains
remplissant les trois conditions suivantes :
une concentration de constructions contiguës (art 4-1) ;
une population d’au moins 2 000 habitants (art 4-1) ;
la présence d’activités visant à favoriser l’amélioration du cadre de vie, le
développement économique et le développement social (art. 3). Ce qui implique des
activités professionnelles diversifiées à titre principal dans le commerce, l'industrie,
l'administration.
Dans la pratique, les chefs lieux d'unités administratives sont classés parmi les villes, même s’ils
ont moins de 2 000 Habitants.
Armature urbaine : l'armature urbaine est l'ensemble des villes hiérarchisées et de leurs aires
d'influence. Deux autres notions sont liées à la notion d'armature urbaine:
la notion de réseau urbain qui est l'inscription géographique de l'armature urbaine, traduite
par des flux de personnes, de marchandises, de communications immatérielles et de
capitaux entre les villes;
la notion de hiérarchie urbaine qui implique une structuration en différents niveaux et des
rapports de dominance entre villes voisines de différents niveaux.
Aire d’influence d’une ville : L'aire d'influence d'une ville est l'espace entourant la ville, que cette
dernière domine ou qui exerce sur elle une domination à travers des liens administratifs,
économiques ou sociaux. La notion d’influence est difficile à préciser. Elle se mesure à partir des
fréquences (ou des probabilités) de déplacement des résidents de la région périphérique vers le
centre. Selon que l’influence est mesurée à partir de l’extension du bassin d’approvisionnement
en produits frais, des navettes domicile-travail (bassin d’emploi), de la fréquence du recours des
populations environnantes aux commerces et aux services urbains, d’après le recrutement des
élèves et étudiants, ou de la diffusion de la presse régionale, l’étendue de la zone d’influence
pour une même ville peut varier de quelques kilomètres à quelques dizaines, voire centaines de
kilomètres de rayon2.
Urbanisation : Le terme «urbanisation» a deux sens distincts : (i) c’est l’action d’urbaniser, de
créer des villes ou d’étendre l’espace urbain ; (ii) elle est la concentration croissante (de la
population) dans les villes et dans les agglomérations urbaines3.
L’urbanisation est un processus universel qu’on peut aussi globalement définir comme la
transformation d’un peuplement rural, fait de villages, petites unités d’habitat regroupant
chacune au plus quelques centaines ou quelques milliers d’habitants, qui sont peu espacées,
dispersées sur tout le territoire et relativement homogènes en dimension, en un peuplement
urbain, concentré et hiérarchisé, formé de villes, qui sont des agrégats de populations denses, de
tailles inégales, et qui peuvent atteindre des dimensions de mille à cent mille fois plus grandes
que celles des villages4. L’urbanisation est donc l’essor des villes dans un pays donné.
Le taux d'urbanisation d’un pays ou d’une région se définit par la proportion de la population
urbaine du pays ou de la région par rapport à sa population totale. Tout dépend donc de la
définition de la population urbaine.
Urbanisme opérationnel : C’est la mise en œuvre des programmes physiques pour répondre aux
multiples besoins : production de parcelles assainies pour divers usages y compris les réserves
foncières pour équipements publics, protection et sécurisation des zones écologiquement
sensibles (plans d’eau urbains, zones marécageuses, flancs de collines, etc.), restructuration et
rénovation des espaces urbains.
Habitat (entendu comme une habitation annexée de son environnement) : Il définit le cadre et
les conditions de vie d’une population en général, un mode de groupement des établissements
humains en particulier.
En milieu urbain le terme habitat signifie «la part d’un tissu bâti spécialement affectée au
logement des habitants» (Pierre Merlin et Françoise CHOAY, dans «Dictionnaire de l’urbanisme et
de l’Aménagement», PUF, Paris, 1996).
Habitat «spontané» : on entend par habitat spontané «les multiples formes d’habitat en marge
de la légalité, notamment au regard du droit foncier, du droit de l’urbanisme et du raccordement
aux voiries et réseaux divers de base (eau et électricité).
Logement décent : C’est un logement bâti dans un environnement loti et sûr au plan des droits
d’occupation, disposant des services de base individuellement ou collectivement (eau, électricité
et assainissement des eaux usées par égouts ou fosses septiques), qui rendent cet habitat
fonctionnel et vivable en termes de santé environnementale.
Logement social : logement individuel ou collectif décent (voir définition ci-dessus), et dont
l’occupation (locative ou en accession à la propriété) est accessible financièrement aux couches
de populations à faibles revenus, qu’il s’agisse du logement aidé par l’Etat (aide au constructeur
promoteur ou aide à la personne) et/ou promu par tout acteur public, parapublic, d’économie
mixte ou privé.
Promoteur immobilier : personne physique ou morale qui réalise ou fait réaliser des opérations
de lotissement, d’aménagement de terrains, de construction ou de rénovation d’immeubles en
vue de la vente ou de la location aux particuliers.
Agent immobilier : personne physique ou morale qui accomplit comme profession habituelle
l’achat/vente d’immeubles bâtis ou non, ou la gestion immobilière.
Matériaux locaux : le matériau local est celui dont la matière première, exploitée dans des
conditions environnementales acceptables, est transformée au moins partiellement en produit
semi-fini dans une aire géographique locale de rayon raisonnable et dont la transformation
complète en produits finis a lieu dans l’aire géographique couvrant sa zone de marché.
Cadre de vie : C’est un espace intégré au bâti. Il traduit l’ensemble des caractéristiques qualifiant
l’environnement du logement.
Un cadre de vie sera jugé décent s’il est exempt de toutes nuisances et risques naturels et
anthropiques, et s’il est rendu fonctionnel par la présence de services, d’infrastructures (voirie et
drainage des eaux pluviales) et d’équipements de base tels qu’énoncés dans la définition d’un
logement décent.
Services urbains : ensemble des services publics et privés s’adressant à la collectivité urbaine
quel que soit leur mode de gestion : eau potable, énergie, assainissement, télécommunications,
voirie tertiaire, distribution d’images par câble, transport, etc.
Environnement urbain : Il définit l’ensemble d’éléments constitutifs du milieu de vie d’un être
vivant. La ville exerce une action directe sur l’environnement naturel, d’où elle prélève les
ressources dont elle a besoin pour vivre et où elle rejette les déchets qu’elle produit. La
protection de l’environnement urbain participe de la gestion durable des ressources.
Mobilité urbaine : Capacité de déplacement des personnes et des biens à l’intérieur de l’espace
urbain.
Infrastructures de transport urbain. Elles comprennent les réseaux intra urbains viaires [voiries
primaires et secondaires et ouvrages connexes (trottoirs, éclairage public, passerelles, circulation
en site propre, barrières mobiles, ponts mobiles, passages a niveaux, signalisation et marquage,
parkings publics, aires de stationnement, etc.)], ferroviaires et fluviaux le cas échéant (quais de
navettes fluviales et/ou lagunaires, etc.).
Moyens de transport urbain. Il s’agit des différents modes de transport (individuel, collectif ou
semi-collectif), leur organisation en offre marchande de moyens de transport : taxis, deux roues,
bus, véhicules particuliers, etc.).
Ils sont examinés sous l’angle du transport des passagers mais aussi de celui des marchandises
(fret urbain et logistique) notamment à destination des équipements de transport interurbains :
ports, aéroports, gares routières et ferroviaires, centres commerciaux et marchés de gros.
Gestion du trafic et de la circulation. Elle est relative à l’ensemble des interventions visant à une
amélioration des conditions de circulation sur les réseaux de transport existants, que ce soit par
des actions ponctuelles visant à fluidifier la circulation (traitement des points critiques,
amélioration des carrefours, création de couloirs réservés à la circulation des autobus, marquage
au sol et signalisation, enlèvement rapide des véhicules accidentés ou en panne sur les grands
axes de la circulation), ou par une réglementation locale (restrictions de stationnement et de
virage des automobilistes, restrictions éventuelles de l’usage des véhicules individuels et des
poids lourds à certaines périodes, pour certains itinéraires, etc.) ou encore par le biais d’un plan
global, (mise au point/changement de plans de circulation et leur application).
Secteur privé urbain : Il regroupe l’ensemble des activités du secteur non public intervenant (ou
pouvant intervenir) dans l’offre de biens et de services en milieu urbain.
PME : Selon la Loi n°2010/001 du 13 avril 2010, les PME comprennent les Très Petites Entreprises
(TPE), les Petites Entreprises (PE) et les Moyennes Entreprises (ME).
-La TPE est une entreprise qui emploie au plus cinq personnes et dont le chiffre d’affaires annuel
hors taxes n’excède pas quinze millions de FCFA.
- La PE est une entreprise qui emploie entre six et vingt personnes et dont le chiffre d’affaires
annuel hors taxes est supérieur à quinze millions de FCFA et n’excède pas cent millions de FCFA.
- La ME est une entreprise qui emploie entre vingt-et-une et cent personnes et dont le Chiffre
d’affaires annuel hors taxes est supérieur à cent millions de FCA et n’excède pas un milliard de
FCA.
Maître d’Ouvrage : Selon les dispositions du décret N°2004/275 du 24 septembre 2004 portant
Code des Marchés Publics, le Maître d’Ouvrage est une personne, Chef de département
ministériel ou assimilé, Chef de l’exécutif d’une collectivité territoriale décentralisée, Directeur
Général et Directeur d’un établissement public et d’une entreprise du secteur public ou
parapublic, représentant l’administration bénéficiaire des prestations prévues dans le marché.
Maître d’Ouvrage Délégué : Selon les dispositions du décret N°2004/275 du 24 septembre 2004
portant Code des Marchés Publics, le Maître d’Ouvrage Délégué est une personne exerçant en
qualité de mandataire du maître d’ouvrage, une partie des attributions de ce dernier.
Maître d’œuvre : C’est un personne physique ou morale de droit public ou privé chargée par le
Maître d’Ouvrage ou le Maître d’Ouvrage Délégué d’assurer la défense de ses intérêts aux stades
de la définition, de l’élaboration, de l’exécution et de la réception des prestations objet du
marché.
Promoteur immobilier : il s’agit de toute personne morale ou physique qui prend l’initiative des
réalisations immobilières, assure la coordination des opérations, intervient dans l’étude des
programmes immobiliers à réaliser et met à la disposition des usagers des logements construits
par attribution ou par vente à terme ou à l’état futur d’achèvement.
Contrat de ville : c’est «un document cadre, limité dans le temps, qui engage les acteurs sociaux
que sont l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées, la société civile dans toutes ses
composantes, en vue d’impulser le développement global et cohérent d’une ville par la
mobilisation des énergies et des moyens financiers pour l’amélioration du cadre de vie des
populations, la réduction de la pauvreté et le développement urbain».
Démocratie participative : C’est le processus qui permet aux populations et aux organisations de
la société civile de prendre part à la gestion des affaires publiques, et de pouvoir veiller à la prise
en compte de leurs préoccupations.
Développement social : Le développement social est l’ensemble des mesures cohérentes visant à
s’assurer qu’aucune frange de la population ne se trouve marginalisée du fait de son incapacité à
accéder aux services offerts, à s’intégrer dans la société ou à participer à la vie de la
communauté.
Communication urbaine : elle doit être entendue ici comme processus au cours duquel le citoyen
est informé et consulté par rapport aux questions urbaines.
Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale d’une superficie de 475 650 Km² qui s’étend du 2 ème
au 13ème degré de latitude Nord, et du 9ème au 16ème degré de longitude Est. C’est le seul pays de
la CEMAC à avoir une frontière avec les cinq autres que sont : le Tchad au Nord-Est, la
Centrafrique à l’Est, le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale au Sud. A l’Ouest, il partage avec
le Nigeria une longue frontière de 1 200 Km qui va du lac Tchad à l’océan Atlantique. Il est ouvert
sur l’océan Atlantique sur une distance de 420 Km, allant du Nigeria à la partie continentale de la
Guinée Equatoriale. Cette position confère au Cameroun un rôle prépondérant dans la stratégie
d’intégration sous-régionale en Afrique Centrale, et dans la liaison entre cette sous-région et
l’Afrique de l’Ouest. Le Cameroun occupe une position géoéconomique remarquable, en raison
de l'enclavement de ses voisins tels que le Tchad et la République Centrafricaine.
Du sud au nord, le territoire camerounais s'étire sur quelques 1 250 Kms jusqu'au lac Tchad. La
forêt du sud cède progressivement la place à une zone dite soudanienne, couverte de hautes
herbes, mais boisée au niveau des hauts plateaux de l'Adamaoua, de l'Ouest et du Nord-Ouest. La
forêt et les savanes boisées couvrent ainsi 75 % du territoire.
Prenant naissance dans les hauts plateaux du pays, une multitude de fleuves et de cours d'eau se
dirigent, soit vers la côte atlantique en formant des chutes et cascades qui fondent le potentiel
hydroélectrique du pays, soit vers le bassin du Congo en pente douce à l'instar de la Ngoko,
fleuve qui, via la Sangha, l'Oubangui et le Congo, permet de relier Brazzaville à partir de
Moloundou, plaque tournante de l'exploitation forestière, située au sud-est du Cameroun. Les
fleuves qui coulent sur le versant Nord alimentent soit le bassin du Lac Tchad, soit le bassin du
Niger, permettant même de relier par voie fluviale le Nord du Cameroun au Nigeria, jusqu’à
l’océan Atlantique. Toutefois, contrastant avec l'aridité ambiante de la région sahélienne, les
abords du Lac Tchad sont inondables.
Doté d'une végétation et d'une pluviométrie aussi variées, le territoire camerounais offre
presque partout des sols aptes à la culture, tant pour les cultures pérennes d'arbres, d'arbustes,
que pour les céréales, les cultures maraîchères et des tubercules. Des sols plus riches s'étendent
à proximité d'anciens volcans.
Le Cameroun dispose d’abondantes ressources naturelles (eau, sol riche, etc.). On y trouve, entre
autres : pétrole, gaz naturel, bauxite, fer, dont les gisements pourraient contribuer à son
industrialisation, dans un contexte mondial marqué par une demande croissante d’énergie et
autres matières premières notamment par les pays émergents.
Ce tableau montre que le Cameroun avait en janvier 2010 une population en majorité jeune
(43,62% des moins de 15 ans et seulement 4,95% de 60 ans et plus), et un taux d’urbanisation de
52%. La moyenne de personnes par ménage était de 5,2. Si le taux d’accroissement
démographique de 2,6% par an constaté entre 2005 et 2010 se maintenait, la population du
Cameroun doublerait dans 25 ans.
La population urbaine risque de continuer à augmenter fortement, du fait de l’exode rural poussé
par la pauvreté en milieu rural. En effet, selon les enquêtes ECAM, tout en restant pratiquement
au même niveau en moyenne nationale (39,9% en 2007 contre 40,2% en 2001), l’incidence de la
pauvreté a augmenté en milieu rural de 3 points (passant de 52% à 55%), tandis qu’elle a baissé
en milieu urbain de près de 6 points (passant de 17,9% à 12,2%). Par ailleurs, la simulation selon
les scenarii de croissance (Vision-2035 et DSCE) aboutit à un taux de pauvreté national de 28,8%
en 2015 dans le meilleur des cas et 35,2% dans le cas contraire. A cette échéance, le taux de
pauvreté dans le secteur primaire (essentiellement en milieu rural) avoisinerait les 45% en 2015,
c’est-à-dire cinq points au-dessus du taux national de pauvreté de 39,9% calculé en 2007, alors
que l’incidence de la pauvreté en milieu urbain aura encore certainement diminué.
Par ailleurs, et à la faveur de la constitution du 18 Janvier 1996 qui réaffirme le statut d’état
unitaire décentralisé du Cameroun, une série de textes législatifs dont la loi d’orientation de la
décentralisation (loi n°2004/017 du 22 Juillet 2004) ont contribué à accroître les responsabilités
des collectivités territoriales décentralisées.
Pour y faire face, le Gouvernement a engagé un certain nombre de reformes visant à remettre le
pays dans la voie du progrès économique et social. Admis à l’Initiative PPTE en 1999, le
Cameroun en a franchi le Point de Décision en 2000, et le Point d’Achèvement en 2006, après
élaboration et mise en œuvre d’un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
adopté en 2003. Le profil de la pauvreté au Cameroun en 2007 montre que les résultats de la
mise en œuvre du DSRP n’ont pas été à la hauteur des attentes, et que le pays risque de ne pas
atteindre la plupart des OMD en 2015. Pour proposer des correctifs aux insuffisances constatées,
le pays a adopté en 2009 une Vision de son développement à l’horizon 2035, et un Document de
Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui vient remplacer le DSRP.
Les stratégies adoptées dans le cadre de ces réformes ont identifié entre autres, les secteurs
agricole et industriel comme piliers pour la relance de la croissance. En effet, il est prévu que ce
sont ces secteurs qui assureront la génération des ressources nécessaires, devant permettre au
pays de retrouver un niveau de croissance susceptible de promouvoir les investissements et par
delà, le développement économique et social.
Dans cette perspective, le Gouvernement, avec le concours financier de l’Union Européenne est
en train d’élaborer une stratégie de développement du secteur de l’industrie et des services à
haute valeur ajoutée dont les centres d’activités se trouvent essentiellement dans les villes. Sa
mise en œuvre doit contribuer à la création d’emplois, à une meilleure protection des
consommateurs, à l’instauration de pratiques commerciales loyales, susceptibles de permettre
au pays de jouer pleinement son rôle de moteur dans le commerce sous-régional et participer
substantiellement au commerce international.
Le niveau du taux de croissance est encore insuffisant pour réduire efficacement la pauvreté au
Cameroun, conformément aux OMD (Figure 1). Le niveau souhaitable, d’après les estimations du
MINEPAT dans le cadre du DSCE et au regard des inégalités accentuées, devrait se situer entre 7
et 8%.
La croissance au Cameroun est principalement tirée par la consommation intérieure. Sur les
3,03% de taux de croissance en 2006, la consommation représente 2,89 points, les
investissements 0.34 points et les exportations nettes–0,20 points. Ainsi, la consommation aurait
contribué à la croissance en 2006 pour 95,4% alors que les contributions respectives de
l’investissement et des exportations sont de 11,2% et de moins 6,6%.
Après la forte envolée observée en 2006, les prix à la consommation ont connu une décélération
en 2007. Le taux d’inflation est passé de 5.5% en 2006 à 1,1% en 2007, soit 4.4 points de moins
(Figure 2).
Les orientations politiques et les actions auxquelles elles ont donné lieu en matière de
développement urbain et de l’habitat au Cameroun ont évolué de l’indépendance du pays à nos
jours, sous l’influence de plusieurs facteurs tels que les réflexions engagées et les options prises
en la matière au niveau international, le développement du pays de manière générale, et des
décisions fortes émanant des plus hautes autorités de l’Etat. Ces influences ont parfois conduit à
des modifications des institutions chargées de la mise en œuvre des programmes et projets
arrêtés.
Comme dans les autres secteurs de développement, les programmes et projets réalisés en milieu
urbain résultaient des prévisions des plans quinquennaux de développement économique et
social, jusqu’à leur mise en veilleuse en 1987 du fait de la crise économique. D’autres réalisations
d’envergure faisaient partie de grands travaux engagés en prélude à certains grands évènements
(congrès du parti, comices agro-pastoraux). C’est ainsi que plusieurs capitales provinciales ont
bénéficié d’infrastructures à l’occasion de grands évènements. Les dernières villes à en bénéficier
sont Douala (1975), Bafoussam (1978), Bamenda (1985), Maroua (1988). C’est ce qui s’est fait en
2010 à Bamenda pour le cinquantenaire des armées, ou à Ebolawa pour le comice agro-pastoral.
De manière plus détaillée, trois périodes peuvent être considérées pour suivre l’évolution de la
politique de développement urbain au Cameroun :
Le développement urbain vise avant tout la satisfaction des besoins exprimés par les citadins.
Parce que ceux-ci ne représentaient qu’une faible proportion de la population camerounaise en
1960, les problèmes urbains n’avaient pas l’acuité qu’ils ont aujourd’hui. Même seize ans après,
au recensement général de la population et de l’habitat en 1976, les citadins n’étaient que 28,5%
des 7,6 millions d’habitants (contre 52% des 19,4 millions en 2010).
La période 1960-1976 a été celle de la gestation de la politique urbaine, avec la mise en place des
premiers instruments de gestion d’une politique de l’urbanisme et de l’habitat : plans
d’urbanisme directeur de Douala (Dorian, 1959) et de Yaoundé (Salomon, 1964), code de la
construction et de l’habitation et code de l’urbanisme (1968), ordonnance de 1973 qui a régi
l’urbanisme jusqu’en 2004, ordonnances de 1974 sur le régime foncier, le régime domanial et
l’expropriation, loi 74/023 sur l’organisation communale. Ces derniers textes font suite à la
mutation du Cameroun en Etat unitaire en 1972, et expriment le souci d’harmoniser les
différents systèmes fonciers existants. En effet, de 1960 à 1972, le Cameroun étant une
République Fédérale, le niveau de compétences et de ressources des communes est adossé sur le
système en vigueur dans chaque Etat fédéré.
Pendant cette période (1960-1976), l’Etat n’avait aucune difficulté à affecter des terrains à la
construction des bâtiments administratifs et des logements des fonctionnaires. La population
drainée par l’exode rural trouvait sans difficulté des terrains à bâtir auprès de particuliers, sur des
domaines coutumiers. Peu de personnes étaient motorisées et, de toute façon, la faible étendue
des villes faisait que la plupart des déplacements pouvaient se faire aisément à pied. Le niveau
d’exigences en services urbains pouvait également être satisfait avec les moyens dont
disposaient les pouvoirs publics.
RAPPORT FINAL Page 18
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Sur le plan institutionnel, les questions de développement urbain étaient prises en charge par
quelques services éparpillés dans plusieurs ministères différents (l’urbanisme et l’habitat au
Ministère de l’Equipement, le cadastre et les domaines étant ballotés entre ce ministère et celui
des Finances). La politique de l’énergie et de l’eau relève alors du Ministère des Mines, de l’Eau
et de l’Energie (MINMEE) créé en 1972, qui aura sous sa tutelle la Société Nationale des Eaux du
Cameroun (SNEC) et la Société Nationale d’Electricité (SONEL).
En 1973, l’Etat concrétise son option pour les transports collectifs de masse dans les villes de
Douala et Yaoundé, en créant la Société des Transports Urbains du Cameroun (SOTUC). Mais, les
problèmes de gestion de cette société, ajoutés à l’incapacité de l’Etat à continuer le versement
des subventions pour cause de crise économique, amènent à sa dissolution en 1990. Deux
sociétés privées assurent depuis peu le transport collectif de masse à Yaoundé (Le Bus) et Douala
(Société Camerounaise des Transports Urbains-SOCATUR).
Avec les recommandations de la Conférence de Vancouver (1976) sur les établissements humains
(Habitat I) et les résultats du 1er RGPH, l’Etat engage des efforts pour promouvoir l’habitat social
visant le plus grand nombre. La Mission d’Aménagement et d’Equipement des Terrains Urbains et
Ruraux (MAETUR) et le Crédit Foncier du Cameroun (CFC) sont créés en 1977 pour concourir avec
la Société Immobilière du Cameroun (SIC existante depuis 1952) à l’atteinte de cet objectif. Le
Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat (MINUH) est créé en 1979 pour coordonner les
interventions de l’ensemble des acteurs.
Mais, à partir de 1986, la crise économique marque comme un coup d’arrêt à l’efficacité de ce
schéma organisationnel. Elle conduit à une contraction des financements de l’Etat avec, entre
autres, l'arrêt des grands investissements urbains, au moment où la proportion des citadins
dépasse les 37% de la population totale (37,8% au 2ème RGPH en 1987). Les plans quinquennaux
sont mis en veilleuse et remplacés par les Plans d’Ajustement Structurels (PAS) en vue de la
stabilisation des finances publiques. Non seulement l’Etat n’a plus les moyens financiers pour
assurer les contributions publiques prévues, il contraint la SIC à baisser les loyers des logements
occupés par des fonctionnaires, après les baisses successives des salaires en 1993. La Mission de
Promotion des Matériaux Locaux (MIPROMALO) est créée en 1990. Cet organisme dépendant du
Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, a pour objectif de contribuer à la
réduction des coûts de construction par l’utilisation de matériaux locaux.
A partir de 1990, l’environnement du secteur privé s’est enrichi de plusieurs textes de loi
régissant les principales professions utiles au développement urbain (Géomètre, urbaniste,
architecte, Ingénieur-conseil, Promoteur immobilier, Agent immobilier, Artisanat, etc.). Le code
de travail de 1992 donne plus d’ouverture et de facilités aux entreprises pour les négociations
salariales.
Le sous-secteur des transports routiers est libéralisé en 1990 par un loi fixant les conditions
d’exercice de la profession de transporteur routier, complétée en 1997 et 2004 par des décrets
fixant les conditions et modalités d’exploitation à titre onéreux des autobus et minibus ainsi que
les conditions d’exercice de la profession. En 1995, un décret (modifié en 2009) fixe les conditions
et modalités d’exploitation des motocycles à titre onéreux ;
En 1996, la conférence Habitat II tenue à Istanbul sous le thème "Des établissements humains
plus viables dans un monde en voie d'urbanisation" apporte une nouvelle donne. Après avoir
évalué les résultats des politiques antérieures depuis la conférence de Vancouver, Habitat II a fixé
de nouveaux principes de gestion des villes en mettant l'accent sur la gouvernance urbaine, et
particulièrement le renforcement du partenariat avec les autres acteurs urbains que sont le
secteur privé et la société civile.
Comme suite à cette conférence, le Ministère de la Ville (MINVIL) est créé le 7 Décembre 1997
(chargé, entre autres, de la planification urbaine, des infrastructures des transports urbains et
des questions sociales dans les villes d’au moins 100 000 Habitants et les chefs lieux de
provinces), en plus du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat (pour la gestion foncière et le
développement des villes de moins de 100 000 Habitants). En matière d’approvisionnement en
eau potable, la privatisation de la SNEC, engagée en 1999, a abouti en 2008 par la création de
deux entités dans le cadre du partenariat public-privé : la CAMWATER chargée de la gestion du
patrimoine et la Camerounaise des Eaux (CDE) chargée de la distribution. La réforme du secteur
de l’électricité crée l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) chargée de
préserver les intérêts des consommateurs et de s’assurer de l’équilibre de l’offre et de la
demande ainsi que du développement régulier du secteur, et préconise la privatisation partielle
de la SONEL.
Les axes d'une nouvelle politique urbaine ont été annoncés dans une série de discours prononcés
respectivement à Maroua le 10 Octobre 1997 puis le lendemain à Douala par le Chef de l'Etat,
préconisant en matière d'urbanisme une politique plus dynamique incluant entre autres
l'instauration d’une nouvelle phase dans la politique de l'habitat social, avec au besoin la
participation du secteur privé. A la faveur du retour à la planification du développement avec la
création en décembre 1997 du Ministère des Investissements Publics et de l’Aménagement du
Territoire (MINPAT), chaque Département ministériel est désormais invité, lors des conférences
budgétaires, à présenter un document de stratégies à l’appui de ses demandes de financement.
C’est dans ce cadre que le Gouvernement adopte en 1999 une stratégie urbaine ayant pour
principaux objectifs de : (i) susciter une dynamique régulatrice des interventions en milieu urbain
en vue d’encourager et d’encadrer les initiatives des différents acteurs dans un esprit de
partenariat, (ii) maîtriser la croissance urbaine et promouvoir une occupation rationnelle des sols,
(iii) assurer la protection civile des populations et, (iv) impulser et appuyer les actions de
promotion et de protection de l’environnement urbain.
RAPPORT FINAL Page 20
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
A partir de 1999, le Cameroun est rentré dans le processus PPTE, avec le DSRP adopté en 2003, la
Vision-2035 et le DSCE adoptés en 2009.
En 2004, les lois sur la décentralisation transfèrent de nombreuses compétences aux collectivités
territoriales décentralisées. Le Programme National de Gouvernance (PNG) préconise également
la pleine participation des citoyens à la gestion des affaires publiques.
L’armature urbaine du Cameroun présente une image assez équilibrée au plan de la distribution
spatiale (carte 2). On constate en effet qu’en 2005 le Cameroun avait 9 villes d’au moins 100 000
habitants (dans huit régions sur dix), 23 villes d’au moins 50 000 habitants et 78 localités d’au
moins 10 000 habitants réparties entre toutes les régions.
Les villes de Douala et Yaoundé exercent incontestablement une domination sur les autres
centres urbains au Cameroun. Cette domination se traduit par une forte immigration ayant pour
origine toutes les régions du pays, et par le fait que les flux d'échanges les plus importants ont
pour origine ou destination ces deux villes.
Plusieurs facteurs expliquent la domination de Douala : principal port par lequel transite plus de
90% des échanges maritimes du Cameroun, essentiel du tissu industriel du pays, sièges de la
plupart des grandes sociétés et banques nationales et multinationales, Bourse des Valeurs,
renforcement de l’axe de transport terrestre Douala–Yaoundé–Ndjamena et Bangui comme
corridor d'intégration régionale, etc. La domination de Yaoundé est due essentiellement à sa
fonction administrative de capitale politique du Cameroun.
En dehors de Douala et Yaoundé, d’autres centres urbains régionaux exercent une certaine
influence pour des multiples raisons : Bafoussam et Maroua à cause d’arrière-pays densément
peuplés, Limbe à cause du fort potentiel agricole développé dans son hinterland par la Cameroon
Development Corporation (CDC), et la présence de la société nationale de raffinage (SONARA) et
des Chantiers Navals et Industriels du Cameroun (CNIC), Ngaoundéré pour sa position de nœud
Le rythme annuel d’augmentation de la population urbaine a quelque peu ralenti (5,5% entre
1976 et 1987, et seulement 4,3% entre 1987 et 2010).
L’importance des jeunes en milieu urbain a des conséquences sur des besoins spécifiques à
satisfaire et des défis à relever en matière d’habitat et de transport (par exemple, le scolaire
représente en général 30 a 40% des usagers des transports collectifs).
Environ 1 940 600 ménages vivaient dans les villes en Janvier 2010, avec une taille moyenne du
ménage estimée à 5,2 personnes. Ce qui donne une idée de la demande en logements en milieu
urbain.
Sur le plan économique, les villes ont contribué au PIB national pour 65,5% en moyenne sur la
période 2003-2007, largement plus que la proportion de la population urbaine pendant cette
période (moins de 50%). La productivité urbaine est par conséquent très largement supérieure à
5
Dans ses enquêtes ECAM, l’Institut National de la Statistique (INS) classe dans le secteur urbain uniquement les
localités d’au moins 50 000 habitants,
RAPPORT FINAL Page 23
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
celle des zones rurales. Cependant, il existe une difficulté réelle à estimer le produit urbain au
Cameroun, du fait qu’une part non négligeable des activités urbaines (du secteur dit “informel”)
n’est pas enregistrée. Ce qui conduit en général à une sous-estimation statistique importante du
produit économique des villes tel que défini dans la comptabilité nationale. C’est le cas en
particulier du secteur informel dans les branches du BTP et des services urbains (transport et
assainissement). L’essentiel de la construction de l’habitat (plus de 90%, en «autoproduction»),
et des transports urbains et est assuré par le secteur informel.
Mieux connaître ce secteur de l’économie et son fonctionnement est important non seulement
pour mieux mesurer la contribution des villes à la formation de la valeur ajoutée, à la croissance
économique nationale et à la réduction de la pauvreté, mais aussi parce que la formalisation de
ce secteur, son intégration à l’économie et aux entreprises formelles (par le biais de la sous-
traitance dans les branches de la construction et des services notamment) est un enjeu
stratégique majeur dans la perspective d’une augmentation de la productivité des facteurs et
d’une croissance élevée des revenus au Cameroun, ces éléments allant de pair avec le taux
d’urbanisation.
Pour mieux cerner le secteur non enregistré de l’économie urbaine et son fonctionnement, y
compris ses relations avec le secteur formel, des méthodologies existent mais elles ont été
insuffisamment développées au Cameroun : DIAL sur Yaoundé8 ou ECOLOC. Ces approches
mériteraient d’être plus largement mises en œuvre, non seulement dans la perspective d’une
meilleure appréciation du rôle de l’économie urbaine dans la croissance économique nationale
au niveau macro-économique, mais parce que ce type d’approche est très éclairant sur les
potentialités et dynamiques de l’économie urbaine. Ils facilitent la prise de décision sur les
priorités de l’action en matière de développement économique local, qu’elles soient fondées sur
la complémentarité entre les villes et les espaces ruraux qui les entourent en ce qui concerne les
villes moyennes, ou sur la compétitivité des services pour les plus importantes d’entre elles
(Douala et Yaoundé) qui sont dans une logique de compétition à l’échelle mondiale.
Le milieu urbain contribue de manière significative à la lutte contre la pauvreté. Selon l’ECAM3
(Troisième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages) de 2007, la proportion de la population
6
Club du Sahel et Programme de développement municipal (PDM) 2004. Evaluation et prospective de l’économie
locale. Document technique 1,3, Cadre conceptuel de l’approche Ecoloc-vol.1. Doc. technique No.1
7
Voir C. Kessides à ce sujet: “La transition urbaine en Afrique subsaharienne; impact sur la croissance économique et
la réduction de la pauvreté” page 12 : http://www.citiesalliance.org/doc/resources/paper-
pres/ssa/french/ssa_french_full.pdf
8
Voir Cogneau, D.Razafindrakoto et Roubaud, F., "Le secteur informel urbain et l'ajustement budgétaire au
Cameroun : faits empiriques et modélisation macro-économique"
www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/vieux_numerosGB/dial5/ art1.htm - 48k –
urbaine9 en dessous du seuil de pauvreté a diminué de près de 6 points entre 2001 et 2007
(tableau 3). Le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est en baisse constante en milieu urbain
(52,3% en 2001, 21,9% en 2005, et 19,4% en 2007).
Du fait de l’existence d’un réseau urbain hiérarchisé et en raison de l’étroitesse des relations entre
les villes et leur hinterland rural (notamment pour ce qui concerne les villes secondaires), les villes
jouent aussi un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté en milieu rural.
9
Pour l’ECAM, il s’agit de personnes vivant dans des établissements humains d’au moins 50.000 habitants
RAPPORT FINAL Page 25
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
SECTION 2 – DELIMITATION ET
DESCRIPTION DU SOUS-SECTEUR URBAIN
AU CAMEROUN
I – Délimitation
A - Composantes
Les centres urbains se caractérisent par de fortes concentrations de populations. Ce qui entraîne
de nombreux besoins, d’autant plus difficiles à satisfaire que les uns dépendent des autres tout
en étant parfois concurrents. Les populations urbaines ont besoin, sur un espace réduit, de
mener des activités génératrices de revenus, de se loger décemment et à distance acceptable des
centres d’activités, de pouvoir se déplacer et transporter aisément les outils et produits de leur
travail, de disposer d’établissement sociaux capables de fournir les services adéquats, et de lieux
de loisirs.
En admettant que l’activité économique est l’une des premières motivations pour qu’un individu
cherche à résider à un endroit ou accepte de le faire, on peut considérer que tous ses autres
besoins constituent en réalité des conditions de facilitation de ce besoin économique. Les
réponses à ces autres besoins peuvent être recherchées dans deux grands ensembles. D’une part
la disponibilité et la mise en cohérence des espaces pour les logements et les lieux de travail ou
de loisir, et d’autre part la possibilité d’assurer le déplacement des personnes et des biens. Ces
deux domaines peuvent constituer les composantes verticales de la stratégie de développement
du sous-secteur urbain, à savoir :
L’urbanisme, l’habitat et le cadre de vie ;
Les transports urbains.
Pour assurer un impact maximum des politiques, programmes et projets mis en œuvre dans ces
domaines sur la croissance économique, le développement social et le développement durable
des ressources du pays, la stratégie devra également s’appuyer sur deux composantes
horizontales, communes à d’autres secteurs mais qui ont une importance et un contenu
particuliers pour le sous–secteur urbain, à savoir :
le secteur privé, restreint ici aux métiers qui contribuent à la construction et au
fonctionnement des villes (maîtres d’œuvre, promoteurs, constructeurs, entreprises de
BTP, entreprises de services urbains, transporteurs, organismes financiers spécialisés,
fabricants et distributeurs de matériaux, etc.) ;
la gouvernance urbaine, notamment dans le contexte de la décentralisation en cours.
Deux principales catégories d’acteurs sont concernées dans la mise en œuvre de la stratégie de
développement urbain : les acteurs institutionnels (Etat, CTD), et les acteurs non institutionnels.
II – Description
Dans cette composante, on traite de l’urbanisme, de l’habitat et du cadre de vie en milieu urbain.
