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Vassel, Eusèbe
Paris, 1904-1907
urn:nbn:de:gbv:3:5-16831
Bibliothèque de l'Institut de Carthagë
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
EUSÈBE VASSEL
ANCIEN PRESIDENT DE L'iNSTITUT DE CARTHAGE
PARIS
1904-1907
DU MÊME AUTEUR :
Lettre ouverte a Monsieur le Résident Générvl sur la. création
d'un musée. Tunis, 1906. Brochure in-8°.
Sur un fragment de dédicace punique. Tunis, 1907. Brochure in-8°.
Cinq stèles puniques. Sousse,1907. Brochure in-8°.
Le Juif tunisien. Paris, 1907. Brochure in-8°.
Note sur quelques stèles puniques. Paris, 1907. Brochure in-8°
(Extrait des C. B. de l'Acad. des Inscr. et B.-L.J.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
I — Une petite littérature ignorée....................... 5
II — Lecture du judéo-arabe............................. 7
Transcription de l'arabe encaractères hébraïques(tableau) 8
III — Notes d'histoire intellectuelle........................ 13
IV — Le premier livre arabe en caractères hébraïques..... 18
V — Un cabinet de lecture à l'antique.................... 20
VI — Le premier ouvrage populaire..................... 22
Histoire d'un homme pieux le soir de la pâque.......... 23
VII — La presse périodique................................ 25
Première période : Régime de l'interdiction............. 26
Deuxième période : Régime du cautionnement......... 28
Troisième période : Régime de la liberté................ 30
Quatrième période : Cautionnement et dépôt préalable... 39
Cinquième période : Liberté............................ 40
VIII — Un pionnier........................................ 44
Histoire de la jeune Brin-d'Eglautine avec Baguette-de-
Bambou........................................... 49
IX — Bibliographie judéo-tunisienne :
Généralités........................................... 51
Répertoire alphabétique des publications judéo-tunisien¬
nes ................................................. 57
Digression sur les superstitions tunisiennes............. 120
Amulettes éprouvées — Vingt espèces.................~ 132
Sur les origines des superstitions tunisiennes........... 133
Génies, anges, démons................................Ibid.
Devineresses, pythies,sorciers, interprétation des songes 145
Charbon............................................ 148
Blé................................................. 149
Caillou............................................. 151
Fruits secs offerts aux génies......................... 152
Formules magiques.................................. 155
Le mauvais œil...................................... 157
Le khamsa.......................................... 158
Le nombre cinq...................................... 160
La rue..............................................Ibid.
Le poisson.......................................... 161
La tortue............................................ 163
Le serpent.......................................... 164
La clef............................................. 166
Le croissant......................................... 167
Le fer de cheval..................................... 169
La corne de corail.................................. 170
Défenses de porc ou de sanglier....................... 172
Coquille d'œuf...................................... ' 174
Grappin (araignée).................................. 179
Epingle............................................. 180
Os frontal de bœuf................................... 181
- Aloès.............................................. 189
Queue de thon.......................................Ibid.
La chouette.......................................... 190
Figures magiques de la Feuille de Vaccouchée......... 191
Rosace à huit pétales...............................Ibid.
Patinette, palme................................... 192
Le rameau et la volute............................ 194
Le lion............................................ 195
Amulettes des chameaux et chevaux................... 196
Décoration des arabas................................ 199
Suite du Répertoire alphabétique....................... 200
Imprimés dont le titre est en français seulement........ 252
Supplément au Répertoire alphabétique................ 253
Au lecteur.............................................. 264
Additions et corrections................................. 266
Superstitions tunisiennes (Supplément), huit pages....... 277
Figures :
Moïse Berebbi, grand-rabbin de Tunisie..................... 43
Une synagogue (cliché indigène)............................ 62
Le khamsa................................................ 130
Stèle votive à Baal-Saturne................................. 154
Astarté.................................................... 168
Amulettes des chameaux et chevaux (flg. 1 à 3).............. 197
Peinture des arabas-(flg. 4 à 7).............................. Ibid.
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
DES ISRAÉLITES TUNISIENS
1 Los Israélites ouvrent eux-mêmes des cours de français à des prix modestes, té¬
moin cet écriteau rempli de bonnes intentions que j'ai copié tout récemment à la
porte d'une boutique :
ECOLE TRIGOLOBE
signifiant école française, dirigée par maître Isaac ***; enseignement rapide. Dans
notre école, il est excessivement défendu de parler en arabe.
La grande classe, 4 fr.; la moyenne, 3 fr.; la petite, 2 fr. 50.
—6 —
II — Lecture du judéo-arabe
Les écrits tunisiens sont, je l'ai dit, imprimés en caractères hébraï¬
ques. Mais comme l'arabe a vingt-huit consonnes tandis que l'hébreu
n'en possède que vingt-deux, il a fallu donner à quelques-unes de
celles-ci de nouvelles valeurs au moyen de points diacritiques. Ce
système, dont le principe est sans doute emprunté à l'arabe, paraît
fort ancien; en tout cas, il résulterait d'une note de Munk 1 que les
Juifs occidentaux l'employaient au xiv e siècle.
La lecture de cet alphabet conventionnel ne présente aucune diffi¬
culté ; elle est même beaucoup plus aisée et moins fatigante pour la
vue que celle des caractères arabes.
On trouvera à la page 8 le tableau du mode de transcription
usité à Tunis en hébreu carré, en hébreu rabbinique ou raschi et en
hébreu cursif ; il convient de le compléter par quelques remarques.
Les lettres suivies, dans ce tableau, d'un astérisque (en haut et à
gauche) sont finales.
Comme on le voit, 3 représente £J lorsqu'il n'est pas modifié et ~
lorsqu'il est pointé, alors que pour , c'est l'inverse; £ et e] sont
dans le même cas. La raison est qu'en hébreu, les lettres finales
*j et *| sont naturellement aspirées et se prononcent ~ et ^ .
L'emploi de la ligature ^ est facultatif.
Le p et le v, qui n'existent pas en arabe, ne se rencontrent, natu¬
rellement, que dans les mots d'origine étrangère. La première de
EN CARACTÈRESHÉBRAÏQUES
II
HÉBREU
Numérique
Arabe
1
\ V.
61 -U D \1
2 ^ J n V
n O o
400
»
1
yy S S
J j
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8 P P n €
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.'r J
7 ^ *V ï
» *r * * y x ^
t
9 i? ta b
70 4> V t
ces deux lettres, à la fin d'un mot, devrait logiquement être repré¬
sentée dans la transcription par muni d'un point; mais vu la ra¬
reté du cas, un pareil caractère n'existe pas dans la casse, et on
emploie comme lettre finale, écrivant par exemple 31"|li< ou B"\1V
(Europe); ce qui doit faire frémir les Massorètes dans leur tombe.
D'autre part, v est rendu aussi souvent par 1 que par i.
Pour des raisons d'ordre typographique, le point' diacritique est
parfois, notamment dans les titres, remplacé par une apostrophe à
gauche de la lettre : V S = "ItfJ 1 S •
1 On trouve la traduction (en allemand) des mots d'initiales les plus usités dans
Ph. Lederer : Hebrœische und chaldœisclie Ahbreviaturen, Frankfurt a. M., 1894,
in-S" de 48 pages.
- IL—
Avant d'entrer dans le vif de mon sujet, il n'est pas hors de propos
de jeter un coup d'œil rapide sur les antécédents intellectuels des
Juifs tunisiens.
Plusieurs rabbins de Carthage de la fin du troisième siècle sont
cités comme autorités dans le Talmud de Babylone et dans celui de
Jérusalem 3 .
les montagnes de Berbérie. Ils sont, selon moi, plus ignorants que le
reste des hommes, bien que très attachés à la croyance en Dieu. Le
Ciel m'est témoin qu'ils ne sont comparables qu'aux Caraïtes, qui
nient la loi orale l . »
Parmi les Juifs qui s'enfuirent d'Espagne lors de la grande persé¬
cution de 1391 et ceux que Ferdinand le Catholique expulsa en 1492,
un certain nombre vinrent dans la Régence de Tunis. Il est permis
de supposer qu'ils y apportèrent à leurs coreligionnaires un peu de
leur culture intellectuelle.
Un manuscrit de la bibliothèque Nationale 2 a été copié en 1496 à
La Goulette par un réfugié, Ibn Isaac Schoschan.
En 1507, un proscrit d'Espagne, Abraham Lévy Bacrat, compose
à Tunis un commentaire sur Raschi 3 .
Les livres étaient si rares en ce temps qu'on mettait en gage,comme
objet précieux, un formulaire de prières l .
En 1540 5, nous voyons un Tunisien, Jacob ben Haïm, correcteur
à Venise chez Daniel Bomberg, le célèbre éditeur du Talmud de
Babylone; ce qui suppose une véritable érudition.
En 1555, s'imprime à Pirra un ouvrage du Tunisien Ismaël Cohen-
Tanugi, dont la famille habite encore Tunis. Mais cet écrivain vivait
au Caire, où il était devenu le chef des rabbins 6 .
Un savant d'Alger, le rabbin Salomon Serour, passa vers la fin du
xvi e siècle une partie de sa vie à Tunis, où il vint à plusieurs re¬
prises se faire traiter d'une grave maladie; ce qui dénoterait qu'il
existait dans cette ville des médecins réputés. Il y travailla avec zèle
au relèvement des études 7 .
Au commencement du xvir 3 siècle, les livres abondent, les écoles
- 18 —
DU'il "H, de David Bonan et Juda Lévy. Livourne, Moïse Tubiana, 1857.
Dn""ON Un"?^ > d'Abraham Gohen-Ishaki. Livourne, Elie Benamozegh et O,
1865.
Voir Gazés : Notes, etc., p. 157, 47 et 104.
1 Sépher ha-Zohar (le Livre de la Clarté), attribué autrefois à Siméon ben Yohaï,
rabbin de Palestine du n° siècle, mais qu'on sait aujourd'hui écrit en Espagne tout à
la fin du xiii», est comme l'encyclopédie de la Gabbale.
Cette science occulte, sorte de gnosticisme dont les origines sont très anciennes et
remontent peut-être,comme celles de l'astrologie, à la civilisation sumérienne, a en¬
core, parait-il, des adeptes en Tunisie.
2 Notes, etc., p. 13. '
3 Depuis le xvp siècle, les Israélites de Tunisie sont divisés en rîDJîOn>» Sf7p ,
communauté Tunisienne, comprenant les familles qui habitent la Bégenco de temps
immémorial et celles qui viennent de pays musulmans, et njtOJ»i Snp , commu¬
nauté Livournaise (qui s'intitule plus volontiers Portugaise), formée des familles
originaires d'Europe.
(Slp i au pluriel rfonp , mot hébreu passé en judéo-arabe; A*~j!_y et K>\js ,
'^m tffc
jouait de la clarinette aux noces riches; Moïse ou Bichi Chemama,
qui cumulait avec les fonctions de maître d'écriture et d'arabe celles
à'oukil ou représentant des parties près le tribunal de POuzara ;
enfin Elie el Melik, sujet ou protégé français, papetier, celui-là même
dont la succession a donné lieu à un conflit diplomatique entre la
France et l'Italie et à un procès encore pendant, se mirent en tête
d'imprimer en caractères hébraïques le nouveau code tunisien, publié
Pannée précédente en arabe i .
9
9 P . C«
pluriels de et c^J 3 : j'affecte, contre l'usage, la première lettre de ces plu¬
riels d'un soukoun, parce que la règle de l'arabe littéral est tout à fait inapplicable
aux idiomes vulgaires, où la syllabe commence fréquemment par deux consonnes.)
Chaque communauté eut son grand-rabbin reconnu du gouvernement jusqu'à la
mort de Tapia (1897); administrativement, il n'y en a plus qu'un, qui porte le titre
de grand-rabbin de Tunisie. Mais en dépit de la fusion officielle des Twansa et des
Grana, prononcée le 14 juin 1899, la communauté Livournaise, la moins nombreuse
de beaucoup, mais la plus riche, la plus instruite et la plus remuante, composée d'é¬
léments étrangers parfois sourdement hostiles à l'action française (alors que chez les
Tunisiens, c'est l'opposé), conserve toujours son organisation propre, y compris son
grand-rabbin (prTK D , H)• On a écrit qu'en Tunisie, les Israélites forment un
petit État dans l'État : si c'était exact, ce qu'il ne m'appartient pas de décider, il fau¬
drait ajouter que les Livournais, de leur côté, constituent un État dans l'État juif.
1 plur. J^jlSS.
— 21 —
1 Chez les Juifs tunisiens, tous les hommes savaient lire l'hébreu, mais fort peu
lisaient l'arabe.
2 Fête d'Esther, à l'occasion de laquelle se donnent les étrennes chez les Juifs.
3 Voir au chapitre ix, sous |xrin rrVO, rO^Tt NJJO p"H¥n SjDV nïp,
iS~iîon'\* cdj N3 rvNDn, n^Jàipn.Sx n-po.
- 22 —
1 Cette maison était bien connue à Tunis, car elle'avait imprimé, de 1837 à 1878,
douze ouvrages en hébreu de rabbins tunisiens. — Voir Gazés, Notes, etc., passim.
2 Voir au chapitre ix, sous NpJNjAî n"VD.
28
[Il n'en a paru qu'un numéro], daté de sivan 5647 (mai ou juin
1887). Le millésime est en chiffres hébraïques;le titre est encadré
d'un curieux dessin calligraphique oriental, exécuté par Lçvy au
moyen de vignettes typographiques. Quatre pages 19 X 28.
Pour éluder la loi du cautionnement, ce journal est intitulé :
'[Wil'itf mtfroSî's *D Sl^Sn QDpStf (Première livraison du livre
Le Jardin).
Celui qui découvre les choses cachées. "^"iDfrî 1^ ilï^B
«Jetant les fondements de la science, ouvrant les yeux. Rédigé par
la Société .1 .3 .S » [Chalom Flak, Joseph Cohen Ganouna, Sion Ni-
zard].
—,\V ^.tob est évidemment, dans la pensée des éditeurs, la tra-
J ■ C '
dnction du nom donné par Pharaon à.Joseph, PiJyS n3SÏ. Ces mots
auraient en effet la signification ci-dessus, d'après la tradition hébraï¬
que. Mais Gesenius les rend par susteniator seculi; Sander et Trenel
indiquent deux sens, qui découvre les choses cachées et le sauveur ou
le salut du monde; enfin le Rabbinat français traduit sauveur de
l'Empire 1^.
[Il n'a été publié qu'un numéro], à la date du 18 sivan 5647 [10
juin 1887]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]. Quatre pages
19 X 28.
Cette feuille, comme la précédente et pour le même motif, est inti¬
tulée Première livraison du livre..... Elle renferme quelques notions
fort élémentaires de physique, des problèmes,de petites anecdotes,
de courtes phrases françaises avec traduction judéo-tunisienne et
prononciation figurée en caractères hébreux. Bref, c'est un très mo¬
deste essai de publication didactique.
1 Genèse, xli, 45. — Gesenius : Lexicon manuale, éd. Hoffmann, 1857, p. 798. —
Sander et Trenel : Dict. hébreu-français, p. 625.— La Bible de la Jeunesse, tra¬
duite de l'hébreu par le Rabbinat français sous la direction de Zadoc Kahn, Paris,
1899, p. 43.
— 31 —
premiers numéros d'un coup sur une seule grande feuille,puis les a
coupés et mis en vente à une semaine d'intervalle; il a agi de même,
mais beaucoup plus tard, pour les deux derniers. Il croit, sans pou¬
voir l'affirmer, que la première série a paru vers 1889, avant les
Fleurs. Un certain nombre d'exemplaires étaient sur papier de cou¬
leur. Imprimerie Uzan et Castro. Un catalogue de 1897 annonce, à
cinq centimes, les numéros 4 et 6.] N'ayant pu me procurer la pre¬
mière série, j'en donne le détail d'après une note du n° 5.
Première livraison : **TîhSïÎ rQTlb) laCaroube de la corde du puits.
(On dit plus correctement : il y a probablement un cbedda sur
le de la racine,J=»., tirer; mais je n'ai pu m'en assurer, ce signe
sur une lettre linale étant souvent négligé dans la prononciation.)
[Quand la corde du puits est usée, les femmes de la maison se co¬
tisent à une caroube par tête pour la remplacer
Deuxième livraison : /îrQKnïKÏ DHbtf ,lSn *V21 fTP-j iT3î*W
* blpîHfrO 3D™ID1> Campagne nouvelle et puits d'eau douce; le Cha¬
grin et ses amis; Navire chargé de sagesse.
(rP3i^ pour A-^jL., primitivement noria, et par métonymie, le
jardin ou la petite propriété rurale qu'elle irrigue; ce sens tunisien
ligure dans le supplément au dictionnaire français-arabe de Ben
Sedira, ainsi que dans Beaussier : Maison de campagne aux environs
d'une ville, jardin (Tunis).
[Le premier titre est un proverbe tunisien qui s'emploie lorsque
quelqu'un se marie; le dernier fait allusion à un autre proverbe
arabe : «S'il arrivait un bateau chargé de sagesse, il ne se trouve¬
rait point d'acquéreurs» (parce que chacun se croit bien loti sous ce
rapport).]
Troisième livraison :*-|inbnm 3THl pStfDQ ytû^îtjpStî, les
Chats allant en pèlerinage ; Revolver.
(A Tunis, chat ne se dit pas is, mais ^^as ou ^jbï, féminin 'i~.jLi>.
Le mot tunisien dérive sans doute du mot arabe; mais n'est-il pas
permis, sans donner clans le travers des chercheurs d'étymologies,
de se demander si cette dérivation n'a pas été inspirée par le latin
catus ou cattus? Le cas ne serait pas isolé. Le fourneau qui chauffe
un bain maure s'appelle en tunisien (J)^ : dans ce mot, qui tout en
rappelant l'arabe ^j-S, ne peut guère en dériver régulièrement, il
parait difficile de ne pas reconnaître le latin fomax.)
Quàte livraison : * nwojDni nynoStf btfipm,."rinna nnna,
Mahmoud Mahraz ; les Sept maximes; Enigmes.
I Un sou depuis la réforme monétaire de 1891, qui, par la seule substitution du sou
à la caroube, a du jour au lendemain tout fait renchérir du quart pour les pauvres
diables.
