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Working Papers
Numéro
2010/03
Véronique Bouchard
Professeur associé
UPR Stratégie et Organisation
EMLYON Business School
Olivier Basso
Singleton Institute
Alain Fayolle
Professeur
UPR Stratégie et Organisation
EMLYON Business School
www.em-lyon.com
NUMÉRO
2010/03
Véronique Bouchard
Professeur associé
UPR Stratégie et Organisation
EMLYON Business School
Olivier Basso
Singleton Institute
Alain Fayolle
Professeur
UPR Stratégie et Organisation
EMLYON Business School
Février 2010
ISSN: 0183-259X
Vers une typologie des dispositifs intrapreneuriaux
Résumé
La littérature en entrepreneuriat organisationnel est foisonnante, source de multiples confusions
sémantiques et pas toujours utile aux acteurs socio-économiques. Cet article a pour objectif de
proposer, dans un essai de synthèse et de clarification, une typologie de dispositifs intrapreneuriaux
actionnables dans des entreprises. En privilégiant, dans notre élaboration, la portée du dispositif, la
nature des leviers utilisés et la relation du dispositif avec le reste de l’organisation, nous identifions,
commentons et illustrons sept types de dispositifs.
Mots-clés
Intrapreneuriat, dispositif, typologie, innovation, croissance, employés, engagement, études de cas.
1
1. INTRODUCTION
2
Si l’on définit, avec Giorgio Agamben (2007), un dispositif comme « 1) un ensemble
hétérogène qui inclut virtuellement chaque chose, qu’elle soit discursive ou non : discours, institution,
édifices, lois, mesures de police, propositions philosophiques … – le dispositif lui-même étant le
réseau qui s’établit entre ces éléments … – et 2) qui a une fonction stratégique concrète » , il apparait
que l’étude des dispositifs nous positionne à la fois sur un plan concret (les « choses ») et sur un plan
abstrait (l’intention stratégique). Le dispositif comprend des éléments stables, observables, et il est à
ce titre sans doute plus révélateur de la stratégie poursuivie que ne le sont les déclarations des uns et
des autres. L’observation des dispositifs nous permet, en quelque sorte de faire d’une pierre deux
coups… Comme le souligne V. Boussard (2003) : « L’utilisation du terme dispositif n’est pas une
étiquette de plus pour désigner les équipements à la fois conceptuels et matériels du management. Il
correspond à un choix théorique : ce terme renvoie à l’idée que les équipements mobilisés par les
gestionnaires sont constitués d’éléments disparates, interdépendants et finalisés (Mercier et Séchaud,
1998). »
Pourquoi s’attacher à proposer une typologie des dispositifs intrapreneuriaux ?
La typologie est une démarche intellectuelle qui vise à faciliter l’étude de réalités complexes
en distinguant, au sein d’un ensemble d’unités, des groupes que l’on puisse considérer comme
homogènes (Grémy, Le Moan, 1977). Si l’on pense à la confusion qui caractérise le champ de
l’intrapreneuriat, une telle démarche ne peut qu’être avantageuse. Or les tentatives effectuées jusqu’à
maintenant dans ce sens, satisfont peu ou mal les deux critères fondamentaux d’une bonne typologie
qui sont l’exclusivité et l’exhaustivité des types proposés.
En raison de leur stabilité et de leur matérialité, l’étude des dispositifs intrapreneuriaux (plutôt
que celle des stratégies intrapreneuriales, des processus ou des conséquences des processus
intrapreneuriaux) doit nous permettre d’éviter les catégories poreuses et changeantes (critère
d’exclusivité). Par ailleurs, la richesse et la variété de la base de données sur laquelle notre analyse
va s’appuyer (plus de vingt-cinq études de cas) nous confortent dans notre aspiration à l’exhaustivité.
La première partie de cet article sera consacrée à une revue critique des diverses tentatives de
classification des phénomènes intrapreneuriaux. La seconde partie s’attachera à préciser la notion de
dispositif intrapreneurial et reprendra les dimensions qui peuvent aider à le caractériser. Dans la
troisième partie, nous présenterons les dimensions retenues et proposerons une typologie originale
des dispositifs intrapreneuriaux.
Nous nous focalisons, dans cette première partie, sur les contributions les plus significatives,
que nous abordons en ordre chronologique. Nous nous intéressons, pour l’essentiel, à des tentatives
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de classifications : rares en effet sont les contributions pouvant prétendre au statut de typologie tel
que nous l’avons précédemment définie (respect des critères d’exclusivité et d’exhaustivité).
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2.2. La contribution de Kanter et al. (1990, 1991, 1992)
R.M. Kanter est l’auteur principal d’une série de cinq articles consacrés aux « véhicules
entrepreneuriaux » (entrepreneurial vehicles) qui parait dans Journal of Business Venturing entre
1990 et 1992. Ces articles sont des études de cas approfondies choisies pour représenter une palette
de « véhicules » aussi variée que possible. Les véhicules entrepreneuriaux sont des « programmes
formels mis en place par les entreprises pour stimuler l’innovation et la création d’entreprise » (Kanter
et al, 1990).
L’axe de classification majeur, selon R.M. Kanter, est le but premier du programme mis en
place : ce but est-il économique ou culturel ? Dans le premier cas, le « véhicule entrepreneurial » sera
focalisé sur la génération du nouveaux revenus et son impact sur le reste de l’organisation sera
minime, tandis que dans le second cas, la visibilité et l’exemplarité du véhicule entrepreneurial seront
des éléments centraux : la fonction essentielle du véhicule sera de « montrer comment innover au
reste de l’organisation ». L’auteur observe également l’existence d’une corrélation entre but premier et
configuration du véhicule entrepreneurial : une orientation fortement économique est généralement
associée à une forte implication de la haute direction dans la gestion du programme, un fort degré de
sélectivité des projets innovants et une autonomie organisationnelle marquée. Au contraire lorsque les
objectifs culturels dominent, les projets innovants sont multiples, provenant de tous les niveaux de
l’entreprise et des liens forts sont maintenus entre le « véhicule entrepreneurial » et le reste de
l’organisation. R.M. Kanter constate, finalement, que les « véhicules intrapreneuriaux » se retrouvent
en but à de toutes sortes de difficultés et que leur espérance de vie est d’autant plus brève que leurs
objectifs déclarés sont ambitieux.