Globalement, au cours des trois périodes considérées dans l’évolution de la politique en matière
d’urbanisme, habitat et cadre de vie, les interventions du secteur public pour l’essentiel ont porté
sur : (i) l’urbanisme réglementaire (production de textes et documents d’urbanisme), (ii)
l’urbanisme opérationnel (réalisation d’opérations d’urbanisme en zones périurbaines et dans
des zones déjà urbanisées), (iii) le financement et la construction de logements sociaux, (iv)
l’appui à la production de matériaux locaux; (v) l’amélioration du cadre de vie, (vi) la protection
des zones sensibles et la constitution de réserves foncières, (vii) le contrôle du secteur privé
professionnel de la promotion foncière et immobilière.
L’état des lieux s’est fait en examinant chaque sous-composante à travers les résultats des
politiques, stratégies et programmes mis en œuvre, les aspects d’ordre organisationnel et
juridique, et enfin l’analyse de l’offre et de la demande.
Ayant fait le constat de l’insuffisance des apports des premiers documents d’urbanisme, pour
obsolescence ou à cause des nombreux écueils rencontrés dans leur mise en œuvre, l’Etat a fait
adopter la loi n°2004/003 du 21 avril 2004 régissant l’Urbanisme au Cameroun, dont les décrets
d’application ont été signés le 23 avril 2008. Ces textes présentent l’avantage de fédérer les
réglementations et les procédures entre les deux espaces linguistiques du Cameroun, de combler
les vides juridiques existant dans les textes de 1968 et de 1973, de mieux s’adapter aux nouvelles
contraintes de développement urbain par l’introduction des notions de permis d’implanter et la
définition de documents de planification plus souples, moins onéreux et plus opérationnels. Enfin
ils s’inscrivent entièrement dans le contexte de la décentralisation, en consacrant le transfert aux
Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD), de nombreuses responsabilités de gestion urbaine
autrefois dévolues à l’Administration centrale.
La loi 2004/003 régissant l’urbanisme contient également des dispositions adéquates visant à
mettre fin au désordre urbain. On citera parmi ces dispositions les articles 6, 11, 13, 16, 19, 48,
53, 60, 62, 64, 87, 91 et 104. L’application de ces dispositions permettrait notamment
d’empêcher l’occupation des emprises de routes et du domaine public, les constructions dans les
zones non aedificandi, garantir l’accès de tout logement au réseau de voirie et faciliter la mise en
place, grâce à ces emprises, des infrastructures et équipements. Mais ces dispositions ne peuvent
être appliquées, juridiquement et pratiquement, que si elles se fondent sur des documents
d’urbanisme approuvés.
Depuis l’adoption de cette loi, peu de documents ont été élaborés et aucun d’entre eux n’a été
approuvé hormis le Plan Directeur d’Urbanisme de Yaoundé. Cette situation tient à deux raisons
principales :
o Plus de sept ans après sa promulgation, la loi régissant l’urbanisme au Cameroun, bien
que vulgarisée, reste mal maîtrisée par les principaux acteurs.
o La loi précise que l’initiative de tels document et leur financement incombent
principalement aux CTD. Mais, ces dernières manquent d’expertise en plus de
l’insuffisance de ressources financières, d’autant plus que les ressources généralement
allouées au MINDUH ne leur sont pas systématiquement transférées (même si c’était le
cas, 400 millions de FCFA, cumul de cinq exercices budgétaires, seraient bien insuffisants
pour plus de 300 communes) ;
Par conséquent, dans ces deux villes, l'instruction des différents projets d'aménagement et de
construction se réfère aujourd'hui, soit aux plans directeurs d'origine, soit aux cahiers des
charges spécifiques d'aménageurs publics en l'occurrence la MAETUR.
et les opérations de restructuration des quartiers. Les interventions du secteur privé ont
également contribué à l’offre de terrains à bâtir et de logements.
Les lotissements domaniaux (réalisés par les Directions du Cadastre et des Domaines de l’ex-
MINUH ainsi que leurs services extérieurs) et communaux, se caractérisent par un niveau
d’équipement des plus sommaires au départ (voiries, eau et électricité) car la viabilisation s’est
faite progressivement au gré de la disponibilité des crédits10. Les parcelles produites sont
vendues à des prix au bas mot trois fois en dessous du prix du marché et bien souvent
gratuitement ou à un prix inférieur au prix de revient du bornage. D’une manière quasi générale,
les lotissements domaniaux ne prennent pas vraiment en compte les documents d’urbanisme et
même le lotissement est parfois fait sans respect des règles minimales de l’art.
Il importe cependant de relever le cas particulier de Yaoundé, dans les années 1970-1980 où les
trames de recasement étaient des lotissements sommaires engagés par la Commune pour y
installer les familles déplacées en vue de réaliser des grands projets d’infrastructure. Il s’agit de
terrains mis à disposition par le domaine privé (de l’Etat et de la Commune), lotis et dotés d’une
voirie régulière en terre, équipée d’eau potable et d’électricité, sur lesquels les «bénéficiaires»
ont construit en autopromotion des maisons traditionnelles correspondant à leurs moyens et à
l’indemnisation de déplacement reçue. De tels lotissements ont permis de contrôler le
développement de grands quartiers à l’intérieur de la ville (Essos, Nkoldongo, Kondengui,
Mimboman, Mballa IV, Oliga). Une vingtaine d’années plus tard, ces quartiers présentent encore
un aspect ordonné, les emprises des voiries et équipements publics sont libres de constructions
et de squatters, même si les infrastructures sont elles-mêmes parfois très dégradées. Malgré leur
caractère modeste, ces lotissements de recasement apparaissent, comme une solution
infiniment préférable aux quartiers spontanés anarchiques qui ont proliféré depuis lors. Les
différences positives observées sont que ces quartiers occupent des sites relativement bien
choisis, en général non inondables, (au contraire des quartiers spontanés), qu’il subsiste des
emprises permettant le passage des piétons, des mototaxis et parfois des véhicules automobiles,
et pouvant accueillir des équipements. D’autre part les maisons bénéficiant de la sécurité
foncière sont plutôt mieux entretenues que celles qui ont été construites sans titre dans les
quartiers spontanés anarchiques.
Globalement, l’on peut dire que, produits à grande échelle comme à Yaoundé, ces lotissements,
malgré un niveau d’équipement sommaire au départ, ont permis l’installation d’une bonne partie
de la population dans des conditions acceptables et progressivement améliorées. Ils ont ainsi
largement contribué à structurer l’occupation de l’espace. A l’inverse et en particulier ces
dernières années, ce genre d’opérations, directement conduites par les services des domaines,
au-delà des insuffisances techniques identifiées ici et là, ont pour principal inconvénient de
perturber le marché foncier car les parcelles sont attribuées (sur la base d’un tarif
«administratif») à des montants trois fois inférieurs au prix du marché.
10
A Yaoundé, ville où les opérations les plus importantes ont été réalisées, les lotissements communaux, tous réalisés
pendant les années 1970-1980, représentent environ 14.000 lots de 400 m2 chacun, soit environ 1.000 ha (5% de la
superficie de la ville aujourd’hui, environ 150.000 habitants). Toutefois, à l’époque de leur réalisation, ils
représentaient certainement entre 10 et 15% de la superficie de la ville, ce qui était significatif.
RAPPORT FINAL Page 31
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Les exemples de Yaoundé montrent que des lotissements réguliers, même sommaires et
relativement bon marché, accompagnés d’une petite subvention à l’investissement (en
l’occurrence les indemnisations des familles déplacées) peuvent constituer une solution minimale
acceptable à moyen et long termes pour les quartiers périphériques.
Les opérations réalisées par la MAETUR de 1977 (sa création) à 1987 (crise économique) couvrent
25% de la surface totale urbanisée à Douala (4 500 ha), et 17% à Yaoundé (3 000 ha). De 1977 à
2002, l'ensemble représente approximativement 43 000 parcelles dont 30 400 viabilisées et un
peu plus de 12 000 issues d’opérations de restructuration (tableau 4).
Tableau 4 : Production des parcelles par la MAETUR résumée par grandes périodes :
Parcelles Lots de
N° Périodes
viabilisées restructuration
1 .1977-1986 9 000 4 000
2 .1986-2002 6 400 8 000
3 Depuis 2002 15000
4 Total 30 400 12 000
Sources : MAETUR
Quatre vingt cinq pour cent (85%) de son activité est antérieure à 1987. Le coup de frein est
imputable à la crise économique qui n'a plus permis à l'Etat de prendre en charge la viabilisation
hors site des opérations potentielles.
A son actif, on peut noter qu’elle a permis, en particulier pendant la période où elle a bénéficié
de subventions de l’Etat, de satisfaire une partie de la demande foncière, à un niveau de qualité
élevé. Au passif, on notera que la quantité produite reste faible pour satisfaire la demande et,
surtout, la politique des subventions a montré ses limites, puisque celles-ci ne sont pas allées à
ceux-là qui n’avaient pas les moyens de se loger eux-mêmes.
Concernant les réserves foncières, le Plan d’action (Programme CRF) prévoit le «prélèvement» de
2 millions d'hectares pour un coût estimé à 1 070 milliards FCFA (hypothèse : prélèvement sur la
2ème catégorie de dépendances, sans compensation). Le secteur urbain et de l’habitat, identifié
comme l’un des quatre secteurs prioritaires pour la reconstitution de ces réserves, ne
représenterait que 309 ha demandés par le MINDUH pour permettre l’exécution du Programme
Gouvernemental.
Concernant la modernisation du cadastre, le MINDAF est appuyé par la BAD. Cette composante
est particulièrement stratégique pour les activités du ministère, car elle devrait permettre de
fiabiliser les titres fonciers et de faciliter la localisation des lotissements.
satisfaction des besoins des ménages disposant d’un revenu mensuel compris entre 200 000 et
500 000 FCFA. Il s’agissait alors de créer un habitat intermédiaire entre le «quartier» et les zones
résidentielles.
En six (6) décennies d’existence, la SIC a réalisé 11 250 logements dont 80% destinés à la location
des fonctionnaires. Le tableau ci-après en dégage les grandes étapes :
Logements en Logements
N° Périodes
accession locatifs
1 Avant 1977 640 2 560
2 .1977-1986 1 640 6 560
3 .1986-2009 160
4 Total 2 440 9 120
Situation du
5 parc après 2 440 5 000
cession
Sources : SIC
Aujourd’hui, il reste 5 000 logements locatifs dont l’exploitation est équilibrée en apparence. En
effet, si les produits permettent de couvrir les frais de fonctionnement de la structure, le
patrimoine est grevé d’une dette financière de 32 milliards de FCFA à l’égard du CFC, car la
capacité de remboursement de la SIC a été affectée par une mauvaise gestion et par le niveau
anormalement bas de certains loyers, fixés par le Gouvernement. A la dette financière s’ajoute
une dette physique de plusieurs milliards de FCFA, qu’il serait nécessaire de réinvestir sur le
patrimoine aujourd’hui en mauvais état, faute d’entretien régulier. Ce potentiel financier négatif
lui interdit tout accès à des financements bancaires pour investir dans la promotion de nouveaux
logements.
On estime que pendant sa période de gloire (1975 à 1985), la SIC a produit 10% des
investissements en valeur et 5% en termes d’unités. On estimait aussi que 75% au moins des
logements subventionnés construits pendant cette période étaient hors de portée des ménages à
faibles revenus (revenus annuels de l’ordre de 1,2 million de FCFA de l’époque).
pour les ménages dont les ressources sont les plus faibles, mais au-dessus du seuil de
pauvreté, ceux des 2ème et 3ème quintiles, l’investissement maximum possible se situe
entre 3 et 3,5 millions pour un effort de 15% et entre 6 et 8 millions FCFA pour un effort
de 35% ;
enfin, un ménage sur quatre parmi les ménages pauvres (1er quintile) a des capacités
d’épargne certes réduites mais pas nulles (ECAM 2). Pour une partie des ménages
pauvres, vraisemblablement limitée, mais qui n’est pas pour autant négligeable, ceux
dont les ressources se situent entre 100 000 et 150 000 FCFA par mois, un investissement
de 2 à 2,8 millions avec un effort de 15% est dans certains cas possible, ou de 5 à 6,5
millions FCFA avec un effort de 35%.
Les risques et les implications attachés au sort qui sera réservé à cette société apparaissent très
élevés et concernent:
son endettement qui est proche des 100 milliards de FCFA (50 milliards vis-à-vis de l’Etat
et environ 32 vis-à-vis du CFC). Cette situation fragilise la SIC, réduite à intervenir
éventuellement, non plus comme promoteur immobilier, mais comme simple prestataire
de services dans la réalisation de logements, puisqu’elle ne peut plus avoir accès à des
concours bancaires ;
sa situation patrimoniale est peu reluisante. Entrée dans le schéma OHADA seulement
depuis 2001, la SIC offre des informations approximatives : information financière non
transparente, inexistence d’audit, propriétés non connues de l’information comptable. Il
est difficile dans de telles conditions de conduire une gestion financière optimale, d’avoir
des capacités d’action à la hauteur des défis ;
son parc qui nécessiterait des investissements considérables pour être mis à niveau ;
ses charges d’exploitation qui constituent un facteur de limitation de ses capacités
d’intervention. Le niveau des loyers ne permet pas de couvrir la maintenance du parc
locatif. Non seulement les loyers sont globalement bas par rapport aux prix du marché,
mais en plus les fonctionnaires bénéficient d’un abattement de 50%. En outre, divers
services publics de l’Etat occupent des bâtiments SIC et paient des loyers dits « loyers
administratifs » et le taux de recouvrement est à peine de 20%. Les effectifs semblent
pléthoriques, ce qui réduit sa capacité d’action ;
son statut formel de SEM : mais on note un déséquilibre de l’actionnariat. Elle semble
être, en droit, une société d’économie mixte, mais dans les faits, elle est une société à
capitaux publics. En effet, l’Etat et la CUD contrôlent respectivement 86% et 5% du
capital ; le reste est réparti entre quelques entreprises publiques et une trentaine
d’actionnaires minoritaires privés dont la participation aux instances de gestion de la SIC
semble erratique. En outre la tutelle, loin de se limiter à l’orientation telle que prescrite
par la loi, semble permettre à l’Etat de décider en lieu et place des instances statutaires
de la société, en particulier dans la fixation des loyers. En définitive, l’autonomie de
gestion de la société est précaire.
Elles concernent les quartiers dits spontanés, dans lesquels on note une densification abusive et
dont les constructions d’origine ont été réalisées sans respect des règles d’urbanisme et sans le
moindre contrôle, et constituent aujourd’hui de véritables «cancers», en l’absence de voies
permettant l’amenée des services. Deux grandes opérations de restructuration/rénovation ont
été réalisées au cours des trois dernières décennies :
o La plus importante restant l’opération Nylon réalisée par la MAETUR en 1985. Si cette
opération a permis la régularisation foncière ainsi que l’amenée de l’infrastructure et des
équipements permettant une amélioration sensible des conditions de vie des populations,
elle s’est traduite par des niveaux de service et coûts particulièrement élevés qui ont
hypothéqué sa reproductibilité. Par ailleurs, elle a été marquée par des coûts sociaux
élevés, près de 700 ménages (soit environ 3 500 personnes) déguerpis dans le cadre de
cette opération n’ayant été ni recasés ni indemnisés11. En outre, elle s’est soldée par des
effets pervers, puisqu’elle a entraîné la création d’un tissu urbain spontané et insalubre à
proximité du site restructuré (quartier village) par les plus pauvres parmi les déguerpis.
o La Communauté Urbaine de Yaoundé a engagé depuis 2008, une opération de
déguerpissement dans les quartiers insalubres de la ville. Un peu plus de 50 ha ont ainsi
déjà été «libérés» mais aucune opération d’envergure n’a encore été engagé sur ces sites
jusqu’en 2009. Par ailleurs, la destruction des constructions a mis dans la rue au moins
une dizaine de milliers de sans-abris. Elle conduit donc in fine à simplement repousser les
pauvres vers la périphérie, où ils s’installent dans des conditions encore plus précaires.
o Les autres programmes et projets engagés au cours des dix dernières années (PACDDU,
PID, C2D, PDUE, PPAB) ainsi que des opérations menées dans le cadre de la coopération
décentralisée, avec les ONG ou certaines communes, ont surtout visé le relèvement du
niveau d’équipement des zones concernées, sans faire une restructuration proprement
dite.
Malgré l’importance de ces opérations, les villes de Douala et de Yaoundé, en tant que capitales
économique et politique respectivement du pays, n’ont pas encore pu se doter d’infrastructures
leur permettant de conserver et d’améliorer leur compétitivité au niveau régional. Elles
manquent cruellement de zones urbaines centrales de niveau international. De telles zones
centrales constituent un préalable indispensable à l’installation de sièges des grandes sociétés et
institutions internationales.
11
C’est l’une des causes de l’arrêt des financements de la Banque Mondiale dans le secteur urbain au Cameroun au
milieu des années 90.
12
Au quartier Briqueterie à Yaoundé par exemple, le coût des terrains est de l’ordre de 150.000 F/m 2, alors que celui
des constructions existantes est d’à peine 50.000 F. On voit bien que la marge brute de 100.000 F/m2 est largement
suffisante pour réaliser les aménagements (20.000 F/m2 à la MAETUR) et indemniser les déguerpis. Le gouvernement
vient de demander une définition des modalités de limitation des impacts sociaux négatifs de ces opérations, ce qui
devrait se traduire par un arrêt des opérations sur le terrain (cf. Communiqué du gouvernement à l’issue de la réunion
interministérielle du 07 avril 2009).
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
o Les quartiers structurés mais sous-équipés : dans ces zones de lotissement plus ou moins
correctement réalisés, des actions permettant un relèvement du niveau d’équipement
pourraient être envisagées. Toutefois, vu l’ampleur des besoins, ceci devrait se faire à
grande échelle et de manière progressive.
En matière d’aménagement concerté, la seule opération d’envergure qui ait été engagée est celle
de la grande trame foncière de Mbanga-Japoma à Douala, initiée en 1996, et conduite par la
Société d’Aménagement de Douala (SAD), organisme parapublic placé sous le contrôle de la
Communauté Urbaine de Douala. Cette expérience, initiée avec le concours financier de l’AFD a
conduit à une formule originale d’aménagement foncier : les terrains ont été négociés avec une
collectivité coutumière contre la restitution, «in fine» d’une partie (45%) des parcelles
aménagées que ladite collectivité a la latitude de commercialiser. L’objectif était de réaliser
l’amenée de l’infrastructure principale (voirie, eau et électricité structurantes à l’échelle de la
zone) et produire des grandes «mailles» de 1,5 à 10 ha. Celles-ci devaient ensuite être vendues à
des promoteurs privés qui se chargeraient de l’aménagement tertiaire et de la vente aux usagers
(avec un cahier des charges fixant, entre autres, les prix de vente des parcelles individuelles, soit
environ 2 000 parcelles de 500m² en moyenne).
Une évaluation de l’opération13 commanditée en 2004 par l’AFD dans le but d’étudier la
faisabilité d’opérations similaires dans le cadre du C2D, a conclu que les finalités principales n’ont
pas été atteintes. En effet, l’opération n’avait pas réussi à provoquer la construction de maisons
et l’implantation de ménages modestes sur le site et la commercialisation ne s’est pas faite dans
les formes ni au rythme espérés (seulement 54% de la surface aménagée avait été vendue 6
années après le début de l’opération).
Les raisons avancées pour justifier cet état de choses étaient de plusieurs ordres :
o Le faible intérêt des promoteurs «grossistes» : il y a eu peu d’acheteurs de mailles, ce qui
fait que, au moment de l’évaluation, les 2/3 des mailles vendues avaient été achetées par
des opérateurs parapublics (MAETUR et CFC) ;
o Les premières mailles ont été produites avec des standards d’aménagement très élevés
(supérieurs même à ceux de la MAETUR), ce qui a entraîné ces coûts relativement élevés
en valeur absolue. Les prix de vente des mailles (entre 3.000 et 5.000 FCFA par mètre
carré) sont apparus trop élevés pour permettre d’atteindre l’objectif de vente des
parcelles aux ménages de classes moyenne et inférieure (2 à 3 millions F CFA par parcelle
à l’époque), puisque le prix de sortie est de l’ordre de 7 000 F/m 2 pour des parcelles de
13
«Evaluation de l’opération pilote de Mbanga-Japoma, Communauté Urbaine de Douala, Urbaplan-Frisa-Cible, mars
2004»
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
800 à 1.000 m2, soit en valeur absolue 6 à 8 millions14. Par conséquent, les produits de la
SAD ne s’adressent qu’aux classes moyennes supérieures (parcelles et logements pour
plus de 12 millions), où se retrouvent tous les opérateurs publics, puisqu’elles
représentent la clientèle solvable («bancable»)15.
o Le montage même de l’opération a été source de difficultés : (i) la clé de répartition entre
la SAD et la collectivité coutumière a contribué à déséquilibrer le projet, l’augmentation
de standing (par rapport aux prévisions de départ) ayant été supportée par la SAD, qui a
seule financé les investissements ; (ii) le montage de l’opération est peu attractif
notamment pour les promoteurs privés, surtout que ceux-ci estiment que l’on pourrait
lotir «impunément» ailleurs dans la ville, avec beaucoup moins de contraintes ; (iii) la
collectivité coutumière a mené une concurrence déloyale, puisqu’elle a conservé des
terrains à proximité de la zone, qu’elle a continué à vendre à des prix plus compétitifs,
alors que ceux-ci bénéficiaient partiellement des plus-values de la «grande trame».
A la fin de l’opération et pour faire face à ses charges de fonctionnement, la SAD s’est résolue à
aménager et commercialiser elle-même les parcelles à 5.000 F/m2, avec un niveau
d’aménagement évolutif. Toutefois, le site reste globalement inoccupé. L’une des raisons
régulièrement avancées pour justifier cette situation était le relatif enclavement de la zone, la
voie d’accès n’ayant été que récemment aménagée. Cette argumentation n’est pas très
convaincante, dans la mesure où les photos aériennes de 2004 montraient déjà une nette
évolution des quartiers voisins (en particulier Nkolmbong, en face). En fait, on assiste
probablement là à un phénomène de thésaurisation foncière : au regard du niveau d’équipement
des parcelles, les acheteurs pensent pouvoir les revendre plus cher, lorsque «la ville viendra vers
eux». Au plan comptable, on reste loin du compte, puisque le fonds de roulement initial n’a pu
être entièrement régénéré pour permettre la réplication de l’opération.
Par ailleurs, il faut noter que la «grande trame» n’a pas eu les effets escomptés par le SDAU : (i)
pas d’effet organisateur sur les grands éléments du réseau de voirie, (ii) pas d’arrêt de l’évolution
de manière spontanée des terrains avoisinants, et (iii) pas d’effet d’entraînement du
développement de services publics, commerciaux ou de zones d’emplois, ni sur son site ni à
proximité.
Cependant, on peut retenir que cette opération a montré que des terrains peuvent être
aménagés de façon correcte, au niveau des grandes mailles, et de façon plus sommaire à
l’intérieur de celles-ci, pour un prix final moyen de 7 500 à 8 000 FCFA le m 2, et des parcelles de
200 à 300 m2pour un prix final de l’ordre de 1,2 à 1,5 million, tout en recouvrant au moins 80 %
de la dotation initiale apportée par l’AFD, sans subvention et en prenant en charge une grande
partie des infrastructures hors site.
En 10 ans d’activités dans un contexte difficile, la SAD a aménagé et loti 300 ha (2 500 lots) et
construit environ 200 logements (2 des 5 phases de l’opération de Mbanga Japoma). Les
parcelles de 200 à 1 000 m2 ont été cédées à des prix compétitifs compris entre 1,3 et 1,5 million
de FCFA. Les logements réalisés seraient intégralement vendus. Le module standard est de 80 m2
sur une petite parcelle pour un prix de sortie de 19 millions FCFA, ce qui reste élevé mais moins
14
A moins de réduire la taille des parcelles, mais cela conduirait à des prix de revient bien plus élevés, en raison de la
proportion plus élevée de terrain pour les voiries.
15
Mais qui ne représente, selon les estimations de l’étude de marché réalisée dans le cadre de l’évaluation de
l’opération, qu’environ 5% des ménages de Douala (300 à 400 parcelles par an), créneau sur lequel il y avait plutôt un
excédent d’offres.
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
cher que l’offre des promoteurs formels. La clientèle serait composée pour un tiers par la
diaspora. La SAD prévoit pour les cinq prochaines années l’aménagement de 300 ha
supplémentaires (opération de Bonamatoumbé).
Sa clientèle n’est constituée que de ménages relativement aisés (plus de 300 000 FCFA /mois de
revenus) malgré des prix contenus. Il semble rester assez de demandes sur ce segment pour
assurer l’avenir de la SAD et une urbanisation progressivement maîtrisée.
Les prix de sortie restent trop élevés pour répondre à une demande sociale. Comme les autres
lotisseurs/promoteurs, la SAD attend une meilleure structuration des appuis de l’Etat, de la CUD
et des banques.
Statutairement, la SAD est confrontée à deux situations: (i) les dispositions de la loi de 2004 sur la
décentralisation qui prévoit que la contribution des CTD dans les sociétés ne peut excéder 33%
et, (ii) la nécessité d’avoir un actionnariat évolutif ou de recourir à d’autres montages
opérationnels, plus en accord avec les opérations d’aménagement concerté qu’elle mène avec
différentes collectivités coutumières.
On note également que le mode d’aménagement concerté qu’elle applique avec les coutumiers
est laborieux : la SAD est dépendante de négociations toujours difficiles avec les collectivités
coutumières pour acquérir du foncier dans un cadre concerté (avec rétrocession de terrains
et/ou de logements).
La nouvelle législation définit les opérations d'urbanisme opérationnel suivantes en les classant
toutes comme opérations d'aménagement :
- la restructuration et/ou la rénovation urbaine ;
- les lotissements ;
- les opérations d'aménagement concerté.
Ces dernières années, un secteur qualifiable de «non réglementaire» s’est développé autour des
villes et principalement à Douala et Yaoundé. Il répond à des procédures officieuses mises en
place par les agents du Cadastre ou assimilés qui ont défini un principe de plan de lotissement
simplifié appelé «plan de découpage» approuvé. On considère que, par ce montage, environ 10
000 parcelles sont mises chaque année sur le marché, permettant de répondre à environ 25% de
la demande potentielle. La majeure partie des terrains à la périphérie de Yaoundé et de Douala
se trouve dans cette situation.
Ces «lotissements» assurent aux acquéreurs de lots des parcelles munies de titres fonciers, et des
équipements minimaux (sans lesquels les Conservateurs fonciers ne devraient pas inscrire les
«parcelles-filles» résultant du lotissement). Cette filière d’offre de terrains à bâtir est
insatisfaisante à plusieurs égards :
o très peu de promoteurs font appel à des compétences (agents immobiliers assistés
d’urbanistes et de géomètres) pour la conduite de ces opérations (conception du
lotissement, implantation des emprises et terrains individuels, négociations avec les
concessionnaires des réseaux, démarches administratives, commercialisation et autres
tâches légales qui s’y rapportent) ;
o d’une manière générale, ces lotissements ne sont pas considérés comme des opérations
d’urbanisme, mais se réduisent à des implantations de parcelles après tracé des voies,
quelques fois confiés à des géomètres (dont le lotissement n’est pas, à proprement
parler, le métier), de telle sorte que les règles élémentaires de taille des parcelles et des
voies ainsi que d’orientation des eaux ne sont souvent pas respectées ;
o pour des raisons de rentabilité et par défaut d’application d’un plan d’occupation des sols
ces lotissements sont en général parcellisés en totalité, sans que les surfaces nécessaires
aux équipements collectifs aient été mises en réserve au profit de la collectivité publique.
Dans l’ensemble, si l’on excepte quelques opérations récentes conduites par des promoteurs
immobiliers dans la ville de Yaoundé, les lotissements privés ont surtout conduit à la production
d’une urbanisation diffuse et anarchique. Cet état de fait se justifie essentiellement par
l’apparente simplicité de ces formes para-légales. Les agents du Cadastre, qui se substituent ainsi
aux professionnels, sont en majorité des fonctionnaires, qui utilisent leurs positions pour faire
«avancer» les dossiers. Ainsi, l'approbation du «plan de découpage» se gère au Cadastre en deux
semaines, alors que le permis de lotir relève d'un arrêté préfectoral dont l'approbation est
espérée au mieux au bout de deux à trois mois.
Ces opérations constituent, malgré tout, le meilleur moyen pour les classes moyennes d’accéder
à la propriété immobilière à des coûts inférieurs à ceux de la production entièrement formelle.
Cette production non programmée est la plus importante, puisqu’elle représenterait environ 70%
de la superficie totale des villes. Les constructeurs se procurent un terrain de diverses manières :
en squattant des terrains non occupés et mal surveillés, appartenant souvent au domaine privé
ou public de l’Etat ou au domaine national, dans des zones délaissées, souvent impropres à
l’habitat (bas-fonds, zones marécageuses, fortes pentes, zones soumises à des fortes nuisances
d’origine industrielle etc). L’appropriation se fait souvent de façon progressive : d’abord, le
constructeur occupe temporairement et de façon tout à fait précaire le terrain ; ensuite, ne
constatant pas de réaction, il s’enhardit et construit un abri, qu’il consolide au fur et à mesure de
ses possibilités. De nombreux quartiers se sont formés de cette manière (Image 2).
Cette façon de créer des terrains urbanisés a été relayée, au cours des dernières décennies, par
un processus tout aussi informel mais moins néfaste, celui de l’acquisition sans titre de terrains
au statut mal défini. Ces terrains, prélevés de façon irrégulière sur des dépendances du domaine
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
national, acquis auprès des collectivités coutumières se réclamant d’un droit traditionnel de
propriété, sont transformés par le biais de lotissements de fortune sans titre de propriété ni
droits établis. On note également des opérations informelles sur des terrains régulièrement
immatriculés, qui profitent de l'ambiguïté de la loi 2004/003, dont l'article 59 autorise un
morcellement en quatre lots ou moins sans une quelconque procédure de lotissement.
Ces pratiques conduisent toutefois à la production de quartiers moins insalubres, bien que
dépourvus d’infrastructures d’accès et d’équipement publics (Image 3).
Elles sont imposées par la pauvreté et l’abandon par l’Etat (et ses démembrements) de la plupart
de ses tâches de contrôle. Elles sont ainsi devenues des facteurs aggravant de la pauvreté et
constituent une des causes des conditions déplorables que l’on observe dans la plupart des
quartiers populaires (mortalité infantile élevée, insécurité, insalubrité, etc.). Il faut cependant
relever que ces pratiques se sont aussi étendues, faute de meilleure solution, aux classes
moyennes qui dépassent les seuils de pauvreté absolue ou relative. Nombre de ménages situés
dans les catégories comprises entre 150 000 et 300 000 FCFA mensuels préfèrent à une maison
ou un appartement réglementaire, des installations plus vastes et moins chères qui sont
partiellement au moins «non réglementaires», soit par le statut de propriété du terrain, soit en
raison de la non-conformité avec les documents d’urbanisme, soit par la construction en
autopromotion par des tâcherons et des entreprises informelles qui sont loin de payer toutes les
taxes et impôts, soit pour profiter d’une taxation foncière incomplète, sous-évaluée, ou
inexistante. On peut donc dire que les classes moyennes participent aussi de façon sensible à la
vitalité de la «ville informelle».
Plusieurs textes portant sur la promotion immobilière et la profession d’agent immobilier ont été
pris, à partir de 1997 (en particulier la loi n°97/003 du 10 janvier 1997 relative à la promotion
immobilière, et la loi n° 2001/020 du 18 décembre 2001 portant organisation de la profession
d’agent immobilier. Ces lois ont fait l’objet de textes d’application en 2008). Les éléments clés de
ces textes sont les suivants :
définition de l’habitat social comme «celui dont une partie du coût est à la charge de
l’Etat, d’une Collectivité Territoriale Décentralisée ou de toute autre institution publique,
et destiné aux ménages à faible revenu» ;
normes d’habitat social : dimensions minimales des opérations, des parcelles, des
logements et des pièces principales, conditions d’accessibilité, règles d’implantation,
matériaux à utiliser, modes de financement, plafonds de prix de cession, etc.
avantages accordés aux promoteurs agréés : théoriquement, mise à disposition du
foncier, octroi du financement direct ou de facilités fiscales, prise en charge totale ou
partielle des infrastructures d’approche ;
critères d’éligibilité aux programmes d’habitat social : non possession d’un lot dans la
ville, engagement de mise en valeur dans un délai de trois ans, plafond de revenus
annuels, engagement à occuper personnellement le logement.
En outre, l’arrêté n°009/E/MINDUH du 21 Août 2008 fixant les normes d’habitat social est
difficilement applicable, puisqu’il fait référence à des textes complémentaires nécessaires qui ne
sont pas encore pris pour réglementer les prix, les loyers et les conditions de revenus des
ménages.
Par ailleurs, les prestations définies dans l’arrêté correspondent à des standards relativement
élevés, qui répondent à un objectif qualitatif, mais dont l’application conduira à des prix de
revient des logements élevés au regard du coût actuel des intrants et du foncier. Toutes choses
qui nécessiteraient une aide importante d’au moins 50 % du prix de revient, pour que le prix du
logement ou le loyer soient accessibles à des ménages à faibles revenus.
Pour ce qui est des incitations fiscales, la loi de finances de 2008 et le décret n°2008/2304/PM du
29 juillet 2008 définissent un ensemble de mesures d’allègement fiscal en faveur des sociétés
réalisant des projets dits structurants intégrant des projets de logement social. En dépit des
imprécisions relatives à la définition des modes de production de l’habitat social, plusieurs
dossiers de promoteurs immobiliers semblent avoir reçu l’agrément de l’Agence de Promotion
des Investissements et de la DGI pour bénéficier des avantages prévus par ces textes. L’obtention
A la fin de l’année 2009, vingt trois (23) opérateurs avaient reçu des agréments et étaient par la
suite autorisés à exercer légalement la profession de promoteur immobilier. Ce statut leur a en
outre donné droit aux avantages qui pourraient les orienter vers l’habitat social au cas où leurs
programmes respectif seraient éligibles au programme gouvernemental d’habitat social.
En plus des raisons citées plus haut, liées aux difficultés d’application des textes, les enquêtes
menées sur le terrain ont permis de constater que :
les programmes n’ont pas le caractère social recherché ou ne répondent pas à la cible
telle que définie par les textes (excepté pour la MUPROF-GIC, qui propose des logements
d’un prix inférieur à 10 millions FCFA) ;
la définition des programmes est faible (plans de masse, etc.), les bilans prévisionnels
n’existent manifestement pas, les appuis sollicités de l’Etat, de la CTD et des
concessionnaires sur le hors site et sur des aides directes ou indirectes ne sont pas
précisés;
le financement acquéreur constitue un souci important des promoteurs, l’absence de
terrain titré au profit des promoteurs rendant impossible l’obtention de prêts de la part
du CFC.
Les réalisations qui rentrent dans ce cadre représentent en 2009 environ 93% de la production
annuelle de logements d’acquisition directe et ne concernent pas que les bas revenus, car
l’autopromotion et l’auto-construction ne produisent pas que des logements pour les classes
défavorisées même si celles-ci en sont les demandeurs majoritaires. Associées au morcellement
informel et au «plan de découpage», elles restent les voies les plus économiques d'accès au
logement : le recours à l’artisan ou à la petite entreprise permettent de contourner les charges
fiscales. Ainsi, à prestations égales, le prix de revient de la construction est de l'ordre des deux
tiers de celui de la même construction réalisée avec une entreprise structurée.
A l’inverse, elle pose de nombreux problèmes du point de vue de la qualité des constructions
dont on peut retenir que :
rares sont les chantiers menés avec des plans établis par des architectes ou des bureaux
d’études techniques (la plupart des tâcherons ne disposent que de plans dessinés par des
non professionnels et nombreux sont ceux qui travaillent sans plan) ;
le manque de maîtrise technique des tâcherons (parfois pour des constructions sur
plusieurs niveaux) conduit à des défauts de construction importants, particulièrement au
plan de la structure (avec des risques d’accident) ;
nombreux sont les défauts de conception relevés, notamment en ce qui concerne les
implantations, les ouvertures et les aménagements (escaliers trop petits, descentes des
sanitaires, surdimensionnement ou sous-dimensionnement), etc. ;
des normes de sécurité ne sont presque pas respectées, en particulier en ce qui concerne
la plomberie et l’électricité.
Cette situation est largement due, outre les insuffisances du contrôle réglementaire évoquées
par ailleurs, à la fois à l’incompétence des tâcherons mal formés et peu outillés, aux conditions
d’approvisionnement (il y a de plus en plus de quincailleries informelles) et à la mentalité des
promoteurs.