- 39 —
[Il s'agit des palmes dont les Juifs construisent la tonnelle (rplD )
où ils prennent leurs repas pendant les huit jours de la fête des
Tabernacles. A_^jJ._<» est, on le sait, le nom générique d'un type de
petit poème arabe.]
Sans lieu [Tunis], Librairie Hébraïque, rue du Chara. Une page
22X28.
«Numéro six » : t nitfS'Ol , niTlVtSï? 'ODD ^"rTiy"^ TVHiï
n^nin^l, Chanson d'El Zaroura ; V Azerole musquée ; Bilara ; l'In¬
dienne.
[-^_jbi., chanson, n'existe pas dans mes dictionnaires. El Zaroura
(VAzerole) est le nom d'une chanteuse. L'azerole musquée/ est un cri
des rues de Tunis; l'adjectif relatif , que les dictionnaires ne
mentionnent pas, sauf Beaussier, qui le rend par muscat, est appli¬
qué par les marchands des quatre saisons à la plupart des fruits
dont ils veulent vanter la qualité. Bilara est un refrain sans signi¬
fication.]
Sans lieu [Tunis], Librairie Hébraïque, rue du Chara. Une page
19 X 27.
[Postérieurement aux six feuillets ci-dessus, Simah Lévy a donné
l'avant-titre de DN"U^ IUO à trois plaquettes parues en 1896 et
19001.]
1 Voir au chapitre ix.sous nS*QV»i PHDÈ& fVNiJ, sous -i-t.xnL* TKSÛ W rPlOJ
et sous C'*"! ; -pNJ K"1 n'MJJ .
— 40 -
Le recueil dont j'ai parlé plus haut porte le titre de nptf'H D,tfrO
CîSJ^N (Livre de la jouissance des âmes).Il n'a eu que quatre livrai¬
sons à 10 centimes, formant ensemble 32 pages 12 X 18.
(^Oj, plaisir vif, jouissance, n'est pas mentionné dans mes dic¬
tionnaires.)
Sans nom d'auteur [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan] ni d ate [1897]. Les deux premières livraisons portent seules
le titre ci-dessus.La troisième est intitulée J"l,3DîO"T7N y~\B rV^DH
(Histoire du rameau de diamant), avec le sous-titre : « Troisième
livraison du Livre de la jouissance des âmes»; la quatrième, rPïOn
"[^toSo^H ^Zin (Histoire de Habib, fils du sultan), a bien, en
tète, livraison 4, mais sans mention du recueil. Ces deux petits con¬
tes sont gentiment troussés.
Dans le second numéro, l'auteur se plaint qu'à Tunis, « un seul
achète et deux mille lisent »; que sur les deux mille exemplaires de
sa livraison précédente, il s'en est vendu vingt.
1 Mou ami M. Demuy me signale un mot eueore plus bizarre, employé dans le
même sens par les Arabes de Tunis. C'est la VI* forme d'aspect régulier J>)j, s'ar-
Si on néglige deux pastiches de journaux, j'ai énuméré vingl-sept
publications périodiques, tout au moins d'intention, dont vingt-deux
ont vu le jour en moins de treize ans; et j'en ai sans doute omis, car
les écrits de cette nature, surtout les éphémères, ne laissent dans les
mémoires que des traces bien vagues, et leur sort est de devenir
introuvables après quelques semaines.
Les quatre feuilles nées ou ressuscitées dans l'année sont toujours
en vie au moment où ce paragraphe est mis sous presse, 20 octobre
1904, en dépit de quelques malaises passagers, et grâce peut-être à
la guerre russo-japonaise, pour laquelle les Juifs se passionnent:
non, comme on pourrait le croire, que se sentant de race blanche,
ils redoutent le «péril jaune», mais au contraire parce qu'ils exè¬
crent notre alliée, qui, à la vérité, n'a pas été jusqu'ici bien tendre
pour leur frères. Comment s'étonner, alors qu'en Europe même, si
peu de gens se rendent compte que le triomphe complet du Japon
marquerait la fin d'une civilisation et le début d'un Moyen âge?
Mais l'existence de ces journaux est rendue précaire par la concur¬
rence qu'ils se font, par la disette d'annonces (elles feraient double
emploi avec les commérages des femmes, qui, eux, sont gratuits), et
par la coutume qui veut que l'acheteur d'un numéro le prête aux
parents, aux amis, aux voisins, voire aux passants : de sorte qu'un
exemplaire suffit pour dix familles, c'est-à-dire pour cent individus ï .
Autant qu'il est permis à un Roumi d'en juger sur un examen
sommaire, Es-Schamss est convenablement écrit; El-Boustan garde
son ton grave et sa ligne correcte de jadis; El-Itihad fait ce qu'il
doit, puisqu'il fait ce qu'il peut; quant au Phonographe, il donne vo¬
lontiers la note humoristique, sans pour cela se départir du bon sens,
et le mot pour rire ne lui fait pas peur: si tous ont leur intérêt (un
peu spécial, je l'avoue), il est le seul qui soit de temps à autre diver¬
tissant à lire.
VIII — Un Pionnier
Moïse Chemama et ses associés, Sarfati frère de Baya, Elie Guedj,
un certain Juda Sitroug dont il sera parlé plus loin, Abraham Taïeb
1 Voir pages 18, 20, 22, 26, et chapitré ix sous np"H2l ilS^rW "'J'H et sous
noch p-p.
2 THS TÙÏf ^Dl" 1 "°, ué à Jérusalem,mort à Livourne il y a vingt et quelques
années, s'est fait en Orient une réputation d'écrivain par la publication de divers
ouvrages tant en hébreu qu'en judéo-arabe et dans ce curieux patois vieux castillan
que parlent les Juifs de Turquie. Ceux de ces écrits que je suis à même de citer sont :
V^y rn °D'w? "13D. Signé : Joseph Chebtaï Farhi. Livourne, les héritiers Otto-
lenghi, 5618 (1857-58), 20 feuillets 10X16 (rogné). Un avis en hébreu au verso du pre¬
mier feuillet est daté de 5613 (1852-53).Renferme : 1» une courte élégie en hébreu; 2»
le Passage du 9 ah en hébreu, avec commentaire en arabe ; 3° l'Histoire de Hanna
(T\yr\ nxp) en vers arabes; le tout avec points-voyelles (cette particularité peut
intéresser les philologues).
N^D ilti'y "130 • Livourne, 3 volumes in-12. Tome 1", 4-44 feuillets, et tome 11,78
feuillets, an 3624 (1863-64); Tome III, 78 feuillets, an 5635 (1874-75). C'est un recueil
d'historiettes édifiantes en hébreu.
* Le même ouvrage en judéo-espagnol.
^Diy mty3 irCN n^JOIDD. Signé rY'S-". Livourne,Israël Costa et C io,5628
(1867-68), 34 feuillets 11X16 (rogné). Livre d'Esther, texte hébreu et traduction judéo-
arabe avec points-voyelles.
P|DV ht? IDpn 1SD- Signé »J)B>\ Livourne, Israël Costa et C", 5632 (1871-72),
70 feuillets 12X18 (rogné). En judéo-espagnol.
* Le même ouvrage en hébreu,
O'-llS , ~l rpnji^N "120. Livourne, Israël Costa et C'a, 563S (1874-75), 1-80 feuil¬
lets 13X18. En judéo-espagnol.
* niON iplû ^y noy ,~ltyyO. En hébreu.
* DJ,1 "13D1 mSnn N"VO • En judéo-arabe.
Nous avons vu Eliézer, en 1884, créer une revue mensuelle, puis
un journal hebdomadaire l . Il publiait en même temps, avec l'assis¬
tance de Moïse Chemama (l'éditeur du code tunisien), le tome pre¬
mier d'un ouvrage intitulé le Compagnon de l'existence 2 : le manuscrit
attendait, car la préface porte le milléssime 5643 (1882-83). Ce petit
livre est traduit du recueil d'historiettes de Joseph Chebtaï Farhi.
Notre écrivain l'avait tait tirer à mille exemplaires : il en vendit deux
cents, aussi n'a-t-il jamais donné le second volume.
Aussitôt après, ce diable d'homme sans le sou, avec un journal
sur les bras, se lance dans une grosse entreprise, l'impression d'un
de ces romans arabes que Sarfati avait popularisés chez les Juifs tu¬
nisiens. Il avait acheté le texte,toujours recueilli au caîé maure,trois
cents piastres 3 à un nommé Abraham Qsentin, et lui avait fait subir
diverses modifications.
Les Aventures du roi Saïf el-Azel (ou l'Ajalia i , comme on dit à
Tunis) forment 1642 pages in-8°, la matière de quatre à cinq volumes;
la publication en prit trois ans. /
Dès les premiers fascicules, l'ouvrage reçut fort bon accueil, et
dans nombre de familles on le relit encore fidèlement chaque hiver
à la veillée; mais il n'obtint point ce qu'on appelle un succès de
librairie. Chez les Juifs tunisiens, on achète quelquefois les feuilles
volantes ou les petites plaquettes: quant aux publications volumi¬
neuses, c'est-à-dire coûteuses, on les prend au cabinet de lecture,
encore se cotise-t-on pour l'abonnement. L'Ajalia valait primitive-
quarante francs (les livres ne se donnaient pas à cette époque) ; l'édi¬
teur se vit obligé d'en réduire graduellement le prix jusqu'à six
francs. Après être arrivé de cette façon et à la longue à placer cinq
cents exemplaires, il dut céder en bloc l'autre moitié de l'édition au
libraire Sion Uzan, qui avait été son bailleur de fonds et qu'il n'était
pas en mesure de rembourser. L'Ajalia est aujourd'hui cotée à
10 fr. 25.
La publication de ce livre n'était pas fort avancée, quand Farhi
eut un crève-cœur dont il ne se consolera de sa vie. Vers le com¬
mencement de 1885, une petite imprimerie était à vendre : notre
homme se démena, battit monnaie ; il arriva, hélas ! trop tard, un
coreligionnaire lui avait coupé l'herbe sous le pied. « C'est, dit-il
avec une conviction amère, la fortune qu'on m'a ôtée! »
Il ne se découragea pourtant pas, et tout en éditant Saïf el-Azel, il
trouva le moyen de publier (1885-86) les Aventures d'El-'Anqa s,
eût fait l'Arche de Noé, jeter l'ancre... à Damas. Dans une composi¬
tion de ce genre, ce serait vraiment chercher la petite bête ; ainsi en
ont jugé les lecteurs, car l'édition est presque épuisée.
Cinq ans après ce petit livre, Farhi publie, je ne dirai pas son chef-
d'œuvre, le terme paraîtrait guindé sur échasses, mais ce que je con¬
nais jusqu'ici dans la littérature tunisienne de plus près d'être litté¬
raire, tout au moins quand au fond. Pourtant, l'Histoire de la jeune
Brin-d'E glantine avec Baguette-de-Bambou 1 plut moins que l'autre
nouvelle, soit qu'on ne fût pas mûr à Tunis pour une étude touchant
à la comédie de mœurs, ou plutôt que la foule y sentit ses habitudes
les plus chères tournées en ridicule.
En effet, si,par une fiction décente,l'auteur place en Chine la scè¬
ne de son petit roman, ses personnages sont juifs, et qui plus est,
Tioansa. Impossible de s'y méprendre : on nous les montre en chair
et en os, et certes, il ne leur manque même pas la parole.
Le Ratatiné, vieux rabbin riche et ladre,dévot,versé dans la science
(rabbinique,s'entend),fait choix d'un gendre selon son propre cœur;
or,celui de sa fille a déjà parlé à la suite d'un incident romanesque,
la bouche n'a pas été plus muette, et la personne du prétendu n'est
guère faite pour ramener la jolie enfant dans les voies de la sou¬
mission. Tout ne va donc pas comme le père l'entendait : c'est l'éter¬
nel conflit entre vieux et jeunes, entre l'esprit d'autorité et celui
d'indépendance.
La mère soutient sa fille, le père s'obstine; pour avoir le dessus,
il entreprend d'évincer le préféré par un de ces stratagèmes à la
Scapin qui, en Occident, mènent leur ingénieux auteur droit au bagne.
A bon chat bon rat : après une série descènes piquantes, le bonhomme
Cassandre, le Ratatiné, veux-je dire, se trouve, il fallait s'y attendre,
battu à plate couture sur son propre terrain, et tout se termine fort
bien pour les amoureux, horriblement mal pour le vieillard.
— Mais... la piété filiale? — Hélas! il n'en est pas fait plus de cas
que dans les fabliaux et les farces, dans la comédie italienne ou dans
VHarpagon.
Je traduirai tout à l'heure un passage de Brin-d'E glantine, pour
bien montrer que les .secondes productions des Juifs tunisiens n'ont
plus toutes le caractère assez enfantin des premières, qu'on y peut
trouver du naturel, de jolis tableaux de genre et un comique de bon
aloi. C'est encore l'Orient (grâce à Dieu !), mais ce n'est plus du tout
celui du Talmud.
Outre ces deux récits et pas mal d'articles dans les journaux, Elié-
zér Farhi a écrit des historiettes, des chansons, des complaintes. Il
a encore commencé la publication de plusieurs romans arabes, que
1 Page 33.
2 II en sera question au chapitre xi.
— 50 —
d Avant que l'architecture sévit à Tunis, les persiennes y présentaient deux types :
panneau unique, à guillotine,tenant tonte la largeur de la fenêtre sur la moitié de la
hauteur de celle-ci, et que les femmes soulèvent un peu pour glisser le regard en
dessous; ou vantail double, pourvu d'un panneau à charnières qui se fixe en auvent
au moyen d'un crochet, permettant ainsi d'épier les passants presque sans être vu.
L'expression sous la persienne s'explique dans un cas comme dans l'autre,
2 En signe de profonde douleur, les Tunisiens s'accroupissent et se redressent à
plusieurs reprises.
— 51 —
IX — Bibliographie judéo-tunisienne
GÉNÉRALITÉS
Ayant déblayé le terrain dans les pages qui précèdent, je vais es¬
sayer à présent de jeter les fondements d'une bibliographie judéo-
tunisienne. Certes, aucun de ceux qui se sont aventurés dans des tra¬
vaux de ce genre ne s'étonnera que le mien soit incomplet, parfois
même sujet à caution, quelque conscience que j'aie pu y apporter;
I Quaud les Juifs tunisiens aperçoivent un scorpion — dans les masures sombres,
humides, mal tenues de la Hara, l'ancien ghetto, le cas se présente — ils lui crient :
■«Excommuniée 1 » r _sb, scorpion, qui était du genre commun en arabe littéral,
est féminin dans l'idiome vnlgaire). Cet anathème suffit, croient-ils, pour paralyser
l'animal et permettre ainsi de le tuer.
II existe aussi une formule cabalistique dont la récitation possède à leurs yeux la
vertu de rendre les scorpions inoffensifs. Elle a été imprimée : j'en ai même un
exemplaire.
— 52 —
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Composé par... ...Nnsbun
d° d° ...«rmnn
Corrigé par... nnnxn
De la plume de l'écrivain... ...anîobK nSp p
Traduit en arabe par... ...anmyin
Composé par... ..'.■tfrïntfiu
En hébreu le jeune ou le célibataire... ...Tiron
d° le petit... ...ywtn
Les noms d'hommes sont assez souvent suivis, conformément à
l'usage rabbinique, d'un mot d'initiales hébraïques exprimant un
souhait, comme T'TI) 9 ue Dieu le garde et le conserve! ou Tïf que
son Créateur et Libérateur le garde! en parlant d'un vivant; h"~,
que sa mémoire soit bénie! en parlant d'un mort; 10"D, bon signe/
quand on écrit son propre nom.
Après un nom de ville, on met îfyl, que la Ville de Dieu (Jérusa¬
lem) soit reconstruite !
îTy^ > avec l'aide de Dieu, se place souvent en avant-titre.
Si une partie des expressions précédant la signature sont plus
ou moins vagues, il est clair que *—^ et ' es autres
dérivés des mêmes racines ne peuvent désigner que l'auteur vérita¬
ble, celui qui a créé l'œuvre; de même, ne saurait s'appliquer
1 J'appelle contre-titre le titre abrégé qui vient après le grand titre, en tête de la
première page du texte.
2 Voici un exemple du peu d'importance qu'on attache à ces feuillets : le libraire
Sion Uzan, chez qui, je l'ai dit, l'Ajalia est en vente, n'a pu m'en trouver dans son
magasin un exemplaire avec les 1i1ros de plus de cinq fascicules sur vingt-trois.
imprimant le feuillet mentionné,que celle de la publication même.
Quand enfin le titre fait corps avec le premier cahier, cas le plus
favorable, il ne date que le commencement de l'impression, et celle-
ci peut avoir duré des années. Il porte quelquefois tome premier
(Svitfbtf ntfroStf ou en hébreu "p^JN"! pSîl) bien que l'ouvrage
complet ne forme qu'un seul volume, ou l'indication d'un prix dési-
roire : cela tient à l'inexpérience de l'éditeur qui, donnant le titre
avec la première livraison ou le premier fascicule et ne songeant
qu'à celui-ci, n'a pas prévu que les formules qu'il employait convien¬
draient mal au livre entier.
Le texte du contre-titre et celui du titre courant (quand il y en a
un) sont quelquefois très différents de celui du grand titre; on en a
vu l'explication plus haut.
Les éditions de Livourne et quelques-unes de Tunis sont foliotées
en chiffres hébreux, comme les manuscrits anciens, et non paginées;
le bas de chaque page porte une réclame; le millésime se présente
sous la forme indiquée au chap. n (page 11). Toutefois, la plupart
suivent sur ces points l'usage moderne. Foliotage ou pagination se
poursuit d'ordinaire d'un bout à l'autre de l'ouvrage, même s'il for¬
me plusieurs volumes pourvus chacun d'un titre; cette division en
tomes est d'ailleurs presque toujours indépendante du texte et l'on
n'y considère que le nombre de feuilles, de sorte qu'un volume peut
finir et par conséquent le suivant commencer au milieu d'une phrase.
