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Universitäts- und Landesbibliothek Sachsen-Anhalt

Digitale Bibliothek des Sondersammelgebietes Vorderer Orient

La littérature populaire des Israélites Tunisiens avec un


essai ethnographique et archéologique sur leurs
superstitions

Vassel, Eusèbe

Paris, 1904-1907

urn:nbn:de:gbv:3:5-16831
Bibliothèque de l'Institut de Carthagë

LA LITTÉRATURE POPULAIRE

DES ISRAÉLITES TUNISIENS


avec un essai etlinopiiliipe et archéologique sur leurs superstitions
PAR

EUSÈBE VASSEL
ANCIEN PRESIDENT DE L'iNSTITUT DE CARTHAGE

Ouvrage honoré d'une médaille à l'Exposition Coloniale de Marseille (i906J

(S) c^/fe-^v^) <2)

PARIS

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR


28, RUE BONAPARTE,28

1904-1907
DU MÊME AUTEUR :
Lettre ouverte a Monsieur le Résident Générvl sur la. création
d'un musée. Tunis, 1906. Brochure in-8°.
Sur un fragment de dédicace punique. Tunis, 1907. Brochure in-8°.
Cinq stèles puniques. Sousse,1907. Brochure in-8°.
Le Juif tunisien. Paris, 1907. Brochure in-8°.
Note sur quelques stèles puniques. Paris, 1907. Brochure in-8°
(Extrait des C. B. de l'Acad. des Inscr. et B.-L.J.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
I — Une petite littérature ignorée....................... 5
II — Lecture du judéo-arabe............................. 7
Transcription de l'arabe encaractères hébraïques(tableau) 8
III — Notes d'histoire intellectuelle........................ 13
IV — Le premier livre arabe en caractères hébraïques..... 18
V — Un cabinet de lecture à l'antique.................... 20
VI — Le premier ouvrage populaire..................... 22
Histoire d'un homme pieux le soir de la pâque.......... 23
VII — La presse périodique................................ 25
Première période : Régime de l'interdiction............. 26
Deuxième période : Régime du cautionnement......... 28
Troisième période : Régime de la liberté................ 30
Quatrième période : Cautionnement et dépôt préalable... 39
Cinquième période : Liberté............................ 40
VIII — Un pionnier........................................ 44
Histoire de la jeune Brin-d'Eglautine avec Baguette-de-
Bambou........................................... 49
IX — Bibliographie judéo-tunisienne :
Généralités........................................... 51
Répertoire alphabétique des publications judéo-tunisien¬
nes ................................................. 57
Digression sur les superstitions tunisiennes............. 120
Amulettes éprouvées — Vingt espèces.................~ 132
Sur les origines des superstitions tunisiennes........... 133
Génies, anges, démons................................Ibid.
Devineresses, pythies,sorciers, interprétation des songes 145
Charbon............................................ 148
Blé................................................. 149
Caillou............................................. 151
Fruits secs offerts aux génies......................... 152
Formules magiques.................................. 155
Le mauvais œil...................................... 157
Le khamsa.......................................... 158
Le nombre cinq...................................... 160
La rue..............................................Ibid.
Le poisson.......................................... 161
La tortue............................................ 163
Le serpent.......................................... 164
La clef............................................. 166
Le croissant......................................... 167
Le fer de cheval..................................... 169
La corne de corail.................................. 170
Défenses de porc ou de sanglier....................... 172
Coquille d'œuf...................................... ' 174
Grappin (araignée).................................. 179
Epingle............................................. 180
Os frontal de bœuf................................... 181
- Aloès.............................................. 189
Queue de thon.......................................Ibid.
La chouette.......................................... 190
Figures magiques de la Feuille de Vaccouchée......... 191
Rosace à huit pétales...............................Ibid.
Patinette, palme................................... 192
Le rameau et la volute............................ 194
Le lion............................................ 195
Amulettes des chameaux et chevaux................... 196
Décoration des arabas................................ 199
Suite du Répertoire alphabétique....................... 200
Imprimés dont le titre est en français seulement........ 252
Supplément au Répertoire alphabétique................ 253
Au lecteur.............................................. 264
Additions et corrections................................. 266
Superstitions tunisiennes (Supplément), huit pages....... 277

Figures :
Moïse Berebbi, grand-rabbin de Tunisie..................... 43
Une synagogue (cliché indigène)............................ 62
Le khamsa................................................ 130
Stèle votive à Baal-Saturne................................. 154
Astarté.................................................... 168
Amulettes des chameaux et chevaux (flg. 1 à 3).............. 197
Peinture des arabas-(flg. 4 à 7).............................. Ibid.
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
DES ISRAÉLITES TUNISIENS

I — Une petite littérature ignorée


Peut-être les orientalistes de France et même ceux d'Orient n'ap¬
prendront-ils pas sans surprise qu'il existe chez les Israélites d'Algérie
et de Tunisie (chez ceux-ci principalement) tout une littérature popu¬
laire en judéo-arabe ou arabe juif, c'est-à-dire écrite dans un patois
arabe et imprimée en caractères hébraïques. J'en ai réuni à ce jour
une quarantaine de volumes, huit cents pages de chansons et de
complaintes, des journaux, des imprimés de toute sorte.
A la vérité, le mot volumes est un peu ambitieux : il s'agit en effet,
dans la plupart des cas de minces brochures très analogues à celles
dont, il y a cinquante ans, des porteballe inondaient les campagnes
françaises : Geneviève de Brabant, Victor ou l'enfant de la forêt,
L'oracle des dames et des demoiselles.
Tirées souvent à petit nombre, éditées en livraisons ou en feuilles
volantes qui ne valent pas la reliure, les publications tunisiennes
deviendront vite ou sont déjà difficiles à trouver. Si la plupart n'ont
qu'un mérite littéraire très mince, si la morale n'en est pas toujours
bien pure à notre sens occidental, elles ne m'en paraissent pas moins
d'un haut intérêt, en raison des renseignements qu'y peuvent puiser
le philologue et l'ethnographe.
Depuis une quarantaine d'années, mais surtout depuis 1881, le
patois juif se corrompt assez rapidement au contact de l'italien et du
français. Il est d'ailleurs destiné à disparaître, car la jeunesse israé-
lite fréquente de plus en plus nos écoles : non seulement les garçons,
mais aussi les filles, à qui naguère on n'enseignait point à lire et
dont toute l'instruction consistait à savoir broder i. Bientôt, les écrits
dont il s'agit seront les seuls témoins d'un idiome qui était celui d'une-
population de cent cinquante mille âmes, et qu'on n'a jamais soumis
à un examen scientifique.
En outre,le patois diffère peu de l'arabe tunisien ; et ce sous-dialecte

1 Los Israélites ouvrent eux-mêmes des cours de français à des prix modestes, té¬
moin cet écriteau rempli de bonnes intentions que j'ai copié tout récemment à la
porte d'une boutique :
ECOLE TRIGOLOBE
signifiant école française, dirigée par maître Isaac ***; enseignement rapide. Dans
notre école, il est excessivement défendu de parler en arabe.
La grande classe, 4 fr.; la moyenne, 3 fr.; la petite, 2 fr. 50.
—6 —

de la langue vulgaire, étudié par un fort petit nombre d'arabisants,


n'a pas de littérature musulmane, car l'Arabe qui sait tenir un
calame, comme le clerc du moyen âge, rougirait d'écrire l'idiome
qu'il parle l .
Or, les écrits indigènes peuvent seuls donner une base inattaqua¬
ble aux. travaux des linguistes. « La représentation des sons d'une
langue non écrite faite par des étrangers, quelque habiles qu'on les
suppose, dit Renan 2 , est toujours défectueuse : les idiomes écrits
sont seuls des témoins sûrs en philologie. »
Voilà pour la langue. En ce qui concerne les us et coutumes et la
mentalité, un peuple se peint d'autant plus fidèlement dans ses écrits
familiers qu'il le fait à son insu. C'est ainsi que Les mille et une nuits,
par exemple, nous ont conservé sur les idées et la vie des Arabes
au moyen âge de précieux détails, que, soit dit en passant, on n'y
cherche pas assez 3 .
On voit les services que la littérature juive tunisienne peut rendre
à la philologie, à l'ethnographie, à la psychologie géographique. Est-
il besoin de faire ressortir ici combien l'étude de ces sciences est
indispensable à la colonisation? Il n'existe que deux façons de s'as¬
similer une race étrangère : ou la sélection par le fer et le feu mise
au service du fanatisme, comme dans la conquête musulmane,comme
dans la transformation des Juifs d'Espagne en Nouveaux Chrétiens;

1 Voici les seuls travaux que je connaisse sur l'arabe tunisien :


Beaussier : Dictionnaire pratique arabe-français. Alger, 1887. Passim.
Dozy : Supplément aux dictionnaires arabes. Leyde et Paris, 1877-81. Passim.
Belkassem ben Sedira : Dictionnaire français-arabe. Alger, 1886 (supplément).
L. Machuel : Méthode pour l'étude de l'arabe parlé. 5° édition. Alger, 1895. (Cet
ouvrage a été écrit pour l'arabe d'Algérie, mais dans la dernière édition, l'auteur
donne un assez grand nombre de mots tunisiens.)
L. Machuel : L'arabe sans maître ou guide de la conversation arabe en Tunisie
et en Algérie. Paris, 1900.
L. Machuel : Eddalil ou guide de l'arabisant qui étudie les dialectes parlés en
Algérie et en Tunisie. Alger, 1901. (Il n'a malheureusement paru de cet excellent re¬
cueil mensuel que six livraisons du texte arabe et cinq du texte français.)
HANS Stumme : Tunisische Mœrchen und Gedichte. Leipzig, 1893.
— Tripolitanisch-tunisisclie Beduinenlieder. Leipzig, 1894.
— Grammatik des tunisischen Arabisch, nebst Glossar. Leipzig, 1896.
— Neue tunisische Sammlungen. S. 1., 1896.
Je citerai un exemple curieux de la répugnance dos Arabes à écrire la langue vul¬
gaire. Dans un Vocabulaire arabe-français, volume de dialogues publié au Caire, en
1874, par Michel Saleh, je prends au hasard une phrase (p. 237) : « J'ai bien dormi. »
La prononciation figurée en caractères latins est celle de l'expression vulgaire : Ana
nemte taïebb; mais en caractères arabes, l'auteur a mis : î -9
I S?
2 Histoire générale des langues sémitiques, 5" édition, Paris, 1878, p. 338.
3 II existe cependant un ouvrage sur ce sujet : E.-W. Lane : Arabian Society in
the middlle âges, studies from 1001 nights. London, 1883.
-l'¬

on bien une pénétration intelligente et graduelle des âmes par la


communauté d'intérêts, par l'école surtout, c'est-à-dire par la com¬
munauté d'éducation : le temps et l'exemple, voilà dans ce cas les
deux facteurs essentiels.
Que si, tout en n'osant recourir aux atrocités de jadis, qui répu¬
gnent, Dieu merci I à notre culture moderne, on brise brutalement
la civilisation propre du vaincu, dans l'espoir purement chimérique
de lui faire embrasser du jour au lendemain celle qu'on estime plus
haute, on n'arrive qu'à mettre dans les cœurs une rébellion latente,
une haine inusable, et à replonger la race tout entière dans une bar¬
barie plus ou moins complète.
Mais la persuasion suppose nécessairement une connaissance ap¬
profondie de l'histoire, de la langue, des mœurs, de l'état d'esprit,
des besoins matériels et intellectuels de ceux à qui l'on s'adresse;
et c'est dans notre ignorance de ces points, plus encore que dans la
pauvreté du sol moral à mettre en valeur, qu'il faut chercher la
raison première de bien des échecs.

II — Lecture du judéo-arabe
Les écrits tunisiens sont, je l'ai dit, imprimés en caractères hébraï¬
ques. Mais comme l'arabe a vingt-huit consonnes tandis que l'hébreu
n'en possède que vingt-deux, il a fallu donner à quelques-unes de
celles-ci de nouvelles valeurs au moyen de points diacritiques. Ce
système, dont le principe est sans doute emprunté à l'arabe, paraît
fort ancien; en tout cas, il résulterait d'une note de Munk 1 que les
Juifs occidentaux l'employaient au xiv e siècle.
La lecture de cet alphabet conventionnel ne présente aucune diffi¬
culté ; elle est même beaucoup plus aisée et moins fatigante pour la
vue que celle des caractères arabes.
On trouvera à la page 8 le tableau du mode de transcription
usité à Tunis en hébreu carré, en hébreu rabbinique ou raschi et en
hébreu cursif ; il convient de le compléter par quelques remarques.
Les lettres suivies, dans ce tableau, d'un astérisque (en haut et à
gauche) sont finales.
Comme on le voit, 3 représente £J lorsqu'il n'est pas modifié et ~
lorsqu'il est pointé, alors que pour , c'est l'inverse; £ et e] sont
dans le même cas. La raison est qu'en hébreu, les lettres finales
*j et *| sont naturellement aspirées et se prononcent ~ et ^ .
L'emploi de la ligature ^ est facultatif.
Le p et le v, qui n'existent pas en arabe, ne se rencontrent, natu¬
rellement, que dans les mots d'origine étrangère. La première de

1 S. Munk : Le Guide des Egarés, par Maïmonide,1.I«, Paris, 1856, préface, p. v.


n
—9 -

EN CARACTÈRESHÉBRAÏQUES
II

HÉBREU

Numérique
Arabe

CURSIF Rabbinique Carré


Valeur
1S

1
\ V.
61 -U D \1

2 ^ J n V
n O o
400

»
1
yy S S

J j
_A
^^rf

8 P P n €

» "1 ° *1 ^ **\1 3 C
J 1

4 >r 7 1 5 S

200 ? ■7 1 Ji

7 r f 1 J
60 D D (j*

300 D tï?

90
.'r J
7 ^ *V ï
» *r * * y x ^
t

9 i? ta b
70 4> V t
ces deux lettres, à la fin d'un mot, devrait logiquement être repré¬
sentée dans la transcription par muni d'un point; mais vu la ra¬
reté du cas, un pareil caractère n'existe pas dans la casse, et on
emploie comme lettre finale, écrivant par exemple 31"|li< ou B"\1V
(Europe); ce qui doit faire frémir les Massorètes dans leur tombe.
D'autre part, v est rendu aussi souvent par 1 que par i.
Pour des raisons d'ordre typographique, le point' diacritique est
parfois, notamment dans les titres, remplacé par une apostrophe à
gauche de la lettre : V S = "ItfJ 1 S •

L'apostrophe sert également à indiquer lesabréviations:'~| =


(rabbin).
Une double apostrophe entre les deux dernières lettres d'un mot
veut dire le plus souvent que celui-ci est une abréviation formée d'i¬
nitiales de mots hébreux : n"3pn — tflîl *]TP ttfHpn haqadosch
baroukh hou (le Saint, qu'il soit béni! c'est-à-dire Dieu) *. Les nom¬
bres en chiffres hébraïques sont signalés de la même façon.
Aujourd'hui, les ouvrages tunisiens ne renferment plus guère de
mots d'initiales.
On voit de petits textes (lettres de faire part, affiches, etc.) où les
points diacritiques sont omis. Il n'y a là qu'une légère difficulté de
plus, et c'est encore infiniment plus aisé à lire que l'écriture coufique,
avec ses dix-huit signes, dont plusieurs très voisins, pour représen¬
ter vingt-huit lettres.
A Alger, ^ correspond à ,J et ^ à j; dans quelques cas, S et h>
sont représentés par ïi , ~ et tb •
Je tiens de mon regretté ami Fernand Tessier la transcription de
l'arabe chez les Juifs marocains, telle qu'il l'avait recueillie àMéqui-
nez en 1884. est rendu par 3, comme en Algérie; ~ par 3 et ;
i •*>,- ■
et par f ; ^ par } ; (_ ? par 5 et t| ; \jj par ^ et rj ; p par S et
Js
Les autres lettres se transcrivent comme à Tunis. Tessier avertit
toutefois que cette transcription est sujette à quelques variantes.
Si l'on tient compte de l'emploi différent des points diacritiques
pour transcrire l'arabe, l'hébreu cursif (pSVD) d'Algérie et celui du
Maroc diffèrent assez peu de celui de Tunis pour que toute personne
sachant lire ce dernier et le rabbinique déchiffre les deux autres
sans difficulté. Comme dans toute écriture manuscrite, la forme de
plusieurs signes varie au gré de l'écrivain : je donne les types géné¬
ralement usités, tracés sur mes indications par un Tunisien, copiste
exercé. Les lettres sont rarement liées; leurs queues se croisent le

1 On trouve la traduction (en allemand) des mots d'initiales les plus usités dans
Ph. Lederer : Hebrœische und chaldœisclie Ahbreviaturen, Frankfurt a. M., 1894,
in-S" de 48 pages.
- IL—

cas échéant. A remarquer, que l'hébreu s'écrit non au-dessus de la


ligne tracée au crayon, comme les caractères européens, mais au-
dessous.
Les chiffres hébraïques sont les vingt-deux lettres de l'alphabet :
leur valeur numérique figure au tableau de la transcription (bien en¬
tendu, 3 et ^ employés comme chiffres n'ont pas le point diacriti¬
que). Quelquefois, on trouve, au lieu du caractère, le nom qu'il porte
en hébreu; ainsi, Tp = 10.
Un chiffre surmonté de deux points exprime des mille. (Dans Tu-
sage courant, les deux points sont omis, et la position du chiffre in¬
dique seule qu'il est multiplié par mille.)
Dans les nombres composés, les chiffres s'écrivent de droite à
gauche par valeur décroissante : T'DinH = 5664.
Par un scrupule religieux, pour 15 et 16 on écrit lt2 (9+6) et 712
(9+7) au lieu de TV et V, considérés comme abréviations du «nom
tétragrammate » ou « nom ineffable » niîT Yahveh.
Le millésime des livres est indiqué, d'habitude, au moyen d'une
sentence ou d'un verset de la Bible,précédé du mot njiy année. En
additionnant les lettres de la sentence considérées comme chiffres,
on obtient l'année de l'ère mondaine des Juifs, qui commence le 7
octobre 3761 avant J.-C.
Les mille sont généralement sous-entendus; c'est ce qu'on appelle
la petite supputation et ce qu'on marque au moyen du motp"sS- La
grande supputation (avec les mille exprimés) est caractérisée par
rsb.
Souvent, une partie des lettres de la sentence doivent être négli¬
gées : dans ce cas, les lettres significatives sont ou plus hautes que
les autres, ou surmontées d'un point ou d'un astérisque.
Voici un exemple de millésime, tiré de Histoire délectable, dont je
parlerai plus loin :
1 fs>l nbi^n vp iab a-ip WD
ce qui donne 100+200+2+30+50+6+100+90+5+3+1+6+30+5=
628, et,en ajoutant les mille, 5628.
On le voit, cet étrange système (fort ancien et également employé
par les Arabes, mais dans des cas un peu différents 2 ) force même
les initiés à tout un calcul mental.
En retranchant du chiffre trouvé le nombre 3761 et en ajoutant
ensuite 1 au reste, on obtient les deux années de l'ère chrétienne

1 Année Rapproche de nous l'accomplissement de la Rédemption petite suppu¬


tation.
2 Voir Gaussin de Perceval : Grammaire arabe vulgaire, 4» édition, Paris, 1858,
p. 104.
— 12 —

sur lesquelles l'année juive considérée est à cheval. Ainsi, 5628 —


3761=1867; donc, l'année juive 5628 correspond à 1867-68 de notre
ère. (Si le résultat était négatif, la date serait avant J.-C).
Dans la plupart des impressions de Tunis, le millésime figure en
chiffres européens 1 donnant la date grégorienne ; ces chiffres y ont
d'ailleurs supplanté presque partout ceux du système hébraïque. De
même, notre ponctuation tend de plus en plus à remplacer celle de
naguère.
Je ne m'étendrai pas ici sur les particularités lexicologiques, gram¬
maticales et orthographiques de la littérature juive tunisienne, me
réservant d'étudier ces points dans un mémoire ultérieur; néan¬
moins, on trouvera plus loin, dans les notes accompagnant quelques
petits textes, les observations utiles à l'intelligence de ceux-ci.
Pour l'instant, qu'il suffise de faire les observations suivantes.
Sauf chez de rares écrivains qui ont étudié l'arabe, l'orthographe
se rapproche autant de la prononciation figurée que de la transcrip¬
tion proprement dite.
<L> se confond avec O et '£> avec j», ainsi que l'indique d'ailleurs
le tableau (cette prononciation n'est pas spéciale aux Juifs, mais s'é¬
tend aux Arabes du littoral dans toute la Berbérie).
et^i. sont souvent employés l'un pour l'autre, ainsi que ^ et ;.
Beaucoup d'écrivains réduisent l'article à I devant les lettres so¬
laires et à J devant les lettres lunaires.
1 prosthétique est souvent supprimé; ! final de la 3° personne plu¬
rielle l'est toujours.
ï est transcrit par |"| à l'état absolu, par n à l'état construit (ortho¬
graphe hébraïque). Cependant, dans le premier cas, on trouve quel¬
quefois K à la place de n> (' e qui serait l'orthographe araméenne;
mais il y a sûrement simple coïncidence, par suite de l'habitude
qu'ont les Juifs d'employer fréquemment les trois lettres infirmes ou
faibles comme voyelles: ^ rend ici lefatha et fj quiescent 2 est omis.
Cette vocalisation, toutefois, n'est qu'apparente en bien des occa¬
sions, où la voyelle brève est prononcée longue et exige ainsi l'usage
d'une lettre de prolongation.
muet (alif bref) troisième radicale est souvent représenté par
|~t comme en hébreu.

i« et \ %se rendent fréquemment par "îfc* etltf : tf'Ttf : (exem-

■1 J'évite à dessein l'expression chiffres arabes, qui donnerait lieu à confusion.


2 J'emploie le mot quiescent dans son acception de. la grammaire Hébraïque, où il
désigne les lettres muettes, alors que pour l'arabe, il s'applique aux lettres gezmées.
Quand dônc unifiera-t-on la grammaire sémitique, en lui appliquant, chaque fois
qn'il n'y a pas obstacle matériel, les notions et la terminologie de la grammaire indo¬
européenne, auxquelles nous sommes rompus dès l'enfance, outre qu'elles salisfont
mieux des cerveaux aryens ?
pie de vocalisation du l'î conservant ici son rôle naturel de très
légère aspirée, ou plutôt de très faible explosive, selon les vues de
Lepsius l ).
* pronom suffixe est souvent représenté par 1, d'autres fois par "H,
J-s s'écrit généralement tfnn (le dhamma étant rendu par le pre¬
mier 1 et le fatha par K ). De même, J^s s'écrit .
La prononciation tunisienne supprime le chedda dans certains
cas 2 ; quand il subsiste, il est le plus souvent sous-entendu dans l'é¬
criture, comme en arabe. Cependant, on le trouve assez fréquem¬
ment exprimé par le redoublement de la lettre (ce qui est gênant
avec les racines sourdes). A Alger, le daguesch, point placé au milieu
du caractère, est quelquefois employé au même effet.
» Les pronoms régis par la préposition S, comme inS (pour aJ), tfjS
se suffixent assez souvent au verbe.
La conjonction 1 est inséparable du mot suivant (çe qui est régu¬
lier en arabe comme en hébreu, puisqu'il n'est pas permis de finir
une ligne par la particule j); mais l'article Si* se sépare, en lin de
ligne, du nom qu'il détermine, et on commence même, en pareil cas,
à couper les mots.
J'ajouterai enfin, pour mettre le linguiste sur ses gardes, que si
certains auteurs ont le bon esprit d'écrire l'idiome qu'ils parlent,
sans autre addition que quelques particules connues de la masse,
comme DJ~! ( p), ou D 1} (qu'ils font d'ailleurs suivre du prétérit), la
plupart, malheureusement, cherchent à rehausser leur style en y in¬
troduisant ça et là plus ou moins gauchement des locutions et des
mots propres à l'arabe littéral ou semi-littéral. Il n'en faut pas da¬
vantage pour que le lecteur tunisien, ne comprenant pas tout, s'ima¬
gine avoir affaire à la langue savante et s'en sente flatté en raison
directe de son ignorance.

III — Notes d'histoire intellectuelle

Avant d'entrer dans le vif de mon sujet, il n'est pas hors de propos
de jeter un coup d'œil rapide sur les antécédents intellectuels des
Juifs tunisiens.
Plusieurs rabbins de Carthage de la fin du troisième siècle sont
cités comme autorités dans le Talmud de Babylone et dans celui de
Jérusalem 3 .

1 Standard Alphabet, second édition, London and Berlin, 1863, p. 176.


2 D'après Stumme (Gramm. des tunis. Arab.,ç. 3), le redoublement de la consonne
disparaît le plus souvent : 1° après une voyelle longue; 2» quand la consonne redou¬
blée est immédiatement accompagnée d'une autre consonne.
3 Ab. Gahen : Les Juifs de l'Afrique septentrionale, dans Recueil des notices et
- 14 -

EI-Kaïrouani « a entendu dire qu'un Juif avait jadis commandé à


Ben Zert » 1. Le fait serait, bien entendu, antérieur à la prise de cette
ville par Hassan ibn Noman vers 698.
Si nous en croyons Ibn Khaldoun, l'héroïne berbère El Kahina 2
aurait été d'origine juive.
Les califes de Berbérie confiaient à des Juifs tunisiens le soin de
leur santé. Ibrahim ibn el Aghlab, gouverneur de Kairouan et plus
tard fondateur de la dynastie aghlabite, eut pour médecin Salomon
Schemma, celui qui empoisonna en 792 l'imam Edris I er sur l'ordre
du calife Haroun ar Raschid. Isaac ben Amran était médecin de
Ziadet Allah I er , dont le règne alla de 817 à 838; un médecin du
même nom, le petit-fils sans doute, fut attaché à la personne de
Ziadet Allah III (903-910) et fonda à Kairouan une école de médecine
qui ne tarda pas à devenir fameuse.
Son disciple Isaac ben Salomon Israïli lui succéda auprès de
Ziadet Allah, puis fut médecin du premier des Fatimites, Obeïd Allah
(910-934), peut-être même du troisième, El Mansour Billah (946-953).
Israïli a écrit en arabe un grand nombre d'ouvrages de médecine,
de philosophie et de logique dont plusieurs nous ont été conservés
en traduction 3 .Un de ses élèves, Dounashben Tamim al Schefalghi,
probablement médecin d'El Mansour Billah, a produit également
des travaux de médecine, d'astronomie, de physique et même de
linguistique très estimés des savants de l'époque.
Isaac ben Schelomo fut médecin en chef d'El Mansour Billah.
Un mathématicien nommé Isaac ben Salomo vivait à Kairouan
vers l'an 1000. (Mais ne serait-ce pas le même que le précédent ?)
Un historien, Ben Esch Schemma, est cité plusieurs fois par El
Kaïrouani 4 .
Les guéonim ou recteurs des célèbres académies juives de la Ba-

mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine, t. XI, 1867,


p. 113.
1 Mohamed el Kaïrouani : Histoire de l'Ifrikia, trad. Pélissier et de Rémusat,
Paris, 1845, p. 42. — Ben Zert est le nom arabe de Bizerte (Hippo Zarytus).
2 J^&O! la Devineresse, surnom donné par les Arabes à Dihya(ou Damia),reine
de l'Aurès, qui, au commencement du huitième siècle, fit subir une cruelle défaite à
Hassan ibn Noman et succomba cinq ans plus tard après avoir dévasté toute l'Ifrikia.
— Voir Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, trad. de Slane, Alger, t. I", 1852. —
Bayano 'l Moghrib, éd. Dozy, Leyde.
3 Sept de ses traités, traduits en latin par Constantin l'Africain (médecin et moine
bénédictin né à Carthage vers 1015, mort au Mont-Gassin en 1087), ont été publiés
sous le titre d'Opéra Isaci. Leyde, 1515-16.
4 D. Gazés : Essai sur l'histoire des Israélites de Tunisie, Paris, 1888 (la couver¬
ture porte 1889), p.45, 53 et 56.—MuNK,dans Journal Asiatique, 1850, t. II, p. 7.— Ab.
Gahen : loc. cit., p. 122 et suiv.— Grande Encyclopédie, t. 20, p. 977,— El Kaïrouani,
p. 106 et 170.
— 15 -

bylonie ne dédaignaient point d'adresser des consultations à la


Communauté de Kairouan. Toutefois, trois de leurs lettres qui nous
restent, écrites de 880 à 987, montrent que les rabbins de ce centre,
bien qu'ils eussent pris pour chef en 919 l'exilarque 1 Okba, expulsé
d'Asie, n'étaient pas à la hauteur des médecins leurs concitoyens,
qu'ils ignoraient la coordination des années solaire et lunaire et
connaissaient peu le Talmud.
Soudain, cet état de choses change par un cas fortuit. En 990, un
rabbin distingué de Babylone, Huschiel, est pris par des corsaires et
vendu comme esclave à Kairouan. Les Juifs l'achètent, en font leur
chef : quelques années après, l'école rabbinique de cette ville brillait
du plus vif éclat dans tout le Judaïsme.
Huschiel trouva un digne successeur dans Hananel, dont un con¬
temporain, Nissim bar Jacob, est l'auteur du plus ancien livre d'un
Juif tunisien (je crois) que nous possédions dans le texte original 2 .
Ces deux rabbins également renommés moururent la même année
(1050) et, dit un historien juif, « les études cessèrent dans cette
province» 3 .
Pendant quatre siècles, la vie intellectuelle des Juifs tunisiens est
éteinte 4; Il en faut chercher la raison dans les persécutions qui
assombrirent et les massacres qui ensanglantèrent cette période
néfaste. La terreur est incompatible avec les spéculations de l'esprit.
Vers 1165, Maïmonide, qui avait fait escale en Tunisie, écrit à son
fils : «Garde-toi toujours bien des hommes qui demeurent en Afrique
depuis Tunis jusqu'à Alexandrie, et de ceux également qui habitent

1 Gouverneur de la Communauté juive en Babylonie, comme l'était en Espagne le


prince des Juifs et comme le fut en Tunisie, à partir du xn° ou xm° siècle, le caïd des
Juifs. Mais celui-ci était en même temps le receveur général des finances tunisiennes.
2 Maftéah, publié par Goldenthal. Vienne, i847.
3 GazèS : Essai, etc., p. 56 et suiv. — Cahen : Les Juifs, etc., p. 127.
Gazés fail un Tunisien d'Elfassi, en plaçant dans le voisinage deKairouan laKalaâ-
Hammad,qu'habitait le célèbre commentateur du Talmud. Il ajoute que la famille de
celui-ci existe encore en Tunisie. D'autre part, Ph. Lederer (Hebr. und chald. Abbrev.,
p. 43) fait naître Elfassi en 1013 àKala-ilm-Hammad,près de Fez.
En réalité, la Kalaâ des Beni-Hammad, capitale de la dynastie berbère des Hamma-
dites, était située dans l'arrondissement actuel de Sétif, à 30 kil. S.-E. de Bordj-bou-
Arréridj. Fondée par Hammad en 1007 (ou 1014 1) et détruite en 1153, elle fut le siège
d'une brillante civilisation. — Voir O. H. (Houdas) dans Gr.Encycl., t.19, p. 803 ;
E. Gat dans Gr. Encycl, t. 21, p. 381 ; Nouveau Larousse illustré, t. 5, p. 24.
El Fassi veut dire du pays de Fez; c'est un nom aussi commun dans l'Orient arabe
que celui de Langlois ou de Lallemand en France. Il paraît au moins douteux que la
famille Elfassi de Tunis (qui a bailleurs produit des écrivains démérite) ait des liens
de parenté avec l'auteur du résii-mé du Talmud.
4 Gazés : Essai, etc., p. 85 et 96. — Le même : Notes bibliographiques sur la litté¬
rature juive tunisienne, Tunis, Imprimerie Internationale, 1893, p. 8. (Cet ouvrage
ne s'occupe que de la littérature hébraïque.)
— fê¬

les montagnes de Berbérie. Ils sont, selon moi, plus ignorants que le
reste des hommes, bien que très attachés à la croyance en Dieu. Le
Ciel m'est témoin qu'ils ne sont comparables qu'aux Caraïtes, qui
nient la loi orale l . »
Parmi les Juifs qui s'enfuirent d'Espagne lors de la grande persé¬
cution de 1391 et ceux que Ferdinand le Catholique expulsa en 1492,
un certain nombre vinrent dans la Régence de Tunis. Il est permis
de supposer qu'ils y apportèrent à leurs coreligionnaires un peu de
leur culture intellectuelle.
Un manuscrit de la bibliothèque Nationale 2 a été copié en 1496 à
La Goulette par un réfugié, Ibn Isaac Schoschan.
En 1507, un proscrit d'Espagne, Abraham Lévy Bacrat, compose
à Tunis un commentaire sur Raschi 3 .
Les livres étaient si rares en ce temps qu'on mettait en gage,comme
objet précieux, un formulaire de prières l .
En 1540 5, nous voyons un Tunisien, Jacob ben Haïm, correcteur
à Venise chez Daniel Bomberg, le célèbre éditeur du Talmud de
Babylone; ce qui suppose une véritable érudition.
En 1555, s'imprime à Pirra un ouvrage du Tunisien Ismaël Cohen-
Tanugi, dont la famille habite encore Tunis. Mais cet écrivain vivait
au Caire, où il était devenu le chef des rabbins 6 .
Un savant d'Alger, le rabbin Salomon Serour, passa vers la fin du
xvi e siècle une partie de sa vie à Tunis, où il vint à plusieurs re¬
prises se faire traiter d'une grave maladie; ce qui dénoterait qu'il
existait dans cette ville des médecins réputés. Il y travailla avec zèle
au relèvement des études 7 .
Au commencement du xvir 3 siècle, les livres abondent, les écoles

1 Jgéreth Harambam (Lettre de Mdimonide), Berlin, 1757, p. 3 a. — La secte des


Caraïtes, fondée en Babylonie vers 761 par Anan,mais dont les origines intellectuelles
paraissent plus anciennes, rejette le Talmud et prétend ne reconnaître que la Bible.
2 Fonds hébreu, n° 769 du catalogue de Zotenberg.
Cè recueil renferme, entre autres pièces, le traité en arabe de Sa'adia Gaon sur les
astres et leur nature. Il est écrit proprement, en hébreu cursif lié.
3 Abréviation du nom de Rabbi Schelomo Yiçhaqi, célèbre écrivain né en 1040 à
Troyes en Champagne.—Le livre dé Bacrat a été imprimé à Livourne en 1845.—Voir
Gazés : Notes, etc., p. 10 et 235.
4 Cazès : Notes, etc., p. 10; Essai, etc., p. 117.
5 Ab. Calien dit (Lettre à M. Féraucl, dans Notices et Mém. de la Soc. archêol. de
la prov. de Constantine, t. X, 1866, p. 5) que lors de la prise de Tunis par Charles-
Quint en 1535, un Juif nommé Sinant y était lieutenant de Kheïr ed Din Barberousse.
Sinan Réis, de qui il veut parler, né à Smyrne, était communément appelé le Juif;
mais d'après Sandoval, il n'était pas Juif de naissance, et il ne parait même pas bien
certain qu'il l'ait été de religion.—Voir Sandeu Rang et F. Denis : Fondation de la
Régence d'Alger, Paris, 1837, t. II, p. 203.
6 Cazès : Notes, etc., p. 9 et 117.
7 Cahen : Les Juifs, etc., p. 203. — Gazés : Essai, etc., p, 119 et 120.
talmudiques sont communes et très fréquentées.Bientôt,les écrivains
juifs appelleront Tunis « la grande ville de savants et d'auteurs » i .
A partir de la seconde moitié du xvi° siècle, les rabbins tunisiens
avaient laissé des manuscrits; mais ce n'est qu'en 1759 que Moïse
el Addaoui,le premier, fait imprimer à Livourne un ouvrage, 133
btflDiy ,Les fils de Samuel. L'exemple fut suivi par les Carvalho,les
Hadad et une foule d'autres 2 .
En 1768, fut imprimé à Tunis même, à ce qu'on assure, un livre
d'Isaac Lumbroso, qui était mort en 1752, laissant une grande répu¬
tation de savant et de cabbaliste : pn^T"1 ÎTffi, La postérité d'Isaac.
Josué Cohen-Tanugi, homme riche et pieux mort à Jérusalem en
1796, et à qui les écrivains du temps décernent le titre de « seigneur
et chef », eut l'idée de faire œuvre agréable à Dieu en publiant cet
ouvrage. Il commanda à Livourne une petite imprimerie. Mais on
profita de son inexpérience pour lui vendre une presse usée, des
caractères hors de service. Aussi La postérité d'Isaac est-elle un
pitoyable spécimen de l'art typographique 3 . Cette déconvenue a
donné naissance à une légende.
Lumbroso, dit-on, avait eu maille à partir avec un dévot rabbin.
Ce saint homme demanda à Dieu que le livre de son ennemi ne fût
jamais publié. Effectivement, on envoya deux fois le manuscrit à
Livourne, et deux fois le navire qui le portait fit naufrage ; il existait,
par bonheur, une troisième copie, qu'on se garda d'exposer aux pé¬
rils de la mer. Le Seigneur, prenant enfin en considération les mé¬
rites de Lumbroso et l'effort de Cohen-Tanugi, permit que le livre
fût imprimé; mais comme il était impossible de ne pas tenir quelque
compte de la malédiction d'un personnage en odeur de sainteté,
Dieu fit en sorte que l'édition ne fût lisible qu'avec les yeux de la foi.
Pendant près d'un siècle, Zéra' Yichaq fut le seul livre imprimé
dans la Régence. Que devint l'imprimerie de Cohen-Tanugi? Comme
Cazès, j'en ai vainement cherché la trace.
En 1772, Azoulaï trouve à Tunis plus de trois cents rabbins, dont
il loue l'intelligence et le savoir K
De 1759 à 1886, il a été imprimé,presque toujours à Livourne, une
centaine d'ouvrages en hébreu de rabbins tunisiens °.Mon honorable

1 Gazés : Essai, etc., p. 127 et 133.


2 Gazés : Notes, etc., p. 15 et 152.
3 Gazés : Notes, etc., p. 16 et 241.
4 Azoulaï : Ma'gal toit, Livourne, 1879.
5 Trois de ces ouvrages renferment quelques passages arabes en caractères hébraï¬
ques, savoir :
Km2"n NlHffiD , de Messoud, Samuel et Haïm el Fassi. Livourne, Eliézer Saadon,
1805. (Dans ce volume se trouvent les plus anciens documents en patois juif tunisien
que je connaisse.)
HHB

- 18 —

ami M. David Cazès en donne la description très complète dans sôs


Noies bibliographiques sur la littérature juive tunisienne, qui repré¬
sentent une somme considérable de recherches.
Toutes ces œuvres ont un caractère religieux ou juridique, ce qui
est presque la même chose chez les Orientaux; elles consistent prin¬
cipalement en commentaires du Talmud et du Zohar l , en consulta¬
tions de casuistique et de droit rabbinique.
« Elles sont loin, dit Cazès 2 , de ressembler aux commentaires des

rabbins d'Allemagne, de Pologne ou d'Orient; elles ont un tour ori¬


ginal et une façon d'envisager les textes qui ne sont pas communs
et qui dénotent bien l'esprit particulier, le cachet du Juiî tunisien.
Les discussions sur les pointes d'aiguille, les dissertations sur les
mots, les subtilités insaisissables n'entrent pas dans les conceptions
des Israélites de Tunisie. C'est l'idée surtout qui est discutée,la forme
a peu d'importance. »
Il est conservé dans les familles une centaine de manuscrits qui
n'ont pas encore vu le jour et dont la plupart peut-être ne le verront
jamais. On écrit moins en hébreu; le zèle pour les spéculations dé¬
votes se refroidit ici comme ailleurs, et les esprits se tournent vers
des études plus positives. Cela tient aux relations croissantes des
Juifs tunisiens avec l'Europe,mais surtout à leur émancipation,ébau¬
chée sous Louis-Philippe, achevée en 1857 par Napoléon III : jamais la
liberté ne s'est montrée bien favorable au règne du mysticisme ni
à la prospérité de la scolastique.

IV — Le premier livre arabe en caractères hébraïques


En 1862, trois Israélites de Tunis, Mardochée Tapia, fds du grand-
rabbin de la communauté dite livournaise 3 et musicien apprécié qui

DU'il "H, de David Bonan et Juda Lévy. Livourne, Moïse Tubiana, 1857.
Dn""ON Un"?^ > d'Abraham Gohen-Ishaki. Livourne, Elie Benamozegh et O,
1865.
Voir Gazés : Notes, etc., p. 157, 47 et 104.
1 Sépher ha-Zohar (le Livre de la Clarté), attribué autrefois à Siméon ben Yohaï,
rabbin de Palestine du n° siècle, mais qu'on sait aujourd'hui écrit en Espagne tout à
la fin du xiii», est comme l'encyclopédie de la Gabbale.
Cette science occulte, sorte de gnosticisme dont les origines sont très anciennes et
remontent peut-être,comme celles de l'astrologie, à la civilisation sumérienne, a en¬
core, parait-il, des adeptes en Tunisie.
2 Notes, etc., p. 13. '
3 Depuis le xvp siècle, les Israélites de Tunisie sont divisés en rîDJîOn>» Sf7p ,
communauté Tunisienne, comprenant les familles qui habitent la Bégenco de temps
immémorial et celles qui viennent de pays musulmans, et njtOJ»i Snp , commu¬
nauté Livournaise (qui s'intitule plus volontiers Portugaise), formée des familles
originaires d'Europe.
(Slp i au pluriel rfonp , mot hébreu passé en judéo-arabe; A*~j!_y et K>\js ,

'^m tffc
jouait de la clarinette aux noces riches; Moïse ou Bichi Chemama,
qui cumulait avec les fonctions de maître d'écriture et d'arabe celles
à'oukil ou représentant des parties près le tribunal de POuzara ;
enfin Elie el Melik, sujet ou protégé français, papetier, celui-là même
dont la succession a donné lieu à un conflit diplomatique entre la
France et l'Italie et à un procès encore pendant, se mirent en tête
d'imprimer en caractères hébraïques le nouveau code tunisien, publié
Pannée précédente en arabe i .
9
9 P . C«
pluriels de et c^J 3 : j'affecte, contre l'usage, la première lettre de ces plu¬

riels d'un soukoun, parce que la règle de l'arabe littéral est tout à fait inapplicable
aux idiomes vulgaires, où la syllabe commence fréquemment par deux consonnes.)
Chaque communauté eut son grand-rabbin reconnu du gouvernement jusqu'à la
mort de Tapia (1897); administrativement, il n'y en a plus qu'un, qui porte le titre
de grand-rabbin de Tunisie. Mais en dépit de la fusion officielle des Twansa et des
Grana, prononcée le 14 juin 1899, la communauté Livournaise, la moins nombreuse
de beaucoup, mais la plus riche, la plus instruite et la plus remuante, composée d'é¬
léments étrangers parfois sourdement hostiles à l'action française (alors que chez les
Tunisiens, c'est l'opposé), conserve toujours son organisation propre, y compris son
grand-rabbin (prTK D , H)• On a écrit qu'en Tunisie, les Israélites forment un
petit État dans l'État : si c'était exact, ce qu'il ne m'appartient pas de décider, il fau¬
drait ajouter que les Livournais, de leur côté, constituent un État dans l'État juif.

1 L'édition arabe, intitulée ACL&j ^ -^le yvlSkl AJjl£l obU^! ;_ylS


y (Code des délits, dont la juridiction s'exerce sur qui est dans le royaume
de Tunis), est très rare. L'exemplaire que j'ai eu en mains, grâce à l'obligeance de
M.Victor Uzan.est incomplet d'un feuillet de la table.On n'y voit pas de page de titre et
il ne parait pas en avoir été imprimé. Le volume, de format in~8°, commence par un
cahier non chiffré qui avait 8 pages, savoir deux feuillets blancs et une table de quatre
pages ; chacune de celles-ci porte en tête,dans un cartouche : *^>U£j I j^j (Table
du livre), sans référence au titre de l'ouvrage. Suit une page blanche, au verso (côté
gauche) de laquelle se trouve la page 1, avec, en tête, le titre reproduit au commence¬
ment de cette note. Dn certain nombre de livres arabes débutent ainsi au verso du
feuillet,pour un motif superstitieux : avec la page 1 au recto (côté droit),on commence
à lire du côté gauche du livre ouvert, ce qui est d'un fâcheux augure. (Ne serait-ce pas
en partie pour ce motif que l'égyptien hiératique et ses dérivés le démolique et le
phénicien se sont écrits de droite à gauche, alors que les écritures antérieures, hiéro¬
glyphique et cunéiforme, allaient en sens inverse? Cette superstition de l'influence
du côté gauche doit être fort ancienne.)
Le texte forme 228 pages, numérotées en chiffres arabes. Au bas de la dernière, on

lit : ( TVV -A^srSvJl Xj^ijxJl AJyJS J^Jsj. J ^1, (Imprimé à


l'Imprimerie du Gouvernement tunisien, dans sa ville bien gardée, année 1277.)
Le code se compose de 664 articles.Une traduction française en a paru sous le titre
de Code civil et criminel du Royaume tunisien, dans A. Sbbaut -.Dictionnaire de
la Législation tunisienne, Dijon, 1888, Appendice, p. 11.
L'impression du texte arabe est antérieure à la promulgation, qui eut lieu le 28
ehaban 1278 (25 février 1862). A la même époque a été imprimée, dit-on, la constitu¬
tion tunisienne appelée Pacte fondamental, dictée au bey Mohamed sous le canon
d'une escadre française, par notre consul général Léon Roches, et promulguée le 20
moharrem 1274 (10 décembre 1857). Je n'ai pas vu ce volume.
Ce document était d'un haut intérêt pour les Israélites, car il con¬
sacrait leur égalité devant la loi avec les Musulmans,égalité décrétée
en 1857; et en spécifiant ce qui était interdit, il leur faisait connaître
indirectement leurs droits.
Les trois associés se procurèrent (où? je l'ignore) une petite presse
délabrée, achetèrent des caractères apportés comme échantillons
par un voyageur de commerce de Livourne, et mirent leur dessein
à exécution, faisant eux-mêmes office de typographes.
Le volume qui sortit de leurs mains avait pour litre, m'a-t-on dit,
rPDJiribi* nSllSi< *\îWp (Code du Gouvernement tunisien); c'était,
sauf erreur, le premier ouvrage tunisien en langue arabe imprimé
en caractères hébraïques. Il est aujourd'hui si rare, qu'il ne m'a pas
été possible de le voir, malgré d'activés démarches.
Le texte avait été préparé par Chemama. Je ne sais s'il y a eu
simple transcription, ou traduction en arabe vulgaire. Mais comme
le but des éditeurs était évidemment de faciliter à leurs coreligion¬
naires l'usage du code, il parait probable qu'ils l'ont tout au moins
rapproché de la langue parlée en traduisant les mots les plus diffi¬
ciles.
Nul n'a su me dire ce que les trois typographes amateurs ont fait
ensuite de leur imprimerie. Mais une vieille petite presse en bois,
qui avait appartenu successivement à un socialiste italien, Pietro
Patti, à un publiciste français, Gustave Reynaud, et à un architecte
également français, Garnier, après avoir imprimé l'Operaio, le Pro¬
grès Tunisien, le Réveil Tunisien, après avoir représenté sur le char
de la Typographie, aux fêtes de l'inauguration du port de Tunis, la
presse de Gutenberg, a été achetée en 1897 ou 1898 et démolie par
MM. Picard et C ie , imprimeurs — grandeur et décadence!... Ne se¬
rait-ce pas l'ancienne presse de l'association Tapia, Chemama, El
Melik?
V — Un cabinet de lecture à l'antique
Il y a cinquante ans, les Israélites tunisiens, qui se réunissent
maintenant dans certains cafés du genre européen pour y jouer à la
skouba ou au bézigue, fréquentaient volontiers, le soir, les cafés
maures, où, comme en tout pays de langue arabe, des conteurs de
profession appelés fdaouïa 1 récitent les aventures d'Antar,les mille
et une nuits, et tant d'autres productions anonymes et sans date
certaine de la littérature orientale. Un de ces narrateurs notam¬
ment, connu Sous le nom d'El Qaroui (le Kairouannais), s'était fait
à Tunis, vers 1868, une haute réputation d'éloquence.
Le plus assidu de ses auditeurs était un certain Haï Sarfati, mort

1 plur. J^jlSS.
— 21 —

septuagénaire il y a dix ans.Cet homme, qui tenait une buvette, était


doué d'une mémoire fidèle et d'une élégante écriture. Il commença
par répéter à ses clients dans la journée les récits qu'il avait entendus
la veille; puis l'idée lui vint de les écrire, et il y passait une partie
de ses nuits. Peut-être transcrivit-il aussi en hébreu cursif des li vres
arabes i. Quand il eut quelques manuscrits, il se mit à les louer au
prix relativement énorme d'une demi-piastre (trente centimes) par
cahier et par soirée, ou, pour les abonnés, de sept piastres et demie
(4 fr. 50) par mois, versées d'avance.
Le succès fut prodigieux; si bien que Sarfati prit des copistes, qu'il
payait à raison de 4 francs le cahier d'une centaine de pages, et créa
une véritable librairie comme celles du quatorzième siècle. C'est à
chaque pas, en Orient, qu'on coudoie le moyen âge.
Tout une génération a appris à lire l'hébreu cursif dans les codices
de Sarfati. Celui-ci vivait d'autant mieux, qu'à Pourim 2 , ses princi¬
paux clients lui donnaient des étrennes : qui dix piastres, qui vingt,
à ce qu'on assure.
H avait trouvé le moyen de garantir sa propriété littéraire. Sur la
page de titre de chaque cahier, il écrivait : « Soit anathème quicon¬
que copiera un seul mot »; et grâce aux superstitions du temps (qui
d'ailleurs ont persisté dans nombre de familles, surtout chez les
femmes), nul n'osait enfreindre une défense ainsi formulée. Ce n'était
que moyennant espèces sonnantes qu'il levait momentanément l'in¬
terdiction dans quelques cas.
En 1887, voyant le succès de VAjalia, dont je parlerai plus loin, il
fit imprimer à Tunis, chez Uzan et Castro, une de ses histoires, la
Tijania. Plus tard, il donna les Aventures de Rihan, Histoire de Jo¬
seph le Juste avec Zoulica, Histoire de papa Nissim le fumeur de ha-
chich s - Il a aussi publié une chanson ou deux.
Sur le titre de ses ouvrages, il nous informe qu'il est « connu sous
le nom du frère de Baya». Ce prénom, qui peut se traduire par Prin¬
cesse, est assez répandu chez les Musulmanes comme chez les Juives.
Je me suis, on le devine, enquis de Baya Sarfati; et si la notoriété
de cette jeune personne était réellement de la nature qu'on s'accorde
à lui attribuer, il faut convenir que la mention d'un pareil sobriquet,
faite fièrement par celui-là même qui en était affublé, ne manque
pas d'une saveur bien particulière et dénote chez cet homme une
mentalité curieuse.

1 Chez les Juifs tunisiens, tous les hommes savaient lire l'hébreu, mais fort peu
lisaient l'arabe.
2 Fête d'Esther, à l'occasion de laquelle se donnent les étrennes chez les Juifs.
3 Voir au chapitre ix, sous |xrin rrVO, rO^Tt NJJO p"H¥n SjDV nïp,
iS~iîon'\* cdj N3 rvNDn, n^Jàipn.Sx n-po.
- 22 —

A sa mort, Sarfati laissait un grand nombre de manuscrits que sa


veuve a vendus à l'imprimeur-libraire Sion Uzan.
Ce copiste a joué un rôle effacé, mais utile : en mettant pour la
première fois les lectures profanes à la portée de la masse de ses
coreligionnaires, il a contribué à élargir les idées de la génération
qui est sur le déclin et préparé le petit mouvement littéraire actuel,
qui en partie a vécu et vit sur son fonds.
Il n'est pas invraisemblable que, dans des temps plus anciens, les
œuvres qui constituent la merveilleuse littérature populaire des
Arabes aient été recueillies plus d'une fois à la façon de Haï Sarfati.
Comme, d'une part, chaque récitateur brode plus ou moins sur son
thème, comme, de l'autre, la mémoire humaine n'est pas un phono¬
graphe apte à enregistrer un long texte mot pour mot,cette hypo¬
thèse jetterait un grand jour sur le cas des divergences considérables
qu'on trouve dans un même récit d'un manuscrit à l'autre.

VI — Le premier ouvrage populaire


Le plus ancien écrit populaire d'un Juif tunisien dont il ait été
possible de trouver la trace fut imprimé à Livourne,en l'an 5628 de
l'ère juive (1867-68), sous le titre de Ma'assè cha'achou'im (Histoire
délectable) 1 . L'auteur, Eliahou Haï Guedj,né à Tunis vers 1830, a ha¬
bité Alger une vingtaine d'années ; un certificat d'IsaacBloch, grand-
rabbin de cette ville, en date du 17 mai 1890 (Guedj avait alors
soixante ans d'après cette pièce), le déclare apte aux fonctions de
rebbi de midrache, c'est-à-dire de maître d'école primaire hébraïque.
Il vit aujourd'hui à Tunis, et avec sa verte vieillesse, son regard vif
et assuré sous des sourcils en broussaille et sa longue barbe blan¬
che, ferait un superbe modèle d'Abraham ou de Moïse.
Son livre est en deux volumes in-16, formant ensemble 238 pages.
Le tome premier est aujourd'hui assez rare pour qu'il m'ait fallu le
reconstituer au moyen de deux exemplaires incomplets.
Histoire délectable est tout ce qu'on pouvait attendre, étant donnés
l'époque et le lieu. Ce recueil sans homogénéité commence par une.
Histoire de Sindebad le marin, peut-être de même source que les
manuscrits de Sarfati ; vient ensuite une série d'historiettes édifiantes
en intention, traduites de l'hébreu, dit-on, avec l'assistance d'un
certain Isaac Gandus. L'ouvrage est complété de façon imprévue par
une sorte de traité des pronostics météorologiques.
Le style est diffus; les répétitions abondent, mais on sait que ce
défaut n'en est pas un aux yeux des écrivains sémitiques; l'arabe,
qui est à deux ou trois expressions près celui que parlent les Juifs de

1 Voir au chapitre ix, sous tW^O ")2D .


Tunis, est émaillé d'hébreu et même de ces mots d'initiales que les
rabbins affectionnent et qui embarrassent jusqu'à celui qui les a
écrits.
Quant au fond, il est naïvement oriental. On en jugera par l'anec¬
dote ci-dessous, que je traduis le plus fidèlement possible, et qui,
bien qu'empruntée sans doute à quelque auteur hébreu plus ancien,
caractérise, par la façon dont elle est présentée, l'état d'âme des
Juifs tunisiens d'il y a trente à quarante ans.
Le livre eut beaucoup de succès et rapporta, dit-on, à l'auteur un
bénéfice honnête. Mais l'initiative était bien hardie pour le temps;
aussi Guedj devait-il rester seize ou dix-sept ans sans imitateur.
A partir de 1885 ou 1886, cet écrivain a fait paraître à Alger plusieurs
ouvrages en judéo-arabe algérien, dont il sera parlé au chapitre xiii,
et des livres pieux en langue hébraïque.
Histoire d'un homme pieux le soir de la paque
Il est arrivé une histoire à un savant. C'était un homme pieux et
saint, qui approchait l'entourage du sultan. Celui-ci l'aimait beau¬
coup et voulait toujours lui donner de l'argent; mais cet homme ne
consentait pas à en recevoir de lui. Bien (pie le sultan s'évertuât à
lui en faire prendre, jamais cet homme pieux n'acceptait une obole
ni de lui ni d'aucun autre, mais il travaillait pour lui-même et peinait
pour gagner son entretien et celui de ses entants; toutefois, il n'y
arrivait jamais qu'en se donnant beaucoup de mal et ne pouvait
économiser une obole, obtenant tout juste sa dépense.
La pâque approchait, et il n'avait pas de quoi célébrer la fête ; le
sultan s'aperçut que cet homme pieux était dans l'inquiétude et
l'embarras à ce sujet: «Prends, lui dit-il, cette somme d'argent, et
va célébrer ta fête avec tes enfants. » — «Mon Seigneur, répondit l'au¬
tre, tu sais que je n'ai l'habitude de recevoir d'autrui de l'argent ni en
prêt, ni en don, que je ne vis que du travail de mes deux mains : et
à tout moment, tu me fais rougir.» Le roi * s'emporta et lui dit :
«Sache que je suis sultan,et que lu es Juif.Tout le monde quémande
à Dieu et au roi : toi, tu fais le fier avec moi et tu me dis que tu ne
reçois pas d'argent d'autrui ! » Et levant la main, il le frappa du poing
et le repoussa.
Au moment où le roi le poussa de la main, sa bague s'échappa de
son doigt et tomba dans le soulier de cet homme pieux, sans que
l'un ou l'autre s'en aperçût. Or, la valeur de cette bague était de
trente mille piastres 2 .
Cet homme pieux s'en alla chez lui, attristé de ce que le sultan

1 Sultan et roi sont considérés comme synonymes.


2 18.000 francs.
l'avait frappé du poing, et se mit à se dépouiller de ses vêtements.
Au inornent où il ôta son soulier, la bague en tomba, et aussitôt qu'il
la vit, il la reconnut pour celle du sultan. Réfléchissant alors en lui-
même, il dit: «Cettebague du sultan,le Seigneur nie l'a envoyée pour
que je célèbre la fête,parce que je ne veux rien recevoir ni des gens
ni du roi. Le Saint (qu'il soit béni ! ) a fait un miracle en mettant la
bague du sultan dans mon soulier àl'insu du roi et au mien: il m'est
licite d'en profiter. »
Il prit donc la bague, alla l'engager pour dix mille piastres, et
dépensa pour ses enfants et pour la fête; il célébra celle-ci comme
les grands et opulents personnages, tant sous le rapport des costu¬
mes de ses enfants que sous celui des bijoux complets qu'il leur
acheta ainsi qu'à sa femme.
Quand le roi se regarda la main et ne trouva pas à son doigt sa
belle bague, il en fut irrité et chagrin. Il convoqua les serviteurs de
sa maison et les grands de l'Etat et leur dit : « Sachez que ma bague
m'est tombée du doigt. Il vous faut la chercher et vous en informer
et me la rapporter, car j'y tiens beaucoup. »
Or, il y avait à la Cour un adversaire des Juifs, qui en tout temps
les détestait, les haïssait ; et par la grande haine qui était dans son
cœur, lorsqu'il voyait cet homme pieux, c'était avec irritation et dé¬
plaisir. Quand le sultan, ayant perdu sa bague, donna au sujet de
celle-ci des ordres à ses serviteurs, cet adversaire se leva et dit au
roi : «Mon Seigneur, je te dirai que je n'ai aucun doute que ta bague
ne soit en la possession du Juif que tu aimais et avais en affection :
c'est lui qui l'a volée. » — « Comment, dit le roi, serait-il possible
que celui-là m'eût volé? Je le priais de recevoir de moi de l'argent
et il n'en a pas accepté, alors que je le savais sans ressources; et je
l'ai frappé,injurié et chassé parce qu'il repoussait toujours mes dons
et me disait: «Je ne veux pas vivre de l'argent d'autrui, je ne vis que
de ce que je gagne à la sueur de mon front. » Du jour où il est sorti
d'ici chassé, il n'y est pas revenu. Et tu me dis que c'est lui qui m'a
volé ma bague ?» — « Mon Seigneur, répondit au roi cet adversaire,
envoie voir comment il passe cette fête : s'il est dans l'aisance, sache
que c'est lui qui a volé la bague; si au contraire il est dans la gêne,
sache qu'il ne l'a pas volée. »
Le roi lit alors appeler le grand-rabbin des Juifs et lui dit : « Je
veux que tu me renseignes sur la condition de l'homme pieux un tel
pendant cette fête et sur celle de ses enfants, car j'ai perdu une ba¬
gue du prix de trente mille piastres : or, je le sais pauvre et indigent,
et il n'est pas venu à moi avant la fête. Je t'ordonne de t'enquérir
au sujet de cet homme pieux et de me faire connaître sa situation. »
Le grand-rabbin des Juifs se rendit donc à la maison de cet homme
pieux. Il le trouva installé comme le sultan chez lui, au milieu de ses
enfants couverts de vêtements magnifiques et de bijoux complets.
•Les tentures de la pièce étaient royales. Lui-même était assis à lire,
sans la moindre préoccupation.
A l'entrée du,grand-rabbin, l'homme pieux se leva, lui fit le meil¬
leur accueil, le fit asseoir au fond de la chambre 1 , dressa une table,
apporta toutes sortes de friandises et traita dignement son hôte.
« Raconte-moi, lui dit le grand-rabbin, le miracle qui s'est fait pour
toi à cette fête. » Après avoir rendu grâces à Dieu, l'autre lui conta
tout ce qui lui était arrivé, qu'il avait engagé la bague pour dix mille
piastres, convenablement célébré la fête et vêtu ses enfants, et qu'il
avait l'intention de faire fructifier le reste pour son compte. « Mais,
dit le grand-rabbin, comment t'arrangeras-tu avec le sultan quand
il apprendra que c'est toi qui as la bague ? » — « Que pourrait-il me
faire? dit l'autre : je ne la lui ai pas volée, c'est un présent que Dieu a
fait à mes enfants et à moi.Qu'ai-je fait au sultan, pour le craindre? »
Le grand-rabbin quitta l'homme pieux, alla informer le sultan de
tout ce qu'il en avait entendu. Le sultan en eut une grande joie et
remercia le Seigneur de ce que sa bague était allée à l'homme pieux
pour que celui-ci usât de son argent. « Maintenant, dit-il, je sais que
c'est le Seigneur qui m'a fait cette grâce. Je te prie donc, grand-rab¬
bin, d'aller saluer cet homme de ma part; dis-lui que j'ai été très
heureux de trouver ma bague dans ses mains, que je sais que c'est
par l'action divine et que c'est Dieu qui lui a donné la bague que
j'avais au doigt en la plaçant dans son soulier à son insu et au mien.
Mais qu'il me fasse le plaisir de m'apporter la bague et d'en recevoir
de moi la valeur et qu'il ne la vende pas à un autre, parce que j'y
tiens fort. »
Le grand-rabbin alla trouver l'homme pieux et lui rapporta les
paroles du sultan; tous deux se réjouirent de ce miracle opéré par
le Saint (qu'il soit béni!). Ils prirent la bague et l'apportèrent au
sultan, qui leur versa trente mille piastres pour son prix. L'homme
pieux remboursa alors les dix mille piastres du gage et fit le com¬
merce avec ce qui restait de l'argent; et il passa lereste de ses jours
dans un grand bien-être, lui et ses enfants. Que le Saint (qu'il soit
béni !) fasse de même pour nous et pour les enfants d'Israël nos
frères, et qu'il nous envoie de nos jours le Messie.
Amen I
VII — La presse périodique
Les relations avec l'Europe se multipliaient. En 1878, l'ouverture
des écoles de l'Alliance Israélite vint remuer les esprits, et bientôt
l'occupation française donna libre cours à leur activité en suppri¬
mant certaines entraves.

1 La place d'honneur est au fond de la pièce, autrement dit en face de la porte.


— 26 —

La presse périodique, en particulier, devait exercer sa séduction


sur les Juifs tunisiens, gens curieux et entreprenants. Ce chapitre
renferme tout ce que j'ai pu apprendre de leur action dans ce sens.
Je comptais être en mesure de présenter un travail moins incom¬
plet, ayant sollicité du Secrétariat général du Gouvernement Tuni¬
sien l'autorisation de consulter les archives du dépôt légal des
imprimés judéo-arabes. L'honorable M. Roy montre, d'habitude, la
plus grande bienveillance aux travailleurs, et ce que je demandais
ne paraissait pas bien dangereux pour la sûreté de l'Etat. Mais
l'Administration tunisienne ou, pour mieux dire, l'Administration
française de Tunisie, passe en léthargie, on le sait, quatre mois de
l'année. Le Secrétaire général était en voyage, son adjoint égale¬
ment; leurs remplaçants provisoires n'auront point osé prendre une
décision dans un cas aussi grave! Bref, on ne m'a même pas ré¬
pondu.
Dans le présent chapitre et dans les suivants, les écrits dont il ne
m'a pas été possible d'obtenir communication sont marqués d'un
astérisque. Pour les autres, j'indique par des lettres grasses (égyp¬
tiennes) les mentions figurant en caractères latins dans le texte ou
que j'ai vues transcrites en caractères latins par l'auteur lui-même;
les passages traduits textuellement sont guillemetés; enfin les ren¬
seignements puisés à d'autres sources que la publication considé¬
rée sont entre crochets.

Première période : Régime de l'interdiction


Antérieurement au 14 octobre 1884,1a publication des journaux
était prohibée dans la Régence; mais le gouvernement,gêné par les
capitulations,ne pouvait empêcher l'introduction des écrits de cette
nature imprimés en Europe. Cette période n'a produit, à ma connais¬
sance, que trois feuilles judéo-arabes.
Dès 1878 (c'est, du moins, la date qu'il m'a indiquée) un tout jeune
homme, Abraham D. Taïeb, tenta la création d'un petit journal heb¬
domadaire,* H 11 DJiri^î ÎT^Dy^t (la Province tunisienne), qui s'im¬
primait à Livourne, chez Costa. Cette feuille, destinée dans l'esprit
de l'éditeur à répandre l'instruction chez ses coreligionnaires, con¬
tenait, entre autres matières, des dialogues en français avec traduc¬
tion en judéo-arabe; bien que censée purement littéraire,didactique
môme, elle se permettait (c'est M. Taïeb qui parle) des allusions dis¬
crètes à la politique.
La Province tunisienne n'eut que deux numéros, trois tout au plus.
En 1884,Eliézer Farhi,à qui le prochain chapitre sera entièrement
consacré, publie, sous le titre de *H\y2Gn ( en hébreu le Porteur de
— 27 —

bonnes nouvelles),'une, sorte de revue mensuelle qui s'imprimait à


Livourne, chez Elie Benamozegh et C iel .
Il la supprime au bout de quelques mois et fait paraître à sa place,
vers le milieu de septembre 1884, "iiy^OloStf (pour y^-ljl, le Por¬
teur de bonnes nouvelles, à moins qu'il ne s'agisse d'une III e forme
ayant le même sens, ce qui ne parait guère probable), journal heb¬
domadaire imprimé aussi chez Benamozegh, [et qui aurait vécu envi¬
ron deux ans d'après Farhi].
Je n'en ai pu trouver que les numéros 1 à 23. Ils portent le millé¬
sime 56 45 (1884-85), sans date plus précise; mais le numéro 5 men¬
tionne la lecture de la semaine, *]b TîD, ce qui permet de le
placer entre le 25 octobre et le 1 er novembre 1884. Le journal a quatre
pages, numérotées en chiffres européens, du format de 28 centimè¬
tres sur 40. [Il tirait à 500 exemplaires; l'impression du numéro
coûtait 60 francs, ce qui était fort cher.]
Le prix de l'exemplaire était de cinq caroubes (20 centimes) pour
le numéro 1 et le numéro 2; il s'élève à six pour le numéro 3, à sept
pour chacun des huit numéros suivants, et redescend ensuite à six
caroubes.
Comme tout journal qui se respecte, El-Moubacher avait un feuil¬
leton, Histoire d'El-'Anqa, fille du roi Barham Jour, [roman arabe
que Farhi a édité plus tard en volume 2 ; le manuscrit, acheté à un
Juif de Tunis, avait été rédigé d'après le récit d'un fdaouï et prove¬
nait ou de Sarfati.le libraire antique, ou de quelqu'un de ses émules].
[Comme l'imprimeur ne comprenait pas l'arabe], les coquilles pul¬
lulent dans El-Moubacher. Le journal lui-même,au reste, n'a rien de
transcendant : il ne satisferait pas le moins exigeant des lecteurs
français de province. Mais à cette époque, si récente par le temps et
pourtant déjà si lointaine par les us et coutumes, il avait sa raison
d'être dans l'impossibilité où se trouvait la masse de la population
juive de se renseigner ailleurs, et il a certainement rendu des ser¬
vices. Puis, n'oublions pas que ce fut de fait le premier journal judéo-
arabe, car l'ancien y —t^-f et surtout la Province tunisienne ne
peuvent guère entrer en ligne de compte.
[Par quelques traces — bien vagues — de socialisme, El-Mouba¬
cher scandalisait, dit-on, les Juifs de la vieille école, qui le jugeaient
fort avancé. Il passerait plutôt pour timide, je pense, aux yeux de la
génération nouvelle.]

1 Cette maison était bien connue à Tunis, car elle'avait imprimé, de 1837 à 1878,
douze ouvrages en hébreu de rabbins tunisiens. — Voir Gazés, Notes, etc., passim.
2 Voir au chapitre ix, sous NpJNjAî n"VD.
28

Deuxième période : Régime du cautionnement


Le cautionnement fut établi par M. Cambon le 14 octobre 1884, et
dura trente-quatre mois.
Sept journaux font leur apparition durant cette période, savoir :
Bl-Chams (le Soleil). .^Ji DDItfbtf
«Journal politique, littéraire»; hebdomadaire. Directeur géné¬
ral, Chalom Guetta. Agent à Tunis, B. de S. Guetta. Elie Sasson,
Rédacteur. Gérant, Albert Ginesty. Paris, Imprimerie Charles Blot,
rue Bleue,7. Quatre pages 28X46, dont deux en arabe et deux en ca¬
ractères hébraïques, donnant la transcription exacte des précéden¬
tes. Le numéro, 15 centimes.
Ce journal a dû paraître à la fin de février ou au commencement
de mars 1885 : le numéro 15,1e seul que j'aie vu, est daté de Paris,
le 7 juin 1885.
Le Soleil a bon aspect et paraît assez bien rédigé. [Le bruit a couru
(j'ignore ce qu'il en faut croire) que les fonds étaient faits par le cé¬
lèbre désorganisateur Moustafa ben Ismaïl. Mais Chalom Guetta, en
prétendant s'adresser simultanément aux deux fractions de la po¬
pulation indigène, avait élé trop ambitieux. Les Arabes d'alors ne
voyaient guère l'utilité d'un organe autre que l'Officiel Tunisien,
outre qu'ils ne pouvaient tenir en haute estime une publication faite
par des Juifs. Les Israélites, d'autre part, comprenaient mal la lan¬
gue employée, trop savante pour eux ; le nouveau journal ne s'occu¬
pait pas assez de «leurs frères». Aussi El-Chams paraît-il n'avoir eu
qu'un maigre succès.]

En hébreu Messager intègre, p"]^ "lUQD


Cette traduction est celle de l'éditeur; mais on peut comprendre
également le Messager de Justice.
Par Simah ben Nathan ha-Lévy. Prix, 2 caroubes.Une page 29 X 40.
Je n'ai vu que le numéro 2, daté de Tunis, 30 octobre 1885. L'his¬
toire d'un petit garçon qui n'aimait pas la lecture y est interrompue
au beau milieu d'une phrase, sans le moindre ins* 1 StfODli* (A
suivre). [On attendit tout de même avec confiance le numéro 3 pour
connaître le dénouement...On l'attend encore!]
[Imprimerie Internationale. C'était un journal littéraire et d'infor¬
mations,qui ne faisait pas de politique; il a dû paraître vers le 23
octobre 1885.]

Le Flambeau de la Vérité. * pnbfrî "ITIJD


Par Chalom Flak ou Flah. Paraissait trois fois par mois. Aurait
duré un an (1885-86) d'après l'éditeur, dont les souvenirs, je l'ai cons¬
taté, ne sont pas toujours bien précis.
— 29 -

Le premier numéro avait été imprimé chez Uzan et Castro; mais


un rédacteur, Isaac Cattan, ayant pris vivement à partie le caïd des
Israélites, Michel Uzan, le journal dut, à partir du numéro 2, se trans¬
porter à l'Imprimerie V. Finzi.
Moucharrah El-Asdar. iKTi^b^ m^D
(Celui qui réjouit les cœurs,, mot à mot qui dilate les poitrines).
C'est du moins le sens habituel de cette locution; mais comme
signifie aussi ouvrir (un fruit, un animal, etc.), rien ne s'opposerait
à ce qu'on traduisit celui qui fait l'autopsie des cœurs; et il est fort
possible que l'éditeur ait cherché précisément l'équivoque.
Journal paraissant tous les dix jours. Prix du numéro, 3 caroubes
(12 centimes). Chez M. Elie Scemla, négociant, rue Sidi-Mardoum.
Imprimerie Internationale, rue des Glacières (El-Fella), Tunis. Quatre
pages 29 X 40.
A dû paraître vers le 20 août 1886. Le numéro 3, le seul qui m'ait
été montré, est daté du 23 eloul 5646 (23 septembre 1886). Il est signé
.\y.t [Jacob Chemla] etC ie , à Tunis. [En réalité, Moucharrah El-Asdar
appartenait à Isaac Temam, qui l'avait fondé pour combattre le Flam¬
beau de la Vérité de Flah, mais qui y mettait les initiales tantôt d'un
de ses collaborateurs, tantôt d'un autre, afin, m'a-t-il dit avec can-
deur,de ne pas être seul à porter la responsabilité de ses polémiques.]
[M. Temam ne se rappelle pas exactement la durée de son journal,
mais croit qu'il a eu une trentaine de numéros; suivant d'autres, il
aurait vécu à peine trois ou quatre mois; enfin un journaliste géné¬
ralement bien renseigné m'affirme qu'il n'a pas dépassé quatre à
cinq décades.]
La Pleine lune. S^Q^S^ ~TqSï<
Paraissant tous les quinze jours. Par S. [Chalom] Flah. Tunis, Im¬
primerie Uzan et Castro. Le numéro, 40 centimes. Chez M. Moïse
Scemla, rue Sidi-Murdjani, 99.
Petite revue littéraire et didactique, [qui devait paraître le 15e ou
le 16 e jour de chaque mois lunaire, d'où son titre. Il n'en a été publié
qu'un fascicule], daté du 14 novembre 1886. Vingt-quatre pages
14 X 20, avec couverture imprimée reproduisant la page de titre.
[L'éditeur se proposait, me dit-il, un double but : enseignement
d'une morale; diffusion des premières connaissances utiles et de la
langue hébraïque, peu étudiée par ses coreligionnaires de Tunisie.
Les notices que Flah avait préparées pour sa revue ont été publiées
en petits volumes séparés qui seront décrits au chapitre ix].

Le Jardin. ]tf jilbtf


Par Simah Lévy. Imprimerie Uzan et Castro,Tunis.
— 30 -

[Il n'en a paru qu'un numéro], daté de sivan 5647 (mai ou juin
1887). Le millésime est en chiffres hébraïques;le titre est encadré
d'un curieux dessin calligraphique oriental, exécuté par Lçvy au
moyen de vignettes typographiques. Quatre pages 19 X 28.
Pour éluder la loi du cautionnement, ce journal est intitulé :
'[Wil'itf mtfroSî's *D Sl^Sn QDpStf (Première livraison du livre
Le Jardin).
Celui qui découvre les choses cachées. "^"iDfrî 1^ ilï^B
«Jetant les fondements de la science, ouvrant les yeux. Rédigé par
la Société .1 .3 .S » [Chalom Flak, Joseph Cohen Ganouna, Sion Ni-
zard].
—,\V ^.tob est évidemment, dans la pensée des éditeurs, la tra-
J ■ C '
dnction du nom donné par Pharaon à.Joseph, PiJyS n3SÏ. Ces mots
auraient en effet la signification ci-dessus, d'après la tradition hébraï¬
que. Mais Gesenius les rend par susteniator seculi; Sander et Trenel
indiquent deux sens, qui découvre les choses cachées et le sauveur ou
le salut du monde; enfin le Rabbinat français traduit sauveur de
l'Empire 1^.
[Il n'a été publié qu'un numéro], à la date du 18 sivan 5647 [10
juin 1887]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]. Quatre pages
19 X 28.
Cette feuille, comme la précédente et pour le même motif, est inti¬
tulée Première livraison du livre..... Elle renferme quelques notions
fort élémentaires de physique, des problèmes,de petites anecdotes,
de courtes phrases françaises avec traduction judéo-tunisienne et
prononciation figurée en caractères hébreux. Bref, c'est un très mo¬
deste essai de publication didactique.

Troisième période : Régime de la. liberté


Massicault supprima le cautionnement le 16 août 1887 et le régime
libéral ainsi inauguré dura neuf ans et demi, pendant lesquels je
relève quinze titres :
Moutargem (Interprète). T2X~\T\'Û
J'ai eu en mains le n° 1, du 8 décembre 1887, et le n°12,du 14 mars
1888.Les 12premiers numéros ont donc mis 15 semaines à paraître.
Sans signature d'éditeur [Chalom Fiait]. Hebdomadaire. Prix du
numéro,3 caroubes (12 centimes). Imprim. Internationale (Uzan et

1 Genèse, xli, 45. — Gesenius : Lexicon manuale, éd. Hoffmann, 1857, p. 798. —
Sander et Trenel : Dict. hébreu-français, p. 625.— La Bible de la Jeunesse, tra¬
duite de l'hébreu par le Rabbinat français sous la direction de Zadoc Kahn, Paris,
1899, p. 43.
— 31 —

Castro) rue des Glacières, 52, Tunis. Gérant responsable S. [Chalom]


Flah. Quatre pages 27 X 39.
[Journal politique. A duré «moins d'un an», d'après une commu¬
nication de M. Flah.]

Journal de la fête du Grand Deuil. "p^n b WTU


(bRmi, écrit aussi btfrÙ; pluriel, ntfbWTÙ- On emploie plus
élégamment, dans le même sens, l'arabe ibjjs»..)
Par Simah Lévy. «Premier numéro. Jour de Chouchan Haguen,
dans l'après-midi. Année de YElègie de l'Amour. » [Numéro unique.]
Une page 24 X 33. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale.] Sans
date [probablement juillet 1888. VElégie de l'Amour était une poé¬
sie de Chaloum Yiroucbalmi] qui, d'après le texte, aurait eu un grand
succès.
(]\yTiy est le nom de Suse en hébreu. Le second jour de Pourim,
célébré seulement dans le rite portugais, s'appelle Pourim de Suse,
mais par corruption, les deux mots sont intervertis; par plaisante¬
rie, l'écrivain caractérise de la même façon le lendemain de Ha¬
guen.)
Cette pièce n'a d'un journal que le titre et la disposition typogra¬
phique; en réalité, c'est une sorte d'homélie.
L'Etoile. nDJObit
« Dont la clarté luit chaque mardi matin. » Prix, deux caroubes.
Journal littéraire. Sans signature d'éditeur [Simah Lévy]. Sans lieu
[Tunis],Imprimerie Internationale (Uzan et Castro).Numéro 1. Sans
date [vers 1888]. Quatre pages 19 X 28. [N'a paru qu'une fois.]

Bl-Boustan (le Jardin de fleur»). ^riDH^


Directeur : M. [Messaoud] Maarek. Tunis, Imprimerie Internatio¬
nale Uzan et Castro. Quatre pages 28 X 39 et 27 X 38. Le numéro, un
quart de piastre (bïO~l et 10 centimes à partir du 6 juillet 1893.
Hebdomadaire. Les numéros 25 et 254 ont cinq pages.
Les numéros dont j'ai eu communication vont de 1 à 300.Cette col¬
lection unique appartient à M. Simah Lévy.
El-Boustan a commencé à paraître le 6 juin 1888; [il n'a succombé
qu'au décret beylical du 2 janvier 1897, rétablissant le cautionne¬
ment] : nous verrons plus loin qu'il n'attendait que le retour aux ins¬
titutions libérales pour renaître de ses cendres. De tous les journaux
judéo-arabes, c'est, de beaucoup, celui qui a eu la plus longue exis¬
tence.
Maarek s'adjoignit son beau-frère Jacob Chemla comme rédacteur
en chef, le 8 décembre 1892; c'est du moins la date à laquelle la
signature J. Chemla, Rédacteur en chef, commence à figurer à la
— 32 —

manchette, en face de M. Maarek, Directeur et Administrateur.


Vers le 7 mars 1894., je crois, M. Maarek cède la propriété de son
journal à l'Imprimerie Internationale, et M. Uzan en prend la direc¬
tion, mais sans signer. A cette date, les signatures Maarek et Chemla
disparaissent du titre, et sont remplacées par Administr. et Rédact.
à l'Imp. Internationale. A partir du 19 avril 1894, on lit à la man¬
chette : Rédacteur, J. Ohemla, indication supprimée de nouveau le 14
août 1895. Du numéro 1 au numéro 300, Maarek figure comme Gé¬
rant responsable.
Voici les dates de quelques numéros:31,7 janvier 1889;81,7 janvier
1890; 131, 6 janvier 1891; 181, 5 janvier 1892; 230, 6 j janvier 1893;
263, 24 janvier 1894; 295, 6 janvier 1895; 300, 14 août 1895. Ces re¬
pères montrent qu'hebdomadaire en théorie, El-Boustan ne l'a été
que très vaguement dans la pratique, surtout à partir de 1893. Ainsi,
on trouve entre les numéros 262 et 263 un intervalle de soixante-
quatre jours, et du 17 août 1894 au 14 août 1895 (52 semaines), le jour¬
nal n'a paru que 14 fois.
Une périodicité rigoureuse est, du reste, à peu près inconnue aux
journalistes judéo-arabes : la feuille hebdomadaire est celle qui se
fait voir au maximum une fois la semaine. La cause des lacunes est
le plus souvent cette fâcheuse maladie que maître Alcofribas appe¬
lait « faulte d'argent, c'est douleur nonpareille ».
El-Boustan a toujours été un organe honnête, pondéré, discutant
consciencieusement les questions juives et ne s'occupant guère de
politique générale. On lui reproche (mais ce grief est également fait
à la plupart des autres journaux) d'être écrit dans une langue peu
compréhensible pour la masse, à cause de l'emploi de termes musul¬
mans, c'est-à-dire usités seulement chez les Arabes, et en même
temps de néologismes empruntés à l'italien et au français.
Ce journal a donné en feuilleton hltS^S, d'autres écrivent "pŒ^iiS)
i03î<2D "S "nrrStf (les Juifs en Espagne), ycÏÏ)W 2nSii (Amour
et Patrie) et *l"jbî< rQli^nO (la Guerre de religion). [Ces romans
étaient traduits de l'hébreu, le premier par J. Chemla, les deux autres
par M. Maarek.] Amour et Patrie a été tiré à part. La Guerre de reli¬
gion, [traduction du livre D'HU? 1 TYID lï* 'ppjfut continuée parSimah
Lévy] et publiée aussi en volume 1 .
La Liberté. H^inSK
Le titre français est en gros caractères, le nom arabe en sous-titre.
. Journal bi-hebdomadaire, organe des intérêts israélites en Tuni¬
sie. «Publié par une société, à Tunis» [Chalom Flah, Joseph Cohen
Ganouna, Haï Sitruk]. Abonnement, 6 francs par an (le prix du nu-

1 Voir au chapitre ix, sous ^n [< et sous pl^K n3"lNTI0


— 33 -

méro n'est pas indiqué). Gérant responsable, Joseph Cohen Ganou-


na. Imprimerie Internationale (Uzan et Castro), Tunis. Quatre pages
23X35.
[C'est le premier essai d'un journal judéo-arabe bi-hebdomadaire.
A dû paraître le 8 ou le 9 septembre 1888. Aurait eu huit ou dix nu¬
méros.] Je ne connais que le n° 2, du 12 septembre 1888.
Eliézer Farhi était chargé des encaissements, ce qui n'a pas dû lui
donner un travail énorme.

L'Hospice des Fous. ftftDDnobï*


(Pour ^~>y ou .bu-jU).
« Entrée libre. Journal à un numéro. Numéro 1. Jour de Haguen
35 décembre. Année OOOO. »
Sans nom d'éditeur [Haï Si truk]. Imprimerie Internationale, Tunis.
Gérant responsable,B.Smadja. Sans date [versl888],après la dispari¬
tion du Moutargem et l'apparition â'El-Boustan.Qua.lve pages 20X27.
Numéro unique. Production incohérente sous forme de journal.
[Raphaël Smadja était un typographe ami de Sitruk; il est aujour¬
d'hui metteur en pages à la Dépêche Tunisienne.]

Le Télégraphe. P]tnA' ,L' ,'nbî<


Il m'a été montré les numéros suivants : 52,180,184,187,190,198,
204, 208, 253, 270.
Prop., Adm. Imp. Internationale. Directeur : M. Maarek. « Journal
politique, commercial, local et de l'extérieur, paraissant tous les
jours sauf ceux des fêtes religieuses. » Cinq centimes, et plus tard,
une caroube. Gérant : J.Cohen Ganouna. Imprimerie Internationale,
rue des Glacières, puis rue Sidi-bou-Menedjel. Deux pages 24 X 35-
Le Télégraphe a dû paraître vers le commencement de juin 1889 :
le n° 52 est du 5 août de cette année, le n° 270 du 16 mai 1890; soit
218 numéros en 284 jours, ou 4,8 par semaine en moyenne. C'est la
première feuille approximativement quotidienne qui ait été publiée
dans la Régence, à moins qu'on ne veuille donner le nom de journal
au petit placard de télégrammes tantôt imprimé, tantôt tiré à l'auto-
copiste, que l'Agence Havas distribuait et distribue encore à ses
abonnés.
La matière du Télégraphe se composait exclusivement de télé¬
grammes traduits de la feuille Havas et de la Dépêche Algérienne,,
de quelques annonces ou avis commerciaux, et comme feuilleton,
d'un roman qu'on ne s'attendait guère à trouver là en arabe, les
Mystères de Paris, d'Eugène Sue. Cette traduction a été tirée à part l .
[Le Télégraphe a vécu un an environ.]

1 Voir au chapitre ix, sous VHNS iTHDD 2NJ"Ù.


En hébreu les Fleurs. D"OÏ3n
Par Simah Lévy. Petit journal littéraire [qui n'a eu qu'une livrai¬
son].
Librairie Hébraïque Simah Lévy. Imprimerie Internationale, Tu¬
nis. 5650 (1889-90) ; la section de lecture mentionnée, rV^N"Q HtïHS,
permet de préciser : elle s'applique à la semaine allant du 17 au 24
octobre 1889. Huit pages 14 X19.
Le Réveil. "pi nabi*
(A Tunis, est souvent employé, par les Arabes comme par les
Juifs, dans le sens de réveiller, que ne donnent ni Kazimirski, ni le
P. Belot, ni Bel Kassem ben Sedira, ni même Beaussier. Celui-ci dit
seulement : « lever, débusquer, faire partir le gibier (Tun.),syn.
J°y>'»)
J'ai vu les numéros 7, 8,10 et 11. Ce journal «hebdomadaire» a
sans doute paru vers le 26 mars 1891. Le n° 7 est du jeudi 29 nissan
5651 (7 mai 1891); le no 8, du 15 septembre 1892; le n° 11 [et der¬
nier], du 23 octobre 1892.
Il y a eu, on le constate, un intervalle de 497 jours entre les n os 7
et 8. A sa réapparition, le journal a subi divers changements.
Au n° 7, le titre est tout en caractères hébraïques. Le nom du
journal, d'un corps assez faible,est dans une vignette formant cadre.
Sous-litre : tQ^yi I^IS iDïOb Ttf"| (organe politique, littéraire et
scientifique).
(Ttf"1 est un emprunt au titre du journal officiel tunisien, O-jL-JI
^~>yù\. Il désigne proprement le batteur d'estrade qu'un parti qui
veut camper envoie à la recherche de l'eau et des pâturages, et qui
doit aussi rendre compte des dangers possibles. A Tunis, où le mot
n'était compris ni des Juifs, ni même des Arabes médiocrement let¬
trés, on s'est accoutumé à le considérer comme synonyme de jour¬
nal 1 . iQ^y n'est pas rendu rigoureusement ici par scientifique, ou
alors il faudrait prendre ce mot dans le sens qu'il eût pu avoir au
xv e siècle, et non dans un de.ceux qu'il a aujourd'hui. Mais didactique
ou instructif ne serait pas plus exact.)
Directeur et Gérant Responsable, S. Lévy. Deux, caroubes. Impri¬
merie Nouvelle, Rue Bl-Haskouri [Sion Uzan].Quatre pages 28 X 4L
1 En toute langue, certains mots se trouvent détournés de leur sens d'une façon
analogue. Ainsi depuis quelque temps, on voit dans les journaux français le mot
avatar employé pour accident ou mésaventure. D'autres journalistes, qui ont peut-
être, hélas! fait leurs humanités, disent d'un orateur prolixe qu'il s'est étendu com-
pendieusement sur tel ou tel point, et le cas devient si fréquent que le Nouveau
Larousse illustré l'enregistre. Enfin dans le français de Tunisie, qui a déjà ses pro-
vincialismes, une rotonde est un établissement de bains de mer (parfaitement rec¬
tangulaire d'ailleurs), en charpente, bâti sur pilotis, et où l'on vend à boire.
Les faits de ce genre ne sont pas sans intérêt pour le linguiste.
— 35 —

Feuilleton : inDnD TlJlD "H TlJ'oStf (le Comte de Monte-Cristo),


[traduction d'Eliézer Farhi].
Au n° 8, nom du journal en gros caractères, sans encadrement.
Sous-litre :El-Mouhayer. S. Lévy,Rédacteur en chef efc Directeur de
la Société anonyme du Journal El-Mouhayer, e t Gérant responsable.
Dix centimes. Imprimerie Internationale, Rue Sidi-bou-Menedjel, 15,
Tunis. Quatre pages 24 X 36.
Feuilleton : "jïO^tf TTiOn (Histoire de Branche-de-Saule),
[traduction de Si m ah Lévy].
(Branche de saule et baguette de bambou sont des termes de com¬
paraison très employés dans les Mille et une nuits pour peindre la
taille svelte d'un jeune homme. D'après Kazimirski et le P. Belot,
désigne en effet le saule d'Egypte, et aussi, suivant le second, le
muscadier; mais dans l'idiome vulgaire de Syrie, ce mot s'applique
à une fleur jaune odorante, qui doit être celle de la cassie ou acacia
de Farnèse. A Tunis, c'est le nom d'une graine globuleuse blanchâtre
ou brune, plus grosse qu'un pois chiche, à coque moyennement dure
et portant trois carènes équidislantes. L'amande fournit une huile
qui sert à oindre la chevelure des femmes. Cette graine (peut-être
celle d'.un palmier?) s'achèterait à Gonstantinople. L'huile de ban
est citée par El Djaoubari, qui écrivait sous le prince ortokide Al-
malik Almasoud, comme accessoire pour la falsification du musc.
— V. Journ. asiatique, 1860,1, p. 464 et 1861,1, p. 15.)

El-Nosra(7a Victoire), m^jbtf


Hebdomadaire.
G
Prix
f
du numéro, ' un tmen.
(ij* 3 , littéral monnaie de compte, huitième de la piastre, en¬
viron huit centimes; synonyme, ^Jj^i, deux caroubes.)
Sans nom d'éditeur [Jacob Cohen]. Gérant responsable, Jacob
Cohen. Imprimerie Internationale, Tunis. Quatre pages 23 X 36.
J'ai eu communication des n° s 1 à 19,25,26,28,34 et 36. Le n° 1 est
du 30 novembre 1891; le n° 36, du 20 octobre 1892 [si ce n'est le
dernier, peu s'en faut certainement]. Les 36 numéros ont paru en 47
semaines et demie, mais la publication des 19 premiers avait été
parfaitement régulière.
Feuilleton : rPJlDDDbtf (la 8 Samsoniadei,). [C'est la traduction,
par Jacob Cohen, d'un roman français, les Fils de Samson, d'Isaac
Bloch, grand-rabbin d'Alger.]
Bl-Nahla (l'Abeille). nSnaStf
«Journal en idiome vulgaire (1-Q"D Swili). Un sou. » Gérant
responsable : A. Bismuth. Imprimerie Internationale, Tunis. Quatre
pages.
J'ai eu sous les yeux les n os 1 à 23 : j'ignore s'il en a été donné
d'autres. Les 19 premiers sont signés, au titre, Ben Amtaï [Messaoud
Maarek]; dans les suivants, cette signature est remplacée par : Ad¬
ministration, Rue Sidi-bou-Menedjel, 17, Tunis [c'est l'adresse de
l'imprimerie; ces numéros sont également de Maarek]. Quatre pages
18X23 pour le n° 1, et 19X28 pour les suivants.
A partir du n° 20, le titre est en caractères ornés.
Petit journal satirique, donné comme hebdomadaire sur les onze
premiers numéros, comme bi-hebdomadaire sur les numéros 12 à 19 ;
il redevient hebdomadaire à partir du n° 20. Mais on va voir le cas
qu'il faut faire de ces indications.
Le n° 1 est du 29 septembre 1892; le n° 12, du 19 décembre même
année; le n°19,du 8 février 1893; le n° 20,du2 septembre 1895; enfin
le n° 23,du 1 er octobre 1895. Dans la première série hebdomadaire,
il y a donc eu 11 numéros en 11 semaines et demie, ce qui est fort
bien ; mais la série bi-hebdomadaire nous montre entre ses numéros
un intervalle de 7,2 jours en moyenne; il s'écoule ensuite deux ans
et 206 jours entre le n° 19 et le n° 20, et la dernière série présente 3
numéros en 29 jours.
Le premier numéro ayant paru avant l'autorisation, le gérant fut
condamné à une amende « de dix mille centimes », dit plaisamment
le journal.
Nasser Bl-Mouhayerine. ^"pTîDbï* "1^3
(Celui qui donne la victoire aux gens qui réveillent).
« Journal politique, littéraire, artistique (rpJS )• » A partir du n° 3^
Journal politique et littéraire.
(La traduction du titre m'a été fournie par les deux éditeurs; je
ne l'aurais pas trouvée seul, car l'arabe littéral donnerait un sens
plus plausible : Celui qui assiste les gens perplexes. — L'adjectif rela¬
tif j—i (artistique) n'est pas mentionné dans mes dictionnaires.)
Hebdomadaire. Prix, 10 centimes. S. Lévy, directeur. Jacob Cohen,
Rédacteur en chef et Gérant responsable. Imprimerie Internatio¬
nale, Tunis. Quatre pages 35X47.
On m'a montré les numéros 1 à 7. Le n° 1 est daté du 16 novembre
1892; le n° 7 [sans doute le dernier], du 5 janvier 1893.Soit sept se¬
maines pour six numéros.
[Nasser el-Mouhayerine était né de la fusion du Réveil et de la Vic-
toire;c , est à cette circonstance que son titre fait allusion.]

L'Union Israélite. Itfniltfbtf


« Journal politique et littéraire.» Directeur : S. [Chalom] Flan (sur
les neuf premiers numéros, cette mention est en judéo-arabe). Heb-
- 37 -

domadaire. Gérant Responsable : S. Flan. Imprimerie Nouvelle, Rue


el Haskouri, 3 [Sion Uzan], Tunis.
J'ai vu les numéros l à 4,6 à 17,20 à 24. Quatre pages 27X41 (n°l);
27X38 (n os 2 à 4 et 6 à 17) ; 24X35 (n° s 20 à 24). Le numéro, 10 cen¬
times.
Le n° 1 est du 17 décembre 1893,1e n° 24 du 21 septembre 1894.
Soit 41 semaines pour 24 numéros. Entre le n° 15 et le n° 16, notam¬
ment, il s'est écoulé 22 jours.
L'Union Israélite a donné dans ses 19 premiers numéros trois
feuilletons : rQtfn DSJD (Rèoe vrai), « lettre du Choléra à Sa Sei¬
gneurie le Docteur A. S. » ; ""Qn 1)^ nTHO (VAmertume de la civi¬
lisation), traduit de l'hébreu.par Haï ben Eliahou Sitruk; D3"T)Ï* (la-
Sournoiserie), traduit de l'hébreu.
r c
sournoiserie, ne se trouve pas avec ce sens dans les diction¬
naires.)
[D'après un renseignement fourni par l'éditeur, l'Union Israélite
aurait duré « douze à quinze mois » ; mais j'ai tout lieu de croire qu'il
y a erreur, et que le n° 24 est le dernier. M. Flah m'écrit, en effet, que
son journal ayant disparu avant l'entière publication de Ben Koziba,
qu'il donnait en supplément, il a fait imprimer la suite chez Sion
Uzan. Or, les quatre premières feuilles du livre 1 portent (seules) la
mention : Supplément à « L'Union Israélite »,5 centimes, avec réfé¬
rence aux n os 21 à 24.]

El-Hakika (la Vérité). np^pPiS^


«Journal hebdomadaire politique, littéraire. » Directeur, Admi¬
nistrateur et Gérant responsable : M. Maarek. Rédacteur en chef:
J. Chemla. Imprimerie Internationale, Tunis. Prix, deux sous. Quatre
pages 29X39.
Je connais les numéros 6,20,- 27, 29 à 33. Le n° 6 porte la date du
16 octobre 1895, le n° 33 celle du 24 juillet 1896 (27 numéros en 40
semaines). [Il a paru postérieurement quelques numéros imprimés
chez V. Finzi.]
[El-Hakika avait été fondé pour combattre El-Boustan, qui faisait
campagne contre certains abus dans l'administration de l'hôpital
israélite.] Il publiait en feuilleton 2n~Gbtf àDsbtf (la Hâte de pos¬
séder, mot à mot la possession 'pressée), [traduit de l'hébreu par Mes-
saoud Maarek].
Le Trésor de l'Amour. Qtf-^btf t\TO
[Ce recueil de chansons est, en tant que publication périodique,
d'une espèce, assez rare : l'auteur, Simab Lévy, a fait tirer les quatre

1 Voir au chapitre ix, sous *D •


- 38 —

premiers numéros d'un coup sur une seule grande feuille,puis les a
coupés et mis en vente à une semaine d'intervalle; il a agi de même,
mais beaucoup plus tard, pour les deux derniers. Il croit, sans pou¬
voir l'affirmer, que la première série a paru vers 1889, avant les
Fleurs. Un certain nombre d'exemplaires étaient sur papier de cou¬
leur. Imprimerie Uzan et Castro. Un catalogue de 1897 annonce, à
cinq centimes, les numéros 4 et 6.] N'ayant pu me procurer la pre¬
mière série, j'en donne le détail d'après une note du n° 5.
Première livraison : **TîhSïÎ rQTlb) laCaroube de la corde du puits.
(On dit plus correctement : il y a probablement un cbedda sur
le de la racine,J=»., tirer; mais je n'ai pu m'en assurer, ce signe
sur une lettre linale étant souvent négligé dans la prononciation.)
[Quand la corde du puits est usée, les femmes de la maison se co¬
tisent à une caroube par tête pour la remplacer
Deuxième livraison : /îrQKnïKÏ DHbtf ,lSn *V21 fTP-j iT3î*W
* blpîHfrO 3D™ID1> Campagne nouvelle et puits d'eau douce; le Cha¬
grin et ses amis; Navire chargé de sagesse.
(rP3i^ pour A-^jL., primitivement noria, et par métonymie, le
jardin ou la petite propriété rurale qu'elle irrigue; ce sens tunisien
ligure dans le supplément au dictionnaire français-arabe de Ben
Sedira, ainsi que dans Beaussier : Maison de campagne aux environs
d'une ville, jardin (Tunis).
[Le premier titre est un proverbe tunisien qui s'emploie lorsque
quelqu'un se marie; le dernier fait allusion à un autre proverbe
arabe : «S'il arrivait un bateau chargé de sagesse, il ne se trouve¬
rait point d'acquéreurs» (parce que chacun se croit bien loti sous ce
rapport).]
Troisième livraison :*-|inbnm 3THl pStfDQ ytû^îtjpStî, les
Chats allant en pèlerinage ; Revolver.
(A Tunis, chat ne se dit pas is, mais ^^as ou ^jbï, féminin 'i~.jLi>.
Le mot tunisien dérive sans doute du mot arabe; mais n'est-il pas
permis, sans donner clans le travers des chercheurs d'étymologies,
de se demander si cette dérivation n'a pas été inspirée par le latin
catus ou cattus? Le cas ne serait pas isolé. Le fourneau qui chauffe
un bain maure s'appelle en tunisien (J)^ : dans ce mot, qui tout en
rappelant l'arabe ^j-S, ne peut guère en dériver régulièrement, il
parait difficile de ne pas reconnaître le latin fomax.)
Quàte livraison : * nwojDni nynoStf btfipm,."rinna nnna,
Mahmoud Mahraz ; les Sept maximes; Enigmes.

I Un sou depuis la réforme monétaire de 1891, qui, par la seule substitution du sou
à la caroube, a du jour au lendemain tout fait renchérir du quart pour les pauvres
diables.
- 39 —

(.ALmJLj, énigme, ne se trouve pas dans mes dictionnaires.)