Selon l’ECAM3, une bonne partie des habitations des ménages pauvres de Yaoundé (40%) et de
Douala (27%) ont des murs en matériaux précaires (41% pour l’ensemble urbain national). La
précarité des constructions n’est pas exclusivement le lot des ménages les plus pauvres ; elle
concerne aussi les ménages non pauvres, et ce dans les mêmes proportions. Pour les matériaux
du sol, il n’y a pas de problème particulier, puisque l’ensemble du secteur est à 12% (8% à Douala
et 4% à Yaoundé). Toutefois, la précarité frappe majoritairement les ménages pauvres (33,2%
dans l’ensemble, 31% à Douala, contre seulement 10% à Yaoundé).
L’alternative qu’auraient pu constituer les matériaux locaux offrant des meilleures conditions
d’habitabilité à un meilleur prix n’est pas encore une réalité. La MIPROMALO créée en 1990
mène des recherches sur les matériaux locaux (briques en terre et ciment, briques cuites, tuiles),
en vue de leur amélioration et de la création de normes de qualité pour les matériaux et leur
mise en œuvre, dans le but de contribuer à la réduction des coûts de construction. Elle a identifié
un certain nombre de gisements de matériaux pouvant être utilisés (argiles), et produit des
normes techniques pour les briques en terre. De façon générale son activité n’a guère dépassé le
stade de la recherche de laboratoire. Les utilisateurs éventuels considèrent que les matériaux
locaux sont trop chers, et que leur mise en œuvre est compliquée (il faut transporter sur le site
une presse pour fabriquer les briques, ce qui est difficile et onéreux pour une production
individuelle). La MIPROMALO convient que les murs en briques de terre sont plus chers que ceux
en parpaings, mais fait remarquer qu’au final les matériaux locaux permettent des économies
sensibles sur les enduits, et que les maisons sont meilleur marché pour une qualité supérieure.
Quelques rares promoteurs utilisent ces briques mais sur un nombre réduit de maisons. Ni les
architectes privés, ni la SIC ni le MINDUH ne se sont encore intéressés à ces matériaux, qui
pourraient aussi convenir pour la réalisation d’équipements publics (écoles, dispensaires,
bureaux administratifs, logements de fonction) particulièrement en zone rurale. Cette absence
d’intérêt de la part de la maîtrise d’ouvrage publique rend difficile tout effort de vulgarisation
auprès des privés.
Il faut cependant relever que l’instruction du Premier Ministre définissant les taux minima
d’utilisation des matériaux locaux dans la construction des édifices publics, représente une
opportunité pour leur véritable promotion.
Malgré les efforts consentis pour agrémenter le cadre de vie en milieu urbain, ce dernier est
caractérisé par des manquements et des insuffisances dans la mise en œuvre de ses entités
constituantes. Bien que des actions ponctuelles aient été engagées afin de résoudre les difficultés
les plus immédiates, il n’y a pas encore au niveau national des orientations claires ou des options
de solutions qui s’intègrent dans un programme en vue de l’amélioration du cadre de vie dans sa
globalité.
En matière de services urbains de base, si la situation s’est améliorée en termes d’accès à l’eau
potable, à l’énergie et au téléphone, les difficultés perdurent en ce qui concerne l’assainissement
(gestion des déchets solides et liquides). La mise à disposition de ce dernier service demeure un
grand défi pour les gestionnaires de la ville.
Quant aux voiries et réseaux tertiaires et autres équipements de proximité qui constituent le
socle de l’amélioration du cadre de vie, les réalisations sont éparses et ne concourent pas à la
satisfaction totale de la demande (besoins réels).
L’eau potable est aujourd’hui accessible à près de 3 citadins sur 4 (contre 61,5% en 2001) 16. Dans
le détail, 55% seulement des ménages pauvres ont accès à l’eau potable (77% des non pauvres).
A Douala et Yaoundé, les proportions sont meilleures. Toutefois, ces pourcentages ne
16
Les enquêtes ECAM, qui sont les seules à fournir des données sur l’ensemble du secteur urbain et en fonction du
niveau de pauvreté, ne concernent que les villes de 50.000 habitants et plus. La raison en est que, du point de vue de la
consommation, en dessous de ce seuil, la différence avec les zones rurales n’est pas significative.
RAPPORT FINAL Page 46
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
correspondent pas seulement aux ménages raccordés au réseau d’eau potable de la CDE (qui
estime qu’il y a trois utilisateurs pour un branchement), mais incluent les ménages qui se
ravitaillent aux bornes-fontaines ou achètent l’eau auprès de voisins, avec moins de 30 minutes
de trajet. L’accessibilité à l’eau potable reste très difficile pour les ménages pauvres puisqu’en
milieu urbain ils résident en moyenne à 2,5 km d’un point de branchement au réseau d’eau. Seuls
environ 25% des ménages disposent d’un branchement individuel. La majeure partie de la
population se ravitaille chez les revendeurs d’eau de robinet (51% à Yaoundé et 37% à Douala) 17.
A Yaoundé et Douala, les mêmes statistiques montrent que seuls 22,9 et 22,2% des ménages
respectivement disposaient d’un branchement direct d’eau potable en 2002, et près de 10% de la
population de Douala déclaraient s’approvisionner auprès de puits, sources, rivières ou marigots.
Dans les villes secondaires, la situation est plus précaire encore. Selon les diagnostics établis dans
le cadre du PACDDU en 2003, le taux de raccordement au réseau d’eau potable est de l’ordre de
27,5% à Foumban, 38% à Bamenda et 20% à Maroua. Le recours à des puits et aux sources d’eau
de qualité douteuse pour la boisson reste donc important, y compris dans certains quartiers
centraux des villes de Douala et Yaoundé. Cette situation est, au-delà des problèmes liés à la
fourniture de l’eau (production insuffisante dans certaines villes, faibles performances du service,
coût élevé du branchement), due à la faible structuration des quartiers, qui ne permet que
difficilement le passage des réseaux. Dans ces conditions, l’impact du programme de
branchements sociaux (1 200 bornes fontaines et 70 000 branchements subventionnés à 90%,
soit environ 1 200 000 personnes) en cours d’exécution dans le cadre du PDUE (financement
Banque Mondiale), ne pourrait être que limité. Il y a cependant lieu de noter qu’avec la mise en
service récente de l’adduction d’eau de Souza réalisée avec l’appui de la coopération chinoise, la
situation des citadins de Douala pourra connaître une certaine amélioration. La mise en place de
mini-réseaux dans certaines localités (Soa, Bangoua, Bana, Endom, Bikoka, Bidjoka, Magba,
Nkwem, etc.) contribue aussi à l’amélioration de l’approvisionnement des populations urbaines
en eau potable.
b) Accès à l’électricité
En 2007, l’éclairage électrique était accessible à 90,4% de la population urbaine (contre 88,2% en
2001), avec un taux de 93% pour les ménages non pauvres, et seulement 68% des ménages
pauvres, proportions que l’on retrouve à Douala, alors qu’à Yaoundé l’accès est meilleur et
dépasse 90% des ménages. Ces chiffres incluent les sous-locations et branchements non
autorisés plus faciles pour l’électricité que pour l’eau, en particulier dans les quartiers d’habitat
spontané. Une bonne partie des habitants n’a pas d’abonnement d’électricité et s’alimente chez
le voisin (55% à Yaoundé et 45% à Douala)18, dans des conditions d’insécurité, en raison de la
qualité approximative des branchements secondaires (multiplication des «toiles d’araignée»). Par
ailleurs, ce mode d’approvisionnement, comme pour l’eau, a pour effet pervers de sortir les
ménages les plus pauvres de la «tranche sociale» appliquée par le concessionnaire. Cette
situation est également partiellement imputable aux conditions de structuration des quartiers,
qui limitent la pénétration des réseaux et, ce faisant, l’impact des campagnes de branchements
sociaux menées par le concessionnaire.
17
Données de l’enquête CAVIE réalisée en 2002 par l’Institut National de la Statistique
18
Les ménages abonnés en électricité représentaient respectivement 43,2 et 47,1% des ménages de Yaoundé et Douala (CAVIE,
2002). Le taux de raccordement à l’électricité était de 29,5% à Foumban (PACDDU, 2003).
En 2007, 18% des ménages les plus aisés, étaient équipés de WC avec chasse d’eau, et
pratiquement aucun ménage pauvre. Un peu plus de la moitié seulement des ménages pauvres à
Douala et les deux tiers à Yaoundé sont équipés d’installations sanitaires améliorées (latrines
aménagées). C’est le cas d’environ trois quarts des ménages non pauvres de ces villes. Dans les
autres villes de 50 000 habitants et plus, le taux d’équipement en latrines aménagées est proche
de la moitié des ménages seulement. Les autres habitations ne disposent que d’un système
d’assainissement sommaire consistant en des latrines non étanches qui, en particulier dans les
zones basses des villes comme Douala, contaminent les ressources souterraines en eau. On
rencontre les fosses septiques surtout dans les zones d’habitat de moyen et haut standing.
Toutefois, nombre d’entre elles sont construites dans des conditions qui ne garantissent pas leur
rôle épuratoire. Globalement, les latrines et les fosses septiques sont rarement vidangées, et il
n’existe pas d’équipement spécifique pour un traitement approprié des déchets liquides.
Ce recours à l’assainissement individuel pose des problèmes de pollution des nappes dans les
quartiers pauvres où une partie de la population a recours aux puits pour l’eau de boisson. Le
quartier New-Bell à Douala est l’une des zones les plus sensibles, qui a enregistré des épidémies
de choléra en 2005, manifestement liées à la consommation de l’eau des puits dans un contexte
où la nappe affleure pratiquement, et est souillée par les eaux usées. Cela pose donc, au moins
dans certaines zones basses, le problème de la qualité des installations, qui sont loin d’être
hygiéniques. Quelques initiatives de réalisation de latrines à fosses ventilées sèches, moins
polluantes, ont été réalisées dans quinze quartiers dans la commune d’arrondissement de
Yaoundé 6ème et à Limbe, entre autres, mais sont restées au niveau expérimental et se
caractérisent par des coûts particulièrement élevés, en tout cas hors de la portée des ménages
les plus modestes19.
Il a également été noté que les villes de Douala et Yaoundé disposent de stations d’épuration des
eaux usées dans certains grands équipements (hôpitaux, campus universitaires, lycées,
ministères, Palais présidentiel, etc.) et de certaines zones d’habitat planifié (cités SIC). Seulement,
toutes ou presque sont hors d’usage. A titre d’illustration, sur les onze (11) stations existantes à
Yaoundé en 2003, sept (7) étaient hors service et seules 4 étaient en bon état de fonctionnement
et régulièrement entretenues. A Douala, on estime que les zones couvertes par des réseaux
collectifs représentent 400 à 500 ha, essentiellement localisés au nord de la ville, mais même les
vestiges des stations d’épuration construites au milieu des années 1980 ne sont plus visibles.
Dans ces conditions, les eaux vannes sont ainsi directement déversées dans les collecteurs,
aggravant les conditions d’hygiène des populations déjà très fragiles. Les eaux usées sont pour la
plupart rejetées dans les bas-fonds ou dans les lits des cours d’eau sans traitement. La
contamination des ressources naturelles menace à terme l’approvisionnement en eau potable
des grandes villes et augmente les risques de contamination des eaux de captage ainsi que la
prolifération des maladies issues de la mauvaise qualité des eaux. Il se pose un problème
institutionnel et financier pour l’entretien des stations d’épuration des opérations MAETUR et
SIC.
Globalement, l’évacuation des eaux vannes et des eaux usées des ménages est mal assurée. Ici
aussi, l’offre n’a pas suivi la demande. Les maigres performances obtenues peuvent se justifier
par :
le faible raccordement au réseau d’eau potable, qui limite l’utilisation de fosses septiques ;
19
Source : ERA-Cameroun
RAPPORT FINAL Page 48
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
la faiblesse des revenus des populations et l’ignorance des risques encourus par une
mauvaise évacuation des eaux usées/vannes ;
les difficultés de circulation à l’intérieur des quartiers précaires (zones sous- structurées ou
structurées mais sous-équipées), qui limitent le passage des véhicules de vidange ;
le faible rendement de la Taxe d’Assainissement, dans les communes où elle est
appliquée ;
l’absence d’équipements pour le traitement des boues de vidange ;
la non prise en charge de l’entretien et de l’exploitation des stations réalisées, en raison,
d’une part, de conflits de compétences entre la SIC et les CTD de céans, à cause de la
faiblesse des moyens financiers des ces dernières, elle-même conséquence de l’absence de
sources de financement.
Selon ECAM3, 56% de la population déclarent avoir un accès aux services d’enlèvement des
ordures en 2007, (contre 42% en 2001). Cela est principalement dû au fait que, là où le service
existe, la distance pour atteindre le point d’enlèvement des ordures le plus proche (quel que soit
le mode utilisé) est relativement importante, et atteint dans certains cas 1700m 20 alors qu’il est
évident qu’au-delà de 100 à 150 m, toutes les bonnes volontés s’émoussent. Pour ce qui est des
villes de Douala et Yaoundé, les tonnages moyens d’ordures enlevées quotidiennement dans
chacune des villes, en 2010, sont de l’ordre de 1200 à 1000 tonnes, pour des quantités produites
estimées de l’ordre de 1 700 et 1 600 tonnes respectivement, à raison de 0,8 kg/habitant/jour.
Le taux de couverture des besoins se situe donc, au mieux, à 60% des quantités effectivement
produites. Le traitement des déchets est loin d’être systématique : seules les villes de Douala,
Yaoundé, Edéa et Dschang disposent de décharges réunissant les conditions minimales. En
l’absence de décharge proprement dite, il s’agit de rejets sauvages dans des conditions
dommageables au plan environnemental, de par les risques que cela fait courir aux ressources en
eau (Image 4).
Les déchets industriels et hospitaliers posent également des problèmes en raison de leur
complexité, les techniques de traitement par incinération laissant encore subsister des rebuts.
20
Source : Enquête CAVIE
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
D’une manière générale, il s’avère que malgré les importants moyens déployés par l’Etat et les
municipalités, le service offert aux populations reste largement insuffisant aussi bien en quantité
qu’en qualité. Les raisons que l’on peut avancer pour justifier cette situation sont nombreuses :
dans la plupart des villes, le service est soit inexistant soit assuré en régie avec des
moyens limités, en raison principalement de l’insuffisance des ressources financières ;
dans les villes sous contrat avec une société privée, les techniques et systèmes de collecte
utilisés (camions, bacs à ordures et même service de porte à porte, tout cela sans
indicateur de niveau de service) apparaissent peu adaptées au contexte des quartiers
pour la plupart sous-structurés, peu accessibles aux camions. Ceci exclut, d’emblée, une
bonne partie de la population ;
Le coût du service de la collecte des ordures ménagères dans les villes couvertes par
HYSACAM (16.000 FCFA HT/tonne pour Douala et Yaoundé)21, apparaît très élevé, si on le
rapproche de ce que l’on a sur d’autres villes de niveau comparable. Ceci se justifie
certainement par la conjugaison de plusieurs situations : (i) le monopole de fait de la
société en charge du service, comme on a pu le constater lors des rares appels à la
concurrence lancés pendant les vingt dernières années, (ii) le niveau de service trop élevé
(collecte en porte à porte) dans les quartiers structurés. Ces coûts sont sans rapport avec
les moyens des municipalités, ce qui fait que l’essentiel des charges est supporté par
l’Etat. A Yaoundé par exemple, le contrat triennal 2001-2004 coûtait 2 milliards FCFA par
an, soit environ 33% des ressources de la Communauté Urbaine. Au final, la ville ne
supportait que 0,5 milliard par an, le reste étant payé par l’Etat. Il faut également noter
que le fait que seules quelques villes soient couvertes par un contrat d’enlèvement
d’ordures largement payé par l’Etat apparaît totalement inéquitable.
le financement du service est problématique : les charges devraient théoriquement (en
partie au moins) être couvertes par la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM,
qui fait partie de la taxe d’assainissement perçue par les Communautés Urbaines), mais le
rendement de celle-ci est médiocre, en raison de la faiblesse de l’assiette et du taux. Il
s’agit de taxes communales, assises sur les revenus des salariés, dont le nombre est faible
par rapport à l’ensemble des ménages. En 1993-1994, le MINUH a conduit diverses
réflexions qui tendaient à relever le niveau de ces taxes et à l’adosser aux factures
d’électricité, permettant ainsi un élargissement de l’assiette. Elle a fait long feu, dans un
contexte social agité, en particulier marqué par la baisse des salaires des agents publics ;
les quelques initiatives de pré-collecte auto-rémunérée et de compostage décentralisé
ont été menées dans quelques villes dont Yaoundé, Bafoussam, Bafang, Nkongsamba,
Garoua, Dschang, etc. Ces opérations, conduites principalement par des OSC ont été peu
durables du fait de la faiblesse de soutien des administrations centrales et locales.
Selon ECAM3, 16% des ménages urbains (majoritairement pauvres) sont exposés aux inondations
et 38% habitent près d’un cours d’eau. Dans la plupart des villes, le drainage des eaux de
ruissellement est assuré par le réseau hydrographique naturel qui en constitue l'ossature
primaire. Des fossés et caniveaux disposés le long des voiries composent les réseaux secondaire
et tertiaire. Dans les zones d'habitat non structurées, des rigoles formelles ou informelles,
pallient tant bien que mal l'absence de véritables ouvrages de drainage. Les problèmes se posent
21
Source : Ngnikam, les villes d’Afrique face à leurs déchets, 2006.
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
avec une certaine acuité dans des villes comme Douala, Maroua, Kousseri et Yaoundé, où de
nombreuses populations sont régulièrement victimes des inondations.
D’une manière générale, les conditions d’écoulement sont difficiles, en particulier dans les zones
sous-structurées; ce qui se traduit par l’immersion des voies de circulation mais surtout par de
nombreuses inondations (Image 5), dont certaines sont mortelles, en particulier à Douala où les
pentes sont plus faibles. On note également, dans les zones de fortes pentes, une aggravation
des phénomènes d’érosion, avec l’apparition de ravines et talwegs de taille plus ou moins
importante, qui constituent des menaces pour les populations riveraines (glissements de terrain,
destruction de constructions, etc.).
L’évacuation des eaux est insuffisante, pour plusieurs raisons :
la densité d’ouvrages tertiaires (normalement à la charge des lotisseurs) est faible, en
particulier dans les zones sous-structurées ;
le manque d’entretien des réseaux tertiaires existants colmatés par des déchets divers, en
particulier dans les zones où les pentes sont relativement faibles ;
l’insuffisante capacité des réseaux primaires et secondaires face aux importants débits à
transiter (débits sans cesse croissants sous la pression démographique) qui augmente le
ruissellement ;
l’encombrement des réseaux primaires par les constructions qui rétrécissent les lits des
écoulements naturels, et les déchets solides de toutes sortes, conséquence des
insuffisances du système de collecte des ordures.
En dehors des villes de Douala et Yaoundé où des efforts d’aménagement des espaces réservés
aux parcs, jardins et autres divertissements sont visibles, on note dans les autres villes l’absence
de ce type d’équipements. Au Cameroun la ville de Limbe est unique en ce sens qu’elle héberge
le parc écologique Botanical Garden, avec une richesse en faune et flore assez diversifiée.
A l’échelle des quartiers, la situation est plus préoccupante car rien ou presque n’est fait. On note
plutôt une dégradation de la situation : dans des camps SIC, les surfaces jadis prévues pour
accueillir les aires de jeux sont mal entretenues ou utilisées pour construire des boutiques et des
maisons d’habitation.
Du point de vue du développement urbain, l’accès aux services éducatifs et de santé s’apprécie
essentiellement en termes de distance à parcourir pour avoir accès à ces équipements. L’ECAM3
de 2007 permet à ce sujet de constater que :
Seulement 28% des ménages se situent à moins de 500 m (soit théoriquement 5 mn de
marche pour un adulte) d’une école primaire publique, avec une faible incidence du
niveau de revenu. Ce taux passe à 72% par rapport aux écoles privées.
Seulement 41% des ménages se situent à moins de 500 m (soit théoriquement 5 mn de
marche pour un adulte) d’une formation sanitaire publique, avec une baisse en fonction
de l’augmentation du niveau de revenu.
L’enquête CAVIE-2002 indique que le temps moyen mis pour atteindre un établissement scolaire
est de 28 mn à Douala et 20 mn à Yaoundé, et pour un centre de santé, 52 mn et 49 mn
respectivement.
Tout ceci est la conséquence d’une urbanisation peu maîtrisée, les réserves pour équipements
étant insuffisantes.
Les consultations des populations à l’occasion des projets (PACDDU, PDUE, PGU, etc.) mettent en
exergue l’insécurité à l’intérieur des quartiers comme un des problèmes majeurs. S’il s’agit d’un
phénomène aux origines complexes qui dépassent le seul cadre du secteur urbain, il apparaît que
l’insuffisance de l’éclairage public accentue le caractère criminogène de certains points. Les
premières actions d’éclairage de points criminogènes ayant pour but de réduire le sentiment
d’insécurité, ont été réalisées à Yaoundé 6ème et à Douala dans le cadre de l’opération pilote
d’amélioration des conditions de vie dans certains quartiers (dans le cadre du PID à Douala), et
d’autres sont en cours de mise en œuvre dans le cadre du PDUE. Le volet «Villes plus sûres» du
PGU a permis de dresser le diagnostic de délinquance urbaine à Yaoundé et à Douala, et
d’élaborer les stratégies de lutte y relatives. Une autre forme d’insécurité est liée à l’installation
des populations sur des sites à risques (bas fonds marécageux, flancs de colline, autres zones non
aedificandi.
i) Autres préoccupations
L’amélioration du cadre de vie et la protection de la santé des populations en milieu urbain sont
aussi fortement conditionnées par les actions en matière de protection de l’environnement qui
visent : la protection contre des nuisances comme le bruit, la pollution de l’air et les mauvaises
odeurs, la protection des plans d’eau très souvent utilisés comme déversoirs de déchets de
toutes sortes, la protection des eaux souterraines pour prévenir la pollution des nappes
souterraines, la protection des zones sensibles (bas fonds, flancs de collines, tout autre espace
dont l’instabilité de la structure du sol est prouvée).
Selon ECAM3, 42% des ménages urbains sont exposés au bruit, 31% aux mauvaises odeurs et plus
des trois quarts aux insectes et rongeurs nuisibles à l’hygiène et à la santé. Pour la plupart de ces
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
La très grande majorité de l’habitat urbain au Cameroun est réalisée par autopromotion et
autofinancement des ménages ayant parfois recours à des associations ou tontines pour financer
les étapes les plus lourdes de la construction (fondations, linteaux, charpente/couverture).
Certaines estimations montrent que le financement de la construction d’immeubles d’habitation
est en fait assuré presqu’exclusivement par les ménages, par l’investissement de leur épargne,
directement ou à travers des entreprises. La majeure partie de ces investissements est réalisée
par les circuits du secteur informel. Certaines estimations permettent de situer le montant des
investissements immobiliers des ménages à environ 300 milliards FCFA par an sur les deux
grandes agglomérations de Douala et Yaoundé.
b) Contribution de l’Etat
Les budgets d’investissement de l’Etat et des CTD dans le secteur urbain sont relativement
importants mais ne sont pas affectés prioritairement à l’aménagement de terrains dédiés à
l’habitat. La quasi-absence de réserves foncières de l’Etat pouvant être affectées à l’urbanisation
à des prix adaptés au logement économique ou social limite toute intervention de l’Etat par ce
biais. Par ailleurs, les avantages fiscaux consentis depuis 2009 au titre de l’application de la loi de
finances pour 2008 et du décret d’application n°2008/2304/PM du 29 juillet 2008 restent à
chiffrer.
La seule contribution régulière de l’Etat au financement de l’habitat est celle qui provient de la
taxe de 2,5% calculée sur la base des salaires, payée par les employeurs et les salariés, et affectée
au CFC (12,5 milliards FCFA en 2008).
c) Rôle du CFC
Les promoteurs privés sont soit des employeurs qui désirent loger leur personnel, soit des
entreprises privées qui lotissent ou construisent des logements à des fins commerciales sans
objectif social affiché.
Pendant cette période 1979-2002, le CFC a également financé des prêts-équipement à hauteur
de 775 530 215 FCFA. Les ressources y relatives proviennent d’une ligne de crédit de la Banque
Mondiale d'un montant total de 2 milliards de FCFA, destinée à appuyer la construction par les
communes d'équipements marchands, marchés et gares routières, dans le but d'accroître leurs
recettes. Ces prêts ne constituent pas une mission fondamentale du CFC, mais une opportunité
dans le cadre du Projet de développement urbain II. Dix sept (17) de ces équipements ont ainsi
pu être réalisés pendant la période.
En ce qui concerne les prêts aux particuliers, environ 18 000 prêts ont été accordés pour
l’acquisition des terrains à la MAETUR et des logements à la SIC, comme le montre le tableau
suivant.
Disposant d’abondantes ressources, le CFC a pu pratiquer des taux largement hors marché tant
sur les dépôts d’épargne que sur les crédits (consentis actuellement au taux de 7%). Mais ces
ressources ont permis aussi une dérive considérable des coûts de fonctionnement. Par ailleurs,
une politique de recouvrement laxiste a conduit à un taux d’impayés de plus de 80% du
portefeuille, une part significative des créances douteuses ayant pour origine des concours à la
SIC de l’ordre de 32 milliards FCFA, et à l’Etat. Plus récemment, le CFC s’est lui aussi positionné
directement comme promoteur immobilier sur des opérations telles qu’Olembé Horizon 2001 à
Yaoundé. Cela semble plutôt relever d’une opportunité que d’une stratégie clairement définie.
Après une récente réorganisation interne et l’abandon de l’activité de banque traditionnelle qui
avait contribué à grever la trésorerie, la situation financière du CFC est aujourd’hui satisfaisante
du point de vue de sa trésorerie et indépendamment de considérations autres sur son bilan et
son potentiel financier. Cette liquidité lui permet de maintenir des prêts aux particuliers, et
d’apporter son concours direct au financement des opérations initiées par le Gouvernement.
Toutefois, il semble exclu que le CFC finance directement la production de la SIC, déjà
lourdement endettée vis-à-vis de cette structure de financement.
Le CFC reste aujourd’hui le principal octroyeur de prêts immobiliers au Cameroun, avec un bilan
d’environ 110 milliards FCFA et une production de l’ordre de 3 500 prêts par an (constituée à 95%
de crédits à moyen terme : équipement, terrains, amélioration). Le volume des prêts accordés a
été de 13,5 milliards de FCFA en 2008 pour 3 384 prêts. Il devrait approcher 15 milliards FCFA en
2009. Au cours des neuf premiers mois de 2009, un total de 20,3 milliards FCFA de prêts a été
accordé, pour 3 088 prêts devant financer 4 394 logements.
Ce coût, de 20 millions FCFA en moyenne par logement, faut-il le répéter, exclut 95% des
ménages de l’accès à l’aide de l’Etat à cause de la faiblesse de leurs revenus, tout en bénéficiant
d’un taux d’intérêt réduit.
L’offre de financement bancaire pour l’habitat est extrêmement réduite. En avril 2009, les
encours recensés étaient de l’ordre de 10 milliards de FCFA22 ; ce qui ne dépasse pas le niveau
marginal de 0,8 % de l’ensemble des crédits bancaires à la clientèle non financière.
Même si l’on y ajoute les encours du CFC de 83 milliards FCFA à fin 2009 (au sein desquels les
créances compromises, SIC et autres, sont majoritaires), les crédits à l’habitat ne dépasseraient
pas 1% du PIB. Les contraintes techniques et financières qui pèsent sur le développement du
crédit sont nombreuses et importantes. Toutefois, le principal obstacle réside dans la faiblesse
des revenus et le niveau des prix des logements dans le secteur formel, qui limitent la demande
solvable.
22 2 044 milliards FCFA de crédits à l’habitat immobilier à long terme (plus de 10 ans) et 7 968 milliards FCFA de
crédits à l’habitat immobilier à moyen terme (2 à 10 ans).
RAPPORT FINAL Page 55
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Un tel montage institutionnel exige une forte coordination pour que les contributions de toutes
ces administrations soient disponibles en qualité, quantité et temps, pour concourir efficacement
au développement du secteur urbain.
Les enquêtes ECAM2 et ECAM3 montrent que, depuis le début des années 2000, les effectifs de
ménages, et donc de logements occupés, se sont accrus en moyenne de près de 23 000 unités
par an à Yaoundé, de 26 000 à Douala et de 18 700 pour l’ensemble des autres villes de 50 000
habitants et plus. Les données issues du 3ème RGPH montrent qu’entre novembre 2005 et janvier
2010, la population urbaine est passée de 8 514 938 à 10 091 172 personnes dont près de 72%
dans les villes d’au moins 50 000 habitants (soit une augmentation de plus de 200 000 ménages
dans ces villes en quatre ans), avec pour effet une forte pression sur les espaces périurbains, et la
densification de l’occupation du sol dans les quartiers pauvres.
Selon les données de l’ECAM3, 36% des ménages à Douala et 24% à Yaoundé étaient
propriétaires de leurs logements23 en 2007. Pour les ménages pauvres de ces villes, les
proportions sont respectivement de 64% et 30%, mais une grande majorité d’entre eux habite
dans des conditions de précarité, sans titre foncier, dans des habitations en matériaux précaires,
et sans accès aux services de base. Seul un propriétaire de logement urbain sur trois possède un
titre foncier (EESI 2005).
Le statut dominant en milieu urbain est donc la location. La proportion des locataires est
nettement plus élevée parmi les ménages non pauvres à Douala, qui ont accès à une offre
diversifiée incluant le parc de la SIC et de la location de standing, trop chers pour les ménages
pauvres. Les résultats de l’ECAM3 reflètent des conditions d’habitat largement déficientes pour
les ménages les plus pauvres, et plus globalement le déficit qualitatif du parc urbain.
Plusieurs sous-composantes interagissent pour assurer une bonne mobilité urbaine. Il s’agit
essentiellement des moyens de transport, des infrastructures et de leur gestion et de la capacité
de pilotage pour assurer une bonne coordination de l’ensemble des interventions dans ce
secteur, et un cadre institutionnel approprié. Ces interactions peuvent être schématisées dans la
figure 3.
TRANSPORTS
URBAINS
CADRE INSTITUTIONNEL ET
REGLEMENTAIRE DES FISCALITE ET FINANCEMENT DU
TRANSPORTS URBAINS SECTEUR
23 Il est difficile de tirer des conclusions sur l’articulation entre niveau de revenu et statut d’occupation (propriétaire
ou locataire), les deux villes faisant apparaître des situations très contrastées.
RAPPORT FINAL Page 57
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Légende : Les flèches pleines sont relatives à ce qui peut être considéré comme les éléments
essentiels des transports urbains, du point de vue de l’administration chargée du développement
urbain. Les flèches en pointillés schématisent les contributions des administrations chargées de la
réglementation et des finances, au développement et au fonctionnement des transports urbains.
Les seules données disponibles sont celles des enquêtes camerounaises auprès des ménages
(ECAM 1, 2 et 3 de 1996, 2001 et 2007) conduites par l’INS pour suivre l’évolution des conditions
de vie des ménages. Elles indiquent que la route constitue, après l’emploi et le niveau des
revenus, la première demande des populations, quel que soit leur niveau de vie. Mais ces
enquêtes restent trop générales pour préciser et évaluer la demande de transport urbain, dans
les principales villes tout au moins. Les communautés urbaines de Yaoundé et Douala disposent
de systèmes d’information géographiques, mais qui sont insuffisamment renseignés. La demande
en matière de transports urbains est donc très mal connue.
Infrastructures
individuelle)
Moyens de transport
Sur la base des données du 3ème RGPH, les ménages urbains étaient estimés à près de 1.400.000
en janvier 2010 pour une population de 7,2 millions (un ménage urbain compte en moyenne 5,2
personnes) dans les villes d’au moins 50 000 habitants. La population urbaine effectuait en 1983
en moyenne 1,1 déplacement par personne/jour (selon les études du SDAU de Douala). Même
avec cette moyenne de 1983, dans les villes de Yaoundé et Douala, l'on pourrait actuellement
estimer à près de 5 000 000 le nombre total de déplacements journaliers.
La possession d'un véhicule est un phénomène marginal dans les villes camerounaises. Selon
l'étude CAVIE-2002, seulement 11% des ménages à Douala et 12% à Yaoundé disposent d'une
voiture. Le taux de possession d'une moto ou d'une bicyclette est de 4% à Yaoundé et 5% à
Douala. Ainsi la voiture particulière n'assurerait que 13% environ des déplacements.
La demande est contrainte essentiellement par le coût. Le coût de transport est en effet très
différent suivant les services de transport. Plusieurs études sur Douala (Pauvreté et Mobilité
Urbaine-2003, SDAU, SITRASS-2004) montrent que les ménages pauvres consacrent plus du
cinquième de leur budget pour assurer leur mobilité quotidienne. Sachant que le seuil de
pauvreté se situe à 738 FCFA par jour et par adulte, la dépense de transport se situerait à environ
150 FCFA par jour. Ce montant est largement insuffisant pour permettre à cette population
d’accéder aux transports collectifs. En effet, dans une ville comme Yaoundé ou Douala, le fait de
se rendre de son domicile à son lieu de travail induit une dépense minimale de 400 FCFA en taxis
collectifs (2 taxis) et de 300 FCFA en bus (2 voyages).
L’analyse de l’offre de transports urbains s’est faite suivant les infrastructures et les moyens de
transport.
Infrastructures
Le linéaire total des réseaux de voirie urbaine du Cameroun est mal connu. Il est estimé à 2700
kms. Ce défaut d’information est dû à la fois à l’absence de lisibilité des limites respectives des
missions qui sont dévolues aux différents intervenants, et à l’absence d’une hiérarchisation et
d’une classification des voies (Image 6).
On retrouve ainsi des voies construites et parfois entretenues par l'Etat24 (traversées urbaines de
routes nationales, boulevards urbains et voies rapides urbaines), et des voies secondaires
construites et entretenues à la fois par l'Etat et les communes.
Les quelques données existantes sont donc parcellaires. Seuls les réseaux primaires et
secondaires des villes de Douala et de Yaoundé ont fait l’objet d’une évaluation25.
Le tableau ci-après donne les longueurs des réseaux de voirie connues.
Villes
Type d’infrastructure Yaoundé Douala Buea Limbe Edéa Kumba
Voies revêtues 420 414 63 39 15 16
Voies et terre 780 1830 149 320 20 107
Total routes 1 200 2 244 212 359 35 123
Sources : CU et Délégations Régionales du MINDUH (données de 2010)
24
Par Etat, il faut entendre plusieurs départements ministériels qui entre eux n'ont pas défini non plus un régime de
responsabilités sur les voiries concernées.
25
Elaboration de la stratégie d’entretien de la voirie de la ville de Douala », BCEOM/SCET-
CAMEROUN/SCETAUROUTE, Mars 2006,
RAPPORT FINAL Page 60
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
les activités de la ville sont concentrées le long des axes routiers revêtus, dans les parties
de la ville où le maillage de ce réseau est le plus important c'est-à-dire dans le centre-ville
et sur les pénétrantes ;
de 1 830 km de voiries non revêtues souvent dégradées et peu praticables car, lors de la
saison des pluies, les fortes précipitations suffisent à anéantir les mesures de restauration
au fur et à mesure qu'elles sont réalisées. Ces voiries non revêtues desservent l'ensemble
des quartiers populaires de la ville dont certains particulièrement denses (Oyak,
Nkololoun, Bonanloka). Les quartiers résidentiels de Bonassama dans l’arrondissement de
Douala 4è (Bonabéri) ne bénéficient pas de réseaux revêtus non plus.
Globalement, tous modes confondus, les charges de trafic sur ce réseau revêtu sont très élevées
puisque nettement supérieures à 20 000 véh/jour et atteignant jusqu'à 71 500 véh/jour dans le
secteur du carrefour Agip. Ces charges sont particulièrement élevées pour un milieu urbain et
pour des axes où la circulation se fait réellement sur une chaussée à une voie et demie par sens.
Malgré les importantes largeurs, l'encombrement général des chaussées réduit les espaces
disponibles pour la circulation routière, et les carrefours sont fortement saturés.
Cet important niveau de charge du trafic est également dû à un nombre élevé de deux-roues
(deux-roues motorisés pour la plupart et quelques pousse-pousse), qui représentent entre 35%
et 60% du trafic sur les pénétrantes du centre, et jusqu'à 75% du trafic en section dans le centre.
Ce sont essentiellement les "Bendskins"26 qui fonctionnent comme des taxis individuels et
concurrencent les transports publics classiques.
Ainsi, le trafic en accès à la ville de Douala atteint globalement 55 000 véhicules/jour (trafic en
entrée et sortie de la ville par les pénétrantes Est et Ouest principalement et par l'ancienne route
de Yaoundé). Avec les hypothèses d'occupation des véhicules, ces 55 000 véh/jour assurent
environ 260 000 déplacements de personnes/jour, alors que le trafic en accès au centre-ville par
les axes structurants (revêtus et d'importance) s'élève à environ 355 000 véhicules/jours qui
assurent environ 1,05 million de déplacements de personnes/jour.
