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Le travail, une malédiction ?

Écrit par Thierry Coustenoble - Foyer de Courset

I. Le travail dans la Bible

Introduction :
Epopée de Gilgamesh
Les dieux créent les hommes comme des esclaves pour accomplir leur travail, mélangeant de
la poussière avec le sang d'un dieu déchu et vaincu : c'est une malédiction, marquée de
pessimisme.
L'homme est fait pour travailler, comme un esclave, il est maudit des dieux.

1) Genèse 2

Quand les hébreux, exilés en Mésopotamie, vont répéter ce conte, à leurs enfants, ils vont y
introduire les éléments propres de leur foi naissante

Le travail appartient à la condition originelle de l'homme et précède sa chute ; il n'est donc ni


une punition ni une malédiction.(...) En dépit du péché des premiers parents, le dessein du
Créateur, le sens de ses créatures et, parmi elles, de l'homme, appelé à cultiver et à garder la
création, demeurent inaltérés. (CDSE N° 256)

Gn 2,4-15

Le Seigneur Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour cultiver le sol et le
garder. ( Gn 2,15 )

Le travail est à la fois une activité d'achèvement ( cultiver ) et une activité de respect ( garder ).

Sorti comme il l'est des mains de Dieu, le cosmos porte la marque de sa bonté. C'est un
monde beau, digne qu'on l'admire et qu'on en jouisse, mais aussi destiné à être cultivé et
développé. L'« achèvement » de l'œuvre de Dieu ouvre le monde au travail de l'homme. « Dieu
conclut au septième jour l'ouvrage qu'il avait fait » (Gn 2,2). A travers cette évocation
anthropomorphique du « travail » divin, la Bible ne nous donne pas seulement une ouverture
sur le rapport mystérieux entre le Créateur et le monde créé, mais elle jette aussi une lumière
sur la mission de l'homme à l'égard du cosmos. Le « travail » de Dieu est en quelque manière
exemplaire pour l'homme. Celui-ci, en effet, n'est pas seulement appelé à habiter, mais aussi à
« construire » le monde, en se faisant ainsi « collaborateur » de Dieu. Comme je l'écrivais dans

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l'encyclique Laborem exercens, les premiers chapitres de la Genèse constituent en un sens le


premier « évangile du travail ».(10) C'est une vérité que souligne également le Concile Vatican
II : « L'homme, créé à l'image de Dieu, a reçu l'ordre de soumettre la terre et tout ce qui y est
contenu, de gouverner le monde en justice et sainteté et, en reconnaissant Dieu comme
Créateur de toutes choses, de lui rapporter sa personne et l'ensemble des réalités, de façon
que, tout étant soumis à l'homme, le nom même de Dieu soit objet d'admiration sur toute la
terre »( DIES DOMINI ) 2) Genèse 1

Gn 1,26-28

Dieu les bénit et leur dit : « soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et
dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et toute bête qui
remue sur la terre » ( Gn 1,28 ) L'homme doit soumettre la terre, il doit la dominer, parce que
comme «image de Dieu» il est une personne, c'est-à-dire un sujet, un sujet capable d'agir d'une
manière programmée et rationnelle, capable de décider de lui-même et tendant à se réaliser
lui-même. C'est en tant que personne que l'homme est sujet du travail. C'est en tant que
personne qu'il travaille, qu'il accomplit diverses actions appartenant au processus du travail; et
ces actions, indépendamment de leur contenu objectif, doivent toutes servir à la réalisation de
son humanité, à l'accomplissement de la vocation qui lui est propre en raison de son humanité
même: celle d'être une personne. ( LE N° 6 )

Soumettre la terre, c'est la soumettre à l'homme image de Dieu, marquer le monde d'une
empreinte, le transformer pour qu'il soit à la ressemblance du projet divin, qui est de construire
un temple où il puisse rencontrer l'homme. Ce temple, ce jardin, il faut le cultiver et le garder.

3) La tour de Babel

Gn .11,1-9
Le travail humain est ici représenté comme le moyen par lequel l'homme monte au ciel est
prend la place de Dieu. Ce récit est une réaction, un rejet des hébreux vis-à-vis de la religion
mésopotamienne. Les babyloniens construisaient des temples à étages, des ziggourats, qui
étaient des représentations du cosmos, avec la mer, la terre posée sur la mer, et la voûte
céleste.

4) L'esclavage en Egypte

Ex1, 9-13

Ex 1,9 : Les Egyptiens asservirent les fils d'Israël avec brutalité et leur rendirent la vie
amère par une dure servitude : mortier, briques, tous travaux des champs, bref toutes les
servitudes qu'ils leur imposèrent avec brutalité.

