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Entrepreneuriat et incubateurs universitaires : une relation en quête de sens

Article · March 2004

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Sandrine Berger-Douce Christophe Schmitt


Mines Saint-Etienne University of Lorraine
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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

ENTREPRENEURIAT ET
INCUBATEURS UNIVERSITAIRES :
UNE RELATION EN QUETE DE SENS

Sandrine BERGER-DOUCE
Maître de Conférences
sandrine.berger-douce@univ- valenciennes.fr
Institut d’Administration des Entreprises de Valenciennes
Chercheur au laboratoire LARIME
Rue des Cent Têtes – Les Tertiales
59313 Valenciennes Cedex 9
Tél : 33 (0) 3 27 51 76 54

Christophe SCHMITT
Maître de Conférences
Schmitt.Christophe@ensaia.inpl- nancy.fr
Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie et des Industries Alimentaires /
Groupe de Recherche en Economie Financière et en Gestion des Entreprises
2, Avenue de la Forêt de Haye, BP 172
54505 Vandœuvre lès Nancy Cedex
Tél. : 33 (0)3 83 59 58 07

Résumé :

En France, la loi sur l’innovation de juillet 1999 ainsi que le décret n° 2000-893 du 13
septembre 2000 sont des signes forts de l’Etat pour favoriser les interactions entre la
technologie, les universités et les entreprises. La mise en place d’incubateurs
universitaires correspond à la traduction en termes d'action de la loi sur l’innovation.
L’objectif de cet article est de s'interroger sur la relation entre incubateurs universitaires
et entrepreneuriat et notamment sur le rôle joué par les incubateurs dans le processus
entrepreneurial. Dans cette perspective, nous présentons dans un premier temps le
dispositif des incubateurs universitaires. A partir d'un projet de création suivi sur une
période de cinq ans, nous soulignons, dans les parties 2 et 3, les principaux apports et
les principales limites de ce dispositif. Concernant ce dernier point, nous insistons plus
particulièrement sur le fait que l'entrepreneuriat est avant tout envisagé ici dans une
perspective réductrice : la création d'entreprise.

Thème 1 du colloque : Entrepreneurs/Création


3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

ENTREPRENEURIAT ET
INCUBATEURS UNIVERSITAIRES :
UNE RELATION EN QUETE DE SENS

Résumé

En France, la loi sur l’innovation de juillet 1999 ainsi que le décret n° 2000-893 du 13
septembre 2000 sont des signes forts de l’Etat pour favoriser les interactions entre la
technologie, les universités et les entreprises. La mise en place d’incubateurs
universitaires correspond à la traduction en termes d'action de la loi sur l’innovation.
L’objectif de cet article est de s'interroger sur la relation entre incubateurs universitaires
et entrepreneuriat et notamment sur le rôle joué par les incubateurs dans le processus
entrepreneurial. Dans cette perspective, nous présentons dans un premier temps le
dispositif des incubateurs universitaires. A partir d'un projet de création suivi sur une
période de cinq ans, nous soulignons, dans les parties 2 et 3, les principaux apports et
les principales limites de ce dispositif. Concernant ce dernier point, nous insistons plus
particulièrement sur le fait que l'entrepreneuriat est avant tout envisagé ici dans une
perspective réductrice : la création d'entreprise.

Thème 1 du colloque : Entrepreneurs/Création

Introduction

La mondialisation croissante des marchés renforce l’idée que l’innovation est un facteur
essentiel de compétitivité (Majoie, 1999). Selon la Commission Européenne, les
chercheurs universitaires peuvent y jouer un rôle important. Fin février 2003, Philippe
Busquin, Commissaire Européen en charge de la recherche a donc officiellement lancé
le débat sur le rôle central des universités afin d’encourager l’éclosion de vocations
d’entrepreneurs (Cordis Focus, 2003). Concrètement, les universités françaises
développent depuis une dizaine d’années diverses actions liées à l’entrepreneuriat, de la
simple sensibilisation à une offre de formations diplômantes. La loi sur l’innovation de
1999 doit être analysée comme un signe fort des pouvoirs publics dans le processus de
création de valeur au sein des universités. A l’heure où les incubateurs universitaires
font l’objet d’une évaluation, il semble pertinent de questionner la relation entre ces
acteurs-clés du dispositif d’incubation et l’entrepreneuriat. En d’autres termes, quel est
le rôle joué par les incubateurs universitaires dans le processus entrepreneurial au sein
des universités ? La réponse à cette question nous a amenés à analyser non seulement le
dispositif lié aux incubateurs universitaires, mais aussi la place qu'ils peuvent prendre
dans le paysage français actuel de l’accompagnement à la création d’entreprises
innovantes. La question est cruciale car elle interroge directement la légitimité du
dispositif d’incubation français.

Cet article présente le fruit de notre démarche que nous qualifions de « pratique
réflexive » afin de la distinguer d’un travail de recherche au sens classique du terme, à
savoir structuré autour d’un cadre conceptuel et d’hypothèses à valider par la

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

confrontation avec un terrain d’investigation. Il s’agit ici plus modestement d’une


contribution aux réflexions actuelles sur la relation entre entrepreneuriat et dispositifs
d’incubation universitaire, notamment en posant des questions auxquelles des
recherches ultérieures pourront apporter des éléments de réponse. Dans ces conditions, à
travers cette communication, il s'agissait plus pour nous de diffuser de l'information
autour de ce thème et de susciter des discussions, répondant ainsi directement aux
objectifs de l'Académie de l'Entrepreneuriat, que présenter dans l'immédiat un réel
projet de recherche.

Afin d’éclairer cette problématique d’une quête de sens concernant la relation entre
entrepreneuriat et incubateurs universitaires, nous reviendrons dans une première partie
sur l’émergence de ces acteurs en tant qu’outils au service de l’entrepreneuriat. La
seconde partie sera consacrée à un récit d’expérience que l’un des auteurs a eu
l’opportunité de suivre durant cinq années (de l’émergence de l’idée à aujourd’hui) dans
le cadre de l’Incubateur de Champagne Ardenne (ICAR). Enfin, dans une troisième
partie, nous discuterons des limites de la relation entre l’ICAR et le porteur de projet et
tenterons de dégager des voies de réflexion sur la base de ces limites en intégrant
d’autres expériences auxquelles nous avons pu participer.