Les études de cas publiés couvrent une ample gamme de « véhicules entrepreneuriaux ». En
ordre de publication, nous retrouvons :
• Le cas Analog Devices Enterprises un fonds de capital risque industriel (Corporate Venture
Capital Fund) dont le rôle est d’investir dans des startups externes à l’entreprise.
• Le cas Kodak ODI, un incubateur industriel (new venture development incubator) dont le rôle
est de favoriser le développement de startup internes et externes.
• le cas Raytheon’s New Product Center (idea creation and transfer center), une entité prenant
en charge temporairement le développement d’activités innovantes puis les transfèrant aux
divisions opérationnelles une fois qu’elles ont prouvé leur viabilité.
• Le cas Ohio Bell Enter-Prize, un programme de projets d’employés (employee projects
program), en fait un dispositif d’innovation salarié.
• Le cas Nees Energy Inc., une startup interne (entrepreneurial subsidiary) constituée en filiale
autonome. Contrairement aux cas précédents qui portaient sur des véhicules multi-projets, le
cas Nees Energy Inc. porte sur « une unique start-up conçue pour montrer à la compagnie
comment en créer d’autres ».
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Chaque cas correspond à un modèle dont les caractéristiques et les difficultés se révèlent très
différentes. Les véhicules Raytheon’s NPC et Ohio Bell Enter-Prize requièrent des moyens limités et
sont mieux intégrés : ces facteurs expliqueraient selon R.M. Kanter leur plus grande longévité.
Cette série d’articles particulièrement riche en terme de contenus n’est malheureusement pas
totalement aboutie en terme conceptuel et les efforts de classification et de synthèse des auteurs
apparaissent incomplets (peut-être en raison de la non-publication de trois cas sur les huit annoncés
dans le premier article de la série). On retiendra cependant les deux axes de classification esquissés
par les auteurs :
1. Le but premier du « véhicule » : économique ou culturel et les variables organisationnelles qui
en découlent (contrôle de la haute direction, sélectivité, autonomie)
2. la portée du « véhicule » (projets multiples ou projet unique).
Après une rapide présentation des différentes acceptions du terme, Stopford et Badenfuller
précisent, dans un article paru en 1994 dans le Strategic Management Journal, qu’ils comprennent
« Corporate Entrepreneurship » comme un terme caractérisant les orientations d’ensemble de
l’entreprise et, plus particulièrement, l’ensemble des activités qu’elle effectue en vue de changer les
règles du jeu concurrentiel et de se renouveler en profondeur (transformation or renewal). Leur
examen de sept entreprises appartenant à des industries mûres et ayant connu des difficultés
importantes leur permet de mettre en lumière différents niveaux de « développement entrepreneurial »
qu’ils présentent comme des étapes appelées à se succéder dans le temps. Ils s’intéressent
également aux facteurs facilitant ou, au contraire, freinant le passage d’un stade à l’autre.
Les stades identifiés sont au nombre de trois :
• Stade 1 : Entrepreneuriat individuel (individual entrepreneurship)
• Stade 2 : Initier et consolider un processus de renouvellement (starting and embedding a
process of renewal)
• Stade 3 : Changer les règles du jeu (breaking the frame)
Les auteurs mettent en relation les différents stades de développement entrepreneurial avec trois
variables relatives à l’organisation des activités entrepreneuriales, qui sont :
1. les niveaux hiérarchiques impliqués (individus, top management, toute l’organisation),
2. les interactions entre niveau,
3. le caractère informel ou formel des mécanismes d’apprentissage.
Le premier stade mobilise quelques individus et s’appuie sur des mécanismes informels, le
second implique fortement la haute direction qui met en place des mécanismes d’apprentissage
formels (systèmes d’information ad hoc). Le troisième stade se caractérise par une diffusion du
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modèle entrepreneurial à l’ensemble de l’organisation, une multiplication des équipes projet
multifonctions et multiniveaux et la coexistence de mécanismes d’apprentissage formels et informels.
Bien que le terme de dispositif intrapreneurial ne soit jamais évoqué, il est clair que les stades
deux et trois correspondent à une implication croissante de la haute direction et à la mise en place, en
parallèle, de dispositifs de plus en plus sophistiqués ayant pour fonction d’encourager la diffusion des
initiatives entrepreneuriales et des comportements collaboratifs au sein de l’entreprise. Deux
dispositifs intrapreneuriaux différents se dessinent donc en filigrane.
La perspective évolutionniste adoptée par Stopford et Badenfuller apparait, en revanche, assez
discutable : on peut tout aussi bien considérer que les différents « stades » évoqués correspondant à
des ambitions stratégiques différentes et qu’ils n’ont pas forcément vocation à se succéder.
L’article de Ginsberg et Hay, paru en 1994 dans le European Management Journal, s’adresse
principalement aux praticiens auxquels il suggère un ensemble de recommandations en matière de
capital risque industriel interne (Internal Corporate Venturing). L’article démarre sur une tentative de
classification des stratégies de Corporate Entrepreneurship, que les auteurs définissent comme « un
processus de revitalisation qui génère ou exploite de nouvelles technologies, produits ou activités
sous l’ombrelle « corporate » d’une entreprise établie. Deux axes de classification sont proposés :
1. la source des ressources entrapreneuriales (interne ou externe)
2. la structure d’accueil de ces ressources (intégrée ou séparée).
Le croisement de ces deux axes produit une matrice 2x2 qui dessine quatre stratégies :
• L’intrapreneuriat (interne/intégrée)
• L’ Internal Corporate Venturing (interne/séparée)
• Les fusions/acquisitions (externe/intégrée)
• Les partenariats en vue d’entreprendre - entrepreneurial parternship (externe/séparée)
De cette typologie très simple et seulement partiellement pertinente, nous retenons qu’elle
confirme l’importance de la variable structurelle « intégration/séparation » déjà mise en lumière par
Kanter et al (1990).
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• le Corporate Entrepreneurship dispersé « aussi appelé intrapreneuriat » qui repose sur
l’hypothèse que les individus ont la capacité de mettre simultanément en œuvre un
comportement entrepreneurial et un comportement managérial.
Le Corporate Entrepreneurship focalisé s’appuie donc sur des « antécédents structurels » tandis
que le Corporate Entrepreneurship dispersé s’appuie plutôt sur des « antécédents culturels ». Le
Corporate Entrepreneurship dispersé sera facilité par une organisation de type organique mais il
dépend avant tout du comportement des employés qui choisissent de s’engager spontanément dans
des parcours risqués et incertains.
