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La gestion du risque opérationnel au sein des banques marocaines : vers une


standardisation des approches de gestion

Article · June 2023

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Imane Allam
Université Ibn Tofail
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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

LA GESTION DU RISQUE OPERATIONNEL AU SEIN DES


BANQUES MAROCAINES : VERS UNE STANDARDISATION
DES APPROCHES DE GESTION

Imane ALLAM, Docteur en Economie et Gestion


Laboratoire des Sciences de Gestion des Organisations
(LRSGO)
Ecole Nationale de Commerce et de Gestion
Université Ibn Tofail, Maroc

Imane.allam@uit.ac.ma

ALLAM, I. (2023). LA GESTION DU RISQUE OPERATIONNEL


AU SEIN DES BANQUES MAROCAINES : VERS UNE
Citer cet article
STANDARDISATION DES APPROCHES DE GESTION. Revue
de Recherche en Sciences de Gestion des Organisations, N°3, 8-27.

Copyright © Revue RSGO

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

Résumé
Le risque opérationnel bancaire a longuement fait l’objet de plusieurs
travaux de réflexion, dans le but de faciliter sa gestion. S’il s’agit d’un
risque inhérent à toute activité, l’activité bancaire reste l’une des plus
sensibles à ce type de risque. Dans ce sens, les autorités de régulation,
notamment le Comité de Bâle en concertation avec les banques
centrales, ont instauré un dispositif prudentiel prenant la forme de
recommandations, ayant pour objectif de proposer aux établissements
de crédit des approches de quantification et de gestion du risque
opérationnel. Tandis que l’une des principales vocations du dispositif
prudentiel est l’harmonisation des techniques de gestion des risques, la
pluralité des approches de quantification du risque opérationnel
proposées par le régulateur a présenté certaines limites. En effet, il est
devenu difficile à ce dernier de comparer entre les différents
établissements bancaires en termes de gestion du risque opérationnel,
étant donné que les critères de gestion de base divergent. Par
conséquent, le Comité de Bâle a présenté une nouvelle approche de
gestion de ce risque, en l’occurrence l’approche des mesures
standardisées (SMA) et a incité les banques à remplacer toutes les
approches antérieures par cette nouvelle approche.

Ce papier porte, d’une part, sur la gestion du risque opérationnel sur


un plan conceptuel, et d’autre part, sur une étude de cas rétrospective
sur la mise en place de l’approche SMA dans le cadre de la gestion du
risque opérationnel au sein du groupe Banque Centrale Populaire pour
une période de cinq ans, allant de 2018 à 2022. Il s’agit
principalement d’une étude comparative entre la charge en capital
obtenue par l’approche actuelle et la nouvelle approche. Les résultats
de cette étude sont en faveur de la nouvelle approche SMA, dans la
mesure où on a constaté une baisse significative de la charge en
capital calculée à travers cette approche.

Mots-clés : Risque opérationnel ; réglementation prudentielle ; charge


en capital ; gestion des risques bancaires.

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Abstract
Operational banking risk has always been a subject of reflexion and
research work. In fact, it is inherent in any activity. However, the
banking activity is more sensitive to it given that it is based on risk.
Therefore, regulation athorities, mainly the Basel Committee along
with central banks, have established a prudential apparatus in order to
put forward to banking entities some operational risk quantification
and management approaches. The main purpose of this prudential
apparatus is to harmonize risk management techniques while, at the
same time, trying to ensure a global financial stability. Nevertheless,
the plurality of the suggested approches made it almost impossible for
the regulator to compare between banks in terms of operational risk
management, which is the main limit of this prudential device.
Therefore, the Basel Committee has proposed a new quantification
approach for operational risk management. This new approach, called
the Standardized Measurement Approach (SMA), is to replace all the
previous ones. In other words, the Committee has prompted all
banking entities to replace their operational risk management
approach with the standardized measurement approach, strating from
2022.

This paper is about operational risk management, insofar as we


present it from the coneptual point of view at first, then, we present a
retrospective study case on the implementation of the SMA within the
group Banque Centrale Populaire for a period of time of five years,
going from 2018 to 2022. It is mainly a comparative study between
the capital requirements in terms of operational risk management
given by the actual approach and the one given by the new approach.
The results are all significantly in favor of the new standardized
measurement approch SMA, as it show a significant decrease in the
capital charge in terms of operational risk.

Key-words : Operational risk ; prudential regulation ; capital


requirement ; banking risk management.

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1. Introduction
Le fondement de base de l’activité bancaire est la gestion du risque.
Dans ce sens, les établissements de crédit s’efforcent depuis toujours
de gérer le risque, principalement le risque financier. Néanmoins, à
partir de l’adoption des accords de Bâle II, ces établissements ont
aussi été contraints de gérer explicitement le risque opérationnel
comme étant un risque pouvant générer un grand nombre de
dysfonctionnements, lesquels peuvent être à l’origine d’une situation
de crise. Cette situation s’est traduite par un travail de gestion à la fois
à caractère prudentiel et opérationnel. Ainsi, les autorités de tutelle ont
instauré un certain nombre de structures, de normes et de règles à
respecter par les établissements bancaires lors de l’exercice de leurs
activités. Ce travail prudentiel s’est matérialisé principalement par
l’obligation de mettre en place un système de contrôle interne ayant
pour vocation principale de suivre et de contrôler le travail effectif des
banques et d’arriver à anticiper les différents types de risque
opérationnel. Ce système de contrôle interne se présente comme un
outil opérationnel, assurant le respect des normes prudentielles.

Par ailleurs, et afin de gérer d’une manière rationnelle le risque


opérationnel, tout en étant conforme à la réglementation prudentielle,
les intermédiaires financiers ont opté pour des méthodes et des
approches de quantification de ce type de risque, dans le cadre de leurs
stratégies opérationnelles. Ces approches permettent de déterminer le
montant des fonds propres nécessaires pour faire face à un éventuel
risque opérationnel dans le temps.

Ainsi, on est passé des approches forfaitaires à celles à caractère


avancé. Ces dernières ont montré leurs limites en termes de
divergence des approches de quantification, de complexité et surtout
de comparaison entre les banques. Dans ce sens, on cherche une
harmonisation des méthodes d’évaluation des comportements des
entités bancaires en termes de gestion du risque opérationnel.

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

Cet article sera consacré à l’analyse du risque opérationnel et des


approches de gestion utilisées pour y faire face, marquées par une
logique de convergence vers une approche de standardisation. Dans ce
sens, on va traiter, tout d’abord, le risque opérationnel bancaire d’un
point de vue conceptuel, afin de comprendre le fondement de base de
sa gestion entre l’approche prudentielle et l’approche opérationnelle.
Ensuite, on va expliciter les approches de quantification du risque
opérationnel selon le dispositif prudentiel, avec une étude de cas sur
l’approche des mesures standardisées (SMA), récemment introduite
par le Comité de Bâle. Cette étude de cas porte principalement sur un
travail de comparaison entre la charge en capital pour le risque
opérationnel donnée par l’approche actuelle et celle obtenue à travers
la simulation de calcul avec la nouvelle approche des mesures
standardisée. On a choisi de faire cette étude sur la Banque Centrale
Populaire, pour une durée de cinq ans, allant de 2018 à 2022.