Dieu délivre son peuple


Ex 3, 7-10

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Dieu dit à Moïse : « J ai vu le poids que les Egyptiens font peser sur eux, va ,
maintenant, ; je t'envoie vers le Pharaon,fais sortir d'Egypte mon peuple, les fils d'Israël
» 5) L'enseignement des prophètes

Le travail n'est pas tout, et la Bible n'idolâtre pas le travail ; c'est en particulier un des sens du
shabbat, que nous approfondirons demain matin dimanche. Le shabbat met une fin, une limite à
la volonté de puissance, de domination de l'homme. Il a reçu le commandement divin de
dominer, de soumettre la terre, mais il reçoit aussi le commandement de se reposer le septième
jour.

a) Commandement du repos

Ex 20,8-11 :
[ Le jour du shabbat ], tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que
ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l'émigré que tu as dans tes villes.Jérémie 17,19-23
:
Vous ne transporterez pas non plus de fardeaux hors de vos maisons le jour du shabbat,
vous n'accomplirez aucune besogne, mais vous tiendrez pour sacré le jour du shabbat
comme je l'ai prescrit à vos pères.

b) Dénonciation de la rapacité

Les prophètes dénoncent la rapacité dans le travail, l'appât du gain.

Amos 8,4-8 : quand donc le shabbat sera-t-il fini que nous puissions acheter un pauvre
pour une paire de sandales ?... Le travail doit être honoré car il est source de richesse ou, du
moins, de dignes conditions de vie et, en général, c'est un instrument efficace contre la
pauvreté (cf. Pr 10, 4), mais il ne faut pas céder à la tentation de l'idolâtrer, car on ne peut pas
trouver en lui le sens ultime et définitif de la vie. Le travail est essentiel, mais c'est Dieu, et non
le travail, qui est la source de la vie et la fin de l'homme ( CDSE n°257 )
6) La sagesse grecque

La sagesse rappelle que l'intense effort que les hommes font pour travailler, accroître leurs
richesses, ne les sauve pas :

Qo 2,11 ; je me suis tourné vers les œuvres de mes mains, et vers le travail que j'avais
eu tant de mal à faire. Tout cela est vanité Qo 2, 20-24 Que reste-t-il à l'homme de tout
son travail ?... c'est à un homme qui n'y a pas travaillé qu'il donnera sa part.

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"Comme disait le curé d'ars : les linceuls n'ont pas de poche."!

L'ouvrage de l'homme n'est pas non plus sacralisé : le culte d'Israël interdit de se fabriquer une
image de Dieu, parce que c'est dans l'homme que cette image réside.

Sg 13,10 : ceux qui appellent dieux l'ouvrage de mains humaines.

L'exemple du bûcheron

7) Les Évangiles

On peut décomposer la vie de Jésus en trois périodes pendant lesquelles il travaille :

1 - il travaille à Nazareth, avec Joseph, à l'atelier de charpentier


2 - il travaille dans sa vie publique ; c'est un travail de prédiction, de guérison
3 - il travaille enfin dans sa passion, et sur la croix

Jésus, « devenu en tout semblable à nous, a consacré la plus grande partie de sa vie sur terre
au travail manuel, à son établi de charpentier », dans l'atelier de Joseph (cf. Mt 13, 55; Mc 6, 3),
à qui il était soumis (cf. Lc 2, 51). Jésus condamne le comportement du serviteur paresseux, qui
enfouit sous terre le talent (cf. Mt 25, 14-30) et loue le serviteur fidèle et prudent que le maître
trouve en train d'accomplir les tâches qu'il lui a confiées (cf. Mt 24, 46). Il décrit sa propre
mission comme une œuvre: « Mon Père est à l'œuvre jusqu'à présent et j'œuvre moi aussi »
(Jn 5, 17); et ses disciples comme des ouvriers dans la moisson du Seigneur, qui est l'humanité
à évangéliser (cf. Mt 9, 37-38). Pour ces ouvriers vaut le principe général selon lequel « l'ouvrier
mérite son salaire » (Lc 10, 7); ils sont autorisés à demeurer dans les maisons où ils sont
accueillis, à manger et à boire ce qui leur est offert (cf. ibid.).

Dans sa prédication, Jésus enseigne aux hommes à ne pas se laisser asservir par le travail. Ils
doivent se soucier avant tout de leur âme; gagner le monde entier n'est pas le but de leur vie
(cf. Mc 8, 36). De fait, les trésors de la terre se consument, tandis que les trésors du ciel sont
impérissables: c'est à ceux-ci qu'il faut lier son cœur (cf. Mt 6, 19-21). Le travail ne doit pas
angoisser (cf. Mt 6, 25.31.34): préoccupé et agité par bien des choses, l'homme risque de
négliger le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6, 33), dont il a vraiment besoin; tout le reste,
y compris le travail, ne trouve sa place, son sens et sa valeur que s'il est orienté vers l'unique
chose nécessaire, qui ne sera jamais enlevée (cf. Lc 10, 40-42).

