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Richard Long

Richard Long est né à Bristol en 1945. Citoyen du monde, il vit et travaille à Bristol.

Dans les années 60, nombreux artistes


veulent quitter le circuit des galeries et
des musées et souhaitent intervenir di-
rectement dans le monde réel, dans les
paysages naturels, c'est le mouvement
Land Art.
L’exposition Earthworks, à New York en
octobre 1968, peut marquer le début du
Land Art. Mais il ne s’agit pas vraiment
d’un mouvement à proprement parler, il
s’agit plutôt d’un entrecroisement de pra-
tiques d’artistes qui appartiennent tous à la
même génération intellectuelle et qui ont
tous participé de près ou de loin au mini-
malisme américain. Ils cherchaient alors
tous à fuir le modernisme et souhaitaient
relier l’art à la vie, ne plus faire d’œuvres destinées exclusivement aux galeries ou aux musées. Ils
voulaient que leur atelier devienne la nature, le désert et non plus quelque chose de fermé. L’essai
de Robert Smithson, Sedimentation of the mind : earth projects, écrit en 1968, peut cependant être
considéré comme le manifeste de ce mouvement.

Les artistes utilisent les éléments de la nature pour créer leurs œuvres. Ils interviennent di-
rectement sur la nature. Ils veulent mettre en valeur la mémoire et le passé intemporel des
lieux, essentiellement sauvages. Ils les marquent en traçant des lignes, en déplaçant des
rochers… Cependant, certains artistes intègrent à la nature des éléments extérieurs, des moyens
technologiques ou produits manufacturés pour réaliser leurs œuvres. C’est ce qu’on appelle des
Earthworks. Le medium est la terre même mais elle est modifiée, déplacée, recouverte par autre
chose.

La plupart des réalisations ont été effectuées dans les grands déserts américains, ou dans
des carrières abandonnées, souvent à échelle monumentale. L’œuvre s’inscrit dans l’espace
et ne fait plus qu’un avec celui-là.
Ce dialogue avec l’environnement a été engagé par le mouvement minimaliste et revendique un
espace architectural comme espace d’exposition et de production. Il n’y a donc plus de séparation
entre l’atelier et le lieu d’exposition.
Cette notion d’échelle, souvent gigantesque, entraîne le corps dans un rapport assez parti-
culier avec l’œuvre, tout un jeu d’échelle se met en place et est à la base du Land Art.

Ce jeu d’échelle provoque chez le spectateur « un flottement existentiel », ce dernier perd ses
repères, il est envahi par l’œuvre. Sa perception de l’espace est chamboulée, il n’est plus seule-
ment spectateur, mais aussi découvreur. Il doit rentrer dans l’œuvre et il la découvre en la par-
courant, en marchant à l’intérieur de celle-ci.
De ce fait, il fait partie de l’espace-temps de l’œuvre.

Etant donné que l’œuvre est réalisée dans la nature elle-même, elle est laissée en proie de
celle-ci, elle subira les changements de la nature.
Ainsi, les artistes renoncent à un contrôle absolu sur leurs œuvres. La nature s’occupera d’achev-
er ces dernières. On peut donc considérer ces œuvres comme éphémères vu qu’elles sont
soumises aux changements de la nature et qu’elles peuvent disparaître, mais on peut aussi les
considérer comme durables.
Ces changements sont inscrits dans l’œuvre, les processus de modifications et de dégradations
font partie d'elle. Il s’agit de ce fait d’œuvres in situ. Elles ne peuvent êtres déplacées et ne sont
pas facilement visibles par le public étant donné qu’elles sont souvent réalisées dans des lieux très
éloignés.

Ainsi, la photographie a une place importante dans le mouvement. Elle permet aux specta-
teurs de prendre connaissances des œuvres mais aussi elle les réintroduit dans les musées et ga-
leries d’art. Cette mise en visibilité entraîne un financement possible pour l’artiste pour ses
prochaines œuvres. Les photos sont souvent accompagnées de croquis, de dessins, de textes et
de vidéos.