Le phénomène qui intéresse Birkinshaw, ce sont les initiatives qui émergent spontanément au
sein des filiales de grandes multinationales et qui se rattachent par conséquent au Corporate
Entrepreneurship dispersé ou intrapreneuriat.
Birkinshaw reprend dans son article la distinction établie par ses prédécesseurs entre
intrapreneuriat intégré ou séparé mais la combine avec une nouvelle opposition : antécédents
culturels ou antécédents structurels. Comme dans l’article de Stopford et Badenfuller, deux types de
dispositifs intrapreneuriaux apparaissent en filigrane :
1. un dispositif faisant principalement levier sur des variables structurelles (entité séparée)
2. un dispositif faisant principalement levier sur des variables culturelles (valeurs,
représentations des employés).
Les auteurs de cet article paru en 1999 dans Entrepreneurship Theory and Practice se
proposent d’établir une typologie des formes de Corporate Entrepreneurship. Covin et Miles
reconnaissent trois acceptions communes du terme Corporate Entrepreneurship : a) une entreprise
établie crée une nouvelle activité, b) des individus s’engagent dans le développement d’une nouvelle
activité dans un contexte préexistant et c) une philosophie entrepreneuriale imprègne l’ensemble de
l’organisation et de ses processus et influe sur sa stratégie et son orientation générale. Ils annoncent
d’emblée que leur réflexion portera sur la troisième catégorie.
Les auteurs identifient quatre formes de Corporate Entrepreneurship :
• La régénération soutenue (sustained regeneration), un processus qui se focalise sur
l’innovation produit et marché, qui est fréquent et peu risqué ;
• Le rajeunissement organisationnel (organizational rejuvenation), un processus qui se focalise
sur l’organisation, qui est moins fréquent et moyennement risqué ;
• Le renouvellement stratégique (strategic renewal), un processus qui se focalise sur la
stratégie d’entreprise, qui est peu fréquent et risqué ;
• La redéfinition du domaine d’activité stratégique (domain redefinition) qui se focalise sur
création et l’exploitation de nouveaux domaines d’activité stratégiques, qui est rare et dont le
niveau de risque est variable.
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Bien qu’ils explicitent dans leur article les caractéristiques d’une bonne typologie et citent
l’exhaustivité et la l’exclusivité au nombre de celles-ci, les auteurs conviennent paradoxalement que
les organisations ne peuvent pas déterminer a priori dans quel processus elles s’engagent ! Il est, en
effet, bien difficile de séparer les transformations relatives à l’offre (produit et marché) des
transformations relatives au positionnement et à l’organisation elle-même, celles-ci tendant bien
souvent à advenir simultanément. En choisissant de se focaliser sur les conséquences d’un
processus par définition ouvert et incertain, les auteurs limitent fortement la validité et la pertinence de
la typologie proposée.
Les auteurs positionnent les cinq dispositifs identifiés au sein d’une matrice dont les axes sont :
1. La dimension organisationnelle (structure intégrée/structure décentralisée)
2. L’influence culturelle (localisée ou diffusée)
Les dispositifs identifiés dans cette note constituent un inventaire des pratiques observables au
sein d’un échantillon circonscrit de grande entreprises françaises et qui n’a pas, par conséquent, la
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prétention d’être exhaustif. Cet inventaire inclut, de plus, deux dispositifs qui ne peuvent être
considérés comme des dispositifs intrapreneuriaux à proprement dit, comme nous le verrons plus
avant.
Les auteurs de cet article, paru en 2007 dans Entrepreneurship Theory and Practice, partent du
constat que de nombreuses entreprises s’engagent dans des activités de Corporate Venturing –
interne et externe – mais que les bénéfices qu’elles en retirent sont très variables. Ils font l’hypothèse
que cette variabilité s’explique en grande partie par la relation entre Stratégie (Business Strategy) et
activités de Corporate Venturing.
Covin et Miles identifient cinq modèles de relation Business Strategy/Corporate Venturing :
• Modèle 1 : Corporate venturing (CV) et stratégie (BS) sont peu liés ou pas du tout
• Modèle 2 : La Stratégie (BS) détermine les activités de Corporate Venturing (CV)
• Modèle 3 : Les activités de Corporate venturing (CV) déterminent la Stratégie (BS)
• Modèle 4 : La stratégie d’entreprise (BS) et les activités de Corporate venturing (CV) sont
interdépendantes
• Modèle 5 : Les activités de Corporate Venturing (CV) sont la stratégie d’entreprise (BS)
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2.9. La contribution de Hill et Birkinshaw (2008)
Dans un article récent paru dans Journal of Business Venturing, Hill et Birkinshaw proposent une
typologie des entités de Corporate Venturing (Corporate Venture Units).
Deux axes de classification sont avancés:
1. Le « lieu de l’opportunité » (locus of opportunity) : interne ou externe à l’entreprise
2. La « logique stratégique » (strategic logic) : exploration ou exploitation
Les auteurs étudient ensuite les relations qui unissent les objectifs stratégiques, le profil
organisationnel et le niveau de performance/survie des entités observées.
Les dimensions du profil organisationnel retenues par les auteurs sont :
1. Le réseau de relations de l’entité (relations avec des fonds de venture capital externes ;
relations avec les hauts dirigeants de l’entreprise ; degré d’autonomie de l’entité par rapport
au reste de l’organisation ; la participation à des financements « syndiqués »)
2. Les activités clés de l’entité (Sélection des opportunités ; Développement des opportunités ;
Sortie/valorisation)
3. Les systèmes de gestion (indicateurs de performance clé, incitations et récompenses)
Ils constatent qu’il n’y a pas de différence de performance intrinsèque entre les différents types
d’entité et ce, quelque soit le contexte, mais que la performance des entités dépend de la congruité
entre fonction et profil. En terme de survie, les auteurs constatent que les entités focalisées sur
l’exploitation sont quelque peu avantagées, sans doute parce qu’elles présentent moins d’incertitudes
et génèrent de meilleurs résultats à court-terme.