Comme presque toute littérature naissante, celle des Tunisiens est
d'emprunt en majeure partie ; la traduction et l'imitation de l'hébreu
ont fourni la plupart des opuscules religieux, des nouvelles, des his¬
toriettes, des travaux didactiques; tous les livres un peu volumineux
sont tirés de l'arabe ou traduits du français.Il a été publié,on le verra,
un assez grand nombre de chansons égytiennes; un des éditeurs, à
qui je faisais observer que ses coreligionnaires ne devaient guère les
comprendre, m'a répondu : « Peu leur importe, pourvu que cela se
chante. »
Les œuvres originales ou qui me paraissent telles se composent
d'articles dans les feuilles locales : études et polémiques souvent
meilleures qu'on ne s'y serait attendu, faits divers, etc. ; de deux ou
trois pamphlets; de quelques nouvelles et contes; d'historiettes; d'é¬
légies ou de pioutim 1 peu nombreux, en l'honneur de saints; enfin,
de quantité de poésies fugitives, chansons, complaintes, melzoumas,
qui ne sont la partie la moins intéressante ni pour le philologue, ni
surtout pour l'ethnographe.
1 Les Juifs ont donné le nom de pioutim (du grec 7ioi7)T7]ç , poète) aux poésies li¬
turgiques écrites en néo-hébreu à partir du commencement du vin 0 siècle.— Voir
Mayeb Lambert, dans la Grande Encyclopédie, t. 19, p. 971 ; Th. Reinach, ibid.,
t. 21, p. 268.
— 57 -
Les vers des Juifs tunisiens, à vrai dire, diffèrent très peu de la
prose rimée, car non seulement il n'y est pas tenu compte de la quan¬
tité, mais on n'y a pas non plus grand souci du mètre tel que l'en¬
tend la versification française. Mes constatations à ce sujet m'ont été
confirmées par plusieurs des auteurs eux-mêmes.
Certes, il ne faut, pas demander à lalittérature judéo-arabe de Tu¬
nis plus qu'elle ne peut donner : elle est encore trop près de l'enfance
pour nous montrer quelque œuvre un peu saillante, et comme ses
jours sont comptés, elle n'aura pas le temps d'en produire une.Mais
si l'on prend la peine de peser équitablement les circonstances et le
milieu dans lesquels elle a éclos, on ne saurait faire moins que de
juger intéressant et môme étonnant l'ensemble des écrits qui la com¬
posent.
— X -
î - .nsh ynx
(En hébreu le Pays de splendeur ou de gloire, c'est-à-dire la Pales¬
tine : Daniel, xi, 16 et 41.) Signé : .S .iy [Chalom Flan]. Tunis, Impri¬
merie Uzan et Castro, 5647 (1886-87). Titre et 48 pages 14X19. [Publié
en 1887.]
Abrégé de géographie et d'histoire de la Palestine.
2. - .tfjjtf pTO
(La Vérité assure le salut.) (Cette traduction m'a été fournie par
l'auleur, mais elle n'est pas littérale. La phrasé est empruntée à un
proverbe tunisien : L~>! j£-> As- ^jSSD] ^Xj, 13! (Si le
mensonge est un argument (ou une preuve), la vérité sauve mieux).—
(J-X-^ 1 , exemple de suppression du J de l'article: je ne reviendrai
pas sur celte anomalie, que j'ai signalée page 12. — L^! est un
comparatif, ce qui supposerait un adjectif signifiant qui sauve: mais
quel est-il? Ce ne peut être , qui est inusité à Tunis, et qui a
d'ailleurs en arabe littéral un" sens tout autre. Il serait curieux que
ce lut le participe s^, — ou encore que le comparatif n'eût jamais
eu de positif.) ••
Signé:.*} .\y [Chalom Flah]. Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
56 47 (1886-87). Deux feuillets non chiffrés et 91 pages 14X19. [Publié
en 1887.J
Petit roman dont l'action se déroule en Espagne, au temps des per¬
sécutions contre les Juifs, et qui parait traduil ou imité de l'hébreu.
[La publication en avait été commencée le 30 janvier 1887, en feuil¬
leton du journal pnbfc* 11130-]
- 58 —
a- .■pbiitfbtf S^ips
(Dictons des anciens.) Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle [Farhi
et Sitruk], Dar-el-Agha,'n° 9. Sans date [publication commencée le 5
ou le 6 juin 1890]. Il a paru au moins six livraisons d'une page 22X32 ;
je n'ai vu que la première, la cinquième et la sixième.
Recueil de proverbes tunisiens dont Sion Uzan m'a déclaré être
l'éditeur; chaque page en renferme une soixantaine; ils sont classés
par ordre alphabétique de leur première lettre, et la sixième livrai¬
son est encore consacrée à 1' fct.
4. — ^«nn«S«
Journal (1893). Voir page 36.
5. — -Knntfbtf
Journal (1904). Voir pages 41 et 44.
Au n° 31 ou 32, El-Itihad est devenu Journal bis-hebdomadaire
(sic) et a abaissé son prix à cinq centimes, en même temps qu'il- ré¬
duisait son format à 26X39; mais il n'a pas gagné en exactitude : le
n« 30 a paru le 16 novembre 1904, le n° 32 le 7 décembre, le n° 34
le 22 décembre.
e — ' .Kj"Knbtf s]»ris»b«
(Les pages effrénées.) (_ §1—^c^°! : mes dictionnaires ne donnent
comme pluriels de ^.s-s:^ que v_wLs'* et i_ç_^-^=; quand à Aaxr~=,
que je crois avoir vu aussi quelquefois dans le sens de page ou de
feuillet, il fait ^Lc-* 0 et ^X-ass^. Au reste, dans l'idiome juif, page
se dit plutôt AJo, P' ur - oAJo et quelquefois . Ce mot vient
de l'hébreu rabbinique
« Ecrit le jeudi 6 hesvan 5647 (3 novembre 1886); signé par l'oukil
Elie fils de Joseph Cattan.» Imprimerie Uzan et Castro, Tunis. Quatre
pages 21X30.
L'auteur s'élève contre une feuille portant l'en-tête du Comité pro¬
visoire, et où le caïd Michel Uzan était attaqué; écrit qu'il juge im¬
moral et qu'il dit avoir vu dans les mains d'un enfant.
7. - -un )i nypi nbtf pituSk 1| iJcrpOMbs
.thks ij) dkt©
(L'Américain, ou la trahison qui a eu lieu dans la maison Poudam,
à Paris.) « Par David Chemama. » Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
1886. Deux volumes 14X20.Tome 1er, 192 pages, dont le titre sans
tomaison; couverture imprimée, portant « tome premier ». Tome II,
192 pages, sans titre, ni contre-titre, pagination commençant à 1;
couverture imprimée, avec « tome second ». Prix de chaque volume,
3 francs [3 fr. 50 les deux en 1892, 3 francs en 1900].
- 59 —
9 - - .p-nStf
(L'éclair.) «Journal quotidien CQl 1) rempli de nouvelles et d'his¬
toires. Le numéro, un sou (nSlï2 1"lQ13^).»Directeur-Gérant,Simah
Lévy,176, Souk-el-Grana, Tunis.Imp. Sion Uzan. Huit pages 12X18.
Le n° l a paru le 26 décembre 1904. C'est le sixième périodique
de l'année, en comptant El-Boustan.
io. - .^noiibtf
Journal. Voir pages 31,41 et 44.
Le n° 42 de la nouvelle série a paru le 21 décembre 1904; ce qui
fait, depuis la publication du chapitre vu, 9 numéros pour 10 semai¬
nes.
13. - ..]S3ibtf
Journal. Voir page 29.
— 60 —
14. - . rrnnbK
Journal. Voir page 32.
15. — .•bambin pnbtf
(Le juste et l'injuste.) Par Eliézer (ou Lazzero) Farhi. Tunis, Im¬
primerie Uzan et Castro ? Deux livraisons d'une page 22 X 32. Petit
pamphlet dans lequel Farhi combattait, au nom des misérables, un
projet d'impôt sur la semoule. Le juste était imprimé en petit texte,
l'injuste en gros caractères.
16. - .np^pribs
Journal. Voir page 37.
17. — . DDU/Stf
...1^3 1»
(La célèbre chanson égyptienne le salut du sultan (beauté de l'ac¬
complissement des promesses); trois chansons égyptiennes nouvelles :
— 61 —
22.— ^KuiaisbK
Journal. Voir pages 42 et 44.
Le n° 36 a paru le 21 décembre 1904, ce qui donne, depuis l'im¬
pression du chapitre vu, 10 numéros en 10 semaines. Le format du
papier va grandissant, il était de 30X48 au n° 36; mais celui de la
composition reste le même.
J'ai déjà emprunté au Phonographe une gravure assez savante
d'un Israélite tunisien (page 43); ci-après, grâce à l'obligeance du di¬
recteur de ce journal, qui m'a prêté le cliché, je reproduis une œuvre
du genre le plus primitif. Cela représente ingénument, mais d'une
façon très reconnaissable, la synagogue appelée btflU^ (en
hébreu l'Assemblée d'Israël), qui vient d'être ouverte au culte.
L'auteur du dessin et de la gravure sur zinc est un ouvrier relieur
qui signe Jean Bellaïche ; son inexpérience est telle, qu'il n'a pas pré¬
vu que l'impression retournerait l'image, de sorte que l'édifice nous
est montré à rebours. Mais l'exécution d'un pareil travail par un
artisan étranger aux p.remières notions des deux arts ne témoigne-
t-elle pas, précisément, d'une dose remarquable d'initiative et d'in¬
géniosité, en même temps que d'un curieux besoin d'idéal?
Pour que les gens d'humeur joviale puissent satisfaire leurs goûts
sans se noircir l'âme, les chansonniers intitulent élégies leurs cou¬
plets joyeux, tout comme un vendredi, Frère Modesle Gorenflol, de
rabelaisienne mémoire, baptisa carpe une grasse poularde. Il y a
mieux; un certain nombre de qinout ont deux airs : le lugubre, pour
Haguen, et un émoustillant qui sert le reste de l'année.
.A_JL_cj (les Arabes prononcent plutôt coquette, et Ajuw_cj,
coquetterie) vient de J-^j , se dandiner, ce qui est considéré comme
une grande élégance.— \ est l'italien amore.W est assez mal
rendu par amour, qui donne un sens ou trop matériel, ou trop élevé;
il signifie plutôt la cour que se font les jeunes gens. — L'ancien
marché à la paille s'appelle officiellement rue de l'Alfa ; les indigènes
de Tunis, musulmans ou juifs, se servent peu des noms imposés aux
rues par la Municipalité postérieurement à l'occupation française
et continuent la plupart du temps à employer les vieilles dénomina¬
tions.)
27. — .IKtDCID^^
Pastiche de journal. Voir page 33.
28. - .rrrùbtf rrnïDbK nanbobn
(La nouvelle melzouma égyptienne.) Suivie d'un problème d'arith¬
métique. « Imprimé par les soins de M. N.» [Lazzero (Eliézer) Farhi].
Sans lieu [Tunis, Imprimerie Internationale]; sans date. Une page
22X33.
29. — .-iw^iaS«
Journal. Voir page 27.
D'après le no 1 de pnStf "lïtfn, du 22 avril 1886, El-Moubacher
avait cessé de paraître à cette date.
30. — . nn jjbtf
Journal. Voir page 31.
31. - .nSnjbtf
Journal. Voir page 35.
32. - . rmaba
Journal. Voir page 35.
33. - .isnis is nrpSK
(Les Juifs à Corfou.) Sans signature, lieu ni date [par Simah Lévy ;
Tunis, Imprimerie Sion Uzan, 5652 (1891-92)]. Une page 22X32.
C'est le récit, d'après le journal hébreu JTTSïn (l'Aurore) de
Varsovie, des troubles antisémitiques qui se sont produits à Corfou
à cette époque.
34. — y$ D"V IVDj3K | Proverbes Tunisiens | Stf IlDtf
:,3 ,n ntsDKia
(Proverbes... rassemblés par ordre alphabétique par H. 'B. [Victor
Uzan].) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro. Sans date. Seize pages
12 X 18 [tout ce qui a paru]. Contre-titre seul.
[L'éditeur, qui a recueilli plusieurs milliers de proverbes et dictons
tunisiens, n'a pas trouvé le loisir d'en poursuivre la publication; il
songe maintenant à les faire paraître, si ses occupations le lui per¬
mettent, avec traduction française et commentaire. Ce serait rendre
un véritable service aux orientalistes, car M. Uzan est homme à
produire un travail du plus haut intérêt. Le cahier ci-dessus n'a pas
été mis en vente.] Il contient plus de quatre cents proverbes, et
comme le n° 3, avec lequel il se rencontre nécessairement la plupart
du temps, il n'épuise pas la lettre .
En voici un spécimen :
- 65 —
— 3 —
38.- .T1J TqSk
(Nouveau bateau à vapeur.) Sans signature [par Simah Lévy], Se
vend à la Librairie Hébraïque (Simah Lévy — Tunis). Sans lieu ni
date [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1890]. Une page 20X*27.
Horaire d'une ligne de petits vapeurs entre Tunis et La Goulette,
ouverte le 27 novembre 1890, et qui dura peu. Il est précédé d'un
morceau en prose rimée, célébrant les bienfaits de cette création.
L'auteur termine par ces exclamations loyalistes : ! SJTD nSStf
! I nD2ï*"lS tt^yn (Dieu rende victorieux notre Seigneur [le bey]/
Vive la France ! !)
— 66 -
— n—
42. - n«T pjpbtfi n«iDnaS« y>Dj 's | mn'jn
|D l 5»i
■pijinbtf armi | maipbKi nKDTnnbKi rwtttjbw ny^n
.192 'ia ppih& pio '■s T'ïi j*pï | nusn is ynbS
(Catalogue de tous les récits, les histoires, les hautes aventures, les
chansons, les melzoumas, les élégies, etc., gui existent en vente à la
boutique de Sion Uzan (que son Créateur et Libérateur le garde!),
Souk-el-Grana,n° 192.) Ce titre est précédé du mot Catalogue.Tunis,
Imprimerie Sion Uzan,.1897. Huit pages 12X18.
43. - ...yDa. ^ mnin
Comme ci-dessus, sauf que □rT"P3 est remplacé par pKTltf, feuilles.
Sion Uzan, 176, Souk-el-Grana, Tunis, 1903. Huit pages 11X16.
tre » 1 . En conséquence, le soir d'une fête est celui qui l'ouvre et non
celui qui la suit.
Le soir du Rosch-ha-schana, le chef de famille bénit une série d'a¬
liments qui représentent, m'a-t-on dit, ceux de toute l'année. Le pro¬
gramme de la bénédiction s'appelle feuille du miel, parce que la
cérémonie débute sur un morceau de pomme trempé dans le miel
(celui-ci étant de bon augure).
La nomenclature des aliments à bénir n'est pas absolument inva¬
riable. Sur la présente feuille, ce sont : J.~.xJI, le miel; A-jcJ yJ!, les
figues sèches conservées au sel ; ^"^jJjJ! pour ^^-s-L^!!, le sésame ;
^U^JI ; les grenades; .^UjJI , les pommes ; ^..LJI, la blette ; > ^a
courge; ji), la tête [de mouton\; le poisson; JS»sJ!, les fèves ;
.'-isbntfbtf
(Réglementation du service des droits sur les propriétés qui sont
aliénées.) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1894. Vingt-neuf pages
11 X18 (rogné).
59 - - .pan bwm
Pastiche de journal. Voir page 31.
— n -
60.- ...kdid wtd înaro nV» m
(Amulette écrite par N. S. Moïse, etc.) Sans signature, lieu ni date
[par le R. Juda Germon; Tunis, Imprimerie V. Finzi? 1902]. Deux
pages en regard sur feuille 32X25.
Prière pour S. A. Mohamed-Bey à son avènement au trône (11 mai
1902). Hébreu en lace de l'arabe.
(j y^, amulette, est employé par les Arabes ; les Juifs disent o^*^>
plur. — Les paroles attribuées à Moïse ne se trouvent pas
dans la Bible. Quoique n'ayant en apparence rien de particulièrement
cabalistique, elles sont peut-être tirées du Zohar ou de quelque autre
ouvrage de cabale. — D'après Aboul-Walid Merwan ibn Djanah l ,
l'hébreu D^lin (perles ou pierreries enfilées en collier, Cant. des
Cant., i,10) signifie chez les rabbins vers,poésie; aussi avais-je pensé
tout d'abord que Germon donnait peut-être àj^x un sens analogue.
Mais il rend ce mot par }PQp, qui veut bien dire amulette en rabbi-
n i que.)
- b —
97. - rmhx ra-ro
fZa caroube de la corde du puits.) Librairie Hébraïque, Simah Lévy,
Tunis, « rue du Chara'». Anonyme [par Simah Lévy]. Sans nom d'im¬
primeur [Imprimerie Internationale] ; sans date. En vers.
C'est le numéro 1 de DfcfuStf T\TO (voir page 37).
98. - .DiO^tf tso
Recueil prétendu périodique. Voir page 37.
Depuis l'impression du chapitre vu, j'ai pu prendre connaissance
des numéros 1 à 7 (et non pas seulement 6) de ce recueil; on les
trouvera à leur ordre alphabétique; ce sonl :
•pssDn yotft3pbK(3).,rTTrçJi ît;jkw.(2) nvch# rarù.>(D
.mnînbK r\wi m ,Tn& nai-Sa (5) .fsinn iinnow ,jr6b
."|KÏD"I D^X nwj(7)
J'ai mentionné, page 39, note 1, trois chansons portant l'avant-titre
Djnjbï* WD ; il convient d'y ajouter PP"!^ ]U rVïMS.
99. - .nDioSsmos jidto
fLa dispute de la pâque et de la fête des Cabanes.) Signé : F.-J.[Félix
Berebbi et Jacob Cohen]. Imprimerie Internationale, Tunis. Sans date
[vers 1892]. Une page 22 X32.
Chanson.
100. - .oms nysSb
(Les divertissements de Pourim.) Signé ; S. L. [Simah Lévy]. Im¬
primerie Vittorio Finzi, Tunis; sans date [au plus tard 1897]. Vingt-
quatre pages 14X19 et couverture identique au titre.
Recueil de chansons et de vers. Au bas de la dernière page, l'au¬
teur invite « les souscripteurs à ce livre à ne le prêter à personne,
afin que tout le monde l'achète».
101. — .mn 1 fco -odj i^bb
(Laisse-moi m'enivrer, ô Juif!) Début d'une poésie sans titre, sui¬
vie de "[DiD yiOfS (chant à acrostiche alphabétique) en hébreu.
Imprimerie Sion Uzan, Souk-el-Bey, n° 29, Tunis. Sans date [vers
1890].Quatre pages 15X24.