1. Le dispositif d’incubateurs universitaires, un outil au service de


l’entrepreneuriat

Longtemps l'entrepreneuriat au sein des universités françaises s'est limité à ses missions
traditionnelles : la recherche et la formation. Or, depuis quelques années, les universités
cherchent à sortir de leurs missions historiques pour se porter sur le terrain (difficile) de
la valorisation (Verstraete, 2003). Aujourd'hui, cette volonté de valorisation
s'accompagne d'un cadre législatif (1.2) et d'un arsenal de moyens relativement
développé autour notamment des incubateurs (1.3). Par rapport à cette optique, la
valorisation devient une mission nouvelle de l'université (1.1)

1.1 Une vision enrichie de l’entrepreneuriat dans le contexte universitaire : la


valorisation de la recherche

L'université n'a pas attendu le déploiement législatif concernant la loi sur l'innovation
pour s'intéresser à la valorisation de la recherche. Cet intérêt peut se comprendre à la
lumière de deux éléments relativement indépendants :
- certaines situations rencontrées au sein de l’université ne trouvent pas de
réponse par rapport à ses missions historiques. Ces situations correspondent
essentiellement à une problématique : transférer ses connaissances vers le
domaine privé, qui par la suite devenir une source de financement de la
recherche publique. Ce transfert peut prendre deux visages, soit celui de la
création, c'est celui qui nous intéresse dans cette communication, soit celui de
transfert vers une entreprise existante (appelé plus communément cession
technologique).
- la croissance des pays industrialisés, ces dernières années, est fortement
conditionnée par l’innovation, notamment dans les secteurs clés à forte valeur
ajoutée (Rapport Majoie, 1999). L’université, à travers la recherche notamment,
a un rôle moteur à jouer dans le développement économique régional, national et

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

international. Concrètement, cela se caractérise au sein de l’université par la


nécessité de développer les conditions favorables permettant de passer de
l’aspect scientifique à l’aspect industriel (Aurelle, 1998). Ces différents éléments
participent fortement à la structuration de l’université en ce qui concerne la
valorisation de la recherche.
Dans cette perspective, les universités commencent à partir de la fin des années 90 à
développer systématiquement des services de valorisation1 . En d’autres termes, on peut
dire que l’université prend conscience du capital matériel et surtout immatériel qu’elle a
su développer. Avant la mise en place de ce type de service, la valorisation non
seulement était marginale dans certaines universités mais en plus relevait avant tout
d’initiatives très localisées.
Longtemps, en France, l'orientation de la cession technologique a prédominé
considérant que l'université n'avait pas forcément les moyens humains, techniques et
financiers pour se lancer dans l'aventure de la création d'entreprise. Cela s’explique
aussi par la volonté de l’université de se centrer sur ses métiers traditionnels et
historiques : la formation et la recherche. Pour permettre ces différents cas de figure, des
initiatives locales voient le jour. Sans souci d’exhaustivité, ces actions pouvaient
prendre les formes suivantes : mise en place d’incubateurs internes aux composantes des
universités (tels que l'INT, l'ESSEC, l'EPITA, le Polytechnicum, etc.), partenariat avec
des pépinières d’entreprises, développement de halls technologiques (avec des fonds
mixtes : publics, notamment universitaires, et privés), … Force est de constater que ces
différentes expériences se focalisent exclusivement sur l’aspect technologique et
négligent les aspects managériaux liés au projet. Le projet se développe souvent dans
une perspective mono disciplinaire. L'université se trouve donc enrichie d'une mission
complémentaire, la valorisation, à celles initiales, la formation et la recherche, mais le
lien entre ces trois missions est loin d'exister. Cette mission a été renforcée par la loi
française sur l’innovation

1.2 La loi sur l’innovation, déclencheur d’une prise de conscience

Les difficultés pour créer des entreprises à partir du potentiel universitaire peuvent aussi
s'expliquer par un cadre législatif peu propice 2 . Même si l'on considère que le potentiel
technologique et scientifique est bien présent, la création d'entreprise par des chercheurs
est très faible. "Fortement créatrices d'emplois, ces entreprises ont pourtant un taux de
réussite élevé (5 cas sur 6) et leur effectif moyen est de 11 salariés quelques années
après leur création" (Jacquemin, 1999). Ce décalage peut se comprendre au travers de
deux textes législatifs 3 qui interdisent aux fonctionnaires créant leur entreprise de
continuer à avoir des liens avec leur organisme d'origine, amenant une prise de risque
trop importante pour les chercheurs. Bien qu'ultérieur, ce débat n'est pas que national, il
est aussi européen. En effet, pour la Commission Européenne, le temps des chercheurs-
entrepreneurs est désormais une réalité à laquelle les universités doivent contribuer avec
détermination (Cordis Focus, 2003).

1
Service qui se compose en général de personnes du service administratif et enseignants-chercheurs. Ces services ont
été souvent associés à la mise en place des incubateurs universitaires.
2
En effet, avant la loi sur l'innovation et la recherche, on comptait en France, 1 création d'entreprise pour 1000
chercheurs par an (Jacquemin, 1999)
3
Loi du 13 juillet 1983 et l'article 423-13 du nouveau code pénal.

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La loi sur l’innovation et la recherche de juillet 1999 4 ainsi que le décret n° 2000-893 du
13 septembre 2000 relatif aux conditions dans lesquelles les établissements publics
d’enseignement supérieur peuvent fournir des moyens de fonctionnement à des
entreprises ou à des personnes physiques sont des signes forts de l’Etat pour favoriser
les interactions entre universités et entreprises. Ces interactions existent depuis
longtemps dans des domaines aussi variés que l’agroalimentaire, l’aéronautique ou
encore les industries chimiques. La loi sur l’innovation et la recherche ne fait que
renforcer les actions déjà mises en place auparavant. Dans ce sens, cette loi tirant les
enseignements du rapport Guillaume « a pour objectif de faciliter le rapprochement
entre la recherche publique et les entreprises » (Marion et al., 2000). Selon les propos du
Ministre de l’époque, Claude Allègre, elle vise à rendre plus productive la science dans
le but de développer des emplois. Ainsi, l’université contribue directement au
dynamisme des régions et de la nation. Depuis la loi sur l'innovation de 1999, le cadre
législatif enrichi par le Plan Innovation (Willot, 2003) s'organise autour des points
suivants :
- (1) : un statut pour les investisseurs individuels dans les jeunes entreprises : la
Société de Capital Risque Unipersonnelle ;
- (2) : un cadre fiscal plus favorable pour les jeunes entreprises innovantes
(exonérations totales, puis dégressives de l’impôt sur les sociétés, des charges
sociales patronales et des taxes locales) ;
- (3) : de nouvelles aides ciblées en faveur de l’investissement en R&D
(aménagement de l’assiette de la taxe professionnelle, accélération de
l’amortissement dégressif) ;
- (4) : des circuits de financement public plus proches du terrain dans la
perspective de la nouvelle étape de la décentralisation (s’appuyer davantage sur
l’expertise de l’Anvar et coordonner les actions locales par la création d’un
Guichet régional d’Aide à l’Innovation qui serait un point d’accès unique pour
les entrepreneurs) ;
- (5) : une meilleure valorisation de la recherche par les entreprises (doubler le
nombre des contrats Cifre permettant aux doctorants de réaliser leur thèse en
entreprise, instaurer un stage d’initiation à l’entreprise pour les doctorants,
accroître les dépôts de brevet par les chercheurs) ;
- (6) : un renforcement de l’essaimage universitaire (améliorer les modalités de
fonctionnement du Concours national d’aide à la création d’entreprises de
technologies innovantes créé en 1999, pérenniser le dispositif des incubateurs
régionaux, accroître les moyens d’intervention dans l’amorçage).