2. La gestion du risque opérationnel entre l’approche


opérationnelle et l’approche prudentielle
La gestion du risque opérationnel a longuement été une gestion
implicite, dans la mesure où on intégrait sa gestion dans les autres
catégories de risques. Ce type de risque est particulièrement difficile à
prévoir étant donné qu’il est lié à des éléments à caractère externe ou
de force-majeur, et à un certain nombre de comportements. La prise en
compte de ce type de risque n’a été effectuée qu’avec l’événement des
accords Bâle II, comme étant un risque à part entière dans le cadre de
la gestion des risques bancaires.

Ainsi, la gestion du risque opérationnel est devenue une gestion


explicite, prenant la forme d’un ensemble de stratégies
opérationnelles. Le pilier principal de ces stratégies est la mise en
place d’un système de contrôle interne et l’adoption d’un certain
nombre de normes prudentielles.

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2.1 L’introduction du risque opérationnel dans le dispositif


prudentiel relatif à la gestion des risques
Suite à l’adoption des accords de Bâle II, le concept du risque
opérationnel a émergé au niveau de l’activité bancaire. Les banques
ont été obligées de prendre en compte tous les risques bancaires dans
une logique d’approvisionnement contre les pertes dues aux risques
inhérents à l’activité bancaire2. Ces nouvelles dispositions ont pris la
forme d’une réglementation prudentielle, qui est transposée au sein
des banques, à travers la banque centrale de chaque pays signataire
des accords, et se traduisant par la suite par un ensemble de stratégies
opérationnelles. Ces stratégies ont pour objet de concrétiser les
objectifs des banques, tout en se conformant au dispositif prudentiel
mis en vigueur.

2.1.1. L’évolution du dispositif réglementaire :


fondements de base de l’intégration du risque
opérationnel

La constitution du Comité de Bâle avait pour principal but d’aligner


les réglementations de plusieurs pays pour assurer une harmonie au
niveau international, étant donné que les flux bancaires internationaux
s’amplifiaient de plus en plus3. Ainsi, le risque de crédit fut le premier
risque traité dans les recommandations de Bâle I avec l’introduction
du ratio de solvabilité. L’une des principales limites de ces
recommandations était l’omission des autres risques bancaires. En
2004, le Comité de Bâle a instauré de nouvelles recommandations
portant le nom de Bâle II. En effet, ce nouveau dispositif permettait
2
La prise en compte de ce concept vient suite aux limites détectées par les
responsables au niveau du dispositif réglementaire de Bâle I. En effet, le ratio
de solvabilité ne prenait pas en compte les actifs pondérés en relation avec le
risque opérationnel.
3
Le système financier connut d’importants flux à caractère international, qui
ont été multipliés par l’effet de la mondialisation et la globalisation. La mise
en place d’un dispositif réglementaire international s’imposait afin de
remédier aux problèmes de propagation des crises à travers les différents
canaux de contagion.

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une meilleure évaluation des risques bancaires en remplaçant le ratio


Cooke par le ratio McDonough, tout en introduisant un dispositif de
surveillance et de transparence. Par ailleurs, ce dispositif a défini, pour
la première fois, le risque opérationnel. Ce risque est considéré
comme étant « le risque de pertes provenant des processus internes
inadéquats ou défaillants, de personnes et systèmes ou
d’environnements externes ». Cette définition inclut les risques liés au
facteur humain, aux procédures internes, au système d’information,
aux catastrophes naturelles, et va jusqu’au risque juridique. De plus, le
Comité de Bâle a classé le risque opérationnel selon 7 catégories de
risques, à savoir la fraude interne ; la fraude externe, les pratique
d’emploi et de sécurité de travail, les pratique liées aux clients, aux
produits et aux activités commerciales, les dommages aux actifs
physiques, l’arrêt d’activité et échec des systèmes et la gestion de
l’exécution des opérations, des livraisons et des processus ((BCBS),
2005).

La particularité du risque opérationnel comparé aux autres risques


bancaires est son caractère moins fréquent, mais plus grave en termes
de conséquences. Par ailleurs, le risque opérationnel se caractérise
également par la difficulté, voir l’impossibilité de le plafonner. De par
sa nature, le risque opérationnel ne peut faire l’objet de couverture par
d’instruments négociés (comme c’est le cas pour le risque financier)
ce qui le rend difficile à prévoir, à gérer et à évaluer (FDIC, 2006)4.

Dans le dispositif de Bâle II, trois approches ont été proposées pour
quantifier le risque opérationnel, notamment l’approche des
indicateurs de base (Basic Indicator Approach (BIA)), l’approche
standard (Standard Approach (TSA)) et l’approche des mesures
avancées (Advanced MeasurementApproach (AMA)). Chacune de ces
approches permet de quantifier le risque opérationnel pour calculer la

4
Les contrats d’assurance peuvent atténuer le risque opérationnel, bien qu’ils
soient très couteux. Ce risque est donc principalement géré par les processus
internes et les systèmes de contrôles rigoureux.

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charge en capital qui lui sera allouée selon des modalités différentes.
Toutefois, la crise financière de 2008 a remis en question plusieurs
aspects de ce dispositif financier, notamment en termes de pondération
des risques liés aux activités de marchés et des produits complexes,
ainsi qu’en termes de propagation des crises financières. En effet, les
recommandations de Bâle II revêtaient un caractère micro-prudentiel,
dont le but était de garantir la stabilité financière sans pour autant qu’il
y ait des filets de sécurité en cas de déclenchement d’une crise. C’est
ainsi que le Comité de Bâle a procédé à la correction de ce dispositif
dans le cadre des accords de Bâle III. Cela s’est principalement
matérialisé l’introduction de nouveaux ratios prudentiels qui se sont
ajoutés au ratio de solvabilité afin de renforcer les fonds propres et la
liquidité 5 , ainsi que garantir une stabilité à caractère
macroéconomique. Ces recommandations ont introduit plusieurs
mesures préventives ayant pour vocation d’empêcher la propagation
des crises vers la sphère réelle et de mieux se prémunir contre l’effet
systémique qu’elles peuvent prendre, (Hennani, 2005).

2.1.2. L’instauration du système de contrôle interne


comme structure fondamentale de gestion du risque
opérationnel
Avant l’introduction de la réglementation prudentielle, la gestion du
risque opérationnel était principalement assurée par la fonction du
contrôle interne. Ainsi, plusieurs établissements bancaires ont pris
conscience de l’importance d’un programme de gestion du risque
opérationnel comme un risque distinct, comme c’est le cas pour le
risque de crédit et le risque de marché6.

5
Les ratios en question sont les ratios de liquidité à court terme (LCR) et à
long terme (NSFR), le ratio d’effet de levier, les coussins contracycliques …
6
Dans le document des saines pratiques pour la gestion du risque
opérationnel publié en 2003 par le Comité, plusieurs points relatifs à la bonne
gestion de ce risque ont été abordés. Parmi ces points, on trouve l’importance
de la constitution d’un conseil d’administration, dont la mission serait
principalement de mettre en place un dispositif de gestion du risque

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La mise en œuvre du dispositif de gestion du risque opérationnel


consiste en sa transposition en politiques, processus et procédures
précis pouvant faire l’objet d’une application concrète d’un contrôle
au sein de toutes les unités de l’établissement. Cette transposition doit
également se faire en définissant de manière claire et explicite des
rapports d’autorité, de compétence et de notification dans le but de
bien cerner les responsabilités et assurer une meilleure remontée
d’information. Il s’agit donc de définir les différents niveaux de la
hiérarchie de l’établissement. Dans ce sens, les banques sont tenues de
mettre en œuvre un processus de suivi régulier afin de suivre les
différents profils de risque opérationnel et des expositions à ce
dernier. Pour garantir ce suivi régulier, il est important de veiller à ce
qu'il y ait une remontée d'information efficace et efficiente à la
direction générale et au conseil d'administration. Aussi, pour assurer la
solidité du dispositif de gestion du risque opérationnel, les banques
doivent régulièrement le réexaminer ainsi que leurs stratégies de
limitation et de maîtrise de ce risque, sans ôter de toujours avoir de
côté des plans de secours et de continuité. Ces plans servent à assurer
la continuité d'exploitation en cas de survenance d'un risque grave, et
par conséquent, limitent les pertes.