Par rapport à la population dans les deux plus grandes villes, le linéaire des voies est près de
quatre fois plus important à Douala qu’à Yaoundé (tableau 12).
Quantités
Type d’infrastructure
Yaoundé Douala Autres
Routes bitumées 240 m pour 1000 habts 220 m pour 1000 habts
Routes non revêtues 200 m pour 1000 habts 970 m pour 1000 habts
Total routes 440 m pour 1000 habts 1190 m pour 1000
habts
Sources : Communautés Urbaines de Douala et Yaoundé
Moyens de transport
Les seules données disponibles en matière de répartition du marché des services de transport
concernent la ville de Douala où les enquêtes réalisées dans le cadre de la préparation de la
stratégie de développement de la ville de Douala ont permis de dégager les éléments suivants :
les bus et minibus (formels et informels) assurent, avec 2% seulement, une part dérisoire
du trafic en accès au centre, mais permettent 25% des déplacements de personnes/jour
sur ces axes27 ;
les taxis assurent 18% du trafic et 21% des déplacements en accès au centre ;
les mototaxis assurent 59% du trafic mais moins de 40% des déplacements en accès au
centre.
Les différents modes qui constituent l’offre de transport sont récapitulés dans le tableau ci-
dessous qui précise les avantages et les inconvénients en regard des objectifs définis dans la
section 4 ci-dessus, sans tenir compte de l’existence des infrastructures nécessaires.
Le transport urbain (notamment par moto) offre nombre d’emplois peu qualifiés, accessibles aux
pauvres (on estimait à 45 000 les emplois directs dans les transports collectifs urbains à Douala
en 2004). Toutefois, les conditions de travail apparaissent difficiles.
Les éléments qui caractérisent l’offre de chaque type de transport sont détaillés ci-après.
Le tableau ci-dessous récapitule les données relatives aux deux sociétés de bus qui opèrent dans
ces deux villes :
programme semble trop ambitieux. La société a acquis, en mai 2009, une soixantaine de bus, ce
qui permet de pratiquement doubler le parc, mais on reste loin des objectifs de départ. Il est
vraisemblable que les décalages entre la réalité et les prévisions de développement résultent des
contraintes liées aux caractéristiques insuffisantes des infrastructures sur les itinéraires concédés
ou susceptibles d’être exploités.
A Yaoundé, la société LE BUS est une société d’économie mixte à capitaux majoritairement
privés, avec participation de l’Etat (à travers la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures
– CSPH) et de la CUY. Elle a bénéficié d’un appui des pouvoirs publics sous forme
d’aménagements divers de la voirie et de mise à disposition de l’ancienne base SOTUC.
On dispose de peu de données concernant cette société et ses activités. Toutefois, le nombre de
bus pour 100 000 habitants serait légèrement supérieur à celui de Douala et les taux de
remplissage et les fréquences se situeraient globalement au même niveau qu’à Douala.
Dans les autres villes, il n’existe pas de société de transport collectif, et donc aucune offre pour
le mode de transport par bus.
Le transport par bus est l’offre qui permet le mieux de répondre aux objectifs en termes de
qualité du cadre de vie du point de vue de l’environnement. C’est en effet le type de transport
qui consomme le moins d’énergie et qui émet le moins de gaz polluant par passager et qui
génère le moins de congestion de trafic. C’est également celle qui offre la meilleure qualité en
termes de confort (protection contre les intempéries) et en termes de sécurité et de coûts.
A Douala et Yaoundé, les minibus et «cargos» ont un mode d'exploitation particulier : points de
chargement fixes et desserte en ligne des quartiers éloignés à partir du centre. La capacité des
minibus est inférieure à 30 passagers par véhicule. Les cargos sont des véhicules de transport de
marchandises adapté au transport de personnes pour permettre une plus grande capacité que le
minibus.
Ce mode de transport, qui est en mesure de contribuer efficacement à améliorer les conditions
de mobilité urbaine, répond moins bien que le transport pas bus aux objectifs sectoriels en
termes de qualité du cadre de vie du point de vue de l’environnement : il est plus consommateur
d’énergie et plus polluant notamment du fait de la vétusté des véhicules et des encombrements
qu’il génère. Il offre à peu près le même niveau de confort que le transport par bus mais des
conditions de sécurité plus faible en raison de la vétusté des véhicules et de la généralisation de
la surcharge.
En revanche, c’est un mode de transport moins exigeant en termes d’infrastructure car il peut
s’accommoder des voiries bitumées en état moyen et des voiries en terre en bon état. Ce mode
assure donc une bien meilleure qualité de service en termes de couverture géographique et de
proximité de desserte. Etant plus souple et plus léger, il est plus à même que le bus de s’adapter
à la demande en termes de quantité et de fréquence. C’est la raison pour laquelle il assure, par
rapport aux bus, une bien meilleure desserte des quartiers périphériques et des quartiers sous-
équipés à Douala et Yaoundé.
28
Sources : Rapport de l’étude «Pauvreté et mobilité urbaine à Douala» réalisée par le SITRASS, 2004.
RAPPORT FINAL Page 64
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Le tarif de transport par minibus et par bus est officiellement le même (150 FCFA), quelle que soit
la longueur de la ligne. Cependant, dans la pratique, les tarifs réels de transport par taxis et
minibus sont un compromis par rapport à la propension à payer des usagers. Ce mode de
transport est donc en mesure, comme les mototaxis, d’adapter ses tarifs à la capacité financière
de la clientèle. Cependant, comme le bus, le minibus va nécessiter en général la connexion avec
un autre mode de transport et il est de ce fait plus cher et plus consommateur de temps que les
mototaxis.
A Douala, l’arrivée de la SOCATUR avait conduit à une restructuration de l’offre des minibus et
cargos. Depuis que les pouvoirs publics ont accordé à la SOCATUR l'exclusivité de l'exploitation
des véhicules de plus de 30 places, l'offre de minibus en ville s’est accrue et les cargos se sont
repliés dans des zones périphériques de la ville. Leur nombre actuel à Douala est de 300-400
véhicules, avec un millier d’emplois directs.
Les taxis constituent le plus ancien mode de transport urbain réglementé au Cameroun : ce sont
des véhicules de 5 places peints en jaune et affichant un numéro aux portières avant. En général,
chaque véhicule est exploité par deux conducteurs qui se répartissent le travail en fonction des
périodes de la journée, des jours dans la semaine ou tout simplement des besoins de repos de
chacun. Leur nombre est estimé à 12 000 pour un parc de 6 000 à 7 000 véhicules pour la ville de
Douala, soit environ 3 véhicules pour 1 000 habitants.
Il n’y a généralement pas de liaison fixe, les taxis roulant au gré de la clientèle et des choix du
conducteur. Mais les chauffeurs peuvent privilégier certaines dessertes et s’y cantonner durant
tout ou partie du service quotidien : on voit alors se former des têtes de ligne pour ces dessertes.
Les véhicules utilisés sont des véhicules d’occasion importés d’Europe et qui se détériorent
d’autant plus facilement que la voirie est fortement dégradée. Les opérateurs de taxi doivent
«sacrifier» les vieux véhicules à la desserte des quartiers difficiles d’accès ou abandonner ce
terrain aux transporteurs clandestins.
Les avantages et les inconvénients de ce mode de transport pour les usagers sont similaires à
ceux des minibus avec toutefois une plus grande souplesse dans la desserte et les fréquences de
passage. Il s’avère cependant globalement plus cher et plus polluant.
Lorsqu’ils fonctionnent en mode collectif («ramassage»), le tarif de base est fixé à 200 FCFA à
Douala et Yaoundé et 150 FCFA dans les autres villes. Mais, dans la réalité, ce prix peut être
négocié avant l’embarquement. L’extension urbaine et le développement des embouteillages les
poussent à pratiquer un sectionnement des parcours.
Les opérateurs affirment que l’activité n’est plus aussi rentable qu’avant et en veulent pour
preuve la réduction importante du parc de taxis. Ceci s’expliquerait par des coûts d’exploitation
élevés du fait de la dégradation des voies et les tracasseries policières. Certains taximen se
seraient reconvertis en conducteurs de mototaxis pour échapper à ces tracasseries.
Les mototaxis ont fait leur apparition à Douala au début des années 1990 et leur nombre n’a
cessé d’augmenter depuis. Estimés à près de 10 000 en 1997 (Godard, Ngabmen, 2002), leur
nombre a été évalué à 22 000 en 2004 par le SITRASS (pour 30 000 emplois directs environ). Il
aurait au moins doublé depuis lors. Des usines de montage de motos de petite cylindrée se sont
développées dans la ville pour répondre à cet important marché. L’activité est surtout le fait de
jeunes déscolarisés ou d’anciens taximen et autres chauffeurs.
Ses avantages propres permettent à ce mode d’être le plus performant du point de vue de
l’amélioration de la mobilité à moindre coût au sens de la durée et de la souplesse des
déplacements. Son coût très faible et l’absence de connexion le rendent beaucoup plus
accessible aux plus pauvres que le transport collectif ou semi collectif.
De l’avis des opérateurs, les motos taxis doivent essentiellement leur essor au fait qu’ils peuvent
accéder à des endroits inaccessibles aux quatre roues, à leur faible coût (tarif de base de 100
FCFA, inférieur à celui des taxis) ainsi qu’au développement des embouteillages qui les rendent
plus rapides que les autres modes de transport aux heures de pointe.
Cependant, ces avantages ne doivent pas masquer les nombreux griefs à leur endroit du point de
vue de la sécurité et de l’environnement : i) la conduite imprudente, voire dangereuse, à
l’origine de multiples accidents, ii) les accidents sont souvent très graves dans la mesure où les
passagers des motos taxis ne sont pas protégés comme dans les véhicules carrossées et, de
surcroît, ne portent pas de casque, iii) les motos utilisées sont en général équipées de moteurs 2
temps très polluants et, iv) du fait que ces véhicules ne transportent au plus que 2 passagers, la
consommation et les émissions de gaz par déplacement individuel sont plus élevés qu’avec les
autres modes. Le coût collectif de ce mode de transport est donc élevé bien qu’il soit
financièrement le plus avantageux du point de l’usager.
Ce mode est en plein développement dans la plupart des villes, mais cette évolution se traduit
par une concurrence qui tend à réduire de plus en plus la place des autres modes de transports
plus chers et plus rigides. La réglementation appliquée depuis le 1 er juillet 2009 limite leur
périmètre d’intervention aux zones périurbaines et rurales de Yaoundé et Douala, mais son
application est particulièrement difficile.
Ce sont, pour la plupart, des véhicules en très mauvais état que les propriétaires affectent aux
dessertes de zones très enclavées du fait de l'état des infrastructures. Ces véhicules sont en
général non affiliés aux syndicats existants. Il y aurait environ 200 véhicules de ce type à Douala
(probablement autant sinon plus à Yaoundé), pour 200 à 300 emplois directs. Mais, à côté de
ceux-ci, on trouve aussi des particuliers qui utilisent leur véhicule personnel pour faire du
transport dans la ville. Leur nombre, impossible à évaluer, fluctue toutefois beaucoup en fonction
de l’intensité des contrôles de police. Cette offre est négligeable par rapport à celle des autres
modes.
La demande (ou le besoin) concerne le financement public qui doit couvrir le développement,
l’entretien et la gestion des infrastructures urbaines de transport.
Les données concernant les coûts de la construction et d’entretien des voiries de différents types
sont fonction des caractéristiques techniques. Ces coûts sont en moyenne de l’ordre de :
650 millions par km pour la construction de voies revêtues
400 millions par km pour leur réhabilitation
200 millions par km pour l’entretien périodique des chaussées revêtues à réaliser tous les
15 ans
100 millions au km pour la construction des voies non revêtues avec drainage
40 millions par km pour l’entretien périodique de leur couche de roulement tous les 5 ans
40 millions par km tous les 5 ans pour l’entretien périodique des voies non revêtues.
Sur ces bases on peut grossièrement estimer le besoin annuel en investissement à un total de 55
milliards de FCFA par an pour les seules villes de Yaoundé et de Douala se décomposant comme
suit :
21 milliards pour l’extension du réseau bitumé
6 milliards pour l’extension du réseau non revêtu
11 milliards pour l’entretien périodique du réseau revêtu
17 milliards par an pour l’entretien périodique des voies non revêtues
En ce qui concerne le financement des moyens de transport, il est en premier lieu du ressort du
secteur privé qui assure l’acquisition et l’entretien du parc depuis que le secteur a été
entièrement libéralisé en 1995. Cependant, des financements publics sont encore requis, d’une
part lorsque l’Etat est actionnaire de sociétés de transports et, d’autre part, lorsque des
orientations stratégiques nécessitent des interventions directes sous forme de subvention ou
indirectes sous forme d’allègements fiscaux (par exemple pour encourager l’acquisition de
certains véhicules ou privilégier certains modes de transport).
Investissements. Les données sur l’offre de financement sont récapitulées ci-dessous et sont
relatives d’une part aux différentes dotations budgétaires des années 2000 à 2008, et des
financements effectivement décaissés, eu égard aux travaux exécutés ou en cours d’exécution.
Le tableau ci-après ressort les prévisions budgétaires successives des Ministères qui ont été en
charge des infrastructures urbaines pendant la période sus indiquée.
99-00 2,3 -
00-01 2,508 -
01-févr 14,858 -
Il est important de souligner que certains travaux majeurs réalisés par les Communautés urbaines
de Yaoundé et de Douala ont été réalisés sur financement du MINDUH.
La plupart des investissements ont été réalisés dans les villes de Douala et de Yaoundé. A titre
d’exemple :
- Pour l’année 2005 : les investissements réalisés sont allés pour l’essentiel sur Yaoundé
(60%) et Douala (33%). 75 kms de voiries ont été réhabilités dont 21 km à Yaoundé.
- Pour l’année 2007 : la ville de Douala a bénéficié sur les financements PPTE à elle
seule de la somme de 9 368 066 595 FCFA, soit de 74,94% du budget disponible.
- Les projets structurants de l’année 2007 financés sur ressources C2D30 ont été répartis
de la façon suivante : Douala : 29,827 milliards de FCFA et Yaoundé 12,6 milliards de
FCFA. Les fonds PPTE affectés et utilisés pour l’ensemble des autres villes sont évalués
à 7,450 milliards de FCFA.
Les financements accordés par le FEICOM aux communes des années 1979 à 2000 se sont élevés
au total à 2,8 milliards dont seulement 500 millions pour les villes autres que Yaoundé et Douala.
La convention a permis à l’Etat de s’engager à verser dans le CEV entre 2006 et 2011 une somme
totale de 5 292 350 376 FCFA en 60 mensualités de 88 205 839 FCFA, et le programme C2D a
permis de conforter ce compte par une allocation de 404 000 000 de FCFA. Les montants
traduisant les 15% à verser par la CUD ne sont pas disponibles.
L’audit du Compte d’Entretien Voiries de la CUY (effectué par le Cabinet BEKOLO and PARTNERS)
a permis d’établir les répartitions ci après :
Le tableau suivant présente l’évolution des ressources d’entretien affectées à la voirie urbaine
depuis 2003 (en millions de FCFA).
Tableau 17 : Evolution des ressources d’entretien affectées à la voirie urbaine (Millions de FCFA)
Les opérateurs privés de transport sont également limités dans leurs moyens. Les entreprises de
transport restent pour la plupart de petite taille. Elles fonctionnent avec des fonds de roulement
insuffisants.
S'agissant de la SOCATUR, elle a bénéficié d’un prêt d’assurance CHANAS pour l’acquisition de 80
bus auprès de la RATP et d’une entrée dans son capital de la Communauté Urbaine de Douala.
Quant à la société LE BUS, elle fonctionne sur fonds propre. L’Etat a néanmoins concédé à cette
structure le siège de la défunte SOTUC.
1 - La demande et l’offre
Le développement du secteur privé urbain est un enjeu important pour le Cameroun tant en ce
qui concerne la création d'emplois que la croissance économique, notamment dans la branche
BTP.
La demande
La demande de travaux et prestations diverses dans le secteur privé urbain émane des acteurs
des différents secteurs :
L’offre de services de ce secteur est très importante, puisqu’elle satisfait (au plan quantitatif) la
forte demande de l’habitat populaire qui se fait, pour l’essentiel, en autopromotion. Elle présente
comme principal avantage d’être moins coûteuse (leur prix est généralement deux fois inférieur à
celui d’une PME camerounaise et trois fois inférieur à celui d’une grosse entreprise expatriée).
L’effectif des artisans a augmenté entre 1996 et 2001, passant de 79 700 à 99 30031.
Il s’agit d’artisans qui travaillent en indépendant et sont en général non déclarés. Ces tâcherons
interviennent dans l’ensemble des activités de construction, en dehors de quelques corps d’état
spécialisés qu’ils sous-traitent à d’autres artisans plus ou moins spécialisés. En général, ils
interviennent sans contrat formel avec le maître d’ouvrage, et sont rémunérés à l’avancement
des travaux (par tranche de travaux achevés). L’artisanat de la construction inclut les maçons,
aides maçons, plombiers, électriciens, charpentiers, etc.
Les sociétés artisanales de production des filières bâtiment et terre, concernent divers corps de
métiers tels que la briqueterie, la tuilerie et la fabrication d’agglomérés (banco, terre stabilisée),
la taille des pierres, le ferraillage, et la maçonnerie.
La rémunération
Le revenu mensuel moyen des actifs du secteur informel est de 29 600 FCFA (inférieur au
minimum officiel fixé à 30 000 FCFA). Il est de 43 500 FCFA à Douala et de 63 400 FCFA à
Yaoundé.
La formation
La formation par compagnonnage et l’apprentissage sont largement dominants. En effet, la
quasi-totalité des artisans ont appris leur métier sur le tas dans les ateliers d’autres artisans.
D’une manière générale, la formation scolaire des artisans est insuffisante (sans diplôme : 18%,
diplômés du primaire : 35%, diplômés du secondaire 38%, diplômés du supérieur : 9%).
Les données récentes concernant la formation des ouvriers sont rares, mais une enquête menée
en 1990 dans le cadre de l’Espace-Métiers, faisait apparaître que si 44% des menuisiers
métalliques, 60% des électriciens du bâtiment et 55% des peintres vitriers avaient suivi au moins
le niveau du 1er cycle de l’enseignement secondaire général, 60% des électriciens, 88% des
peintres vitriers et plus de la moitié des menuisiers métalliques n’avaient pas suivi de formation
professionnelle autre que la formation sur le tas ou l’apprentissage.
Bien que ces données soient relativement anciennes, il est peu probable que le personnel qualifié
dépasse 10% de l’effectif, puisque la branche a certainement accueilli, depuis 1990, des hordes
de sans emplois sans références dans les métiers concernés.
31
Sources : Diagnostic du secteur des PMEESA, y compris les données sur la rémunération et la formation
RAPPORT FINAL Page 71
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Cette situation est d’autant plus surprenante que de nombreux établissements scolaires publics
et privés (Sections artisanales rurales, collèges d’enseignement technique et lycées techniques)
existent depuis des dizaines d’années, répartis sur l’ensemble du territoire, qui délivrent des
diplômes de niveau CAP, BEP et Baccalauréat de l’enseignement technique. Il apparaît donc
probable que les diplômés de l’enseignement technique s’orientent principalement vers d’autres
branches d’activités ou le secteur formel (PME), laissant le secteur artisanal à des personnes sans
qualification, dont la formation ne peut se faire que par «rattrapage». Les formations sur le tas
réellement suivies sont celles délivrées par le biais du Fonds National de l’Emploi et des OSC.
L’une des faiblesses de l’artisanat est l’inorganisation des artisans qui constitue un réel handicap
à leur promotion. Cette inorganisation est le fait de :
- l’individualisme très marqué des artisans ;
- la méconnaissance de la réglementation et de l’importance de l’artisanat par le public ;
- l’insuffisance des actions d’appui de la part de l’Etat ;
- l’absence de synergie entre les institutions étatiques et les ONG d’appui ;
- l’inefficacité des structures de représentation des artisans récemment mises en place ;
- la faible connaissance du volume des activités artisanales.
Dans l’ensemble, le principal constat que l’on peut faire de l’artisanat de la construction c’est
que, malgré une contribution importante en quantité, la production de la branche est largement
insuffisante en qualité. L’offre de cette branche d’activités se caractérise globalement par une
mauvaise qualité des réalisations :
le non respect de la réglementation (reculs, etc.) ;
de fréquentes erreurs de conception, notamment en ce qui concerne l’implantation des
bâtiments, la réalisation des ouvertures ;
des problèmes de dimensionnement : surdimensionnements (en particulier des parties en
béton) entraînant des accroissements inutiles des coûts de construction, ou sous-
dimensionnement (charpentes bois par exemple) avec des risques au plan de la sécurité,
etc. ;
de nombreuses erreurs de construction, en particulier en ce qui concerne les escaliers, les
descentes des sanitaires, l’électricité, la plomberie, etc. ;
le non respect des normes de sécurité aussi bien pour les travailleurs que pour les
ouvrages eux-mêmes.
- Ordre National des Architectes : 231 inscrits dont 71 exerçant en clientèle privée ;
- Ordre National des Géomètres : 37 inscrits dont 20 exerçant en clientèle privée ;
- Ordre National des Ingénieurs de Génie Civil (ONIGC) : 453 inscrits ;
- Chambre des Notaires.
Cependant, en dehors de l’ONIGC et de la Chambre des Notaires (qui est un maillon très
important dans la régulation du marché foncier), ces Ordres ont du mal à fonctionner et donc à
contrôler véritablement l’exercice de leur profession à cause :
- de la méconnaissance de ces professions par le grand public ;
- de l’insuffisance d’encadrement des tutelles techniques ;
- de l’empiétement du domaine de compétences par d’autres professions et
- de certains blocages réglementaires.
En ce qui concerne le calcul des honoraires, le décret du 7 janvier 1958 (revu par le décret 77/468
du 15 novembre 1977) fixe les honoraires des architectes, et le décret n°95/038 du 25 février
1995 le tarif des actes notariés.
Bien que difficile à estimer, la demande pour ces différents corps de métier, pour les architectes
et géomètres tout au moins, apparaît d’évidence importante, en raison du fort potentiel en
termes de construction de logements, avec ses corollaires que sont l’aménagement de parcelles
et le bornage des terrains. D’une manière générale, les conditions dans lesquelles ces professions
sont exercées sont difficiles à cerner.
Les géomètres interviennent dans les opérations de bornage et d’aménagement. Parfois ils se
substituent aux urbanistes pour réaliser entièrement des opérations de lotissement.
Les services d’urbanistes sont peu sollicités en dépit de l’existence des textes. Du fait de la
faiblesse de l’offre, de nombreux urbanistes sont sans attache professionnelle, et les six encore
installés en clientèle privée exercent en même temps d’autres métiers.
En ce qui concerne les architectes, la demande privée de leurs services pour les logements
individuels reste faible du fait du laxisme dans le contrôle du permis de construire. Par
conséquent, la plupart des architectes ne trouvent à s’employer que dans le secteur public.
2.4 – Les ingénieurs de génie civil et les Bureaux d’Etude Techniques (BET)
Regroupés au sein de L’ONIGC crée par la loi n°2000/09 du 13 juillet 2000, cet Ordre a concentré
ses activités sur la tenue du fichier des inscrits au Tableau de l’Ordre.
Les Bureaux d’Etudes Techniques interviennent surtout dans le contrôle des travaux routiers, et
très peu exercent dans les études techniques de bâtiments, qui sont surtout l’apanage
d’individuels. Vingt et quatre des plus importants Bureaux d’Etudes Techniques du Cameroun
regroupés au sein de l’Association Professionnelle des Ingénieurs conseils et Sociétés d’Ingénierie
du Cameroun (API-CAM) opèrent dans les domaines des études et contrôles dans le secteur des
travaux publics (infrastructures routières, bâtiments, VRD, environnement, etc.). Il s’agit pour la
plupart d’entreprises de 15 à 60 personnes, avec des chiffres d’affaires qui se situent entre 450
RAPPORT FINAL Page 73
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
millions et 7 milliards de FCFA. Selon l’APICAM, la part de la commande de l’Etat dans ce chiffre
d’affaires est d’environ 70%. Le reste revenant aux CTD (20%) et les autres demandeurs (10%),
essentiellement les grandes sociétés privées.
Deux sociétés assurent le Transport collectif à Yaoundé à Douala. Elles ont été mises en place
avec l’appui du secteur public et emploient 300 à 400 personnes chacune. Elles comptent
globalement une centaine de bus.
Les facilités accordées par le secteur public sont relatives à :
l’aménagement des arrêts bus et divers travaux d’aménagement de la voirie à Yaoundé,
afin d’améliorer les conditions d’exploitation de la société «Le Bus» ;
un régime fiscal et douanier à Yaoundé également qui prend en compte la spécificité de
l’activité (exonération de la TVA sur le prix facturé et sur les intrants, exonération ou
imposition à taux réduit au titre de droits de douanes pour l’importation des matériels
roulants et pièces de rechange, imposition à taux réduit au titre de l’impôt sur les
sociétés, allocation d’une subvention pour compenser les pertes d’exploitation) ;
la prise de participation de la CUD et des communes d’arrondissement dans le capital de
la SOCATUR à concurrence de 33%.
Les autres opérateurs des transports urbains sont essentiellement les taximen (près de 12 000
personnes au Cameroun dont environ 7 000 dans la ville de Douala), les mototaximen ou
benskineurs (dont le nombre évalué à environ 30 000 en 2004 a certainement plus que doublé à
ce jour), et des transporteurs clandestins (près d 300 emplois directs à Yaoundé et Douala).
L’émergence de véritables professionnels de ce secteur est récente et timide. Cette situation est
principalement due à l’absence d’incitations fiscales en particulier, des problèmes de
financement propres à ces domaines d’activité (difficulté d’accès au crédit promoteur et au crédit
acquéreur, micro crédits).
D’une manière générale, l’habitat urbain (construction et promotion immobilière) est une activité
qui génère des revenus par la création des emplois, et contribue de manière significative à la
croissance économique nationale (tableau 18).
Plusieurs textes portant sur la promotion immobilière et la profession d’agent immobilier ont été
pris, à partir de 1997 (en particulier la loi n°97/003 du 10 janvier 1997 relative à la promotion
immobilière, et la loi n°2001/020 du 18 décembre 2001 portant organisation de la profession
d’agent immobilier). Ces textes définissent la nature des opérations susceptibles d’être
accompagnées par les pouvoirs publics, les conditions d’accès à la profession (agrément) et les
avantages consacrés aux promoteurs agréés (mise à disposition du foncier, octroi du financement
direct ou de facilités fiscales, prise en charge totale ou partielle des infrastructures d’approche).
En application des dispositions législatives et réglementaires, 26 opérateurs avaient reçu un
agrément au 11 mai 2010 (et sont donc autorisés à faire de la promotion immobilière), et 18
agents immobiliers étaient agréés au 31 mars 2010.
Toutefois, ce statut ne leur a donné droit à aucun avantage qui puisse les orienter vers l’habitat
social, les incitations fiscales prévues pour être inscrites dans la Loi de Finances n’ayant jamais
été votées. Il faut également noter que les «normes d’habitat social» définies par les textes
apparaissent difficilement applicables. Par exemple, les niveaux de revenus plafonds prévus n’ont
jamais été fixés, et les normes techniques apparaissent rigides, puisqu’elles limitent les
possibilités (par exemple, pas de logement en état d’achèvement).
Signalons que l’Etat, à travers le MINDUH, apporte un appui aux promoteurs privés disposant
d’un programme d’habitat social. Les promoteurs doivent alors transmettre au MINDUH un
dossier présentant leur projet, dossier qui est ensuite soumis à l’examen de la Commission
d’Eligibilité aux programmes d’Habitat Social. En cas d’avis favorable, la commission définit le
type et la nature de l’appui que l’Etat peut apporter au programme : réalisation des
infrastructures d’approche (construction de voiries secondaires et tertiaires), exonération des
taxes fiscales et douanières (pour ce dernier cas, le promoteur doit faire une demande
d’éligibilité de son projet au programme structurant), etc.
Le principal opérateur est une société privée (HYSACAM), qui est sous contrat avec les
communautés urbaines de Douala et Yaoundé, ainsi que neuf villes secondaires (Bafoussam,
Maroua, Garoua, Ngaoundéré, Kribi, Limbe, Edéa, Bangangté et Bangou). Tous ces contrats sont
subventionnés par l’Etat. La société emploie 3 000 personnes et traite environ 5 000 tonnes de
déchets par jour. Elle est soumise à tous les impôts et taxes, sans avantage particulier.
On dénombre quelques petits opérateurs de pré-collecte opérant dans les villes de Yaoundé,
Douala, et Bafoussam, offrant une cinquantaine d’emplois. L’assainissement des eaux usées est
assuré par une soixantaine de sociétés privées de vidange à Douala et Yaoundé. Les autres villes
n’en sont pas dotées. Cette profession n’est pas organisée.
En ce qui concerne l’eau potable, la SNEC, société parapublique, assurait la gestion du réseau
grâce à une convention d'affermage. Les investissements étaient réalisés par l'Etat, et la SNEC en
assurait l'entretien ainsi que les investissements nécessaires à la distribution. En 2006, cette
société avait un chiffre d’affaires de 32 425 millions de FCFA, avec une valeur ajoutée de 13 672
millions de FCFA32. Le processus de privatisation de la SNEC a abouti en décembre 2007 à sa
disparition, avec création de deux nouvelles sociétés :
La CAMWATER, société à capitaux publics, chargée, pour le compte de l’Etat, des biens et
droits affectés au service public de l’eau potable en milieu urbain et périurbain. Elle
prévoit d’investir 300 milliards de FCA dans les dix prochaines années qui permettront à la
Camerounaise Des Eaux (CDE) de réaliser 50 00033 branchements au profit de couches
défavorisées, l’objectif étant d’accroître de 18% le nombre d’abonnés au réseau.
La Camerounaise Des Eaux (CDE), société privée qui gère (en monopole) le service de
l’eau, emploie 2 283 personnes et a investi 7,5 milliards de FCFA.
Bien que la loi offre la possibilité à d’autres investisseurs de produire leur électricité, depuis 2007,
AES-SONEL reste en situation de monopole dans son secteur.
32
Source : Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic.
33
Source : Site web de la CDE, y compris pour les branchements, le nombre d’abonnés, et les investissements
34
Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, y compris les données pour
CAMTEL.
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Quelques données sur ces trois opérateurs pour 2008 sont récapitulés ci-après (tableau 19)
3 - Rôle de l’Etat
Le rôle de l’Etat en vue de faciliter l’exercice des métiers urbains peut être apprécié à travers
l’organisation mise en place (réglementation et institutions), les facilités prévues en matière
fiscale et de financement, et les appuis à la formation dans les métiers concernés.
Ces lois fixent les conditions d’accès aux professions (agrément) et d’exercice et, pour certaines,
fixent le champ de compétence. Ainsi, la nouvelle loi sur les architectes rend le recours à ceux-ci
obligatoire pour toute construction d’une superficie au moins égale à 400m 2, et la loi de 2004
régissant l’urbanisme au Cameroun exige que les études d’élaboration des documents de
planification urbaine soient faites sous la responsabilité d’un urbaniste agréé, ou exécutées par
un cabinet d’urbanisme agréé. Mais, en réalité ces textes ne favorisent pas particulièrement les
professionnels du secteur privé urbain, puisqu’ils ne sortent pas des dispositions générales du
code du travail. A titre d’exemple, l’accès aux marchés de ces opérateurs est soumis (comme
pour tous les opérateurs économiques en dehors des ONG et GIC qui sont des associations à but
non lucratif) à la réglementation des marchés publics. Par ailleurs, la plupart de ces textes
souffrent d’une insuffisance d’application.
Mais de manière générale, il a été mis en place depuis janvier 2009, le Cameroon Business Forum
(CBF) dont les missions sont : la promotion du dialogue public-privé, l’amélioration du climat des
affaires, le renforcement du secteur privé. Ce dernier a commencé par la mise en place des
réformes dans les domaines de la facilitation des procédures de création d’entreprise et de la
fiscalité.
En ce qui concerne le domaine fiscal, des mesures en vue de la simplification des procédures et
d’un allègement fiscal ont été décidées et partiellement inscrites dans la loi des finances depuis
2008 Il s’agit entre autres de : la suppression des frais d’enregistrement pour la constitution ou
l’augmentation de capital, la suppression de la retenue à la source de l’acompte sur l’impôt, et la
suppression des timbres pour l’enregistrement des actes de constitution ou de prorogation de
sociétés.
D’une manière générale, il n’existe pas de politique de financement des PME (le FOGAPE, seule
structure publique mise en place en 1986 par l’Etat pour pallier ce manquement, a
malheureusement disparu pour mauvaise gestion). Par conséquent, celles-ci accèdent
difficilement aux financements bancaires courants à cause des lourdeurs des garanties exigées.
Les entreprises et les artisans du secteur ont donc fréquemment recours aux sources informelles
et alternatives de financement qui sont :
Le crédit fournisseur basé sur des relations personnelles et du capital de confiance que
créent ou permettent des liens commerciaux classiques entre un entrepreneur et ses
fournisseurs pour une petite entreprise. Des emprunts peuvent aussi être contractés dans
la famille au sens large ;
L'épargne collective (au cours des tontines).
La formation initiale dans le secteur urbain se fait dans les filières disponibles dans des
établissements de formation professionnelle, technique et supérieure. Dans les métiers du BTP,
les effectifs annuels issus des formations initiales de la filière sont évalués à près de 4000. Pour
les métiers de l’urbanisme, l’offre locale en formation est limitée. Il en est de même pour l’offre
de bourses de formation à l’Etranger (environ 2 à 3 étudiants à l’EAMAU de Lomé par an).
Depuis quelques années, les pouvoirs publics tentent de remédier à cette carence à travers : (i)
une professionnalisation plus poussée de l’enseignement secondaire et supérieure
(multiplication de lycées d’enseignement technique, création d’Instituts Supérieurs de
Technologie, de filières spécialisées, d’une faculté de génie industriel et l’augmentation des
effectifs dans les établissements supérieurs et les universités), (ii) l’augmentation de la capacité
d’accueil dans certains établissements (le nombre d’étudiants à l’entrée de l’Ecole Nationale
Supérieure Polytechnique est passé à 300 par an et, (iii) la création d’un Ministère en charge de la
formation professionnelle.
Le processus d’offre de formation continue, s’il s’adapte à court terme à la demande dans le
domaine du BTP, n’est pas opérant dans les métiers de l’urbanisme. Pour les métiers du BTP, le
processus suit six étapes : (i) identification de la demande, (ii) transformation en projet
pédagogique, (iii) recherche d’enseignants qualifiés, (iv) organisation matérielle de la formation,
(v) évaluation de la formation (par les formateurs et bénéficiaires) et (v) révision si nécessaire
pour l’édition suivante (contenu, durée, intervenants).
En ce qui concerne l’apprentissage qui assure la transition entre formation initiale et exercice
professionnel, il est à la discrétion des employeurs et n’est pas véritablement organisé quant à sa
consistance (compagnonnage, apprentissage sur le tas, etc.), à ses objectifs et à sa durée.
Le Programme National de Gouvernance révisé, qui couvre la période 2006-2010, élaboré sur une
base participative et consensuelle et avec la contribution des partenaires au développement, a
identifié prioritairement les actions fortes qui apportent une valeur ajoutée à la politique de
développement économique et social du Cameroun, à savoir :
- Celles qui consolident la fonction de dépositaire de l’intérêt général de l’Etat en
renforçant ce dernier dans son rôle de facilitateur et de régulateur de l’activité
économique et sociale (la réforme administrative, la réforme judiciaire, l’amélioration de
la gestion économique, financière, sociale et environnementale, le renforcement des
capacités du Parlement, la décentralisation, la lutte contre la corruption, la lutte contre
l’insécurité en milieu urbain) ;
- Celles qui améliorent l’environnement des affaires, consolident le partenariat entre le
secteur public et le secteur privé ainsi que la gouvernance d’entreprise ;
- Celles qui améliorent la participation des citoyens et de la société civile à la gestion des
affaires publiques (renforcement des capacités de la société civile, défense et promotion
des droits de l’homme, amélioration du cadre électoral, diffusion du droit).
La décentralisation vise à donner aux CTD les moyens d’engager des actions à leur niveau, pour
concevoir et mettre en œuvre des programmes et projets de développement, en impliquant
étroitement les populations et la société civile locales et en prenant en compte leurs
préoccupations.