1.3 Le dispositif d’incubateurs universitaires

Les incubateurs sont mis en place par le décret 2000-843 du 13 septembre 2000. Les
incubateurs trouvent leur origine dans une limite du concept de pépinières, à savoir leur
éloignement des contres de recherche et de formation (Burnier et Lacroix, 1996). Selon
la définition donnée dans le rapport Cuby (2001) l’organisation de l’incubateur doit
permettre de mobiliser un réseau de compétences, d’accompagner concrètement les
porteurs de projets sélectionnés avec des moyens humains, matériels et financiers. Il a
pour objectif d'assurer le transfert vers le monde socio-économique des trois missions
4
Loi n° 99 587 du 12 juillet 1999 initiée par le Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la
Technologie.

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

fondamentales de l'université (formation, valorisation et recherche) par l'intermédiaire


de la création d'activités et d'entreprises innovantes 5 . En d’autres termes, il convient
d’appeler cette pratique l'essaimage académique (ou spin-offs académiques) (Pirnay,
2001). Il s'agit d'une pratique volontariste consistant pour une université à encourager et
à aider sur les plans financier, technique et managérial, ses employés et ses étudiants à
créer leurs propres entreprises, grâce à toute forme d’appui et d’accompagnement "en
vue de l'exploitation commerciale d'une idée ou d'une invention universitaire"
(Doutriaux, 1992).
Toutefois, l'incubation est limitée à certaines conditions, il faut que le projet :
- porte sur une technologie innovante
- et soit issu de la recherche publique.
A ce jour, l'Etat a sélectionné 31 incubateurs auxquels il apporte un soutien global de
plus de 24,6 M€ pour 3 années avec un objectif global de 865 créations d'entreprise 6 .
L'association France Incubation, créée en octobre 2001, regroupe 30 incubateurs sur les
31 sélectionnés et financés par le Ministère de la Recherche. Ces incubateurs sont
construits sur des modèles juridiques différents (association, GIP, …). De plus, ils ont
une liberté de gestion et d'action liée au contexte local dans lequel ils se sont implantés 7 .
Bien souvent, ces incubateurs ont une réalité politique (financement de la région, du
département, …) et contextuelle (collaboration avec des pépinières d'entreprises, des
jeunes chambres économiques, des structures d'accompagnement, des concours pour la
création d'entreprise, …) qui dépasse le simple cadre de l'université. De façon générale,
ces incubateurs ont pour fonctions :
- d'héberger des projets issus de l'université sur un laps de temps plus ou moins
long ;
- de favoriser l'accompagnement ;
- de permettre de trouver des débouchés ;
- de participer à la construction d'un plan d'affaire dans le but de trouver des
financements.
En d'autres termes, les incubateurs ont pour vocation de favoriser le développement de
conditions propices (techniques, financières, humaines, …) à la création d'entreprise à
partir de projets issus de la recherche publique. Selon l’association FTEI 8 , l’incubateur a
pour mission de favoriser l’émergence et la concrétisation de projets d’entreprises
innovantes valorisant les compétences et les résultats des laboratoires universitaires et
des organismes de recherche publics. L’idée est ainsi de profiter des savoir- faire déjà
sédimentés et de contribuer à leur valorisation.
Aujourd'hui, les incubateurs sont à un tournant de leur histoire : la première période de
financement est terminée. Le questionnement de la pérennisation de ses structures se
pose donc. Cette pérennisation implique de régler la question de leur statut juridique, de
déterminer les conditions optimales de le ur financement sur la période 2004-2006, ce
qui exige de disposer d’un programme prévisionnel d’activité pour chaque incubateur
avec des objectifs quantitatifs et qualitatifs précis. De nouvelles conventions Etat-
5
Le terme "innovation" bien que renvoyant à différentes acceptations n'est pas défini dans le texte de loi. Dans un
certain sens, il existe là une liberté d'interprétation pour les différents incubateurs.
6
Soit un soutien moyen de l’Etat par projet « incubé » de 28 K€
7
Pour citer un exemple : l'Incubateur Lorrain se compose des 4 universités lorraines (Université de Metz, Institut
National Polytechnique de Lorraine, Université de Nancy 2 et Université Henri Poincaré). Ces 4 Universités
réunissent 66 000 étudiants, plus d'une centaine d'équipes de recherche représentant environ 3 000 chercheurs. De
plus, il bénéficie du soutien du Conseil Régional, du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle et de la Communauté
Urbaine du Grand Nancy.
8
FTEI : France Technopoles Entreprises Innovation

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

incubateurs seront rédigées en janvier 2004 qui décriront les montants de refinancement,
les plans d’action et solutions pour résoudre les points critiques si nécessaires. (Vie
Universitaire, 2003).
Par ailleurs, une démarche de labellisation des incubateurs, à l’instar de celle menée
pour les pépinières d’entreprises, sera prochainement engagée afin de les rendre, à
terme, financièrement indépendants de l’Etat. Un travail d’évaluation mené par le
cabinet Ernst & Young publié en novembre 2003 pour le compte du Ministère de la
Recherche classe les incubateurs en trois catégories 9 :
- 14 incubateurs ont un «profil homogène » signifiant que leur évaluation a été
favorable et qu’ils sont invités à déposer un dossier de financement dès à
présent. Précisons que l’incubateur de Champagne-Ardenne figure dans cette
catégorie ;
- 9 incubateurs ont un « profil plan d’action » : ils nécessitent la mise en place de
réajustements avant toute demande de financement. Ils devront dresser un bilan
après un an pour apprécier le degré de réalisation des mesures prises ;
- 6 incubateurs ont un « profil dilemme » qui les incitent à engager très
rapidement des discussions avec le Ministère afin de dégager une solution
permettant de résoudre le point critique de manière satisfaisante.
Le souhait du Ministère de la Recherche est de poursuivre cette évaluation régulière sur
une base annuelle, liant le financement de l’Etat à la qualité du service rendu.
Par rapport à notre problématique de départ, il convient de s'intéresser plus
particulièrement à l'apport du dispositif d'incubation pour les porteurs de projet.