[Mahmoud Mahraz est le nom d'un voleur célèbre.]
« Numéro cinq » : THÏbi< IlQTtSD, Melzouma des palmes.

[Il s'agit des palmes dont les Juifs construisent la tonnelle (rplD )
où ils prennent leurs repas pendant les huit jours de la fête des
Tabernacles. A_^jJ._<» est, on le sait, le nom générique d'un type de
petit poème arabe.]
Sans lieu [Tunis], Librairie Hébraïque, rue du Chara. Une page
22X28.
«Numéro six » : t nitfS'Ol , niTlVtSï? 'ODD ^"rTiy"^ TVHiï
n^nin^l, Chanson d'El Zaroura ; V Azerole musquée ; Bilara ; l'In¬
dienne.
[-^_jbi., chanson, n'existe pas dans mes dictionnaires. El Zaroura
(VAzerole) est le nom d'une chanteuse. L'azerole musquée/ est un cri
des rues de Tunis; l'adjectif relatif , que les dictionnaires ne
mentionnent pas, sauf Beaussier, qui le rend par muscat, est appli¬
qué par les marchands des quatre saisons à la plupart des fruits
dont ils veulent vanter la qualité. Bilara est un refrain sans signi¬
fication.]
Sans lieu [Tunis], Librairie Hébraïque, rue du Chara. Une page
19 X 27.
[Postérieurement aux six feuillets ci-dessus, Simah Lévy a donné
l'avant-titre de DN"U^ IUO à trois plaquettes parues en 1896 et
19001.]

Quatrième période : Cautionnement et dépôt préalable


Le 2 janvier 1897, mal conseillé, obéissant à ses instincts autori¬
taires, et prenant texte d'un article violent sur une pitoyable aven¬
ture, M. René Millet rétablissait le cautionnement en l'aggravant et
soumettait en outre les journaux au dépôt préalable, c'est-à-dire, en
somme, à la censure (à l'essai, toutefois, cette dernière mesure fut
reconnue impraticable ; elle eût rendu impossibles les journaux du
matin ou obligé le Parquet à siéger de nuit). Pour forcer la main au
ministère des affaires étrangères, il avait été adressé à la presse
parisienne des télégrammes dont la sincérité n'était point le mérite
dominant.
Cette législation draconienne tua le seul journal judéo-arabe
qu'elle trouva en vie, et pendant les sept années qu'elle dura, je ne
vois apparaître qu'un petit recueil purement littéraire:encore avait-
il pris soin de se déguiser en livre. Une fois de plus,une loi oppres-

1 Voir au chapitre ix.sous nS*QV»i PHDÈ& fVNiJ, sous -i-t.xnL* TKSÛ W rPlOJ
et sous C'*"! ; -pNJ K"1 n'MJJ .
— 40 -

sive et de circonstance avait manqué ceux qu'elle visait et frappé à


côté.
Il est permis de le regretter, car la presse judéo-arabe de Tunis
exerçait une action bienfaisante, en dissipant un peu de l'ignorance
crasse des Juifs pour qui nos écoles sont venues trop tard. Cette
presse, d'ailleurs, se contente de traiter les questions de politique
israélile locales et extérieures, de reproduire les nouvelles relatives
aux « frères » des cinq parties du monde, de signaler sommairement
les plus saillants des événements européens, enfin de tenir ses lec¬
teurs au courant de la chronique juive tunisienne; elle a encore le
respect de ce qui est respectable, ne montre guère cle tendances
subversives, et n'a point fait jusqu'ici de la calomnie et du chantage
la base de ses mœurs littéraires.

Le recueil dont j'ai parlé plus haut porte le titre de nptf'H D,tfrO
CîSJ^N (Livre de la jouissance des âmes).Il n'a eu que quatre livrai¬
sons à 10 centimes, formant ensemble 32 pages 12 X 18.
(^Oj, plaisir vif, jouissance, n'est pas mentionné dans mes dic¬
tionnaires.)
Sans nom d'auteur [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan] ni d ate [1897]. Les deux premières livraisons portent seules
le titre ci-dessus.La troisième est intitulée J"l,3DîO"T7N y~\B rV^DH
(Histoire du rameau de diamant), avec le sous-titre : « Troisième
livraison du Livre de la jouissance des âmes»; la quatrième, rPïOn
"[^toSo^H ^Zin (Histoire de Habib, fils du sultan), a bien, en
tète, livraison 4, mais sans mention du recueil. Ces deux petits con¬
tes sont gentiment troussés.
Dans le second numéro, l'auteur se plaint qu'à Tunis, « un seul
achète et deux mille lisent »; que sur les deux mille exemplaires de
sa livraison précédente, il s'en est vendu vingt.

Cinquième Période : Liberté


Le libéralisme éclairé de M. Stéphen Pichon a rendu à la presse
de Tunisie ses coudées franches le 2 janvier 1904; nous voyons les
journalistes juifs en profiter aussitôt, et quatre feuilles hebdoma¬
daires paraître à quelques jours d'intervalle :
Es-Schamss (le Soleil). DDUrStf
«Journal scientifique, littéraire, d'informations (rp'HfcObi*)-».
J'ai vu les numéros 1,6,8,9,11 à 15,17,18,21 à .23,27 à 29,34, et un
supplément au n9 7 (relatif à l'affaire Dreyfus). Le n° 1 est du 21 jan¬
vier 1904, le n° 34 du 13 octobre 1904,ce qui fait 34 numéros pour
38 semaines.
Directeur; Jacob Cohen, rue du Souk-el-Grana, 176 (adresse de
— 41 -

l'Imprimerie Sion Uzan), et à partir du n° 10 ou du n° 11, Directeur


et Administrateur, Jacob Cohen, 24,Rue Sidi-Siâane (aussi Gérant
responsable). Tunis, Imprimerie Sion Uzan, (n os 1, 6, 8, 9); Imprime¬
rie M. Varios, rue Ettoumi, 16. (n os 11 à 15, 17, 18); Imprimerie A.
Procaccia, rue Ettoumi, 16 (n os 21 à 23) ; Imp. Guedj (ti° 27) ; Impr. A.
Procaccia (n os 28 et 21)) ; Imp. de l'Orient, rue Ettoumi 16 (n° 34).
Quatre pages, avec même variété dans le format : n os 1,6,8,9,28X40;
n°s il à 15,33X50; n° 17,33X49; no 18,36X49 (le plus grand format
atteint jusqu'ici,à ma connaissance,par une feuille judéo-tunisienne) ;
nos 21 à 23,33X50 ; n° 27,30X45 ; nos 28 et 34, 32X50. Supplément
(pilba) au n° 7, 2 pages 27X38 (un sou).
Feuilleton : DIS^T) nS'iO (l'Affaire Dreyfus).

El-Boustan (le Jardin de fleurs). "J^nD^bï?


Voir page 31.
« Dix-septième année. » Journal Sioniste. Directeur et Administra¬
teur, Gérant : M. Maarek. Rédacteur en chef: J. Ohemla. Tunis, Im¬
primerie Internationale. Quatre pages 26 X 40, Le numéro, 10 cen¬
times.
J'ai sous les yeux cette nouvelle série en entier. Le n° 1 est du 3
février 1904, le n° 33 du 11 octobre 1904. Il y a eu en outre un sup¬
plément au n° 28 (2 pages, un sou). Les 33 numéros ont paru en
36 semaines.
Feuilleton : ^bn PHIiT '"1 «31 p« Orpltf "\ (le Rab¬
bin Abraham ben Ezra et la fille du Rabbin Juda Halèvy), [traduc¬
tion de l'hébreu par Messaoud Maarek].
El-Athad,puis El-Itihad (l'Union). -tfnntfSi*

/Dby /HlUbtf SWTU (Journal d'informations, scientifique,


sioniste) (les n os 23 et 27 portent : Organe des intérêts israélites,
«journal scientifique, littéraire, d'informations»).
(On remarquera la propension des écrivains juifs à supprimer la
conjonction j, qui tient lieu de virgule en arabe.)
Directeur et administrateur : M. Belaïche,Souk-el-Grana,176,Tunis
(à partir du n°23:Rue el-Mechnaka n.6). Aussi Gérant Responsable.
Imp. Sion Uzan (nos 23,24 et 27, Imp. Guedj). 10 centimes.
On m'a communiqué les n os 1, 4 à 6, 8, 9, 11 à 18, 22 à 24,27. Le
n° 1 est du 8 février 1904,1e n° 27 du 14 octobre 1904; les 27 numé¬
ros ont donc mis 36 semaines à paraître.
Quatre pages 27X38 (nos 1, 4 à 6,8) ; 28X40 (nos 9, n à 18); 27X39
(no 22); 30X45 (nos 23 et 27).

Feuilleton : "[KDtfbtfl p"?ïbi< ( la Vérité et la confiance).


Le Phonographe. ^inJUïâSK
Directeur: Simah Lévy,24,rue Sidi-bou-Hadid,Tunis. A partir du
n° 11 : Organe des intérêts des Israélites en Tunisie, et depuis le
n° 17 : le plus répandu,le mieux informé. A partir du n° 21, Secrétaire
de la Rédaction : J. Véhel.
Le Directeur-Gérant S. Lévy. Tunis, Imprimerie Finzi. Un sou;
deux sous depuis le n° 8; un sou à partir de 20.Quatre pages 27 X41
à 27 X-45.
Je possède toute la collection. Le n° 1 (2 e édition) est daté du 2
mars 1904, le n° 26 du 11 octobre 1904; soit 26 numéros en 32 se¬
maines.Un supplément au n°4,paru le 17 mars,est tiré en bleu : 2 pa¬
ges 27X40, un sou.
Feuilletons : numéros 2 à 14, Châteaux en Espagne, niPPi* ""S ")ïp
(Château en l'air) 1 : nos 14 à 18, pi-jnfStf *)DV (ntJKT) ÏÏWl (Pièce
de Joseph le Juste); à partir de 20, JTfiï "î~)3 T'Jn^ (Tous deux
pareils, mot à mot deux, une seule forme).
Le Juste est le surnom de Joseph, fils de Jacob. [La pièce, écrite en
Egypte en arabe littéral, est traduite en dialecte tunisien par Simah
Lévy, qui ne l'a pas publiée jusqu'au bout. Les deux autres feuille¬
tons sont aussi de Lévy.]
Le Phonographe est, à Tunis, le seul journal juif qui insère des
gravures, et elles ne sont pas toujours sans mérite. Celle que je re¬
produis ci-contre en fac-similé est le portrait de Moïse Berebbi, grand-
rabbin de Tunisie, mort l'année passée; le dessin et la gravure pho¬
to-typographique avaient été exécutés par un israélite tunisien qui a
fait ses études à Paris, M. E. Maarek. 2
Le même journal donne aussi, ce en quoi il paraît bien sortir de son
rôle, de petites chroniques en bon français, signées J. Véhel. [Leur
auteur, qui prend le titre purement honorifique, semble-t-il, de secré¬
taire de la rédaction, n'est autre qu'un jeune frère de Simah Lévy,
nommé Jacques-Victor.]
Le directeur d'une feuille judéo-tunisienne en forme souvent à lui
seul toute la rédaction et l'administration. Celui du Phonographe
pousse plus loin la méconnaissance du principe de la division du
travail : il compose et met en pages lui-même, et s'il a recours à un

1 Tiré à part : voir au chapitre IX, sous ifiSjOllN*? "IITT'N JTtCn .


2 La vignette montre un type excellent d'une génération que j'ai encore connue à
Tunis il y a une quinzaine d'années, mais dont les représentants se îont rares.
Ces vieillards à barbe patriarcale gardaient par goût la livrée qu'en naissant ils
avaient trouvée imposée à leur race et qui, question de contrainte à part, n'avait rien
de bien désagréable : vêtement sombre, chéchia sans gland, brune ou noire, turban
noir ou bleu très foncé.
Le vêtement clair que Berebbi porte par-dessus les autres doit être un burnous en
laine assez grossière et sans teinture ni blanchiment.
— 43 -

imprimeur pour le tirage, c'est qu'il ne s'est jamais vu assez gros


capitaliste pour acquérir une presse, fût-elle du modèle de 1450. A
Tunis, la plume n'a pas encore fait de millionnaire et n'est même
qu'un piètre gagne-pain.
Il y plaisir à constater que l'orthographe des journaux va s'amélio-
a
rant; les cours publics d'arabe tant écrit que parlé, institués à Tunis
par l'éminent directeur général de l'Enseignement,M.Macbuel, ne sont
point sans avoir contribué pour une large part à ce résultat. En revan¬
che, des mots français et italiens s'introduisent continuellement dans

la langue du journalisme comme dans l'idiome courant, un peu faute


de termes pour exprimer les idées nouvelles, un peu par cet instinct
de répéter les sons entendus qui est commun à l'homme et au per¬
roquet, et beaucoup par pose. On en a vu déjà plus d'un exemple, en
voici d'autres glanés au hasard : ViO, bureau; i^vj \*\\,juge de paix;
riD 1"© 011 HCIS. d e qualité supérieure; IJ-PD'D comité; mO^Si*
ta Chambre; n3 r "Dï<Sj fabrique; "DJfcO, bureau, cabinet,ètudë, etc.
Ces emprunts aux langues latines ne constituent pas toujours une
facilité pour l'arabisant; il est certain que celui-ci, trouvant dans un
texte ITVDtfn ^ iSoy, cherchera quelque temps avant de recon¬
naître que le dernier mot est la locution italienne d'accordo trans¬
formée en substantif, et qu'il faut traduire : Ont-ils conclu un arran¬
gement 1 ?

1 Mou ami M. Demuy me signale un mot eueore plus bizarre, employé dans le
même sens par les Arabes de Tunis. C'est la VI* forme d'aspect régulier J>)j, s'ar-
Si on néglige deux pastiches de journaux, j'ai énuméré vingl-sept
publications périodiques, tout au moins d'intention, dont vingt-deux
ont vu le jour en moins de treize ans; et j'en ai sans doute omis, car
les écrits de cette nature, surtout les éphémères, ne laissent dans les
mémoires que des traces bien vagues, et leur sort est de devenir
introuvables après quelques semaines.
Les quatre feuilles nées ou ressuscitées dans l'année sont toujours
en vie au moment où ce paragraphe est mis sous presse, 20 octobre
1904, en dépit de quelques malaises passagers, et grâce peut-être à
la guerre russo-japonaise, pour laquelle les Juifs se passionnent:
non, comme on pourrait le croire, que se sentant de race blanche,
ils redoutent le «péril jaune», mais au contraire parce qu'ils exè¬
crent notre alliée, qui, à la vérité, n'a pas été jusqu'ici bien tendre
pour leur frères. Comment s'étonner, alors qu'en Europe même, si
peu de gens se rendent compte que le triomphe complet du Japon
marquerait la fin d'une civilisation et le début d'un Moyen âge?
Mais l'existence de ces journaux est rendue précaire par la concur¬
rence qu'ils se font, par la disette d'annonces (elles feraient double
emploi avec les commérages des femmes, qui, eux, sont gratuits), et
par la coutume qui veut que l'acheteur d'un numéro le prête aux
parents, aux amis, aux voisins, voire aux passants : de sorte qu'un
exemplaire suffit pour dix familles, c'est-à-dire pour cent individus ï .
Autant qu'il est permis à un Roumi d'en juger sur un examen
sommaire, Es-Schamss est convenablement écrit; El-Boustan garde
son ton grave et sa ligne correcte de jadis; El-Itihad fait ce qu'il
doit, puisqu'il fait ce qu'il peut; quant au Phonographe, il donne vo¬
lontiers la note humoristique, sans pour cela se départir du bon sens,
et le mot pour rire ne lui fait pas peur: si tous ont leur intérêt (un
peu spécial, je l'avoue), il est le seul qui soit de temps à autre diver¬
tissant à lire.
VIII — Un Pionnier
Moïse Chemama et ses associés, Sarfati frère de Baya, Elie Guedj,
un certain Juda Sitroug dont il sera parlé plus loin, Abraham Taïeb

ranger: lysT-lyo, nous nous arrangerons ensemble. Le mot tunisien parait


tiré du mot français, mais on a tout à fait arabisé celui-ci.
On me dit qu'il existerait une racine arabe ^r 2 \ > signifiant quelque chose comme
e.
orner on parer. Je l'ai vainement cherchée dans mes dictionnaires; en tout cas, elle
n'impliquerait pas le sens d'accord.
1 Cette pratique est une des plus menues manifestations d'un curieux état social,
qu'il faut se hâter d'observer, car il se modifie rapidement. Est-ce par suite de la ser¬
vitude dans laquelle ils ont été tenus si tard, de l'obligation qui leur a été imposée
durant des siècles, de vivre parqués dans un ghetto'? Toujours est-il que les Juifs tu¬
nisiens en sont encore aujourd'hui sous beaucoup de rapports à ce que les sociologues
appellent la formation de tribu.
— 45 -

ont été des précurseurs. SiraahLévy mérite peut-être encore ce titre


pour avoir, tout jeune, frayé une voie nouvelle en faisant imprimer,
vers 1882 ou 1883, une plaquette de vers l . Mais on peut dire que le
fondateur de la littérature populaire est Eliézer Farhi.
Cet honnête homme est né à Tunis en 1851 ou 1852, d'un père
venu de Jérusalem; orphelin de bonne heure, il eut une jeunesse
assez rude.
Entre 1871 et 1883, il fit trois voyages à Livourne, y résida quatre
ans auprès d'un frère de son père, y obtint le titre de rabbin et s'y
maria; rentré à Tunis, il s'établit libraire et marchand de nouveautés
sur une très petite échelle.
De son séjour en Europe, il rapportait l'impression que ses core¬
ligionnaires de la Régence avaient beaucoup à apprendre, et n'étant
point de ces gens terre à terre qui n'ont d'autre souci que de vivre,
il rêva de contribuer par la plume au relèvement intellectuel et mo¬
ral de la Communauté tunisienne; quoique sa connaissance de l'a¬
rabe ne dépassât guère la bonne moyenne du pays, qu'il ne fût pas
grand clerc en hébreu, qu'il ignorât le français et ne possédât l'ita¬
lien que d'une manière imparfaite, qu'il n'eût jamais trouvé l'occa¬
sion de pénétrer un peu avant dans les arcanes d'aucune science, les
lauriers de son oncle Joseph 2 l'empêchaient de dormir.

1 Voir pages 18, 20, 22, 26, et chapitré ix sous np"H2l ilS^rW "'J'H et sous
noch p-p.
2 THS TÙÏf ^Dl" 1 "°, ué à Jérusalem,mort à Livourne il y a vingt et quelques
années, s'est fait en Orient une réputation d'écrivain par la publication de divers
ouvrages tant en hébreu qu'en judéo-arabe et dans ce curieux patois vieux castillan
que parlent les Juifs de Turquie. Ceux de ces écrits que je suis à même de citer sont :
V^y rn °D'w? "13D. Signé : Joseph Chebtaï Farhi. Livourne, les héritiers Otto-
lenghi, 5618 (1857-58), 20 feuillets 10X16 (rogné). Un avis en hébreu au verso du pre¬
mier feuillet est daté de 5613 (1852-53).Renferme : 1» une courte élégie en hébreu; 2»
le Passage du 9 ah en hébreu, avec commentaire en arabe ; 3° l'Histoire de Hanna
(T\yr\ nxp) en vers arabes; le tout avec points-voyelles (cette particularité peut
intéresser les philologues).
N^D ilti'y "130 • Livourne, 3 volumes in-12. Tome 1", 4-44 feuillets, et tome 11,78
feuillets, an 3624 (1863-64); Tome III, 78 feuillets, an 5635 (1874-75). C'est un recueil
d'historiettes édifiantes en hébreu.
* Le même ouvrage en judéo-espagnol.
^Diy mty3 irCN n^JOIDD. Signé rY'S-". Livourne,Israël Costa et C io,5628
(1867-68), 34 feuillets 11X16 (rogné). Livre d'Esther, texte hébreu et traduction judéo-
arabe avec points-voyelles.
P|DV ht? IDpn 1SD- Signé »J)B>\ Livourne, Israël Costa et C", 5632 (1871-72),
70 feuillets 12X18 (rogné). En judéo-espagnol.
* Le même ouvrage en hébreu,
O'-llS , ~l rpnji^N "120. Livourne, Israël Costa et C'a, 563S (1874-75), 1-80 feuil¬
lets 13X18. En judéo-espagnol.
* niON iplû ^y noy ,~ltyyO. En hébreu.
* DJ,1 "13D1 mSnn N"VO • En judéo-arabe.
Nous avons vu Eliézer, en 1884, créer une revue mensuelle, puis
un journal hebdomadaire l . Il publiait en même temps, avec l'assis¬
tance de Moïse Chemama (l'éditeur du code tunisien), le tome pre¬
mier d'un ouvrage intitulé le Compagnon de l'existence 2 : le manuscrit
attendait, car la préface porte le milléssime 5643 (1882-83). Ce petit
livre est traduit du recueil d'historiettes de Joseph Chebtaï Farhi.
Notre écrivain l'avait tait tirer à mille exemplaires : il en vendit deux
cents, aussi n'a-t-il jamais donné le second volume.
Aussitôt après, ce diable d'homme sans le sou, avec un journal
sur les bras, se lance dans une grosse entreprise, l'impression d'un
de ces romans arabes que Sarfati avait popularisés chez les Juifs tu¬
nisiens. Il avait acheté le texte,toujours recueilli au caîé maure,trois
cents piastres 3 à un nommé Abraham Qsentin, et lui avait fait subir
diverses modifications.
Les Aventures du roi Saïf el-Azel (ou l'Ajalia i , comme on dit à
Tunis) forment 1642 pages in-8°, la matière de quatre à cinq volumes;
la publication en prit trois ans. /
Dès les premiers fascicules, l'ouvrage reçut fort bon accueil, et
dans nombre de familles on le relit encore fidèlement chaque hiver
à la veillée; mais il n'obtint point ce qu'on appelle un succès de
librairie. Chez les Juifs tunisiens, on achète quelquefois les feuilles
volantes ou les petites plaquettes: quant aux publications volumi¬
neuses, c'est-à-dire coûteuses, on les prend au cabinet de lecture,
encore se cotise-t-on pour l'abonnement. L'Ajalia valait primitive-
quarante francs (les livres ne se donnaient pas à cette époque) ; l'édi¬
teur se vit obligé d'en réduire graduellement le prix jusqu'à six
francs. Après être arrivé de cette façon et à la longue à placer cinq
cents exemplaires, il dut céder en bloc l'autre moitié de l'édition au
libraire Sion Uzan, qui avait été son bailleur de fonds et qu'il n'était
pas en mesure de rembourser. L'Ajalia est aujourd'hui cotée à
10 fr. 25.
La publication de ce livre n'était pas fort avancée, quand Farhi
eut un crève-cœur dont il ne se consolera de sa vie. Vers le com¬
mencement de 1885, une petite imprimerie était à vendre : notre
homme se démena, battit monnaie ; il arriva, hélas ! trop tard, un
coreligionnaire lui avait coupé l'herbe sous le pied. « C'est, dit-il
avec une conviction amère, la fortune qu'on m'a ôtée! »
Il ne se découragea pourtant pas, et tout en éditant Saïf el-Azel, il
trouva le moyen de publier (1885-86) les Aventures d'El-'Anqa s,

1 Voir page 26.


2 Voir au chapitre ix, sous "iljn^ DTSN
3 Cent quatre-vingts francs.
4 Voir au chapitre ix, sous ri'"lSs<î5<k DTD .
5 Voir page 27, et chapitre ix sous KpJÎÎJ?^} JTVD.
qu'il avait données en feuilleton dans son journal; ayant négligé,
sans doute par inexpérience, d'utiliser la composition primitive pour
un tirage à part, il eut à faire imprimer sur nouveaux frais.
Ensuite, mais toujours pendant la publication de PAjalia, Farhi se
lasse du rôle de simple éditeur : il tire de son propre fonds les Aven¬
tures deZin el-Temam. avec El-Zina, qui paraissent en 1887 h
Cette jolie nouvelle à l'arabe, en prose rimée, vers et prose, est,
sauf erreur, la première œuvre entièrement originale d'un Juif tu¬
nisien (je ne parle pas de quelques chansons qui pouvaient avoir été
publiées, mais dont une seule m'est connue jusqu'ici); tout en s'y
inspirant des Mille et une nuits, auxquelles il emprunte même des
locutions et des phrases toutes faites, l'auteur y met une note bien
personnelle.
Cela débute par une gracieuse idylle entre enfants de quatorze ans,
El-Zina, fille d'un des plus gros négociants du Caire, et Zin el-Temam.
qui a pour père un pauvre tourneur. C'est, bien entendu, la fillette
qui fait les avances. Ambitieux par amour, le jeune homme travaille
d'arrache-pied et devient en quelques années l'avocat le plus réputé
du pays.
El-Zina, enlevée par des coupeurs de route, fait un voyage aussi
accidenté que. la fiancée du roi de Garbe; toutefois, elle s'en tire à
meilleur compte, car grâce à l'héroïsme de son ami, qui s'est jeté à
sa recherche sans balancer, et qui, tantôt avec elle, tantôt seul, tra¬
verse des péripéties étranges, grâce aussi à une chance bien surpre¬
nante, elle rentre, à la fin, à la maison paternelle absolument telle
qu'elle en était sortie. Belle occasion, pour Zin el-Temam, de deman¬
der sa main... Par malheur, le négociant l'a promise depuis des an¬
nées au fils de son associé, qui habite Damas.
Ce prétendant cousu d'or et grotesque apporte la note gaie. Zin el-
Temam lui soutire sans vergogne un modeste million, et d'accord
avec El-Zina, lui procure en un tour de main assez d'avanies pour
le mettre en fuite précipitée. Ici, quelques détails, un clystère, une
épouse supposée avec sa ribambelle d'enfants, rappellent trop M. de
Pourceaugnac pour ne pas être empruntés à Molière, de seconde ou
de troisième main.
Finalement, la vertu est récompensée; le père se juge trop heureux
de se rabattre sur Zin el-Temam, qu'il a d'ailleurs en haute estime.
Dans un épisode, l'écrivain se venge en homme d'esprit d'un tuteur
dont il avait eu, parait-il, grandement à se plaindre.
Un critique sans bienveillance pourrait s'étonner d'entendre com¬
pter en francs tant en Asie mineure qu'en Egypte et jusque sous la
tente du bédouin; de voir un navire partir du Caire et, tout comme

1 Voir au chapitre ix, sous QNOn^i fî JlTD.


- 48 —

eût fait l'Arche de Noé, jeter l'ancre... à Damas. Dans une composi¬
tion de ce genre, ce serait vraiment chercher la petite bête ; ainsi en
ont jugé les lecteurs, car l'édition est presque épuisée.
Cinq ans après ce petit livre, Farhi publie, je ne dirai pas son chef-
d'œuvre, le terme paraîtrait guindé sur échasses, mais ce que je con¬
nais jusqu'ici dans la littérature tunisienne de plus près d'être litté¬
raire, tout au moins quand au fond. Pourtant, l'Histoire de la jeune
Brin-d'E glantine avec Baguette-de-Bambou 1 plut moins que l'autre
nouvelle, soit qu'on ne fût pas mûr à Tunis pour une étude touchant
à la comédie de mœurs, ou plutôt que la foule y sentit ses habitudes
les plus chères tournées en ridicule.
En effet, si,par une fiction décente,l'auteur place en Chine la scè¬
ne de son petit roman, ses personnages sont juifs, et qui plus est,
Tioansa. Impossible de s'y méprendre : on nous les montre en chair
et en os, et certes, il ne leur manque même pas la parole.
Le Ratatiné, vieux rabbin riche et ladre,dévot,versé dans la science
(rabbinique,s'entend),fait choix d'un gendre selon son propre cœur;
or,celui de sa fille a déjà parlé à la suite d'un incident romanesque,
la bouche n'a pas été plus muette, et la personne du prétendu n'est
guère faite pour ramener la jolie enfant dans les voies de la sou¬
mission. Tout ne va donc pas comme le père l'entendait : c'est l'éter¬
nel conflit entre vieux et jeunes, entre l'esprit d'autorité et celui
d'indépendance.
La mère soutient sa fille, le père s'obstine; pour avoir le dessus,
il entreprend d'évincer le préféré par un de ces stratagèmes à la
Scapin qui, en Occident, mènent leur ingénieux auteur droit au bagne.
A bon chat bon rat : après une série descènes piquantes, le bonhomme
Cassandre, le Ratatiné, veux-je dire, se trouve, il fallait s'y attendre,
battu à plate couture sur son propre terrain, et tout se termine fort
bien pour les amoureux, horriblement mal pour le vieillard.
— Mais... la piété filiale? — Hélas! il n'en est pas fait plus de cas
que dans les fabliaux et les farces, dans la comédie italienne ou dans
VHarpagon.
Je traduirai tout à l'heure un passage de Brin-d'E glantine, pour
bien montrer que les .secondes productions des Juifs tunisiens n'ont
plus toutes le caractère assez enfantin des premières, qu'on y peut
trouver du naturel, de jolis tableaux de genre et un comique de bon
aloi. C'est encore l'Orient (grâce à Dieu !), mais ce n'est plus du tout
celui du Talmud.
Outre ces deux récits et pas mal d'articles dans les journaux, Elié-
zér Farhi a écrit des historiettes, des chansons, des complaintes. Il
a encore commencé la publication de plusieurs romans arabes, que

1 Voir au chapitre ix, sous -i*tt£Ù^ J^IS i"03^ rPNSH.


— 49 —

ses ressources pécuniaires ne lui oui pas permis de mener à bien.


Et comme l'ensemble est maigre pour nourrir une femme et trois
enfants,tout en vendant son calicot à dix caroubes le mètre et ses
livraisons,il a longtemps servi d'interprète à un médecin italien; on
l'a vu caissier du journal la Liberté 1 .1] a aussi ouvert deux impri¬
meries, à douze ans d'intervalle 2 ; mais le fonds de roulement n'y
faisant pas moins défaut que la première mise, elles ne tardèrent ni
l'une ni l'autre à changer de mains. Aujourd'hui, ce philosophe tient
dans le souk El-Grana une minuscule boutique de droguiste : il n'y
a point de sot métier.
Et tandis qu'une gamine au profil pur, à l'œil profond,à l'épaisse
chevelure ardente de henné sous le foulard multicolore, lui demande
en nasillant un sou de réglisse ou de crème de tartre, dans un de ces
«châteaux en l'air » que l'heureux homme bâtira jusqu'à ses derniers
moments(bien lointains, s'il ne tenait qu'à ceux qui le connaissent),il
se voit fondant sa troisième imprimerie sur des bases monumentales
et y éditant des pensées à secouer toute la Hara et toute la Hafsia
de leur torpeur séculaire.
Si Farhi a quelque ressemblance avec cet ancien qui nous a appris
à tous à épeler le grec et qui avait tant d'esprit qu'il en donnait aux
bêtes, ce n'est pas seulement au physique. Les lares qu'il se plait à
fouailler {flageller serait un peu trop solennel) sont la sottise,l'igno¬
rance, la dureté, l'avarice; toutes ses sympathies vont aux malheu¬
reux et aux faibles. La vieille coutume de marier les filles sans les
consulter le révolte; la beauté le désarme, ce en quoi il a évidem¬
ment tort — aux yeux des gens graves.
Sans doute, sa langue est dépareillée par des expressions et des
formes qui n'ont rien de judéo-arabe, son orthographe est quelquefois
déconcertante: mais passez outre, et ses opuscules d'imagination
vous donneront l'impression très nette qu'avec un peu plus de cul¬
ture et les moyens de se produire, cet individu malingre, qui s'est
élevé comme il a pu, aurait fait un écrivain même ailleurs qu'à Tunis.

Histoire de la jeune Brin-d'Eglantine avec Baguette-de-Bambou


(Fragment)

Quant au Ratatiné, il envoya le vendredi inviter Rabbi Zlefta.son


futur gendre, à déjeuner chez lui le jour du Sabbat. Il sortit et fit
emplette d'une demi-mesure de pois chiches et d'une caroube de
cumin; il les mit dans un pot de terre, les noya d'eau et les porta au
four. « Qu'y faire? dit-il en lui-même : il faut bien que je fasse bonne

1 Page 33.
2 II en sera question au chapitre xi.
— 50 —

figure vis à vis de mon gendre. Ce n'tiat qu'une perte, le Seigneur la


compensera. »
Le jour du Sabbat à neuf heures du matin, Rabbi Zlefta, son futur
gendre, vint avec un caftan portant plus de cent pièces, comme
celui du danseur nègre; dans le nez, une demi-once de tabac qui lui
coulait sur la barbe comme le café s'enfuyant de la cafetière; aux
pieds, un demi-quintal de boue. Brin-d'Eglantine alla sous la per-
sienne 1 se divertir de sa vue et rire.
Quand il s'avança et arriva à la chambre du Ratatiné, celui-ci l'ac¬
cueillit avec joie, le baisa et l'embrassa, le fit asseoir à côté de lui
sur le canapé, puis ils se mirent à lire ensemble. Mais tout en lisant,
Rabbi Zlefta regardait en-dessous, cherchant à voir sa fiancée,et ne
l'apercevait pas. Le Ratatiné le devina et se mit à crier: « Brin-
d'Eglantine, apporte une écuelle d'eau! » — «Non, par ma viel lui
dit Rabbi Zlefta, ne la fatigue pas, je vais me lever moi-même. » —
« Non, non, dit le Ratatiné, reste, reste, par ma vie 1 c'est elle seule
qui l'apportera. » Et il cria : « Brin-d'Eglantine 1 » Pas de réponse.
«Brin-d'Eglantine! » et enflant la voix : « Brin-d'Eglantine! » Pas de
réponse. Il se tourna vers sa femme et lui demanda : « Où est allée
cette peste? » — «Elle est étendue, dit-elle, sur le lit; peut-être le
sommeil l'a-t-il surprise. »Se levant nu-pieds,le Ratatiné courut au
lit : il trouva sa fille assise sur une chaise. Il la regarda avec colère
et lui dit : «Qu'est-ce que tu as? tu es sourde, aujourd'hui? » — « Si
tu as amené des hôtes, dit-elle, porte-leur l'eau toi-même. Je ne suis
pas la servante de son père. » — « Chut, dit-il, chut ! Quels hôtes? C'est
ton fiancé. » Elle répondit : « Moi, j'ai déjà mon fiancé, Baguette-de-
Bambou, qui m'aime et que j'aime. Quant à Rabbi Zlefta, prends-le
toi-même, pour te tenir compagnie et étudier avec toi. »
Ah! chers lecteurs,si vous aviez été là au moment où le Ratatiné
cher à mon cœur entendit de sa fille ces paroles! Que vous dirai-je?
Dieu nous garde d'assister au mal!
Le chéri de mon cœur le Ratatiné se mit à s'accroupir et à se re¬
dresser 2 , à s'arracher la barbe et à frapper sa fille à tort et à travers,
criant : «Cette excommuniée! excommuniée! excommuniée! Le bâ¬
ton! Laisse-moi la tuer!»
Rabbi Zlefta, cet ange de Dieu, s'épouvanta à ces paroles: «Ex¬
communiée! excommuniée! Le bâton! » S'imaginant que son beau-

d Avant que l'architecture sévit à Tunis, les persiennes y présentaient deux types :
panneau unique, à guillotine,tenant tonte la largeur de la fenêtre sur la moitié de la
hauteur de celle-ci, et que les femmes soulèvent un peu pour glisser le regard en
dessous; ou vantail double, pourvu d'un panneau à charnières qui se fixe en auvent
au moyen d'un crochet, permettant ainsi d'épier les passants presque sans être vu.
L'expression sous la persienne s'explique dans un cas comme dans l'autre,
2 En signe de profonde douleur, les Tunisiens s'accroupissent et se redressent à
plusieurs reprises.
— 51 —

père le Ratatiné avait trouvé un scorpion l , il accourut pieds nus en


disant : Ecartez-vous, éloignez-vous! moi,je sais la formule à réci¬
ter! » Quand Brin-d'Eglantine le vit, elle lui dit : « Va-t-en ! Que sept
coups de poignard te percent les poumons! Suis-je un scorpion,face
de mauvais augure ? Rentre chez toi sans faire de folies, ou nous
t'enverrons à la maison des fous! » Rabbi Zlefta, l'infortuné, ne sa¬
vait ce qui lui valait celte calamité.
Le Ratatiné, entrant dans une violente colère, prit un bâton et se
mit à bàtonner Brin-d'Eglantine (que Dieu l'en punisse!) La maman
criait en se frappant la poitrine : « Ma fille se meurt ! >■et se ruant sur
le Ratatiné son mari, elle le repoussa et lui arracha le bâton ; Brin-
d'Eglantine s'enfuit et se cacha. Le Ratatiné sortit, s'assit auprès de
son gendre, et réfléchit, la joue sur la main. Et Rabbi Zlefta de sou¬
pirer et de dire : « Le monde est renversé 1 » — « Ne le prends pas à
cœur, mon ami, lui dit le Ratatiné; c'est toi qui seras son époux,et tu
la gouverneras selon ton désir et ta volonté. C'est une fillette : elle a
été circonvenue par un jeune apostat de cette race d'à présent, qui
lui a ravi le sens; il faut qu'elle vienne un jour te demander pardon.»
— «Je suis ton fils et elle est ta fille, répondit Rabbi Zlefta : ce que
tu tailleras, je le revêtirai. »
Ils se mirent enfin à lire ensemble.Quand ce fut l'heure du déjeu¬
ner, ils dressèrent la table, y placèrent les écuelles de Nabeul et les
cuillers, apportèrent le pot de pois chiches, mangèrent à leur faim
et burent à leur soif. Ensuite Rabbi Zlefta tira son mouchoir, en
trempa le coin dans le verre, dont l'eau se colora en noir, tant le
mouchoir était propre, et fit l'ablution d'après le repas. Et tous deux
bénirent le Créateur qui leur avait donné ce jugement sain.

IX — Bibliographie judéo-tunisienne
GÉNÉRALITÉS

Ayant déblayé le terrain dans les pages qui précèdent, je vais es¬
sayer à présent de jeter les fondements d'une bibliographie judéo-
tunisienne. Certes, aucun de ceux qui se sont aventurés dans des tra¬
vaux de ce genre ne s'étonnera que le mien soit incomplet, parfois
même sujet à caution, quelque conscience que j'aie pu y apporter;

I Quaud les Juifs tunisiens aperçoivent un scorpion — dans les masures sombres,
humides, mal tenues de la Hara, l'ancien ghetto, le cas se présente — ils lui crient :
■«Excommuniée 1 » r _sb, scorpion, qui était du genre commun en arabe littéral,
est féminin dans l'idiome vnlgaire). Cet anathème suffit, croient-ils, pour paralyser
l'animal et permettre ainsi de le tuer.
II existe aussi une formule cabalistique dont la récitation possède à leurs yeux la
vertu de rendre les scorpions inoffensifs. Elle a été imprimée : j'en ai même un
exemplaire.
— 52 —

qu'il me faille, en un mot, le présenter comme purement prélimi¬


naire.
A Tunis, les recherches sont peut-être plus pénibles qu'ailleurs.
Les archives de l'Administration ne s'ouvrent pas; en dépit de la
compétence,du zèle et de l'affabilité de son bibliothécaire, la Biblio¬
thèque française n'est point une ressource. Quant au Juif, une longue
hérédité de transes le maintient fermé, malgré tout ce que la France
a fait pour lui et tout ce qu'il en peut attendre : ces jours derniers
encore, un jeune commerçant qui doit à nos écoles sa petite instruc¬
tion, pour qui je ne suis pas un inconnu, me répondait d'un ton mé¬
fiant, presque hargneux, à une question bien innocente : « Qu'est-ce
que cela peut vous faire? »
Il y a lieu cependant de faire exception pour une petite élite intel¬
lectuelle, fort en avance sur le reste de la race, et à laquelle appar¬
tiennent, cela va de soi, presque tous ceux qui touchent à la presse;
sans eux, j'étais réduit à ma propre bibliothèque, assez modeste, et
pour cause : ma tâche devenait impossible.
C'est grâce aux écrivains et aux libraires, avec de la patience et
non sans quelques frais, que j'ai pu dresser une liste assez longue de
publications. Souvent même, il m'a été possible de désigner les au¬
teurs des écrits anonymes et les imprimeries qui avaient omis de
signer : il y aura sans doute des erreurs d'attribution,mais j'espère
qu'elles seront peu nombreuses et que les intéressés me mettront à
même de les corriger dans la suite.
Afin de faciliter les recherches, j'ai classé les titres selon l'ordre
alphabétique arabe oriental,fondant,à l'exemble des lexicographes,
la lettre j ((Jj) dans la lettre p, et, par analogie, la lettre S (p) dans
la lettre S. Comme l'Imprimerie Rapide n'a pas de caractères poin¬
tés, je suis obligé de représenter final par 'Recela se pratique
d'ailleurs à Tunis en pareille occasion.
Dans un grand nombre de cas, le titre commence par un des mots
suivants : j-PioronD, "isd, npTi, nnrrtD, nwyn, n^ro, nrp,
nïp, n^JS, rrPD, etc., que j'expliquerai, s'il y a lieu, à mesure
qu'il se présenteront. Ils sont le plus souvent explétifs, comme chez
nous au moyen âge : la Chanson de Roland, le Roman de Renart, le
Roman de la Rose, le Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi
Charles V; aussi les omet-on d'ordinaire en citant l'écrit. J'avais
songé, pour cette raison, à n'en pas tenir compte dans le classement
alphabétique, mais tout bien considéré, la mesure aurait autant d'in¬
convénients que d'avantages.
Pour les mots insolites dont on ne trouvera pas l'explication dans
ce chapitre, on est prié de se reporter au petit glossaire du chap.xv.
Quand je mentionne une publication sans l'avoir vue (ce qui est
indiqué, je le rappelle, par un astérisque), il y a bien des chances
— 53 -

pour que le libellé du titre soit incomplet et même inexact. A nos


yeux. d'Europe, les mots dont il se compose constituent une formule
qu'on peut abréger, il est vrai, surtout si l'ouvrage est très connu,
mais dont certaines parties du moins sont essentielles. Ce n'est pas
la façon de voir des Orientaux, aussi les Juifs tunisiens prennent-ils
des libertés singulières avec un texte de cette catégorie; l'auteur
même ne le respecte pas plus que le public. Dans les citations, dans
les catalogues (rudimentaires à l'extrême) des libraires, tantôt on
le réduit à sa plus simple expression, tantôt on le pare de dévelop¬
pements fantaisistes; ou bien on y substitue le nom d'un personnage
du livre à celui d'un autre, on en remplace l'ensemble par une glose
qui ne renferme pas un des mots primitifs, on crée même un titre
entièrement imaginaire d'après un point de la publication qui n'avait
pas été visé dans le véritable.
Au reste,celui-ci n'a quelquefois encore aujourd'hui aucun rapport
avec le sujet du livre : on sait que chez les vieux écrivains juifs,
comme chez les Arabes, c'était la règle.
Les titres, qui à l'origine étaient la plupart du temps en hébreu, sont
maintenant en arabe, sauî quand il s'agit d'une œuvre religieuse.
Un assez grand nombre d'écrits sont signés. La signature se com¬
pose du prénom, rarement réduit à son initiale, du nom de famille,
et assez souvent du patronymique. On trouve quelquefois le p du
dernier remplacé par "J. Ce sigle représente sans doute l'hébreu yij
(proies) ou "î3J (progenies), mais à Tunis, on le lit ben. Toutefois,
l'emploi dans le patronymique en est abusif; régulièrement, il ne
doit se mettre que pour le p faisant partie intégrante d'un nom de
famille.
D'autres fois, on ne trouve qu'une ou deux lettres hébraïques, ou
plus souvent latines : ce sont généralement les initiales ou les finales
du prénom et du nom.
Les pseudonymes sont peu usités.
La poésie légère est la plupart du temps anonyme : c'est qu'elle ne
constituerait pour l'auleur qu'une piètre recommandation, car les
gens «sérieux», ceux qui ont passé la quarantaine et qui détiennent
les clefs, professent encore un superbe dédain pour tout ce qui n'est
pas casuistique ou exégèse médiévale. Trop souvent, par compen¬
sation, la jeunesse, qui lit le français, se jette dans l'excès contraire,
et, pareille en cela à beaucoup de nos collégiens de quatorze ans et
de nos gens du bas peuple, n'apprécie de notre littérature, en dehors
de quelques fantastiques romans de cape et d'épée ou de scéléra¬
tesse, que les grosses bouffonneries ou les scènes brutalement licen¬
cieuses.
Dans les pièces lyriques, l'auteur se nomme quelquefois, comme
dans les poésies hébraïques, au moyen d'un acrostiche (ICD).
- 54 -

Ordinairement, la signature est précédée d'une des formules sui¬


vantes ou de quelque autre analogue :
Imprimé par les soins de... *—*
soy riyjijjîs
»^ i v>

Par les soins de... nt^o^ii


•mmmî ILUil _
ClciYYIThClfïfiYlftV
V-/\J 111fJ\SOZ>fj\Ail ... ... FiiSsm 1

1I 7-v»
si ri i /1IIf c/É
CCtlIl û'it Ul
rt wsi
UUCA£> UUI
/y . ..
... nir ts
sîS^>
jy m*ivn
i i—• iyj i
Tv^aff
-L 1 Uj\Ajnl* ULl/LfIV
oi î nn lA/f
fypnhfi dp
... -i
"iiTffn
!J J !
C*f~ii'Y)')Hfiszp nnv*
»_/\jiicfjyjtj c; fj\.i/t ,. . ...
sîH~nn
or | Mil
^^ndiitt
±. i LvVL thiv
IJ\Aji . . . ... &i!"tn~iî<w
i~ 1 II 1 1k> w
Sli f 11>& vï/yy*
O tuflC jJllf ...
vr\ nv
. . ! — 1 1i
Ï7n hphrpn
1; 11 llcUlcLi Q0Y"tti
Go oc/ t'pij'y* n(-tet> i^^cit.,.
fttctt'/ Tbip^i
... *Y"tf
ii y
Composé par... ...Nnsbun
d° d° ...«rmnn
Corrigé par... nnnxn
De la plume de l'écrivain... ...anîobK nSp p
Traduit en arabe par... ...anmyin
Composé par... ..'.■tfrïntfiu
En hébreu le jeune ou le célibataire... ...Tiron
d° le petit... ...ywtn
Les noms d'hommes sont assez souvent suivis, conformément à
l'usage rabbinique, d'un mot d'initiales hébraïques exprimant un
souhait, comme T'TI) 9 ue Dieu le garde et le conserve! ou Tïf que
son Créateur et Libérateur le garde! en parlant d'un vivant; h"~,
que sa mémoire soit bénie! en parlant d'un mort; 10"D, bon signe/
quand on écrit son propre nom.
Après un nom de ville, on met îfyl, que la Ville de Dieu (Jérusa¬
lem) soit reconstruite !
îTy^ > avec l'aide de Dieu, se place souvent en avant-titre.
Si une partie des expressions précédant la signature sont plus
ou moins vagues, il est clair que *—^ et ' es autres
dérivés des mêmes racines ne peuvent désigner que l'auteur vérita¬
ble, celui qui a créé l'œuvre; de même, ne saurait s'appliquer

qu'au traducteur, ■^s *a>' qu'au reviseur du texte. Malheureusement,


par ignorance, inattention ou vanité, ces termes se trouvent souvent
confondus.de sorte qu'il n'est pas toujours aisé de savoir si le signa¬
taire d'un ouvrage en est l'auteur, le traducteur, l'éditeur intellec¬
tuel, ou simplement l'éditeur matériel, l'homme qui a payé.
Dans les mœurs tunisiennes, d'ailleurs, bien qu'une loi sur la pro¬
priété littéraire ait été promulguée le 15 juin 1889 et qu'on rencontre
— 55 —

ici depuis quelques années la formule tous droits réservés, la pro¬


priété en question n'est guère une propriété : le plagiat se pratique
journellement, et le plus innocemment du monde. On trouve tout
naturel de s'approprier une phrase, un alinéa, un chapitre; on em¬
prunte même l'histoire entière, dont, tout au plus, on modifie un peu
la rédaction.Quiconque fait imprimer à ses frais l'œuvre d'un autre
la regarde comme sienne et la démarque sans scrupule, quilte, si
l'auteur est en vie et doit être ménagé, à lui verser une somme insi¬
gnifiante. Enfin, quand on cite un ouvrage, on n'en nomme jamais
l'auteur.
Je passe maintenant au côté matériel.
On n'a plus recours aux presses de Livourne : aujourd'hui Tunis,
on le verra au chapitre xi, a ses imprimeries hébraïques, outillées
pour produire d'aussi bons travaux à meilleur compte.
Les publications judéo-tunisiennes sont, en général, par cahiers de
huit pages'(demi-feuilles de petit format), ce qui permet à l'impri¬
meur, souvent assez pauvre en caractères, de n'avoir que huit pages
de composition à la fois au lieu de seize ; le tirage n'en est pas plus
lent, vu qu'en imprimant ces huit pages au recto,puis au verso d'une
feuille entière, on obtient deux demi-feuilles pareilles en deux coups
de presse.
L'impression est tantôt grossière, tantôt soignée, quelquefois élé-
ganle, selon l'imprimerie et selon la somme que l'éditeur consent à
débourser. L'hébreu carré est constamment employé, par la bonne
raison qu'à part les rabbins fort peu de Tunisiens savent lire le ra-
schi. Les quelques cas où il a été fait usage de ce dernier caractère
seront mentionnés à leur place.
Il n'y a jamais de faux titre, et c'est fort sensé : car chez nous, ce
feuillet de superfétation ne sert qu'à l'imprimeur, qui ne manque
pas, à moins de conventions bien formelles, de facturer pour deux
pages de texte les trois ou quatre mots qui s'y trouvent. Mais, par une
pratique moins louable, souvent le grand titre manque aussi, et l'ou¬
vrage débute par le contre-titre 1 : on n'a dans ce cas, sauf de rares
exceptions, ni nom d'auteur, ni lieu, ni signature d'imprimeur, ni
date.
D'autres fois encore,le titre a été imprimé, mais en feuillet volant:
vu la négligence orientale, bien rares sont alors les exemplaires
qu'on en trouve pourvus 2 ; outre que la date,si elle existe, peut tout
aussi bien être celle où l'idée est venue de compléter l'ouvrage en

1 J'appelle contre-titre le titre abrégé qui vient après le grand titre, en tête de la
première page du texte.
2 Voici un exemple du peu d'importance qu'on attache à ces feuillets : le libraire
Sion Uzan, chez qui, je l'ai dit, l'Ajalia est en vente, n'a pu m'en trouver dans son
magasin un exemplaire avec les 1i1ros de plus de cinq fascicules sur vingt-trois.
imprimant le feuillet mentionné,que celle de la publication même.
Quand enfin le titre fait corps avec le premier cahier, cas le plus
favorable, il ne date que le commencement de l'impression, et celle-
ci peut avoir duré des années. Il porte quelquefois tome premier
(Svitfbtf ntfroStf ou en hébreu "p^JN"! pSîl) bien que l'ouvrage
complet ne forme qu'un seul volume, ou l'indication d'un prix dési-
roire : cela tient à l'inexpérience de l'éditeur qui, donnant le titre
avec la première livraison ou le premier fascicule et ne songeant
qu'à celui-ci, n'a pas prévu que les formules qu'il employait convien¬
draient mal au livre entier.
Le texte du contre-titre et celui du titre courant (quand il y en a
un) sont quelquefois très différents de celui du grand titre; on en a
vu l'explication plus haut.
Les éditions de Livourne et quelques-unes de Tunis sont foliotées
en chiffres hébreux, comme les manuscrits anciens, et non paginées;
le bas de chaque page porte une réclame; le millésime se présente
sous la forme indiquée au chap. n (page 11). Toutefois, la plupart
suivent sur ces points l'usage moderne. Foliotage ou pagination se
poursuit d'ordinaire d'un bout à l'autre de l'ouvrage, même s'il for¬
me plusieurs volumes pourvus chacun d'un titre; cette division en
tomes est d'ailleurs presque toujours indépendante du texte et l'on
n'y considère que le nombre de feuilles, de sorte qu'un volume peut
finir et par conséquent le suivant commencer au milieu d'une phrase.
Comme presque toute littérature naissante, celle des Tunisiens est
d'emprunt en majeure partie ; la traduction et l'imitation de l'hébreu
ont fourni la plupart des opuscules religieux, des nouvelles, des his¬
toriettes, des travaux didactiques; tous les livres un peu volumineux
sont tirés de l'arabe ou traduits du français.Il a été publié,on le verra,
un assez grand nombre de chansons égytiennes; un des éditeurs, à
qui je faisais observer que ses coreligionnaires ne devaient guère les
comprendre, m'a répondu : « Peu leur importe, pourvu que cela se
chante. »
Les œuvres originales ou qui me paraissent telles se composent
d'articles dans les feuilles locales : études et polémiques souvent
meilleures qu'on ne s'y serait attendu, faits divers, etc. ; de deux ou
trois pamphlets; de quelques nouvelles et contes; d'historiettes; d'é¬
légies ou de pioutim 1 peu nombreux, en l'honneur de saints; enfin,
de quantité de poésies fugitives, chansons, complaintes, melzoumas,
qui ne sont la partie la moins intéressante ni pour le philologue, ni
surtout pour l'ethnographe.
1 Les Juifs ont donné le nom de pioutim (du grec 7ioi7)T7]ç , poète) aux poésies li¬
turgiques écrites en néo-hébreu à partir du commencement du vin 0 siècle.— Voir
Mayeb Lambert, dans la Grande Encyclopédie, t. 19, p. 971 ; Th. Reinach, ibid.,
t. 21, p. 268.
— 57 -

Les vers des Juifs tunisiens, à vrai dire, diffèrent très peu de la
prose rimée, car non seulement il n'y est pas tenu compte de la quan¬
tité, mais on n'y a pas non plus grand souci du mètre tel que l'en¬
tend la versification française. Mes constatations à ce sujet m'ont été
confirmées par plusieurs des auteurs eux-mêmes.
Certes, il ne faut, pas demander à lalittérature judéo-arabe de Tu¬
nis plus qu'elle ne peut donner : elle est encore trop près de l'enfance
pour nous montrer quelque œuvre un peu saillante, et comme ses
jours sont comptés, elle n'aura pas le temps d'en produire une.Mais
si l'on prend la peine de peser équitablement les circonstances et le
milieu dans lesquels elle a éclos, on ne saurait faire moins que de
juger intéressant et môme étonnant l'ensemble des écrits qui la com¬
posent.

RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE DES PUBLICATIONS JUDÉO-TUNISIENNES

— X -
î - .nsh ynx
(En hébreu le Pays de splendeur ou de gloire, c'est-à-dire la Pales¬
tine : Daniel, xi, 16 et 41.) Signé : .S .iy [Chalom Flan]. Tunis, Impri¬
merie Uzan et Castro, 5647 (1886-87). Titre et 48 pages 14X19. [Publié
en 1887.]
Abrégé de géographie et d'histoire de la Palestine.

2. - .tfjjtf pTO
(La Vérité assure le salut.) (Cette traduction m'a été fournie par
l'auleur, mais elle n'est pas littérale. La phrasé est empruntée à un
proverbe tunisien : L~>! j£-> As- ^jSSD] ^Xj, 13! (Si le
mensonge est un argument (ou une preuve), la vérité sauve mieux).—
(J-X-^ 1 , exemple de suppression du J de l'article: je ne reviendrai
pas sur celte anomalie, que j'ai signalée page 12. — L^! est un
comparatif, ce qui supposerait un adjectif signifiant qui sauve: mais
quel est-il? Ce ne peut être , qui est inusité à Tunis, et qui a
d'ailleurs en arabe littéral un" sens tout autre. Il serait curieux que
ce lut le participe s^, — ou encore que le comparatif n'eût jamais
eu de positif.) ••
Signé:.*} .\y [Chalom Flah]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
56 47 (1886-87). Deux feuillets non chiffrés et 91 pages 14X19. [Publié
en 1887.J
Petit roman dont l'action se déroule en Espagne, au temps des per¬
sécutions contre les Juifs, et qui parait traduil ou imité de l'hébreu.
[La publication en avait été commencée le 30 janvier 1887, en feuil¬
leton du journal pnbfc* 11130-]
- 58 —

a- .■pbiitfbtf S^ips
(Dictons des anciens.) Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle [Farhi
et Sitruk], Dar-el-Agha,'n° 9. Sans date [publication commencée le 5
ou le 6 juin 1890]. Il a paru au moins six livraisons d'une page 22X32 ;
je n'ai vu que la première, la cinquième et la sixième.
Recueil de proverbes tunisiens dont Sion Uzan m'a déclaré être
l'éditeur; chaque page en renferme une soixantaine; ils sont classés
par ordre alphabétique de leur première lettre, et la sixième livrai¬
son est encore consacrée à 1' fct.
4. — ^«nn«S«
Journal (1893). Voir page 36.
5. — -Knntfbtf
Journal (1904). Voir pages 41 et 44.
Au n° 31 ou 32, El-Itihad est devenu Journal bis-hebdomadaire
(sic) et a abaissé son prix à cinq centimes, en même temps qu'il- ré¬
duisait son format à 26X39; mais il n'a pas gagné en exactitude : le
n« 30 a paru le 16 novembre 1904, le n° 32 le 7 décembre, le n° 34
le 22 décembre.
e — ' .Kj"Knbtf s]»ris»b«
(Les pages effrénées.) (_ §1—^c^°! : mes dictionnaires ne donnent
comme pluriels de ^.s-s:^ que v_wLs'* et i_ç_^-^=; quand à Aaxr~=,
que je crois avoir vu aussi quelquefois dans le sens de page ou de
feuillet, il fait ^Lc-* 0 et ^X-ass^. Au reste, dans l'idiome juif, page
se dit plutôt AJo, P' ur - oAJo et quelquefois . Ce mot vient
de l'hébreu rabbinique
« Ecrit le jeudi 6 hesvan 5647 (3 novembre 1886); signé par l'oukil
Elie fils de Joseph Cattan.» Imprimerie Uzan et Castro, Tunis. Quatre
pages 21X30.
L'auteur s'élève contre une feuille portant l'en-tête du Comité pro¬
visoire, et où le caïd Michel Uzan était attaqué; écrit qu'il juge im¬
moral et qu'il dit avoir vu dans les mains d'un enfant.
7. - -un )i nypi nbtf pituSk 1| iJcrpOMbs
.thks ij) dkt©
(L'Américain, ou la trahison qui a eu lieu dans la maison Poudam,
à Paris.) « Par David Chemama. » Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1886. Deux volumes 14X20.Tome 1er, 192 pages, dont le titre sans
tomaison; couverture imprimée, portant « tome premier ». Tome II,
192 pages, sans titre, ni contre-titre, pagination commençant à 1;
couverture imprimée, avec « tome second ». Prix de chaque volume,
3 francs [3 fr. 50 les deux en 1892, 3 francs en 1900].
- 59 —

[En dépit de la formule tfrp^W > ce roman, le premier, à ma con¬


naissance, qui ait été imprimé à Tunis, est une traduction du fran¬
çais: celle du Crime d'Asnières, de Xavier de Montépin. L'éditeur
était l'Imprimerie Uzan et Castro.]
8.- .SMDDW TDS»
Recueil périodique. Voir page 29.
[On dit qu'après la publication du n° 1,'des erreurs y furent signa¬
lées à I'auleur, qui recueillit la plupart des exemplaires.]
[Le journal piTtf ITUD du 21 décembre 1886 annonçait que «le
livre S^DDSw ToSï* », l'etardé par l'encombrement de l'imprime¬
rie, paraîtrait le 15 tébeth suivant (11 janvier 1887), en 64 pages de
plus grand format, et que le prix de l'abonnement était porté à huit
francs.Celte annonce n'a pas dû être suivie d'effet, puisque Flah lui-
même m'a déclaré que sa revue n'avait eu qu'un fascicule.]

9 - - .p-nStf
(L'éclair.) «Journal quotidien CQl 1) rempli de nouvelles et d'his¬
toires. Le numéro, un sou (nSlï2 1"lQ13^).»Directeur-Gérant,Simah
Lévy,176, Souk-el-Grana, Tunis.Imp. Sion Uzan. Huit pages 12X18.
Le n° l a paru le 26 décembre 1904. C'est le sixième périodique
de l'année, en comptant El-Boustan.

io. - .^noiibtf
Journal. Voir pages 31,41 et 44.
Le n° 42 de la nouvelle série a paru le 21 décembre 1904; ce qui
fait, depuis la publication du chapitre vu, 9 numéros pour 10 semai¬
nes.

h.- p | biisba ODpbn | im | n^nidiSk -pN'rbtf


"■pSaSs «'■pi* | tfïin ijsn unpbtf i^aa^np nqwbR nmtûD
4 ..QtSûriT 1 s isSn hSn p-briS»

(Histoire des Israélites : première partie de L'histoire de la Nation,


depuis la reconstruction de Jérusalem jusqu'aux derniers rois qui y
ont régné.) «Traduit des meilleurs auteurs et abrégé par.2 » [Cba-
loin Flah]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 5647 (1886-87). Titre et
80 pages 14X19- [Publié en 1887; ce volume, qui va jusqu'aux der¬
niers rois, est tout ce qui a paru.]
12. — .^snr^nStf
Journal. Voir page 33.

13. - ..]S3ibtf
Journal. Voir page 29.
— 60 —

14. - . rrnnbK
Journal. Voir page 32.
15. — .•bambin pnbtf
(Le juste et l'injuste.) Par Eliézer (ou Lazzero) Farhi. Tunis, Im¬
primerie Uzan et Castro ? Deux livraisons d'une page 22 X 32. Petit
pamphlet dans lequel Farhi combattait, au nom des misérables, un
projet d'impôt sur la semoule. Le juste était imprimé en petit texte,
l'injuste en gros caractères.
16. - .np^pribs
Journal. Voir page 37.
17. — . DDU/Stf

Journal (1885). Voir page 28.


18. — .DDUrbs
Journal (1904). Voir pages 40 et 44.
Le n° 36 [et dernier] est du 27 octobre 1904 (soit 36 numéros en
41 semaines). Les derniers numéros portaient en sous-titre : Organe
social des Israélites de Tunisie. — Imprimerie de l'Orient. Prix du
numéro : 10 centimes (j'ai omis plus haut cette indication). Ce jour¬
nal a disparu pour faire place au suivant :
19. - .nioïbi*
Ès-Sabah (Le matin.) Journal quotidien « d'informations«(rtTHj
ÎT'HlObH J-pOT 1) • Directeur-Administrateur, Jacob Cohen, 24,
rue Sidi-Siflane — Tunis (aussi Gérant). Imp. de l'Orient, Rue Ettou-
mi 16 — Tunis. Prix du numéro, 5 centimes. Quatre pages 28 X 38.
Donne des télégrammes de l'Agence Havas et de « ses correspon¬
dants particuliers ».
[C'est le second journal judéo-arabe quotidien (ou plutôt hexa-heb-
domadaire, car les journaux juifs ne paraissent pas le samedi, jour
où l'on ne doit pas acheter ni même toucher à l'argent).] Le n° 1 a
paru le 1 novembre 1904,1e n° 47 le 26 décembre; bonne exactitude.
20. — .* rr^DJinbtf rfwnybK
Journal. Voir page 26.
21. - | istaSD^ dkSd i rrwj^
minwnW rpnïnb» |

îbbip ,"]3«dt tko a) ru nya nwKis nSm (nssrbK pn)


(2) |

i mn» rpnsmS.K rrwJîbm ,«n m Hyiabw 'à rpin i (3) (

14 kpps njjn ««a nnu mwji ,rrça 25 kits nss np^o


|

...1^3 1»
(La célèbre chanson égyptienne le salut du sultan (beauté de l'ac¬
complissement des promesses); trois chansons égyptiennes nouvelles :
— 61 —

1° Ton temps marche, 2° Dis-moi : J'ai vu, 3° Dans l'èloignement, ya


ma; la chanson triviale nouvelle le petit pied d'argent, de vingt-cinq
couplets; la chanson : Tu m'as trompé, Hannal de quatorze couplets.)
Signé : G. Prix fixe: 10 cent. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898.
Huit pages 12 X18. [Editeur, Simali Lévy ; G. était l'initiale d'un typo¬
graphe nommé Ganem. Lévy a modifié les deux dernières chansons.]
( jLkU! : il faut peut-être lire ^,lkLJ ; la confusion de la préposi¬
tion J avec l'article est assez fréquente. — +—est pour i—s 3 . —
^Sf.^j correspond bien au néologisme voyou. Il paraît être d'origine
algérienne, et dérive, dit-on, du français les ouvriers; ce n'est pas
invraisemblable, attendu que des allumettes a donné iaUj . — ^1 14 :
les noms de nombre de 11 à 19 se prononcent, devant un substantif,
comme s'iis étaient terminés par un ij i (arba'tachen bit); I'ortogra-
phe juive écrit ^1 cette finale (qui se prononce souvent longue), et
la sépare comme une particule.

22.— ^KuiaisbK
Journal. Voir pages 42 et 44.
Le n° 36 a paru le 21 décembre 1904, ce qui donne, depuis l'im¬
pression du chapitre vu, 10 numéros en 10 semaines. Le format du
papier va grandissant, il était de 30X48 au n° 36; mais celui de la
composition reste le même.
J'ai déjà emprunté au Phonographe une gravure assez savante
d'un Israélite tunisien (page 43); ci-après, grâce à l'obligeance du di¬
recteur de ce journal, qui m'a prêté le cliché, je reproduis une œuvre
du genre le plus primitif. Cela représente ingénument, mais d'une
façon très reconnaissable, la synagogue appelée btflU^ (en
hébreu l'Assemblée d'Israël), qui vient d'être ouverte au culte.
L'auteur du dessin et de la gravure sur zinc est un ouvrier relieur
qui signe Jean Bellaïche ; son inexpérience est telle, qu'il n'a pas pré¬
vu que l'impression retournerait l'image, de sorte que l'édifice nous
est montré à rebours. Mais l'exécution d'un pareil travail par un
artisan étranger aux p.remières notions des deux arts ne témoigne-
t-elle pas, précisément, d'une dose remarquable d'initiative et d'in¬
géniosité, en même temps que d'un curieux besoin d'idéal?

23 — JnSS 'jnsKDD fEKEpbtf


Les chats allant en pèlerinage.) En prose. Suivi de ")1'1 L>Ï,ÏH (Revol¬
ver) en prose rimée. Signé : Y [Si m ah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Im¬
primerie Uzan et Castro.] Sans date. Une page 28X20.
C'est le no 3 de Q^-l^S T\2~0 (voir page 37).

1 Voir L. Machuel, Méthode pour l'étude de l'arabe parlé, quatrième édition,


1887, p. 125; Stumme, Grammatik, p. 125.
24.- pio mp« | p nvron | r6w^ nrpS«
myn nbs ntfijbtf «mite* | isi.. .toS h ^tiki i pnbK
: nStoyiSs mnzmnnb | pur^yb^ "i^sSs

(Xc? complainte coquette, ayant pour texte les amours du marché à


la paille et de l'avenue de Londres, et suivie de la lettre que le jeune
amoureux a adressée à sa bien-aimée la coquette.) «En vente à la bou¬
tique de Simah Lévy, Sidi-bou-Hadid, 36, et à la boutique de Benja¬
min Costa, ruelle des Epines, 63. » Tunis, Imprimerie Sion Uzan,
1901. Une Lettre d'Amour. Huit pages 12X18. [Par Simah Lévy.]
(ÎTT'p, P mr - ni^p, en hébreu élégie .-mais à Tunis, le mot s'em¬
ploie plus souvent dans le sens de complainte ; il a passé en judéo-
arabe avec son pluriel, ce qui est de règle à peu près générale pour
les mots pris à l'hébreu ou à l'araméen. Au contraire, ceux qui ont été
empruntés par les Juifs aux langues néo-latines font presque tous le
— 63 -
i »
pluriel en ol, alors que les mots tirés des mêmes langues par les
Arabes forment d'habitude leur pluriel à la façon arabe : -^>j^—,
voiture (italien carrozza), plur. ^}^=> 1.

Les qinout se chantent sur une musique lamentable; cependant,


comme le fait voir le titre ci-dessus, on donne cette étiquette à des
compositions franchement gaies, le cas est même fréquent : en voici
la raison. S'il est d'usage, aux fêtes tristes, notamment à celle du
Grand deuil (Haguen),de chanter des élégies, il y aurait péché, as¬
surent les puritains, rien qu'à fredonner ces jours-là tout aulre chant.
Mais à Tunis aussi bien qu'ailleurs,
Il est avec le Ciel des accommodements.

Pour que les gens d'humeur joviale puissent satisfaire leurs goûts
sans se noircir l'âme, les chansonniers intitulent élégies leurs cou¬
plets joyeux, tout comme un vendredi, Frère Modesle Gorenflol, de
rabelaisienne mémoire, baptisa carpe une grasse poularde. Il y a
mieux; un certain nombre de qinout ont deux airs : le lugubre, pour
Haguen, et un émoustillant qui sert le reste de l'année.
.A_JL_cj (les Arabes prononcent plutôt coquette, et Ajuw_cj,
coquetterie) vient de J-^j , se dandiner, ce qui est considéré comme
une grande élégance.— \ est l'italien amore.W est assez mal
rendu par amour, qui donne un sens ou trop matériel, ou trop élevé;
il signifie plutôt la cour que se font les jeunes gens. — L'ancien
marché à la paille s'appelle officiellement rue de l'Alfa ; les indigènes
de Tunis, musulmans ou juifs, se servent peu des noms imposés aux
rues par la Municipalité postérieurement à l'occupation française
et continuent la plupart du temps à employer les vieilles dénomina¬
tions.)

25. - .vjKjb nVanan i rpruba nirpS*


(La complainte livournaise, en quatre langues.) Signé : K[Haï Sit-
ruk]. Imprimerie Internationale — Tunis. Sans date [cité en 1897].
Une page 22X32.
En arabe, avec phrases en hébreu, italien et français.
(^jU), pluriel de ïyi pour AiJ.)
26. - .n^nbSs
Journal. Voir page 34.

1 Et non fjo3j\y-. dans le dialecte barbaresque, la lettre de prolongation qui pré¬


cède la dernière lettre du singulier (le s ne compte pas) disparait au pluriel,sauf dans
quelques cas, notamment lorsque deux singuliers différents auraient un pluriel
unique.
- 64 —

27. — .IKtDCID^^
Pastiche de journal. Voir page 33.
28. - .rrrùbtf rrnïDbK nanbobn
(La nouvelle melzouma égyptienne.) Suivie d'un problème d'arith¬
métique. « Imprimé par les soins de M. N.» [Lazzero (Eliézer) Farhi].
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]; sans date. Une page
22X33.
29. — .-iw^iaS«
Journal. Voir page 27.
D'après le no 1 de pnStf "lïtfn, du 22 avril 1886, El-Moubacher
avait cessé de paraître à cette date.
30. — . nn jjbtf
Journal. Voir page 31.
31. - .nSnjbtf
Journal. Voir page 35.
32. - . rmaba
Journal. Voir page 35.
33. - .isnis is nrpSK
(Les Juifs à Corfou.) Sans signature, lieu ni date [par Simah Lévy ;
Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 5652 (1891-92)]. Une page 22X32.
C'est le récit, d'après le journal hébreu JTTSïn (l'Aurore) de
Varsovie, des troubles antisémitiques qui se sont produits à Corfou
à cette époque.
34. — y$ D"V IVDj3K | Proverbes Tunisiens | Stf IlDtf
:,3 ,n ntsDKia
(Proverbes... rassemblés par ordre alphabétique par H. 'B. [Victor
Uzan].) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro. Sans date. Seize pages
12 X 18 [tout ce qui a paru]. Contre-titre seul.
[L'éditeur, qui a recueilli plusieurs milliers de proverbes et dictons
tunisiens, n'a pas trouvé le loisir d'en poursuivre la publication; il
songe maintenant à les faire paraître, si ses occupations le lui per¬
mettent, avec traduction française et commentaire. Ce serait rendre
un véritable service aux orientalistes, car M. Uzan est homme à
produire un travail du plus haut intérêt. Le cahier ci-dessus n'a pas
été mis en vente.] Il contient plus de quatre cents proverbes, et
comme le n° 3, avec lequel il se rencontre nécessairement la plupart
du temps, il n'épuise pas la lettre .
En voici un spécimen :
- 65 —

n^nonSKi nrràïbN #inpn «i "pibs à*


:mwbbSw bnaSs ,m«sa ni dsdiSs "pa
nvvS«i rmoS^ ïs ,-nrr & dsoïSs
« Où est ton argent, ânier ? — Dans les fers et les clous.
« Où est votre argent, Chrétiens? — Dans le repentir et la perte
(c'est-à-dire mal employé).
« Où est votre argent, Juifs? — Dans les sabbats et les {êtes.»

35. — .-psayi bï<notf


. (Proverbes et maximes.) [Traduction du rabbin Chalom Flah.] Tu¬
nis, Imprimerie Uzan et Castro, 56 47 (1886-87). Un feuillet non chif¬
fré (titre) et 48? pages 14X19. [Ce nombre de pages m'a été indiqué
par l'auteur; l'exemplaire que j'ai vu paraissait incomplet de la fin
et s'arrêtait à la page 26.]
Petit recueil de fables [tirées de divers ouvrages en hébreu].
36. — .-inrn patf mapn w | | harw
(L'amour de Sion,ou histoire d'Amnoun et de Tamar.) (Les deux
premiers mots sont hébreux.) «Traduit par Simah Lévy » [de l'hé¬
breu d'Abraham M a po]. Imprimerie Internationale, Tunis, sans date
[avant juin 1890]. Seize pages 14X19 [tout ce qui a paru]. Contre-titre
seul. (Voir ]taib»1 2rhs 3KrD.)
37. - .«nn ojin ikSi wp«i3 vfrx
(A nos frères (es Tunisiens, que Dieu les garde et les conserve !)
Signé :R. Juda Germon. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Uzan et Castro;
sans date [1886]. Une page 13X20.
L'écrivain proteste en termes véhéments que quoi qu'en disent les
rabbins-juges (DiJ.H"!.}» leurs signatures figurant dans btflUf T]2W
sont bien authentiques. (Voir S^IW rDlW "1SD.)

— 3 —
38.- .T1J TqSk
(Nouveau bateau à vapeur.) Sans signature [par Simah Lévy], Se
vend à la Librairie Hébraïque (Simah Lévy — Tunis). Sans lieu ni
date [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1890]. Une page 20X*27.
Horaire d'une ligne de petits vapeurs entre Tunis et La Goulette,
ouverte le 27 novembre 1890, et qui dura peu. Il est précédé d'un
morceau en prose rimée, célébrant les bienfaits de cette création.
L'auteur termine par ces exclamations loyalistes : ! SJTD nSStf
! I nD2ï*"lS tt^yn (Dieu rende victorieux notre Seigneur [le bey]/
Vive la France ! !)
— 66 -

39.— .mybio mnv


(«.Ben Yohaï» en arabe.) Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle
[Farhi et Sitruk], Dar-el-Agha, n° 9; sans date [fin d'avril ou com¬
mencement de niai 1890]. Une page 21X28. « La 2 e partie paraîtra
le mardi 16 iyar 5650 » (6 mai 1890). [On trouvera cette suite sous
le titre de îtfrTP 13 liyDW "Ol T^dSk ■ rVnbnS "ffVf.]
[Sauf cinq strophes en plus dans la première partie et une ortho¬
graphe moins défectueuse, cette poésie à la louange de Ben Yohaï
est identique à celle qui avait été publiée en 1853-54 dans 331"] "|5D
ITQiy (voir ce titre), et qui était la paraphrase, d'origine tunisienne,
d'un piout hébreu. L'éditeur est, je pense, Vita Sitruk.]
(Siméon ben Yohaï ou Raschbi est le tana du n e siècle qui a passé
longtemps partout et passe encore aux yeux des Tunisiens pour
l'auteur du Zohar 1 . De là peut-être la dévotion spéciale dont il est
l'objet. "Q est le synonyme araméen de ben.)
40. .n^aisSi» mvn
(L'envoi du plateau.) (Il s'agit d'un grand plateau de cuivre, chargé
de friandises, que le fiancé envoie à Pourim à sa fiancée.) Signé : X
[Jacob Cohen]. Tunis — Imprimerie Internationale. Sans date. Une
page 19X27. En vers.
41. .SOiTD P
(Bar-Cochebas.) Tiré d'ouvrages hébreux,notamment de rHO 1"!!"!"
" de Caïmann Schulmann, par Chalom Flah. Tunis, 5656 (1895-
96), Imprimerie Sion Uzan. Titre et 150 pages 12X18. Les quatre
premières feuilles de huit pages portent en tête : Supplément à
"L'Union Israélite", 5 Centimes, avec les numéros 21 à 24. Il s'en¬
suit que la publication a été commencée le 30 juillet 1894. [Catalogué
à 1 franc en 1900.]
Petit roman historique ayant trait au soulèvement des Juifs contre
les Romains sous Adrien (132-135), dont l'instigateur et le chef fut
Simon, dit Bar-Kochba (en araméen Fils de l'Etoile). En réalité, son
nom de famille était Bar-Koziba, c'est-à-dire le Kozibien. Lorsque
l'insurrection eut été éteinte dans le sang,ceux pour qui le héros était
mort attribuèrent à ce nom, par une équivoque féroce, le sens de
Fils du Mensonge'1 .

1 Voir page 18, note 1.


2 V. Isidore Loiïb, dans la Grande Encyclopédie, t. 5,p. 397.
- 67 —

— n—
42. - n«T pjpbtfi n«iDnaS« y>Dj 's | mn'jn
|D l 5»i
■pijinbtf armi | maipbKi nKDTnnbKi rwtttjbw ny^n
.192 'ia ppih& pio '■s T'ïi j*pï | nusn is ynbS
(Catalogue de tous les récits, les histoires, les hautes aventures, les
chansons, les melzoumas, les élégies, etc., gui existent en vente à la
boutique de Sion Uzan (que son Créateur et Libérateur le garde!),
Souk-el-Grana,n° 192.) Ce titre est précédé du mot Catalogue.Tunis,
Imprimerie Sion Uzan,.1897. Huit pages 12X18.
43. - ...yDa. ^ mnin
Comme ci-dessus, sauf que □rT"P3 est remplacé par pKTltf, feuilles.
Sion Uzan, 176, Souk-el-Grana, Tunis, 1903. Huit pages 11X16.

44. —oiain wyab nninrn pi nu nurya anyn


ppàmoi ; n"nSî j^n dîtok 'n mn umo yn^ta anyci
.Tin p"p^ y«nD >ud'^' aiDsnk* p ddh ■pnwShi ^an« pps
(Traduction d'un jugement du Tribunal rabbinique signé par sept
rabbins-juges,parmi lesquels notre maître le grand-rabbin Abraham
Hajjaj (que sa mémoire soit pour la vie future! ) et approuvé par
trente-deux des grands savants [rabbins] de la Communauté sainte
(que Dieu la garde et la conserve !) Ce titre est un mélange d'hébreu
et d'arabe.Tunis, Imprimerie Vittorio Finzi, rue de la Commission,
sans date [l'exemplaire que j'ai vu était daté, au crayon, du jeudi 22
eloul 5646 (22 septembre 1886)]. Une page 21X32.
Juda Germon, « qui vilipende toute la Communauté, grands et pe¬
tits, et que la prison n'a pas corrigé», est révoqué du titre de rabbin-
juge. (Voir SinW 1SD.)

45. - rh-h wnp | SoyStf npn | rrnirrûi rw Snn


,PUWfTWÏ
(Que la nouvelle année commence avec ses bénédictions ; Feuille du
miel; Bénédiction du soir du premier de l'an.) Mélange d'arabe et
d'hébreu. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale], 1897. Une
page 24X36 en deux couleurs. Sauf une douzaine de mots, cette
feuille est toute en hébreu.
(La première phrase est tirée d'une prière.
Chez les Orientaux, la journée commence au coucher du soleil;
plus exactement, «d'après la tradition rabbinique, les fêtes et les
jeûnes commencent à l'heure où, par un ciel non couvert, on peut
apercevoir trois petites étoiles au moins, rapprochées l'une de l'au-
— 68 -

tre » 1 . En conséquence, le soir d'une fête est celui qui l'ouvre et non
celui qui la suit.
Le soir du Rosch-ha-schana, le chef de famille bénit une série d'a¬
liments qui représentent, m'a-t-on dit, ceux de toute l'année. Le pro¬
gramme de la bénédiction s'appelle feuille du miel, parce que la
cérémonie débute sur un morceau de pomme trempé dans le miel
(celui-ci étant de bon augure).
La nomenclature des aliments à bénir n'est pas absolument inva¬
riable. Sur la présente feuille, ce sont : J.~.xJI, le miel; A-jcJ yJ!, les
figues sèches conservées au sel ; ^"^jJjJ! pour ^^-s-L^!!, le sésame ;
^U^JI ; les grenades; .^UjJI , les pommes ; ^..LJI, la blette ; > ^a
courge; ji), la tête [de mouton\; le poisson; JS»sJ!, les fèves ;

pour p-*-H, l'ail. Une autre «feuille du miel» supprime le miel


^_j-xJ!
(qui est peut-être sous-entendu) et le remplace par j-a-xJ!, les dattes.
En outre,l'ordre est différent pour chacune des trois feuilles que j'ai
sous les yeux.)
46. — .5659 | bpybtf np-n [ htoit îw Snn
Suivi de ^"3inn nJD 1) (DtfyStf H^Dil) Smj (Calendrier pour
l'année 5659 (1898-99). 2 e édition. Sans lieu ni date [Tunis,Imprime¬
rie Internationale, 1898]. Deux pages en regard sur une feuille40X28.
En deux couleurs.
[Cette édition s'étant sans doute mal vendue, l'éditeur a utilisé le
«bouillon» en divisant la feuille en deux et imprimant au verso le
calendrier de l'année suivante (voir 713 dS (D^yStf 3NDn) ^ITÙ
H'a-inn).]
47. — .*pyn
(Avis.) « Tunis, 3 kislew 5649» (7 novembre 1888). Signé : Lazzero
Farhi. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]. Une page 14X19-
Dans cette curieuse pièce, Farhi dit qu'il songe depuis longtemps
à traduire Monte Cristo; pour aider à la publication, il demande que
quarante personnes lui prêtent chacune vingt-cinq francs ; il s'engage
à rembourser'chaque mois un des prêteurs désigné par le sort.
[La traduction qu'il préparait à cetle époque est sans doute celle
qu'il a commencé à faire paraître en 1891 dans "pinO^ (voir page 35).]

48. - p bp;p | an tfby ùhtwsk nmb ffw-n [

.'-isbntfbtf
(Réglementation du service des droits sur les propriétés qui sont
aliénées.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1894. Vingt-neuf pages
11 X18 (rogné).

1 James Darmesteter, dans Journal Asiatique, 1888, II, p. 121, note 2.


- 69 —

Transcription des décrets beylicaux du 25 et du 1 er novembre 1893


et de l'arrêté du Directeur des Finances du 2 novembre 1893, modi¬
fiant la législation sur les droits de mutation 1 .
(Le 1 er novembre est désigné ici par »Jc, qui, signifiant proprement
nouvelle lune, ne devrait s'employer que pour les mois lunaires.)
49. — .niDK nta«in
(Théâtre d'amour.) Suivi de T'D tfSy DDp (morceau sur
M. Quelqu'un). En vers. Sans signature [Simah Lévyj. S'adresser à
la Librairie Hébraïque Simah Lévy, Tunis. Sans lieu [Tunis, Impri¬
merie V. FinziJ; sans date [cité en 1897, à 5 centimes]. Quatre pages
13X22.
— j —

50. — ptrinS» ayn Sni


iDnnbtf iktidSk nbutfpn
tfyn s|SaS«i pmSw u-iyb« mkx rta^pn bnj — niDbtf
.ii«w»"t5)S« mrpûbtf
(Tableau de comparaison des poids tunisiens avec les poids euro¬
péens. — Tableau de comparaison des coudées arabe, turque et du drap
avec le mètre français.) Sans signature [Sion Uzan]. Sans lieu [Tunis,
Imprimerie Sion Uzan]. Sans date. Une page 35X24.
{^Sjj —~, proprement syrien, est très employé pour désigner les
objets européens.)
si-— bnj
(Calendrier perpétuel.) «Par Ghalom Flah.» Tunis, Imprimerie Uzan
et Castro, « an 1829 de la ruine de Jérusalem, correspondant à 5657
des Israélites, 1897 des Chrétiens, 1315 des Musulmans». 32+12 +
6 = 50 pages 12X18.

Ce calendrier, qui parait pratiquera de 4390 (629-30) à 6004 (2243-


44) et donne la correspondance des quatre ères Israélite, chrétienne,
musulmane et adjemi. (Je rappellerai que M. Loeb a publié à la
librairie Durlacher, en 1886, la concordance des calendriers juif et
chrétien depuis l'ère chrétienne jusqu'au xxx e siècle.)
(L'année <»3,_*-^ c (étrangère) ou année administrative tunisienne
était, conception bizarre, une année solaire qui commençait le 13

i La publication en judéo-arabe de décrets réduisant les droits de mutation n'aura


rien de surprenant pour quiconque est au courant des questions tunisiennes : l'usurier
trouve dans notre procédure une arme terrible pour déposséder l'Arabe de ses terres.
Quand M. Millet, résident général, visita Nabeul, habitée par de nombreux Juifs, le
rabbin lui exposa l'unique vœu de ses coreligionnaires : c'était l'envoi d'un huissier
duns leur ville. Il n'est que juste d'ajouter que les usuriers accapareurs d'immeubles
sont loin d'être tous juifs.
— 70 —

octobre el empruntait'le millésime de l'année musulmane avec la¬


quelle elle coïncidait en majeure partie. La dernière fut l'année 1308,
qu'on prolongea jusqu'au 31 décembre 1891. étranger-, signifie
au propre persan. En Egypte, je crois l'avoir entendu employer dans
■le sens de novice.)

52. - .trnnn njoS (Dtfybt* a»Dn) Snij


(Calendrier pour l'année 5659 (1898-99). 2 e édition. Au verso:
(5660 DtfV 3KDnS) SlTij (calendrier pour l'année 5660 (1899-
1900). Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Internationale, 1898 et
1899]. Deux pages 20X28. (Voir le n° 46.)
53. - ■"5647 nsyb ii wd Srra
(Calendrier pour l'année 5647 (1886-87).) Par Clialom Flah. Tu¬
nis, Imprimerie V. Finzi, octobre 1880. In-16. Prix, 50 centimes.
Donnait les dates Israélites, musulmanes, grégoriennes et adjemi,
et un abrégé d'histoire juive.
54. - -*5648 Dsyb iiwd brrrô
Par Clialom Flah. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1887. In-32.
Comme le précédent, pour 1887-88, mais sans l'abrégé d'histoire.
55. - .(5663) rD-inn n«v bina
(Calendrier de l'année 5663 (1902-03).) Au verso :~|iniy^ ""SlV^lp
(règles du calendrier). Signé : Simah Lévy. Simah Lévy, Libraire,
24, rue Sidi-Mardoum,Tunis. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
V. Finzi, 1902.] Deux pages 32X50. Papier de couleur.

se. - Soyk npT 15660 D"inn | binà


(Calendrier de 5660 ( 1899-1900); Feuille du miel.) Tunis,Impri¬
merie Internationale, 1899. Huit pages 12X18.
57. - yftk ]wi
(Le jardin du divertissement.) Contre-litre seul. Sans signature,
lieu ni date [par Messaoud Maarek; Tunis, Imprimerie Internatio¬
nale; il avait paru deux livraisons le 11 janvier 1892,six le 1 er mars].
Soixante-quatre pages 12X18 [tout ce qui a paru]. La page 04 s'ar¬
rête au milieu d'une phrase.
P>ecueil d'histoires amusantes; les 32 premières pages en ren¬
ferment soixante-deux, les 32 dernières une seule incomplète
(inmDl "HSDy^tf, le soldat et sa femme).
58. — .nos bwnii
(Journal de la pâque.) Sans signature [par Simah Lévy]; sans lieu
[Tunis], Imprimerie Ossona : sans date [vers 1889].Une page 21X32.
En prose.
- 71 —

[Il n'y a jamais eu d'Imprimerie Ossona. Celui-ci, qui était libraire


et bimbelotier, avait un petit assortiment de caractères; la compo¬
sition fut faite chez lui par l'auteur et ses amis, et l'on tira à l'impri¬
merie Rizzo.]

59 - - .pan bwm
Pastiche de journal. Voir page 31.
— n -
60.- ...kdid wtd înaro nV» m
(Amulette écrite par N. S. Moïse, etc.) Sans signature, lieu ni date
[par le R. Juda Germon; Tunis, Imprimerie V. Finzi? 1902]. Deux
pages en regard sur feuille 32X25.
Prière pour S. A. Mohamed-Bey à son avènement au trône (11 mai
1902). Hébreu en lace de l'arabe.
(j y^, amulette, est employé par les Arabes ; les Juifs disent o^*^>
plur. — Les paroles attribuées à Moïse ne se trouvent pas
dans la Bible. Quoique n'ayant en apparence rien de particulièrement
cabalistique, elles sont peut-être tirées du Zohar ou de quelque autre
ouvrage de cabale. — D'après Aboul-Walid Merwan ibn Djanah l ,
l'hébreu D^lin (perles ou pierreries enfilées en collier, Cant. des
Cant., i,10) signifie chez les rabbins vers,poésie; aussi avais-je pensé
tout d'abord que Germon donnait peut-être àj^x un sens analogue.
Mais il rend ce mot par }PQp, qui veut bien dire amulette en rabbi-
n i que.)

si- - rviorn /nis-in»^ «va »)»îtwS« Sa«Drbxn|

.nrwbKï iwd'vî i<va brfiDv ntay tf-inbK


|

(Embarras d'Accompli avec Le Bâtard; histoire de la femme Es-


sence-de-Coing avec le comte Salvator.) « En vente à la boutique du
rabbin Lazzero Farhi; prix, un quart de piastre.» Tunis,Imprimerie
Uzan et Castro, sans date [cité en 1892, à 20 centimes]. Contre-titre
seul. Seize pages 14 X 21.
Conte fort original.
( ,sjL=J : il faut lire
v_5 Sr
'62.- .M nKiion
(Histoires de Jeha.J Contre-titre seul. Sans signature ni lieu [par
Messaoud Maarek; Tunis, Imprimerie Sion Uzan]. Sans date. Seize
pages 12X18.
Recueil de trente-cinq historiettes comiques.
(Naçr-el-Din Jeha, Djeha ('—=^) ou, selon la prononciation habi-

1 Kitûb-ul-usûl, éd. Neubauer, p. 247.


luelle des Juifs tunisiens, Cheha (Ur^-à), personnage légendaire, mais
qui,à ce qu'on assure, ne serait pas totalement imaginaire; c'esL une
sorte de bouffon tout à la fois candide el rusé, non sans quelque ana¬
logie avec Polichinelle. Un petit livre des saillies de Jeha (U^ ply )
a été, parait-il, imprimé au Caire.)

63. - .ppaï inttn «yinj^ n^n i

(Histoire des vingt-quatre jeunes filles.) Contre-titre seul. Sans si¬


gnature, lieu ni date [par Lazzero Farlii ; Tunis, Imprimerie Nouvelle
(Farhi et Sitruk), 1890]. Seize pages 8X11.
(Les mots sont, lè cas échéant, coupés à la fin de la ligne, avec trait
d'union.)
64. - .yxh n misSk Toaiobtî rvion
| |

(Histoire du banquier Alphonse de Logique.) Par Vita Sitruk. Tunis,


Imprimerie Sion Uzan, 1894.Trente-neuf pages 12X18. [Publié à 50
centimes; catalogué à 25 centimes en 1900.]
Ce petit livre n'a rien d'intéressant. Il est vraisemblablement tra¬
duit ou imité de quelque nouvelle en hébreu publiée en Europe, à
moins que l'original n'ait été écrit en Syrie par un élève des Jésuites :
on y sent l'influence européenne d'un bout à l'autre, mais surtout
dans les descriptions.
65. — .mybzi^ n'fcon
(Histoire du hâbleur.) « Traduit par Lazzero Farlii. Prix de la livrai¬
son, 10 centimes. Ne se vend que chez le traducteur.» Tunis, Impri¬
merie Farhi et Varios, 1901. Quatre-vingt-huit pages 12X18 [tout ce
qui a paru].
[Histoire arabe mise en judéo-arabe.] Sous le contre-titre, on Ht ce
singulier « avertissement» :« Quiconque achète cette histoire, s'en¬
gage à ne la louer ni ne la prêter à un autre : nous ne la vendons
qu'à celte condition.»
(A 0>j-*Jj, hâbleur, correspond le verbe OjJj , hâbler, en conter,
avec de la personne.)
66. — a*ïp | «yn | niwbs ynb nan^K | ni*bn
.isntob»
(Histoire de la jeune Brin-d'Eglantine avec Baguette-de-Bambou.)
Par Lazzero Farhi. 1892. Tunis, Imprimerie Internationale. Trente-
deux pages 12X18. [Catalogué à 30 centimes en 1900.] (Voir pages
48 et 49; et pour le texte du fragment que j'ai traduit et les notes,
chapitres xiv et xv.)
67. — '.-punbtf tVi i Din»-p pstaboba rvton
(Histoire du sultan Ibrah.hn, fils d'Al-Rachicl.) Contre-titre seul.
— 73 -

Sans signature ni lieu [imprimé sur un manuscrit de Haï Sarfati;


Tunis, Imprimerie Siou Uzan]. Sans date [titre mentionné dans un
catalogue de 1897, mais il peut s'agir du numéro suivant]. Seize
feuillets 12X18 foliotés en chiffres hébraïques.

68 -— .*Dintf-D ■jtfttbdbtf rvion


On m'affirme qu'une autre édition de la même histoire a été pu¬
bliée à l'Imprimerie Uzan et Castro, mais je n'ai pu la trouver.

Q9-- syiTft lytha rv*on


|

(Histoire de Lord Joseph.) « Par 'tQ Haïm Zarqa, miroitier dans la


Ilafsia. Prix de la livraison, deux sous. En vente à la boutique du
susdit.» Prix: 10 cent.(Comme on vient de le voir,ne prix, imprimé
en gros caractères et qui semblerait être celui de l'ouvrage,ne s'ap¬
plique qu'à la première livraison, avec laquelle le titre faisait corps.)
Imprimerie Siou Uzan,Tunis, 1897.Quatre-vingts pages 12X18. [Ca¬
talogué à 50 centimes en 1900.]
pD n'est pas, comme on pourrait le croire, l'abréviation —
\Jp
continuellement employée à Tunis pour mais celle de "YP^D,
Monsieur; ce mot est plus probablement l'espagnol Sehor que l'ita¬
lien Signor, attendu qu'il existe identique en judéo-espagnol.)
Je parlerai de {'histoire de Lord Joseph, au chapitre x, sous np"Wî
(D«n).
70. — .Disabi* n»in n^SspS» rpion
(Histoire de la reine Vie-des-Ames.) Contre-titre seul. Sans signa¬
ture ni lieu [imprimé sur un manuscrit de Haï Sarfati ; Tunis, Impri¬
merie Sion Uzan]. Sans date.Quarante-huit feuillets 12X18 foliotés
en chiffres hébreux. [Catalogué à 60 centimes en 1900.]
Conte des Mille et une nuits.

71. - .ynny ^SdS« rMon


(Histoire du roi 'Amroun.) « Par le célibataire Samuel Haï [Jean]
Bellaïche.» Tunis, Imprimerie Sion Uzan,1902. Huit feuillets 12X18
foliotés en hébreu [tout ce qui a paru]. Avec gravures de l'auteur.

72. - .inaïniwb tït'pk nwn i

(Histoire d'Isidore Lavorantè.) Suivi de S]tf"|ï ntfi&On (gentilles


histoires). Par Simah Lôvy. Librairie-Papeterie Nouvelle, Simah Lé-
vy, Tunis. Imprimerie Finzi, Tunis. Sans date [1904]. Quarante pages
11X16.
C'est le tirage à part du feuilleton paru dans le Phonographe sous
le titre de Châteaux en Espagne (voir page 42).
— 74 -

73. — .ib-iionS» didj «3 | rinon


(Histoire de papa Nessim le fumeur de hachisch. Contre-titre seul.
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Sion Uzan] ; sans date [est-ce cette édi¬
tion qui figure en 1897 sur le catalogue de Sion Uzan?].Neuf feuillets
12X18 foliotés en hébreu. [Edité par Sion Uzan sur un manuscrit de
Sarfati.]
( Sj^ 3 vient de ^Cj«^s, hachisch; celui-ci s'appelle aussi 5j_*& et
ïïj —à, d'où 2>\ f —i-, fumeur de hachisch (peu usité), et Joi^i, pipe
à hachisch. Cet ustensile est un narghilé grossier, dont le récipient
est formé d'une noix de coco; un tuyau de bois coiffé du fourneau
de terre s'y adapte, et descend jusque près du fond; on aspire la fu¬
mée par un roseau grêle. Les marins qui fréquentent la mer des Indes
appel lent cette pipe gargouli, le nom hindou étant, si je ne me trompe,
l'onomatopée gourgouri.
En dépit d'une prohibition sévère, les fumeurs de chira,comme on
dit dans le français local, sont assez nombreux parmi les Arabes,
surtout dans la bass'e classe; on les appelle encore -^ioli,^, sing.
^-i-;Li.a.; et comme ils passent pour comiquement irascibles,
"jJ&x*. s'emploie surtout dans ce dernier sens.
" ïïy=± est, d'après Belot, emprunté au turc et signifie mercerie,quin¬
caillerie; à Tunis, il correspond à camelote. Le sens de hachisch lui a
sans doute été donné par l'argot des fumeurs; de même, dans le
nord de la France, les consommateurs de tabac de contrebande le
désignent sous le nom de trèfle, j^hyà. veut dire vendeur de came¬
lote, camelot.) •<
Ce récit est très populaire chez les Juifs tunisiens, qui en ont im¬
primé presque simultanément trois éditions. Il est quelque peu naïf:
Har'oùn al-Rachid et Djafar le Barmékide y passent plusieurs nuits
à mystifier, toujours de la même façon, un pauvre diable de fumeur
de hachisch.
Quoiqu'il soit douteux qu'on fumât à Bagdad au huitième siècle,
on n'en peut conclure que le conte soit nécessairement d'invention
récente; le héros de la version primitive pouvait être, en effet,un de
ces mangeurs de hachisch qui paraissent fort antérieurs au Vieux
de la montagne.
74. _ bibrobtf rviom | ta mion
^bhîonStf d^dj
.wiSk "pin KS'te'Mt tfyn
(Histoire de papa Nessim le fumeur de hachisch; histoire de l'idiot
avec le calife Haroun al-Rachid.) « Par Haï Sarfati dit le fils de Baya.»
Imprimerie Uzan et Castro, à Tunis. Sans date. Douze pages 14X21.
Contre-titre seul.
[Haï Sarfati parait bien n'être que le rédacteur et non l'auteur de
ces deux contes, imprimés de son vivant, (probablement vers 189*2)
aux frais des typographes de l'Imprimerie Internationale. C'est, pa¬
rait-il, par une erreur de ceux-ci qu'il figure comme fils de Baya, au
lieu de frère; pourtant, une annonce publiée par lui dans le Mou-
targem du 8 décembre 1887 le qualifie également de fils de Baya.
Cette édition de Vhistoire de papa Nessim est la plus ancienne.]
75. — .ibiïonSs wvfz | rvion
(Histoire de papa Nechim le fumeur de hachièch.) Prix, un quart de
piastre. Imprimerie Vifctorio FÎnzi, Tunis. Sans date [avant 1806].
Seize pages 14X19.
Même texte que les deux numéros précédents. [Editeur, Simah
Lévy. Il a changé Nessim en Nechim, parce que, m'a-t-il dit, le pre¬
mier nom est porté par les Israélites.]
76. — dîtûk "oti | iiSn mirr un roa | riwn
.fcCTîy pï*
(Histoire de la fille du, rabbin Juda Halèoy et du rabbin Abraham
ibn Ezra.) Imprimerie Sion Uzan, 176, Souk-el-Grana, Tunis, 5664
(1903-04). Seize pages 12X18 [tout ce qui a paru].
[Traduit par Simah Lévy, de l'hébreu d'une revue publiée à Var¬
sovie sous le titre de FpDîtfn (^ a cueillette), année 5647 (1886-87);
l'éditeur est Sion Uzan, qui a payé six francs cette traduction.]
(Juda Halévy, en arabe Aboul Hassan ibn Allawi, rabbin castillan
né vers 1085, mort en 1141, médecin et controversiste distingué, n'a
été surpassé,comme poète hébreu, par aucun écrivain post-biblique.
— Abraham ibn Ezra, que Th. Reinach appelle «rabbin nomade et
cerveau encyclopédique », surtout connu comme exégète et comme
grammairien, a vécu de 1089 à 1167 1 .)
Ce roman plus ou moins historique (plutôt moins) est sans doute
le môme que fait paraître Messaoud Maarek dans Ël-Bonstan (voir
page 41.