Chants pour la pâque. [On s'accorde à désigner Isaac Gandus
comme l'auteur]; pourtant, la poésie arabe renferme l'acrostiche
suivant :.ptn *\0V W W'inn T?3 imStf tJK (en hébreu,
je suis Elie, fils de notre honoré maître le savant et illustre rabbin
Joseph Gaedj (qu'il soit fort ou prospère !). Ce sont là mystères qui .
- 81 -
— 1—
102. — sSy spj iivdut în'urn nb« ] d«vS» vrn
.5648 nwn 3 'ra b"T mijw ^mo 'i
(Oraison funèbre du bout de L'an du R. Mardochée Ganouna (que sa
mémoire soit bénie !) prononcée par Simèon Nataf le 3 tisri 5648 (21
septembre 1887).) Tunis, Imprimerie Uzan et Castro, 1889.Vingt-trois
pages 12X18.
1 Yethro, sacrificateur de Madian et beau-père de Moïse (Exode, ni, 1 ; rv, 18), est le
Scho'aïb du Coran (vu, 83-91 ; xi, 85-98; xxvi, 177-190; xxix, 35, 30).
2 Commentaires sur l'Ecriture rédigés du iv au xin siècle de notre ère.
— H5 —
»
— 92 -
défigure les mots. Il montre, toutefois, combien les Juifs sont loin
d'attacher à La quantité la même importance que les Arabes : aussi
eol-il souvent impossible de savoir des premiers si une voyelle est
brève ou longue, eux-mêmes n'étant pas fixés sur ce point.
Ce qui doit consoler de la perte du chansonnier de Bonan, c'est
qu'un recueil analogue, du plus haut intérêt, a été publié récemment
en arabe à Alger 1 . Mon ami et collègue M. Isaac Cattan en parlera,
je pense,dans sa prochaine «Année orientaliste» de la Revue "Tuni¬
sienne.]
145. — .nnSur pio nrpSo
(En hébreu prière à acrostiche sur Salomon.) En hébreu. Suivi de
frOJ^ rPiOn (histoire du naïf.) Anonyme [Lazzero FarhiJ.Sans lieu
ni date [Tunis, Imprimerie Nouvelle, Farhi et Sitruk, 1890]. Un feuil¬
let 16X22.
146. — .nnbur pio nn'bc
Suivi de~|12D PDTrtO (melzouma de Kippour' 1 J. Signé: Y. [Simah
Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Internationale, avant
1896]. Une page 28X19.
147. — .naw
(Longue vie.) Par Lazzero Farhi. Tunis, Imprimerie Uzan et Cas¬
tro, 5652 (1891-92). Seize pages 12X18. [Publié à 15 centimes.]
Recueil de morceaux édifiants en hébreu et en arabe. Renferme,
entre autres, l'acrostiche sur Salomon (v. n os 145 et 146).
(A*jta (j-^—, souhait que les Arabes s'adressent mutuellement au
ç,UJi ou premier jour de l'année musulmane.)
148. — .jribim^ n-pû
(L'a Azaliaden.)
Voir pages 501 (1904) et 30, note 2 (1905).
fait ici pléonasme, l'idée vie de ou aventures de étant conte¬
nue implicitement dans le mot forgé A_Jtjt.)
«Traduit par Lazzero Farchi.» Livourne, 5645 (1884-85), Imprimerie
Israël Costa. Vingt-trois volumes ou fascicules 12X18 (rognés), dont
chacun avait un titre en feuillet volant non chiffré; le texte forme 821
feuillets ou 1642 pages. Outre le foliotage en chiffres hébraïques, il
existe une pagination à l'européenne à partir de 17 : ce détail, qu'on
pourrait juger puéril, a son importance, car il fait toucher du doigt
— 'tïT—
162. - .mnj rw^*
(Jardin nouveau.) (En vers.) Suivi de l!~Qtfn>tf1 D!~N (en prose)
et de TlpîPïO 331Q (en vers). Signé : Simah Levy. Sans lieu [Tu¬
nis, Imprimerie Internationale]; sans date [au plus tard 1892]. Une
page 28X20.
C'est le no 2 de ÏDïOV^ rO"b (voir p.388,1904,et 134,1905). Le pro¬
verbe auquel le litre du dernier morceau fait allusion y est cité en
ces termes :
— ï—
169.— ' .pn
tfvn Trrbtf" awybK rws
(Le plateau du jeune homme; les Juifs avec Aman.) Deux chan-
sons, suivies de "jpn ïWp (complainte d'Amqn et çte Zérès),
de nn-Dp (dalle de tombeau) en prose, et d'un avis de la «Librairie
Hébraïque » signé Simah Lévy. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie
Sion Uzan; cité en 1897, mais plus ancien]. Anonyme [par Simah
Lévy]. Au bas de la dernière colonne : Eviter les ContRe façons (sic).
Une page 41X28 sur quatre colonnes.
(Zérès est l'épouse d'Aman 1 .)
— ir -
i7o.- *S^Snb« "ï
(La lumière du croissant.) Par Simah Lévy. Tunis, Imprimerie Of¬
ficielle, 1887 ou 1888. Quatre feuillets in-8°.
Mélanges en prose.
- y-
171 -— .rwkfti "Diiy
('Aroubi et chansons.) Par .3 .¥ [Sion Berebbi]. Tunis, 5647 (1886-
87), Imprimerie Uzan et Castro. « Prix, une demi-piastre (30 cent.).
En vente chez M. Lazzero Farhi, M. Abraham Touil et le R. Siméon
Jaoui.» Douze pages 12X17 et couverture imprimée tenant lieu de
titre. [Cité à 20 centimes en 1887.]
Renferme : 1° tfitfJJJl UTIV ; 2 ° ^VN.
(^jjjz, genre de poésie arabe.)
172. — .rwî«ji "ony
Par 3 [Sion Berebbi]. Seconde édition. Tunis,Imprimerie Uzan
et Castro, 56 47 (1886-87). Seize pages non chiffrées 12X17. Couver¬
ture servant de titre; à la 4" page, avis de l'éditeur. Prix, un tmen
(8 centimes).
Renferme les deux pièces du numéro précédent, avec additions
dans la seconde, plus : fc03*Dtf DDp (le lot du monde), comprenant
tflJlStf VU ""S ÎIOT^D (mehouma sur les déceptions de ce monde)
et une chanson sans titre, commençant par: tfi 21W *pD
(d e l'absorption du vin (tu m'enivres comme le vin), ô
brune I).
(jïjj-tk au masculin, en parlant d'une femme, est pris substanti¬
vement; il faut entendre : 0 toi, [douée de la] couleur brune.)
— LOT —
m.- .npib m
(Les travers de l'époque.) Signé : 3"3 [Bnini Scemama]. Prix,10 cen¬
times. Tunis, «Imprimerie de Jérusalem (Imprimerie du R. Lazzero
Farhi et de Varios) », 1901. Huit pages 12X18.
Melzouma.
(O-iy ! pourrait signifier également les ennuis ou les contra¬
riétés du temps.)
— 5 —
178. - | rpDinwv* n-n&J1 rrnsn byjvï«3 |. wéSA
.Wlty mibn tfb jïwas
(Chansons : chanson sur une Egyptienne ; chanson de la mousti¬
quaire; chanson « N e rne blâmez pas-».) Prix, trois sous. Anonyme
[auteur, Simah Lévy].Tunis, Imprimerie Sion Uzan,1894. Huit pages
12X18.
179. - «i (2 | iiï^k «bynb\s*Q (i | nsrwii
I rrnïnbK wiwn (4 | znnrrabtf (3 | S«DjbK in*a
."•JNSiix min duSn o
(Chansons égyptiennes : 1° « Toi qui te balances sur les rameaux » ;
2° « 0 éclatant de beauté!»; 3° a Le bien-aimé est venu me voir» ;
4° « Hanaïna l'Egyptienne »; 5° «.Le sommeil est interdit à mes pau¬
pières ».) Anonyme [Jacob Cohen]. 1902. Imprimerie Sion Uzan, Souk-
el-Grana, 176, Tunis. Huit pages 12X18.
(L>Us. pour A.u-^, diminutif de Hanna. La racine est commune
à l'arabe et à l'hébreu dans le sens d'avoir compassion, être charita¬
ble. Une femme qui trait une vache lui dit : (les verbes ont
perdu le féminin de la deuxième personne, sauf dans quelques tri-
- 108 —
- ijtfn
185. rpwsï | rri'-btf" ninoba rPKM
S«n ^ï» rpwtf | îaînj p rwtjtiT pwkpp rwj;p |
nvbn'^ (i | nïn nsvaji | nwn by ^ nwji | nbnbK
.Wtf M** "St^S T3b (3 | "ppW ( 2 : ^DD
(Chanson de la brune et de la blanche; chanson « Mani, Mani, 6
Mani /» ; chanson « i7 gémit, il gémit de son amour » ; chanson « A yne
dem i-piastre, la dègla ! » ; chanson « Hélas ! hélas ! les filles ! » ; chansons
égyptiennes : 1° « 0 douceur, ô ma consolation! » ; 2° « 0 amoureux ! » ;
3° «Privé de ta faveur, je me plains «.Anonyme [Simah Lévy]. Tunis,
Imprimerie Sion Uzan, 1896. Huit pages 12X18. Avant-titre : TSTO
QiOJsbi*- [Catalogué à 10 centimes en 1897.]
G G
( Lifo ou simplement Lifo, en français local dègla, la variété
la plus estimée des dattes des oasis tunisiennes.
«A une demi-piastre (c'est-à-dire à vil prix) la dégla! », réflexion
grivoise que les jeunes gens font quelquefois en passant à côté d'une
fille aux formes opulentes, et dont celle-ci se sent rarement froissée,
l'embonpoint étant la beauté suprême en Orient. (L'argot parisien
dit dans une intention analogue : « Il y a du monde au balcon. »)
C'est sûrement à la sélection résultant de cette esthétique spé¬
ciale et fort ancienne, autant qu'au régime de vie, qu'il faut attribuer
la tendance à une obésité phénoménale, aujourd'hui héréditaire
chez la Juive tunisienne, et qui, (ait intéressant, ne se transmet que
rarement à l'homme. On aidait d'ailleurs à cette disposition natu¬
relle, il y a quelques années encore, en engraissant les filles à ma¬
rier au moyen d'un traitement spécial, dans lequel le fenugrec (LA=>)
et le foie de mulet jouaient un grand rôle.)
[La première chanson est la réimpression du numéro précédent,
mais les trois derniers couplets y sont supprimés.]
186. -1 Dtfï'o^ t;2 i nwji | rwa^ rtua^ | rv&ij
/an? rwaw . v nsn n»iw'j kint Nrrsi
et a été déformé comme eux. Il est ainsi devenu AsAi et même tjjà,
ainsi que vous l'écrivez. »
L'étymologie est d'autant plus intéressante, que le mot défiguré,
qui a encore en Algérie son sens primitif, en a pris un tout différent
chez les Juits tunisiens.
ji y> , pour Jijj.)
187. - .bis'^i -innn 5* rPitjj
(Chanson du mhamer (aubergines farcies) et des fèves.) Suivi de
bljbbtfl "IDnobb , 31"1V Ttà^'iZ (strophes de'aroubi sur le mhamer
et les fèves). Anonyme [par Simah Lévy]; sans lieu [Tunis, Imprime¬
rie Sion Uzan]; sans date [cité en 1897]. Une page 19X28 sur deux
colonnes.
- rrwÀ'i rnsax^ by »ïn «m« | itru
188. | |
« L'œil bleu est la vague des mers; l'œil noir, le scarabée des tom¬
son « Liri ya liri-»; chanson «.Et ce que je te dis».) Ce titre est pré¬
cédé de : Chansons égyptiennes modernes. « Se vend à la boutique
renommée (H^ODC) de M. Simah Lévy, rue Sidi-bou-Hadid, n°24.»
Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imp. Sion Uzan, 1903. Huit pages
12x18.
197. -n\s m.-1 fi««a tiis rum^ tfby nwj
% | |
199. - -^dt
| nan «i | ««n nmj |
rvw3
j
salue une bédouine y>; et deux chansons égyptiennes.) Prix fixe: 10 cent.
Anonyme [auteur, Simah Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898.
' Huit pages 12X18.
(ifOowstaèj, genre de poésie arabe.)
206. - wto
| nnbtfD w | m^aa
15 rr>î«3i [
ntfba^ td
. isy^ (4 nnV* ^k-û (3
:
,n^a n«i«34i
(Chanson « 0 cavalier,prends des lettres-»; à la suite, chanson «.Bar-
dou ! Bardou ! Bardou ! » ; chanson «J'ai vu aujourd'hui une gazelle »,
et chansons égyptiennes.) Anonyme [Simah Lévy]. Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1897. Huit pages 12X18.
(Bardou est le nom d'un homme.)
."pDfnn i-iïn
(Chanson « O femme à l'œil noir », imporianie chanson arabe de
quarante couplets rédigée dans le plus beau style par l'écrivain Ibn
Daoud l'Imam dit Abou Dinar. Viennent ensuite des chansons égyp¬
tiennes renommées, comme « La joie de la vie », « Par ta vie ! je veux la
possession », « O douceur, ô ma consolation ! », « L'amour m'a brûlée »,
etc., et quelques importants zendalis égyptiens.) Signé : J. O. [Jacob
Cohen]. « Lieu invariable (iQD~! ffcOQ) pour la vente, les boutiques
des flls Yizaki Cassuto.rue Bab-Carthagina.» Tunis, Imprimerie Sion
Uzan, 1893. Huit pages 12X18. [Catalogué à 10 centimes en 1897.]
(Ibn Daoud l'Imam dit Abou Dinar est la traduction de ha-Cohen,
fils de David, dit Dinar. Le ,Lo, d'après H. Sauvaire 1 , valait à Bag¬
dad environ 14 francs de notre monnaie,celui des Almohades et des
Hafsides était de 14 fr. 80; à Tunis, c'est une monnaie de compte qui
vaut dix caroubes (40 centimes). — J,\^>j, genre de poésie arabe.—
s'emploie aussi dans le sens d'officiel.)
[Une autre chanson «O femme à l'œil noir», inédite, mais assez
connue, a été composée, paroles et chant, par Isaac Lévy.]
- 2 ,3 -
215. - nS'tfS
Journal. Voir page 30.
216. — ,itf3 :v nanSm Dsiass ntoSis
(Les farces d'Abou Noutoas; melzouma de la souris.) Anonyme
[Haï Sarîati]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Nouvelle [Farhi et Si-
trukj.Sans date [1890]. Une page 22x32.
Le premier morceau est en prose.
(Abou Nouwas, que les Juifs tunisiens appellent Banouas, est le
célèbre familier de Haroun el-Rachjd; les Arabes lui attribuent une
foule de plaisanteries souvent obscènes 1 .)
217. —.nbiETai w-irin narrai Daijaai|tfm nsjoVsi
Les farces de Jeha, Abou Nouwas, Mahmoud Mahras et Bertoldo.)
Signé : Simah Lévy. « La livraison, une caroube seulement. » Sans
lieu [Tunis, Imprimerie V. Finzi]; sans date [cité en 1897, mais a
sans doute paru avant la réforme monétaire de 1891]. Quatre pages
1 Le divan d'Abou Nouwas a été publié au Caire en 1898, par Iskender Açaf, avec
éclaircissements et notes de Mahmoud Efendi Wasii (139 pages grand in-8°); un .vo¬
lume contenant les chansons bachiques avait été édité par Ahhvardt en 1860.
i
- 119 -
14X19.[Il n'a été publié que cette livraison,qui renferme onze anec¬
dotes en prose sur Djaha et ne parle ni d'Abou Nouwas, ni de Mah¬
moud Mahraz, ni de Bertoldo.]
(Sur Mahmoud Mahraz, voir page 39.—Bertoldo est, dans cer¬
tains récits populaires italiens, une sorte de bouffon du même genre
que Djaha.)
218. - ,t21D3D^ DniS
(Le Pourim du riche.) Prix, trois sous. Anonyme [Vita Sitruk].
1894. Tunis, Imprimerie Sion Uzan. Huit pages 12X18.
En vers.
219. - .sfev nnia
(Le Pourim de l'indigent.) Prix trois sous. Anonyme [Vita Sitruk].
1894.Tunis, Imprimerie Sion Uzan. Huit pages 12x18.
Eu vers.
étoffe, à talon, j^^-'-f (italien pantofoie), celles à semelle de bois, ^_Sj_y~> <■_
(soques à l'européenne). Le singulier des noms de chaussures désigne toujours la
paire : >_ paire de soques; -~*Jj , paire de babouches, i»l-Â~>, paire de sou¬
liers, etc. Aussi les Tunisiens disent-ils généralement en français : «J'ai fait un sou¬
lier» . pour «Je me suis fait faire une paire de souliers». Pour une
mule, un soque, on emploie les périphrases ^J^-"*? *^?, V^^M *Sj>. (De même,
un battant déporte se dit *_->'j i*^.)
2 J,llk^.
•* c ■ c
3 pour ï-(f^, fruits secs. — > noisettes, sing. et coll.; on dit aussi
jA2*.\ jj), amandes rouges, pour distinguer ce fruit des^ amandes véritables, qu'on
appelle souvent \j) amandes blanches. — v-^;^--^'(italien confetti), dragées.
.. *» "
-- t pâte sucrée sèc/ie.
— 122 —
3 ^-"liw, nom d'un. -^-sL«i~., castagnettes nègres tenant également des cym-
t I ç. , o
baies.— j_yr^> gros tambour. — —Ij-^- 3 tambourin. Les Tunisiens ne sont pas
bien fixés sur la valeur exacte de ce mot, qui semble avoir le sens général d'objet ser-
- 123 —
S^Lst-, sorcier.— ^j^^ s (pour ç~^>), plur. (_^îli=, talisman. Le verbe ^p*^=
veut dire avoir l'esprit troublé,perdre la notion exacte des choses.
4 On sait que le nom de keroub parait s'appliquer au taureau ailé à tête humaine
— 124 —
le dieu Sylvain et les Faunes chez les Latins, toutes divinités procé¬
dant du bouc. C'étaient là sans doute des symboles pour les pen¬
seurs d'autrefois, mais non pour le peuple, qui prend toujours tout
à la lettre.
L'aspect des jnoun est le plus souvent formidable; cependant, ils
nous apparaissent avec la stature qu'ils veulent, tantôt minuscules
comme le grain de poussière qu'on foule sans s'en apercevoir, tan¬
tôt aussi monstrueux «que le Jebel Zaghouan,dont le sommet crève
les nues ».