En plus de ces mesures à caractère opérationnel, les banques peuvent


recourir à l’identification et l’évaluation du risque opérationnel à
travers des outils plus quantifiables, notamment les tableaux de bords
qui peuvent fournir un classement relatif à l’exposition au risque
opérationnel et donc recenser l’activité en fonction types de risques
ainsi que les moyens de les atténuer, par exemple. En outre, la plupart
des banques cartographient leurs risques, étant donné qu’une
cartographie des risques est toujours un moyen simple et pertinent, du

opérationnel. Ce même conseil devrait veiller à ce que le dispositif mis en


place soit soumis à un audit interne rigoureux et régulier. Par ailleurs, la
fonction d'audit interne devrait être assurée par un personnel hautement
qualifié, indépendant du département de gestion du risque opérationnel et des
autres départements, et directement lié au top management, soit à la direction
générale.

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

fait qu’elle classe les risques par types en montrant le niveau de


priorité présenté par chacun (BCBS, 2011).

Les indicateurs de risque peuvent également présenter un bon moyen


de montrer le niveau de risque pris par une banque. Néanmoins, s’ils
sont utilisés seuls, ils restent insuffisants pour donner une vue
d’ensemble sur le niveau de risque réel. Ils peuvent être complétés par
une quantification de risque. En effet, plusieurs établissements
bancaires quantifient à présent leur exposition au risque opérationnel.
Il s’agit d’une technique alliant une étude rétrospective basée sur
l’historique des pertes, avec l’établissement de scénarios futurs, en
passant, dans certains cas, par une analyse croisée entre les données de
pertes internes avec les données de pertes externes (BCBS, 2011).

Cela dit, l’ensemble de ces mesures, à caractère opérationnel et tantôt


prudentiel, visent à assurer une bonne gestion du risque opérationnel.
Toutefois, l’élément incontournable pour garantir la réussite de ces
différentes mesures demeure le fait de disposer d’un contrôle interne
solide et efficace, mais aussi clair et compréhensible par les
différentes parties prenantes et responsables de la bonne gestion du
risque opérationnel.

2.2 Vers une quantification du risque opérationnel comme


approche de gestion de base
Avant le dispositif de Bâle II, la gestion du risque opérationnel était
principalement opérationnelle, se basant sur le principe de la
mutualisation des risques. Néanmoins, les scandales liés au risque
opérationnel ont fait sortir le caractère imprévisible et dangereux de la
non-intégration de ce risque comme étant une catégorie de risque à
part.

Suite à l’application des accords de Bâle II, les banques ont été
amenées à introduire les approches de quantification du risque
opérationnel dans le but de l’intégrer dans le nouveau ratio de
solvabilité. Dans ce sens, le Comité a proposé aux banques de calculer

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la charge en capital au titre du risque opérationnel à travers trois


approches, dont deux forfaitaires (l’approche de l’indicateur de base
(BIA) et l’approche standard (TSA)) et une autre basée sur les
modèles internes (l’approche des mesures avancées (AMA)). Chacune
de ces approches est basée sur un ensemble d’éléments quantitatifs
et/ou qualitatifs, devant être respectés par la banque souhaitant utiliser
l’une ou l’autre de ces approches, et devant être validés par la banque
centrale. Le but de ces approches de quantification étant de mieux
anticiper le risque opérationnel afin de mieux gérer les pertes qui lui
sont afférentes7. Par conséquent, l’aspect prudentiel de la gestion de ce
risque exige des banques de disposer de fonds propres prudentiels,
tandis que l’aspect opérationnel de sa gestion reste étroitement liée à
un système de contrôle interne rigoureux.

2.2.1. Des approches forfaitaires vers les approches


avancées
Les approches de quantification du risque opérationnel introduites à
travers les recommandations de Bâle II, notamment la BIA, TSA et
AMA ont pour but de permettre aux banques -ou du moins essayer- de
mesurer et quantifier le risque opérationnel8. Néanmoins, les méthodes
quantitatives ne sont pas les seules méthodes de gestion de ce risque.
En effet, plus tard, le Comité de Bâle a proposé aux banques de se
baser également sur des données qualitatives qui viendraient
compléter les données quantitatives.

Ces trois approches de quantification du risque opérationnel


s’inscrivent dans la logique prudentielle dans la mesure où le Comité
de Bâle a imposé aux intermédiaires financiers de recourir à l’une de

7
La gestion du risque opérationnel demeure globalement assez difficile étant
donné qu’il soit lié à plusieurs aspects non mesurables ou non prévisibles (e.g
les catastrophes naturelles).
8
Le Comité de Bâle a laissé le choix aux banques d’opter pour l’une des trois
méthodes. Cependant, il a soumis certaines d’entre elles à quelques
conditions qui doivent être remplies par les banques et vérifiées par les
autorités de régulation avant de les utiliser.

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ces approches pour constituer leurs charges en capital en termes de


risque opérationnel. Le but étant de définir une charge en capital au
titre du risque opérationnel qui servira éventuellement à couvrir les
pertes qui seront dues au risque opérationnel. Cet exercice
prévisionnel se base, en fonction de chaque approche, sur un ensemble
de données quantitatives et/ou qualitatives. L’adoption de l’une ou
l’autre de ces approches dépend de plusieurs critères auxquels
l’établissement bancaire doit répondre, dont principalement la
disponibilité des données de pertes ainsi que leur exhaustivité et leur
qualité.

Ainsi, en allant de l’approche la plus simple (BIA) à la plus complexe


(AMA), on trouve que les critères se multiplient, mais aussi la
sensibilité au risque devient de plus en plus pointue.

La première approche proposée par le Comité est l’approche des


indicateurs de base (Basic Indicator Approach (BIA)). Il s’agit d’une
approche forfaitaire qui consiste pour les banques à calculer leurs
exigences en fonds propre pour le risque opérationnel en prenant la
moyenne sur les trois dernières années de leur produit net bancaire,
qui reflète le volume d’activité de la banque, et en le multipliant par
un coefficient fixe et donné par les autorités réglementaires α=15%.

La deuxième approche est l’approche standard (Standard Approach


TSA), qui s’inscrit dans la même logique forfaitaire de l’approche des
indicateurs de base dans la mesure où on retient des coefficients de
pondération forfaitaires mais qui diffèrent en fonction des lignes de
métiers (les coefficients varient entre 12% et 18%). Dans ce sens,
chaque ligne de métier est associée à un coefficient β reflétant son
niveau de risque. Ainsi, les exigences en fonds propres sont calculées
pour chaque ligne de métier, et sont ensuite agrégées pour donner les
exigences totales pour le risque opérationnel.

