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Les facteurs nécessitant l’élaboration de la carte scolaire

La préparation de la carte scolaire, ou son adaptation permanente, nécessite la prise en compte


d'un grand nombre de facteurs parmi lesquels :

(1) Le facteur démographique :

Qu'il s'agisse de créer, étendre ou modifier un réseau d'établissements scolaires, ou de


planifier des activités extra-scolaires, la première question qui vient à l'esprit concerne la
clientèle potentielle et sa distribution sur le territoire. Une des plus grandes difficultés de la
carte scolaire est d'obtenir des données suffisamment fiables au niveau local. Des
informations sur la population totale, son taux de croissance, la population scolarisable,
doivent être obtenues pour des unités géographiques les plus petites possibles. Ces
informations sont généralement disponibles dans les recensements. Entre deux recensements,
il faudra faire des estimations. En tout état de cause, il vaut mieux des données imparfaites
que pas de données du tout.

(2) Les facteurs pédagogiques

L'objectif est, nous l'avons vu, d'assurer les meilleures conditions d'enseignement possible,
tout en maintenant les coûts à un niveau raisonnable. La préoccupation pédagogique va
influer sur la détermination de différents paramètres comme : la durée hebdomadaire des
études et leur répartition par discipline ; le nombre d'élèves par classe et les divisions en
sousgroupes pour certains travaux (d'atelier, de laboratoire) ; la durée normale d'utilisation des
locaux et les possibilités d'introduire "une double vacation" ; les horaires de service des
professeurs et leur degré de spécialisation.

Sur la base de ces paramètres, il faudra définir des tailles standard d'établissements qui
concilie les possibilités d'administration des établissements, et le plein emploi des locaux et
des professeurs. Il faut définir aussi des tailles minimum et maximum d'établissements.

(3) Les facteurs géographiques :

C'est l'étude des possibilités d'accès des élèves d'un établissement compte tenu du réseau
routier, de la topographie des lieux et des moyens de transport existants (par route, sur les
rivières, à cheval et bien entendu à pied).

(4) Les facteurs économiques :

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Il s'agit de rechercher les solutions ayant un moindre coût financier. Ce sont les
préoccupations économiques, combinées avec les préoccupations pédagogiques qui président
à la détermination des tailles standard et minimum d'établissement.

(5) Les facteurs politiques :

La préparation de la carte scolaire comporte de nombreux aspects politiques. La preuve en est


les nombreuses pressions que subissent les administrateurs qui décident de la création, ou de
l'extension des institutions éducatives quelles qu'elles soient.

(6) Facteur main d'oeuvre et activité économique :

L'interaction entre la carte scolaire et les activités économiques est double. D'un côté, les
activités économiques d'une région et les possibilités d'emplois vont influer sur les
spécialisations offertes dans l'enseignement technique et professionnel et même général (les
options choisies dans l'enseignement diversifié ou préprofessionnel). D'un autre côté, la
décision d'implanter (ou de fermer) un établissement peut avoir un impact réel sur les activités
de la région.

LE PROCESSUS DE PRÉPARATION DE LA CARTE SCOLAIRE :

La carte scolaire étant en quelque sorte à la jonction entre la détermination des objectifs
globaux et leur traduction en actions concrètes au niveau local, entre la planification de
l'éducation et son administration sur une base annuelle, c'est une opération complexe. Elle
implique un processus itératif permettant l'interaction entre différents niveaux de décision.

Dans un premier temps, l'administration centrale régionalise les objectifs du plan et détermine
les critères et normes à appliquer. Sur cette base, le niveau régional prépare des esquisses
traduisant les objectifs régionaux en termes opérationnels. Au niveau local, l'élaboration de la
carte scolaire détaillée prend en considération les besoins, les caractéristiques et les problèmes
spécifiques des populations locales.

Après une série de va-et-vient entre les niveaux local, régional et central et révisions, les
cartes locales sont arrêtées. Leur addition constitue la carte régionale et la somme des cartes
régionales constitue la carte scolaire nationale.