La plupart des artistes du Land Art sont américains, mais l’anglais Richard Long est aussi
rattaché à ce mouvement. Il est connu pour ses marches dans le désert. Il marche depuis 1964
(il était encore étudiant), il parcourt le monde d’exposition en l’explorant.
Le paysage traversé est vécu, une trace de celui qui est passé est laissée.
Ainsi, la marche est l’outil de Richard Long et le territoire son matériau.
De ses interventions, il fait des photographies qu’il expose. Il s’agit de photos noir et blanc, où
il n’y a qu’une légende indiquant le lieu, l’année et la durée de la marche. Il déplace aussi des
éléments pour effectuer des lignes comme Mirage, il n’arrache pas les éléments de la nature, il les
contraint juste à une forme de ligne, de cercle.

• «Ce qui me distingue de mes confrères du Land Art, les Américains notamment, c'est qu'eux font
des monuments. Mon travail est le fait d'un individualiste. Je peux le faire seul. Et je le fais seul.
Sans assistant, sans avion, sans machine. Avec mes pieds, mes mains, ma propre énergie. Au
fond, je suis un artiste paysagiste ! La nature est le cœur de mon travail». Richard LONG
• «Mon travail, c’est l’antithèse de ce qu’on appelle le Land Art américain. (…) Marcher dans l’Hi-
malaya…C’est une façon de toucher la terre avec plus de légèreté, et cela suppose un engage-
ment personnel plus physique qu’un artiste qui planifie un grand « earthwork » réalisé ensuite
par des bulldozers. J’admire l’esprit des Indiens d’Amérique plus que celui des land-artistes.».
Richard LONG

Démarche Artistique

Depuis maintenant plusieurs années Richard Long est reconnu en tant qu’artiste. Un peintre ? Un
sculpteur ? Non, Richard Long marche. Il ne sculpte pas, il se déplace, il trace, il marche. Sa
volonté de « faire de l’art en marchant » lui sert à percevoir et faire percevoir des sensations et des
sentiments. Ses œuvres, autant esthétiques que grandioses, sont alors tout un travail sur le
temps, l’éphémère et l’éternité : les pierres restent alors que les autres matériaux évoluent, se
transforment.

• «La nature a toujours été reproduite par les artistes, des peintures contemporaines préhis-
toriques à la photographie de paysage du XXe siècle. Je voulais moi aussi faire de la nature le su-
jet de mon travail, mais de façon nouvelle. J’ai commencé par travailler à l’extérieur en me servant
de matériaux naturels comme l’herbe et l’eau, ce qui a évolué jusqu’à l’idée de faire une sculpture
en marchant.». Richard LONG

Richard LONG fait partie des fondateurs du land art, mais son travail ne se conçoit que dans le
mouvement, au rythme d’un pas dont il choisit la cadence. Posé le temps d’une traversée sur
chaque continent, son art se veut anonyme, non daté, voué à l’éphémère : entre la tentation
du grandiose et la modestie de l’empreinte.

Depuis, il n’a cessé de marcher, de tracer lignes et cercles, en creux ou en plein. Cercles de
pierres assemblées, empreintes de ses pas sur le sable ou la neige, ou restes d’un feu de camp
forgent une œuvre éphémère. La marche devient libératrice d’une fantaisie très ordonnée, où l’ef-
fort physique côtoie le ludique. "Elle est un bon moyen de penser", dit-il. Et elle l’autorise à pro-
longer dans sa vie d’adultes des plaisirs enfantins, et gratuits : jeter des pierres, ou faire des
châteaux de sable.
Il a marché dans les landes et tourbières d’Irlande, dans les Highlands écossaises, dans les
landes du Yorkshire, au Sahara, en Laponie, au Ladakh, sur la côte pacifique du Japon,
dans le bush australien. Seul critère pour les lieux choisis : leur désertion par l’humain.
S’il consigne ses rencontres de matériaux, de paysages, de changements de climats, et parfois
d’animaux, la rencontre humaine est absente de l’oeuvre, ou présente uniquement en creux,
comme trace d’un ancien passage. Il cherche le vide, la terre comme page vierge, l’espace
comme abstraction où tracer sa route et ses lignes, marcher et sculpter à la fois. Acte premier et
formes basiques, à partir desquelles il a décliné une gamme de variations infinies : cercles de
pierres, de bois, de boue ; marches de quelques heures ou de plusieurs centaines de kilomètres
et plusieurs mois ; parcours dévolus à l’observation de la terre, du ciel, des vents, des sommets ?