Durant son ministère terrestre, Jésus travaille inlassablement, accomplissant des œuvres
puissantes pour libérer l'homme de la maladie, de la souffrance et de la mort. Le sabbat, que
l'Ancien Testament avait proposé comme jour de libération et qui, observé simplement pour la
forme, était vidé de sa signification authentique, est réaffirmé par Jésus dans sa valeur

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originelle: « Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat! » (Mc 2, 27). Par
les guérisons, accomplies en ce jour de repos (cf. Mt 12, 9-14; Mc 3, 1-6; Lc 6, 6-11; 13, 10-17;
14, 1-6), il veut démontrer que le sabbat est à lui, car il est vraiment le Fils de Dieu et que c'est
le jour où l'on doit se consacrer à Dieu et aux autres. Libérer du mal, pratiquer la fraternité et le
partage, c'est conférer au travail sa signification la plus noble, celle qui permet à l'humanité de
s'acheminer vers le Sabbat éternel, dans lequel le repos devient la fête à laquelle l'homme
aspire intérieurement. Précisément dans la mesure où il oriente l'humanité à faire l'expérience
du sabbat de Dieu et de sa vie conviviale, le travail inaugure sur la terre la nouvelle création. (
CDSE 259-261 )

Dans les Evangiles, il est très intéressant de mesurer combien la prédication de Jésus s'appuie
sur le travail des hommes, le gérant infidèle, le travail des champs, les talents à faire fructifier,
la pâte à pétrir, le ménage de la maison, le travail de la vigne, le travail de l'élevage : le bon
berger, la pèche, etc...

Il y a surtout un grand travail accompli par Jésus : si le travail est transformation des réalités
terrestres. La grande réalité que Jésus a transformée, c'est celle de la souffrance. Sur la croix,
Jésus a assumé tout ce que la condition humaine avait de violences, de douleurs, de
malédictions, pour mettre de l'amour là où il n'y en avait pas. Il n'est pas possible à l'homme
seul d'aimer quand il souffre. C'est pourquoi Jésus descend dans toute cette part de souffrance,
de ténèbres que l'homme connaît : il vient assumer la condition humaine pour la sauver. ‘Tout
ce qui n'est pas assumé n'est pas sauvé. ‘
Je crois que ce verbe ‘ assumer' est une des clefs du mystère du Christ, et de la lumière que
l'Evangile, et à sa suite la pensée sociale de l'Eglise apporte à nos quotidiens.

La Passion de Mel Gibson : "Voici que je fais toutes choses nouvelles"

8) Les lettres apostoliques

dans les lettres adressées aux premières communautés, les apôtres encouragent, corrigent les
fidèles dans leur participation à la vie civile, sociale. Certains pensaient que la fin des temps
était arrivée, et qu'il n'était plus nécessaire de travailler.

Rm 12,1-21Rm 12,6 : nous avons des dons qui différent selon la grâce qui nous a été
accordée... Sois vainqueur du mal par le bien Col 3,23 : quel que soit votre
travail faites-le avec âme Ep
4,28 : Celui qui volai, qu'il cesse de voler ; qu'il prenne plutôt la peine de travailler
honnêtement de ses mains, afin d'avoir de quoi partager avec celui qui est dans le
besoin
2Th 3,10-12 : qu'ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu'ils auront gagné

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Dialogue de Monsieur Vincent avec un pauvre :


« ah toi c'est autre chose !
-la fatalité !
-oui, mais il n'y a pas que la fatalité, il y a aussi la providence : le bon Dieu nourrit les petits
oiseaux, c'est entendu, mais ils passent leur journée à chercher leur nourriture ; c'est solide, çà.
Cà peut tenir une pelle !
-je ne trouve rien
- eh bien reviens demain, je t'aurais trouvé du travail, mais c'est le dernier pain que tu voles au
Bon Dieu, ton pain de demain, il sera à toi ! »

II. Hommes et femmes au travail :


rivalité, parité, complémentarité ?

LE PROJET DE DIEU

Créés à l'image de Dieu, nous devons travailler comme Dieu :


Or quand Dieu travaille, il sépare puis il ornemente

Jour 1 : Dieu sépare la lumière et la ténèbre


Jour 2 : Dieu sépare les eaux d'en haut et les eaux d'en bas
Jour 3 : Dieu sépare la terre et la mer, puis ornemente avec de la verdure, de l'herbe, des
arbres
Jour 4 : Dieu sépare le jour et la nuit ; et ornemente le ciel d'étoiles
Jour 5 : Dieu remplit la mer et l'air d'animaux
Jour 6 : Dieu créent les bêtes et bestiaux, puis l'homme et la femme

1) Séparer - distinguer. Dieu met de l'ordre dans ce qui n'en a pas.


« La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la
gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu. » ( LG n°31, Christifideles Laici
n°9 ) 2 ) Que la vie foisonne !

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Dieu veut la vie !, et non uniquement que tout soit bien à sa place ! Mon travail doit lui aussi
conduire à davantage de vie.

3) Dans le travail de Dieu, il y a des éléments masculins et féminins

Séparer c'est très masculin


Orner, faire éclater la vie, c'est très féminin

L'homme et la femme sont complémentaires dans le travail qui leur est confié.

La culture ambiante a souvent critiqué le fait que l'homme soit créé le premier, mais elle oublie
de voir que si l'homme est créé le premier, la femme est l'achèvement de la création : il y a
toujours cette complémentarité :
Exemples :
La femme a l'intuition, et souvent l'homme a l'initiative d'une solution, de la mise en marche.

