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Imane Allam
Université Ibn Tofail
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Revue de Recherche en Sciences de Gestion des Organisation
Résumé
Le risque opérationnel bancaire a longuement fait l’objet de plusieurs
travaux de réflexion, dans le but de faciliter sa gestion. S’il s’agit d’un
risque inhérent à toute activité, l’activité bancaire reste l’une des plus
sensibles à ce type de risque. Dans ce sens, les autorités de régulation,
notamment le Comité de Bâle en concertation avec les banques
centrales, ont instauré un dispositif prudentiel prenant la forme de
recommandations, ayant pour objectif de proposer aux établissements
de crédit des approches de quantification et de gestion du risque
opérationnel. Tandis que l’une des principales vocations du dispositif
prudentiel est l’harmonisation des techniques de gestion des risques, la
pluralité des approches de quantification du risque opérationnel
proposées par le régulateur a présenté certaines limites. En effet, il est
devenu difficile à ce dernier de comparer entre les différents
établissements bancaires en termes de gestion du risque opérationnel,
étant donné que les critères de gestion de base divergent. Par
conséquent, le Comité de Bâle a présenté une nouvelle approche de
gestion de ce risque, en l’occurrence l’approche des mesures
standardisées (SMA) et a incité les banques à remplacer toutes les
approches antérieures par cette nouvelle approche.
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Abstract
Operational banking risk has always been a subject of reflexion and
research work. In fact, it is inherent in any activity. However, the
banking activity is more sensitive to it given that it is based on risk.
Therefore, regulation athorities, mainly the Basel Committee along
with central banks, have established a prudential apparatus in order to
put forward to banking entities some operational risk quantification
and management approaches. The main purpose of this prudential
apparatus is to harmonize risk management techniques while, at the
same time, trying to ensure a global financial stability. Nevertheless,
the plurality of the suggested approches made it almost impossible for
the regulator to compare between banks in terms of operational risk
management, which is the main limit of this prudential device.
Therefore, the Basel Committee has proposed a new quantification
approach for operational risk management. This new approach, called
the Standardized Measurement Approach (SMA), is to replace all the
previous ones. In other words, the Committee has prompted all
banking entities to replace their operational risk management
approach with the standardized measurement approach, strating from
2022.
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1. Introduction
Le fondement de base de l’activité bancaire est la gestion du risque.
Dans ce sens, les établissements de crédit s’efforcent depuis toujours
de gérer le risque, principalement le risque financier. Néanmoins, à
partir de l’adoption des accords de Bâle II, ces établissements ont
aussi été contraints de gérer explicitement le risque opérationnel
comme étant un risque pouvant générer un grand nombre de
dysfonctionnements, lesquels peuvent être à l’origine d’une situation
de crise. Cette situation s’est traduite par un travail de gestion à la fois
à caractère prudentiel et opérationnel. Ainsi, les autorités de tutelle ont
instauré un certain nombre de structures, de normes et de règles à
respecter par les établissements bancaires lors de l’exercice de leurs
activités. Ce travail prudentiel s’est matérialisé principalement par
l’obligation de mettre en place un système de contrôle interne ayant
pour vocation principale de suivre et de contrôler le travail effectif des
banques et d’arriver à anticiper les différents types de risque
opérationnel. Ce système de contrôle interne se présente comme un
outil opérationnel, assurant le respect des normes prudentielles.
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Dans le dispositif de Bâle II, trois approches ont été proposées pour
quantifier le risque opérationnel, notamment l’approche des
indicateurs de base (Basic Indicator Approach (BIA)), l’approche
standard (Standard Approach (TSA)) et l’approche des mesures
avancées (Advanced MeasurementApproach (AMA)). Chacune de ces
approches permet de quantifier le risque opérationnel pour calculer la
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Les contrats d’assurance peuvent atténuer le risque opérationnel, bien qu’ils
soient très couteux. Ce risque est donc principalement géré par les processus
internes et les systèmes de contrôles rigoureux.
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charge en capital qui lui sera allouée selon des modalités différentes.