L'interaction entre les différents niveaux de décision et la préparation des esquisses :

Sur la base d'une analyse des systèmes éducatifs à l'année de base et de son niveau de
développement dans les différentes régions, l'administration centrale détermine les objectifs

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spécifiques par région qui sont compatibles avec l'objectif national global et une politique de
réduction des disparités régionales. Elle fixe aussi les règles, normes et critères qui seront
utilisés pour l'allocation de ressources entre régions, préfectures et établissements : normes
d'encadrement pour différents types d'établissement, normes de taille minimum, maximum et
standards, normes de surface et équipement à prévoir par élève, politique concernant
l'utilisation des locaux, etc...

À partir de ces objectifs régionalisés et des différentes normes d'encadrement, l'administration


centrale peut obtenir une première estimation de la répartition de l'offre par région (nombre
d'élèves, d'enseignants, de salles de classe par région). Cette estimation doit être révisée en
fonction des propositions des régions.

Sur la base des objectifs qu'on leur a fixés et appliquant les différentes normes, les services
régionaux établissent des propositions plus détaillées. Ils traduisent notamment les objectifs
régionaux en objectifs préfectoraux et obtiennent une estimation de ce que seront les besoins
en enseignants, salles de classe dans les différentes préfectures (c'est l'esquisse de la carte
régionale).

Après examen des propositions régionales, les services centraux peuvent être appelés à réviser
leur première répartition de l'offre et même leurs objectifs globaux de manière à les adapter à
la diversité régionale.

Une procédure analogue se déroule entre les régions et les préfectures (ou l'échelon local, quel
qu'il soit). La première esquisse de la carte régionale préparée par les services régionaux sera
révisée au vu des propositions des administrateurs et inspecteurs locaux. Ceux-ci ont, par
ailleurs à se prononcer sur les diverses demandes qui émanent des communautés locales ou
des différents établissements. En l'absence d'une politique régionale et en l'absence de normes
et critères, la répartition des ressources se fait très souvent en fonction du pouvoir de
négociation dont disposent les différents partenaires (établissements, communautés,
DPE/DCE) plutôt qu'en fonction de leurs besoins réels.

L'objectif de la carte scolaire est précisément de substituer à un processus de négociation


empirique, une analyse plus rationnelle des besoins de chaque communauté et institution
existante.

Après une série de va-et-vient entre le niveau local et le niveau régional, et entre le niveau
régional et central, on arrive à une détermination beaucoup plus précise des esquisses de

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cartes régionales puis de la carte nationale. Ce travail de préparation des esquisses permet de
tester si les objectifs fixés par le plan sont réalistes et si les moyens prévus sont suffisants
compte tenu de la diversité des caractéristiques régionales.

L'adoption de la carte scolaire implique donc l'acceptation d'une certaine forme de


planification qui ne se traduit pas par un mouvement à sens unique allant du centre vers la
périphérie, ou l'inverse, mais par une série de boucles et d'itérations successives permettant de
réviser progressivement les propositions et préparer ainsi les décisions finales.

Compte tenu des différents niveaux d'interaction entre la carte scolaire et d'une part la
planification des différents services sociaux, d'autre part le développement économique des
régions, il est souhaitable que les esquisses soient préparées en étroite collaboration avec les
services de l'aménagement du territoire, le ministère, du développement rural et les autres
administrations concernées (logement, santé, réseau routier, etc.). Idéalement la carte scolaire
devrait être intégrée dans une carte de l'ensemble des services collectifs. Malheureusement
ceci est encore loin d'être une réalité dans de très nombreux pays.

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Soulignons enfin que si la carte scolaire nécessite une interaction et une participation à
caractère vertical entre les différents niveaux de l'administration (local, régional, central), elle
requiert aussi une participation à caractère horizontal, avec les autres administrations comme
nous venons de le dire, mais aussi avec les différents groupes sociaux concernés.

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