L'homme conquiert un territoire, la femme l'humanise.


Comment la Genèse nous parle -t-elle de cette complémentarité homme femme ?

Homme

Tiré de la terre

La terre est extérieure à l'homme

extériorité
L'homme est expert en

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Homme et Femme sont créés à l'image de Dieu, qui est communion dans la distinction des personnes.

La femme est experte en communion, l'homme est expert en distinction.

C'est ensemble qu'ils sont image et ressemblance

Comme personne humaine, je suis construit par ce qui me distingue, autant que par ce qui me relie.

La personne humaine est centre de relation.

Être « centre » suppose une distinction

Être « de relation » suppose la communion

Il nomme les choses et les animaux ; il distingue, et sépare.

séparation
L'homme est expert en , en distinction

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Femme

Tirée de l'homme, de son côté, de son cœur.

La côte, le côté, le cœur est intérieur

intériorité
La femme est experte en . Elle est sentinelle de l'invisible

Elle enfante ; elle relie les êtres

relation
La femme est experte en . Elle possède une capacité d'autrui

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Par le travail, je développe l'expertise que Dieu m'a confiée, j'apprends à me


connaître moi-même, à connaître l'autre, et à connaître le monde dans lequel nous vivons.
J'ai aussi besoin de l ‘autre pour me connaître, parce qu'il est mon complément. Parmi les
valeurs fondamentales qui sont rattachées à la vie concrète de la femme, il y a ce qui est
appelé sa «capacité de l'autre». La femme garde l'intuition profonde que le meilleur de sa vie
est fait d'activités ordonnées à l'éveil de l'autre, à sa croissance, à sa protection, malgré le fait
qu'un certain discours féministe revendique les exigences «pour elle-même».

Cette intuition est liée à sa capacité physique de donner la vie. Vécue ou en puissance, une
telle capacité est une réalité qui structure la personnalité féminine en profondeur. Elle permet à
la femme d'acquérir très tôt la maturité, le sens de la valeur de la vie et des responsabilités
qu'elle comporte. Cela développe en elle le sens et le respect des choses concrètes, qui
s'opposent aux abstractions souvent mortifères pour l'existence des individus et de la société.
C'est elle enfin qui, même dans les situations les plus désespérées - et l'histoire passée et
présente en témoigne-, confère une capacité unique de faire face à l'adversité, de rendre la vie
encore possible même dans des situations extrêmes, de conserver avec obstination un sens de
l'avenir et enfin de rappeler, à travers les larmes, le prix de toute vie humaine. ( Lettre aux
évêques de l'Eglise Catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans l'Eglise et
dans le monde, Congrégation pour la Doctrine de la Foi Cardinal Ratzinger ; 31 mai 2004 )

LES CONSEQUENCES DE LA CHUTE ET LE SALUT

Aveuglés par le péché, l'homme et la femme mettent leur espérance dans leur activité au lieu
de la mettre en Dieu : pour l'homme, son travail devient sa providence, pour la femme son
affectivité. Le travail marqué par le péché, devient lieu de conflit, de servitude, il devient un
labeur. La relation marquée par le péché, n'est plus communion, mais inquiétude, domination,
séduction.

Dieu fait de chaque activité le lieu du salut. L'homme mangera son pain à la sueur de son front (
Gn 3,19), la femme sera sauvée par sa maternité ( Gn3,16 et Tm 2,15 ). ( en Hébreu, le futur
est le temps de l'inaccompli, et non l'impératif de condamnation ).

Le péché originel blesse en Adam son expertise en extériorité ; son rapport à la terre devient labeur : tu

C'est dans son travail que l'homme va cristalliser les difficultés dues au péché.

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SAINT JOSEPH

Il est l'homme du travail. Par son travail il prépare la vie publique de Jésus. Absent de cette vie publique

Le péché originel blesse en Eve son expertise en intériorité, qui devient une affectivité troublée. Elle pas

C'est dans sa relation aux autres, dans son affectivité que la femme va cristalliser les conséquences du

LA VIERGE MARIE

Elle est mère et épouse. Par sa relation, elle prépare la mission de Jésus. Pourtant, Jésus l'appelle « fem

Il faut aussi relever l'importance et la signification de la


différence des sexes en tant que réalité profondément inscrite dans l'homme et dans la femme.
«La sexualité caractérise l'homme et la femme non seulement sur le plan physique mais aussi
sur le plan psychologique et spirituel, marquant chacune de leurs expressions» Elle ne peut être
réduite à un simple donné biologique insignifiant; elle est plutôt «une composante fondamentale
de la personnalité, une de ses façons d'exister, de se manifester, de communiquer avec les

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autres, de ressentir, d'exprimer et de vivre l'amour humain». Cette capacité d'aimer, reflet et
image du Dieu Amour, trouve une de ses expressions dans le caractère sponsal du corps, dans
lequel s'inscrit le caractère masculin ou féminin de la personne. (...)