La typologie proposée par Hill et Birkinshaw nous parait tomber dans les mêmes écueils que celle
proposée par Covin et Miles (1999). En effet, il n’est pas toujours facile de décider a priori si l’on se
place dans une « logique d’exploitation » ou dans une « logique d’exploration ». Le contenu innovant
d’un projet, la volonté de l’entreprise de s’investir à long terme ou de générer des profits rapides peut
radicalement évoluer au cours de son histoire. Utiliser cette dimension comme dimension clé d’une
typologie des entités de corporate venturing ne nous parait pas de nature à favoriser le respect du
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critère d’exclusivité. Nous nous opposons donc radicalement à ces auteurs quand ils déclarent :
« nous croyons que les typologies les plus utiles sont celles qui sont bâties sur les objectifs
stratégiques ». Un tel raisonnement ne tient pas compte du caractère éminemment ouvert et incertain
des processus intrapreneriaux.
Dans son ouvrage « Intrapreneuriat, Innovation et Croissance » paru chez Dunod en 2009, V.
Bouchard propose une typologie des processus intrapreneuriaux s’inspirant principalement des
travaux de Burgelman (1983) et Kanter et al. (1990, 1991 , 1992) qu’elle va tenter d’intégrer.
Le premier axe de classification mobilisé par l’auteur, et le plus fondamental, est le caractère
spontané ou induit du processus considéré.
Une partie significative de la littérature dédiée à l’intrapreneuriat se focalise sur l’intrapreneuriat
spontané (Burgelman, 1983 ; Dougherty and Hardy, 1996 ; Hamel, 2000) ou ne prend pas la peine
d’effectuer cette distinction. L’impact des programmes et structures sur les processus
intrapreneuriaux, si l’on excepte les travaux de Kanter, Hill et Birkinshaw, Basso et Legrain déjà cités
est rarement abordé directement.
Pourtant, la présence ou non d’un dispositif ad hoc a des implications fortes sur le déroulement du
processus intrapreneurial et le comportement des différents acteurs impliqués comme le confirment
l’observation empirique et l’introduction quasi systématique de variables relatives à l’organisation dans
les modèles et descriptions recensées. Les processus induits sont le fruit d’une intention managériale
traduite en un dispositif dont la fonction est d’encourager et de soutenir les comportements
intrapreneuriaux.
Intention et dispositif varient fortement d’une entreprise à l’autre tout comme, par conséquent, les
processus qu’ils induisent. La seconde dimension mobilisée dans la typologie de V. Bouchard
concerne le caractère singulier ou multiple des processus intrapreneuriaux (et indirectement la portée
des dispositifs qui les induisent). Les dirigeants peuvent désirer encourager des initiatives spécifiques
ou, au contraire, chercher à mettre en place une véritable dynamique intrapreneuriale composée de
dizaines, voire des centaines, de projets différents.
Le troisième axe proposée par V. Bouchard reprend une distinction maintes fois mentionnée dans
la littérature (Kanter et al. , 1009 ; Ginsberg et Hay, 1994, Birkinshaw, 1997) à savoir, le caractère
séparé ou intégré des processus intrapreneuriaux. Les processus intrapreneuriaux se déroulent, soit
dans des entités plus ou moins séparées du reste de l’organisation, soit au cœur même de
l’organisation. Ces deux « localisations » comportent leur lot d’avantages et d’inconvénients et influent
fortement le déroulement et les résultats de ces processus (Bouchard, 2009).
La typologie des processus intrapreneuriaux proposée par Bouchard combine donc trois
dimensions :
1. Le caractère spontané ou induit du processus ;
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2. Le caractère singulier ou participant d’une dynamique d’ensemble du processus ;
3. Le caractère intégré ou séparé du processus.
La typologie des processus intrapreneuriaux proposée par Bouchard, dans la mesure où elle
repose sur des dimensions univoques et faciles à repérer répond assez adéquatement aux critères
d’exhaustivité et d’exclusivité précédemment mentionnés. En revanche, la liste des dispositifs
identifiés par le biais d’une correspondance un à un entre processus et dispositif (cf. Burgelman,
1984) ne peut nullement prétendre au statut de typologie. Une typologie des dispositifs doit mobiliser
des dimensions relatives aux dispositifs eux-mêmes.
2.11. Synthèse
Comme on peut le constater dans le tableau récapitulatif qui suit, peu d’auteurs (Kanter et al,
1990, 1991, 1992 ; Basso et Legrain, 2004, Hill et Birkinshaw, 2008) s’intéressent directement aux
dispositifs préférant, pour caractériser les phénomènes intrapreneuriaux, porter leur attention sur les
processus ou les stratégies intrepreneuriales. En revanche, la grande majorité des auteurs passés en
revue font allusion aux configurations organisationnelles – les structures, systèmes de management,
modes de contrôle, réseau de relations et de communication, activités clés qui consentent ou
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accompagnent ces processus et stratégies – soit qu’ils observent ces éléments dans les entreprises
qu’ils étudient, soit qu’ils les incluent dans les modèles qu’ils élaborent. Deux contributions vont même
jusqu’à établir un lien fort entre performance et adéquation entre stratégie entrepreneuriale poursuivie
et configuration organisationnelle (Covin et Miles, 2007 ; Hill et Birkinshaw, 2008) confirmant
l’importance de cette dernière variable dans la compréhension des phénomènes intrapreneuriaux.
Cet intérêt manifeste pour les configurations organisationnelles ne débouche cependant pas sur
une tentative de classification exhaustive et systématique (une typologie) mais se limite à mettre en
lumière telle ou telle dimension clé. On observera avec intérêt, néanmoins, qu’en dépit d’une grande
variété apparente, la plupart des dimensions avancées par les différents auteurs sont reconductibles à
une poignée de « méta-dimensions ».
La « méta-dimension » la plus largement mentionnée est le caractère intégré ou séparé
(autonome) de la configuration organisationnelle décrite : cette dimension est reprise sous une forme
ou une autre par tous les auteurs passés en revue.
Une autre « méta-dimension » est la portée de la configuration organisationnelle décrite qui peut
être restreinte (un projet) ou large (toute l’entreprise). Cinq auteurs font référence explicitement ou
implicitement à cette « méta-dimension ».
Un troisième thème récurrent est l’opposition culturel/structurel reprise par Kanter (1990)
Birkinshaw (1997) et Basso et Legrain (2004) dans leur caractérisation des configurations et par
Bouchard dans sa caractérisation des politiques intrapreneuriales (2009, p. 86-119).