Au fil des multiples photographies, dans ses catalogues, on est renvoyé à l’idée de primitif : il est
tentant d’associer ces cercles de pierres aux cercles celtiques rituels par exemple. Mais Richard
Long évacue l’idée religieuse liée à sa sculpture. Ses rituels sont à la fois physiques et
formalistes : porter des pierres d’un lieu à un autre pour ralentir la marche ; choisir de substituer
méthodiquement un objet trouvé à un autre, "une pierre à une plume, un coquillage une pierre, un
crabe à un coquillage". Formellement, sa
démarche s’apparente plutôt plutôt à
celle des constructivistes : il super-
pose sa géométrie rigoureuse à la na-
ture, invente des routes qui n’existent
pas, crée du rectiligne et du circulaire
dans l’espace chaotique. On peut aussi
relier sa démarche à celle des jardins
zen, lorsqu’il crée un cercle en vidant
l’espace de ses pierres ou qu’il creuse
une ligne dans le sable : le creux, la trace,
sont là pour révéler le paysage, lui donner
un centre et un point de vue subjectif.
Chaque marche est construite sur un
élément, matériel ou immatériel : le temps
et la distance, le vent, le bois, la pierre, le
sable, la neige, et sur la répétitivité du geste : marcher, transporter, creuser... "Une marche est une
suite de pas, une ligne une suite de pierres. Chaque sculpture est un arrêt, la rencontre du pas
avec le lieu". Les deux sont imbriquées et complémentaires. La répétition du geste renvoie elle-
aussi aux rituels des artistes d’Extrême-Orient : autant que conceptuel, son travail renoue avec
l’emprise physique du sculpteur sur le matériau, délétère comme la neige ou pesant comme le
soleil. Dans le film que lui consacre Philippe Haas: Des pierres et des mouches, on ressent l’effort,
la chaleur écrasante, la poussière.

Randonner renvoie au mot anglais random (hasard), mais l’aléatoire, chez Richard Long, obéit à
un cadre strict : celui de la trajectoire et de la durée. Chaque oeuvre est précisément située dans
l’espace et le temps : 11 miles sous le ciel/marche en cercle de 60 minutes à Dartmoor, Ligne de
vent/marche en ligne en direction du nord à Dartmoor... À partir de là, toutes les rencontres -
matériaux, vents changeants, animaux-, deviennent la source d’une combinatoire infinie d’élé-
ments.

Ordonnance rigoureuse mais quasi dérisoire, et volontairement éphémère : Sitôt l’installation fixée
sur la pellicule, Richard Long détruit la plupart des œuvres que la nature serait susceptible
d’épargner (cercles de pierre notamment). "J’ai le souci de respecter l’espace, précise-t-il. Je
prends conscience de la présence d’autres voyageurs passés avant moi, je vois d’autres cercles,
j’utilise parfois leurs feux.. Je veux que mes oeuvres restent anonymes et non datées. Je suis
l’héritier de ceux, animaux et humains, qui sont passés par là …
Marcher

Marcher possède sa propre histoire: des pèlerins aux poètes marcheurs japonais, des roman-
tiques anglais aux marcheurs contemporains, marcher permet d’explorer les relations entre le
temps, la distance, la géographie et la mesure. La première marche de Richard Long, en 1967, a
été une ligne droite dans un pré, un chemin vers « nulle part ». Son intention était de faire un art
nouveau qui soit également une nouvelle façon de marcher : marcher en tant qu’art.

* «Mon travail est en relation avec la vision, le paysage et le temps : il y est question de se déplac-
er à travers le paysage, et de faire réellement des sculptures, probablement temporaires, sur un
parcours. […] J’essaie d’utiliser la terre avec respect, de la même façon que les Indiens
d’Amérique avant l’arrivée des Blancs. Et par le simple fait de marcher, je peux faire de l’art sur
une échelle fantastique, en termes de kilométrage. Faire une pareille marche est aussi un en-
gagement physique mais c’est aussi quelque chose que j’aime faire. Il me semble que la première
chose est de tirer son art de quelque chose qui vous donne du plaisir.». Richard LONG

Mais Richard Long ne marche pas de manière anodine. Il est dans son monde et il voyage, il rêve,
il compte. Tous ces travaux faits en marchant ont un rapport avec son corps et ses mouvements.
Rien n’est laissé au hasard et chaque pierre, chaque ligne tracée est en rapport avec le nombre de
pas qu’il fait et le mouvement qu’il amorce. Puis, il y a aussi ce sentiment de liberté que Richard
Long éprouve à chaque fois qu’il part.
* «Le fait d’être artiste en marchant me donne aussi l’occasion d’aller librement dans de mag-
nifiques paysages. Cela me donne une grande indépendance. Tout ce dont j’ai besoin, c’est
d’avoir ma tente sur le dos et de pouvoir trouver de l’eau. La trace, ce qui reste en tant qu’art, agit
surtout dans l’imagination du spectateur. ». Richard LONG

Présentation d'une oeuvre de Richard Long «A Line made by Walking».