Ainsi, le masculin et le féminin se révèlent comme faisant ontologiquement partie de la création,


et donc destinés à subsister par-delà le temps présent, sous une forme évidemment
transfigurée. De cette manière, ils caractérisent l'amour qui «ne passera jamais» (1Co 13,8),
même si devient caduque l'expression temporelle et terrestre de la sexualité, ordonnée à une
forme de vie marquée par la génération et par la mort. Le célibat consacré pour le Royaume
veut être la prophétie de cette forme d'existence future du masculin et du féminin. Pour ceux qui
le vivent, il anticipe la réalité d'une vie qui, tout en restant celle d'un homme et d'une femme, ne
sera plus assujettie aux limites présentes de la relation conjugale (cf. Mt 22,30). D'autre part,
pour ceux qui vivent la vie conjugale, un tel état de vie devient un rappel et une prophétie de
l'accomplissement que trouvera leur relation dans le face-à- face avec Dieu.

Différents depuis le début de la création et demeurant tels jusque dans l'éternité, l'homme et la
femme, insérés dans le mystère pascal du Christ, ne saisissent donc plus leur différence
comme un motif de discorde qu'il faut dépasser par la négation ou par le nivelage, mais comme
une possibilité de collaboration qu'il faut cultiver par le respect réciproque de leur différence.

( Lettre aux évêques de l'Eglise Catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans
l'Eglise et dans le monde, Congrégation pour la Doctrine de la Foi Cardinal Ratzinger ; 31 mai
2004 )

Comme partage, ensemble, ou en couples, je vous propose de rechercher ces


complémentarités.

III. Travail, repos et Eucharistie

1) Le Shabbat

Dès les premiers chapitres de la genèse, est présentée à l'homme comme exemple le travail de
Dieu, et le repos de Dieu,

Gn 2,2 : Dieu acheva le septième jour l'œuvre qu'il avait faite, il arrêta au septième jour

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l'œuvre qu'il faisait. Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté
toute l'œuvre que lui-même avait créée par son action.

Ce repos ( shabbat veut dire ‘cessation' ) du septième jour prendra des significations différentes
dans l'histoire d'Israël :
1- c'est la garantie du repos de l'homme

Ex23,12 : six jours tu feras ce que tu as à faire, mais le septième jour, tu chômeras, afin
que ton bœuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l'émigré reprennent
leur souffle.

2- Dieu a achevé son œuvre

Ex 20.8-11 : le Seigneur s'est reposé le septième jour

3- Dieu a fait sortir son peuple d'Egypte : c'est une libération de la servitude :

Dt 5,12-15 : tu te souviendras qu'au pays d'Egypte tu étais esclave,et que le Seigneur


ton Dieu t'a fait sortir de là d'une main forte et le bras étendu ; c'est pourquoi le Seigneur
ton Dieu t'a ordonné de pratiquer le jour du shabbat.

4- La théologie sacerdotale a aussi instituée des shabbats d'années : tous les sept ans, et tous
les sept fois sept ans, un jubilé qui est fêtée la cinquantième année.
La septième année sera un shabbat, une année de repos pour la terre, un shabbat pour le
Seigneur.
C'est un rappel que la terre appartient au Seigneur, et ne peut être aliéné définitivement.
(Lv 25, 1-54 ) ( cf les principes de la DSE : la destination universelle des biens )

Le sens du sabbat, c'est d'entrer dans le repos de Dieu : (cf Ps 95, et Hb 3,7 -4,11 )

Jamais ils n'entreront dans mon repos. (Ps 94-95,11)

Donc

- Je travaille pour contempler, ( et non je me repose pour mieux travailler )


- La finalité du travail, c'est de servir dans l'amour, et non d'être parfait ( l'exactitude par
amour,et non l'amour de l'exactitude ) : le travail ne suffit pas à l'amour, puisqu'il n'est pas bon
que l'homme soit seul. Ce qui est bon, c'est l'amour dans le travail, et non le travail lui-même.
La Genèse ne dit pas «'et Dieu vit que cela était parfait' », mais « Dieu vit que cela était bon »

- L'essentiel n'est pas le résultat, mais la croissance.

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Passer du travail au repos, c'est aussi passer des choses qu'il faut dominer aux personnes que
je renonce à dominer ; je connais une chose quand je la domine, je connais une personne
quand je renonce à la dominer pour qu'elle existe.
Entrer dans le repos, c'est mettre une limite à sa volonté de puissance.