77. - -*rma3 p ir*cn


(Histoire de Ben Khemria.)
Conte arabe dont la publication avait été entreprise en 1890, sur
un manuscrit de Haï Sarfali, par l'Imprimerie Nouvelle (Farhi et Si-
truk). Une annonce de l'époque montre qu'il en a paru au moins
cinq livraisons ; je ne sais rien du format, mais je présume, par ana¬
logie, que la livraison consistait en une page 22X32-.
plur. , signifie Kroumir; mais je ne suppose pas
(pie ce sens ait rien à faire ici.)

I The new American Cyclopœdia, t. x, p. 61 a. — La Grande Encyclopédie, 1.1


b; t. 20, p. 5146; t. 21, p. 267 6 et 268 b.
p. 772
78. - .rrnns p rvion
Contre-titre seul. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Sion Uzan,
au plus tôt 1897; catalogué à 30 centimes en 1900].Vingt-quatre feuil¬
lets 12X18 foliotés en hébreu.
[Edité par Sion Uzan, sur un manuscrit de Sarfati.]
79. - .y&vhp^ ibi ann | ffwn
C'est la 4e livraison de DISJ^ IlpiO"! Sfc*I"0 (voir page 40).
80. — .ybbbî* pn rpïon
(Histoire de Hassan el-Khalia''.) Contre-titre seul. Sans lieu ni date
[Tunis, Imprimerie Sion Uzan, au plus tôt 1897; catalogué à 25 cen¬
times en 1900]. Vingt feuillets 12X18 foliotés en hébreu.
Conte des Mille et une nuits [édité par Sion Uzan, sur un manus¬
crit de Haï Sarfati].
si.- .^ony p rrPDn rr>ïon
(Histoire de Hamida ben Otman, par Simah Lévy.) (Le titre fran¬
çais le premier.) Contre-titre seul. Sans lieu ni date [Tunis, Impri¬
merie V. Finzi, au plus tard 1897]. Librairie Hébraïque Simah Lévy.
Seize pages 14X19.
82. - y\uro "po^nn rvïon |

(Histoire de Robinson Crusoè.) «Composée en langue anglaise par


son auteur Daniel de Foë et traduite dans toutes les langues du
monde; maintenant traduite en arabe vulgaire par les soins de
(nt3D«ia rp-crnSN rrnnyStf nxth nmwn "phnéi) hSï ms
d'Elie Sitruk.» Imprimerie Uzan et Castro, Tunis. Sans date [vers
1900]. Quatre-vingt-dix-neuf pages 12X18 et couverture imprimée
identique au titre. [Prix, 1 franc]
[Vita Sitruk ne sachant pas l'anglais, cette traduction est sans doute
faite sur une édition en hébreu.]
83. — .^nn rpïon
(Histoire de Rihan.) Contre-titre seul. Sans lieu [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan] ; sans date. Cent vingt feuillets 12x 18 foliotés en hébreu.
[Histoire arabe éditée par Sion Uzan sur un manuscrit de Haï
Sarfati. Une édition antérieure a paru chez Uzan et Castro, sous le
titre de Jjfl-pl rTPD.]
( .Lsc^, nom de nègre, veut dire myrte, et n'a pas à Tunis le sens
de basilic attribué également à ce mot par le P. Belot. Le basilic s'ap¬
pelle (3^.)
84. — .ttpb^ iOïn | id | rvïon
(Histoire de Monsieur Hadhba le boulanger.) « Par D. Hypnotisé»
— 77 —

[SimahLévy].Tunis,Imprimerie Sion Uzan, 1894.Seize pages 12X18.


[Prix, 20 centimes; catalogué à 10 centimes en 1900.]
Joli conte, que je me propose de traduire. J'en donnerai un extrai'
au chapitre x, sous (pj p nQX) i^Tl. [C'est, malgré sa publication
tardive, une œuvre de jeunesse de Simah Lévy.]
(■A~ja^. veut dire attroupement, rassemblement. — Le jL4-=>. fait le
pain et le vend, mais la cuisson constitue une industrie à part. Le
propriétaire d'un four (Ai^£=) se nomme ^Ij^b; il cuit également
pour les particuliers. Il a un porteur, le ^JJ—L, qui prend le pain a
domicile et l'y reporte; chaque vendredi, il passe chez ses clients
toucher ce qui lui est dû. Le tarif pour les ménages est d'un sou par
pain, gros ou petit, aussi en voit-on beaucoup de gros; les boulan¬
gers ont des conventions spéciales.)

ss- — .ytawapSai -pur | rvjon


(Histoire du cheikh des chats.) «Imprimée par les soins de Simah
Lévy et de ses associés (inSWIUP).» Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro. Sans date.Suivi de "Jiî^sS^ PQTïSq (melzouma des souris).
Contre-titre seul. Huit pages 14X19.
L'histoire du cheikh des chats est une historiette humoristique en
prose et vers.
(jl? désigne la souris; le rat s'appelle ^yy^..)
86. — .nnn itfy mien
(Histoire d'Etonnant et d'Etrange.)Tunis, Imprimerie Sion Uzan,
1905. Quatre-vingt-douze feuillets 12X18.
Contre-titre seul; couverture imprimée servant de titre; l'ouvrage
lui-même n'a ni lieu, ni date.
[Histoire arabe éditée par Sion Uzan sur un manuscrit de Sarfati.]

87. - .ruiafcrnbK y-is | ivNsn


C'est la 3e livraison de DISjSï* nptf'H nttTQ (voir page 40).

88. — mSs | rv>*on


(Histoire de Fleur-d'Ariana.) Par Vita Sitruk. Imprimerie Sion
Uzan,Tunis; sans date (la couverture imprimée porte comme titre
rwn "WU TVïOn et la date 1894). Vingt-quatre pages 12x18.
[Prix, 30 centimes; catalogué à 15 centimes en 1900.]
Historiette fort insignifiante,quoique l'auteur écrive modestement
à la quatrième page de la couverture :
— 78 —

,p*nn p w« #npa«v mi p «Si ( n«S^« anir p iè


baba nNisDnStîi SsnS« «ion fcniny p tiw
^SkSk ?

^ntn -nbs rvîon «non nb« rnnjSx n's-nv nsnb a«ib


,rwn -i«tu imySn snnïjïp
«[Qu'on ne parle] ni de la qualité d'Ajalia, ni de celle ù u Anqa;
qu'est-ce que Rihan (le myrte) et qu'est-ce que sa baie? Les Mille et
une nuits valent [autant que] les oignons (c'est-à-dire n'ont qu'une
mince valeur); toutes les histoires sont servantes de cette histoire
nouvelle qui s'appelle ['histoire de Fleur-d'Ariana, ce qui veut dire
en arabe \ jL?^-»
Comme on le voit, dans les intentions de l'auteur ftf'HXl "TDS
est du français.
(Ariana ou L'Ariana est un village de la banlieue de Tunis.—
^jyo est, je pense, une allusion à la locution tunisienne *LJ!
(extraction à l'eau) qui désigne l'huile d'olive vierge obtenue sans
broyage ni pressurage, par la seule action de l'eau bouillante. —
»jl>X6 est la baie du myrte; bien qu'elle n'ait pour ainsi dire pas de
pulpe, les Tunisiens en sont friands pour sa saveur aromatique.)

89. - .nTian ivi-im n^nn rra | rvton


(Histoire du trésorier du cimetière (mot à mot de la demeure des
vivants) et de la résurrection des morts.) (Ce titre est presque tout en
hébreu.) Suivi de HDS TV C^ a fête de lapâque), petite homélie, et de
rUTSb&O DTQ^ Tïïl (l'âne retrouvé au moyen d'une purge). [Par
Lazzero Farhi.] Contre-titre seul. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan
et Castro]; sans date. Huit pages 12X18.
Contes humoristiques pleins d'originalité.
pjj_3 est, naturellement, ^y^, découverte, action de retrouver.)
90. — .i^aiSs* nap | rPïon
(Histoire de Lune-du-Temps.) Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1900.
Quatre-vingt-six feuillets foliotés eu hébreu et quatre pages (cata¬
logue) 12X18. Prix, lfr. 10.
Conte des Mille et une nuits [édité par Sion Uzan, sur un manus¬
crit de Sarfati].

m 91. _ .nDjbs* nSS | rvïon


(Histoire de la reine des femmes.) Contre-titre seul. Sans lieu [Tu¬
nis, Imprimerie Sion Uzan;] sans date. Seize pages 12X18.
[Edité par Messaoud Maarek;] sans doute traduit ou imité d'une
nouvelle publiée en Europe.
- 79 —

92. — .-pds^ -nnn rvion


(Histoire de Mohamed le captif.) Contre-titre seul. Sans lieu [Tu¬
nis, Imprimerie Sion Uzan]; sans date [au plus tard 1897]. Douze
feuillets 12X18 foliotés en hébreu.
Conte des Mille et une nuits? [édité par Sion Uzan, sur un manus¬
crit de Sarfati].
93. - .rmai ]tfayj | nwn
(Histoire de Na'man et de.Na'ïma.) Librairie Papeterie Hébraïque
S. Ben Moussa, Rue Sidi Bou-Hadid, 24, Tunis. Imprimerie Interna¬
tionale. Sans date [au plus tôt 1895]. Quarante-huit pages tirées sur
papier de deux formats : pages 1 à 16,12X18; pages 17 à 48,13X17.
Conte à la manière arabe, eu prose, prose rimée et vers, [par Jacob
Cohen]. Il m'a paru bien tourné, mais je n'ai eu le temps d'y jeter
qu'un coup d'œil.

94. — /îiOïtfStf sjbibb wo | Tun'^ ynfcn | rwsn


. rnSpN mp prnKSbt* | «yni
(Histoire de Haroun al-Rachid avec Khalifa le pêcheur et la jeune
fille Nourriture-des-Cœurs.) Imprimerie Sion Uzan, 184, Souk-el-
Grana, Tunis, 1901. Trente feuillets 12X18,foliotés en hébreu. [Prix,
50 centimes.]
Conte des Mille et une nuits [édité par Sion Uzan, sur un manuscrit
de Sarfati].
95. — .KorÀ' dt 1 rpion
(Histoire d'un enfant sans père avant de naître.) Sans lieu [Tunis],
Imprimerie Nouvelle [Farhi et Sitruk], Dar-el-Agha, 9; sans date
[juin ou juillet 1890].
Nouvelle [par Lazzero Farhi; n'a pas été publiée jusqu'au bout;
il en aurait paru, d'après l'auteur, une dizaine de livraisons]. Je n'ai
vu que la première : un feuillet 22X32, dont le recto seul est consa¬
cré à l'histoire et le verso occupé par des annonces.
(L.^ est mis pour U.^. ou son pluriel A&aS, entrailles. Uu£| ,
orphelin des entrailles, c'est-à-dire dans les entrailles de sa mère, sans
père avant de naître. ^ désigne non seulement celui qui n'a ni père
ni mère, mais celui qui a perdu l'un ou l'autre.)

96-- .yh]hx ^niwi | pptori


(Histoire réjouissant les cœurs.) Par Samuel Haï [Jean] Bellaïebe.
Tunis, juillet 1902. Huit pages 15X24, avec dessins naïfs. [Autogra-
phié par l'auteur, en hébreu carré, et tiré chez un Arabe nommé
Morali.] C'est le seul essai juif d'autographie que je connaisse. L'im¬
pression est assez défectueuse.
Historiette burlesque.
- 80 -

- b —
97. - rmhx ra-ro
fZa caroube de la corde du puits.) Librairie Hébraïque, Simah Lévy,
Tunis, « rue du Chara'». Anonyme [par Simah Lévy]. Sans nom d'im¬
primeur [Imprimerie Internationale] ; sans date. En vers.
C'est le numéro 1 de DfcfuStf T\TO (voir page 37).
98. - .DiO^tf tso
Recueil prétendu périodique. Voir page 37.
Depuis l'impression du chapitre vu, j'ai pu prendre connaissance
des numéros 1 à 7 (et non pas seulement 6) de ce recueil; on les
trouvera à leur ordre alphabétique; ce sonl :
•pssDn yotft3pbK(3).,rTTrçJi ît;jkw.(2) nvch# rarù.>(D
.mnînbK r\wi m ,Tn& nai-Sa (5) .fsinn iinnow ,jr6b
."|KÏD"I D^X nwj(7)
J'ai mentionné, page 39, note 1, trois chansons portant l'avant-titre
Djnjbï* WD ; il convient d'y ajouter PP"!^ ]U rVïMS.
99. - .nDioSsmos jidto
fLa dispute de la pâque et de la fête des Cabanes.) Signé : F.-J.[Félix
Berebbi et Jacob Cohen]. Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date
[vers 1892]. Une page 22 X32.
Chanson.
100. - .oms nysSb
(Les divertissements de Pourim.) Signé ; S. L. [Simah Lévy]. Im¬
primerie Vittorio Finzi, Tunis; sans date [au plus tard 1897]. Vingt-
quatre pages 14X19 et couverture identique au titre.
Recueil de chansons et de vers. Au bas de la dernière page, l'au¬
teur invite « les souscripteurs à ce livre à ne le prêter à personne,
afin que tout le monde l'achète».
101. — .mn 1 fco -odj i^bb
(Laisse-moi m'enivrer, ô Juif!) Début d'une poésie sans titre, sui¬
vie de "[DiD yiOfS (chant à acrostiche alphabétique) en hébreu.
Imprimerie Sion Uzan, Souk-el-Bey, n° 29, Tunis. Sans date [vers
1890].Quatre pages 15X24.
Chants pour la pâque. [On s'accorde à désigner Isaac Gandus
comme l'auteur]; pourtant, la poésie arabe renferme l'acrostiche
suivant :.ptn *\0V W W'inn T?3 imStf tJK (en hébreu,
je suis Elie, fils de notre honoré maître le savant et illustre rabbin
Joseph Gaedj (qu'il soit fort ou prospère !). Ce sont là mystères qui .
- 81 -

paraissent assez communs à Tunis et qu'il ne m'appartient pas de


pénétrer.
Ces morceaux ont été réimprimés dans T"i3n> f os 53 et
52; le premier se trouve aussi dans les deux P1D2 HUn TîD
et, avec variantes importantes, dans D >|IT1S*J "ISD.

— 1—
102. — sSy spj iivdut în'urn nb« ] d«vS» vrn
.5648 nwn 3 'ra b"T mijw ^mo 'i
(Oraison funèbre du bout de L'an du R. Mardochée Ganouna (que sa
mémoire soit bénie !) prononcée par Simèon Nataf le 3 tisri 5648 (21
septembre 1887).) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1889.Vingt-trois
pages 12X18.

103. — L_j j.x3j l_s,L> j._jc? j-^l! !jjl~~J .-~s j^j


* p-^xJl J, y> ^_$ÂM L.i.lj fj- 2^' '--'-V" Isj^j
* iy^JI a-X/ j. ^^—iH »>sL£! j JULj'^~.j_y£«J.}Jl lÀ»
(Discours par lequel nous félicitons notre Seigneur le maréchal
Mohamed-Pacha, nous exprimons nos regrets et nous glorifions notre
Seigneur feu Ali-Pacha-Bey de ce qu'il est au ptaradis. Ce discours a
été prononcé dans la grande mosquée des Juifs.) Par Juda Germon.
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]. Sans date [1902]. Une
page 22X31.
Courte allocution à propos de l'avènement au trône de S. A. Mo¬
hamed el-Hadi-Bey, imprimée en caractères arabes.
{j^j jfc*~>~ : c'est, bien entendu, l'italien discorso ou l'espagnol d-is-
curso. (Quelques mois espagnols peuvent, en effet, avoir été impor¬
tés par les réfugiés, par les soldats de Charles-Quint, par les captifs,
ou encore par les Juifs venus des pays turcs.) — JLiLj' ne peut être
au passif, l'emploi de l'aoriste étant invraisemblable et le féminin
n'ayant pas de raison d'être ; c'est sûrement le prétérit de la forme
tunisienne J~*f> , que Stumme appelle die T-Form ^très employée
et possédant le sens du passif de la I e .— ^ ^-4^ '■ expres¬
sion musulmane adoptée pour la circonstance, mais inusitée chez
les Juifs, qui appellent la synagogue » -w>.)

io4. - .imy yiiyba npnm n^nu; | ,ian


(En hébreu rites de l'abatage et de l'examen, en langue arabe.) Par
Juda Sitroug et Joseph Chemama. Livoume,5633 (1872-73), Imprime¬
rie Israël Costa et C i0 . Titre et 31 feuillets 11 X 16.

t Stumme : GrammatiU, p. 32'.


- 82 —

[Ce règlement est vraisemblablement traduit du célèbre Schout-


han AroukhA. Ghemama est qualifié, sur le titre, d'« homme riche et
bienfaisant», ce qui donne à penser que son rôle s'est borné à payer
les frais de l'impression. — Tarifé 1 fr.50 en 1892.]
Les rites finissent avec le feuillet 14. Suivent des poésies hébraï¬
ques jusqu'à28 inclus, puis deux élégies également en hébreu,d'Israël
Costa,imprimeur du livre, en l'honneur de Nissim Samama, caïd des
Juifs de Tunisie jusqu'en 1864.
— "1 —
105. — .dsiSk nnn «ma ]^wy \ TrrabK yp oin
(L'écroulement de Qa'-el-Mezoud; vingt morts sous les décombres.)
Anonyme.Imprimerie Uzan et Castro, Rue Sidi Bou-Ménedjel, 15,
17,19, Tunis. Sans date [1891 ou 1892]. Une page 19X28.
Fait divers.
, et plus correctement décombres,écroulement. Les Juifs
tunisiens font grand usage des lettres emphatiques (js, cf et L; ainsi
on entend souvent tête, '_}■>«, rempart 2 , même .Us, maison. —
»i, fond (ar. rég.j-xi). — S^y , petit sac en cuir, à coulisse, où les
Arabes mettent leurs provisions de route. C'est aussi dans ce réci¬
pient que les 'Aïssaouïa charmeurs de serpents transportent leurs
najas et autres reptiles 3 . — ZjjN ^ (le fond du sac à provisions) est
le nom indigène d'une ruelle du quartier Bab-Benat. — Uy me pa¬
raissait mis pour Jr.— ''y, forme féminine de Oy mentionnée par
Ben Sedira (Dict. ar.-fr., p. 514). M. Simah Lévy pense qu'il faut lire
^>y, plur.de les Juifs employant quelquefois le pluriel après
un nombre supérieur à dix.
— D —
106. - .sonpi ynn qhSd | ntfn narwa | 7
(Sept chansons égyptiennes, toutes nouvelles et de notre époque.)
1 Go codo compliqué qui règle encore aujourd'hui, outre le droil civil et pénal, les
mille et une servitudes rituelles de la vie juive, a été élaboré par Joseph Garo, rabbin
espagnol fixé à Saled (Palestine), et publié en 1567.— V. Th. Reinach, Gr. Encycl.,
t. 21,p.267ft. i
2 Les Arabes eux-mêmes prononcent plutôt ^'j', Stumme l'a déjà signalé.—
D'après S. de Sacy (Gramm.., 3 e éd., p. 20), on trouve souvent pour jj-^ dans
les publications égyptiennes modernes.
3 ««-Jj'Lm*»} pl'ur. tunisien de >Jrj^"?F '■membre de la Confrérie de Sidi Moham¬
med ben 'Aïssa, fondée à Méquinez il va trois siècles, et dont le chef suprême réside
an .Maroc. — Le naja, le plus redoutable des reptiles deTunisie, bien qu'il fasse moins
de victimes que le céraste, s'appelle ^j-^ y (celui qxii,a un bëignet), par allusion à
l'expansion de son cou.
— 83 —

Anonyme [éditeur,Simah Lévy].Tunis,Imp. Jacob G-uedj,sans date.


Huit pages 11 X16.
{^Cj^sj> est le nom collectif des chansons égyptiennes, et non l'ad¬
jectif : mot à mot, sept chansons de « masri ».)
107. - .nos Sur rmn t?d
|

(En hébreu formulaire des lectures de lapâque.) Par Elie Bitan et


Fradj Touitou. Alger,5655 (1894-95),Imprimerie Jacob Guedj. Au bas
de la dernière page,ou lit : «Imprimerie Jacob Guedj,Tunis.«Quatre-
vingts pages 15X19 (rogné).
Mélange de lectures pour la pàque, en hébreu et en arabe. La pu¬
blication, commencée à Alger, a été terminée à Tunis, aussi la trans¬
cription du g et du i change-t-elle au cours du volume.
(La haggada est proprement la partie familière de la Guemara ou
deuxième couche du Talmud; mais dans l'usage courant, ce nom
désigne l'ensemble des prières et des histoires édifiantes qu'on lit
en famille les deux premières soirées de la pàque.)
108. - nnySan nnnurn) \ nos Sur rmn | tîd
.(nmnbK
(Formulaire des lectures de lapâque (traduit en arabe vulgaire).)
Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 565S (1897-98). 40+4 feuillets+4
pages 14 X19.
Le verso du feuillet 40 porte la formule hébraïque indiquant la fin
d'un ouvrage, T'U? VH (C'est fini et achevé ; louange à Dieu,
Créateur du monde!) Les 4 feuillets suivants, en hébreu, sont folio¬
tés à partir de 1, mais ont même titre courant que les précédents;
la formule finale est répétée. Suivent 4 pages paginées en hébreu à
partir de 1, avec nouveau titre courant et sans formule finale; elles
renferment le chant du n° 101, page 80, avec quelques légères va¬
riantes. La première partie est ornée de quinze vignettes bizarres,
relatives à l'histoire sainte.

109. — /-pSurm tid


(En hébreu Formulaire et teschlikh.) Publié par Vita Sitruk. Tu¬
nis, 5647 (1886-87), Imprimerie Uzan et Castro. Prix, un quart de
piastre. En vente chez Lazzero Farhi. Seize pages 11X14, paginées
en hébreu.
En hébreu, avec trois ou quatre phrases en arabe. L'éditeur dit
dans le sous-titre: « Ayant vu le grand nombre de nos frères qui
sont empêchés de lire Seder ou Teschlikh parce qu'il est écrit en ca¬
ractères raschi, nous avons mis nos soins à le l'aire imprimer en
lettres carrées neuves et bonnes, de façon que le vieillard puisse le
lire couramment (IJTtfT; ï'S Hi 1 np 1)-» Par une curieuse incon¬
séquence, les annotations sont en raschi.
- 84 -
(Le titre habituel est *]ibU/*n TtD, formulaire de tesehlikh : ce
dernier mot désigne une cérémonie usitée au Rosch-ha-Schana; elle
consiste à se placer au bord de la mer ou d'un cours d'eau, et à faire
le simulacre d'y jeter ses péchés.)

no. — .nmtfbs twi | ino


(Livre de l'oracle de l'amour.) « Imprimé par les soins de S. L. »
[Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, sans date.
En prose. Petit oracle des amants, comme les colporteurs en ven¬
daient autrefois et en vendent sans doute encore en France.
( .jJL», livre en hébreu rabbinique, est passé avec ce sens en ju¬
déo-arabe; pluriel. ^ata». — y^^ 2 , nom d'action de ji'ï, être devin;
le devin s'appelle jLfo, plur. ji'^-'h. Les otjLi'i sont nombreuses à
Tunis et jouent un grand rôle dans la vie indigène, tant juive que
musulmane; beaucoup de femmes ne font rien sans les consulter.
Au reste, ce n'est pas ruineux dans les circonstances ordinaires, où
l'on donne généralement deux sous.)
m.— piïobtf | ni'nitsD
(Histoire du baron Jacques.) Ce titre est précédé de : S.Lévy | Une
erreur judiciaire. — Prix fixe : 10 cent. Imprimerie Sion Uzan,Tunis,
1898. Seize pages 12 X 18 [tout ce qui a paru].
Début d'un roman [inventé par Simah Lévy], qui y montre plus
d'imagination que de connaissance des mœurs parisiennes.
ii2. — /nrp rrnvD
(En hébreu le repas de Yethro.) Par Simah Lévy et Vita Sitruk.
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro], 1886. Une page 22X33.
Récit édifiant. [Le titre est le nom d'une petite fête juive tuni¬
sienne 1 .]
us.— .nwyn uynt | >bntf | isd
(En hébreu livre des tentes des Justes [Psaumes, cxviii, 15] ; his¬
toires.) Recueil de récits édifiants qui devaient être tirés de la Bible,
du Talmud, des Midraschim 2 et d'autres écrits juifs. Traduction de
Simah Lévy et d'Elie Haï Belhassen. Tome 1 er [seul paru]. Imprime¬
rie Vittorio Finzi, Tunis, 1903. Soixante-quatre pages 13X21 (rogné) ;
couverture identique au titre.
ii4. _ .npnm nta™ *vi l Kim | n>a | nso
(En hébreu livre de la Maison de Lévy [Psaumes, cxxxv, 20] ; rites

1 Yethro, sacrificateur de Madian et beau-père de Moïse (Exode, ni, 1 ; rv, 18), est le
Scho'aïb du Coran (vu, 83-91 ; xi, 85-98; xxvi, 177-190; xxix, 35, 30).
2 Commentaires sur l'Ecriture rédigés du iv au xin siècle de notre ère.
— H5 —

■del'abatage et de l'examen.) «Par Simah Lévy.» Tunis, Imprimerie


V.Pinzi; sans date [préface du 12 adar I 5660 (11 février 1900)].
Trente-deux pages 11X16; couverture imprimée tenant lieu de titre.
Traduit du Schoulhan Aroukh et d'autres ouvrages. (V. le n° 104.)
us.— .mus non i ~is.c
(En hébreu livre des bienfaits ou des actions pieuses des ancêtres
{Prière îTPQy]-) Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 5654 (1893-94). Titre
et quatre-vingt-dix feuillets 12X18.
[Edité par Sion Uzan. Extraits du Talmud, avec une traduction
ancienne dont l'auteur m'es!, inconnu, des commentaires en hébreu
par le père de l'éditeur et d'autres en arabe par l'éditeur lui-même.]
116. — .• 2wTI H 15D
(En hébreu livre de ce qa 'il faut pour restituer [Lévitique,x\ v,28].)
Voir page 17, note 5. La 33 e consultation renferme des témoi¬
gnages en arabe recueillis en octobre 1841 l .
H7.— .rvaiy nsii -isd
(En hébreu livre de celui qui est monté sur les deux [Psaumes,
Lxvin,5J.) Signé: Joseph Chebtaï Farhi. Livourne, 5614 (1853-54),Im¬
primerie Eliézer Menahem Ottolenghi. Un avis au verso du titre est
daté de 5613. Quarante-huit feuillets 12X19 (rogné).
Le volume renferme :

l n "QTj? ]wh2 D31"inS Uy IVaH ''piS (Traité des principes *


avec interprétation en langue arabe);
2" miy^ ItfnT 1 "D tûVS (poésie de Ben Yûhaï avec tra¬
duction arabe);
3° 131V "jT^2 m~Din miyy (les dix commandements en lan¬
gue arabe);
4" ]wh2 n^smrri irrbN rron Sy "îcra... (...basé
sur l'histoire d'Elie et de Sarepta' A , en langue arabe). (Le premier
mot de ce titre, sans doute ffivg, a disparu par la maladresse du
relieur dans l'unique exemplaire que j'aie pu trouver.) Cette poésie,
qui n'occupe que la dernière page, est la seule des quatre parties du
livre qui ne soit pas voyellée.
L'éditeur dit qu'il a traduit le Pirkê Aboth « en pur arabe QHï/bi
1 3~1V HX), pour qu'on le comprenne » :ce pur arabe ressemble pro¬
digieusement au dialecte algérien. Chaque paragraphe est précédé

Cazès, Notes bibliogr., p. 47.


1
Pirkê Aboth fait partie de la Mischna ou assise primitive
2 Le «les deux Talmuds
et renferme les maximes des docteurs tannaïm.
3 f Rois, xvir, 9-24.
— 86 —

du texte hébreu.— Ainsi que l'indique un acrostiche, le piout hébreu


de Ben Yohaï est de Siméon Labi 1 ; la traduction arabe, déclare
Farhi, a été écrite à Tunis : elle est effectivement en idiome tuni¬
sien, mais avec une orthographe assez bizarre. — Les dix comman¬
dements sont «de notre maître Saadia Gaôn 2 , selon l'usage de Tu¬
nis, d'Alger et d'Oran » (Farhi écrit : pltfl S^'IK p^lD).
Le millésime présente une particularité intéressante. Il est écrit :
3p"Jjb *\DV Di* 'H TTH T\itf, ce qui à première vue paraît faire
5593; mais'H est une abréviation du "tétragramme", qu'on évite
d'écrire en entier; les lettres sous-entendues "in 1 entrent dans la
date, et l'on a ainsi en réalité 5614.
Au titre, le "2 de ]TQ*"iy porte trois poinls (5).Très novice dans la
lecture de l'hébreu, je me suis demandé d'abord s'ils ne représen¬
taient pas les filets appelés en rabbinique ^XT\ (couronnes) 1' ; mais
ceux-ci ne sont employés que dans certains cas bien déterminés, et
d'ailleurs le J, n'aurait qu'un seul appendice, et non trois. Les points
en question doivent donc être un de ces signes par lesquels les rab¬
bins indiquent qu'ils donnent à un mot un sens arbitraire, et il est
probable que l'écrivain a entendu faire allusion, par les lettres ,,
aux traductions arabes qu'il publie.
[Grûnbaum a consacré une courte notice à ce livre 5 , que je ne
connaissais pas quand j'ai parlé des œuvres de Chebtaï Farhi (page
45, note 1), et qui est cité en 1887 au prix de 1 franc. On m'assure
qu'il a eu plusieurs éditions.
Dans son voyage publié en 1864 (T2D ptf > 1.1, p. 61 a), Jacob
1 Est-ce le poète du xm» siècle au plus tard, mentionné parZunz (Zur Geschichte
und Literatur, Berlin, 1815, t. I er, p. 463) 1
2 Saadia le Fayoumite (892-942) fut gaôn ou chef de l'académie de Sora en Babylo-
nie,de 928 à 933 et de 937 à sa mort.— V.MAYEE-LAMBEBï,Gr.i?nci/c?.,t.28,p.1255 a.
3 Année Et Dieu était avec Joseph [Genèse, xxxix, 2] petite supputation.
4 Sur ces ornements rituels, qui sont, je crois, de rigueur dans les mezouzoth et
dans les pentateuques manuscrits des synagogues, voir J. Dehenbourg, /ourn. As.,
1867, I, p. 242, et Grtjenbaum, Zeitsch. d. Deutsch. Morgenl. Ges., t. 40 (1886), p. 243.
L'abbé Bargès a écrit un mémoire sur le même sujet (dans Sepher tatjhin, liber- <:o-
ronularum, Paris, 1866) ; mais je ne l'ai pas à ma disposition.
Les rabbins ont réparti les vingt-deux lettres de l'alphabet dans les six mots mné¬
motechniques suivants :
nsio rosbDvrpn pm-p wyv
Les sept premières lettres à droite prennent trois filets, les six suivantes n'en re¬
çoivent qu'un, enfin les neuf dernières n'en portent pas.
ïjjjj=,plur. "^ij^y et (en hébreu, proprement montant de porte)
très petitcadre fixé au montant des portes, et qui renferme un passage de la Bible
écrit surparchemin. On touche le cadre en passant, à peu près comme, en entrant
dans nos églises, nous mettons le doigt au bénitier.
5 ZDMG, t. 40 (1886), p. 242.
- M-
Saphir parle d'une poésie sur Bar Yohaï qu'il a entendu réciter par
un vieux cabaliste dans une synagogue du Yémen : c'était apparem¬
ment celle qu'a éditée Farhi.]
us.- .nms mm isd
(Livre des réjouissances de Pourim.) « En vente à la boutique de
Lazzero Farhi (que Dieu le garde et le conserve!) dans le souk El-
Grana, à Tunis (que la ville de Dieu soit rebâtie!).» Livourne, 5647
(1886-87), par les soins (TD) d'Israël Costa. Dix-huit feuillets 10X13
(rogné) et couverture identique au titre.
Préface en vers signée : Lazzero fils d'Israël Farhi. Melzoumas sur
l'histoire d'Aman et de Mardochée, [dont Farhi est l'éditeur, mais
dont l'auleur serait le rabbin Joseph Maslih].
(mrïï n 'est pas hébreu que je sache : représente-t-il l'état cons¬
truit de ? Les Tunisiens que j'ai interrogés ne connaissent pas
cette forme féminine, mais seulement , qui signifie réjouissances,
divertissements: s.l»j existe dans Dozy (Supplém. aux dictionn., 1.1,
p. 610 a), mais avec le sens de vivacité des couleurs, nin* serait-il
un pluriel de formé à la façon hébraïque? Lai peine à le croire
et m'en tiens plutôt à la première hypothèse. En tout cas le sens n'est
pas douteux. — Quoique régissant un mot arabe ou réputé tel, ~|£D
c
n'est pas l'arabe , inconnu à Tunis, mais le mot hébreu : c'est
pourquoi le S ne porte pas de point diacritique.)

119. - DWS | "ïïhKU TQUT 1SD


(En hébreu livre «.Les rachetés ont chanté des louanges-» [Prière
du matin]; poésies et chants.) Recueil de cantiques pour les veillées
de la pâque. Nouvelle édition entièrement revue, corrigée et aug¬
mentée, par Simah Lévy. Tunis,Imprimerie V. Pinzi, sans date [vers
1901]. Seize pages 11X16. En partie en hébreu.
120. - :dv nn w isd
(En hébreu livre de la froissure de la fille de mon peuple [Jérémie,
vm, 21].)
Voir page 45, note 1. L'histoire de Hanna est en dialecte tuni¬
sien. Cette légende, peut-être la plus populaire à Tunis, n'a pas trait
à la mère de Samuel, mais à une captive en Chaldée, dont les sept
fils subissent le martyre sous Nabuchodonosor. N'ayant plus le livre
sous les yeux, je ne saurais dire si le commentaire du passage à lire
le 9 ab 1 est également en arabe de Tunis.
121. - *nmnK bur lanbi!/ isd
(En hébreu livre de la table d'Abraham [Pirké Aboth].)
1 Le 9 ab est la fête de Haguen ou du Grand deuil.
- 88 -

Voir page 17, note 5. Dans rtJinD niïD f^ es préceptes du


sacerdoce), ouvrage du même auteur imprimé à la suite, la demande
de la 4 e consultation est en arabe d'Alger; celle de la 30 e , datée de
décembre 1855, est aussi en arabe (tunisien, je pense) 1 .
122. — .ïïhX! HSU7 "ISD
(En hébreu livre des trois grandes fêtes 2 .) Tunis,Imprimerie Uzan
et Castro, 5660 (1899-1900). Titre et 207 feuillets 12X18.
Livre de prières en hébreu, mais qui renferme une traduction du
livre de Ruth en dialecte tunisien.
123. — .*Dms nnDW nso
(En hébreu livre de la joie de Pourim.) Tunis, Imprimerie Uzan
et Castro; cité en 1887, à 40 centimes. Plaquette 10X15. Histoire
d'Esther et de Mardochée, en vers, par Simah Lévy.
124. — ."Snn nnnur "isd
(En hébreu livre «La joie de la fête».) Simhat thora, recueil de
cantiques chantés le dernier jour de la fête de Souccoth. Nouvelle
édition, entièrement revue, corrigée et augmentée par Simah Lévy.
Imprimerie V. Finzi, sans date [vers 1901]. Seize pages 11X16. En
grande partie en hébreu.
(Souccoth est la fête des Cabanes.)
125. — nrnn "isd
(En hébreu livre «Convertis-toi, Israël ! » [Osée, xiv, 2].) «Commen¬
cé à Tunis, le 1 er tébeth 5646.» Livourne, Imprimerie Elie Benamo-
zegh et C'e, 5646 [1886]. Titre et 15 feuillets 12X19 (rogné). Edité par
le rabbin Juda Germon.
Le millésime est écrit comme suit (les caractères sont de trois
hauteurs, ce que j'indique en surlignant deux fois les plus grands et
une fois les moyens):

p"sb n iy bïnwi rbw mûri


Les trois points du n° 117 reparaissent ici, mais avec un objet un
peu différent; ils indiquent en effet qu'on doit comprendre dans la
date : 1° le H de ]""QH^; 2° les cinq lettres du mot SsOW, marqué
en son milieu; 3° les deux lettres de iy, marqué sur la dernière à
défaut de médiane; 4° les quatre lettres du tétragramme, représenté
par H- Le tout donne 646, soit 5646. Il faut aux profanes quelque pa¬
tience pour déchiffrer des nombres exprimés de la sorte.
Germon donne, en guise de préface, une attestation (en hébreu) de
1 Gazés, Notes bibliogr., p. 104.
2 Ce sont la fête des Tabernacles ou des Cabanes, la pàque et la Pentecôte. —Voir,
sur ces fêtes : Munk, Palestine, p. 185 b et suiv.
- 89 -

ses mérites, portant les signatures de huit rabbins-juges de Tunis.


L'ouvrage proprement dit renferme : 1° une note pieuse anonyme;
2° un avis avec les signatures de neuf rabbins-juges ; 3° un règlement
religieux, signé Germon ; 4° un avertissement qui, au dire de l'éditeur,
aurait été signé par cent cinquante rabbins; 5° une poésie, en hé¬
breu; 6° des remarques de l'imprimeur, aussi en hébreu.
[D'après le pn'^ "llUQ du 29 septembre 1886, ce pamphlet, qui
stigmatise le relâchement religieux de la Communauté tunisienne,
a été rédigé en 1883 dans un cénacle de rabbins, une sorte de concile
provincial : à cette époque, une grande effervescence régnait en Tu¬
nisie, par suite du changement récent dans les institutions politiques
et des aspirations de la masse à la liberté qu'elle comprenait mal.
Mais le factum n'avait pas été publié, et ce n'est que trois ans plus
tard qu'un traître l'a fait imprimer à Livourne, « comme s'il
n'y avait pas d'imprimeries à Tunis ! »
L'auteur de l'article, Isaac Cattan, constate que cette brochure a
causé une vive irritation : « En admettant, ajoute-t-il, que certains se
conduisent comme il est dit, il ne fallait pas s'en prendre à la col¬
lectivité;»
Il parut à l'époque plusieurs autres protestations contre Schouba
Israël; l'éditeur encourut les censures rabbiniques. (Voir n os 37,44,
pilbtf 1«ni*« 3 kSVD et ..."im mn.) Aujourd'hui encore, les
Tunisiens ne parlent de cette publication qu'avec réticences. L'ou¬
vrage est très rare : on affirme que la plupart des exemplaires ont
été lacérés.
Gageons que l'autorité française n'a rien entendu de tout ce bour¬
donnement de ruche en émoi.]
126. — iiynur nTT | sbibn nvb | nrauri -\w \ isd
.tf"yn itfnr p
(En hébreu mêlé d'araméen, livre du chant et de la louange pour le
jour du mariage de Rabbi Siméon ben Yohal.) «Par Simah Lévy.»
Tunis, Imprimerie V. Pinzi,sans date. Seize pages 11X16.
(Les mots nilD^! TV sont empruntés à la prière du matin.
Le mariage de Ben Yohaï est l'expression consacrée pour sa mort.)
127. — /"pnn ^tw isd
(En hébreu livre des éléments de l'initiation.) Chiori ahinouish. |
nouvelle méthode | pratique et facile | pour apprendre | la langue
hébraïque j Par | S. [Chalom] Plah | Tome premier [seul paru] | Tunis |
Imprimerie Sion Uzan [ 1899. Titre en hébreu au recto, en français
au verso, et x+112 pages 12X18. Couverture reproduisant les deux
titres. Imprimé en partie en caractère raschi; en hébreu, mais dans
les exercices, les mots hébreux sont accompagnés de leur traduc¬
tion en arabe tunisien et en français.
- 90 -

128. - rwn nT>b rHaSii | mrfi | msnS ny | nsc


.•3K3
(En hébreu livre du moment des pleurs [Ecclêsiaste, m, 4] : lec¬
ture pour le jour du 9 ab.) Par Simah Lévy. Tunis, Imprimerie V.
Finzi,sans date [vers 1899].Quarante-huit pages 11X16 et couverture
imprimée offrant des variantes au titre.
129. — .Dnmn mwy | -isd
(En hébreu livre des dix commandements.) « Selon la version de
Tunis (que Dieu la protège I),pierre précieuse. Targum et arabe. Im¬
primé en deuxième édition en mémoire de Seigneur mon père Attia,
fils d'homme Haï Didi,mort le jour de la fête des semaines (Pente¬
côte).» Livourne, 5645 (1884-85), Imprimerie Elie Benamozegh et C ie .
Vingt-quatre feuillets 10X14. Avec points-voyelles. [L'éditeur est
Abraham Didi; il a réimprimé le texte antérieur avec ses incorrec¬
tions.]
130. - .*onmn mwy isd
D'après le numéro précédent, il y aurait eu une première édition.
Tout ce que j'en ai pu apprendre à Tunis, c'est qu'elle a été faite « à
Livourne,il y a longtemps,par un Tunisien »; qu'elle est distincte de
la publication de Chebtaï Farhi dans Sefer rokheb 'arabolh (n° 117,
page 85).
131. - .mw mtay isd
|

(En hébreu livre de la couronne du salut [Prière de l'après-midi


du samedi].) Contre-titre seul. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1897]. Huit pages 12X18.
Poésies en l'honneur des rabbins Josué Bessis, Fraji Chaouat et
Méir le Thaumaturge. Dans la première pièce, l'auteur, Simah Lévy,
se nomme au moyen d'un acrostiche. La seconde est « imprimée pour
la quatrième fois par les soins de Simah Lévy.» (Voir TDD 1") t2VS
...umpn 2iïï.)
(Josué Bessis, grand-rabbin de Tunis, mort en 1858, a laissé en
manuscrit plusieurs ouvrages hébreux, dont un, p-flf !32ttî» a été
publié à l'Imprimerie Internationale en 1903. Cazès cite de lui une
préface en prose cadencée; trois autres portent avec sa signature
celles de divers grands-rabbins 1 . — Il sera parlé de Fraji Chaouat
au chapitre x, sous (ij^S) talllï?. — Méir le Thaumaturge, célèbre
tanna du n e siècle, disciple d'Akiba, a complété et perfectionné la
Mischna de ce docteur; son œuvre a servi de modèle à la rédaction
définitive de Rabbi Juda le Saint 2 .)

1 Gazés, Notes bibliogr., p. 31, 45, 165, 191 et 198.


2 S. Debré, Gr. Encycl., t. 23, p. 1112 a.
— 91 —
132. — .unp ns isD
(En hébreu livre des fruits sacrés.) Par Simah Lévy. Tome pre¬
mier [seul paru]. « Imprimé le 11 lamouz 5651 (17 juillet 1891).» Tu¬
nis, Imprimerie Uzan et Castro, vin pages et 44 feuillets 12X18. Cou¬
verture imprimée abrégeant le titre et portant à la quatrième page :
Librairie Hébraïque Simah Lévy, Tunis. Imprimé en raschi, saut les
quatre derniers feuillets.
Commentaires religieux en hébreu ; mais on trouve à la fin du vo¬
lume plusieurs épitaphes en arabe.
133. — .SsïTvntf nibnu isd
(En hébreu livre du sort d'Ahithophel.) Imprimerie Sion Uzan, souk
El-Grana, impasse Dar-el-Sebbagh, n° 3, Tunis, 5651 (1890-91). Seize
pages 10X14.
[Edité par Moïse Zarqa. C'est la reproduction, avec variantes insi¬
gnifiantes, de l'édition publiée à Alger en 5648 (1887-88) (voir au cha¬
pitre XIII).]
Petit oracle probablement traduit de l'hébreu.
(Ahithophel, conseiller de David, suivit Absalon dans sa révolte
(II Samuel, xv, xvi et xvnj.)
134. - .SsirnnK mb-na nso
«Imprimé avec licence du savant rabbin Chaloum Bekhache.» 5660
(1899-1900), Imp. Jacob Guedj, rue Ed-Daoulatli, 19, Tunis. Seize
pages 12X16.
[Réimpression textuelle de l'édition d'Alger.]
135. — .aniow SiS -©d
(En hébreu livre de la nuit qu'on doit observer [Exode, xn, 42].)
Traduit [de l'hébreu] par Simah Lévy et Mardochée Louzada. Li-
vourne,5646 (1885-86), Imprimerie Israël Costa. Dix feuillets 12X19
(rogné). Couverture identique au titre.
Formulaire de la pàque, suivi d'histoires édifiantes.
136. - .-rnbn ny nso
(En hébreu livre du maître et du disciple [I Chroniques, xxv, 8].)
Par Simah Lévy. Sans lieu [Tunis, Imprimerie V. Finzi]; sans date.
Huit pages 13X19. Au bas de la dernière : « Fin du premier volume »
[seul paru].
Alphabet et exercices de lecture en hébreu. A la fin, courte liste de
mots hébreux, avec traductions arabe et française.
137. - .«rnan «rnwa nso
(En araméen livre de l'onction de la grandeur (du sacre).)
Voir page 17, note 5.

»
— 92 -

Par Messaoud-Raphaël EI-Fassi, Salomon El-Fassi et Haïm El-


Fassi. Livourne, 5565 (1804-1805), Imprimerie Eliézer-Joseph-Haïm
Saadon. 4+151+217 = 372 feuillets 21X31 (rogné); les quatre pre¬
miers non chiffrés. En raschi.
Premier foliotage : au feuillet 99 a, déposition en arabe tunisien
datant de 1739.— Deuxième foliotage : au feuillet 92 a, récit mélangé
d'hébreu et d'arabe; au feuillet 97 a, déposition en arabe tunisien
datant de 1781; du feuillet 98 au feuillet 105, plusieurs dépositions
en arabe 1 . Un dépouillement méthodique en montrerait peut-être
d'autres.
Malgré leur faible étendue, et bien que les points diacritiques y
soient souvent omis, ces textes sont intéressants pour l'histoire de
l'idiome judéo-tunisien.
138.- .aiyiuyu? nurya ~ibd
(En hébreu livre d'histoire délectable.) Par Elie-Haï fils de Joseph
Guedj. Livourne, 5628 (1867-68), Imprimerie Israël Costa et C ie , « ac¬
quéreurs de l'Imprimerie Moïse-JosuéTubiana». Deux vol urnes 12X19.
Tome I er , 2+76 feuillets; tome 11,41 feuillets. Le titre, la préface et
un avis sont en hébreu. Le ~ et le ^sont transcrits le plus souvent à
l'algérienne, mais de temps à autre à la façon de Tunis; quelquefois
les points diacritiques sont omis; ii et "j sont assez fréquemment
employés. [En 1900, le tome II était catalogué à 50 centimes; il est
aujourd'hui épuisé comme l'autre.]
Voir chapitre vi, page 22. On trouvera aux chapitres xiv et xv
le texte et les notes de l'histoire d'un homme pieux le soir de lapâque.
Je répare ici un lapsus qui ne sera sûrement pas le seul : le récit
d'ouverture du premier volume est le conte des sept vizirs, et non
celui de Sindebad le marin. Le nom du précepteur y est orthogra¬
phié "|SO*13D, le roi s'appelle "YD'Q » ' e prince de «la trace du lion »,
N'ID'O, ce qui montre que nous sommes en présence de la version
juive de ce conte si répandu. Au reste, l'éditeur termine par cette
intéressante phrase panachée d'hébreu, qui m'avait échappé dans un
examen trop rapide :
mpn wbi tfSDtfno aaro £ airon kjiji hd rrwrr
k»d rom ^«btf Dab aru^ nao 12 hdSk n^roStf "pin
.Dinin nm Nnu/n idix arom np^bbb rrym^i
«Voilà ce que nous avons trouvé écrit dans un livre imprimé en
langue sacrée (hébreu); le livre susdit est daté de l'an 5304 (1543-
44) de la Création et s'appelle les Chroniques.»
: on ne voit pas bien ce que ^1, ^ ou vient faire ici : faut-
il lire ç4j\ (le pronom se rapportant au nombre)? et encore ! )
1 Gazés, Notes bibliogr., p. 160 et suiv.
- 93 —

[Gel ouvrage, qui renferme sans doute l'édition princeps de la


forme juive, avait-il été déjà signalé? Je l'ignore, n'ayant à ma dis¬
position, de toute la littérature du conte des sept vizirs, que le texte
des Mille et une nuits 1 et une étude de Nœldeke dans le recueil de
la Société Orientale allemande 2 .
Mais les renseignements disséminés dans l'important mémoire du
savant professeur permettent de tracer un historique sommaire de
ce délicieux, récit.
Il nous vient de l'Inde comme Kalila et Dimna, comme le Touti-
Nameh, comme la légende de Barlaam et Josaphat, comme la ma¬
jeure partie du folklore d'Orient et d'Occident; écrit sans doute en
sanscrit ou en pracrit et traduit d'abord en pehlvi,il présentait deux
rédactions, la grande et la petite, qui passèrent toutes deux du pehlvi
en arabe. Une de ces dernières traductions fut mise en vers par
Aban Lahiqi, mort en 815 ou 816; la courte, écrite par un Persan
nommé Moussa,probablement dans la seconde moitié du vnr 3 siècle,
était très répandue au x e et parait avoir servi de base à tous les
textes'arrivés jusqu'à nous.
Le plus ancien de ceux-ci est le syriaque; nécessairement anté¬
rieur à la fin du xi e siècle, il parait traduit directement de l'arabe;
il a été édité et mis en allemand par Bsethgén en 1879.
Vient ensuite une traduction grecque faite sur la syriaque par Mi¬
chel Andréopolos dans les dernières années du xi e siècle, publiée
d'abord par Boissonade et rééditée par Eberhard en 1872.
La version juive, faite sur l'arabe, est probablement du milieu du
xiu e siècle; Sengelmann l'a traduite en allemand.
Une traduction de l'arabe en vieil espagnol, datée de 1253, a été
publiée notamment par Comparetti en 1869.
Un poème persan analysé par Falconer, mais inédit en 1879, le
Sindbad-Nameh, a pour canevas une des leçons arabes primitives,
traduite apparemment en prose persane.
Il existe aussi des traductions en latin et en roman dont Nœldeke
ne parle pas 3 .
Enfin le texte réduit arabe a fourni la version actuelle des Mille
et une nuits, qui parait en différer assez sensiblement et qui pré¬
sente d'ailleurs dans les manuscrits et les éditions des variantes
importantes.]
139.— .umsn *npn | -isd
(En hébreu livre de lecture expliquée.) Par Chalom Flah, « maître

1 Troisième édition de l'Imprimerie Osmanié (jLic), en 4 vol. in-4°, 1311-12


(1894-95), 578» nuit, t. III, p. 49.
2 ZDMG., t. 33 (1879), p. 513. Voir aussi t. 45 (1891), p. 97.
3 René Samuel, Gr. Encycl., t. 12, p. 778 a.
— 94 —

de langue hébraïque et d'écriture et de langue de l'arabe vulgaire».


Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, « an 1823 de notre captivité
(MmDtfb) (5652) ». Uu feuillet non chiffré+xn + 160 pages 12X18.
Après la page 2, viennent les pages 141 et 142 en remplacement de
l'impression primitive de ces deux pages, qui a été arrachée. Pages
i-xi et 141-144 en raschi. La première page de la couverture, en hé¬
breu, porte ïïmSQ tf"ipn | et uu texte différent de celui du
titre intérieur; la quatrième est ainsi conçue : Mikra Meforache|
Méthode pour l'étude | De la langue et de la Grammaire Hebraique |
Eléments d'Histoire Israélite Sentences mo- | raies — premières
notions d'Arithmétique, de | Physique et d'Astronomie etc, etc. j
par | S. Flah | Tunis | Imprimerie Internationale | 1892 | S'Adres¬
ser à M. S. Flah Eue l'Agha N. 37 Tunis.
Eu hébreu et judéo-arabe.
i4o.— .my nmD isd
(En hébreu livre de l'oblation du soir [Psaumes, CXLI, 2].) Tunis,
Imprimerie M. Varios, 5663 (1902-03). xv pages et 111 feuillets in-
32. [Traduit de l'hébreu par Simah Lévy.]
Formulaire de prières de l'après-midi et du soir.
(L'apostrophe du mot signifie que l'éditeur a entendu faire
allusion par ce mot à la langue dans laquelle il publie l'ouvrage.)
i4L—.nwsSs -nw | aaro wm l '"n *s nïid" nso
(Livre «Ce qui sort de la bouche de Dieu » [Deutéronome, vin, 3],
qui est le livre des dix commandements.) (La phrase entre guillemets
est en hébreu.) Les dix commandements de Dieu | Commentaires
en langue arabe lus à Tunis pendant la Pentecôte Israélite ] Edition
nouvelle | revue et corrigée par | Simah Lévy. Tunis, Imprimerie V.
Finzi. Sans date. Trente-deux pages 11X16.
Réédition du texte de Saadia Gaôn. (Voir nos H7 ; j99 et 130.)
_ | ino-iur'^ :pmn | wrn | "nosn rnsbri,, ~isd
142.
Sdd tfby innv^ | nwa "ymi unp„ t?d . nos ^whh
yyr\ DJin tiît m«y
(Livre «.Les règles de lapâquen ou disposition de la corbeille pour
les soirées de la pâque et formulaire «Bénédiction et ablution », tra¬
duction arabe, selon la coutume des Juifs de Tunis (que Dieu les pro¬
tège /JJ(Titre en partie en hébreu.) [Traduit de l'hébreu et] corrigé
par Simah Lévy. Sans lieu ni date; au verso : Librairie - Papeterie
Nouvelle, Mercerie et Articles de Bazar, Simah Lévy, propriétaire,
36, Eue Sidi-Bou-Hadid, Tunis. Page 9 du même cahier : 13 "|2D
*Î3 1D I,1 "non | "nTPnn (en hébreu livre « Pi-hahiroth» [Exode,
xiv, 2]...). En hébreu. (HDn e l "p 1^ sont deux prières, désignées
- 95 —
par leur premier mot.) Tunis, Imprimerie V. Finzi. Sans date. En
tout, seize pages 11X16.
(jz~>~z° est écrit plus loin: ces orthographes rappellent, l'une
la prononciation italienne, l'autre la prononciation espagnole de
cesto (corbeille). La corbeille en question renferme les aliments que
doit bénir le chef de famille les deux soirs de la pâque, et dont voici
l'arrangement et la nomenclature :)

!• !"I^Op ,mSD rifcîbn (trois pains azymes, en avant). (Maçoth est


hébreu; en arabe, l'azyme s'appelle x^Jas, pluriels ji Lis et ^JijAa.
Mais cette expression désigne proprement, chez les Musulmans, le
° *O *"s t
beignet de pâte frit à l'huile, appelé encore A-^-uL., plur. o^LsAiL,
c <.
coll. ^f^ 1 > ser ^ de déjeuner à nombre de Tunisiens, et que les
Juifs nomment plutôt A\j ; jjJ, plur, o^.^à, coll. JjsX^ (ne pas con-
c ^ tt ' ' C#"
fondre avec Jj.-^j ou -^J^-i, veilleuse 11, plur. JiLi). Le fabricant et
C fc G
le débitant de beignets s'appellent l'un et l'autre ^y\hs, ^U-. et
J,^Lii; l'aide qui chauffe le fourneau porte le nom de (à dis¬
tinguer de jjoULa., marchand de pois chiches grillès), quelquefois aussi
de —s, bien que ce dernier terme s'applique d'ordinaire au
chauffeur du ^j^j? d'un bain maure. Un ^LU^ est, d'une façon gé¬
nérale^! homme qui entretient le feu; au figuré, ce mot s'emploie
dans le sens de celui qui sème la discorde, qui « attire le feu », comme
on dit quelquefois en français 3 .

1 Toutefois le sfenj, à Tunis du moins, diffère du qoundîl ou ftîra en ce qu'il a la


forme triangulaire au lieu de ronde et la couleur plus claire; la pâte est sans levain.
Ce nom vient probablement du grec <7tk>yY0Ç (attique <r(poYY°ç), éponge .-mais est-ce
directement, ou par l'intermédiaire du latin spongia ? de l'italien spugna ? de l'espa¬
gnol esponja?
2 Cette veilleuse est formée d'un verre contenant de l'eau et de l'huile; sa mèche

(^~A-^s^3) i] 0 it e toute seule et est confectionnée à la main avec du coton cardé,


auquel on donne la forme d'un disque surmonté d'un cône. — Une lampe (à pétrole)

et le pétrole lui-même se disent ', la lampe indigène en terre s'appelle ç^r^-


3 Encore une série de mots qui manquent dans les dictionnaires d'arabe vulgaire:
au chapitre vu, pages 34,36, 39, 40, 44, je me suis efforcé de faire ressortir la fréquence
du cas. On doit au D' Stumme une savante grammaire de l'arabe de Tunis ; il serait
— 96 —

Les noms relatifs ]_Çj>\hs et sont formés des pluriels brisés,


ce qui est régulier en arabe vulgaire 1 ; mais c =^i 'i^~' et 3 pré¬
sentent cette particularité intéressante, que"les pluriels dont ils
sont également tirés paraissent ne pas exister (on l'a vu, n'a
rien de commun avec les beignets). Ce serait donc à l'analogie seule
que les de cette catégorie devraient leur forme.)
2. -l^DlbK ]b ,nOïîy L'tf (l'œuf, à gauche).
3. 'pD'Htf ]Q ;y~nS^ (le membre antérieur, à droite). (Il s'agit d'un
gigot, qui, en Bulgarie et sans doute dans les provinces turques, est
remplacé par une aile de poulet.)
4. "VnD : ce mot hébreu désigne un herbage amer (la laitue des
champs, d'après Gesenius) qui paraît inconnu en Tunisie; on y sub¬
stitue les leuilles extérieures de la laitue ordinaire.
i c c
5. ySîOD (céleri). On dit aussi ^j&]^=> et ^^=>. En hébreu rab-
binique, D3~|D-
6. THDIin : pâte sucrée où doivent entrer les fruits des quatre sai¬
sons; elle est confectionnée par quelques rabbins, qui la vendent
assez cher, sous forme de boulettes. Un fragment appliqué sur le
montant d'une porte, auprès de la mezouza, constitue une amulette
puissante contre toutes sortes de dangers, notamment contre la pi¬
qûre du scorpion.
~i• n~l~nSi< yiy yb 1)^ ^ e cœur c^ e ^ a l a ^ ue > au Heu du rai¬
fort). jTTn est rabbinique; le raifort n'est pas connu ici que je sa¬
che.
8. inDiuStf ]D KTQ IHtan 1 nSm KO li* bb (vinaigre ou
saumure qu'il (l'officiant) place hors de la corbeille). (On remarquera
que le sujet de )i-si n'est exprimé ni avant ni après et n'existe que
dans la pensée de l'écrivain. L'interprétation est sûre, je la tiens de
M. Lévy en personne.)
i43._ot2iO^ yiDtfn mySn înoos nau/i -©d
(Livre qui fortifie le cœur [Psaumes, civ, 15], appelé en arabe « la
distraction >■>.) (Les trois premiers mots sont hébreux.) Par Simah
Lévy. Tome premier [seul paru]. Tunis, Imprimerie Victor Finzi,
1885. Titre et 25 feuillets 14X19. [Prix en 1886,50 centimes.] Un avis
en hébreu au verso du titre est ainsi daté : Fait à Tunis, le 16 février
1885. Simah Lévy.
Mélanges littéraires et religieux en prose et en vers.
bien à souhaiter qu'un de nos arabisants (nous en avons d'habiles) fît pour la lexi¬
cologie tunisienne (et judéo-tunisienne) ce que Beaussier et Spitta-Bey ont fait res¬
pectivement pour celles de l'Algérie et de l'Egypte.
1 V. Caspari-Uricoechea, Gramm arabe, § 266, Rem.— Stumme, Gramm., g 83.
— 97 -

144.— .^pbtfn rwsd


(Chansonnier de «malouf».) «Par les soins de son auteur Moïse
fils de Salomon-Haïm Bonan.à Livourne, 5G37 (1886-87) (le millésime
en toutes lettres). «Par l'imprimeur » (ijitfyatanbi* T tfby) Israël
Costa et O. Format 12X17.
(A;.~î~., navire (même sens en arabe littéral, hébreu et syriaque),
s'emploie en outre au figuré, comme —p, et veut dire recueil de
chansons (v. Dozy, SuppL, p. 660).— —IL* est le répertoire des
chansons des Maures de Grenade et de Cordoue.)
[Chaque chanteur arabe de Tunis a sa sfina malouf manuscrite,
plus ou moins complète, mais formant toujours treize partitions
(O-Uy, sing. ^j_J). On assure en effet que de vingt-quatre qui exis¬
taient primitivement, onze sont perdues; encore connait-on mal la
treizième de celles qui subsistent.
Un ami des lettres, Moïse Bonan, résolut de publier le malouf.
S'éfant procuré un bon manuscrit, celui du cheikh Ali ben Abd Reb-
bih el-Tounsi, il le fit transcrire en caractères hébraïques par Moïse
fils de Jacob Chemama, qui s'intitule de ce chef 3TTyil2btf, « le tra¬
ducteur ». Chacune dos treize partitions formait un volume; l'édi¬
teur en annonçait un quatorzième, renfermant « des morceaux de
poésie lyrique turque avec leurs refrains curieux, pour que le pos¬
sesseur du chansonnier ait l'ensemble de la poésie lyrique des Ma-
çnsï
homôians» ppiS : tp'tfy «nnstb-iro «"D*nn "pas *>k4uw
:^namaS« p p dd^h wsobi«).
Les trois premiers volumes virent le jour ; l'éditeur avai t en mains
les épreuves du quatrième, quand il perdit coup sur coup deux fils.
Ainsi frappé cruellement,il craignit d'avoir péché en répandant des
poésies profanes, et par un scrupule assurément respectable, mais
fâcheux pour les orientalistes, non seulement il arrêta la publica¬
tion, mais encore il recueillit les exemplaires sortis de ses mains et
les brûla.
Le manuscrit Eut revendu cent cinquante francs; j'ignore ce qu'il
est devenu.]
Les volumes imprimés sont, naturellement, à peu près introuva¬
bles; je n'ai réussi à me procurer que les pages 1 à 16,19 à 22, 25 à
48 et 57 à 60 du premier, dont plusieurs rongées par les souris; ce
volume n'avait que soixante pages en tout.
Dans sa préface, l'éditeur expose ses principes de transcription :
«Nous avons, dit-il, substitué au nasba un aleph, au refa'a un vav,
au khaîdha un yod, au chedda un daguesch, pour que le Juif prononce
les mots correctement comme le Musulman.» [Cet emploi des lettres
faibles en guise de voyelles brèves n'a été adopté que dans une pe¬
tite mesure par les écrivains tunisiens, et c'est heureux, vu qu'il
- 98 —

défigure les mots. Il montre, toutefois, combien les Juifs sont loin
d'attacher à La quantité la même importance que les Arabes : aussi
eol-il souvent impossible de savoir des premiers si une voyelle est
brève ou longue, eux-mêmes n'étant pas fixés sur ce point.
Ce qui doit consoler de la perte du chansonnier de Bonan, c'est
qu'un recueil analogue, du plus haut intérêt, a été publié récemment
en arabe à Alger 1 . Mon ami et collègue M. Isaac Cattan en parlera,
je pense,dans sa prochaine «Année orientaliste» de la Revue "Tuni¬
sienne.]
145. — .nnSur pio nrpSo
(En hébreu prière à acrostiche sur Salomon.) En hébreu. Suivi de
frOJ^ rPiOn (histoire du naïf.) Anonyme [Lazzero FarhiJ.Sans lieu
ni date [Tunis, Imprimerie Nouvelle, Farhi et Sitruk, 1890]. Un feuil¬
let 16X22.
146. — .nnbur pio nn'bc
Suivi de~|12D PDTrtO (melzouma de Kippour' 1 J. Signé: Y. [Simah
Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Internationale, avant
1896]. Une page 28X19.
147. — .naw
(Longue vie.) Par Lazzero Farhi. Tunis, Imprimerie Uzan et Cas¬
tro, 5652 (1891-92). Seize pages 12X18. [Publié à 15 centimes.]
Recueil de morceaux édifiants en hébreu et en arabe. Renferme,
entre autres, l'acrostiche sur Salomon (v. n os 145 et 146).
(A*jta (j-^—, souhait que les Arabes s'adressent mutuellement au
ç,UJi ou premier jour de l'année musulmane.)
148. — .jribim^ n-pû
(L'a Azaliaden.)
Voir pages 501 (1904) et 30, note 2 (1905).
fait ici pléonasme, l'idée vie de ou aventures de étant conte¬
nue implicitement dans le mot forgé A_Jtjt.)
«Traduit par Lazzero Farchi.» Livourne, 5645 (1884-85), Imprimerie
Israël Costa. Vingt-trois volumes ou fascicules 12X18 (rognés), dont
chacun avait un titre en feuillet volant non chiffré; le texte forme 821
feuillets ou 1642 pages. Outre le foliotage en chiffres hébraïques, il
existe une pagination à l'européenne à partir de 17 : ce détail, qu'on
pourrait juger puéril, a son importance, car il fait toucher du doigt

1 Nathan-EdmondYafil : ^Jj-S^' ^^== (^-^/-^^J v^Cë^T {^F*.-


Alger, 1904. - 10 + 396+31 pages 19X24. ^ette collection a quatorze noubat.
2 Sur la fête de Kippour, jour des expiations, fête du Grand pardon, voir Munk,
Palestine, p. 189 a.
— 99 —

la pénétration graduelle des usages modernes. La pagination et le


foliotage se continuent d'un volume à l'autre. Les cinq dernières
pages (réflexions de Farhi et catalogue de livres) sont en caractère
raschi. Publié à 2 francs le volume.
Le premier fascicule est intitulé : JTTD p ÛNTD Vlltf 12D
tfllStf'îtfbi* î "d a pour contre-titre bjtfbtf "SdS^ n"P'D, ce
qui est aussi le titre courant pour tout l'ouvrage. Au fascicule II, le
titre devient "jtfDTl "ïïybtf PT'D |D DtfHD WnStf ; aux
suivants : ,«ilS«5wSï< JTTD ]U n«rQ (....ySiWîS) nbtfnSi* , le
chiffre du volume variant seid.
Bien que tous les fascicules portent le millésime 5645, on lit à la
page 1637 : « Nous avons fini d'écrire cette histoire le dimanche l or
elloul 5647, correspondant au 21 août 1887, au 2 houdja 1304. »
Seïf el-Azel (l'èpèe de l'éternité) est, autant que j'ai pu m'en rendre
compte, une sorte de roman de chevalerie. Je dois avouer que je ne
l'ai pas encore lu.
[M.Victor Uzan m'informe qu'il existe de ce livre une édition arabe
et une traduction française différant toutes deux notablement du
texte édité par Farhi.]
149.- . ^tfjvnbK rrpD
(La « Tijaniade».) «Traduit en arabe par Haï Sarfati, dit le Frère
de Baya» (tfViO ibltf ^SHIV)- Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1887. Trois volumes 14X19 faisant ensemble 255 pages à pagination
continue, dont un titre unique avec la mention «tome premier».
Chaque volume aune couverture imprimée, avec tomaison; PT'O^iT
y est écrit avec n .
Roman arabe publié par Sarfati [sur un de ses manuscrits (voir
chapitre v, p. 371,1904). Il en existe, je pense, une édition arabe ; en
tout cas, il a été traduit en français 1 .]
✓ t
(U-j .yA, qu'il faut, je pense, lire ,^j-c, est usité dans le sens de
dit, surnommé : ce ne peut être que le prétérit passif de f. Je ne
connais pas en arabe vulgaire d'autre exemple certain du passif;
mais cette voix a-t-elle disparu sans laisser aucune trace? \ix&
on trouve chez nous, est continuellement employé clans les annon¬
ces des marchands, et d'après Ben Sedira (Petit dict. ar.-fr., page
571), A_a., signifie aujourd'hui tout à la fois trouver, exister et être
prêt (on sait d'ailleurs que le j des verbes assimilés ne disparait plus
à l'aoriste). Ne semble-t-il pas que, dans ce cas, le passif se soit fon¬
du avec l'actif pour former un verbe ayant les deux sens? Il serait
1 Glaive des Couronnes (Seïf-el-Ticljân), roman traduit de l'arabe, par M. le TV
Perron. Paris, 1862, in-8° (x et 334 pages). — Voir sur ce livre : .Iules Mohl, Vingt-
sept ans d'histoire des études orientales, t. II, p. 463.
— 100 —

intéressant de rechercher si le fait est complètement isolé. — ,


frère : on prononce ; on dit de même j->', père, qui s'écrit géné¬
ralement "DU*.')
150. - .nQtfb-îStf | n*rn
(Histoire cl'El-Delama.) Traduit en langue vulgaire par Lazzero
Farhi. Tome premier. Imprimerie Nouvelle [Farhi et Sitrukj, rue El-
Haskouri, 3,1890, Tunis. Format 15X20.
Roman arabe dont le véritable titre est peut-être Jv^fl ij~~>,
histoire de Douè-de-grandeur-d'âme.le. n'ai que les quatre premières
pages (incomplètes) et les pages 9 à 12. [Il ne semble pas que la pu¬
blication ait été beaucoup plus loin.]
151. - .sanVïbi* rvTD .
(Histoire d'El-Delhama.) Imprimerie, Librairie, Papeterie Sion
Uzan, 176, Souk-el-Grana, Tunis. 1902. Format 12X18.
[Même ouvrage que le précédent, édité par Sion Uzan sur un ma¬
nuscrit de Sarfati. La publication en a été commencée il y a au moins
dix ou douze ans et se fait par fascicules ou volumes de 10 feuilles
(40 feuillets), à foliotage continu, et dont le prix est de 50 centimes.
Il en avait paru dix, soit 800 pages, à la fin de 1904. Des litres en feuil¬
let volant, tous datés de 1902, ont été tirés pour les huit premiers
volumes, mais je doute qu'il soit possible de les trouver tous, même
chez l'éditeur.]
152. - .*nanS-Ss» rvvb
L'impression de ce livre a été aussi tentée à l'Imprimerie Inter¬
nationale, mais il n'en a paru que quelques livraisons.
153. - .*rrnnr;btf rrpD
(L'uAnlariadev.) Imprimerie Nouvelle, Farhi et Sitruk, 1890. Deux
livraisons auraient été publiées. L'entreprise était bien audacieuse
pour Tunis : il s'agissait eu effet du célèbre roman d'Antar 1 , qui,
dans l'édition de l'Imprimerie Chérifié du Caire, 1306 à 1311 (1889 à
1894), n'a pas moins de 32 volumes formant un ensemble de 2609
pages petit in-4°.
154. — .rrnnjy^ ttvd
Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1895. Seize pages 12X18 [tout
ce qui a paru].Simple transcription, [par Joseph Nataf], de la version
abrégée du texte arabe. (Voir le n° 161.)
155. — .rrnn:y^ rvrb
Contre-litre seul. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Sion Uzan,
1 Voir sur ce livre ;j6urn. As.> 1853,11, p. 5,1856,1.1, p. 259,1868,1.1, p. 451; .Iui.es
Mohl, Vingt-sept ans d'histoire, fc.IIj.p. 550; Jules Pbkux, Gr. Encycl., f. 3, p. 134-
' "x
der
Bfb!;om«k
Deufechen
Morgeniandîschen
GeseUschati
'-——_ S
— 101 -

vers 1896]. Quatre-vingts feuillets 12X18 en deux fascicules à folio -


tage continu [tout ce qui a paru]; le premier débute par la formule
r6S>î DDïO, etc., suivie d'une préface de l'éditeur [Sion Uzan] ; le
contre-titre ne vient qu'après.
Transcription de la version in extenso du texte arabe.
156. — nïj D*nnn ^Sd^ rm | «pj^y^ rrpD
(Histoire d'El-Anqa, fille du roi Bahram Jour.) «Traduit par
Lazzero Farhi,à Tunis, souq El-Grana. » Prix du volume, 2 francs
("pIS ÀTî). Livourne, 5646 (1885-86), Imprimerie Israël Costa. En
vente chez Sion Uzan et chez Lazzero Farhi, Tunis. Titre et 232 pages
13X21. Foliotage hébreu et pagination européenne; impression eu
gros caractères. Le titre, tiré en feuillet volant sur papier 12X19,
porte « tome premier».
Voir p. 378 et 502 (1904). [L'ouvrage semble avoir paru en trois vo¬
lumes ou fascicules à 2 francs; en mai 1886, la publication est an¬
noncée comme terminée. Dès 1887, nous voyons le prix réduit à 4
francs; il n'est plus que de 2 fr.50 en 1892, de 1 fr.45 en 1900, de 1 fr.
en 1905.']
(Bahram Gour, appelé Barham Jour dans le feuilleton A'El-Mou-
bacher, est le roi sassanide Bahram (en pehlvi Varahran) V (417-4S8) 1 ;
le romancier arabe en fait un contemporain de Haroun al-Rachid.)

157. - /p-pia ditdd^ | -jbnV.. | TVTD


(Histoire du roi Alexandre de Macédoine.) Traduit de l'hébreu de
Yosippon ben Gorion par .Uf. 1 .!"!. 1 [Vita Sitruk; cet écrivain s'appelle
"lin^ T1 : le second yod est-il ajouté uniquement pour
obtenir le mot U^iT (festinat) !] Tunis, Imprimerie Sion Uzan,1894.
Titre et soixante-trois feuillets 12X18. [Catalogué à 80 centimes en
1900.]
(Yosippon ben Gorion ou Gorionides, compilateur pseudépigra-
phique d'une histoire des Juifs qui fit autorité au moyen âge, se donne
comme ayant combattu les Romains et assisté à la destruction de
Jérusalem; en réalité, il écrivait selon toute apparence au x<> siècle.
Rappoport le supposait Italien ; Alex. Bonneau, j'ignore sur quelles
données, voyait en lui un Juif français et probablement breton; Israël
Lévy lui assigne pour patrie l'Italie méridionale, hypothèse adoptée
par Théodore Reinach et par Fraenkel, qui conjecture de plus que
le prétendu Gorionides était médecin. — On croit interpolé le cha¬
pitre du Yosippon où ligure l'histoire légendaire d'Alexandre le
Grand, inspirée du pseudo-Callisthène 2 .)
1 G. HuART, Gr. Encycl., t. 26, p. 456 a.
2 Al. B., Encycl. du XIX' siècle, 3° édition (1872), t. XIII, p. 253. — Israël Lévy,
Gr. Encyl., 1.19, p. 21 b. — Théodore Reinach : Œuvres complètes de Elavius
Josèphe, 1.1", p. v. — Siegmund Fraenkel, ZDMG., t. 50 (1896), p. 421,
- 102 -

158.— .ïwrn nT>D


(Histoire de Rihan.) Tunis, Imprimerie Uzati et Castro. Deux vo¬
lumes 12X18 à pagination continue. Tome I er , décembre 1893,112
pages.Le tome II a le contre-titre seul; l'exemplaire que j'ai vu était
incomplet de la fin. (Voir le n° 83, page 131.)
159. _ p n nJ 2 ] î<ya a«nnbK ]n | rrpc
Nji-îbtf
ibi nrnStf bnâi | : -rmnbi* tpv id «v'û nbtfm | nxnbs
tbsttrn | : 'p-jbK -iïto
(Histoire de Zin el-Temam (Beauté accomplie) auec El-Zina (la
Beauté), /îWe c<?e Hassan l'Egyptien (ou c/e Hassan du Caire); de Saleh
avec M. Joseph el-Mezawwar (le Faussaire); o?e Je6e/ el-Dahab (Mon¬
tagne-d'or), /Hs de Khiar el-Din; instruction de bon sens [Proverbes,
i, 3].) (Les derniers mots sont hébreux.) Par Lazzero Farhi, à Tunis.
Prix, 2 francs. Livourne, 5648 (1887-88). Titre et quatre-vingt-dix-huit
pages 13X20. Foliotage hébraïque et pagination européenne. Au bas
de la dernière page, qui renferme un catalogue de livres presque
tout imprimé en raschi, on lit : «Voici mon adresse (^D 1"]"^ ) » : Laz¬
zero Farchi, Sok Elgrana, Tunisi.Couverture imprimée reproduisant
le litre, et, avec variantes, le catalogue de la page 98.
Voir p. 502 (1904). [Une note à la fin de VAjalia nous apprend que
Zin el-Temam a été composé dans les premiers jours de tamouz 5647
(tin juin 1887). Ce petit livre est catalogué à 1 franc en 1900 et 1905.]
(^> jJ! J.-.^. se dit métaphoriquement d'un homme immensément
riche.— Outre qu'il a le sens de choix, comme en arabe régulier,
désigne le concombre commun d'Europe (le concombre indigène,
très long et recourbé, s'appelle ^.jaj.nom d'unité JwjàS). L'auteur
a-t-il voulu une équivoque irrévérencieuse?)
160.— .-iKan^ "pi | n-pD
(Histoire de Beauté-d'Ane.) Le Mariage Incroyable | ou | le g d ba¬
zar de Zëin el-Hmar | (Histoire Humoristique) \ par S. Lévy. (Le litre
français le premier.) Imprimerie Siou Uzan, Tunis, 1896.Seize pages
12X18. [Catalogué à 10 centimes en 1900.]
Conte burlesque en dialecte de la Hara.
161. .isnw p -iroy rrpD
(Histoire d'Antar fils de Cheddad.) Par Joseph de Samuel Nalaf.
Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1895. Un volume de 440 pages
12X18 [tout ce qui a paru].
Voir le n° 154, page 328. Traduction en dialecte tunisien de la ver¬
sion abrégée, [Nataf ayant renoncé à poursuivre la publication de
la transcription pure et simple, qui n'était pas comprise des lec¬
teurs].
— 103 -

(Joseph de Samuel : la préposition H , de, est assez souvent em¬


ployée chez les Juifs dans le patronymique, à la place de ^-j; en
judéo-algérien, elle sert à marquer le génitif. Est-ce la particule ara-
méenne, le latin ou l'espagnol de, l'italien di, ou bien une abrévia¬
tion de la préposition algérienne Jlo pour JLo ?)

— 'tïT—
162. - .mnj rw^*
(Jardin nouveau.) (En vers.) Suivi de l!~Qtfn>tf1 D!~N (en prose)
et de TlpîPïO 331Q (en vers). Signé : Simah Levy. Sans lieu [Tu¬
nis, Imprimerie Internationale]; sans date [au plus tard 1892]. Une
page 28X20.
C'est le no 2 de ÏDïOV^ rO"b (voir p.388,1904,et 134,1905). Le pro¬
verbe auquel le litre du dernier morceau fait allusion y est cité en
ces termes :

:tfntfbin rapn 13 -ypn SipySn 3Din \jn jssib


Littéralement: «S'il vient un navire avec des sagesses,il restera
sur le cou de son propriétaire.»
163. - .^m 1 13 ^iya^ un | t"d^ nbibnb iyrc
(Poésie pour le mariage du siigneur rabbin Simèon ben Yohaï.)
(Titre mélangé d'hébreu, d'aramèen et d'arabe.) Sans lieu [Tunis],
Imprimerie nouvelle [Farhi et Sitruk], Dar-el-Agha, n°9; sans date
[mai 1890]. Une page 22X32.
Deuxième partie de "QiySfcO 13 (voir no 39, page 40).

164. -- AJl^oJl Jî ^j^j yd*


^Jàâa. ^.Uy Ls,L JL^lI-ljjujJ fsicj ywiJ! a3jJI jj?
* ^^jJjJl v_
(Poésie, panégyrique et souhaits de bonheur en caractères et langue
hébraïques, sur le gouvernement tunisien, à notre seigneur le maréchal
Ali Pacha Bey et son entourage (que le Maître des mondes les garde !)
Signé : Juda Germon, à Tunis. Sans nom d'imprimerie [Imprimerie
Internationale]; sans date [au plus tard 1902]. Quatre pages 28X38,
tirées en or faux. Page 1, poésie hébraïque,avec le titre ci-dessus et
sa paraphrase en hébreu; page 2, poésie arabe, traduction de la pré¬
cédente, en caractères arabes; page 3, le même texte arabe eu ca¬
ractères hébraïques; page 4, explication de quelques expressions du
texte hébreu.

165. — îjinur niEsn | rnun I T a3 1Q I m© | isw


.nos W
(En hébreu livre de la traduction de « Qui est comme toi? » [Exode,
- 104 —

xv, 11] et de celle de la section de lecture (haftara) du huitième jour


de lapâque.) Livourne,5643 (1882-83), Imprimerie Israël Costa.Vingt-
quatre feuillets 11X15 (rogné).
Texte hébreu,et traduction arabe [par le rabbin Chaloum Bismuth;
édité par Sion Uzan].
(1SD est orthographié "|2^ (beauté); les trois points indiquent
que cette faute est intentionnelle et qu'il s'agit, si on me permet cette
locution familière, d'un calembour par à peu près. — Mi kamoukha
est le début d'une poésie qu'on lit à Pourim.)
166. — .min nnnu"
(En hébreu l'allégresse de la loi.) Sans lieu ni date [Tunis, Impri¬
merie Internationale, au plus tôt 1891; catalogué à 5 centimes en
1892. Edité par Lazzero Farta]. Une page 22X32.
Cantique en hébreu, suivi de nV"l^^ nn~l3 (la joie de la loi re¬
ligieuse), homélie en quelques lignes, d'un problème de calcul et
d'un avis signé Lazzero Farhi.
167. — .vs imur
(En hébreu celui gui garde sa bouche [Proverbes, xxt, 23].) « For¬
mulaire de prières et passages désignés par les rabbins pour être
lus chaque jour, et qui écartent alors les anges du mal (nW^Q
XTHïnit), notamment en temps de maladie (qu'elle soit loin de
nousl); et règles de vie selon (~p fr?Sy) les plus grands médecins,
permettant à chacun de passer toute son existence sans avoir besoin
de médecin.» (Ce sous-titre est un mélange bizarre d'hébreu et d'a¬
rabe,) Signé : Lazzero Farhi. Tunis, hesvan 5646 (octobre ou novem¬
bre 1885), Imprimerie Uzan et Castro. Titre et treize pages 10 X 15.
Couverture conforme au titre. [Catalogué à 20 centimes en 1887 et
1905.]
Oraisons préservatrices en hébreu et préceptes d'hygiène tirés,
au dire de l'éditeur, «de Harambam (Maïmonide) et des grands mé¬
decins».
les.— ...nraun tut
(En hébreu chant et louange...) Signé : Juda Germon, à Tunis. Sans
nom d'imprimerie [Imprimerie Internationale]. Daté du milieu de
ramadhan 1315 (1898). Deux pages 27X38 en regard; tiré en bronze.
Poésie hébraïque en l'honneur du sultan Abdul-Hamid et sa tra¬
duction en vers arabes, imprimée en caractères arabes.

— ï—
169.— ' .pn
tfvn Trrbtf" awybK rws
(Le plateau du jeune homme; les Juifs avec Aman.) Deux chan-
sons, suivies de "jpn ïWp (complainte d'Amqn et çte Zérès),
de nn-Dp (dalle de tombeau) en prose, et d'un avis de la «Librairie
Hébraïque » signé Simah Lévy. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan; cité en 1897, mais plus ancien]. Anonyme [par Simah
Lévy]. Au bas de la dernière colonne : Eviter les ContRe façons (sic).
Une page 41X28 sur quatre colonnes.
(Zérès est l'épouse d'Aman 1 .)

— ir -
i7o.- *S^Snb« "ï
(La lumière du croissant.) Par Simah Lévy. Tunis, Imprimerie Of¬
ficielle, 1887 ou 1888. Quatre feuillets in-8°.
Mélanges en prose.
- y-
171 -— .rwkfti "Diiy
('Aroubi et chansons.) Par .3 .¥ [Sion Berebbi]. Tunis, 5647 (1886-
87), Imprimerie Uzan et Castro. « Prix, une demi-piastre (30 cent.).
En vente chez M. Lazzero Farhi, M. Abraham Touil et le R. Siméon
Jaoui.» Douze pages 12X17 et couverture imprimée tenant lieu de
titre. [Cité à 20 centimes en 1887.]
Renferme : 1° tfitfJJJl UTIV ; 2 ° ^VN.
(^jjjz, genre de poésie arabe.)
172. — .rwî«ji "ony
Par 3 [Sion Berebbi]. Seconde édition. Tunis,Imprimerie Uzan
et Castro, 56 47 (1886-87). Seize pages non chiffrées 12X17. Couver¬
ture servant de titre; à la 4" page, avis de l'éditeur. Prix, un tmen
(8 centimes).
Renferme les deux pièces du numéro précédent, avec additions
dans la seconde, plus : fc03*Dtf DDp (le lot du monde), comprenant
tflJlStf VU ""S ÎIOT^D (mehouma sur les déceptions de ce monde)
et une chanson sans titre, commençant par: tfi 21W *pD
(d e l'absorption du vin (tu m'enivres comme le vin), ô
brune I).
(jïjj-tk au masculin, en parlant d'une femme, est pris substanti¬
vement; il faut entendre : 0 toi, [douée de la] couleur brune.)

173. — .ihssr\ •£ rèbsi — S^nSk pury


(L'amour du veuf; le navet sur son sein.) Prix, deux caroubes.

1 Esther, v, 10, 14; vi, 13.


— loè -
Anonyme [par Lazzero Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan, 1891]. Une page 28X41 sur trois colonnes.
En prose. Historiette et curieux petit conte.
(JUJ, veuf, fém. ï, figure dans le dictionnaire de Boctlior.)

174. — .nms rrpury


(L'amour de Pourim.) Signé : Y. [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie
V. Pinzi, sans date [cité en 1897]. Une page 12X76 destinée à être
mise en rouleau (meguila).
G
: ce nom d'unité ou plutôt synonyme féminin est poétique;
les Tunisiens l'ont sans doute emprunté au malouf, où il est fré¬
quent.—Il y a lieu de remarquer, j'ai omis de le dire précédem¬
ment, que si les Tunisiens écrivent Pourinri, ils prononcent Bourim.
En thèse générale, le p est remplacé par le b dans la prononciation,
ce qui tient évidemment à ce que la première consonne n'existe pas
en arabe. — L'hébreu n^JD correspond exactement, comme étymo-
logie et comme sens, au latin volumen. Aujourd'hui encore, les penta-
teuques des synagogues, le livre d'Eslher qu'on lit dans les familles
à Pourim, sont écrits à la main sur une longue bande de parchemin
et s'enroulent sur un axe tournant dans un barillet.)

175. - .*pn*s mpy


(La bombance de Pourim.) Par Vita Sitruk. Tunis, Imprimerie In¬
ternationale. Une page en forme de meguila. Cité en 1889, au prix
d'un tmen.
o
(sois, plus usité chez les Arabes, nuit de fête avec des femmes, noce
dans le sens trivial de ce mot. Synonyme, >»—^slo. On assure qu'au¬
trefois, la fête de Pourim donnait lieu, chez les Juifs tunisiens, à des
scènes de promiscuité; j'ignore ce qu'il en faut croire.)

176. - ntf'*«5 n^bni | .npnnn nba tfby TKbabK |

■pnDaStf Niw (2 | nxni jwj tnrofSs bi«j a foma "ni | :

."•ftfitfb psHN (3 puryj n3ï p


vL) tf 1 |

(Sur la ville incendiée; trois importantes chansons nouvelles : 1°


« La gazelle du Sahara, où faut-il qu'elle passe la nuit? »; 2° «. Moi
que la passion possède, depuis mon enfance j'aime »/ 3° « Ya ladan,
ya ladan ».) Ce titre est précédé de : Le Désastre de la Martinique.
« Cette livraison ne se vend que chez son auteur, Simah Lévy, pro¬

priétaire de la Librairie rue Sidi-bou-Hadid, 24. » Tunis, Imp.Finzi.


Sans date [au moment de l'éruption du mont Pelé]. Huit pages 11X15.
(oLj : hésitant entre le présent et le futur, j'ai consulté deux Tu¬
nisiens lettrés, qui tous deux, indépendamment l'un de l'autre, m'ont
suggéré le sens ci-dessus. L'aoriste impliquerait ici une idée de con-
I

— LOT —

venance, indiquée seulement par l'ensemble. Si c'est exact (et je n'ai


pas de raisons de croire le contraire), le cas serait à rapprocher de
celui des formules optatives, comme ^---* )-, que le Seigneur
apporte [ce que tu désires], locution qui sert à se débarrasser d'un
mendiant, ou ^j-s^—il, le défunt, proprement, celui à qui il soit fait
miséricorde — b-u, poétique, pour bli! ,je, moi; le dernier est em¬
ployé même dans le langage par les Arabes de l'intérieur.— ij^ 5^
signifie chez les Juifs de Tunis possédé ou tourmenté par l'amour; il
s'emploie aussi pour une passion quelconque : ^_^_aJ'o ^^sb»*, en
proie à la boisson. — Le refrain \ est, je crois, sans significa¬
tion : du moins, les Tunisiens n'en connaissent pas.)

m.- .npib m
(Les travers de l'époque.) Signé : 3"3 [Bnini Scemama]. Prix,10 cen¬
times. Tunis, «Imprimerie de Jérusalem (Imprimerie du R. Lazzero
Farhi et de Varios) », 1901. Huit pages 12X18.
Melzouma.
(O-iy ! pourrait signifier également les ennuis ou les contra¬
riétés du temps.)

— 5 —
178. - | rpDinwv* n-n&J1 rrnsn byjvï«3 |. wéSA
.Wlty mibn tfb jïwas
(Chansons : chanson sur une Egyptienne ; chanson de la mousti¬
quaire; chanson « N e rne blâmez pas-».) Prix, trois sous. Anonyme
[auteur, Simah Lévy].Tunis, Imprimerie Sion Uzan,1894. Huit pages
12X18.
179. - «i (2 | iiï^k «bynb\s*Q (i | nsrwii
I rrnïnbK wiwn (4 | znnrrabtf (3 | S«DjbK in*a
."•JNSiix min duSn o
(Chansons égyptiennes : 1° « Toi qui te balances sur les rameaux » ;
2° « 0 éclatant de beauté!»; 3° a Le bien-aimé est venu me voir» ;
4° « Hanaïna l'Egyptienne »; 5° «.Le sommeil est interdit à mes pau¬
pières ».) Anonyme [Jacob Cohen]. 1902. Imprimerie Sion Uzan, Souk-
el-Grana, 176, Tunis. Huit pages 12X18.
(L>Us. pour A.u-^, diminutif de Hanna. La racine est commune
à l'arabe et à l'hébreu dans le sens d'avoir compassion, être charita¬
ble. Une femme qui trait une vache lui dit : (les verbes ont
perdu le féminin de la deuxième personne, sauf dans quelques tri-
- 108 —

bus de l'intérieur). A la longue, ^a. a pris le sens secondaire de se


laisser traire (Beaussier, p. 143 a).)
180-— .mrryîbK jï>î«jj
N° 6 de D^-ijS^ nJTD (voir page 37, et n° 98, p. 80).

181. — .]nbi* inba | tvwiz


(Chanson «.La beauté / la beauté!».) Suivi de St2 'p'îbtrf n^Si
(chanson v. La beauté s'est montrée furtivement n). Signé :B. N. [Jacob
Cohen]. Prix, trois sous. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1894. Huit
pages 12X18. [Catalogué à 10 centimes en 1897.]
(J_L signifie proprement avancer la tête, allonger le cou pour re¬
garder, d'où se montrer furtivement, apparaître.)
182. -^^5411 tynn rrba by [ rvwj
rpwji I Sto "ptbs I

"■foy wn( ^btfD,,nïn nwvi "wvi mtfxabtf nnb îVu,


.•any n«^«i «mui |

(Chanson « beauté s'est montrée furtivement »; chanson « 7w re¬


viens à ce gin es^ èo>z » ; chanson : « Dites à la fille des Chrétiens : Vienil
(en italien. Viens/) »; chanson égyptienne «.Mon roi, je suis ton es¬
clave», etc.; strophes de'aroubi.) Anonyme [par Simah Lévy].Tunis,
Imprimerie Sion Uzan, 1900. Huit pages 12X18.
( jïy> pour A Tunis même, le .4 n'est remplacé par (Jj que
dans certains mots, comme , outre, efJjyJ, marchand d'eau;
mais chez un grand nombre de tribus de l'intérieur, il a constam¬
ment le son de g dur. — s^LsaJ pour j^L^S, chrétiens. Le singulier
^j>]j-~ai est inusité et remplacé par^^j . — ^L^ajJl j —> désigne
l'Europe.)
183. — ppiy.&i nw3«^ noS rvtfwi rptfDKp** rvMj
.*rr"annbN ntfnbN rnniSi« rpnsobt*
(Chanson du poisson ; chanson de la réunion des jeunes filles; la
chanson égyptienne nouvelle « Za blanche parée de henné r>.) Editeur,
Jacob Cohen. Prix, deux sous. Librairie-Papeterie Hébraïque Salo¬
mon ben Moussa. Tunis, Imprimerie Internationale. Cité dans une
annonce de 1899.
La seconde chanson aurait pour auteur Bnini ou Benjamin Sce-
mama; la première est égyptienne comme la troisième.
184. - .rrè'obtfi rnqDb» rvwj
(Chanson de la brune et de la blanche.) Signé : Simah fils de Nathan
Lévy. Prix, une caroube. Imprimerie Uzan et Castro, Tunis. Sans date
[avant 1896]. Une page 20X31.
- 109 -

- ijtfn
185. rpwsï | rri'-btf" ninoba rPKM
S«n ^ï» rpwtf | îaînj p rwtjtiT pwkpp rwj;p |
nvbn'^ (i | nïn nsvaji | nwn by ^ nwji | nbnbK
.Wtf M** "St^S T3b (3 | "ppW ( 2 : ^DD
(Chanson de la brune et de la blanche; chanson « Mani, Mani, 6
Mani /» ; chanson « i7 gémit, il gémit de son amour » ; chanson « A yne
dem i-piastre, la dègla ! » ; chanson « Hélas ! hélas ! les filles ! » ; chansons
égyptiennes : 1° « 0 douceur, ô ma consolation! » ; 2° « 0 amoureux ! » ;
3° «Privé de ta faveur, je me plains «.Anonyme [Simah Lévy]. Tunis,
Imprimerie Sion Uzan, 1896. Huit pages 12X18. Avant-titre : TSTO
QiOJsbi*- [Catalogué à 10 centimes en 1897.]
G G
( Lifo ou simplement Lifo, en français local dègla, la variété
la plus estimée des dattes des oasis tunisiennes.
«A une demi-piastre (c'est-à-dire à vil prix) la dégla! », réflexion
grivoise que les jeunes gens font quelquefois en passant à côté d'une
fille aux formes opulentes, et dont celle-ci se sent rarement froissée,
l'embonpoint étant la beauté suprême en Orient. (L'argot parisien
dit dans une intention analogue : « Il y a du monde au balcon. »)
C'est sûrement à la sélection résultant de cette esthétique spé¬
ciale et fort ancienne, autant qu'au régime de vie, qu'il faut attribuer
la tendance à une obésité phénoménale, aujourd'hui héréditaire
chez la Juive tunisienne, et qui, (ait intéressant, ne se transmet que
rarement à l'homme. On aidait d'ailleurs à cette disposition natu¬
relle, il y a quelques années encore, en engraissant les filles à ma¬
rier au moyen d'un traitement spécial, dans lequel le fenugrec (LA=>)
et le foie de mulet jouaient un grand rôle.)
[La première chanson est la réimpression du numéro précédent,
mais les trois derniers couplets y sont supprimés.]
186. -1 Dtfï'o^ t;2 i nwji | rwa^ rtua^ | rv&ij
/an? rwaw . v nsn n»iw'j kint Nrrsi

(Chanson « La fille à l'œil mutin, la suave /»; chanson : a Après la


dispute-»; renferme en outre des chansons égyptiennes et des strophes
de 'aroubi.) Anonyme [Jacob'Cohen?]. [Editeur], Salomon ben Mous¬
sa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans date [au plus t'ôt 1895].
Huit pages 12X 18.
(ïj-Lc et mieux , œillade, et aussi celle qui lance des œillades.
Beaussier (p. 482 a) traduit : Bouton de fleur qui commence à s'en¬
trouvrir; un bouton de rose, en parlant d'une jeune fille. Ces deux
acceptions
G
paraissent inconnues à Tunis. Boulon de fleur se dit
jjili', nom d'un. î^jJLe'; le même mot désigne le gland du capuchon
du burnous et ce capuchon lui-même, dont le vrai nom est A_i_jjy=
— 110 -

(^j-j^Js signifie fez en Egypte et au Maroc).veut dire suie et


cambouis.
M. Victor Serres m'écrit à propos cle A-sr^i : « Boulon de fleur se
dit en persan s-^; le mot est passé en turc. Vous avez certaine¬
ment lu Mon oncle Barbassou, de Mario Uchard,.et vous vous sou¬
venez des aventures de M rae Khondjé-Gul (boulon de rose).
« Par le turc, -A-srvà est passé en-Tunisie, comme d'autres mots,

et a été déformé comme eux. Il est ainsi devenu AsAi et même tjjà,
ainsi que vous l'écrivez. »
L'étymologie est d'autant plus intéressante, que le mot défiguré,
qui a encore en Algérie son sens primitif, en a pris un tout différent
chez les Juits tunisiens.
ji y> , pour Jijj.)
187. - .bis'^i -innn 5* rPitjj
(Chanson du mhamer (aubergines farcies) et des fèves.) Suivi de
bljbbtfl "IDnobb , 31"1V Ttà^'iZ (strophes de'aroubi sur le mhamer
et les fèves). Anonyme [par Simah Lévy]; sans lieu [Tunis, Imprime¬
rie Sion Uzan]; sans date [cité en 1897]. Une page 19X28 sur deux
colonnes.
- rrwÀ'i rnsax^ by »ïn «m« | itru
188. | |

un "p«ï, rnnà îtmjp | i minwD^ rns»'^


.nsn rpMjï fibncto yÀk mbia
| rew^i 'ï$bb njna : i

(Chanson « 2^e es à cheval sur un a/oés»; /a chanson égyptienne


célèbre «. Elouai, elouaï d ; chanson nou velle « Patientant, je ne dors
pas : laissez-moi ! » ; chanson « 0 femme à l'œil bru n ! » ; chanson égyp¬
tienne, j Signé : K. [Simah Lévy]. Prix, 10 centimes. Tunis, Imprimerie
Sion Uzan,1897. Huit pages 12X18.
, en parlant de l'œil, brun ou châtain. Les Tunisiens ne con¬

naissent guère que trois couleurs d'yeux, qu'ils caractérisent dans


le proverbe suivant :
.U,jJI
f^yi^ «-"tcO!! yfl}*''
J _jLï U L^-? L» xL^J ! j^jx)

« L'œil bleu est la vague des mers; l'œil noir, le scarabée des tom¬

beaux; quant à l'œil brun, il n'y a rien à y redire.»)


[La chanson «Patientant, je ne dors pas » est d'Isaac Lévy, paroles
et chant; celle « 0 femme à l'œil brun » a pour auteur Nino Flak.]

189. - niicji ibbnn mbn | by sn:s | nwi


|

.ib^ia n* 1 | ««s puw rvioji ,ïOi*à i-rnjm ,n»b«D


|

(Chanson « J 1?* reviens à ce qui est bon»; chanson « 0 Salma ! » ;


— 111 —

((.Mon mouchoir, papa! »/ chanson ((Expirant d'amour, ô ma gazelle.'».)


Chansons populaires | S. Ben Moussa Rue Sidi Bou-Hadid, 24 | Tu¬
nis 1 Imprimerie Internationale. Sans date [1898 ou 1899]. Anonyme
[Jacob Cohen]. Huit pages 12X18.
(Chez les Juifs de Tunis, Jo veut dire essuie-main ; mouchoir se
c
dit ^jn^.)

190. —mnio^ «by mni nwij1 11:2*0 iîtd | rï>M3


I nnaTflf kpk tf 1 nijoyi jînwa^ | n*:À4 rvwjv- "nn^Ss*

pwrëi*< 1V3>1îlV{ ij3*73« : n*a I hSWMfl /B'WStë *■ liTO'"


,mn^ "Tria rpsui I "nyo ^ i
(Chanson ((On a inventé un chemin de fer», chanson nouvelle sur
le chemin de fer électrique...; chanson ((La file à l'œil mutin, la
suave » / chanson « Ya anima, on m'a battu » ; chanson « O cavalier! » ;
chansons égyptiennes : « La passion s'est emparée de moi », « Après la
dispute», ((Oh! celui qui est avec toi»;chanson ((L'invention de l'ami ».)
Anonyme [Simah Lévy]. 1901. Imprimerie Sion Uzan, 184, Souk el
Grana, Tunis. Huit pages 12X18.
(L^l l) veut sans doute dire : «Maman ! »; à Tunis, on dit £y [>,
quelquefois 1= u.)
La première chanson se rapporte à la création des tramways élec¬
triques de Tunis.