14
Auteur Ecole Unité d’analyse Référence à Dimensions de la
DI configuration
Burgelman, Corporate Propositions Indirecte 1. Degré de
1984 Entre- intrapreneuriales séparation/intégration p/r à
preneurship (Entrepreneurial l’organisation existante
proposals) 2. Contrôle direct/indirect de la
haute direction
Kanter et al., Internal Véhicules Directe 1. But ultime du véhicule:
1990, 1991, Corporate entrepreneuriaux plutôt économique (séparé)
1992 Venturing (entrepreneurial ou plutôt culturel (intégré)
vehicles) 2. Portée du véhicule: un
projet ou de multiples
projets
Stopford et Corporate Entreprises Indirecte 1. Niveaux impliqués
Badenfuller, Entre- appartenant à (individus, top management
1994 preneurship des industries ou l’ensemble de
mûres l’organisation)
2. Interaction entre niveaux
3. Mécanismes
d’apprentissage (informel,
formel)
Ginsberg et Corporate Stratégies Indirecte 1. Source des ressources
Hay, 1994 Entre- entrepreneuriales entrepreneuriales (interne
preneurship (Corporate ou externe)
entrepreneurship 2. Structure d’accueil des
strategies) ressources (intégrée ou
séparée)
Birkinshaw, Corporate Processus Indirecte 1. Antécédents structurels
1997 Entre- intrapreneuriaux (entité autonome)
preneurship (Corporate 2. Antécédents culturels (non
entrepreneurship précisés)
)
Covin et Corporate Stratégies Non
Miles, 1999 Entre- entrepreneuriales
preneurship (Corporate
entrepreneurship
)
Basso et Entre- Dispositifs Directe 1. Dimension organisationnelle
Legrain, 2004 preneuriat d’entrepreneuriat (structure intégrée ou
Organisa- organisationnel structure décentralisée)
tionnel 2. Dimension culturelle
(localisée ou diffusée)
Covin et Corporate Activités de Indirecte 1. Lien avec la stratégie
Miles, 2007 Venturing Corporate d’ensemble (Business
Venturing Strategy)
2. Canaux de communication
Hill et Corporate Entités dédiées Directe 1. Réseau de relations et le
Birkinshaw, Venturing au Corporate degré d’autonomie de
2008 Venturing l’entité
2. Les activités clés (Sélection,
Développement des
opportunités, Sortie)
3. Systèmes de gestion
(indicateurs de
performance, incitations et
récompenses)
Bouchard, Intrapre- Processus Indirect 1. Dispositif correspondant :
2009 neuriat intrapreneuriaux 2. Portée (projet singulier ou
dynamique d’ensemble
3. Caractère intégré ou séparé
15
3. QU’EST-CE QU’UN DISPOSITIF INTRAPRENEURIAL ?
Un dispositif intrapreneurial peut donc être défini comme un assemblage d’éléments matériels,
humains et symboliques, en interaction systémique les uns avec les autres, dont la fonction est
d’encourager, de soutenir et d’encadrer les comportements intrapreneuriaux. Il existe cependant
plusieurs définitions de l’intrapreneuriat (et donc des comportements intrapreneuriaux), entre autres :
• « Accroitre le domaine des compétences et des opportunités correspondantes par le biais de
nouvelles combinaisons de ressources générées en interne. » (Burgelman, 1983)
• « Entreprendre dans une organisation existante. » (Pinchot, 1985).
• « Le processus par lequel un individu (ou un groupe d’individus), en association avec une
organisation existante, crée une nouvelle organisation ou provoque le renouvellement ou
l’innovation au sein de cette organisation. » (Sharma et Chrisman, 1999).
• « L’application de compétences et d’approches entrepreneuriales au sein de ou par une
entreprise existante pour améliorer son fonctionnement interne ou développer ses marchés »
(Steinar Saetre, 2001).
La définition que nous adoptons dans le cadre de cet article inclut « 1) la création de nouvelles
activités au sein d’une organisation existante et 2) l’ensemble des actions associées à la
transformation et au renouvellement de l’entreprise » (Stopford et Badenfuller, 1994), mais exclut
l’external corporate venturing et l’essaimage.
L’intrapreneuriat ou internal corporate venturing, comme il est parfois désigné en anglais, se
distingue nettement des modalités d’innovation reposant sur l’acquisition ou la prise de participation
16
dans des start-up externes (External Corporate Venturing) car il s’appuie essentiellement, bien que
non exclusivement, sur les efforts des employés de l’entreprise. Il nous semble également incorrect
d’assimiler une pratique de « replacement », ce que l’essaimage est le plus souvent, à
l’intrapreneuriat. Le processus intrapreneurial est ouvert et n’a pas pour but la sortie de l’intrapreneur,
même s’il se conclut parfois de cette façon. La nouvelle activité qui résulte du processus
intrapreneurial peut être externalisée (spin off) mais le plus souvent va donner naissance à une
nouvelle division au sein de l’entreprise ou être intégrée dans une division existante (spin in). La
finalité de l’intrapreneuriat est la croissance et l’innovation et non la réduction des effectifs.
Les dispositifs intrapreneuriaux visent donc, d’après notre définition, à encourager les employés à
contribuer à la croissance et au renouvellement de leur entreprise en adoptant des comportements
entrepreneuriaux (saisie d’opportunités, recombinaison de ressources internes, prise de risque et
autonomie).
Le choix du terme « dispositif » plutôt que configuration, organisation ou programme correspond,
pour reprendre les mots de V. Boussard (2003), à « un choix théorique : ce terme renvoie à l’idée que
les équipements mobilisés par les gestionnaires sont constitués d’éléments disparates,
interdépendants et finalisés (Mercer et Séchaud, 1998). »
Notre souci en tant que chercheurs et observateurs de la réalité est de prendre en considération
tous les éléments pouvant contribuer à orienter les comportements des acteurs de l’entreprise, d’en
appréhender les interactions et de les situer temporellement et spatialement. Un tel souci nous situe
d’emblée hors du domaine de la recherche quantitative et nous contraint d’utiliser comme matériel
empirique des cas aussi approfondis et variés que possible.
Au cours des dernières années nous avons rassemblé une base de cas constituée à la fois
d’éléments originaux, de publications académiques et de cas pédagogiques élaborés par des
professeurs chercheurs reconnus. Elle couvre une période de près de quarante d’années, des zones
géographiques variées (Etats-Unis et plusieurs pays européens) et une grande diversité de secteurs
(Télécom, Energie, Electronique Grand Public, Informatique, Agro-alimentaire, Accessoires de mode,
Transports aériens, etc.).