Le sommet de l'enseignement biblique sur le travail est le commandement du repos


sabbatique. Le repos ouvre à l'homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d'une liberté
plus pleine, celle du Sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes d'évoquer et
de revivre les œuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux- mêmes
comme son œuvre (cf. Ep 2, 10) et de rendre grâce pour leur vie et leur subsistance, à lui qui
en est l'Auteur.
La mémoire et l'expérience du sabbat constituent un rempart contre l'asservissement au travail,
volontaire ou imposé, et contre toute forme d'exploitation, larvée ou évidente. De fait, le repos
sabbatique a été institué non seulement pour permettre la participation au culte de Dieu mais
aussi pour défendre le pauvre; il a aussi une fonction libératrice des dégénérescences
anti-sociales du travail humain. Ce repos, qui peut aussi durer un an, comporte en effet une
expropriation des fruits de la terre en faveur des pauvres et, pour les possesseurs de la terre, la
suspension des droits de propriété: « Pendant six ans tu ensemenceras la terre et tu en
engrangeras le produit. Mais la septième année, tu la laisseras en jachère et tu en
abandonneras le produit; les pauvres de ton peuple le mangeront et les bêtes des champs
mangeront ce qu'ils auront laissé. Tu feras de même pour ta vigne et pour ton olivier » (Ex 23,
10-11). Cette coutume répond à une intuition profonde: l'accumulation des biens par certains
peut conduire à une soustraction des biens à d'autres. ( CDSE n° 258)

2) Le Dimanche

Les chrétiens sont issus des juifs, mais ils ont progressivement abandonné la pratique du
shabbat pour celle du dimanche.

St Ignace d'Antioche : « ceux qui vivaient selon l'ancien ordre des choses sont venus à la
nouvelle espérance, n'observant plus le shabbat, mais le jour du Seigneur, en lequel notre vie
est bénie par lui et par sa mort. »

Les chrétiens, percevant l'originalité du temps nouveau et définitif inauguré par le Christ, ont
pris comme jour de fête le premier jour après le sabbat, parce que ce jour-là a eu lieu la
résurrection du Seigneur. Le mystère pascal du Christ constitue, en effet, la pleine révélation du
mystère des origines, le sommet de l'histoire du salut et l'anticipation de l'accomplissement
eschatologique du monde. Ce que Dieu a opéré dans la création et ce qu'il a fait pour son
peuple dans l'Exode a trouvé son accomplissement dans la mort et la résurrection du Christ,
même si son expression définitive n'aura lieu que dans la parousie par la venue du Christ en
gloire. En lui se réalise pleinement le sens « spirituel » du sabbat, ainsi que le souligne saint

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Grégoire le Grand: « Nous considérons que la personne de notre Rédempteur, notre Seigneur
Jésus Christ, est le vrai sabbat ».(14) C'est pourquoi la joie avec laquelle Dieu contemple, au
premier sabbat de l'humanité, la création tirée du néant est désormais exprimée par la joie avec
laquelle le Christ est apparu aux siens le dimanche de Pâques, apportant le don de la paix et de
l'Esprit (cf. Jn 20,19-23). En effet, dans le mystère pascal, la condition humaine, et avec elle la
création tout entière, qui « jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement » (Rm 8,22), a connu
son nouvel « exode » vers la liberté des fils de Dieu qui peuvent crier, avec le Christ, « Abba,
Père » (Rm 8,15; Ga 4,6). A la lumière de ce mystère, le sens du précepte vétérotestamentaire
sur le jour du Seigneur est repris, intégré et pleinement dévoilé dans la gloire qui brille sur le
visage du Christ ressuscité (cf. 2 Co 4,6). Du « sabbat », on passe au « premier jour après le
sabbat », du septième jour, au premier jour: le dies Domini devient le dies Christi! (DD)

Le dimanche est aussi jour de repos

Il est particulièrement urgent, à notre époque, de rappeler que le Jour du Seigneur est aussi le
jour du repos par rapport au travail. Nous souhaitons vivement que cela soit aussi reconnu
comme tel par la société civile, de sorte qu'il soit possible d'être libre des activités du travail
sans être pour autant pénalisé. En effet, les chrétiens, en relation avec la signification du sabbat
dans la tradition juive, ont toujours vu également dans le Jour du Seigneur le jour du repos du
labeur quotidien. Cela a un sens précis, constituant une relativisation du travail, qui est ordonné
à l'homme: le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail. Il est facile de saisir la
protection qui en découle pour l'homme lui- même, qui est ainsi émancipé d'une possible forme
d'esclavage. Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer, « le travail est de première importance pour
la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il convient
qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service
du bien commun. En même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir
par le travail, qu'il n'en fasse pas une idole, prétendant trouver en lui le sens ultime et définitif de
la vie ». C'est dans le jour consacré à Dieu que l'homme comprend le sens de son existence
ainsi que de son travail. ( Sacramentum Caritatis n° 74 )

Le sens du dimanche, c'est d'accueillir le travail de Dieu, qui vient achever le huitième jour ce
qu'il a confié à l'homme le sixième jour. Je dois passer de ‘mon travail sur le monde' au ‘travail
de Dieu', qui transforme le monde. Ce travail, c'est « tout récapituler dans le Christ » ( Ep 1, 10 )

1- c'est le huitième jour et en même temps le premier jour , donc une nouvelle création.
2- C'est le jour d'après, c'est donc un symbole de la vie éternelle
3- le jour du Seigneur est jour du Christ ressuscité, jour du soleil, le Christ lumière : ‘Sunday'
4- c'est le jour du don de l'esprit, cinquante jours après la Pâque, la Pentecôte

Voici les critères que l'Eglise donne pour la journée du dimanche :

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Le travail, une malédiction ?