Cette composante porte donc sur l’ensemble des acteurs intervenant dans la mise en œuvre de
la gouvernance urbaine, en assurant la préservation de l’environnement urbain et la mobilisation
de toutes les ressources humaines nécessaires à l’aboutissement de ce processus qu’est la
décentralisation. Ce processus met un accent particulier sur l’échange des informations entre
acteurs en vue d’assurer une meilleure définition des actions à mener.
Il est donc particulièrement important de mobiliser l’ensemble des acteurs urbains : les acteurs du
secteur public, d’une part, les acteurs de la société civile locale, d’autre part, dont plus
particulièrement les populations à travers leurs organisations représentatives (syndicats,
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STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Les politiques urbaines antérieures, caractérisées par les seules interventions de l'Etat central ont
montré leurs limites au bout de 40 ans. Une nouvelle politique de développement urbain intégré
requiert que les autorités locales et les acteurs de la société civile en milieu urbain, se voient
céder plus de pouvoir dans le cadre d'un partenariat plus équilibré et ouvert.
Les questions clés que l’on se pose au niveau de la gouvernance urbaine en tant que composante
transversale du secteur urbain sont celles de savoir:
si le bien-être de toutes les couches de la population urbaine est assuré à travers les
politiques menées en matière de logement adéquat, de sécurité foncière, d'accès à l’eau
potable, à l'assainissement, à un environnement sain, à la santé, à l’éducation, à la
nutrition, à l’emploi, à la sécurité publique et à la mobilité;
si le degré d’implication des différents acteurs que sont les administrations publiques, les
collectivités locales, les opérateurs privés, les communautés et organisations de base, les
organisations de la société civile (OSC), etc., est satisfaisant pour garantir une véritable
citadinité;
si les responsables chargés de définir et de mettre en œuvre les politiques urbaines sont à
même de rendre compte de leur gestion.
L’état des lieux en matière de gouvernance urbaine peut s’apprécier en examinant les capacités
des acteurs, et la manière dont ces capacités ont été utilisées pour mettre en œuvre les trois
volets que sont la décentralisation, la coordination et les partenariats, et la démocratie
participative.
Les capacités des acteurs sont analysées sous la forme de capacités institutionnelles, de capacités
financières, et de capacités techniques pour jouer leur rôle dans la gouvernance urbaine.
1.1 – Capacité de planification, de programmation et d’exécution des activités par les CTD
Le rôle des CTD ayant évolué, elles ont désormais la possibilité d’exercer la maîtrise d’ouvrage et
donc, de gérer, dans son ensemble, le cycle des projets. Elles le font globalement, sur des petites
opérations d’investissement, en particulier de voirie et autres services urbains. Jusqu’au début
des années 2000, les projets de taille importante (globalement, travaux de voirie d’un montant
supérieur à 1 milliard FCFA) n’ont été entièrement conduits que par la CUD et, dans une moindre
mesure, par la CUY. Depuis 2000, avec l’appui des bailleurs de fonds et dans le cadre des contrats
de ville, les deux communautés urbaines assurent la maîtrise d’ouvrage complète d’opérations
relativement importantes. Il aura fallu pour cela, prendre des dispositions particulières y compris
le recrutement de cadres en nombre et qualité.
D’une manière générale, si l’on excepte les communautés urbaines de Yaoundé et Douala, la
capacité de maîtrise d’ouvrage des autres CTD est faible, quelle que soit l’étape du cycle de
projet, en ce qui concerne la gestion des infrastructures. En particulier, les «plans de campagne»
qui en réalité constituent les budgets d’investissement des communes, ne sont qu’une
juxtaposition d’opérations sans lien entre elles et sans objectifs précis en termes d’amélioration
des conditions de vie des populations ou de développement économique de la ville.
Pour ce qui est de la planification urbaine, le suivi de l’occupation des sols reste très faible, y
compris à Douala et Yaoundé, et cela même avant le récent transfert de nouvelles compétences.
Cette situation est due à une insuffisance quasi généralisée des ressources humaines doublée
d’un fonctionnement déficient. Les quelques diagnostics organisationnels et financiers conduits
dans certaines communes du pays, bien que l’échantillon ne soit pas forcément représentatif, ont
mis en exergue des insuffisances criardes, imputables aux magistrats municipaux eux-mêmes :
une mauvaise gestion des ressources humaines : effectifs en surnombre, absence de
procédures, etc. qui font que les charges de personnel représentent, dans la plupart des
cas, un poids excessif sur le budget ;
une organisation inefficiente, avec des organigrammes inadaptés ne permettant pas de
couvrir l’ensemble du champ des responsabilités, et sources de conflits divers entre
agents ;
des modes de gestion inadaptés, avec des processus archaïques qui affectent la qualité de
l’information financière notamment ;
des dysfonctionnements dans les chaînes de recettes et de dépenses, avec de
nombreuses violations de la réglementation tant en matière de la terre, de passation des
marchés que de recouvrement des recettes.
Quelques communes disposent de services techniques dotés d’un ingénieur. Mais, le contexte de
fonctionnement des institutions et les faibles motivations accordées par le statut de ce type de
personnel inhibent la plupart des initiatives. La seule insuffisance des ressources financières ne
justifie pas tout puisque, comme on l’a vu dans le cadre du PDUE, les plus grandes communes
(celles qui disposent de ressources d’au moins 250 millions de FCFA (au moins les 12
communautés urbaines nouvellement créées) sont en mesure de recruter un ingénieur. Il y a
donc, pour les plus importantes tout au moins, un problème de volonté des magistrats
municipaux.
Face aux faibles capacités des communes, les services de l’Etat auraient pu constituer un palliatif.
L’appui des services déconcentrés de l’Etat reste malheureusement très faible, pour des raisons à
la fois structurelles et liées à la pratique. L’étude portant sur la décentralisation et l’organisation
déconcentrée de l’Etat du Cameroun (MINATD, 2008) relève ainsi, d’une manière générale mais
cela est entièrement valable pour le secteur urbain, «des faiblesses dans la coordination des
services», tant au plan horizontal (à l’échelle locale) que vertical (résistance de certaines
administrations centrales).
Aujourd’hui, face aux défis posés par le nouveau contexte marqué par la disponibilité de
financements et la réforme intervenue dans la gestion urbaine, les ressources, humaines du
MINDUH apparaissent nettement insuffisantes tant en qualité qu’en quantité. Selon une
évaluation interne, la couverture des besoins des services déconcentrés et centraux nécessite de
disposer d’environ 150 cadres de haut niveau (60 au niveau départemental, 40 au niveau régional
et 50 au niveau central), besoins qui ne sont pas couverts aujourd’hui.
A ces raisons objectives viennent s’ajouter des pratiques relevant d’une faible gouvernance, qui
font que le cycle des projets est peu maîtrisé. Cela se traduit par des insuffisances à toutes les
phases :
les phases de planification et de programmation ne sont pas correctement menées, les
budgets par exemple, n’étant pour l’essentiel qu’une juxtaposition d’opérations sans
logique d’ensemble (indicateurs d’effets ou d’impacts), et dont l’impact sur les conditions
de vie des citadins reste faible, malgré l’importance des investissements réalisés. Cette
situation résulte principalement, d’une part, de l’absence de données statistiques sur les
conditions d’accès aux services urbains et, d’autre part, de l’absence d’outils d’adéquats
de planification et d’aide à la décision.
les phases d’exécution souffrent également d’un déficit de qualité des dossiers et de
lenteurs dans la mise en œuvre, ce qui est de nature à limiter sérieusement l’efficacité
des actions engagées.
Les plates formes de collaboration entre l’Etat et les CTD font l’objet d’une réflexion devant
compléter les lois 2004/017 et 2004/018 visant à clarifier les modes de coopération entre l’Etat
et les CTD, suivant six possibilités : (i) délégation de gestion, (ii) mise à disposition de tout ou
partie des services déconcentrés de l’Etat, (iii) «coopération statutaire» par détachement ou mise
à disposition de personnel, (iv) «coopération partenariale» qui s’apparenterait à des contrats de
ville, (v) assistance à la maîtrise d’ouvrage et, (iv) «coopération d’expertise» visant à renforcer la
capacité d’action et l’expertise des agents des CTD.
Une bonne gouvernance urbaine exige que l’Etat et les CTD d’une part, et la société civile dans
toutes ses composantes d’autre part, s’appuient mutuellement pour l’atteinte des objectifs d’un
développement urbain harmonieux. Autant les responsables publics doivent, dans leurs
initiatives, éviter de créer des problèmes sociaux aux populations, autant celles-ci doivent
contribuer au respect des règles d’urbanisation et de fonctionnement des villes.
Le Programme National de Gouvernance a mené une enquête dont les idées forces sont les
suivantes, par rapport au milieu urbain :
les OSC sont surtout des organisations de citoyens et d’habitants des quartiers présentant
des capacités très diversifiées de représentation des points de vue, des droits et des
intérêts des populations, et qui sont largement influencées par la présence des autorités
traditionnelles (chefs de quartier) et des leaders locaux ;
les activités de ces OSC sont principalement centrées sur (i) la prestation de service pour
améliorer les conditions de vie des populations et leur bien-être physique, (ii) le
renforcement des capacités et «empowerment» des individus, des communautés et des
populations, pour leur permettre d’entreprendre leur propre développement humain
(réalisation des actions et initiatives d’auto-aide, information publique et éducation
sociale, etc.).
Les OSC souffrent aujourd’hui, tant au niveau national qu’à l’échelle du sous-secteur du
développement urbain, de leur faible institutionnalisation, qui a pour conséquence leur faible
prise en compte dans la gestion urbaine. Nombre d’organisations ont atteint un bon niveau de
structuration, mais leur participation effective au processus de développement reste inhibée par
la prévalence des approches classiques. Les exemples d’interaction véritables avec les pouvoirs
publics restent liés à la mise en œuvre de projets soutenus par les bailleurs de fonds
internationaux, dont l’action présente le défaut d’une concentration sur des priorités et qui, de
ce fait, ne permettent pas un déploiement efficace des OSC. En second lieu, il y a le problème des
capacités même de ces structures qui restent marquées par une insuffisance de transparence,
une faible capacité de rendre compte ainsi qu’une faiblesse des capacités managériales.
Le Gouvernement recherche constamment les voies et moyens pour renforcer les capacités des
OSC, y compris à travers des projets dont certains bénéficient de financements extérieurs. On
peut citer à cet égard l’implication des OSC au processus de préparation et de suivi du DSRP puis
du DSCE, qui s’est poursuivie par une représentation de celles-ci dans le suivi des projets PPTE.
Toutefois, il s’est posé un problème de représentativité et on a regretté le fait que la démarche
n’ait pas été générée par les populations à la base, mais du type «Top-Down». On peut
également relever, sur la dernière décennie, les activités ci-après, conduites par et en direction
des organisations de la société civile :
Selon le législateur, les nouvelles missions confiées aux collectivités territoriales ne doivent pas
générer de nouvelles charges financières : l’Etat s’engage à compenser intégralement le coût des
nouvelles charges qu’il leur confie, soit par un transfert de fiscalité, soit, pour le solde, par
dotations, soit encore les deux à la fois. Le transfert des ressources pour faire face à ces nouvelles
compétences a commencé au cours de l’exercice 2010.
Pour l’instant donc, les ressources des communes restent, pour l’essentiel, tributaires de celles
de l’Etat au travers des Centimes Additionnels Communaux (CAC), qui sont une fiscalité
additionnelle de 10% sur un certain nombre d’impôts et taxes de l’Etat. Ces ressources sont allées
croissantes avec les réformes menées au niveau de l’Etat et en particulier avec l’introduction de
la TVA. Le volume des CAC centralisés a ainsi plus que doublé entre 2000 et 2007, pour se situer à
près de 29 milliards de FCFA, sur un total des recettes recouvrées de près de 43 milliards. On
pourrait y ajouter la «redevance forestière», versée à 40% à une quarantaine de communes
situées en zone forestière, et qui représente, pour la plupart d’entre elles, une part
prépondérante des recettes (au total, un peu plus de 6 milliards reversés aux communes chaque
année).
Les CAC représentent plus de 90% des ressources des communes, si l’on excepte les
communautés urbaines de Douala et Yaoundé, ainsi que certaines communes forestières.
Autrefois collectés et gérés par la Direction des Impôts (ce qui se traduisait par d’importants
retards de reversement en raison de l’unicité de caisse), ils sont, depuis quelques années,
prélevés à la source par certaines municipalités et le FEICOM. 70% sont répartis entre les
communes, 10% sont retenus par l’Etat au titre des frais d’assiette et 20% par le FEICOM. La
retenue de base des communes (directement prélevée par celles qui en ont les moyens)
représente 40%, et le reste est soumis à péréquation à l’ensemble des communes, par le
FEICOM, suivant une clé de répartition basée sur le chiffre de la population.
Ce schéma, et en particulier le fait qu’une partie des recettes reste estimée et collectée par les
services de l’Etat, conduit encore à des restes à recouvrer non négligeables. Une estimation faite
en 2004 dans le cadre de la préparation des contrats de ville de Douala et Yaoundé faisait ainsi
apparaître un cumul d’arriérés de créances de chacune de ces deux collectivités sur l’Etat
dépassant la dizaine de milliards, accumulés sur la seule période 1999-2003.
Le FEICOM, créé en 1977, reste donc l’acteur central des finances communales. Après une
période quelque peu tumultueuse, marquée notamment par une réduction drastique des crédits
aux communes (en plus d’une certaine opacité dans l’attribution des concours aux communes),
au profit d’une explosion des charges de fonctionnement, il a été récemment réformé et
regroupé sur quatre centres d’intérêt :
L’entraide entre les communes, notamment par des contributions de solidarité et des
avances de trésorerie ;
La couverture des frais relatifs à la formation du personnel communal ;
le crédit communal à travers le financement de travaux d’investissement ;
la centralisation et la redistribution des CAC.
Par ailleurs, un nouveau manuel de procédures (Code d’intervention) a été adopté, pour clarifier
les conditions d’appui aux communes. Dans le même temps, des efforts notables ont été fournis
pour maîtriser les charges d’exploitation.
Au total il apparaît que, malgré des évolutions significatives, en particulier avec la disparition de
l’unicité de caisse et les réformes au niveau des finances de l’Etat qui ont accru de manière
significative le montant brut des recettes transférées aux communes, la part des ressources des
communes reste globalement inférieure à 3% du budget de l’Etat et 1% du PIB. Par rapport à
l’exercice 1986/1987 qui correspondait à une période faste pour l’économie nationale, ces ratios
sont en net recul. Aujourd’hui, en dehors de quelques villes forestières et de Douala, le niveau
des recettes ne dépasse pas 2.500 FCFA/hab, qui est le niveau de la plupart des villes moyennes
dans les pays à niveau de développement comparable. Douala, l’une des plus riches, se situe à
peine au dessus de 10.000 FCFA/hab. Ce qui n’est suffisant que pour le financement de petits
travaux, et reste inférieur au niveau atteint par la ville au milieu des années 1980.
Par comparaison avec d’autres pays, on peut estimer que l’on ne peut pas véritablement parler
de fiscalité locale au Cameroun, la marge de manœuvre des communes sur les taux d’imposition
et les barèmes étant limitée à la fiscalité indirecte qui, comme indiqué plus haut, rapporte peu.
C’est donc dire que, même si on ne peut pas encore les quantifier avec exactitude, les ressources
financières allouées aux collectivités locales, en particulier les transferts de l’Etat, sont en nette
augmentation. Cette augmentation devrait également être perceptible au niveau du FEICOM, qui
disposerait alors de plus de ressources.
La réforme des marchés publics (Code des Marchés Publics de 2004) s’inscrit entièrement dans le
processus de décentralisation, et consacre le renforcement des pouvoirs de maîtrise d’ouvrage,
en ce qui concerne les exécutifs communaux. Aux considérations générales relatives à l’ensemble
des acteurs de la passation des marchés et portant essentiellement sur la faible maîtrise des
procédures, vient s’ajouter une problématique particulière en ce qui concerne les communes : les
dispositions réglementaires relatives aux émoluments à payer aux membres des commissions de
passation des marchés apparaissent élevées non seulement pour les ressources des communes,
mais surtout par rapport à la taille des marchés à passer.
A ce jour, les compétences décentralisées se présentent comme suit, par rapport aux
composantes du sous-secteur urbain :
Cadre de vie - Création, aménagement, entretien, - Contribution à l’électrification des zones néces
exploitation et gestion des
équipements communautaires en
matière d’assainissement, eaux
usées et pluviales,
- Elaboration de plans
communautaires d’action pour
l’environnement, notamment en
matière de lutte contre les nuisances
et les pollutions, de protection des
espaces verts ;
- Création et aménagement
d’espaces publics urbains d’intérêt
communautaire.
- Participation à - Opérations d’aménagement - Création et aménagement d’espaces publics u
l’élaboration des d’intérêt communautaire
- Elaboration des plans d’occupation des sols, de
documents de
- Constitution de réserves foncières rénovation urbaine et de remembrement,
planification urbaine et
d’intérêt communautaire.
des schémas directeurs - Réalisation d’opérations d’aménagement,
Urbanisme et des collectivités
habitat - Délivrance des certificats d’urbanisme, des aut
territoriales
démolir,
- Soutien à l’action des
- Aménagement et viabilisation des espaces hab
communes en matière
d’urbanisme et - Création de zones d’activités industrielles.
d’habitat
- Participation à - Participation à l’organisation et la - Organisation et gestion des transports publics
l’organisation et à la gestion des transports urbains de
- Création et entretien de voiries urbaines, et ré
gestion des transports voyageurs.
publics interurbains - Eclairage des voies publiques,
- Planification urbaine, plans et
schémas directeurs d’occupation des
sols ou documents d’urbanisme en
Transports tenant lieu. Avis sur le projet de
schéma Régional d’aménagement du
territoire,
- Création, aménagement, entretien,
exploitation et gestion des voiries
communautaires primaires et
secondaires, de leurs dépendances
et de leurs équipements, y compris
Cette nouvelle répartition des compétences repose sur les principes classiques de subsidiarité,
d’équilibre et d’égalité. La loi d’orientation du 22 juillet 2004 consacre, certes, la répartition des
compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales. Mais, les deux lois fixant les règles
applicables aux communes et aux régions conservent la clause générale de compétence. Ce
faisant, elles pérennisent la notion d’affaires locales qu’a priori contredit la délimitation formelle
ou, si l’on veut, le partage des compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales. La
législation camerounaise a donc privilégié le partage de toute compétence, aussi insignifiante
qu’elle puisse paraître, plutôt que l’affectation à chaque échelon d’une compétence exclusive.
C’est le sens de l’alinéa 2 de l’article 15 de la loi de d’orientation : «les compétences transférées
aux collectivités territoriales par l’Etat ne sont pas exclusives. Elles sont exercées de manière
concurrente par l’Etat et celles-ci, dans les conditions et modalités prévues par la loi».
En Mars 2010, une série de décrets du Premier Ministre déterminent «les modalités d’exercice
de certaines compétences transférées», en matière de : (i) alimentation en eau potable dans les
centres non couverts par le contrat de concession, (ii) gestion et entretien des centres de
promotion de la femme et de la famille, (iii) production agricole et piscicole, (iv) santé publique,
(v) éducation de base, et (vi) culture. Ces textes apportent des précisions sur les modalités
d’intervention des communes aux côtés de l’Etat, qui garde ses prérogatives en matière de
définition et mise en œuvre de la politique nationale, d’adoption des objectifs et orientations
générales et de contrôle.
Les champs d’action couverts par les deux composantes verticales du sous-secteur urbain
(urbanisme-habitat-cadre de vie, transports urbains) nécessitent l’intervention des départements
ministériels suivants :
le MINDUH, en charge des questions des questions urbaines ;
le MINATD, qui assure la tutelle administrative des communes ;
le MINDAF, en charge des questions foncières ;
le MINT, chargé de la politique nationale des transports ;
le MINTP, en charge des traversées urbaines des routes nationales et du volet BTP d’une
manière générale.
Les relations entre ces différentes entités sont caractérisées par la concurrence et des
chevauchements :
les aménagements urbains, en particulier les opérations de lotissement, qui semblent être
perçues non pas comme des opérations d’urbanisme, mais uniquement sous l’angle de la
gestion foncière (bornage de parcelles). Au-delà de ce que ces opérations sont conduites
par des personnes n’ayant pas la compétence, la coordination entre les services chargés
des domaines et ceux de l’urbanisme est inexistante, et donc les documents d’urbanisme
ne sont pas pris en compte ;
la délivrance des titres de propriété, qui, malgré une importante évolution au plan de la
célérité dans le traitement des dossiers, semble se limiter au caractère purement
administratif (délivrance de l’acte), sans prise en compte des règles d’urbanisme ;
les transports urbains et la gestion des traversées urbaines des routes nationales (à
l’instar du pont du Wouri et des sorties des villes de Douala et Yaoundé). Le MINTP a
même réalisé des voiries urbaines à Buéa, Mamfe, Kumba, et Yaoundé, tout comme le
MINEPAT à Yaoundé.
Ces problèmes relèvent à la fois de la faiblesse observée dans les textes (en particulier pour ce
qui est de la gestion foncière) et de la pratique (gestion foncière, construction de voiries
urbaines, etc.).
Ces conflits, déjà patents à l’époque du MINUH, semblent s’être aggravés avec la création d’un
ministère spécifiquement chargé de la question foncière.
Globalement, en ce qui concerne les établissements publics du secteur, la coordination n’a pas
semblé poser de problème particulier puisque la MAETUR, la SIC et le CFC sont souvent
intervenus et en synergie. En effet, la MAETUR, aménageait les terrains dont certains sont
occupés par la SIC pour produire des logements, et le CFC accordait des financements aux
acquéreurs pour les deux types de produits. Leurs relations avec l’Etat n’ont pas semblé non plus
poser de problèmes, ceux-ci appliquant la politique définie par le gouvernement et souvent avec
des moyens fournis par l’Etat (mise à disposition d’assises foncières et de subventions).
Toutefois, on notera la prescription par le Gouvernement de tarifs réduits dans la gestion des
logements des fonctionnaires comme un conflit. En effet, ces tarifs réduits ont engendré un
manque à gagner qui apparaît comme une charge financière pour la SIC qui est un établissement
à caractère commercial.
Relations Etat-Communes
D’une manière générale, les relations entre l’Etat et les collectivités territoriales décentralisées
sont passées du climat de méfiance à la confiance, voire de collaboration.
L’Etat s’est régulièrement substitué aux communes, même là où ces dernières avaient les
moyens d’exercer tout ou partie des compétences, en contradiction avec le principe de
subsidiarité qui est le pilier de la décentralisation. Cela est le cas en particulier pour la
programmation des investissements qui, dans la plupart des cas et même pour ceux
relatifs à des opérations relevant de la proximité, a été faite sans l’avis des communes.
Cela s’est également traduit au niveau de l’exécution. On s’est donc, dans de nombreux
cas, retrouvé avec des ouvrages non pris en charge par la suite, aussi bien pour leur
exploitation que pour l’entretien. On citera le cas particulier des équipements et
infrastructures construits par la MAETUR, les stations d’épuration de la SIC et de
nombreuses voiries du MINDUH.
La concurrence a été surtout observée dans les villes de Douala et Yaoundé, ces dernières
disposant de capacités de maîtrise d’ouvrage, et s’est traduite par des interventions sur
des sites identiques ou proches, avec des logiques parfois contradictoires.
La méfiance, même si elle est loin d’être généralisée, semble être due au manque de
transparence ou à tout le moins de visibilité dans les actions des uns et des autres, et
donc une conséquence de ce qui précède.
Depuis 2003, le gouvernement, en accord avec les principaux bailleurs de fonds du secteur urbain
(Banque Mondiale, AFD, Union Européenne, etc.), a retenu le contrat de ville comme devant être
un outil stratégique de gouvernance locale. Ainsi que le précisera plus tard la Lettre de Politique
Sectorielle, il s’agit d’un outil qui permet d’accroître l’efficacité des interventions en milieu
urbain, par une démarche de réflexion globale et concertée, formalisée dans un cadre juridique
engageant les différents partenaires. Il devrait également permettre de renforcer le processus
RAPPORT FINAL Page 91
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
participatif qui est à la base de la mise en œuvre des cadres stratégiques de lutte contre la
pauvreté (hier le DSRP, et aujourd’hui le DSCE).
L'objectif des contrats de villes est donc de définir une plate forme de collaboration entre les
administrations d’Etat et les CTD, en vue de la réalisation de projets de développement urbain
sur une base concertée.
Depuis 2003, quelques actions ont été engagées dans ce sens, avec signature et mise en œuvre
de quelques contrats, mais elles restent trop singulières pour que l’on puisse dire qu’il s’agit
désormais d’un véritable instrument d’intervention pouvant être étendu à d’autres villes. Les
expériences de contractualisation des rapports Etat-CTD au Cameroun sont pour l’instant limitées
à Douala et Yaoundé, ainsi que, dans une certaine mesure, à la ville de Limbe.
Par la suite et comme prévu à la signature des contrats d’objectif, on est passé à des contrats de
ville. Préparés en 2003 dans la perspective de l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative
PPTE, ils n’ont été signés que le 06 mars 2006, en raison du retard accusé dans ce processus. Leur
horizon était de 2009 pour Douala et 2011 pour Yaoundé. Ils se caractérisent par : (i) une forte
composante investissement sur financement C2D, PPTE, BAD, (ii) un volet institutionnel organisé
autour d’un ensemble de mesures d’amélioration de la gestion et de traitement des dettes
croisées avec l’Etat, (iii) un volet entretien-voirie financé par les deux CU. En termes de bilan, on
peut relever, comme points positifs que :
les programmes d’investissement identifiés ont été exécutés ou à tout le moins entamés ;
l’alimentation des comptes d’entretien voirie s’est faite de manière plus ou moins
régulière, et même avec des sommes mobilisées bien au-delà des prévisions ;
l’apurement de la dette de l’Etat envers les CU s’est poursuivi, même si cela s’est
quelques fois fait de manière erratique ;
les CU ont assuré la maîtrise d’ouvrage d’opérations relativement importantes.
Le PDUE a engagé la préparation de contrats de ville pour les municipalités de Bamenda, Maroua,
Mbalmayo, Yaoundé III, Yaoundé IV et Douala II.
Le contrat de ville de Limbe, apprêté par les services du MINDUH en 2003 avec l’appui de la
Coopération Française, est mort-né, puisque n’ayant pratiquement pas connu de début
d’application. Les raisons de cet échec restent à étudier en détail mais on peut se risquer à
avancer les quelques thèses suivantes :
un volume d’investissement (de l’Etat) trop important non seulement par rapport à ses
moyens, mais aussi à la capacité d’absorption de la ville ;
une disproportion entre les engagements de l’Etat et ceux de la ville ;
des sources de financement incertaines.
C’est dire que, du point de vue de l’approche «contrat de ville», les villes du Cameroun peuvent
être regroupées en trois (3) catégories :
Douala et Yaoundé : Bien qu’ils soient assis sur des délibérations du «conseil de
communauté», ces contrats ne semblent pas directement engager les communes
d’arrondissement. Au niveau de Douala, l’étude d’une stratégie de développement est en
cours et devrait, en toute logique, déboucher sur la conclusion d’une Charte du
développement de la ville et, probablement, d’un nouveau contrat de ville couvrant un
plus large éventail de secteurs d’intervention.
Bamenda, Maroua, Mbalmayo, Yaoundé III, Yaoundé IV et Douala II, qui sont engagées
dans le processus.
Toutes les autres villes, qui ne sont engagées dans aucun processus de contractualisation
avec l’Etat.
De ce qui précède, il apparaît que les contrats de ville n’ont pas donné jusqu’ici toute la mesure
des attentes. Les seules initiatives en cours (Douala et Yaoundé) sont trop singulières pour
conclure à des avancées réelles depuis les annonces faites en 2003.
Coopération intercommunale
Les exemples de coopération intercommunale sont trop rares pour être soulignés. La seule
approche significative mais qui n’en est qu’au stade de l’initiative, concerne la ville de Douala et
les communes environnantes, dans le cadre de la stratégie de développement (CDS) de Douala,
en cours de préparation. Les communes de la zone d’influence directe avec la ville ont été
associées à l’exercice et la Charte du développement de la ville attendue au terme de l’exercice,
devrait fixer un cadre de partenariat entre elles.
Dans le même registre, il faudrait citer les relations entre les communautés urbaines et les
communes d’arrondissement qui se partagent un même territoire dans 14 villes du pays, non
sans difficultés. Une étude diagnostique du fonctionnement des communautés urbaines de
Douala et Yaoundé, réalisée en 2008, a ainsi relevé les points de chevauchement ou de
concurrence de compétences entre les deux catégories de CTD. Ces difficultés constatées au
niveau des plus grandes communautés urbaines risquent de se reproduire au niveau des
nouvelles entités créées en 2007 et effectivement entrées en activité en février 2009.
En l’absence de stratégies nationales, les actions des bailleurs ont, pour l’essentiel, été inscrites
dans des axes stratégiques définis par ces derniers, avec parfois des logiques contradictoires. Si,
d’une manière générale, l’AFD et la Banque Mondiale ont coordonné leurs récentes actions sur
Douala et Yaoundé, une plate forme de collaboration entre le PACDDU (Union Européenne) et le
PGU (ONU-HABITAT/PNUD) a permis, à travers l’approche consultations de ville, de répliquer
dans cinq villes PACDDU, une approche méthodologique initiée et développée par le PGU dans 23
villes pilotes. Cette floraison d’intervenants appuyés par des bailleurs, aurait pu donner
l’impression, avec les actions du PDUE (Banque Mondiale), d’une dispersion d’énergie, loin s’en
faut.
Autres formes de partenariat (coopération décentralisée et actions des ONG, Partenariat Public-
Privé)
Plusieurs villes camerounaises ont conclu avec des communes de pays amis des accords de
jumelage qui ont donné lieu à l’exécution de nombreux projets de coopération décentralisée, y
compris dans le secteur urbain (aménagements urbains aussi bien en ce qui concerne les
transports, l’amélioration du cadre de vie que des volets particuliers comme l’eau). Si ces
opérations ont permis, d’une manière générale, une amélioration du cadre et des conditions de
vie, elles ont, pour la plupart, été exécutées d’une manière éparse sans véritable coordination,
limitant ainsi leur impact.
D’autres encore ont été menées dans des conditions techniques déplorables, sans respect ni des
règles de l’art, ni de certaines spécificités du contexte local. C’est le cas en particulier de certains
projets directement gérés au niveau des organisations de la société civile dans les quartiers sans
association ni des services locaux de l’Etat ni de la commune, et qui viennent contrarier certaines
initiatives ou approches en cours au niveau de ces institutions.
Pour ce qui est du partenariat public-privé, un cadre formel existe (loi du 29 décembre 2006
relative aux contrats de partenariat). Dans le secteur, ils se sont matérialisés essentiellement
sous la forme de concessions accordées par les communautés urbaines de Douala et Yaoundé à
des opérateurs privés pour le transport de masse et la gestion des ordures ménagères. La durée
de vie de ces contrats, surtout dans un secteur aussi spécifique que le transport urbain, ne
permet pas encore de tirer de conclusion définitive.
planification, à la mise en œuvre des projets urbains dans toutes les phases desdits projets. Mais
tout cela demande l’existence ou la mise en place de mécanismes appropriés. La question de la
participation des citoyens est communément abordée sous deux angles : (i) l’information et, (ii)
l’obtention de l’adhésion.
L’information
C’est la forme la plus élémentaire de participation. Il s’agit d’informer les citoyens sur les actions
envisagées et de recueillir leurs points de vue, dans le but d’améliorer la qualité de la décision.
Dans le sous-secteur, les expériences récentes en la matière restent parcellaires, limitées à
quelques projets (en particulier ceux mis en œuvre par des ONG), où des sondages ou des
recours à des informateurs bien placés sont effectués (normalement, l’information des citoyens
nécessite la création dans les communes urbaines de points associatifs ou de plateformes de
dialogue social). De manière indirecte, on pourrait citer les consultations participatives dans le
cadre de la préparation et du suivi/évaluation du DSRP, qui ont en particulier permis aux
décideurs d’être informés sur la perception que les populations avaient de la notion de pauvreté.
C’est la forme la plus élaborée, mais avec différents niveaux d’implication des populations. Elle se
démarque de «la communication», en ce qu’elle passe par la concertation.
On peut signaler quelques initiatives localisées dans le temps et dans l’espace, suivant quatre
possibilités :
les réunions publiques : forme la plus répandue, elles sont régulièrement utilisées par les
gestionnaires publics, en particulier dans la mise en œuvre de projets (CDS de Douala,
«consultations de ville» PNUD/ONU-Habitat, PDUE, etc.) ;
les comités consultatifs : les deux principaux projets urbains récents (PACDDU et PDUE)
ont particulièrement promu cette forme «républicaine» de participation qui regroupe les
représentants des groupes concernés (secteur privé, associations de quartiers, institutions
étatiques, etc.). De tels dispositifs ont été mis en place à Yaoundé (Groupe consultatif du
contrat de ville), Bamenda, Maroua, Bafoussam, Ngaoundéré et Foumban (Comité
Consultatif Local, co-présidé par le Préfet et le Magistrat municipal, dans le cadre de
l’exécution du PACDDU) et à l’échelle de certains quartiers des villes de Yaoundé, Douala,
Bamenda, Maroua et Mbalmayo (PDUE). La confection et le suivi de l’exécution du budget
d’investissement public de l’Etat à l’échelle des régions et des départements, organisés
annuellement par le ministère en charge de l’économie, pourraient également rentrer
dans cette catégorie ;
la coproduction de services a été mise en œuvre par divers projets, essentiellement pour
des opérations de proximité. La mise en œuvre de microprojets (PACDDU, programmes
FOURMI et autres) a ainsi associé les bénéficiaires en termes de contribution financière
ou matérielle. Dans ce registre, on pourrait également citer les opérations «ville propre»
conduites dans certaines villes à l’instar de Bamenda, dans lesquelles les populations
participent, dans un cadre formel, au nettoyage des espaces publics. Les plus significatives
restent les procédures d’aménagement concerté réalisés principalement à Yaoundé et
Douala, par la MAETUR et la SAD, pour la production de parcelles, avec l’apport de
terrains fait par des propriétaires terriens ;
des actions de bénévolat sont enregistrées ici et là, mais de manière erratique.
Aucune des formes nouvelles de participation (ombudsman, bureau des plaintes, médiation, etc.)
n’a jusqu’ici été expérimentée à une échelle sensible.
Il en découle que la participation des citoyens demeure faible, aussi bien quantitativement que
qualitativement : les opérations sont restées parcellaires, les formes d’association n’ont pas
toujours été heureuses et, dans certains cas, elles ont même conduit à sacrifier l’intérêt général
au profit des intérêts particuliers, contribué à promouvoir des valeurs contraires (par exemple, la
gratuité des services urbains) ou alors se sont déroulées dans des conditions telles qu’elles
risquent de jeter du discrédit sur la démarche.
Au total, les effets attendus restent très limités, en termes d’amélioration : (i) de la qualité des
décisions, (ii) du rendement et de l’efficacité dans la mise en place des services et, (iii) de la
compréhension du fonctionnement des pouvoirs publics. A l’actif des quelques initiatives
menées, on pourrait citer, pour certains quartiers et villes : (i) la dynamique introduite, même si
celle-ci risque de s’estomper en l’absence de continuité et (ii) l’amorce d’une démocratie locale.
C’est ainsi que des conflits ont pu être réglés et que quelques groupes plus ou moins organisés se
sont mis en place.
L’opération en cours d’embellissement de la ville de Yaoundé est de celles qui soulèvent le plus
d’interrogations. Elle engendre de nombreux déplacements de populations, avec des pertes
relativement importantes d’activités et parfois de biens, et ce pour des ménages les plus
financièrement vulnérables. A chaque occasion, les populations touchées se plaignent de ne pas
avoir été associées à une quelconque démarche en vue de limiter les impacts sociaux de ces
actions qui ont déjà touché des dizaines de milliers de personnes. Les termes de la loi n°74/3 du
06 juillet 1974 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux modalités
d’indemnisation et son décret d’application n°87/1072 du 16 décembre 1987 contiennent des
prescriptions en matière d’expropriation, recasement et compensation des populations dans le
cadre de la réalisation des opérations d’aménagements urbains.
Les causes principales de ces insuffisances résident dans (i) l’absence d’un cadre réglementaire
permettant d’ouvrir le champ des incitations à la participation et (ii) les difficultés d’adaptation
des gestionnaires, qui refusent de partager le pouvoir. Nombre d’entre eux apparaissent ainsi
isolés, ce qui limite leur action.
D’une manière générale, à l’exception des approches du PDUE, aucun acteur n’a véritablement
mis en place de dispositifs de suivi-évaluation permettant d’apprécier les performances.