191. - Nnyai | ruuTi ia | r\o~w nnsbn | ivmj


.pubn niwji d^«s^.,«i T\i»az
(Chanson de trois associés pour une jolie fille, accompagnée de la
chanson « O cavalier» et de la chanson de Bakhnouq.J Anonyme [Ja¬
cob Cohen]. Librairie Papeterie hébraïque S. Ben Moussa, Tunis.
Imprimerie Internationale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages
12X18.
(D'après la chronique, le titre primitif de la première chanson était
■'. .'. . c
ïjjjjj S y-Sjt» -^-j'^j' ij3jjj, êiourneauj désigne aussi les parties
sexuelles de la femme); mais l'imprimeur lit des objections. —
^j?jj> -^yjj>j°li garçon, jolie fille. — ^y^, pièce d'étoffe dont
les femmes arabes se couvrent la tête et les épaules; employé ici
c
comme nom de femme. Le verbe ijr^' signifie nouer sous le menton
un foulard, etc., placé sur la tête.)
192. - jashy : n\s*33 Knnbtf sji | wn^ im i
..PP10Ï 5Tï
(Chanson des joies d'ici-bas: à la suite, chanson « Deux jeunes
— m —
filles m'ont rencontré »,) Prix fixe 0,10. Anonyme. Tunis, Imprimerie
Sion Uzan, 1899. Huit pages 12X18.
[Je tiens de Simah Lévy que la seconde chanson lui est empruntée ;
ce serait la môme qui figure au n° 195.]
193. - .*nrrw ïtd rp'saj
(Chanson de Monseigneur Ckeha.J Suivi de E'QfcOQ^ n^~lD lU^p
(complainte de la mise en liberté des prisonniers). Par Simah Lévy.
Tunis,Imprimerie Sion Uzan. Huit pages 12X18.
(Sur Cheha ou Djaha, voir n° 62, page 71. M. M. J. de Goeje m'a écrit
au sujet de ce personnage :
« Djaha (car c'est la propre prononciation), le « Eulenspiegel » des
Arabes, est bien ancien. Il en est déjà question dans l'ouvrage de
Baïhaqi, auteur de la première moitié du 10 e siècle de notre ère, pu¬
blié par M. Schwally, p. 485,1. 9. »
M. I. Goldziher m'écrit de son côté :

« Il y a beaucoup de fascicules imprimés en arabe sur les Is^^^l_«3;


aussi en berbère, M. René Basset en a parlé dans un article très
nourri servant d'introduction à un livre de Mouliéras (Les fourbe¬
ries de Si Djoha).»)
194. — pxytf* rrn yiibnn n^Jjji | nrpiy itd | rvt«4
HTïpi rb-iK** | "py nw! ,nbn^ ï>yVt n^bio tfi rvwaï |

.nïm nnvi ^ibtfn^ p


(Chanson de Monseigneur Cheha : chanson « Souffrant, j'ai goûté
les souffrances » ; chanson « 0 femme à l'œil noir-» ; chanson « 0 œil
de gènissey>; qaçida du malouf, 'aroubi et maçri.J «Imprimé pour la
seconde fois par les soins de son auteur S. L. [Simah Lévy], proprié¬
taire de la Librairie Hébraïque, à Tunis. En vente à la boutique de
M. Salomon ben Moussa, Sidi bou Hadid, 24.» Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages 12X18.
195. - .]i*tfD") DiNÏ lïWJ!
(Chanson du jeûneur de ramadhan.) Suivi de jlf lJlïHy rPWJ
J-Ji^OS (chanson «Deux jeunes filles m'ont rencontré s>). Anonyme
[Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Uzan et Castro, rue Sidi
bou Ménedjel, 15,17,19. Sans date [entre septembre 1889 et la fin de
1892].
[A été tiré sur une même feuille de papier avec sp'p HDTîSd
pH¥^.] C'est le n° 7 de DfcTl^ n3"b (voir page 37, et n° 98,
page 80).
ïQô.-i.nbtfQi*^ isba nwaai | ^ntfbsi imy | nwj
.-jSSip^ ttîttji /tS
| n iL) nwiï
(Chanson «Arabe et fellah »; chanson de la ville de Charnala; chan-
- 113 -

son « Liri ya liri-»; chanson «.Et ce que je te dis».) Ce titre est pré¬
cédé de : Chansons égyptiennes modernes. « Se vend à la boutique
renommée (H^ODC) de M. Simah Lévy, rue Sidi-bou-Hadid, n°24.»
Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imp. Sion Uzan, 1903. Huit pages
12x18.
197. -n\s m.-1 fi««a tiis rum^ tfby nwj
% | |

.n»» lL>jy r\aio tf 1 |

(Chanson sur les jeunes filles, « Tu as embelli, Baya » ; chanson


«.Une fillette m'a ravi la raison, ô gens!».) Dédiée aux amoureux
tunisiens fin de siècle. Anonyme [Jacob Cohen]. Tunis, Imprimerie
Sion Uzan, 1895. Huit pages 12X18. [Dix centimes en 1897.]

198. —nwj snyDi... i nttnïK^ l nbatï «Sy d^jj |

.nso'Oïiîn | nxn n^\sj5T...iSpy | nms rp^n dm


(Chanson sur la gazelle du Sahara, accompagnée de la chanson « O
gens, une fillette m'a ravi la raison », de chansons égyptiennes et de
'aroubis.) Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan,
1895. Huit pages 12X18.

199. - -^dt
| nan «i | ««n nmj |
rvw3
j

rvadji sVtw Sm rc^aii | tfnbinn rwn «S rrr^ rpïttji


.rwwyi nxn n«w ,nn~^ pr^ n^bin ni |

(Chanson « Jm m'as trompé, Hanna, ton temps te trompera (ton tour


viendra) » ; chanson « Z)a«s monde entier, je n'ai pas vu sa pareille»;
chanson » Un chameau qui prie » ; chanson «O femme à l'œil bleu»;
chansons égyptiennes et 'aroubis.) « Par S. L. » [Simah Lévy]. Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro; sans date. Huit pages 12X18.
- ^
200. -iD - rvwtfi [ njw | mriï^ bina i nwj

3^ ni nwi | ^snab ni rvwji | pwya njï p ïinnn inSj


(Chanson « gazelle du Sahara, où doit-elle passer la nuit ? »; chan¬
son du charme, « Mon cœur est triste, depuis mon enfance j'aime» ;
chanson « Ya ladan »; chanson « Gueçab, mon frère ».) Signé : B. C.
[Jacob Cohen?]. 1902. Sion Uzan, Souk-el-Grana, 176, Tunis. Huit
pages 12X18.

201. -1 tphurk p rrPïpi I ma^ ronby «a | n^M


ijiy ni«34i | ony ntfOîjn | rni^ *s pprwn nwai
•nïD ntfwj im j rpttia by nbbo
(Chanson «Peu importe le sommeil »; qaçida du malouf; chanson
« Surprenante de figure » ; strophes de 'aroubi; chanson « O mon œil,
- 114 -

salue une bédouine y>; et deux chansons égyptiennes.) Prix fixe: 10 cent.
Anonyme [auteur, Simah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898.
' Huit pages 12X18.
(ifOowstaèj, genre de poésie arabe.)

202. — ^wi msaji | «aws nnubi* p \ Tvxa


I om *n ua^ S^îid ni«34i ;-nab nab^ ^aa rvwai
.■Qi-iy nioain | nsa nsttMjh | -ana >o iana nn«4ï
(Chanson «Par l'absence, il m'a tuée»; chanson sur Jennal; chan¬
son « Tu m'enivres comme le vin, ô brune ! » ; chanson « La question du
Prophète : O tête!»; chanson «O Mhamedl û Mhamed'/ » ; chansons
égyptiennes ; strophes de 'aroubi.) Anonyme [Simah Lévy]. Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro, 5657 (1896-97). Avant-titre, DïOJ\ ri3~b
Huit pages 12X18.
pluriel cle paradis, nom de femme arabe.— ^J, b : il
s'agit d'un crâne que le prophète interroge. — i-?? : les Juifs lisent
Mhamed, pour ne pas prononcer le nom de Mahomet.)
—naS «bria *o | rpttui |
203. ib'nan | rvwi
pw«y i-pm^ 1isw 13^- rpanxià^ rrw^i | nwn^N
•■ibtfM w
(Chanson «Mon mouchoir, papa » ; chanson «Oh! comme elle est
douce, la réunion des jeunes filles»; la chanson égyptienne «Zaïnou !
Zaïnou ! y»;chanson « Mourant d'amour, ô ma gazelle ! i.) Prix 10 cent.
Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1899. Huit
pages 12X18.
contraction de l'adtniratif U.)
204. — mrfc ■>:■?«:> rpwjn | ws"iïé gs* | ivmj

,.,*-lï!2 n^\S*33 ,«nT4i


(Chanson « Ya.amma, on m'a battu » ; chanson « L'amour m'a pris n,
etc., chansons égyptiennes.) Anonyme [Jacob Cohen], Librairie Pa¬
peterie Hébraïque S. Ben Moussa..., Tunis. Imprimerie Internatio¬
nale. Sans date [au plus tôt 1895J. Huit pages 13X16.
r:2 irMS'i | l!soai ^a "nbn ^ i rivas
205. — / mtf L

naiiSai /ira™ inSj w rvwsi I .iTosby Ttai4303 rivas!


r.^s^ns* rai nya nop^ -isn bbtni | nïDï nnyï | *^d^
rDroabtf 112 ynSS ^njnab«.n« <i
,, W4 I nxaïïba^i | yxpVtf
. n^ainay^

(Chanson «0 doux ami, qu'as-tu et qu'ai-jet '» ; chanson « Bilaran ;


chanson «Je teins (je noircis) une fillette et je m'acharne sur elle»;
- 115 —

chanson « Mon funeste cœur ! je l'aime ! » ; melzouma du « self »;


'aroubi et maçri; et dans ce fascicule, désignation de tous les récits,
les histoires, les melzoumas, les chansons qui existent en vente à la
Librairie Hébraïque.) Anonyme [Simah Léyy'J. Sans lieu [Tunis],
Imprimerie Uzan et Castro, 1897. Huit pages 12X18. En tête de la
page 7: Catalogue | de la Librairie Hébraïque [ Simah Lévy-Tunis |
Fondée en 1886.
(Le de ^_ûj_L^. ne parait pas être l'affixe possessif; dans les
chansons arabes, cette lettre s'ajoute arbitrairement à la fin des
mots, comme ! dans les poésies en arabe régulier. — v_aJL- self,
frange de cheveux sur la joue à la hauteur de l'oreille, portée naguère
par les jeunes filles juives; »_wL. salef, boucle tombant le long de la
joue et se rattachant en arrière.)

206. - wto
| nnbtfD w | m^aa
15 rr>î«3i [

sïhy n«i3N DmbK ^bi ,yiinï "oit; itq


(Chanson « 0 Salma ! » ; chanson « On nous a pris au piège » ; strophe
de 'aroubï et rentrée ; à la suite, strophes de 'aroubi et de maçri.) « Par
S. L.» [Simah Lévy]. Prix 10 cent. Tunis, Imprimerie Siou Uzan,
1899. Huit pages 12X18.
(On appelle ^y^-j, rentrée, un couplet de chanson qui alterne avec
une strophe de 'aroubi.)

207. — .pn'v* "uni Mtf rsar1 u/n^


h^iï "Ptfta >r |

Sq*c n^aai .Sid-id^ y»A rvtfMi .narts»


| nan\ n\s*aai tf 1 1

tyi^ .Hnai 3^3 by ^rapi so nsn n^an .r^ïW»!<


| | | : I

."any n^nsn .-jnn *3ba $ .nnn^n fibàVi


| |

(Chanson « 0 oiseau emplumé »; chanson « Mon amoureux et moi,


tous deux » ; chanson « Ze henné, oh ! le henné » ,• chanson « Z.e messager
est venu à moi »; chanson « 0 /oi om es accompli»; chansons égyp¬
tiennes: « O/i/ ma station à la porte toute seule/-» ; « La rose et le jasmin
d'Arabie, je les ai vus»; «0 mon cœur, ton amour»; strophes de
'aroubi.) Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan,5656
(1895-96). Huit pages 12x18. Avant-titre : Eina\ 4 na~b- [A 10 cen¬
times en 1897.]

208. — rp^i «j-rsa rwaa.


rPMtf Htfn^ tke
npury hm rnwji "ron rpttwm rms n^an hiwMÎ ^«n
.•'nïn vssemi 4i rpKaï âif ^aiïhy niKaai ^nnn
.

(Chanson « 0 oiseau tranquille ! »; chanson « 0 foi o/jti m'interroges,


vois mon état»; chanson « Une jeune filletle qui va s'envoler»; chan¬
son «. Le premier amour de mon bien-aimô» ; chanson a Deux jeunes
- 116 -

filles m'ont rencontré »; quatre chansons égyptiennes.) Anonyme


[Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, vers 1896. Huit pages
12X18. Avant-titre : DN"ia\ rU"b. Cité en 1896 à 10 centimes.
(^^U appartient à la racine «!,x», et non au verbe défectueux ^ca*,
employé à Tunis avec son sens régulier dans la locution v*JjJl$j c Jj
(le Seigneur te guide!). — ^~°> comme le français aller, est un véri¬
table auxiliaire qui marque un futur prochain. — Le diminutif -SJjuj
a ici le sens de fillette dans la locution familière aimer la fillette. —
jb,s'envoler, a la signification légèrement grivoise de notre s'éman¬
ciper.)
209. - laiwj rvwr | H«nb« -pinb w rpwj
biia rpi«4i | Tt:r swnni rrro .rpazi n^'jji 'han *\y&\
l

I n^i ^Sj (2 : msa nSp (i nsn n^M-ji "Diana npury


«■> ! I

ntfba^ td
. isy^ (4 nnV* ^k-û (3
:

.. ofe won bien-aimè » ; chansons égyptiennes : 1° « 0 won cœur, ré


Jouis-toi »; 5° «.Mon cœur a fondu »; 3° « L'amour m'a brûlée»; 4°
«Grâce! 6 seigneur des bons (o le meilleur des hommes) ».J Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1900. Huit pages
12X18. Avant-titre : Dtf"ï3^ I"073.
[Cette 2 e édition omet la chanson « Deux jeunes filles m'ont ren¬
contré», qui figurait dans la première (n° 208), au dire du catalogue
mentionné sous le n° 42.]

arrbtf ^1 | njotfrt tc | d-iks | nw


210. —
tpvb» n\sn iron n^jjn itd nia ma | nwj | :

,n^a n«i«34i
(Chanson « 0 cavalier,prends des lettres-»; à la suite, chanson «.Bar-
dou ! Bardou ! Bardou ! » ; chanson «J'ai vu aujourd'hui une gazelle »,
et chansons égyptiennes.) Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1897. Huit pages 12X18.
(Bardou est le nom d'un homme.)

211. - rpïttjn I n^aabs nn | tfip** «a tf v : mwj

• ■qaV* my : nsa n^wai l .mnya ^«i naay


(Chanson « On/ ytt'iV est fort l'amour de la fillette » ; chanson « Tante,
je suis excusable! »; chanson égyptienne : Le pacte fraternel.) Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1901. Huit pages
12X18.
[Je remarque dans la première chanson quelques emprunts à
îtwSs'* hidk wpj
— 117 —

212. - rrrr; fwz


rpKSj | nSnD^ py^ | n^bia |

ysb p -pso*; priîo nsisbo ira tfrps rranio


\

tfmya tiïti "aïa ^lyn^i-D^n *^ Ti*n p» :iniO s 1 i

yhvk 2m in^m, "n^n^ în bnn nimbsn nsn nwwa „ [

rwbîna" yvsi | Dmni "nn^ 'W'D, "rbon 1 rrrbn *o" tf

."pDfnn i-iïn
(Chanson « O femme à l'œil noir », imporianie chanson arabe de
quarante couplets rédigée dans le plus beau style par l'écrivain Ibn
Daoud l'Imam dit Abou Dinar. Viennent ensuite des chansons égyp¬
tiennes renommées, comme « La joie de la vie », « Par ta vie ! je veux la
possession », « O douceur, ô ma consolation ! », « L'amour m'a brûlée »,
etc., et quelques importants zendalis égyptiens.) Signé : J. O. [Jacob
Cohen]. « Lieu invariable (iQD~! ffcOQ) pour la vente, les boutiques
des flls Yizaki Cassuto.rue Bab-Carthagina.» Tunis, Imprimerie Sion
Uzan, 1893. Huit pages 12X18. [Catalogué à 10 centimes en 1897.]
(Ibn Daoud l'Imam dit Abou Dinar est la traduction de ha-Cohen,
fils de David, dit Dinar. Le ,Lo, d'après H. Sauvaire 1 , valait à Bag¬
dad environ 14 francs de notre monnaie,celui des Almohades et des
Hafsides était de 14 fr. 80; à Tunis, c'est une monnaie de compte qui
vaut dix caroubes (40 centimes). — J,\^>j, genre de poésie arabe.—
s'emploie aussi dans le sens d'officiel.)
[Une autre chanson «O femme à l'œil noir», inédite, mais assez
connue, a été composée, paroles et chant, par Isaac Lévy.]

^trr o*naW -po n^aai T^biaa n^aa


213. — | | |

iTKaai tfnjk' n o"ixs k!i rwaai ''abna toiby


| p n^aai |

\yn!k wimrk jv»h dd«3 nKanN^ nnb naja bnn rrna \

,^S^n^ ^roasnDn Snim ?stjxd ^rm'^ nsa rpwai |

.Tià wnpi «aa qhSd


(Chanson « O mes palmiers !» ; chanson « L'oiseau de l'amour est un
démon » ; chanson « Celui qui n'.est pas venu me voir m'a tuée » ; chan¬
sons O cavalier, rapporte le renseignement»; chanson nouvelle sur l'air
de la réunion des jeunes filles, nommée : Le tramway nouveau ; chan¬
son égyptienne « La chance m'a favorisé »; berwel « Le téléphone ..? »,
toutes chansons de l'époque actuelle.) Signé : Y. N. [Simah Lévy]. 1901.
Imprimerie Sion Uzan, 184, Souk-el-Grana, Tunis. Huit pages 12X18.
C$* t'j.» il n'est pas venu me voir : cette locution juive s'explique
par la confusion des verbeSjjj et^=: î'; o^j j es t une corruption de

1 Journ, As., 1887, t. II, p. 202,


- 118 -

Oio il m'a abandonné. — lo , avis, renseignement. On dit prover¬


bialement : la|j.a. o>_j*j_J ULî ^-^fF 3 b, Ou j'apporterai le renseigne¬
ment, ou j'y mourrai ; mot à mot, ois j'apporterai son renseignement
(le renseignement sur la chose dont il s'agit), ou je mourrai auprès
d'elle, b s'emploie couramment dans le sens de la conjonction ou
marquant la première de deux alternatives. ij-=x pour |j-=J.— dij-U
genre de poésie arabe,se prononce berwel; l'éditeur a mis deux vav,
sans doute dans la crainte qu'on ne lût broul. — ^î£-::S-As~~->, mot
défiguré auquel je ne trouve aucun sens.)
214. —fiymN! nnttbn tfrrs | nîck 13 xhp \ m^M
bsriK p ixrk 1 pa -nsaa nyai^ p thS pî2jn | pDis'aa ira
mnk4 -iKjj jrua I S'pîvjw -iaa l13 yaarin .mas
. QînÀ' ma 13 w.y yiai | itmji | pn ny
(Chanson « // augmente de prix », de quarante-trois couplets versi¬
fiés en langage exquis par le poète Mansour ibn el-Hadj, des gens de
Sebra. En vente au Bar Universel, qui est dans- la rue de Porto-Fari-
na, n° 2; chanson « Mes yeux m'ont jeté dans la mer de l'amour*.) [Edi¬
teur Simah Lévy].Tunis, Imprimarie Sion Uzan,sans date [vers 1894].
Huit pages 12X18. [Catalogué à 15 centimes en 1894, à 10 en 1897.]
(Mansour ibn el-Hadj serait un poète arabe duSahel tunisien.)

- 2 ,3 -
215. - nS'tfS
Journal. Voir page 30.
216. — ,itf3 :v nanSm Dsiass ntoSis
(Les farces d'Abou Noutoas; melzouma de la souris.) Anonyme
[Haï Sarîati]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle [Farhi et Si-
trukj.Sans date [1890]. Une page 22x32.
Le premier morceau est en prose.
(Abou Nouwas, que les Juifs tunisiens appellent Banouas, est le
célèbre familier de Haroun el-Rachjd; les Arabes lui attribuent une
foule de plaisanteries souvent obscènes 1 .)
217. —.nbiETai w-irin narrai Daijaai|tfm nsjoVsi
Les farces de Jeha, Abou Nouwas, Mahmoud Mahras et Bertoldo.)
Signé : Simah Lévy. « La livraison, une caroube seulement. » Sans
lieu [Tunis, Imprimerie V. Finzi]; sans date [cité en 1897, mais a
sans doute paru avant la réforme monétaire de 1891]. Quatre pages
1 Le divan d'Abou Nouwas a été publié au Caire en 1898, par Iskender Açaf, avec
éclaircissements et notes de Mahmoud Efendi Wasii (139 pages grand in-8°); un .vo¬
lume contenant les chansons bachiques avait été édité par Ahhvardt en 1860.

i
- 119 -

14X19.[Il n'a été publié que cette livraison,qui renferme onze anec¬
dotes en prose sur Djaha et ne parle ni d'Abou Nouwas, ni de Mah¬
moud Mahraz, ni de Bertoldo.]
(Sur Mahmoud Mahraz, voir page 39.—Bertoldo est, dans cer¬
tains récits populaires italiens, une sorte de bouffon du même genre
que Djaha.)
218. - ,t21D3D^ DniS
(Le Pourim du riche.) Prix, trois sous. Anonyme [Vita Sitruk].
1894. Tunis, Imprimerie Sion Uzan. Huit pages 12X18.
En vers.
219. - .sfev nnia
(Le Pourim de l'indigent.) Prix trois sous. Anonyme [Vita Sitruk].
1894.Tunis, Imprimerie Sion Uzan. Huit pages 12x18.
Eu vers.

220. - .piwynVt oms


(Le Pourim de celui qui est aimé ) Anonyme [Simail Lévy]. Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro, 1897. Huit pages 12X18.
En vers.
221. - ,*^ta3^3 nms
(Pourim renforce, mot à mot avec doublure.) Par Vita Sitruk. Tu¬
nis, Imprimerie Nouvelle, Farhi et Sitruk, 1890.
222. — .jSrVs'i ams
(Pourim et la neige.) Renferme Q1~|1S (Pourim nouveau),
signé : S. L. [Simah Lévy] ; iblÀ* nDTrtQ {melzouma de la neige);
n"2"X2"*V 'ifi îZOSs (les fe?nmes à la «rebaybiyyay>),\e tout en vers;
plus, une annonce de la Librairie hébraïque Simah Lévy, rue du
Chara', 388. Imprimerie Nouvelle [Sion Uzan],Tunis. Sans date [1891].
Une page 41X28 sur quatre colonnes.
(VU pour g-Lî, glace, grêle et neige. La neige en flocons s'appelle
(J>J. — En se réveillant le 19 janvier 1891, les Tunisois trouvèrent
leur ville enveloppée d'un manteau de neige qui ne disparut que le
lendemain. Les terrasses d'un certain nombre de bicoques indigènes
s'effondrèrent sous ce poids imprévu. Les Arabes du peuple se mon¬
trèrent fort émus; beaucoup attribuèrent le «cataclysme» à la pré¬
sence des Nçara 1 . C'est de cet événement qu'il est ici question. —
1 Pour ceux qui croiraient que j'exagère, je rapporterai un propos entendu vers
la même époque, et émanant d'un Arabe suffisamment lettré pour occuper l'emploi
d'oukil ou intendant d'un riche propriétaire : «Nous autres Tunisiens,noussommes
véritablement possédés dos génies! Quand les Chrétiens sont venus chez nous,com¬
ment n'avons-nous pas songé à appeler à notre aide les gens du Hedjaz t » Le bon¬
homme en était encore au premier siècle de l'hégire. Mais est-il bien nécessaire de
venir en Orient pour se heurter à des préjugés?
- ISO -

A_LJ_jj (de la racine, ôj, rassembler, ou moins vraisemblablement


de v_>l—ij , sorte de violoncelle) : cérémonie bizarre que je décrirai
plus bas, et qui va me fournir un mauvais prétexte, mais un prétexte
tout de même,pour parler des superstitions locales; ce sera une pe¬
tite oasis dans l'étendue un peu morne de ce chapitre.)

Digression sur les superstitions tunisiennes


Bien que certains préjugés tendeut à s'affaiblir à notre contact et
à notre enseignement, le Juif tunisien est encore aujourd'hui l'être
le plus superstitieux, je crois, qu'il y ait au monde.
Dans la plupart des familles, un membre tombe-t-il malade, une
vieille édentée, simplement, commence-1-elle à bouder devant les
fèves bouillies et les saucisses de mouton, une épouse est-elle sté¬
rile, une jeune fille ne trouve-t-elle pas d'épouseur, un homme s'a-
donne-t-il à la boukha au point d'en négliger ses affaires, en un mot,
quoi que ce soit cloche-t-il, ce désordre est imputé à l'action des
jnoun (génies) dont l'univers serait peuplé, et pour connaître les
moyens de conjurer leur influence ou plutôt de les fléchir, on s'a¬
dresse à la deggaza ou devineresse (voir n° 110, page 84).
Peu compliqués et peu coûteux sont les instruments divinatoires
de cet influent personnage : un morceau de charbon et une petite
poignée de blé quand il s'agit d'un homme ou d'un garçon, le même
grain et un petit caillou pour le sexe féminin' 1 .
Si la personne possédée (west une jeune fille, la devineresse.
ordonnera de lui appliquer le henné aux mains et aux pieds, le koheul
aux paupières, le fard aux joues et aux lèvres, de lui réunir les sour¬
cils par un léger trait de bistre 2 ; puis on la vêtira d'une veste verte,
1 sLo. *s , eau-de-vie de figues anisée. — Jo )j*£> > petit caillou.
2 Les femmes, dans les grandes occasions, couvrent leurs sourcils d'une large bande
° c
brun noirâtre qui les réunit. La teinture (^iO ou -"--i^-o) est faite de noix de galle
^ c '
et de clou de girolle (J-^j-i-t On appelle ^jrj^ ur>c série do points
noirs tracés au front d'une femme, soit au moyen de cette teinture, soit avec le sul-
I' '\
fure d'antimoine (J- 3 " )• La couleur employée dans ce cas prend également le nom
. de '(fj>f*-
Ainsi que je le signalais dans la Revue Tunisienne, 1902, page 105, une partie des
masques phylactères en faïence èmaillée trouvés dans une nécropole punique de Car¬
tilage sembleraient indiquer une jonction artificielle des sourcils au moyen de pein¬
ture formant un V très évasé et aux branches recourbées vers le bas. L'examen des
originaux, au Musée Lavigerie, à Carthage, n'a fait que confirmer mon impression.
Sur un masque punique très ancien et de facture très soignée (Louvre), découvert
par M. Héron de Villefosse, les sourcils, peints en noir, se rejoignent également.
Toutefois, l'interprétation n'est pas certaine, et cette apparence n'est peut être que le
résultat d'une technique grossière, ou encore de la volonté d'imprimer à la physio¬
nomie des masques un caractère rébarbatif. Les sourcils ont la même forme sur une
— 121 —

la chaussera de mules jaunes, la coiffera d'un foulard écarlate 1 .


D'autres fois, tout est de cette dernière couleur, des pieds à la tête.
C'est, parait-il, pour que la patiente soit belle à séduire les génies.
J'ai vu, à diverses reprises, de jeunes Tunisiennes sous l'un ou
l'autre de ces costumes, et je dois reconnaître qu'il leur allait à mer¬
veille, sauf toutefois la jonction des sourcils, qui donne l'air dur.
En exerçant une pression sur les fillettes de ses écoles pour leur
faire adopter des vêtements vaguement européens, l'Alliance Israé¬
lite agit peut-être fort politiquement, mais il est certain qu'elle com¬
met un attentat contre le goût.
Un souper, une rebaybiyya, un stambali - sont encore pour la devi¬
neresse des moyens puissants.
Ceux à qui le souper rituel est ordonné achètent des fruits secs et
des bonbons : amandes,noix, noisettes,figues et raisins secs, dragées
à bon marché, '«/Va 3 . Les génies étant friands de tout cela, on le
sème dans les endroits qu'ils sont censés habiter : le vestibule, les
lieux d'aisance,les abords du puits; si l'on tient à faire grandement,
on en met aussi sur la chaussée, devant les bains maures et les syna¬
gogues.
tête sumérienne en pierre trouvée à Tello par M. de Sarzec (Louvre). — Voir R. P
Delattre : Carthage. Nécropole punique voisine de Sainte-Monique. (Extrait du
Cosmos, 1899.) Troisième mois des fouilles, fig. l"2et 13,p.6et7; Deuxième semestre
des fouilles, fig. 4, p. 3.— Perrot et (Jhipiez -.Histoire de l'art dans l'antiquité, t. III,
fig. 340, p. 464 ; t. II, fig. 299, p. 608. — Des sourcils qui se rejoignent sont regardés
comme une beauté par les Juifs tunisiens.
1 -;—^ , veste de femme, sans manches, fendue devant et derrière pour qu'on

puisse la changer de côté. — ^^>yâs , foulard de tête. — jjjL-~J ou ^j\^>, paire


de mules sans talon, en cuir jaune ou rouge, qu'il est de bon ton de porter sensible-
c
ment plus courtes que le pied. Les mules en cuir verni s'appellent Sj_X-j_3, celles en

étoffe, à talon, j^^-'-f (italien pantofoie), celles à semelle de bois, ^_Sj_y~> <■_
(soques à l'européenne). Le singulier des noms de chaussures désigne toujours la
paire : >_ paire de soques; -~*Jj , paire de babouches, i»l-Â~>, paire de sou¬
liers, etc. Aussi les Tunisiens disent-ils généralement en français : «J'ai fait un sou¬
lier» . pour «Je me suis fait faire une paire de souliers». Pour une
mule, un soque, on emploie les périphrases ^J^-"*? *^?, V^^M *Sj>. (De même,
un battant déporte se dit *_->'j i*^.)
2 J,llk^.
•* c ■ c
3 pour ï-(f^, fruits secs. — > noisettes, sing. et coll.; on dit aussi

jA2*.\ jj), amandes rouges, pour distinguer ce fruit des^ amandes véritables, qu'on
appelle souvent \j) amandes blanches. — v-^;^--^'(italien confetti), dragées.
.. *» "
-- t pâte sucrée sèc/ie.
— 122 —

Quand le jenn a choisi ce qui est à sa convenance, les enfants


peuvent disposer du reste; mais ils s'emparent généralement de la
totalité dès qu'on a le dos tourné. Les parents firent de même autre¬
fois, ce qui ne les empêche point, le lendemain, d'admettre pieuse¬
ment que le véritable destinataire a prélevé sa part.
Pour la rebaybiyya, on fait venir des musiciens aveugles ou à qui
l'on bande les yeux. Cet orchestre se compose d'habitude d'une
cornemuse, d'un grand tambour de basque et d'une derbouka (ce
dernier instrument est un vase en terre vernissée de Nabeul, à
panse déprimée et long col; le fond en est remplacé par une peau
de chien de mer, qu'on frappe en cadence du bout des deux mains
alternativement). Quelquefois, il y a aussi une sorte de clarinette ou
de flageolet 1 . On invite les parentes et les voisines. Les hommes sont
expulsés, après quoi chacune des femmes, à tour de rôle, s'avance
au milieu du cercle et «danse avec le génie», improvisant un pas
qu'elle rehausse des gestes incohérents d'une personne ivre, les bras
en avant comme si on la conduisait.
Parfois, le malade danse aussi. Les jeunes filles assistent à la cé¬
rémonie, mais ne peuvent y prendre part.
Dans certaines occasions, la devineresse juge nécessaire de venir
participer en personne à la danse : il faut alors la payer assez cher,
dix ou quinze francs.
Une cerra'a 2 peut être invitée à la fête. C'est une manière de py-
thonisse.non de profession, mais par don spécial ; il y en a plusieurs
à Tunis, qui sont connues. On allume un réchaud, sur lequel ou ré¬
pand certains aromates : la pythonisse entre en délire et se met à
vaticiner.
Le stambali est encore une réunion où les femmes dansent avec
les génies et dont les hommes sont également exclus. D'après les
descriptions qui m'en ont été faites, il ne différerait de la rebaybiyya
qu'en ce que la musique y est nègre : grandes castagnettes de cuivre
noirci, énorme tambour dont la baguette unique est une petite mas¬
sue, tambourin, grand plat à couscous en bois, qu'on renverse et
qu'on frappe avec des cuillers de bois 3 .
✓6 tst <* .. s °
1 5^y> ou ijjj , cornemuse. — Ji^i > tambour de basque.--> derbouka.
—^JaJji, clarinette. — D'autres instruments arabes sont : J-37^? , flûte de roseau
ou de fer-blanc; flûte en cuivre rouge; J-^ 5 , timbale, qui sert à réveiller
les musulmans pendant le ramadhan (le timbalier s'appelle JûJs).
2 JvC! .

3 ^-"liw, nom d'un. -^-sL«i~., castagnettes nègres tenant également des cym-
t I ç. , o
baies.— j_yr^> gros tambour. — —Ij-^- 3 tambourin. Les Tunisiens ne sont pas
bien fixés sur la valeur exacte de ce mot, qui semble avoir le sens général d'objet ser-
- 123 —

Le khattat i tire la bonne aventure au moyen d'une couche de sa¬


ble sur laquelle il trace des lignes magiques (J—^J! JLs. ^jÙ- ^ a
plus d'autorité que la deggaza, moins que la cerra'a. Celles-ci sont
tantôt Arabes, tantôt Juives; le premier est toujours Arabe.
S'agit-il d'un malade? Si son mal empire en dépit des moyens hé¬
roïques prescrits par ces gens inspirés, on finit par appeler le mé¬
decin, dont, auprès des plus ignorants, la science mystérieuse ne se
distingue pas toujours bien nettement de la magie. Assez nombreux,
sont aujourd'hui à Tunis les Grana qui ont obtenu en Europe (où
on leur accorde d'ailleurs des facilités) le diplôme de docteur; plu¬
sieurs sont habiles. Mais si le cas parait très grave, on leur préfère
souvent un toubib roumi (médecin chrétien),Surtout un médecin mi¬
litaire : nul n'est prophète en son pays. Et, constate Lazzero Farhi 2 ,
«le pauvre médecin perd toujours; car si le malade meurt, on dit que
c'est lui qui l'a tué, et s'il se rétablit, ce sont les génies qui l'ont
guéri ».
Il y a encore le magicien ou sorcier. C'est invariablement un Maro¬
cain. Il,a chez lui des grimoires et des talismans 3 ; ses accointances
avec les génies, qu'il fréquente en ami et qui le regardent comme
des leurs, lui donnent le pouvoir de découvrir les trésors enfouis, de
faire toutes sortes de maléfices, «jeter des sorts», comme disent nos
paysans; il peut, par exemple, faire venir en sa propre poche l'ar¬
gent que vous avez dans la vôtre, vous « nouer l'aiguillette», vous
faire mourir d'un mal inexplicable (envoûtement). C'est un être dan¬
gereux; on le redoute et on le fuit autant qu'on estime et recherche
les devins.
Les génies se montrent volontiers malfaisants; mais il est possible
de se les concilier, et les différentes pratiques décrites plus haut
n'ont point d'autre but. Ils ne demeurent pas toujours invisibles.
Leurs pieds sont des pattes d'oie. La reine Pédauque fut dans le
même cas; quant aux démons, nous n'ignorons pas en France qu'ils
ont le pied fourchu, comme l'eurent avant eux les chérubins assy¬
riens à corps de taureau 4 , les Satyres et le dieu Pan chez les Grecs,
l *
vant àproduire des claquements; ils emploient le pluriel; O-Uj^j , tantôt pour
tambourin, comme le singulier, tantôt pour baguettes de tambour, tantôt pour cas¬
tagnettes (espagnoles), quelquefois même pour les castagnettes soudanaises.— ix^zâ,
i r. <- _ ..'•'.<-
plat à couscous en bois. — ._> sing. j** , cuillers de bois.
1 1=0=^.
2 Histoire de la jeune Brin-d'Eglantine, p. 23. ^

S^Lst-, sorcier.— ^j^^ s (pour ç~^>), plur. (_^îli=, talisman. Le verbe ^p*^=
veut dire avoir l'esprit troublé,perdre la notion exacte des choses.
4 On sait que le nom de keroub parait s'appliquer au taureau ailé à tête humaine
— 124 —

le dieu Sylvain et les Faunes chez les Latins, toutes divinités procé¬
dant du bouc. C'étaient là sans doute des symboles pour les pen¬
seurs d'autrefois, mais non pour le peuple, qui prend toujours tout
à la lettre.
L'aspect des jnoun est le plus souvent formidable; cependant, ils
nous apparaissent avec la stature qu'ils veulent, tantôt minuscules
comme le grain de poussière qu'on foule sans s'en apercevoir, tan¬
tôt aussi monstrueux «que le Jebel Zaghouan,dont le sommet crève
les nues ».
En thèse générale, les maux, à part ceux qu'on s'est manifestemen t
attirés par sa propre faute (et encore I), sont causés ou par les gé¬
nies, ou par le mauvais œil, dont il sera question plus loin.
La plupart des Juifs croient aux revenants et en ont grand'peur.
S'il vous arrivait d'en rencontrer un, se promenant «vêtu de son
suaire », sachez qu'il faut réciter la formule Vihi no'am Adonaï, puis
crier au spectre : Erja' Iqabrek (Retourne à ton tombeau). Le moins
timide ne traverserait pas un cimetière la nuit. On Irouve en France
la même peur irraisonnée chez des gens d'éducation supérieure :
effet des contes de nourrice entendus dans la première enfance,
peut-être aussi d'un obscur atavisme.
Quand deux frères ou sœurs ont péri de mort violente en un même
lieu (le cas était moins rare il y a cent ans qu'aujourd'hui), le «mé¬
lange de leur sang» donne naissance à une sorte de larve appelée
'oubeyta 1 , qui a la spécialité de se métamorphoser comme Protée,
passant continuellement d'une forme à une autre toute différente.
« On dit qu'on la voit sous l'apparence d'un âne,écritLazzeroFarhi 2 ;
ensuite, elle se transforme et devient feu, puis de feu, mariée ; bref,
elle se change d'une foule de façons, comme le caméléon.» Mais
sous quelque figure qu'elle se montre, il n'y a rien d'avantageux à
en attendre. Exemple :
Un paisible tailleur s'en revenait de la capilale; ayant perdu son
chemin, il se trouve pris par la nuit dans une gorge aussi sombre et
aussi compliquée que les souks de Tunis la Blanche. Déjà il déses¬
père d'en sortir, quand un hihan ! sonore éclate, et un rayon de lune
lui montre, nez à nez, un joli petit âne tout bâté et tout bridé. « Par
ma vie, se dit-il, je ne suis pas loin d'une maison ou d'un douar : en
laissant la bride sur le cou au behim 3 , il va m'y conduire. » Et bé¬
nissant son étoile, il enfourche la bête. Mais il n'a pas pris son as-
surmontée d'une tiare, dont le Louvre possède quatre spécimens colossaux prove¬
nant du palais de Sargon, àKhorsabad (vm c siècle av. J.-G.).
— 125 —

siette, qu'il se trouve à dix coudées du sol : les jambes de l'âne al¬
longent, allongent toujours. Notre homme, terrifié, reconnaît à la
lueur d'un éclair qu'il est. tout contre la façade d'un édifice en rui¬
nes, «plus haut que le palais Baccouche » ; encore un instant, la crête
sera dépassée : il se cramponne instinctivement au grillage d'une
fenêtre. En un quart de clin d'œil, l'âne échassier devient fourmi,et
l'infortuné Juif reste suspendu à son barreau, jetant dans la nuit des
appels désespérés, sans autre écho que le ricanement tout proche
d'une hyène...
On n'a pas su me dire s'il y est encore.
Lorsqu'un décès se produit, les habitants de la maison mortuaire
et même les,voisins qui ont une ouverture sur celle-ci ne manquent
pas de jeter le levain conservé dans chaque ménage. L'ange de la
mort a coutume, en effet, « d'y essuyer le couteau dont il se sert pour
exécuter les arrêts du Tout-Puissant », ce qui fait de la pâte un poi¬
son. On vide aussi les cruches qui contiennent la provision d'eau; à
Sousse, on jette en outre le sel 1 .
On raconte que deux ou trois rabbins de Tunis, ayant conçu (ô
incrédulité du siècle !) des doutes sur l'orthodoxie de cette pratique,
ne virent d'autre moyen., pour les éclaircir, que de faire pétrir leur
pain avec du levain jeté à la rue dans ces circonstances. Il y avait
bien à cela quelque héroïsme, aussi suis-je heureux de faire con¬
naître que ces braves gens n'ont pas éprouvé la moindre indisposi¬
tion. Cependant, quelques vieilles hochent encore la tête, bougon¬
nant qu'il faut attendre la fin !
La tradition rabbinique admet que d'innombrables légions d'an¬
ges veillent aux moindres détails du fonctionnement de l'univers;
cette croyance, d'origine iranienne ou peut-être sumérienne, a d'ail¬
leurs été repassée aux Aryens par les Sémites. L'eau potable, qui
est ce qu'il y a de plus précieux en Orient, est,naturellement, l'objet
d'une surveillance toute spéciale de la part des phalanges célestes 2 .
Et comme Dieu seul est infatigable, les gardiens à qui cette tâche
incombe sont changés quatre fois l'an, à l'instant du passage d'une
saison à l'autre (HSlpP)- Le remplacement dure exactement une

1 Dans certains villages de Picardie, on jette en pareil cas l'eau de la seille qui sert
de réservoir, parce que l'âme du mort s'y est lavée. Un livre mal écrit, mais d'un vé¬
ritable intérêt ethnographique, m'apprend que cette coutume se retrouve dans d'au¬
tres régions (voir Dieudonné Deegny : Usages, coutumes et croyances, tome I (seul
paru, je crois), Abbeville, 1885 (la couverture porte 1887), in-8», page 34).
Toujours en Picardie,on met un crêpe aux ruches, que les abeilles abandonneraient
sans cette précaution. Il est encore admis que si ces insectes essaiment le jour de la
fête du Saint-Sacrement, on trouvera dans la ruche un petit ostensoir en cire.
2 Les Sabéens et les Himyarites croyaient à l'existence de nymphes chargées de
protéger les puits. — .1. Toutain, Gr. Encycl., t. 24., p. 681 a.
— 126 —

minute, pendant laquelle la garde descendante a déjà quitté son


poste et la garde montante ne veille pas encore.
Qui boit à ce moment doit compter que le ventre Lui enflera. Une
femme occupée à faire la lessive a vu son eau se changer en sang.
Quoi d'étonnant? Le moins studieux des jeunes Twansa de nos écoles
vous dirait, si vous lui inspiriez assez de confiance pour qu'il parlât
sans détour, que dans cette eau qui n'est plus surveillée, les microbes
pullulent : car la génération nouvelle, se trouvant dans une période
de transition, amalgame souvent de la façon la plus curieuse les
données de la science moderne avec les préjugés des aïeux.
Il serait, certes, facile de se passer de boire pendant la minute
dangereuse; mais par malheur, on ne sait pas la déterminer avec
toute la précision désirable. Aussi, au changement de saison, les
rabbins, après s'être livrés à des calculs compliqués, fixent-ils en
conseil, avant et après l'heure présumée,un laps de temps pendant
lequel on ne boira pas : en tout, environ deux heures l'été, une heure
l'hiver. Cette décision est annoncée à la synagogue et respectée de
tous.
Une légende qui a cours chez le peuple veut que le grand-rabbin
de Tunisie soit chargé à chaque fois d'avertir le bey en temps oppor¬
tun, car les Juifs ne voudraient pas qu'il arrivât malheur à «notre
maître» (moulana).
Si je ne me trompe, cette superstition était déjà condamnée au
xii° siècle par Maïmonide.
Voici encore quelques menues croyances qui n'ont de liaison bien
apparente ni entre elles, ni avec celles qui précèdent.
Lorsqu'on se coupe les ongles ou les cheveux, on recueille soi¬
gneusement les rognures et on les jette dans le trou des latrines,
parce que si quelqu'un venait à marcher dessus, cela porterait mal¬
heur. On pourrait, à la vérité, les déposer dans la boîte aux ordures:
mais on craint que le contenu n'en soit incinéré, ce qui aurait pour
etlet d'empêcher cheveux ou ongles de repousser. Telle est l'expli¬
cation populaire. Un typographe de l'Imprime rie Rapide, M. Salomon
Jaoui,fîls de rabbin, me fait connaître une version ésolérique beau¬
coup plus curieuse. D'après les rabbins et la cabale, les klipoth ou
schèdim (génies) étant très avides de cheveux et d'ongles, on pour¬
rait les fouler aux pieds pendant qu'ils seraient occupés à se dipu-
ter les rognures, et ils s'en vengeraient de façon cruelle 1 .

1 Dans le mazdéisme, « celui qui se peigne nu se taille les cheveux et les ongles ne
doit pas laisser les déchets à terre. S'ils y restent plus de la moitié du jour,il faut les
porter dans une espèce de fosse, racler l'endroit el le laver». (Malvert : Science et
religion, 1899,p. 102.) Le culte des cheveux fait l'objet du fargard xvn du Vendidàd.
A Rome, les Flamines devaient enlerrer sous un arbre fruitier leurs cheveux et leurs
ongles. En Irlande, il est défendu de brûler les cheveux, il faut les enterrer : le posses-
— 127 -

Une femme enceinte qui marche sur des rognures d'ongles avorte
infailliblement.
Au dire des Arabes de Tunis, si un sorcier parvient à se procurer
des rognures d'ongles ou de cheveux dont il connaît le propriétaire,
il n'a qu'à les brûler la nuit avec des aromates pour contraindre
cette personne à venir le trouver et à lui obéir en tout.
Si, dans un appartement, on fait bouclier une porte, il ne faut pas
que la maçonnerie remplisse complètement la baie : on laisse dans
un angle une petite ouverture. C'est que Dieu dispense chaque jour
aux fidèles le bien-être par l'entremise des bons anges: au cas où
un de ceux-ci, ayant l'habitude de passer par une porte, la trouve¬
rait condamnée, il irait ailleurs et laisserait la maisonnée dans la
misère.
Dans l"s familles juives, il est d'usage de fabriquer de l'eau de
fleur d'oranger au moyen d'un grossier alambic 1 en fer-blanc. Mais
la distillation ne peut être menée à bien que par une femme mariée;
encore faut-il que l'opératrice ait commencé dès la première année
de son mariage, et n'en ait, depuis, jamais sauté une.
Les Tunisiens, les femmes surtout, montrent une répugnance
presque invincible à se laisser photographier. C'est qu'on leur ravit
par là une portion de leur existence.
Ayant un jour donné à une fillette une poupée 2 , je ne tardai pas
à découvrir que les parents s'étaient empressés de la faire dispa¬
raître; mais ce ne fut que beaucoup plus tard que j'en connus le pour¬
quoi. Un jerm aurait pu, parait-il, se glisser dans ce mannequin pen¬
dant la nuit, l'animer et lui faire commettre toutes sortes d'excès.
Des nombreux préjugés qui tiennent à une exagération des pré¬
ceptes de la religion juive, je ne dirai que deux mots, le sujet étant
un peu délicat.
Le vin ou le vinaigre devient trifa, c'est-à-dire impur, si la bou¬
teille qui le contient est touchée par un non-Israélite.
Le samedi, on frappe aux portes avec la main à plat au lieu de se
servir du heurtoir, à cause, m'a-t-on dit,de l'interdiction de toucher
au feu : le choc du fer pourrait,en effet,faire jaillir une étincelle.On
ne se peigne pas ce jour-là, de peur d'enfreindre la loi du repos.
Le Juif tunisien s'abstient de manger chez un Israélite européen,
le regardant comme hérétique au point de vue de l'alimentation et
même à d'autres.

seur les rdrouvera à la résurrection. (James Darmf.stbter, in Journ. As., 1883,1.1,


p. 119.)

1 j'Jaà, alambic; on emploie quelquefois le môme mot pour le distillateur.


2 ^uwj^ï, poupée (proprement épousée).
128 —

Les Tunisiens ajoutent foi aux rêves, dont l'interprétation forme


toute une doctrine (mais l'ouvrière de Paris n'a-t-elle pas la Clef des
songes pour livre de chevet?)
Ils croient à la puissance mystérieuse de certaines paroles ou for¬
mules; j'en citerai à propos du mauvais œil. J'ai parlé antérieurer
ment de l'anathème qui servait à Sarfati à s'assurer le monopole de
ses oeuvres, de l'excommunication prononcée contre le scorpion pour
le paralyser, de la formule cabalistique employée contre cet arach¬
nide; j'ai dit aussi que la cabale est encore considérée par les Tu¬
nisiens d'un certain âge comme une science des plus sérieuse 1 .
L'astrologie a-t-elle également gardé ici quelques racines? Ce ne
serait pas impossible, puisque dans les campagnes de France et
même dans les villes, elle a laissé des traces (ainsi,pour que la che¬
velure allonge, il faut, la rogner pendant la croissance de la lune).
Mais sur ce point, je n'ai rien découvert jusqu'à présent.
La croyance au «mauvais œil» (^---J!, en hébreu yil"! ^V) est
profondément enracinée en Tunisie chez les Musulmans comme chez
les Juifs; elle est d'ailleurs partagée par les Siciliens et par les Mal¬
tais, et je n'oserais jurer que tous les Français y soient réfractaires.
Cette superstition si tenace, et probablement d'origine préhisto¬
rique, a-t-elle pour base une notion assurément très vague et comme
instinctive des phénomènes de l'hypnotisme et de la suggestion?
Quoi qu'il en soit, tout particulièrement exposés au mauvais œil,
qui parait être un sentiment d'envie prenant une forme objective,
s 'extériorisant, comme disent les spirites, et devenant une sorte de

projeclile immatériel, sont les enfants, surtout les beaux, les jeunes
filles et les nouvelles mariées, la femme qui vient d'être mère; mais
il s'exerce aussi contre les maisons, contre les chevaux, etc. On met
en péril un enfant en louant sa beauté, un cavalier en lui faisant
compliment sur sa moulure. Les chances normales d'être «pris par
l'œil» se trouvent singulièrement accrues lorsqu'on étrenne un objet
quelconque, vêtement, apparlement, etc. Aussi ne manque-t-on pas,
lorsqu'on voit quelqu'un dans ce cas, de lui dire : Mabrouk ! (béni !).
Les habitants de Djerba, peut-être en leur qualité de khamsiyya
(du cinquième rite, c'est-à-dire hérétiques), sont particulièrement
réputés pour avoir le mauvais œil. A Tunis, pour accuser qnelqu'un
de ce vice ou de cetle infirmité, on dit : « Il a un œil djerbien 2 . »
Quelques formules et une foule d'amulettes servent à combattre
cette influence maligne.
Les paroles généralement usitées sont : jJJx (ou jS*a) A_iu_*_à.
(cinq sur toi); Oj£b (avec le poisson sur toi); ville,
i Pages 21 ; 51, note 1 ; 18, noté i.
fi iJ-LC .
£/? tjt
— 129 -

(cinq et un cinquième sur toi); ^2 jj..—a ^Ssl ^ (qu'aucun œil n'ait


de pouvoir sur toi); les femmes disent "^^'jj U"*^ ( c ^ n 9 xer ~
rafas 1 sur toi). Quand lejetta/ore, comme l'appellent les Napolitains,
n'est pas à ménager, on lui crie : jJ-uo ^2. (cinq dans ton œil),
en même temps qu'on avance d'un mouvement, brusque dans la di¬
rection de ses yeux, comme pour les menacer, la main droite ouverte,
la paume en avant, les cinq doigts écartés.
C'est une pratique très usitée de cracher à la face des petits en¬
fants, ou simplement de leur mettre avec le doigt un peu de salive
sur la figure; on les préserve ainsi du mauvais œil 2 .
L'amulette la plus répandue est la «main de Fathma» (ce nom
n'est employé que par les Européens, les indigènes disent khamsa
ou khamcha (cinq), d'où les formules qui précèdent). Sous sa forme
la plus élémentaire, c'est une main levée, la paume en avant, les
cinq doigts écartés. On voit au musée du Louvre une main votive de
femme, en bronze, dans cette position ; contre la paume est appliquée
une idole de Jupiter Héliopolitain,entre deux béliers 3 qui se présen¬
tent de face et semblent sortir des chairs, selon une convention
sculpturale très usitée dans l'art assyrien. Elle a été trouvée en Syrie.
On figure ainsi le hhamsa sur les murs,sur la croupe des chevaux,
par le procédé très simple de l'application de la main préalablement
trempée dans la peinture rouge ou noire ou dans la pâte de henné.
A la pâque, aussitôt l'agneau pascal égorgé par le schoheth (égorgeur
selon les rites) qui à cet effet se rend à domicile, des membres de la
famille trempent la main dans le sang et l'impriment sur la muraille.
Ce sont généralement la femme et les enfants qui se chargent de ce
soin; à Tunis comme ailleurs, la première montre plus de zèle que
l'homme pour les pratiques superstitieuses et les seconds sont en¬
clins à singer.
La main de Fathma se porte aussi au cou. C'est, alors, une pla¬
quette d'or ou plus souvent d'argent, ajourée, où il faut bien de la
bonne volonté pour reconnaître une main. Les trois doigts du milieu
sont représentés par trois lobes accolés, le pouce et l'auriculaire par

1 Le !j j ou ^j-^ > coll. v_ fj$>, est un gros poisson (espèce de dorade).


2 Les Grecs ont cette superstition, ainsi que j'ai pu le constater en Egypte. Invité
notamment à un baptême chez l'un d'eux, à Suez, je ne fus pas peu surpris de voir les
assistants faire le. simulacre de cracher au visage du nouveau-né : on m'apprit que
c'était une précaution contre le mauvais oeil.
Les nourrices romaines crachaient trois fois à l'entrée d'un étranger, ou lorsqu'on
regardait l'enfant pendant son someil. (Pline, 1. XXVIII, c. vi.)
3 Baal-Hammon est également représenté entre deux béliers (voir Ph. Berger, Ga¬
zette Archéologique, 1879, p. 133; — Perrot et Ghipiez, loc. ci*., t. III, fig. 25 p. 73; —
Ernest Babelon : Carthage, p. 71).
— 130 —

de petites expansions latérales symétriques. Les jours figurent or¬


dinairement des feuillages (peut-être de la rue?) et un poisson, qui
sont par eux-mêmes des talismans 1 .

Le khamsa

Dans le khamsa qui est figuré ici, le poisson n'existe pas, mais la
patte de suspension offre la particularité d'être pointue, ce qui est
encore une mesure contre le mauvais œil.
C'est par délicatesse qu'on déguise la main de la sorte, et on la
rend plus méconnaissable encore; ainsi, sur les portes des mos¬
quées, des zaouïas, des marabouts, elle devient une lyre à trois cor¬
des. Il est malséant, en effet,de paraître soupçonner quelqu'un d'avoir
le mauvais œil. C'est pourquoi, dans le langage, on évite l'emploi du
nom de nombre cinq; on y substitue une périphrase, comme s.L^ 2
C r G l ^ 9
3 (quatre et quart) ou Jj ^ (le nombre de ta main).
Le cierge à cinq branches que les Musulmans emploient dans
leurs cérémonies est, lui aussi, un dérivé de la main de Fathma.
Pour protéger les enfants contre le mauvais œil, on leur fait por¬
ter en collier une chaîne d'argent garnie sur sa longueur des objets
suivants :
Main de Fathma, poisson, clef, croissant, fer à cheval, le tout en
argent ou même en or; une ou plusieurs cornes de corail (amulette
fort usitée dans toute l'Italie méridionale); une paire de défenses de
porc, montées en forme de croissant au moyen d'une virole d'ar¬
gent; des sachets d'alun, d'ouçeq (sorte d'encens) 2 , de terre de Jéru-

1 La main levée, les doigts accolés, la paume'en avant (geste d'adoration ou de dé¬
préciation chez les Assyriens comme chez les Egyptiens), est un emblème fréquent
sur les stèles puniques.
2 SjU^, plur. jL-ga., lot de quatre objets de même nature, œufs, pommes, etc.,
qui se vendent ensemble. 2jL£t désigne aussi le quartier des Juifs, le ghetto.
3 w*-^, alun. — (j^>3, encens formé d'une gomme-résine et d'une matière noi¬
râtre pétris ensemble.
— 131 -

saiem ou de celle du tombeau de Rabbi Fraji Chaouat, à Testour


(les Juifs assurent, qu'à mesure qu'on prend de cette terre,l'excava¬
tion se comble d'elle-même pendant la nuit).
Souvent, on ajoute à ces objets,pour ainsi dire essentiels, diverses
autres breloques en argent : cadenas, sifflet, revolver, etc.
Le lit de l'accouchée doit être muni tout au moins d'ail, d'un mor¬
ceau de charbon, d'une coquille d'œuf, d'un grappin à tirer les seaux
du puits. Dans les cheveux de la femme, on met une branche de rue,
quelquefois une longue épingle d'acier, la pointe en avant (la rue se
place également sur la tête du nouveau-né, sur celle de l'épousée,
lorsqu'on la conduit au bain pour y être épilée). On colle enfin au
mur, près du lit, et aussi à l'extérieur de la porte, ce. qu'on appelle
la feuille de l'accouchée^. C'est une grande feuille de papier sur la¬
quelle sont grossièrement peints des poissons, des mains, des clefs,
des feuilles ou des palmettes. Elle est généralement préparée par la
sage-femme, et pour avoir toute son efficacité, doit être tracée avec
les excréments du nouveau-né; mais on remplace souvent aujour¬
d'hui cette peinture peu ragoûtante par du suc de réglisse en bcâton.
On vend'même de ces feuilles imprimées.Elles sont signés Eliahou
Guedj, et tirées en couleur lie de vin, à l'Imprimerie Guedj ; les figu¬
res, gravées de façon très barbare, et accompagnées, comme sur les
feuilles à la main, de formules cabalistiques en hébreu, sont : un
grand khamsa, ayant, pour poignet une palmelte à cinq feuilles; au-
dessus, deux clefs oppposées par l'anneau; et,disposés symétrique¬
ment des deux côtés, deux rosaces à huit pétales, deux palmes, deux
rameaux se terminant en volute par le bas; enfin, deux poissons et
deux lions affrontés à distance.
On préserve les maisons en y clouant l'os frontal d'un bœuf avec
les cornes, une jeune plante d'aloès, une queue de thon la fourche
en haut, un fer de cheval, une paire de délenses de sanglier.
D'une façon générale, tout ce qui est pointu ou brillant, tout ce qui
attire vivement le regard, est efficace pour détourner le mauvais
œil. Les cintres en pierres alternativement blanches et noires des
monuments arabes n'ont pas d'autre raison d'être.
Le bois de sandal 2 et Fouceq brûlés ensemble sur un réchaud
écartent encore le mauvais œil; ils portent aussi bonheur,font trou¬
ver du travail, etc.
Le mauvais œil n'est pas visé, directement du moins, par toutes
les amulettes. Il est permis de ranger parmi elles le jaspe sanguin,
appelé souvent «pierre du sang», qui a la vertu de prévenir le flux
de sang et les hémorrhagies nasales.
■• i ~ • i V ••. m - ti •• i 1,'
1 fj •-^-3 , yrappin. — Jj^-? , rue. — <-i-' 1 5 , feuille de l'accouchée.
2 , bois de sandal.
— 132 -

Si on coupe la queue au lézard vulgairement nommé tarente, qu'on


la pose dans le creux d'une de ses mains et qu'on la frappe sept fois
avec l'autre, on a toujours de l'argent.
Certains objets portent bonheur d'une façon générale 1 . Tels sont
un caméléon 2 suspendu vivant dans une boutique,la dépouille d'un
serpent, pourvu qu'elle soit complète, l'encens et le bois de sandal
brûlés comme j'ai dit, la coiffe avec laquelle un enfant est venu au
monde et sur laquelle on a écrit un verset de la Bible 3 . L'enfant né
coiffé a lui-même de la chance (ce préjugé,qu'on retrouve en France,
existait déjà,semble-l-il,en Mésopotamie,du temps de Sargon l'An¬
cien, 3800 avant notre ère) 4 .
Beaucoup d'amulettes consistent en un sachet renfermant un nom
de saint ou un passage de l'Ecriture.
J'ai parlé des vertus des harousout, fort analogues à celles qu'on
attribue dans nos campagnes au buis bénit 5 .
Pour terminer, je donne ici la traduction d'une annonce que j'ai
recueillie à la lin d'un petit volume publié en 1892. Le texte en sera
reproduit au chapitre xiv.
Amulettes éprouvées — Vingt espèces
Pour la femme enceinte, afin qu'elle n'avorte pas, un franc.—
Contre le cauchemar, cinquante centimes. — Contre le mauvais œil,
trenle centimes. — Pour avoir la chance, cinquante centimes. — Pour
celui qui est atteint d'humeur noire, un franc— Pour être bien ac¬
cueilli, un franc.— Pour celui qu'un maléfice empêche de se marier,
un franc. — Pour la femme, afin que son mari la chérisse, cinquante
centimes.— Pour le mari, afin que sa femme le chérisse, un franc.
— Pour le petit enfant, afin que la chouette ne lui nuise pas, trente
centimes.— Pour celui qu'une peur a rendu fou, un franc — Contre
la maladie nerveuse, cinquante centimes. — Pour celui qui voyage

1 A rapprocher des porte-bonheur usilés en France, surtout chez les femmes ga¬
lantes : bossu, petit cochon, trèfle à quatre feuilles, etc.
2 Un ouvrage faussement attribué àDémocrite, et qui a péri, accordait des vertus
fantastiques au caméléon et à chacune des parties de son corps.— Voir Pline,
1. XXVIII, c. xxix.

3 ^°^}, ou j>I > jaspe sanguin. — Acj j , tarente. — j-^ I ^ > camé¬
léon. - > coiffe que l'enfant apporte en naissant (ar. rég. ^j- 3. > voile). On dit

d'un homme heureux : ^j—S>j-J\j ^_.W J I, u es t né coiffé (^xr'l pour ^J^^' j


c'est la T-form de Stumme, à laquelle les Tunisiens ajoutent assez souvent un \
prosthétique, et que je proposerais d'appeler forme V bis, car elle dérive sûrement
de la V» forme par chute du chedda).
4 Voir Joachim Menant : La bibliothèque du palais de Ninive,n. 107; J. Oppert,
Gr. Encycl., t. 29, p. 517 a.
5 Voir page 96.
— 133 —

en mer, un franc. — Pour celui qui voyage par terre, un franc. —


Pour celui qui va habiter un nouveau logement, trente centimes. —
Pour l'accouchée, cinquante centimes. — La conservation de l'en¬
fant, pour la jeune épouse, cinquante centimes. — Pour le nouveau
marié, trente centimes. — Pour celui dont le fils doit être circoncis,
cinquante centimes.
On remarquera qu'il suffit de dix sous à la femme pour se faire
aimer, alors que le mari doit payer deux fois autant (ce qui n'est en¬
core pas cher). Le fabricant d'amulettes était doublé d'un humoriste.

SUR LES ORIGINES DES SUPERSTITIONS TUNISIENNES

La section qui précède ayant été écrite en voyage, il ne m'a pas


été loisible d'y rechercher, comme je l'aurais souhaité, les origines
des superstitions que je décrivais : au risque d'ôter par là à cet
ouvrage toute unité, je ne puis résister à la tentation de retourner
en arrière et de présenter ici, tels quels, les résultats des investiga¬
tions forcément sommaires auxquelles je me suis livré depuis ma
rentrée. J'ai l'espoir, en effet,qu'ils engageront quelqu'un de compé¬
tent à traiter à fond un sujet dont mon ignorance, la disette de maté¬
riaux et le manque de temps ne me permettent qu'une vision confuse,
mais sur lequel, à défaut d'un interprète plus autorisé, je reviendrais
pourtant ailleurs, tSi) «L,
Génies, anges, démons (pages 120 à 127).
Egypte. — L'ancienne Egypte a peut-être été monothéiste à un
moment donné 1 par ses intellectuels, qui étaient les chefs des prê¬
tres: assurément, elle ne le fut jamais par les masses 2 .Même, elle est
si riche en divinités, celles-ci ont des attributions tellement variées,
forment une hiérarchie si étendue,qu'elles semblent, à première vue,
ne laisser guère place, entre elles et l'homme, à des êtres intermé¬
diaires. Le sinistre Set ou Tebh (Typhon) «qui se nourrit d'entrailles»,
Bès le grotesque, sont dieux comme Osiris, «le bon et le bienfai¬
sant ».
Pourtant, M. Perrot.qui n'est pas homme à avancer un fait à la lé¬
gère, affirme que les amulettes placées dans les sépultures étaient
destinées à défendre les morts « contre les méchants génies » 3 . M. Bé-
nédite s'exprime d'une manière analogue, et ajoute que les maladies
étaient pour les anciens Egyptiens « des troubles causés par des
1 G. Maspero : Histoire ancienne des peuples de l'Orient, 1875, page 27.
2 L'archevêque de Naples est monothéiste, je n'en doute pas; mais si l'on va au fond
des choses, pourra-t-on en dire autant du lazsarone, ou môme de certains pauvres des¬
servants perdus au fond de la Campanie, des Pouilles ou de la Galabre ?
3 Georges Perrot et Charles Chipiez : Histoire de l'art dans l'antiquité, 1.1,
page 162.
- 134 -

esprits malins dont on ne venait à bout qu'à l'aide de sortilèges» 1 .


Je conclus de là que les génies, tant bons que mauvais, n'étaient pas
inconnus des Egyptiens; mais comment ce peuple se les figurait-il?
Ma bibliothèque égyptienne est si pauvre, que je n'y vois rien à ce
sujet.
Les sphinx, représentent-ils des génies?En Egypte,d'habitude,on
ne leur accorde pas d'ailes; cependant, ils en portent quelquefois 2 .
A la mort de l'homme, son intelligence, qui est distincte de son
âme, abandonne celle-ci, et reprenant l'enveloppe lumineuse qu'elle
avait avant de s'incarner, redevient un démon (khou) 3 dans le sens
donné à ce mot par Hésiode. Elle parcourt librement les mondes,
agit sur les éléments, les coordonne, les féconde 4 . Après le jugement,
elle rentre dans l'âme impie pour la torturer. Celle-ci erre de longs
siècles entre ciel et terre; parfois elle pénètre dans un corps hu¬
main, le possède, l'accable de maladies, le pousse au meurtre et à
la folie; finalement, elle retombe dans le néant 5 .
La possession se combat par une série de moyens médico-magi¬
ques 6 , qu'il serait peut-être fort intéressant de comparer avec ceux
des Tunisiens.
Quant à l'âme juste, guidée par l'intelligence à travers les espaces,
elle prend à volonté les formes de l'épervier d'or, du lotus, du phé¬
nix, de la grue, de l'hirondelle, de la vipère 7 . C'est parmi les âmes
pures que se recrutent les akkimou-ourdou et les akhimou-sekou,
chargés de manœuvrer la bari sacrée de Ra, le dieu Soleil 8 . Après
de longues épreuves, dont elle triomphe toujours, l'âme juste finit
par s'abîmer en la Divinité 9 .
Faut-il voir des génies dans le khou, dans l'âme errante en atten¬
dant ses fins dernières?
Je trouve encore qu'il existe des forces malfaisantes de la nature,
que les vignettes des papyrus funéraires figurent par plusieurs sortes
de serpents, par la tortue et par le crocodile, des«fils de la rébellion »
éternellement en lutte contre la Divinité, et dont le chef, nommé
Apap, est représenté sous la forme d'un iong serpent sinueux 10 .
Ces fils de la rébellion sont-ils les mauvais génies?

1Georges Bénédite, Gr. Encycl, t. 15, p. 671 b, 672 a et 674


2 Perrot et Chipiez, loc. cit., t. III, p. 129, et fig. 74, p. 130.
3 Maspero, loc. cit., p. 41.
4 /Md.,p.39.
5 Ibid.,]}. 41.
6 Ibid., p. 41, note 3.
7 Ibid., p. 42.
8 Ibid., p. 32.
9 Ibid., p. 42.
10 Ibid., p. 30 et p. 42, ncte 2.

l
— 135 —

Toutes questions auxquelles ma nullité en égyptologie ne me per¬


met pas de répondre. En tout cas,les génies de l'Egypte,quels qu'ils
fussent, n'avaient apparemment point grand rapport dans le détail
avec ceux qui se plaisent à tourmenter les Tunisiens.

Chaldèe, Assyrie. — Chez les Sumériens, habitants primitifs de la


Chaldée, probablement d'origine touranienne, nous voyons se déve¬
lopper d'une façon grandiose le concept cosmogonique et religieux
qui élève les forces naturelles au rang d'êtres conscients,supérieurs
à l'homme, pouvant à leur gré lui nuire ou lui être utiles. Les dieux ont
au-dessous d'eux des légions de génies, bons ou mauvais, qui, tout, en
se combattant mutuellement, président aux mouvements des astres,
aux phénomènes atmosphériques, à la croissance des végétaux, à la
vie et à la mort des êtres animés. Certains d'entre eux persécutent
l'homme: « De maison en maison ils pénètrent ; dans les portes comme
des serpents ils se glissent. Ils empêchent l'épouse d'être fécondée
par l'époux; ils ravissent l'enfant sur les genoux de l'homme; ils font
fuir la femme libre de la demeure où elle a enfanté; ils font fuir le
fils de la maison du père.»
C'est à ces démons, «ni mâles ni femelles, n'ayant pas d'épouses
et ne produisant pas d'entants»,rangés hiérarchiquement par classes
de sept (le nombre planétaire),que l'humanité et les animaux mêmes
ont à s'en prendre des maux qui les accablent. Quittant les lieux dé¬
serts et « les entrailles de la terre », où ils séjournent d'habitude, les
génies malfaisants se glissent dans les corps et y introduisent la ma¬
ladie. Toutefois, chacun d'eux a sa spécialité : ainsi, la fièvre est en¬
gendrée par Yidpa, la peste par le namtar; Voutouk s'en prend au
front, le lêlal à la main, le gigim aux viscères, Valal à la poitrine. On
trouve encore dans cette horde abominable le fantôme, le spectre,
l'incube, le succube, le vampire 1 .
Les Chaldéo-Assyriens, issus de la fusion des Sumériens avec des
conquérants sans doute sémitiques 2 , peut-être pourtant kouschites 3 ,
gardèrent ces croyances; et c'est par les tablettes de terre cuite de
la bibliothèque du palais d'Assur-ban-abal, à Ninive (—vu 0 s. 4 ),que
nous les connaissons.
Ces singuliers et précieux manuscrits nous fournissent, entre au¬
tres,une légende en sumérien,avec traduction assyrienne, racontant

Fr. Lenormant : La magie chez les Chaldéens et les origines accadiennes,187L


1
— Màspero, loc. cit., p. 142 et suiv. — Joachim Menant : La bibliothèque du palais
de Ninive, 1880, p. 108.
2 J. Oppert, Gr. Encycl., t. 4, p. 338 b.
3 Maspero, loc. cit., p. 148.
4 Pour abréger, je marque du signe — les dates antérieures à notre ère et j'écris
les autres sans indication.
- 136 -

les méfaits des sept esprits du mal 1 ; dans une seconde, le dieu Zu 2
entreprend de « gouverner la semence des anges » 3 .
Les bons et les mauvais génies sont fréquemment représentés sur
les monuments de Babylone et de Ninive.
Les premiers, ou du moins les personnages classés comme génies,
par opposition aux démons, au musée du Louvre et dans les ouvra¬
ges dont je dispose, mais dont plusieurs sont peut-être des dieux,
ont constamment deux paires d'ailes. Leur figure se rattache tou¬
jours à l'un de ces quatre types généraux : anthropomorphisme à peu
près complet; fusion de l'homme avec le lion,avec l'aigle ou avec le
taureau 4 .
Les génies anthropomorphes, que Delitzsch qualifie d'anges, sont
souvent représentés cueillant ou présentant le fruit de l'arbre sacré
ou arbre de vie, fruit qui a une curieuse ressemblance avec la pomme
de pin des stèles carthaginoises 5 . Parfois un d'entre eux, sorte d'ange
gardien, suit le roi à la guerre ou à la chasse aux fauves, élevant près
de sa tête le fruit sacré 6 .
Dans la seconde catégorie, nous voyons tantôt le corps du lion
avec une tête humaine (sphinx ailé) 7 , tantôt ce même corps sur¬
monté d'un torse humain 8 .
Les génies de la troisième sorte ont un corps humain avec des
pieds d'aigle 9 ou une tête d'aigle 10 . Toutefois, d'après Perrot, cette
dernière forme serait, non celle d'un génie, mais celle d'un dieu ap¬
pelé Nisroch n .

1 Menant, loc. cit., p. 137.


2 Zu, qui est oiseau, personnifie un dos vents, ce qui le rangerait plutôt parmi les
génies. — Alfred Jeremias : Das Alte Testament im. Lichte des alten Orients, 1904,
p. 26.
3 Menant, loc. cit., p. 138.
4 Jekemias, loc. cit„ p. 349.— Le prophète s'inspire manifestement des monuments
assyriens lorsqu'il peint les quatre animaux qui Irainent le char de Dieu, chacun avec
une face humaine, une face de lion, une face de bœuf et une face d'aigle (Ezéchiël, i,
5 et suiv.). Les quatre animaux de l'Apocalypse (iv, 6-8), passés plus tard dans la sym¬
bolique chrétienne, viennent de la même source.
5 Friedrich Delitzch : Babel und Bibel, erster Vortrag, 4. Ausgabe, 1903, fig. 43,
p. 42. — Perrot et Chipiez, loc. cit., t. II, fig. 4, p. 43 ; fig. 226, p. 503. — Jeremias, loc.
cit., fig. 34, p. 97.
6 Jeremias, loc. cit., fig. 48, p. 339.
7 Perr. et Chip., t. II, fig. 85, p. 225.— Jerem., fig. 129, p. 351 (deux sphinx portant
une base de colonne).
8 Perr. et Chip., t. II, fig. 114, p. 281 ; fig. 278, p. 581. — Jerem., fig. 127, p. 350.
9 Jerem., fig. 125, p. 349.
10 Perr. et Chip., t. II, fig. 8, p. 64.— Jerem., fig. 33, p. 96; fig. 128, p. 351.
11 Ce dieu (Medspà^ des Septante) est mentionné deux fois dans laBibIe:au II e livre
des Rois (xix, 37), nous voyons Sennachérib prosterné dans le temple de Nisroch,
« son dieu » ; et Isaïe (xxxvn, 38) reproduit textuellement le verset en question. D'à-
— 137 —

Enfin, le dernier type montre toujours une tête humaine sur un


corps de taureau 1 . Tout le monde l'a vu au Louvre. Ce serait là,
d'après Delitzsch, le chérubin de la Bible; Alfred Jerernias croit, il
est vrai, que ce nom, comme celui de séraphin, s'applique d'une fa¬
çon générale « à tous les anges qui mettent le monde céleste en com¬
munication avec le monde terrestre » 2 , mais une telle confusion pa¬
rait bien invraisemblable.
Les Clialdéo-Assyriens donnent toujours aux mauvais génies ou
démons une figure effrayante. Une statuette de bronze, au Louvre,
représente « un démon au corps de chien, aux pieds d'aigle, aux bras
armés de griffes de lion, à la queue de scorpion, à la tête de squelette
et aux cornes de chèvre : quatre grandes ailes éployées ombragent
son dos». Ge personnage digne de Callot est le démon du vent du
sud-ouest 3 .
Un autre génie malfaisant, sur une plaque de bronze où il semble
guetter, diffère du précédent par son corps de léopard portant une
effroyable tête de fauve imaginaire,sa queue en trompette, et le ser¬
pent qu'il a en guise de pénis comme dans quelques sculptures
d'églises du moyen âge 4 .
D'autres enfin, aussi à mufle de bête féroce et à serres de vautour,
sont dépourvus d'ailes et portent un vêtement; on les voit ferrailler
ensemble, un poignard dans chaque main 5 .

près Raschi, l'idole de Msroeh, à Ninive, était faite d'une planche de l'arche de Noé !
(Winer : Bil/lisches Realwœrterbuch, 3° éd., 1848, t. II, p. 160.)
1 Perr. et Chip., t. II, fig. 83 et 84, p. 224 ; plancheIX, p. 544.— JEiiEM.,fig. 126,p. 349.
— Dhi.itzsch, loc. cit., fig. 42, p. 42, et Assyrisches Handwœrterbuch, 1896, p. 352 a.
2 JBEBM., p. 338.
3 Maspero, loc. cit., p. 157.— Peur, et Cuip., t. Il, fig. 222, p. 496.
4 Perr. et Chip., t.II.flg. 161 et 162, p. 363 et 364.—Toutefois, cet emploi du serpent
et la queue de scorpion se retrouvent au Louvre, chez un bou'ï génie à serres d'aigle
du palais d'Assur-nasir-abal,— x» ou —ix° s. (Gr. Encycl., t. 4, ûg. 2 de la p.337. —
Jerem., lig. 125, p. 349).
On traduit d'habitude l'hébreu Spjp par serpent venimeux, mais L. de Laborde
(Voyage, p. 53) estime qu'il faut plutôt le rendre par scorpion; telle est aussi l'opinion
de M. R. Arditti, professeur d'hébreu aux écoles de l'Alliance Israélite. Je crois, sans en
être sûr, que la tradition juive indique ce sens. Un argument qu'on n'a pas fait valoir,
à ma connaissance, en faveur de cette interprétation, c'est que la racine assyrienne
et hébraïque Sy*\y est vraisemblablement l'ètymologie du grec trxopTii'oç.
Le dieu ehaldéen Nergal (Saturne), divinité infernale, était appelé «en Occident»
Scharrapu, « celui qui brûle», par allusion à la lièvre (Jere.m., p. 45. — Delitzsch :
Assyr. Handtoœrt., p. 691 a); il ne semble pas impossible que le même nom ait été
appliqué au scorpion, qui est, en tant que signe du zodiaque, le symbole des maladies
dont Nergal est le fâcheux dispensateur (Gr. Encycl., t. 31, p. 1325 b).
Si l'hypothèse de Laborde est juste, il est permis de penser que les seraphim de la
Bible n'étaient autres que les génies chaldéo-assyriens à queue de scorpion.
5 Peur, et Chip., t. II, fig. 6 et 7, p. 62 et 63.— Jerem., ilg. 119,p. 342; fig. 127, p. 350,
— Delitzsch, Babel, I, fig. 44 et 45, p. 43.
— 138 -

Les figurines de terre cuite représentant les bons génies parais¬


sent avoir été peintes en bleu d'azur, couleur du ciel; celles de dé¬
mons, en noir, couleur de la nuit et des ténèbres de la « demeure
souterraine » 1 .
Contre les mauvais esprits, les Chaldéo-Assyriens employaient les
talismans et les formules. Les premiers consistaient en «bandes
d'étoffe attachées aux meubles et aux vêtements, amulettes de bois,
de pierre ou de terre cuite, statuettes de monstres ou de génies».
Une inscription sumérienne gravée sur la figurine du vent du sud-
ouest nous apprend que, placée à la porte ou à la fenêtre d'une mai¬
son, elle éloignait les esprits du mal. Les dieux mêmes étaient sans
pouvoir contre les talismans 2 .
La bibliothèque d'Assur-ban-abal nous a conservé des fragments
d'un grand traité de magie rédigé sousSargon l'Ancien (—xxxvm e s.)
et divisé en trois livres. Le premier contenait les formules contre
les démons, le second, les incantations contre les maladies, le troi¬
sième, les hymnes pour évoquer les dieux 3 . Un nom mystérieux, ré¬
vélé par ceux-ci, mettait les démons en fuite 7*.
Iran. — Chez les Mèdes et les Perses, le système religieux que
Perrot appelle polydémonisme s'accentue encore.
Les bons génies sont créés dès le principe par Aouramazdâ (Or-

1 Perr. et Chip. . t. II, p. 659.— Osiris, dieu des morts, a le visage noir sur quelques
papyrus anciens. (Paul Pierret, Gr. Encycl., t. 25, p. 639 a.) — Chez les Grecs, les
Kères ou Parques sont figurées grinçant les dents, le visage hideux, la peau noire ou
bleuâtre. Le démon Eurynomos, qui se repait de cadavres, est « d'un bleu tirant sur le
noir comme les mouches qui se posent sur les viandes»; il grince aussi des dents.
Thanatos (la Mort) est un enfant noir sur le coffre de Kypselos (—vu 0 s.),décrit par
Pausanias. On vase représente une Erinye ou Furie avec le visage, le corps et les ailes
entièrement noirs. (Maxime Gollignon -.Mythologie figurée de la Grèce, p. 23, 2S0,
281, 282 et 307.) La Gorgone sur un mélope archaïque de Sélinonte, le Goi'gonéion sur
les monnaies athéniennes du plus ancien style, ont la langue pendante et des crocs
qui leur sortent de la bouche. (Maxime Gollignon : Manuel d'archéologie grecque,
nouvelle éd., s. d., fig. 29, p. 110 et iig. 120, p. 319.). Sur un tombeau étrusque, les dé¬
mons maltaisants sont peints en noir, les bienfaisants en blanc. (M. Prou, Gr. Encycl.,
t.14, p. 87 a.) Une peinture de Vulci donne au Charon étrusque, génie cruel, un teint
bleuâtre. (Jules Martha : Manuel d'archéologie étrusque et romaine, p. 84.) Le la¬
tin ater, qui signifie au propre noir ou de couleur sombre, s'emploie au figuré dans
les sens de hideux, funeste, redoutable, etc.; en français, noir et sombre ont des sens
analogues.— Dans les légendes populaires modernes des Européens, le diable est
noir, velu, cornu, armé de griffes et pourvu d'une queue. Il avait des pieds de fauve
ou d'oiseau de proie, parfois du poil, des cornes, de longs crocs ou un mufle de bête,
et grinçait des dents ou tirait la langue sur nos églises romanes et gothiques. (De
Caumont : Abécédaire ou rudiment d'archéologie (Architecture religieuse), 38 édi¬
tion, 1854, lig. des p. 167,331 et 332.)
2 Maspero, p. 157.
3 Menant : Bibl. de Ninive, p. 101. — Maspero, p. 156. — J. Oppert, Gr. Encycl.,
1.10, p. 237 b.
4 MaspekO, p. 144.
- 139 -

muzd) pour l'aider dans l'administration du monde. Six amesha-çpen-


tas ont au-dessous d'eux des légions de yazatas, chargés de veiller
à la bonne marche de l'univers : génies du soleil (Mithra), du vent,
de l'air, de l'eau, du feu, des astres. A côté d'eux sont les fravarshis,
véritables anges gardiens, dont un veille sur chaque homme, sur
chaque yazata,sur Aouramazdâ lui-même.
Mais à Tinstant de la création, le génie du mal, Angrômaïnyous
(Ahriman), surgit sans l'aveu d'Ormuzd; pourcombaLtre les amesha-
çpentas, il crée six mauvais génies aussi puissants qu'eux; aux ya¬
zatas, il oppose les daêvas ou démons. Parmi les hommes, il intro¬
duit,pour les faire décheoir, des créatures mâles (yâious) et femelles
(païrikas, péris) qui s'allient à eux. Zarathoustra (Zoroastre), qui a
passé son enfance et sa jeunesse à lutter contre les démons, brise les
corps des péris et des yatous et leur défend de se manifester autre¬
ment que sous forme d'animaux; mais leur l'uneste influence ne dis¬
paraîtra qu'avec le monde 1 .
Chanaan. — hes Ghananéens croyaient à des êtres malfaisants, ap¬
pelés schédim 2 (démons) et seïrim (boucs, satyres), qui peuplaient les
déserts et les campagnes et qu'on se conciliait par des sacrifices 3 .
Judée.— Les anciens Hébreux ont-ils connu les génies?Munk est
d'avis que les anges faisaient à la vérité partie de leurs croyances
populaires, mais non de la doctrine mosaïque; pour lui, les messa¬
gers, les chérubins, les séraphins de la Bible ne sont que des symbo¬
les 4 . Ce n'est pas ici le lieu de discuter cette façon de voir.
Quoiqu'il en soit, pendant la captivité de Babylone (—vi e s.), la
théorie des anges bons et mauvais prend corps; on précise leurs
noms, leurs fonctions; Satan parait 5 .
Au temps des Macchabées (lin du uf siècle av. J.-G.j, la secte des
Saducéens est seule à ne point admettre qu'il existe entre Dieu et
l'homme des anges, protecteurs de celui-ci, et des démons qui le
persécutent 6 .
« La croyance aux démons ou esprits malfaisants, errant dans les

1 Ibid., p. 464, 466 et 467.


2 Le pluriel O'Htî' est employé dans la Bible (Deutéronome, xxxu, 17; Psaumes,
evi, 37) ; les Septante le traduisent par SatjAÔvia, la Vulgate par dœmonia; Gesenius
le fait venir de la racine , dominari (Lexicon manuale, éd. Hoffmann, p. 900 h).
3 S. Munk : Palestine, 1845, p. 93 a.
4 Ibid., p. 144 et 145.
5 Ibid., p. 144 ft. — D'après Maurice Vernes, le Livre de Job, où nous voyons Satan
(Adversaire) comme ange accusateur (i, 6-12; il, 1-7), non seulement n'est pas anté¬
rieur à l'exil, mais ne remonte pas au delà du m" siècle av. J.-C; Zacharie, qui nous
montre Satan en lutte avec l'ange de l'Eternel (m, 1 et suiv.), est de la fin du vi° (Gr,
Encycl.,t.21,p. /167a;t. 31,p. 1298 6;.
6 Munk, p. 513.
— 140 —

lieux déserts et près des tombeaux, prit un grand développement


chez les Juifs vers l'époque des origines du christianisme.» Ces mau¬
vais génies se logeaient dans le corps humain, qu'ils accablaient de
maladies ou d'infirmités; on les en chassait par l'exorcisme 1 .
Pour Josèphe, les démons ne seraient autres que les âmes des mé¬
chants, qui reviennent sur terre, et y tourmentent l'homme 2 . C'est à
peu près la doctrine égyptienne.
Angélologie et démonologie reçoivent encore des additions dans
la cabale, où est présenté tout un monde d'esprits bons ou mauvais.
«Les astres, les différents règnes de la nature, les éléments, les
hommes, leurs vertus, leurs passions, enfin tout ce qu'il y a dans la
nature de matériel et d'intellectuel, se trouve sous l'influence d'anges
ou de génies. Le inonde inférieur lui-même est rempli de génies
matériels des deux sexes, qui tiennent le milieu entre l'homme et
l'ange, et qui s'appellent ftchéclim ou keliphoth^ .» Comme les intelli¬
gences des Egyptiens, les anges sont revêtus d'une enveloppe lumi¬
neuse 1 .
4
Phènicie, Carthage. — Les dieux phénico-puniques sont encore mal
connus, à plus forte raison ne sait-on pas grand'chose des puissances
subalternes vraisemblablement admises par les croyances de Sidou
et de Carthage comme par celles des autres peuples de l'Orient.
Un sphinx ailé figure sur une dalle d'albâtre trouvée à Arad (Lou¬
vre), sur un cylindre phénicien d'inspiration perse. Deux de ces sphinx
adossés couronnent une stète cypriote (New-York). Ils se montrent
encore sur un vase de style grec trouvé dans une tombe de Douïmès,
à Carthage ( — vu 0 à— v e s.) 5 .
Une amulette de terre émaillée découverte en Sardaigne repré¬
sente un lion ailé 0 .
On voit le taureau ailé assyrien à tète humaine (keroub) sur une
monnaie cilicienne 7 .
Une des pièces les plus intéressantes du riche musée Lavigerie.à
Carthage, est un tonnelet de terre cuite peinte trouvé dans une tombe
de Douïmès, et qui parait représenter un génie. « Le corps aux mem¬
bres courts et fortement musclés est celui d'un lion. Il est couvert
d'écaillés et muni d'une paire d'ailes. La tête est à face humaine.»

1 M. Veenes, Gr. Encycl., 1.14, p. 87 b.


2 Guerre des Juifs, livre VII, ch. vi, :i.
3 Munk, p. 522 a.
4 Ibid., p. 524 a.
5 Perr. et Chip., t. III, lig. 73, p. 129; fig. 151, p. 213. — René Dussaud, Gr.Encycl.,
t. 26, fig. 2, p. 618. — Gesenius : Scriptural linguaque phomiciœ monumenta, 1837,
lxvii bis, p. 221, et planche 28. — R. P. Dei.atthe : Carthage. La nécropole punique
de Douïmès. Fouilles de 1893-1894. (Extrait du Cosmos.) 1897. Fig. 48, p. 26.
6 Perr. et Ghip., t. III, fig. 280, p. 408.
7 Perr. et Chip., t. III, fig. 313, p. 439.
La coiffure, sorte de tiare, rappelle un peu par sa forme la couronne
blanche égyptienne. Le cou et la poitrine sont ornés de trois colliers :
le supérieur supporte le symbole du croissant et du disque, dont je
parlerai plus loin, le second le croissant seul et l'inférieur un pec¬
toral 1 .
Des stèles puniques montrent le buste d'une femme ailée,que Ba-
belon appelle l'ange d'Astartè ou l'ange de Tanit, mais dans laquelle
Perrot voit Tanit elle-même ; elle se présente de face et tient des deux
mains sur sa poitrine le disque et le croissant 2 .
Une monnaie de Mallos de Cilicie porte un génie ailé, un genou
en terre; sur deux autres médailles de même provenance, le même
génie, dans la même posture, tient des deux mains un disque sur sa
poitrine. Une monnaie de Malte à légende grecque, mais de caractère
tout oriental, montre un génie à quatre ailes, mettant aussi un genou
en terre et coiffé d'une mitre bifide 3 . D'après Perrot, ce serait tou¬
jours Tanit. Il est vrai que plusieurs auteurs anciens nomment cette
déesse le Génie de Carthage 1 , mais je ne crois pas qu'ils l'entendent
en ce sens.
Une amulette de verre trouvée dans une tombe de la nécropole dite
nécropole voisine de Sainte-Monique et nécropole des rabs ( — rv° à
— n e s.), représente «un personnage de face,à grandes ailes, tenant
de ses deux mains un objet sur sa poitrine » 5 .
Sur chaque fronton d'un sarcophage en marbre blanc de la même
nécropole, est peint un buste ailé. « C'est un génie qui regarde vers la
droite; la disposition de ses bras indique qu'il tient en mains un ob¬
jet, sans doute le disque ou le croissant, peut-être l'un et l'autre. Le
ton général du buste est le rouge brun. Les ailes du génie,grandes
et allongées,sont bleues et remplissent tout le champ du fronton 6 .»
Celte nécropole a fourni encore une charmante statuette en terre
cuite peinte, du 111e siècle environ avant notre ère, celle d'un génie
enfant étendu sur une draperie bleue, dans une barquette plate et
rectangulaire. « Le corps est coloré en rouge pâle; la chevelure en
rouge plus foncé et plus sombre, presque brun; les ailes sont blan-
1 li. P. Delattre : La Nécropole punique de Douïmès (à Carthage), fouilles de
1895 et 1896 (extrait des Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de
France, t. LVI), 1897, p. 55, et flg. 32, p. 56.— Musée Lavigerie de Saint-Louis de Car¬
thage, 1900, pl. XX, fig. 3 et 4.
2 Ernest Babelon : Carthage, 1896, p. 70 et lig. de ta page 161. — Perr. et Chip.,
1. III, p. 253 et fig. 192, même page ; p. 417.
3 Perr. et Chip., t. III, cul-de-larnpe de la page 322; fig. 288 et 289, p. 418; p. 292,
note 1, et fig. 218, même page; p. 417.
4 A. Pavy : Histoire de la Tunisie, 1894, p. 22.
5 A. L. Delattre : La Nécropole des rabs, prêtres et prétresses de Carthage.
Deuxième année des fouilles. S. d. (1905). P. 14 b.
6 R. P. Delattre : Sarcophage en marbre blanc, orné de peintures, trouvé à
Carthage (extrait des C. R. de l'Acad. des Inscr., 1901), p. 3.
ches 1 .» Il se pourrait qu'au lieu d'un génie, nous eussions là le dieu
enfant Iolaos-Tammouz 2 .
Un peigne d'ivoire, trouvé dans une sépulture punique du — vm e
ou du —Yii e siècle,présente «une palmette phénicienne,accostée de
deux génies à forme humaine, avec de grandes ailes recourbées» 3 .
Des monnaies puniques de Sicile (—410 à —310) représentent un
protome de cheval sur la tête duquel une victoire ailée pose une
couronne 4 . Dans cette Nikè empruntée à l'art grec, mais que celui-ci
tenait peut-être de l'Orient, auquel la Grèce a dû presque tous les
éléments de son panthéon, les Carthaginois voyaient sans doute un
de leurs génies. Une monnaie de Cossura (Pantellaria) porte aussi
un personnage ailé d'inspiration grecque 5 .
On trouve enfin parmi les amulettes des tombeaux de Douïmès des
masques cornus « offrant l'expression que l'on donne d'ordinaire au
diable » 6 . Ce sont peut-être des démons (voir page 138, la statuette
d'un démon sumérien employée à chasser les mauvais esprits); mais
il est également possible que ce soient des représentations de l'Her¬
cule phénicien (Melqart?) tel que nous le connaissons par le colosse
d'Amathonte 7 .
Ces constatations, en somme, ne nous renseignent guère sur la
mythologie punique; ce n'est qu'à force d'études et de rapproche¬
ments qu'on en pourra tirer des conclusions.
Les antiquités juives de Carthage fournissent encore quelques in¬
dications, malheureusement aussi vagues que celles de rémunéra¬
tion que je viens de faire.
Le chaton d'une bague du m e siècle avant notre ère, découverte
par le R. P. Delattre et présentée tout récemment par M. Philippe
Berger à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, porte un ange
aux ailes éployées avec le nom de Joab en caractères hébraïques 8 .

1 R. P. Delattre : Carthage. Nécropole punique voisine de Sainte - Monique.


Deuxième trimestre des fouilles, avril-juin 1898. (Extrait du Cosmos.) S. d. (1901).
P. 15 a et flg.28, p. 13. — Le même : Lettre communiquée par M. Héron de Villefosse
(extrait des C. R. de l'Acad. des Inscr., 1898), p. 3 (554), et planche, fig. 2.
2 Babelon : Carthage, p. 66.
3 Régence de Tunis. Direction des Antiquités et des Beaux-Arts. Compte rendu
de la marche du Service en 1901. Tunis, 1902. P. 10.
4 Pehr. et Chip., t. III, fig. 253, p. 365. — Babelon, loc. cit., p. 23, fig. 1.
5 Corpus inscriptionum semiticarum, t. I, fig. de la p. 181.
6 R. P. Delattre : La Nécropole punique de Douïmès, 1893-1894., p. 26 a. — Le
même : Carthage. Quelques tombeaux de la nécropole punique de Douïmès (1892-
1894). (Extrait des Missions catholiques.) 1897. P. 19. — Etc.
7 Gazette archéologique, 1879, pl. XXI. — Perr. et Chip., t. III, fig. 386, p. 567, et
p. 578. — Babelon, Carthage, p. 66.
8 La Dépêche Tunisienne du 22 décembre 1905. — Je n'ai pas besoin de faire res-
sorlirtout l'intérêt de cette trouvaille au point de vue de l'histoire de la Communauté
juive de Tunisie.
— 143 —

A Gamart, qui était, ainsi que l'a péremptoirement démontré le


R.P. Delattre, la nécropole juive de Carthage,une sépulture montre
deux génies ailés tenant un médaillon circulaire « qui devait conte¬
nir un buste en relief, sans doute le portrait du chef de la famille
dont les membres reposèrent dans cet hypogée ». Dans une autre,
d'époque romaine, des génies ailés tiennent des guirlandes ou des
draperies. «La nécropole juive de Rome décrite en 1862par le P.Ga-
rucci renfermait, comme les tombeaux deGamart, des décorations où
figurent des génies, des animaux, des hommes et des femmes, tout un
symbolisme plastique que l'on croyait banni des usages mosaïques 1 . »

Califat de Bagdad. — Les Mille et une nuits, où se reflète si fidèle¬


ment l'Arabe du moyen âge, sont tout infestées de génies. Ils chan¬
gent à leur gré de forme et de taille, sont de puissance inégale.
Quelques-uns font le bien : on les appelle génies « musulmans » ; mais
la plupart sont plutôt disposés à nuire à l'homme; ils le transportent
au loin pendant son sommeil, le frappent de maladies, etc. Tel ou tel
talisman a sur chacun d'eux un pouvoir absolu; le nom divin les
épouvante et le sceau de Salomon les maîtrise.
Les Arabes tunisiens donnaient au xi e siècle à des réservoirs de
Bordj-Djedid, à Cartilage, le nom deMouadjel es-cheiatin,<.des citernes
des démons» 2 .
Ce résumé montre que la croyance aux bons et aux mauvais gé¬
nies, aux mauvais surtout, est au moins aussi ancienne que l'histoire.
A cela,rien de surprenant; plus sa condition était infime et son igno¬
rance profonde, plus l'humanité devait être portée à voir dans les
phénomènes naturels des ennemis conscients et formidables. Le
chien hurle ou aboie à la lune. Il n'est pas plus extraordinaire que
ces préjugés confus soient devenus avec le temps toute une doctrine
universellement répandue. L'erreur est l'herbe mauvaise : pour lui
donner naissance, il suffit d'une graine imperceptible apportée par
le vent; et si le terrain s'y prête, comme la plante grandit, comme elle
s'étend, comme elle se multiplie, et que d'efforts pour la détruire !
L'attribution des maladies à des êtres surnaturels doit même da¬
ter des premiers âges de l'humanité, puisque nous la trouvons de
toute antiquité chez les races les plus diverses, Chamites, Sémites,
Touraniens,Aryas. Aussi Broca a-t-il supposé, pour expliquer l'usage
préhistorique de la trépanation, que l'homme de la pierre polie se
proposait « de guérir ainsi certaines maladies de la tête en ouvrant

1 R. P. Delattre : Gamart, ou la nécropole juive de Carthage (extrait des Mis¬


sions catholiques), 1895, p. 32, 33 et 50.
2 El-Bekri : Description de l'Afrique septentrionale, trad.DE Slane. Journ. As.,
1858, t. II, p. 522.
— 144 -

une issue aux mauvais esprits » 1 : hypohèse ingénieuse,mai s au moins


discutable.
En ce qui concerne les jnoun des indigènes tunisiens (les Arabes
y croient encore plus fermement que les Juifs, dont j'ai à m'occuper
spécialement ici, c'est pourquoi j'emploie ce terme général), s'ils dif¬
fèrent des esprits malfaisants des Mille et une nuits par leurs pattes
d'oie, sans doute aussi par une moindre aptitude à changer de figure,
puisqu'on fait de ce don la caractéristique de la 'oubeyta, ils s'en
rapprochent singulièrement par leur aspect effrayant, par le pouvoir
de modifier à volonté leur stature, par l'habitude de vivre dans les
puits, les caveaux et les coins sombres, par leurs façons de molester
l'homme, par une certaine propension à se laisser fléchir et parfois
duper.
Ils paraissent, j'avais omis de le dire, avoir une véritable prédilec¬
tion pour la forme nègre (encore la couleur noire) 2 : quand un Juif
s'enrichit sans que la source de sa fortune soit connue, on suppose
«qu'une négresse est montée du puits avec un couffin rempli d'or et
de bijoux»; d'autres fois, c'est un nègre colossal qui fend le mur,
comme dans les contes arabes.
Mon ami M. R. Arditti m'informe que les Juifs d'Orient connaissent
des génies absolument identiques à ceux de Tunis, ayant même ces
pattes d'oie qui font songer aux serres des démons chaldéens; on les
appelle schèdim, comme en Chanaan et dans la cabale 3 . Une origine
locale de nos jnoun se trouve donc exclue.
Je serais, en somme,porté à croire que les génies tunisiens et ceux
de Bagdad ont même source que ceux du Zohar, que tous viennent
de Sumer, de la Chaldée et de la Perse, en passant,pour les Juifs, par
les traditions rabbiniques puisées à Babylone ; traditions auxquelles
l'Arabie de l'Hégire et Mohammed lui-même ont tant emprunté, et
sur lesquelles, à leur tour, les croyances musulmanes ont pu réagir
au moyen âge.
Moins embarrassants sont les anges embrigadés pour surveiller
tous les services de la nature : on ne peut voir en eux que les esprits
qui, dans la cabale, sont aux ordres de Metatron, c'est-à-dire, en der¬
nière analyse, les yazatas de l'Avesta.
A côté des génies, les Juifs tunisiens connaissent aussi Satan
(^Ikvi), qui n'a rien de commun avec les premiers, et « qui chuchote
(^jL^i) de mauvais conseils». On qualifie de chitân ou de 'afrtt un
enfant turbulent et malicieux, comme nous disons: «C'est un démon»,
ou «C'est un diable». Mais on ne parait pas se faire du démon une

1 J. de Baye : L'Archéologiepréhistorique, 1888, p. 186.


2 Voir page'138.
3 Voir pages 139 et 140.
— 145 -

idée aussi nette que des jnoun. Je ne parle pas, bien entendu, des
rabbins, qui prennent leur opinion sur ce point, comme sur les au¬
tres, dans le Talmud et le Zohar.