Écrit par Thierry Coustenoble - Foyer de Courset

- le culte dû à Dieu
- la joie propre au jour du Seigneur
- la pratique des œuvres de miséricorde
- la détente convenable de l'esprit et du corps

( CEC n° 2185 )

3) L'Eucharistie
Jn 6,27-29 : "Il faut vous mettre à l'œuvre pour obtenir, non pas cette nourriture
périssable, mais la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que le Fils de l'Homme
vous donnera, car c'est lui que le Père, qui est Dieu, a marqué de son sceau." Ils lui
dirent alors : " Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?" Jésus leur
répondit : " l'œuvre de Dieu, c'est de croire en celui qu'il a envoyé."

a) L'offertoire.

A la messe, quel sens donnons-nous à l'offertoire ?


Le pain est appelé fruit de la terre et du travail des hommes,il deviendra le pain de la vie
le vin est appelé fruit de la vigne, du soleil et du travail des hommes. Il deviendra le vin du
Royaume.
La messe,c'est le travail de Dieu sur le monde, cela suppose de passer de mon travail, au
travail de Dieu. Je dois alors me laisser travailler. On comprend bien comment les chrétiens ont
vu dans la messe l'accomplissement du sens du shabbat

Les Pères synodaux ont aussi attiré l'attention sur la présentation des dons. Il ne s'agit pas
simplement d'une sorte de « pause » entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique.
Cela supprimerait, entre autres, le sens de l'unique rite composé de deux parties liées entre
elles. Dans ce geste humble et simple, se manifeste, en réalité, une signification très grande:
dans le pain et dans le vin que nous apportons à l'autel, toute la création est assumée par le
Christ Rédempteur pour être transformée et présentée au Père. (144) Dans cette perspective,
nous portons aussi à l'autel toute la souffrance et toute la douleur du monde, dans la certitude
que tout est précieux aux yeux de Dieu. Ce geste, pour être vécu dans sa signification
authentique, n'a pas besoin d'être amplifié par des complications inopportunes. Il permet de
mettre en valeur la participation que Dieu demande à l'homme, dès les origines, pour porter à
son accomplissement l'œuvre divine en lui et pour donner ainsi un sens plénier au travail
humain, qui, par la célébration eucharistique, est uni au sacrifice rédempteur du Christ. ( SC n°
47 )

b) La communion

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Le travail, une malédiction ?

Écrit par Thierry Coustenoble - Foyer de Courset

L'Eucharistie, est à la fois une célébration de communion avec le Christ, et un mémorial de son
sacrifice.

La sueur et la peine que le travail comporte nécessairement dans la condition présente de


l'humanité offrent au chrétien et à tout homme qui est appelé, lui aussi, à suivre le Christ, la
possibilité de participer dans l'amour à l'oeuvre que le Christ est venu accomplir. Cette oeuvre
de salut s'est réalisée par la souffrance et la mort sur la croix. En supportant la peine du travail
en union avec le Christ crucifié pour nous, l'homme collabore en quelque manière avec le Fils
de Dieu à la rédemption de l'humanité. Il se montre le véritable disciple de Jésus en portant à
son tour la croix chaque jour dans l'activité qui est la sienne.

Le Christ, «en acceptant de mourir pour nous tous, pécheurs, nous apprend, par son exemple,
que nous devons aussi porter cette croix que la chair et le monde font peser sur les épaules de
ceux qui poursuivent la justice et la paix»; en même temps, cependant, «constitué Seigneur par
sa résurrection, le Christ, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la terre, agit désormais
dans le coeur des hommes par la puissance de son Esprit, il purifie et fortifie ces aspirations
généreuses par lesquelles la famille humaine cherche à rendre sa vie plus humaine et à
soumettre à cette fin la terre entière» .
Dans le travail de l'homme, le chrétien retrouve une petite part de la croix du Christ et l'accepte
dans l'esprit de rédemption avec lequel le Christ a accepté sa croix pour nous. Dans le travail,
grâce à la lumière dont nous pénètre la résurrection du Christ, nous trouvons toujours une lueur
de la vie nouvelle, du bien nouveau, nous trouvons comme une annonce des «cieux nouveaux
et de la terre nouvelle» auxquels participent l'homme et le monde précisément par la peine au
travail. Par la peine, et jamais sans elle. D'une part, cela confirme que la croix est indispensable
dans la spiritualité du travail; mais, d'autre part, un bien nouveau se révèle dans cette croix
qu'est la peine, un bien nouveau qui débute par le travail lui-même, par le travail entendu dans
toute sa profondeur et tous ses aspects, et jamais sans lui.