Caractériser un dispositif implique d’en préciser la fonction mais également les principaux
éléments constitutifs. La nature hétéroclite et systémique des « antécédents » ou « facilitateurs » de
l’entrepreneuriat organisationnel (corporate entrepreneurship) au sens large a été souligné par de
nombreux auteurs.
Kuratko, Montagno et Hornsby (1990) mentionnent parmi les plus importants, 1) l’engagement de
la haute direction en faveur de l’intrapreneuriat, 2) la structure organisationnelle et 3) la disponibilité de
ressources et de récompenses.
Garvin (2002) cite 1) la valorisation de la prise de risque, 2) la disponibilité de ressources (temps
et argent), 4) une perspective à long terme et de « l’argent patient » (patient money), et 5) la mise en
place d’entités organisationnelles dédiées. Bouchard et Bos (2006) identifient trois leviers principaux :
17
1) l’autonomie individuelle et organisationnelle, 2) l’engagement personnel, et 3) le contrôle des – et
par les – ressources.
Brazeal et al. (2008) identifient comment éléments facilitateurs: 1) la motivation et l’appui de la
haute direction, 2) l’autonomie et la liberté des employés, 3) la disponibilité de temps, 4) la
transparence et la visibilité des attentes managériales associées à des mécanismes formels
d’évaluation, sélection et diffusion des innovations et 5) la distribution de récompenses.
Morris et al. (2009) identifient quatre éléments susceptibles de contribuer à créer un
environnement de travail favorable à l’intrapreneuriat et soulignent l’interdépendance de, 1) la culture
de l’entreprise, 2) la structure de l’entreprise, 3) les mécanismes formels et informels de contrôle des
ressources et 4) la gestion des ressources humaines. Ils suggèrent qu’un climat favorable résultera de
l’adoption de positions médianes entre individualisme et collectivisme (culture), autonomie et
restriction (structure), accès difficile et facile aux ressources, récompenses directement liées à la
performance et sécurité professionnelle, compétences administratives et compétences
entrepreneuriales (gestions des ressources humaines).
Ireland, Covin et Kuratko (2009) identifient comme antécédents ou composants de la « stratégie
entrepreneuriale » les éléments suivants : 1) la vision entrepreneuriale de la haute direction, 2) les
représentations entrepreneuriales individuelles (individual entrepreneurial cognitions) composées de
valeurs, croyances et attitudes, 3) l’architecture organisationnelle entrepreneuriale (structure, culture,
ressources et compétences, systèmes de récompenses), et 4) les comportements et processus
entrepreneuriaux (reconnaissance d’opportunité, exploitation d’opportunité, etc.).
Ces listes, dont certaines sont le fruit d’un effort de synthèse notoire, demeurent, dans l’ensemble,
trop génériques pour nos fins. Nous nous appuierons donc sur les travaux de Bouchard (2009) qui
mobilisent un large matériau empirique (cf. supra) et mettent en lumière, non des injonctions ou des
catégories abstraites, mais des pratiques effectives. Ces pratiques constituent des leviers que les
différents dispositifs assemblent et intègrent de façon ad hoc. Selon qu’ils sont de nature matérielle ou
discursive, ces différents leviers tendent à agir respectivement sur, a) les moyens d’actions concrets
(efficacy), b) les représentations (self-efficacy) des employés, pour reprendre la terminologie de
Bandura (1986).
Dès lors que l’on s’attache à l’étude de dispositifs, l’engagement de la haute direction est –
théoriquement du moins – un donné. Par contre celui-ci varie en nature et en intensité, comme le
révèle l’analyse des cas recueillis. L’engagement de la haute direction s’exprime principalement par 1)
des déclarations et des attitudes, amplifiées et relayées par divers outils de communication et/ou 2) un
contrôle direct de la performance des intrapreneurs. Dans le premier cas, ce sont les représentations
de l’ensemble des employés qui sont impactées, dans le second, ce sont à la fois les moyens d’action
concrets et les représentations des intrapreneurs qui sont affectés. En effet un contrôle direct de la
part de la haute direction, synonyme d’accès aux ressources facilité et de visibilité accrue, aura un
impact autant matériel et symbolique.
18
3.2.2. La constitution d’espaces d’autonomie
19
constitue un outil de contrôle efficace et flexible permettant de limiter les risques inhérents aux
activités d’exploration.
Les procédures d’accompagnement sont généralement confiées à des équipes dédiées dont le
rôle est à la fois d’encourager, de guider, et de mettre les intrapreneurs en relation avec d’autres
acteurs de l’entreprise. En outre, les entreprises peuvent mettre en place des outils de diffusion et de
partage d’information et de savoir en ligne : liste des projets en cours, personnes clés et experts à
contacter, marche à suivre, documents à compléter, etc.
Une meilleure communication entre employés aux profils différents, plus d’échanges entre l’amont
de la chaîne de la valeur (experts en technologies) et l’aval (experts en marchés), entre niveaux
hiérarchiques, une exposition à des réalités diverses (autres industries, autres pays, autres
stratégies), vont significativement contribuer à accroitre la perception d’opportunités et multiplier les
idées de nouveaux produits, modèles d’affaires et processus internes.
Par ailleurs, le partage d’information favorise l’autonomie décisionnelle des individus de même
que leur coopération spontanée. Pour se déterminer, les employés doivent être correctement
informés des orientations stratégiques et des priorités de l’entreprise. Ils doivent pouvoir suivre les
grandes évolutions relatives aux marchés, aux technologies et à la concurrence et, enfin ils doivent
savoir « qui fait quoi, où ».
Pour parvenir à ces résultats, les entreprises les plus en pointe mettent en place différents outils
de communication, formels et informels : bases de données, outils électroniques interactifs, lieux et
occasions d’échange privilégiés tels que séminaires de créativité, foires aux innovateurs, etc.
Si bien des employés s’engagent initialement sans contrepartie dans l’aventure intrapreneuriale, à
moyen terme tous s’interrogent sur les implications, positives ou négatives, d’un engagement qui va
croissant. La question des incitations est donc fondamentale et ce, à double titre : les incitations
stimulent les intrapreneurs mais elles constituent également un signal adressé à tous les acteurs de
l’entreprise quant à la légitimité et à l’opportunité de poursuivre un projet intrapreneurial.