Devineresses,pythies, sorciers, interprétation des songes


(pages 120 à 123).
L'homme est, de sa nature, si désireux de connaître les choses
cachées, l'avenir surtout, et en môme temps si facile à leurrer, que
le devin trouve toujours à vivre; aussi a-t-il dû faire son apparition
de bonne heure. Nous le voyons aujourd'hui, ainsi que le sorcier,
avec lequel il se confond le plus souvent, chez tous les peuples sau¬
vages; d'où l'on peut inférer que tous deux existaient également dans
les tribus de la période néolithique.
«Personne en Egypte, dit Hérodote (— v«s.), n'exerce la divination :
elle n'est attribuée qu'à certains dieux 1 .» Toutefois, le bceuf Apis
était escorté d'une troupe d'enfants qui chantaient des cantiques en
son honneur, et qui, subitement pris de délire prophétique, se met¬
taient à prédire l'avenir 2 .
L'oniromancie ou interprétation des songes était fort en honneur
dans ce pays; d'après Tacite, elle y était pratiquée par les prêtres.
Hérodote rapporte qu'à la suite d'un rêve, un de ceux-ci avait prédit
àliamsès II (—xiv e s.) l'empire du monde. Une inscription de Karnak
raconte un songe de Ménephtah I er (—xin° s. ), qui l'a empêché de
livrer bataille aux envahisseurs venus par mer 3 .
La Bible, enfin, nous fournit l'histoire de Joseph, où nous voyons le
grand échanson, le grand panetier et le pharaon lui-même se faire
expliquer leurs songes 7*.
Aujourd'hui encore, ainsi que j'ai pu le constater sur place, les
Egyptiens ont une grande confiance en l'oniromancie.
Chez les Ghaldéens, la divination était une science officielle 5 : « Le
roi de Babylone, dit le prophète, s'est arrêté dans un chemin four¬
chu, au commencement de deux chemins,pour consulter les devins;
il a poli les flèches, il a interrogé les idoles, il a regardé au foie 6 .»
Une des quatre méthodes principales de divination constatées en
Chaldée par Diodore de Sicile est l'oniromancie 7-; on trouve efïecti-

1 Livre II, chap. lxxxiii. Trad. Larchbr.


2 ...grexque puercrum comitatur, carmen honori ejus canentium... Ht grèges
repente lymphati futuraprœcinunt.— Pline (23-79) : Histoire naturelle, livre VIII,
ch. LXXI.
3 Jeremias : Das Alte Testament, p. 242.
4 Genèse, xli, 11 et suiv.
5 Gr. Encycl., t. 14, p. 716 b.
6 Ezéchiel, xxi, 26. Trad. Ostehvald.
7 Gr. Encycl., 1.14, p. 716 6 et 718 a.
- 146 -

ventent dans le traité de magie écrit sous Sargon I er les pronostics


qui dérivent des songes 1 .
Ce pays avait aussi ses magiciens du mal et ses sorciers 2 , qu'on
redoutait fort : un hymne au dieu Soleil :! , traduit par Fr. Lenormant,
renferme cette invocation : «Toi qui mènes à la perdition les hommes
et les pays qui s'adonnent aux sortilèges et aux maléfices... i .»
La divination et la magie étaient en grande vogue chez les Chana-
néens 5 .
Il paraît en avoir été de même en Judée, bien que ni la loi mosaïque
ni les prophètes n'y fussent tendres pour les devins et les sorciers
(ce qui était peut-être un souvenir de l'Egypte, où, on l'a vu, la divi¬
nation était un monopole des dieux, autrement dit de la caste sacer¬
dotale). «Plus une conception est durement réprouvée par les pro¬
phètes et par les législateurs bibliques, dit très justement Perrot,
plus nous avons le droit d'affirmer qu'elle avait jeté des racines pro¬
fondes dans l'imagination et dans les habitudes de la race juive 6 . »
Le nom hébraïque du prêtre, Kohen, en araméen Kahen, signifie
primitivement devin 1 ; c'est encore aujourd'hui en arabe le sens de

Dans le code révélé par Dieu à Moïse, on lit : « Tu ne laisseras point


vivre la sorcière 8 .»
Ailleurs, l'Eternel dit aux Hébreux par le canal de ce prophète :
« Vous ne vous mêlerez point de deviner, ni de prédire l'avenir.» —
«Ne vous détournez point après ceux qui ont l'esprit de Python, ni
après les devins.»—«Pour ce qui est de la personne qui se détour¬
nera après ceux qui ont l'esprit de Python et après les devins, se
prostituant après eux, je mettrai ma face conlre cette personne-là, et
je la retrancherai du milieu de mon peuple. » — « Quand un homme
ou une femme aura un esprit de Python, ou sera devin, on les fera
mourir; on les assommera de pierres 9 .»
Plus loin, Dieu dit encore aux Hébreux: «Il ne se trouvera personne
parmi toi qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, ni devin qui
se mêle de deviner, ni pronostiqueur de temps, ni aucun qui fasse
des prédictions ni qui fasse des prestiges, ni enchanteur qui use d'en-

1 Menant : Bibl. de Ninive, p. 105.— J. Oppert, Gr. Encycl., 1.10, p. 237 b.


2 Maspeeo : Hist. de l'Orient, p. 157.
3 H'O'S} en assyrien comme en hébreu et en phénicien (arabe ^xs^m tunisien, plutôt
^T*" 1)-
4 Menant, loc. cit., p. 110.
5 Munk : Palestine, p. 93 h.
6 Peer. et Chip., t. III, p. 143.
7 Monk, p. 93 b., note 2.
8 Exodg, xxn, 18.
9 Lévitique, Xix, 26, 31 ; xx, 6, 27,
— 147 —

chantements, ni homme qui consulte l'esprit de Python, ni diseur de


bonne aventure,ni aucun qui interroge les morts; car quiconque fait
ces choses-là est en abomination à l'Eternel 1 .»
Du vivant de Samuel, « Saûl avait ôté du pays ceux qui avaient
l'esprit de Python et les devins»; ce qui ne l'empêche pas, après la
mort du prophète, d'aller consulter la pythonisse de Hendor 2 .
Manassé «prédisait le temps et observait les augures; il établit des
magiciens, et multiplia les diseurs de bonne aventure». Josias, au
contraire, «extermina ceux qui avaient des esprits de Python et les
diseurs de bonne aventure » 3 .
Un prophète stigmatise ceux « qui s'enquièrent des esprits de Py¬
thon, et des diseurs de bonne aventure qui marmottent et parlent
bas» 4 ; un autre, ses confrères «qui prophétisent pour de l'argent» 5 ;
un troisième est chargé par Dieu de dire aux captifs de Babylone :
«Que vos prophètes et vos devins qui sont.parmi vous ne vous sé¬
duisent point et ne croyez pas à vos songes que vous songez. Car ils
vous prophétisent faussement en mon nom; je ne les ai point en¬
voyés 6 .» Un dernier, enfin, s'écrie : «Les idoles ont parlé fausse¬
ment, et les devins ont vu le mensonge; ils ont proféré des songes
vains et ont donné des consolations de néant 7 .» Ce passage, toute¬
fois, ne dit nullement que tous les songes soient vains; de môme que
celui qui précède, s'il s'élève contre les rêves des exilés et contre les
prophètes qui sont au milieu d'eux, n'entend sans doute pas plus
condamner en bloc les songes que les prophètes.
La proscription ne semble pas avoir existé chez les Hébreux en ce
qui concerne l'interprétation des songes, dont on trouve dans la Bible
divers exemples : songe prophétique de Joseph; songes du grand
échanson,du grand panetier et du pharaon, expliqués par le fils de
Rachel; songe expliqué en présence de Gédéon,qui ajoute foi à l'in¬
terprétation; songe deNabuchodonosor, interprété par Daniel; songe
prophétique de Daniel 8 .
Dieu apparaît en rêve à Abimélech, à Jacob, à Laban, à Jacob encore,
à Salomon 9 .
L'Eternel dit: «S'il y a quelque prophète parmi vous, moi, l'Eter¬
nel, je me ferai connaître à lui eu vision, je lui parlerai en songe 10 .»
1 Deutèronome, xvm, 10.
2 I Samuel, xxvm, 3, 7.
3 II Rois, xxi, 6 ; xxm, 24.
4 Isaïe, vin, 19.
5 Michée, m, 11.
6 Jérémie, xxix, 8.
7 Zacharie, x, 2.
8 Genèse, xxxvn, 5; xli, 11. - Juges, vu, 13.— Daniel, n, 24; vu, 1.
9 Genèse, xx, 3 ; xxxi, 10, 24; xlvi, 2. — / Rois, m, 5.
10 Nombres, xii, 6. ?
— 148 —

Saùl consulte l'Eternel, et l'Eternel ne lui répond rien, «ni par


songe, ni par Urim, ni par les prophètes 1 ».
Job affirme que Dieu parle à l'homme «en songe, par des visions
de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, lorsqu'ils
dorment dans le lit » 2 .
Enfin l'Eternel s'exprime ainsi : « J'ai ouï ce que les prophètes ont
dit, en prophétisant le mensonge en mon nom, en disant: «J'ai eu un
songe, j'ai eu un songe.»... Que le prophète qui a un songe, récite ce
songe; et que celui qui a ma parole prononce ma parole en vérité 3 .»
Nous voyons dans l'Iliade (—x e s."?) des devins, comme Calchas,
et des oniropoles 4 .
A Carthage, des prophétesses, analogues aux pythies grecques, se
consacraient au service de Tanit et rendaient des oracles 5 .
Il se pourrait que la deggaza et la cerra'a, communes aux Juifs et
aux Arabes, fussent les héritières déchues des pythies de «la grande
dame Tanit, face de Baal », bien qu'il soit plus probable qu'elles con¬
tinuent les traditions de devineresses populaires, qui, à l'époque car¬
thaginoise et même auparavant, devaient exister en Afrique comme
ailleurs à côté des oracles officiels.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, l'interprétation des songes a existé de
tout temps chez les Juifs, comme chez les Chaldéens et les Egyptiens.
Quant à l'Arabe qui tire la bonne aventure au moyen de lignes
tracées sur le sable ou de combinaisons de petits cailloux, quant au
sorcier marocain chercheur de trésors, on les rencontre dans tout
l'Orient musulman, et à en croire les Mille et une nuits, ils floris-
saient à Bagdad au neuvième siècle de notre ère. Je ne saurais dire
d'où ils sortent, mais ils ont un air chaldéen ou plutôt sumérien 8 .
Charbon (page 120).
Dans une tombe de la nécropole de Byrsa où il n'y avait pas trace
de crémation, un grand vase «contenait seulement quelques petits
morceaux de charbon » 7 . Du charbon existait aussi dans une tombe
de Douïmès, à squelette 8 .
Indices trop vagues pour en rien conclure. Mais chez un peuple

1 I Samuel, xxvni, 6.
2 Job, xixm, 15.
3 Jérémie, xxm, 25, 28.
4 Gr. EncycL, t. 8, p. 865 b; 1.14, p. 725 b.
5 Babelon : Carthage, p. 69.
6 On a retrouvé divers mots sumériens et chaldéens dans les formules magiques
des époques chrétiennes (J. Opperï, Gr. Encycl., 1.10, p. 237 6).
7 R.P.-Delattre : Les tombeaux puniques de Carthage, 1890, p. 77.
8 Le même : Un mois de fouilles dans la nécropole punique de Douïmès, à Car¬
thage (février 1895). (Extrait de la Revue Tunisienne.) 1897. P. 8.
— 149 —

aussi foncièrement religieux que les Carthaginois, et dont les croyan¬


ces « avaient gardé la trace profonde d'un fétichisme antérieur» 1 ,
serait-il bien surprenant que les charbons de ce brasier de Baal-
Moloch, où étaient précipitées chaque année tant de victimes hu¬
maines, recueillis par les assistants en souvenir, eussent pris bientôt
aux yeux du peuple la vertu d'un talisman ? que même cette vertu se
fût étendue au charbon en général? Ce sont là,bien entendu, de sim¬
ples conjectures; je les donne pour ce qu'elles valent.
Blé (page 120).
A Carlhage comme à Cypre et comme en Sardaigne, on trouve
dans les sépultures des pendants d'areille ou de collier en or, figu¬
rant «un modius ou boisseau quadrangulaire où sont empilés des
grains de blé.Ce motif du boisseau, où le grain dépasse les bords de
la mesure, parait avoir été très à la mode» 2 .
Dans la nécropole de Douïmès, une tombe a fourni cinq de ces
pendeloques, une autre quatorze, une troisième dix, une quatrième
douze 3 .
Les bijoux carthaginois avaient, en général, un caractère reli¬
gieux 7»; divers faits me portent à penser que c'était ici le cas.
Sur dès stèles puniques, on voit des épis de blé 5 .
Des monnaies de Carthage, d'autres frappées par les Carthaginois
en Sicile, représentent au droit Perséphone-Tanit couronnée d'épis 6 .
L'emploi symbolique du blé survécut à l'indépendance. Une su¬
perbe tête colossale de Jupiter-Sérapis, trouvée à Douïmès et aujour¬
d'hui au Louvre, est coiffée, selon l'usage, d'un modius conique orné
d'épis de froment et de branches d'olivier 7 .
Des monnaies frappées à Carthage à l'effigie de Tibère (14-37) ont
au revers trois épis ; celui d'une monnaie romaine à'Hippo-Diarrhy-
ius (Bizerte) montre une déesse à deux cornes (Tanit ?) levant la main

1 A. Pavy : Histoire de la Tunisie, p. 19.


2 Pbrr. et Chip., 1. III, p. 821 et 822, et flg. 578,580 et 581, mêmes pages.
3 R. P. Delattre : La nécropole punique de Douïmès, 1893-1804, p. 25 a et 27 b et
flg.47,p. 26. — Le même :La nécropole punique de Douïmès, 1895 et 1896, p. 30.—
Musée Laviyerie de Saint-Louis de Carthage, pl. XXXII, iig. 0. — P. Gauckler :
Note sur des étuis puniques à lamelles gravées, en métal précieux (extrait des
C. R. de l'Ac. des Inscr., 1900), p. 3, note 1.
4 La loi religieuse des anciens Hébreux réglait la forme et la matière des bijoux du
grand-prêtre (Exode, xxvm). Chez l'homme néolithique, le bracelet de pierre, tout
au moins, était probablement un talisman (Gabriel de Mortillet : Le Préhistori¬
que, 2° éd., 1885, p. 565).
5 Perrot et Chipiez, t. III, p. 460.
6 Ihid.., fîg. 11 et 12, p. 51. — E. Babelon, dans Recherche des antiquités dans le
nord de l'Afrique* 1890, pages 178 et 179 et Iig. 36,37 et 39, p. 198 Aïs. — Le même -.Car¬
thage, fig. des pages 35, 38 et 83.
7 R. P. Delattre : Quelques tombeaux, etc., p. 6 et iig. de la page 7.
- 150 —

droite pour bénir et tenant de la gauche un caducée entre deux épis;


on voit encore trois épis, entre les jambes de la triquêtre sicilienne,
sur une monnaie de Clodius Macer (68) l .
Les royaumes de Numidie et de Maurétanie firent aussi du blé un
usage symbolique : l'effigie d'une monnaie de Hiempsal ou de Hiar-
bas (— I er s.) est une tête virile couronnée d'épis, avec le cheval au
revers; à Tingis (Tanger), on frappait des pièces à légende punique,
portant au droit la tête de Baal, au revers le croissant renversé et le
disque entre deux épis énormes 2 .
Enfin, sous la domination vandale, une monnaie de bronze auto¬
nome de Cartilage représente «une femme debout de face, tenant
des épis des deux mains levées», et le même motif figure au revers
d'une pièce d'argent de la 4 e année de Hunéric (481) 3 . Dans ces deux
derniers cas, à la vérité, il n'est pas bien prouvé que le symbole fût
punique, puisqu'il était employé aussi par les Grecs et par les Ro¬
mains, à qui les Vandales avaient pu l'emprunter. Les épis étaient
en effet l'attribut de Déméter-Cérès et de Perséphone-Proserpine, et
même on leur rendait à Eleusis un véritable culte 4 . Des épis étaient
aussi portés, chez les Grecs, par Tyché et par VAgathodœmon, chez les
Romains, par Bonus Eventas, le génie de la bonne fortune 5 . Un grand
épi figure au revers d'une monnaie de Métaponte 6 .
Quoi qu'il en soit, il est permis, ce me semble, de conclure de ce
qui précède que le blé était, chez les Carthaginois, consacré à Tanit,
déesse poliade (tout au moins lorsqu'elle eut été, vers le iv» siècle
avant notre ère, assimilée à Perséphone 7 ), et à Sérapis, par qui, au

1 Badelon, Rebherche, etc., p. 179, p. 180 et fig. 46, p. 199; Carthage, fig. de la p. 60
et iig.1 de lu p. 89. D'après M. Babelon, la tète au droit de la seconde pièce serait une
Junon : n'y a-t-il pas lapsus ? La légende, LIBERA, indiquerait Proserpine (N. Theil :
Dictionnaire de biographie, mythologie, géographie anciennes, 1865, p. 356 b; — Gr.
Encyel., t, 14, p. 39 a; — Nouveau Larousse illustré, t. 5, p. 673 a). Au surplus, il semble
que les Romains, accueillant avec leur facilité habituelle la grande déesse de Car¬
thage dans leur panthéon local, l'aient envisagée sous quatre aspects et scindée en
quatre divinités : Junon Cadestis, Cérès, Proserpine-Libéra et Vénus. Voir la monnaie
représentant le temple de Vénus-Tanit (Babelon : Carthage, p. 87; — Gesenius : Mo-
numenta, p. 168, et pl. 16,fig. c). De même, Baal-Hammon est peut-être devenu tout à
la fois Saturne et Jupiter-Sèrapis.
2 Babelon, Recherche, p. 181 et fig. 52, p. 199 bis ; p. 184 et fig. 84, p. 202.
3 Babelon : Carthage, p. 109, fig., et note 2; p. 110, fig., et note 1. — Le même, Re¬
cherche, p. 195, et fig. 303, p. 215; p. 199, et fig. 299, p. 215.
4 M. Collignon : Mythol. fig. de la Grèce, p. 242.— Gr. Encycl., 1.14, p. 39 a, et fig. 2,
même page.
5 Collignon : Mythol. fig., p. 321 et fig. 122 même page, p. 322. — M. Pkou, Gr. En¬
cycl., t. 14, p. 87 6. '
6 Fe. Lenormant : Monnaies et médailles, p. 101 et fig. 35. — Collignon : Manuel
d'arch. gr., fig. 125, p. 322.
7 Toutefois, il faut remarquer que les pendants en forme de boisseau de grain sont
antérieurs à cette assimilation.
— 151 -

diredeTertullien (160-240), les Africains de sou temps juraient exclu¬


sivement et en l'honneur de qui ils célébraient les serapiacœ cœnœ 1 .
Je n'oserais affirmer que le blé divinatoire de la deggaza vienne
de là, mais ce n'est certes pas impossible.
Caillou (page 120).
Tous ceux qui ont quelque peu séjourné dans l'Afrique tropicale
ont vu des nègres porter précieusemenl sur eux un .vulgaire caillou
roulé, de forme ou de couleur plus ou moins particulière,fétiche au¬
quel ils attribuent un pouvoir surnaturel.il est probable que l'homme
préhistorique n'agissait pas autrement; mais ce sera bien difficile
à établir, car les tombes de l'âge de la pierre ne sont pas closes, et
le caillou qui a été fétiche est semblable en tous points à un autre
caillou.
Ce qui esL certain,c'est qu'à partir de l'époque magdalénienne, on
a employé comme ornements ou comme amulettes (il se pourrait
même que les deux choses n'en eussent fait qu'une), de simples cail¬
loux troués naturellement ou qu'on perçait dans ce but 2 .
De petits cailloux roulés fluviaux,gravés ou non,faisaient souvent
partie des colliers chaldéens 3 .
Les Romains assuraient qu'un petit caillou « avalé par une biche et
trouvé dans ses excréments ou dans sa matrice»,porté en amulette,
empêche l'avortement 4 .
A Carthage, les tombeaux puniques fournissent assez fréquem¬
ment des cailloux non perforés, et qui, par conséquent, n'étaient pas
destinés à être portés au cou. Je relève les cas suivants dans les in¬
ventaires de mobiliers funéraires, trop rares et trop succincts au gré
des travailleurs, que nous devons au R. P. Delattre, l'habile et infati¬
gable savant dont les fouilles heureuses nous révèlent peu à peu une
civilisation deux mille ans ignorée.
Nécropole de Ryrsa (—vue s.?). — Un petit caillou noir, à lignes
blanches parallèles, espèce d'agate 5 .
Nécropole de Douïmès (— vue à — v e s.).— Une pierre blanche et
transparente (sorte de calcédoine) ayant la forme et la grosseur de
l'arachide ; une pierre dure, noire, longue de 0 m 039, à base plate et
à partie supérieure arrondie; un petit caillou de mer de couleur
grise ; de petites pierres polies rouges et blanches, affectant la forme

1 Delattre
: Quelques tombeaux, etc., p. 8.
. 2 Gabriel de Mortillet : Le Préhistorique, 2° éd., 1885, p. 397, 566, 569. — J. de
Baye : L'Archéologie préhistorique, 1888, p. 292 et 310.
3 Perr. et Chip., t. II, p. 662, et fig. 319 et 320, même page.
4 Pline, 1. XXVIII, c. lxxvii.
5 A.-L. Delattre -.Les tombeaux puniques de Carthage. La nécropole de Saint-
Louis. (Extrait de la Revue Archéologique, t. XVII, 1891.) P. 18.
de fèves; trois galets de mer noirs; des cailloux noirs polis ou galets
de mer; un petit galet carré en quartz 1 .
Nécropole des rabs ( —iv e à— 11e s.). — De petites pierres arron¬
dies et non perforées; deux petites pierres polies, une grise et une
noire; un petit galet de mer; de petits cailloux de mer roulés; un
caillou poli; deux galets de mer de la grosseur d'un œuf d'autruche;
deux petites pierres noires polies; de petits cailloux ronds; deux
petites pierres 2 .
Ces exemples suffisent à prouver que la présence de cailloux bruts
dans les sépultures puniques n'est pas accidentelle, mais doit être
attribuée à un rite de caractère très primitif. J'entrevois et j'espère
arriver à démontrer un jour que si Carthage avait emprunté, tant
par la Phénicie que directement, une partie de ses superstitions à
l'Egypte,elle en a reçu d'autres des indigènes libyens,chez qui l'âge
de la pierre parait avoir persisté fort tard, et dont, par suile, le féti¬
chisme avait des allures beaucoup plus grossières et plus préhisto¬
riques que celui des Egyptiens.
Un caillou plat, percé pour être placé dans un collier, a été trouvé
à Bordj-Chambi 3 .
A Paris, les Israélites qui vont au cimetière visiter une tombe, y
déposent un petit caillou. Malgré cette coutume, explicable par celle,
très ancienne, des monceaux de pierres érigés comme souvenirs,
j'estime que le caillou dont se sert la deggaza a probablement une
origine libyenne.

Fruits secs offerts aux génies (page 121).


C'était un usage très antique d'offrir aux dieux, outre la chair des
victimes, des aliments plus délicats. Une table égyptienne d'offran¬
des, sur une stèle de Tell-el-Amarna publiée par M. de Vogué 4 ,
montre des vases de vin surmontés de piles de pains. Dans la con¬
fession négative, au chapitre cxxv du Livre des morts, l'âme s'écrie :
«Je n'ai point détourné les pains des temples! Je n'ai point distrait

1 R. P. Delattre : Quelques tombeaux, etc., p. 20. — Le même : La nécropole pu¬


nique de Douïmès, 1893-1894, p. 26 a. — Le même : La nécropole punique de Douï-
mès, 1895 et 1896, p. 10,39,98,112 et fig.68, p. 111.— Le même: Un mois de fouilles,
etc., p. 4. — P. Gaucki.ek : Note sur des étuis puniques, etc., p. 17.
2 R. P. Delatthe : Cart/iage : La nécropole punique voisine de la colline de
Sainte-Monique. (Extraits du Cosmos.) Le premier mois des fouilles, janvier 1898.
1899. P. 8 b et 20 a. Troisième mois des fouilles, mars 1898. S. d. (1900). P. 4 a et 8 a.
Deuxième trimestre des fouilles, avril-juin 1898. S. d. (1901). P. 22 a, 22 b, 25 h et
flg. 56 même page, 26 b.
3 Bull, de la Soc. arch. de Sousse, 1905,1" semestre, p. 18.
4 Melchior de Vogué : Le Temple de Jérusalem, 1864, p. 33. — Perr. et Chip.,
t. IV, fig. 160, p. 311.
- 153 -

les gâteaux d'offrande des dieux 1 ! » Quand les Egyptiens sacrifiaient


un bœuf à Isis, ils en farcissaient l'intérieur de pains de pure farine,
de miel, de raisins secs, de figues, d'encens, de myrrhe et d'autres
substances odoriférantes 2 .
Les Babyloniens offraient douze ou trois fois douze pains sans le¬
vain, du vin, une sorte d'hydromel ou de cervoise,du miel, du beurre,
de l'huile, des dattes, du sel 3 .
Nous retrouvons chez les Hébreux les douze pains sans levain
(pains de proposition) 4 , le vin 5 , la cervoise? 6 , l'huile 7 ; nous y
voyons aussi des gâteaux salés, pétris de fine farine et d'huile
vierge 8 , des grains de blé rôtis 9 ; mais le miel est prohibé comme
le levain 10 .
Au temps de Jérémie (—vu fi s.,si l'on s'en rapporte à cet écrivain),
les femmes juives brûlaient de l'encens à «la Reine des cieux» (As-
tarté), et lui offraient des gâteaux à son image et des libations,
«comme avaient fait leurs pères »**.
Les Grecs plaçaient dans la tombe de leurs morts un gâteau de
miel (sans doute un gâteau au miel) destiné à fléchir Cerbère 12 .
Sur les stèles votives puniques et surtout néopuniques, il n'est
pas rare de voir figurer des fruits ou d'autres comestibles qui, tout
en ayant leur signification mystique propre, sont vraisemblablement
des offrandes en effigie. Ce sont généralement la grenade,la pomme
de pin, et deux figures, l'une en losange ou en fuseau large, l'autre
en huit ouvert à un bout, que les orientalistes considèrent comme
représentant des gâteaux ou pains 13 . Cet usage se retrouve même
sur les monuments à inscription latine, comme le montre notam¬
ment une stèle votive à Saturne Auguste, provenant du Khanguet-el-

1 Maspero, Hist. anc. de l'Or., p. 45.


2 Hérodote, livre II, chap. xl.
3 Alf. Jeremias : Dos Alte Testament, p. 267.
4 Exode, xxv, 30; xxxv, 13; xxxix, 36. — Lévitique, xxiv, 5-6. — Nombres, iv, 7.
— Etc.
5 Exode, xxix, 40. — Nombres, xv, 5, 7,10 ; xxvm, 14. — Etc.
6 Nombres, xxvm, 7.
7 Genèse, xxxv, 14.— Lévitique,u, 4 el suiv.; v,ll ; VI, 21 ; vu, 12; xiv,10 et suiv.—
Nombres,^, 15; VI, 15. — Etc.
8 Exode, xxix, 40. — Lévitique, n, 4 et suiv.; vu, 12; xiv, 10 et suiv. — Nombres,
vi, 15.—Etc.
9 Lévitique, H, 14.
10 Ibid., a, M.
11 Jérémie, xliv, 17,19, etc.
12 Nouveau Larousse illustré, t. 2, p. 621 c.
13 M. le docteur Carton m'écrit, toutefois, qu'il s'est demandé bien souvent si le
premier schéma n'est pas plutôt celui du poisson.
— 154 —

Hadjaj et publiée par M.Jules Renault 1 (voir la figure); trois gre¬


nades y sont rangées eu ligne au-dessous de la dédicace.

Stèle votive du Khanguet-el-Hadjaj

Le caractère d'offrande est manifeste sur des stèles néopuniques


où l'on voit un personnage debout, tenant deux gâteaux dans ses
mains élevées 2 .
Les Carthaginois, comme la plupart des peuples de l'antiquité,
plaçaient dans les tombes des aliments, entre autres des fruits. Une
sépulture fort ancienne de Byrsa a fourni au P. Delattre des coques
d'amandes,qui,par extraordinaire, s'étaient conservées durant vingt-
cinq ou vingt-six siècles 3 .
Afin de rendre plus durables les offrandes aux morts, on rempla¬
çait souvent les fruits véritables par leur imitation en tèrre cuite
peinte; le musée de Carthage possède toute une collection de ces
fruits artificiels : grenades, amandes, figues, raisins, etc. 11 est assez
vraisemblable qu'on prenait parfois un moyen terme, en substituant,
par exemple, des figues et du raisin secs aux fruits frais.
Si tout cela ne prouve nullement que l'usage tunisien d'offrir des
1 Revue Tunisienne, 1905, p. 473.
2 Ph. Berger, in Recherche des antiquités, p. 75 et flg. 31.
3 Delattre : Les tombeaux puniques de Cartilage, p. 77.
- 155 -

fruits secs aux jnoun ait une origine carthaginoise,il le fait du moins
paraître possible.
Formules magiques (pages 128 et 131).
Les papyrus égyptiens nous ont conservé des invocations à des
divinités pour en obtenir Ou en contraindre le concours, des formu¬
les combinant des recettes médicales avec des appels au démon qui
devait les rendre efficaces 1 .
Une figurine du dieu Bès, trouvée à Doufmès dans une sépulture
punique, porte au revers une inscription égyptienne: «D'aprèsM.Mas-
pero, ce serait une de ces formules magiques auxquelles les anciens
peuples attribuaient une influence superstitieuse pour se préserver
des animaux nuisibles» 2 .
J'ai parlé (page 138) de l'antique livre de magie copié par ordre
d'Assur-ban-abal et du nom secret qui faisait fuir les démons. Les
Chaldéo-Assyriens avaient aussi des formules de sorcellerie :
« L'imprécation mauvaise,dit un texte traduit par Fr. Lenormant,
tombe sur l'homme comme un démon mauvais; la voixqui crie existe
sur lui; la voix malfaisante existe sur lui; l'imprécation mauvaise
est l'origine de la maladie; l'imprécation malfaisante égorge l'homme
comme un agneau; le démon malfaisant qui est dans son corps fait
sa blessure; le démon femelle lui cause des angoisses,et la voix qui
crie^ pareille à une hyène, le subjugue et le domine 3 . »
Des amulettes babyloniennes de basse époque, faites d'un mor¬
ceau de bitume, portent des mots cabalistiques gravés en langue
grecque 4 .
Les Hébreux paraissent avoir conjuré les serpents par des incan¬
tations. Un psaume compare les méchants à « l'aspic sourd, qui bou¬
che son oreille, qui n'écoute point la voix des enchanteurs, du char¬
meur expert en charmes ». « Si le serpent mord, n'étant pas enchanté,
dit l'Ecclésiaste, le médisant ne vaut pas mieux.» Jérémie prête ces
paroles à l'Eternel : « Je vais envoyer contre vous des serpents, des
basilics, contre lesquels il n'y a point d'enchantement, et ils vous mor¬
dront 5 . »
La cabale, il est oiseux de le rappeler, abonde en formules... caba¬
listiques.
A Rome, on croyait «que les destinées et les présages de grands
événements sont changés par des paroles » 6 .

1 Gr.Encycl., t. 25, p. 206 a.


2 Delattre : Nécrop. de Doiïùnès, 1895-1896, p. 131.
3 Menant : Bibl. de Ninive, p. 109.
4 Maspero, Hist. anc. de l'Or., p. 163.
5 Psaumes, lviii, 4-6. — Ecclésiaste, x, 11. — Jérémie, vn\, 17.
6 Pline : Hist. nat., 1. XXVIII, c. iv.
— 156 —

La loi des Douze tables (— 450) punit quiconque aura fait des in¬
cantations contre les récoltes (qui fruges excantassit) ou usé d'une
incantation malfaisante (qui malum carmen incantassit)^.
Suivant Altale Philométor, roi de Pergame (—138 à —133), on pa¬
ralyse le scorpion en prononçant le mol. deux 2 . «D'aprèsDémocrite,
disent les Geoponica, aucun serpent n'entrera dans un pigeonnier si
l'on inscrit aux quatre angles le nom d'Adam 3 .» Virgile parle d'un
prêtre tnarrubien (ou marse)qui endormait les reptiles par des chants
et des passes 4 . Pline confirme que les Marses étaient connus pour
dompter les serpents (...quos esse domitores serpentium constat)"0 .
Les Romains avaient aussi des paroles d'impétration, de dépul¬
sion, de recommandation; sur les murs, ils écrivaient des dépréca-
tions contre l'incendie; les mots employés étaient ou étrangers et
«impossibles à prononcer», ou d'une latinité extraordinaire 6 ;
En Afrique, au i er siècle, on n'entreprenait rien sans avoir pro¬
féré le mot Africa 1 . Plus tard, on gravait, à Carthage, des impréca¬
tions sur des lamelles de plomb qu'on glissait dans une tombe. Il en
a été trouvé près de cent cinquante; le conduit des libations d'une
sépulture du cimetière des officiâtes, notamment, en était rempli 8 .
Une de ces curieuses tabulée execrationis, écrite en grec, a été publiée
par un Père Blanc 8 : c'est un sortilège d'auriga contre un de ses ad¬
versaires du cirque.
Dans certaines provinces de France, on trouve encore aujourd'hui
des sorciers qui prélendent guérir les animaux par des paroles; j'en
ai connu un en Bourgogne.
Tous les peuples anciens ayant cru au pouvoir mystique des mots,
on ne saura peut-être jamais exactement par quelles étapes cette
croyance est venue aux Juifs tunisiens; néanmoins, il y aurait grand
intérêt à recueillir les diverses formules que ceux-ci emploient et à
noter les cas où ils en font usage.

1 Pline : Hist. nat., 1. XXVIII, c. iv.


2 Attalus affirmât, scorpione viso, si quis dicat duo, cohiheri, nec vil>rare ictus.
— Ibidem, 1. XXVIII, c. v. — De même, les nègres de la Réunion (pour ne pas dire
les créoles) croient qu'on rend inoffensif le cent-pieds, myriapode redoutable, rien
qu'en proférant son nom.
H M. Berthelot, Gr. Encycl., 1.14, p. 69 a.
4 Vipereo generi et graviter spirantibus hydris
Spargere qui somnos canluque manuque solebat.
Enéide, 1. VII, v. 753.
5 Pline, 1. XXV, c. v ; 1. XXVIII, c. iv.
6 Ibid.il. XXVIII, c. m et iv.
7 Ibid., c. v.
8 A.-L. Dulattre : Les cimetières romains superposés de Carthage (extrait de
la Revue archéol, 1898, II. p. 82), 1899, p. 24.
9 R. P. Mo lin 1ER : Imprécation gravée sur plomb trouvée à Carthage (extrait des
Mém. de la Soc. des Antiq. de France, t, LVIII), 1899.
— 157 -

Parvenu à ce point de mon élude, je m'aperçois qu'elle prend des


proportions que ne comporte pas un hors-d'œuvre, et, ce qui est plus
grave,qu'elle menace de relarder longtemps la publication du tra¬
vail principal. Je me contenterai donc à l'avenir d'indiquer les gran¬
des lignes, sans mention de sources, pour un certain nombre d'ar¬
ticles, me réservant de les traiter ailleurs avec les développements
requis.
Le mauvais œil (page 128).
Les Targums voient dans la Bible diverses mentions de l'œil mal¬
faisant; c'est également l'opinion de Winer,mais elle n'est pas par¬
tagée par Gesenius. Le mauvais œil est nommé dans le Vendidad,
seulement on n'est pas d'accord sur l'âge de ce livre.Le plus ancien
écrivain d'époque certaine qui parle explicitement de celte influence
maligne serait Cicéron (— 1UG à — 43) : il assure, teste Pline, que
« partout, toute femme à doubles prunelles nuit par son regard».
J'ignore si le grand orateur avait vu beaucoup de personnes répon¬
dant à ce signalement. Virgile fait dire à un berger : «Je ne sais quel
œil jette un maléfice sur mes tendres agneaux. »
Les phallus que montrent plusieurs maisons de Pompéi étaient
destinés, croit-on, à conjurer le mauvais œil.
Cette superstition a une tournure tout orientale, et de fait, c'est en
Orient qu'elle a toujours été le plus répandue; elle avait sans doute
été importée à Rome par les mages, qui y étaient influents bien avant
notre ère.
Une des amulettes qu'on trouve le plus fréquemment dans les sé¬
pultures égyptiennes est Voudja (ûzâ d'après Maspero), œil d'un
dessin particulier, que les égyptologues appellent encore l'œil sym¬
bolique, l'œil mystique ou l'œil d'Osiris; elle était également à l'u¬
sage des vivants.
A Cartilage, où ils sont communs, les oudjas de fabrication locale
sont des yeux gauches, ce qui s'accorde bien avec le caractère lunai re
de Tanit 1 . Je ne sais si ce curieux détail avait été relevé.
J'ai parlé ici de l'oudja, parce que divers indices, légers à la vérité,
me font penser que pour les Carthaginois tout au moins, ce talisman
n'était pas sans connexion avec le mauvais œil. J'en dirais autant des
visagescudimentaires peinls en grand nombre sur des disques d'œuf
d'autruche dans l'intention manifeste de représenter la face de la
lune, et où les yeux sont d'habitude énormes; des amulettes en forme
de masque à grands yeux tout ronds; enfin, du croissant renversé
sur le disque, symbole qui, à mon sens, n'a été placé dans cette posi-

1 (kh'ûzâ est l'œil du dieu, dit Maspero : l'œil droit du dieu est le soleil, son œil
gauche est la lune.»
- 158 -

tion bizarre que pour figurer l'œil et son sourcil et adjoindre par là
à sa vertu propre celle de l'oudja.
Beaucoup d'autres amulettes carthaginoises ont pu être également
dirigées contre le mauvais œil.
Parmi les préservatifs les plus prisés des Tunisiens, j'ai oublié de
citer un sachet qu'on porte au cou, rempli de cumin noir 1 .
Il convient encore de mentionner,dans le même ordre d'idées, le
schadday,qui a, lui,un caractère religieux. C'est une plaque d'argent
portée aussi au cou, et sur laquelle est gravé, avec différents sym¬
boles, le mot v-jW (Tout-Puissant)' 1 .
Lorsqu'on soupçonne qu'une maladie provient du mauvais œil,on
s'empresse d'appeler le kha/faf 3 , vieillard « doué du bon œil ». Cet
homme fortuné prend une poignée de sel at la promène sur le corps
du patient en récitant à voix basse une longue formule. Tous les as¬
sistants crachent ensuite sur le sel, dont une moitié est jetée au feu
et l'autre à la rue. Si le malade était réellement sous l'influence du
mauvais œil, il ne peut manquer de se sentir immédiatement soulagé.
Quelqu'un se plaint-il à vous qu'un des siens ou que lui-même est
malade? II faut vous hâter de répondre :« Tel de mes parents l'est
également», ou : «Moi aussi ». A défaut de cette conjuration, le mal
abandonnerait la fami Ile de votre interlocuteur et passerait à la vôtre.
Le Khamsa (page 129).
L'homme quaternaire (âge du renne) a représenté assez souvent
dans ses gravures des mains détachées; ce sont des ovales avec
quatre ou trois traits figurant les doigts. Ces dessins répondaient-ils
à une préoccupation mystique? G. de Mortillet affirme catégorique¬
ment qu'il n'y a pas eu trace de religiosité antérieuremet à la pierre
polie ; mais c'était chez lui un système qui a trouvé plus d'un contra¬
dicteur.
Sur les dolmens de Mane-Lud, en Bretagne, la main, coïncidence
curieuse, est figurée par le même schéma qu'en Egypte dans l'écri¬
ture hiératique.
En signe d'adoration ou de déprécation, les Egyptiens élevaient
les deux mains, quelquefois la main droite seule, la paume en avant,
les doigts allongés et joints. Ce geste, que les égyptologues appel¬
lent l'attitude de l'orant ou de l'adorant, était sans doute à l'origine
celui que l'homme fait instinctivement lorsqu'il est attaqué par un

1 J^'î iJJ^> semence aromatique dont les Arabes saupoudrentsouvent leur


pain avant de le cuire. C'est, je crois, la nigelle cultivée (Nigella sativa).
2 Ce surnom divin figure également sur les mezouzoth (voir page 86, note 4).
3 qlfca., qui soulage par métier.
— 159 -

ennemi plus fort. Les dieux lèvent de la même façon une main pour
protéger ou bénir.
Une castagnette égyptienne en ivoire se termine par une main al¬
longée, qui paraît être autre chose qu'un simple ornement.
En Chaldée, on trouve dès l'antiquité la plus reculée les mêmes
attitudes de l'orant et du dieu qui bénit; niais d'habitude le premier
ne lève que la main droite comme le second. Des cylindres chal-
déens représentent une main levée couronnant une pyramide, entre
deux orants; ce qui indiquerait que la main isolée, faisant ce geste,
était un des symboles de la divinité. C'est sans doute par suite de
l'usage dè surmonter les stèles d'une main que l'hébreu "p, propre¬
ment main, signifie aussi monument (de victoire ou sépulcral).
Chez les Hébreux, on priait « les mains étendues vers le ciel 1 », et
cette posture avait un pouvoir magique : dans le combat de Josué
contre Hamalek, les Israélites sont victorieux tant que Moïse a les
mains levées.
A Carthage, l'orant lève la main droite, les doigts joints, la paume
en avant; on voit des personnages dans cette posture sur un grand
nombre.destèles,sur les.sacrophages anthropoïdes de basse époque,
sur les rasoirs rituels en bronze; ceux-ci étant presque tous de style
égyptisant, les deux mains, par exception, y font souvent le même
geste. Des dieux sont représentés levant la main droite.
Beaucoup de stèles et d'amulettes montrent la main seule. Elle est
quelquefois fermée dans les secondes,ce dont le sens m'échappe; on
y voit aussi des avant-bras.
A Gamart,6iï ha-haïm des Juifs carthaginois, Beulé a trouvé des
grafiites grossiers figurant une main étendue.
On ne saurait douter que le khamsa ne soit la survivance de la
main ouverte chaldéenne et punique; c'est.d'ailleurs l'opinion qu'ont
émise nombre de savanls, et il ne parait pas absurde de supposer
que cette main visait le mauvais œil autrefois comme aujourd'hui.
En Algérie, l'amuletle est restée une main véritable, et les cou¬
tumes relatives au mauvais œil y diffèrent quelque peu de celles de
Tunis.
On porte à Naples, pour se garantir du mal d'occhio, de petites
mains de corail ou d'une pierre jaunâtre très fine,.sans doute volca¬
nique; mais le-médius et l'annulaire y sont fermés, l'index et l'auri¬
culaire « faisant les cornes ».
La verrerie d'Hébron,en Palestine, fabrique une amulette repré¬
sentant « une main aux deux doigts étendus : c'est un préservatif
contre le mauvais œil,et on l'appelle kef-Miriam,\a main de Marie».

1 II n'est pa^gans intérêt de remarquer que les musulmans, dans une des cinq atti¬
tudes de la prière, tiennent les deux mains levées, la paume en avant......
— 160 -

Dans la symbolique chrétienne, la main ouverte sortant d'un nuage


est un des emblèmes de Dieu.

Le nombre cinq (page 128).


Le nombre cinq, qui se substitue à la main dans les formules con¬
tre le mauvais œil, a-t-il eu par lui-même, dans l'antiquité, un sens
cabalistique? Une série de menus laits me feraient pencher pour
l'affirmative; je citerai seulement les principaux.
Dans l'écriture hiéroglyphique d'Egypte, l'étoile à cinq rayons est
un déterminatif d'étoile, de constellation, de dieu. Les fresques et les
papyrus symbolisent le ciel par une femme au corps semé des mê¬
mes figures.
Des sept planètes, cinq étaient de bon augure chez les Chaldéens;
peut-être est-ce pour ce motif qu'ils ont eu une semaine de cinq jours,
fait considérable, vu le cachet religieux de leur calendrier 1 .
Le pentagramme ou pentacle (pentagone étoilé),qui joua un grand
rôle chez les pythagoriciens et les astrologues, venait très probable¬
ment de l'ancienne Babylone, car il est établi que l'heptagramme,
symbole absolument analogue, y était usité.
Dans une des sépultures dites haouanet, découvertes au djebel
Beheiil par M. Deyrolles, et qui seraient libyques d'après le D r Ber-
tholon, on voit figurer un pentagramme.
La Bible parait attacher quelquefois au nombre cinq un sens mys¬
tique; ainsi, Benjamin a une portion cinq fois plus grosse que ses
frères,il reçoit cinq robes au lieu d'une; quand on a planté un arbre,
on n'en doit manger les fruits que la cinquième année.
On se garantit du mauvais œil, d'après un midrasch, en portant une
plaque d'argent sur laquelle est gravée la lettre ri (correspondant
au chiffre 5). Dans la cabale, ce caractère signifie malkhouth (règne);
il serait intéressant de rechercher si la littérature cabalistique en
dit autre chose.
Les mahométans prient cinq fois par jour et prennent dans la
prière cinq attitudes.
La rue (pages 130 et 131).
Selon saint Luc, Jésus parle de cette plante; la Mischna la compte
parmi les herbes potagères non soumises à la dlme 2 ; les Romains
la considéraient comme un spécifique puissant contre une foule de
maladies, et croyaient qu'elle poussait mieux quand elle avait été
1 Chaque jour de la semaine étant consacré à une planète, ils devaient dans ce cas,
comme les Egyptiens pour leur liste des cinq divinités épagomènes,éliminer les
deux planètes néfastes, Saturne, et Mars, en identifiant la première avec le soleil et
la seconde avec la lune.
2 Munk : Palestine, p. 19 a.
— iéi —

volée 1 . Mais j'ignore si les anciens lui ont attribué des propriétés
surnaturelles.
Le poisson (pages 128 et 130).
L'homme de l'âge du renne a souvent reproduit le poisson sur ses
gravures; il portait comme ornements ou comme amulettes des ver¬
tèbres de poisson percées au centre. On retrouve ces vertèbres en
collier à l'époque néolithique.
Les Egyptiens avaient des poissons sacrés, qui vivaient dans des
étangs; à Esneb, la Latopolis desGrecs, un poisson du Nil était adoré
comme incarnant la déesse Nit 2 .
Le dieu sutnéro-chaldéen Ea participait de l'homme et du poisson ;
les Sumériens l'appelaient « le grand poisson, le poisson sublime ».
Un de leurs hymnes parle de «celui qui courbe les montagnes, le
poisson aux sept nageoires ». Une constellation est nommée «le pois¬
son d'Ea». M. de Sarzec a l'apporté de ses touilles de Tello un petit
poisson qui éLait sans doute une amulette (Louvre). En s'embarquant
sur le golfe Persique, Sennachérih (—705 à —681) jette à la mer, en
guise d'offrande au dieu Ea, de petits vaisseaux et de petits poissons
en or.Des poissons figurent avec un sens religieux sur des cylindres
chaldéens. Le culte du poisson, symbole de la fécondité,a d'ailleurs
été répandu dans l'antique Orient, surtout chez les peuples riverains
de la mer. Les Phéniciens, notamment, avaient un dieu à queue de
poisson, appelé Tan ou Tanin. Actuellement encore, d'après Renan,
on vénère des poissons dans plusieurs localités de la Syrie 3 .
On sait que deux poissons forment un des signes du zodiaque; ce
signe correspondait en Ghaldée au mois d'addaru (hébreu adar),
appelé par les Sumériens mois du bon augure. Au Louvre, un frag¬
ment de bas-relief portant le n° 30 représente un vase d'où s'échap¬
pent à droite et à gauche des filets d'eau; deux poissons affrontés
semblent nager sur ceux-ci. Nous avons là évidemment les signes

1 Pline, 1. XX, t. li; 1. XIX, c. xxxvn.


2 Le fait est d'autant plus intéressant, que le D 1' Bertholon (Origines néolithique et
mycénienne des tatouages des indigènes du nord de l'Afrique, extrait des Archives
d'Anthrop. crimin., 1904, p. 26) voit dans le nom de laTanit punique celui de la déesse
Neith ou Nlt, auquel est préfixé l'article libyen. L'hypothèse est très plausible. Neith
a, d'après De Rougé « les plus grands rapports avec la Tanit phénicienne » ; elle parait
être d'origine libyque. Baal-Hamrnon lui-même, associé à Tanit par les Carthaginois
et substitué par eux au Melqart phénicien comme dieu suprême, n'est autre que l'Am-
mon-Rà thébain adoré en Libye. L'emploi de l'article ta indiquerait que Carthage a
reçu ces divinités des Libyens directement et non des Egyptiens.
3 Mon savant collègue et ami M. Gabriel Médina a lu chez un auteur qu'il croit être
M. de Vogué, qu'aux environs de Sidon, on jette des aliments aux poissons d'un cer¬
tain puits. De même, ici, les femmes de Sousse porteraient une fois l'an du couscous
au bord de la mer et l'offriraient aux poissons.
— 162 —

du Verseau et des Poissons, et comme le monument vient de Tello,


je présume qu'il remonte au peuple de Sumer.
Dans l'Inde, un cycle de légendes attribue au poisson un rôle mys¬
tique et donne pour prédécesseur aux Aryas un peuple (kouschite?)
appelé les Matsyas, c'est-à-dire les poissons. Manou est sauvé du dé¬
luge par un poisson divin qui était un avatar de Vieilnou.
La Bible nous montre les poissons légendaires de Jonas et de
Tobie.
A Cartilage, nombre de stèles et certaines lampes portent soit un
poisson isolé,soit deux poissons affrontés; dans les tombes,cet ani¬
mal est une amulette fréquente (le dauphin, que les anciens regar¬
daient comme un poisson, est représenté plus souvent que les autres
espèces). De plus, les sépultures puniques fournissent des vertèbres,
des dents ou des otolithes de poisson, qui sont manifestement des
talismans. Une poterie en forme de poisson a été trouvée à Byrsa.
Des oudjas de fabrication carthaginoise prennent, par l'allonge¬
ment exagéré de l'œil et le déplacement de la prunelle vers la gau¬
che, un aspect de poisson, probablement voulu ; ici encore, il y avait
combinaison de deux symboles.
Le poisson figure souvent sur les monnaies des Carthaginois,
comme sur celles des Grecs.
Un moule de terre cuite du musée de Cagliari montre cinq pois¬
sons disposés en cercle, ce qui fait songer aux «cinq zerrafas» des
Juives tunisiennes.
Dans la hanout (libyque?) du djebel Behelil où se trouve le penta-
gramme, on voit en outre deux poissons affrontés à une niche.
Le dauphin est un des animaux qui figurent sur les vases très an¬
ciens de Mélos et de Théra, et qui y ont sans doute un caractère sym¬
bolique.
Les premiers chrétiens firent du poisson l'emblème du Christ, ce
qu'on expliqua après coup à la façon rabbinique par le mot d'ini¬
tiales î/Oûç; ils portaient au cou des poissons d'agate,amulettes vrai¬
semblablement empruntées aux païens : un poisson en calcédoine
laiteuse, entré en 1898 aux Antiqui tés grecques duLouvre, a été trouvé
en Cyrénaïque par M. Clermont-Ganneau, et il n'y a, que je sache,
aucune raison d'attribuer à cet objet une origine chrétienne.
On voit un dauphin et un serpent sculptés en haut relief Sur une
dalle trouvée à Cypre, et qui porte une inscription, malheureusement
illisible, en caractères cypriotes 1 . Je ne mentionne pas la mosaïque
romaine de Mokenine, dans laquelle M.Gauckler avait cru recon¬
naître «un œil vu de face, attaqué par un poisson et deux serpents

1 A la vérité, l'alphabet cypriote a été en usage au moins jusque sous les derniers
Ptolémées (— i" siècle).
- 163 —

qui préservent de ses maléfices la maison et ses habitants », parce


qu'on donne aujourd'hui de ce monument une interprétation toute
différente. Mais peut-être faut-il attribuer à une idée superstitieuse
la fréquence des représentations de poissons sur les mosaïques.
M. Derenbourg mentionne une ancienne bible juive ornée de des¬
sins, parmi les ornements de laquelle on voit de poissons.
A Tunis, en dépit de la répugnance des musulmans à figurer ce qui
a vie, la plupart des charretiers indigènes font peindre un poisson
sur leur araba, pour préserver ce véhicule du mauvais œil 1 ; des in¬
dustriels arabes fabriquent, à l'usage de leurs coreligionnaires de la
basse classe, de grossières boucles de ceinture en cuivre, en forme
de poisson ou de tortue; les artistes du cru représentent volontiers
le poisson sur les gargoulettes, les coffres, les étagères, les sofas ornés
de fleurs aux couleurs éclatantes sur fond d'or, qui sont une spécia¬
lité du pays; enfin, les potiers de Nabeul ont un modèle de vase re¬
produisant un poisson, tout comme ceux de Byrsa.
En France et en Italie, le poisson est une breloque fort commune,
que certaines personnes regardent comme un porte-bonheur.
Il est, en somme, assez vraisemblable que la croyance à la vertu
magique du poisson, préhistorique sans doute, est venue aux Tuni¬
siens par l'intermédiaire des Carthaginois.

La tortue.
La tortue, dont j-'avais omis de parler, est considérée par les Arabes
tunisiens comme une sauvegarde contre le mauvais œil, aussi tien¬
nent-ils souvent chez eux une tortue vivante. Il en est de même des
Mallais habitant 'J'unis.
Les Juifs, sans avoir pour ce reptile une sympathie aussi grande,
le regardent pourtant comme utile dans certains cas; ainsi, quand
une famille a perdu plusieurs enfants, elle se procure parfois une
tortue en vie, pour la préservation de ceux qui restent.
Par contre, mon ami M. Boussoulrot, officier-interprète principal,
a constaté que chez les Catalans (chez ceux d'Algérie tout au moins)
la tortue est réputée porler malheur.
Un fragment de carapace de tortue, retaillé, poli et percé d'un trou
de suspension, a été trouvé dans une caverne néolithique de la
Marne; mais ce pouvait être un simple ornement 2 .
En Egypte, la tortue est, je l'ai dit, une des formes que donnent au
principe mauvais les papyrus funéraires. Cependa.it, une castagnette
égyptienne en ivoire nous montre ce reptile associé à d'autres figures
1 Voir, plus loin, l'article Décoration des aratias.
2 J. de Baye : L'Archéologie préhistorique, p. 311.
- 164 —
r
dont le rôle protecteur n'est pas douteux : scarabée, uraeus ailé, dieu
Sovkou, dieu Bès, etc. 1 .
Sur un zodiaque chaldéen de la dixième année de Marduk-nadin-
akhi (—1220 d'après Oppert, —1117 selon Jeremias), un autel ou un
trône en forme de temple sert de support à une lortue, ce qui indi¬
querait que cet animal était le symbole d'un dieu 2 . La tortue figure ,
encore sur une borne du temps de Nebukadnezar !<"•(—1240 à —1234),
peut-être aussi sur la pierre de Marduk-abal-iddin ou Mérodach-Ba-
ladan le'' (—1273 à —1260) 3 .
Selon Confucius, la « Tortue spirituelle » apporta au grand lu la
révélation de tous les secrets de la Nature en quelques signes mys¬
térieux tracés sur son dos /l .
Les Brahmanes peignent le monde porlé par une tortue, symbole
de la force et du pouvoir conservateur 5 . Ce reptile a incarné un ava¬
tar de Vichnou °.
Les chandeliers du culte bouddhique représentent une cigogne te¬
nant le lotus dans son bec et perchée sur une tortue 7 .
La plus ancienne monnaie d'argent, celle que Phidon d'Argos fit
frapper à Egine ( — vue s.), est au type de la tortue 8 . Les Grecs don¬
naient la tortue d'eau douce pour compagne à Aphrodite 9 .
Le Dumias des Arvernes, une des nombreuses divinités gauloises
assimilées à Mercure, avait une tortue parmi ses attributs 10 .
Une amulette en forme de tortue, trouvée dans les fouilles de Tim-
gad, est entrée aux Antiquités romaines du Louvre en 1897 11 .
Je ne connais pas de représentation de ce reptile chez les Cartha¬
ginois, et le P. Delattre m'écrit qu'il n'en a jamais rencontré.
Au moyen âge, on voit une tortue parmi d'autres figures symboli¬
ques sur un chapiteau roman de Saint-Parize-le-Châtel (Nièvre) 12 .
Le serpent (page 132).
Comme la tortue et le poisson, le serpent est pour les Arabes de

1 Perrot et Chipiez, 1.1, fig. 577, p. 838.


2 Jeremias : Das Alt3 Testament, fig. 3, p. 9.— Perr. et Chip., t. II, flg. 233, p. 509..
3 Jeremias, loc. cit., fig. 1 et 2, p. 9. — Perr. et Chip., t. II, flg. 10, p. 74. — Il se
pourrait que la tortue remplaçât sur ces monuments le signe de I'Ecrevisse ou Can¬
cer.
4 F. Farjenel, Journ. As., 1901, II, p. 28.
, 5 Ed. Charton : Voyageurs anciens et modernes, 1.1, 1876, p. 11, figure et note 1.
0 Sylvain Lévi, Gr. Encycl., t. 20, p. 101 a.
7 Charton, loc. cit., p. 367, figure; et ma collection.
8 Fr. Lenormant : Monnaies et médailles, p. 18, et flg. 3, p. 19; fig. 30, p. 93. —
E. Bahelon, Gr. Encycl., t, 15, p. 606 b et fig. p. 607.
9 Charton, loc. cit., p. 280, note 1.
10 FlOUest, Bull, des Antiquaires de France, 1887, p. 241.
11 Héron de Villeposse, Bull, des Antiq., 1897, p. 423.
12 De Caumont : Arcliéoloyie religieuse, p. 189, lig. 2.
— 165 —

Tunis un préservatif contre le mauvais œil, aussi n'ont-ils garde de


le détruire. « C'est, disent-ils, le maître de la maison 1 », qualification
qui fait songer aux dieux lares des Romains.Un de mes amis ayant
loué une maison indigène, le propriétaire, qui lui voulait du bien,
introduisit chez lui un serpent à son insu.
Il y avait en Egypte des serpents sacrés. Kneph, dieu de la bien¬
faisance etde la fécondité,identifié parles Grecs avec Agathodsemon,
est représenté dans les anciens monuments sous la forme d'un ser¬
pent couronné; la déesse Neheb.par un serpent portant la couronne
du Midi ; la déesse Uati, par un serpent portant la couronne du Nord.
D'autre part, nous avons vu (page 134) que le serpent est une des fi¬
gures du principe du mal. Un serpent est placé au-dessus d'un temple
sur la stèle d'Abydos dite du roi Serpent, dans la collection De Mor¬
gan, au Louvre (période thinite, vers l'an —5000).
Le talisman le plus employé, je crois, par les Egyptiens est l'urœus
ou naja, symbole de la divinité, de la royauté et des deux divisions
du ciel.
Dans la religion suméro-chaldéenne, le serpent est aussi un em¬
blème sacré; on le voit figuré sur les monuments les plus divers.
Ainsi,une enveloppe de vase du temps de Goudéa, patêsi (vice-roi?)
de Sirpourla vers le —xxx e siècle, nous montre un caducée qu'on
croirait de la meilleure époque grecque 2 . Un autel de bronze de la
collection De Morgan (vers —1100) est bordé de deux gros serpents.
Une ainuletle de pierre en forme de tête de serpent figure parmi les
ex-voto déposés par les fidèles dans les fondations du temple de
Chouchinak (même collection).
Un hymne sumérien mentionne le «serpent énorme à sept têtes»,
le « grand serpent qui bal les fiots de la mer ».
Ahriman est conçu sous la forme d'un serpent dans la mythologie
de l'Avesta.Le Vendidad parle du «grand serpent de la gelée»,qui
personnifie peut être la période glaciaire.
Chez les Chinois, le serpent est un signe du zodiaque.
Le culte du serpent est fort en honneur dans l'Inde.Chez les Brah¬
manes, la représentation symbolique de l'univers est encadrée d'un
cobra qui se mord la queue. Vichnou, portant Brahma dans le lotus,
est enveloppé des plis du serpent à sept têtes.
On sait le rôle que le serpent joue dans la Bible comme tentateur
d'Eve et comme serpent d'airain; sous cette dernière forme, il fut
l'objet d'un culte, dans le Temple de Jérusalem, jusqu'au règne d'Ezé-
chias(— 7:25).

1 j W ^Xy, moul-edclar.
1 M. J.-A. HiliD, dans la Grande Encyclopédie, nie que le caducée ait été emprunté
à l'Orient par les Grecs : ce monument de ïello (reproduit par Jeremias, fig. 53, p. 185)
tranche, semble-t-il, la question.
Chez les Grecs, il est le symbole de la divination, l'attribut de Dé-
méter et de Coré,de Dionysos, d'Asclépios et d'Hygie, des Dioseures,
celui d'Hermès dans le caducée.
A Salamine, Cychrée, fils de Poséidon, tue un énorme serpent et
est serpent lui-même : « Le héros qui tue un monstre, dit Fr. Lenor-
mant,s'identifie avec ce monstre. » De même,Cadmus tue un serpent
monstrueux, fils d'Ares; il en sème les dents, cpii produisent les
Spartes; finalement, il est changé en serpent avec sa femme Har¬
monie.
Le serpent, dans le mithracisme,est le symbole de la terre. On l'y
trouve aussi enlaçant le dieu léontocéphale.
Des serpents figurent sur les parois du monument mégalithique de
Gavr'inis.
On voit très souvent sur les maisons de Pompéi un ou deux grands
serpents chargés de les protéger; ils représentaient les lares.
Une mosaïque romaine trouvée au montCselius montre le mauvais
œil assailli par divers animaux, le serpent au premier rang.
Pour les cabalistes comme pour les chrétiens, le serpent figure
Satan. Il tenait une grande place dans le culte et dans la symbolique
d'une dizaine au moins de sectes gnostiques (i er et n° s.), dont les
membres ont été rangés, pour cette raison, sous la dénomination
commune d'ophiles.
L'urseus avait été emprunté à l'Egypte par la Phénicie ; à Carthage,
on le trouve comme amulette dans un grand nombre de sépultures,
ainsi que le caducée, dont l'image se voit en outre sur beaucoup de
stèles. Saint Cyprien reproche aux Carthaginois d'adorer des ser¬
pents. Mais l'ophiolâlrie était trop générale autrefois, comme on l'a
vu, pour qu'il soit possible de discerner si la superstition tunisienne
vient de Carthage ou d'ailleurs.
Au Dahomey, le culte du serpent s'étale encore dans toute sa hi¬
deuse sauvagerie, bien qu'il y perde du terrain depuis l'occupation
française 1 .
La clef (pages 130 et 131).
Les Grecs ont représenté Hécate tenant des ciels 2 ; le dieu léonto¬
céphale de la religion de Mithra en porte également deux ;i .
1 Voir à ce sujet L. Brunbt et Louis Giethlbn : Dahomey et dépendances, Paris.
A.Ghallamel, 1900, p. 352. D'après ce très intéressant Ouvrage, le noir qui tuail par
mégarde un serpent fétiche était autrefois brûlé vif ; aujourd'hui, on se contente de le
bàtonner. Si le reptile s'installe dans une case, il est défendu de le molester; aucune
mère n'oserait lui arracher son enfant. Et voilà l'homme au voisinage de ce1 élal de
nature tant prôné jadis ! 11 est vrai que les Carthaginois, passablement civilisés à cer¬
tains points de vue, brûlaient vifs leurs premiers-nés en l'honneur de B,ial. Mais ce
rite odieux datait des origines, ainsi qu'en témoigne le mythe de Saturne dévorant
ses enfants.
2 (Jollignon : Myth.. fiy.de la Grèce, p. 309.
3 Henri Hubert, Gr. Encycl., t. 23, p. 1137 a. et tig. 1, p. 1136.
— 167 -

Les vitrines'de Douïniès et celles de la nécropole desrabs, au musée


de Carthage, renferment un certain nombre de petites clefs en os ou
en ivoire, qui étaient des amulettes 1 . La ciel mystique tunisienne
parait donc bien être un legs des Carthaginois.
Dans certaines provinces de France, une clef qu'on engage dans
un livre et qu'on fait tourner au moyen de l'anneau sert aux jeunes
filles d'instrument divinatoire.

Le croissant (page 130).


Il a été trouvé dans les sépultures néolithiques des croissants avec
trou de suspension. « Le croissant, dit à ce propos G. de Mortillet,
étant une forme difficile à vtailler, doit avoir un sens mystique et re¬
ligieux. » Les palafittes du second âge fournissent en abondance de
pelites lunules de bronze qui étaient portées comme amulettes.
Chez les Egyptiens, par la fusion d'un culte thério m orphique et
peut-être lotémique avec un culte astral, les cornes de vache de la
coiffure d'Isis, déesse lunaire, symbolisaient le croissant de la lune.
C'est ce que montrent divers bas-reliefs dans lesquels la vache ou le
bœuf sacré a sur la tête un croissant en guise de cornes. On le voit
encore plus clairement par une applique phénicienne en bronze, évi¬
demment copiée sur un modèle égyptien, et qui représente Astarté:
chacune des cornes d'Isis Halhor y est remplacée par une moitié du
croissant lunaire (voir la figure à la page suivante) 3 .
Eu Chaldée, le croissant représente déjà le dieu Sin (la lune) sur le
sceau d'Ur-kham,premier roi d'Ur, qui régnait vers le—xxvnr 3 siècle.
On le trouve plus tard sur quantité de monuments, notamment sur
les cylindres et les cachets coniques; parfois il embrasse le disque
planétaire, comme le font les cornes d'Isis.
Les rois de Madian et leurs chameaux de guerre à l'époque de Gé-
déon(—xin e s.), les femmes de Jérusalem au temps d'Isaïe, portaient
au cou des amulettes en forme de croissant. Les phalerœ des harnais
romains affectaient cette figure entre autres. En Tunisie, les Arabes
mettent encore souvent au cou de leurs chameaux, comme amulette,
un croissant taillé dans une planchette de bois dur 3 .
Le croissant couronnait, chez les anciens Grecs, le front d'Aphro¬
dite et d'Artémis; il fut de tout temps le symbole de Byzance; les
clames romaines en ornaient leur coiffure; il avait été d'ailleurs em¬
prunté à l'Orient par les Romains comme phylactère. On n'est pas
d'accord sur l'époque où il est devenu le symbole de l'fslam.

1 Dblâttke : Rapport sur les fouilles de Carthaye (avril-juin 1809) (extrait des
C. R.de l'Ae.ad. des Inscr., 1890), p. 11 (550) ; La nécropole des i*abs, p. 13 h.
2 C'est peut-être des Egyptiens mie nous vient primitivement l'expression les
cornes du croissant,
3 Voir plus loin, l'article Amulettes des chameaux et chevaux.
- 168 -

On le voit partout figuré sur les monuments phéniciens. Un torse


de statue royale, trouvé à Sarepta et d'une haute antiquité, porte en
pendant à son collier un grand croissant, les cornes en bas, coiffant
le disque.

ê:ir<*s4^
Astarté. — Bronze; collection Péretié. Hauteur 0"'42 l.
A Carthage, le croissant est une amulette Tort commune; il est
aussi représenté sur les stèles, sur les rasoirs rituels en bronze, tantôt
seul, tantôt embrassant le disque, et il y est presque toujours ren¬
versé les cornes en bas. J'ai dit plus haut (page 157) quelle est,à mon
avis, l'origine de cette disposition 2 .

1 Peuuot et Chipiez : Bist. de l'art dans l'antiq., t. III, flg. 26, p. 77.
2 C'est par un lapsus que M. Gauckler donne ce symbole ainsi posé coin me, « em¬
blème caractéristique de Carthage », car on le trouve en Phénicie, à Cypre, en Surdai¬
gné, en Sicile.
- 169 —

Le croissant se montre encore assez souvent en Afrique à l'époque


romaine, sur des tombes à épitaphe latine, sur des stèles votives (voir
la figure page 154), sur des lampes; mais il y est généralement sans
le disque, et toujours redressé. On le voit aussi sur des lampes chré¬
tiennes d'Egypte, quelquefois embrassant une étoile à cinq pointes.
Dans les premiers siècles de notre ère, c'était l'emblème du culte
de Mithra et le signe de ralliement de ses adorateurs.
Des plaques de bronze gauloises en forme de croissant ont été
trouvées à Etrechy (Marne); on les croit antérieures au —11 e siècle.
Un denier gaulois montre un croissant avec un pentagramme.
Sur une stèle funéraire gallo-romaine de Langres, on voit un crois¬
sant dans un triangle ou delta mystique.
Les «piliers à symboles» de l'Ecosse,regardés comme des stèles
funéraires pietés, portent tous, avant l'introduction du christianisme
(v e siècle) et pendant la période de transition, une figure en forme
de croissant orné, placée d'habitude les cornes en bas.
En 1358, Jean le Bon fit faire un signet ou petit sceau d'une topaze
où étaient gravés un croissant et des étoiles; nul doute qu'il n'y at¬
tachât une idée superstitieuse. En 1390, l'épée de Charles le Hardi,
duc de Lorraine, a un croissant pour pommeau. Un ordre du Crois¬
sant fut fondé par le roi René en 1448.
A Tunis,les balustrades qui entourent les lits de fer des Juifs sont
souvent couronnées d'un croissant ; ce symbole figure encore sur les
portières en toile, quelquefois sur les mains de Fathma en argent.
L'emploi mystique du croissant date de trop loin et a été trop uni¬
versellement répandu pour qu'il me soit permis de conjecturer où
les Tunisiens l'ont pris.

Le fer de cheval (pages 130 et 131).


Une sorte de fer à cheval dont les branches se terminent en volute
est figuré sur deux zodiaques de la dixième année de Marduk-nadin-
akhi (— 1220), sur une stèle babylonienne, sur le fameux caillou
Michaux (—xnr 3 s.), sur une borne de Merodach-Baladan (même
époque) l , sur une borne-limite du roi kassite Melichikhou (—1144 à
— 1130), au Louvre. Dans les quatre derniers cas, un trône supporte
le symbole,qui serait un véritable fer à cheval, si je comprends bien
Perrot et Chipiez. Comme il ne me paraît pas prouvé qu'on ferrât les
chevaux dès ces époques, il se pourrait que ce fût autre chose, par
exemple une coiffure à boucles semblable à celle d'Hathor. Cette
coiffure, nous la retrouvons chez les Hétéens, sur la tête du sphinx

1 Jehbmias : Das Alte Testament, etc., flg, 3 et 4, p. 9 ; fi»-. 8, p. 14 (la date des zo¬
diaques, je l'ai dit, est—1117 pour ce savant). — Delitzsch : Babel und Bibel,T)r\tier
Vortrag, 1905, fig. 12, p. 35.— Peur, et Chu>., t. II, p. 608, et fig. SOI, p. 610.
— 170 —

d'Euiuk (probablement emprunté à la Chaldée) el autour du disque


planétaire dans un des bas-reliels de Iasili-kaïa; à Cartilage, sur un
buste de femme (Tanit?) couronnant des chapiteaux puniques 1 .
Le symbole en fer à cheval à volutes se voit aussi sur un certain
nombre de stèles pietés, et une de celles-ci, d'époque chrétienne, le
montre servant de coiffure à un sphinx, comme à Euiuk 2 .
Remarquant la ressemblance de cet emblème avec un des deux
hiéroglyphes qui servent aujourd'hui encore à représenter le signe,
zodiacal du Lion 3 , je me demande si les sphinx d'Euiuk et d'Ecosse,
et par extension la coiffure qu'ils portent, ne seraient pas une figu¬
ration de ce signe.
Cette interprétation a pour elle que sur les bornes chaldéennes,
des divinités sont souvent représentées par une tiare à cornes mul¬
tiples posée sur un autel ou trône en forme de temple. Cependant,
deux faits paraissent l'infirmer : la borne de Melichikhou présente le
symbole les volutes en haut; et sur un des autres monuments chal-
déens (je ne me rappelle plus lequel) comme sur la stèle picte de la
planche VIII, qui parait être de l'époque de transition, les volutes
manquent et l'objet figuré a tout l'air d'un véritable fer (y aurait-il
ici assimilation de deux symboles distincts?).
Une pendeloque en plomb trouvée dans une tombe punique pré¬
sente un emblème analogue,sans volutes 4 : ici encore, je n'ose affir¬
mer qu'il s'agisse réellement d'un fer à cheval.
Quoi qu'il en soit, chez les Romains un fer de cheval recueilli et mis
de côté arrêtait le hoquet,pourvu qu'on se rappelât la cachette 5 .
En France, le fer de cheval ramassé sur les chemins et cloué à une
porte est un préservatif, mais nos paysans ne savent plus exactement
ce dont il préserve. On cloue également un fer aux portes en Alle¬
magne : autrefois, le fer à cheval était le symbole du dieu Votan ou
Odinfi.
Les charretiers de Tunis fixent souvent, contre le mauvais œil, un
fer de cheval à leur araba.
La corne de corail (page 130).
Dans l'antiquité, les Indiens attachaient une idée religieuse au port

1 Perr. et Chip., t. IV, fig. 327, p. 665, et fig.314,p.639.—Pu. Berger, dans Recher¬
che des antiq., p. 80 et fig. 36.
2 Jules Marion, Mémoires des Antiquaires de France, 1872, p. 63; planches V (à
droite), VI (en haut), VIII (à gauche) et IX. M. Marion regarde le symbole comme un
véritable fer à cheval.
3 L'oméga primitif, antérieur au —vn" siècle, avait la même forme (W. Froehner :
Musée impérial du Louvre ; les inscriptions grecques, 1865, p. 155 et planche).
S Delattre : Nécr. Sainte-Monique, 2° trim., lig. 30, p. 15.
5 Pline,!. XXVIII, ch. i.xxxi.
ti Jeremias : Das Alte Testament, p. 259.
— 171 —

des perles de corail et les regardaient comme souveraines pour


écarter les dangers; les Gaulois ornaient leurs armes de celte ma¬
tière 1 ; à Rome, on suspendait au cou des enfants une petite branche
de corail (surculus curalii) comme amulette protectrice 2 .
Des fragments de corail brut sont trouvés de temps à autre dans
les sépultures puniques 3 , où ils ne peuvent guère être que des talis¬
mans; on y voit aussi quelques croissants en corail.
En ce qui concerne la « corne de corail » conique et sans ramifi¬
cations, telle qu'elle se porte souvent aujourd'hui en Italie et en
Orient, je serais d'autant plus tenté d'y voir un amalgame des vertus
propres au corail avec celles du phallus, qu'à Naples j'ai trouvé de
petits phallus de corail sur Péventaire d'un marchand ambulant; ils
sont portés au cou, m'expliqua-t-on, par les femmes qui désirent un
enfant, et qui associent au symbole très païen une des petites mé¬
dailles de la Vierge vendues par le même colporteur.
Les vestiges rje culte phallique sont d'ailleurs répandus à Cartilage
comme en tous pays. Tels les trois bétyles coniques ou les trois cip-
pes qui représentent la triade punique; tel ce symbole triangulaire
de Tanit, image rudimentaire du cône sacré, si commun sur les stèles
carthaginoises et ailleurs '*.
Dans les tombeaux puniques de la première époque (Douïmès),
l'obélisque, regardé souvent comme le symbole d'une divinité ithy-
phallique, est une amulette fort commune. Bien que le fait ne soit
mentionné à ma connaissance dans aucun rapport, j'ai appris de la
meilleure source qu'on trouve aussi quelquefois à Cartilage des amu¬
lettes en forme de phallus.
Aujourd'hui encore, la populace musulmane de La Goulette fait
chaque année au mois d'août une procession, véritable phallophorie,
où le concombre indigène (faqonsj 5 est porté triomphalement.

1 II serait intéressant de savoir d'où ils la tiraient.


2 Pline, 1. XXXII, eh. xi.
3 Dblattre : Douïmès,1895 et 1896, p. 40 ; Quelques tombeaux, etc., p. 19 ; Sainte-
Monique, 2' sera., p. 18; Lettre sur les fouilles de Carthage (extrait des C.B.. de
l'Acad. des Inscr., 1898), p. 7 (625).
4 Je démontrerai ultérieurement que l'anthropomorphisme du symbole, triangu¬
laire n'est qu'une interprétation exotèrique. Ce qui surmontait le cône à l'origine,
c'était un bandeau portant le disque entre deux demi-croissants lunaires, comme
dans la coiffure de PAstarté figurée page 168 (non le disque dans le croissant).

r> Le
■ collectif j^jÂJ ou son nom d'unité s>-»>j& (j'ai toujours entendu prononcer
ainsi, bien que Beaussier écrive (jr3 ;^? \ le mot, toutefois, esi orthographié >v-—j*-?
sur la plaque indicatrice de la ruelle de ce nom, à Tunis, et j'ai dit plus haut que le
qo se substitue souvent au est employé par euphémisme pour désigner le mem¬
bre viril. Quand un homme agit hypoerilement,on le flétrit de celte locution prover¬
biale, à sens littéral obscène : .^-~>j-ij~> C^sr 1 ^._^j_ji^J| ^_ 'j^.- — Du reste,
— 172 -

Sur les raels qu'ils envoient en présent à leur fiancée, les Arabes
de Tunis ne manquent point de placer un piment rouge. Pour le vul¬
gaire, c'est du symbolisme... oriental; mais on m'assure que certains
attachent une idée superstitieuse à cette coutume, qui serait une
précaution contre l'aiguillette nouée par le mauvais œil. Si le fait
est exact (ce qui est malaisé à vérifier, car le musulman ne parle pas
volontiers de ses croyances à un infidèle), il y a encore là probable¬
ment une trace du culte phallique.
Défenses de porc ou de sanglier (pages 130 et 131).
Indépendamment des usages que j'ai indiqués, la défense de san¬
glier ou de porc est employée aussi, contre les abcès.
Dès l'époque du renne, les pendeloques les plus habituelles étaient
des incisives ou des canines variées,percées à la racine; c'étaient
probablement des trophées, peut-être aussi, par une facile associa¬
tion d'idées, des moyens de vaincre : le passé et l'avenir ont, poul¬
ies races primitives, des enchaînements mystérieux. Mais bien que
le sanglier fit partie de la faune magdalénienne (où il paraît, à la
vérité, avoir été assez rare), ses dents ne figurent pas dans rémuné¬
ration de G. de Mortillet. Au contraire chez l'homme néolithique,
l'emploi des défenses de sanglier et de porc devient prédominant;
on enfile aussi les incisives de Suinés.
Aux yeux des anciens Egyptiens, le sanglier et le porc sont impurs;
le second est un des animaux consacrés à Set, qui, dans sa guerre
contre Horus, s'est une fois changé en porc noir. La truie, à partir du
Nouvel Empire (fin du —xvn e siècle), est souvent substituée à l'hip¬
popotame femelle pour représenter un des principaux génies infer¬
naux; des momies portent au cou une amulette en forme de truie;
on sacrifie le porc à Osiris et à Isis.
Le sanglier, chez les Ghaldéens.est consacré à Ninib (planète Mars),
dieu de la chasse et de la guerre; nous retrouvons ce fauve dans le
mythe de Tammouz-Adonis.
Le pourceau est l'animal que les Grecs immolent le plus à Déméter
et Coré,dont il est un des attributs.Le petit cochon élevé en France
à la dignité de porte-veine vient peut-être de là, comme il se pourrait
que les croyances relatives aux bossus ne fussent pas sans connexion
avec le culte de Bès: les superstitions ont la vie tenace.
En Chine, le sanglier forme un signe du zodiaque.
Dans le mithracisme, on représente le dieu Verethragna, assimilé
à Arès et à Héraclès, sous la figure d'un sanglier marchant devant
Mithra; dans d'autres cycles, un sanglier tue Atys comme Adonis.

pour souligner l'intention de la manifestation goulettoise, les assistants y crient :


.LUif •Ll&K' (italien calafato).
- 173 -

Cet animal, suivant Michon, se montre sur les étendards de la plus


ancienne armée romaine et y est un emblème sacré. Des poids ro¬
mains sont en forme de porc.
Les têtes de chevaux trouvés dans un tumulus de Crimée étaient
ornées de défenses de sanglier perforées et de plaquettes d'or et
d'argent.
Dans les oppida du Var et des Alpes-Maritimes, attribués aux Li¬
gures, on recueille beaucoup de canines percées appartenant au san¬
glier, au chien et à l'ours. Le premier figure comme sujet principal
sur les monnaies volsques.
On le voit également sur diverses monnaies et sur les enseignes
guerrières de la Gaule, et on en a conclu que nos ancêtres l'avaient
choisi pour emblème. Je croirais plutôt qu'ils représentaient sous la
forme de cet animal un de leurs dieux, analogue à Verethragna. En
effet, un bas-relief nous montre, sous le nom de Belliccus Surbur (à
rapprocher de Tarvos Trigaranus, dont je parlerai à l'article Os fron¬
tal de bœuf), le sanglier combattant le lion. Or, comme celui-ci avait
disparu de nos contrées à la fin de l'époque quaternaire, il est clair
qu'il joue dans ce monument un rôle purement mystique, et on peut,
ce me semble, en inférer que son adversaire est dans le même cas.
Des défenses ou des canines de sanglier se rencontrent fréquem¬
ment dans les tombes gauloises, et même y figurent comme amu¬
lettes dans des colliers.
Des intailles de Phénicie et de Sardaigne offrent l'image d'un san¬
glier ailé. La viande de sanglier et de porc était interdite aux Phéni¬
ciens à cause du mythe d'Adonis.
A Carthage, une truie est un élément assez fréquent des colliers
d'amulettes. Il n'est pas rare non plus de trouver dans les hypogées
puniques soit une défense de sanglier ou de porc, soit une canine ou
une incisive qui provient peut-être également d'un de ces animaux.
Dans des sépultures probablement libyennes découvertes à Bulla
Regia par le D r Carton, « des ossements de mouton l , des défenses
de sanglier étaient constamment mêlés aux ossements humains ».
Il ne semble pas impossible que les Carthaginois aient reçu des
aborigènes le rite de la défense ou de la dent, comme ils leur ont
emprunté Tanit 2 . En tout cas, l'idée superstitieuse attachée par les

1 Les astragales ou osselets de mouton, quelquefois percés pour être portés, abon¬
dent dans les sépultures puniques, surtout dans celles de basse époque. — Un osselet
ligure parmi les objets votifs recueillis par M. de Morgan dans les fondations du
temple de Ghouchinak ; la collection de ce savant renferme aussi un osselet colossal
en bronze, ex-voto à Apollon Didyméen emporté à Suze par Darius après la prise de
Milet, fin du — vi» siècle; on voit enfin au Louvre de minuscules osselels île verre
trouvés dans la région de Smyrne.— Aujourd'hui encore, des osselets servent de fé¬
tiches aux nègres.
2 Voir page 161, note 2.
— 174 -

Juifs tunisiens aux défenses de porc ou de sanglier me parait être


une tradition punique.
Les nègres du Dahomey emploient des dents d'animaux comme
fétiches. Cela ne saurait m'étonner, car j'ai entendu préconiser dans
mon enfance, en Picardie et en Haute-Normandie, un collier de dents
de loup comme le plus sûr moyen de faciliter la pousse des dents
chez les enfants 1 .
Coquille d'oeuf (page 131).
On trouve souvent en Afrique des fragments d'œufs d'autruche
associés aux silex taillés; j'en ai recueilli moi-même dans l'isthme de
Suez et à L'Oued-Melah, au nord de Gabès. Il est fort probable que
ces œufs servaient de récipients: ils étaient encore employés à cet
usage du temps de Pline, et les Malgaches actuels utilisent l'œuf
subfossile é'JESpyornis maximus, qui contient sept à huit litres, en
guise de marmite. En Europe, beaucoup de vases néolithiques en
terre n'ont pas de pied et sont arrondis en dessous: «Ce sont, dit
G. de Mortillet, des imitations de l'œuf 2 . »
On serait tenté de se demander si les bétyles ovoïdes, répandus dans
l'ancien Orient et que certaines tribus touareg des environs de Torh-
bouctou placent encore aujourd'hui sur leurs sépultures, ne dérive¬
raient pas de quelque vieille idée religieuse relative à l'œuf d'autru¬
che. L'homme primitif était porté à attribuer un caractère surnaturel
à ses inventions. Le culte de la hache parait certain ; celui de la flèche,
celui de la croix et du svastika ou croix gammée, qui représentaient,

1 II y avait encore des Officiers do louvoteric dans ces régions, mais on n'y voyait
plus de loups; aussi employait-on un collier de perles d'os en forme de fuseau, censées
représenter les canines du fauve. Pline assurait déjà que la canine droite du loup est
une amulette importante, qu'elle empêche les enfants d'avoir peur et les préserve
des maladies de la dentition. — J'ai vu aussi des enfants porter un collier d'ambre
jaune : je crois qu'il était destiné à prévenir les convulsions, mais je n'ose l'assurer,
mes souvenirs élant un peu confus.
Ces deux provinces n'étaient certes pas les plus arriérées de France, et pourtant
les superstitions y abondaient. J'en mentionnerai encore une; elle n'a pas le moindre
rapport avec mon sujet, mais un fait ethnographique est toujours utile à enregistrer.
Il existe dans le département de la Somme une chapelle dédiée à saint Vast : comme
ce nom se prononce va, on portait là les enfants qui tardaient à marcher seuls. J'y
fus présenté, parait-il, il y a un peu plus d'une soixantaine d'années; et ma mère, tout
éclairée qu'elle était pour son temps, affirmait de la meilleure foi du inonde que je
marchai au retour.
2 Si cette explication est juste comme il semble, elle entraine une conséquence qui
a échappé au célèbre auteur du Préhistorique. L'autruche a seule, sur l'ancien con¬
tinent, un œuf assez volumineux et assez résistant pour qu'il ait pu servir de vase,
et c'est un oiseau africain, les Struthionidés s'ôleignant en Asie dans les couches ter¬
tiaires. Il en faudrait conclure que les potiers européens de la pierre polie avaient
[tassé par l'Afrique, ou tout au moins, qu'ils avaient eu avec elle des relations com¬
merciales.
— 175 —

à ce qu'on suppose, les "premiers instruments à faire le feu l , sont au


moins probables. Le vase fut, certes, une acquisition assez précieuse
pour qu'avec dételles dispositions on en fit un don de la divinité 2 .
Les textes égyptiens parlent, si je ne me trompe, de Vœuf du
monde. D'après une légende certainement orientale du Fabularum
liber. d'Hygi nus, u n œuf tombé du ciel dans l'Euphrate, poussé à terre
par des poissons et couvé par des colombes, donna naissance à
Aphrodite. Castor et Pollux étaient sortis d'un des œufs pondus par
Léda; Hélène et Clytemnestre, de l'autre. Brahma est né d'un œuf
flottant sur les eaux primordiales.
Sur les stèles de Carthage, la main levée a souvent un moignon
ovoïde 3 .
J'ai mentionné (page 157) les masques peints sur œuf d'autruche
qu'on trouve en abondance dans les tombes carthaginoises; cet œuf
s'y montre aussi sous forme de récipients; de très nombreux frag¬
ments sans peinture ou à ornements géométriques ont appartenu à

1 En Uhaldée, la croix serait le symbole de Nergal (Saturne), surnommé le brûlant


et le dieu de feu à la bouche embrasée, ce qui s'accorde bien avec l'origine attribuée
à cette figure.
2 Le vase de terre ou de métal a joué souvent un rôle religieux. Les quatre vases
canopes des tombeaux égyptiens portaient chacun l'effigie d'un des quatre génies
gardiens des viscères de la momie. On trouve aussi d'habitude quatre vases de terre
(deux amphores et deux alabastrons), outre une lampe et sa soucoupe, dans les sépul¬
tures puniques antérieures au —V* siècle : mais ils renfermaient des breuvages et des
parfums destinés au mort. Des poteries ont d'ailleurs fait, partie du mobilier funéraire
de beaucoup de peuples.
Le signe du Verseau, dans les zodiaques chaldéens, est le plus souvent réduit à un
vase d'où s'échappe de l'eau.
En Grèce, deux amphores autour desquelles s'enroulent, des serpents sont, un sym¬
bole des Dioscures; le calathos rempli de fleurs ou d'épis qui sert d'attribut, à Persé-
phone et à Coré parait être un vase plutôt qu'une corbeille.
Des monnaies de Simon ou Siméon Macchabée (—144à —135), d'Archelaiis (3-6),
de Barcochébas (132-135), ont au revers soit un vase, soit un palmier entre deux vases.
Les trois vases qui figurent sur nombre de stèles puniques symbolisent, à mes
yeux, la triade divine, comme les trois étoiles ou rosaces, les trois cippes et même
les trois grenades (voir la figure de la page 154). Les tombes de Carthage ont fourni
des amulettes en forme d'urne ou de fiole; un médaillon en or représente trois vases
sur un autel.
Le dieu suprême des Gaulois, Sucellus, appelé souvent Ois Pater par les archéo¬
logues, avait un vase et un maillet pour attributs.
La religion catholique a ses « vases sacrés ». A citer aussi, le calice ou le canthare
où s'abreuvent deux colombes, emblème peut-être emprunté au culte d'Astarté-
Aphrodite.
3 Dans les ex-voto de Chouchinak, l'amulette la plus fréquente est un objet ovoïde
(petit bétyle) en pierre noirâtre, perforé au petit bout, ou son fac-similé en terre cuite.
— On voit dans plusieurs lombes de la nécropole d'Hadrumètc un caillou noir en-
châssè bien en évidence dans l'enduit (D' Uaeton, Bull, de la Soe. areh. de Souszc,
190(i, p. 287). A rapprocher des cailloux trouvés dans les sépultures puniques (p. 151)
et du bétyle des Touareg (page 171).
— 176 —

d'autres vases, peut-être même à des coquilles entières. Il est mani¬


feste que l'œuf colossal avait une vertu mystique dans l'esprit des
adorateurs de Tanit. Une tombe étrusque de Vulci a également fourni
six vases décorés, phéniciens ou puniques, en coquille d'œuf d'au¬
truche.
Cet œuf était d'un grand usage dans la décoration des temples
égyptiens et y avait apparemment un sens mystique; l'ove de l'ar¬
chitecture grecque doit sans doute son origine à cette ornementa¬
tion. De nombreux fragments d'œufs d'autruche ont été trouvés dans
les fondations du temple de Chouchinak. Aujourd'hui, les musul¬
mans suspendent à la voûte de leurs mosquées de ces œufs enjolivés
de glands de soie. C'est sûrement à cet usage que fait déjà allusion
l'épisode de l'œuf de rock dans le conte d'Aladin 1 . Dans des lampes
du xin e siècle que possèdent encore les mosquées de l'Asie Mineure,
de l'Egypte et de la Perse, les chaînes de suspension aboutissent à
un œuf en faïence historiée.
L'œuf d'autruche devenant de plus en plus rare,il me semble que
celui de poule, employé comme talisman par les Juifs tunisiens, pour¬
rait bien en être une sorte de substitut, auquel on aurait transporté
par analogie le pouvoir attribué au premier par les Carthaginois 2 .
J'étais arrivé à cette conclusion, quand j'appris un fait qui l'appuie,
je crois : c'est que la coquille d'œuf d'autruche est encore de nos
jours chez les Juifs tunisiens un talisman contre le mauvais œil. Ils
en donnent comme motif que « l'autruche, au lieu de couver ses œufs,
les fait éclore en les fixant de loin du regard ». Cette curieuse idée
des mœurs de l'oiseau coureur est-elle une tradition punique, ou ne
faut-il y voir qu'une de ces explications postérieures comme nous en
présente si souvent l'histoire des religions? C'est une question que
je soumets à de plus habiles.
Ce qui précède étant composé, je reçois de mon savant ami M. Phi¬
lippe Thomas une lettre en date du 12 mai 1906, où il me dit :
« Dans les oasis algériennes, je constatai plusieurs fois, notamment
àOuargla,qu'en ce qui concerne les habitations humaines, le préser-

1 J'ai lu quelque part que le texte arabe de ce joli conte, qui manque dans les édi¬
tions des Mille et une nuits, a été retrouvé à la Bibliothèque nationale.
2 A Rome, la coquille d'œuf était l'objet d'une superstition différente. « Il n'est
personne, écrit Pline, qui ne craigne d'être victime d'imprécations : de là vient que
la coquille des œufs ou des escargots qu'on vient d'absorber est immédiatement brisée
ou percée avec la cuiller.» C'est sans doute des Romains que les modernes tiennent
la coutume universellement répandue de rompre la coquille de l'œuf mangé. Je me
souviens que dans mon enfance je demandai la raison de celte pratique à mon père,
homme d'une érudition solide. Il me cita le Naturaliste et ajouta : « Les gens su¬
perstitieux prétendent- que le diable pourrait, se loger dans la coquille. » — Les Tu¬
nisiens, au contraire, et surtout les femmes, évitent soigneusement d'écraser une co¬
quille d'œuf : cela porte malheur. Serait-ce parce qu'un jann peut y être caché?
- 177 —

vatif contre le mauvais oeil le plus employé était une moitié de co¬
quille d'œuf d'autruche encastrée dans le mur des maisons, au-dessus
de la porte; parfois même, ce talisman s'y voit remplacé par une
simple assiette creuse. Maison m'assura que la coquille d'œuf d'au¬
truche possédait une puissance beaucoup plus grande.»
Ainsi, à Ouargla, c'est le vase en œuf d'autruche qui forme le talis¬
man, puisqu'on peut au besoin y substi tuer, non une coquille d'autre
œuf, mais une poterie.
« Cette superstition n'est peut-être pas très récente, continue mon
aimable correspondant, car à Hassi-el-M'kaddem, au milieu des
dunes, sur la route de Ouargla à Negouça,dans un atelier préhisto¬
rique à silex admirablement taillés et à loyer central renfermant
des débris de poterie et des ossements calcinés, j'ai recueilli en 1875
un certain nombre de pièces taillées et perforées de coquille d'œuf
d'autruche, les unes discoïdes, les autres triangulaires.»
Dans un passage d'une de ses publications que j'ai reproduit ail¬
leurs 1 , mais que j'avais perdu de vue, M. Ph.Thomas dit que ces amu¬
lettes étaient taillées en rondelles, en losange ou en triangle. Je me
permets d'appeler l'attention des orientalistes sur cette constatation,
qui me paraît d'une haute importance, bien que je ne fasse qu'entre¬
voir les conclusions à en tirer. Disque, triangle et losange sont en
effet trois symboles des vieilles religions sémitiques 2 .

1 Ph. Thomas : La mer sa/iarienne (extrait du Bull, de la Soc. climatologique


d'Alger), 1882, p. 25. — E. Vassel : L'auteur de la découverte des phosphates afri¬
cains (extrait de la Bévue Tunisienne), 1899, p, 6. — La station dont il s'agit a été
décrite dans deux mémoires que je n'ai pas à ma disposition : Ph. Thomas : Décou¬
verte d'un atelier "préhistorique à Hassi-el-M'kaddem, dans Bull, des sciences na¬
turelles et climatologiques d'Alger, 1875 ; Note sur l'atelier préhistorique d'Hassi-
el-M'kaddem, dans Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'homme,
1878. La planche autographiée qui accompagnait la première étude, et que j'ai sous
les yeux, n'a paru dans le Bulletin d'Alger qu'en 1877. Les ligures 13 et 14 représentent
deux des amulettes en œuf d'autruche, un triangle et un disque tous deux percés au
centre. Le premier, sensiblement équilatéral, a environ 17 ,,,ra de côté, avec un trou de
4 à 5""" ; le disque, de 10""", avec trou de 3""», n'est pas uni, mais radié, son bord étanl
entaillé de petits arcs de cercle qui laissent dix dénis en saillie, disposées régulière¬
ment (en intention) autour de la circonférence.
2 Le losange et son équivalent le fuseau (losange dont les angles obtus se sont ar¬
rondis), évidés et parfois ombiliqués, représentent la vulve mystique sur les cylindres
assyriens, et il est permis de se demander si les gâteaux puniques en losange ou en fu¬
seau souvent percé au centre n'ont pas la même signification, qui s'accorderait avec le
culle de Tanit; les autres,en 8 ouvert, figurent certainement le caducée d'Eschmoun.
Peut-être aussi faut-il voir un souvenir du cône mystique dans la forme traditionnel-
<-'\
lement conique des gâteaux appelés -^-H 1. J® P ar les Arabes, el faits le plus souvent de
farine de sorgho A*jjé), quelquefois de semoule de froment s^,f")-
Je rappellerai les gâteaux sacrés pyramidaux appelés 7:upxu,(Ô£ç par les anciens Grecs
parce qu'on les pétrissait de farine de froment, et qui ont donné leur nom, dans tout
l'Occident, à un solide géométrique et aux monuments funéraires des Pharaons.
— 178 —

Il ne paraît guère possible que la rencontre soit fortuite. Faut-il


en inférer que l'homme néolithique de Hassi-el-M'kaddem tenait
ses amulettes des Chananéens,ce qui confirmerait la faible antiquité
de la période néolithique dans le Sahara? Ou doit-on croire, au con¬
traire (et je penche pour cette conclusion), que les symboles de l'Asie
venaient d'un fonds préhistorique?
En tout cas,il semble clair que la superstition de l'œuf d'autruche,
originaire de l'Afrique, a passé des Libyens aux Carthaginois et de
ceux-ci aux Juifs de Tunis.
Ce paragraphe va-t-il continuer à s'enrichir, grâce au zèle et à la
science de mes amis, jusqu'au bon à tire)-? M. Paul Pallary m'écrit
d'Oran,le7 juin 1906:
« Le premier emploi qui ait été fait de l'œuf d'autruche aux époques

préhistoriques a été comme alimentation : j'ai trouvé dans toutes les


cavernes de l'Oranie, concurremment avec la poterie, de nombreux
débris d'œufs d'autruche. Dans toutes les stations néolithiques des
hauts plateaux algériens et du Sahara, on trouve pareillement des
débris d'œufs à profusion.
«En plus de son emploi comme alimentation, les débris ont été
utilisés comme objets de parure, témoins les nombreuses perles que
l'on trouve dans le Sahara; plusieurs fragments d'œufs portent même
des dessins gravés (V. La parure en Algérie à l'époque préhistorique,
par A. Debrugiï, in L'homme préhistorique, 1905, p. 66-67).
« Un autre emploi des œufs d'autruche est celui que vous indiquez,
comme récipients. Plusieurs de ces œufs, entiers, percés seulement
d'une ouverture au sommet, ont été trouvés au Sahara dans les sta¬
tions néolithiques : j'en possède même un en ce moment. C'est M.Ra-
bourdin qui le premier a trouvé des œufs ainsi préparés, dans le
Sahara, à Ralhmaïa (V. Les âges de pierre du Sahara central, 1882,
p. 104-105). Depuis, plusieurs explorateurs en ont rapporté, notam¬
ment M. Flamand, qui a signalé les analogies de ces œufs avec ceux
qui sont utilisés dans le Zambèse comme vases pour contenir de
l'eau. M. Flamand m'a même adressé une bibliographie spéciale qui
ne tient pas moins de deux pages!
« Dans le sud de l'Espagne, mon ami Louis Siret a trouvé de nom¬
breux œufs d'autruche entiers dans les sépultures phéniciennes de

(La prononciation du mot paraît indécise. Mon ami M. G. Remy, arabisant très
exercé, a entendu souvent chez les Arabes ; cependant, plusieurs de ceux-ci m'ont
te . ■
prononcé et l'un d'eux m'a écrit . Beaussier et Ben Sedira mettent )j-, sans ham-

za; Kaziffih'Ski et lo P.Belot, \ enfin, Dozy constate les orthographes , ''j-


et.O.)
— 179 -

Villaricos (province d'Alméria) : « La disposition des tombes à inhu-


« mation ressemble beaucoup à celles de Sardaigne, avec leurs gran-
« des amphores d'une forme particulière; un détail caractéristique
« est la présence constante d'un récipient formé d'un œuf d'autruche
« peint ou gravé.» Siret figure deux de ces œufs peints (Voy. L.Siret:
L'Espagne préhistorique, in Revue des questions scientifiques jBruxe\-
les, octobre 1893, p. 78, fig. 309-310). '
« En Espagne également, on a trouvé de nombreux vases en forme
d'œuf et copiés certainement sur l'œuf d'autruche.
« Je ne connais ici aucune croyance indigène ayant rapport aux
œufs. »
Grappin (araignée) (page 131).
Il a été recueilli à diverses reprises dans des tombeaux puniques
de Douïmès un ou deux hameçons de bronze 1 , et le P. Delattre en
conclut que des pêcheurs étaient enterrés là. Je me permettrai de
discuter cette opinion de l'éminent archéologue. Dans une oligarchie
de négociants et de navigateurs, la pêche était certes un métier de
très petites gens qui ne pouvaient s'offrir le moindre luxe: or, je vois
associé aux hameçons un bijou de riche, un cachet de style égypti-
saut, formé d'un scarabée en cornaline avec monture d'or; ailleurs,
c'est un oudja en lapis-lazuli, gemme recherchée à cette époque; plus
loin, si je comprends bien, un pendant en or et les débris d'un bra¬
celet en argent, alors que de hauts personnages se contentaient sou¬
vent de bijoux de bronze ou de plomb. Mais ce qui est bien plus signi-
licatif,c'est qu'un hameçon de bronze était au nombre des amulettes
composant un collier 2 .
J'estime donc que cet engin, soit pour sa connexion avec le pois¬
son, soit à cause de sa pointe aiguë,était un talisman contre le mau¬
vais œil 3 .