En thèse générale, les maux, à part ceux qu'on s'est manifestemen t
attirés par sa propre faute (et encore I), sont causés ou par les gé¬
nies, ou par le mauvais œil, dont il sera question plus loin.
La plupart des Juifs croient aux revenants et en ont grand'peur.
S'il vous arrivait d'en rencontrer un, se promenant «vêtu de son
suaire », sachez qu'il faut réciter la formule Vihi no'am Adonaï, puis
crier au spectre : Erja' Iqabrek (Retourne à ton tombeau). Le moins
timide ne traverserait pas un cimetière la nuit. On Irouve en France
la même peur irraisonnée chez des gens d'éducation supérieure :
effet des contes de nourrice entendus dans la première enfance,
peut-être aussi d'un obscur atavisme.
Quand deux frères ou sœurs ont péri de mort violente en un même
lieu (le cas était moins rare il y a cent ans qu'aujourd'hui), le «mé¬
lange de leur sang» donne naissance à une sorte de larve appelée
'oubeyta 1 , qui a la spécialité de se métamorphoser comme Protée,
passant continuellement d'une forme à une autre toute différente.
« On dit qu'on la voit sous l'apparence d'un âne,écritLazzeroFarhi 2 ;
ensuite, elle se transforme et devient feu, puis de feu, mariée ; bref,
elle se change d'une foule de façons, comme le caméléon.» Mais
sous quelque figure qu'elle se montre, il n'y a rien d'avantageux à
en attendre. Exemple :
Un paisible tailleur s'en revenait de la capilale; ayant perdu son
chemin, il se trouve pris par la nuit dans une gorge aussi sombre et
aussi compliquée que les souks de Tunis la Blanche. Déjà il déses¬
père d'en sortir, quand un hihan ! sonore éclate, et un rayon de lune
lui montre, nez à nez, un joli petit âne tout bâté et tout bridé. « Par
ma vie, se dit-il, je ne suis pas loin d'une maison ou d'un douar : en
laissant la bride sur le cou au behim 3 , il va m'y conduire. » Et bé¬
nissant son étoile, il enfourche la bête. Mais il n'a pas pris son as-
surmontée d'une tiare, dont le Louvre possède quatre spécimens colossaux prove¬
nant du palais de Sargon, àKhorsabad (vm c siècle av. J.-G.).
— 125 —
siette, qu'il se trouve à dix coudées du sol : les jambes de l'âne al¬
longent, allongent toujours. Notre homme, terrifié, reconnaît à la
lueur d'un éclair qu'il est. tout contre la façade d'un édifice en rui¬
nes, «plus haut que le palais Baccouche » ; encore un instant, la crête
sera dépassée : il se cramponne instinctivement au grillage d'une
fenêtre. En un quart de clin d'œil, l'âne échassier devient fourmi,et
l'infortuné Juif reste suspendu à son barreau, jetant dans la nuit des
appels désespérés, sans autre écho que le ricanement tout proche
d'une hyène...
On n'a pas su me dire s'il y est encore.
Lorsqu'un décès se produit, les habitants de la maison mortuaire
et même les,voisins qui ont une ouverture sur celle-ci ne manquent
pas de jeter le levain conservé dans chaque ménage. L'ange de la
mort a coutume, en effet, « d'y essuyer le couteau dont il se sert pour
exécuter les arrêts du Tout-Puissant », ce qui fait de la pâte un poi¬
son. On vide aussi les cruches qui contiennent la provision d'eau; à
Sousse, on jette en outre le sel 1 .
On raconte que deux ou trois rabbins de Tunis, ayant conçu (ô
incrédulité du siècle !) des doutes sur l'orthodoxie de cette pratique,
ne virent d'autre moyen., pour les éclaircir, que de faire pétrir leur
pain avec du levain jeté à la rue dans ces circonstances. Il y avait
bien à cela quelque héroïsme, aussi suis-je heureux de faire con¬
naître que ces braves gens n'ont pas éprouvé la moindre indisposi¬
tion. Cependant, quelques vieilles hochent encore la tête, bougon¬
nant qu'il faut attendre la fin !
La tradition rabbinique admet que d'innombrables légions d'an¬
ges veillent aux moindres détails du fonctionnement de l'univers;
cette croyance, d'origine iranienne ou peut-être sumérienne, a d'ail¬
leurs été repassée aux Aryens par les Sémites. L'eau potable, qui
est ce qu'il y a de plus précieux en Orient, est,naturellement, l'objet
d'une surveillance toute spéciale de la part des phalanges célestes 2 .
Et comme Dieu seul est infatigable, les gardiens à qui cette tâche
incombe sont changés quatre fois l'an, à l'instant du passage d'une
saison à l'autre (HSlpP)- Le remplacement dure exactement une
1 Dans certains villages de Picardie, on jette en pareil cas l'eau de la seille qui sert
de réservoir, parce que l'âme du mort s'y est lavée. Un livre mal écrit, mais d'un vé¬
ritable intérêt ethnographique, m'apprend que cette coutume se retrouve dans d'au¬
tres régions (voir Dieudonné Deegny : Usages, coutumes et croyances, tome I (seul
paru, je crois), Abbeville, 1885 (la couverture porte 1887), in-8», page 34).
Toujours en Picardie,on met un crêpe aux ruches, que les abeilles abandonneraient
sans cette précaution. Il est encore admis que si ces insectes essaiment le jour de la
fête du Saint-Sacrement, on trouvera dans la ruche un petit ostensoir en cire.
2 Les Sabéens et les Himyarites croyaient à l'existence de nymphes chargées de
protéger les puits. — .1. Toutain, Gr. Encycl., t. 24., p. 681 a.
— 126 —
1 Dans le mazdéisme, « celui qui se peigne nu se taille les cheveux et les ongles ne
doit pas laisser les déchets à terre. S'ils y restent plus de la moitié du jour,il faut les
porter dans une espèce de fosse, racler l'endroit el le laver». (Malvert : Science et
religion, 1899,p. 102.) Le culte des cheveux fait l'objet du fargard xvn du Vendidàd.
A Rome, les Flamines devaient enlerrer sous un arbre fruitier leurs cheveux et leurs
ongles. En Irlande, il est défendu de brûler les cheveux, il faut les enterrer : le posses-
— 127 -
Une femme enceinte qui marche sur des rognures d'ongles avorte
infailliblement.
Au dire des Arabes de Tunis, si un sorcier parvient à se procurer
des rognures d'ongles ou de cheveux dont il connaît le propriétaire,
il n'a qu'à les brûler la nuit avec des aromates pour contraindre
cette personne à venir le trouver et à lui obéir en tout.
Si, dans un appartement, on fait bouclier une porte, il ne faut pas
que la maçonnerie remplisse complètement la baie : on laisse dans
un angle une petite ouverture. C'est que Dieu dispense chaque jour
aux fidèles le bien-être par l'entremise des bons anges: au cas où
un de ceux-ci, ayant l'habitude de passer par une porte, la trouve¬
rait condamnée, il irait ailleurs et laisserait la maisonnée dans la
misère.
Dans l"s familles juives, il est d'usage de fabriquer de l'eau de
fleur d'oranger au moyen d'un grossier alambic 1 en fer-blanc. Mais
la distillation ne peut être menée à bien que par une femme mariée;
encore faut-il que l'opératrice ait commencé dès la première année
de son mariage, et n'en ait, depuis, jamais sauté une.
Les Tunisiens, les femmes surtout, montrent une répugnance
presque invincible à se laisser photographier. C'est qu'on leur ravit
par là une portion de leur existence.
Ayant un jour donné à une fillette une poupée 2 , je ne tardai pas
à découvrir que les parents s'étaient empressés de la faire dispa¬
raître; mais ce ne fut que beaucoup plus tard que j'en connus le pour¬
quoi. Un jerm aurait pu, parait-il, se glisser dans ce mannequin pen¬
dant la nuit, l'animer et lui faire commettre toutes sortes d'excès.
Des nombreux préjugés qui tiennent à une exagération des pré¬
ceptes de la religion juive, je ne dirai que deux mots, le sujet étant
un peu délicat.
Le vin ou le vinaigre devient trifa, c'est-à-dire impur, si la bou¬
teille qui le contient est touchée par un non-Israélite.
Le samedi, on frappe aux portes avec la main à plat au lieu de se
servir du heurtoir, à cause, m'a-t-on dit,de l'interdiction de toucher
au feu : le choc du fer pourrait,en effet,faire jaillir une étincelle.On
ne se peigne pas ce jour-là, de peur d'enfreindre la loi du repos.
Le Juif tunisien s'abstient de manger chez un Israélite européen,
le regardant comme hérétique au point de vue de l'alimentation et
même à d'autres.
projeclile immatériel, sont les enfants, surtout les beaux, les jeunes
filles et les nouvelles mariées, la femme qui vient d'être mère; mais
il s'exerce aussi contre les maisons, contre les chevaux, etc. On met
en péril un enfant en louant sa beauté, un cavalier en lui faisant
compliment sur sa moulure. Les chances normales d'être «pris par
l'œil» se trouvent singulièrement accrues lorsqu'on étrenne un objet
quelconque, vêtement, apparlement, etc. Aussi ne manque-t-on pas,
lorsqu'on voit quelqu'un dans ce cas, de lui dire : Mabrouk ! (béni !).
Les habitants de Djerba, peut-être en leur qualité de khamsiyya
(du cinquième rite, c'est-à-dire hérétiques), sont particulièrement
réputés pour avoir le mauvais œil. A Tunis, pour accuser qnelqu'un
de ce vice ou de cetle infirmité, on dit : « Il a un œil djerbien 2 . »
Quelques formules et une foule d'amulettes servent à combattre
cette influence maligne.
Les paroles généralement usitées sont : jJJx (ou jS*a) A_iu_*_à.
(cinq sur toi); Oj£b (avec le poisson sur toi); ville,
i Pages 21 ; 51, note 1 ; 18, noté i.
fi iJ-LC .
£/? tjt
— 129 -
Le khamsa
Dans le khamsa qui est figuré ici, le poisson n'existe pas, mais la
patte de suspension offre la particularité d'être pointue, ce qui est
encore une mesure contre le mauvais œil.
C'est par délicatesse qu'on déguise la main de la sorte, et on la
rend plus méconnaissable encore; ainsi, sur les portes des mos¬
quées, des zaouïas, des marabouts, elle devient une lyre à trois cor¬
des. Il est malséant, en effet,de paraître soupçonner quelqu'un d'avoir
le mauvais œil. C'est pourquoi, dans le langage, on évite l'emploi du
nom de nombre cinq; on y substitue une périphrase, comme s.L^ 2
C r G l ^ 9
3 (quatre et quart) ou Jj ^ (le nombre de ta main).
Le cierge à cinq branches que les Musulmans emploient dans
leurs cérémonies est, lui aussi, un dérivé de la main de Fathma.
Pour protéger les enfants contre le mauvais œil, on leur fait por¬
ter en collier une chaîne d'argent garnie sur sa longueur des objets
suivants :
Main de Fathma, poisson, clef, croissant, fer à cheval, le tout en
argent ou même en or; une ou plusieurs cornes de corail (amulette
fort usitée dans toute l'Italie méridionale); une paire de défenses de
porc, montées en forme de croissant au moyen d'une virole d'ar¬
gent; des sachets d'alun, d'ouçeq (sorte d'encens) 2 , de terre de Jéru-
1 La main levée, les doigts accolés, la paume'en avant (geste d'adoration ou de dé¬
préciation chez les Assyriens comme chez les Egyptiens), est un emblème fréquent
sur les stèles puniques.
2 SjU^, plur. jL-ga., lot de quatre objets de même nature, œufs, pommes, etc.,
qui se vendent ensemble. 2jL£t désigne aussi le quartier des Juifs, le ghetto.
3 w*-^, alun. — (j^>3, encens formé d'une gomme-résine et d'une matière noi¬
râtre pétris ensemble.
— 131 -
1 A rapprocher des porte-bonheur usilés en France, surtout chez les femmes ga¬
lantes : bossu, petit cochon, trèfle à quatre feuilles, etc.
2 Un ouvrage faussement attribué àDémocrite, et qui a péri, accordait des vertus
fantastiques au caméléon et à chacune des parties de son corps.— Voir Pline,
1. XXVIII, c. xxix.
3 ^°^}, ou j>I > jaspe sanguin. — Acj j , tarente. — j-^ I ^ > camé¬
léon. - > coiffe que l'enfant apporte en naissant (ar. rég. ^j- 3. > voile). On dit
l
— 135 —
les méfaits des sept esprits du mal 1 ; dans une seconde, le dieu Zu 2
entreprend de « gouverner la semence des anges » 3 .
Les bons et les mauvais génies sont fréquemment représentés sur
les monuments de Babylone et de Ninive.
Les premiers, ou du moins les personnages classés comme génies,
par opposition aux démons, au musée du Louvre et dans les ouvra¬
ges dont je dispose, mais dont plusieurs sont peut-être des dieux,
ont constamment deux paires d'ailes. Leur figure se rattache tou¬
jours à l'un de ces quatre types généraux : anthropomorphisme à peu
près complet; fusion de l'homme avec le lion,avec l'aigle ou avec le
taureau 4 .
Les génies anthropomorphes, que Delitzsch qualifie d'anges, sont
souvent représentés cueillant ou présentant le fruit de l'arbre sacré
ou arbre de vie, fruit qui a une curieuse ressemblance avec la pomme
de pin des stèles carthaginoises 5 . Parfois un d'entre eux, sorte d'ange
gardien, suit le roi à la guerre ou à la chasse aux fauves, élevant près
de sa tête le fruit sacré 6 .
Dans la seconde catégorie, nous voyons tantôt le corps du lion
avec une tête humaine (sphinx ailé) 7 , tantôt ce même corps sur¬
monté d'un torse humain 8 .
Les génies de la troisième sorte ont un corps humain avec des
pieds d'aigle 9 ou une tête d'aigle 10 . Toutefois, d'après Perrot, cette
dernière forme serait, non celle d'un génie, mais celle d'un dieu ap¬
pelé Nisroch n .
près Raschi, l'idole de Msroeh, à Ninive, était faite d'une planche de l'arche de Noé !
(Winer : Bil/lisches Realwœrterbuch, 3° éd., 1848, t. II, p. 160.)
1 Perr. et Chip., t. II, fig. 83 et 84, p. 224 ; plancheIX, p. 544.— JEiiEM.,fig. 126,p. 349.
— Dhi.itzsch, loc. cit., fig. 42, p. 42, et Assyrisches Handwœrterbuch, 1896, p. 352 a.
2 JBEBM., p. 338.
3 Maspero, loc. cit., p. 157.— Peur, et Cuip., t. Il, fig. 222, p. 496.
4 Perr. et Chip., t.II.flg. 161 et 162, p. 363 et 364.—Toutefois, cet emploi du serpent
et la queue de scorpion se retrouvent au Louvre, chez un bou'ï génie à serres d'aigle
du palais d'Assur-nasir-abal,— x» ou —ix° s. (Gr. Encycl., t. 4, ûg. 2 de la p.337. —
Jerem., lig. 125, p. 349).
On traduit d'habitude l'hébreu Spjp par serpent venimeux, mais L. de Laborde
(Voyage, p. 53) estime qu'il faut plutôt le rendre par scorpion; telle est aussi l'opinion
de M. R. Arditti, professeur d'hébreu aux écoles de l'Alliance Israélite. Je crois, sans en
être sûr, que la tradition juive indique ce sens. Un argument qu'on n'a pas fait valoir,
à ma connaissance, en faveur de cette interprétation, c'est que la racine assyrienne
et hébraïque Sy*\y est vraisemblablement l'ètymologie du grec trxopTii'oç.
Le dieu ehaldéen Nergal (Saturne), divinité infernale, était appelé «en Occident»
Scharrapu, « celui qui brûle», par allusion à la lièvre (Jere.m., p. 45. — Delitzsch :
Assyr. Handtoœrt., p. 691 a); il ne semble pas impossible que le même nom ait été
appliqué au scorpion, qui est, en tant que signe du zodiaque, le symbole des maladies
dont Nergal est le fâcheux dispensateur (Gr. Encycl., t. 31, p. 1325 b).
Si l'hypothèse de Laborde est juste, il est permis de penser que les seraphim de la
Bible n'étaient autres que les génies chaldéo-assyriens à queue de scorpion.
5 Peur, et Chip., t. II, fig. 6 et 7, p. 62 et 63.— Jerem., ilg. 119,p. 342; fig. 127, p. 350,
— Delitzsch, Babel, I, fig. 44 et 45, p. 43.
— 138 -
1 Perr. et Chip. . t. II, p. 659.— Osiris, dieu des morts, a le visage noir sur quelques
papyrus anciens. (Paul Pierret, Gr. Encycl., t. 25, p. 639 a.) — Chez les Grecs, les
Kères ou Parques sont figurées grinçant les dents, le visage hideux, la peau noire ou
bleuâtre. Le démon Eurynomos, qui se repait de cadavres, est « d'un bleu tirant sur le
noir comme les mouches qui se posent sur les viandes»; il grince aussi des dents.
Thanatos (la Mort) est un enfant noir sur le coffre de Kypselos (—vu 0 s.),décrit par
Pausanias. On vase représente une Erinye ou Furie avec le visage, le corps et les ailes
entièrement noirs. (Maxime Gollignon -.Mythologie figurée de la Grèce, p. 23, 2S0,
281, 282 et 307.) La Gorgone sur un mélope archaïque de Sélinonte, le Goi'gonéion sur
les monnaies athéniennes du plus ancien style, ont la langue pendante et des crocs
qui leur sortent de la bouche. (Maxime Gollignon : Manuel d'archéologie grecque,
nouvelle éd., s. d., fig. 29, p. 110 et iig. 120, p. 319.). Sur un tombeau étrusque, les dé¬
mons maltaisants sont peints en noir, les bienfaisants en blanc. (M. Prou, Gr. Encycl.,
t.14, p. 87 a.) Une peinture de Vulci donne au Charon étrusque, génie cruel, un teint
bleuâtre. (Jules Martha : Manuel d'archéologie étrusque et romaine, p. 84.) Le la¬
tin ater, qui signifie au propre noir ou de couleur sombre, s'emploie au figuré dans
les sens de hideux, funeste, redoutable, etc.; en français, noir et sombre ont des sens
analogues.— Dans les légendes populaires modernes des Européens, le diable est
noir, velu, cornu, armé de griffes et pourvu d'une queue. Il avait des pieds de fauve
ou d'oiseau de proie, parfois du poil, des cornes, de longs crocs ou un mufle de bête,
et grinçait des dents ou tirait la langue sur nos églises romanes et gothiques. (De
Caumont : Abécédaire ou rudiment d'archéologie (Architecture religieuse), 38 édi¬
tion, 1854, lig. des p. 167,331 et 332.)