Le Comité de Bâle a proposé une troisième approche, notamment


l’approche des mesures avancées (Advanced MeasurementApproach

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

(AMA)) pour pallier les limites des approches forfaitaires. Cette


approche repose sur le développement d’un modèle interne propre à la
banque qui sera sujet à l’approbation de l’autorité de régulation, d’où
la nécessité d’une large base de données 9 . Les données peuvent
provenir de différentes sources. Les données internes sont,
effectivement, d’une grande utilité pour refléter le degré d’exposition
réelle face au risque opérationnel. Cependant, l’historique de collecte
est court et les pertes opérationnelles observées sont loin d’être
représentatives des pertes qu’une institution bancaire pourrait subir.
En effet, les données internes d’une banque n’incluent pas
suffisamment de pertes rares avec une haute sévérité, d’autant plus
que le processus de collecte des pertes en est encore à ses débuts
(DAHEN, 2006).

Ainsi, le recours à des données de pertes opérationnelles externes


s’avère essentiel pour compléter les données internes et, surtout, pour
aller chercher les pertes importantes très rares qui, généralement,
manquent dans les données internes. En plus des ressources en termes
d’informations, l’AMA nécessite de mobiliser d’importantes
ressources humaines, tout en mettant en place un encadrement de
critères qualitatifs (e.g la cartographie des risques, l’analyse des
scénarios, les données externes …etc.) (Optimind, 2017).

9
Le Comité exige aux établissements voulant adopter l’AMA de disposer
d’un historique de pertes de minimum 5 ans. Les données ainsi recueillies par
le système d’information doivent être de haute qualité et doivent apporter des
éléments exhaustifs (date de la perte, cause, processus où la perte a été
enregistrée, montant de la perte, … etc.). Ces données de pertes constituent
l’obstacle majeur pour mettre en place une approche AMA. D’autant plus que
pour les recueillir, l’établissement doit disposer d’un système d’information
pertinent, ce qui suppose un coût.

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

2.2.2. L’impact de la quantification du risque


opérationnel sur les stratégies opérationnelles de gestion
du risque bancaire
Lors de l’élaboration des stratégies relatives à la gestion du risque
bancaire, les responsables se trouvent obligés de choisir les méthodes
qui leur permettent d’intégrer les approches spécifiques à la gestion du
risque opérationnel. Dans ce sens, on est passé d’une approche basée
sur la mutualisation des risques, à une approche distinguant le risque
financier du risque opérationnel. Ainsi, la gestion du risque
opérationnel se base principalement sur une logique de quantification
de chaque type de risque opérationnel, et cherche à y affecter les fonds
propres nécessaires pour y faire face. Ce dispositif à caractère
prudentiel se présente comme étant un déterminant stratégique pour
les établissements de crédits lors de l’élaboration des stratégies
opérationnelles relatives à la gestion du risque bancaire dans sa
globalité.

3. Vers une standardisation de la gestion du risque


opérationnel : Approche des mesures standardisées
(SMA)
A l’issue de la proposition du Comité de Bâle des approches de
quantification du risque opérationnel, les banques ont adopté
progressivement ces approches. En effet, en proposant les trois
approches de quantification du risque opérationnel dans les
recommandations de Bâle II, le Comité avait pour idée de permettre
aux banques de gérer le risque opérationnel et de l’intégrer de façon
explicite dans la gestion globale des risques bancaires, tout en
espérant qu’in fine, elles vont converger vers une seule et unique
approche, en l’occurrence un modèle interne de quantification du
risque opérationnel.

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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

3.1. Les facteurs explicatifs de l’introduction de


l’approche des mesures standardisées
A travers la proposition de plusieurs approches de quantification, le
but du Comité était de permettre aux banques d’utiliser celle qui leur
convenait le mieux. Toutefois, la pluralité des approches de
quantification du risque opérationnel a montré les limites qui peuvent
en émaner. Dans ce sens, les approches forfaitaires sont considérées
comme étant des approches qui ne sont pas sensibles au risque, du fait
qu’elles se basent uniquement sur des indicateurs de performance.
Quant aux approches avancées, elles présentent un problème en
termes de comparaison entre les différentes banques, étant donné la
pluralité des modèles développés.

Par conséquent, et pour pallier les limites présentées par les approches
de quantification du risque opérationnel instaurées à travers le
dispositif de Bâle II, le Comité a décidé de mettre en place une seule
et unique approche de quantification, présentant à la fois une
composante forfaitaire et une autre sensible au risque. Le but derrière
cette proposition est d’unifier les techniques de quantification du
risque opérationnel.

3.1.1. L’harmonisation des méthodes d’évaluation du


risque opérationnel comme solution aux limites des
approches proposées dans le dispositif prudentiel de Bâle
II
Le dispositif prudentiel relatif aux accords de Bâle II a proposé trois
approches de quantification du risque opérationnel, dont deux sont
qualifiées de forfaitaires (BIA et TSA), et la troisième qualifiée de
l’approche par les mesures avancées (AMA).

Les deux approches forfaitaires présentent l’avantage de la simplicité


du calcul des exigences en fonds propres au titre du risque
opérationnel, en plus de permettre aux établissements financiers
d’avoir plus de précision quant à la charge du capital, notamment à
travers la méthode standard. Toutefois, bien que l’approche standard

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ventile le capital en huit lignes de métier (forfaitairement selon leur


degré d’exposition), les deux approches forfaitaires restent loin d’être
sensible au risque. En effet, en calculant la charge en capital à partir
des seules données du produit net bancaire, on omet d’intégrer la
sensibilité au risque dans le calcul. Par conséquent, le calcul peut soit
surestimer les pertes futures, et donc restreindre l’utilisation de la
totalité des ressources de la banque, soit sous-estimer les pertes, ce qui
peut engendrer une situation de crise.

En ce qui concerne les approches avancées (AMA), elles présentent


l’avantage d’être sensibles au risque dans la mesure où les
établissements de crédits développent des modèles internes propres à
leurs établissements, prenant en compte toutes les spécificités y
afférent. Le dispositif prudentiel a ainsi proposé plusieurs méthodes de
calcul de la charge en capital au titre du risque opérationnel à travers
les modèles internes, en donnant la possibilité aux intermédiaires
financiers d’utiliser une ou plusieurs d’entre ces méthodes, ou encore
développer un nouveau modèle interne qui doit être validé par les
autorités de régulation. L’avantage de ces approches internes repose
sur le grand degré de flexibilité qui leur était accordé étant donné que
chaque établissement basait son modèle sur ses propres données de
pertes. Le Comité de Bâle a estimé que cette flexibilité réduirait avec
le temps en laissant place à une pratique qui sera jugée comme étant la
meilleure.

Toutefois, les estimations du Comité n’ont pas abouti, dans la mesure


où la complexité des approches AMA et les différents modèles
internes adoptés ont mené vers un problème de comparabilité entre les
banques en termes de fonds propres au titre du risque opérationnel. De
plus, ils ont augmenté la variabilité dans le calcul des ratios de
solvabilité car le calcul des actifs pondérés par le risque varie d’un
modèle à un autre.