1 Delattre : Douïmès, 1893-1894, p. 13 b et fig. 22,p. 14; Un mois de fouilles, p. 3 ;


Douïmès, 1895 et 1896, p. 10,16,84, 87 et 91.
2 Le même : Tombeaux puniques, p. 45.
3 J'en dirai autant du fer de flèche on bronze (pardon de l'horrible catâchrèse!)
trouvé dans un seul caveau à Sidon par Renan, mais dans un certain nombre de ceux
de Garthage par le P. Delattre. Les propriétés magiques de cette arme paraissent re¬
monter fort loin. On la voit posée sur un trône en Ghaldée, où elle remplace généra¬
lement le Sagittaire dans les zodiaques. La bélomancie ou divination par les flèches
était une pratique de ce pays; elle se répandit de là dans tout l'Orient, et fut usitée
chez les Arabes jusqu'à Mahomet. Une stèle cypriote montre un fer de flèche dans
un chevron, dessin conventionnel du cône sacré, surmonté du disque planétaire (les
chapiteaux de Gypre sont d'habitude ornés d'un triple chevron qui est sûrement le
symbole de la triade). En Etrurie, les flèches préhistoriques en silex étaient des amu¬
lettes qu'on enchâssait dans l'or. Voir aussi Pline,!. XXVIII, e.vr.Flècho et hache
île pierre sont encore aujourd'hui des talismans dans plusieurs provinces d'Italie et
de France.
— 180 -

Pour capturer certains poissons, on lie ensemble quatre ou cinq


hameçons en façon de grappin : si, comme il est probable, cet appa¬
reil, le 7coXuaYxt5Tfov d'Aristote, était connu des Carthaginois, il pré¬
servait sans doute plus puissamment que l'hameçon isolé. Ne se
livrant jamais à la pêche *, les Juifs tunisiens n'ont pas d'hameçons,
tandis que toutes leurs familles possèdent une qannara. Est-il bien
invraisemblable qu'ils aient substitué dans leurs superstitions ce
grappin aux. hameçons assemblés des Carthaginois? Il se peut ce¬
pendant, je me hâte de le dire, que l'usage de la qannara soit d'ori¬
gine plus récente et n'ait d'autre raison d'être que les cinq dents de
cet ustensile, qui donnent en somme une combinaison des vertus du
khamsa avec celles de la pointe 2 .

Epingle (page 131).


L'influence attribuée aux objets pointus et à ce qui brille suffit éga¬
lement pour expliquer qu'une grande épingle placée la pointe en
avant dans la coiffure d'une femme défende celle-ci contre le mauvais
œil; mais rien ne prouve que cette idée générale n'ait pas au con¬
traire pour fondement l'emploi magique antérieur, et basé sur d'au¬
tres motifs, de divers objets aigus et brillants, comme la flèche, la dent
canine, l'hameçon, l'épingle, la corne, etc. Il y aurait des recherches
à faire dans ce sens.
L'homme de Menton dont le squelette est au Muséum et que G. de
Mortillet rapporte au néolithique avait un poinçon en os attaché au
front 3 .
Les épingles en os, en ivoire, en bronze et même en or ne sont pas
rares dans les tombes puniques, où on les trouve encore à l'époque
romaine; mais comme elles servaient peut-être à fixer les vêtements
du mort, il n'y a pas grand fond à faire sur leur présence, quoiqu'elles
aient assez souvent pour têle une main ouverte ou quelquefois une
main fermée avec le pouce passé entre l'index et le majeur (faisant
la figue)' 1 .
J'accorderais plus d'importance aux aiguilles de bronze, d'ivoire

1 M. Paul Pullary m'écrit que les Juifs ne se livrent pas plus à la pêche en Algérie
qu'en Tunisie, mais qu'à Tanger, on en voit beaucoup pratiquer ce métier.
2 Cette même combinaison est sans doute visée dans le lotus à cinq pétales appa¬
rents qu'on voit à Carthage, concurremment avec celui à sept pétales, sur les stèles et
sur les rasoirs de bronze, et qui se rencontre même parfois en Egypte, où ce symbole
a régulièrement neuf pélales (l'ennéade) et en Assyrie, où les pélales sont le plus sou¬
vent au nombre de sept (l'heptade planétaire).
3 G. de Mortillet : Le préhistorique, p. 391.
h Dei.attke : Domines, 1893, fig. 7, p. 3; Rapp. sur les fouilles, p. 8 (556); Lettre
sur les fouilles, p. 4 (622); Sainte-Monique, 2" mois, page 21 l>; Ibid., 2 e trimestre
p. 22 b, 24 b et 26 b; Rabs, p. 17 b; Cimetières romains, p. 27 et fig. 16, p. 28.
- 181 —

ou d'os, qui se rencontrent non moins fréquemment 1 ; en effet, les in¬


ventaires de mobiliers funéraires montrent que si les Carthaginois
plaçaient dans les tombes, outre les provisions, divers objets ayant
appartenu au défunt, ils n'y mettaient pas d'habitude, comme cer¬
tains peuples, les instruments de sa profession, sauf peut-être quand
ceux-ci avaient un caractère liturgique.
Un caveau qui n'appartenait assurément pas à un artisan, car le
puits de descente n'a pas moins de quatorze mètres de profondeur,
et qui ne peut être antérieur au — iv e siècle, attendu qu'il renfermait
des monnaies de bronze, a fourni une aiguille en os tellement gros=
sière,qu'elle fait piètre figure à côté de celles de l'époque du renne 2 .
Il est impossible que chez un peuple en état depuis plusieurs siècles
de contrefaire à bon marché les produits de l'art industriel égyptien,
un instrument aussi primitif ait eu un usage domestique. C'est plutôt,
je pense, une amulette d'un archaïsme voulu, reste du fétichisme le
plus antique.
J'ai vu en Petite Russie, il y a quarante ans,des femmes de la haute
société attribuer aux popes le mauvais œil, et jeter une épingle en
manière de conjuration quand elles rencontraient un de ces ecclé¬
siastiques 3 .
M. Y. Aunis m'informe que dans le canton d'Aubeterre (Charente),
les filles nubiles se rendent à une fontaine et y jettent chacune une
épingle: si celle-ci se pique verticalement dans le fond, c'est signe
que la jeune fille se mariera dans l'année.
frontal de bœuf (page 131).
Os
Les Egyptiens adoraient un des aspects du dieu Soleil sous la li¬
gure du taureau sacré appelé Hâpi à Memphis et Mnévis à On. Un
hymne qualifie Ra de « taureau la nuit». La mère du dieu, Hathor,
qui se confond avec Isis et même avec Neit ou d'autres déesses, est
représentée sous la forme d'une vache ou avec la tête de cet ani¬
mal, ou simplement coiffée de cornes de vache embrassant le disque
solaire. Selon Brugsch, le taureau symbolise la force masculine et
créatrice de la substance primordiale; la vache, le principe féminin
du Cosmos 4 .

1 Delattbb : Rapp. sur les fouilles, p. 11 (559) ; Lettre, p. 4 (622) ; Sainte-Monique,


2« mois, p. 18 a et fig. 30, p. 17; Ibid., 3" mois, p. 4 a; Cimetières romains, p. 27. —
Gauckler : Etuis puniques, p. 8,16 et 17.
2 Dei.attre : Sainte-Monique, 2° mois, p. 18 a et lig. 30, p. 17. — De Mortii.let :
Le préhistorique, lig. 43, p. 401. — Joi.Y : L'Iiomme avant les métaux, lig. 126 et 127,
p. 230.
Les Italiens touchent du ter (une clef, pur exemple) lorsqu'ils croisent un jetta-
.'i
tore.
4 Hérodote. 1. III, ch. xxvil et xxviu. — Diodoue, 1.1, sect. II, ch. xxxi et xxxn,
traduction Terrasson, 1737. — Paul Pierret, Gr. Encycl., 1.19, p. 833 a et 911 a.—
— 182 —

Des poids égyptiens ont la forme d'un buste de taureau 1 .


Pour les Chaldéo-Assyriens, les cornes du taureau sont l'emblème
de la puissance: il s'agit sans doute de celles du terrible rêmu ou
bœuf sauvage, figuré sur un bas-relief eu briques émaillées de la
porte d'Ischtar, à Babylone, avec une sorte de licorne comme pen¬
dant. Les dieux, les génies, les rois divinisés par l'adulation ont pour
coiffure une tiare ornée d'une ou de plusieurs paires de ces cornes :
Schamasch, le soleil, en porte quatre paires. Des divinités, je l'ai dit,
sont représentées par une simple tiare à cornes posée sur un autel 2 .
La collection De Morgan nous montre de colossales cornes d'al¬
bâtre, avec texte au nom du roi Choutou-Nakhkhounlé (vers l'an
—1000), et des amulettes en forme de tôle de bœuf trouvées dans les
fondations du temple de Cliouchinak.
Le Louvre possède aussi trois taureaux votifs sumériens en bronze,
dédiés par Goudéa (—xxx° siècle environ), et les magnifiques tau¬
reaux en marbre des chapiteaux du palais d'Artaxerxès Mnémon
(—405 à —361).
Le taureau personnifie dans la symbolique des religions de l'Asie
le principe humide de la Nature. Un des signes du zodiaque suméro-
chaldéen est le taureau,quelquefois ailé ou avec une face humaine;
il correspond au mois à'ayru (en hébreu iyar), que les textes sumé¬
riens appellent le mois du taureau favorable* .Cet animal se retrouve
dans les zodiaques de l'Egypte et de l'Inde; le zodiaque de la Chine,
tout à fait indépendant des autres, a néanmoins un signe de la vache
ou du bœuf 7'.
Marduk (planète Jupiter), dieu suprême de Babylone, a le taureau
pour symbole. Sin, le dieu Lune, qui au début a le pas sur Schamasch,
comme plus tard à Carthage Tanit primera Hammon, reçoit (peul-
être par allusion au croissant) les épilhètes de taureau, de porteur
de cornes puissantes, de dieu aux cornes divergentes. La parèdre d'Ea
est appelée la dame à la face cornue. Un hymne donne à Nergal (Mars)
le surnom de buffle grand. Ramman-Adad, dieu de l'atmosphère, est
représenté debout sur un taureau ou sur un lion ; quelquefois même,

Maspbro, Hist. ano. de l'Or., pages 35 et 48. — Pebhot et Chipiez, 1.1, flg. 'ill, p. 60 ;
fig. 55, p. 87; flg. 571, p. 837. — Jeremias : Das Alte Testament, flg. 88 et 8!), p. 274 et
275.
1 A.-H. La yard : Nineveh and its remains, 1876, p. 90, lin. 2.
2 Perr. et Chip., t. II, flg. 15, p.83 ; fig. 29, p. 109; flg. 71, p. 211 ; lig. 233, p. 500 ; p. 608
et fig. 301, p. 610; etc. — Jeremias : flg. 1, 3 et 4, p. 9; fig. 21, p. 44; flg. 76, p. 235; flg. 81,
p. 261; etc. — Delitzsch : Babel, I, fig. 49, p. 18; //, lig. 12, p. 11; lig. 14,p. 13 ; flg. 16,
p. 27; flg. 17, p. 30.
3 François Lenormant : Les premières civilisations, 1874, l. II, p. 68, 71 et 74.
4 Gr. Encycl., t. 31, p. 1325 b. — A. Jacquemart : Les merveilles de la céramique.
I ro partie, 4» édition, 1883, p. 55,
— 183 -

il est symbolisé par le foudre porté sur un taureau 1 . Je ne répéterai


pas ici ce que j'ai dit du chérubin 2 .
Dans la seconde tablelte de l'étonnante épopée de Gilgameseh,ce
héros mythologique terrasse le taureau à face humaine, image peut-
être, ici, de la rébellion violente aux primitives conventions sociales,
de même que la fable grecque nous montrera Thésée tuant le Mino-
taure à tête de taureau sur un corps humain 3 .
Chez les Iraniens adorateurs de Mithra,le taureau est la première
créature d'Aouramazda, la création résulte de son sacrifice ; plus tard,
le taureau est la lune, et le sacrifice, l'éclipsé. Le char lunaire est
trainé par deux taureaux blancs; le taureau est aussi le symbole de
Mithra lui-même en tant que démiurge, ce# qui rappelle Hâpi '*.
La tête de bœuf (bucràne), où M. IL Saladin voit le monument du
sacrifice accompli, apparaît déjà sur les cylindres chaldéens 5 .
On trouve un taureau debout sur un autel dans un bas-relief hé-
téen d'Euiuk (i .
L'idole appelée le veau d'or, que les Hébreux adorèrent au Sinaï
et dont Jéroboam I er (vers —950) rétablit ou plutôt rendit officiel le
culte à Bélhel et à Dan, parait avoir représenté non un veau, mais
l'Apis égyptien, le taureau solaire 7 .
La « mer d'airain» du Temple de Salomon, fondue par le Phénicien
Hiram, avait pour supports douze bœufs; des bœufs étaient encore
tigurés, avec des lions et des chérubins, sur les chariots des dix bas¬
sins portatifs 8 .
D'après Plutarque.des vases en forme de corne furent trouvés par
Titus dans le butin du Temple. Une pierre gravée antique publiée
par Ficoroni montre une corne avec le chandelier à sept branches et
la palme; au reste, on voit souvent le premier associé à la corne 1'.

1 .Iebemias, p. 18,39 et 46.— Lexokmant, loc. cit., p. 159,160,187,192; Les origines


de l'histoire, t. II, I" partie, 2« édition, 1882, p. 9, note.
2 Voir pages 123 et 137.
3 Lenormant : Les prem. civilis., t. II, p. 72. — Paui.y, Wai.z u. Teufeel : Real-
Encyclopàdie der classischen AUerthumswissenschaft, t. 5, 1848, p. 72; t. 6, 1852,
p. 1870.
4 Henri Hubert, Gr. Encycl, t. 23, p. 1136 b. et 1137 a. — Jeremias, p. 32, noie 2.
— Paul Schrœdeh : Die phbnizische Sprache, 1869, p. 252.
5 Perr. et Chip., t. IV, p. 769 et fi*. 378. — H. Saladin, Gr. Encycl., t. 8, p. 322 li.
6 Perr. et Chip., t. IV, fig. 329, p. 668.
7 Exode, xxxii.— Deutéronome, ix, 16.— I Rois, xn, 28.— II Rois, x, 29; xvii, 16.
— Nèhémle, ix, 18. — Psaumes, cvi, 19. — Osée, vin, 5; x, 5. — Lactance : Divin,
institution., 1. IV, ch. x. — Maurice Vernes, Gr. Encycl, 1.19, p. 981 a; t. 21, p. 114 a.
— Winer : Bihl. Realwôrterb., 1.1, p. 180 et 644. — Delattre : Tombeaux puniques,
p. 72, note 2.
8 / Rois, vu, 25, 29, 44.
9 Thédenat, Bull, de la Soc. des Antiquaires de France, 1881, p. 225. — Ficoro-
nius : Gemmœ antiquœ, pars II, pl. I.
On me dit qu'un ange à face de taureau (qui serait par conséquent
l'inverse du keroub assyrien et viendrait sûrement d'une interpré¬
tation particulière des quatre animaux d'Ezéchiel 1 ) joue un grand
rôle dans la cabale, où il flanque le trône divin : je ne suis pas en
mesure de contrôler cette assertion.
Les casques des statuettes de bronze, d'époque et d'origine incon¬
nues, qu'on recueille dans les nquraghes de Sardaigne et qui repré¬
sentent des dieux et des guerriers, sont surmontés de cornes de
boeuf souvent gigantesques' 2 . On serait tenté d'attribuer celles-ci à
une des espèces néolithiques; il se peut, toutefois, que l'artiste les
ait exagérées par le même sentiment qui lui a lait donner, dans ses
figurines, des proportions démesurées à la main droite faisant le
geste sacramentel de l'orant.
Pais constate, à propos de ces images, que le casque décoré de
cornes de bœuf a été également usité chez différentes populations
libyennes, chez les Mycéniens, chez les Thraces, les Macédoniens,
les Gaulois, les Scandinaves 3 .
En Phénicie, Moloch a été représenté avec une tête de taureau,
Astarté avec une tête de vache ou les cornes d'Isis-Hathor. Un petit
taureau d'or, qui provient de l'ancienne Ségeste, en Sicile, porte une
inscription phénicienne relative au culte de Mithra. A Cypre, une tète
de bœuf est figurée sur des cylindres; on voit trois de ces tètes sur
l'anse d'un vase de bronze et sur un tube du même métal provenant
peut-être d'un sceptre; une terre cuite représente un dieu coiffé d'une
tiare que décore une paire de cornes de bœuf 4 .
D'après une légende rapportée par Justin, on trouva une tète de
bœuf en creusant les fondements de Carthage.
Une amulette recueillie par le P. Delattre dans un tombeau pu¬
nique de Byrsa montre d'un côté l'œil mystique, de l'autre le groupe
de la vache allaitant son veau, d'origine égyptienne, mais qui fut un
des principaux emblèmes religieux de l'Orient 5 .

1 Voir page 136, note 4.


2 Perh. et Chip., t. IV, lig. 51 à 58, p. 65 à 69; fig. 87, p. 88.
3 Ibid, p. 17. — Pais : La Sardegna, p. 14, n° 2.
4 Munk : Palestine, p. 90 a. — Schrœdbb, loc. cit., p. 61 et 252, et pl. X.VII1, flg. 26.
— Pauly, Walz u Teuffel, t. 5, p. 73 ; t. 6, p. 1637. — Peur, et Giiip., I. 111, lig. 392,
p. 579; lig. 429, p. 638; fig. 430 et 432, p. 639; fig. 556, p. 795; lig. 561, p. 799. D'après ces
auteurs, il est vrai, la ligure 430 représenterait une tète de gazelle, et non de bœuf:
mais le dessin donne d'autant moins cette impression que les cornes y affectent la
forme du croissant de la lune, comme celles d'Apis dans nombre de monuments
égyptiens et comme parfois celles de la tète de bœuf qui forme un des caractères de
l'écriture hiéroglyphiqr.e hétéenne,
5 Delattre : Tombeaux -puniques, p. 76. — Perr. et Chip., t. III, p. 237 ei lig. 182
— Fr, Lenormant ; Monnaies et médailles, p. 102.
— 185 —

Sur l'anse d'un magnifique vase de bronze doré de Byrsa, on voit


une tète de veau surmontée du disque entre deux urseus; un rasoir
rituel porte un taureau sur une face, un sanglier sur l'autre 1 .
Une tessère de terre cuite du musée Lavigerie représente une tête
de bœuf entre le triangle de Tanit et le caducée d'Eschmoun 2 . Faut-
il voir là l'indication de la triade, et en conclure que le taureau, chez
les Carthaginois, symbolisait Baal-Hammon, dieu solaire, comme il
représentait en Egypte une des personnifications de Ra, avec qui se
confondait FA mm on thébain ? Ce qui semblerait confirmer cette hy¬
pothèse, c'est que le taureau ligure non seulement sur des stèles vo¬
tives avec dédicace néopunique ou latine à Baal-Hammon ou à Sa¬
turne (assimilé au précédent), mais aussi sur des monuments funé¬
raires également néopuniques 3 . Le Baal-Moloch phénicien est, au
dire de Fr. Lenormant, un « dieu essentiellement tauromorphe » 4 ; il
était, on l'a vu, représenté avec une tête de taureau.
Une tête de pierre de Douïmès portait des cornes qui sont brisées,
mais qui «devaient être courtes comme des cornes naissantes » ; une
tombe de la même nécropole a fourni à elle seule onze masques cor¬
nus servant d'amulettes 5 .
Une stèle néopunique de Sidi-bou-Rouis montre une tête de bœuf
sur un' autel 6 .
Chez les Grecs, Dionysos (qu'Hérodote identifie avec Osiris) est
surnommé taureau et personnifié par cet animal; on représente Dé-
mèter traînée par des taureaux, ou avec des cornes; le Zeus crétois
est un dieu taureau 7 . C'est aussi la forme du taureau que revêt Zeus,
dans le mythe de Cadmus, pour transporter Europe de Phénicie en
Crète; le héros lui-même a comme guide une vache, qui lui indique où
il doit bâtir Thébes 8 . Le Zeus A.tabyvios de Rhodes, dont le temple
renfermait, dit-on, deux taureaux de bronze qui mugissaient quand
un malheur menaçait le pays, ou, selon d'autres, un taureau vivant

1 Delattre : Tombeaux paniques, p. 72; Sainte-Monique, 2» mois, lig. 39 et 40,


page 23.
2 Le même : Tombeaux puniques, p. 72. note 2. — Peur, et Chip., t. III, lig. 339,
page 463. — Ph. Berger, dans Recherche des antiquités, p. 88 et lig. 64.
3 Gesenius : Monumenta, p. 204, 213 et 445; pl. 23 et 25 (je vois sur ces dessins des
taureaux, non des vaches). — h. Gagnât et S. Reinach, dans Rech. des antiq., p. 111
et fig. 90.
4 Fr. Lenormant : Les origines de l'histoire, t. II, I™ partie, p. 160.
5 Delattre : Douïmès, 1895 et 1806, p. 66 et 84.
6 D r Carton, Bull, de la Soc. arch. de Spusse, 1906, p. 203 et lig. 2.
7 Pauly, Walz u. Teuffel, t. 6, p. 1637 et 1641.— Fr.Lenormant :Monn. et méd,,
p. 102.
8 Pauly, Walz u. Tkuffhi., 1.3, 1844, p. 306.— Fr. Lenormant : Les prem. civilis..
t. II, p. 318.
— 186 -

qui rendait des oracles en paroles humaines, était «à la fois dieu-


montagne et dieu tauriforme » l . Jupiter Dolichenius, d'origine sy¬
rienne, était représenté debout sur un taureau 2 .
Du —vi e au —m e siècle, des taureaux de bronze et de plomb
étaient offerts en ex-voto aux Kabires de Béotie 3 .
On donnait aux fleuves, primitivement, le corps du taureau avec
un visage humain ; plus tard, ils deviennent anthropomorphes, mais
conservent les cornes. Io est représentée cornue, quoique Zeus lui
ait rendu sa forme naturelle. Sur les monnaies d'Amphipolis, l'Arté-
mis Tauropolos, déesse empruntée à la Tauride, a comme attribut
une paire de cornes formant le croissant lunaire 'k .
Le bucrâne est, en Grèce, un symbole fort employé : on le voit dans
les frises des temples et les bas-reliefs votifs, sur la façade des autels,
sur les tombeaux, sur les objets de bronze, sur les monnaies 5 .
Comme l'œuf d'autruche (et comme le crâne humain, hélas!) la
corne de bœuf avait été un des premiers vases; elle servit de type à
la singulière poterie appelée rhylon par les Grecs 6 et qui fut chez les
Romains un attribut des lares.
Ces peuples firent de la corne le symbole de la fécondité et de la
richesse. La corne d'abondance devint en Grèce l'attribut de Bacchus,
de Pluton, d'Hercule, des fleuves. Les Romains la donnent à d'innom¬
brables divinités et même, par flatterie, aux empereurs et aux impé¬
ratrices 7 .
Le plus ancien des apologistes en latin (un peu avant 180) reproche
aux païens de rendre un culte aux têtes des bœufs et des moutons
qu'ils ont immolés 8 .
Sur la mosaïque romaine du mont Cœlius, le taureau est un des
animaux qui combattent le mauvais œil 9 .
La vache est sacrée aux yeux des Hindous. Comme le lion, elle est
un attribut de Siva. Manou, dans les poèmes indiens, a un taureau
merveilleux qui fait périr par son mugissement les races barbares
ennemies des Aryas 10 .

1 Fr. Leno'rmant : Les orig. de l'hist., t. II, II e partie, 1884, p. 158.


2 Gr, Encycl., t. 14, p. 822 a et tlgure.
3 Michon, Bull, des Antiquaires de France, 1896, p. 273.
4 Gollignon : Mythol. fig. de la Grèce, fig. 40, p. 111 ; p. 218 et fig. 83, p. 219. — Héro¬
dote, 1. II, ch. xli.— Pauly.Walz U. Teufpel, t. 6, p. 1638.
5 H. Saladin, Gr. Encycl., t. 8, p. 322 h.— A.U.E. von Werlhoe : Handhuch der
Griechischen Numisinatik, 1850, pl. 4, fig. 57.
6 A. Baudrillart, Gr. Encycl., t. 28, p. 613 a.
7 Gr. Encycl., 1.12, p. 982 b.
8 Minutius Félix: Octavius, c. xxvm.
9 Pbrdriziït, Bull. Antiq., 1903, p. 165.
10 Sylvain Lévi, Gr. Encycl., t. 20, p. 101 a; p. 697, fig. 1.— Lenormant : Les orig.
de l'hist., t. Il, I™ partie, p. 165.
— 187 —

Le sang du taureau, dans le culte de Cybèle et Atys, purifiait des


souillures de la vie 1 .
Un autel gallo-romain érigé à l'époque de Tibère, et découvert en
1711 sous le chœur de Notre-Dame de Paris, montre en bas-relief un
taureau portant une étole et sur lequel sont perchés trois oiseaux,
avec l'inscription tauvos ■ tpugaranvs (le taureau aux trois grues?).
Ce doit être une divinité,puisque les trois autres faces de l'autel sont
occupées par Jupiter, Hésus et Vulcain 2 .
Sur un second monument de même provenance, le dieu gaulois
Cernunnos (selon M.Mowat le Dis Pater de César, regardé par nos
ancêtres comme l'auteur de leur race), est figuré avec de puissantes
cornes; mais elles sont ramifiées et rappellent plutôt le cerf que le
taureau. On possède aussi des représentations d'une déesse gauloise
cornue, peut-être la parèdre de Cernunnos 3 .
J'ai dit précédemment quelques mots des cornes allouées au dé¬
mon depuis le xni e siècle au moins 4 . Quant à l'idée de donner cet
attribut aux maris trompés, j'ignore absolument où et comment elle
a pu naître.
Bien que fort incomplet en dépit de sa longueur, l'exposé que je
viens de faire montre suffisamment que partout dans l'antiquité un
sentiment mystique a été attaché au bœuf, chez lequel l'homme de la
pierre, avant de parvenir à le domestiquer, avait assurément trouvé
un formidable adversaire, et aux cornes qui font la force et consti-

1 J. Toutain, Gr. Encycl., t. 30, p. 983 b et figure.


2 Henri Bordier et Edouard Charton : Histoire de France d'après les docu¬
ments originaux et les monuments de l'art de chaque époque, J882, t. I, p. 56 et
fig.— Gr. Encycl., t. '20, p. 37 et fig. — M. d'Arbois de Jubainville identifie Tarvos avec
le taureau divin Donn, qui figure dans la composition épique la plus importante de
l'Irlande, L'enlèvement des vaches de Cooley. Les trois grues seraient la déesse de
la guerre, Môrrigu en irlandais, qui était triple. S'il en est réellement ainsi, Trigara-
nus doit être non une épithète à Tarvos, mais le nom ou le surnom d'une divinilé
masculine substituée par les Gaulois à la déesse irlandaise; de même que dans l'ins¬
cription helliccvs svrbvr (BoRDiER et Charton, loc. cit., p. 46, fig. 4), le premier
mot pourrait bien désigner le personnage mythologique figuré par le lion.
3 R. Mowat, Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 1880, p. 277. — Bordier et
Charton, loc. cit., p. 57, fig. S. — Gr. Encycl., t. 10, p. 63 a et fig. — .1ui.es César : De
Bello gallico, 1. VI, chap. xvm. — Sur un bas-relief de Ninive, trois tours d'une ville
assiégée sont couronnées chacune d'une gigantesque paire de bois de cerf ( Jeremias,
fig. 101, p. 301. — .1. Oppert, Gr. Encycl.,1. 4, p. 342, fig. 3). — Un cylindre des fouilles
de Tello (Louvre) montre un personnage dans l'altitude de l'orant, devant une paire
de bois de cerf qui surmonte un oiseau perché sur une hampe.— Dans une hanout du
djebel Behelil, une fresque représente une longue bandelette rouge tendue par deux
personnages à tête de cerf qui font le gesle de l'orant de la main libre (Deyrolle,
Bull, de la Soc. arch. de Sousse, 1903, p. 60 et fig. 5 et 6). — Le Dis Pater de César se¬
rait plutôt Sueellus, le dieu au maillet (A. Bi.anchet, Bull. Antiq. de France, 1903,
page 222).
4 Sur ces cornes, voir Mowat, loc. cit., p. 278
- 188 -

tuent le caractère le plus saillant du puissant animal; il sera donc


bien difficile, je crois, d'établir d'où les Tunisiens tiennent l'emploi
de l'os frontal en guise de talisman.
Quelquefois, ici, les cornes du bœuf sont remplacées par celles de la
gazelle ou de l'antilope 1 . Ces phylactères s'emploient non seulement
à l'extérieur,au linteau de l'a porte ou au couronnement de la façade,
mais aussi dans les appartements.
D'après une croyance populaire des Tunisiens, qui n'en sont pas
encore à la gravitation universelle, la terre est portée sur les cornes
d'un taureau mystérieux : j'ignore quel est le support de l'animal. On
dit d'un puits très profond qu'il s'enfonce jusqu'à la corne du tau¬
reau 2 .
Les tremblements de terre s'expliquent le plus naturellement du
monde dans ce système : « C'est le taureau qui remue la tête. »
« Ici [dans la région d'Oran], m'écrit M. Paul Pallary, les indigènes
croient qu'en plaçant une tête de bœuf sur les arbres fruitiers, ils en
augmentent la production. Dans le Sud, c'est plutôt un crâne de cha¬
meau qui est pendu aux palmiers.»
Cette substitution de la tête de chameau à celle de bœuf établit
une liaison entre le talisman usité à Tunis et celui que M. Philippe
Thomas me signalait dans une lettre récente :
« Entre 1868 et 1875, mon attention fut plusieurs fois attirée, dans
les oasis algériennes de Laghouat et de Ouargla, par des crânes
entiers de chevaux suspendus aux branches de hauts palmiers. Je
demandai à des habitants de ces oasis ce que signifiait cette macabre
exhibition. Ils me répondirent qu'elle avait pour but d'éloigner le
mauvais œil de certains dattiers renommés pour l'excellence de leurs
fruits, objets parfois de l'envie de mauvais voisins. Autant qu'il me
souvienne, toutes les réponses faites à mes questions furent concor¬
dantes.
«Il y a quelques années, pendant mon séjour à Paris, le hasard
me mit en présence d'une gravure d'un tableau du peintre flamand
David Téniers, « Une fête au hameau». Ce qui, surtout, attira mon
attention, ce fut un crâne osseux de cheval, placé bien en évidence

1 Un scarabée phénicien montre l'antilope associée au poisson (Renan : Mission de


Phénicie, p. 839, fig. 4). En Ghaldée, le mouflon était consacré à Nergal (Lhnormant :
Les prem. civilis., t. Il, p. 187).— Des peintures des haouanet du djebel Belielil repré¬
sentent une gazelle mâle ithyphallique et deux ruminants à grandes cornes, peut-
être des antilopes, dont l'un est combattu par un homme (Deyrolle, Bull, de la Soc.
arch. de Sousse, 1903, p. 61 et fîg. 9; p. 67 et fig. 13 et 14). — Sur le dessin donné par
Layard (op. cit., fig. de la page 131) d'une maison nestorienne du district kurde de
TiyarijOn distingue trois tètes d'antilopes appendues symétriquement à la façade.

2j ^J 1^ Oj^' Pour \JJ^ Oj^' respecté l'ortho¬


graphe juive; on remarquera l'emploi de l'article devant le premier substantif.
- 189 -

sur le toit incliné et bas d'une sorte de baraque en planches ados¬


sée à la maison principale du hameau.Il semble avoir été mis là avec
l'intention bien claire d'attirer immédiatement le regard de tout
individu se dirigeant vers cette maison. Bien entendu, je n'ai pas pu
interroger les paysans contemporains de Téniers sur la signification
et les propriétés de cette tête de cheval. Mais, étant connue l'idée
superstitieuse qui se rapporte à cette exhibition dans l'esprit des
indigènes algériens, il me parut de toute évidence que, transmise
par eux aux Espagnols, ceux-ci l'importèrent plus tard chez ces bons
Flamands. N'est-ce pas aussi votre avis 1 ?
« Quoi qu'il en soit, cette idée superstitieuse n'est pas spéciale aux
Sahariens d'Algérie, car dans une des oasis d'El-Oudiane 2 , je ne sais
plus laquelle, j'ai vu en 1885 un crâne, non de cheval, mais d'âne,
suspendu aux branches d'un palmier.»
Aux environs de Naples, on voit des cornes de "vache ou de bélier
au-dessus des portes d'entrée. En Savoie, les paysans fixent des
cornes de vache au linteau de leur écurie, pour défendre le bétail
contre les esprits servants. Dans l'Oberland bernois, des têtes de va¬
ches existaient, il n'y a pas encore bien longtemps, sur le faite des
vieilles maisons 3 .

Aloès (page 131).


L'emploi d'uni1-jeune pied d'aloès ne peut être bien ancien, puisque
l'Amaryllidacée connue sous ce nom en Afrique n'est autre que VA-
gave amet-icana L., originaire du Nouveau continent comme le figuier
de Barbarie ou cactus (Opuntia vulgaris Mill.).
J'ai omis de dire que l'aloès est employé pourvu de ses racines, oe
qui a peut-être une importance.

Queue de thon (page 131).


La queue de thon, employée comme phylactère par tous les pê¬
cheurs du littoral méditerranéen, je crois,devait être censée à l'ori¬
gine réunir la vertu du poisson à celle du croissant.

1 Les Estyens, les Vendes, les Sarmates plaçaient une tête de cheval au haut, d'un
pieu ou au-dessus de leur porte, et lui attribuaient des vertus magiques. Cette cou¬
tume s'est conservée, paraît-il, dans le Lunebourg et le Holslein. Dans les montagnes
du canton des Grisons, on voyait encore il y a peu d'années deux tètes de chevaux en
bois sculpté, placées en regard au faite des toits (De Bonstetten, Revue archéol.,
1883, t. II, p. 27, note 1).—(Jette citation confirme l'observation de M. Philippe Tho¬
mas, qui du reste a eu l'obligeance de me montrer sa gravure; mais elle fait voir
que les Flamands ont pu prendre leur superstition ailleurs que chez les Espagnols.
2 Dix kilom. au nord-est de Tozeur, au bord du chott El-Fedjedj (Sud tunisien).
3 De Bonstettex, loc. cit., p. 27.
— 190 -

La chouette (page 132).


La loi mosaïque range la chouette parmi les animaux impurs 1 .
Nocturne était de mauvais augure dans toute la Grèce, excepté
Ce
à Athènes 2 , dont la déesse poliade l'avait, on le sait,pour principal
attribut, et où on lui reconnaissait un pouvoir prophylactique. Le
mot <TTp!y;, proprement effraie, désignait aussi la sorcière ;! ; il a passé
en latin (strix ou striga) avec les deux acceptions, en italien seule¬
ment avec la seconde : strega, sorcière; stregare, ensorceler; strego-
ueccioj sortilège; etc.
Au début de l'ère chrétienne, la chouette passait à Rome pour se
repaître du sang des nouveau-nés et pour participer aux scènes de
magie.On la clouait aune porte comme phylactère au n e siècle 4 .Une
amulette de basse époque impériale la conjure par le Christ et le
sceau de Salomon B ; il est clair qu'alors,son rôle funeste avait grandi
à des proportions fantastiques.
En France, dans le Nord et dans l'Ouest tout au moins, c'est encore
un oiseau de malheur; lorsqu'elle crie sur le toit d'une maison, elle
présage la mort d'un des habitants. Les paysans la tuent quand ils
peuvent et la crucifient au portail.
La chouette "est également un animal funeste aux yeux des Tuni-

Lévitigue, xi, 16; Deutéronome,xiv, 15.— Voir Winee : Bihl. Realicort., t. I,


1
p. 352.
2 Gr. Encycl., t. 14, p. 720 a.
3 P. Perdrizet, Bull, des Antiq. de France, 1903, p. 169.
4 Ovide : Fastes, 1. VI, v. 131 ; Ibis. — Apulée : Métamorp/ioses, 1.1, c. iv.
5 Perdrizet, loc. cit., p. 168.
6 Les Juifs de Tunis appellent la chouette ih jjâ^ax)!, l'oiseau par excellence; ceux
de l'intérieur lui donnent le nom de -^jf , qui parait chez les Arabes désigner plutôt
le hibou. Au reste, il doit s'établir une certaine confusion entre ces Rapaces, que
j'avoue distinguer moi-même beaucoup mieux en théorie qu'en pratique.

L'effraie (^W^ ' e hibou {■*-fj>)< le corbeau passent aussi pour malfaisants
aux yeux des Arabes. Mohamed el-Hadi, lorsqu'il n'était que bey du camp, achetait
des effraies pour les faire égorger. Toujours pour les Arabes, d'autres animaux fu-
✓ G ! C
nestes sont la tarente
t *c (-^j et le lézard vert (^jJjjj-J, en Algérie ^jl.jj-?* en
Khrourairie ijjr^j- 3 (ce qui est un des noms du crocodile en Egypte), chez les Juifs
..- ' ..-
-""-^jjjj ou s^fsy'j )• Avant d'être reptile, le lézard vert fut le Juif qui trahit le
Prophète caché dans une caverne. Toutefois, sa peau est recherchée des femmes
arabes : elle fait croître les cheveux !
Les lézards paraissent être au contraire de bon augure pour les Juifs, qui en portent
fréquemment l'image comme amulette. (Voir aussi la tarente, p. 132.)
Les Romains regardaient commede mauvais augure le croassement de la corneille
el surtout le gloussement étranglé que l'ail quelquefois entendre le corbeau. Voir un
bubo ou grand-duc en ville ou simplement de jour était un funeste présage; quand
— 191 -

siens, privilège qu'elle partage avec le corbeau; on la considère, no¬


tamment, comme l'ennemie acharnée des enfants en bas âge. S'abat-
elle sur une terrasse, on se hâte de fermer portes et fenêtres; tous
les habitants de la maison font du tapage, ce à quoi le Juif excelle,
et poussent à tue-tête le cri : « A la mer ! A la mer ! 1 » Quand on réus¬
sit à la capturer vivante, la mère de famille lui demande l'alliance,
et en gage du pacte, lui arrache une plume de l'aile droite. Ce rite
n'a-t-il pas une saveur de totémisme?
Si un enfant est « atteint du mal de la chouette 3 », ce qu'on recon¬
naît sans peine à ses yeux vitreux, caves et agrandis, à la pâleur
cadavérique de son teint, à la diarrhée qui l'épuisé, on a parfois re¬
cours à des incisions au front, mode arabe de saignée qu'il convient
peut-être de ranger parmi les moyens médico-magiques; mais le
remède auquel on accorde le plus de confiance est une douche qu'on
administre au petit malade en le plaçant sous le jet, d'urine d'un
chameau. Et même ce traitement, si approprié est rarement couronné
de succès, tant l'influence est maligne !
Figures magiques (page 131).
En dehors de la main, de la clef et du poisson, dont il a été déjà
parlé, les figurés magiques de la feuille de l'accouchée, rosace, pàl-
mette, palme, rameau, lion, méritent que j'en dise quelques mois.
Rosace à huit pétales.
Il est permis de poser en principe que tous les motifs de décoration
architecturale qui nous viennent de l'Orient furent à l'origine des
symboles; ce sont les artistes qui les ont dépouillés graduellement
de leur sens, faule de le comprendre, et en ont fait ainsi quelque
chose d'analogue à ces organes physiologiques devenus sans fonc¬
tions, qui continuent néanmoins à se transmettre d'espèce en espèce,
mais en s'atrophiant ou en changeant d'emploi. La rosace n'a point
échappé à cette règle.
Une plaque de l'âge du renne, trouvée par Piette,présente un trou
central entouré de rayons divergents; ce savant la regarde comme
une amulette figurant le dieu Soleil. Sur un bâton dit de commande¬
ment, le même emblème était répété trois fois.

cet oiseau se posait sur une maison particulière, il


y annonçait une catastrophe. Rome
fut purifiée une fois parce qu'un bubo avait pénétré dans le sanctuaire du (lapitole,
une autre (—107), parce qu'un hibou avait été vu (Pline, 1. X, c. xiv-xvii).
DansL'Ane de Lucien ou d'un.pseudo-Lucien (il» siècle), une sorcière thessalienne
se métamorphose en bubo (Pebdrizkt, loc. cit., p. 170, note 2).
D'après Schweinfurth, les Bongos donnent un nom commun aux esprits malfai¬
sants, aux chauves-souris el aux hiboux de toute espèce (ibid., p. 167).
1 f^.^ Remarquer l'absence de préposition.
2 SjjZ^x){j 0 *=J_^.
— 192 —

Chez les Sumériens, dit Maspero, pour marquer l'idée de dieu, on


«
prenait l'étoile à huit poinLes». Ce symbole se répandit dans l'Orient
sémitique 1 . Souvent les Chaldéens l'inscrivirent dans un cercle ou
le placèrent sur un disque; ils firent varier le nombre des pointes,
selon le rang du dieu. En modifiant la forme des rayons, ils trans¬
formèrent l'étoile en rosace, l'étoile inscrite en roue; et toutes ces
figures servirent à représenter les divinités sidérales.
A Carthage, la triade est souvent symbolisée par trois rosaces;
celles-ci se réduisent à deux sur les stèles de Cypre et de la Grèce
(Soleil et Lune). Des linteaux chrétiens des environs de Tébessa
montrent le chrisme entre deux rosaces. Aujourd'hui, il n'est pas
rare de voir deux rosaces sur les pierres tombales des Juifs tuni¬
siens. Un ornement fréquent en Tunisie sur la porte des marabouts
consiste en une rangée verticale de rosaces, formées chacune de huit
petits disques blancs placés en cercle autour d'un neuvième.
Palmette, palme.
Le palmier-dattier est l'arbre que les artistes chaldéo-assyriens
ont représenté le plus souvent; il a nettement le caractère d'un sym¬
bole religieux sur certains cylindres,notamment sur ceux où il figure
l'arbre sacré.
Une stèle de la collection De Morgan, placée entre l'an —2500 et
l'an —1500, représente une scène de libation à un palmier.
Le temple idéal d'Ezéchiel nous montre le palmier sculpté sur ses
portes et alternant avec les cherubim dans son sanctuaire; cet arbre
symbolise la Judée sur une monnaie contemporaine de Yaddous
(—iv e s.), sur celles de Siinéon Macchabée (—n e s.), d'un procura¬
teur sous Auguste, de Hanan (i er s.).
Chez les Phéniciens, le dattier paraît avoir été l'objet d'un culte;
on suppose même qu'il était divinisé sous le nom de Baal-Thamar.
Les fondateurs de Carthage trouvèrent une tête de cheval au pied
d'un palmier, affirme une légende. Est-elle antérieure aux premières
monnaies puniques, ou leur a-t-elle été empruntée? Beaucoup de ces
médailles, en effet, portent le palmier, soit seul, soit associé au che¬
val ou au lion. L'image de cet arbre se voit fréquemment aussi sur
les stèles votives, sur les rasoirs rituels; elle forme même quelque¬
fois à elle seule une amulette.
La palmette, en Mésopotamie, est proprement une représentation
simplifiée et conventionnelle du palmier. Elle a clans quelques cas
neuf palmes en souvenir des neuf pétales du lotus égyptien,partout
ailleurs (sauf de rares exceptions),sept, le chiffre de l'heplade; cela

1 Nous le retrouvons encore avec sou sens primitif sur la stèle à inscription latine
de la page 154.
- 193 —

seul suffirait à montrer qu'elle possède une signification religieuse.


D'ailleurs, elle couronne des stèles et sert souvent à composer l'arbre
sacré.
Les Phéniciens ne font pas moins d'usage de la palmette. Elle se
compose chez eux d'un croissant dont les cornes sont remplacées
par des volutes tournées à l'intérieur et qui embrasse une portion de
disque surmontée de quatre ou de cinq rayons en forme de pétale :
c'est un assemblage panthée de symboles, ce qui est fort dans les
habitudes phénico-carthaginoises, devient encore plus fréquent à
l'époque néo-punique et se retrouve aujourd'hui chez les Juifs tuni¬
siens. Souvent le croissant et le disque sont très reconnaissables.La
palmette phénicienne fait encore partie intégrante de l'arbre sacré,
on la trouve aussi dans les sépultures sous forme d'amulette en os
ou en ivoire.
Des palmettes sont associées à des branches de vigne, emblème
aimé des Juifs, dans un tombeau d'époque romaine du bit hahaïm
de Gamart.
La palme apparaît chez les Egyptiens : dans une inscription hiéro¬
glyphique, une prophétesse se qualifie elle-même de palme d'amour
très gracieuse.
Des stèles hétéennes montrent un personnage tenant une palme,
insigne de l'adorant d'après Perrot. Cependant je constate que dans
une scène de sacrifice,la palme est emmanchée et figure exactement
un de ces chasse-mouches qu'emploient les Orientaux; c'était peut-
être un chasse-mouches rituel.
En Judée, on tenait à la main des palmes à la fête des Tabernacles ;
on en portait aussi dans les marches triomphales, c'est pourquoi nous
lisons dans saint Jean, à l'entrée du Christ à Jérusalem : Acceperunt
ramos palmarum et processerunt obviam ei. Des pierres gravées et
des lampes juives montrent la palme associée au chandelier à sept
branches et à la corne.
Deux palmes figurent sur un sacrophage phénicien de Gebal ou
Byblos; aux environs deTyr,des palmes sont peintes en rouge dans
des caveaux funéraires ou accompagnent, dans les graffites des
grottes à prostitution sacrée, le triangle renversé (pénil), symbole
d'Astarté.
A Carthage, la palme se voit sur les rasoirs de bronze, où elle est
d'habitude dans la main gauche d'un adorant, sur les stèles, sur les
monnaies; une petite palme en ivoire fait partie d'un collier d'amu¬
lettes de Byrsa. Les lampes carthaginoises de l'époque romaine
portent souvent deux palmes. On ne saurait méconnaître le rôle
mystique de ce symbole : il était ou l'objet d'un culte, comme le veut
le P. Delattre, ou tout au moins un accessoire du culte.
— 194 —

Une copie prise par M. de Sainte-Marie dans la nécropole juive de


Gamart présente trois figures qui paraissent être des palmes.
Chez les Grecs et les Romains, la palme est l'attribut de la Vic¬
toire : de là vient que le christianisme en a fait celui de ses martyrs,
qui sont des triomphateurs.
Le rameau et la volute.
Le rameau de la feuille de l'accouchée est sûrement identique à
celui qu'on a vu associé au khamsa (figure de la page 130). Je me de¬
mandais s'il ne représentait pas la rue, mais des faits nouveaux pour
moi sont venus m'éclairer, je pense.
La roulette d'une loterie tenue par un Juif tunisien était, en dedans
de la zone des numéros, divisée en quatre quadrants qui portaient,
grossièrement peints, le khamsa, le poisson, une sorte de cratère 1
surmonté d'un cône noir aux lignes mal définies, enfin, dans un vase
conique (le. vulgaire pot à fleurs des jardiniers), un végétal à double
tige rappelant celui auquel j'ai renvoyé tout à l'heure. Le propriétaire
ne put m'expliquer les deux derniers symboles, mais un passant, Juif
du peuple, à la physionomie intelligente,m'apprit que la coupe était
« un réchaud comme les musulmans en ont pour brûler de l'encens»
(pyrée), et l'arbuste, « la plante de fortune ». Une autre loterie mon¬
trait seulemen t le poisson, la main et un rameau fleuri ; une troisième,
le poisson et le végétal dans un vase.
D'autre part, j'ai observé que les symboles magiques associés le
plus souvent au surnom divin sur le schadday 2 sont le rameau, le
poisson et le khamsa.
Cette importance attachée au rameau ou arbuste m'a conduit à y
voir un souvenir de l'arbre sacré chaldéen, perse, phénicien et pu¬
nique, avec lequel se confondent l'arbre de science et l'arbre de vie
de l'Eden biblique; peut-être est-ce à cause de cette division de
l'arbre primordial en deux doublets dans la Genèse que l'arbrisseau
magique tunisien est souvent figuré avec deux tiges.
La volute qui termine par le bas les rameaux de la feuille de l'ac¬
couchée a sans doute sa raison d'être; il me paraît en effet certain
que cette figure a été très anciennement un symbole religieux. Nous
la voyons dans les cornes de bélier d'Ammon ou de Baal-Hammon,
et ce sont peut-être précisément celles-ci qui en ont suggéré l'idée.

1 Le cratère abords crénelés, brodé en application, est un symbole magique fort


commun sur les tentures arabes, où il est souvent surmonté du croissant; on voit
aussi celui-ci couronner, sur les mêmes étoffes, un triangle très effilé qui repose sur un
disque, mais beaucoup de brodeurs, dans leur ignorance de la symbolique, font de
l'assemblage des deux dernières figures une hampe sur laquelle le croissant s'em¬
manche, le tout formant une sorte d'enseigne.
2 Voir page 158.
— 195 —

Elle se retrouve dans les boucles de la coiffure d'Hathor (coiffure que


portent également un sphinx hétéen d'Euiuk, Tanit sur une stèle car¬
thaginoise, un sphinx picte du nord de l'Ecosse) ; dans une des formes
du sceptre égyptien, dans le lituus augurai étrusque et romain, d'où
vient notre crosse épiscopale et abbatiale. La volute termine souvent
les deux bandelettes qui pendent au-dessous des ailes d'Ormuzd.Elle
se montre dans les chapiteaux assyriens, perses, hétéens, puniques,
ioniques. Elle a donné naissance à la figure mystique aryenne et no¬
tamment gauloise que les archéologues désignent- sous le nom de
signe en S (et qui se montre sur des lampes chétiennes trouvées à
Carthage par le P. Delattre), à ses dérivés la triskèle ou triscèle 1 et
la forme archaïque du motif sculptural appelé postes, lequel repré¬
sente, à ce qu'on croit, les vagues de la mer. Elle est enfin employée
comme ornement dans les églises romanes, où tout était symbole,
entre autres à l'ancien clocher de Saint-Hilaire de Poitiers.
Le lion.
Le sphinx est un symbole très répandu en Egypte; il passe de là
en Chaldée, en Phénicie, à Carthage, en Grèce, et on le trouve jusque
chez les Pietés. Un hymne appelle Ra «grand lion qui se défend soi-
même». La déesse Sekhet est représentée avec la tête d'une lionne.
A Léontopolis, le lion est l'animal sacré; il joue un grand rôle dans
la sculpture égyptienne à l'époque saïte. Des poids égyptiens sont en
forme de lion.
Nergal a cet animal pour emblème; d'après Maspero, les lions
chaldéens à tête ou à buste d'homme, dont j'ai parlé plus haut (page
130), représenteraient ce dieu, qu'on adorait même à Cutha sous la
forme du lion.Une déesse infernale està tête de lionne,et deux lion¬
ceaux lui sucent les mamelles. Ischtar et d'autres divinités sont figu¬
rées debout sur un lion. Ce fauve a sa place dans le zodiaque. Sut-
un cylindre, deux lions surmontent les piliers de la porte du ciel. Les
colonnes des palais sont souvent supportées par des lions, des sphinx
ou des keroubs.Les bas-reliefs assyriens nous montrent le lion dans
toutes les attitudes; souvent il terrasse le taureau, et ce groupe,qui
symbolisait le triomphe du principe igné sur le principe humide (sai¬
son chaude), a été adopté dans tout l'Orient 2 . Une série complète
de poids assyriens en forme de lion, de l'époque de Sennachérib
(—705 à—681), a été trouvée par Layard.Une amulette en forme
de tête de lion vient des fondations du temple deChouchinak(Louvre).

1 La triskèle, formée de Irois volutes partant d'un centre, commun, comme la tri-
quètre l'est de trois jambes repliées au jarret, est assez commune en Gaule ; on la voit
aussi sur un cachet sassanide du Louvre (entre le m" et le vu» siècle).
2 On voit déjà le combat du lion et du taureau gravé au trait sur un morceau de
coquillage (?) provenant des îouilles de Tello (Louvre).
— 196 -

Le lion, dans le mithracisme, représente le feu; un dieu léonto-


céphale, père d'Aouramazda, le temps illimité.
Dans les ciselures (phéniciennes) des bassins du Temple de Salo¬
mon, le lion est associé au taureau et au chérubin; le trône du roi a
des lions pour supports.
Les images de lions abondent en Phénicie; elles y avaient, affirme
Renan, « une signification religieuse et non puremenL décorative ». Il
en était de même à Cartilage; non seulement, en effet, le lion s'y voit
sur les rasoirs de bronze, les stèles et les monnaies, mais encore il
est de tout temps une amulette assez fréquente et se présente, tenant
divers attributs, comme figure magique sur les lamelles d'or des
étuis-talismans. Baal-Hammon et Tanit ont été l'un et l'autre figurés
assis sur un lion.
En Grèce, le même animal est invariablement l'attribut de Cybèle.
Une intaille gnostique représente le Soleil debout sur un lion en
marche.
Des génies assis sur des lions ont été trouvés dans des tombes
gallo-romaines du Valais.
J'ai vu plusieurs fois chez les bijoutiers juifs de Tunis des kham-
sas dont les jours figuraient deux lions dressés et affrontés à la plante
mystique, ce qui appuie ma dernière hypothèse au sujet de celle-ci.
Le lion est un des rares animaux pour lesquels les musulmans
enfreignent la règle de ne pas représenter d'êtres ayant vie. Tout le
monde a vu quelque gravure de la fontaine de la cour des lions, à
l'Alhambra de Grenade. Ici, nous avons les lions du Bardo, et dans
les bains maures, des fresques grossières représentent souvent deux
lions de profil avec la tête de face, enchaînés à un palmier ou à un
arbre de fantaisie : on croirait voir un dessin d'étoffe byzantine ou
de vase asiatique.
On l'a vu, la rosace, la palmette, la palme, le lion furent dans toute
l'antiquité des symboles religieux : rien donc de bien étonnant à les
retrouver sur un talisman moderne. Mais dans ce cas encore, il n'est
guère possible de deviner si les Juifs tunisiens ont reçu leurs pra¬
tiques de la Judée ancienne, de Carthage ou de la magie du moyen
âge, tout imprégnée de traditions orientales.
Amulettes des chameaux et chevaux.
La question des amulettes qu'on fait porter aux chevaux et aux
chameaux ne concerne que les Arabes, car les Juifs ne montent pas
à cheval (on ne le leur eût point toléré jadis) et je n'en connais au¬
cun qui exerce la profession de cocher 1 ou de charretier, à plus forte
raison celle de chamelier.

1 M. Paul Pallary m'informe qu'à Oran, au contraire, les Juifs forment la majo-
— 197 —

J'ai mentionné la main peinte sur la croupe (page 129) et le crois¬


sant (page 167). D'autres fois,on suspend an cou de la bête un kbamsa,
une paire de défenses de sanglier disposées eu croissant, une clo¬
chette, ou bien encore une ou plusieurs planchettes minces taillées
en chevron (V renversé) ou en triangle à base évidée suivant un arc
de cercle 1 . Le triangle (figure 3), le chevron (figure 2) ou le croissant
(figure 1) est très évasé, ce qui peut tenir à une convenance d'ordre

e.v.
Amulettes des chameaux et chevaux (1 à 3).
Peinture des arabas (4 à 7).
technique, par exemple à la nécessité de ne pas trop s'écarter du fil
du bois. La courroie qui ceint le cou des chevaux est assez souvent
décorée de petites cyprées 2 , fixées toujours l'ouverture en dehors,
et presque toujours par quatre, en file de croix de saint André) ou, ce
qui revient au même dans l'ensemble, de carrés se touchant par un
angle (peut-être primitivement des losanges?)), et plusieurs charre¬
tiers m'ont affirmé que cette parure est efficace contre le mauvais œil.
La sonnette avait des qualités mystiques en Orient et jusqu'en
Gaule. Chez les Hébreux, elle faisait partie des ornements rituels du
grand-prêtre; on la trouve dans un grand nombre de tombeaux pu¬
niques. D'après Cl. Duvernoy, les petites sonnettes que les Gaulois
mettaient au cou des chevaux et des moulons servaient «à conjurer
le sort» ; il en a élé recueilli plusieurs centaines à Mandeure (Doubs).
Un buste gallo-romain de Mercure, découvert à Orange, porte sept
sonnettes suspendues à des chaînes.

rité des cochers. (Il ajoute que bien qu'à Tunis et à Tanger, des Juives se livrent à
la prostitution, le cas est très rare en Algérie.)
1 M. Pallary a observé à Djerba un chameau qui portait au cou un gros Murex
trunculus (Paul Pallary, in lia.).
fi
2 Lcij.
- 198 —

Le chevron, je l'ai dit à propos du fer de flèche (page 179, note 3),
me parait représenter le cône sacré, comme c'est admis pour le tri¬
angle de Tanit. De doubles chevrons sont tatoués sur les bras du co¬
losse d'Amathonte; une lampe chrétienne des environs de Tébessa
en présente de doubles et de triples. Il existait en Phénicie des amu¬
lettes triangulaires, le fronton des stèles a cette forme, et on pense
généralement qu'elle ligure le profil du cône sacré; le triangle con¬
cave à la base serait donc une combinaison du cône et du croissant.
Cependant, on a vu plus haut (page 177), des triangles néolithiques
en œuf d'autruche; les dolmens de l'Aveyron ont également donné
des pendeloques affectant cette figure, et G. de Mortillet leur suppose
un sens religieux.,hypothèse d'autant plus admissible que le triangle
est un élément très employé dans la décoration des poteries de la
pierre polie 1 . Il se pourrait donc que les Phéniciens eussent changé
la signification primitive d'un symbole très antique pour lui attri¬
buer celle du cône.
Les Arabes tunisiens portent souvent au gland de leur chéchia
une amulette en forme de triangle; des triangles sont aussi appen-
dus à la hampe des bannières des mosquées.
La cyprée ou porcelaine est un bijou préhistorique des plus fré¬
quents. Les hypogées de Carthage l'ont aussi fournie en assez grand
nombre, et le P. Delatfre a trouvé à Douïmès une amulette en faïence
dont la face supérieure porte un cartouche de façon égyptienne et
la partie intérieure représente une cyprée vue du côlé de l'orifice.
Au reste, elle figure dans les hiéroglyphes hétéens, dont d'autres
signes sont indubitablement symboliques (exemple, la tête de bœuf,
où les cornes sont remplacées dans certains cas par le croissant lu¬
naire). Cette coquille, en raison de la forme de son ouverture, était
censée figurer la vulve, c'est-à-dire la Tanit carthaginoise, l'Astarté
phénicienne, probablement aussi l'Ischtar chaldéenne 2 ; l'interpréta¬
tion paraît sûre. Pline, dans un passage cité par l'abbé Favart d'Her-
bigny (mais qu'à la vérité je n'ai pas su retrouver chez le Naturaliste),
nomme la cyprée concha Venerea; nos plus anciens conchyliologistes
l'appellent conque de Vénus ou pucelage 5 , et c'est encore ce dernier
nom qu'elle porte dans le peuple. La désignation tout aussi significa¬
tive de Cyprœa, consacrée par Linné, est elle-même fort antérieure
à ce savant. D'après Mucianus, la cyprée était vénérée à Guide dans le
temple de Vénus; et comme cet écrivain du i er siècle ne trouve déjà

1 Les Brahmanes représentent leur monl Mérou couronné d'un triangle dans une
gloire, mais j'ignore si ce symbole est fort ancien chez eux.
2 J'ai remarqué deux grosses cyprées parmi les coquillages (à la vérité assez va¬
riés) déposés dans les fondations du temple de Cliouchinak.
3 Le second terme s'appliquait aux petites espèces.
— 199 -

pour expliquer le fait qu'une légende merveilleuse, il est permis de


présumer que le culte du coquillage avait été importé en même temps
que celui d'Aphrodite.
Les phalerœ que les Romains suspendaient au harnais de ieurs
chevaux furent à l'origine des amulettes empruntées à l'Asie: cela
ressort des formes qu'elles affectaient et qui étaient en général celles
du croissant renversé, du cercle plein ou évidé (disque planétaire) et
du trèfle (symbole de la triade?).
Décoration des arabas.
Les arabas tunisiens portent sur la face externe du brancard et de
la pièce du bâti qui fait corps avec celui-ci une ornementation tradi¬
tionnelle d'un caractère archaïque; des charretiers me l'ont donnée
comme préservant du mauvais œil, d'autres m'ont dit seulement que
c'est bon (^>^)> sans vouloir s'expliquer davantage.
En règle générale et sauf quelques variantes, cette peinture, sur
fond rouge, se compose de demi-rosaces blanches et bleues que cer¬
nent de gros points noirs en nombre très variable, alternativement
placées au bord supérieur et au bord inférieur du brancard et sépa¬
rées par des traits obliques de couleur bleue (figure 4, page 197). Je
serais tenté d'y voir le signe planétaire et le chevron.
La décoration est complétée par un khamsa (figure 5), un poisson
(figure 7) et un symbole en forme de V évasé dont les deux branches
se terminent par des volutes tournées en dehors (figure 6). Le der¬
nier ressemble fort à l'hiéroglyphe du signe du Bélier dans nos alma-
nachs,et je suis convaincu qu'il représente effectivement les cornes du
bélier de Baal-Hammon ou celles du dieu lui-même; quelquefois, les
deux branches sont à distance.l'une de l'autre. Le khamsa et le V à
volutes sont bleus; le poisson, en couleurs plus ou moins naturelles,
a l'œil rond et formé d'un gros point noir au milieu d'un large cercle
blanc inscrit dans un cercle noir ; cet œil est semblable à celui de
certains masques-amulettes des nécropoles carthaginoises.
On assure que l'araba a été importé de Malte en Tunisie, et de fait,
ce véhicule assez grossier est identique dans les deux contrées : il
serait intéressant d'examiner de près les peintures de l'araba mal¬
tais, pour constater ce que les Tunisiens ont pu y ajouter ou en dis¬
traire.

Cette revue rapide indiquerait, en somme, que la superstition


tunisienne s'est formée par syncrétisme; que si certaines de ses
croyances viennent du fonds commun sémitique ou ont été emprun¬
tées directement par les Juifs à la Suméro-Chaldée et à l'Iran, d'autres
ont passé parla Phénicie, quelques-unes peut-être ont été importées
par les Arabes, d'autres enfin sont d'origine purement africaine.
Je viens de tracer, dans ces deux enclaves, le cadre d'un livre qui
pourrait présenter un grand intérêt; seulement, il faudrait pour l'é¬
crire, outre de laborieuses recherches sur place, une connaissance
approfondie de la préhistoire, de l'égyptologie, de l'assyriologie et
de ses dérivés, de l'archéologie punique, des littératures hindoue,
chinoise, rabbinique, musulmane, de la patrologie africaine, de la
magie alexandrine, de celle du moyen âge... et de quelques autres
sciences.
Suite du Répertoire alphabétique

223. - | '-ihd f ^ npS | | ùv?


hstw d^dj -d ^is m
(Poésie sur Ben Nessim, en hommage à l'illustre seigneur; gloire
au Rabb Rabbi Fraji fils de Nessim Chaouat (que sa bienfaisance soit
sur nous! Ainsi soit-il!).) (Titre mélangé d'hébreu et d'arabe.) Ano¬
nyme [écrit il y a longtemps par un Tunisien qu'on n'a pu me nom¬
mer; éditeur, Sion Uzan]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 5654 (1893-
94). Huit pages 12X18.

- Etfw ijns ni uTîpn mn iiudS bts


224. | | |

mybio tavs p» la^y \x ii-voti nomb umpi piiï


| |

DmSip^ pjSi-iyqSi* | "p-iwyi rraKon nnan ,rva pyana rps


-nà mn nwy wriKi /ninon | ^ -opb nw^ 15
npi
nn anyao «a | îmny nb«
fPoésie en l'honneur du saint Rabb Rabbi Fraji Chaouat (la mémoire
du Juste et Saint est pour la bénédiction, et que sa bienfaisance soit
sur nous ! Ainsi soit-il!); poésie arabe de quarante strophes, dont
les vingt-huit connues, qu'on récite au moment de la visite au tombeau
du seigneur à Testour, et douze nouvelles, que nul n'a entendues de sa
vie.) (Titre mélangé d'hébreu.) Anonyme [édité et augmenté parSimah
Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, sans date. Huit pages 12X18.
Cette poésie, entièrement différente de la précédente, est la même
qui figure au n° 131 (page 90), mais a été allongée de trois strophes et
présente quelques légères variantes.
225. — ixy^ inun Taur dws |

(En hébreu poésies à la louange de Rabbi Siméon ben Yohaï (que sa


bienfaisance soit sur nous! Amen !J.JPar Samuel Nerbouni.Tunis, Im-
primerie Uzan et Castro,« dans la Fella,sous l'appartement ( ,L)y) du
caïd Michel Uzan », iyar 5647 (avril ou mai 1887). Huit pages 12X16.
Renferme : "H p ^"Dia StflDU? 'D (acrostiche sur SamuelNer-
— 201 —

bouni,fils de David) et n!"!D\y "D ^"DU '"WDUf 'D (acrostiche sur


Samuel Nerbouni, fils de Simha.J
( AlaJt, la bûche, est l'ancien nom de la rue des Glacières.)

226. - -p -py<2iy t^rn lirai nwn tou? | dws


.k'Tï wirr
(En hébreu et araméen poésies à la louange de Moïse notre seigneur
et de Rabbi Siméon ben Yohaï.J Par Samuel Nerbouni. Tunis, Impri-
rie SionUzan, sans date. Huit pages non chiffrées 12X18.
Dans cette seconde édition, que je crois assez récente, les deux
morceaux ci-dessus sont précédés dep~n >,3T2~|3 SkIOW "JD^D t2VS
(poésie à acrostiche sur Samuel Nerbouni, qu'il prospère !).
227. - rpyoj qijtqki
| nnv | n^yni | ptfp
D*rw
♦ TondoSki «rua-inum | p ^yïb» vvn rrbwDN

(Statuts de la Société de l'assistance des frères et des gens dans la


gêne ;société israèlite qui aide ses membres pauvres et les indigents.)
(Titre mélangé d'hébreu.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1893.
Seize pages 13X18 (rogné). Couverture imprimée reproduisant le titre.

228. - .po1dS« rhh ump


(Bénédiction du soir de la fête des Cabanes.) En hébreu. Suivi de
TTP ~ "D (Ben Yohaï), poésie en hébreu, et de ij pK~|D^
î"DlD^Î (histoire du voleur dans la cabane), en arabe. Signé : F. J. [Fé¬
lix Berebbi et Jacob Cohen]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro]. Sans date. Une page 22X32 sur deux colonnes avec feuille¬
ton.

229. — .rtswrr rh-h ump


(Bénédiction du- soir du premier de l'an.) En hébreu. Suivi de
n3U?n UWT! TWySs* "fSl n^VQ (histoire du fils du riche et du
premier de l'an), en arabe. Anonyme. Sans lieu [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro]. Sans date. Une page 22X32.
(Les mots hébreux -\W$, riche, et T\WU WX~\,jour de l'an,
ont passé en judéo-arabe.)
230. - .fitûbjjbK rh-h \ naop
(Fascicule de la nuit de l'erreur.) Prix, deux sous. Anonyme [Ja¬
cob Cohen]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898. Huit pages 12X18.
Morceaux en prose rimée et en vers.
(Au dire des Juifs, les musulmans auraient une fête qu'ils célébre¬
raient par une nuit d'orgie, avec promiscuité des sexes, et qu'ils ap-
— 202 -

pelleraient AÎaLJi AL). L'auteur donne ce nom à la soirée dePourim,


où, dit-on, à la suite de libations copieuses, les jeunes gens se per¬
mettent quelquefois certains privautés... en tout bien tout honneur!)

231.— niKA4 yo | 3*on^ rto i irnsn^ nanV* mp


. ]«dtS« pn iasiS»dS«
|

(Histoire de la jeune fille égyptienne Gazelle-des-Amitiés avec le


jeune chanteur du malouf Beauté-du-Temps.) Par Simah Lévy.Tunis,
Imprimerie Sion Uzan,sans date [entre 1895 et 1897]. Quarante-huit
pages 12X18. [Catalogué à 30 centimes en 1900.]
Conte en prose et vers. A la dernière page, catalogue d'histoires
et de chansons, avec Pen-tête : Librairie Papeterie Orientale | S. Lévy
et C i0 | Fournitures pour Bureaux, Ecoles, | et Administrations |
Vente et achat | de livres d'occasion en toutes langues j Maison de
confiance.

232- ,*SnbriQ^ rbh yfa rap


(Histoire d'El-Zir Aboie Lila el-Mouhalhal.) Cet ouvrage,menl ionné
dans un catalogue de 1900, n'a pas été mis en vente; il en a été im¬
primé à l'Imprimerie Sion Uzan sept livraisons (56 pages) 12X18.
La publication a été suspendue, sans doute faute d'argent : on a l'in¬
tention de la reprendre. Le tirage est fait à 500 exemplaires. C'est,
je crois, un roman arabe.

233— ,2VH TOp


(Histoire de Job.) Signé : Simah ben Nathan ha-Lévy; Haï ben
Eliahou Sitruk.Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, sans date [vers 1886
ou 1887], Onze pages 10x15; couverture imprimée servant de titre.
[Catalogué à 10 centimes en 1897.]
En vers.

234 - Mitf'btfb inj tfft nom | tkti pin i nïp


•yven nvh^ | is iwh»
(Histoire de la dévastation d'Alger, mentionnant ce qui est arrivé
à nos frères les Juifs en Algérie.) Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu
ni date [Tunis, Imprimerie Jacob Guedj,à l'époque des troubles anti-
sémitiques d'Alger]. Huit pages 13X20.
En vers.
(P~in est hébreu.)
235.— *njn nsp
(Histoire de Hanna.J Edité par Victor Lellouche. Tunis, Imprime¬
rie Officielle.
Cette première édition tunisienne de l'histoire de Hanna daterait
— 203 —

de 1887 ou 1888. Le texte était, sauf peut-être quelques variantes


d'orthographe, celui de Joseph Chabtaï Farhi (voir page 45, note 2
et page 87, n° 120), probablement d'origine tunisienne, et qui, dit-on,
avait été vers cette époque réimprimé à Livourne.
C'est sans doute l'édition de Lellouche que je trouve mentionnée
à 15 centimes dans un catalogue de 1892.

236. — ,n:n rrsp


«Prix, un quart de piastre.» Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1894. Anonyme [éditeur, Lazzero Farhi.] Quinze pages 10X14.
[Le texte est celui de Chabtaï Farhi, sauf de légères variantes.]

237. - . nan nxp


Ce titre est précédé de l'avant titre : nniTiD îT'Hïit^ rïbDtfD^
IlSn nDÏ y'V (complète et originale, corrigée par Simah Lèvy).
Librairie-Papeterie Nouvelle, Simah Lévy, Tunis. Contre-titre seul.
Sans nom d'imprimeur [Imprimerie V. Finzi] ; sans date [vers 1901].
Huit pages non chiffrées 11X16.
[Le texte est celui du n° 236, avec variantes insignifiantes et sans
indication du refrain à chaque strophe.

238. - .Nrrwbw ynoi | nan nxp


(Histoire de Hanna et de ses sept fils.) Suivi de : nJH H^p
^rnfcîblS IiySDT (élégie sur Hanna et ses sept fils). Anonyme. Tunis,
Imprimerie Sion Uzan, 5655 (1894-1895). Douze pages non chiffrées
12X18.
[Le texte de ['histoire de Hanna est celui du n°236; l'élégie est de
Fraji Chaouat].
239. - .«mKSwnyaDi | nan 'nsp
«Rédigé par (tfrtTinQ) Simah Lévy, propriétaire de la Librairie
hébraïque, à Tunis. »Imp. Internationale. Sans date. Huit pages 12X18.
[Le texte est celui du numéro 236, sans répétition du refrain.]

240. - .rrrùbtf KrnKbiK rrynoi | nan nxp


(La nouvelle histoire de Hanna et de ses sept fils.) Suivi de rO^p
DiytûObtf (complainte de l'homme empoisonné) et de ^T^ybî* T\T^>
pTinobi* (complainte du jeune homme brûlé). Anonyme. [Editeur],
Librairie Papeterie Salomon ben Moussa, Tunis. Imprimerie Inter¬
nationale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages 12X18. Au titre,
vignette grotesque.
Cette nouvelle histoire de Hanna n'a rien de neuf : le texte est ce¬
lui des numéros précédents, mais tronqué après la neuvième stro-
— 204 —

phe.[Les deux complaintes qui viennent ensuite sont de Jacob Cohen.]


[Par une supercherie toute simple en Afrique, et dont on trouvera
d'autres exemples (voir pjtf-obi* HTp et D^IHI"! n^P), le titre a été
changé deux fois au cours du tirage, pour leurrer l'acheteur, de sorte
qu'il y a identité complète entre le fascicule ci-dessus et deux autres
intitulés respectivement pTinnbtf 2"Ky's* HJip et Dl^ED^ Wp.]
241. - .nnjnjS^ nD ly j nïp
(Histoire de Jésus et du crâne.) « Par le célibataire Fraji Fitoussi,
que Dieu le garde et le conserve ! » Prix, trois sous. Tunis, Impri¬
merie Uzan et Castro, 1893. Sept pages 12 X18.
[Poésie arabe, dont Fitoussi n'est que l'éditeur ou tout au plus le
« traducteur ». C'est la même légende que dans La question du pro¬
phète: 0 tête! (n« 202,page 114).]

242. - .pHXn^DV | n^p


(Histoire de Joseph le Juste.) Signé : J. C. [Jacob Cohen]. «Imprimé
à Tunis (que la Ville de Dieu soit rebâtie!),à l'Imprimerie de Sion
Uzan (que son Créateur et Libérateur le garde I),qui imprime et vend
les livres, et dont la boutique est au souk El-Bey, n° 29 »,5651 (1890-
91). Huit feuillets 12X18 foliotés en hébreu; couverture imprimée
servant de titre. Contre-titre et titre courant, pi"Tïn ^DV I"lïp.
En vers.
243. - .pnsn *pr- \ n^p
« Par Salomon Baron, courtier; corrigée par Simah Lévy.» Au-
dessous : Histoire de Joseph | en vers | par | Simah Lévy | Tunis |
Imprimerie V. Finzi. Sans date [postérieur à 1896]. Vingt-quatre pa¬
ges 11X16.
Texte différent du précédent.

244. - .DtfbDbtf rrby | pnsn *\zv \ r.sp


(Histoire de Joseph le Juste, sur lui le salut/) Suivi de poésies en
hébreu. Par S. L. [Simah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Au-
dessous : Histoire de Joseph | composée entierment (sic) en vers |
Poésies en langue hébraïque | (musique égyptienne) | Par Simah
Lévy | Tunis le 5 Octobre 1896. Huit pages 12X18.
Différent des précédents.
245. - t rtirhn \ p^n *pr n^p |

(Histoire de Joseph le Juste avec Zouleïkha.) Prix, un franc. Tunis,


Imprimerie Sion Uzan, 1896. Titre et 77 feuillets 12X18, foliotés en
hébreu.
[Edité par Sion Uzan sur un manuscrit de Sarfati.]
— 205 —
(Zalikha (Grasse) ou son diminutif Zouleïkha est, d'après la tra¬
dition musulmane, le nom de l'épouse de Putiphar.
La légende de Joseph, le plus vieux des romans et le seul qui ne
vieillisse pas, comme dit Renan, a sa source dans la Genèse (xxx,
23-25; xxxvn à L).Le Coran (sourate xn) l'appelle la plus belle des
histoires et en donne une version assez divergenle.
Le récit prend de nouveaux développements dans le Targum de
Jérusalem, dans le traité Sota du Talmud, dans les midrascnim Be-
reschith, Rabba et Tanhuma, dans Elpherar, dans le célèbre recueil
appelé Sepher ha-yaschar, et aussi sous la plume de nombreux écri¬
vains musulmans, comme Tabaiï, mort en 922, Ibn el-Athir, mort en
1233, Zamakhchari, Baïdhawi, mort en 1286.
De nature à tenter les poètes, il inspire à Firdousi, dans le premier
quart du xi e siècle, un grand poème, Youssouf o Zuleikha, qui, au
jugement du professeur Hermann Ethé, ne le cède guère au fameux
Livre des rois, et dont Schlechta-Wsserd a donné en 1889 une traduc¬
tion en vers allemands. L'œuvre, qui commence à l'obtention du
droit d'aînesse par Jacob et se termine à la mort de Joseph, suit à la
fois la version du Coran et les traditions rabbiniques, et va beaucoup
plus loin : Joseph y remplace Pharaon au trône, y convertit toute
l'Egypte au Dieu unique, y opère une foule de miracles.
Avant le poète de Thous, Aboul-Mouwayyad de Balkh et Bakhtiyari
d'El-Ahwaz avaient déjà tenté de traiter ce sujet.
Un Poème de Joseph, composé en espagnol par un maure d'Ara¬
gon probablement dans la seconde moitié du xiv e siècle, a élé édité
par Morf (1883) et par Gayangos (dans le tome IV de sa traduction
de l'Histoire de la littérature espagnole de Ticknor).
En 1888, Robles a publié une Légende de Joseph écrite en prose, en
espagnol mélangé d'arabe (lengua aljemiada).
Nous avons encore sur la même matière un poème en langue ca-
chemirienne.de Djami,publié avec transcription et traduction latine
dans le recueil de la Société orientale allemande en 1895 et 1899, par
les soins de Karl Friedrich Burkhard et de son fils Karl-Immanuel 1 .
Il pourrait être intéressant de rechercher l'origine du roman re¬
cueilli par Haï Sarfati.)

246.-.rvbwr ^si»^ ptfip | nnà'-p | rpTpi paNip


(Statuts provisoires : cahier des statuts de l'hôpital israèlite.) Tu-

1 Schlechta-Wsserd, ZDMG., p. 577. — M. Gruenbaum, ibid., t. 43,


t. 41,1887,
1889, p. 1 ; t. 44,1890, p. 445. — G. Huart, Gr. Encycl.,
t. 26, p. 468 b. — Schlechta-
Wsserd : Yussufund Suleicha, 1889. — H. Morp : Poema de José, Leipzig, 1883. —
ï\ Guillén Robles : Leyendas de José hijo de Jacob y de Alejandro Magno, 1888.
— Burckhard : Mahmûd Gâmî's Jûsuf Zulaikhâ, ZDMG., t. 49, 1895, p. 422; t. 53,
1899, p. 551.
— 206 —

nis, Imprimerie Uzan et Castro, 1893. Seize pages 11 X 16 (rogné) et


couverture imprimée reproduisant la page de titre.

. 247. - .MiO^ tfnpiD?Di nS^în^ nyp


(Complainte de la veuve et de son amoureux au cimetière.) Anonyme
[par Lazzero Farlii]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Farlii et
Sitruk, 1890]. Une page 22 X 32 sur deux colonnes.
Tiré sur une même feuille (partagée ensuite pour la vente) avec
isns is «mbnp nbkivk na*p.
{^y~x* signifie beaucoup plus souvent amoureux qu'aimé.)
248. - .niptf^ nrp
(Complainte du flirtage.) « Par le célibataire Chaloum Yirou-
chalmi. » Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date [vers 1888:
voir pan page 31]. Sept pages 14 X 19.
249. - . rnpsp 5* nm^ | rwp
(La célèbre complainte du flirtage.) « Imprimée par les soins du
célibataire Salomon Jorno.» Anonyme [Chaloum Yirouchalmi]. Im¬
primerie Internationale, Tunis. Sans date. Huit pages 12 X 18.
Réimpression du numéro précédent, avec quelques modifications.

250. — wnm prkmibso^ niDK^ | naip


pio is [

n^Sa^pi napwy | p mip iy^p «n yni nyjn ïotti | rhsk


I nnltfjn rrsspn dhSdi prk pio noin | •© ntfbsEï 3*r?y
. nninnn ïpm wym

(Complainte du flirtage, célèbre au marché à la paille (rue de l'Alfa),


du tramway nouveau, exposant tout ce qu'il se passe actuellement
d'amours et de rendez-vous entre jeunes gens et jeunes filles dans le
quartier du marché à la paille; le tout en vers, avec allusions et sous-
entendus parfaits.) Anonyme [Jacob Cohen]. Liprairie Pabiterie (sic)
Salomon ben Moussa | Rue Sidi bou Hadid, 24 | Tunis j Imprimerie
Internationale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages 12 X 18.
Un de mes deux exemplaires porte au verso du titre un avis qui
ne figure pas sur l'autre, mais tout deux sont d'un même tirage.
(ifrATnn : on écrit d'habitude i^HDin ; il y a probablement ici
une faute d'impression. — De même, l'auteur avait sans doute mis
O^^i», entrevues; ce doit être le compositeur qui, à dessein peut-
être, lui a fait dire ^J^M, sages-femmes. —indique l'action pré¬
sente. — hyOj Lsb (pour Aj>jkis), rimes coordonnées, désigne soit la
prose rimée, soit les vers à la tunisienne, ce qui est peu différent.—
\jfj-z>* n'a rien à voir ici avec l'emploi des voyelles, mais signifie,
comme >J,\**, allusions ou sous-entendus.)
— 207 —

251. - .mni mo«^ n^p


(Nouvelle complainte du flirtage.) Anonyme [par Isaac Lévy ; édité
par Simah Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Internationale,
vers 1889]. Une page 24 X 34.

252. - .îvpVd^ d«"k % mn«^ rurp


(Complainte du flirtage à l'époque du choléra.) Signé : S. B. D.
[Sion ben Djiorno]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro].
Sans date. Une page 21 X 31 sur deux colonnes.
[En 1894, si je ne me trompe, il y a eu à Tunis une légère épidémie
de choléra; la complainte est sans doute de cette époque. Elle est de
Simah Lévy; Sion ben Djiorno n'est que l'éditeur.]

253. - .n^piiS yaiï^ ynn nm^ nrp |

(Complainte du flirtage des quatre saisons.) « Un sou. Inventée par


A. H. [Abraham Haddad]. En vente chez Haï Chemama, marchand
de tabac (^à-LaO) au souk El-Grana, chez Abraham Haddad, mar¬
chand de tabac ruelle des Epines et chez Sion Attal, à Si Mardoum,
devant la boutique du rabbin Abraham Belaï^h le schoheth (tueur
selon les rites). » Imprimerie Internationale, Tunis, 6 ab 5654 (juil¬
let ou août 1894). Quatre pages 16 X 22.
[Lazzero Farhi est le véritable auteur, Abraham Haddad l'éditeur
payant.]
254. - .*i^ 4 i^q- ^ | '^parÀ'i mo^ nrp
(Complainte du flirtage et du déménagement en été.) Suivi de SsilD
n^D 1 ^' (animation de la bicyclette). Contre-titre seul. Anonyme
[Vita Sitruk]. Imprimerie Internationale,Tunis. Sans date. Huit pages
12 X 18 non chiffrées.

255. — -nriaN^ njip


(Complainte de la mode.) Signé : Y [Simah Lévy]. Sans lieu [Tu¬
nis], Imprimerie Nouvelle [Farhi et SitrukJ.Sans date [juillet 1890].
Une page 32 X 22 sur trois colonnes.
(jùsy^ ou iiytâ, la mode: pris de la locution italienne alla moda.)
256. - .un'H frise 5* | nrp
(Elégie du baronHirsch.) Anonyme [Simah Lévy], Imprimerie Sion
Uzan, Tunis, 1896. Huit pages 12 X 18.
257. - .rntcsov rurp
(Complainte du baccara.) Signé Y [Simah Lévy]. Imprimerie Inter¬
nationale, Tunis. Sans date [cité en 1897]. Une page 22X32 sur deux
colonnes.
— 208 —

258. - .b'inn^i paihabs | nrp


(Complainte des dévidoirs et de la mise sur bobines.) « En vente à
la boutique de Simah Lévy, Sidi-bou-Hadid, 36, et à la boutique de
Benjamin Costa, ruelle des Epines, 63. » Anonyme [Vita Sitruk].1901.
Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Huit pages 12 X 18.
Même texte et même tirage que mN 1 J3D.;N N"ID^ Fl^p, le titre
ayant été seul changé au cours de l'impression pour tirer, comme
on dit, d'un sac deux moutures.
(La soie est livrée, en écheveaux à des femmes qui la placent sur
\ c
deux dévidoirs i^'j^, sing. r&ji) et l'embobinent, en l'épluchant,
sur de grandes bobines, sortes de tambours à quatre côtes (Aa^Li,
plur. o>^l- et ~ on dit de celle qui fait habituellement ce tra¬
vail : J_y=c J L§-'-lx_l^, mot à mot : sa profession elle transfère la
soie. C'est un métier peu lucratif.)

259. - .-p-rô 2vb | rnSpc'^ wD'nhVt j njip


(Complainte du trois-sept à l'envers, jeu nouveau.) Anonyme [Simah
Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan. Sans date [1896]. Huit pages
12 X 18.
c
( jïçMji, trois-sept, jeu de cartes; italien tresette.)
260. - | itw'wi nion I p">ur«yn atfnïtf mbrk I n'jip
.■prs nbwn 10 nwi i irrom
(Complainte des trois camarades amoureux, Boukhaji, Bounaji et
Boukerch; chanson « 0 toi qui te balances sur les rameaux) ». Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Tunis, Imp. Jacob Guedj. Sans date [vers 1900].
Huit pages 11 X 16.
étant un des noms du membre viril, j'avais naturellement
prêté à l'auteur une intention pornographique; mais il m'a expliqué
qu'il avait appelé ses personnages c ~^=^ (Buveur, de 'i=Lj?, eau-de-
vie juive), ^çwLijj (Joueur, de yy, jeu de hasard qui a quelques rap¬
ports avec ie baccara; son nom vient de ce que le banquier y dit :
jy. .(italien buono) dans le sens de « Tout va 1 »), et i^fy* (Gour¬
mand, littéralement l'homme au ventre). L'imprimeur, manquant de
caractères pointés, a tout bonnement remplacé 3 par 3 et j par ~ ! )
La chanson est égyptienne. (Voir n° 179, page 107.)

261. - x-ya 15 p-nzmnb Kn«bnVt | nyp


.

(Complainte des trois qui se sont associés pour une femme.) « Par
Chaloum Yirouchalmi. » Prix, 10 centimes. Librairie Papetérie (sic)
— 209 -

Bardo, Scemama, Place Bab Carthagène, Rue El Mechnaka, 2. Im¬


primerie Parhiet Varios, Tunis. Sans date [1901]. Huit pages 12X18.

262. — 15 -tntfi dv 13 1 ïritfn nb« nsib n»bn^ | n^p


.biïSTTb
(Complainte des trois frères morts le même jour à Liverpool.) Ano¬
nyme [Lazzero Farhij.« Prix,10 centimes. Imprimerie de Jérusalem,
à Tunis. Année 1901. Imprimerie (^j)X>) du rabbin Lazzero Farhi
et de Varios. » Huit pages 12 X 18.
imprimerie en néo-hébreu, a passé en judéo-tunisien, bien
qu'on emploie plus généralement l'arabe £*J^.)

263. — .-tVni^ njip


(Complainte des sauterelles.) « Par le célibataire Salomon Jorno. »
Imprimerie Internationale,Tunis. Sans date [cité en 1897]. Une page
27 X 38 sur deux colonnes.
[Cette complainte (qui est, dit-on, en réalité de Simah Lévy) a été
évidemment publiée l'année de la grande invasion de sauterelles;
je n'ai pas la date sous la main.]

264. —-pinn p pwx^ twpi là ypi «a | D^b nrp


1^

"îtûSbn^S ] Mtn:n Koatfin | ,mbnp ài"^ wjtfibK p ,dkïdi |

nnns^ "npi
.

(Complainte de la dispute ; ce qu'il s'est produit ces jours-ci d'agi¬


tation et de dispute entre nos frères des deux communautés, Tunisiens
et Livoumais, en vue de fusionner et s'unifier.) « En vente à la bouti¬
que de Simah Lévy, à Sidi-Mardoum,n°13. » Tunis, Imprimerie Sion
Uzan, 1895. Anonyme [Vita Sitruk]. Huit pages 12 X 18.

265. - . nniSi nrr:nv$ njip


(Complainte du nouvel abatage.) Signé :D.D.B. [Daniel di Bas].
Sans lieu [Tunis],Imprimerie Internationale. Sans date [1894?; cité
en 1897]. Une page 22 X 32 sur deux colonnes.
[L'auteur effectif est Jacob Cohen,]

266. — . p«S3,^ tfby nruxn ^ha n^p


(Complamte de la femme ynorte en couches.) Anonyme [Lazzero
Farhi]. Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date [mentionné en
1892, à 5 centimes]. Une page 22 X 32 sur deux colonnes.
Tiré sur une môme feuille avec 1D"D àh&ïl 1K"|3dSs rO^p, et
séparé pour la vente. '
- 210 -

267. - wîo j nabi» DGb | Snp nb» bj*n^ riyp |

.m«3 ?s | inarore yû jiiîr 1


(Complainte de l'homme qui a tué ses cinq enfants pour épouser sa
maîtresse, à Paris.) Anonyme [Jacob Cohen]. Librairie Papeterie
Salomon ben Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans date.
Huit pages 12X18.
Il s'agit de l'affaire Brière ; [la complainte a paru à l'époque de ce
procès].

268. — .ima vhy | "WjpbK SwiJ< | rirp


(Complainte du mari jaloux au sujet de sa femme.) Anonyme
[Jacob Cohen]. Librairie Papeterie hébraïque S. Ben Moussa, Tunis.
Imprimerie Internationale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages
12 X 18.

(jSjfi pour ^iy,sa femme, état construit de 'i\y> (non ^.'Ay).)


269. - .'pmnVt miabDi | rv^xk nspp
(Complainte de l'effrontée et de la rien qui vaille.) Anonyme [Simah
Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1899. Huit pages 12 X 18.
[A l'apparition de cette pièce, l'éditeur Salomon ben Moussa, qui
avait publié n^xh tnpba rwp et nmo'nbtf nbsto^ na^p,.in
tenta à Sion Uzan un procès en contrefaçon, mais il se désista avant
que l'affaire fût appelée. C'est, je crois, le seul cas à Tunis où le pla¬
giat ait motivé
c
une plainte.]
(X —Japj, plur. JuUj, se dit d'une femme effrontée, grossière et de
mœurs douteuses. M. G. Remy pense que ce mot dérive, par cor¬
ruption phonétique, de la racine tomber, décheoir. Bien que je
n'aie pas présent à l'esprit d'autre exemple de remplacement du ^
par le j, cela ne me parait pas invraisemblable. Dozy (Supplément
aux dict., t. I, p. 661 et 662) donne laàw, vil, ignoble: .LiL., incivil,
grossier. En Egypte,iai—. s'emploie dans le sens d'estropié. Déchéance,
soit morale, soit physique. — -Ai^j, ternie, et ^H^! *?yr**> teinte
par [tous] les coins, se disent de la femme légère, de celle qui a mau¬
vais renom, et équivalent à peu près aux locutions populaires une
rien qui vaille, une rien du tout. A rapprocher de , teindre, pris

dans le sens de diffamer (voir n° 205).

270. - | naip ik | TKTi jSTrV» | nrp


.kdj in
(Complainte des deux co-èpouses, ou complainte de l'homme qui
— 211 -

prend deux femmes.) Anonyme [Simah Lévy]. « Imprimerie Si m ah


Lévy, à Tunis, rue Sidi-bou-Hadid. » Imprimerie Universelle, Tunis.
Sans date [1905]. Huit page 12 X 18.
Nouveau.

271. — . inD~p anfcan ï*n3D^ n^p


(Complainte de l'ivrogne et de l'ami de son ventre (du gourmand).)
Anonyme [Lazzero Farhi]. Imprimerie Internationale, Tunis. Sans
date [mentionné en 1892 à 5 centimes]. Une page 22 X 32 sur deux
colonnes.
Tiré sur la même feuille que le n° 266.

272. — .dsoS'^s kdj'^ unit | ruip


DihV^i nysju^ |

m\ï .-nfe<"iKttab«i rrôKVDbi* | p piboVo iwinbK mb^ni


Snp p nxybn is*n 13 ypi Km .iiîtSk \ kc: D*ob p mnybK
is insnîri npiS» iSi np^im [ ^wis -wba r-porte 13 | -jbm
I ai«vS« u^bm. fpDmsfiD 1 ^ npi | math "isd^i .psbs
.-raiw | omm pbaabK nbèabai

(Complainte de la coquetterie et de la toilette; passion des femmes


pour la toilette ; prise des vêtements à crédit aux colporteurs et aux
bazars ; jalousie du peuple au sujet de la toilette des femmes juives;
ce qu'il y a eu cette année de meurtres et de trépas en Russie, dans la
ville de Kichinew ; habileté de l'enfant d'aujourd'hui et ses connais¬
sances dans tous les arts; le voyage à Paris au moment de l'Exposi¬
tion; promenades du jeune homme et de la jeune fille fiancés, seuls et
sans gardien.) Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis,Im¬
primerie Jacob Guedj, 1900]. Huit pages 11 X 16.
(ijS^jï, promenade, s'emploie pour le singulier et le pluriel; on
dit aussi JàJpJ; de se promener, —^j-t, est l'hébreu"]Dlttf,
gardien. On donne ce titre à l'ange gardien de l'eau (voir page 125).
Les fabricants de beignets, tous musulmans, ont généralement chez
eux un Juif chargé de contrôler la fabrication, faute de quoi leurs
produits seraient Ajsj^Js (impurs) et ils perdraient la clientèle juive,
qui est un sérieux appoint; on appelle ce surveillant vj^JJLd!^'j&,
le gardien du marchand de beignets. Il y a également un choumir
chez les marchands de ï^^, gâteaux arabes en forme de cordelette
enchevêtrée.)
273. - .^nyStf Tsnaour^ n^p
(Complainte du train nu.) Suivi de l'horaire du « chemin de fer
italien» (ligne de La Goulette et de La Marsa) pour le jour de Ha-
— 212 —

guen. Anonyme [Jacob Cohen]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan


et Castro]. Sans date. Une page 22 X 32 sur deux colonnes.
(Le train nu est le nom que les Juifs donnèrent au train économique
créé pour les ouvriers entre Tunis et La Goulette; ils l'appelèrent
aussi BjljJ-H, les tripes de bœuf, mets de pauvres.)

274. — .ûtiSn njipi | n^tfpxbà roip


(Complainte des artisans; complainte de l'écroulement.) Anonyme
[Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Sion Uzan]. Sans date
[cité en 1897]. Une page 24 X 34 sur deux colonnes.
(AjoLlo, pluriel de joluo, artisan.)
Sr

275. - ;t5"ïd i$ «nibnp nS« nSsta^ rurp


(Elégie de la jeune fille assassinée à Corfou.) Anonyme [Lazzero
Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Farhi et Sitruk, 1890].
Une page 22 X 32.
Tiré sur la même feuille que le n° 247. Mentionné à 5 centimes en
1892.

276. — nias njip tOTTi | rMi3b»bt* rhsvk \ wp


'H'ût TTOp' 'ib» •pDs^sbtfi | yrnDnbK n«bstaV« ysna
.w?tfb:t is wSk
(Complainte de la rien qui vaille, ou complainte du flirtage des
filles de rien, des débauchées qui font présentement la honte de notre
ville.) Anonyme rJacob Cohen]. Prix; 10 centimes. Librairie Papete¬
rie Hebraique (sic) Salomon ben Moussa, Tunis. Mon exemplaire ne
porte ni nom d'imprimeur, ni date, mais j'en ai vu un autre, du même
tirage, sur lequel on lit : Imprimerie Internationale, Tunis, 1899.
Huit pages 12 X 18.

277. - ] nny pu/yi nysntf | nnwûbi* nbsta^ | rwp


.pwybs btfjKba njipi
(Complainte de la fille séquestrée vingt-quatre ans ; complainte du
veuf amoureux.) La séquestrée | de Poitiers (ce titre français en tête).
En vente chez Simah Lévy et chez Benjamin Costa. Anonyme [Simah
Lévy].Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1901. Huit pages 12 X 18.
(Juf !, veuf, plur. J^-l^l. Beaussier écrit Jlâ> (Dict., p. 703 b).)
A la fin, on lit ce curieux avis :

rrsspi pan pto n:np ï« yro *s aàtn p


— 213 —

nniobb mpi .nb^ rrSa eba nwpbx yrnn w nnrrna


.imh: toi ^bn pa p naï 'd y-inaSa
«Quiconque désire la composition d'une épitaphe ou d'une élégie
aux paroles tendres et touchantes et aux rimes riches, ou la trans¬
cription des élégies en très belle écriture carrée, qu'il s'adresse à
l'excellent écrivain siniour Simah ben Nathan ha-Lévy, et il obtien¬
dra ce qu'il souhaite. »
("Piy, chant en hébreu, signifie à Tunis épitaphe. — Elégie: il s'agit
d'une élégie spéciale à la louange d'un mort, commandée par sa fa¬
mille, et qu'on lit le soir de Haguen à la maison et le matin sur la
tombe. Elle doit être écrite en bel hébreu carré, afin que la lecture
en soit faite sans hésitations. — ^ojjè s'emploie dans le sens de tou¬
chant, qui fait pleurer.— £\Jj> écrire en hébreu carré.)
278. - ï-pio *s Knro*TD 1 rYrb nn«a nbsta^ 1 njip
.K'D-inn naw n« 25
(Complainte de la jeune fille morte le soir de ses noces, au Caire, le
25 adar 5661.) Prix, 5 centimes. Anonyme [Lazzero Farhi]. Tunis,
Imprimerie de Jérusalem, 1901. Huit pages 12 X 18.
(-"^-à-jJ est l'hébreu rD"D> bénédiction, passé avec le sens de ma¬
riage en judéo-tunisien comme dans d'autres dialectes juifs.)

279. - .pmnnStf rrmybtf | nrp


(Complainte du jeune homme brûlé vif.) Librairie Papeterie Salo¬
mon ben Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans date. Huit
pages 12 X 18.
Même texte et même tirage que le n° 240, le titre seul a été changé ;
des deux clichés formant la vignette grotesque, un a été supprimé,
l'autre placé sur le côté, de façon à coucher le personnage la figure
en bas; au-dessous,on lit: pnnD^ ( ceci est le jeune
homme brûlé vif).

280. - .pnnnStf 2~whx \ nrp


Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date
[1905]. Huit pages 12 X 18.
Nouveau.

