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L’admission de la Côte d’Ivoire à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE),
promue conjointement par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, offre
l’opportunité au pays de définir une nouvelle stratégie d’endettement, qui lui permet de se hisser et de se
maintenir sur une trajectoire de croissance soutenable à long terme. Ainsi, la Côte d’Ivoire a adopté une
démarche de recours à l’endettement public pour stimuler la croissance économique et lutter contre la
pauvreté. L’idée était que la croissance économique générée du fait de l’investissement à partir de la dette
contractée pourrait créer des ressources supplémentaires nécessaires à son remboursement.
Service de la dette sur la dette extérieure, publique et garantie par l’État (PGE)
(Service de la dette totale, $ US courants)
Solde budgetaire global, avec dons (base engagement) rapporte au PIB*100
Cependant, les déséquilibres économiques engendrées par la pandémie du Covid-19 et le plan de riposte
pour y faire face augmentent les pressions budgétaires et créent des besoins immédiats de financement
de l’activité économique. En effet, le choc brutal occasionné par les mesures de lutte contre la pandémie
Covid-19 a engendré de graves perturbations au niveau de la demande et l’offre. Des mesures de relance
et de soutien ont donc été entreprises par les autorités ivoiriennes en vue d’amortir le choc économique
et sanitaire induit par la pandémie1.
1Le plan de riposte a été budgétisé à 95,9 milliards de FCFA avec un cout fiscal estimé à 107,450 milliards de FCFA (Ministère
du Budget et du portefeuille de l’Etat)
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Analyse CIEF – Juillet 2021
Evolution du stocks de la dette extérieure, publique et
garantie par l’État (PGE) (Dette en cours et décaissée,
$ US courants) de 2010 à 2020
1,6E+10
1,4E+10
1,2E+10
1E+10
8E+09
6E+09
4E+09
2E+09
0
2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022
Ces politiques, en accroissant les déficits publics et courants2 pourraient compromettre la viabilité
financière de la Côte d’Ivoire, favoriser une paupérisation galopante amplifiée d’un surendettement
inédit. De plus, la recrudescence des infections à la COVID-19 et les difficultés des campagnes de
vaccination amenuisent les chances d’une normalisation rapide de l’activité économique.
De ce fait, malgré le bénéfice d’apurement de la dette extérieure à travers l’initiative PPTE, la Côte
d’Ivoire risque de continuer à s’endetter davantage. Pour preuve, son budget de l’année en cours est
financé à hauteur de 40% des appuis financiers extérieurs qui l’expose à un effet de dépendance, qui
pourrait être fort préjudiciable à la croissance économique de l’économie ivoirienne en cas
d’indisponibilité de celles-ci3.
Certes, le besoin de soutenir la croissance économique et de réduire la pauvreté en Côte d’Ivoire justifie
le recours massif aux appuis financiers ; toutefois, les revers, de cette option reste à craindre. La charge
2 Le déficit global est passé à 5,6 % du PIB en 2020, contre 2,3 % du PIB),
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La dette publique est à 47,6% du PIB et une dette extérieure publique estimé à 30,5% du PIB (Ministère du Budget et du
portefeuille de l’Etat)
3
Analyse CIEF – Juillet 2021
de cette dette ne doit pas venir nourrir une déstabilisation économique et sociale, pour que l’endettement
public soit une source de financement bénéfique pour l’économie ivoirienne.
Confronté à cette menace sur la soutenabilité des finances publiques dans une situation conjoncturelle
dégradée, soumise aux aléas des financements extérieurs, le gouvernement ivoirien a resserré sa
politique budgétaire, en espérant ainsi consolider ses finances et la croissance potentielle de l’économie.
Les autorités ivoiriennes ont ainsi considérablement assaini les finances publiques dans le cadre du
programme appuyé par la FEC et le MEDC. Le déficit budgétaire avait reculé de 3,3 % du PIB en 2017
à 2,3 % en 2019, grâce à une compression des dépenses, les réformes de la politique fiscale s’étant
révélées plus difficiles à mettre en œuvre. Les autorités ont renforcé l’administration des recettes,
amélioré la gestion des finances publiques et de la dette, et restructuré le secteur de l’énergie.
En perspectives, le gouvernement ivoirien devra promouvoir comme nous l’avions souligné un peu plus
haut, encore un peu plus la bonne gouvernance à travers des mesures plus contraignantes pour lutter
contre la corruption dans les secteurs public et privé. Une gouvernance plus stricte favorisera
l’amélioration des conditions de vie de la population car plus de commodités et d’infrastructures
pourront être réalisées. De plus, cela renforcera la confiance des investisseurs étrangers et par ricochet
redynamisera l’économie ivoirienne. Il faudra également améliorer la mobilisation des ressources
domestiques dans tous les secteurs d’activités économiques en vue d’assurer l’indépendance financière
de l’économie ivoirienne.
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Analyse CIEF – Juillet 2021