Par conséquent, la pluralité des méthodes de calcul du risque


opérationnel peut mener à confusion, ce qui nécessite davantage

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d’efforts en termes de réglementation prudentielle. En effet, ce risque


particulièrement difficile dans sa gestion nécessite une réglementation
pour l’accompagner en continu afin de garantir une homogénéité des
calculs, soit une meilleure évaluation et par conséquent, une meilleure
gestion (Haouat Asli, 2011).

Dans ce sens, le Comité de Bâle a procédé au remplacement des


approches de quantification du risque opérationnel présentées sous
Bâle II par une seule approche, à savoir l’approche des mesures
standardisées (SMA) (BCBS, 2016).

En effet, la pluralité des approches proposées par le Comité de Bâle


dans le cadre de la prévention et la gestion du risque opérationnel a
posé un double problème. D’une part, la sensibilité au risque n’est pas
prise en compte par toutes les approches mises en place, et d’autre
part, l’utilisation de plusieurs approches de quantification du risque
opérationnel ne permet pas de comparer les établissements bancaires
en termes de gestion de ce risque. Cette situation a tendance à fausser
les prévisions des autorités de régulation, soit à travers une
surestimation ou une sous-estimation de ce type de risque sur une
échelle globale.

Par conséquent, le Comité a proposé une autre approche de gestion du


risque opérationnel dans un document publié par ce dernier en Mars
2016 (BCBS, 2016). Il s’agit de l’approche des mesures standardisées
ou StandardizedMeasurementApproach (SMA). Ce document porte
sur la modification du dispositif de gestion du risque opérationnel
présenté sous Bâle II, en remplaçant les trois approches de
quantification de ce risque par une seule approche standardisée.
L’approche présentée est alors appelée
StandardizedMeasurementApproach (SMA) (BCBS, 2016). En effet,
en plus de la complexité et de l’hétérogénéité des approches avancées,
les approches forfaitaires mises en place sous Bâle II ont également
présenté des lacunes, notamment en situation de crise, qui se sont

155
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

matérialisées par une sous-estimation des risques et des montants à


mobiliser (Harwell Management, 2020).

Cela dit, le remplacement des anciennes approches par la SMA


présente un enjeu double : d’une part, la SMA sera plus sensible au
risque (grâce à ses composantes de calcul), et d’autre part, elle offre
plus de simplicité au dispositif prudentiel de gestion du risque
opérationnel.

La SMA ainsi proposée dans le document consultatif de 2016 et


retenue dans le texte de 2017 a effectivement été évaluée en Avril
2020 dans un rapport de monitoring (BCBS, Basel III Monitoring
Report, 2020) publié par le Comité de Bâle. L’objectif de cette refonte
est principalement de mettre en place une approche permettant un
calcul de la charge en capital pour le risque opérationnel à la fois
simple et sensible au risque, tout en permettant une comparabilité
entre les différents établissements bancaires. On peut donc dire qu’elle
se situe entre les deux approches antérieures (forfaitaires et avancées).
). En effet, la SMA est basée sur une méthode de non-modélisation
combinant à la fois des données issues des états financiers de synthèse
des banques en question (qu’on regroupe dans la composante
« Business Indicator Component (BIC)), avec des données de pertes
internes liées au risque opérationnel (regroupées dans la composante
« InternalLoss Multiplier (ILM) »).

3.1.2. Les composantes de l’approche des mesures


standardisées SMA
L’approche SMA peut être considérée comme étant une approche
« médiane » entre les approches forfaitaires et les approches avancées.
En effet, la SMA est basée sur une méthode de non-modélisation
combinant à la fois des données issues des états financiers de synthèse
des banques en question (qu’on regroupe dans la composante
« Business Indicator Component (BIC)), avec des données de pertes
internes liées au risque opérationnel (regroupées dans la composante
« InternalLoss Multiplier (ILM) »). La première composante de calcul

156
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

(BIC) est une composante forfaitaire, tandis que la deuxième


composante (ILM) sensible au risque et se base sur un historique des
pertes.

Dans ce sens, la charge en capital au titre du risque opérationnel est


calculée selon la formule suivante donnée par la SMA :

KSMA = Composante de l’indicateur corrélé à l’activité (BIC) x


Coefficient des pertes internes (ILM)

La formule de calcul de la charge en capital au titre du risque


opérationnel se base sur deux éléments majeurs, notamment la
composante BIC, qui mesure les revenus de la banque, et la
composante ILM, qui mesure l’historique des pertes de la banque. Le
produit de ces deux éléments (BIC et ILM) donne le capital minimum
pour le risque opérationnel (Minimum Operational Risk Capital
(ORM))1011.

La composante Indicateur corrélé à l’activité (BIC) représente la base


de calcul de des exigences en capital pour le risque opérationnel. C’est
une mesure de revenu progressive qui augmente et diminue selon la
taille de la banque en question. La composante BIC est obtenue
comme suit :

BIC = Business Indicator (BI) x Coefficients marginaux


Où BI est un indicateur corrélé à l’activité qu’on multiplie par des
coefficients marginaux établis sur une base réglementaire. Une fois le

10
Les actifs pondérés par le risque opérationnel représentent le capital
minimum (ORC) multiplié par 12,5, tel que donné par le Comité de Bâle au
niveau du Pilier 1.
https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/be/pdf/2018/03/basel-4-the-way-
ahead.pdf , pp.8.
11
Le calcul de la charge en capital au titre du risque opérationnel avec
l’approche SMA se base sur les éléments recueillis dans les comptes
consolidés des établissements bancaires en question (BCBS, 2017).

157
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

BI calculé, on le multiplie par un coefficient marginal selon la tranche


à laquelle il appartient pour en déduire le BIC12.

Le tableau suivant montre les tranches de BI et leurs coefficients


respectifs :

Tableau 2 Les tranches de l’indicateur d’activité BI et leurs coefficients


respectifs

Eventail de l’indicateur corrélé Coefficient marginal de


Tranche à l’activité (en Mrd €) l’indicateur corrélé à l’activité

1 ≤1 12%
2 1 < BI ≤ 30 15%
3 > 30 18%
Source : (BCBS, 2017)
Une fois la composante BIC est obtenue, on passe au calcul du
multiplicateur des pertes internes ILM.

Le coefficient des pertes internes (ILM) représente un facteur fondé


sur les pertes moyennes historiques d’une banque et le BIC. Ce
multiplicateur est défini comme suit :

ILM = Ln [exp (1) – 1 + (Loss Component / BI


Component)0,8]
ILM = Ln [exp (1) – 1 + (Indicateur corrélé à l’historique
des pertes (LC)/ Composante de l’indicateur corrélé à
l’activité (BIC))0,8]
Avec : L’indicateur corrélé à l’historique des pertes (LC) = 15 fois la
moyenne annuelle des pertes dues au risque opérationnel sur les 10
dernières années, ou à défaut, sur les 5 dernières années (BCBS,
2017).

Le calcul du (LC) se base sur un historique de 10 ans des pertes qui


ont été occasionnées par le risque opérationnel, car dans une logique

12
Voir plus de détails par rapport aux éléments inclus dans le calcul du (BIC)
sur « BCBS, Basel III : finalising post crisisreforms. 2017. pp. 134.

158
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

préventive, plus une banque a subi des pertes importantes liées au


risque opérationnel, plus elle est susceptible d’en subir à l’avenir, d’où
l’importance d’augmenter sa charge en capital au titre du risque
opérationnel. Par conséquent, les banques seront amenées davantage à
atténuer leurs risques, étant donné que la réduction des pertes va
directement et par conséquent réduire le coefficient des pertes internes
(ILM). Ceci reste néanmoins un objectif sur le long terme, car
l’historique sur lequel est basé le calcul du (LC) est relativement long
(10ans) (KPMG, 2018)13.