Toutefois, un dispositif de contrôle et d’audit interne est assuré par l’Inspection Générale à
travers ses deux unités administrative et technique au niveau de chaque département
ministériel. On peut cependant regretter que les rapports et recommandations produits par les
organes d’audit interne ne fasse pas l’objet d’une exploitation systématique. Cette situation est
globalement tributaire de la faible culture du résultat, les programmes et projets ne visant pas
toujours des objectifs de développement précis avec des indicateurs objectivement vérifiables,
mais se limitant à une juxtaposition d’opérations).
Au niveau des CTD, la situation est plus préoccupante. Malgré l’évolution enregistrée au niveau
des textes, qui responsabilisent davantage ces dernières et privilégient le contrôle a posteriori de
RAPPORT FINAL Page 96
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
la plupart des actes, cette dernière activité est faiblement exercée. A titre d’illustration,
l’approbation des comptes administratifs par l’autorité de tutelle, pour la plupart des communes,
n’est que rarement faite avant trois années. On note cependant que la Chambre des Comptes de
la Cour Suprême, récemment créée, a commencé un travail d’examen des comptes de gestion.
L’information en direction des populations sur les actes pris reste faible. Sur les dernières années,
l’action la plus visible reste la communication menée par le MINDAF sur la nouvelle procédure
d’obtention du titre foncier, par la publication de guides et la conduite de campagnes
d’information. Par ailleurs, les supports de communication les plus utilisés restent les media
publics, ce qui limite l’atteinte des cibles. Les quelques activités de communication menées
restent liées à des événements, gardent un caractère trop administratif (communiqués de
presse) ou sont souvent trop centrées sur les personnalités (ministre, maire, etc.), sans
dimension pratique ni présentation des enjeux réels des activités. Certains actes, pourtant d’une
portée importante, n’ont même jamais été diffusés (cas en particulier des textes d’application de
la loi portant code de l’urbanisme).
Urbanisme
1 – Problème central
Le problème central de cette sous-composante est l’insuffisance d’espaces aménagés.
2 – Causes et conséquences
La cause principale de ce problème a été la non maîtrise de la gestion foncière.
Les causes sous-jacentes de ce problème sont les suivantes :
La séparation des responsabilités en matière de droit foncier et d’urbanisme : les
administrations en charge de la gestion foncière n’ont pas tenu compte de la
réglementation de l’urbanisme pour accorder des permis de lotir ;
L’absence ou la non application des documents d’urbanisme et de la réglementation
de l’occupation et de l’usage des sols ;
L’existence d’un droit foncier archaïque par rapport à la réalité de l’urbanisation. La
fiction du droit éminent de l’Etat sur le domaine national non mis en valeur (lequel
est, de fait, l’objet de multiples transactions marchandes entre collectivités et
particuliers et entre particuliers) a renforcé l’idée que la maîtrise foncière et la
réalisation de lotissements domaniaux sur les réserves étaient suffisantes à assurer
les fonctions qui sont normalement celles de l’urbanisme pour assurer la maîtrise de
l’urbanisation. A l’inverse du Code foncier, le droit de l’urbanisme a été modernisé et
simplifié, mais il n’a pas été appliqué ;
La production des lotissements domaniaux et communaux sommairement aménagés
qui, autrefois produits à grande échelle ont permis de satisfaire une bonne partie de
la demande des ménages de la tranche inférieure, est aujourd’hui limitée ;
La faible professionnalisation de la promotion foncière et immobilière privée explique
une partie des problèmes en matière d’urbanisme opérationnel et les semi-échecs
2 – Causes et conséquences
La principale cause de l’insuffisance de l’offre est la faiblesse des dispositifs
d’accompagnement, d’orientation, de canalisation et de facilitation des interventions des
promoteurs (publics ou privés, personnes morales ou individus).
Les causes sous-jacentes de cette situation sont les suivantes :
la politique de l’Etat de soutenir budgétairement l’habitat planifié n’a pas survécu à la
crise économique. Elle a par ailleurs conduit à une dilapidation des ressources et
s’avère aujourd’hui inadaptée pour espérer avoir un impact quantitatif significatif ;
l’offre du secteur privé formel (promoteurs immobiliers) est jusqu’ici insuffisante en
quantité, du fait d’une faible professionnalisation des promoteurs, d’une
réglementation comportant de nombreuses incohérences avec la politique
annoncée ;
l’autopromotion a permis de satisfaire la majeure partie de la demande, mais dans
des conditions largement insatisfaisantes, du fait de l’absence de contrôle de la part
des pouvoirs publics ;
l’approvisionnement en matériaux de construction est problématique depuis
quelques années avec des pénuries régulières, en particulier en ce qui concerne le
ciment et le fer pour des raisons qui semblent liées aux conditions de fabrication et
de commercialisation marquées par des monopoles ;
les matériaux locaux (en fait matériaux traditionnels), qui auraient pu servir de
substitution aux matériaux classiques, permettant ainsi des économies (aussi bien sur
les coûts de construction que sur la balance commerciale du pays) et même un
renforcement de la durée de vie et de l’habitabilité des logements, restent peu
utilisés, leur promotion n’a pas dépassé le stade de l’expérimentation ;
la faible professionnalisation des artisans et PME de construction qui présentent des
insuffisances notoires en matière de qualité de la construction et de confort/salubrité
des logements ;
l’absence d’un système de crédit et/ou de garanties d’emprunts adaptés aux besoins
des promoteurs privés, des constructeurs et des auto-promoteurs de l’habitat du plus
grand nombre, pour préfinancement d’opérations (“aide à la pierre”), pour
acquisition de logement (“aide à la personne”), ou pour construction individuelle dans
le système d’autoproduction de l’habitat ;
le coût élevé des matériaux de construction.
Avec pour conséquences que :
La grande majorité des ménages (estimée à plus de 90%) n’a eu d’autre choix que
“l’autoproduction” d’un habitat précaire pour échapper au statut de locataire. Cette
autoproduction s’est faite sur des terrains au statut foncier incertain, très mal desservis
par les transports du fait de leur éloignement par rapport au réseau viaire et mal
raccordés aux services urbains de base en matière d’eau et d’assainissement. Cette
situation est caractéristique d’un habitat spontané en zone périurbaine.
Le rapport coût/efficacité de l’autopromotion/autofinancement de l’habitat (y compris au
plan environnemental) est faible. Il s’agit pourtant de la filière de production dominante,
en particulier pour ceux des ménages qui ont des revenus non salariaux. Les dés-
économies entraînées par ce mode de production sont multiples :
durée excessive des chantiers de construction (plus d’une année dans la grande
majorité des cas) du fait de l’absence de crédit autre que celui des tontines
s’appliquant seulement à certaines étapes de la construction, et du recours à un
artisanat de la construction peu qualifié et peu structuré ;
effort financier très lourd des constructeurs, en particulier pour les premiers
accédants à la propriété, qui sont obligés de continuer de payer une location pendant
la construction ;
surcoûts de production en main d’œuvre et de transport de matériaux liés à l’absence
d’eau et d’électricité et à l’éloignement du réseau viaire carrossable en toutes
saisons ;
etc.
Le caractère diffus de l’occupation du sol provoque un étalement coûteux des villes en
termes de raccordement aux réseaux et de transport intra-urbain, alors que les centres-
villes ne sont pas suffisamment densifiés.
L’édification des villes n’est pas maîtrisée, du fait de l’absence de contrôle des
constructions sur le terrain.
Les ménages les plus pauvres qui ne peuvent acheter de parcelle de terrain ni payer un
loyer dans le secteur privé (en particulier les “déplacés”) se sont rabattus sur l’occupation
illicite de terrains du domaine public ou privé de l’Etat, lesquels terrains sont souvent
situés dans des zones peu propices à la construction (zones inondables, sujets à l'érosion,
etc.).
Cadre de vie
1 – Problème central
Le problème central ici est une fourniture insuffisante des services urbains de base.
raccordement est forte, rendant ces services de base inabordables pour une majorité des
citadins.
Comme causes secondaires, on peut citer, pour ce qui est des ordures ménagères,
l'inadaptation des méthodes de collecte. Tout est centré autour d’une gestion
monopolistique qui ne s’occupe qu’imparfaitement d’une partie de la chaîne. Cela est
d’autant plus dommage que l’implication de petits opérateurs privés chargés de la pré-
collecte auto-rémunérée permettrait à la fois d’améliorer sensiblement le niveau de
service offert, de réduire le coût du service, et de créer de nombreux emplois.
Pour ce qui est de l’évacuation des eaux pluviales, on se heurte à un contexte
institutionnel peu clair, qui se traduit par une dilution des compétences, en particulier
entre l’Etat d’une part et les communes d’autre part, mais aussi par la faible priorité
accordée à la question de l’évacuation des eaux pluviales (des études de schémas
directeurs d’assainissement ont même été réalisées sur les villes de Douala et Maroua où
le problème se pose avec une certaine acuité, mais les travaux n’ont toujours pas suivi).
Avec pour conséquences que :
l’insuffisance d’approvisionnement en eau potable aggrave la situation sanitaire de la
population (maladies hydriques: choléra, dysenterie) et affecte directement son
développement. L’insuffisance de la fourniture d’électricité dans les centres urbains
conduit à une aggravation de l’insécurité ;
en matière d’assainissement, les eaux usées sont directement déversées dans les
collecteurs, aggravant les conditions d’hygiène des populations déjà très fragiles. Ces
eaux usées sont pour la plupart rejetées dans les bas-fonds ou dans les lits des cours
d’eau sans traitement. La contamination des ressources naturelles dans les villes
entraîne des risques majeurs de contamination des eaux de captage, et menace à
terme leur approvisionnement en eau potable ;
les eaux de ruissellement s’accumulent dans les bas-fonds, causant des inondations
ravageuses aux graves conséquences humaines et économiques ;
en matière de voiries tertiaires, de nombreux quartiers périphériques sont
pratiquement enclavés et desservis par réseau essentiellement en terre (à 60% à
Douala et à Yaoundé). Du fait d’un faible niveau d’aménagement au départ (à la
charge du lotisseur), puis d’un manque d’entretien, ce réseau se retrouve dans un
état de dégradation alarmant, le rendant impraticable durant les saisons pluvieuses,
empêchant du même coup l’extension des réseaux d’eau, d’électricité et
d’assainissement ainsi que toute tentative d’amélioration de la collecte des déchets
solides ;
en matière d’environnement urbain, il y a une dégradation continue du cadre de vie
en milieu urbain et une aggravation de l’exposition aux risques naturels.
Séparation des responsabilités en matière de droit foncier Pas de documents de planification actualisés et
Urbanisme et d’urbanisme approuvés pour la quasi-totalité des villes
Absence ou non application des documents d’urbanisme et Faible application de la réglementation en vigueur
de la réglementation de l’occupation et de l’usage des sols
Insuffisance d’espaces aménagés Existence d’un droit foncier archaïque par rapport à la Absence de Stratégies de Développement des
réalité de l’urbanisation Villes (SDV) et de leurs aires métropolitaines
Lotissements domaniaux et communaux sommairement Caractère peu ordonné des installations humaines
aménagés et absence de réserves foncières pour les
équipements collectifs
Imbroglio foncier Parcellisation anarchique des terrains coutumiers
Aggravation de la
Arbre à Problèmes / Urbanisme-Habitat-Cadre de vie Autoproduction de situation sanitaire de la
Urbanisation de zones l’habitat par la grande population (maladies
Caractère peu ordonné des inconstructibles (au sens de la loi majorité des ménages
installations humaines et
hydriques: choléra,
régissant l’urbanisme) et (estimée à plus de 90%). dysenterie) qui affecte
absence de réserves foncières
impropres à l’installation de directement son
pour les équipements collectifs
l’habitat développement
Séparation des responsabilités en Désengagement de l’Etat Difficultés Forme d’urbanisation non Coût des extensions de
matière de droit foncier et dans le soutien budgétaire à d’approvisionnement en structurée et fortement réseaux très élevé
d’urbanisme l’habitat planifié matériaux de consommatrice d’espace
construction
1 – Problème central
En effet, une partie importante de la population urbaine n’a toujours pas accès aux
services de transport de qualité, ce qui favorise l’émergence du transport par
mototaxis. Or, ce mode de transport, s’il présente un intérêt incontestable pour les
usagers en termes d’accessibilité et d’efficacité, comporte des inconvénients majeurs
pour la collectivité du fait de la pollution et des encombrements qu’il génère, et du
point de vue de la sécurité et du confort.
2 – Causes et conséquences
Le développement des transports urbains collectifs motorisés par bus est freiné par
un certain nombre de contraintes dont : (i) l’inadaptation des infrastructures du
réseau viaire principal aux transports collectifs et semi collectifs, (ii) l’insuffisance des
moyens de transport collectif et semi-collectif et, (iii) la faible fluidité du trafic. Par
ailleurs, le chevauchement des interventions des différents acteurs publics sur le
terrain et l’absence d’un cadre de concertation ne sont pas de nature à faciliter la
recherche de solutions aux problèmes à résoudre.
2.1. Insuffisance de la couverture des villes par un réseau viaire principal (primaire et
secondaire) adapté aux transports collectif et semi-collectif
Les opportunités créées par l’existence des réseaux ferroviaires ou des plans d’eau,
n’ont pas été mise en contribution pour que soient développés des modes alternatifs
de transport autres que les routes. Les infrastructures existantes ne défavorisent pas
ou restent inadaptées pour le transport en commun par bus ou minibus, qui
nécessite des routes revêtues présentant des caractéristiques techniques
appropriées. L’une des solutions résiderait dans la réhabilitation lourde.
Par ailleurs, l'entretien est plus souvent limité aux chaussées revêtues. Les chaussées
non revêtues sont encore plus mal entretenues, réduisant les performances du
transport par taxis et mototaxis et les transports personnels, De plus, les
dépendances ne sont pas traitées systématiquement. A l'exception des villes de
Douala et de Yaoundé, qui exécutent un programme annuel systématique sur les
dépendances (caniveaux, trottoirs), l’entretien des abords n’est généralement pas
inclus dans les interventions de voirie. Ces manquements nuisent également aux
performances des déplacements pédestres.
Bien que le transport collectif et semi-collectif présente le plus d’avantages sous les
aspects confort, sécurité, pollution et coût, il représente une part faible des
transports motorisés de personnes avec un taux de l’ordre de 25%. Le
développement de ce mode de transport est entravé par des problèmes liés à la
faible couverture spatiale par un réseau adapté, mais aussi par des coûts élevés
d’acquisition des matériels, par l’insuffisance de mesures fiscales et réglementaires
incitatives pour les entreprises de transport collectif, et par des conditions difficiles
d’exploitation du fait des encombrements.
Cette offre dessert systématiquement les zones centrales en délaissant les secteurs
les plus éloignés du centre ou les plus défavorisés, ce d'autant que ceux-ci sont moins
bien équipés en routes bitumées. Ce sont donc surtout les quartiers les plus pauvres
qui sont les moins bien desservis par ce mode de transport, contribuant ainsi à
entraver la réalisation de l’objectif d’accroissement de la mobilité urbaine.
Globalement, les coûts de déplacements sont élevés comparativement aux revenus;
ce qui explique le poids très élevé (20%) que représente la rubrique transports dans
les dépenses des ménages pauvres.
Chevauchement des Chevauchement des Coût élevé d’acquisition Insuffisante application Inadéquation des
interventions des acteurs missions et absence d’un des matériels roulants de la réglementation sur caractéristiques
publics sur le terrain et absence cadre de concertation neufs et absence de l’occupation de la voie géométriques des
d’un cadre de concertation réglementation relative à publique voiries
l’importation des
véhicules d’occasion
Insuffisance de la politique et
Mesures fiscales et Absence de voies de Insuffisance
de la stratégie de construction réglementaires peu
et d’entretien des voiries contournement des d’aménagement
incitatives pour les Conditions
urbaines entreprises de transports d’exploitation difficiles
grands centres urbains des marchés de
collectifs du fait des vivres frais
encombrements
Insuffisance des financements
alloués à l’aménagement des
voiries Chevauchement des Absence de
Inadaptation des infrastructures missions et absence d’un plans de
au transport en commun
Insuffisance de la cadre de concertation déplacement
(absence de couloirs de
Formes d’extension urbaine peu circulation réservés aux bus et signalisation routière
favorables
RAPPORT au développement des
FINAL aux taxis collectifs) Page 114
transports collectifs (étalement
urbain non planifié)
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
1 – Problème central
L’insuffisance quantitative et qualitative de l’offre du secteur privé urbain est le
problème central. Cette situation concerne surtout les PME nationales, les
entreprises modernes, souvent à capitaux étrangers, étant mieux structurées. D’un
point de vue stratégique, la situation des PME locales du secteur, y compris
l’artisanat, mérite plus d’attention, compte tenu de leur impact sur la création
d’emplois et le développement économique local. Ce sont ces PME qui connaissent le
plus de difficultés, aussi bien à la création qu’à la consolidation et au développement.
2 – Causes et conséquences
Les PME connaissent d’importantes difficultés dont les principales sont présentées ci-
après.
Les difficultés d’accès aux financements bancaires : On relève une absence de
mécanismes de financement appropriés à la création et au développement de PME
locales opérant en milieu urbain. Que ce soit dans le secteur privé ou public, il
n’existe pas d’instruments spécialisés de crédit aux entreprises du secteur pas plus
que de mécanismes de garantie de crédit, de refinancement ou de bonification
d’intérêt des prêts du secteur privé bancaire. Les quelques tentatives effectuées dans
ce domaine ont échoué faute de transparence et d’efficacité dans la gestion de ces
instruments (problème de «gouvernance»). Les retards récurrents dans l’obtention
des mainlevées (au-delà des délais réglementaires) sont une entrave supplémentaire
pour les entreprises qui ont pu bénéficier d’une caution auprès d’un établissement
financier. L’absence d’un financement adapté au mode de production dominant de
l’habitat au Cameroun (l’autopromotion) a rendu cette filière peu productive et a
constitué un obstacle majeur au développement d’un artisanat structuré et productif
dans le domaine de la construction.
L’insuffisance d’une politique fiscale incitative facilitant la création et le
développement des PME locales opérant dans le secteur (matériaux de construction,
promoteurs, entrepreneurs du BTP, transporteurs, artisans de la construction, etc.).
Toutefois, dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires au Cameroun, des
mesures visant la simplification des procédures de création d’entreprises et un
allègement fiscal sont mises en œuvre depuis l’exercice 2010.
Les difficultés d’accès aux marchés publics : Elles sont justifiées par les coûts élevés
des cautions, la multiplicité des certificats exigés, le caractère informel des activités,
doublée de la lenteur de paiement par l’administration pour les travaux financés par
le BIP (l’ANNEER-TP, une fédération des entreprises du secteur BTP, signale 9 mois
d’impayés).
Absence de structures spécifiques d’encadrement et de financement Les PME ont fréquemment recours aux
Difficultés d’accès aux financements pour les des PME sources informelles de financement
entreprises du secteur privé urbain (PME (tontines, usure, et autres types
locales et entreprises de construction d’emprunt)
notamment) Montants élevés des garanties exigées par les structures existantes
Difficultés d’accès aux marchés publics Lourdeur des cautions et multiplicité des certificats exigés
Informalité dans laquelle évoluent beaucoup d’acteurs
Faible demande (publique et privée) pour Insuffisance d’application du cadre réglementaire De nombreux professionnels exercent en
certaines professions même temps d’autres activités
Insuffisance quantitative et qualitative des Faiblesse des filières de formation
ressources humaines De nombreuses malfaçons entachent
Insuffisance des capacités techniques et managériales des promoteurs
certaines réalisations, provoquant parfois
due à leur formation scolaire insuffisante
de graves accidents
Faible expertise dans certaines spécialités (électricité, plomberie,
climatisation, etc.)
Faible organisation des acteurs du secteur
privé urbain
La demande des villes est à la fois complexe et fluctuante. A l’observation, les villes
camerounaises apparaissent comme de vastes organisations sociales en crise. Cette
crise de la société urbaine se manifeste à travers diverses formes de lutte pour
l’appropriation de la cité impliquant les différents acteurs et les différentes catégories
de la population urbaine, dans le but d’accéder aux ressources et/ou au pouvoir, de
préserver leur identité et leur reconnaissance sociale, et enfin d’assurer leur insertion
en milieu urbain à travers une amélioration de leurs conditions de vie dans toutes ses
composantes, et notamment l’accès pour tous aux services urbains et sociaux de base.
Pour apporter une réponse satisfaisante aux attentes des uns et des autres, le
Gouvernement a proposé un éventail de solutions qui à ce jour n’est pas encore
parvenu à combler les attentes des populations urbaines.
A l’analyse, les problèmes majeurs de la gouvernance urbaine se situent principalement
à trois niveaux :
la non participation des populations urbaines à la gestion de leurs problèmes ;
la faible prise en compte des aspirations, des besoins et des attentes des
populations, notamment l’accès aux différents services de base ;
l’inadéquation entre le système de gestion des problèmes urbains actuels et
l’évolution sociale du milieu urbain.
1 – Problème central
Le problème central de la gouvernance urbaine est la difficulté de la mise en cohérence
de tous les leviers novateurs d’une gestion optimale de la cité.
2 – Causes et conséquences
Les principales causes de ce problème sont :
En matière de décentralisation :
la gestion des communes présente de nombreuses insuffisances, tant au plan
organisationnel que financier, malgré les dispositions en cours relatives à la mise
en œuvre du nouveau régime financier ;
la plupart des villes ont encore une productivité assez faible, la création de
conditions idoines pour un développement économique n’étant pas encore
perçue comme une priorité pour les élus ;
la réglementation des marchés publics comporte des dispositions (budget de
fonctionnement des commissions de passation des marchés) difficilement
applicables par les communes, du fait de leur coût élevé par rapport aux moyens
des communes et à la taille des marchés à passer ;
les moyens financiers et humains des communes apparaissent encore
insuffisants, en raison du retard pris dans le transfert des moyens financiers
consécutif au transfert des compétences, même si la situation devrait s’améliorer
RAPPORT FINAL Page 118
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
avec les dispositions prises depuis 2010 pour l’augmentation des ressources
propres et des transferts de l’Etat ;
les capacités des services de l’Etat restent limitées, en raison d’une insuffisance
qualitative et quantitative des ressources humaines et de l’absence de données
fiables sur le développement urbain ;
l’accompagnement des services de l’Etat reste lui-même très faible, du fait à la
fois de la forte résistance de la plupart des administrations à déconcentrer leurs
activités, de l’insuffisance des moyens humains de l’Etat, mais aussi des
insuffisances de gestion au niveau même de l’Etat, qui se répercutent au niveau
local ;
En matière de coordination et partenariats
Le cadre institutionnel de l’Etat fait apparaitre un chevauchement des compétences
entre diverses administrations sans une véritable coordination.
Le partenariat Etat-communes est effectif pour les communautés urbaines de Douala et
de Yaoundé, mais reste limité aux opérations financées sur des ressources
exceptionnelles. La coordination entre services publics (tant au niveau central que
local), entre Etat et CTD et entre CTD elles-mêmes reste insuffisante, du fait d’un faible
respect des textes, d’un éclatement des compétences au niveau de l’Etat et de l’absence
d’approche concertée à l’échelon local.
En matière de démocratie participative
Les cadres formels de participation de la population restent inopérants. Les
Organisations de la Société Civile (OSC) présentent des disfonctionnements profonds.
Par conséquent, la participation de la société civile demeure limitée et inefficace.
Les modalités de fonctionnement des services étatiques mais plus encore des CTD
(absence de procédures) ne permettent d’assurer que très partiellement l’imputabilité.
Les notions d’imputabilité et de transparence restent donc peu ancrées, du fait à la fois
des insuffisances d’un cadre formel, mais aussi du non-respect des dispositions en
vigueur tant par les CTD que par les autres services de l’Etat.
E - LECONS TIREES
L’urbanisme n’est pas suffisamment réglementé, et les textes en vigueur sont mal
maîtrisés ou mal appliqués ;
La crise économique a raréfié les ressources allouées à l’aménagement urbain, et en
particulier aux opérations de restructuration et de rénovation des quartiers dans les
villes ;
L’offre de logements décents accessibles au plus grand nombre est insuffisante. Il en
est de même pour la fourniture des services urbains de base ;
L’insuffisance des aménagements à caractère socio-économique entraîne des
désordres urbains, et amoindrit l’apport économique attendu des villes ;
La mobilité urbaine est réduite, notamment du fait de l’insuffisance quantitative et
qualitative d’un réseau viaire adapté au transport collectif et semi-collectif ;
Les difficultés d’accès aux financements, couplés à l’insuffisance de la
réglementation ou à sa mauvaise application, freinent l’exercice des entreprises du
secteur privé et des professionnels des métiers urbains ;
Les mécanismes de la gouvernance urbaine sont insuffisants et ne jouent pas leur
rôle de manière satisfaisante, du fait en particulier du faible niveau des capacités
techniques et organisationnelles des acteurs ;
Les données statistiques disponibles sur les questions urbaines sont très globales et
insuffisantes pour permettre de bien cerner les problématiques du sous-secteur.
Etant donné l’importance socio-économique des villes, tant que ces problèmes relevés
dans les quatre composantes du développement urbain ne seront pas résolus ou tout au
moins atténués, il est peu probable que le Cameroun s’achemine réellement vers les
objectifs qu’il s’est fixé dans la Vision-2035 et le DSCE.
2) Enjeux et Défis
L'état des lieux et le bilan-diagnostic mettent en exergue les enjeux et défis repris dans le
tableau synoptique ci-contre.
ENJEUX DEFIS
Accroissement du niveau d’investissement
Maîtrise de l’urbanisation pour un dans le sous-secteur
développement économique et social Renforcement des capacités des acteurs
durable
Facilitation de l’accès au foncier
Accroissement des ressources financières
allouées au sous-secteur
Accroissement de la production des Renforcement des capacités des acteurs
espaces urbanisés (aménagés selon les
Systématisation de la production et de
règles de l’urbanisme)
l’application des documents de planification
Facilitation de l’accès au foncier
Accroissement des ressources financières
allouées au sous-secteur
Facilitation de l’accès au foncier
Amélioration de l’accès des
populations aux logements décents et Facilitation de l’accès aux matériaux de
aux services urbains de base construction en général et aux matériaux
locaux en particulier
Accroissement de l’implication du secteur privé
et de la société civile
Accroissement des ressources financières
allouées au sous-secteur
Mise à niveau et entretien des voiries urbaines,
Amélioration de la mobilité urbaine
notamment dans les capitales régionales
Elaboration et Mise en œuvre de plans de
déplacement
Accroissement des ressources financières
allouées au sous-secteur
Accroissement de l’offre de transport Aménagement des infrastructures appropriées
urbain de masse au transport urbain de masse
Facilitation de l’implication du secteur privé
urbain
RAPPORT GLOBAL 123
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT URBAIN ET DE L’HABITAT
PRESENTATION
1 – Objectif
Les leçons tirées à l’issue de la première partie de ce rapport global montrent que le Cameroun,
comme la plupart des pays en développement, connaît un phénomène d’urbanisation accéléré
et non maîtrisé, avec des écarts qualitatifs et quantitatifs significatifs entre l’offre et la
demande en matière de sécurité foncière, d’habitat, d’infrastructures et moyens de transports
urbains, de gouvernance urbaine et de moyens de mise en œuvre.
Cette deuxième partie propose des choix stratégiques pour résoudre les problèmes identifiés et
analysés dans la première partie.
2 – Méthodologie
3 – Articulation
Le Cameroun a adopté en 2009 une nouvelle vision pour son développement à long terme baptisée «Vision-2035», dont
l’objectif global est d’en faire un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon 2035.
Cette vision se traduit par quatre objectifs généraux, à savoir : (i) réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable, (ii)
Atteindre le stade de pays à revenus intermédiaires, (iii) devenir un Nouveau Pays Industrialisé, (iv) Consolider le processus
démocratique et renforcer l’unité nationale.
a - Réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable : Les résultats de la dernière enquête camerounaise auprès des
ménages (ECAM III) indiquent que le taux de pauvreté monétaire n’a pas significativement changé entre 2001 et 2007. De
40,2% en 2001, il se situe autour de 39,9% en 2007. Dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la
réduction de l’incidence de la pauvreté de moitié à l’horizon 2015, signifiait qu’il soit ramené dans la fourchette 20% - 25% à
cet horizon. Les résultats de l’ECAM III donnent une idée du chemin à parcourir pour ramener ce taux à moins de 10% en
2035. De manière spécifique, il s’agit d’augmenter les infrastructures de facilitation du développement (énergie, routes,
ports et aéroports, télécommunications, eau potable, etc.), d’intensifier la création d’emplois notamment pour les jeunes et
les femmes, tout en généralisant la disponibilité et la qualité des services de santé et d’éducation.
b - Atteindre le stade de pays à revenus intermédiaires : Selon la classification de la Banque Mondiale de 2002, les pays à
revenus intermédiaires sont ceux dont le revenu par tête est compris entre 2 936 et 9 075 dollars. Actuellement, le
35
Cameroun avec un revenu de 630 dollars par tête se classe dans la tranche des pays à faibles revenus. L'ambition de
devenir un pays à revenus intermédiaires se décline spécifiquement par la nécessité pour le pays d’accélérer et de conforter
le rythme de croissance économique dont dépend l'accroissement des revenus. Ceci nécessite une croissance à deux chiffres
c – Devenir un Nouveau Pays Industrialisé : La principale caractéristique d’un Nouveau Pays Industrialisé (NPI) est une
industrialisation rapide et une évolution accélérée du secteur manufacturier. L’ambition du Cameroun à travers la vision de
développement à long terme, est de passer de la phase primaire où la production manufacturière représente moins de 11%
du PIB, avec une exportation essentiellement des biens primaires et une importation des produits manufacturiers légers et
lourds, à la phase de deuxième import substitution. Dans cette perspective, la vision retient comme objectifs spécifiques
d’améliorer le poids des produits issus de l’industrie manufacturière dans le PIB et d’infléchir les importations de tels
produits tout en améliorant leur part dans les exportations.
35 Cameroun Vision-2035, juin 2009 (les objectifs quantitatifs de la vision Cameroun 2035)
RAPPORT GLOBAL 128
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
36
Cameroun vision-2035, juin 2009, page 45
37
Cameroun vision-2035, juin 2009, page 45 / DSCE, août 2009, PP 61et 62
RAPPORT GLOBAL 129
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Les éléments ci-dessus, relatifs à la composante une, sont consignés dans le cadre
logique ci-dessous.
Source de
Objectifs Indicateurs objectivement vérifiables Hypothèques / risques
vérification
Rapports
Disponibilités des
Résultats 3 : l’accès des populations Effectif de la population ayant accès aux d’enquêtes
différentes stratégies de
aux services urbains de base est services et équipements urbains (eau, Rapports d’activités fourniture des services
amélioré électricité etc.) des urbains
concessionnaires
Résultat 4 : les opérations de
Nombre d’opérations de lotissement à Rapport annuel Production des réserves
lotissement à équipements minimum
équipements minimum mises en œuvre d’activités foncières
sont mises en œuvre
Les éléments ci-dessus, relatifs à la composante deux, sont consignés dans le cadre
logique ci-dessous.
1 – Rappel de la problématique
Pour pallier ces insuffisances, les actions à mener par le Gouvernement doivent avoir
pour objectif stratégique de Développer la capacité et la compétitivité du secteur privé
urbain dans le domaine des infrastructures et de la production des services.
L’atteinte de cet objectif passe par la mise en place d’une politique publique d’appui
favorisant le développement des professions et métiers du secteur (PME, artisans,
travailleurs indépendants du BTP, de la production des matériaux de construction, des
transports urbains, de l’assainissement, de la promotion immobilière et de la maîtrise
d’œuvre urbaine). D’où les objectifs spécifiques ci-après :
Objectif spécifique 1 : Améliorer les capacités humaines, techniques, managériales,
matérielles et organisationnelles du secteur privé urbain ;
Objectif spécifique 2 : Améliorer l’accès des acteurs du secteur privé urbain aux
financements ;
Objectif spécifique 3 : Améliorer le cadre institutionnel et juridique ;
Objectif spécifique 4 : Faciliter l’accès des acteurs locaux aux marchés publics;
3 – Axes d’intervention
a) Résultats attendus
Les conditions d’accès des acteurs du secteur privé urbain aux financements sont
améliorées ;
l’accès aux marchés publics est facilité pour les locaux ;
les textes législatifs et règlementaires complémentaires sont disponibles et
appliqués ;
les capacités managériales, organisationnelles et techniques des entreprises du
secteur privé urbain sont améliorées ;
les ressources humaines et matérielles sont renforcées.
Les éléments ci-dessus, relatifs à la composante trois, sont consignés dans le cadre
logique ci-dessous.
2 – 2. AXES STRATEGIQUES
Ainsi, des différents objectifs et résultats ci-dessus identifiés, se dégagent cinq axes
stratégiques tels que présentés dans le tableau 29 ci-après :
SECTION 3 – DETERMINATION
DES PROGRAMMES
Au regard de ces axes stratégiques, deux types de programmes ont été identifiés : quatre
programmes opérationnels et un programme support tels que spécifiés dans le tableau 30 ci-
dessous.
a) Programmes opérationnels
Programme 1 : Développement de la planification urbaine ;
Programme 2 : Amélioration de l’habitat (à travers des rénovations et des
restructurations de l’habitat existant, la construction de logements neufs et
l’aménagement des zones d’extension urbaine) ;
Programme 3 : Amélioration de l’environnement urbain et accès aux services urbains de
base ;
Programme 4 : Développement des infrastructures de transports urbains.
b) Programme support
Le tableau 31 qui suit identifie ces programmes, à partir de l’ancrage du développement urbain
dans le DSCE.
Objet du tableau : (Identifie les programmes, articule le lien entre le cadre stratégique et le cadre de programmes)
Ancrage dans le DSCE :
Paragraphe 179: Maîtriser le développement des villes (taux d’urbanisation de 57,3% en 2020) et en faire des centres de production et de consommation nécessaires à l’essor du
secteur industriel, mais également promouvoir l’émergence des agglomérations périphériques, le développement des villes moyennes ou secondaires capables de structurer les
activités économiques dans l’espace urbain et de concourir au développement des zones rurales environnantes
Paragraphe 181 :
- Entretien et réhabilitation des infrastructures urbaines
- Développement des infrastructures urbaines
- Amélioration de l’accès aux services urbains de base
- Maîtrise de l’occupation du sol
- Protection des groupes sociaux vulnérables
- Renforcement des capacités institutionnelles du sous-secteur urbain
153
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Paragraphe 180 :
1. ralentir le rythme d’augmentation du taux d’urbanisation (parvenir à un taux de 57% en 2020);
2. construire 150 km de voies bitumées et au moins 17 000 logements sociaux, aménager 50 000 parcelles ;
3. réduire de moitié le pourcentage de la population urbaine qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement
en eau potable, à l’électricité et aux TIC ;
4. renforcer l’industrie, le secteur privé, la gouvernance et les ressources humaines du sous-secteur urbain
Objectifs sectoriels (y. compris les 5. Contribuer à la réduction du chômage et du sous-emploi à travers la promotion de l‘approche HIMO
indicateurs, résultats, délais) :
Sous-secteur : Développement urbain et habitat
Axes Fonction Programmes Objectifs Indicateurs Baseline Cible
95 documents de
planification pour les
Développement 20 documents de
Encadrer et Nombre de documents de planification chefs lieux de région et de
urbain planification
1. Développement de maîtriser le élaborés ou actualisés et approuvés départements et les villes
élaborés
Développement de la planification développement secondaires d’au moins
l’habitat urbaine urbain 20 000 habitants
Réduire de façon - 2000 ha
significative la - SAD : 300 ha en - 30 000 parcelles
Développement de Développement 2. Amélioration de proportion de - Nombre de logements construits et 10 ans - Au moins 17000
l’habitat urbain l’habitat l’habitat Superficies des espaces aménagés, - MAETUR : 43 logements sociaux
indécent en restructurés ou rénovés 000 construits
milieu urbain - SIC : 14 000
3. Amélioration de Assainir et - Proportion des populations urbaines 35% 50%
Promotion d’un cadre de l’environnement embellir l’espace ayant accès aux infrastructures de
Développement
vie décent en milieu urbain urbain et de l’accès urbain proximité
Urbain
aux services urbains Taux d’accès des populations aux 20% 50%
de base services urbains de base
PM - Au moins 6000 km de
Développement Linéaires de voiries construits,
voirie en terre entretenus
Urbain entretenus ou réhabilités
- Au moins 3000 km de
154
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
155
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Axe 4 Axe 5
Axe 1 Axe 2 Axe 3 Amélioration des
Développement Amélioration du Promotion de la
Développement de ressources humaines,
des infrastructures cadre institutionnel gouvernance
l’habitat urbain financières et
de transport urbain et juridique matérielles
urbaine
PROGRAMMES OPERATIONNELS
156
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
PRESENTATION
1 – Objectif
La deuxième partie de ce rapport global définit quatre programmes opérationnels et un
programme support pour supprimer ou tout moins réduire les écarts relevés dans la
première partie, entre l’offre et la demande en matière de sécurité foncière, d’habitat, de
services urbains de base, d’infrastructures de transports urbains, de capacités des acteurs
du secteur privé urbain, et de gouvernance urbaine.