Toutefois, la crise financière de 2008 a remis en question plusieurs
aspects de ce dispositif financier, notamment en termes de pondération
des risques liés aux activités de marchés et des produits complexes,
ainsi qu’en termes de propagation des crises financières. En effet, les
recommandations de Bâle II revêtaient un caractère micro-prudentiel,
dont le but était de garantir la stabilité financière sans pour autant qu’il
y ait des filets de sécurité en cas de déclenchement d’une crise. C’est
ainsi que le Comité de Bâle a procédé à la correction de ce dispositif
dans le cadre des accords de Bâle III. Cela s’est principalement
matérialisé l’introduction de nouveaux ratios prudentiels qui se sont
ajoutés au ratio de solvabilité afin de renforcer les fonds propres et la
liquidité 5 , ainsi que garantir une stabilité à caractère
macroéconomique. Ces recommandations ont introduit plusieurs
mesures préventives ayant pour vocation d’empêcher la propagation
des crises vers la sphère réelle et de mieux se prémunir contre l’effet
systémique qu’elles peuvent prendre, (Hennani, 2005).
5
Les ratios en question sont les ratios de liquidité à court terme (LCR) et à
long terme (NSFR), le ratio d’effet de levier, les coussins contracycliques …
6
Dans le document des saines pratiques pour la gestion du risque
opérationnel publié en 2003 par le Comité, plusieurs points relatifs à la bonne
gestion de ce risque ont été abordés. Parmi ces points, on trouve l’importance
de la constitution d’un conseil d’administration, dont la mission serait
principalement de mettre en place un dispositif de gestion du risque
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Suite à l’application des accords de Bâle II, les banques ont été
amenées à introduire les approches de quantification du risque
opérationnel dans le but de l’intégrer dans le nouveau ratio de
solvabilité. Dans ce sens, le Comité a proposé aux banques de calculer
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La gestion du risque opérationnel demeure globalement assez difficile étant
donné qu’il soit lié à plusieurs aspects non mesurables ou non prévisibles (e.g
les catastrophes naturelles).
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Le Comité de Bâle a laissé le choix aux banques d’opter pour l’une des trois
méthodes. Cependant, il a soumis certaines d’entre elles à quelques
conditions qui doivent être remplies par les banques et vérifiées par les
autorités de régulation avant de les utiliser.
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Le Comité exige aux établissements voulant adopter l’AMA de disposer
d’un historique de pertes de minimum 5 ans. Les données ainsi recueillies par
le système d’information doivent être de haute qualité et doivent apporter des
éléments exhaustifs (date de la perte, cause, processus où la perte a été
enregistrée, montant de la perte, … etc.). Ces données de pertes constituent
l’obstacle majeur pour mettre en place une approche AMA. D’autant plus que
pour les recueillir, l’établissement doit disposer d’un système d’information
pertinent, ce qui suppose un coût.
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Par conséquent, et pour pallier les limites présentées par les approches
de quantification du risque opérationnel instaurées à travers le
dispositif de Bâle II, le Comité a décidé de mettre en place une seule
et unique approche de quantification, présentant à la fois une
composante forfaitaire et une autre sensible au risque. Le but derrière
cette proposition est d’unifier les techniques de quantification du
risque opérationnel.
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Les actifs pondérés par le risque opérationnel représentent le capital
minimum (ORC) multiplié par 12,5, tel que donné par le Comité de Bâle au
niveau du Pilier 1.
https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/be/pdf/2018/03/basel-4-the-way-
ahead.pdf , pp.8.
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Le calcul de la charge en capital au titre du risque opérationnel avec
l’approche SMA se base sur les éléments recueillis dans les comptes
consolidés des établissements bancaires en question (BCBS, 2017).
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1 ≤1 12%
2 1 < BI ≤ 30 15%
3 > 30 18%
Source : (BCBS, 2017)
Une fois la composante BIC est obtenue, on passe au calcul du
multiplicateur des pertes internes ILM.