En somme, en utilisant la SMA pour deux établissements bancaires


disposant du même volume d’activité (BI), on pourra différencier
entre eux en fonction de leurs historiques de pertes, notamment à
travers la composante (ILM), et ainsi calculer la charge en capital qui
sera allouée au risque opérationnel (RiskAssur, 2020).

Ainsi, la charge en capital allouée au risque opérationnel est le produit


de la composante de l’indicateur corrélé de l’activité (BIC) et du
coefficient des pertes internes (ILM). Toutefois, le coefficient des
pertes (ILM) n’affecte pas le capital alloué pour les banques
appartenant à la Tranche 1 (i.e BI< 1milliard d’Euros). Ainsi, leur
coefficient de pertes (ILM) est égal 1 et leur charge en capital au titre
du risque opérationnel est égale à la seule composante du (BIC)
(i.eCapital pour le risque opérationnel = 12%*BIC).

Au-delà des recommandations données par le Comité dans le cadre du


calcul du multiplicateur des pertes internes, ce dernier a également
laissé place à certaines discrétions nationales. En effet, les banques se
trouvant dans la Tranche 1 (Bucket 1) sont généralement exemptées

13
Pour faciliter aux banques la transition vers la SMA, les banques n’ayant
pas un historique de 10 ans de données de pertes de bonne qualité peuvent se
baser sur un historique minimum de 5ans. Les banques ne disposant pas d’un
historique de 5 ans de données de pertes devront calculer leur charge en
capital en se basant uniquement sur la composante de l’indicateur corrélé à
l’activité (BIC) (BCBS, 2017).

159
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

de l’application du (ILM). Dans le cas d’application d’une discrétion


nationale, les superviseurs peuvent soumettre certaines ou la totalité
des banques de la tranche 1 à utiliser le coefficient (ILM), s’ils jugent
qu’elles valident les critères demandés en termes de collecte des
données de pertes internes. Les autorités de régulation peuvent tout
aussi imposer à toutes les banques de leur juridiction d’appliquer un
ILM =114, et ainsi se contenter du résultat obtenu dans la composante
(BIC) pour calculer la charge en capital au titre du risque opérationnel.

L’application de l’approche SMA peut générer des crises à caractère


qualitatif et quantitatif. Parmi les conséquences qualitatives, on cite le
fait que les banques devront adapter leurs systèmes d’information et
mettre à jour leurs bases de données de pertes. Dans ce sens, les
systèmes et les ressources humaines devront s’aligner avec les
nouvelles dispositions de collecte et de traitement des données de
pertes. Cela implique un coût d’investissement qui sera relativement
haut, principalement pour les banques ayant été sous une approche
standard ou une approche standard avancée (TSA/ASA). Cela
s’explique par le fait que ces banques devront changer leur processus
de collecte des données de pertes (Loss Data Collection process)
(Optimind, 2017).

En ce qui concerne les banques qui sont actuellement sous AMA, elles
seront mieux disposées à passer à la SMA étant donné que le
processus de collecte des données de pertes qu’elles utilisent est
quasiment similaire à celui de la SMA). Toutefois, elles devront
également revoir leur architecture informatique afin de modifier le
mode de calcul de la charge en capital au titre du risque opérationnel
(RiskAssur, 2020) .

14
Ces deux discrétions nationales sont les plus importantes, et celles qui ont
suscité le plus de controverses. A cela s’ajoutent d’autres discrétions telles
que la définition des approches à adopter en cas de non disposition de 5 ans
de données de pertes de haute qualité ; l’exclusion de certaines pertes (lors du
calcul du ILM) jugées comme n’étant plus pertinentes au risque de profil de
la banque …

160
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

En plus du coût d’investissement lié à l’implémentation de la nouvelle


approche (SMA), cette dernière présente la particularité de dépendre
fortement du ratio LC/BIC dans le calcul du coefficient des pertes
internes. Plus ce ratio augmente, plus l’exigence en fonds propre
augmente aussi. Ainsi, pour les grands établissements bancaires, cette
approche peut être pénalisante, par opposition aux petits
établissements (appartenant à la tranche 1) qui leur sera avantageuse
car ils ne vont pas inclure le coefficient des pertes (Optimind, 2017)15.

Par ailleurs, La transition vers l’approche SMA nécessite, au


préalable, la conception d’un système d’information à caractère fiable.
Cet outil d’aide à la prise de décision doit permettre aux responsables
de disposer des informations nécessaires à la prise de décision dans
une logique d’élaboration d’une stratégie opérationnelle, à caractère
rationnel, pour gérer les différents types de risques. La spécificité d’un
tel système est relatif au fait qu’on s’intéresse plus à une information à
caractère interne, afin d’arriver à anticiper les éventuelles pertes dans
le temps. On se base principalement sur un système à la recherche
d’une performance. Il s’agit d’une performance relative à
l’information collectée, traitée et exploitée d’une manière rationnelle.
Ce système s’inscrit dans une logique de recherche des facteurs
explicatifs aux pertes survenues dans le temps, dues principalement à
des défaillances dans le système interne de l’organisation bancaire.
Ceci permettra aux responsables de comprendre l’origine du risque et
d’élaborer une cartographie du risque opérationnel afin de parvenir à
corriger les différents écarts détectés au préalable.

15
Etant donné le caractère financier des données qui sont inclues dans le
calcul du capital minimum au titre du risque opérationnel, les équipes de
gestion des risques devront travailler en collaboration avec les équipes des
département financiers pour définir une liste exhaustive des éléments du
compte de résultat à incorporer à l’indicateur corrélé à l’activité (BI) (KPMG,
2018).

161
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

La transition vers l’approche SMA se base principalement sur


l’estimation d’un capital réglementaire du risque opérationnel de la
même façon au sein de tous les établissements bancaires. A travers
cette approche, le Comité de Bâle cherche une logique de
comparabilité des exigences en termes de fonds propres pour le risque
opérationnel, en instaurant une mesure cohérente pour l’ensemble des
établissements de crédit. Cette action s’inscrit par rapport à une
normalisation et une homogénéisation des conditions d’exercice de
l’activité de l’intermédiation financière. La rationalisation de la charge
en capital doit se faire sur la base de la composante de l’indicateur
d’activité (BIC) et du multiplicateur des pertes (LM).

Le Comité de Bâle a opté pour l’indicateur d’activité comme la


variable la plus explicative du risque opérationnel. Cet indicateur se
substitue au revenu brut variable actuel. Concernant la variable des
pertes, elle est calculée à partir des pertes opérationnelles annuelles
moyennes. Ce travail se base sur le principe de pondération des
événements de pertes majeurs plus hauts que les événements moyens.
Ainsi, les sinistres majeurs exigent une allocation en fonds propres
plus élevée pour le risque opérationnel. Ainsi, le calcul du capital
exigé se fait en fonction de la tranche dans laquelle l’établissement se
situe. Dans ce sens, on trouve des établissements qui calculent le
capital réglementaire en fonction seulement de l’indicateur d’activité
et d’autres établissements qui doivent multiplier la composante
d’indicateur d’activité au multiplicateur de pertes.