Cette œuvre est séminale datant de 1967, elle


tient lieu de programme. En effet, une ligne faite
en marchant, sera pour lui un concept évolutif
reposant sur le fait que l’art est fait en arpentant
le lieu, que des photographies seront réalisées
pendant le chemin et que les marches sont
établies à partir de textes, les Textworks.

Richard Long donne à voir l'expérience de la


marche. L'espace et la durée de son oeuvre se
crée par la marche. La ligne permet un redéfini-
tion du lieu et une nouvelle identité à un axe ce
qui entraîne de la perspective et de la
géométrie. De plus, grâce à celle-ci l'espace est
coupé, séparé en deux. Cette ligne tracé au sol
peut être comme une ligne de vie qui va vers
l'infinie ou s'arrête en chemin.
C'est une oeuvre in situe qui se veut éphémère.
Richard Long prend cette photo comme moyen
de témoignage de son oeuvre et cela là rend
immortel. C'est le témoignage d'un événement.
Le cadrage de la photo est un moyen dans
lequel on introduit la géométrie là où il n'y en a
pas.
Sculpter en Marchant

Depuis les années 1970, Richard LONG a rompu avec les principes de la sculpture traditionnelle
en concevant des œuvres hors atelier, dans la nature même pour rétablir et ré-expérimenter une
relation de l’homme avec la réalité brute qui l’environne :
* «J’ai commencé à travailler en extérieur, utilisant des matériaux naturels comme l’herbe et l’eau
et c’est ainsi que je suis venu à l’idée de faire de la sculpture en marchant.». Richard LONG

A la fois sculpteur, peintre et photographe, Richard Long trouve son inspiration lors de ses prome-
nades, la marche devenant le moyen immédiat et pratique d’établir des connections entre l’art et la
nature. Des photographies représentant ses longs périples dans la nature accompagnent
généralement ses réalisations. Dans son œuvre, Richard Long s’attache à exprimer l’esprit des
lieux.

Il compose des sculptures éphémères in situ, laisse des "traces en trois dimensions" : cercles,
lignes, courbes de pierre. Il photographie, date ses mini-tumulus et annote des relevés
topographiques. Il récolte des fragments de mousses et de cailloux, de bois et d’écorces pour
réaliser des installations dans les galeries ou les musées. Depuis 1980, il pétrit de la terre et exé-
cute, au sol ou sur les murs, de grands disques, les Dessins de boue. Ces empreintes accusent le
caractère autobiographique de son travail, car la terre provient de l’Avon (la rivière de sa ville na-
tale) ou d’une de ses étapes, elles prennent souvent la forme de ses mains. Elles rappellent les
liens entre son œuvre et l’art primitif, qu’il s’agisse des traces, des mégalithes ou des blocs de
granit. Ses sculptures de paysages occupent un territoire entre deux positions idéologiques : faire
des monuments ou l’inverse, ne laisser que des empreintes de pas.

Matériaux

Eloge de la fragilité, de l’éphémère, on voit ainsi apparaître dans le travail de Richard Long toute
l’importance de la nature. Et c’est avec le plus grand des respects qu’il part ainsi marcher à travers
la nature, cette nature fragile qui existe comme une interrogation de notre devenir et de notre
présence sur terre.

En marchant, il va créer avec les matériaux qu’il trouve sur place, il n’intègre rien. Dès ses pre-
miers travaux, on voit chez Long se dessiner les principes fondamentaux de son œuvre : il
renonce à des interventions sur la nature et n’utilise aucun matériau étranger à celle-ci. Ces
matériaux dits archaïques sont : l’eau, la terre, la boue, le bois, les pierres et cailloux, les ardoises,
le varech… Il utilise ces matériaux parce qu’il les aime. Pour les pièces réalisées en intérieur, il
s’est même déplacé à chaque fois pour les choisir.
Un des matériaux que l’on retrouve régulièrement dans le
travail de Richard Long est la boue, mélange de terre et
d’eau. Et comme nous l’avons vu plus tôt, l’eau a une
importance majeure dans son travail.