La nature des incitations, par contre, fait débat et la variété des systèmes mis en place au sein
des dispositifs étudiés reflète ce manque de consensus. Une première école prône des récompenses
économiques substantielles. Les expériences dans ce sens montrent que ce type de récompense peut
engendrer des tensions considérables entre les intrapreneurs et le reste de l’organisation. Une
seconde école prône l’octroi de récompenses symboliques, essentiellement sous la forme de visibilité
accrue et de signes de reconnaissance divers (primes modestes, trophées, etc.). Enfin, une troisième
école veut faire du comportement et de la réussite intrapreneuriale un élément clé de l’évaluation de
performance individuelle. Dans ce cas, la capacité des managers à encourager et à faciliter la
démarche intrapreneuriale au sein de leur entité sera également mesurée et récompensée.
20
3.2.6. Des programmes de formation
Le principal obstacle à l’intrapreneuriat se trouve souvent dans la tête des employés, soit qu’ils
ignorent ce qu’est l’intrapreneuriat, soit qu’ils s’en considèrent incapables, soit qu’ils pensent que
l’intrapreneuriat est impraticable dans le cadre existant. Si l’on veut qu’ils s’engagent, il faut 1) leur
expliquer ce qu’est l’intrapreneuriat, 2) les aider à acquérir les savoir faire et les compétences
nécessaires et 3) leur proposer une marche à suivre et leur fournir des repères concrets. C’est
pourquoi certains dispositifs s’articulent autour de programmes de formation en intrapreneuriat dont le
but premier est de transformer les représentations des participants.
Il faut du temps pour penser et pour créer : on peut se contenter de ressources financières
minimes, de ressources techniques approximatives mais il est impossible de se passer de temps. La
règle du temps libre est officiellement appliquée au sein d’entreprises telles que 3M et Google (règle
des 15% chez 3M et règle du cinquième jour chez Google) mais elle est officieusement opérante dans
la plupart des entreprises misant sur le capital intellectuel.
Ce levier a un fort impact sur les moyens d’action concrets mais peut également avoir un fort
impact sur les représentations, dès lors qu’il est mis en avant avec emphase comme chez 3M ou
Google.
21
Tableau récapitulatif des leviers
Levier Nature Impact principal
L’engagement de la haute direction – Symbolique Représentations
déclarations et attitudes /discursif
L’engagement de la haute direction – contrôle Matériel/concret Moyens d’actions
direct de la performance et symbolique concrets et
/discursif représentations
La constitution d’espaces d’autonomie – entité Matériel/concret Moyens d’actions
séparée concrets
La constitution d’espaces d’autonomie – Matériel/concret Moyens d’actions
parcours autonome concrets
La constitution d’espaces d’autonomie – Matériel/concret Moyens d’actions
Organisation décentralisée concrets
La mise en place de procédures d’évaluation Matériel/concret Moyens d’actions
et d’accompagnement formalisées et Symbolique concrets
/discursif
L’intensification des échanges et de la Matériel/concret Moyens d’actions
communication concrets
La mise en place de systèmes d’incitation – Matériel/concret Représentations et
récompenses matérielles moyens d’actions
concrets
La mise en place de systèmes d’incitation – Symbolique Représentations et
récompenses symboliques /discursif moyens d’actions
concrets
La mise en place de systèmes d’incitation – Symbolique Représentations et
Critère d’évaluation de performance /discursif moyens d’actions
Matériel/concret concrets
Programmes de formation et de sensibilisation Symbolique Représentations
/discursif
La règle du temps libre Matériel/concret Moyens d’actions
et symbolique concrets et
/discursif représentations
Une typologie satisfaisante des dispositifs intrapreneuriaux doit s’appuyer sur des axes de
classification discriminants, stables et clairs. C’est pourquoi nous allons privilégier des dimensions de
configuration des dispositifs plutôt que des dimensions de finalités, de fonctions et de résultats, toutes
susceptibles d’évoluer au cours du temps.
De ce point de vue, la dimension la plus discriminante est sans conteste la portée du dispositif
intrapreneurial.
Cette dimension, plusieurs fois mentionnée dans la littérature, a un impact considérable sur la
configuration du dispositif et sur son impact.
22
Les dispositifs intrapreneuriaux d’ensemble sont mis en place pour favoriser l’adéquation du
comportement des employés avec une stratégie d’entreprise qui fait principalement levier sur
l’innovation et le renouvellement continus. Ces dispositifs sont censés affecter et orienter le
comportement de tous les employés, au jour le jour.
Les dispositifs intrapreneuriaux multiprojets sont mis en place pour favoriser l’émergence
d’une dynamique intrapreneuriale sans toutefois modifier l’organisation en profondeur. Ils s’adressent
potentiellement à de nombreux les employés mais constituent une option.
Enfin les dispositifs intrapreneuriaux monoprojet sont mis en place pour favoriser et accélérer
le développement d’un projet spécifique.
Comme nous l’avons vu, les dispositifs intrapreneuriaux mobilisent une palette considérable de
leviers. Certains dispositifs utilisent peu de leviers, d’autres en combinent un grand nombre. Certains
dispositifs se concentrent sur les moyens d’actions concrets et privilégient les leviers matériels,
d’autres se concentrent sur les représentations des employés et privilégient les leviers
symboliques, tandis que d’autres encore tentent de combiner les deux types de levier. Ces
orientations de base, outre qu’elles sont révélatrices des modèles cognitifs des promoteurs du
dispositif, ont un impact considérable sur le comportement des intrapreneurs et sur les difficultés qu’ils
doivent affronter.
Cette dimension, évoquée peu ou prou par tous les auteurs passés en revue, a un impact
considérable sur le fonctionnement au jour le jour des dispositifs et sur leur longévité. On observe trois
cas du figure : 1) le dispositif est intégré à l’organisation (les intrapreneurs continuent à occuper leur
poste au sein de l’organisation existante de même que la grande majorité des experts et sponsors
impliqués dans les activités intrapreneuriales) ; 2) le dispositif est séparé de l’organisation (les
intrapreneurs sont regroupés au sein d’une entité distincte définissant sa stratégie et dotée de
ressources propres) ; 3) le dispositif est hybride (les intrapreneurs sont regroupés au sein d’une entité
distincte dotée de ressources propres mais dont les orientations stratégiques sont co-déterminées
avec les dirigeants des divisions opérationnelles.)