L’impact de l’application d’une telle approche se situe au niveau des


fonds propres exigés. Ainsi, le niveau des exigences en fonds propres
sera inférieur pour les banques qui sont actuellement sous BIA ou
TSA que pour celles sous AMA. Cela se justifie principalement par le
fait que l’approche standard ne permet pas de prendre en compte les
caractéristiques spécifiques aux banques de manière optimisée.

Par ailleurs, la mise en place de l’approche SMA nécessite, dans un


premier temps, le calcul de la composante BIC. Par la suite, en

162
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

fonction du résultat, la banque doit procéder ou non au calcul du


multiplicateur des pertes (si l’indicateur d’activité BIC est supérieur
ou égal à une valeur de référence. Ce travail s’achève par l’adaptation
du besoin identifié par les responsables. L’impact principal de la mise
en œuvre de la méthode SMA est en relation avec le multiplicateur des
pertes. Il découle que la gestion proactive, réduisant les événements de
risque opérationnel, génère un multiplicateur de pertes plus faible et
par conséquent, résulte d’un niveau d’exigences en fonds propres plus
faible.

4. Une étude comparative entre l’approche forfaitaire et


l’approche SMA : cas de la Banque Centrale Populaire
Afin de mieux comprendre l’impact qu’aurait la mise en place de
l’approche SMA sur les banques marocaines, on a réalisé une étude
sur la Banque Centrale Populaire (BCP), pour la période allant de
2018 à 2022. Cette étude a porté sur la comparaison de la charge en
capital au titre du risque opérationnel dégagée par la BCP pendant les
trois années, avec une simulation de la charge en capital au titre du
même risque calculée à travers la SMA.

Pour ce faire, on a tout d’abord repris les éléments qui rentrent dans
le calcul de l’indicateur d’activité (BIC), et qui sont donnés par le
Comité de Bâle dans le document de finalisation des accords de Bâle
III (BCBS, 2017). Ensuite, on a recueilli les données nécessaires au
calcul de cette composante à partir des données secondaires, publiées
dans les rapports d’activités et rapports de gestion de la BCP. Il s’agit
des rubriques figurant dans l’actif et le passif, dans le compte de
résultat ainsi que dans l’état des soldes intermédiaires de gestion. Ces
données ont servi à calculer l’indicateur d’activité (BI), servant à
calculer la composante BIC. Ainsi, on a calculé respectivement les
composantes ILDC, SC et FC, dont la somme des moyennes sur les
trois dernières années correspond à l’indicateur d’activité (BI).

Dans le cadre du calcul des exigences en fonds propres au titre du


risque opérationnel, la BCP utilise l’approche des indicateurs de base

163
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

(BIA). On a relevé le montant correspondant à cette charge en capital


donné par cette approche forfaitaire pour les années 2018, 2019, 2020,
2021 et 2022, et on l’a comparé aux montants donnés par la
simulation de calcul avec l’approche SMA.

Tableau 1 : Les actifs pondérés au titre du risque opérationnel de


la Banque Populaire de 2018 à 2022 (en millions de dirhams)

Actifs pondérés au Exigences en fonds


Années
titre du risque propres au titre du
Charge en capital
opérationnel risque opérationnel
2018 25 822 738 2 065 819
2019 22 730 769 1 818 462
2020 35 070 496 2 805 640
2021 34 555 555 2 764 444
2022 37 157 124 2 972 090
Source : Calculé par l’auteur à partir des résultats annuels de la Banque Populaire

Le tableau ci-dessus représente les montants respectifs relatifs à la


charge en capital au titre du risque opérationnel bancaire de la Banque
Populaire pour les années allant de 2018 à 2022. Les actifs pondérés
au titre du risque opérationnel représentent entre 8% et 9% de
l’ensemble des actifs pondérés bancaires de la Banque Populaire. En
effet, le risque opérationnel bancaire représente le risque qui
consomme le moins en termes de charge en capital, étant donné que la
plus grande partie est attribuée au risque de crédit. En ce qui concerne
le risque de marché, on lui attribue généralement une part légèrement
supérieure à celle attribuée au risque opérationnel, allant de 10% à
11% de l’ensemble des actifs pondérés16.

Tableau 2 : Les composantes du Business Indicator Component


(BIC)

16
Voir les rapports annuels publiés par le Groupe BCP pour les années allant
de 2018 à 2022.

164
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

Libellé Formule de calcul


Interest, Lease and Minimum (Absolute Value [Interest income –
Dividends Component Interest expense]; 2.25% *Interest earning assets) +
(ILDC) Dividend income
Services Component Maximum (Fee income; Fee expense) + Maximum
(SC) (Other operating income; Other operating expense)
Financial Component Absolute value (Net P&L Trading book) + Absolute
(FC) value (Net P&L Banking book)
Source : Elaboré par l’auteur à partir des documents publiés par le Comité de Bâle17

Afin de faire la simulation de la charge en capital au titre du risque


opérationnel avec l’approche des mesures standardisées (SMA), il
convient tout d’abord de calculer ses différentes composantes, à
commencer par la composante BIC. Ainsi, on a regroupé l’intégralité
des éléments qui permettent de calculer la composante BIC dans le
tableau ci-dessus, avec le détail de calcul de chacune d’entre eux.

Tableau 3 : Simulation de calcul des différentes composantes du


BIC pour la Banque Populaire (en millions de dirhams)

ILDC SC FC
Composantes
Années
2018 5 773 360 704 2 395 970 000 2 489 807 667
2019 6 035 770 073 2 646 955 000 2 533 450 333
2020 7 010 166 395 2 957 331 000 2 754 987 667
2021 7 337 153 143 3 336 945 000 2 880 242 333
2022 7 457 687 076 2 957 331 000 3 129 290 333
Source : Calculé par l’auteur à partir des résultats annuels de la Banque
Populaire

Dans le cadre du calcul de la charge en capital au titre du risque


opérationnel avec l’approche standardisée pour les cinq années
retenues, on a eu recours à la composante de l’indicateur d’activité
(BIC) uniquement. A cause du manque de données en termes de pertes

17
(BCBS, 2017)

165
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

dues au risque opérationnel, on n’a pas pu calculer la composante du


Loss Multiplier (LM), qui se base principalement sur un historique des
pertes dues au risque opérationnel. En effet, ces données sont
particulièrement confidentielles et ne sont donc jamais partagées par
les banques au niveau des rapports d’activité ou de gestion.

Tableau 4 : Récaputulatif des exigences en fonds propres pour le


risque opérationnel obtenues avec les deux approches (BIA et
SMA)
Eléments
Exigences en Exigences en
fonds propres fonds propres Ecart en
Ecart
BI Coeff.BI pour le risque pour le risque %
SMA/BIA
Années opérationnel opérationnel
(SMA) (BIA)

2018 10 659 138 371 15% 1 598 870 756 2 065 819 040 466 948 284 -23%
2019 11 216 175 406 15% 1 682 426 311 1 818 461 520 2 033 151 071 -7,5%
2020 12 567 549 395 15% 1 885 132 409 2 805 640 000 920 507 691 -33%
2021 13 554 340 476 15% 2 033 151 071 2 764 444 400 731 293 329 26,5%
2022 14 327 401 743 15% 2 149 110 261 2 972 090 000 920 507 591 -28%
Source : Calculé par l’auteur à partir des résultats annuels de la Banque Populaire

Le tableau ci-dessus récapitule les calculs effectués afin de faire une


comparaison entre l’approche utilisée actuellement par la Banque
Populaire pour quantifier le risque opérationnel, en l’occurrence
l’approche des indicateurs de base (BIA) et la nouvelle approche
standardisée récemment introduite par le Comité de Bâle (voir annexe
1).