2. L’itinéraire d’un porteur de projet au sein de l’Incubateur de Champagne


Ardenne (ICAR)

Notre réflexion s’appuie sur le cas de l’incubateur régional de Champagne-Ardenne


(ICAR) créé en mai 2000, au sein duquel s’est intégré le projet de création d’une
entreprise innovante baptisée Verre Nature dont le porteur de projet est une jeune
Docteur ès Sciences, spécialisée en biologie végétale. Le suivi régulier des démarches
du créateur de l’entreprise depuis les premières formalisations de l’idée fin 1997 permet
la présentation d’un véritable retour d’expérience sur la durée. Ce suivi s’est effectué
sous la forme d’entretiens semi-directifs avec le porteur de projet à un rythme annuel
moyen de deux sur la base d’un guide d’entretien dont les rubriques ont naturellement
évolué au fil des années. Par ailleurs, ces entretiens ont été complétés par des rencontres
avec divers acteurs locaux de l’innovation (cellule valorisation de l’université, Anvar,
pépinière d’entreprise, directeur de l’ICAR) et des visites de salons professionnels
régionaux.

2.1 Le contexte d’émergence et les premiers résultats de l’incubateur étudié

La région Champagne-Ardenne est le théâtre de nombreuses initiatives publiques et


privées qui se donnent pour mission de dynamiser la création d’entreprises. Malgré cela,
la région Champagne-Ardenne se caractérise par un taux de création d’entreprises parmi
les plus faibles des régions françaises : en 2002, on dénombrait en Champagne-Ardenne

9
Précisons que l’étude de Ernst & Young porte sur 29 incubateurs et non sur les 30 regroupés au sein de France
Incubation dans la mesure où le 30ème n’avait pas encore rejoint l’association à l’époque de la réalisation de cette
étude.

7
3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

2 276 créations pures, dont 47% dans le seul département de la Marne, faisant de la
région l’une de France les moins dynamiques en la matière (19ème rang français): 26
créations d’entreprises pour 10 000 habitants, contre 41 en moyenne pour la France
(APCE, 2003).

Labellisé comme incubateur régional le 11 mai 2000, l’ICAR vise à valoriser le


potentiel de recherche locale par la création d’entreprises portées par l’innovation.
L’enjeu est d’importance pour la région qui souffre, à la fois, d’un déficit en création
d’entreprises et d’une faiblesse en matière de R&D.
Le directeur de l’ICAR a pris ses fonctions le 18 juin 2001 ; son arrivée ayant été
différée en raison de soucis logistiques. Le 1er comité de sélection s’est tenu le 7 juillet
2001 débouchant sur l’incubation de 2 projets (sur un potentiel initial de 5) fin
septembre 2001. Parallèlement, l’incubateur a assuré le suivi de projets ayant déjà
démarrés dans le cadre de diverses structures d’accompagnement désormais intégrées
dans l’ICAR comme la pépinière de Reims, au sein de laque lle était hébergée
l’entreprise en gestation Verre Nature.

Le rapport d’activité pour l’année 2002 semble bien décevant pour l’ICAR en
comparaison des efforts fournis par la structure et aux fonds consacrés aux diverses
actions engagées, notamment en matière de communication.
Entre avril 2002 et mars 2003, quatre comités de sélection ont été organisés pour
déboucher sur l’accompagnement effectif de 2 nouveaux projets. Notons que 4 autres
projets ont été agréés par l’ICAR et devraient entrer en incubation au cours de l’année
2003. Cependant, l’objectif des 15 projets accompagnés d’ici novembre 2003 semble
quelque peu compromis et ce, en dépit d’actions de promotion de l’ICAR comme la
création d’un site Internet opérationnel depuis avril 2002, la présence lors du Salon des
Entrepreneurs à Paris, la participation au jury régional du Concours 2002 du Ministère
de la Recherche ou encore lors des Assises des Libertés Locales fin novembre 2002.
Une faiblesse manifeste est ici le nombre très insuffisant de contacts établis avec des
porteurs de projet innovant et, au-delà, l’infime taux de conversion de ces contacts en
projets potentiels d’incubation. A titre d’illustration, au 31 décembre 2002, le directeur
de l’ICAR recensait 8 nouveaux contacts depuis le 31 juillet 2002 (soit en l’espace de 6
mois), mais un seul a réellement débouché sur un projet en portefeuille pour la structure.
Par ailleurs, une vingtaine de contacts sans suite, dont 6 obtenus lors du Salon
Innov’Act en octobre 2002, sont à déplorer au cours de la même période. Le
fonctionnement actuel de l’ICAR semble bien se heurter à une double difficulté :
- la détection de porteurs de projet innovant ;
- la transformation de ces contacts en contacts « actifs », c’est-à-dire susceptibles
d’entrer en phase d’inc ubation.
Parmi les actions de sensibilisation mises en œuvre depuis la création de l’ICAR, le
directeur souhaite accentuer les démarches auprès des enseignants-chercheurs de
l’université au sein même des laboratoires dans le but de stimuler ce qu’il qualifie de
« réflexe incubateur », conformément aux résultats de l’étude de Doutriaux (1992)
confirmant l’importance du climat universitaire. Selon lui, la structure demeure
méconnue et, pour le moins, trop rarement sollicitée pour ses compétences.

Le Ministère de la Recherche a lancé fin janvier 2003 l’évaluation des incubateurs


régionaux publics. Dans ce cadre, l’ICAR a proposé les objectifs quantitatifs suivants :

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

6 projets incubés en 2004, 8 en 2005 et 10 en 2006, signe de la volonté d’une montée en


puissance des activités de la structure. Toute la question de la faisabilité reste
néanmoins posée…
Malgré les difficultés de démarrage de ses activités, l’ICAR peut être considéré comme
un catalyseur du processus entrepreneurial, même s’il n’en constitue qu’un rouage
nécessaire, mais non suffisant.