Cette troisième partie consacrée au plan d’actions prioritaires décline ces programmes en
actions et activités.
2 – Méthodologie
Les cinq programmes sont présentés sous forme d’une matrice globale composée
d’actions et d’activités, avec des objectifs, des résultats, des indicateurs et des acteurs. De
cette matrice globale (cf section 2) est extrait un programme d’actions prioritaires à
l’horizon 2015 avec des résultats quantifiables. Les indicateurs qui en découlent
permettront d’évaluer le taux de réalisation des objectifs définis. Ils ont été choisis pour
permettre de :
Quantifier, suivre et évaluer ;
Mesurer le degré de succès dans l’atteinte des objectifs spécifiques et des objectifs
globaux ;
Caractériser en qualité et en quantité les résultats, les objectifs spécifiques et les
objectifs globaux.
La détermination de l’ordre de priorité entre les activités de chaque action s’est effectuée
suivant une analyse multicritère. Pour chaque programme, une priorité est établie à
travers une action déterminée, portant notamment sur des activités pouvant être
réalisées à l’horizon 2015. La démarche retenue pour le classement par ordre de priorité
des activités au sein d’une action s’appuie sur cinq critères, à savoir :
i) La gravité du problème à résoudre en termes d’incidence sur la population ;
ii) La pertinence des activités par rapport aux objectifs fixés dans le DSCE ;
iii) L’efficience (atteinte des objectifs au moindre coût) ;
Chaque critère est noté sur une échelle de trois (3) points repartis ainsi qu’il suit :
La somme arithmétique des notes obtenues pour chaque activité permet d’établir un
classement par ordre de priorité, sachant que la note maximale est de quinze (15) points.
Le plan d’investissement prioritaire est présenté par programme en termes d’actions et
d’activités à conduire au cours de la période allant de 2011 à 2015.
3 –Articulation
Cette troisième partie comporte trois sections :
1) la présentation des cinq programmes retenus pour apporter des solutions à
l’ensemble des problèmes identifiés, sous forme de texte ;
2) la matrice globale de mise en œuvre de la stratégie, qui détaille les actions et
activités des cinq programmes ;
3) Le Plan d’Actions Prioritaires regroupant les actions et activités à mettre en œuvre
d’ici à 2015 ;
4) la présentation des dispositifs de monitoring de la stratégie ;
5) les principales conditions de réussite de la mise en œuvre de la stratégie.
Les programmes susvisés dans les tableaux 30 et 31, sont déclinés ci-dessous en actions
nécessaires pour leur mise en œuvre. Dans la présentation de chacune des actions il est rappelé
son l’intérêt, l’idée générale sur sa faisabilité et les différentes parties prenantes.
La méthodologie d’intervention pour les deux actions étant pratiquement la même et aux
fins d’éviter les répétitions, l’on a procédé à une description unique pour les deux.
Aussi, tout en recevant l’appui du MINDUH, les collectivités territoriales seront encouragées à
prendre des initiatives dans l’élaboration des documents de planification de leurs localités.
Intérêt de l’action
Du bilan-diagnostic il ressort que l’’insuffisance de l’offre de logements décents (en locatif et
en accession) et de terrains à bâtir (pour les candidats à la construction et pour les
promoteurs, publics ou privés), qui n’a répondu ni qualitativement ni quantitativement à la
demande, constitue l’une des principales causes du développement d’un habitat insuffisant,
anarchique et indécent en milieu urbain. En effet, malgré les efforts consentis par l’Etat, la
production des espaces urbanisés et des réserves foncières n’a pas répondu favorablement à
l’importante demande de terrains pour la production des infrastructures, des logements, des
services et équipements sociaux et autres, nécessaires pour accueillir la croissance urbaine.
Intérêt de l’action
Le diagnostic posé sur l’habitat a révélé qu’environ 70% de l’espace urbain est occupé par les
quartiers d’habitat spontané, anarchique et indécent. L’objectif de cette action est donc de
réduire de façon significative la proportion de l’habitat indécent en milieu urbain. Pour ce
faire, la réalisation des opérations urbaines telles que définies dans la loi N°2004/003 du 21
avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun est nécessaire. En effet, l’article 54 de cette loi
stipule que la restructuration et la rénovation urbaines concourent à l’amélioration des
conditions de vie et de sécurité des populations au regard de la situation foncière, de l’état
des constructions, de l’accès aux habitations, des espaces verts, de l’environnement et des
voiries et réseaux divers.
Par ailleurs, le décret d’application N°2008/0738/PM du 23 avril 2008 portant organisation
des procédures et modalités de l’aménagement foncier vient renforcer la loi régissant
l’urbanisme, en ce sens qu’il fixe les procédures et modalités d’exécution des opérations
d’aménagement foncier et celles de création et de fonctionnement des organismes d’études
et d’exécution desdites opérations.
Ces opérations d’aménagement foncier participent à l’amélioration du tissu urbain des
agglomérations en vue d’y implanter des constructions nouvelles. Elles permettent ainsi
d’améliorer le cadre de vie des populations dans les quartiers, l’offre de logements décents
(en locatif et en accession) et de terrains à bâtir.
Intérêt de l’action
Parmi les causes du renchérissement du prix de production des logements décents, l’on a
identifié dans le bilan-diagnostic la non disponibilité des matériaux de construction et la
faible utilisation des matériaux locaux de construction. Cette action vise donc à développer
des activités nécessaires pour faciliter l’accès du plus grand nombre aux matériaux de
construction. Il se base sur les textes existants relatifs aux normes en la matière et à la
création de la Mission de Promotion des Matériaux Locaux (MIPROMALO).
Intérêt de l’action
Du bilan-diagnostic, il ressort que le déficit actuel en logements décents est estimé à environ
1 000 000 d’unités auxquelles s’ajoutent au moins 60 000 nouvelles demandes annuelles. En
effet, malgré les multiples efforts déployés par l’Etat Camerounais, l’offre publique et privée
de logements n’a pas répondu qualitativement et quantitativement à la demande. De ce
diagnostic ressort donc la nécessité d’améliorer l’offre de logements décents et de terrains à
bâtir en milieu urbain.
En vue de s’arrimer aux orientations stratégiques nationales définies dans le DSCE, il s’avère
important d’une part de mettre en place de vastes programmes nationaux de construction
de logements sociaux et de bâtiments publics à usage de bureaux et de résidences, et
d’autre part, de mettre en œuvre une politique incitative pour l’amélioration de l’offre
privée de logements et de terrains.
Intérêt de l’action
Le développement anarchique des villes a été constaté comme l’un des problèmes majeurs
dans le diagnostic du sous-secteur urbain. La maîtrise du développement urbain constitue
donc l’une des préoccupations majeures du DSCE. En effet, l’option choisie par le
Gouvernement Camerounais est d’empêcher l’extension infinie des zones urbaines. Ces
zones seront aménagées pour accueillir la croissance urbaine en vue de satisfaire les
nouveaux besoins liés au développement des villes. La conduite d’une telle action s’appuie
non seulement sur les textes régissant l'urbanisme et l'aménagement foncier, mais aussi sur
ceux régissant l’expropriation pour cause d’utilité publique.
technologiques, liés à la présence des établissements classés à proximité des zones d’habitat
dense constituent aussi des dangers latents pour les populations.
Les lois N°2004/003 du 21 avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun et N°96/12 du 05
Aout 1996 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun ainsi que
celle de 98 sur les établissements classés dangereux, incommodes et insalubres, prescrivent
entre autres la protection des populations, de l’environnement, et la prise en compte des
risques naturels et anthropiques.
Idée générale de l’action
Cette action vise à protéger les populations des risques naturels, anthropiques, des
pollutions et nuisances de toutes sortes. Il s’agira, pour mener à bien cette action, de réaliser
des études pour identifier, matérialiser et sécuriser ces zones exposées aux risques d’une
part, d’effectuer des opérations d’aménagement appropriés pour les sécuriser d’autre part.
Intérêt de l’action
Le bilan-diagnostic fait apparaître que 38% de la population urbaine habite près d’un
ruisseau et 16% est exposé aux inondations qui surviennent après de fortes pluies.
L’écoulement des eaux de pluie se fait selon la topographie naturelle des sites, créant parfois
d’énormes rigoles en travers des voies, des ravins et même des éboulements dans les zones
de fortes pentes , des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants.
Le même bilan révèle une prédominance de latrines individuelles, un déficit très important
de latrines aménagées dans le respect des normes environnementales, une nette
insuffisance de réseaux d’égouts collectif (peu fonctionnel quand ils existent) et de stations
d’épuration.
Cette action vise l’assainissement des milieux à travers l’exécution des activités permettant
d’éviter la pollution des sols, des puits d’approvisionnement en eau, des cours d’eau et de la
nappe phréatique (déversement non contrôlé des effluents) permettant d’éviter la
récurrence des maladies hydriques (diarrhées, choléra, etc.).
Idée générale de l’action
Les activités qui doivent être déployées pour la concrétisation de cette action sont relatives
à:
- l’amélioration des systèmes d’évacuation des eaux pluviales par l’élaboration des plans
directeurs d’assainissement et de drainage et leur mise en œuvre ;
Le bilan-diagnostic a montré que dans les villes camerounaises, la mobilité urbaine est
handicapée par la faiblesse quantitative et qualitative de l’offre de transports collectifs et
semi-collectifs. Les principales causes identifiées sont l’insuffisance de la couverture des
villes par un réseau viaire principal, et une politique peu incitative de développement du
transport urbain de masse. Le développement des activités économiques et sociales en
milieu urbain souffre de cette situation.
Pour y remédier, la deuxième partie consacrée aux choix stratégiques prévoit un programme
de développement des infrastructures de transport urbain, dont la mise en œuvre, par les
huit actions identifiées, permettra d’améliorer la mobilité urbaine par le relèvement du
niveau de service du réseau existant, tout en résorbant progressivement le déficit constaté.
Intérêt de l’action
Le diagnostic a montré que les interventions en matière de voirie urbaine ne sont pas faites
sur la base d’une programmation rationnelle et efficiente. Cette absence de programmation
a pour conséquences, entre autres, des investissements sans valeur ajoutée sensible sur le
Produit Intérieur Brut (PIB), et le saupoudrage des moyens financiers disponibles.
La présente action vise à rationnaliser les interventions pour tirer le meilleur profit des
investissements consentis.
Intérêt de l’action
La loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, en son
article 17 stipule que «la création et l'entretien de voiries municipales ainsi que la réalisation
de travaux connexes» relèvent des compétences transférées aux communes. En application
de cette loi, le MINDUH, par arrêté n°0001/E/2/A/MINDUH du 29 mars 2011 a défini le cadre
réglementaire dans lequel devront s’exécuter les compétences transférées par l’Etat aux
Avec plus de 10 000 km de linéaire, la voirie en terre est la plus étendue du réseau viaire
urbain. Le bilan-diagnostic a montré que son mauvais état affecte considérablement les
échanges intra-urbains.
La présente action vise à appuyer les CTD dans leurs efforts pour maintenir leur voirie en
terre dans un état de praticabilité acceptable.
Intérêt de l’action
Le DSCE, dans son chapitre III consacré à la Stratégie de Croissance, fait de l’entretien routier
une action devant «permettre d’améliorer nettement le niveau de service du réseau
routier». La loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes,
prescrit entre autres, l’entretien des voiries municipales comme une compétence des
communes.
Le maintien en bon état des voiries urbaines et la pérennisation des investissements en
matière de voiries urbaines nécessitent un entretien courant et périodique systématique des
routes construites.
Bien que ne disposant pas de statistiques fiables sur un plus grand nombre de villes, le bilan-
diagnostic a montré que la quasi-totalité du réseau viaire urbain revêtu souffre d’une
insuffisance d’entretien courant. L’entretien périodique n’est pas non plus systématisé.
L’objectif de cette action est de maintenir les voiries dans un bon état grâce aux opérations
de point-à-temps, pour assurer en permanence leur praticabilité et accroître les échanges s.
Intérêt de l’action
Le DSCE, dans son chapitre III sus-visé, a prescrit la réhabilitation du réseau routier et des
ouvrages d’art comme une action qui permettra de préserver les lourds investissements déjà
consentis.
Avec les statistiques disponibles, le bilan-diagnostic a montré que l’état de dégradation de la
voirie urbaine est très avancé dans les villes.
L’objectif de cette action est de rétablir les performances des routes urbaines qui ont atteint
leur durée de vie, afin de maintenir ou améliorer leur niveau de service.
Intérêt de l’action
Convaincu du rôle moteur des infrastructures dans la facilitation des échanges et la
promotion d’une croissance forte et durable, l’Etat, dans le DSCE en son point 165 sur le
«bitumage du réseau routier», a prévu une intensification du bitumage du réseau routier
tant urbain que inter-urbain.
La voirie urbaine revêtue représente encore moins de 20% du linéaire total des voiries dans
nos villes (selon des statistiques de la Direction du Développement Urbain en 2009). Selon la
même source, près de 60% de villes chefs lieux d’arrondissement ne comptaient en 2009
aucune voie revêtue.
Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, à travers le Conseil National de la Route
(CONAROUTE), a donné en 2009 des directives visant à doter, à très court terme, chaque
chef-lieu de département de voiries revêtues.
Cette action vise non seulement à traduire en actes cette directive gouvernementale, mais
aussi à mettre en œuvre les prévisions des documents de planification en matière de voiries
et combler ainsi le déficit général en voirie bitumée relevé dans le bilan-diagnostic.
Intérêt de l’action
Le bilan-diagnostic a relevé une insuffisance de l’offre de moyens de transport urbain de
masse. Pour l’heure, les villes de Douala et de Yaoundé sont traversées par la voie ferrée
exploitée par CAMRAIL. Les deux communautés urbaines ont déjà prévu dans leurs Plans
Directeurs d’Urbanisme, le développement du transport par rail sur le tronçon urbain de
cette voie.
La présente action vise à apporter un appui de l’Etat à ces initiatives qui constitueront une
alternative à l’offre actuelle de transport urbain de masse.
Intérêt de l’action
Le bilan-diagnostic a relevé la faible mobilité urbaine comme conséquence majeure de
l’insuffisance en quantité et en qualité de l’offre de transport urbain de masse.
L’amélioration de cette mobilité nécessite, entre autres, la prise en compte dans
l’aménagement de l’espace urbain, des zones de stationnement et des plates formes
d’échange qui serviront soit comme points de rupture, soit comme des zones d’attente pour
certains modes de transport. Il s’agit là des actions à mener au niveau des CTD dans le cadre
de la mise en œuvre de leur politique de développement économique.
La présente action vise à apporter un appui de l’Etat à ces opérations, compte tenu de leur
importance dans les échanges.
Intérêt de l’action
Les villes ne pourront jouer pleinement leur rôle de « moteurs de la croissance
économique » sans une maîtrise des problèmes de déplacements dans l’espace urbain. Le
Rapport 1 sur l’état des lieux et le bilan-diagnostic a relevé que l’un des problèmes majeurs
actuellement rencontrés par les populations est l’allongement du temps de déplacement
dans les grandes agglomérations.
La CUD et la CUY ont déjà engagé des actions visant à doter leurs villes de plans de
déplacements. Les autres Communautés urbaines devront certainement leur emboîter le pas
dans les années à venir.
La présente action vise à apporter un appui de l’Etat à ces initiatives qui contribueront à
l’amélioration de la mobilité urbaine.
D’autres considérations doivent être également prises en compte pour contribuer à réunir
les conditions idoines d’une mise en œuvre efficace et efficiente des programmes
opérationnels destinés à apporter des solutions à l’ensemble des problèmes identifiés. Il
s’agit notamment des questions d’ordre institutionnel et juridique de manière générale, et
d’affectation de ressources humaines, matérielles et financières compatibles avec les
missions assignées aux structures chargées de la mise en œuvre.
Intérêt de l’action
Le bilan-diagnostic a relevé une insuffisance dans les dispositifs institutionnel, réglementaire
et juridique de gestion des installations humaines.
Cette action a pour objet de compléter le dispositif institutionnel, juridique et réglementaire
existants, afin de mieux recentrer les rôles des principaux acteurs urbains.
Intérêt de l’action
Il ressort du bilan-diagnostic la nécessité de promouvoir la qualité des ressources humaines
si l’on veut parvenir à une réalisation satisfaisante des réformes mises en place ou à venir.
De plus, la circulaire du Président de la République relative à l’élaboration du budget 2011,
le programme économique et social du Gouvernement pour l’année 2011 et la vision de la
hiérarchie du MINDUH, rappellent que les moyens de déploiement du personnel impliqué
dans la gestion urbaine conditionnent le rendement de celui-ci.
Le renforcement des capacités des ressources humaines des institutions responsables de la
gestion urbaine et des autres acteurs urbains justifie cette préoccupation.
Intérêt de l’action
Le DSCE indique que : «dans le but de consolider les acquis et d’élargir le champ de la
sécurité sociale, le gouvernement entend réformer le dispositif central de la protection
social au Cameroun. L’objectif étant d’intégrer progressivement l’ensemble des catégories
sociales jusqu’ici en marge du système».
Le bilan-diagnostic présenté dans le présent document a relevé que la crise urbaine se
manifeste à travers diverses formes de lutte pour l’appropriation de la cité, impliquant les
différents acteurs et les différentes catégories de la population urbaine, dans le but
d’accéder aux ressources et/ou au pouvoir, de préserver leur identité et leur reconnaissance
sociale, et enfin d’assurer leur insertion en milieu urbain à travers une amélioration de leurs
conditions de vie dans toutes ses composantes, et notamment l’accès pour tous aux services
urbains et sociaux de base.
Parmi les problèmes identifiés et qui empêchent la satisfaction des uns et des autres par
rapport à leurs attentes on peut citer :
Intérêt de l’action
La faible organisation des acteurs du secteur privé urbain a été identifiée dans le bilan-
diagnostic comme l’une des causes immédiates du problème central qui est l’Insuffisance
quantitative et qualitative de l’offre du secteur privé urbain.
Cette action vise à pallier cette insuffisance dans l’organisation des acteurs, en encourageant
d’une part le regroupement de certains corps de métiers du sous-secteur urbain, et d’autre
part en apportant un appui à ceux déjà organisés.
Intérêt de l’action
“L’insuffisance quantitative et qualitative de l’offre du secteur privé urbain“ avait été
retenue dans le bilan-diagnostic comme étant l’un des problèmes centraux du sous-secteur
urbain.
L’une des causes immédiates identifiées à cet effet était l’insuffisance qualitative et
quantitative des professionnels de certains corps de métiers.
Intérêt de l’action
Dans le bilan-diagnostic, il s’est constamment posé le problème d’absence de données
urbaines.
Par ailleurs, l’une des préoccupations du DSCE est relative à la nécessité de maîtriser
entièrement les données sur la situation socioéconomique du pays afin de pouvoir à terme
améliorer l’élaboration des politiques de développement.
Le renforcement du système statistique du sous-secteur urbain est donc une réponse à ces
deux préoccupations.
Intérêt de l’action
Il ressort du bilan-diagnostic que les interventions du MINDUH aussi bien en matière
stratégique qu’opérationnel ne sont pas toujours planifiées (voiries urbaines, préoccupations
des populations, programmation de ses activités, etc.).
De même dans le cadre du DSCE, la gestion stratégique du développement visée par les
autorités a pour effet d’offrir aux citoyens et aux investisseurs des orientations claires sur le
moyen et le long terme.
Cette action a donc pour objectif, de permettre une meilleure visibilité et une plus grande
lisibilité des interventions en milieu urbain, enrayant ainsi la navigation à vue existante dans
ce milieu.
Intérêt de l’action
Il ressort du bilan-diagnostic que le déficit en matière de communication entre les différents
acteurs urbains et en particulier avec les populations, est une des causes sous-jacentes du
problème central qui est la «Difficulté de la mise en cohérence de tous les leviers novateurs
d’une gestion optimale de la cité».
Par ailleurs, le DSCE fait de la communication un outil indispensable pour parvenir à une
maîtrise de la gestion urbaine.
L’amélioration de la communication dans le secteur urbain permettra de développer le
dialogue permanent entre les acteurs urbains, leur permettant ainsi d’avoir un même niveau
d’information.
Intérêt de l’action
La stratégie du Gouvernement en matière de poursuite de la modernisation des finances
publiques dans le DSCE met l’accent entre autres sur le plan de modernisation des finances
publiques (PMFP). L’un des objectifs visés par ce PMFP est de renforcer le rôle de l’Etat et
l’efficacité des services publics. De même, la politique du MINDUH pour l’atteinte des
objectifs assignés à la structure met l’accent sur une bonne coordination de tous les services
et au renforcement de l’audit interne. Il s’agit plus précisément de l’affectation des
ressources financières pour le fonctionnement des services du MINDUH.
P2. Amélioration de l’habitat AC3 : Amélioration de l'accès et de l'utilisation des matériaux de construction
Les actions présentées dans le tableau 32 ci-dessus sont déclinées dans la matrice globale
qui suit (en trois tableaux), en activités susceptibles d’apporter des solutions idoines à
l’ensemble des problèmes identifiés dans le bilan-diagnostic du sous-secteur urbain au
Cameroun. Sont également précisés les résultats attendus, les valeurs de référence, les
cibles et les indicateurs.
Objectif sectoriel Améliorer substantiellement le taux d’accès aux infrastructures en générant une offre qui anticipe la demande
Fonction Infrastructures
Objectif général de
Mettre en place les conditions essentielles de maîtrise du développement urbain en renforçant les programmes en cours
la stratégie
Axes stratégiques Développement de l’habitat urbain
P1. Développement de la planification urbaine
Programmes P2- Amélioration de l’habitat
P3. Amélioration de l’environnement urbain et de l’accès aux services urbains de base
Etudes en vue de L’étude en vue de l’extension Rapport d’étude validé MINDUH 200
l’extension des zones et de l’aménagement des et disponible MINDAF
industrielles zones industrielles est MAGZI
1
réalisée MAETUR
CTD
Populations
Extension et aménagement De nouvelles zones Superficie de nouvelles MINMID PM
des zones industrielles industrielles sont identifiées zones industrielles MINDUH
et aménagées identifiées et aménagées MINDAF
400 ha MAGZI
MAETUR
CTD
Populations
Mise en œuvre des plans de Les plans de sécurité Nombre de plans mis en Au moins 150
MINDUH
sécurité incendie dans les incendie dans les villes sont œuvre mis en œuvre
MINATD
villes mis en œuvre
CTD
Etudes en vue de la
réalisation d’ouvrages de
drainage et d’évacuation Les études sont réalisées Rapports d’études
MINDUH
des eaux usées dans les approuvés et disponibles 08 400
CTD -
villes chefs lieux des régions
autres que Yaoundé et
Douala
Construction des drains Linéaire de drains
principaux et autres Les drains principaux et principaux construit par
ouvrages de drainage dans autres ouvrages de drainage ville 100 km MINDUH 24000
les villes chefs -lieux de sont construits CTD - 16000
AC 3.3. régions autres que Yaoundé 02
Réalisation des et Douala
ouvrages de Études spécifiques en vue
MINDUH
drainage et de l’élaboration des Les études sont réalisées Rapports d’études 7000
CTD -
d’assainissement schémas directeurs approuvés et disponibles 14
Aménagement des plans Les plans d’eau sont Nombre de plans d’eau
d’eau dans les villes, chefs- aménagés dans les villes aménagés 70 MINDUH
lieux de régions, des chefs-lieux de régions, de CTD - 7000
départements et villes de départements et villes de
plus 20.000 habitants plus 20.000 habitants
Etudes en vue de la Les études sont réalisées Rapports d’études
MINDUH
AC.3.6. construction des validés et disponibles
MINMEE
Amélioration de équipements d’éclairage 10 500
CTD
l’éclairage public dans les villes
dans les villes construction des Les équipements d’éclairage Nombre de points MINDUH
équipements d’éclairage sont construits dans les villes lumineux par ville 4000 MINMEE 5000
dans les villes CTD
Objectif sectoriel Améliorer substantiellement le taux d’accès aux infrastructures en générant une offre qui anticipe la demande
Fonction Infrastructures
Objectif général
Mettre en place les conditions essentielles de maîtrise du développement urbain en renforçant les programmes en cours
de la stratégie
Axes stratégiques – Aménagement des infrastructures de transport urbain
Programmes P4. Développement des infrastructures de transport urbain
Coût en
Résultats à l'horizon Valeurs
Actions Activités Indicateurs Baseline Acteurs milliers de
2020 cibles
FCFA
A.1.
01
Programmations Etude de programmation des Document de
programme - MINDUH
des interventions interventions en matière de L’étude est réalisée Programmation 0
d’interventio - CTD
en matière de voirie urbaine disponible
n
voirie urbaine
A.2. Appui à Travaux 2250 km/an 10 000/km
La voirie et les Linéaire de voirie en
l’entretien/réhabi d’entretien/réhabilitation de 230 - MINDUH
ouvrages sont terre entretenu ou
litation de la la voirie en terre et km/an - CTD
entretenus réhabilité par an
voirie en terre d’ouvrages dans les villes
Linéaire de voirie 50 000 /km
La voirie et les
A.3. Entretien de Travaux d’entretien de la revêtue entretenu par 70 km/an 1500 km
ouvrages sont - MINDUH
la voirie revêtue voirie revêtue dans les villes an
entretenus - CTD
Etudes de réhabilitation de la Les études sont Linéaire de voirie en 0 150 km/an 3 600 / km
A.4.
voirie revêtue dans les villes réalisées terre étudié
Réhabilitation de
Réhabilitation de la voirie La voirie revêtue est Linéaire de voirie - MINDUH 250 000 / km
la voirie revêtue
revêtue dans les villes réhabilitée réhabilité par an 15 km/an 150 km/an - CTD
Objectif sectoriel Améliorer substantiellement le taux d’accès aux infrastructures en générant une offre qui anticipe la demande
Fonction Infrastructures
Objectif général de la
Mettre en place les conditions essentielles de maîtrise du développement urbain en renforçant les programmes en cours
stratégie
A1. Amélioration du cadre institutionnel et juridique
Axes stratégiques A2. Amélioration des ressources humaines, financières et matérielles
A3. Promotion de la Gouvernance urbaine
Programmes P5. Programme support : renforcement des moyens d’accompagnement du sous-secteur urbain
Indicateurs Valeurs Acteurs Coût (en
Résultats horizon
Actions Activités Base line cibles millions de
2020
FCFA)
Systématisation du classement Les établissements Nombre MINDUH
des établissements humains en humains sont classés en d’établissements 0 40 MINDAF
centres urbains. centres urbains humains classés en MINATD 1200
centres urbains CTD
Ordres professionnels
OSC
Finalisation et vulgarisation des Les textes d’application Nombre de textes MINDUH
textes régissant l’urbanisme au régissant l’urbanisme au élaborés et disponibles 05 24 MINJUSTICE
Cameroun Cameroun sont finalisés CTD
AC1. Amélioration du et publiés Ordres professionnels 800
cadre institutionnel et OSC
juridique Identification des domaines et Les textes y relatifs sont MINDUH
élaboration des textes pour la élaborés et appliqués MINDAF
promotion du développement Nombre de projets de MINEP
urbain durable des villes. textes élaborés 0 04 CTD 320
Ordres professionnels
OSC
Systématisation de la Les relations Nombre de documents 03 contrats de ville et 40 MINDUH 1000
contractualisation des relations MINDUH/CTD sont contractuels entre le 10 protocoles de protocoles CTD
MINDUH-CTD (protocoles de contractualisées et mieux MINDUH et les CTD partenariat signés et 40 Ordres professionnels
partenariat, contrats de ville) définies signés contrats de OSC
0 01 MINDUH
Elaboration du décret de La valeur juridique du Textes de classification CTD
classification des contrats de ville contrat de ville est élaborés Ordres professionnels
au rang de documents de établie et mieux spécifiée OSC 50
planification
Etudes d’évaluation des besoins Une grille d’équipements Grille validée et 0 01 MINDUH
en équipements publics dans les publics (catalogue disponible MINAS/MINSANTE 50
villes d’équipements et 60 villes MINPROF
d’ouvrages communaux) couvertes à MINEE /MINPOSTEL
est élaborée l’horizon CTD /Ordres
2020 professionnels
OSC
création des banques de l’habitat Les banques de l’habitat Nombre de banques 01 02 MINFI
sont créées créées MINEPAT
MINDUH
MINDAF
CTD
OSC
Le suivi-évaluation de la Dispositif de 0 01
Mise en place d’un dispositif de stratégie du monitoring mis en MINDUH
monitoring (mise en œuvre et développement du sous- place et fonctionnel MINEPAT 480
suivi-évaluation) de la stratégie secteur urbain est effectif S/PM
et mieux organisé
Elaboration d’un guide technique Le dimensionnement des Guide technique 0 01 MINDUH 50
de dimensionnement des voiries voiries urbaines est disponible CTD
urbaines mieux connu
Elaboration et mise en œuvre des Un plan de formation et Plan de formation et 01 MINDUH 100
plans de formation des acteurs de renforcement des de renforcement des CTD
urbains (personnel du MINDUH, capacités des acteurs capacités des acteurs Ordres professionnels
ordres professionnels, urbains est élaboré (types urbains validés et OSC
groupements et associations de de formation et nombre disponibles
PME, artisans du secteur) de domaines de
AC2. Renforcement des formation identifiés)
ressources humaines et
matérielles Appropriation du nouveau régime
financier de l’Etat du Cameroun Le nouveau régime
par tous les acteurs financier est mieux MINDUH /MINFI 600
maîtrisé par les cadres du Nombre de cadres /MINEPAT
Mise en œuvre d’un programme Plans de formation mis Nombre d’acteurs MINDUH
de renforcement des capacités du en œuvre formés par corps de 30/an et MINTP 600
personnel et des acteurs urbains métier par corps MINESUP ,MINESEC
de métier MINEFOP,FNE
Renforcement des capacités des Tous les acteurs Un programme de PM 200
acteurs institutionnels de la mise intervenant dans la mise formation des acteurs
en œuvre de la stratégie de en œuvre de la stratégie institutionnels est
communication de communication élaboré, validé et
(CELLCOM, points focaux exécuté
sectoriels, points focaux
communaux, Hommes de
médias,
ONG/Associations, etc.)
sont formés en matière
de communication pour
le développement et en
TIC.
Renforcement des capacités de - Les capacités de 5000 100
Nombre de séminaires
5000 acteurs sur le contrôle des acteurs (MINDUH : 500, séminaires MINDUH
de renforcement des
règles d’urbanisme et des CTD : 3500, ordres organisés CTD
capacités organisées ; 0 2500
documents de planification professionnels : 200 et et 100 MINATD
urbaine. OSC: 800) sont rapports
renforcées en matière de disponibles
Appui à la création dans les La mise en œuvre de la Nombre de brigades de 0 24 MINDUH 1000
CTD de brigades de contrôle de réglementation en contrôle mises en place MINATD
l’application des documents de matière de dans les communautés
planification urbaine et de la développement urbain urbaines DGSN
réglementation en matière est mieux suivie ; FEICOM
d’urbanisme CVUC
AC6. Amélioration de la CTD
gouvernance urbaine Mise en place de cadres de La participation de tous Nombre de cadres de 0 10 CTD 500
concertation formels Etat- les acteurs à la gestion concertation créés MINDUH
opérateurs privés-société civile urbaine est plus
dans les 10 chefs lieux de efficiente MINATD
région Société civile
Opérateurs privés
Appui à la création de cadres - Les cadres consultatifs - Nombre 0 50 MINDUH 400
consultatifs et associatifs de la et participatifs sont créés d’associations de MINDAF
société civile et des dans les quartiers les plus quartiers créées (au
MAETUR
0
Appui à l’élaboration des plans Le développement des Nombre de plans de PM CTD
de développement des quartiers est mieux quartiers élaborés CVUC 100
quartiers contrôlé
FEICOM,
MINDUH,MINATD
Elaboration des CDMT Le programme triennal - CDMT de base PM
du MINDUH est actualisé actualisé et disponible
et disponible - CDMT révisé et profil MINDUH 100
de la dépense annuelle
actualisé et disponible MINEPAT
Diffusion de l’information Le secteur urbain est Nombre de supports de Au moins 02 MINDUH 400
urbaine mieux connu diffusion de par an MINCOM
l’information urbaine
élaborés CTD
Le plan d’actions prioritaires (PAP), composé d’activités réalisables d’ici 2015, est extrait de la
matrice globale de mise en œuvre de la stratégie du sous-secteur urbain présentée dans la
section 2. Dans ce PAP, chaque programme est présenté en quatre tableaux (identification des
actions, contenu des actions, chiffrage des actions, et programmation pluriannuelle).
Objet du tableau : (identifie pour chaque programme, les actions permettant de réaliser l’objectif du programme et en précise le degré de priorité)
PROGRAMME 1: DEVELOPPEMENT DE LA PLANIFICATION URBAINE
Objectif : Assurer la maîtrise de l’occupation des sols
Indicateur : Nombre de documents de planification élaborés ou actualisés et approuvés
Baseline : 20
95 documents de planification pour les chefs lieux de région et de départements et les villes secondaires d’au
Cible :
moins 20 000 habitants
- Coordination : Division des Etudes, de la Planification et de la Coopération (DEPC)
Responsable de mise en œuvre :
Principales
Extrants attendus par Coût par activité
Actions Liste des activités parties
activité (en millions)
prenantes
Elaboration des cartographies de base par
images satellites de 30 villes secondaires
Cartographie de base de 30 MINDUH, CTD,
(villes érigées en communautés urbaines, 120
villes disponible INC
chefs lieux de départements et autres
villes de plus de 20 000 habitants)
Elaboration des Plans Directeurs
MINDUH, CTD,
d’Urbanisme (PDU) de 6 villes érigées en 6 PDU élaborés et approuvés 480
MINDAF
communautés urbaines.