Dans ce sens, on a calculé l’indicateur d’activité (BI) à travers le


tableau détaillé donné par le Comité de Bâle (voir annexe 1). Le
résultat du calcul a montré qu’en se basant sur la composante (BIC), la
BCP obtiendrait une charge en capital au titre du risque opérationnel
inférieure à celle donnée par l’approche indicateur de base (BIA).
Ainsi, en utilisant l’approche SMA, on constate une baisse de 23%

166
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

pour l’année 2018, de 7% pour l'année 2019, de 33% pour l’année


2020, de 26,5% pour l’année 2021 et finalement une baisse également
pour l’année 2022. En effet, à travers la simulation de calcul de la
charge en capital au titre du risque opérationnel avec l’approche des
mesures standardisées (SMA), on remarque que la Banque Populaire
pourrait immobiliser moins de ressources en capital pour faire face à
ce risque. Dans ce sens, cette nouvelle approche s’avère moins
pénalisante que l’ancienne, dans la mesure où l’établissement bancaire
sera amené à moins s’approvisionner en termes de charge en capital.
ce qui lui être très bénéfique.

Toutefois, et compte tenu du manque de données des pertes dues au


risque opérationnel, on n’a pas pu déterminer si la charge en capital
calculée par l’approche SMA aurait été suffisante pour faire face aux
pertes réelles ou non. Cette asymétrie d’information se justifie
pleinement par le fait que les banques ne disposent pas toujours d’un
historique solide et exhaustif des pertes dues au risque opérationnel.
Par conséquent, on constate qu’au niveau du secteur bancaire
marocain, la quasi-totalité des banques utilisent l’approche des
indicateurs de base pour calculer la charge en capital au titre du risque
opérationnel. Néanmoins, un certain nombre réduit d’établissements
utilise l’approche standard (TSA), ce qui relève toujours des
approches forfaitaires. Ainsi, on n’est jamais passé vers les approches
avancées(AMA), qui se basent sur les historiques des pertes pour
élaborer un modèle de quantification propre à la banque. Malgré cette
limite, et eu égard des recommandations du Comité dans le document
de 2017 (BCBS, 2017), le Comité a incité les banques à transposer
l’approche des mesures standardisée (SMA) à partir de 2022. En ce
qui concerne les établissements bancaires ne disposant pas encore des
moyens et ressources nécessaires pour concrétiser cette transition, le
Comité les a incités à commencer le processus de passage des
approches antérieures vers la nouvelle approche. Cela leur permettrait
de commencer à se familiariser avec les nouvelles procédures de

167
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

collecte d’information relative aux pertes opérationnelles d’une part,


et de se préparer sur le plan humain et technologique d’autre part.

Toutefois, a principale contrainte à laquelle doivent faire face les


banques marocaines quant à l’instauration de cette nouvelle approche
est justement la constitution d’un historique de données de pertes
opérationnelle fiable et exhaustif. Pour ce faire, elles seront amenées à
investir dans la conception et l’instauration des systèmes
d’information adaptés. Aussi, et compte tenu des discrétions
nationales qui peuvent être appliquées, Bank Al Maghrib peut, dans
un premier temps, soumettre les banques marocaines à calculer leur
charge en capital au titre du risque opérationnel à travers la seule
composante de l’indicateur corrélé à l’activité (BIC), en supposant un
coefficient de pertes internes égale à 1 (ILM=1). Cela faciliterait la
transition des approches forfaitaires actuelles à l’approche
standardisée, mais l’investissement en termes de système
d’information, de système de contrôle interne et de ressources
humaines peut être conséquent.

Si on reste sur l’hypothèse du calcul de la charge en capital au titre du


risque opérationnel avec un ILM=1, on peut donc conclure que cette
approche peut être bénéfique dans la mesure où elle minimise
l’approvisionnement. En effet, en dégageant un niveau de fonds
propres inférieur à celui donné par l’approche standard, l’approche
SMA permettra aux banques une meilleure utilisation du capital, qui
ne sera pas forcément bloqué pour faire face aux pertes dues au risque
opérationnel. Cette hypothèse ne peut malheureusement pas être
confirmée à 100% sans avoir les pertes réelles enregistrées, qui
doivent faire l’objet d’une comparaison avec la charge en capital
donnée par l’approche SMA.

5. Conclusion
Les accords de Bâle II ont été à l’origine de l’imposition aux
établissements bancaires l’allocation du capital afin de couvrir le
risque opérationnel. Dans ce sens, les entités bancaires ont tenté de

168
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

mesurer et de quantifier le risque opérationnel, afin d’évaluer les


exigences en capital nécessaires pour y faire face. Néanmoins, la
gestion de ce type de risque ne peut se limiter aux méthodes
quantitatives et oblige les intermédiaires financiers à adopter plusieurs
approches, à savoir celle basée sur l’indicateur de base (calcul d’un
taux forfaitaire appliqué au PNB des trois derniers exercices),
l’approche standard (coefficient de pondération différent selon les
lignes de métiers) et l’approche avancée (AMA).

En parallèle à l’application de ces différentes approches, le législateur


a incité les banques à mettre en place un système de contrôle interne
ayant pour vocation principal le suivi de ce type de risque. Cette
imposition indique le problème essentiel en termes de gestion de
risques, à savoir la conciliation entre l’approche prudentielle et
l’approche opérationnelle.

Dans un souci d’homogénéisation des approches de quantification du


risque opérationnel, le Comité de Bâle a fait appel aux banques de se
préparer pour remplacer les différentes approches qu’elles utilisent par
une seule et unique approche, appelée « approche des mesures
standardisées (SMA). L’objectif derrière cette réforme est de
permettre aux autorités de tutelle de mieux surveiller les
établissements bancaires quant à la gestion du risque opérationnel, car
cela leur permettrait de comparer les résultats des différentes banques
en termes de gestion de ce type de risque. Aussi, cette refonte s’inscrit
dans le cadre de la mise à disposition des banques d’une approche
simple, mais qui est sensible au risque.

Afin d’étudier quel serait l’impact de l’implémentation de cette


nouvelle approche de gestion du risque opérationnel sur les banques
marocaines, on a procédé à une étude de cas de la Banque Centrale
Populaire. Dans ce sens, on a comparé le résultat de la charge en
capital au titre du risque opérationnel dégagée par la BCP pendant
cinq années (2018, 2019, 2020, 2021 et 2022), avec une simulation de
la charge en capital au titre du même risque calculée à travers la SMA.

169
Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation

Cette étude avait pour principale limite l’indisponibilité de certaines


données qui permettent de calculer la composante de la sensibilité au
risque dans le cadre de la SMA. On a donc procédé au calcul de cette
charge via la composante forfaitaire uniquement. Les résultats ont été
en faveur de l’approche SMA, dans la mesure où on a constaté une
baisse en termes de charge en capital au titre du risque opérationnel,
mais qu’on n’a pas pu vérifier et valider sur le plan réel étant donné
qu’on ne dispose pas des données de pertes réelles.

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