281. — .t2«Snb« pio 15 rTDiabtf awySà ruip


(Complainte du jeune homme égorgé au souk El-Blat (marché aux
dalles).) Signé :X [Jacob Cohen]. Imprimerie Internationale, Tunis.
Sans date. Une page 22 X 32.
— 214 —

282. — . tatfbnbN pis | mmpSw nwyb» | wp


Anonyme [Jacob Cohen]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro. Sans
date. Huit pages 12 X 18.
Réimpression textuelle du numéro précédent.

283. — .tatfbnbtf piD 12 | irmnbtf n-syba | mip


Anonyme [Jacob Cohen]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date
[1905]. Huit pages 12 X 18.
Réimpression d'un des deux numéros qui précèdent.

284. — .^piwynbi* awybà n^p


(Complainte du jeune homme amoureux.) Mentionné en 1897 au
catalogue de Sion Uzan (-n° 42), que j'ai reconnu exact dans les autres
cas. Simah Lévy m'a confirmé l'existence de celle complainte, qui
est de lui, et a été imprimée chez Uzan et Castro.

285. — .pwybtf Tn 15 \ pinsaStf rwbtf na^p


|

(Complainte du jeune homme noyé dans la mer de l'amour.) Ano¬


nyme [Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle | Simah
Lévy | Rue du Palmier, 5 — Tunis. Huit pages 11 X 16.
Nouveau.

286. — . Dtf-ubtfi nn'^n | Vinpab« awySa | rtnp


(Complainte du jeune homme tué par l'amour et la passion.) Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1899. Huit pages
12 X 18.

287. — .nbs^ ahy \ *pxpDbi* awyS» | rrçip


(Complainte du jeune homme mort subitement.) Prix Fixe 10 Cen¬
times. Anonyme [Jacob Cohen]. Librairie Papeterie Hebraique Salo¬
mon ben Moussa. Imprimerie Internationale, Tunis, 1899. Huit pages
12X18.
(_<$yai?, ravi prématurément, c'est-à-dire tronqué [en ce qui con¬
cerne la vie]. Une des malédictions les plus usitées chez les Tuni¬
siens (qui en ont un riche répertoire) est : v_££>Li. ^j^, qu'il [Dieu]
tronque ta jeunesse !)

288. - Sï«t5tf nabro iinnnHtf nwbà nrp


| | [

.nwnbtf nm ivbbDia ^Sna^a


(Complainte du jeune homme tourmenté par la passion à trois points
— 215 —

de vue : mandoline, bicyclette et amour des plies.) Contre-titre : nJ^p


rvS3''D ,, 2 Ll^l Uibnj^QS' (complainte de la mandoline et de la bicy¬
clette). Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Simah Lévy, Tunis. Sans
date [1905]. Huit pages 12 X Ï8.
Réimpression de TT,L~lD''D 1 :i'LW l^Sn^nStf njip ; le second
couplet a été supprimé faute de place.

289. - .ntfnï^s'i ny/s> is Sa«n^ i n.^y'^ i r.rp


(Complainte du jeune homme oisif dans la dissipation et les mal¬
tresses.) Anonyme [Jacob Cohen]. Imprimerie Simah Lévy, Tunis,
5666 [1906]. Huit pages 11 X 16.
Réimpression de niTWiObtf ^ ntfSstÂ* niDi* n^p.
( J.Jj>, oisif, oagabond. — est plus spécialement l'action de dis¬
siper son bien avec les femmes. — >._i'^-H: le sens de maîtresses m'a été
indiqué par l'éditeur même du numéro, qui affirme que ce mot est
quelquefois employé comme pluriel de L^to, au lieu de dX^-Ua;
toutefois, je doute que son public comprenne son intention et ne tra¬
duise pas les amis, comme j'avais lait.)

290. - xibD.Dtfybtf | ruip


(Complainte de l'année tout entière.) Anonyme [Vita Sitruk].Tunis,
Imprimerie Sion Uzan, 1894. Huit pages 12 X 18.

291. — .pinpaSKi q'Kybs nrp


(Complainte de l'année et des gens assassinés.) Signé : J. C. [Jacob
Cohen]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [cité
en 1897]. Une page 22 X 32 sur deux colonnes.

292. — .n^bï^DGDSO | Diybs | rijip


(Complainte du mariage avec billets à ordre.) Anonyme [Jacob
Cohen]. [Editeur], Salomon ben Moussa, Tunis. Imprimerie Interna¬
tionale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit pages 12 X 18.
Au titre, de grossières vignettes d'imprimerie représentent « le lit
de la mariée et du marié et leurs emplettes faites avec des billets à
ordre ».

293. - .-wibtf pbn ^ l'ppwnbN a^ySs n:^p |

(Complainte des jeunes gens amoureux à La Goulette.) Anonyme


[Simah Lévy], Librairie Papeterie Nouvelle S. Lévy. Imprimerie In¬
ternationale, Tunis. Sans date. Huit pages 12 X 18.
Un de mes deux exemplaires porte la mention Tous droits réser¬
vés, ajoutée au cours du tirage.
— 216 —

294. - . ^tï's< p^ybtf | naip


(Complainte de l'amour entre voisins.) Anonyme [Simah Lévy].
5666 [1906]. Imprimerie Universelle,Simah Lévy, Tunis. Huit pages
11 X 16.

Réimpression de ntflDtfbtf î~li*Vs>tû n^p ■— Identique, sauf le


titre, avec miDK^ IltfbàE P3'p.

295. — .*D«-iiS«i purySs nrp


(Complainte de l'amour et de la passion.) Simah Lévy m'affirme
avoir publié une complainte sous ce titre : Tunis, Imprimerie Farhi
et Sitruk, 1890; une page 22 X 32.

296. - . nu dSs^ nrp


(Complainte des faillites.) Prix: 10 centimes. Anonyme [Simah
Lévy], Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Sans date [cité en 1897]. Huit
pages 12 X 18.

297. — . ï-ikdSs^ i nr-p


Anonyme [Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Si¬
mah Lévy, Tunis. Huit pages 11 X 16.
Réimpression du numéro précédent.

298. — .-itfDDjïrwDi | imisbtf v&y


(Complainte du port et de Madagascar.) Anonyme [Simah Lévy].
Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1899. Huit pages 12 X 18.
(Madagascar est le nom d'une guinguette située au port de Tunis,
à l'entrée du canal de La Goulette.)

299. — .Entons ntnoi fiSto^ tod^ njip


|

(Complainte de la fête et du ballon, et de l'élargissement des pri¬


sonniers.) Signé : Y. [Simah Lévy]. Imprimerie Nouvelle [Sion Uzan],
Tunis. Sans date [probablement entre 1898 et 1901]. Une page 23 X 35
à deux colonnes.

300. - .Tiïk îtni&yi ntao^ nrp


(Complainte de la fête et du nouveau port.) Signé : H. B. [Jacob
Cohen]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date
[1893]. Une page 22 X 32 à deux colonnes.
Il s'agit des fêtes de l'inauguration du port de Tunis, ouvert le 28
mai 1893.

301. - pjsk&i nw^ nansi


| | Djm 's ^iin^ | nrp
— 217 -

taïtytaVi I DfrnjStfi punrbtfi | ïhtisHk "btSk rnaitan^i


.wbj nb« ^psnybtfi
(Complainte de la grèoe à Tunis, de la lutte de la Russie et du
Japon, de l'établissement de bains du port, de l'amour et de la passion,
du renchérissement de la semoule et de l'eau-de-vie.) Anonyme [Si-
mah Lévy]. Prix, un sou.Tunis, 1904, Imprimerie Jacob Guedj. Huit
pages 11X16.
(jssiJki. , établissement de bains, dans le français local rotonde (voir
page 34, note 1); de l'italien rotonda. Il y a eu sans doute autre¬
fois, à La Goulette ou ailleurs, un établissement analogue, de forme
circulaire. — hàs désigne spécialement la farine et la semoule, qui
sont les bases de la nourriture.)

302. — nrp
(Complainte du joueur.) Si'gné :X [Jacob Cohen]. Imprimerie In¬
ternationale, Tunis. Sans date. Une page 22 X 32.

(^.jlSs : nom de métier formé de ^.1—si ou plutôt du verbe déno¬


minatif jUiM w-jJ , jouer de l'argent aux caries, j- *-=>, jouer, se
dit même des jeux d'adresse, par exemple du tir. Autre locution se
rapportant à la même racine dans son second sens : les marchands
de faqous crienL : J-s \£j^> (Acheteur au clair de lune!). Voici
la raison qu'on en donne : les Tunisiens croient que la lune fait pous¬
ser les concombres, et comme il est d'usage que le revendeur achète
à forfait la récolte dès le moment de la semaille, si l'affaire tourne
bien pour lui, c'est à la lune qu'il en sait gré.)

303. — p^pta^ nbbsi | nHnj SdSk | mrpSj* naip


. j^Sar-S'i

(Complainte des complaintes en totalité, du pain de farine et dit dé¬


ballage.) Signé:Gr. [Simah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898.
Huit pages 12 X 18.
ii pour ^--s-î. Les Juifs emploient beaucoup plus la semoule
que la farine pour le pain. — Déballage est pris ici dans le sens de
vente par des marchands de passage.)

304. - . rrnàï^ nrpi tons* nS^ nrp


| |

(Complainte du chien borgne; complainte des voyous.) Prix : 10 cen¬


times. Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Sans
date [cité enl901]. Huit pages 12 X 18.
— 218 -

sos.— .fpySx nbroi ^qdSk rrp


(Complainte de la 'piquante et de celle aux yeux noirs.) Signé : M.N.
[Lazzero Farhi]. Prix, un son. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, entre 1891 et 1894]. Une page 22X32 à deux colonnes.
Tiré sur la même feuille que "jtfS'îjptf "piy n^p.
(/Oj*wl, <!e cumin, se dit d'une femme piquante. — ïlsP pour *!isr .)

306. — ^ib^nbtN» n^p


.nxnbKi
(Complainte du malouf et du maçri.) Signé : Y [Jacob Cohen]. Im¬
primerie Internationale, Tunis. Sans date [cité en 1897]. Une page
22 X 32 à deux colonnes.

307. - .pinrrabtf i rwp


(Complainte de l'homme brûlé vif.) « A deux sous. » Signé : .5.5$
[Lazzero Farhi]. Sans lieu [Tunis], Imp. Internationale. Sans date
[cité en 1901]. Huit pages 12 X 18.

3oa- NpaVt Sys tdid «rrs rv^rk i r.rp \

.^KpiS» ^iSpy ^:npi nn*op i? I onb^nyï taiwrçbi*


(Complainte de la femme effrontée, où sont exposées la conduite des
femmes effrontées et leurs pratiques dans le dévergondage de notre
époque, fin du temps.) Prix; 10 Centimes. Anonyme [Jacob Cohen].
Librairie Papeterie Hébraique Salomon ben Moussa, Tunis. Impri¬
merie Uzan et Castro, 1899. Huit pages 12 X 18.

309. - > miNv s


, ûS k N-inb« | nrp
(Complainte de la femme en fuite.) C'est le contre-titre, l'exem¬
plaire que j'ai vu étant incomplet du titre et des deux dernières
pages. [Auteur, Bnini Chelli; Tunis, Imprimerie Jacob Guedj. Huit
pages 12 X 18.]
(Lj^U pour Xï^jy.)
Il s'agit d'une Juive qui s'est enfuie et faite musulmane.

310. - .mtf'jjs^ *nn^ i n:'p


(Complainte de la femme envieuse.) En vente chez Simah Lévy et
chez Benjamin Costa. Anonyme [Vita Sitruk], 1901. Imprimerie Sion
Uzan, Tunis. Huit pages 12 X 18-
L'auteur met en scène une femme pauvre, envieuse de la toilette
des autres. — Même texte et même tirage que le n ô 258.

311. ...is | nywc^ n*na^ n^p |

(Complainte de la femme prise en flagrant délit à.....) Anonyme


— 219 -

Jacob Cohen]. Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date. Huit


pages 12 X 18.

312. - , rxnSio n*ncbtf | nrp


(Complainte de la femme qui a des beaux enfants.) Anonyme [Simah
Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1905]. Huit pages
12X18.
Nouveau.

313. - | nsèni ^ ma uv 'i unnn qime^ ray


.5651 nao uiv 28 'ro Snw *s nmroi hs4 va îrrwbïK
(Complainte de feu le sage et parfait Rabbi Yom-Tob el-Guej et de
ses trois enfants (que leurs âmes soient en paradis), qu'on a égorgés à
Nabeul le 28 schebat 5651 (janvier ou février 1891.) Signé : .S„ît [Laz-
zero Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Sion Uzan,1891 ou
1892 (mentionné en 1892, à 5 centimes)]. Une page 22X32 à deux co¬
lonnes.
Tiré sur la même feuille que inDSJ pytJ ^Stf "jinnD^ TWp,
et séparé pour la vente.

314. — .ïpasb | ■'s oiytob 1* na^p


(Complainte de l'homme empoisonné à S fax.) [Editeur], Librairie
Papeterie Salomon ben Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale.
Sans date. Huit pages 12 X 18.
Même texte et même tirage que le n°240, le Litre seul a été changé;
le personnage couché sur le nez au n° 279 est ici sur le dos, avec
l'inscription : Q'V*JQ^ ^"^H (ceci est l'homme empoisonné).
{çjtjo* , empoisonné, c'est-à-dire à qui on a fait manger [du poison].)

315. — . mjbtf is binpoStf | naip


(Complainte de l'homme assassiné au Maroc.) Précédé d'une pré¬
face en prose. Par S. L. [Simah Lévy], Propriétaire de la Librairie
Papeterie Nouvelle, Rue Sidi Bou-Hadid, 36. Imprimerie Interna¬
tionale, Tunis. Sans date [entre 1899 et 1901]. Huit pages 12X18.

sis- - . rnjbtf *s | pinnai binpab« | nrp


(Complainte de l'homme tué et brûlé au Maroc.) Contre-titre : T^p
DliStf 'S SlnpD^. Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Univer¬
selle, Tunis. Sans date [1905]. Huit pages 12 X18.
Réimpression du numéro précédent, moins la préface.
— 220 —

3i7.— .ino23 Dvia hS« "pnnnbK nrp


(Complainte de l'amoureux qui s'est empoisonné.) Anonyme [Laz-
zero Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1891 ou
1892]. Une page 22 X 32 à trois colonnes.
Tiré sur la même feuille que le n° 313.

sis. - . dïSs ï6:> pinnnbN | nrp


(Complainte des amoureux sans argent jParChaloum Yirouchalmi.
Prix, 5 centimes. Librairie Papeterie Bardo [ Scemama | Place Bab
Cartagéne — Rue El Meciinaka 2. Imprimerie de Jérusalem, Tunis,
1901. Huit pages 12 X 18.
Réimpression, avec légères modifications, du n° 248 (postérieure
au n° 249).

319. - . mb^DnVtï | wbnan^ | n^p


(Complainte de la mandoline et de la bicyclette.) Anonyme [Simah
Lévy]. Imprimerie Uzan et Castro, Tunis, 1896. Huit pages 12 X 18.

320. — .SnKnnbtf nrp


(Complainte des fous.) Suivi de Ninette! (chanson). Anonyme [Si¬
mah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Jacob GuedjJ. Sans date.
Huit pages 11 X 16.
(J^V fait au pluriel JfV ou <j^y&> selon qu'il est pris substan¬
tivement ou adjectivement.)

321. - .rmirraStf nrp


(Complainte de la fugitive.) Suivi de JHd'"- 5 S^SilD i^ 1 ï~"PMJ!
nM3fc$Sfc$ (chanson: « Ah! qu'elle est douce, la réunion des jeunes
filles! »J Anonyme [Simah Lévy]. Prix 10 cent.Tunis,Imprimerie Sion
Uzan, 1899. Huit pages 12X18.
Le sujet de la complainte est le même qu'au n° 309. La chanson
est différente de celle du n° 203- Elle a pour conclusion ce proverbe
tunisien : nairS' "lOb 1 ^Plbs, KTiS Sl^ 1 "nStf (Qui troque barbe
contre barbe perd les deux).

322. - . ncsw's' n:ip


(Complainte de l'accouchée.) Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie
Universelle, Tunis. Sans date [1905]. Huit pages 12 X 18.
Nouveau.

323. - >rcnik | npi^ nrp


(Nouvelle complainte de l'époque.) « En vente chez son auteur Ab-
— 221 —

raham Haddad, marchand de tabac dans la ruelle des Epines.» Tu¬


nis, Imprimerie Uzan et Castro, 1889. Quinze pages 11X14.
Les mots Nouvelle complainte ne me paraissent pas prouver qu'il
ait été publié précédemment une npibts Fl^p ; je pense qu'ils font
plutôt allusion à np'N nDYHQ-— [Le véritable auteur serait Vita
Sitruk.]

324. - .iQiinn^ nrp


(Complainte de l'enfant naturel.) Anonyme [Jacob Cohen]. Sans
lieu [Tunis,Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date. Une page 22X32.

325. - , ïodï-Vs' is | i^mpD^ nm^ I n^ip


(Complainte des Juifs massacrés en Russie.) Contre-titre seul. Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Simah Lévy, Tunis.
Sans date [1906]. Huit pages 11 X 16.
Nouveau.

326. — ,nw2« Kîno'^ | naip


(Complainte de la mère des sept filles.) Par Chaloum Yirouchalmi.
En vente chez Jacob Scemama, Librairie Papetérie (sic) Bardo. Im-
primérie (sic) Farhi et Varios, Tunis. Sans date [1901]. Huit pages
12X18.

327. — .mtaDV* pis | nwa^ niD« njip


|

(Complainte du flirtage des filles sur les terrasses, j Signé : G-. [Simah
Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898. Huit pages 12X18.

328. — .umniob^i nnyKbbbN ninx | nrp


(Complainte du flirtage des gens en villégiature et du petit bateau
à vapeur.) Signé : "X [Jacob Cohen]. Imprimerie Internotionale (sic),
Tunis. Sans cîate [vers 1890?]. Huit pages 14X19.
(Ajj^i, pluriel de ^wiià., celui qui va ou est en villégiature. —
jX>jj)\j, petit vapeur; italien vaporino. Il s'agit du petit bateau qui a
fait quelque temps le service entre Tunis et LaGouIette; voir n° 38.)

329. - , nmimabi* 13 | ntfbssbs | tnn« njip


(Complainte du flirtage des jeunes filles dans les bazars.) Anonyme
[Simah Lévy]. Salomon ben Moussa | Tunis | Imprimerie Interna¬
tionale. Sans date [au plus tôt 1895]. Huit, pages 12X18.
Réimpression textuelle de pi WtStf 13 SNïybtf i~|1DK DJip.
— 222 —

330. — nîtfy «va ] n-^ry's' rfebtf i'tïiok nyp


.nsTî
(Complainte du fiirtage de la jeune fille amoureuse avec un jeune
homme de la populace.) Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Univer¬
selle, Tunis. Sans date [1905]. Huit pages 12 X18.
Réimpression du n° 269, moins les couplets 19,20,22 et 24.

331. — pbn is> | fpwynk' ns-y 1»* | ma** njip


(Complainte du fiirtage des jeunes gens amoureux à La Goulette.)
Contre-titre: "Wlbtf pSil ^ "pplWyD^ Zltfïïy^ n^p. Anonyme
[Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Simah Lévy,
Tunis. Huit pages 11 X 16.
Réimpression du n°293, moins les deux derniers couplets.

332. — , pii& | m-ybx nïDK | n^^p


(Complainte du fiirtage des jeunes gens dans les impasses.) Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Imp. Internationale. Librairie Hebraique. S.
Levy, Tunis. Sans date [vers 1897]. Huit pages 12X18.
A la fin, un « catalogue des complaintes qui existent à la boutique
de Salomon ben Moussa » ; 24 numéros, figurant tous au présent ré¬
pertoire.

333. — jn pr; b^nn'^ i-rat* nrp


ï'ip dn-131 | |

, ^taDiD^t yiny, piMà^ n«bi« p nbsci | jmy, bn^nn


|

(Complainte du fiirtage des aliénés; amour et violente passion entre


deux aliénés, jeune homme et jeune fille, en fants des fondouks, échan¬
tillons de l'hospice des fous.) Anonyme [Simah Lévy]. 5666 [1906].
Imprimerie Universelle, Simah Lévy, Tunis. Huit pages 11X16.
Réimpression du n°320, moins Ninette!
(jj^jL_ \a)! , enfants des caravansérails (des fondouks, dans le
français local), misérables qui n'ont pas le moyen d'avoir un loge¬
ment à eux.)

334. - . pnbtf pio i-nnt* | n^p


(Complainte du fiirtage du marché à la paille.) Contre-titre : DT-J)
TîJlb H plD HlDfc* (.....et de l'avenue de Londres.)
Anonyme [Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Simah
Lévy, Tunis. Huit pages 11X16.
Réimpression du n° 24, moins les deux, lettres qui y suivent la
complainte.
— 223 —
335. - .mbataiK \sn | ions ïnràbïK | nrp
(Elégie de Humbert I ar ,roi d'Italie.) Elegia | Per il nostro ama-
tissimo e caritevole | Re Umberto 1° (élégie pour notre très aimé et
charitable roi Humbert firj, (Le titre italien en tête.) Par Simah Lévy.
Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date [1900]. Huit pages 12X18.

336. - rnnn "v nnn av)! 'nb'vî innm I i-ta«a rwp


. (miïiS
(Complainte de Batou,'que Dieu lui fasse miséricorde ! (le 4 tamouz
de l'an 5617 de la Création (juin ou juillet 1856).) Anonyme [Simah
Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1905]. Huit pages
12X18.
Nouveau.—Voir TJ^S n^p.
(Batou ouPalou, surnom sous lequel était connu Samuel Sfez, Juif
tunisien exécuté sous le bey Mohamed pour avoir blasphémé la re¬
ligion musulmane. D'après la version courante, il aurait simplement,
dans un mouvement d'impatience, dit à un Arabe : kJJ}> Jjsaj
(pou ^j*~),Que Dieu maudisse la religion de ton père! formule que
les musulmans eux-mêmes emploient souvent entre eux sans y at¬
tacher plus d'importance que nous à notre «Le diable t'emporte».
Ce procès d'un autre âge motiva une intervention française, qui eut
pour résultat la-promulgation du Pacte fondamental (voir page 19;
note 1).— '• il est d'usage de faire'suivre ce mot d'une apos¬
trophe, et on ne m'en a donné qu'une explication qui ne tenait pas
debout ; je présume que c'était, à l'origine, pour le distinguer du *\M
musulman,considéré comme désignant un faux dieu.— ÎTTïîV créa¬
tion, est hébreu rabbinique, peut-être même hébreu classique, bien
qu'on ne le trouve pas dans la Bible.)

337. - . QÀ* jnb nwa | njip


(Complainte des filles à la mode du jour.) Anonyme [Simah Lévy].
Tunis,Imprimerie Sion Uzan,5655 (1894-95). Huit pages 12X18.
Cl*'
qualité d'avoir cours (pour la monnaie).)
338. — . mvs' iro nwn rw |

Anonyme [Simah Lévy], 56 66 (1903). Imprimerie Universelle, Si¬


mah Lévy, Tunis. Huit pages 11X16.
Réimpression du numéro précédent, moins la dernière strophe.

339. - Diinn-nu | rwp


(Complainte du nouveau cimetière.) Signé X [Félix Berebbi], Im¬
primerie Internationale, Tunis. Sans dale. Huit pages 14X19.
- 224 -

340. - , diSs «Sa | SwwVt Dinn \ ray


(Complainte de l'entente des veufs sans frais [de courtage] (mot à
mot sans argent).) Anonyme [Jacob Cohen]. Librairie Papeterie Sa¬
lomon ben. Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans date [au
plus tôt 1895]. Huit pages 12X18.
Il y a identité entre cette complainte et les deux suivantes : T\Tp
nata-^ 's rkivk p^y et mxsnk -i*n is ^ni «oa rwp,
le titre seul ayant été changé au cours du tirage.

341. — . i^Qï^ mtfin | naip


(Complainte des histoires du temps.) « Par siniour Abraham Had-
dad (que Dieu le garde et le conserve), marchand de tabac dans la
ruelle des Epines. Prix, 3 sous.» Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1893. Douze pages 10X14.
[Haddad n'est que l'éditeur: l'auteur est Vita Sitruk].

342. - .biparti dnâ» dk-i na^p


(Complainte du premier de l'an et du déménagement.) Signé : H
[Jacob Cohen]. Imprimerie Internationale,Tunis. Sans date. Une page
22X33.

343. - . bru pD | ^vdw "q-i | rwp


(Elégie de Rabbi Ismaèl, grand-prêtre.) (Les derniers mots sont
hébreux.) Par Salomon Baron; corrigé par Simah Lévy. Tunis, Im¬
primerie Sion Uzan, 1903. Huit pages 12X18.
Si je ne me trompe,le grand-prêtre Ismaël fut mis à mort lors de
la répression de la révolte de Bar-Cohebas (135).
L'auteur de l'élégie dit avoir emprunté son récit aux midraches
et « aux paroles de Nos Seigneurs ».

344. - .rmntfbtf n^bàta | na^p


(Complainte des jeunes filles à la mode.) Contre-titre : pU/y^ ÏIJ^p
Itf'Tvta ^0 (Complainte de l'amour entre voisins). Anonyme [Simah
Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Simah Lévy, Tunis. Huit
pages 11X16.
Même texte et même tirage que le n° 294; le titre seul est changé.
C'est la réimpression du numéro qui suit.
345. - , rrôiDtfSi* ntfbàta | na^p .
(Complainte des jeunes filles à la mode.) Prix: 10 centimes. Ano¬
nyme [Sirnah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Sans date [au plus
tôt 1896]. Huit pages 12x18.

346. - ,n:iOïbtf | nbw^N* pury | njip


(Complainte de l'amour de la veuve au cimetière.) Librairie Pape¬
terie Salomon taen Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans
date. Huit pages 12X18.
Même texte et même tirage que le n° 340.

347. - n*o 1J3 | "Pli^ niDK^I V^3^\» DDV | njip


.n-roS**
(Complainte du marasme du travail manuel et du nouveau ftirtage
à Bab-el-Khadra.) Par Ghaloum Yirouchalmi. Librairie Papetérie
Bardo, Scemama. Imprimerie Farhi et Varios, Tunis. Sans date [1901].
Huit pages 12X18.
—:uJi désigne l'ensemble des métiers manuels, l'industrie. —
iyà£.\ v__Aj est le quartier qui avoisine la porte du même nom. Celui-
ci venait, dit-on, de ce que sous les beys, les maraîchers ne pouvaient
introduire leurs produits en ville que par cette seule porte, afin de
simplifier la perception des droits de mahsoulat. Toutefois, légumes
.. G 9
se dit vya=>., non khadra.)

348. — ./jtniDVî e^àun ]xhi^ ]vy nrp


(Complainte des yeux de gazelle et des lèvres de corail.) « A un sou.»
Signé : N. N. [Lazzero Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, entre 1891 et 1894]. Une page 22X32.
Tiré sur la même feuille que le n° 305.

349. - .V- itûKS roip


(Complainte de Patou,que sa mémoire soit bénie!) «Prix,un quart
de piastre. Par les soins de ,ï O » [Lazzero Farhi]. Anonyme [Isaac
Gandus]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Uzan et Castro, 1888. Quatorze
pages 11X14.

350. - y-| rav* mto dv "an nrpi | S"? mip


itos^s
.irrwbià nsbm
(Complainte de Patou (que sa mémoire soit bénie !) et complainte du
rabbin Yom-Tob el-Guez (que sa mémoire soit bénie!) et de ses trois
enfants.) « Prix, 10 centimes. Par les soins de » [Lazzero Farhi].
La première complainte est anonyme [Isaac Gandus]; c'est la réim¬
pression du numéro précédent.L'autre, «inventéepar S.fcî » [Lazzero
Farhi], est la réimpression du n° 313. Imprimerie Uzan et Castro,
Tunis, 1897. «En vente chez le rabbin Lazzero Farhi. » Seize pages
12X18.

351. - orrai ,n>a ptir; rurp


Krrs | -liODtfjtf-mc |

I .loiisbS rwai *y>3 VS^ dsSï iè "à \ sa myan


,. ,ns annwn ne •'iTîbtfi utàs* Dtf-ib nrp màm
| |

(Complainte de Madagascar, de vingt couplets, dans lesquels est dé¬


crit ce qui se passe au sujet des femmes dans l'obscurité du soir quand
elles vont au port ; en outre, complainte des costumes arabe et algérien,
ce en quoi ils différent...) « Prix du livre renfermant les deux com¬
plaintes ci-dessus, 15 centimes. Par siniour Abraham Haddad.» Im¬
primerie Uzan et Castro, Tunis, 1895. Seize pages 11X14.
[L'auteur est Vita Sitruk.]

352. — n^KD^-fî^ ri-mnaa^ b«-i|WttC ronin^p


noDb rh'h ]vb ^ ^snnttwbK p ^Se im \ inSnp "ha
.1894 njD raij pwyi
|

(Elégie de Monsieur Carnot, président de la République française,


assassiné par un Italien membre de société [secrète], à Lyon, le soir
du 25 juin 1894.) Elégie sur la mort de : M. Carnot, Président de la
Republique Française. Signé L.F. [Lazzero Farhi].Imprimerie Inter¬
nationale, Tunis. Sans date [1894]. Huit pages 12X18.

353. - .n^inSn is 3«ns^S« nSsapn n^p


l

(Complainte du Rendez-vous des amis au Belvédère.) (Le titre fran¬


çais en tête.) Anonyme [Simah Lévy]. Prix,un sou. Sans lieu [Tunis,
Imprimerie Jacob Guedj]. Sans date [entre 1894 et 1904]. Huit pages
11X16.

354. - .rro&rb* | n*n *s baxr mi rwp


\

(Complainte des femmes et des hommes dans la maison de la devi¬


neresse.) Anonyme [Jacob Cohen]. Librairie Papeterie Salomon ben
Moussa, Tunis. Imprimerie Internationale. Sans date [au plus tôt
1895]. Huit pages 12X18.
Même texte et môme tirage que les n os 340 et 346.
— 227 —

355. — .natriiS» nsia na^p


(Complainte des lamentations des Djerbiens.) Suivi de pfî^ rPiOP!
S'JiOVI (histoire du vrai et du faux), en prose, et de y'Dtfbtf 33f^{
(l'ours blanc), aussi en prose. Signé : Y [SimahLévy]. Imprimerie In¬
ternationale, Tunis. Sans date [entre 1890 et 1897]. Une page 24X36.

— D—
356. - , mnio
(Caserio.) Signé : S.B.D. [Sion ben Djorno]. [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1894], Une page [22X32]. En vers.
L'exemplaire que j'ai vu ayant les marges coupées, j'ignore s'il
mentionnait l'imprimerie et la date.— L'auteur est Simah Lévy; Ben
Djorno, l'éditeur payant].

- njowTi nàwm tînhd y^aj


357. | jnbinafcO
13 |

pion ims Tîy'v "iSk uy lysarv hS«


| [rpvwybK ytfUi*i
. oainn 178 -ny naines*
(Catalogue de tous les livres, les histoires, les médicaments et les
sortes de drogues qui se vendent chez le rabbin Lazzero Farhi, au
souk El-Grana, n° 78, à Tunis.) Ce titre est précédé de : Catalogue.
Tunis, Imprimerie Internationale. Sans date [vers 1894]. Huit pages
12X18.

358. - -ppnbi*. -dvSk ^bsn | pnbt* "ïtfntftf | nuro


■©sis «a tfby il nom tf*n
Nnm | rrbwck îrr^t | pSicbit
I lannib «Simit p onn tirra airtwanw ojin wa^biy
| |

■s pyzntfi nnD1 I
I nnD1 nDa ^ Vît îian
•i"*n isnun ^tmeVa nnbur "id nynaa |

(Livre de la manifestation de la vérité, par l'humble serviteur qui


espère en la miséricorde du Créateur, Elie el-Melik; ou réponse
à ce que les savants de Tunis et ses docteurs (rabbins-juges) ont allé¬
gué de désobligeant sur les Juifs de Tunis. Livourne, tamouz (que
Dieu le rende bon) année cinq mille six cent quarante-six, à l'impri¬
merie de siniour Salomon Bel forte et Compagnie, que Dieu les garde
et les conserve!) «Ecrit dans la ville de Livourne, le 12 e jour de ta¬
mouz de l'année 5546 » (15 juillet 1886). Deux feuillets non chiffrés et
vingt-sept pages paginées en chiffres hébreux,format 12X19 (rogné).
(p»jL=J pour pSjL^J : le pronom se rapporte aux Juifs de Tunis,
sous-entendus.)
Pamphlet publié en réponse au n° 125. A la page 27, le nom de l'au¬
teur figure en cryptographie.

359. - .nVn nV> r|Vs' a«rï?


(Livre des mille et une nuits.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro.
Il a paru quatre volumes, cle 160 pages chacun, par feuilles de 8 pages;
le premier, du format 14X19, paginé en hébreu; les trois autres, du
format 12x18, paginés à l'européenne; la pagination se continue
dans les quatre. Le tome I er a seul une page de titre, avec «Première
livraison»; il est daté de 1887; contre-titre, nS 1'1")! nS nS PVïOn.
Dans l'exemplaire que j'ai vu, il n'y a cle couverture imprimée qu'au
tome III; on y lit : "naia"^ "21V*^2 HmiU^D (traduit -en arabe
vulgaire) et la date 1890. La dernière page de ce tome porte au bas:
« Fin du 3 e volume», aussi le lome IV a-t-il un contre-titre; si je me
rappelle bien, le titre courant est, dans tout l'ouvrage, tp$ j-piOn
nVbi ri'vh.
[Trouvant la vente insuffisante, les éditeurs arrêtèrent la publica¬
tion, en 1892, je pense. Le tome V était commencé, car je vois à cette
époque 48 livraisons à un tmen (un peu moins de 8 centimes), soit 4
livraisons en sus des quatre premiers volumes. En 1900, ceux-ci se
vendaient 1 fr. 25 l'un.]

360. — .pibtfi anbî* zmro


(Livre d'amour et patrie.) Par Abraham Mapo ; traduit de l'hébreu
par Ben Arati [Messaoud Maarek]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1890.Trois volumes 14X19, à pagination continue,formant ensemble
268 pages; le premier a seul une page de titre.
[Cet ouvrage a para en feuilleton,à partir du 3 juin 1890, dans El-
Boustan (voir page 32); ce doit être un tirage à part. En 1892, deux
volumes étaient en vente, à 1 franc l'un; en 1900, les trois volumes
se vendaient 3 francs.]

361. - 3tfro p hy\#k Trife tni*n | d^n | 3»ro.


."[tfaîbtf Qi-p | ntnj psrï«n ^ iMrk |
i'S ar& no 12
miny a^nnn nbtf 13 wr™ tt& i«n .nibp^ imwi \

pnp 13 vp" n'y ainnn\ rrw kwi hiso dt bnj jpp


| |

fsic; u-foi k-pt; TïinD p "pûpbn | unpnn ira ijb nos


f^cj nipDi | p rma ht nn îanasi Dih ^ib xby asin |

naw ^"y lamiS ns bn^


] ims itv^k rry totfDW
| |
_ 229 _

j QDnn Sur tnn Disna | p"sS m-mn tfrnûrn nires


.ansD 'hdidi rcsiiû | rn nzm ans» p ïîtSs
(Livre du compagnon de l'existence. Ceci est le premier volume du
livre du compagnon de l'existence, renfermant des histoires touchantes
et distrayantes de ce qui s'est passé dans l'ancien temps; et clans ce vo¬
lume, à la fin, nous avons traduit le rituel de l'office du gran i-prêtre
le jour de Kippoiir, plus, celui gui se pr itique au Qourban Pesah (sa¬
crifice de la pâque) dans le Temple ; le tout recueilli dans des livres
nombreux et basé sur la crainte du Seigneur ; et nous sommes rien, le
serviteur de Dieu Moïse, fils de Jacob Chemarna et le serviteur de
Dieu Lazzero Farhi. Tome premier [seul paru]. A Livourne (que la
ville de Dieu soit rebâtie),année «Lorsque le soleil sort dans sa force»
[Juges, v, 31] petit comput (5645 — 1884-85). A l'Imprimerie nouvelle
du savant «cherchant le bien pour son peuple» [Esther, x, 3] Elie Ben-
amozegh et Compagnie (que Dieu les garde et les conserve l), impri¬
meurs et vendeurs de livres (libraires).) Soixante-dix-huit feuillets
11X17 (rogné) foliotés en hébreu. Couverture imprimée identique à
la page de titre, mais les fautes d'impression inSiD et mpQ 1 y sont
corrigées. Le titre est mélangé d'hébreu.
Voir .page 46. [L'impression a été payée par le rabbin Abraham
Didi. Le volume se vendait 1 fr. 25 puis un franc en 1887, un franc en
1892, soixante centimes en 1900.]

362. - ,«m bwxb 3*tro


(Livre des faits et gestes de Jeha.) Anonyme [traduit de l'arabe par
Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1905]. Seize
pages paginées en hébreu, formant deux livraisons et renfermant
quinze anecdotes [tout ce qui a paru jusqu'ici],
(Au dire du traducteur, le héros est appelé dans l'ouvrage arabe
le khodja Naçr el-Din Effendi, surnommé Djaha (A—ajà., d'origine
persane, je crois, signifie proprement secrétaire; mais il est parfois
employé dans le sens de Monsieur).)

363. — . disjSn nptfn I atfro


Périodique. Voir page 40.

364. —;^ btfip | nsyoi | T-j 131-1? |n«nD


.îttjï^ nbsta^ nwji,nrtK | iiw s» 1 nwi
(Livre de 'aroubi nouveau; en outre, chanson «.La question du Pro¬
phète », chanson «Hélas ! la beauté», et chanson « La fillette ».) « Impri¬
mé par les soins du célibataire Salomon Jorno. » Anonyme [Simah
— 230 -

Lévy]. ImprimerieInternationale,Tunis. Sans date. Huit pages 14X19.


{jpX> L> est une exclamation de regret fort usitée.)

i-ixm -o-iy njotori | -mïpi otto i nsro


365. —
ij) nnmn nwywKi ,n&5K;iwiiai | ^ïSmdi ,ns<btfïai "o-irn
,dw^ i^i "itû^bW iDi ,D*n^ï | p^À' pn
(Livre de 'aroubi et de qacidas, de chansons arabes, égyptiennes et
turques, de mouals, de malouf et de bachrafs, de poésies importantes
sur l'amour et la passion : ce qui réjouit le cœur et excite l'appétit.)
[Edité par Simah Lévy.] Sans lieu [Tunis],Imprimerie Nouvelle [Sion
Uzan], 1897. Deux livraisons de huit pages 12X18 chacune. La pre¬
mière renferme : 1° un 'aroubi sans titre, commençant par : ï<"pi<
l-DÏ DKi (si ma patience s'en est allée) ; 2° "priDD^ ï<35< n^34
^Ji^-S y^lD (chanson « C'est moi l'éperdu d'amour malade à mourir»J;
3° yfcOHQ^ n^Xn G es tromperies du marché aux chevaux), en vers.
La seconde renferme : 1° un 'aroubi sans titre commençant par
rifrnbtfl "pV">i<l Uïhïl (la bouche, la beauté et la forme); 2° rVîOj
n^JD.^bS'? 'OinbDn (chanson «.Vous m'avez rendu désœuvré, ô
jeunes filles»; 3° lV$n NI KHI Q1~)3Q^ tfIX J"P.M4 (chanson «C'est
moi le passionné, et voilà mon état»). [Toutes ces pièces sont de Si¬
mah Lévy, sauf la dernière, qui est de Nino Flak.]
Comme le montre le sous-titre, le Livre de 'aroubi et de qaçidas
était, dans les intentions de l'éditeur, un recueil périodique ; j'aurais
dû le faire figurer au chapitre vu.
( jj.s est un collectif, de même que gjb, ~Sj^f, etc. — Le moual
est un petit poème analogue au 'aroubi,mais plus étendu; le bachraf
|>C 9
est le début d'une nouba.— cr>f> nom du marché aux chevaux de
Tunis, paraît être l'italien mercato, peut être même le latin mercatus.)

366. - . -itf-y^ nmpy | n«ro


(Livre du châtiment du traître.) «Traduit en arabe par Haï [Vita],
fils d'Elie Sitruk.» Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1898. Cent deux
pages 12X18.
Roman juif dont la scène est en Allemagne. [Traduit du livre
hébreu D^UH IIDlbltf. Se vendait 1 franc en 1900.]

- nKro^ i«n | rpDjin^ nbnba p**p | ixvo


367.
I rtk ™ NrpD *M ieïiuh [ ikon^ ™y mur rps
tonnai "by^ j n^nnS** mn mpi mb«av ]«dd jpbjfi
Min is yau1 '1X1 naKDu; 2pw p nwa | nsbia namb
— 231 -

pàtfin'^ pyaDi nynbi ^a i« wwe | nao <nw 'S nDnna'^


t $hy | •puryi iriKi *ra noi oas hjd tin | twS
yaia mD^a ny'staa^ | nKOTtf a^n a^iÀ' "tiyaittj^
.■pbj:^ tts
(Livre du code du Gouvernement tunisien. Ce livre renferme la
traduction du Pacte'de confiance et de ses clauses, donnés par notre
Seigneur (que Dieu le rende victorieux I) à tous les habitants de son
territoire. Le traducteur de ce livre est le serviteur qui a besoin de la
miséricorde de son maître, Moïse, fils de Jacob Chemama (que son
Créateur et Libérateur le garde!). Imprimé à Tunis la bien gardée,
dans le mois de chaoual de l'année 1277, correspondant au mois d'iyar
de l'année 5621 (avril ou mai 1861) par le savant imprimeur Zeeb
Aschkenazi. A l'imprimerie de Mr. Moons Field(?) l'Anglais.) Cin¬
quante feuillets 9X13 (rogné), dont un titre, et couverture imprimée
portant roc | noiTia^ oain 's ynt: | iroair^ hSiiSn i fUtfp
■py^DI n"3D1 | iOD ]K UWJntf. Imprimé eu raschi; tiré par
cahiers de huit feuillets; foliotage en hébreu, réclame au bas de
chaque page,signature des feuilles seule en chiffres européens. Titre
courant: iTDTijTs* nSH^' "p3tfp. '
Voir chapitre ry, page 18.
C'est encore M. Victor Uzan qui a réussi, au prix de laborieuses
recherches, à me montrer ce rarissime volume. On a vu la légende ;
l'histoire en diffère un peu, comme il est naturel. Ainsi la publication
ne date pas de 1862, mais bien de 1861. Le contenu n'est pas le Code
des délits du 25 février 1862, c'est le Pacte fondamental du 10 décem¬
bre 1857, que Mohamed es-Sadok fit serment de maintenir lorsqu'il
monta sur le trône le 23 septembre 1859, et qui est appelé ici Pacte
de confiance (^QS^ ~nsy) ; on en trouve la traduction dans Se-
haut 1 . Le petit livre est tout en dialecte tunisien ; le pacte y est pré¬
cédé d'une préface du traducteur et du serment de Mohamed es-Sa¬
dok, avec préambule que Sebaut passe sous silence. Dans ces deux
derniers Lextes, Moïse Chemama (dont le nom figure seul) a rendu
j^s? c ^>\ et par a "Qjtf et a WTb (avec un mim plus grand
que les autres lettres), appliquant apparemment, par un scrupule
religieux, ces deux formules à Moïse (feuillets 3 recto et 4 verso).
Le curieux épisode des trois associés s'improvisant typographes
paraîtrait entièrement controuvéj puisque l'ouvrage a été imprimé
par un certain Aschkenazi, chez un Anglais, missionnaire protestant,
je présume. Cependant, M. V. Uzan l'a entendu raconter par Chema-

t Dictionnaire de la législation tunisienne, appendice, p. 65.


— 232 —

ma en personne, et il peut s'y trouver un très léger fonds de vérité.


En effet, le prénom de (en hébreu Loup), usité en Pologne ou en
Allemagne, est tout à fait inconnu en Tunisie. Aschkenazi 1 était donc
sans doute un étranger de passage, qui eût difficilement rempli sa
tâche sans l'assistance de personnes possédant le judéo-arabe.
Il semble établi que le texte arabe du Pacte fondamental était im¬
primé dès 1861, comme celui du Code des délits 2 .
(,_ois! : la permutation du J et du ^ est assez fréquente,ainsi l'on
dit couramment -f^-" P our ^--^ 5 au n ° (P a B'e 63), nous avons vu

JoLoj pour -^-"-^j ; d'autre part, on assure que dans Hammam-el-Lif,


nom d'une station balnéaire à 17 kilomètres de Tunis, >_aJ est mis
pour »_a^i (toutefois, il se pourrait que ^_s.J eût là son sens régulier
de tissu rèticulaire du dattier). Mais v_est sans exemple et doit
résulter d'une faute d'impression.)

368. — , (maip) [ i^rk i a»ro


(Livre du langage des lamentations (complaintes). ) 5666 [1906].
Imprimerie Universelle, Simah Lévy, Tunis. Dix fascicules de 8 pa¬
ges 11X16 chacun, paginés séparément, sous couverture de couleur
imprimée servant de titre et de table.
[Edité par Simah Lévy.] C'est la réunion en brochure de dix fasci¬
cules vendus d'abord isolément, savoir ^H^O Sinpo'^ Tîtfy^ n^p
Qfrn^Stfl, édition de 1906, que j'ai eu trop tard pour le faire figurer
à son rang alphabétique et qu'on trouvera au supplément, et les n os
334,333,289,331,294,297, 325,338, 285. Au moment où j'écris (février
1907), bien que les couvertures soient tirées depuis longtemps, ces
numéros ne sont pas encore en vente sous cette nouvelle forme.

- îrn | îjpKiSK nymi io$wh# nyib | n^ns


369.
rrby «ni ani bioy | p« nsa i«w £ ppnsnVî rpiqnbK
in «nmnyin [ ...nnp'^ nu nnw'^ «y a D«n:^i pury^* p
.in«snï in inp^sni n«j^
(Livre de la souffrance de celui qui se plaint et des larmes de celui
gui pleure, ou l'histoire égyptienne concernant Nacer ben Abbas et ce
qu'il a subi d'amour et de passion pour la jeune fille Lumière-de-la-

1 Aschkenazi, en hébreu rabMnique, veut dire Allemand, comme Sarfati signifie


Français.
2 II convient de remarquer que sans avoir été abrogée, toute cette législation libé¬
rale devint promptement lettre morte, et qu'il n'en restait guère de traces lors de
l'occupationfrançaise.
— 233 —

Lune... Traduit par Haï eî-Nejjar et son camarade Haï Sarfati.) Tu¬
nis, ImprimerieUzàn etCastro,1889. Formatl4X19. [La publication a
été interrompue après quelques feuilles] ; je n'ai vu que la première,
pages 1 à 8.

370. — .yns4 mina | 3ï*ro


(Livre de la guerre de religion.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
sans date?Trois volumes 14X20; tome I, pages 3 à 82; tome II,pages
83 à 162; tome III, page 163 à 276. Le titre, tiré séparément, manque
dans mon exemplaire. Chaque volume a une couverture imprimée.
Roman qui se passe en Espagne, au temps de l'Inquisition; [tra¬
duction du livre hébreu Qi"iW nia Itf "pp, commencée par Mes-
saoud Maarek et continuée par Simah Lévy depuis la page 123].
L'œuvre de Maarek a paru en feuilleton dans El-Boustan à partir
du n° 228 (22 décembre 1892) (voir page 32) et figure en tirage à part
dans l'ouvrage.
[En 1900, les trois volumes se vendaient 3 francs.]

371. —-pjïVk nKnsba ixn | pbBtfYv "vna àNro


■nnDi n'^ *ynts^ pïsi bain nrp \ bsintf pis nSban»
i3i ,ntf«i pn | qkSd ,ruihji NDjtfin piibàbK ju ttps \ ^
nsbsbb ainsa nn-o ptaan | r-ùAwrip yxna rshx lîTDtf
5653 njo | ,i"in naH^'n h «pr t p .-iwïkSSï |

,*ws piSbS 4

(Livre du réveil des égarés. Ce petit livre parle de la manière de


vivre des Juifs de Tunis, et des morceaux de papier qni font naître la
discorde entre les frères Tunisiens et Livournais, paroles de vérité et de
clarté; à la suite, le guide de Carthage, en langue vulgaire intelligible
aux grands et aux petits. Par Joseph, fils du rabbin Salomon Bonan,
que Dieu le garde et le conserve ! Année 5653 de la création du inonde
(1892-9.3).) Réveil des égarés j Esquisses et notes sur la vie | israélite
tunisienne | Guide de Carthage [ fait par Joseph Bonan | Imprime¬
rie Internationale, Tunis. Un feuillet (Litre) et vingt-quatre pages
12 X 18; couverture reproduisant le titre.

372. — .rnfcs i-yriDD a^ro


(Livre des mystères de Paris.) « Par Eugène Sue.Traduit en arabe.»
Tunis, Imprimerie Uzan et Castro. Huit volumes, les deux premiers
15X19, les autres 14X20; ensemble 930 pages à pagination continue,
dont le titre. Chaque volume a une couverture imprimée; les deux
premiers portent la date 1890, les six autres la date 1898.
— 234 —

[Une partie a paru en feuillelon dans Le Télégraphe (voir page 33).


La traduction avait été commencée par Vita Sitruk, non sur le fran¬
çais, mais sur une édition hébraïque publiée à Wilna par Kalmann
Sehulmann; elle fut continuée sur le texte même d'Eugène Sue par
Abraham Castro; de la page-457à la page 883, la traduction fut faite
sur l'hébreu par SimahLévy ;Nino Flak traduisit du français le reste,
qui n'existait pas dans l'édition de Wilna. En 1892, trois volumes
étaient en vente, à 1 fr. 20 chacun; la publication paraît avoir été
terminée en 1898; en 1900, l'ouvrage complet se vendait 8 francs.]

373.— . ^Dnv nb^a ] aaro


(Livre de la meguila des généalogies). Par Rahmim, fils du rabbin
Salomon Miouhas. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 5656 (1895-96).
Seize pages 12X18.
[Ce Rahmim, rabbin de Jérusalem, est l'auteur de l'original hé¬
breu; j'ignore de qui est la présente traduction en judéo-arabe.]
CpDnV est araméen.)

- rnra „ rpymbi* p -m | b*nun m: \ 2«ro


374.
dqd nao is tw m '■pitfro Dama | nDDKnnbî* *b*ri^
.fiyan« wspm rrn | noi =]kSn
(Livre « la force d'Israël » \I Samuel, xv, 29], publié par la société
« Nessah Israël », fondée à Tunis le l» v adar 5648 (lévrier 1888).)
Nessah Israël. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1888. Deux livrai¬
sons 12X18 de 32 pages chacune, titre compris [tout ce qui a paru].
Encore un périodique qui aurait dû figurer au chapitre vu. C'est un
recueil didactique, traitant de la morale, de l'hygiène, etc.
Je vois dans la seconde livraison que la société Nessah Israël
comptait 203 membres; le bureau se composait de R. Abraham Cas¬
tro, président,HaïBenbaron et Samson Silveira,vice-présidents, Juda
Haï Boccara, trésorier, Messaoud Maarek, secrétaire pour l'arabe;
la commission du bulletin avait Daniel Bonan pour président et Cha-
lom Flah ou Flak pour secrétaire.

375.— ♦TiiotaV nyn | hnto


(Livre de la description des mets.) Livre de cuisine (ce titre fran¬
çais en tête). Par M. [Mouchi] Merouani. Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro, sans date [1891]. Quinze pages 9X12.
Simple liste de mets et de boissons.

376. - , pn "pm | n^ns


(Livre des oreilles d'Aman.) Anonyme [Lazzero Farhi]. « Se vend
chez Lazzero Farhi,au souk El-Grana, au prix d'un quart de piastre»
(15 centimes) [en 1892,10 centimes]. Tunis, Imprimerie Uzan et Cas¬
tro, 1889. Seize pages 10X14.
Dialogue oùun certain Abraham raconte à son fils Siméon l'histoire
d'Assuérus et d'Esther. Suivi de THS ( sl' cJ "IV^ "JQ^D (acrostiche de
Lazzero Farhi), poésie avec acrostiche, et d'un avis débutant par ce
proverbe réaliste tunisien : yb"| TV 'Sïî3 ï*Sd (Qui a mangé
cher rend bon marché), employé, par exemple, à propos d'une mau¬
vaise spéculation. Signature : Lazzero Farhi.
(On appelle (^jM) des beignets minces, pliés en cornet,
frits à l'huile et trempés dans le miel.)

377. — . D^ain p"pS synyn m» nns


(Ecrit d'avertissement à la Communauté sainte de Tunis (que la
Ville de Dieu soit reconstruite !). (Titre hébreu et arabe.) Signé :
là^D limj min 1 n"V \Û (du serviteur de Dieu Juda Germon (que
sa fin (le reste de ses jours) soit èonwe.JSans lieu [Vienne]. Sans date
[probablement 1886]. Une page 13X20.
Le signataire informe toute la Communauté de Tunis, grands et
petits, qu'il a rompu tous liens de parenté avec un de ses cousins.
Ol"Q est hébreu; VPTMqui est l'italien awiso, fait double emploi
avec >_su,y*2.)
378. - .crrwni *\r\r\k \ dhSd
(Paroles des lettres de l'alphabet et leur signification.) Anonyme.
Tunis,5662 (1901-02). Imprimerie Jacob Guedj. Quatre pages 12X17
paginées de 3 à 6, et couverture de couleur imprimée tenant lieu de
titre. Impression grossière.
Ecrit cabalistique en prose rimée et dialecte algérien.

379. - . nnbur ^SnV} rv*on ^dd


(Fin de l'histoire du roi Salomon.) Anonyme [Lazzero Farhi]. Un
sou. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date. Une
page 22 X 32 à deux colonnes.
C'est la suite de "bon HnS^ MT^Û nwyn .

380. - iQNDtf là | ntaia | ^ pn:ï tvdïd


oaïrp n 1

.5661 dkv | nos yno rcna^ yhxi opk ]s

(Comité de la Caisse de bienfaisance, à Tunis. Etat nominatif des per¬


sonnes qui versent la cotisation de la pâque. Année 5661.) Tunis, Im¬
primerie Castro et C'e, 1901. Vingt-quatre pages (dont le titre) 11 X17
(rogné) et couverture imprimée.
— 236 —

Voir ...iGNDtf ijb J~Tt21J • H parait chaque année une liste semblable,
intéressante comme répertoire de noms et de prénoms.

381. - .wdi-d ^nnia ri tois


(Le comte de Monte-Cristo.) « Par Alexandre Dumas. Traduit du
français par Jacob Chemla. » Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1889.
Six volumes 12 X 17 à pagination continue, formant ensemble 1440
pages [tout ce qui a paru].
[Le septième et dernier volume n'a pas été publié, en raison de
l'application à la Tunisie de la loi sur la propriété littéraire. Le prix
était,à l'origine, de 15 centimes par livraison; en 1900, le volume se
vendait 2 francs.]

-S-
382. — .pur s*À'
k ï^ob
(Le langage de L'amoureux.) Anonyme [éditeur, Simah Lévy]. Sans
date [1905]. «En vente chez Siniour Simah ben Nathan ha-Lévy (que
Dieu le garde et le conserve I), directeur du Phonographe. » Douze
livraisons 12X18 de 8 pages chacune (dont le titre),paginées séparé¬
ment en hébreu. Les huit premières portent Imp. S.Lévy, Tunis; les
autres, Imprimerie Universelle, Tunis. [La livraison, un sou.]
Recueil de chansons et de poésies. L'éditeur en avait annoncé la
publication par une affiche en prose rimée.
Les fascicules 1 à 10 se vendent aussi brochés en un volume, sous
couverture imprimée portant p\£7^y'^ ■JtfbS | | bïltf^ 3i*rO^ .
Imprimerie Simah Lévy,Tunis, tamouz 5665 (juillet 1905). «Un demi-
franc. »

—D —
383. —
.pTÏ -KWD
Journal. Voir page 28

384. — . ninnn
Journal. Voir page 30.

385. - •pnQnbK ntnà | : t<nnbtf ^si j ams pann


.ams y>dh
(Lespassions de Pourim ; et à la suite, lettre de l'amoureux transi
au Seigneur Pourim.) 10 centimes. Signé: K.Tunis, Imprimerie Sion
Uzan. 1897. Huit pages 12 X 18.
— 237 -
En vers. [La première pièce est de Nino Flak, la lettre de Simah
Lévy.]

386. — .*)1.S^ rwrxû


(Le mahjouj du nègre.) Suivi de lJ"infc*"H Til") Wil rVïOJ! (chan¬
son : « Ma paix et mon repos ») et de frSQ^ "py 13 n2tf"U^ DDIT^D
(melzouma des Djerbiens au Château d'eau). Anonyme [Simah Lévy].
Sans lieu [Tunis,Imprimerie V. FinziJ.Sans date [catalogué en 1897,
à 5 centimes]. Quatre pages 14 X 22.
En vers.
(jj^s:' pour nom d'un genre de poésie. — .LJI la
source, nom qu'on donne à Tunis au château d'eau ; les indigènes y
font des pique-niques.)

387. - D^n iriKD "q bnsp | inns^s | nasxna


.nwsns nimnni
(Procès de Caserio, meurtrier de M. Carnot, président de la Répu¬
blique de France.) Anonyme. 1894. Imp.Internationale,Tunis. Quinze
pages 10X14.
Compte rendu en prose [publié par Victor Uzan dans El-Boustan;
la présente plaquette, éditée par Lazzero Farhi, n'en est que le tirage
à part].

388. — rhtfi Dsin^ imr; -q^ iwk pnà rvonn


arr vxn lonkskz bn-i»* ci
(Histoire de Haroun al-Rachid à qui son barbier tire la bonne aven¬
ture au moyen de l'astrologie et qui apprend ce qui arrivera .^En vers.
Suivi de trois melzoumas. Contre-titre seul. Anonyme [Joseph Abou-
hanik el-Trabèlsi, dit El-Rhenaï].Sans lieu [Tunis,Imprimerie Uzan
et Castro]. Sans date. Seize pages 12 X18.
(Remarquer le rôle d'auxiliaire joué par C^.^>.)

389. — , wttcs Tinno


(Mahmoud Mahraz.) (En prose). Suivi de ny^DV* Stflpi* (prose
rimée) et de trois devinettes (prose rimée). Signé Y [Simah Lévy].
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [au plus
tard 1892]. Une page 28 X 20.
N° 4 de QïO^ ri3~b (voir page 37 et n° 98, page 80). Les maxi¬
mes forment quatre séries de sept chacune ; [elles sont empruntées à
un manuscrit de Haï Sarfati].
— 238 —

390. - ,îTn^
(Les sentiers de la vie.) Notions sur la vie pratique. Contre-titre :
!Tn^ SI^DD- Traduit par .S.iy [Chalora Flak]. Première partie
[seule parue]. Un feuillet non chiffré (titre) et quarante-huit pages
14 X 19.
Leçons élémentaires de choses; [traduction de l'hébreu].

391. — .nmttt^ mwD


Journal. Voir page 29.
Cet organe, d'après pn'^ "11130 du 19 septembre 1886, a été créé
par une partie des fondateurs du dernier, qui, ayant eu des diver¬
gences d'idées avec « leur associé Chalom Flak », se sont retirés, Ja¬
cob El-Haïk en tête. Plus bas, El-Haïk en personne avise qu'il a quitté
Moucharrah El-Asclar « après que deux numéros ont paru par ses
soins» et invite à s'adresser «au nouveau directeur».
Cependant, Isaac Temam m'a été désigné comme le propriétaire
de cette feuille, non seulement par lui-même, mais aussi parM.V.
Uzan,chez qui elle s'imprimait. J'en conclus que Temam était un des
principaux commanditaires et qu'il a pris la direction à la retraite
d'El-Haïk.

392. — .5662 D«V | TSdVi Ttft22\' nwyi2


(Histoire des pains azymes et de la semoule, an 5662 (1901-1902).)
Signé : Simah Lévy. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro].
Une page 16X25.
En prose rimée.

393. — .S2iin nwyn


(En hébreu histoire d'un tailleur.) Anonyme [édité par Victor Lel-
louche]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie officielle tunisienne. Sans date
[vers 1886 ou 1887]. Une page 23 X 33.
Petite anecdote en arabe, précédée d'un cantique hébreu sans titre.

394. — . hïdpi cm m nwyn


(Histoire de Rabbi Nissim l'Egyptien.) Signé : CE. W.. [Victor Haz-
zan.] Sans lieu ni date [Imprimerie Uzan et Castro, avril 1892]. Une
page 22 X 32 à deux colonnes. [Prix, 15 centimes, franco.]

395. - . nnnac nuryn


(Histoire de Sennachèrib.) Anonyme [traduit de l'hébreu par Si¬
mah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie V.Finzi].Sans date.Quatre
feuillets 14X18, foliotés en hébreu.
— 239 —

396. - id-qSk n^à'D' "finn nnbur jot'D nwyn


iv»na
(Histoire de Notre Seigneur le roi Salomon et description de son
trône, à un sou.) Anonyme [Lazzero Farhi]. Sans lieu [Tunis, Impri¬
merie Uzan et Castro]. Sans date. Une page 22X32 à deux colonnes.
Cette feuille a pour suite le n° 379.

397. - .rwyn
(Histoires.) Anonyme [traduit de l'hébreu par Simah Lévy]. Sans
lieu [Tunis, Imprimerie V. Finzi]. Sans date. Quatre feuillets 12X18,
foliotés en hébreu.

398. - , Siim mn^ nDiïb | K'rr | npi^ nbja


(Meguila du moment, ou la dispute de la femme et du mari.) En
vers. Suivi de ""D^DG 1)^ HQI'Sd (melzouma des masques). Ano¬
nyme [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis,Imprimerie V. Finzi].Sans date
[vers 1889]. Quatre pages 14X22, non chiffrées.

399. — .mntfk' nnïîSn


(Melzouma du flirtage.) «En quatre livraisons; il paraît chaque se¬
maine une livraison ; prix de la livraison, deux caroubes seulement.
Par Nessim Berda.» Imprimerie Internationale (Uzan et Castro) rue
des glacières 52 Tunis. Sans date [mentionné en 1892, à 20 centimes].
Quatre livraisons ayant chacune une page 28 X19 à trois colonnes.
[Le véritable auteur serait Vita Sitruk. Les quatre pages ont été
tirées ensemble, puis séparées et mises en vente à une semaine d'in¬
tervalle.] La première porte seule le lieu et l'imprimerie.

400. - .nos *;hd DiwfeVi mcs\* ddtîSd


(Melzouma du flirtage et de la toilette de lapâque.) Signé : X [Vita
Sitruk.] Imprimerie Uzan et Castro, Tunis. Sans date. Une page 32X22.

401. - .inàknnTîba
(Melzouma des palmes.) Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [entre septembre 1889 et la fin
de 1892]. Une page 22X28 à deux colonnes.
N° 5 de QK-^Stf T\SO (voir pages 37 et 80.

402.- ,urk nm-Sn


(Melzouma du rhum.) Suivi de «chansons de maçri ». Anonyme
— 240 -

[Vita Sitruk]. «En vente au Bar Universel; prix, 3 sous, et pour les
consommateurs (w*:; wà), 2 sous seulement. » Tunis, Imprimerie Sion
Uzan,sans date [1894]. Huit pages 12 X 18.

403. — ,nt3aa«^ nSsta^ i nnnSa


(Melzouma de la jeune Diamante.) «Par Haï Sarîati (que Dieu le
garde et le conserve 1) dit le frère de Baya. » Imprimerie Nouvelle
[Farhi et Sitruk], Tunis. Sans date [tiré le 3 juillet 1890]. Une page
22X32 à deux colonnes.
[Cette poésie serait de Joseph Abouhanik el-Trabelsi; Sarfati au¬
rait seulement payé l'impression.]

404. — .iniyk* nDïfbn


(Melzouma du 'oumer.) «Par Siniour Raphaël Smadja (que Dieu
le garde et le conserve!) et Siniour Haï Liscia (que Dieu le garde et
le conserve !)» S'adresser à Vita Sitruk Compositeur a l'Imp. Inter¬
nationale Rue des Glacières, 52 Tunis. [Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro.JSans date. Une page 28X19 à trois colonnes.
[L'auteur serait Vita Sitruk.]
(: temps qui sépare la pâque de la Pentecôte. En hébreu, ce
mot désigne une mesure de capacité.)

405. - ,*Tni bnm rnso^i rrè'h ntmbn


(Melzouma de la réconciliation, de la keppara et d'un nouveau lo¬
cal.) Mentionné en 1887,à 10 centimes. Lazzero Farhi est l'auteur de
cette poésie, qui formait quatre pages in-8° et avait été, je crois, im¬
primée chez Uzan et Castro.
(La réconciliation est celle qui a lieu à Kippour.
La keppara est une cérémonie de la même fête. Dans chaque mai¬
sonnée juive, on s'est procuré autant de coqs, de poules, de jeunes
poulets et de jeunes poulettes qu'il y a respectivement d'hommes,
de femmes, de garçons et de filles. Le chef de famille tourne sept fois
au-dessus de la tête de chacun des assistants, à commencer par lui-
même, l'oiseau corrélatif, ce qui a, paralt-il, pour effet de transférer
au bipède emplumé les péchés de son congénère sans plumes. Il y a
là, sûrement, un souvenir du bouc émissaire.
L'affaire se complique si — phénomène fréquent, je le dis à la
louange des Tunisiens et des Tunisiennes, — la terrasse familiale
abrite une femme enceinte : celle-ci exige à elle seule une poule pour
sa tête et deux poussins, mâle et femelle, pour son ventre, vu que
l'enfant a ses droits et qu'on ignore son sexe. Seul, le cas des jumeaux
n'est pas prévu.
Tous les volatiles sont ensuite portés au schoheth (morte la bête,

*
- 241 —

mort le venin) et, en principe, distribués aux indigents. Mais peu


rares sont les familles qui, s'estimant pour la circonstance pauvres
à souhait, y mettent en pratique ce que nous appelons la charité
bien ordonnée.
J'ai môme cru remarquer qu'en pareil cas la volaille achetée est
sensiblement moins élique.
Il parait d'ailleurs que la singulière cérémonie de la keppara n'est
point spéciale à la Tunisie, mais se trouve réglementée dans le
Schoulhan Aroukh de Caro.)
406. - .*ms^ nanba
(Melzouma de la joie.) Farhi aurait publié à l'imprimerie Uzan et
Castro une melzouma de ce titre; une page 22X32.
407. - ,n«»V* Djdbi noD^ nanba
(Melzouma de la fêle et de la toilette des jeunes filles.) Suivi d'une
ronde enfantine. Anonyme [Jacob Cohen]. Sans lieu [Tunis, Impri¬
merie Sion Uzan], Sans date [vers 1891]. Une page 21X27 à deux co¬
lonnes.
408. — .ikddW nanba
(Melzouma de la morte saison.) Signé : V. S. [Vita Sitruk]. Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro. Sans date [mentionné en 1892, à 10 cen¬
times les deux livraisons]. Deux livraisons d'une page 27X20 cha¬
cune, tirées sur une même feuille et séparées pour la vente.
409. — , prftoVt nouba
(Melzouma des gens affairés.) « Par Siniour Haï Liscia (que Dieu
le garde et le conserve!) et Siniour Raphaël Smadja (que Dieu le
garde et le conserve !)» Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro].
Sans date [même époque que le n° 404]. Une page 28 X 19 à trois co¬
lonnes.
[L'auteur serait Haï Sitruk.J Quelques exemplaires ont été tirés à
l'encre de bronze.

410. - .rmi^ piTio'^ nonba


(Nouvelle melzouma des gens affairés.) Anonyme [Vita Sitruk].
Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1895. Huit pages 12X18.
411. — .Dn:>bi n«nDQ^ | nanba
(Melzouma de l'avare et du généreux.) Anonyme [Lazzero Farhi].
Prix, 5 centimes. Tunis, Imprimerie de Jérusalem, 1901. Huit pages
12 X 18.
— 242 -

412. - .D"Ti2 nr ^ ppwn^ nnnbn


|

(Melzouma des amoureux le jour de Pourim.) Suivi de~|^)2n^ Dïp


ï^yû (histoire de l'âne et du chien), conte en proSe. Anonyme
[Lazzero Farhi]. Deux sous. Tunis,Imprimerie Uzan el Caslro, 8 mars
1895. Huit pages 12X18.

413. - . ryù'xh | rinnSa


(Melzouma de l'étoile.) Anonyme [Simah Lévy].Tunis, Imprimerie
V. Pinzi, 1899. Huit pages 15X21.
Il s'agit d'une comète et de la fin du monde annoncée par un astro¬
nome allemand. [Tiré à 1.500 exemplaires, dont il s'est vendu plus de
mille.]

414. — . rpk nniibn


(Melzouma de l'époque.) « Composée par le serviteur de Dieu Bnini
fils de Moïse Chemama, que Dieu le garde et le conserve ! En Vente
chez Bnini Chemama le joueur de luth, dans la Hara, maison Bellar,
au premier. » Tunis, Imprimerie Uzan et Caslro, hesvan 5646 (octobre
ou novembre 1885). Un feuillet non chiffré (titre) el 14 pages 10X15.
Couverture imprimée conforme au titre. [Se vendait 30 centimes en
1887.]

415. - ,*DKiJio nanba


(Melzouma d'Abou Nouwas.) Mentionné à 5 centimes en 1892, page
31 du n° 66. Aurait été publié par Lazzero Farhi à l'Imprimerie Uzan
et Castro. Douteux. Il y a peut-être confusion avec le n° 21.6.

416. — ,nos nom ncmba |

(Melzouma du coup de collier de la pâgue.) Contre-titre seul. Ano¬


nyme [Simah Lévy]. Suivi de UHXn}?\* TONJE (le rêve des mou-
fonsj.,petit conte [du folklore, mis en vers par Simah Lévy].Sans lieu
[Tunis, Imprimerie V. Finzi]. Sans date [mentionné en 1897]. Quatre
pages 14X23 non chiffrées.
(^J^Uc pour ^.,^2, pluriel de proprement loues, s'emploie
aussi à Tunis pour moutons.)

417. - .'dis«tï nnnbn


(Melzouma de Dreyfus.) Signé : S. G. — J. M. [Siou Guez el X].
Contre-titre seul. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan cl Castro]. Sans
date. Seize pages 12X18.
- 243 —
418. — ,1889 my j T-nss pio i nai-bo
(Melzouma du marché de Paris en 1889.) Par Bnini Chemama. Tu¬
nis, décembre 1889.Imprimerie Uzan et Castro. Seize pages 12X18.
(Le marché de Paris est la locution adoptée pour l'Exposition uni¬
verselle.)

419. - ns'Q --'s' ,nmy^ lîiKï | hNrïTS ^ | nniTbn


p«ï^ wpd nbn | npi armu p iby na^p ">s binpn
,T>fl« ( nb^ inam
(Melzouma de Si Ferhat, l'homme à la sacoche, qui est mort assas¬
siné lors de l'insurrection d'Ali ben Rhedahem, sous le règne de noire
seigneur Sadok-Pacha - Bey, que Dieu lui fasse miséricorde ; Ainsi
soit-il.) « Imprimé par les soins de Simah ben Nathan iia-Lévy et de
ses camarades, à Tunis.» [Imprimerie Uzan et Castro.] Sans date
[cité à 10 centimes en 1897]. Huit pages 14X22.
[Emprunté par Simah Lévy à un manuscrit de Sarfati.]

420. — , iSpin idinSw nnnba

(Melzouma de Chelaïmou Bouqlou.) Anonyme [Vita Sitruk]. Sans


lieu [Tunis, Imprimerie Sion Uzan]. Sans date [7 ab 5654 (juillet ou
août 1894)]. Une page 24X35 à deux colonnes.
(Chelaïmou Bouqlou, corruption du nom arabe J^—, celui
qui arrache les cœurs, sorte de croquemitaine : c'est un Marocain qui
rôde à l'heure de la sieste et égorge les petits enfants pour employer
leur sang à empoisonner les armes du sultan.)

421. — .nwyWi nwa^ msj nai-bn


(Melzouma de la réconciliation des jeunes filles et des jeunes gens.)
Anonyme [Lazzero Farhi?].Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro]. Sans date. Une page 22X32 à deux colonnes.

422. - ■| absi p w | n^aji | ^bswa j*ns | nnnbn


.nsa rpwri
(Melzouma « L'éloignement de ma gazelle » ; chanson « 0 Créateur » ;
et chanson égyptienne.) Anonyme [Simah Lévy]. «Prix, trois sous.»
Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1894. Huit pages 12X18.

423. — K-tf nwyn xjvtn \ dhvid'^ nms | nnnbo


.ïtkïb n^t:n intfi tfby
(Melzouma de la réjouissance des fêtes; avec une histoire arrivée à
— 244 —

un bûcheron à la campagne.) «Imprimé par les soins du célibataire


Salomon Jorno.» Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 5652 (1891-92).
Huit pages 14X20.
[La melzouma est de Simah Lévy; l'histoire est empruntée au
Sepher Ma'acè Scha'aschou'im (n° 138), 1°42 V.Guedj dit l'avoir tirée
lui-même 2112 *]"î$ ''"DD (du manuscrit v. Certainement Dieu est bon.»
{Psaumes, lxxiii, 1] ) : avec de pareils renseignements, il n'est pas
facile d'identifier les ouvrages cités.

424. — ,pH¥^ *jDv nonSo


(Melzouma de Joseph le Juste.) Anonyme [Lazzero Farhi]. Sans lieu
[Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [entre septembre 1889
et la fin de 1892]. Une page 23X32 à deux colonnes.
[Tiré sur une même îeuille avec le n° 195 et séparé pour la vente.]

425. — . ub ina nms dms roja ië | nnnbn


(Melzouma sur l'air nPourim, Ponrim, [Dieu] noiis l'a donné».)
(Le passage guillemeté est en hébreu.) Un sou. Anonyme [Lazzero
Farhi]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1894?].
Une page 22X33 à deux colonnes.

426. — . pn-V* -maa


Journal. Voir page 28.
Après la publication du chapitre vu, en 1905, j'ai pu avoir com¬
munication des numéros 1 à 26 (et dernier à ce qu'on assure). Le
propriétaire de cette collection rare exigeait un franc pour me la
montrer : « J'ai eu, disait-il, la peine de la conserver dix-huit ans; si
on en a besoin, il est juste que cela me rapporte. » Je me rebiffai d'a¬
bord, mouvement réflexe d'une mentalité française de la première
moitié du siècle passé, laquelle ne sait s'habituer à voir faire argent
de tout. Puis le raisonnement vint. Ce fait ethno-psycbologique,qu'on
me fournissait gratis, ne valait-il pas à lui seul mes vingt sous?
Bref, je payai. Cette littérature populaire me mettra sur la paille.
«Parait tous les dix jours à Tunis par les soins de S"W et C ie »; et
à partir du n° 12, «... par les soins de Ch. Flah ». Du n° 4 au n° 11,
S'adresser à M 1' S. F. et C i0 chez M 1' Moise Chemla, Rue Sidi Mour-
giani 91; depuis le n° 12, S'adresser à S. Flah (même adresse). Le
n° 23 et les suivants ont en sous-titre Mounaouar el-Hak. L'abonne¬
ment de trois mois coûte une piastre et demie; le numéro, trois ca¬
roubes. Le premier, comme je l'ai dit précédemment, sort de l'Im¬
primerie Internationale Rue Bl-Fella, 49 (Uzan et Castro), Tunis;
les autres portent Tunis, Impr. V. Finzi, rue de la Commission.
Chaque numéro à quatre pages; le format est 24X34 au n° 1 ; il va-
— 245 —

rie, pour les suivants, entre 27X38, qui parait la mesure normale, et
32X43, mais sans que les dimensions de la composition changent
sensiblement.
Le numéro 1 est du 22 avril 1886, le n'° 26 du 30 janvier 1887, ce
qui donne 28 décades et 3 jours.
Les fautes d'impression ne se comptent pas.
Dans le n° 16, Simah Lévy commençait un feuilleton, 13 JTiOn
D23^ PIfcOll Q~D^ pH (histoire au sujet de la générosité et de la
sympathie de l'âme), qu'il ne continua pas; clans le n° 26, Flan entre¬
prenait la publication d'un autre feuilleton, H^SlO ""jJ 1 pfX^ (la
Vérité sauve qui la possède), paru ultérieurement en volume (voir
n° 2 du Répertoire).
Le n° 12, à partir duquel Flan signe seul, est du 22 août 1886, c'est-
à-dire postérieur à la scission qui s'était produite parmi les fonda¬
teurs du journal et à la création, par les dissidents, de Moucharrah
.El-Asdar (voir n° 391).
La situation matérielle de Mounaouar el-Hak était peu brillante,
à en juger par les appels réitérés aux pratiques. Un avis nous fait
connaître que l'apparition tardive du n° 26 est imputable à la ques¬
tion d'argent.
Une lettre de M. Regnault, secrétaire général du Gouvernement
tunisien, en date du 25 octobre 1886, rappelle à M. Flah que dans sa
déclaration du 14 septembre 1886, où il faisait connaître son «inten¬
tion de publier la feuille Mounaouar El-Hack» (déclaration un peu
tardive, à ce qu'il semble), «il était spécifié que ce journal exclusi¬
vement littéraire et commercial devait s'abstenir d'insérer des ar¬
ticles politiques». Ces conditions n'ayant pas été observées, M. Flah
est invité, sous peine de poursuites, à déposer, conformément à l'ar¬
ticle 2 de la loi du 29 juillet 1881 1 , le cautionnement de 10.000 piastres
prescrit pour tous les journaux politiques.
' . 1 Les termes de cette lettre ne contredisent qu'en apparence ce que j'ai écrit de la
prohibition des journaux, page 26. La loi française du 29 juillet 1881, à laquelle il est
tait allusion, n'a été promulguée en Tunisie (avec modifications importantes) que le
14 octobre 1884. C'est, ce que m'a confirmé M. Charles Fath, directeur de l'Imprimerie
Rapide, qui était à cette époque propriétaire d'imprimerie à Tunis : il imprimait clan¬
destinement Tunis-Journal, rédigé par mon ami Jules Montels, colonel sous la Com¬
mune, aujourd'hui commissaire-priseur à Sfax. Voir d'ailleurs Sebaut : Dict. de la
léi/isl. tun., p. 265.
Il m'avait échappé toutefois, Sebaut. ne reproduisant pas l'art. 2 abrogé avant la
publication de son ouvrage, que durant la seconde période, les journaux politiques
étaient seuls soumis au cautionnement. Cela explique comment sous ce régime il
a pu se publier à Tunis six journaux juifs, qui prenaient l'étiquette littéraire et com¬
merciale, quittes à faire comme Mounaouar El-Hak des incursions dans le domaine
prohibé. On a vu néanmoins que les deux derniers, instruits sans doute par l'inter¬
vention de M. Regnault, cherchaient machiavéliquement à se déguiser en livres (pages
29 et 30).
— 246 —

427. — iïkï"> ^qd "vannai -'C-ins -pas nnû


.(tp'n nw )
1

(Ceux qui te rebâtiront se lutteront, ceux qui t'auront détruite et


réduite en désert sortiront du milieu de toi (Isale, xlix, \\T\).) Epi¬
graphe hébraïque d'une affiche sigfféeLazzeroFarhi. Celui-ci annonce
qu'il publie,en réponse au fameux pamphletde JudaGermon (n°125),
un livre intitulé rniîT 1^ n^~l (Et ceci pour Juda [Deutèronome,
xxxni, 7]). Sans lieu [Tunis], Imprimerie Uzan et Castro. Sans date
[1886]. Une page 20X30 sur papier de couleur. Farhi n'a d'ailleurs
pas donné suite à ce projet.

428. — . -|UTD^ TDD ynn | *]1D3


(«Mi kamoukhan de la semoule cachir.) Contre-titre seul. Signé K.
[Vita Sitruk]. Sans lien [Tunis, Imprimerie Sion Uzan]. Sans date
[cité en 1897]. Huit pages 12X18.
(Mi kamoukha est un cantique hébreu de Rabbi Juda Haléyy, qui
se chante à Pourim. — L'hébreu cachir dans le français local,
qualifie les aliments permis aux Israélites.)

429. — ^n^nû^ -ixw


Journal. Voir page 36.

430. - ...^ p"p rpba


(Nous informons la Communflutè sainte, que Dieu la garde et la
conserve 1 que...) Début d'un manifeste du Comité Provisoire biffant
quatre noms de la liste des habirim (membres de la Confrérie du Ci¬
metière). Le 22 iyar 5646 (27 mai 1886). Tunisi.Tip. V. Finzi.Une page
26X19.

431. — .(=|«-iïî nw*©n) | ffcîDT^ nrro


(Le délassement du temps (gentilles histoires). Signé : V.Cohen. Prix
de la livraison, un sou. 1906. Imprimerie de l'Orient, Tunis. Format
13X20. Première et deuxième livraisons [tout ce qui a paru], chacune
de huit pages non chiffrées, dont le titre (le texte commence au verso
de celui-ci).
Anecdotes traduites du français.

432. - obKja | yaiv an "S | n"Sy idkin j rooa


.pp^«"id«^ Qï«n«^
(Copie de hduts décrets concernant les assemblées des juges israèli-
— 247 —
tes.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1899. Vingt-sept pages 12X18
sous couverture imprimée reproduisant le titre.
Trois décrets beylicaux du 14 redjeb 1316 (28 novembre 1898).

433. - yxnn mu'^ pystn bw^ idkd'ï* 13 ntaia


|

.5658 D«V | nDS


(Etat nominatif des personnes payant la cotisation de la pâque, an¬
née 5658.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1898. Format 11X17
(rogné). Mon exemplaire, incomplet de la fin, s'arrête à la page 26.
Couverture imprimée reproduisant le titre.
Voir le n° 380.

— n —

434. - ,«pn ]»sn nvu nt3!WD nws^ i«n


(Ces poésies [paraissent] par les soins de Moïse Bonan, que Dieu le
garde et le conserve!) Précédé de TrOp^S (Au nomde l'Unité Sainte,
qu'elle soit bénie! et de sa gloire). Contre-titre seul.Sans lieu ni date
[Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1904]. Huit pages 12X18.
Renferme dix petites poésies en hébreu, dont une de Vita Sitruk
et une de Simah Lévy, et orpaKyDÏ rïQ *ft ^YTî vH? t2T»S
(poésie sur les lettres de l'alphabet et leur signification), réimpression
du n° 378 avec quelques variantes.

435. - | -ddkSk nmSî< itd p sku nbDj m«n


.ps rhbn iriïàn
(Ceci est la copie d'une lettre de Monseigneur le premier ministre,
queDieu le garde! Ainsi soit-il.) Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1886]. Une page 17X23.
Lettre de Mohamed Aziz bou Atour au caïd des Juifs Bichi Chema-
ma, en date du 13 djoumadi ettani 1303, au sujet d'une réunion.

436. - n.'""; "m idkdk «rps | "iisd rh'hh nnown


a.n v'v n^pn djip
(Prièrepour les morts (littéralement repos)pour le soir de Kippour,
renfermant les noms des rabbins de Tunis où on construit toujours
(que la ville de Dieu soit rebâtie/), et abrégée par H. B. [Haï Belhas-
sen].) (Titre en hébreu et arabe.) Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan
et Castro]. Sans date. Une page 22X32.
Liste de 90 rabbins défunts.
— 248 —

437. - ïQtfDK KHEDl «©1 | rM ynû PQDW


.4 A* **v ni^pn sain n*»y w
f... abrégée par Al. Gh. [Eliahou Ghanern].) Sans lieu [Tunis, Impri¬
merie Sion Uzan]. Sans date. Une page 24X35.
Même liste qu'au numéro précédent, sauf quelques divergences
d'orthographe, une transposition et l'addition de trois noms à la fin.

438. — ,piD3«T£)^3i myVo | nos Sur ^nw nitasn


(Lecture du huitième jour de la pâgue en arabe et en français.)
(Titre en hébreu et arabe). « Imprimé à Tunis par les soins de Simah
ben Nathan ha-Lévy.» Tunisi,tip.V.Finzi.Sans date. Deux feuillets
19X28, dont un en français (intitulé Aftara) et l'autre en arabe.

439. - uiy ,mnn ,2^2 | nos bw wvr \ mtasn


. DiD3«-|51

(Lecture du huitième jour de la pâgue, texte hébreu, araméen, arabe


et français.) (Titre hébreu et arabe). Par Simah Lévy et Eliahou Haï
bel-Hassen. Suivi de à'HnJD rWVD (en hébreu histoire de Senna-
chéribj. «En vente à la Librairie israélite nouvelle,rue Sidi-bou-Ha-
did,n°24. » Sans lieu [Tunis, Imprimerie Varios]. Sans date [vers
1902]. Huit et quatre feuillets 12X17 (rogné).Contre-titre seul; cou¬
verture imprimée servant de titre.
Le texte arabe est celui de Chaloum Bismuth (n° 165); l'histoire
de Sennachérib n'est autre que le n° 395, broché à la suite de la ha-
ftara.

440. - .«nos iny rrun


(Haggada de mon oncle Pâgue.) Vieille œuvre manuscrite tuni¬
sienne dont on n'a pu m'indiquer l'auteur, publiée par les soins de
Mouchi Bouan à l'Imprimerie Uzan et Castro. Bonan a ensuite fait
détruire l'édition, sur les conseils de rabbins scrupuleux.

441. — .tmis man


(Haggada de Pourim.) «Composée par A. Taïeb.» Imprimerie Inter¬
nationale, Tunis. Sans date [cité en 1897]. Seize pages 12X18, avec
vignettes d'imprimerie.
[L'auteur serait Simah Lévy.]

442.— , -ttûtf':^ | yDirn man


(Haggada pour la réjouissance du cœur.) Prix, cinq sous. Signé :
- 249 -

« Les serviteurs de Dieu Marins Cherqui et Angelo Lévy, à Tunis ».


Sans nom d'imprimeur [Imprimerie Jacob Guedj], 1902. Onze pages
12X17.
[Réimpression du n° 440.]
443. - D3in yna mySn nrrnwa | nos Sur rmn
(Haggada de la pûque, traduite en arabe de Tunis (que la Ville de
Dieu soit rebâtie!). (Titre hébreu et arabe.) Tunis, Imprimerie Sion
Uzan, 5654 (1893-94). Un feuillet, non chiffré (titre) et 63 feuillets
12X18, foliotés en hébreu. Le titre est imposé dans la 16° feuille.

444. -in~n NbiSn dt>S | myVo wvvs \ mon SSn


. K*yn | wtp "in fiynur
(En hébreu mélangé d'arabe et d'araméen, louange et poésie [Prière
du matin], poésies en arabe pour le jour de la fêle de Rabbi Simèon
ben Yohaï, que sa bienfaisance soit sur nous ; Amen ! ») Contre- titre
seul. Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Sion
Uzanj.Sans date. Huit pages 11X16.
445. — .nurnon
Journal. Voir page 26.
Cette orthographe m'est indiquée par Lazzero Farhi et par Simah
Lévy, mais j'ai trouvé parmi de vieux papiers un feuillet qui esl évi¬
demment un prospectus de la revue, et qui l'appelle "iDiOlD^ ; on
y voit la division du programme en cinq sections. Le format du feuil¬
let, qui d'après Farhi était celui même du journal, est 17X22.

446. xyn pn
(Aman et les Juifs.) En vers. Signé : X. [Félix Berebbi]. Tunis, Im¬
primerie Internationale. Sans date. Une page 19X27 à deux colonnes.
447. — , D^JH
Journal. Voir page 34.

448. - .maywin
Prière en hébreu. Suivi de CnyiDStf rVOlUT (l'association des
fêles), en vers arabes. Signé : Y. [composé par Vila Sitruk, édité par
Simah Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
au plus tard 1892]. Une page 28X19 à trois colonnes.
(n"]3V^IH est l'invocation hébraïque 13 yUT1H, sauve-nous [Prière
deSouka], transformée en substantif et mise au pluriel (comme nous
disons en français des orèmus.)
— 250 —

- 1

449. .dxSA* np-n


(Feuille de l'obscurité.) En vers. Anonyme [Simah Lévy]. Tunis,
Imprimerie Simah Lévy. Sans date [1906]. Une page 25X32 à deux
colonnes, papier de couleur.
A propos d'une éclipse.

450. - ,Sdv^ npm


(Feuille du miel.) Suivi de (5661) K"D~mn DKV SlHj (calendrier
de l'année 5661 (1900-01), en arabe, et d'une pièce de vers hébraïques,
acrostiche sur nobl^- Anonyme [publié par Haïm Hazzan. Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro, 1900]. Une page 28X39.

451. - ,bDy^ np-n


Suivi de 5666 ï'D"inn D^V bini-Anonyme [Simah Lévy]. Im¬
primerie Universelle, Tunis. Sans date [1905]. Deux pages en regard
25X32 à deux colonnes, papier de couleur.

452. — .boy'^ np-n


Suivi de D^WS nfrQH nJIÏ/S (en hébreu l'an prochain à Jé¬
rusalem),en prose rimée. Anonyme [Simah Lévy]. [Tunis, Imprime¬
rie V. Fînzi]. Date ? Une page 29 X x.
Je n'ai vu que l'homélie,détachée de la feuille; le titre est une for¬
mule très usitée qui exprime les espérances vivaces des Israélites.
A rapprocher de celles des Maures de Grenade réfugiés à Tunis, qui,
à ce qu'on affirme, conservent religieusement depuis quatre siècles
les clefs des maisons qu'ils habitaient là-bas, pour s'en servir au re¬
tour.

453. — .Sdv^ np-n


Suivi de TDfî "Fi^l ''S !"l^yO (histoire arrivée à un homme
pieux). Anonyme [Victor Lellouche]. Tunis, Imprimerie Officielle
{(sic) rpD-ta yataD^)- [Vers 1887 ou 1888.] Une page 17Xx. Je n'ai
vu que l'historiette.

454. - ,bDy'^ np-n


Suivi de M 5^"lian DVn (en hébreu la journée terrible). Anonyme
[Vita Si tr.uk]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date.
Une page 14X21.
(La journée terrible est Kippour.)
— 251 —

455. - .5665 bmin Sdà» r.p-i'


(Feuille du miel et calendrier de 5665.) Anonyme [Siraah Lévy].
Imprimerie Internationale, Tunis, 1904. Une page 33X49 à compar¬
timents, papier de couleur.

456. - Sïb"> «a* nbruto rwwibN rPsom bDÀ' npm


,bn:bi*
(Feuille du miel; histoire de la mouche et de l'abeille; mœurs des
abeilles.) Anonyme [Lazzero Farhi]. Tunis, Imprimerie Uzan et Cas¬
tro. Sans date [entre 1887 et 1890]. Une page 32X44 à trois colonnes.

457. .THpsbs npn


(Feuille, du meqroud.) Anonyme [Simah Lévy].Tunis,Imp.V.Pinzi.
Sans date [cité en 1897],Une page 25X37.
c
nom d'une pâtisserie qu'on fait à Pourim.)

45a- ,'nmn 1 nurya «rrs rDian npn


(Feuille de Hanouka, renfermant l'histoire de Judith.) Par Lazzero
Farhi. Cité en 1887.
{JLSj^. est une fête juive; c'est aussi le nom de la lampe à neuf
becs qu'on allume à l'occasion de cette fête, à partir du 24 kislev.)

459.- ave pi ]seSd pib'ptûJK runsi roi^n npn


•nbixn T,n*S«
(Feuille de Hanouka; guerre d'Antiochus, sultan d'Ionie, avec les
Juifs;à un sou.) Signé : Lazzero Farhi. Sans lieu [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro]. Sans date. Une page 22X32.

460. - ! ! -pQ3 VQ -îtfSl tfi


(Enfants, Mi kamoukha !) En vers. Anonyme [Haï Sitruk]. Tunis,
Imprimerie Internationale. Sans date. Une page 37X26.

461 -- .rraun fi-p


(Il chante et se réjouit [Proverbes, xxix, 6].J En vers. [Edité par
Simah Lévy ; Tunis, Imprimerie V. Finzi, vers 1882 ou 1883; un feuil¬
let non chiffré et sept feuillets foliotés en hébreu, 14X19] ; je n'ai pu
trouver que le dernier feuillet. Sans points diacritiques.
- 252 -

462. - rra-iy iSSïi iyy\ nzk yno 'wdk =isxi


.TtDtf k-di nuiy
fi7 [l'officiant] arrange la corbeille rituelle, ensuite il dit la prière
'arbit, et après 'arbit, il commence les rites.) « En vente chez Haï [Vita]
Sitruk (que Dieu le garde et le conserve), à l'imprimerie Uzan et
Castro, à Tunis. » Sans date. Une page 19X28.

Imprimés dont le titre est en français seulement '

463. — Catalogue | de la | Librairie-Papeterie Nouvelle | Simah


Lévy | 36,rue Sidi-bou-Hadid, 36 — Tunis. Sans lieu ni date [Tunis,
Imprimerie V. Finzi, vers 1901]. Quatre pages 12X18.

464. — Comité provisoire | de la Communauté Israélite tuni¬


sienne. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie V. Finzi, probablement
en 1886]. Une page 22X32.
Donne des explications au sujet de paroles qui ont été mal inter¬
prétées.

465. — Hommage à Loubet. Signé : Simah Lévy. 27 avril 1903.


Tunis, Imprimerie Finzi. Une page 31X44.

466. — Ode | A Monsieur Emile Loubet Président de la Répu¬


blique Française. | Juda Germon G. R. à Tunis \ Humblement lui
dédie cette ode, écho sincère de la reconnaissance du \ Judaïsme Tuni¬
sien pour l'Elu de la Grande Nation gui le protège et le couvre de sa
paternelle sollicitude. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Uzan et
Castro, 1903]. Deux pages en regard 28X40, imprimées à l'encre de
bronze.
La page de droite, avec le titre ci-dessus, renferme une poésie en
hébreu; celle de gauche en donne la traduction en vers et caractères
arabes, sous un curieux préambule où Germon appelle M. Loubet
'*^QJ.y}\ dz'j rjW.j-^.j-^' (v'L»' r0lj est l'^ anen re ) et P ar ' e de son
trône et de sa couronne.

467. — Ouala j Ouala Papa. (Voilà, voilà, papa!) Ce titre est


précédé de Répertoire Sberro.Sans lieu [Tunis], Imprimerie Univer¬
selle. Sans date [1907]. Huit pages 11X16.
Chanson en arabe mélangé de sabir 1 , transcrite en caractères la¬
tins.

1 On sait que le sabir est un jargon composé d'arabe, d'espagnol, d'italien et de


français, où la grammaire est réduite à sa plus simple expression.
— 253 -

Supplément au Répertoire alphabétique


Je réunis dans ce supplément, arrêté au 31 mai 1907, les données
bibliographiques qui n'ont pu trouver place plus haut; aux publica¬
tions qui ne figuraient pas encore dans le répertoire, j'attribue des
numéros bis ou ter, de façon à les intercaler à leur rang alphabé¬
tique.

1 bis. — , priant nsy


|

(Vers de l'amoureux.) Anonyme [Lazzero Farhi]. Tunis, Impri¬


merie de l'Aigle, MCMV. Huit pages 11X16.
Poésie alphabétique tirée de DtfDlY^ JTTD (n° 159) et proba¬
blement d'origine arabe.

2 bis.- ..oibn nns nyntabS imps


(Allez à l'Imprimerie Simah Lèvy...) Sans lieu ni date [Tunis, Im¬
primerie Simah Lévy, 1907]. Une page 20X32.
Catalogue.

s. — . itfnns^
Le n° 34, du 22 décembre 1904, parait avoir été le dernier; du
moins, je n'ai pas pu m'en procurer d'ultérieur.

7 bis.- .pn'^i bt2*a^


Deuxième livraison de S'JiO^l (n° 15).Signé:Lazzero Farhi.
Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle [Farhi et Sitruk]. Sans dale
[1890], Une page 22X32.

9. - . p-O^

Ce recueil n'a eu que cinq numéros; le dernier esl daté du 30 dé¬


cembre 1904.

10. - , "j^non^
Le n° 43 d'El-Boustan est du 30 décembre 1904, le n° 44 du 31
janvier 1905. Avec le n° 45, du 15 septembre 1905, le journal se
transporté à ITmp.de l'Orient; il parait régulièrement jusqu'au n°49,
du 13 octobre. N° 50,27 octobre; 51,6 novembre; 52,16 novembre;
53,23 novembre 1905. [Sauf erreur, c'est le dernier numéro hebdo¬
madaire.]
El-Boustan essaye ensuite de devenir Journal quotidien à 5 cen¬
times et passe à l'Imprimerie Sion Uzan, où il porte son format à
28X40 tout en réduisant un peu la composition; il continue son nu-
— 254 —

mérotage et conserve là rubrique « dix-huitième année», où comptent,


on s'en souvient, les années de sommeil.
Cette transformation eut lieu dans les premiers jours de décembre
1905. Je possède les numéros 58, du 8 décembre 1905, à 70, du 22
décembre, et j'ai lieu de croire que la publication s'est poursuivie
régulièrement jusqu'à la fin de l'année.
Avec 1906 («dix-neuvième année»), le numérotage recommence.
J'ai les numéros 1 à 58,60 et 76; 1 est du 1<"' janvier, 28 du 1er février,
52 du 1er mars et 76 du 30 mars 1906. [Celui-ci est, je pense, sinon
le dernier, du moins un des derniers.]
En feuilleton, El-Boustan quotidien a donné la suite de DiTQtf ""1
THn rmrr '~1 3"l331 >n~y pN, en alternance ou simultanément
•àvecïmr\D'\'2{Boustënaï), «histoire traduite de l'allemand en langue
hébraïque, mise en arabe par l'écrivain Ben Amti » [Messaoud Maa-
rek], puis "*n\' "IfcODï* C^ es secrets des Juifs), également pris par
Maarek d'une traduction hébraïque de l'allemand.

3| 15. Sisïo^* pn'^


H
La première livraison a seule ce titre; l'autre, intitulée St^IlSs
PH^I (n° 7 bis), porte la signature de Lazzero Farhi. Sans lieu [Tu¬
nis], Imprimerie Nouvelle [Farhi et Sitruk]. Sans date [1890]. Une
page 22X32.

îebis.- .-wpnVt s-seA*


(Le vieux devin.) Un sou. Anonyme [Lazzero Farhi]. Tunis, Impri¬
merie de l'Aigle, MCMV. Huit pages 11X16.
Petit oracle.

19. .n»3ï^
Depuis la disparition du Phonographe, il y a juste un an, Bs-Sabah
est l'unique journal judéo-tunisien, et il s'intitule fièrement Seul
Journal Quotidien Israélite de tout le Nord Africain. Après avoir
donné en feuilleton la suite de DIS 11 "!! n^VtW (l'affaire Dreyfus),
commencée dans Es-Schamss (n° 18), il publie maintenant IDJ 1?^
"IDntf^ (l'aigle rouge). Voici les dates de quelques numéros : 170,
1 juin 1905; 431,1 mai 1906; 753, 31 mai 1907.

19 bis. .QDW^K
(Le Sionisme.) «Par l'avocat Alfred Valensi; traduit par Jacob
Cohen.» Prix, 25 centimes.Tunis, Imprimerie de l'Orient, 1906.Qua¬
rante pages in-8°; contre-titre seul; couverture imprimée servant
de titre.
[Le texte original est en italien.]
— 255 —

22. - , Sjtf-OTIS^
Le Phonographe a paru régulièrement chaque semaine jusqu'au
n° 45 inclusivement (22 février 1905). Le n° 46 est du 20 mars, le
n° 47 du 10 mai 1905, toujours à l'Imprimerie Pinzi. Les quatre der¬
niers numéros sortent de l'Imprimerie Universelle, Rue du Palmier,
5; ils sont datés : 48, du 29 mars 1906, 49, du 5 avril, 50, du 8 mai
et 51, du 29 mai 1906.
Le feuilleton n"fi¥ T1S V^riR, [non de Simah Lévy, comme je
l'avais dit, mais traduit par lui de l'hébreu], a été terminé avec le
n°46.Un autre,'pbittûS^ (le trésor des oisifs), [également traduit
de l'hébreu par Simah Lévy], a paru du n<> 36 au n° 47 et n'a pas été
continué. Les quatre derniers numéros renferment le commence¬
ment de "IfcnjSï* DHbSx (le serviteur infidèle), [traduit du français
par Lévy (d'un roman de Ponson du Terrail, je crois)].

23. - . inSb pàKDo ytatftûpbtf


[Au plus tard 1892.]