Lorsque l’on applique ces axes de classification à l’ensemble des cas disponibles, on constate
que les profils observés, bien loin de se répartir aléatoirement entre toutes les combinaisons
théoriquement possibles (3x4x3=36), se limitent en fait à sept combinaisons (voir table ci-dessous).
Ces combinaisons correspondent à sept types de dispositifs que nous tenterons maintenant de
caractériser brièvement.
23
Type Dispositif Entreprise Portée du Leviers Relation
dispositif principaux avec
l’entreprise
TYPE NOM DU ENTREPRISE PORTEE LEVIER RELATION
DISPOSITIF AVEC L’ORG.
1 n.a. SAS Ensemble de Mixte et peu n.a
l’organisation nombreux
1 n.a. Acordia Inc. Ensemble de Mixte et peu n.a
l’organisation nombreux
2 n.a. Gore Inc. Ensemble de Mixte n.a
l’organisation
2 n.a. Google Ensemble de Mixte n.a
l’organisation
2 n.a. 3M Ensemble de Mixte n.a
l’organisation
3 Le dispositif “Une Schneider Multiples Mixte Intégré
Myriade d’Idées” projets
3 The New Eastman Multiples Mixte Intégré
Opportunity Kodak projets
Development
Office
3 Le dispositif Orange FT (2) Multiples Mixte Intégré
IdClic projets
3 The Enter-Prize Ohio Bell Multiples Mixte Intégré
Program projets
4 The Corporate Procter & Multiples Matériel Séparé
New Ventures Gamble projets
4 The New Venture Lucent Multiples Matériel Séparé
Group projets
4 The Xerox Xerox Multiples Matériel Séparé
Technology projets
Ventures
5 The New Product Raytheon Multiples Matériel Hybride
Center projets
5 The New Venture Nokia Multiples Matériel Hybride
Organization projets
6 Gaz de France Gaz de France Multiples Symbolique Intégré
Entreprendre projets
7 The Change Siemens Multiples Symbolique Intégré
Agent Program Nixdorf projets
7 Divisione Prodotti Barilla Projet unique Matériel Séparé
Freschi
7 L’Unité MEMS SBL Projet unique Matériel Séparé
7 Le projet TV sur Orange FT (1) Projet unique Matériel Séparé
ADSL
7 The NEES Nees Energy Projet unique Matériel Séparé
Energy Venture
7 The Serengenti Corning Projet unique Matériel Séparé
Eyewear Division
24
4.2.1. TYPE 1 : La pseudo-organisation intrapreneuriale
25
4.2.4. TYPE 4 : la division intrapreneuriale
26
enseignements théoriques et la poursuite de projets innovants, de la conception à la mise en œuvre.
Les participants se voient souvent attribuer des sponsors parmi les dirigeants de l’entreprise et ont
généralement la possibilité de présenter leur projet à un comité de hauts dirigeants. Les managers
ainsi formés sont censés, par leur exemple et leur gestion, contribuer à encourager et diffuser les
comportements intrapreneuriaux dans l’entreprise.
27
5. CONCLUSION
Nombre d’entreprises aujourd’hui s’interrogent sur la manière dont elles peuvent intégrer des
injonctions internes et externes de plus en plus paradoxales tout en maintenant, voire en améliorant
leur compétitivité. Pour certaines, une réponse est dans le comportement entrepreneurial, qu’il soit
envisagé au niveau individuel ou qu’il se situe dans un registre organisationnel et culturel. Leurs
attentes en termes de connaissances nouvelles sur des stratégies, des dispositifs et des pratiques
relevant de ce type de comportement trouvent difficilement un écho dans un champ de recherche
fragmenté où règne une grande confusion sémantique. Partant de ces constats, notre contribution est,
dans un premier temps, une synthèse et une clarification des travaux majeurs ayant été réalisés sur le
sujet. Après avoir défini ce que nous entendons par « dispositif intrapreneurial », nous élaborons
ensuite une typologie de tels dispositifs, construite sur trois critères : la portée du dispositif, la nature
des leviers utilisés, la relation du dispositif avec le reste de l’organisation. Nous confrontons, enfin, les
sept types de dispositifs à de nombreux cas que nous avons réunis et étudiés.
Au-delà de ce travail, il conviendrait de tester, d’une manière beaucoup plus approfondie et
systématique, la pertinence de cette typologie et de s’intéresser à des questions que nous avons
provisoirement délaissées. Nous avons, par exemple, laissé de côté la dimension dynamique de ces
dispositifs qui nous semble très importante. Ceci pourrait concerner, d’une part la genèse et d’autre
part « la carrière sociale : le succès , l’échec, les traductions, adoptions, adaptations. » pour reprendre
la terminologie de V. Boussard (2003). Mais aussi, dans cette construction d’un dispositif
intrapreneurial, il pourrait être judicieux de se focaliser sur les apprentissages entrepreneuriaux
individuels et organisationnels et sur leur rôles vis-à-vis de la « carrière sociale » définie
précédemment.
Nous avons également décidé de ne pas prendre en compte, à ce stade, l’analyse des résultats
effectifs et leur comparaison avec les résultats attendus, autrement dit des questions portant sur
l’efficacité et l’efficience des dispositifs. Il pourrait être intéressant, dans un deuxième temps de relier
la performance à des facteurs configurationnels: les éléments du dispositif sont-ils suffisants,
cohérents et leur interactions sont-elles adéquates ? On peut déjà avancer des hypothèses par
lesquelles le succès dépendrait de la cohérence du dispositif et de sa complétude. La « tête de
pont », par exemple, est un dispositif fragile quand il ne bénéficie pas de renfort structurel. Le tout
culturel ne marche pas. Bien des dispositifs s’effondrent par incohérence entre les discours tenus et
les moyens matériels dédiés. De même, pour revenir à une des intuitions de Kanter et al, la relation
28
qui s’établit entre le dispositif et le reste de l’organisation constitue un déterminant majeur de son
succès et de sa longévité. Cette intuition pourrait également faire l’objet de vérifications sur de plus
grandes échelles.
En définitive, autre le fait qu’il a des implications théoriques et pratiques immédiates, notre travail
ouvre la voie à de nombreuses recherches centrées sur la notion de dispositif et privilégiant des
approches configurationnelles dans le champ de l’entrepreneuriat organisationnel.
29
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1995/08 La politique de dividende des entreprises moyennes cotées. Approche descriptive du cas français
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