Eau: Les significations de l’eau peuvent se réduire à 3


thèmes dominants : source de vie, moyen de purification
et centre de régénérescence.

Terre: Elle symbolise la fonction maternelle puisque uni-


versellement, la terre est une matrice qui conçoit les
sources, les minerais et les métaux. Assimilée à la mère,
elle est symbole de fécondité et de régénération.

Boue: Mélange de terre et d’eau, elle symbolise la


matière primordiale et féconde. Chez Long, la boue, qu’il
emploie sans autre instrument que ses mains, est un matériau récurrent qui sert aussi aux projec-
tions, cet état figé comme une image instantanée.

* «La boue est ce matériau fantastique, à mi-chemin entre la pierre et l’eau, qui sont deux thèmes
constants dans mon travail. ». Richard LONG, Art Press, 1986.

Karoo Crossing, South Africa 2004 Six Stone Circles - Londres 1981

Signes et Symboles

Dés ses premières marches apparaissent tous les signes culturo-historiques tels que la ligne, la
croix, le cercle et la spirale qui sont des formes géométriques fondamentales. Comme pour ses
interventions sur le paysage naturel, Richard Long s’attache à donner une symbolique à chaque
signe utilisé.

Le cercle est d’abord un point étendu : il participe à sa perfection. Le mouvement circulaire est par-
fait, immuable, sans commencement ni fin, ni variations : ce qui l’habilite à symboliser le temps. Le
cercle symbolise aussi le ciel. C’est aussi la forme géométrique parfaite qui peut être contenue
dans un carré (cf. Léonard de Vinci). Le cercle constitue également un élément ouvert qui peut
capter n’importe quelle idée. Dans le monde celtique (Richard Long est anglais), le cercle a une
fonction et une valeur magiques. Il symbolise la limite magique infranchissable. Prenons l’exemple
du site de Stonehenge. Stonehenge est un grand monument mégalithique composé d'un ensem-
ble de pierres dressées assemblées en cercles concentriques.

La fonction de Stonehenge fut l'objet de nombreuses théories : prédiction des solstices et


équinoxes, des éclipses de soleil et de lune, calendrier par calcul des positions du soleil et de la
lune par rapport à la terre, et bien entendu lieux de cérémonies religieuses.

Il y a aussi l’exemple des « crop circles », ces dessins complexes, relevant pour certains du canu-
lar dans la mesure où l’explication la plus logique est, non pas l’existence de la vie extra-terrestre
mais bien une action faite par l’homme. Des artistes anonymes ont crée ces cercles concentriques
dans des champs de blés et ont laissé circuler le mythe de leur origine extra-terrestre.

Le cercle a donc une forte symbolique depuis toujours et encore plus dans le travail
de Richard Long.
Par exemple, il dessine un cercle sur une carte et marche sur toutes les routes incluses dans ce
cercle.
* «Pour moi, marcher à travers la lande en ligne droite, ou faire un cercle de pierres dans les An-
des, cela a une réelle signification. Quand je fais cela, j’ai absolument le sentiment de faire la
chose correcte à ce moment-là.». Richard LONG, Art Press, 1986

La croix est le 3e des 4 symboles fondamentaux avec le centre, le cercle et le carré. Elle peut s’in-
scrire dans le cercle et du coup, engendre le carré et le triangle. Comme le carré, elle symbolise la
terre.

La spirale est un symbole de fécondité, aquatique et lunaire.


Marquée sur les idoles paléolithiques, elle homologue tous les centres de vie et de fertilité.
La spirale évoque l’évolution d’une force. Motif ouvert et optimiste, elle manifeste l’apparition du
mouvement circulaire sortant du point originel. Elle symbolise : émanation, extension, développe-
ment, continuité cyclique mais en progrès, rotation « créationnelle ». Elle se rattache au symbol-
isme cosmique de la lune et au symbolisme aquatique de la coquille.

Les hexagrammes : ils sont des symboles typiquement chinois.