2.2 La présentation du cas de Verre Nature

Verre Nature est, depuis le 26 novembre 2001, une SA dont l’activité consiste à
produire et à commercialiser des plantes in vitro dans des contenants esthétiques,
comme objets de décoration intérieure. Utilisant la technique bien connue en biologie
végétale de la culture in vitro, ces produits d’ornement ne nécessitent aucun entretien (ni
arrosage, ni fertilisation) pendant plusieurs mois. Il est possible, à terme, de les replanter
dans la terre suite à une courte période d’acclimatation. L’effectif de cette très petite
entreprise (TPE) est de quatre personnes : une jeune docteur en biologie végétale (le
porteur de projet initial), une gestionnaire, ainsi que deux chercheurs en biologie
végétale titulaires pour l’une d’un DEA et pour l’autre d’un doctorat.
Ayant soutenue sa thèse de doctorat en mai 1998, le porteur de projet multiplie dès juin
1998 les contacts avec les interlocuteurs locaux (CCI, Cellule Innovation de
l’Université de Reims Champagne Ardenne (URCA) ou encore l’INPI) afin de collecter
un maximum d’informations sur les démarches à effectuer dans le cadre d’une création
d’entreprise. S’intéressant aux aspects du management d’une entreprise, elle suit le
module «Création d’entreprise » organisé par l’URCA en partenariat avec le MEDEF
en septembre 1998. Son projet est, par ailleurs, sélectionné pour le concours « Biotech
Incubation » organisé à Clermont Ferrand à la même époque. Néanmoins, pour des
raisons essentiellement familiales, elle décide de rester dans sa région d’origine et
relance les contacts sur place pour trouver un associé ayant des compétences en gestion
d’entreprise. Cette recherche d’un associé gestionnaire aboutit en septembre 1999 grâce
au soutien de la Cellule Innovation de l’URCA et du directeur de la pépinière de Reims.
L’équipe ainsi constituée présente officiellement son projet fin 1999 au directeur de la
pépinière qui accepte de les soutenir dans leurs démarches. A l’époque, l’ICAR n’est
qu’un projet qui ne sera opérationnel que pratiquement deux ans plus tard. Verre Nature
est ainsi le premier projet en incubation à Reims en février 2000 (Lettre de la R & T de
Reims, 2000). Une convention sera signée le 31 mars 2000 avec l’incubateur de Reims,
qui sera « absorbé » par le projet régional de l’ICAR labellisé le 11 mai 2000 comme la
fusion des deux projets concurrents de Reims et de Troyes.

2.3 Les apports de l’ICAR pour le porteur de projet

Les partenaires prescripteurs au sein de l’ICAR sont clairement la pépinière de Reims,


l’URCA (Cellule Innovation et laboratoire de biologie végétale), ainsi que l’Anvar
comme gestionnaire des procédures liées au concours de création d’entreprises
innovantes du Ministère.

Des acteurs « rassurants » au cœur du dispositif

Avec le recul, le porteur de projet insiste sur le rôle clé joué par la pépinière de Reims
et, plus particulièrement, sur le soutien sans faille de son directeur : « J’ai la chance

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d’avoir été entourée par une équipe compétente et désintéressée, puisque publique, pour
soutenir mon projet ». Par ailleurs, la proximité spatiale avec d’autres porteurs de projet
constituait un atout non négligeable pour le moral, au-delà des échanges d’expériences
professionnelles, pour lutter contre le sentiment d’isolement du créateur grâce à
l’insertion dans des réseaux considérés comme facteurs-clés de succès d’une création
d’entreprise (Mustar, 1997 et 1998).
La présence des différents interlocuteurs au sein de l’ICAR est évidemment variable
selon les stades de développement du projet de création. Ainsi, l’ADER ou la Cellule
Innovation de l’URCA ont été des appuis indispensables en phase initiale du projet pour
introduire l’équipe de Verre Nature auprès des instances compétentes pour leur faciliter
la promotion de leur concept (exemples : location d’un stand lors du salon Innov’Act à
Reims en octobre 2000, préparation de la convention signée le 18 mai 2000 avec le
laboratoire de biologie végétale de l’URCA pour les activités de recherche et de
production de prototypes indispensables jusqu’à l’installation définitive dans des locaux
en propre fin octobre 2002).

Les récompenses du Concours National d’Aide à la Création d’Entreprise de


Technologie Innovante

Ces mêmes contacts ont incité l’équipe de Verre Nature à participer au concours
national d’aide à la création d’entreprises de technologie innovante organisé par le
Ministère de la Recherche. Dans son discours lors de la remise des prix de la 4ème
édition de concours le 11 juillet 2002 à la Sorbonne, la Ministre de la Recherche a
clairement affirmé que « ce concours est devenu une des pièces majeures du dispositif
de soutien à l’innovation ». Le bilan global des quatre éditions du concours (de 1999 à
2002) est éloquent : 1 002 lauréats distingués parmi 6 664 candidats, et surtout la
création effective de plus de 350 entreprises et de 2 500 emplois. Par ailleurs, ce
concours présente une forte synergie avec les autres mesures incitatives mises en place
par le Ministère puisque plus de 30% des projets lauréats ont bénéficié d’un
hébergement dans un incubateur public. A titre d’illustration, au sein de l’ICAR, deux
projets sur les 5 incubés en date de mars 2003 ont été lauréats de ce concours. Verre
Nature a ainsi remporté deux distinctions successives en juin 2000 (catégorie : « Projet
en émergence ») et en juin 2001 (catégorie : « Projet en création-développement »). Ces
distinctions ont apporté à l’équipe, « outre un concours financier important, une grande
crédibilité qui a grandement accéléré l’avancement du projet de création ». Pour
information, le taux de sélection était de 14,75% (édition 2000) et de 16,07% (édition
2001). Comme le note le Ministère, parmi les lauréats de la catégorie « Projet en
création-développement » de 2001, 13,8% sont des lauréats de la catégorie « Projet en
émergence » de 2000, dont le projet a suffisamment mûri pour leur permettre
d’envisager la création de leur entreprise à très court terme. L’Anvar est étroitement
associée à cette démarche qu’elle soutient financièrement et dont elle assure la gestion
et l’organisation de la remise des prix.

Une pratique active de la veille commerciale et concurrentielle

L’hébergement au sein de la pépinière de Reims de février 2000 à octobre 2002 a


également stimulé la nécessité pour Verre Nature d’exploiter les foires et salons dans
une optique de veille commerciale et concurrentielle. L’équipe de Verre Nature a ainsi
visité une quinzaine de salons professionnels et exposé sur un stand spécifique aussi

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bien lors d’Innov’Act à Reims en 2000 et 2001 que plus récemment lors du salon
Hortiflore (salon européen de la fleuristerie) en mars 2003 à Villepinte. Cette présence à
Hortiflore a été un déclencheur de taille pour la jeune entreprise puisqu’il a débouché
sur de nombreux contacts commerciaux, notamment avec l’enseigne Monceau Fleurs,
ainsi que sur des commandes fermes de fleuristes répartis sur l’ensemble du territoire
français.