Action 1 : Elaboration des Elaboration des plans d’occupation des
documents de planification Sols de Yaoundé et des villes secondaires
40 POS élaborés et MINDUH, CTD,
(villes érigées en communautés urbaines, 1600
approuvés MINDAF
chefs- lieux de départements et autres
villes de plus de 20 000 habitants)
Elaboration des Plans de Secteurs dans les 5 plans de secteurs élaborés MINDUH, CTD,
700
communautés urbaines. et approuvés MINDAF
Elaboration des Plans Sommaires
40 PSU élaborés et MINDUH, CTD,
d’Urbanisme (PSU) de 40 villes 800
disponibles MINDAF
secondaires de moins de 20 000 habitants
Objet du tableau : (propose une programmation pluriannuelle des cibles et des coûts pour réaliser à échéance les objectifs de la stratégie)
PROGRAMME 1: DEVELOPPEMENT DE LA PLANIFICATION URBAINE
Objectif : Assurer la maîtrise de l’occupation des sols
Indicateur : Nombre de documents de planification élaborés ou actualisés et approuvés
Baseline : 20
Cible : 95 pour les chefs lieux de région et de départements et les villes secondaires d’au moins 20 000 habitants
Coordination Division des Etudes, de la Planification et de la Coopération (DEPC)
Responsable de mise en œuvre :
Coût du programme : 4 150
Améliorer quantitativement et
Action 2. Restructuration et qualitativement la production Au moins trois à
rénovation urbaines des espaces urbanisés Superficie des espaces PM Yaoundé, 3 à Douala et
restructurés ou rénovés 1 dans un autre chef-
lieu de région
Action 3. Construction de
logements neufs (sociaux, Accroître l’offre de logements Nombre de logements
PM 15 000
moyen et haut standings) décents en milieu urbain et/ou de bâtiments
construits
Action 4. Aménagement
des zones d’extension Améliorer l’offre de parcelles Nombre de parcelles PM 30 000 parcelles
urbaine aménagées aménagées
OBJET DU TABLEAU : (LISTE LES ACTIVITES DE CHAQUE ACTION POUR PERMETTRE DE MIEUX CERNER CE DERNIER, CHIFFRAGE DU COUT DE CHAQUE ACTIVITE)
PROGRAMME 2 : AMÉLIORATION DE L’HABITAT
Objectif : Réduire de façon significative la proportion de l’habitat indécent en milieu urbain
Etude et réalisation d’un vaste Etude réalisée et au moins 15 000 100 pour MINDUH, MINESUP
programme de construction de logements construits l’étude MINDAF, MINRESI
logements sociaux MINFI, MINEPAT, CTD, secteur
privé, populations
Finalisation de l’étude en vue de la Un programme national de construction de 100 MINDUH (SIC)/MINDAF, MINEE
réalisation d'un programme national de bâtiments publics à usage de bureaux et de MINTP (Concessionaires)
construction de bâtiments publics à résidences est élaboré MINPOSTEL, MAETUR
usage de bureaux et de résidences CTD, secteur privé, populations
Travaux de construction de bâtiments Les bâtiments publics à usage de bureaux 2 000 MINDUH, MINDAF/MINATD,
publics à usage de bureaux sont construits MINEE/MINTP/MINEP, CTD, OSC
GICAM et groupements patronaux,
secteur privé, populations
- Etudes en vue de la protection 150 MINDUH, MINTP, MINDAF,
sécurité incendie des bâtiments et Les études de protection incendie des MINDEF CTD,
édifices publics dans les chefs lieux de édifices publics sont réalisées
régions
Sous total 2 350
Travaux d’aménagement des réserves Les réserves foncières communales sont 1000 (pour 250 MINDUH, MINDAF
foncières constituées dans les aménagées pour la production de ha) MINATD, MINEE
communes logements MINEP, CTD, OSC
GICAM et groupements patronaux,
secteur privé, populations
Etudes en vue de l’aménagement de Les études en vue de l’aménagement de 500 MINDUH,MINDAF
grandes trames foncières communales grandes trames foncières communales dans MINATD, MINEE
dans les périphéries de 10 chefs- lieux les périphéries de 10 chefs lieux de régions MINEP, CTD, OSC, secteur privé,
Action 4. Aménagement des de régions sont réalisées populations
zones d’extension urbaine GICAM
Travaux d’aménagement de grandes Les travaux d’aménagement de grandes 4 000 (pour MINDUH, MINDAF
trames foncières communales dans les trames foncières communales dans les 500 ha) MINATD, MINEE
périphéries de 10 chefs- lieux de périphéries de 10 chefs- lieux de régions MINEP, CTD, secteur privé,
régions sont exécutés populations
Etude de faisabilité du projet SAWA Les conditions de mise en œuvre du projet 500 MINDUH, MINEPAT, MINDAF, CTD,
Beach à Douala sont connues secteur privé, populations
Sous total 6 000
Tableau 44 : Identification des actions du programme P3. Amélioration de l’environnement urbain et de l’accès aux services urbains de base
- 100 ha
- 10 places
- 20000 arbres
Action 1. Embellissement des centres - Ravalement sur tous les axes de
urbains Embellir le paysage urbain - Nombre d’espaces aménagés PM voiries primaires des capitales
régionales
- Au moins 60 plans élaborés
- Au moins 60 plans élaborés
Objet du tableau : (liste les activités de chaque action pour permettre de mieux cerner ce dernier, chiffrage du coût de chaque activité)
Total 4900
Etudes en vue de l’identification et de - Rapports d’études validés et
MINDUH, MINDAF,
l’aménagement des zones à risques dans les disponible pour au moins 10
500 CTD, MINEP
chefs lieux de régions communautés urbaines
MINATD
Aménagement des zones à risques dans les Au moins 2 zones à risques sont MINDUH, CTD,MINATD,
Action 2. Gestion 900
villes chefs lieux de régions aménagées MINDAF, MINEP
des zones à Elaboration des plans de sécurité incendie dans Les plans de sécurité incendie dans les
risques MINDUH, CTD,MINATD,
les villes villes sont élaborés 100
MINDEF, MINEE
Mise en œuvre des plans de sécurité incendie Les plans de sécurité incendie dans les MINDUH, CTD,MINATD,
PM
dans les villes villes sont mis en œuvre MINDEF, MINEE
Total 1500
Etudes en vue de la réalisation des ouvrages de
Les DAO pour la construction d’au moins
drainage et d’évacuation des eaux usées dans
100 km de drains principaux sont 500 MINDUH, CTD,
les villes (Yaoundé, Douala, Maroua, Kousseri,
disponibles
Limbe)
Construction des drains principaux et autres
Au moins 60 km de drains principaux
ouvrages de drainage dans les villes (Yaoundé, 5000 MINDUH, CTD,
Action 3. sont construits
Douala, Maroua, Kousseri, Limbe)
Amélioration de Elaboration des schémas directeurs et des plans Les schémas directeurs d’assainissement
l’évacuation des d’assainissement dans les villes de Yaoundé, des villes de Yaoundé, Limbe et Kousseri 450 MINDUH, MINEE, CTD,
eaux pluviales et Limbe et Kousseri sont disponibles
élimination des
Réhabilitation ou construction des stations
eaux usées Au moins 6 stations d’épurations sont
d’épuration des eaux usées à Yaoundé et 2500 MINDUH, CTD,
construites ou réhabilitées
Douala
Travaux de protection des berges du Mayo Au moins 2km de berges du Mayo Kaliao
1500 MINDUH, CTD,
Kaliao à Maroua à Maroua sont protégés
Réhabilitation de la digue sur le Logone à La digue sur le Logone à Kousseri est
1100 MINDUH, CTD,
Kousseri réhabilitée
- 60 km de drains construits
Action 3. Amélioration de l’évacuation Linéaire de drains construit
- 6 stations d’épuration construites ou
des eaux pluviales et élimination des et nombre de stations d’épuration construites 12 400 DDU/MINDUH
réhabilitées
eaux usées ou réhabilitées
-
- Au moins 6 décharges contrôlées
- Nombre de décharge construites et tonnage construites.
Action 4. Amélioration de la gestion des
de déchet traité - La décharge des déchets industriels à 8 400 DDU/MINDUH
déchets solides
Douala est construite
-
Action 5. Aménagement et dépollution - Nombre de plans d’eau assaini - 4
1 000 DDU/MINDUH
des plans d’eau - Nombre de puits construits - 20
Action 6. Amélioration de l’éclairage - Nombre de points lumineux créés
- Au moins 4000 points créés 1 000 DDU/MINDUH
public dans les villes
Au moins 1
-Au moins 1
plan et DAO
plan et DAO
d’aménageme
d’aménagemen
nt de zones à Au moins10 ha des
t de zones à
risques zones à risques
Au moins 2 plans risques
disponible aménagées ou
et DAO -Au moins 10
-Au moins 10 protégées
d’aménagement ha des zones à
ha de zones à
de zones à risques
250 300 risques 425 525
Action 2. risques aménagées ou
aménagées ou - au moins 20 plans
Gestion des Nombre de zones protégées
protégées de sécurité
zones à à risques protégé - au moins 5 - au moins 10
- au moins 10 incendie élaborés
risques plans de sécurité plans de
plans de
incendie élaborés sécurité
sécurité - au moins 15 plans
incendie
incendie de sécurité
élaborés
élaborés incendie mis en
- au moins 5
- au moins 10 œuvre
plans de
plans de
sécurité
sécurité
incendie mis en
incendie mis
œuvre
en œuvre
Tableau 48 : Identification des actions du Programme P4. Développement des infrastructures de transport urbain
Objet du tableau : (identifie pour chaque programme, les actions permettant de réaliser l’objectif du programme et en précise le degré de priorité)
villes
Action 5. Construction de la Etendre le réseau Environ 3km Au moins 20 km
Linéaire de voirie construit
voirie urbaine viaire dans les villes par an construits
Contribuer au
Action 6. Appui au
développement du
développement de l’offre de Niveau d’appui budgétaire 0 PM
transport urbain par
transport par rail
rail
Améliorer l’offre de
Action 7. Appui au
zones de
développement des zones de -Nombre de plates-formes 03 plates formes
stationnement et des PM
stationnement et des plates- et de parkings construits construites
plateformes
formes d’échange
d’échanges
Le plan de
circulation de
Action 8. Appui à
Améliorer la fluidité du Nombre de plans de Douala est Au moins 2 plans mis
l’amélioration de la gestion du
trafic circulation mis en œuvre élaboré, celui en œuvre
trafic urbain
de Yaoundé est
en cours
Principales
Extrants attendus par Coût (millions de
Actions Liste des activités parties
activité FCFA)
prenantes
Etude de programmation des
Action 1. Programmation des
interventions en matière de Etude réalisée 230 MINDUH, CTD
interventions en matière de voirie
voirie urbaine
urbaine
Total 230
Travaux 500 km de voirie en
Action 2. Appui à d’entretien/réhabilitation de terre entretenus ou
9180 MINDUH, CTD
l’entretien/réhabilitation de la voirie en la voirie en terre et des réhabilités
terre ouvrages dans les villes
Total 9180
Action 3. Entretien de la voirie revêtue Travaux d’entretien de la 50 km de voirie 2080 MINDUH, CTD
us
Au
- Linéaire de voirie revêtue
Au moins 19 Au moins 19 Au moins moins
Action 4. Réhabilitation de la réhabilité,
km 9904 km 9904 21 km 10946 21km 10946
voirie revêtue -
réhabilités réhabilités réhabilités réhabilit
és
Au
Au moins moins
Action 5. Construction de la Au moins 4 Au moins 4
Linéaire de voirie construit 8231 8173 4,5km 9195 3,5 km 7152
voirie urbaine km construits km construits
construits construi
ts
Action 6. Appui au
développement de l’offre de Niveau d’appui budgétaire PM PM 450 PM PM
transport par rail
Action 7. Appui au 01 plate-
-Nombre de plates- formes et 01 plate- 01 plate-
développement des zones de forme
de parkings construits PM forme 1030 forme 1035 1035
stationnement et des plates construi
- construite construite
formes d’échange te
Action 8. Appui à
-Nombre de plan de 1 plan mis en 1 plan mis
l’amélioration de la gestion PM 250 250
circulation mis en œuvre œuvre en œuvre
du trafic urbain
Total programme 4 21 365 22 447 24 286 21 893
Tableau 52 : Identification des actions du Programme P5. Renforcement des moyens d’accompagnement du sous-secteur urbain
Objet du tableau : (identifie pour chaque programme, les actions permettant de réaliser l’objectif du programme et en précise le degré de priorité)
- Textes
réglementaires
complémentaires
- Une loi et cinq - Textes
décrets complémentaires sur
d’application de la la copropriété
loi sur l'urbanisme - texte réglementant
Améliorer le cadre - une loi sur la la location
Action 1. Amélioration du cadre Nombre de projets de textes promotion d’immeubles
institutionnel et juridique
institutionnel et juridique élaborés immobilière -Projet de loi sur les
du sous-secteur urbain
- une loi sur la coopératives
profession d’habitat
d’agent - Textes réglementant
immobilier la maîtrise d’ouvrage
- une loi sur la déléguée
copropriété - Texte portant
création d’un office
national de l’habitat
- Un projet de loi
organisant l’auto
construction adoptée
-Textes relatifs aux
normes en matière de
développement
urbain et de l’habitat
Améliorer la performance Nombre de sessions de
Action 2. Renforcement des des acteurs urbains formation organisées PM 50
ressources humaines et
matérielles Nombre de services du
Améliorer le cadre et les PM PM
MINDUH équipés et facilités
conditions de travail
allouées
Nombre de jeunes en difficulté
Action 3 : Protection des groupes Améliorer la participation
encadré et inséré dans la vie 700 (150 par centre et
sociaux vulnérables en milieu des couches défavorisées PM
socioprofessionnelle en milieu par an)
urbain à la gestion de la cité
urbain
Nombre d’organisations
PM
Action 4. Amélioration de Renforcer la capacité professionnelles appuyées PM
l’organisation du secteur privé d’intervention du secteur Nombre de PME du sous-
urbain privé secteur ayant accès à la PM
commande publique
Action 5. Promotion et/ou Nombre de conventions
Améliorer l’offre de
consolidation des filières signées avec les institutions PM PM
formation
spécialisées de formation universitaires
-Améliorer la coordination
Action 6. Amélioration de la des services de l’Etat et
Nombre de plates-formes de
gouvernance urbaine développer le partenariat PM PM
concertation fonctionnels
entre les différentes
parties prenantes
Action 7. Renforcement du
Améliorer l’accès à Banque des données
système statistique du sous-
l’information urbaine disponible et accessible PM PM
secteur urbain
MINEP
MINSANTE
ANOR
CTD
Ordres professionnels
OSC
Mise en place d’un dispositif de monitoring de la
Le dispositif de monitoring est MINDUH
mise en œuvre et du suivi/évaluation) de la 120
opérationnel MINEPAT
stratégie
S/PM
Le guide de dimensionnement 30 MINDUH
Elaboration d’un guide technique de
des voiries urbaines est CTD
dimensionnement des voiries urbaines Total : 670
disponible
Elaboration des plans de formation et de Les plans de formation et de
MINDUH
renforcement des capacités des acteurs urbains renforcement des capacités sont
CTD
(personnel du MINDUH, ordres professionnels, disponibles 75
Ordres professionnels
groupements et association des PME, artisans du
OSC
secteur)
Mise en œuvre des plans de formation et de Les plans de formation et de MINDUH
renforcement des capacités du personnel et des renforcement des capacités sont MINESUP
acteurs urbains mis en œuvre MINTP
Action 2. Renforcement 600 MINESEC
des ressources humaines et MINEFOP
matérielles ENAM
FNE
Appropriation du nouveau régime financier au Le nouveau régime financier est MINDUH
MINDUH mieux maîtrisé par les cadres du 200 MINFI
MINDUH MINEPAT
Renforcement des capacités des ressources Les capacités du personnel du
MINDUH
humaines (bourses, stages et représentations à MINDUH sont renforcées 800
Partenaires
l’étranger)
Appropriation des logiciels et schémas directeurs Les logiciels et schémas directeurs
110 MINDUH
informatiques (amélioration fonctionnelle, informatiques du MINDUH sont
Total : 4995
Formation des acteurs sociaux (jeunes en Les capacités des couches
difficultés, OCB, associations) aux petits métiers vulnérables en milieu urbain sont
du secteur urbain (horticulture urbaine, renforcées MINDUH
fabrication et pose de pavés, fabrication et 200 CTD
production des matériaux locaux de construction MINAS
etc.)
CTD
Construction des aires de jeu multisports dans les Les centres d’insertion des jeunes MINDUH
centres d’insertion des jeunes de Meyomessala, de Meyomessala, Bangangté, MINAS
260
Bangangté, Douala III et Limbé Douala III et Limbé sont sécurisés MINJEUN
CTD
Réalisation de microprojets d’intérêt Les microprojets sont réalisés MINDUH
communautaire avec recours à l’approche HIMO dans les chefs -lieux de régions MINAS
1 165
dans les chefs-lieux de région MINJEUN
CTD
Total : 3050
Appuis aux ordres professionnels, groupements MINDUH
et associations de PME et aux artisans du secteur types d’appuis apportés 120 MINPMEESA
urbain MINTP
CTD
MINDUH
MINDAF
La performance des promoteurs 2000 MINFI
Appui aux promoteurs immobiliers privés immobiliers privés s’est améliorée MINEPAT
SIC
MAETUR
Action 4. Amélioration de
CFC
l’organisation du secteur
MIPROMALO
privé urbain et de la société
Appui aux coopératives et mutuelles d’habitat La performance des coopératives MINDAF
civile
et mutuelles d’habitat s’est MINFI
améliorée MINEPAT
170 SIC
MAETUR
CFC
MIPROMALO
Appui à la constitution des groupements Les artisans de la construction 30 MINDUH
d’artisans du secteur de la construction sont mieux organisés
Total : 2320
Appui à la création des filières spécialisées en Les conventions sont établies et 100 MINDUH
urbanisme et aménagement urbain, architecture mises en œuvre MINESUP
et en Système d’Information Géographique Secteur privé
Coopération avec les institutions universitaires La coopération avec les 200 MINDUH
Universités est renforcée MINESUP
Action 5. Promotion et/ou Secteur privé
consolidation des filières Appui au Centre des Métiers de la Ville Le fonctionnement du CNV est MINDUH
spécialisées de formation renforcé 120 MINATD
MINESUP
Total : 420 FEICOM
CVUC
Partenaires
Secteur privé
Mise en place des cadres de concertation formels La participation de tous les 40 CTD
Etat-opérateurs privés-société civile dans les 10 acteurs à la gestion urbaine est MINDUH
chefs lieux de région plus efficiente MINATD
Société civile
Opérateurs privés
Appui à la création dans les CTD des brigades de Les brigades sont créées et MINDUH
contrôle de l’application des documents de opérationnelles 120 MINATD
planification urbaine et de la réglementation en DGSN
matière d’urbanisme FEICOM
Action 6. Amélioration de la CVUC /CTD
gouvernance urbaine Appui à la création des cadres consultatifs et Les cadres consultatifs et MINDUH
associatifs de la société civile et des Groupements participatifs sont créés dans les MINDAF
d’initiative foncière urbaine (GIFU) quartiers les plus représentatifs 40 MAETUR
des principales villes ; MINATD
FEICOM
CVUC
CTD
Promotion des budgets participatifs Les budgets sont élaborés de 20 MINDUH
façon participative MINATD
CTD
OSC
Partenaires
Total : 220
Appui à la réalisation de l’état des lieux du réseau Le programme prioritaire MINDUH
de voirie des communautés urbaines et des villes d’intervention est élaborés CTD
chefs lieux de département et définition d’un 480
programme prioritaire d’intervention
Appui à l’élaboration des plans de développement Les plans de développement des CTD
des quartiers quartiers sont élaborés 30 CVUC
FEICOM
Action 8. Gestion MINDUH
stratégique et financière du MINATD
sous-secteur urbain Partenaires
Activités du Comité PPBS (PAP, CDMT, sept Le comité PPBS est opérationnel 200 MINDUH
publications du comité, etc.) MINEPAT
MINFI
Salaires des personnels hors recrutement des Le personnel hors recrutement MINDUH
services centraux et déconcentrés du MINDUH est payé 22800
MINFI
Mise en œuvre du plan de communication du Le plan de communication est mis PM Medias publics et privés
sous-secteur urbain en œuvre
Evaluation de la mise en œuvre du plan de Tous les indicateurs de processus, 20 MINDUH
communication de résultats et d’impacts sont MINCOM
mesurés et évaluées. CTD
Médias publics et privés
Diffusion de l’information urbaine L’information urbaine est mieux 100 MINDUH
diffusée MINCOM
CTD
Action 9. Amélioration de la
Médias public et privés
communication dans le
Sensibilisation des acteurs et Vulgarisation des Les nouvelles technologies en
sous-secteur urbain MINDUH
nouvelles technologies en matière de matière de construction sont
160 MINATD
construction vulgarisées dans les dix régions
MINTP
Organisation d’un salon international du Le salon est tenu MINDUH
600
bâtiment et de l’immobilier Partenaires du secteur
Vulgarisation des textes régissant l’urbanisme et Les ateliers de vulgarisation des MINDUH
l’habitat au Cameroun textess sont orgaanisés 150 CTD
Partenaires du secteur
Organisation des campagnes d’IEC dans les villes Les populations sont informées, MINDUH
sensibilisées et impliquées dans la 40 CTD
gestion urbaine Partenaires du secteur
Total : 1 090
- Textes réglementaires
complémentaires
- Textes complémentaire sur la
copropriété
- texte réglementant la location
Action 1. Amélioration du cadre Nombre de projets de textes d’immeubles
élaborés - Projet de loi sur les coopératives 670 SG MINDUH
institutionnel et juridique
d’habitat
- Textes réglementant la maîtrise
d’ouvrage déléguée
- Texte portant création d’un office
national de l’habitat
- Projet de loi organisant l’auto
construction
Nombre de réunions de
Action 10. Coordination des services coordination organisé et d’audits PM 19400 SG/MINDUH
internes réalisé
PRESENTATION
Quelle que soit la pertinence des programmes élaborés, l’atteinte des objectifs visés par
la stratégie serait compromise si des outils appropriés ne sont pas utilisés pour sa mise
en œuvre. Les plus importants de ces outils comprennent des mécanismes de veille
pour assurer une mise en œuvre effective des actions prévues, et une franche
mobilisation de toutes les parties prenantes.
A cet égard, cette quatrième et dernière partie du rapport présente les dispositifs de
monitoring de la stratégie, ainsi que les autres conditions indispensables à une mise en
œuvre effective et efficience de la stratégie.
– SECTION 1 : DISPOSITIFS DE
MONITORING DE LA STRATEGIE
La mise en œuvre efficace et efficiente des actions et activités définies dans la stratégie de
développement urbain est une condition indispensable à l’atteinte des objectifs poursuivis. Cette mise
en œuvre interpelle plusieurs acteurs (administrations centrales et leurs services déconcentrés,
établissements publics du sous-secteur, collectivités territoriales décentralisées, opérateurs du secteur
privé, ONG et autres associations, populations bénéficiaires des réalisations ou impactées par les
conséquences d’opérations urbaines, etc.).
Cette multiplicité d’acteurs et d’intérêts exige la mise en place d’un dispositif dans lequel les
contributions et préoccupations des uns et des autres peuvent être prises en compte. Ce n’est que de
cette manière qu’on peut espérer booster la mise en œuvre de la stratégie avec efficacité et efficience,
et en assurer un bon suivi/évaluation.
Il est bien entendu que c’est les services compétents des différentes structures impliquées qui sont
chargées de l’exécution des activités prévues, mais le dispositif doit être un organe de veille et servir
d’aiguillon, afin que chacun soit amené à assumer ses responsabilités dans le temps et de la manière qui
permette aux autres intervenants de faire leur part de travail.
C’est pour toutes ces raisons que le dispositif prévoit l’implication de plusieurs parties prenantes, et qu’il
comprend des mécanismes au niveau central et au niveau déconcentré. Le dispositif comprend au
niveau central un Comité de Pilotage, le Comité PPBS assisté d’un secrétariat permanent. Au niveau
déconcentré, les missions sont assumées par un Comité Régional et un Comité Communal.
Le COPIL/U se réunit au moins une fois par semestre sur convocation de son Président.
Le président du COPIL/U peut inviter toute personne en raison de ses compétences et de son
implication dans le développement urbain.
Cette structure opérationnelle doit se réunir au moins une fois par trimestre.
Le comité PPBS dans le cadre de ses missions dispose d’un secrétariat technique permanent
dénommée «Secrétariat Permanent à la Ville (SPV)».
Ce secrétariat permanent comprend un secrétaire permanent assisté de cinq experts à savoir :
un ingénieur de génie civil, un architecte, un urbaniste, un ingénieur statisticien économiste, un
spécialiste des questions sociales.
Le Secrétariat Permanent à la Ville a pour missions de :
préparer les réunions des différentes chaines du Comité PPBS et organiser la mise en
œuvre des délibérations ;
assurer la remontée des informations nécessaires à la mise en œuvre des activités du
comité PPBS ;
animer les actions des différentes structures externes impliquées dans la mise en œuvre
de la stratégie et en évaluer les progrès ;
assurer la disponibilité de l’information sur la mise en œuvre de la stratégie du sous-
secteur urbain ;
participer à l’organisation des séminaires de vulgarisation et d’appropriation de la
stratégie au niveau régional ;
centraliser les informations issues des travaux des autres instances de suivi de la
stratégie.
Collecte et analyse les données statistiques en rapport avec la mise en œuvre de la
stratégie ;
Assurer la disponibilité des indicateurs de suivi des impacts en cohérence avec le
dispositif national, mondial des établissements humains et d’autres dispositifs
internationaux éventuels en la matière.
RAPPORT FINAL 272
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU SOUS-SECTEUR URBAIN DU CAMEROUN
Sur instruction du président de la chaine PPBS, il apporte son assistance aux directions
techniques du Ministère en charge de l’urbanisme.
Pour certains aspects de ses missions, le SPV peut bénéficier de l’appui d’experts dont une
partie pourra être constituée d’assistants techniques.
Le fonctionnement du SPV et le coût de l’expertise sont assurés par un budget mis en place par
le Ministre en charge de l’urbanisme, avec éventuellement le concours de partenaires au
développement du Cameroun.
Le SPV travaille en étroite collaboration avec les services déconcentrés du MINDUH.
II. – Dispositifs de pilotage au niveau déconcentré
La loi sur la décentralisation distingue deux niveaux : le niveau régional et le niveau communal.
Le dispositif de pilotage de la stratégie prévoit également un niveau régional et un niveau
communal. Ce dispositif sert de relais pour toutes les activités au niveau déconcentré.
II.1 - Le Comité Régional de Pilotage et de Suivi
Le Comité Régional de Pilotage et de Suivi (CRPS), présidé par le Gouverneur de région, est
l’organe de coordination au niveau régional des actions programmées dans la stratégie
sectorielle. Le comité régional doit particulièrement aider à rassembler les données au niveau
régional afin de préparer des programmes régionalisés qui n’ont pu être définis dans le présent
cadre. Toutes les informations ainsi collectées sont directement transmises au Secrétariat
Permanent à la Ville. Le Délégué régional en charge du développement urbain en assure le
secrétariat. Un arrêté du Ministre en charge de l’urbanisme précise sa composition et ses
missions.
II.2 - Le Comité Communal de Pilotage et de Suivi
Le Comité Communal de Pilotage et de Suivi (CCPS) de la mise en œuvre de la stratégie
sectorielle de développement urbain est l’organe de suivi de la mise en œuvre du plan d’action
élaboré pour la commune considérée. Ses missions consistent à affiner et valider le plan
d’action, suivre la mise en œuvre et l’évaluation des actions prioritaires, et rassembler les
informations économiques et sociales sur la commune. Il peut assister la commune dans la
recherche d’appuis techniques et financiers pour la mise en œuvre de ces actions. Le Comité
est un espace de réflexion, de dialogue, de concertation et de décision. Le CCPS est présidé par
le Sous-préfet territorialement compétent. Son secrétariat est assuré par le Service
déconcentré local en charge des questions urbaines.
Le CCPS est constitué après une large consultation au niveau de la ville et comprend entre
autres les élus locaux, les représentants des services déconcentrés de l’Etat, les services
communaux, des groupes organisés (acteurs économiques et sociaux, associations, GICs, etc.)
et des personnes ressources. La composition de ce Comité doit refléter les capacités, la
représentativité et la configuration sociologique de la commune.
Le suivi de l’exécution s’applique à la réalisation physique et financière de l’ensemble des
projets inscrits dans la stratégie. Il est effectué au niveau local par le CCPS, qui prépare les
rapports trimestriels d’exécution et transmet au CRPS.
L’atteinte des différents objectifs stratégiques identifiés est conditionnée d’une part, par une
approche holistique du développement urbain de la part du MINDUH, et d’autre part, par des
interventions et des externalités dont la mise en œuvre ne dépend pas directement du
MINDUH, mais d’autres départements ministériels. Ces attentes se présentent ainsi qu’il suit :
N° DESIGNATIONS RESPONSABLES
Constitution des réserves foncières, réforme de la politique foncière MINDAF
notamment la décentralisation de la maîtrise foncière
Effectivité de la décentralisation qui doit permettre aux CTD de MINATD
participer à la production des logements sociaux et à l’amélioration
des infrastructures urbaines
Réforme du Crédit Foncier aux fins de lui permettre de jouer MINFI
efficacement son rôle dans le financement de l’habitat social
Industrialisation de la fabrication des matériaux locaux de MINIMIDT
construction
Mobilisation et affectation des ressources financières conséquentes MINEPAT et MINFI
pour le financement du développement urbain ;
Amélioration de la réglementation en matière de transport MINTRANS
Promotion du développement social urbain MINAS :
Amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité des populations Tous les autres
aux services urbains de base, et prise en compte des autres ministères
préoccupations de développement urbain et de l’habitat dans leurs
stratégies sectorielles :
ANNEXES
Références Bibliographiques
N° Libellé
1 Annuaire Statistique du Cameroun, 2004
Arrêté n°0003/E/2/MINDUH de 2008 portant organisation de la commission d’éligibilité
2
aux programmes d’habitat social
3 Arrêté n°0009/E/2/MINDUH du 21 août 2008 fixant les normes d’habitat social
4 Banque Mondiale, 2006 : Etude du secteur urbain au Cameroun
BCEOM-SCET Cameroun-SCET Autoroute, Mars 2006 : Elaboration de la stratégie
5
d'entretien de la voirie de Douala
Bureau du Recensement et des Etudes de la Population : Troisième Recensement Général
6
de la Population et de l’Habitat de 2005, Rapport Provisoire, 2010
C. Kessides : La transition urbaine en Afrique subsaharienne; impact sur la croissance
7
économique et la réduction de la pauvreté, page 12
Cameroun : Déclaration de la Stratégie de la Promotion de l’Approche Haute Intensité de
8
Main d’œuvre, 2008
9 Cameroun : Document de Stratégie de réduction de la Pauvreté, 2003
10 Cameroun : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, 2009
11 Cameroun : Recueil des lois sur la décentralisation
12 Cameroun : Recueil des lois sur l'urbanisme
13 Cameroun, Décembre 1999 : Déclaration de stratégie urbaine du gouvernement
14 Cameroun, juin 2009 : Vision 2035
Club du Sahel et Programme de développement municipal (PDM), 2004 : Evaluation et
15
prospective de l’économie locale. Document technique N°1
CNUEH (Habitat) : Guide directrices résumées pour la collecte et l’analyse des données
16
relatives aux indicateurs urbains.
Cogneau, D.Razafindrakoto et Roubaud, F. : Le secteur informel urbain et l'ajustement
17
budgétaire au Cameroun : faits empiriques et modélisation macro-économique
Commission Technique de Réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic :
18
Données sur la SNEC, la SONEL et la CAMTEL
19 D. PUMAIN, T. PAQUOT, R. KLEINSCHMAGER : Dictionnaire, La ville et l’urbain
Décision n°0018/E/2/MINDUH/SG du 02 avril 2008 fixant les modèles de registre
20
répertoire et de carnet à souches spéciales utilisés par les agents immobiliers
Décision n°0019/E/2/MINDUH/SG du 02 avril 2008 fixant le modèle de la carte
21
professionnelle des agents immobiliers
Décision n°0020/E/2/MINDUH/SG du 02 avril 2008 fixant les conditions d’obtention de
22
l’agrément à l’exercice de la profession de promoteur
Décision n°0021/E/2/MINDUH/SG du 07 avril 2008 portant organisation et
23
fonctionnement de la commission consultative de promotion immobilière
LISTE DES PARTICIPANTS AU SEMINAIRE NATIONAL DE VALIDATION DU DOCUMENT N°1 (ETAT DES LIEUX ET BILAN DIAGNOSTIC)
DATE 20 OCTOBRE 2010 LIEU : HOTEL AZUR YAOUNDE
N° NOMS ET PRENOMS ORGANISME N° NOMS ET PRENOMS ORGANISME
1. MISSI Jean Paul SG/MINDUH 2. CHARLE N. ARREY CU LIMBE
3. ALI SALIHOU MINDUH 4. PATIENCE NDE CONSULTANT
5. ESSONO ANNE MARIE PDUE/MINDUH 6. NGOA KISITO ONIGC
7. NOUNDJEU FAUSTIN CLOVIS Coordonnateur CTP 8. BAYIHA SYLVAIN ONG TAM TAM MOBILE
9. BENGONO GABRIEL SIC 10. Pr KEGNE FODOUOP UY 1
11. KENGNE PASCAL Consultant 12. TAKOUGANG SIPLIANT MINDUH
13. ABDOULAYE SOULEYMANOU MINDUH/ADAMAOUA 14. KEUMEDJIO DOMINIQUE MINDUH
15. ABOUKAR WANDI MINDUH/EXT. NORD 16. NOUADJE KALEU FRANCOIS PDUE/MINDUH
17. NJUENKOU JEAN JACQUES MINEPAT 18. TCHAPTCHET JEAN CLAUDE PDUE/MINDUH
19. OBEN FRANCIS ESSIE MINDUH/ SUD OUEST 20. ONDOUA SERGE HERVE MINEP
21. AHMADOU SARDAOUNA MINDUH/LITTORAL 22. SOFACK JEAN CLAUDE MIPROMALO
23. VONDOU DIDJOINT MINDUH/NORD 24. MERLIN MFONDO CANADEL
25. NGALLE BIBEHE JEAN SOCATUR 26. FONDJO NYAMSI PAPY MINEE
27. AMADOU BALLO CU GAROUA 28. MANDENGUE GERARD MINDUH
29. GAMBO MOHAMMADOU MINDUH 30. TCHOFFO PIERRE MARIE MINDUH
31. MVONDO DAVID E. CU EBOLOWA 32. DOHBIT REMI SENJEM MINDUH
33. TSOUGOU JOSEPH CVUC 34. Dr NJOCKE GABRIEL CU DOUALA
35. MOKAKE GRACE MINDUH 36. WANDJI ALAIN MERTHERAND MINDUH/ CENTRE
37. TCHOUTEZO JEAN MINDUH 38. MASSO EMMANUEL PDUE
39. MENGUE MVONDO CLAUDE MINDUH/EST 40. TAYO MEYEWOU GERVAIS PDUE
41. MASSO PIERRE OSCAR CU EDEA 42. NGABMEN HUBERT CONSULTANT
43. RODRIGUEZ MAX MINDUH 44. MOULOUK JEAN THEOPHORE MINDUH
45. NDEFFO JEAN MARIE CU KRIBI 46. PANGAM G MARIUS MINAS
47. YEMPIE JEREMIE MINDUH 48. NJANKOUO RIJIATOU MINDUH
49. TAKOUTEU TEMBOU CU BAFOUSSAM 50. OBOUN NYEBE WILLIAM’S PAUL MINDUH
51. BABA NICOLAS MINDUH/SUD 52. MINKENG MIREILLE MINDUH
53. NWACHAN JACOB NGU CU BAMENDA 54. NIYABI EKOUE MARTINE MINDUH
55. KITMI BOUBA MINPOSTEL 56. BEDGA NGUE CHRISTIAN MINDUH
57. ASONGWED EMMANUEL MINDUH/NORD 58. ESSAGA SALOMON MINEPAT
59. SHEY HENRY NGANYI CU KUMBA 60. GWODOG MAGLOIRE MINEPAT
61. FONCHA BLAISE DOUALA’ART 62. MOAMBOS EMMANUEL JOEL MINDUH
63. FOKOUN LUCAS MINDUH 64. MBIANDA PIERRE MINT
65. NANG BIPAN MINDUH 66. FRANCOIS OSSAMA MINDUH
67. NSSIMEYO MBABI FELIX PDUE/MINDUH 68. CHENDJOUO FAIROUZ MINDUH
69. MBAMI ROMUAL MINDUH 70. VAN GINNEKEN BANQUE MONDIALE
71. ESSAGA OHANDJA CU YAOUNDE 72. YAN DROZDZ BANQUE MONDIALE
73. NDJOH FELIX PIERRE MINDUH/OUEST 74. PAULA PINI BANQUE MONDIALE
75. ELOUK GASTON MINDUH 76. KENMOGNE NATHALIE ONG AFAIRD
77. NOUAZE BERTIN MINDUH 78. Dr KOLLO BASILE CU NKONGSAMBA
79. TANKEU FULBERT MINDUH 80. YAMB HERVE MAETUR
81. OUSSEMATOU DAMENI THERESE IDF BAMENDA 82. SAADONG CHRISTIAN MINDUH
83. MVENG MONIQUE GIC ASSUR 84. SAIDOU DANLADI CU NGAOUNDERE
85. IBRAHIM MAHAMA S. ONG SARKAN 86. MVONDO DAVID ELIEZER CU EBOLOWA
87. KOKAM JEAN JOEL CU BAFOUSSAM 88. AMBASSA KEDY DANIEL MINDUH
89. MEKONGO ONDOUA RICHARD MAGZI 90. GWODOG MAGLOIRE MINEPAT
91. TCHEEKO MARIE LOUISE MINDUH 92. ALLARD YVES BIT
93. SADOU YAYA MINDUH 94. MAFO TSALIFACK BEATRICE MINDUH
95. SADOU BABA LAOUANE MAGZI 96. Mme KAMGAING POUOMOGNE MINDUH
97. KOUDAOU LAURENT DIDIER FEICOM 98. LEUDJOU YAMBA JOELLE MINDUH
99. BOUBAKARY ABDOULAYE CU MAROUA 100. ATANGANA ETEME MINDUH
101. MABIOM LOUISETTE MINDUH 102. ZEBAZE CAROLE PDUE
103. MBWENTCHOU JEAN CLAUDE PGU/MINDUH 104. NGONO HONORINE PDUE
105. MBIAGNA GILLS THIERRY PDUE
Membres :
Mesdames NJANKOUO Rikiatou (MINDUH)
FOUDA OWOUNDI Anne Marguerite (MINDUH)
NIYABI EKOUE Martine Sidonie (MINDUH)
NNA EKONO Hermine (MINDUH)
KEUMEJIO NOMENY Evelyne Dominique (MINDUH)
MINKENG Mireille (MINDUH)
Messieurs GAMBO MOHAMADOU (MINDUH)
TAKOUGANG Sipliant (MINDUH)
MBWENTCHOU Jean Claude (PGU/MINDUH)
FOKOUN Lucas (DD Mfoundi)
KAMDEM (MINDUH)
FONDJA Guy Aimé (MINEPAT)
BEDGA Christian (MINDUH)
ESSAGA MASSIA Salomon (MINEPAT)