Ils sont rassemblés dans un livre, le Yi-King connu sous le nom de Livre des Mutations. Les hexa-
grammes sont des figures composées chacune de 6 traits. Ces traits ou lignes sont dits continus
ou discontinus et représentent un tao, ou principe universel régissant l’ordre. Chacune des lignes
composant un hexagramme, si elle est continue symbolise le soleil, le chaud, l’activité, l’élément
mâle, le nombre impair, le Yang.
Chaque ligne discontinue représente le contraire, le froid, la passivité, l’élément féminin, le nombre
pair, le Yin.

Les hexagrammes sont au nombre de 64 et les deux premiers sont l’un purement Yang (qui sym-
bolise le Père, la force, le soleil) et l’autre purement Yin (qui symbolise la Mère, la passivité, la
lune). La composition symbolique des hexagrammes par la manipulation de chaque ligne, elle-
même symbolisant un tao, donne ainsi les éléments capables d’instituer une philosophie de
l’univers. Les hexagrammes sont des symboles mis en formules géométriques. On parle égale-
ment de trigrammes (symboles à 3 lignes) qui permettent de créer des hexagrammes encore dif-
férents. Comme les hexagrammes, les trigrammes sont des symboles.

On peut voir aussi huit trigrammes souvent avec le signe de Tàijí, que l'on pourrait traduire en
français par « faîte suprême » qui représente l'idée d'ultime perfection. Il est représenté
graphiquement par le diagramme de taiji, et est dans la philosophie taoïste très lié au symbole du
vide, un cercle vide, et au symbole du tao. C'est un des principaux symboles taoïstes.

L'interprétation sur deux hexagrammes : La montagne : l’immobilisation. S'arrêter, c'est savoir


comment avancer ou reculer. De plus, la montagne immobile, inébranlable, indifférente aux tenta-
tions et aux sollicitations, est un symbole de sagesse et modération.
Suivre le courant Saisir l'opportunité pour agir efficacement, ne pas gaspiller son énergie pour des
causes perdues.

On peut facilement imaginer que l’artiste élabore ce travail en intégrant la culture asiatique où ap-
parait l’échange, révélateur d’un mode de pensée sur l’univers et la civilisation, grâce à la forme
originale. L’artiste joue sur une combinaison d’hexagrammes pour imposer l’idée de voyage et es-
saie de découvrir, appréhender des univers riches et variés et de créer un regard original sur la
rencontre de l’esprit. Le travail a toujours été au centre des préoccupations de la nature, il relie
l’harmonie, le sensible et la dimension mentale, qui est aussi en partie une interrogation sur la
valeur de la tradition.

La répétition de geste de la main favoriserait une nouvelle dynamique entre l’intérieur et l’extérieur,
entre le vide et le plein dans la surface des hexagrammes qui est à l’origine de tout acte artistique.
Elle est aussi un moyen d’exploration et permet de créer un lieu de dialogue avec une géographie,
une histoire et la civilisation de l’autre.
L’utilisation de signes chargés de symboles, de matériaux bruts, de gestes artisanaux, ancre les
actions de Richard Long dans un romantisme de retour à la nature. Comme les paysagistes jadis,
il part à la recherche de ses « motifs » pour mieux se les approprier et nous proposer un rendu soit
photographique soit concret au sein d’un espace public urbain. Ces pièces réalisées, en intérieur
comme à l’extérieur, reposent sur l’emploi des figures géométriques les plus simples avec une
prédilection particulière pour le cercle et la ligne. Ces deux signes sont les témoins d’une pensée
organisée : la présence de l’homme.

Mont Blanc Circle - Suisse 2009 Whirlwind Spiral - Sahara 2009

Extérieurs, intérieurs : Une double intention

Richard Long, après avoir constaté que le paysage avait été négligé par les artistes, non pas dans
sa représentation mais dans sa perception, va changer, à travers ses marches, cette perception de
l’homme face à la nature. Une volonté de s’approprier et de faire connaitre la majesté d’un site
grandiose, aux vastes dimensions sur lequel il porte un marquage personnel, en incluant la dimen-
sion esthétique. Puis, il effectue des relevés qui deviennent, grâce aux rendus photographiques,
les témoins de son passage qu’il expose plus tard.
Dans un espace fermé, il découvre la région d’accueil de son travail, part à la recherche de
matériaux, les repère dans les carrières et autres entreprises et les intègre au lieu d’exposition.
Le déplacement et la disposition deviennent alors la figure symbolique de la sensation qu’il a
éprouvé à l’extérieur.