L’intégration de Verre Nature au sein de l’ICAR est ressentie comme globalement


positive par le porteur de projet en raison de son caractère « facilitateur » de démarches.
Cependant, l’incubateur semble n’être qu’un rouage, certes nécessaire, mais non
suffisant du processus entrepreneurial.

3. Réflexions autour du dispositif d'incubation universitaire

Dans cette dernière partie, nous reviendrons de façon plus générale sur la mise en place
du dispositif d'incubation et notamment ses limites. Pour cela, nous avons retenu deux
angles d'approche complémentaires : le regard du porteur de projet dans le cadre
d'ICAR et la confrontation entre les actions menées par les incubateurs par rapport à la
littérature de recherche dans le domaine. Nous avons pleinement conscience du fait que
la dispositif ICAR ne constitue qu’un cas particulier au sein du paysage français ne
permettant pas de formuler des généralisations. Notre ambition se veut plus modeste et
se focalise sur la suggestion de pistes de réflexion qui nous paraissent pertinentes. Notre
réflexion privilégie volontairement la richesse potentielle de l’étude d’un cas unique
spécifique (Yin, 1994).

3.1 Du dispositif ICAR perçu par le porteur de projet …

Sans remettre en cause le rôle joué par l’incubateur et ses différents acteurs dans le
processus entrepreneurial, le porteur du projet Verre Nature n’est pas exempte de
critiques quant au fonctionnement de cette structure.

Des démarches ressenties comme « artificielles »

Certaines démarches préconisées par l’incubateur au porteur de projet semblent avoir


été ressenties comme « artificielles », voire n’être que des alibis pour l’utilisation de
financements. A titre d’illustration, la distinction obtenue dans la catégorie « Projet en
émergence » du concours national d’innovation en 2000 a notamment permis au porteur
de projet de commander deux études de marché à un cabinet-conseil spécialisé, l’une
sur la clientèle potentielle remise à Verre Nature en novembre 2000 et l’autre sur la
distribution remise en octobre 2001. « Ces deux études ne font que confirmer des
intuitions que j’ai déjà dans la tête. La plus- value est marginale en comparaison du coût
de ce type d’études », selon le porteur de projet. Néanmoins, ces études font partie
intégrante des dossiers de recherche de financements indispensables à la pérennité de
l’entreprise, d’où un sentiment paradoxal. En effet, être lauréat du concours national
d’innovation est synonyme de gains financiers, dont une partie non négligeable est
utilisée pour faire réaliser à des prestataires extérieurs des études non fondamentales
pour le développement du concept en tant que tel.

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

Une étude marketing centrée sur l’animation sur le lieu de vente a également été remise
à Verre Nature en avril 2002. Là encore, les résultats présentés ont essentiellement
confirmé les intuitions issues des premières expériences de commercialisation des
créateurs de Verre Nature comme la présentation par couleur des produits (le gel nutritif
étant désormais aussi proposé en couleur) dans les points de vente ou la réflexion sur
une sélection plus pointue des circuits de commercialisation (privilégier les magasins de
décoration intérieure ou de bricolage au détriment des jardineries, par exemple).
Malheureusement, ce type de conclusion n’apprend rien ou presque aux créateurs de
l’entreprise qui avaient eux- mêmes informés le cabinet-conseil en charge de l’étude des
difficultés rencontrées avec certaines jardineries : les produits sont parfois mêlés aux
plantes en serre, ce qui multiplie les risques de contamination ainsi que les variations de
température qui se traduisent par de la buée dans les contenants en verre, ce qui
dénature le produit le rendant beaucoup moins attractif pour la clientèle. En d’autres
termes, l’essentiel des résultats de l’étude provient soit des études de marché
précédentes, soit des dires de l’équipe de Verre Nature. Dans ces conditions, une
relative déception de nos interlocuteurs est davantage compréhensible…

Des procédures administratives toujours laborieuses

Comme nombre de créateurs d’entreprises, celui de Verre Nature déplore la lourdeur


des démarches administratives liées notamment à la gestion des retombées du concours
national d’innovation. A titre d’exemple, le solde de l’édition 2001 du concours n’a été
crédité au compte de la SA que fin avril 2003. Il semble judicieux de rappeler une règle
essentielle du fonctionnement de ce concours, à savoir que le financement public
n’intervient qu’à hauteur de 50% des besoins totaux. En l’occurrence, pour s’assurer de
l’obtention des 152 450 euros via l’Anvar, Verre Nature s’était engagée à investir le
double, soit 304 900 euros dans du matériel indispensable à l’installation dans des
locaux en propre (chambre stérile de culture, sas de décontamination, autoclave, etc…).
Ces délais obligent les créateurs à jongler avec les différents impératifs de paiement au
quotidien et à solliciter des financements complémentaires sous forme d’emprunts
bancaires (pour le petit matériel de laboratoire) ou de prêt d’honneur auprès de Reims
Initiative (pour les achats de consommables). Au-delà de la lourdeur des procédures
administratives se dégage un sentiment de frustration chez le porteur de projet qui a
parfois l’impression d’un imbroglio organisé afin de mobiliser un maximum
d’intervenants publics ou privés dans le processus entrepreneurial, chacun percevant
une rémunération.

Un sentiment de « Post-Création Blues »

Par analogie avec le fameux « Baby-Blues » survenant quelques temps après la


naissance d’un enfant, il semble que l’on puisse mettre en évidence un sentiment de
« Post-Création Blues ». En effet, passée la satisfaction bien légitime de voir son projet
se concrétiser en création effective d’une entité économique, le porteur de projet se
trouve plongé dans les tracas du quotidien, tout en ayant quitté son « cocon protecteur »
constitué de la pépinière de Reims dans le cas de Verre Nature. Après de longues
recherches d’un local industriel adapté débutées en janvier 2001 et relayées en avril
2002 par un article du Matot Braine, l’équipe de Verre Nature a trouvé en mai 2002
dans la proche banlieue de Reims un local susceptible de répondre à une demande