2 Maspero, p. 157.
3 Menant : Bibl. de Ninive, p. 101. — Maspero, p. 156. — J. Oppert, Gr. Encycl.,
1.10, p. 237 b.
4 MaspekO, p. 144.
- 139 -
idée aussi nette que des jnoun. Je ne parle pas, bien entendu, des
rabbins, qui prennent leur opinion sur ce point, comme sur les au¬
tres, dans le Talmud et le Zohar.
1 I Samuel, xxvni, 6.
2 Job, xixm, 15.
3 Jérémie, xxm, 25, 28.
4 Gr. EncycL, t. 8, p. 865 b; 1.14, p. 725 b.
5 Babelon : Carthage, p. 69.
6 On a retrouvé divers mots sumériens et chaldéens dans les formules magiques
des époques chrétiennes (J. Opperï, Gr. Encycl., 1.10, p. 237 6).
7 R.P.-Delattre : Les tombeaux puniques de Carthage, 1890, p. 77.
8 Le même : Un mois de fouilles dans la nécropole punique de Douïmès, à Car¬
thage (février 1895). (Extrait de la Revue Tunisienne.) 1897. P. 8.
— 149 —
1 Badelon, Rebherche, etc., p. 179, p. 180 et fig. 46, p. 199; Carthage, fig. de la p. 60
et iig.1 de lu p. 89. D'après M. Babelon, la tète au droit de la seconde pièce serait une
Junon : n'y a-t-il pas lapsus ? La légende, LIBERA, indiquerait Proserpine (N. Theil :
Dictionnaire de biographie, mythologie, géographie anciennes, 1865, p. 356 b; — Gr.
Encyel., t, 14, p. 39 a; — Nouveau Larousse illustré, t. 5, p. 673 a). Au surplus, il semble
que les Romains, accueillant avec leur facilité habituelle la grande déesse de Car¬
thage dans leur panthéon local, l'aient envisagée sous quatre aspects et scindée en
quatre divinités : Junon Cadestis, Cérès, Proserpine-Libéra et Vénus. Voir la monnaie
représentant le temple de Vénus-Tanit (Babelon : Carthage, p. 87; — Gesenius : Mo-
numenta, p. 168, et pl. 16,fig. c). De même, Baal-Hammon est peut-être devenu tout à
la fois Saturne et Jupiter-Sèrapis.
2 Babelon, Recherche, p. 181 et fig. 52, p. 199 bis ; p. 184 et fig. 84, p. 202.
3 Babelon : Carthage, p. 109, fig., et note 2; p. 110, fig., et note 1. — Le même, Re¬
cherche, p. 195, et fig. 303, p. 215; p. 199, et fig. 299, p. 215.
4 M. Collignon : Mythol. fig. de la Grèce, p. 242.— Gr. Encycl., 1.14, p. 39 a, et fig. 2,
même page.
5 Collignon : Mythol. fig., p. 321 et fig. 122 même page, p. 322. — M. Pkou, Gr. En¬
cycl., t. 14, p. 87 6. '
6 Fe. Lenormant : Monnaies et médailles, p. 101 et fig. 35. — Collignon : Manuel
d'arch. gr., fig. 125, p. 322.
7 Toutefois, il faut remarquer que les pendants en forme de boisseau de grain sont
antérieurs à cette assimilation.
— 151 -
1 Delattre
: Quelques tombeaux, etc., p. 8.
. 2 Gabriel de Mortillet : Le Préhistorique, 2° éd., 1885, p. 397, 566, 569. — J. de
Baye : L'Archéologie préhistorique, 1888, p. 292 et 310.
3 Perr. et Chip., t. II, p. 662, et fig. 319 et 320, même page.
4 Pline, 1. XXVIII, c. lxxvii.
5 A.-L. Delattre -.Les tombeaux puniques de Carthage. La nécropole de Saint-
Louis. (Extrait de la Revue Archéologique, t. XVII, 1891.) P. 18.
de fèves; trois galets de mer noirs; des cailloux noirs polis ou galets
de mer; un petit galet carré en quartz 1 .
Nécropole des rabs ( —iv e à— 11e s.). — De petites pierres arron¬
dies et non perforées; deux petites pierres polies, une grise et une
noire; un petit galet de mer; de petits cailloux de mer roulés; un
caillou poli; deux galets de mer de la grosseur d'un œuf d'autruche;
deux petites pierres noires polies; de petits cailloux ronds; deux
petites pierres 2 .
Ces exemples suffisent à prouver que la présence de cailloux bruts
dans les sépultures puniques n'est pas accidentelle, mais doit être
attribuée à un rite de caractère très primitif. J'entrevois et j'espère
arriver à démontrer un jour que si Carthage avait emprunté, tant
par la Phénicie que directement, une partie de ses superstitions à
l'Egypte,elle en a reçu d'autres des indigènes libyens,chez qui l'âge
de la pierre parait avoir persisté fort tard, et dont, par suile, le féti¬
chisme avait des allures beaucoup plus grossières et plus préhisto¬
riques que celui des Egyptiens.
Un caillou plat, percé pour être placé dans un collier, a été trouvé
à Bordj-Chambi 3 .
A Paris, les Israélites qui vont au cimetière visiter une tombe, y
déposent un petit caillou. Malgré cette coutume, explicable par celle,
très ancienne, des monceaux de pierres érigés comme souvenirs,
j'estime que le caillou dont se sert la deggaza a probablement une
origine libyenne.
fruits secs aux jnoun ait une origine carthaginoise,il le fait du moins
paraître possible.
Formules magiques (pages 128 et 131).
Les papyrus égyptiens nous ont conservé des invocations à des
divinités pour en obtenir Ou en contraindre le concours, des formu¬
les combinant des recettes médicales avec des appels au démon qui
devait les rendre efficaces 1 .
Une figurine du dieu Bès, trouvée à Doufmès dans une sépulture
punique, porte au revers une inscription égyptienne: «D'aprèsM.Mas-
pero, ce serait une de ces formules magiques auxquelles les anciens
peuples attribuaient une influence superstitieuse pour se préserver
des animaux nuisibles» 2 .
J'ai parlé (page 138) de l'antique livre de magie copié par ordre
d'Assur-ban-abal et du nom secret qui faisait fuir les démons. Les
Chaldéo-Assyriens avaient aussi des formules de sorcellerie :
« L'imprécation mauvaise,dit un texte traduit par Fr. Lenormant,
tombe sur l'homme comme un démon mauvais; la voixqui crie existe
sur lui; la voix malfaisante existe sur lui; l'imprécation mauvaise
est l'origine de la maladie; l'imprécation malfaisante égorge l'homme
comme un agneau; le démon malfaisant qui est dans son corps fait
sa blessure; le démon femelle lui cause des angoisses,et la voix qui
crie^ pareille à une hyène, le subjugue et le domine 3 . »
Des amulettes babyloniennes de basse époque, faites d'un mor¬
ceau de bitume, portent des mots cabalistiques gravés en langue
grecque 4 .
Les Hébreux paraissent avoir conjuré les serpents par des incan¬
tations. Un psaume compare les méchants à « l'aspic sourd, qui bou¬
che son oreille, qui n'écoute point la voix des enchanteurs, du char¬
meur expert en charmes ». « Si le serpent mord, n'étant pas enchanté,
dit l'Ecclésiaste, le médisant ne vaut pas mieux.» Jérémie prête ces
paroles à l'Eternel : « Je vais envoyer contre vous des serpents, des
basilics, contre lesquels il n'y a point d'enchantement, et ils vous mor¬
dront 5 . »
La cabale, il est oiseux de le rappeler, abonde en formules... caba¬
listiques.
A Rome, on croyait «que les destinées et les présages de grands
événements sont changés par des paroles » 6 .
La loi des Douze tables (— 450) punit quiconque aura fait des in¬
cantations contre les récoltes (qui fruges excantassit) ou usé d'une
incantation malfaisante (qui malum carmen incantassit)^.
Suivant Altale Philométor, roi de Pergame (—138 à —133), on pa¬
ralyse le scorpion en prononçant le mol. deux 2 . «D'aprèsDémocrite,
disent les Geoponica, aucun serpent n'entrera dans un pigeonnier si
l'on inscrit aux quatre angles le nom d'Adam 3 .» Virgile parle d'un
prêtre tnarrubien (ou marse)qui endormait les reptiles par des chants
et des passes 4 . Pline confirme que les Marses étaient connus pour
dompter les serpents (...quos esse domitores serpentium constat)"0 .
Les Romains avaient aussi des paroles d'impétration, de dépul¬
sion, de recommandation; sur les murs, ils écrivaient des dépréca-
tions contre l'incendie; les mots employés étaient ou étrangers et
«impossibles à prononcer», ou d'une latinité extraordinaire 6 ;
En Afrique, au i er siècle, on n'entreprenait rien sans avoir pro¬
féré le mot Africa 1 . Plus tard, on gravait, à Carthage, des impréca¬
tions sur des lamelles de plomb qu'on glissait dans une tombe. Il en
a été trouvé près de cent cinquante; le conduit des libations d'une
sépulture du cimetière des officiâtes, notamment, en était rempli 8 .
Une de ces curieuses tabulée execrationis, écrite en grec, a été publiée
par un Père Blanc 8 : c'est un sortilège d'auriga contre un de ses ad¬
versaires du cirque.
Dans certaines provinces de France, on trouve encore aujourd'hui
des sorciers qui prélendent guérir les animaux par des paroles; j'en
ai connu un en Bourgogne.
Tous les peuples anciens ayant cru au pouvoir mystique des mots,
on ne saura peut-être jamais exactement par quelles étapes cette
croyance est venue aux Juifs tunisiens; néanmoins, il y aurait grand
intérêt à recueillir les diverses formules que ceux-ci emploient et à
noter les cas où ils en font usage.
1 (kh'ûzâ est l'œil du dieu, dit Maspero : l'œil droit du dieu est le soleil, son œil
gauche est la lune.»
- 158 -
tion bizarre que pour figurer l'œil et son sourcil et adjoindre par là
à sa vertu propre celle de l'oudja.
Beaucoup d'autres amulettes carthaginoises ont pu être également
dirigées contre le mauvais œil.
Parmi les préservatifs les plus prisés des Tunisiens, j'ai oublié de
citer un sachet qu'on porte au cou, rempli de cumin noir 1 .
Il convient encore de mentionner,dans le même ordre d'idées, le
schadday,qui a, lui,un caractère religieux. C'est une plaque d'argent
portée aussi au cou, et sur laquelle est gravé, avec différents sym¬
boles, le mot v-jW (Tout-Puissant)' 1 .
Lorsqu'on soupçonne qu'une maladie provient du mauvais œil,on
s'empresse d'appeler le kha/faf 3 , vieillard « doué du bon œil ». Cet
homme fortuné prend une poignée de sel at la promène sur le corps
du patient en récitant à voix basse une longue formule. Tous les as¬
sistants crachent ensuite sur le sel, dont une moitié est jetée au feu
et l'autre à la rue. Si le malade était réellement sous l'influence du
mauvais œil, il ne peut manquer de se sentir immédiatement soulagé.
Quelqu'un se plaint-il à vous qu'un des siens ou que lui-même est
malade? II faut vous hâter de répondre :« Tel de mes parents l'est
également», ou : «Moi aussi ». A défaut de cette conjuration, le mal
abandonnerait la fami Ile de votre interlocuteur et passerait à la vôtre.
Le Khamsa (page 129).
L'homme quaternaire (âge du renne) a représenté assez souvent
dans ses gravures des mains détachées; ce sont des ovales avec
quatre ou trois traits figurant les doigts. Ces dessins répondaient-ils
à une préoccupation mystique? G. de Mortillet affirme catégorique¬
ment qu'il n'y a pas eu trace de religiosité antérieuremet à la pierre
polie ; mais c'était chez lui un système qui a trouvé plus d'un contra¬
dicteur.
Sur les dolmens de Mane-Lud, en Bretagne, la main, coïncidence
curieuse, est figurée par le même schéma qu'en Egypte dans l'écri¬
ture hiératique.
En signe d'adoration ou de déprécation, les Egyptiens élevaient
les deux mains, quelquefois la main droite seule, la paume en avant,
les doigts allongés et joints. Ce geste, que les égyptologues appel¬
lent l'attitude de l'orant ou de l'adorant, était sans doute à l'origine
celui que l'homme fait instinctivement lorsqu'il est attaqué par un
ennemi plus fort. Les dieux lèvent de la même façon une main pour
protéger ou bénir.
Une castagnette égyptienne en ivoire se termine par une main al¬
longée, qui paraît être autre chose qu'un simple ornement.
En Chaldée, on trouve dès l'antiquité la plus reculée les mêmes
attitudes de l'orant et du dieu qui bénit; niais d'habitude le premier
ne lève que la main droite comme le second. Des cylindres chal-
déens représentent une main levée couronnant une pyramide, entre
deux orants; ce qui indiquerait que la main isolée, faisant ce geste,
était un des symboles de la divinité. C'est sans doute par suite de
l'usage dè surmonter les stèles d'une main que l'hébreu "p, propre¬
ment main, signifie aussi monument (de victoire ou sépulcral).
Chez les Hébreux, on priait « les mains étendues vers le ciel 1 », et
cette posture avait un pouvoir magique : dans le combat de Josué
contre Hamalek, les Israélites sont victorieux tant que Moïse a les
mains levées.
A Carthage, l'orant lève la main droite, les doigts joints, la paume
en avant; on voit des personnages dans cette posture sur un grand
nombre.destèles,sur les.sacrophages anthropoïdes de basse époque,
sur les rasoirs rituels en bronze; ceux-ci étant presque tous de style
égyptisant, les deux mains, par exception, y font souvent le même
geste. Des dieux sont représentés levant la main droite.
Beaucoup de stèles et d'amulettes montrent la main seule. Elle est
quelquefois fermée dans les secondes,ce dont le sens m'échappe; on
y voit aussi des avant-bras.
A Gamart,6iï ha-haïm des Juifs carthaginois, Beulé a trouvé des
grafiites grossiers figurant une main étendue.
On ne saurait douter que le khamsa ne soit la survivance de la
main ouverte chaldéenne et punique; c'est.d'ailleurs l'opinion qu'ont
émise nombre de savanls, et il ne parait pas absurde de supposer
que cette main visait le mauvais œil autrefois comme aujourd'hui.
En Algérie, l'amuletle est restée une main véritable, et les cou¬
tumes relatives au mauvais œil y diffèrent quelque peu de celles de
Tunis.
On porte à Naples, pour se garantir du mal d'occhio, de petites
mains de corail ou d'une pierre jaunâtre très fine,.sans doute volca¬
nique; mais le-médius et l'annulaire y sont fermés, l'index et l'auri¬
culaire « faisant les cornes ».
La verrerie d'Hébron,en Palestine, fabrique une amulette repré¬
sentant « une main aux deux doigts étendus : c'est un préservatif
contre le mauvais œil,et on l'appelle kef-Miriam,\a main de Marie».
1 II n'est pa^gans intérêt de remarquer que les musulmans, dans une des cinq atti¬
tudes de la prière, tiennent les deux mains levées, la paume en avant......
— 160 -
volée 1 . Mais j'ignore si les anciens lui ont attribué des propriétés
surnaturelles.
Le poisson (pages 128 et 130).
L'homme de l'âge du renne a souvent reproduit le poisson sur ses
gravures; il portait comme ornements ou comme amulettes des ver¬
tèbres de poisson percées au centre. On retrouve ces vertèbres en
collier à l'époque néolithique.
Les Egyptiens avaient des poissons sacrés, qui vivaient dans des
étangs; à Esneb, la Latopolis desGrecs, un poisson du Nil était adoré
comme incarnant la déesse Nit 2 .
Le dieu sutnéro-chaldéen Ea participait de l'homme et du poisson ;
les Sumériens l'appelaient « le grand poisson, le poisson sublime ».
Un de leurs hymnes parle de «celui qui courbe les montagnes, le
poisson aux sept nageoires ». Une constellation est nommée «le pois¬
son d'Ea». M. de Sarzec a l'apporté de ses touilles de Tello un petit
poisson qui éLait sans doute une amulette (Louvre). En s'embarquant
sur le golfe Persique, Sennachérih (—705 à —681) jette à la mer, en
guise d'offrande au dieu Ea, de petits vaisseaux et de petits poissons
en or.Des poissons figurent avec un sens religieux sur des cylindres
chaldéens. Le culte du poisson, symbole de la fécondité,a d'ailleurs
été répandu dans l'antique Orient, surtout chez les peuples riverains
de la mer. Les Phéniciens, notamment, avaient un dieu à queue de
poisson, appelé Tan ou Tanin. Actuellement encore, d'après Renan,
on vénère des poissons dans plusieurs localités de la Syrie 3 .
On sait que deux poissons forment un des signes du zodiaque; ce
signe correspondait en Ghaldée au mois d'addaru (hébreu adar),
appelé par les Sumériens mois du bon augure. Au Louvre, un frag¬
ment de bas-relief portant le n° 30 représente un vase d'où s'échap¬
pent à droite et à gauche des filets d'eau; deux poissons affrontés
semblent nager sur ceux-ci. Nous avons là évidemment les signes
1 A la vérité, l'alphabet cypriote a été en usage au moins jusque sous les derniers
Ptolémées (— i" siècle).
- 163 —
La tortue.
La tortue, dont j-'avais omis de parler, est considérée par les Arabes
tunisiens comme une sauvegarde contre le mauvais œil, aussi tien¬
nent-ils souvent chez eux une tortue vivante. Il en est de même des
Mallais habitant 'J'unis.
Les Juifs, sans avoir pour ce reptile une sympathie aussi grande,
le regardent pourtant comme utile dans certains cas; ainsi, quand
une famille a perdu plusieurs enfants, elle se procure parfois une
tortue en vie, pour la préservation de ceux qui restent.