* «Présenter un travail au public au cœur d’une grande ville et faire un travail dans l’Himalaya
donnent lieu à des situations très différentes. Néanmoins, il est important pour moi de travailler
dans ces deux situations, d’avoir ces deux possibilités.». Richard LONG, Art Press, 1986

Marcher lui a également permis d’éten-


dre les limites de la sculpture : la sculp-
ture pouvait maintenant s’intéresser au
lieu autant qu’au matériau et à la forme.
Ses réalisations sont, de fait, éphémères
et immobilisées dans des contrées loin-
taines. Le seul moyen, pour Richard
Long, de montrer son travail est alors le
rendu photographique. Une description
si détaillée soit-elle ne suffit absolument
pas à inventorier son travail. Implantées
dans des lieux souvent inabordables,
elles restent invisibles pour le grand public et ne peuvent être déplacées. Elles sont, du coup, mé-
diatisées grâce à la photographie.
Portugal 2004
Pour le spectateur, l’approche des œuvres par la photographie permet d’éviter le risque possible
d’une visite sur site. De fait, l’œuvre n’appartient pas au site, c’est la création qui précède le lieu et
définit une relation d’appartenance réciproque. Dés lors, les notions d’échelles et de dimensions
rentrent en jeu. La relation entre la dimension souvent monumentale des pièces de Richard Long
et la taille du spectateur entraine un jeu visuel d’échelles et de mesures qui est la base du propos
du Land Art. C’est face à ces pièces monumentales que notre corps détermine notre perception de
l’espace et le mouvement produit fait évoluer cette perception.

* «Les travaux à l’extérieur et à l’intérieur sont formellement reliés à cause des lignes et des cer-
cles, mais en termes d’expérience concrète et d’échelle, ils sont incroyablement différents.».
Richard LONG, Art Press, 1986

A côté de la boue et de l’eau, les pierres sont le matériau favori de Richard Long pour ses sculp-
tures d’intérieur et d’extérieur. Existant sous des apparences multiples, elles présentent des
couleurs et des textures différentes, des formes et des tailles variables. En extérieur, où Long tra-
vaille toujours sans intervention mécanique, il utilise les pierres telles qu’il les trouve. Les matéri-
aux avec lesquels il réalise ses sculptures d’intérieur proviennent les plus souvent de carrières lo-
cales.

* «Les pierres peuvent servir de marqueurs du temps ou de la distance, ou exister comme parties
d’une sculpture gigantesque mais anonyme. Au cours d’une marche dans les montagnes, une
sculpture pouvait être faite au dessus des nuages, peut-être dans une région isolée, apporter la
liberté d’imaginer comment et où l’art peut être fait sur cette terre.». Richard LONG,Royal West of
England Academy, Bristol, 2000.

* «Si je ne faisais mes pièces que dans l’Himalaya, ou au fin fond de l’Australie, je serais une sorte
d’évadé romantique. Aussi est-ce vraiment nécessaire pour moi que de présenter de vrais cercles
de pierres dans un espace urbain public […]. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu la difficulté à con-
server un équilibre entre les travaux à l’intérieur et ceux à l’extérieur.». Richard LONG, Art Press,
1986

Vidéos :

* Richard Long - BERLIN CIRCLE (exposition). 3’36m


https://www.youtube.com/watch?v=oqf9xfa3L5k

*Richard Long - The Hepworth Wakefield : montage d’exposition. 12’15 m


https://www.youtube.com/watch?v=A5v7m0G3AA8
Rare video footage and photographs of artist Richard Long installing works at the Hepworth Wake-
field.

Richard Long @ M-Shed Bristol. April 2011. 17’56m


https://www.youtube.com/watch?time_continue=21&v=JD2Ai_BECbg
Rare video footage and photographs of artist Richard Long making River Avon Mud Circle at M-
Shed Bristol.

Richard Long at Abbot Hall Art Gallery - ARTIST ROOMS On Tour with the Art Fund 3’23 m
https://www.youtube.com/watch?v=XPHL4JjKXyg
Richard Long recreating 'River Avon Mud, Slow Hand Spiral' and 'Cornish Slate Ellipse' for the
2011 ARTIST ROOMS exhibition at Abbot Hall Art Gallery in Kendal Cumbria, UK.

> sources: http://www.artwiki.fr/wakka.php?wiki=richardlong

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