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

croissante. Néanmoins, l’installation complète n’a été opérationnelle pour la production


que fin octobre 2002 après divers retards dans l’aménagement du local.
Selon le porteur de projet, le soutien de l’incubateur est bien réel avant et pendant la
création de l’entreprise et nettement plus discret après la création. « C’est dans la
logique des choses, mais c’est parfois dur à vivre au quotidien ». La priorité après la
création est clairement de développer le marché de Verre Nature, sans lequel la
pérennité même de l’entreprise serait menacée. Le porteur de projet nous confie
d’ailleurs en juin 2003 être à un moment critique de la vie de l’entreprise dans la mesure
où l’objectif majeur est, pour les mois à venir, d’équilibrer les comptes de la société, ce
qui se traduit concrètement par des ventes régulières à une cinquantaine de points de
vente. Or, fin mai 2003, les produits sont distribués dans 5 jardineries régionales et une
quinzaine de fleuristes indépendants répartis sur le territoire français. Les efforts de la
gestionnaire de Verre Nature sont donc axés sur le démarchage de nouveaux points de
vente de qualité pour ne pas être à la merci de grandes enseignes trop gourmandes en
termes de marge commerciale. Actuellement, Verre Nature procède par mailing et
relance téléphonique avant une visite commerciale au cours de laquelle la gestionnaire
propose au fleuriste de lui laisser en dépôt-vente un assortiment de 22 flacons
permettant une vision de la gamme offerte. L’objectif est ici de « montrer le produit au
client et lui en expliquer l’intérêt, c’est-à-dire l’absence totale d’entretien de la plante ».
Le sentiment du porteur de projet est assez controversé dans la mesure où elle a
pleinement conscience du fait que, désormais, Verre Nature a seule la responsabilité de
son avenir, mais en même temps, elle regrette l’absence d’une autre structure que
l’incubateur pouvant servir de relais sur le terrain après la création effective « pour
rompre l’isolement du jeune créateur ». Très vite, celui-ci a le sentiment d’être
littéralement submergé par les soucis du quotidien et ne prend plus le temps d’échanger
sur son expérience avec d’autres personnes dans la même situation. Cependant, il faut
reconnaître que les trois créateurs de Verre Nature se sont toujours fixées comme
impératif de veiller à la préservation de leur qualité de vie, (les trois créateurs étant des
mères d’enfants en bas âge).

3.2 … Aux principales limites des incubateurs universitaires

La mise en place actuelle du dispositif ainsi que les informations collectées sur le
fonctionnement de certains incubateurs nous amènent à formuler d'autres limites qui
ont, à nos yeux, une portée plus générale.

Créer des créateurs au détriment d’une adhésion à l’esprit d’entreprendre

L'angle d'approche retenu de façon générale par les différents incubateurs universitaires
est de considérer l'entrepreneuriat avant tout comme un résultat : la création d'entreprise.
Cette finalité, souvent la plus répandue au sein des universités, renvoie donc à une
vision restrictive de l'entrepreneuriat liée à la création d'entreprise. Dans cette
conception de l'entrepreneuriat, émerge rapidement une course aux résultats, c'est-à-dire
une course au nombre d'entreprises créées. D'ailleurs chaque incubateur s'est affecté un
nombre de projets minimum à incuber pour les trois premières années. Face à cette
finalité, nous opposons une finalité qui envisage la notion d'entrepreneuriat sous un
aspect plus extensible. Dans cette perspective, nous entendons par entrepreneuriat "u n
processus dans lequel des ressources, indépendantes à l'origine, sont réorganisées

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

d'une nouvelle façon pour saisir une occasion d'affaires" (Johannisson, 2003). Ces deux
finalités ne sont pas antinomiques, mais permettent de comprendre le choix et
l'orientation suivie par les incubateurs au sein de l'université française. L'entrepreneuriat
correspond alors avant tout à un processus plus qu'à un résultat. Si l'on retient cette
finalité, la problématique des incubateurs s'en trouve renversée. En effet, il ne s'agit plus
de créer, ce qui s'apparente pour Saporta et Verstraete (2000) à la création de créateur,
mais plutôt de s'interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l'émergence,
la construction et le développement de projets entrepreneuriaux. Par moyens nous
entendons, des réflexions sur les outils à utiliser, la recherche d'adéquation entre la
finalité des incubateurs et le personnel, …

Les oublis du dispositif d'incubation

En se focalisant sur la création d'entreprise, il convient de ne pas oublier de la création


d'entreprise n'est qu'une voie entrepreneuriale parmi d'autres. Cette orientation est
inquiétante notamment à court terme, où le nombre de départ en retraite touche aussi les
entrepreneurs. N'y a-t- il pas là des possibilités à explorer ? De façon générale, la reprise
d'entreprise peut être un cas de figure intéressant dans la mesure où l'outil de
production, la structure et le personnel existent déjà. Dans le registre des oublis, il est
nécessaire aussi de souligner la faiblesse du dispositif à l'égard des incubés qui, au final,
ne créeront pas leur entreprise. Selon les statistiques, ils représentent 30 % des projets
incubés (Direction des PME et de l’innovation, 2002). Comment peuvent- ils valoriser
leur expérience, quelle est leur employabilité après cette incubation ? Encore plus en
amont, la focalisation des actions sur la création d'entreprise a pour conséquence de
limiter l'intérêt au sein de l'université du phénomène entrepreneurial. Cela revient à
s'interroger sur le potentiel entrepreneurial des universitaires. Il semble que la
valorisation de la recherche souhaitée par le ministère renvoie plutôt au projet qu'au
porteur de projet. Or, les chercheurs s'accordent largement sur ce point pour dire que les
deux sont indissociables. Enfin, dernier oubli, le phénomène de retraite évoqué
précédemment, peut aussi être envisagé à l'inverse, c'est-à-dire que les besoins au sein
de l'université peuvent inciter les responsables à privilégier leurs besoins immédiats liés
au remplacement plutôt que de laisser partir ou d’encourager leurs cadres à "faire le
saut" (Rapport Cuby, 2001).

Liens des incubateurs avec la formation et la recherche : vers une dépossession des
universités ?

De ce choix de finalité découle une conséquence assez paradoxale. Il est possible de ce


poser la question : que reste-t-il d'universitaire dans ces incubateurs ? La question se
veut volontairement provocatrice afin d'interpeller les différents acteurs sur la dérive
potentielle de ces incubateurs. En effet, le lien entre l'université et l'incubateur sur
certains points paraît très linéaire. Sous certains aspects, l'université semble être avant
tout une source (inépuisable ?) de projets pour les incubateurs 10 qui après sélection au
niveau de l'incubateur n'a pratiquement plus de lien avec l'université sur les aspects liés
à l'entrepreneuriat 11 . Cela se traduit par exemple dans les faits par l’absence ou la sous-
10
Sur ce point, il s'agit d'une course à la recherche de projets, car le porteur de projet a toujours le loisir de s'adresser
à d'autres structures non universitaires.
11
Nous n'évoquons pas ici les liens privilégiés avec la recherche qui sont le point de départ et l'essence même du
projet.