23bis.— ,rp'OTîSK nj^pSw


(La complainte djerbienne.) [Publié par Lazzero Farhi; Tunis, Im¬
primerie Nouvelle (Farhi et Sitruk), 1890. Une page 22X32.]
Chanson recueillie d'une Juive de Djerba. L'unique exemplaire'
que je connaisse étant découpé et collé dans un recueil, j'ignore si
l'imprimeur et la date y figuraient.
35 -— .Tsnvi ^nnt*
Signé : 3,UT; a réellement 38 pages et le titre; couverture impri¬
mée. Se vendait 1 franc.

35 bis.— .Pl4Kï^ pap "B lL) v nos


(Haut décret sur la législation de la bijouterie.) 1905. Imprimerie
de l'Orient, Tunis. Trente-quatre pages iu-12 et Litre; couverture im¬
primée.
Décret beylical du 18 juillet 1905.

36bis.— .purykn ppvtëc ^ !n«


(Ah!passionnés d'amour!) En vers. Anonyme. Tunis,Imp. Guedj.
Sans date. Huit pages 11X16.

41 bis.—,;,ryypsfl n« onn
, ,«i n«'îDVt yai 13 | mnin
(Liste de tous les livres, les récits, les histoires...) Ce titre est pré¬
cédé de Catalogue. Sion Uzan, Tunis, 1907. Seize pages 12 X18.
Catalogue de la librairie Sion Uzan.
47 bis. - .ijïqi 1 ) pD?S nSisa m; n^Wi
tf 1 1 nsbn
, hditA' H«m | m*arN p tfwi
( Trois chansons nouvelles pour un sou : « Ya limoun ! ya limouni /■»;
« Mon ma/ [vient] de [la fille à] l'œil d'outarde » ; « Voici la mariée ».)
Anonyme [édité par Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis.
Sans date [1907]. Une page 22X31.
[La première pièce est une chanson populaire recueillie par Simah
Lévy, la seconde est de lui, la dernière égyptienne.]
(Ya limoun! ya limouni! est le cri de marchands de citrons.— On
dit d'une femme aux beaux yeux noirs qu'elle a des yeux d'outarde.)

56 bis. - n^ttu'^i nwwân^i nns^t yni 's mnà


i

... yùSS ptinb^ p»"n«^i mrp^i ntfni"to^i


I

(Liste de tous les livres, les histoires, les chansons, les melzoumas,
les complaintes, les feuille? qui se trouvent en vente...) Précédé de
Catalogue. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Tunis (des exem¬
plaires du même tirage portent l'adresse complète). Huit page 11X16.
Catalogue de la librairie Simah Lévy.

62bis.— ,-id«i "pibrn 3inj Wîon


(Histoires très touchantes et très jolies.) Signé: I. [Jacob] Mamou.
En vente chez Abraham Ettouil (Fifi), Tunis. Imp. J. Guedj. Sans
date [1906]. Trente-six pages 11X16.

62 ter. - . .mn^S' FTiOn


(Histoire du bossu.) «Traducteur (m&W), Joseph Bizaoui » (à la
dernière page, « Auteur (tfiT^W), Joseph Bijaoui »). En vente chez
Abraham Ettouil, Tunis. Imp. J. Guedj. Sans date [1906]. Huit pages
11X16.

03 bis. - , r\yy nS"S *)^Vj | rvjon


(Histoire des mille et une nuits.) Contre-titre seul. Sans lieu ni
date [Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 1907]. Quatre fascicules 12X18
de 46 feuillets chacun, soit en tout 184 feuillets à foliotage hébreu
continu [tout ce qui a paru jusqu'ici]. Le premier fascicule et une
partie du second portent aussi la pagination en chiffres européens.
[Edité par Sion Uzan; transcription d'une des éditions arabes.]

65.- .mybibï* r.-ion


En avril 1905, Farhi, désespérant de poursuivre la publication in
- 257 -

extenso, résuma la fin de l'histoire et la fit imprimer chez Sion tfzan


(pages 89 à 102). Le volume ainsi complété est en vente à 1 franc.
66bis.— .om^ rvîcn
|

(Histoire du raccommodeur de faïence.) Suivi de njtfiTl n^~lQ


(une femme et une poule) et de pl"|,ÏO^ "QU^ (le jeune homme noyé).
Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis, 1906. Seize
pages 11X16.

67 ws. - .DVifcro i^îdSdS^ i rpion


(Histoire du sultan Ibrahim.) Anonyme [édité par Simah Lévy].
Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1908]. Cinquante-six pages
11X16; couverture imprimée reproduisant le titre.
Texte d'un manuscrit de Sarfati, comme aux n os 67 et 68.

68 bis. .rra-iySi* rïwn


(Histoire de l'Arabe.) Anonyme [par Simah Lévy]. Imprimerie
Universelle,Tunis, 1906. Quarante pages 11X16; couverture impri¬
mée abrégeant le titre.

es ter.— . maayV* | rvson


(Histoire de la boucle d'oreille.) En vers. Suivi de nSsi^Sï^ HXp
nrUD^ 1" (Histoire de la jeune fille Diamante), en vers. Anonyme
[édité par Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date
[1905]. Seize pages 12X18 paginées en hébreu.
La première pièce est l'Histoire de Haroun el-Rachid du n° 388,
légèrement modifiée; la seconde, la réimpression du n° 403, avec
correction d'orthographe, suppression d'une strophe et déplacement
d'une autre.

75bis.- .TTibin^ nn nwn |

(Histoire de la fille du Milord.) Anonyme [Simah Lévy]. Imprime¬


rie Simah Lévy, Tunis.Sans date [1906].Quarante pages 11X16; cou¬
verture imprimée avec titre abrégé et date 5666.

83bis.- ."iSDiy p -itf-rn rrwsn


(Histoire de Jouder, fils d'Amor.) « Traducteur, Joseph Bizaoui »
(à la dernière page, « auteur, Joseph Bijaoui»). En vente chez Abra¬

ham Ettouil, Tunis. Imp. J.Guedj. Sans date [1906]. Vingt-huit pages
11X16.
[C'est, si je ne me trompe, le conte de Djouder le pêcheur (Mille
et une nuits).]
— 258 —

84bis.— .StfDà'^ ny-in yhdv | «yo | rfiïfon


(Histoire de Glaive-des-Anges et d'Incomparable-en-Beautè.) Ano¬
nyme. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1906]. Quatre fasci¬
cules de 40 pages 11 X 16 chacun, soit 160 pages à pagination conti¬
nue (les quatre titres compris).
Conte des Mille et une nuits rapproché de l'arabe vulgaire [par
Simah Lévy].

84 ter.— nai-Sn | : «n-DK ^si | Dîa^tap^ \ rp*on


. fihisv*
(Histoire du cheikh des chats, suivie de la melzouma des souris.)
Anonyme [Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date
[1906]. Seize pages 11X16. Couverture imprimée abrégeant le titre,
avec la date 5666.
Réimpression du n° 85.

90bis.— ,nsaS« d^dj m imSt? -jd rvion |

(Histoire du trésor du Vizir et de Rabbi Nïssim l'Egyptien.) Par


Lazzero Farhi. Prix, deux sous. Tunis, Imprimerie de l'Aigle, MXCV
(sic) [1905]. Vingt-qnatre pages 10X14.

92 bis. - . ip wotSn "Dnn | rvïcn


(Histoire de Mohamed de Damas.) Anonyme [édité par Simah Lévy
sur un manuscrit de Sarfati].Imprimerie Universelle, Tunis, 1906.
Seize pages 1.1X16; couverture imprimée abrégeant le titre.

92 ter. — . ntfjnbtf mïa rvton


|

(Histoire de la victoire des filles.) Par Lazzero Farhi. « Prix du vo¬


lume, 2 sous.» Tunis, Imprimerie de l'Aigle, MCMV. Quatre fasci¬
cules 10X14 de 16 pages chacun, dont le titre; pagination continue ;
couverture imprimée à chaque fascicule.

95bis.— ."prnnbtf *pv \ rpion


(Histoire de Joseph le mis en gage.) Suivi de ny^DStf Stflpi* (les
maximes par sept), trois séries de sept maximes chacune. Anonyme
[Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Simah Lévy, 5666 [1906]. Trente-
deux pages 11X16. Couverture imprimée portant epyi | J-piOn
inaV riJH DltfE VQ ]imok' (..-Xi de Paon, sa cousine).
[Les maximes sont tirées d'un manuscrit de Sarfati.]
— 259 —

96 bis. - , ami* Saj ip | "ûayy vis | ns*nb


(Conte de Branche-d''Ambre-Gris dans la montagne d'or.) Suivi de
~\*T\t) jl" 1^ nïp (histoire des deux pigeons). Anonyme [Simah Lévy].
5666 [190G]. Imprimerie Universelle,Tunis.Vingt-quatre pages 11X1G
avec couverture imprimée.
[Branche-d'Ambre est un conte du folklore tunisien légèrement
arrangé.]

97 -- raro
[Au plus tard 1892.] Une page 28x20.

98.— .D«"i^ roTb


J'ai découvert tout récemment une huitième livraison. Voir plus
loin, ntf'aVi îtidd^- rvwj,
99bis.— ,rpiDi. nos nnisb
(Querelle de la pâque et de la fête des Cabanes.) Par Messaoud Ed-
dahan. Tunis, Imprimerie Simah Lévy, sans date [1906]. Une page
22X31.
Poésie à acrosliche.
113bis.- .rvmnn nso
(En hébreu livre «Au commencement de...» [Genèse, i,l].) Traduc¬
tion de la Genèse en arabe vulgaire [par Lazzero Farhi]. Tunis. Im¬
primerie de l'Aigle, 1906. Cent vingt-quatre pages 12X19.

113ter.— ,dSiv mn "ISD


|

(En hébreu livre de l'alliance éternelle [IISamuel, xxm,5].) «Ras¬


semblé, coordonné et composé par l'infime Simah ben Nathan hal-
Lévy, que Dieu le garde et le conserve ! » 5666 [1906]. Imprimerie
Universelle, Tunis. Vingt-quatre feuillets 11X16 foliotés en hébreu
et couverture imprimée.
Rituel de la circoncision, en partie en hébreu.

114bis.- bas nbsn isd


(En hébreu livre de prières en toutes langues.) Publié par Eliaou
Guedj.Livourne, Israël Costa, 5643 (1882-83).
[SionUzan m'a informé qu'il réimprime en ce moment cet ouvrage.]

123. - , pn rinnSo | Kim | nms nnow nso |

(Livre de la joie de Pourim, ou melzouma d'Aman.) (Les trois pre-


— éeô -

miers mots en hébreu.) Signé : Simah Lévy et Vita Sitruk. Tunis,Im¬


primerie Uzan et Castro, 5646 (1885-86). Vingt-quatre pages 10X13
(rogné),dont les seize premières seules paginées; couverture impri¬
mée portant, seulement "jon PQTîSd.

139bis.- .myto | rvn nSja | -isd


(Livre de la meguila de Ruth, en arabe.) Anonyme [traduction de
Jacob Cohen]. Tunis, Imprimerie de l'Orient, 5665 (1904-1905). Seize
feuillets in-12 foliotés en hébreu.

141 bis.- ."onyvo pTïn «pv nïp | unp | isd


(Livre de la demeure 1 sainte [Exode, xv, 13] : histoire de Joseph le
Juste en arabe.) Suivi de tf"}PT tûNW ^"13 '□"l tfSy 13VS (poésie
sur Rabbi Fraji Chaouat, que sa bienfaisance soit sur nous ; Ainsi soit-
il). Envers. Signé : I. [Jacob] Mamou.En vente chez Abraham Ettouil,
Tunis. Imp. J. Guedj. Sans date [1906]. Vingt-quatre pages 11x16.
L'histoire de Joseph est différente des n os 242, 243 et 244. Le piout
est le 2 e du n° 131, moins les 9 dernières strophes, ajoutées par Simah
Lévy; c'est, par conséquent, celui même qui se chante au tombeau
du saint.

144.— ,bnb« rau | *]iSkd n^so


(Chansonnier de malouf, mode du deïl.) Anonyme [édité par Si¬
mah Lévy]. Imprimerie Simah Lévy, Tunis, 5666 [1906]. Quarante-
huit pages 11X16; couverture imprimée abrégeant le titre, mais le
faisant précéder de 3tfrD-
[Simah Lévy, ayant réussi à obtenir communication des trois vo¬
lumes publiés par Bonan (n° 144), en a pris copie; ceci est la réim¬
pression du premier, avec quelques modifications d'orthographe.]

155.- .rrnnjy^ rrpD


Il existe maintenant un troisième fascicule de 40 feuillets du même
format 12X18, ce qui porte à 120 le nombre des feuillets parus jus¬
qu'ici; pagination continue.

172 bis. — , rù mrp mwy |

(Dix complaintes nouvelles.) « Prix, un demi-franc. » Imprimerie


Universelle,Tunis, tamouz 5665 (juillet 1905).
[Edité par Simah Lévy.] Réunion, sous couverture imprimée ser-

1 Le kamets do naveh est remplacé ici par aleph ; mais l'Exode porto l'état construit,
nevêh.
— 261 —

vaut de titre, des n°s 336,316,283,280, 322,173 bis (voir ci-dessous),


330, 288, 270 et 312.

173bis.- .nmwïoVt | "pybn 19 | îtioï^ p^v


(L'amour de la jeune fille dans les magasins des bazars.) Com¬
plainte. Anonyme [Simah LévyJ. Imprimerie Universelle,Tunis. Sans
date [1905]. Huit pages 12X18.
Inédit.

Isa- .rrny^ rwjsj


Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Uzan et Cas¬
tro]. Sans date [entre septembre 1889 et la fin de 1892]. Une page
19X27 à deux colonnes.

184 bis. .nrn^l ÎTIDD^ ÏT'WJJ


(Chanson de la brune et de la blanche.) Suivi d'annonces signées
Simab Lévy. Anonyme [Simah Lévy].Imprimerie Internationale, Tu¬
nis. Sans date [vers 1891]. Une page 22X32.
N° 8 de DfrH^ riJTb (n° 98). Même texte qu'au n° 184, où j'incline
à voir la première édition.

187 bis.- ,ibbïrn sbïSb | ^nn dw^ rvwj |

(Chanson « Les gens vont à la prière et prient ».) Suivi de trois chan¬
sons de maçri. Signé ,^,n [Haïm Belaïche]. Imprimerie Universelle,
Tunis. Sans date [1907]. Huit pages 11X16.
[Chansons populaires arabes recueillies par Belaïche et éditées
par Simah Lévy.]

192 bis. — ,wvn Skid rnwj


(Chanson « La demande de la signification ».) Editeur, Daniel Ha-
gège. Imprimerie de l'Orient, Tunis. Sans date [1906]. Une page 26X42.

195-— ^«ÏDi Di«ï niwa


Une page 22X32.

201 bis. - , rpwj «rrbt* isi | hshx didwd | niwjj


.■hriy nKiaw | ,'">înai nDEj
(Chanson du bouquet de jasmin d'Arabie, suivie de la chanson « J'es¬
suie mes larmes» et de vers de 'aroubi.) Anonyme [édité par Simah
— 262 —

Lévy]. 5666 [1906]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Simah Lévy. Huit
pages 11X16.
La première chanson n'est pas en entier dans ce cahier, elle se
continue au n° 201 ter. [Elle est de Salem ben Onnas, poète du Sahel
tunisien; l'autre chanson est également connue et inédile.]

201 ter. — rvxsi | yrro» ijbi | Vsbs? diq^o n\s\n


|

/m^non^ hjw
(...suivie de la chanson «.La charmante belle».) «Deuxième livrai¬
son.» Anonyme [édité par Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie
Universelle, Tunis. Huit pages 11X16.
Fin de la chanson du bouquet de jasmin [et chanson connue inédite].

201 quater. — . DinWDl | Ss^ DlûWO | Tfltài


(Chanson du bouquet de jasmin d'Arabie et du bouquet de lis.) Par
Salem ben Onnas. Imprimerie Universelle, Tunis. Sans date [1907].
Huit pages 11X16.
Réimpression de la chanson de Ben Onnas publiée clans les nu¬
méros 201 bis et 201 ter, avec addition de deux couplets et légères
variantes.

203 bis.— .tf£>i*S | tfbtfl tfbtf} I rPNMJ


(Chanson « Voilà, voilà,papa !y>.) Ce titre est précédé de Répertoire
Sberro. Imprimerie Simah Lévy, Tunis. Sans date [1907]. Huit pages
11X16.
C'est la chanson du n° 467, transcrite en caractères hébraïques.

204 bis.— .iWDK T\22 W n>M3


(Chanson « 0 jeune fille, va-t-en !) Editeur, Daniel Hagège. Impri¬
merie de l'Orient, Tunis. Sans date [1906]. Une page 27X42.

213bis.— noo: i nm «by | T©pi «i [ rPMJj


. .^tu lyim
(Chanson « Oh ! ma station seul à la porte ! J'essuie mes larmes avec
mes mains » .) « Par Abraham Haddad, épicier à Sidi-bou-Hadid, au¬
trefois marchand de tabac dans le carrefour des Epines.» Imprime¬
rie Internationale, janvier 1897, Tunis. Huit pages 12X18.
[L'auteur serait Vita Sitruk.]

214bis.- ,iS»a mnn %


| | Viw | n 1 ^
— 263 —

«331 «rrpït ^ i ^«nhy^ yata 15 "any rwQK «rïiwi


:

.yna m 1 Sd . nb^jj^ nps | : nbia^ teti ■■b'ûti : "VSTtn


:
(Chanson arabe «Le commencement de la nuit avec la joie de mon
âme», avec vers de 'aroubi du mode 'ardhawi; à la suite, chants dé¬
braillés : « Apportez-moi, apportez-moi de la boukha»; «.Le flirlage
de la veuve-» ; « Chaque jour malade»; « 0 femme arabe».) Anonyme
[édité par Siinah Lévy]. 5666 [1900]. Imprimerie Universelle, Tunis.
Huit pages 11X16.
[Chansons connues, mais inédites.]

232. - .(bnbnnbtf «Sib nu) | TtV* nxp


(Histoire d'El-Zir (Abou Lila el-Mouhalhal).) Tunis, Imprimerie
Sion Uzan, 1900. Quarante-huit feuillets 12X18 foliotés en hébreu
[tout ce qu'il y a d'imprimé; la publication continue].
[Edité par Sion Uzan; transcription de | v j-M 'î-^è \ _ >lx—=
><Zjjj^j I i-4-*-H ï-xJa») | (J^'^it ^J.Sans date.]

232 bis. — , ta-QfcnnbK nïp


(Histoire des prisonniers.) En vers. Signé : J. A. [Joseph Abitboul].
Imprimerie Sion Uzan, Tunis. Sans date. Huit pages 12X18 sans pa¬
gination.

295.— .DiOjbtfi pwybtf naip


(Complainte de l'amour et de la passion.) Ce titre est précédé de
!TTni (nouvelle). Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie Nou¬
velle [Farhi et Sitruk]. Sans date [1890]. Une page 22X32.

335.-- .rpStftû^ \sn | îans îmnniN | nrp


La complainte est précédée d'une préface en prose signée : Laz-
zero Farhi. [Le titre italien a été fourni par M m e Farhi, élevée à Li-
vourne.]

373 bis. - e^-)tf nsw) | 3iHpS« nrra | nwo


.(n^DSièi
(Livre du délassement des cœurs (gentilles histoires et plaisante¬
ries).) Rassemblées par Simah Lévy. Imprimerie Universelle,Tunis.
Sans date [1906], Trente-deux pages 11X16 en quatre livraisons réu-
- 264 —

nies sous couverture imprimée avec titre simplifié [tout ce qui a pa¬
ru]; au bas de la dernière page, on lit « Fin du premier volume ».

384bis.— .12ms nyioin


(Recueil de Pourim.) Réunion en brochure [éditée par Simah
Lévy], sous couverture imprimée servant de titre et, de table, des
n°s 220,219, 218,100, 385, 402 et 230. Sans lieu ni date [Tunis, Impri¬
merie Simah Lévy, 1905].

437 bis. — | u-iyio nrrnwa awa ny[


| mtasn
,X"T DJin *p
(Haftava du 9 ab, traduite en arabe, selon la coutume de Tunis (que
la ville de Dieu soit rebâtie!).) Titre mélangé d'hébreu. Imprimerie
Sion Uzan,Tunis, 1908. Un feuillet non chiffré (titre) et trente-deux
feuillets 12X18 foliotés en hébreu; couverture imprimée.
[Edité par Sion Uzan; traduction ancienne.]
Ce supplément porte à 517 le nombre des publications que j'ai ca¬
taloguées. Certes, ma bibliographie est incomplète; mais elle ré¬
pond, je crois, au but que je m'étais proposé, de fournir une base
solide aux travaux à venir.

Au lecteur

Comme on a pu le voir dans les pages qui précèdent, le plan de cet


ouvrage comportait quinze chapitres; je viens de terminer le neu¬
vième, tout à fait hors de proportion avec les autres et par son sujet
même, et par les excursions que je m'y suis permises. Le dixième
devait faire connaître les écrivains et éditeurs de la littérature popu¬
laire, le onzième les imprimeries hébraïques, le douzième les librai¬
res juifs; dans le treizième, je comptais donner un aperçu des publi¬
cations judéo-algériennes ; le quatorzième aurait renfermé le texte
des morceaux que j'ai traduits; le quinzième enfin, des annotations
à ces fragments et un glossaire. Les matériaux étaient à pied d'œuvre,
représentant une somme de recherches.
Mais d'un côté, je me rends compte que j'ai, depuis quatre ans,
suffisamment abusé de la patience des lecteurs de la Revue Tuni¬
sienne ; de l'autre, les frais du tirage à part (modifié, à la vérité, en
certains endroits au point de former une édition nouvelle) dépassent
un peu mes prévisions ;"cela arrive parfois quand on a compté sans
l'hôte, et les imprimeurs, j'avais eu pourtant d'autres occasions de
m'en apercevoir, sont des hôtes redoutables; bref, la carte à payer
est déjà élevée pour mes maigres ressources de retraité. Primum
vivere. Je me résigne donc à ne pas aller plus loin, demandant par-
- 265 —

don de celte faillite aux vingt savants d'Europe et aux dix Tunisiens
que la suite eût intéressés.
Au reste, ce qui a paru remplit à la rigueur le programme que je
m'étais tracé en prenant la plume :
1° Signaler aux orientalistes tout un ensemble d'opuscules qui
leur était généralement inconnu et dont on pourrait tirer bon parti;
2° Ouvrir cette littérature aux arabisants qui n'ont point étudié
l'hébreu ;
3° Faire mieux connaître à nos compatriotes de France et d'Afri¬
que un élément considérable de la population de la Régence ; leur
montrer que les Juifs tunisiens, s'ils ont au point de vue social les
défauts de la jeunesse,ne manquent ni d'intelligence,ni d'initiative;
qu'ils constituent, comme je l'ai dit ailleurs 1 ,une force, mais une
iorce encore un peu aveugle, à diriger pour leur bien et pour le nôtre.
Que mon but soit atteint, c'est ce qui semble résulter des lettres
flalteusesquej'aireçues; réminent professeur Nôldeke,entre autres,
me faisait l'honneur de m'écrire le 25 mai dernier :
Sie erôffnen den Europâem eine ganz neue kleineWelt.Es ist nicht
zu leugnen, dass die Juden, wo sie auch leben, >_J.»! sind (wenn
auch nicht gerade immerin dem Sinne,wie sieim Korân so heissenj.»
«Vous ouvrez aux Européens un petit monde entièrement nouveau.
On ne saurait contester que les Juifs, en quelque lieu qu'ils vivent,
ne soient gens du Livre (quoique pas toujours exactement au sens
où le Coran les appelle ainsi).»
" En terminant, je rappellerai le mot de Metternich : « Chaque pays
a les Juifs qu'il mérite. »
La publicalion de cette étude a été commencée dans la Revue Tu¬
nisienne de juillet 1904; le premier fascicule du tirage à part (pages
5 à 96) a paru le 23 mai 1905, le second (pages 97 à 160) le 24 février
1906,1e troisième (pages 161 à 224) le 3 mai 1907; le quatrième et
dernier est sous presse.

Maxula-Radès, 14 août 1907.

1 Le Juif tunisien, daus la Revue Indigène du 30 juillet 1907.


Additions et corrections

Page 5, note : Le Phonographe (n° 21) constate que le fondateur de


l'école en question n'est pas enfant de Tunis, mais Algérien.
Page 6, note 1 : après la ligne 16, ajouter: H. v. MÂLTZAN : Arabische
Vulgàrdialecte, ZDMG., t. 27 (1873), p. 233. — M. Ed.Gasseltn avait
commencé en 1895,àTunis, la publication d'un Vocabulaire français-
arabe el arabe-français spécial pour la Tunisie (l'arabe en caractères
latins, format 10X15); mais il n'a paru que 128 pages de la partie
française-arabe, jusqu'au mot défendre inclusivement.
Page 9, colonne de droiLe, ligne 4 : la lettre mal venue est £.
Page 10, ligue 6 : après D'autre part, v est rendu aussi souvent par
1 que par ajouter: Dans le premier cas, le T est presque toujours
doublé pour indiquer qu'il représente v et non j.. — Ligne 9 : ")ï*,3 13,
lire i|). — Ligne 29 : <^_Tpar 3, lire: k_lTpar 2-
Page 11, ligne 16 : après : Yalweh., ajouter : Pour 39, on écrit S13
au lieu de 13 1}, parce que cette dernière combinaison de lettres évo¬
que l'idée de choses cachées, occultes, et par extension, de sortilèges ;
l'autre, au contraire, est de bon augure,ayant en hébreu comme en
araméen le sens de rosée. Il faut sans doute attribuer de même à
quelque superstition ia substitution par les monétaires, entre Auré-
lien et Constantin,des chiffres EA == 5 -(- 4 au chiffre 0 = 9.
Page 12, ligne 24 : de la 3 e personne plurielle, lire: des personnes
plurielles (sauf, bien entendu, la l 10 du prétérit). — Dernière ligne
du texte : supprimer le point en l'air à gauche de
Page 15, ligne 17:Hananel ne serait pas mort en 1050 comme l'a
cru Rappoport; lui-même, en effet, mentionnerait la date 1053 dans
un de ses ouvrages, publié par Bekltneu (Migdal Chananel, Leipzig,
1876). Voir Bolletino italiano degli studii orientait, anno I (1876-77),
p. 133. Il est d'ailleurs probable que Hananel et Nissirn furent mas¬
sacrés lors du pillage de Kairouan par les Hilal,qu'on place en 1056.
— Note 3, ligne 5 : ajouter : Cependant, au dire des Tunisiens, celui-ci
serait enterré à Tunis, en face de l'ancien cimetière Israélite désaf¬
fecté il y a quelques années.
Page 17, note 1 : p. 127, lire p. 121.
c' <.'.
Page 19, notes, ligne 1 : ^Jj$, lire : ^f- — Ligne 5 : C'est parce
qu'on a pris pour la tombe du grand-rabbin Isaac Tapia celle d'un
homonyme que la mort du premier est indiquée en 1897; en réalité,
elle date du 2 février 1894.
Page 21, ligne 28 : Zoulica, lire : Zouleikha.
Page 35, ligne 21 : Almalik Almasoud, mettre en note .-Sur la dy¬
nastie ortokide, voir Stanley E. Lane Poole, On the coins of the Urto-
— 267 —

kis, London, 1873, ouvrage que je n'ai pu me .procurer. Sur Djaou-


bari,voir M. J.de Goeje, ZDMG., t. 20 (186G), p. 485. Cet auteur, d'après
l'émirient orientaliste, écrivait vers 650.
Page 38,ligne30:M.le D r I.Goldziher m'écrit:«Les remarques que
vous faites sur iaJ se trouvent déjà chez Frœnkel (Arabische Fremd-
wôrier) et ailleurs.»
Page 45, note 2, 6 e alinéa, ligne 1 : la lettre qui n'est pas venue, à
gauche de , est |~|.

Page 51, note 1, ligne 3 : «.^Jj-ï-ï, m'écrit M. le D r Th. Nôldeke, est


également féminin en arabe classique,comme en syriaque et vraisem¬
blablement aussi eu hébreu. Naturellement, ce féminin peut à l'oc¬
casion s'appliquer à un scorpion mâle, comme columba, colombe,
Taicbe peul être éventuellement un pigeon mâle (pour celui-ci, toute¬
fois, nous avons en outre en allemand la forme spéciale Tauber, de
môme qu'en arabe classique, le scorpion mâle peut être désigné
i ' t'
d'une façon précise par ^L^ic).»
C'est sur la foi du P. Belot (Vocabulaire arabe-français, 5° éd.,
1898, p. 12), que j'ai donné comme du genre commun en arabe
littéral. — J'ai entendu une fois dans le Sud tunisien employer le
mot (j^/às (avec la vocalisation que j'indique, 'aguerbân) pour «cor-
pion de grande taille; j'ignore s'il y est d'un usage courant. A Djerba,
. C y y
où les scorpions d'espèces variées pullulent, on appelle ^bj-su; (au
masculin) le scorpion noir, le plus dangereux,au dire des/môa(Djer-
biens), après le blanc qui m'est inconnu. Lorsque quelqu'un estpiqué,
ou appelle le A —Arabe qui a la spécialité de sucer la plaie en
récitant une formule secrète, et qui d'ailleurs possède aussi des in¬
cantations pour trouver les trésors cachés et pour d'autres sortilèges
(le verbe signifie faire usage de formules magiques). Mais si cet
homme apprend que la piqûre provient du caqerbân, il refuse de se
déranger, estimant tout secours superflu.— Ligne 4 : vulgaire, lire
vulgaire.
Page 52, ligne 26 : exemble, lire exemple. -- Ligne 28 : S, lire 5 .
— Ligne 34 : qu'il, lire qu'ils.
Page 56, ligne 6 : désiroire, lire dérisoire.
Page 60, n° 21, ligne 2 : après "fitf D , ajouter un trait vertical de
séparation.
Page 72, n° 67, ligne 1 : après "Si, ajouter 1"ntf n • — Ligne 2 : fils
d'Al-Rachid, lire : fils de Haroun al-Rachid.
Page 74, dernière ligne : «Vous avez raison, me dit M. le profes¬
seur Nôldeke, de ne regarder Haï Sarfali que comme le rédacteur
— 26S -

de l'histoire de b. Elle est, en effel, largement répandue en

Orient : le héros s'appelle en réalité ^3.£.\ ^~l>. Le comte Landberg


en a publié deux textes, dont l'un (de Syrie) concorde assez bien avec
celui de Tunis,tandis que l'autre, en dialecte égyplien tout à fait vul¬
gaire, est fortement amplifié, mais très amusant (Bâsim le forgeron
et Hârûn er-Rachîd, texte arabe en dialecte d'Egypte et de Syrie,'pu¬
blié... et accompagné d'une traduction et d'un glossaire par le comte
Carl de Landbeug. I. Texte, traduction et proverbes. Leyde, E. J. Brill,
1888). (Il n'en a pas paru et il n'est guère probable qu'il en paraisse
davantage).»
Page 75,n° 76, dernière ligne: fermer la parenthèse après 41.
Page 76, ligne 1 : ÎT'HOD, lire rp'HDb-
Page 81, n° 103, dernière ligne : M. Goldziher me fait remarquer que
« les Juifs de Tunis appellent aussi la synagogue rU12\ï^ (esnoga).ti
D'après mes informations, ce nom, usité en Algérie, ne l'est pas chez
les Tunisiens, qui disent eçla ou dar eçla (i\J>\ ^b).
Page 82, n° 105, ligne 13 : M. le professeur deGoeje m'écrit: «Quant
à ^>y, je suis de l'avis de M. Simah Lévy.». — Ligne 15 : Dict. ar.-fr.,
lire : Pet. dict. ar.-fr. — Ligne 17 : après dix., fermer la parenthèse. —
Note 3, ligne 1 : membre, lire membres.
Page 83, ligne 13 : haggada, mettre en note : Sur la haggada, voir
GRUENBAUM,ZZ)ikfG., t. 31 (1877), p. 183.— N° 109, ligne 1 : M. Goldziher
m'informe que *pbu/m est emprunté à la formule qu'on prononce à
la cérémonie dont il est question, et que cette formule est prise de
Michée, vu, 19.
Page 85, n° 117,1° : Le sens exact de Pir/cé Aboth est Maximes ou
Sentences des Pères. — 4° : et de Sarepta, lire : et de la femme de Sa-
repta.
Page 86, ligne 5 : M. Goldziher m'apprend que le commentaire aux
dix commandements, attribué à Sa'adia, a été publié à Vienne.
Page 89, n° 126, dernière ligne : Les Tunisiens, qui donnent ici à
tfSlSn l p. sens de mariage, expliquent cette traduction par une lé¬
gende : Ben Yohaï aurait prescrit à ses disciples de considérer sa
mort comme des épousailles.
Page 92, n° 138, alinéa 3 : « L'édition j udéo-arabe du livre de Sindbad
(ou des «sept sages maîtres»), me mande M. Nôldeke, est mention¬
née, mais seulement d'après un article de Steinschneider,par Victor
Chauvin, dans sa Bibliographie des ouvrages arabes, VIII, p. 7. Cette
8 e partie du grand ouvrage (Liège et Leipzig, 1904) comprend la bi¬
bliographie très étendue de Sindbad; Chauvin l'intitule Syntipas.
Elle forme un fascicule de plus de 200 pages et se vend séparément
0 t'r.50. »
Page 95,avant-dernière ligne du texte:«attire le feu», lire «attisé
le feu ».
Page 97, ligne 10 à partir du bas: «La bibliothèque de notre Aca¬
démie des Sciences [Budapest] possède deux volumes de la n^SO
'TlStfD (fonds Kaufmann,n° 621I/II).» I. Goldziher, in litt.
Page 98, n° 148, ligne 3 : pages 501 (1904) et 30, note 2 (1905), lire
pages 46 et 55, note 2. Cette demi-feuille ayant été tirée en mon ab¬
sence, on y a laissé subsister les renvois aux pages de la Revue Tu¬
nisienne. — Note 2 : ajouter : Comme on jeûne, le jour de Kippour,
jusqu'au coucher du soleil, les Juives tunisiennes, pour tromper leur
faim, passent le temps à flairer un coing dans lequel elles ont piqué
des clous de girofle ou qu'elles ont tenu vingt-quatre heures enve¬
loppé de girofle pulvérisé et d'un linge mouillé.
Page 99, n<> 149, ligne 9 : p. 371,1904, lire page 21. — N" 149, ligne
11 : « tfS'Hltf, qui doit sûrement être ^_*f, me paraît très frappant.
Quelques restes de l'ancien passif se sont sans aucun doute conser¬
vés çà et là. Euling me disait qu'au Nedjd, en fait de formes de ce
genre, il n'a entendu que J-^i. » Th. Nôldeke, in litt. — « L'usage de
Jc=^ et d'autres verbes commençant par j dans un sens actif et pas¬
sif à la fois est déjà ancien. Comp. le Gloss. gèogr. (Bibl. géogr., IV)
p.375,sous ^jj. J'en ai recueilli depuis d'autres exemples.» D'M.J.
de Goeje, in litt.
Page 101, n° 156, ligne 9 : p. 378 et 502 (1904), lire pages 27 et 46.
Page 102, ligne 5 : page 131, lire page 76. — N° 159, ligne 15 : page
502 (1904), lire page 47. — N° 161, ligne 5 : page 328, lire page 100.
Page 103, ligne 1:« H n'est certainement pas d'origine latine,mais
est de véritable arabe. Ce doit être une forme latérale du classique
•i; probablement une forme dialectale ancienne. Ce se trouve
aussi certainement dans JLo. » Th. Nôldeke, in litt. — « En berbère,
on dit ^ ^% (Mouliéras donne des exemples dans son livre sur
les Zkarâ) ; cela semble être le modèle de la construction Joseph de
Samuel (cf. le grec A tou B). » I. Goldziher, in litt. — N° 162, ligne 6 :
p. 388,1904, et 134,1905, lire pages 37 et 80 (no 98). — N° 163, ligne 6 :
page 40, lire page 66.
Page 107, n° 176,fin: «Le refrain ^b^ L> est identique avec la for¬
mule JoljJ Jb bbJ G liljj Ij dont parle M. Snonck dans Mekka,\\,
169 et 198. C'est une sorte de tralala. » T. Goldziher, in litt.— N° 177,
ligne 2 : 10 centimes, lire 20 centimes.
Page 110, ligne 3: «L'expression persane pour bouton est en réalité
/ ✓ g j>
A^,non ^-isr-^. » Th.Nôldeke, in litt.
Page 117, n° 213, ligne 5 : après CnS^, ajouter un trait vertical. —
— 270 —

Avant-dernière ligne : « tfuby "1^7 : c'est, selon mon opinion, 0 lc^l^,


il était injuste envers moi.» I. Goldzihgu, in litt. — L'explicalion du
savant académicien me parait exacte.
Page tl8,Iigne8:«^rCQï*PDn semble être défiguré de^rçQtfnDN
==^L$izS^sM,\, i'a fait pleurer. » I. Goldziiîeh, in litt.
Page 119, ligne 4: Je possède un poème burlesque en vingt chants :
Bertoldo | Bertoldino I e j Cacasenno \ In Venezia per Agostino Sa-
violj con licenza de Superiori ; sans date; x-262 pages 10 X 17 (ro¬
gné) ; titre gravé et 21 gravures. La liste des auteurs (ils sont vingt-
trois, un pour chaque chant, deux pour les arguments et les allégo¬
ries placés en tête,un pour le sonnet qui précède le tout) est donnée
au long avec mention de leur ville natale. La licence est du 17 juin
1772 ; à cette époque, dit la préface de l'imprimeur, plusieurs des au¬
teurs sont morts, les autres ont vieilli, ce qui fait supposer que le
poème a été composé vers le milieu du xviri 0 siècle. Il avait paru pri¬
mitivement à Bologne, chez Lelio dalla Volpe, et eu des éditions ré¬
pétées (replicate ristampe).
Page 122, alinéa 5: La cerra'a, dans ses extases, voit les jnoun et
converse avec eux.
Page 124, avant-dernier alinéa : Au dire de beaucoup de Tunisiens,
la 'oubeyta peut se montrer partout où on verse le sang,fût-ce celui
des animaux; par exemple,au voisinage des abattoirs. Son nom est,
je pense, tiré de la racine se rire, se moquer. Elle est redoutée
des Arabes comme des Juifs. — Cf. l'Empuse "grecque.
Page 126, avant-dernière ligne du texte : diputer, lire disputer.
Page 127, ligne 18 : ajouter : Toute infraction à cette règle amène¬
rait une catastrophe, la mort d'un membre de la famille ou pis encore.
Deux autres pratiques sont soumises à la même loi : celle de faire
des couvées et celle de mettre à sa chambre une portière de laine
rouge. Cette croyance,qui forme presque un article de foi, est, paraît-
il, empruntée à la cabale.
Page 128, alinéa5, ligne 7: Deux écrivains grecs sur qui je ne trouve
aucune donnée, Isigone de Nicée, cité par Pline le Naturaliste (1. VII,
ch. ii, 8) et par Aulu-Gelle (1. IX, ch. iv) qui le présente comme un
auteur ancien, et Nymphodore, mentionné par le premier, parlent
de sorts jetés au moyen de louanges 1 en Afrique. Cette superstition
semblerait donc carthaginoise ou libyenne.— Fin du 5 e alinéa : Cf.
la formule Vwasou Ulere felix gravée sur certains bijoux antiques.
Page 129, note 2, dernière ligne : someil, lire sommeil. — Le Grec

1 Littré, dans sa traduction de Pline, rend improprement le mot laudatione, faute


de connaître la superstition dont il s'agit.
- ë7i —
qui se vantait sans s'être craché dans le sein était châtié par Adras-
tée. (Lucien : Apologie, 6.)
Page 131, ligne 13 : On n'emploie d'habitude la « feuille de l'accou¬
chée» et les autres préservatifs que si l'enfant est un garçon. En effet,
la naissance d'une fille, étant pour les Orientaux un désappointement,
n'expose guère au mauvais œil. — Ligne 19: signés, lire signées. —
Alinéa 4 : Le propriétaire, qui a en vue la sécurité de son immeuble,
place les cornes à l'extérieur, bien en évidence au milieu de la fa¬
çade; quant au chef de famille, il les fixe, pour protéger plus effica¬
cement les siens, soit au linteau de la porte de son logement, soit à
l'intérieur, droit en face de l'entrée. D'habitude, la paire de cornes
devient la base d'un talisman panthée : on ajuste à l'os frontal une
découpure de carton figurant un grand khamsa, dont le bout des
doigts est surmonté d'un poisson, quelquefois aussi d'un lion, d'un
croissant; aux corn.es, on suspend une coquille d'œuf, un morceau
de charbon, une tête d'ail, etc.; plus il y a de phylactères associés,
plus la combinaison inspire de confiance. Le tout est doré grossiè¬
rement à l'or battu appliqué avec du blanc d'œuf.— Dernier alinéa:
Le jaspe sanguin est, avec le jaspe rouge ou brun et l'hématite, la
gemme la plus ordinaire des abraxas (talismans du n° au m e siècle).
(E. Babelon, Bull. Antiq., 1898, p. 374. )
Page 137, ligne 1 des notes : Si nous en croyons Alexandre Poly-
histor (—ier siècle) et Abydenos (n e ou in 8 ), les débris de l'arche de
Xisouthros (métathèse pour Atar-Hasis, le Noé de l'épopée chal-
déenne) subsistaient encore de leur temps en Arménie ; du bois et
du bitume, on faisait des amulettes. — Note 4: M. de Goeje m'écrit :
« Votre note sur sp\y est très intéressante. L'idée mérite un examen
approfondi. Le dieu égyptien Sarapis doit y entrer aussi.»
Page 138, note 1, ligne 9: un métope, lire une métope.— Ligne 10:
Le Bès égyptien, à la fois infernal et bouffon, et le Poumaï (Pygmée)
phénicien qui parait lui être identique, ont la langue pendante et par¬
fois les dents découvertes. (Perr. et Chtp., t. III, fig. 21, p. 65; fig. 279,
p. 408; p. 420 et fig. 294, p. 421.) Les traits de la Gorgone ont sans
cloute été empruntés à l'image du dieu Pygmée qui décorait la proue
des galères phéniciennes. (Hérodote, 1. III, ch. xxxvn.) — Ligne 18 :
Au n e siècle, les démons ont la peau noire, au dire de deux person¬
nages du Menteur de Lucien (xvi et xxxi).
Page 148, ligne 28: (page 120), lire (pages 120 et 131).
Page 157, Le mauvais œil : M. le D 1' I. Goldziher me fait connaître
qu'il a publié une étude sur cette superstition dans Wiener Zeilschrift
fur die Kunde des Morgenlands, vol. XVI, p. 140 et suiv. — Alinéa 3 :
Une mosaïque romaine découverte au Célius en 1889 montre le mau¬
vais œil percé d'une flèche et assailli par divers animaux : serpent,
- 2/2 —

scorpion, corneille, corbeau, cerf, lionne, ours, chèvre, taureau; sur


l'œil est perchée une chouette. (P. Perdrizet, Bull. Antiq., 1903,
p. 165.) — Alinéa 4 : D'après les traductions d'Oppert, le mauvais œil
est affirmé formellement par le Caillou Michaux (règne de Mardouk-
nadin-akhé, ■—1230 à —1208) et par un autre monument contempo¬
rain; dire: «Il n'y a pas de mauvais œil » équivaudrait à dire : « La
tète n'est pas la tête». {Records of the past, vol. IX, p. 95 et 106.) —
Note 1 : Sur une stèle égyptienne du Musée de Naples, un prêtre in¬
voque ainsi Khnoum : « 0 Seigneur des dieux, dont l'œil droit est le
disque solaire, dont l'œil gauche est la lune. » {Records of the past,
vol. IV, p. 67.) Dans le Rig-Veda,le soleil est alternativement l'œil
deBhaga, de Mitra, de Dyâus, de Varuna. (Michèle Kerbaker : Hermès,
saggio mitologico, 1877, p. 122.) — Alinéa 7, ligne 3: Une agate œillée
présentant l'aspect de la pupille d'un œil a été consacrée à Marduk
par Nabuchodonosor II (—vn e siècle). (F. Menant, Archives des Mis¬
sions scientifiques, série III, t. V, 1879, p. 413, n<> 150.) — La muraille
antique de Thasos, dans une partie attribuée au — V e siècle, porte
deux yeux colossaux dessinés à la pointe sur le marbre ; Conze y voit
une précaution contre le mauvais œil, et une autre interprétation ne
me parait guère possible. (Voir G. Perrot, ibid., série II, 1.1,1864,
p. 75, note 2.)
Page 158,ie Khamsa: M.Goldziher me signale qu'il a fait paraître
sur ce sujet des notes dans Ausland, 1884, n° 17 ; Zeitschrift des
Deutschen Palûstinavereins, 1886,p.79 et 1887, p. 128; Mélanges Nôl-
deke, 1906, p. 322 ; ainsi qu'une bibliographie dans Globus, 1901, vol.
80, n» 2. — Ligne 27, antérieuremet, lire antérieurement.
Page 159, alinéa 2 : une main gauche ouverte, symbole de la Jus¬
tice, faisait partie des attributs d'Isis; on la portait solennellement
aux fêtes. (Apulée, Metamorph., livre XI, éd.Nisard,p.404è.) — Après
l'alinéa 3 : La main levée n'est pas un symbole inconnu en Grèce : on
la voit bien caractérisée sur un sceau céramique de Thasos. C'est
une main gauche, les quatre doigts parallèles, le pouce écarté. (Al¬
bert DuMONT : Inscriptions céramiques de Grèce, Arch. des Miss., sé¬
rie II, t.VI, 1871, pl. IX, flg. 3.) — Après l'alinéa 4 : une pierre gravée
ancienne rapportée de l'Equateur par le D r Rivet, et qu'on croit une
amulette, montre un personnage les avant-bras levés d'équerre, les
mains ouvertes. {Larousse mensuel illustré, juin 1907, p. 54, fig. 7.) —
Ligne 19: sacrophages, lire sarcophages. — Alinéa 9: La main levée
surmontant le croissant figure sur les guidons de nos tirailleurs.
L'« ordre royal de l'Etoile d'Anjouan, Comores» porte les mêmes
symboles.
Page 160, Le nombre cinq : Voir Plutarque : De Ei delphico. —
Alinéa 8: H est l'abréviation usuelle qu'on substitue par respect au
tétragramme.
— 273 —

Page 162,alinéa6.-Le thon était consacré à Aphrodite-Astarté; au


— vi e siècle, on le voit sur les statères d'électrum de Cyzique (E. Ba-
belon, Gr. Encycl., 1.13, p. 726 a et fig. 1), entre deux guirlandes sup¬
portant des croissants, ce qui indiquerait, contrairement à l'opinion
de M. Babelon, qu'il y joue un rôle mystique.
Page 163, La tortue, alinéa 2 : Dans une vieille hanouka (lampe ri¬
tuelle à neuf becs) que j'ai vue dernièrement, le godet supérieur re¬
présente une tortue renversée.
Page 164, alinéa 4 : « La tortue, dans le mythe brahmanique, est
l'image de la terre placée sous le grand couvercle du ciel. » (M. Ker-
baker, op. ci7., p. 71.) — Alinéa 6: la tortue figure sur des sceaux cé¬
ramiques de Thasos et de Cnide. (A. Dumont,ojo.cit., p. 65, n° 33 et
pl. IV, fig. 5; p.72, n» 85; p. 191, n° 297.) — Les prêtres du dieu Pan
d'Arcadie élevaient des tortues sacrées. (P. Monceaux : La Grèce
avant Alexandre, p. 30.) —Alinéa 7 : Sur un cippe néopunique de Sed-
el-Youdi, Mercure semble accompagné d'une tortue. (A. Merlin, dans
Bull, de la Soc. archéol. de Sousse, 1906, 2 e sem., p. 123 et fig. 1. )
Page 165, ligne 2 : « Le maître de la maison est le Djinn qui prend
la forme du serpent. Vous avez raison de le comparer avec les Lares.»
M. J. de Goeje, in litt.
Page 166, dernier alinéa : Janus était représenté portant une clef.
(J.-A. Hild, Gr. Encycl., t. 21, p. 18 a.)
Page 169, Le fer de cheval.-M. Goldziher a publié dans Archiv fur
Religionswissenschaft, vol. X, p. 49, un mémoire sur le fer à cheval
comme préservatif du mauvais œil et talisman contre les démons,
principalement dans l'Afrique du Nord.
Page 172, ligne 2 : « La couleur rouge est considérée comme anti¬
pathique aux démons. On trouve un exemple turc dans la Bévue
Orientale (paraissant ici à Budapest), VII, p. 318, n° 5. Cette concep¬
tion parait être la raison du piment rouge mentionné dans votre com¬
munication. » I. Goldziher, in litt. — A Tunis, toutefois, le rouge plait
axwjnoun : voir page 121.
Page 175, ligne 4 : Klinoum avait l'œuf pour attribut. (Félix Ro-
biou : A study on egyplian and babylonian triads, 1894, p. 5.) — Les
Mages représentaient l'univers sous l'emblème d'un œuf divisé en
douze parties. (C.-F. Dupuis, Origine de tous les cultes, éd. Décembre-
Alonnier, 1869,p. 192,203 et 307.) — Note 3, ligne l:de Chouchinak,
lire à Chouchinak.
Page 176, alinéa 3 : Dans Apulée (Metamorph., 1. XI, éd. Nisard,
p.407 a), un œuf (de poule évidemment, puisque la nature n'en est
pas spécifiée) sert à purifier le vaisseau consacré à Isis. Juvénal (sa¬
tire vi, v. 518) et Lucien (Dialogues des Morts, i,l; La traversée,!)
parlent de l'œuf lustral.—Œuf dans les temples : v. Pausan., III, xvi, 2.
- 274 —

Page 177, note 2, fin : Les pains en forme de pyramide figurent parmi
les offrandes de Ramsès III (—1230 à —1200). {Records of the past,
vol. VI, p.45,63,64 et 66.) Les pyramides et cônes votifs grecs en terre
cuite représentent des pâtisseries, comme le montrent leurs inscrip¬
tions. (Albert Dumont, op. cit., p. 407.)
Page 178, alinéa 2 : En Egypte, MM. Flinders Pétrie et Quibell ont
recueilli des œufs d'autruche dans beaucoup de tombes probable¬
ment libyennes, datant de —3300 à —3009; M. Gsell a trouvé ces
œufs en nombre près de Cherchell, dans une nécropole numide qu'il
rapporte au ne ou au in e siècle de notre ère. (D 1' Bertholon, Revue
Tunisienne, 1904, p. 349).
Page 186, alinéa 4 : Sur les sceaux céramiques de la Grèce, où le
bucrâne est un symbole très fréquent,ses cornes affectent parfois la
forme du croissant lunaire. (A. Domont, op. cil., p. 366, n° 206, fig. ;
p. 371, n° 35,fig.) — Après l'alinéa 7 : Vers l'an 150, Apulée (Florides,
i, éd. Nisard, p. 111 a) mentionne entre autres objets sacrés un chêne
chargé de cornes.
Page 188, alinéa 2 : Les Troglodytes couvraient leurs morts d'un
monceau de pierres surmonté d'une corne de chèvre. (Diodore, 1. III,
xvii.) —M.Goldziher me signale ce passage d'Ibn Qouteyba (rx e siè¬
cle), 'Ujun al-akhbar, éd. Broclgslmann, p. 194, 6 :

J J.—x^> ^ ^X)i sLitj, ^) ^ J—^1 ^ -AH *Lj UU


1 J---^1 ^ 5j> UsUc!
— Alinéa 4 : Le Japon, d'après une croyance de ses gens du peuple,
repose sur le dos d'un poisson monstrueux : quand le poisson bouge,
il y a tremblement de terre. (F. Berson, Arch. des Miss., série III, t. V,
1879, p. 344.) — Alinéa 5 : « Quant au crâne, j'ai noté un endroit très
instructif du manuscrit arabe n° 1001 de la Bibliothèque ducale de
Gotha, f° 43 a :

^jf^a) i^XJi jsr^j ^Jjj 1^ ij* j*^'-*^ Cf^-^' U"^ ^


^ "ç ^J ^J\3 ï\y) ^Lih ^% JUi Jp- ^1
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(2)^.___4aj ^ oXJj> Jju y=JU Vlijj^ J= jhÏÏ

1 «On dit aussi qu'un des moyens par lesquels Dieu préserve les chevaux du mau¬
vais œil est de leur mettre au cou un collier de cornes de bouquetin. » Malgré le plu¬
riel, il ne s'agit pas, je pense, d'une série de cornes disposées en chapelet, ce qui affo¬
lerait le cheval, mais d'une paire de celles-ci enfilées sur un lien et pendues au cou
comme les amulettes que j'ai décrites page 197.
2 « Il n'y a aucun mal à mettre les crânes sur les céréales, les vignes, etc., en vue du
mauvais œil; en eiïet celui-ci atteint réellement les biens, l'homme, etc. Une femme
— 275 —

La même pratique se trouve dans le peuple d'Uraon (Indes), dont les


superstitions étaient traitées dernièrement dans les Memoirs of the
Asiatic Society of Bengal, vol. I, p. 131, Skull of an- animal comme
charme contre le mauvais œil. — Le manuscrit J001 porte le titre :
A^lj-Ol >_L-;J>; l'auteur en est inconnu; il s'occupe en 40 fuçûl des
choses qui sont regardées comme »^SO au point de vue religieux.
Voyez le catalogue de W. Pertsch, vol. II, p. 255. » I.Goldzther, in Hit.
— Le très obligeant bibliothécaire de Gotha, M. le D r R. Ehwald, me
renvoie également au catalogue de Pertsch (Die Arabischen Hand-
schriften der Herz. Bibl. zu Gotha), ce qui serait une amère dérision
s'il connaissait la bibliothèque de Tunis; mais il a l'amabilité d'ajou¬
ter que le manuscrit, acheté à Alep et écrit en bon neskhi, a été ter¬
miné un dimanche de chawal 1114 (1703); pas de mention de lieu.—
Le crâne du bœuf sauvage est chez les nègres d'Assinie un fétiche
habituel. (Chaper. Arch. des Miss., série III,t. XII, 1885,p. 12.) Les nè¬
gres marrons de la Guyane emploient comme fétiche « un morceau
de bois fiché enterre supportant un crâne d'animal». (M. Fournereau,
ibid., t. X, 1883, p. 475.) — Aux Philippines,les cultivateurs et les
bergers recueillent les crânes humains dans les grottes sépulcrales
antiques et les plantent sur des piquets autour de leurs propriétés,
«afin d'écarter les mauvais esprits ». (Alfred Marche, ibid., p. 369.)
Page 189, alinéa 3: Chez les Battacks (Sumatra), « les extrémités de
l'arête du toit se terminent par une tête de buffle menaçant l'hori¬
zon de ses grandes cornes recourbées». (R.Rieck, ibid., t. IX, 1882,
p. 176.)
Page 193, alinéa 4: Une palme d'or est un des attributs d'Isis; un
dieu à tête de chien (Anubis) tient à la main droite une palme verte.
(Apulée : Metamorph., 1. XI, éd. Nisard, p. 404 b et 405 a.)
Page 197, ligne 2 : an cou, lire au cou.— Ligne 13 : saint André) ou,
lire saint André (ou.
Page 198, ligne 11 : Les palafittes fournissent des amulettes en
bronze en forme de triangle avec bélière. (Cournault , Arch. des
Miss., série III, t. V, 1879, p. 40.) — Ligne 5 du bas : Il ressort d'un
passage de VApologie d'Apulée (éd. Nisard, p. 223 b) que ses accusa¬
teurs considéraient comme servant à des opérations magiques un
coquillage appelé en latin virginal. C'est certainement la cyprée; le
traducteur l'a si bien vu, qu'il rend virginal par pucelage.

disait au Prophète : «Nous sommes gens des cultures; aussi redoutons-nous pour
« elles le mauvais œil. » Il lui ordonna alors d'y placer les crânes, car le regard tom¬
berait d'abord sur eux en raison de leur situation élevée et après cela ne serait plus
nuisible.» Les crânes, d'après ce texte, ont de hauts supports (des perches, sans dou¬
te), de façon â être aperçus de loin; l'espèce n'en est pas mentionnée, ce qui dénote
une pratique courante : l'écrivain sait qu'il sera compris à demi mot.
— 276 —

Pa»e 201, n° 226, ligne 1 : après -Q, ajouter un trait vertical.


Page-205, alinéa 8 : Je trouve dans un catalogue de bouquiniste le
numéro suivant: Mewlana Abdurrhaman Dschami: Joseph u. Sulel-
kha. Pers. Text m. dtsclir. Uebersetzg. u. Anmerkgn. hrsg. v. V. v.
Rosenzweig, Wien 1824. Fol.
Page 208, n° 2G0, ligue 4 : chanson, lire : chanson.
Page 209, ligne 9 : « —?■> = grec tûttoç, d'où il est entré en néo¬
hébreu. » I. Goldziher, in litt.
Page 210, n° 270, ligne 1 : la dernière lettre, défectueuse, est ~\, non
Page 212, n° 276, ligne 5 : filles, lire filles.
Page 217, n° 302, dernière phrase : Les prêtres égyptiens admet¬
taient que l'oignon, contrairement à tous les autres légumes, a des al¬
ternatives de croissance opposées à celles de la lune; d'après Luci-
lius (—n e siècle), «la lune nourrit les huîtres et remplit les oursins,
donne du corps aux rats et aux troupeaux». (Aulu-Gelle, 1. XX,
ch. vin.) Voir aussi Diodore, 1. II, ch. xxxi.
Page 219, ligne 1 : Jacob Cohen], lire [Jacob Cohen].— n° 314, ligne
1 :XpKSD | «5, lire yptf£.£ ij) | .
Page 227, n° 358, dernier alinéa : Grammaticalement, le pronom
devrait se rapporter à ^Q^Siy, ce qui donnerait un sens assez sa¬
tisfaisant; mais les Tunisiens sont pour l'interprétation que j'ai in¬
diquée.
Page 230,n o 365, avant-dernière ligne : J^f est plutôt le nom de
lieu de Lf^\, galoper.
Page 243, n° 420 : D'après les Arabes, Sellal-el-Qloub n'égorge pas
les enfants, il les pend par les pieds, et c'est avec le liquide qui coule
du cadavre qu'il empoisonne les armes du Sultan.
Page 256, ligne 9 : de marchands, lire des marchands.
Maxula-Radès, 31 octobre 1907.
SUPERSTITIONS TUNISIENNES
Dans une de ses Florides, écrite probablement à Carthage vers
le milieu du n 0 siècle, Apulée (1), tout Africain qu'il est, tout initié
qu'il se dit à différents mystères, tout adepte de la magie qu'on est
fondé à le croire en dépit de ses dénégations forcées, ne trouve
pour caractériser les Juifs comme peuple que l'épitbète de supers-
titiosos : certes, ce n'est pas encore aujourd'hui qu'il reviendrait de
cette impression s'il habitait à Tunis entre la Hara et la Hafsia.
Disons seulement à la décharge des Israélites de la Régence que
leurs compatriotes arabes ne sont pas moins riches en supersti¬
tions, souvent commîmes aux deux races : or, sauf aux premiers
débuts de l'Islam, le Musulman n'a dû guère emprunter — mora¬
lement — au Juif, que de tout temps il a traité en être inférieur.
J'ai fait connaître ailleurs dans une étude assez longue (2) un
certain nombre de croyances tunisiennes : en voici d'autres que
j'avais omises ou qui ne m'ont été révélées que depuis. Elles appar¬
tiennent,sauf mention contraire,aux Israélites,et ont manifestement
trait presque toutes à une où à plusieurs des catégories suivantes :
mauvais œil ; sort jeté par les louanges ; génies ; écarts d'intolé¬
rance religieuse ; talismans ; magie. Les deux ou trois qui restent
sont plus difficiles à classer, aussi n'essayerai-je pas ici de le faire.
*

La superstition du mauvais œil est, je l'ai dit, pour les Tuni¬


siens des deux religions un véritable dogme : ce que d'ailleurs elle
était déjà chez les Chaldéens du xnr3 siècle avant notre ère (3).
Durant les premières années de notre protectorat, les Juifs,
qui étudiaient curieusement nos usages avec le désir de les copier,
reconnurent à leur vive surprise que les Français ne partagent
point cette croyance. Pense-t-on que leur conviction en ait été le
moins du monde ébranlée ? Ils ont simplement conclu de notre
incrédulité que par un privilège dû à notre nature droite et géné¬
reuse, notre race est exempte de l'influence maligne.

(1) Edition Nisard, vi, p. 113 b.


(2) Eusèbe Vassel : La littérature populaire des Israélites tunisiens,
avec un essai ethnographique et archéologique sur leurs superstitions,
ouvrage honoré d'une médaille à l'Exposition coloniale de Marseille (1906).
Paris, Ernest Leroux, 1905-1907; un volume in-8" raisin en quatre fasci¬
cules ; prix, 7 francs. — Pages 120 à 200 et passim.
(3) Voir les textes dans Records of the past, vol. IX, p. 95 et 106.
— 2 —

Pour se garantir du mauvais œil, auquel il est fort exposé,


l'homme qui relève de maladie se fait au front une marque noire
appelée cinia {1) et colle à sa chachia ou calotte un morceau iïon-
ceq, sorte d'encens. Celui-ci a une vertu propre. Quant à la tache,
son rôle paraît être simplement d'attirer tout d'abord le regard et
de le priver par là de son venin ; toutefois, dans les deux cas sui¬
vants, il est clair qu'elle acquiert elle-même des propriétés ma¬
giques : elle ne se borne plus à détourner l'influence, elle la combat.
Lorsqu'on rencontre un personnage affligé du mauvais œil (les
Tunisiens l'appellent rajel 'andhou l aïn kebira, « homme à l'œil
grand ou puissant » et les Napolitains jettatore), il est très recom¬
mandé de se mouiller le doigt de salive, d'en toucher la terre à
l'endroit même où cet être dangereux a marché, et avec la boue
qu'on recueille ainsi, de s'appliquer la cinia. On peut également
l'apposer à toute autre personne qu'on veut sauvegarder.
Parvient-on à se procurer un lambeau du vêtement du jetta¬
tore, on le brûle ; la cinia qu'on trace avec la cendre ainsi obtenue
est un préservatif souverain.
J'ai parlé des talismans dont les maisons, à peine construites,
sont munies contre le mauvais œil ; mais quelques propriétaires
n'attendent pas ce moment pour prendre leurs précautions. En
1889 ou 1890, un Musulman bâtissait dans le quartier et-tronja (du
cédrat). Avant même qu'on creusât les fondations, un grand poteau
fut érigé au centre de l'emplacement et reçut toute une collection
d'objets disparates que je sus plus tard être de puissants phylac¬
tères : os frontal de bœuf avec ses cornes, fer à cheval, croissant
en métal, queue de thon, grands clous, lame de faux, morceaux de
charbon, coquilles d'œufs. N'ayant vu cet étalage en forme de tro¬
phée qu'au passage et à une époque où je n'en comprenais point
l'importance, il est probable que je n'ai pas tout remarqué.
Le Juif qui fait construire une habitation s'exposerait aux plus
grands malheurs, effets du mauvais œil, s'il y résidait avant la
troisième année révolue (2) ; les maisons neuves sont donc habi¬
tuellement données à loyer pendant trois ans. Cependant, si le
propriétaire est pressé de s'installer dans son immeuble, il existe

(1) Cinia veut dire proprement plateau de cuivre, mais ici je pré¬
sume qu'il s'agit d'un homonyme venant de l'italien segno, de l'espagnol
sena ou du latin signum, qui tous signifient signe, marque ; il ne peut
être question du français signe, car c'est seulement depuis l'occupation
que des mots de notre langue passent en judéo-tunisien.
(2) Dans la loi judaïque celui qui plantait vin arbre en devait ôterles
fruits jusqu'à la fin de la troisième année, les consacrer à Dieu la qua¬
trième et ne les manger que la cinquième (Lëvitique, xix, 23-25) : cette
prescription ne visait-elle pas, elle aussi, le mauvais œil ?
— 3—

un moyen d'écarter le danger : c'est d'immoler dans la maison


une vache, dont on distribue la viande aux pauvres.
Bien entendu, les murs sont maculés d'une quantité de « mains
de Fathma » obtenues par l'application de la main préalablement
trempée dans le sang de la victime,.
*
* *

Comme dans mon inexpérience je félicitais un jour une Juive


de son embonpoint et de sa mine florissan te, elle me répondit vive¬
ment : 'Ala khateur nehar el-khmis Mit el-haout, « C'est parce
que jeudi, j'ai mangé du poisson ».
Bien que cet aliment passe pour sain, l'explication m'abasour¬
dit, on le comprendra ; mais j'ai fini par en avoir la clef. En com¬
plimentant cette femme sur son aspect, je faisais courir incons¬
ciemment à sa santé des dangers si graves, que pour les conjurer
elle jugeait nécessaire d'accoupler, qu'ils s'y prêtassent ou non,
les deux mots magiques poisson et jeudi. J'ai traité des vertus du
premier ; quant au jeudi, il tire les siennes de ce qu'il est le cin¬
quième jour de la semaine {el-khemis), ce qui en fait un succédané
du talisman par excellence, la main aux cinq doigts étendus appelée
khamsa par les indigènes et main de Fathma par les Européens.
*
* *

Les mariages se célèbrent tous le mercredi. Cette coutume,


répandue chez les Juifs d'Orient, existait dans la Judée antique ;
le Talmud, m'apprend mon excellent ami M. Arditti, grand-
rabbin de la circonscription consistoriale de Tlemcen, en donne
pour raison que la justice étant à cette époque rendue le jeudi,
le marié déçu pouvait ainsi porter plainte sans délai.
A Tunis, par une superstition à laquelle celle du mauvais œil
n'est certainement pas étrangère, le mariage ne se consomme que
le lendemain de la bénédiction, c'est-à-dire le jeudi, jour d'excel¬
lent augure, je viens de le dire ; et j'ai entendu des Tunisiens non
initiés à la « loi orale » émettre l'opinion que le choix du mercredi
pour la cérémonie religieuse a précisément pour objet de placer la
partie matérielle sous les meilleurs auspices.
La seconde explication est postérieure au fait, comme l'indique
la première, et celle-ci me paraît absolument invraisemblable; il
faut, je crois, chercher à cet usage, comme à tous ceux des Orien¬
taux, une origine mystique. La raison serait-elle que le mercredi,
« Dieu fit deux grands luminaires, le plus grand pour dominer sur
le jour et le moindre pour dominer sur la nuit » (1) ?

(1) Genèse, i, 16. — Les Juifs bulgares choisissent le mercredi pourJales-


si ve, parce que jour-là.
le soleil, favorable au séchage du linge, a été créé ce
En Chanaan comme en Egypte, en effet, le soleil et la lune
personnifiaient les deux principes, mâle et femelle ; l'association
d'idées n'aurait donc rien d'inouï.
La première semaine les nouveaux époux, à quelque classe de
la Société qu'ils appartiennent, ne sortent jamais ni l'un ni l'autre
qu'accompagnés, car les jnoun (génies) feraient sûrement un mau¬
vais parti à celui qu'ils rencontreraient seul.
Quand une femme a enterré deux maris, on la désigne par le
nom de qattala (tueuse) et aucun homme n'ose plus l'épouser.

Je connais un jeune homme, disciple en apparence de notre


culture, qui garde religieusement (c'est le mot) sous son traversin
une jambe de chameau momifiée. Ce débris repoussant, depuis
longtemps dans la famille, lui a été légué par son père ; il le lais¬
sera à l'aîné de ses fils — si cet enfant à naître apprécie encore en
ce temps-là un tel héritage. C'est, paraît-il, un inestimable talis¬
man (1), qui préserve d'une foule d'inconvénients et de dangers; on
n'a pu malheureusement me les désigner au juste. Qu'il y a donc peu
de gens capables de préciser !
Au reste, mon informateur n'est point le maître du fétiche, qui
n'en pourrait parler sans le dépouiller de toute efficacité et se
mettre par surcroît en grand péril.
Une femme fort intelligente, élevée aussi soi-disant à l'euro¬
péenne, a vu des jnoun et tenu conversation avec eux. Elle le jure
« par la tête de son père », Ou ras baba!, serment sacré, et est
assurément persuadée de ce qu'elle avance. « Elle chercha, dit-
elle, à vérifier si ces êtres surhumains ont réellement des pattes
d'oie comme on l'affirme, mais ils pénétrèrent sa pensée et sa
curiosité fut déçue : où les jambes auraient dû se trouver, elle ne
vit que le vide. »
* *

Un célibataire de l'un ou de l'autre sexe ne saurait sans courir à


une mort certaine ou y vouer un membre de sa famille, ni mariner
des câpres, ni faire des semis. J'avais déjà signalé son inaptitude à
distiller la fleur d'orange, à mettre les poules à couver, à suspendre
à sa porte une tenture de laine rouge. Tout cela ne peut être pra¬
tiqué impunément que par une personne mariée depuis moins

(l)Une jambe de quadrupède est représentée sur une amulette


punique (— iv e ou — m 0 siècle) ; une cuiller à encens de la même
époque figure une jambe de biche. (A.-L. Delattre : La Nécropole des
Rabs, Prêtres et Prêtresses de Carthage, troisième année des fouilles, fig.
18 et 63, p. 13 et 29.)
—5—

d'un an ou ayant commencé à le faire la première année de son


mariage et ayant continué d'année en année sans lacune.
*
* *

Lorsqu'un vieillard tombe sérieusement malade, ses proches


souhaitent souvent non sa guérison, mais sa mort : c'est qu'en
effet s'il se rétablissait quoique son heure fût venue, un d'eux lui
servirait nécessairement de rançon et mourrait à sa place.
* *
Une maison arabe qui a été louée une fois à un infidèle, Juif
ou Roumi, est souillée et ne peut plus être habitée par des Musul¬
mans.
Au début du protectorat il n'était pas rare, dans l'intérieur
du pays, de voir un Arabe se boucher le nez au passage d'un
Français, afin de ne pas respirer l'air vicié par cet être impur.
A Tunis même, dans les quartiers peu fréquentés, les gamines
arabes, moins circonspectes que leurs parents, crachent encore
souvent à la vue d'un Européen, ce qui est à la fois une marque de
dégoût et une conjuration.
Non seulement, en ramadhan, par une prescription religieuse
évidemment fort postérieure au Prophète, les Musulmans s'abstien¬
nent de fumer ou de priser avant le coucher du soleil, mais parfois
ceux du peuple montrent une vive irritation si on passe en fumant
à côté d'eux, considérant sans doute comme un péché même de
sentir involontairement l'odeur du tabac
J'ai vu souvent dos Arabes s'enfuir précipitamment en grom¬
melant des injures et des malédictions à mon adresse quand je
faisais mine de braquer sur eux mon appareil photographique,
tandis que d'autres plus civilisés se plaçaient d'eux-mêmes devant
l'objectif. J'ignore s'il faut attribuer cette colère et cet effroi à une
superstition analogue à celle que j'ai dévoilée chez les Juifs de la
vieille école, ou si ces émotions n'ont d'autre fondement que la
fameuse défense de figurer les êtres animés (défense qui d'ailleurs
n'est point dans le Coran, mais dans la tradition sunnite) (1) ; ce¬
pendant j'inclinerais vers la première hypothèse.
Les Arabes de la classe supérieure acceptent en général d'être
photographiés et même représentés en peinture ; les beys laissent
ou font modeler leur buste par nos sculpteurs, mais non leur
statue en pied. L'opinion qui prévaut aujourd'hui chez les Musul¬
mans « éclairés » est que la prohibition religieuse vise unique-

(i) Voir Coran, v, 92 ; traduction Kasimirski, 1837, p. 96, note 1.


— 6 —

ment les images qui pourraient être animées ; or, les photogra¬
phies et les tableaux ne sont point dans ce cas, étant sans épais¬
seur, non plus que les bustes en ronde bosse, où il manque la
place des organes essentiels à la vie.
Belle science, que la casuistique I
s *
* *
Si une personne a éprouvé un saisissement ou fait une chute,
on doit bien se garder de lui donner à boire. Mais c'est là proba¬
blement un précepte médical plutôt que mystique.
Du même ordre, je pense, est cette recette : pour l'aire rentrer
les fous dans leur bon sens, il faut les enchaîner, les mettre au
pain et à l'eau et les rouer de coups.
*
* *

Un visiteur se rend-il importun, prenez à son insu le balai et


renversez-le les brindilles en haut. Immédiatement votre homme,
sous une impulsion dont il n'aura point conscience, se lèvera et
prendra congé.
Je verrais là volontiers un souvenir de la monture la plus ha¬
bituelle des sorcières au bon vieux temps.
Pour que les seins se développent, il convient de les faire
ramier par un jeune homme. Je tiens le renseignement d'une
fillette qui paraissait considérer la chose comme toute naturelle
et tout innocente. Il est vrai que femmes et filles, à part les
élèves de nos écoles, attachent peu d'importance à laisser voir leur
poitrine, gardant communément au logis leur jebba oulmr blouza
ouverte.
Quand une femme est sur le point d'accoucher, on achète un
coq et on le sacrifie, afin que le nouveau-né soit du sexe masculin.
On transmet les qualités du père à l'enfant en faisant dormir
celui-ci sur une chemise de celui-là.
La femme tient-elle à s'assurer la fidélité de son mari, ce qui
est assez dans la nature, un moyen héroïque consiste à servir à
cet heureux mortel du couscous qu'elle a roulé (en cachette, cela
va de soi) au moyen de la main d'un mort.
Et dire que les Tunisien s sont tous pressés de se marier !
Ce rite de magie noire est usité surtout chez les Arabes, peut-
être parce que fort peu de Juives oseraient rester seules auprès d'un
corps ; mais il y a d'autres ressources. Pour ramener à elle son
époux, certaine personne consulta un deggaz (devin) en renom
chez les indigènes : « Prends, lui dit l'homme de l'art, un mor¬
ceau d'étoffe d'un vêtement de ton mari, brûle-le et mets-en la
cendre dans- sa boisson. » 11 lui désigna en outre un certain nombre
— 7.—

d'ingrédients qu'on n'a su me nommer ; elle devait les mélanger et


les laisser se consumer dans un kanoun (réchaud de terre) en
guise de fumigation pour l'appartement.
J'ajouterai, fait intéressant pour le sociologue, qu'on voyait là
un de ces exemples de régression sous l'influence de l'am¬
biance qui sont assez communs en Orient : la femme était Fran¬
çaise, mariée à un Français, et appartenait aux classes diri¬
geantes.
Que s'il s'agit de guérir le mari de l'ivrognerie, on lui fait boire
de Y eau de mort, c'est-à-dire de celle qui a servi à laver un ca¬
davre selon les rites.
Une Juive m'a raconté que son neveu, fiancé à une fort jolie
fille, avait néanmoins une maltresse ; celle-ci, poussée par la ja¬
lousie, eut recours à une deggaza, qui lui remit une certaine
poudre. Chaque matin elle en jetait un peu sur son amant, et lors-
qu'ensuite il allait rendre visite à sa fiancée, il la trouvait horrible !
L'Israélite a-t-il un orgelet (sa'ira pour chaHra, grain d'orge),
il prend sept grains d'orge, un grain de raisin sec et un sou —
c'était une caroube, quatre centimes, avant la réforme monétaire
de 1891, qui a eu sa répercussion jusque sur la magie — et met ces
objets dans un chiffon de papier, qu'il se passe sept fois sur l'œil
malade en disant : Eldi yakhoud el-karhedh yakhoud es-saHra,
« Que celui qui prendra le papier prenne l'orgelet » ; puis il jette le
petit paquet à la rue. Le mal s'en ira infailliblement... un jour ou
l'autre.
A cause de cette pratique, on a grand soin dans les familles
d'inculquer aux enfants qu'il ne faut jamais ramasser les sous
qu'on trouve enveloppés de papier.
Lorsqu'un Juif meurt de la phtisie, appelée meurdh douni
(mal mauvais) (1) ou meurdh reqiq (mal malingre), ses proches
ont grand'peur de l'hérédité et de la contagion, ce en quoi ils sont
dans le vrai, bien que tardivement. Pour les préserver, « on coupe
le sang », iqta'ou ed-dem ou edh-dhcm. L'opération n'est point
sanglante comme son nom pourrait le faire supposer : elle consiste
simplement à attacher la cheville du pied de la personne à proté¬
ger avec celle du mort, et à trancher ensuite le lien ; celui de la
parenté se trouve supprimé du même coup.
Heureusement cette folie n'empêche point d'avoir recours à
une mesure sage : les effets du défunt sont détruits — ou, procédé
évidemment moins louable, vendus discrètement à la criée.
Il existe pour dénouer les liens du sang une méthode beau-

(d) Ce nom sert aussi quelquefois à désigner la syphilis.


—8—

coup plus compliquée et plus gênante, par conséquent beaucoup plus


efficace et plus sûre. Les parents sont conduits au hammam (bain
chaud), puis saignés ; leurs amis et leurs voisins se réunissent
ensuite pour vendre chacun d'eux à l'encan. Le prix d'adjudication,
toujours très faible, est versé séance tenante : à partir de ce mo¬
ment, l'individu acheté a changé de famille et fait partie de celle
de son acquéreur, de sorte qu'il n'a [plus à craindre d'hériter de la
maladie. Toutefois, il lui faut s'abstenir rigoureusement de prendre
le deuil et de rester enfermé huit jours comme l'eût voulu la cou¬
tume juive, et ce, afin de bien établir qu'il n'a rien de commun
avec le mort. *
* *

Les Tunisiens, Juifs et Arabes, ont grande confiance en la


salsepareille pour nombre de cas. Mais n'allez pas croire, au moins,
que cette panacée soit une vulgaire racine : c'est une princesse,
fille de prince ; elle s'appelle Mabrouka, comme qui dirait en fran¬
çais Benoîte. Quand elle se présente dans une famille, toute la
maisonnée la reçoit avec les honneurs dus à son rang ; les femmes
modulent le ri ri ri ri des grands jours. Celui à qui elle daigne
prêter assistance doit pendant la durée du traitement se faire
servir par une jeune fille avenante, entretenir des musiciens, se
vêtir de rouge, n'employer à sa table que de la vaisselle neuve,
éviter soigneusement toute occasion de mauvaise humeur : car il
lui faut à tout prix se concilier les bonnes grâces de la princesse,
et s'il lui arrivait de l'offenser, elle s'en vengerait cruellement,
grâce à son pouvoir magique.
Quelque incroyable que le fait paraisse, cette étrange supers¬
tition, qui rappelle certains mythes germaniques, est encore aujour¬
d'hui fort en honneur chez les Israélites comme chez les Musul¬
mans.
Eusèbe VASSEL.
Maxula-Radès, septembre 1907.

Thouars, Imprimerie NoUYelle


éfêa tdi- ^'<&*-^^ëA
-e^4~

LA LITTÉRATURE POPULAIRE

DES ISRAÉLITES TUNISIENS


PAR

EUSEBE VASSEL
ANCIEN PRESIDENT DE L'iNSTITUT DE CAKTHAGE

FASCICULEPREMIER
(De la. page 5 à la page 96 )

Prix : 2 fr. 50

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(çTs^fe»-.^*^Tq)
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PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28

1905
Additions et corrections

Page 5, note : Le Phonographe (n° 21) constate que le fondateur de


l'école en question n'est pas enfant de Tunis, mais Algérien.
Page 9, colonne de droite, ligne 4 : la lettre mal venue est jr.
Page 10, ligne 6 : après D'autre part, a est rendu aussi souvent par
1 que par V, ajouter: Dans le premier cas, le \ est presque toujours
doublé pour indiquer qu'il représente v et non — Ligne 9 : ts >
lire "1^4 ij. — Ligne 29 : ^Tpar 3, lire : *^~par 3.
Page 11, ligne 16 : après : Yaliveh., ajouter : Pour 39, on écrit SlD
au lieu de tob, parce que cette dernière combinaison de lettres évo¬
que l'idée de choses cachées, occultes, et par extension, de sortilèges>'
l'autre, au contraire, est de bon augure, ayant en hébreu comme en
araméen le sens de rosée.
Page 12, ligne 24 : de la 3 e personne plurielle, lire: des personnes
plurielles (sauf, bien entendu, la 1 1C du prétérit).— Dernière ligne
du texte -. supprimer le point en l'air à gauche de
<.'
Page 19, notes, ligne 1 : ^ ji, lire : Jy'. — Ligne 5 : C'est parce
qu'on a pris pour la tombe du grand-rabbin Isaac Tapia celle d'un
homonyme que l'a mort du premier est indiquée en 1897; en réalité,
elle date du 2 février 1894.
Page 21, ligne 28 : Zoulica, lire : Zoulikha.
Page 35, ligne 21 : Almalik Almasoud, mettre en note : Sur la dy¬
nastie ortokide, voir Stanley E. Lane Poole, On the coins of the Urto-
kis, London, 1873, ouvrage que je n'ai pu me procurer.
Page 45, note 2,6 e alinéa, ligne 1 : la lettre qui n'est pas venue, à
gauche de "3^1, est T\.
Page 52, ligne 26 : exemble, lire exemple. — Ligne 28 : 3 , lire S ;
— Ligne 34 : qu'il, lire qu'ils.
Page 76, ligne 1 : ÎT'HDD. lire J-p'HDD .
Page 82, ligne 24 : Dict. ar.-fr., lire : Pet. dict. ar.-fr. — Ligne 26 :
après dix., fermer la parenthèse. — Note 3, ligne 1 : membre, lire
membres.
Page 83, ligne 13 : haggada, mettre en note : Sur la haggada. voir
Gruenbat:m, ZDMG., t. 31 (1877), p. 183.
(Extrait de La Revue Tunisienne, organe de l'Institut de Carthage.)
* r r ^

Bibliothèque de l'Institut de Carthage

LA LITTÉRATURE POPULAIRE

DES ISRAÉLITES TUNISIENS


PAR

EUSEBE YASSEL
ANCIEN PRÉSIDENT DE L'iNSTITUT DE CARTHAGE

FASCICULE II
( De la. page 97 a. la. page -ISO)

Prix : 1 fr. 50

(£> (5^///^-^^ Q)
(è) 3^^-^'/^ (5)
Sri> iSir

PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28

Mars 1906
Additions et corrections.

Page 6,notel -.après la ligne 16, ajouter : H. v .Maltzan : Arabische


Vulgœrdialecie, ZDMG., t. 27 (1873), p. 233.— M. Ed.Gasselin avait
commencé en 1895, à Tunis, la publication d'un Vocabulaire français-
arabe et arabe-français spécial pour la Tunisie (l'arabe en caractères
latins, format 10X15); mais il n'a paru que 128 pages de la partie
française-arabe, jusqu'au mot défendre inclusivement.
Page 15, ligne 17:Hananel ne serait pas mort en 1050 comme l'a
cru Rappoport; lui-même, en effet, mentionnerait la date 1053 dans
un de ses ouvrages, publié par Berliner (Migdal Chananel, Leipzig,
1876). Voir Bolletino italiano degli studii orieniali, anno I (1876-77),
p. 133.— Note 3 : ajouter : Cependant, au dire des Tunisiens, celui-ci
serait enterré à Tunis, en face de l'ancien cimetière israélite désaf¬
fecté il y a quelques années.
Page 35, ligne 21 : compléter ainsi l'addition indiquée à la 2 e page
de la couverture du 1 er fascicule : Sur Djaoubari, voir M. J, de Goeje,
ZDMG.,1.20 (1866), p. 485. Cet auteur, d'après l'éminent orientaliste,
écrivait vers 650.
Page 38, ligne30:M. J.Goldziher m'écrit: «Les remarques que vous
faites sur ^ se trouvent déjà chez Fraenkel (Arabische Fremdwœr-
ter) et ailleurs.»
Page 51, note 1, ligne 3 : «y^, m'écrit M.Th.Nœldeke,est égale¬
ment féminin en arabe classique, comme en syriaque et vraisem¬
blablement aussi en hébreu. Naturellement, ce féminin peut à l'oc¬
casion s'appliquer à un scorpion mâle, comme columba, colombe,
Taubepeui être éventuellement un pigeon mâle (pour celui-ci, toute¬
fois, nous avons en outre en allemand la forme spéciale Tauber, de
même qn'en arabe classique, le scorpion mâle peut être désigné
i ''''
d'une façon précise par ^u^ic)."»
C'est sur la foi du P. Belot (Vocabulaire arabe-français, 5 e éd.,
1898, p. 12), que j'ai donné comme du genre commun en arabe
littéral.— J'ai entendu une fois dans le Sud tunisien employer le
mot ^J^.ji-- (avec la vocalisation que j'indique, 'aguerbân) pour scor¬
pion de grande taille; j'ignore s'il y est d'un usage courant. A Djerba,
I e ''''
où les scorpions d'espèces variées pullulent, on appelle ^bj-Lz (au
masculin) le scorpion noir, le plus dangereux,au dire des/raèa(Djer-
biens), après le blanc qui m'est inconnu. Lorsque quelqu'un est piqué,
on appelle le —=r c , Arabe qui a la spécialité de sucer la plaie en
récitant une formule secrète, et qui d'ailleurs possède aussi des in-

(La suite à la page 3 de la couverture)


cantations pour trouver les trésors cachés et pour d'autres sortilèges
(le verbe ç^ D signifie faire usage de formules ma gigues). Mais si cet
homme apprend que la piqûre provient du 'aquerbân, il refuse de se
déranger, estimant tout secours superflu.
Page 74, dernière ligne: «Vous avez raison, me dit encore- M. le
professeur Nœldeke, de ne regarder Haï Sarfati que comme le rédac¬
teur de l'histoire de Ij .Elle est, en effet, largement répandue en

Orient :1e héros s'appelle en réalité p~L>. Le comte Landberg


en a publié deux textes, dont l'un (de Syrie) concorde assez bien avec
celui de Tunis, tandis que l'autre, fin dialecte égyptien tout à fait vul¬
gaire, est fortement amplifié, mais très amusant (Bâsim le forgeron
et Hârûn er-Rach.ld, texte arabe en dialecte d'Egypte et de Syrie,pu¬
blié... et accompagné d'une traduction et d'un glossaire par le comte
Carl diî Landberg. I. Texte,traduction et proverbes. Leyde, E. J. Brill,
1888) (Il n'en a pas paru et il n'est guère probable qu'il en paraisse
davantage).»
Page 81,n° 103, dernière ligne :M.Goldziherme fait remarquer que
« les Juifs de Tunis appellent aussi la synagogue rU'JUftf (esnoga).n
D'après mes informations, ce nom, usité en Algérie, ne l'est pas chez
les Tunisiens, qui disent eçla ou dar eçla (SbLJ! .h).
Page 82,n° 105,ligne 13:M. le professeur de Goeje m'écrit:«Quant
à by, je suis de l'avis de M. Simah Lévy.»
Page 83, n° 109, ligne 1 : M. Goldziher m'informe que "pb^m est em¬
prunté à la formule qu'on prononce à la cérémonie dont il est ques¬
tion, et que cette formule est prise de Michée, vit, 19.
Page 85, n° 117,1° : Le sens exact de Pirké Aboth, est Maximes ou
Sentences des Pères. — 4° : et de Sarepta, lire : et de la femme de Sa-
repta.
Page 86, ligne 5 : M. Goldziher m'apprend que le commentaire aux
dix commandements, attribué à Sa'adia,a été publié à Vienne.
Page 92,n° 138: «L'édition judéo-arabe du livre de Sindbad (ou des
«sept sages maitres»), me mande M.Nœldeke, est mentionnée, mais
seulement d'après un article de Steinschneider, par Victor Chauvin,
dans sa Bibliographie des ouvrages arabes, VIII, p. 7. Cette 8 e partie
du grand ouvrage (Liège et Leipzig, 1904) comprend la bibliographie
très étendue de Sindbad; Chauvin l'intitule Syntipas. Elle forme un
fascicule de plus de 200 pages et se vend séparément 6 fr.50.»
Page 95,avant-dernière ligne du texte:«attire le feu », lire «attise
le feu ».
Page 98, n° 148, ligne 3 : pages 501 (1904) et 30, note 2 (1905), lire
pages 46 et 55, note 2. — Note 2 : ajouter : Comme on jeûne, le jour
de Kippour, jusqu'au coucher du soleil, les Juives tunisiennes, pour
tromper leur faim, passent le temps à flairer un coing dans lequel

(La suite à la page 4 de la couverture)


elles ont piqué des clous de girofle ou qu'elles ont tenu vingt-quatre
heures enveloppé de girofle pulvérisé et d'un linge mouillé.
Page 99, n° 149, ligne 9 : p. 371,1904, lire page 20.
Page 101, n° 153, ligue 9 : p. 378 et 502 (1904), lire pages 27 et 46.
Page 102, ligne 5 : page 131, lire page 76. — N° 159, ligné 15 : page
502 (1904), lire page 47. — N° 161, ligne 5 : page 328, lire page 100.
Page 103, il» 162, ligne 6 : p. 388,1904, et 134,1905, lire pages 37 et 80
(ii« 98). — N° 163, ligne 6 : page 40, lire page 66.
Page 126, avant-dernière ligne du texte : diputer, lire disputer.
Page 1:29, note 2, dernière ligne : someil, lire sommeil.
Page 138, note 1, ligne 10 : Le Bès égyptien, à la fois infernal et
bouffon, et le Poumaï (Pygmée) phénicien qui parait lui être iden-
tique,ont"la langue pendante et parfois les dents découvertes. (Perr.
et Chip., t. III, flg. 21,p.65; fig.279, p.408; p.420 et fig.294,p.421.) Les
traits de la Gorgone ont sans doute été empruntés ù l'image du dieu
Pygmée qui décorait la proue des galères phéniciennes. (Hérodote,
l.-III, ch.xxxvir.)
Page 127, ligne 18 : ajouter : Toute infraction à cette règle amène¬
rait une catastrophe, la mort d'un membre de la famille ou pis encore.
Deux autres pratiques sont soumises à la même loi : celle de faire
des couvées et celle de mettre à sa chambre une portière de laine
rouge. Cette croyance, qui forme presque un article de foi, est, parait-
il, empruntée à la cabale.
Page 131, ligne 13 : On n'emploie d'habitude la « feuille de l'accou¬
chée» et les autres préservatifs que si l'enfant est un garçon.En effet,
la naissance d'une fille, étant pour les Orientaux un désappointement,
n'expose guère au mauvais œil.

L'auteur serait reconnaissant à Messieurs les Orientalistes de lui


signaler ses erreurs et ses omissions. Ecrire en français, anglais, alle¬
mand, italien ou espagnol à M. Vassel, à Maxula-Radès (Tunisie).

TUNIS
SOCIÉTÉ ANONYME DE L'IMPRIMERIE RAPIDE
5, rue Saint-Charles, dans son immenble
^

Bibliothèque de l'Institut de Carthage

LA LITTÉRATURE POPULAIRE

DES ISRAÉLITES TUNISIENS


avec dd essai etlinograuliique et arcliéologiduo sur leurs superstitions

PAU

EUSÈJBE VASSEL
ANCIEN PRÉSIDENT DE t'iNSTlTUT DE CARTHAGE

Ouvrage honoré d'une médaille à l'Exposition Coloniale de Marseille (i906J

FASCICULE HI
( Oe la. pet g -© iS-1 a. la, page 334)

Prix : 1 fr. 50

^1s^v^-^^è ($)
(S)

Sri>
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iîr^(5)
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE,28

Avril 1907
Additions et corrections

Page 11, ligne 16: Il faut sans doute attribuer de même à quelque
superstition la substitution par les monétaires, entre Aurélien et
Constantin, des chiffres BA = 5 -j- 4 au chiffre © = 9.
Page 52,ligne 28: la lettre £, lire la lettre 3.
Page 61, n° 23, ligne 4 : sans date, ajouter [au plus tard 1892].
Page 72, n° 67, ligne 1 : après , ajouter yntfPI • — Ligne 2 : fils
d'Al-Rachid, lire : fils de Haroun al-Rachid.
Page 75,n° 76, dernière ligne: fermez la parenthèse après 41.
Page 76, ligne 1: 7\^iCO,lire n^lDD-
Page 80, n° 97, ligne 4 : sans date, ajouter [au plus tard 1892]. Une
page 28X20.
Page 97, ligne 10 à partir du bas: «La bibliothèque de notre Aca¬
démie des Sciences [Budapest] possède deux volumes de la rCSD
^ib^D (fonds Kaufmann,n° 6211/II).» I.Goldziheb, in litt.
Page 99,n° 149, ligne 11 : « KE^TlK.qui doit sûrement être vé, me

parait très frappant. Quelques restes de l'ancien passif se sont sans


aucun doute conservés çà et là.Euting me disait qu'au Nedjd,en fait
de formes de ce genre, il n'a entendu que J^â. » Th. Nôldeke, in litt.
— « L'usage de êt d'autres verbes commençant par j dans un
sens actif et passif à la fois est déjà ancien. Comp. le Gloss. gêogr.
(Bibl. géogr.,\W) p. 375, sous .jj.J'eri ai recueilli depuis d'autres
exemples.» M. J. dé Goeje, in litt.
Page 103,ligne 1:«H n'est certainement pas d'origine latine,niais
est de véritable arabe. Ce doit être une forme latérale du classique
ji ; probablement une forme dialectale ancienne. Ce se trouve
aussi certainement dans JLo. » Th. Nôldeke, in litt. — « Eu berbère,
on dit ^ ^J&s (Mouliéras donne des exemples dans son livre sur
les Zkara) ; cela semble être le modèle de la construction Joseph de
Samuel (cf. le grec A rou B). » I.Goldziher, in litt.
Page 107, n° 176,lin: «Le refrain u est identique avec la for¬
mule Aibj j\s li'-J L> UljJ L dont parle M. Snonck dans Mekka,U,
169 et 198. C'est une sorte de tralala. » I. Goedziher, in litt.
Page 108, n° 180 : ajouter: Anonyme [Siinah Lévy]. Sans lieu [Tu¬
nis, Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [entre septembre 1889 et
la fin de 1892]. Une page 19X27 à deux colonnes.
Page 110, ligne 3 : « L'expression persane pour bouton est en réalité
, c9 / c r
^.sr-vô, lion -^sr"^. » Tu. NûLDEKE, in litt.
Page 112, n° 195, alinéa 1 : ajouter : Une page 22X32.
Page 117, avant-dernière ligne : «tf^Sy : c'est, selon mon opi-
nion, ^Ja .Uv, il était injuste envers moi. ». I. Goldzïher, in lïtt. — L'ex¬
plication du savant académicien me parait exacte.
Page 118,ligne8:«~ro;2tfPDnsemble être défiguré de '"jrCQfrîriDK
== •J&sSjAAt'jfa fait pleurer. » I. Goldzïher, in litt.

Page 119, ligne 4: Je possède un poème burlesque en vingt chants:


Berloldo \ Bertoldino I e | Cacasenno \ In Venezia per Agostino Sa-
violj con licenza de Superiori ; sans date ; x-262 pages 10 X 17 (ro¬
gné) ; titre gravé et 21 gravures. La liste des auteurs (ils sont vingt-
trois, un pour chaque chant, deux pour les arguments et les allégo¬
ries placés en tête,un pour le sonnet qui précède le tout) est donnée
au long avec mention de leur ville natale. La licence est du 17 juin
1772; à cette époque, dit la préface de l'imprimeur, plusieurs des au¬
teurs sont morts, les autres ont vieilli, ce qui fait supposer que le
poème a été composé vers le milieu du xviii 6 siècle. Il avait paru pri
mitiveinent à Bologne, chez Lelio dalla Volpe, et eu des éditions ré¬
pétées (replicate ristampe).
Page 124, avant-dernier alinéa: Au dire de beaucoup de Tunisiens,
la 'oubeyta peut se montrer partout où on verse le sang,fût-ce celui
des animaux; par exemple,au voisinage des abattoirs.
Page 128,fin du 5 e alinéa: Cf. la formule Vivas ou Utere felix gra¬
vée sur certains bijoux antiques.
Page 129,note 2,dernière ligne: someil,/ire sommeil.
Page 131, dernier alinéa: Le jaspe sanguin est, avec le jaspe rouge
ou brun et l'hématite, la gemme la plus ordinaire des abraxas (talis¬
mans du 11e au m e siècle). (E. Babelon, Bull. Antiq., 1898, p. 374.)
Page 137, ligne 1 des notes : Si nous en croyons Alexandre Poly-
histor (—i er siècle) et Abydenos (n e ou m e ), les débris de l'arche de
Xisouthros (métathèse pour Atar-Hasis, le Noé de l'épopée chal-
dèenne) subsistaient encore de leur temps en Arménie ; du bois et
du bitume,on faisait des amulettes. — Note 4: M. de Goeje m'écrit :
« Votre note sur ^~|^ est l ros intéressante. L'idée mérite un examen
approfondi. Le dieu égyptien Sarapis doit y entrer aussi.»
Page 148, ligne 28: (page 120), lire (pages 120 et 131).
Page 157, alinéa 2 : Une mosaïque romaine découverte au Célius
en 1889 montre le mauvais œil percé d'une flèche et assailli par di¬
vers animaux : serpent, scorpion, corneille, corbeau, cerf, lionne,
ours,chèvre, taureau; sur l'œil est perchée une chouette. (P. Perdri-
zet, Bull. Antiq., 1903, p. 165.) — Alinéa 4 : D'après les traductions
d'Oppert, le mauvais œil est affirmé formellement par le Caillou Mi¬
chaux (règne de Mardouk-nadin-akhé, —1230 à —1208) et par un autre
monument contemporain ; dire: «Il n'y a pas de mauvais œil » équi¬
vaudrait à dire : «La tête n'est pas la tête ». {Records of thepast,vo\.
IX, p. 95 et 106.) — Note 1 : Sur une stèle égyptienne du Musée de
Naples, un prêtre invoque ainsi Khnoum : « O Seigneur des dieux,
dont l'œil droit est le disque solaire, dont l'œil gauche est la lune. »
{Records of the past, vol. IV, p. 67.) Dans le Rig-Veda, le soleil est al-
ternativernent l'œil de Bhaga, de Mitra, de Dyâus, de Varuna. (Mi¬
chèle Kerbaker: Hermès, saggio mitologico, 1877, p. 122.)
Page 158,Le Khamsa: M.Goldziher me signale qu'il a fait paraître
sur ce sujet des notes dans Avsland, 1884, n° 17 ; Zeitschrift des
Deuischen Palâstinavereins, 1886, p.79 et 1887, p. 128; Mélanges Nôl-
deke, 1906, p. 322 ; ainsi qu'une bibliographie dans Glàbus, 1901, vol.
80, n° 2.— Ligne 27,antérieuremet, lire antérieurement.
Page 159, ligne 19: saeropliages, lire sarcophages. — Alinéa 9: La
main levée surmontant le croissant figure sur les guidons de nos ti¬
railleurs. L'« ordre royal de l'Etoile d'Anjouan, Comores » porte les
mêmes symboles.
Page 160,alinéa 8: n est l'abréviation usuelle qu'on substitue par
respect au tétragrauime.
Page 164, alinéa 4 : « La tortue, dans le mythe brahmanique, est
l'image de la terre placée sous le grand couvercle du ciel. » (M. Ker-
1SAKER, op. cit., p. 71.)
Page 166, dernier alinéa : Janus était représenté portant une clef.
(J.-A. Hild, Gr. Encycl.,t.21,p. 18 a.)
Page 175, ligne 4 : Khnoum avait l'œuf pour attribut. (Félix Ro-
biou: A study on egyptian and babylonian triads, 1894, p. 5.)
Page 177, note 2, fin : Les pains en forme de pyramide figurent parmi
les offrandes de Ramsès III (—1230 à —1200). (Records of the past,
vol. VI,p.45,63,64 et 66.)
Page 205, alinéa 8 : Je trouve dans un catalogue de bouquiniste le
numéro suivant: Mewlana Abdurrhaman Dschami: Joseph u. Sitleï-
kha. Pers. Text m. dtschr. Uebersetzg. u. Anmerkgn. hrsg. v. V. v.
Rosenzweig, Wien 1824. Fol.
&

Bibliothèque de l'Institut de Carthage

LA LITTERATURE POPULAIRE

DES ISRAÉLITES TUNISIENS


avec nu essai etlinopiihipe et archéologique sur leurs superstitions
PAR

EUSÈBE VASSEL
ANCIEN PRESIDENT DU t'iNSTITUT DE OARTHAGÉ

Ouvrage honoré d'une médaille, à l'Exposition Coloniale de Marseille (i906)

FASCICULE IV ET DERNIER
De la page a la- page STQ^
De la page -1 a la page S
Superstitions tunisiennes, supplément à relier à la fin du volume)
De la page -1 a la page -4
( Titre et table des matières, à relier en tête du volume)

Prix : 1 fr. 50

(£> G^>k <â)


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PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28

Novembre 1907

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