Ce bien nouveau, fruit du travail humain, est-il déjà une petite part de cette «terre nouvelle» où
habite la justice? Dans quel rapport est-il avec la résurrection du Christ, s'il est vrai que les
multiples peines du travail de l'homme sont une petite part de la croix du Christ? Le Concile
cherche à répondre aussi à cette question en puisant la lumière aux sources mêmes de la
parole révélée: «Certes, nous savons bien qu'il ne sert à rien à l'homme de gagner l'univers s'il
vient à se perdre lui-même (cf. Lc 9, 25). Cependant, l'attente de la terre nouvelle, loin d'affaiblir
en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller: le corps de la nouvelle famille
humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C'est pourquoi, s'il faut
soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a
cependant beaucoup d'importance pour le Royaume de Dieu».
Laborem exercens, Jean Paul II, sept 1981

c) L'envoi

L'Eucharistie nous envoie à notre tâche, avec une nouvelle force, celle du Christ, qui par nos
mains, va continuer, va rendre présent son œuvre de salut.

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Le travail, une malédiction ?

Écrit par Thierry Coustenoble - Foyer de Courset

Le mystère de l'Eucharistie nous rend aptes et nous pousse à un engagement courageux dans
les structures de notre monde, pour y apporter la nouveauté de relations qui a sa source
inépuisable dans le don de Dieu. La prière que nous reprenons à chaque Messe: « Donne-nous
notre pain de ce jour », nous oblige à faire tout notre possible, en collaboration avec les
institutions internationales, publiques et privées, pour que cesse ou au moins pour que diminue
dans le monde le scandale de la faim et de la sous-alimentation dont souffrent des millions de
personnes, surtout dans les pays en voie de développement. Le chrétien laïc en particulier,
formé à l'école de l'Eucharistie, est appelé à assumer directement sa responsabilité politique et
sociale. Pour qu'il puisse accomplir ses tâches d'une manière appropriée, il convient de le
préparer par une éducation concrète à la charité et à la justice. C'est pourquoi, comme le
Synode l'a demandé, il est nécessaire que, dans les diocèses et dans les communautés
chrétiennes, on fasse connaître et on promeuve la doctrine sociale de l'Église. (248) Dans ce
patrimoine précieux, provenant de la plus antique tradition ecclésiale, nous trouvons les
éléments qui orientent, de manière très sage, le comportement des chrétiens face aux
questions sociales brûlantes. Cette doctrine, mûrie tout au long de l'histoire bimillénaire de
l'Église, se caractérise par son réalisme et son équilibre, aidant ainsi à éviter les compromis
erronés ou les vagues utopies. ( SC 91 )

Conclusion :

Travailler, c'est participer à l'œuvre créatrice et rédemptrice de Dieu qui nous conduit à vivre de
lui, à entrer dans son repos. Travailler, c'est célébrer, c'est entrer en Eucharistie.

L'activité humaine d'enrichissement et de transformation de l'univers peut et doit faire


apparaître les perfections qui y sont cachées et qui, dans le Verbe incréé, trouvent leur principe
et leur modèle. De fait, les écrits de Paul et de Jean mettent en lumière la dimension trinitaire
de la création et, en particulier, le lien qui existe entre le Fils-Verbe, le « Logos », et la création
(cf. Jn 1, 3; 1 Co 8, 6; Col 1, 15-17). Créé en lui et par lui, racheté par lui, l'univers n'est pas un
amas occasionnel, mais un « cosmos »,574 dont l'homme doit découvrir l'ordre, le favoriser et
le porter à son achèvement: « En Jésus-Christ, le monde visible, créé par Dieu pour l'homme -
ce monde qui, lorsque le péché y est entré, a été soumis à la caducité (Rm 8, 20; cf. ibid., 8,
19-22) -, retrouve de nouveau son lien originaire avec la source divine de la sagesse et de
l'amour ».575 De la sorte, c'est-à- dire en mettant en lumière, en une progression croissante «
les insondables richesses du Christ » (Ep 3, 8), dans la création, le travail humain se transforme
en un service rendu à la grandeur de Dieu.

Le travail représente une dimension fondamentale de l'existence humaine comme participation

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Le travail, une malédiction ?

Écrit par Thierry Coustenoble - Foyer de Courset

à l'œuvre non seulement de la création, mais aussi de la rédemption. Celui qui supporte la
fatigue pénible du travail en union avec Jésus, coopère en un certain sens avec le Fils de Dieu
à son œuvre rédemptrice et témoigne qu'il est disciple du Christ en portant la Croix, chaque
jour, dans l'activité qu'il est appelé à accomplir. Dans cette perspective, le travail peut être
considéré comme un moyen de sanctification et une animation des réalités terrestres dans
l'Esprit du Christ.576 Ainsi conçu, le travail est une expression de la pleine humanité de
l'homme, dans sa condition historique et dans son orientation eschatologique: son action libre et
responsable en dévoile la relation intime avec le Créateur et le potentiel créatif, tandis que
chaque jour il combat contre la défiguration du péché, notamment en gagnant son pain à la
sueur de son front. (CDSE 262-263 )

Abréviations :

CDSE : compendium de la doctrine sociale de l'Eglise 2004


CEC : Catéchisme de l'Eglise Catholique 1992
LE Laborem Exercens JP II 1981
LG Lumen Gentium
GS Gaudium et Spes

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