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traitance vers l’extérieur des contenus de formation. Dans ces conditions, les
incubateurs se privent d'une connaissance développée dans les universités tant du point
de vue de la recherche que de la formation (Schmitt et al., 2003). De plus, il serait
possible de coupler les projets, avec des stages étudiants, des juniors entreprises, … Les
projets incubés sont des champs d'action privilégiés pour les enseignants chercheurs et
les étudiants trop faiblement exploités actuellement. Le développement d'un processus
non plus linéaire mais fait d'allers-retours incessants entre les acteurs de l'université et
ceux de l'incubateur. En d'autres termes, la relation université- incubateur semble plus
s'inscrire dans la séparation que dans la dialectique.

La multiplicité des acteurs et des actions : l’université doit trouver sa place dans le
paysage existant !

Longtemps, les actions menées par l’université se sont apparentées plus à une recherche
de légitimité plutôt qu’à une réelle adhésion à l’esprit d’entreprendre. Ce qui a amené
Koffi et al., 1999 à souligner au sujet du dispositif français d'aide à la création
d'entreprise. : " Quelquefois, les mesures ne sont que la traduction d’une obligation
politique de devoir accompagner et encadrer des mouvements spontanés, voire de
suivre des phénomènes de mode". Finalement, les incubateurs sont un pion
supplémentaire dans le paysage déjà encombré de l'entrepreneuriat. Le « milieu
innovateur » (Crevoisier, 1994) regroupe des acteurs aux profils très variés, notamment
des organismes institutionnels (Anvar, Drire, …) et diverses structures qualifiées de
technopoles, de pépinières et, plus récemment, d’incubateurs. Ce foisonnement de
l’offre d’accompagnement est- il le gage d’une simplification de la démarche des
porteurs de projet de création d’entreprise innovante ? En d’autres termes, le dispositif
des incubateurs régionaux est- il un complément utile aux porteurs de projet innovant ou
sa présence ne vient-elle que compliquer encore davantage le paysage français de
l’accompagnement des créateurs potentiels ? Dans ce paysage encombré quel rôle
l'université peut-elle jouer ? Dans la perspective évoquée précédemment de faire le lien
avec les métiers traditionnels de l'université, l'incubateur aurait pu jouer un rôle
intéressant de gestion et de coordination des différentes actions liées à l'université. Ce
point a déjà été évoqué par Verstraete (2000) autour de la construction de "Centres
d'Entrepreneuriat" au niveau local et repris par Boissin (2003) autour du concept de
"Maison de l'Entrepreneuriat". Ces structures auraient pour mission non seulement la
coordination des différentes actions liées à l'entrepreneuriat au sein de l'université
(formation, projet de recherche, conseil), mais ils seraient aussi garants de ces
différentes actions. Les enseignants et chercheurs qui le souhaiteraient pourraient être
rattachés à ces différents centres, favorisant ainsi une cartographie locale des ressources
disponibles. Ces centres permettraient de développer des activités de conseil et
d'accompagnement en entrepreneuriat, fournissant un potentiel non négligeable de
terrains de recherche. Au-delà des activités de conseil et d'accompagnement, il serait
possible de travailler sur l'aspect pédagogique et sur des méthodes liées à
l'entrepreneuriat et de développer une recherche non seulement d'observation mais aussi
de recherche-intervention. Ces centres sont certes d'un genre nouveau au niveau de
l'université française, mais ils peuvent s'appuyer sur des expériences internationales,
comme notamment celle de la Chaire Bombardier en gestion du changement
technologique dans les PME, à l'Université du Québec à Trois-Rivières (Julien et al.,
2003).

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

Conclusion

Dans cet article, le dispositif ICAR a guidé notre réflexion sur la relation entre
entrepreneuriat et incubateurs universitaires qui s’est enrichie chemin faisant de
considérations issues de l’observation attentive d’autres expériences similaires menées
dans divers contextes.
Le récit du porteur de projet de Verre Nature insiste notamment sur le caractère parfois
artificiel et souvent laborieux des procédures administratives, ainsi que sur un sentiment
proche de l’abandon perçu après la création effective de l’entité économique vécue
comme le point final de l’aventure d’incubation … Concernant l’accompagnement du
créateur de petite entreprise, Sammut et ali. (2003) relève, entre autres spécificités, la
fragilité de ce type de structure lors de sa création, ainsi qu’une gestion largement
dominée par le quotidien. Le cas de Verre Nature s’inscrit parfaitement dans cette grille
d’analyse. Le sentiment de «Post-Création Blues » est renforcé par les difficultés au
quotidien. Citons des efforts d’adaptation permanente à une demande soumise à des
effets de mode, des problèmes logistiques liés à la nature fragile des produits dont la
manipulation se révèle délicate pour des néophytes, des capacités de production encore
limitées et donc insuffisantes face à certains volumes commandés ou encore un
démarchage commercial difficile par manque de personnel. Une structure comme
l’incubateur universitaire n’est donc qu’un élément du processus entrepreneurial. Il est
nécessaire d'y développer une compréhension plus fine du phénomène afin de mettre au
service du porteur de projet une panoplie d’outils réellement adaptés et opérationnels,
ouvrant des perspectives certaines de recherche.
Outil au service de l’entrepreneuriat, le dispositif d’incubateurs universitaires est un lieu
intéressant qui favorise la structuration et l'intermédiation du projet. Au-delà de ces
deux éléments, on constate dans différents pays que le taux de survie après trois ans des
nouvelles entreprises ayant suivi une formation est plus élevé que celui de la moyenne
des nouvelles entreprises (Julien, 2000). On peut espérer que la mise en place de ce
dispositif viendra renforcer cet état de fait. Actuellement, nous manquons encore de
recul pour conclure sur ce point. Sous certains aspects, ce dispositif révèle, à l’issue de
cette réflexion, de nombreuses limites tant de nature opérationnelle que de nature
stratégique.
Plus globalement, nous avons mis l’accent sur des limites qui méritent d’être
questionnées davantage dans des travaux ultérieurs. Une dérive n’est-elle pas finalement
de créer des créateurs au détriment d’une adhésion à l’esprit d’entreprendre ? Par
ailleurs, est- il légitime de limiter le processus entrepreneurial à la seule création
d’entreprise ? Les travaux les plus récents à ce sujet semblent pour le moins
contradictoires : des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour plaider en faveur
d’une vision élargie de l’entrepreneuriat. En ce sens, il convient de ne plus négliger
notamment les phénomènes de reprise d’entreprise. Enfin, la multiplicité des acteurs
apparaît comme assez contraignante pour les porteurs de projet innovant qui avouent
parfois se perdre au milieu de cette offre qui tend à devenir pléthorique. Aussi,
l’université doit-elle se donner les mo yens de trouver sa place dans le paysage existant,
un défi sans doute majeur pour les prochaines années…

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3ème Congrès de l’Académie de l’Entrepreneuriat, Lyon, 31 mars et 1er avril 2004

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