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Voir plus de détails par rapport aux éléments inclus dans le calcul du (BIC)
sur « BCBS, Basel III : finalising post crisisreforms. 2017. pp. 134.
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Pour faciliter aux banques la transition vers la SMA, les banques n’ayant
pas un historique de 10 ans de données de pertes de bonne qualité peuvent se
baser sur un historique minimum de 5ans. Les banques ne disposant pas d’un
historique de 5 ans de données de pertes devront calculer leur charge en
capital en se basant uniquement sur la composante de l’indicateur corrélé à
l’activité (BIC) (BCBS, 2017).
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En ce qui concerne les banques qui sont actuellement sous AMA, elles
seront mieux disposées à passer à la SMA étant donné que le
processus de collecte des données de pertes qu’elles utilisent est
quasiment similaire à celui de la SMA). Toutefois, elles devront
également revoir leur architecture informatique afin de modifier le
mode de calcul de la charge en capital au titre du risque opérationnel
(RiskAssur, 2020) .
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Ces deux discrétions nationales sont les plus importantes, et celles qui ont
suscité le plus de controverses. A cela s’ajoutent d’autres discrétions telles
que la définition des approches à adopter en cas de non disposition de 5 ans
de données de pertes de haute qualité ; l’exclusion de certaines pertes (lors du
calcul du ILM) jugées comme n’étant plus pertinentes au risque de profil de
la banque …
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Etant donné le caractère financier des données qui sont inclues dans le
calcul du capital minimum au titre du risque opérationnel, les équipes de
gestion des risques devront travailler en collaboration avec les équipes des
département financiers pour définir une liste exhaustive des éléments du
compte de résultat à incorporer à l’indicateur corrélé à l’activité (BI) (KPMG,
2018).
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Pour ce faire, on a tout d’abord repris les éléments qui rentrent dans
le calcul de l’indicateur d’activité (BIC), et qui sont donnés par le
Comité de Bâle dans le document de finalisation des accords de Bâle
III (BCBS, 2017). Ensuite, on a recueilli les données nécessaires au
calcul de cette composante à partir des données secondaires, publiées
dans les rapports d’activités et rapports de gestion de la BCP. Il s’agit
des rubriques figurant dans l’actif et le passif, dans le compte de
résultat ainsi que dans l’état des soldes intermédiaires de gestion. Ces
données ont servi à calculer l’indicateur d’activité (BI), servant à
calculer la composante BIC. Ainsi, on a calculé respectivement les
composantes ILDC, SC et FC, dont la somme des moyennes sur les
trois dernières années correspond à l’indicateur d’activité (BI).
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Voir les rapports annuels publiés par le Groupe BCP pour les années allant
de 2018 à 2022.
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ILDC SC FC
Composantes
Années
2018 5 773 360 704 2 395 970 000 2 489 807 667
2019 6 035 770 073 2 646 955 000 2 533 450 333
2020 7 010 166 395 2 957 331 000 2 754 987 667
2021 7 337 153 143 3 336 945 000 2 880 242 333
2022 7 457 687 076 2 957 331 000 3 129 290 333
Source : Calculé par l’auteur à partir des résultats annuels de la Banque
Populaire
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(BCBS, 2017)
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2018 10 659 138 371 15% 1 598 870 756 2 065 819 040 466 948 284 -23%
2019 11 216 175 406 15% 1 682 426 311 1 818 461 520 2 033 151 071 -7,5%
2020 12 567 549 395 15% 1 885 132 409 2 805 640 000 920 507 691 -33%
2021 13 554 340 476 15% 2 033 151 071 2 764 444 400 731 293 329 26,5%
2022 14 327 401 743 15% 2 149 110 261 2 972 090 000 920 507 591 -28%
Source : Calculé par l’auteur à partir des résultats annuels de la Banque Populaire
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5. Conclusion
Les accords de Bâle II ont été à l’origine de l’imposition aux
établissements bancaires l’allocation du capital afin de couvrir le
risque opérationnel. Dans ce sens, les entités bancaires ont tenté de
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6. Bibliographie
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