Par contre, mon ami M. Boussoulrot, officier-interprète principal,
a constaté que chez les Catalans (chez ceux d'Algérie tout au moins)
la tortue est réputée porler malheur.
Un fragment de carapace de tortue, retaillé, poli et percé d'un trou
de suspension, a été trouvé dans une caverne néolithique de la
Marne; mais ce pouvait être un simple ornement 2 .
En Egypte, la tortue est, je l'ai dit, une des formes que donnent au
principe mauvais les papyrus funéraires. Cependa.it, une castagnette
égyptienne en ivoire nous montre ce reptile associé à d'autres figures
1 Voir, plus loin, l'article Décoration des aratias.
2 J. de Baye : L'Archéologie préhistorique, p. 311.
- 164 —
r
dont le rôle protecteur n'est pas douteux : scarabée, uraeus ailé, dieu
Sovkou, dieu Bès, etc. 1 .
Sur un zodiaque chaldéen de la dixième année de Marduk-nadin-
akhi (—1220 d'après Oppert, —1117 selon Jeremias), un autel ou un
trône en forme de temple sert de support à une lortue, ce qui indi¬
querait que cet animal était le symbole d'un dieu 2 . La tortue figure ,
encore sur une borne du temps de Nebukadnezar !<"•(—1240 à —1234),
peut-être aussi sur la pierre de Marduk-abal-iddin ou Mérodach-Ba-
ladan le'' (—1273 à —1260) 3 .
Selon Confucius, la « Tortue spirituelle » apporta au grand lu la
révélation de tous les secrets de la Nature en quelques signes mys¬
térieux tracés sur son dos /l .
Les Brahmanes peignent le monde porlé par une tortue, symbole
de la force et du pouvoir conservateur 5 . Ce reptile a incarné un ava¬
tar de Vichnou °.
Les chandeliers du culte bouddhique représentent une cigogne te¬
nant le lotus dans son bec et perchée sur une tortue 7 .
La plus ancienne monnaie d'argent, celle que Phidon d'Argos fit
frapper à Egine ( — vue s.), est au type de la tortue 8 . Les Grecs don¬
naient la tortue d'eau douce pour compagne à Aphrodite 9 .
Le Dumias des Arvernes, une des nombreuses divinités gauloises
assimilées à Mercure, avait une tortue parmi ses attributs 10 .
Une amulette en forme de tortue, trouvée dans les fouilles de Tim-
gad, est entrée aux Antiquités romaines du Louvre en 1897 11 .
Je ne connais pas de représentation de ce reptile chez les Cartha¬
ginois, et le P. Delattre m'écrit qu'il n'en a jamais rencontré.
Au moyen âge, on voit une tortue parmi d'autres figures symboli¬
ques sur un chapiteau roman de Saint-Parize-le-Châtel (Nièvre) 12 .
Le serpent (page 132).
Comme la tortue et le poisson, le serpent est pour les Arabes de
1 j W ^Xy, moul-edclar.
1 M. J.-A. HiliD, dans la Grande Encyclopédie, nie que le caducée ait été emprunté
à l'Orient par les Grecs : ce monument de ïello (reproduit par Jeremias, fig. 53, p. 185)
tranche, semble-t-il, la question.
Chez les Grecs, il est le symbole de la divination, l'attribut de Dé-
méter et de Coré,de Dionysos, d'Asclépios et d'Hygie, des Dioseures,
celui d'Hermès dans le caducée.
A Salamine, Cychrée, fils de Poséidon, tue un énorme serpent et
est serpent lui-même : « Le héros qui tue un monstre, dit Fr. Lenor-
mant,s'identifie avec ce monstre. » De même,Cadmus tue un serpent
monstrueux, fils d'Ares; il en sème les dents, cpii produisent les
Spartes; finalement, il est changé en serpent avec sa femme Har¬
monie.
Le serpent, dans le mithracisme,est le symbole de la terre. On l'y
trouve aussi enlaçant le dieu léontocéphale.
Des serpents figurent sur les parois du monument mégalithique de
Gavr'inis.
On voit très souvent sur les maisons de Pompéi un ou deux grands
serpents chargés de les protéger; ils représentaient les lares.
Une mosaïque romaine trouvée au montCselius montre le mauvais
œil assailli par divers animaux, le serpent au premier rang.
Pour les cabalistes comme pour les chrétiens, le serpent figure
Satan. Il tenait une grande place dans le culte et dans la symbolique
d'une dizaine au moins de sectes gnostiques (i er et n° s.), dont les
membres ont été rangés, pour cette raison, sous la dénomination
commune d'ophiles.
L'urseus avait été emprunté à l'Egypte par la Phénicie ; à Carthage,
on le trouve comme amulette dans un grand nombre de sépultures,
ainsi que le caducée, dont l'image se voit en outre sur beaucoup de
stèles. Saint Cyprien reproche aux Carthaginois d'adorer des ser¬
pents. Mais l'ophiolâlrie était trop générale autrefois, comme on l'a
vu, pour qu'il soit possible de discerner si la superstition tunisienne
vient de Carthage ou d'ailleurs.
Au Dahomey, le culte du serpent s'étale encore dans toute sa hi¬
deuse sauvagerie, bien qu'il y perde du terrain depuis l'occupation
française 1 .
La clef (pages 130 et 131).
Les Grecs ont représenté Hécate tenant des ciels 2 ; le dieu léonto¬
céphale de la religion de Mithra en porte également deux ;i .
1 Voir à ce sujet L. Brunbt et Louis Giethlbn : Dahomey et dépendances, Paris.
A.Ghallamel, 1900, p. 352. D'après ce très intéressant Ouvrage, le noir qui tuail par
mégarde un serpent fétiche était autrefois brûlé vif ; aujourd'hui, on se contente de le
bàtonner. Si le reptile s'installe dans une case, il est défendu de le molester; aucune
mère n'oserait lui arracher son enfant. Et voilà l'homme au voisinage de ce1 élal de
nature tant prôné jadis ! 11 est vrai que les Carthaginois, passablement civilisés à cer¬
tains points de vue, brûlaient vifs leurs premiers-nés en l'honneur de B,ial. Mais ce
rite odieux datait des origines, ainsi qu'en témoigne le mythe de Saturne dévorant
ses enfants.
2 (Jollignon : Myth.. fiy.de la Grèce, p. 309.
3 Henri Hubert, Gr. Encycl., t. 23, p. 1137 a. et tig. 1, p. 1136.
— 167 -
1 Dblâttke : Rapport sur les fouilles de Carthaye (avril-juin 1809) (extrait des
C. R.de l'Ae.ad. des Inscr., 1890), p. 11 (550) ; La nécropole des i*abs, p. 13 h.
2 C'est peut-être des Egyptiens mie nous vient primitivement l'expression les
cornes du croissant,
3 Voir plus loin, l'article Amulettes des chameaux et chevaux.
- 168 -
ê:ir<*s4^
Astarté. — Bronze; collection Péretié. Hauteur 0"'42 l.
A Carthage, le croissant est une amulette Tort commune; il est
aussi représenté sur les stèles, sur les rasoirs rituels en bronze, tantôt
seul, tantôt embrassant le disque, et il y est presque toujours ren¬
versé les cornes en bas. J'ai dit plus haut (page 157) quelle est,à mon
avis, l'origine de cette disposition 2 .
1 Peuuot et Chipiez : Bist. de l'art dans l'antiq., t. III, flg. 26, p. 77.
2 C'est par un lapsus que M. Gauckler donne ce symbole ainsi posé coin me, « em¬
blème caractéristique de Carthage », car on le trouve en Phénicie, à Cypre, en Surdai¬
gné, en Sicile.
- 169 —
1 Jehbmias : Das Alte Testament, etc., flg, 3 et 4, p. 9 ; fi»-. 8, p. 14 (la date des zo¬
diaques, je l'ai dit, est—1117 pour ce savant). — Delitzsch : Babel und Bibel,T)r\tier
Vortrag, 1905, fig. 12, p. 35.— Peur, et Chu>., t. II, p. 608, et fig. SOI, p. 610.
— 170 —
1 Perr. et Chip., t. IV, fig. 327, p. 665, et fig.314,p.639.—Pu. Berger, dans Recher¬
che des antiq., p. 80 et fig. 36.
2 Jules Marion, Mémoires des Antiquaires de France, 1872, p. 63; planches V (à
droite), VI (en haut), VIII (à gauche) et IX. M. Marion regarde le symbole comme un
véritable fer à cheval.
3 L'oméga primitif, antérieur au —vn" siècle, avait la même forme (W. Froehner :
Musée impérial du Louvre ; les inscriptions grecques, 1865, p. 155 et planche).
S Delattre : Nécr. Sainte-Monique, 2° trim., lig. 30, p. 15.
5 Pline,!. XXVIII, ch. i.xxxi.
ti Jeremias : Das Alte Testament, p. 259.
— 171 —
r> Le
■ collectif j^jÂJ ou son nom d'unité s>-»>j& (j'ai toujours entendu prononcer
ainsi, bien que Beaussier écrive (jr3 ;^? \ le mot, toutefois, esi orthographié >v-—j*-?
sur la plaque indicatrice de la ruelle de ce nom, à Tunis, et j'ai dit plus haut que le
qo se substitue souvent au est employé par euphémisme pour désigner le mem¬
bre viril. Quand un homme agit hypoerilement,on le flétrit de celte locution prover¬
biale, à sens littéral obscène : .^-~>j-ij~> C^sr 1 ^._^j_ji^J| ^_ 'j^.- — Du reste,
— 172 -
Sur les raels qu'ils envoient en présent à leur fiancée, les Arabes
de Tunis ne manquent point de placer un piment rouge. Pour le vul¬
gaire, c'est du symbolisme... oriental; mais on m'assure que certains
attachent une idée superstitieuse à cette coutume, qui serait une
précaution contre l'aiguillette nouée par le mauvais œil. Si le fait
est exact (ce qui est malaisé à vérifier, car le musulman ne parle pas
volontiers de ses croyances à un infidèle), il y a encore là probable¬
ment une trace du culte phallique.
Défenses de porc ou de sanglier (pages 130 et 131).
Indépendamment des usages que j'ai indiqués, la défense de san¬
glier ou de porc est employée aussi, contre les abcès.
Dès l'époque du renne, les pendeloques les plus habituelles étaient
des incisives ou des canines variées,percées à la racine; c'étaient
probablement des trophées, peut-être aussi, par une facile associa¬
tion d'idées, des moyens de vaincre : le passé et l'avenir ont, poul¬
ies races primitives, des enchaînements mystérieux. Mais bien que
le sanglier fit partie de la faune magdalénienne (où il paraît, à la
vérité, avoir été assez rare), ses dents ne figurent pas dans rémuné¬
ration de G. de Mortillet. Au contraire chez l'homme néolithique,
l'emploi des défenses de sanglier et de porc devient prédominant;
on enfile aussi les incisives de Suinés.
Aux yeux des anciens Egyptiens, le sanglier et le porc sont impurs;
le second est un des animaux consacrés à Set, qui, dans sa guerre
contre Horus, s'est une fois changé en porc noir. La truie, à partir du
Nouvel Empire (fin du —xvn e siècle), est souvent substituée à l'hip¬
popotame femelle pour représenter un des principaux génies infer¬
naux; des momies portent au cou une amulette en forme de truie;
on sacrifie le porc à Osiris et à Isis.
Le sanglier, chez les Ghaldéens.est consacré à Ninib (planète Mars),
dieu de la chasse et de la guerre; nous retrouvons ce fauve dans le
mythe de Tammouz-Adonis.
Le pourceau est l'animal que les Grecs immolent le plus à Déméter
et Coré,dont il est un des attributs.Le petit cochon élevé en France
à la dignité de porte-veine vient peut-être de là, comme il se pourrait
que les croyances relatives aux bossus ne fussent pas sans connexion
avec le culte de Bès: les superstitions ont la vie tenace.
En Chine, le sanglier forme un signe du zodiaque.
Dans le mithracisme, on représente le dieu Verethragna, assimilé
à Arès et à Héraclès, sous la figure d'un sanglier marchant devant
Mithra; dans d'autres cycles, un sanglier tue Atys comme Adonis.
1 Les astragales ou osselets de mouton, quelquefois percés pour être portés, abon¬
dent dans les sépultures puniques, surtout dans celles de basse époque. — Un osselet
ligure parmi les objets votifs recueillis par M. de Morgan dans les fondations du
temple de Ghouchinak ; la collection de ce savant renferme aussi un osselet colossal
en bronze, ex-voto à Apollon Didyméen emporté à Suze par Darius après la prise de
Milet, fin du — vi» siècle; on voit enfin au Louvre de minuscules osselels île verre
trouvés dans la région de Smyrne.— Aujourd'hui encore, des osselets servent de fé¬
tiches aux nègres.
2 Voir page 161, note 2.
— 174 -
1 II y avait encore des Officiers do louvoteric dans ces régions, mais on n'y voyait
plus de loups; aussi employait-on un collier de perles d'os en forme de fuseau, censées
représenter les canines du fauve. Pline assurait déjà que la canine droite du loup est
une amulette importante, qu'elle empêche les enfants d'avoir peur et les préserve
des maladies de la dentition. — J'ai vu aussi des enfants porter un collier d'ambre
jaune : je crois qu'il était destiné à prévenir les convulsions, mais je n'ose l'assurer,
mes souvenirs élant un peu confus.
Ces deux provinces n'étaient certes pas les plus arriérées de France, et pourtant
les superstitions y abondaient. J'en mentionnerai encore une; elle n'a pas le moindre
rapport avec mon sujet, mais un fait ethnographique est toujours utile à enregistrer.
Il existe dans le département de la Somme une chapelle dédiée à saint Vast : comme
ce nom se prononce va, on portait là les enfants qui tardaient à marcher seuls. J'y
fus présenté, parait-il, il y a un peu plus d'une soixantaine d'années; et ma mère, tout
éclairée qu'elle était pour son temps, affirmait de la meilleure foi du inonde que je
marchai au retour.
2 Si cette explication est juste comme il semble, elle entraine une conséquence qui
a échappé au célèbre auteur du Préhistorique. L'autruche a seule, sur l'ancien con¬
tinent, un œuf assez volumineux et assez résistant pour qu'il ait pu servir de vase,
et c'est un oiseau africain, les Struthionidés s'ôleignant en Asie dans les couches ter¬
tiaires. Il en faudrait conclure que les potiers européens de la pierre polie avaient
[tassé par l'Afrique, ou tout au moins, qu'ils avaient eu avec elle des relations com¬
merciales.
— 175 —
1 J'ai lu quelque part que le texte arabe de ce joli conte, qui manque dans les édi¬
tions des Mille et une nuits, a été retrouvé à la Bibliothèque nationale.
2 A Rome, la coquille d'œuf était l'objet d'une superstition différente. « Il n'est
personne, écrit Pline, qui ne craigne d'être victime d'imprécations : de là vient que
la coquille des œufs ou des escargots qu'on vient d'absorber est immédiatement brisée
ou percée avec la cuiller.» C'est sans doute des Romains que les modernes tiennent
la coutume universellement répandue de rompre la coquille de l'œuf mangé. Je me
souviens que dans mon enfance je demandai la raison de celte pratique à mon père,
homme d'une érudition solide. Il me cita le Naturaliste et ajouta : « Les gens su¬
perstitieux prétendent- que le diable pourrait, se loger dans la coquille. » — Les Tu¬
nisiens, au contraire, et surtout les femmes, évitent soigneusement d'écraser une co¬
quille d'œuf : cela porte malheur. Serait-ce parce qu'un jann peut y être caché?
- 177 —
vatif contre le mauvais oeil le plus employé était une moitié de co¬
quille d'œuf d'autruche encastrée dans le mur des maisons, au-dessus
de la porte; parfois même, ce talisman s'y voit remplacé par une
simple assiette creuse. Maison m'assura que la coquille d'œuf d'au¬
truche possédait une puissance beaucoup plus grande.»
Ainsi, à Ouargla, c'est le vase en œuf d'autruche qui forme le talis¬
man, puisqu'on peut au besoin y substi tuer, non une coquille d'autre
œuf, mais une poterie.
« Cette superstition n'est peut-être pas très récente, continue mon
aimable correspondant, car à Hassi-el-M'kaddem, au milieu des
dunes, sur la route de Ouargla à Negouça,dans un atelier préhisto¬
rique à silex admirablement taillés et à loyer central renfermant
des débris de poterie et des ossements calcinés, j'ai recueilli en 1875
un certain nombre de pièces taillées et perforées de coquille d'œuf
d'autruche, les unes discoïdes, les autres triangulaires.»
Dans un passage d'une de ses publications que j'ai reproduit ail¬
leurs 1 , mais que j'avais perdu de vue, M. Ph.Thomas dit que ces amu¬
lettes étaient taillées en rondelles, en losange ou en triangle. Je me
permets d'appeler l'attention des orientalistes sur cette constatation,
qui me paraît d'une haute importance, bien que je ne fasse qu'entre¬
voir les conclusions à en tirer. Disque, triangle et losange sont en
effet trois symboles des vieilles religions sémitiques 2 .
(La prononciation du mot paraît indécise. Mon ami M. G. Remy, arabisant très
exercé, a entendu souvent chez les Arabes ; cependant, plusieurs de ceux-ci m'ont
te . ■
prononcé et l'un d'eux m'a écrit . Beaussier et Ben Sedira mettent )j-, sans ham-
1 M. Paul Pullary m'écrit que les Juifs ne se livrent pas plus à la pêche en Algérie
qu'en Tunisie, mais qu'à Tanger, on en voit beaucoup pratiquer ce métier.
2 Cette même combinaison est sans doute visée dans le lotus à cinq pétales appa¬
rents qu'on voit à Carthage, concurremment avec celui à sept pétales, sur les stèles et
sur les rasoirs de bronze, et qui se rencontre même parfois en Egypte, où ce symbole
a régulièrement neuf pélales (l'ennéade) et en Assyrie, où les pélales sont le plus sou¬
vent au nombre de sept (l'heptade planétaire).
3 G. de Mortillet : Le préhistorique, p. 391.
h Dei.attke : Domines, 1893, fig. 7, p. 3; Rapp. sur les fouilles, p. 8 (556); Lettre
sur les fouilles, p. 4 (622); Sainte-Monique, 2" mois, page 21 l>; Ibid., 2 e trimestre
p. 22 b, 24 b et 26 b; Rabs, p. 17 b; Cimetières romains, p. 27 et fig. 16, p. 28.
- 181 —
Maspbro, Hist. ano. de l'Or., pages 35 et 48. — Pebhot et Chipiez, 1.1, flg. 'ill, p. 60 ;
fig. 55, p. 87; flg. 571, p. 837. — Jeremias : Das Alte Testament, flg. 88 et 8!), p. 274 et
275.
1 A.-H. La yard : Nineveh and its remains, 1876, p. 90, lin. 2.
2 Perr. et Chip., t. II, flg. 15, p.83 ; fig. 29, p. 109; flg. 71, p. 211 ; lig. 233, p. 500 ; p. 608
et fig. 301, p. 610; etc. — Jeremias : flg. 1, 3 et 4, p. 9; fig. 21, p. 44; flg. 76, p. 235; flg. 81,
p. 261; etc. — Delitzsch : Babel, I, fig. 49, p. 18; //, lig. 12, p. 11; lig. 14,p. 13 ; flg. 16,
p. 27; flg. 17, p. 30.
3 François Lenormant : Les premières civilisations, 1874, l. II, p. 68, 71 et 74.
4 Gr. Encycl., t. 31, p. 1325 b. — A. Jacquemart : Les merveilles de la céramique.
I ro partie, 4» édition, 1883, p. 55,
— 183 -
1 Les Estyens, les Vendes, les Sarmates plaçaient une tête de cheval au haut, d'un
pieu ou au-dessus de leur porte, et lui attribuaient des vertus magiques. Cette cou¬
tume s'est conservée, paraît-il, dans le Lunebourg et le Holslein. Dans les montagnes
du canton des Grisons, on voyait encore il y a peu d'années deux tètes de chevaux en
bois sculpté, placées en regard au faite des toits (De Bonstetten, Revue archéol.,
1883, t. II, p. 27, note 1).—(Jette citation confirme l'observation de M. Philippe Tho¬
mas, qui du reste a eu l'obligeance de me montrer sa gravure; mais elle fait voir
que les Flamands ont pu prendre leur superstition ailleurs que chez les Espagnols.
2 Dix kilom. au nord-est de Tozeur, au bord du chott El-Fedjedj (Sud tunisien).
3 De Bonstettex, loc. cit., p. 27.
— 190 -
L'effraie (^W^ ' e hibou {■*-fj>)< le corbeau passent aussi pour malfaisants
aux yeux des Arabes. Mohamed el-Hadi, lorsqu'il n'était que bey du camp, achetait
des effraies pour les faire égorger. Toujours pour les Arabes, d'autres animaux fu-
✓ G ! C
nestes sont la tarente
t *c (-^j et le lézard vert (^jJjjj-J, en Algérie ^jl.jj-?* en
Khrourairie ijjr^j- 3 (ce qui est un des noms du crocodile en Egypte), chez les Juifs
..- ' ..-
-""-^jjjj ou s^fsy'j )• Avant d'être reptile, le lézard vert fut le Juif qui trahit le
Prophète caché dans une caverne. Toutefois, sa peau est recherchée des femmes
arabes : elle fait croître les cheveux !
Les lézards paraissent être au contraire de bon augure pour les Juifs, qui en portent
fréquemment l'image comme amulette. (Voir aussi la tarente, p. 132.)
Les Romains regardaient commede mauvais augure le croassement de la corneille
el surtout le gloussement étranglé que l'ail quelquefois entendre le corbeau. Voir un
bubo ou grand-duc en ville ou simplement de jour était un funeste présage; quand
— 191 -
1 Nous le retrouvons encore avec sou sens primitif sur la stèle à inscription latine
de la page 154.
- 193 —
1 La triskèle, formée de Irois volutes partant d'un centre, commun, comme la tri-
quètre l'est de trois jambes repliées au jarret, est assez commune en Gaule ; on la voit
aussi sur un cachet sassanide du Louvre (entre le m" et le vu» siècle).
2 On voit déjà le combat du lion et du taureau gravé au trait sur un morceau de
coquillage (?) provenant des îouilles de Tello (Louvre).
— 196 -
1 M. Paul Pallary m'informe qu'à Oran, au contraire, les Juifs forment la majo-
— 197 —
e.v.
Amulettes des chameaux et chevaux (1 à 3).
Peinture des arabas (4 à 7).
technique, par exemple à la nécessité de ne pas trop s'écarter du fil
du bois. La courroie qui ceint le cou des chevaux est assez souvent
décorée de petites cyprées 2 , fixées toujours l'ouverture en dehors,
et presque toujours par quatre, en file de croix de saint André) ou, ce
qui revient au même dans l'ensemble, de carrés se touchant par un
angle (peut-être primitivement des losanges?)), et plusieurs charre¬
tiers m'ont affirmé que cette parure est efficace contre le mauvais œil.
La sonnette avait des qualités mystiques en Orient et jusqu'en
Gaule. Chez les Hébreux, elle faisait partie des ornements rituels du
grand-prêtre; on la trouve dans un grand nombre de tombeaux pu¬
niques. D'après Cl. Duvernoy, les petites sonnettes que les Gaulois
mettaient au cou des chevaux et des moulons servaient «à conjurer
le sort» ; il en a élé recueilli plusieurs centaines à Mandeure (Doubs).
Un buste gallo-romain de Mercure, découvert à Orange, porte sept
sonnettes suspendues à des chaînes.
rité des cochers. (Il ajoute que bien qu'à Tunis et à Tanger, des Juives se livrent à
la prostitution, le cas est très rare en Algérie.)
1 M. Pallary a observé à Djerba un chameau qui portait au cou un gros Murex
trunculus (Paul Pallary, in lia.).
fi
2 Lcij.
- 198 —
Le chevron, je l'ai dit à propos du fer de flèche (page 179, note 3),
me parait représenter le cône sacré, comme c'est admis pour le tri¬
angle de Tanit. De doubles chevrons sont tatoués sur les bras du co¬
losse d'Amathonte; une lampe chrétienne des environs de Tébessa
en présente de doubles et de triples. Il existait en Phénicie des amu¬
lettes triangulaires, le fronton des stèles a cette forme, et on pense
généralement qu'elle ligure le profil du cône sacré; le triangle con¬
cave à la base serait donc une combinaison du cône et du croissant.
Cependant, on a vu plus haut (page 177), des triangles néolithiques
en œuf d'autruche; les dolmens de l'Aveyron ont également donné
des pendeloques affectant cette figure, et G. de Mortillet leur suppose
un sens religieux.,hypothèse d'autant plus admissible que le triangle
est un élément très employé dans la décoration des poteries de la
pierre polie 1 . Il se pourrait donc que les Phéniciens eussent changé
la signification primitive d'un symbole très antique pour lui attri¬
buer celle du cône.
Les Arabes tunisiens portent souvent au gland de leur chéchia
une amulette en forme de triangle; des triangles sont aussi appen-
dus à la hampe des bannières des mosquées.
La cyprée ou porcelaine est un bijou préhistorique des plus fré¬
quents. Les hypogées de Carthage l'ont aussi fournie en assez grand
nombre, et le P. Delatfre a trouvé à Douïmès une amulette en faïence
dont la face supérieure porte un cartouche de façon égyptienne et
la partie intérieure représente une cyprée vue du côlé de l'orifice.
Au reste, elle figure dans les hiéroglyphes hétéens, dont d'autres
signes sont indubitablement symboliques (exemple, la tête de bœuf,
où les cornes sont remplacées dans certains cas par le croissant lu¬
naire). Cette coquille, en raison de la forme de son ouverture, était
censée figurer la vulve, c'est-à-dire la Tanit carthaginoise, l'Astarté
phénicienne, probablement aussi l'Ischtar chaldéenne 2 ; l'interpréta¬
tion paraît sûre. Pline, dans un passage cité par l'abbé Favart d'Her-
bigny (mais qu'à la vérité je n'ai pas su retrouver chez le Naturaliste),
nomme la cyprée concha Venerea; nos plus anciens conchyliologistes
l'appellent conque de Vénus ou pucelage 5 , et c'est encore ce dernier
nom qu'elle porte dans le peuple. La désignation tout aussi significa¬
tive de Cyprœa, consacrée par Linné, est elle-même fort antérieure
à ce savant. D'après Mucianus, la cyprée était vénérée à Guide dans le
temple de Vénus; et comme cet écrivain du i er siècle ne trouve déjà
1 Les Brahmanes représentent leur monl Mérou couronné d'un triangle dans une
gloire, mais j'ignore si ce symbole est fort ancien chez eux.
2 J'ai remarqué deux grosses cyprées parmi les coquillages (à la vérité assez va¬
riés) déposés dans les fondations du temple de Cliouchinak.
3 Le second terme s'appliquait aux petites espèces.
— 199 -
(Complainte des trois qui se sont associés pour une femme.) « Par
Chaloum Yirouchalmi. » Prix, 10 centimes. Librairie Papetérie (sic)
— 209 -
nnns^ "npi
.
302. — nrp
(Complainte du joueur.) Si'gné :X [Jacob Cohen]. Imprimerie In¬
ternationale, Tunis. Sans date. Une page 22 X 32.
(Complainte du flirtage des filles sur les terrasses, j Signé : G-. [Simah
Lévy]. Imprimerie Sion Uzan, Tunis, 1898. Huit pages 12X18.
— D—
356. - , mnio
(Caserio.) Signé : S.B.D. [Sion ben Djorno]. [Tunis, Imprimerie
Uzan et Castro, 1894], Une page [22X32]. En vers.
L'exemplaire que j'ai vu ayant les marges coupées, j'ignore s'il
mentionnait l'imprimerie et la date.— L'auteur est Simah Lévy; Ben
Djorno, l'éditeur payant].
■s pyzntfi nnD1 I
I nnD1 nDa ^ Vît îian
•i"*n isnun ^tmeVa nnbur "id nynaa |
Lune... Traduit par Haï eî-Nejjar et son camarade Haï Sarfati.) Tu¬
nis, ImprimerieUzàn etCastro,1889. Formatl4X19. [La publication a
été interrompue après quelques feuilles] ; je n'ai vu que la première,
pages 1 à 8.
,*ws piSbS 4
Voir ...iGNDtf ijb J~Tt21J • H parait chaque année une liste semblable,
intéressante comme répertoire de noms et de prénoms.
-S-
382. — .pur s*À'
k ï^ob
(Le langage de L'amoureux.) Anonyme [éditeur, Simah Lévy]. Sans
date [1905]. «En vente chez Siniour Simah ben Nathan ha-Lévy (que
Dieu le garde et le conserve I), directeur du Phonographe. » Douze
livraisons 12X18 de 8 pages chacune (dont le titre),paginées séparé¬
ment en hébreu. Les huit premières portent Imp. S.Lévy, Tunis; les
autres, Imprimerie Universelle, Tunis. [La livraison, un sou.]
Recueil de chansons et de poésies. L'éditeur en avait annoncé la
publication par une affiche en prose rimée.
Les fascicules 1 à 10 se vendent aussi brochés en un volume, sous
couverture imprimée portant p\£7^y'^ ■JtfbS | | bïltf^ 3i*rO^ .
Imprimerie Simah Lévy,Tunis, tamouz 5665 (juillet 1905). «Un demi-
franc. »
—D —
383. —
.pTÏ -KWD
Journal. Voir page 28
384. — . ninnn
Journal. Voir page 30.
390. - ,îTn^
(Les sentiers de la vie.) Notions sur la vie pratique. Contre-titre :
!Tn^ SI^DD- Traduit par .S.iy [Chalora Flak]. Première partie
[seule parue]. Un feuillet non chiffré (titre) et quarante-huit pages
14 X 19.
Leçons élémentaires de choses; [traduction de l'hébreu].
397. - .rwyn
(Histoires.) Anonyme [traduit de l'hébreu par Simah Lévy]. Sans
lieu [Tunis, Imprimerie V. Finzi]. Sans date. Quatre feuillets 12X18,
foliotés en hébreu.
401. - .inàknnTîba
(Melzouma des palmes.) Anonyme [Simah Lévy]. Sans lieu [Tunis,
Imprimerie Uzan et Castro]. Sans date [entre septembre 1889 et la fin
de 1892]. Une page 22X28 à deux colonnes.
N° 5 de QK-^Stf T\SO (voir pages 37 et 80.
[Vita Sitruk]. «En vente au Bar Universel; prix, 3 sous, et pour les
consommateurs (w*:; wà), 2 sous seulement. » Tunis, Imprimerie Sion
Uzan,sans date [1894]. Huit pages 12 X 18.
*
- 241 —
rie, pour les suivants, entre 27X38, qui parait la mesure normale, et
32X43, mais sans que les dimensions de la composition changent
sensiblement.
Le numéro 1 est du 22 avril 1886, le n'° 26 du 30 janvier 1887, ce
qui donne 28 décades et 3 jours.
Les fautes d'impression ne se comptent pas.
Dans le n° 16, Simah Lévy commençait un feuilleton, 13 JTiOn
D23^ PIfcOll Q~D^ pH (histoire au sujet de la générosité et de la
sympathie de l'âme), qu'il ne continua pas; clans le n° 26, Flan entre¬
prenait la publication d'un autre feuilleton, H^SlO ""jJ 1 pfX^ (la
Vérité sauve qui la possède), paru ultérieurement en volume (voir
n° 2 du Répertoire).
Le n° 12, à partir duquel Flan signe seul, est du 22 août 1886, c'est-
à-dire postérieur à la scission qui s'était produite parmi les fonda¬
teurs du journal et à la création, par les dissidents, de Moucharrah
.El-Asdar (voir n° 391).
La situation matérielle de Mounaouar el-Hak était peu brillante,
à en juger par les appels réitérés aux pratiques. Un avis nous fait
connaître que l'apparition tardive du n° 26 est imputable à la ques¬
tion d'argent.
Une lettre de M. Regnault, secrétaire général du Gouvernement
tunisien, en date du 25 octobre 1886, rappelle à M. Flah que dans sa
déclaration du 14 septembre 1886, où il faisait connaître son «inten¬
tion de publier la feuille Mounaouar El-Hack» (déclaration un peu
tardive, à ce qu'il semble), «il était spécifié que ce journal exclusi¬
vement littéraire et commercial devait s'abstenir d'insérer des ar¬
ticles politiques». Ces conditions n'ayant pas été observées, M. Flah
est invité, sous peine de poursuites, à déposer, conformément à l'ar¬
ticle 2 de la loi du 29 juillet 1881 1 , le cautionnement de 10.000 piastres
prescrit pour tous les journaux politiques.
' . 1 Les termes de cette lettre ne contredisent qu'en apparence ce que j'ai écrit de la
prohibition des journaux, page 26. La loi française du 29 juillet 1881, à laquelle il est
tait allusion, n'a été promulguée en Tunisie (avec modifications importantes) que le
14 octobre 1884. C'est, ce que m'a confirmé M. Charles Fath, directeur de l'Imprimerie
Rapide, qui était à cette époque propriétaire d'imprimerie à Tunis : il imprimait clan¬
destinement Tunis-Journal, rédigé par mon ami Jules Montels, colonel sous la Com¬
mune, aujourd'hui commissaire-priseur à Sfax. Voir d'ailleurs Sebaut : Dict. de la
léi/isl. tun., p. 265.
Il m'avait échappé toutefois, Sebaut. ne reproduisant pas l'art. 2 abrogé avant la
publication de son ouvrage, que durant la seconde période, les journaux politiques
étaient seuls soumis au cautionnement. Cela explique comment sous ce régime il
a pu se publier à Tunis six journaux juifs, qui prenaient l'étiquette littéraire et com¬
merciale, quittes à faire comme Mounaouar El-Hak des incursions dans le domaine
prohibé. On a vu néanmoins que les deux derniers, instruits sans doute par l'inter¬
vention de M. Regnault, cherchaient machiavéliquement à se déguiser en livres (pages
29 et 30).
— 246 —
— n —
446. xyn pn
(Aman et les Juifs.) En vers. Signé : X. [Félix Berebbi]. Tunis, Im¬
primerie Internationale. Sans date. Une page 19X27 à deux colonnes.
447. — , D^JH
Journal. Voir page 34.
448. - .maywin
Prière en hébreu. Suivi de CnyiDStf rVOlUT (l'association des
fêles), en vers arabes. Signé : Y. [composé par Vila Sitruk, édité par
Simah Lévy]. Sans lieu ni date [Tunis, Imprimerie Uzan et Castro,
au plus tard 1892]. Une page 28X19 à trois colonnes.
(n"]3V^IH est l'invocation hébraïque 13 yUT1H, sauve-nous [Prière
deSouka], transformée en substantif et mise au pluriel (comme nous
disons en français des orèmus.)
— 250 —
- 1
s. — . itfnns^
Le n° 34, du 22 décembre 1904, parait avoir été le dernier; du
moins, je n'ai pas pu m'en procurer d'ultérieur.
9. - . p-O^
10. - , "j^non^
Le n° 43 d'El-Boustan est du 30 décembre 1904, le n° 44 du 31
janvier 1905. Avec le n° 45, du 15 septembre 1905, le journal se
transporté à ITmp.de l'Orient; il parait régulièrement jusqu'au n°49,
du 13 octobre. N° 50,27 octobre; 51,6 novembre; 52,16 novembre;
53,23 novembre 1905. [Sauf erreur, c'est le dernier numéro hebdo¬
madaire.]
El-Boustan essaye ensuite de devenir Journal quotidien à 5 cen¬
times et passe à l'Imprimerie Sion Uzan, où il porte son format à
28X40 tout en réduisant un peu la composition; il continue son nu-
— 254 —
19. .n»3ï^
Depuis la disparition du Phonographe, il y a juste un an, Bs-Sabah
est l'unique journal judéo-tunisien, et il s'intitule fièrement Seul
Journal Quotidien Israélite de tout le Nord Africain. Après avoir
donné en feuilleton la suite de DIS 11 "!! n^VtW (l'affaire Dreyfus),
commencée dans Es-Schamss (n° 18), il publie maintenant IDJ 1?^
"IDntf^ (l'aigle rouge). Voici les dates de quelques numéros : 170,
1 juin 1905; 431,1 mai 1906; 753, 31 mai 1907.
19 bis. .QDW^K
(Le Sionisme.) «Par l'avocat Alfred Valensi; traduit par Jacob
Cohen.» Prix, 25 centimes.Tunis, Imprimerie de l'Orient, 1906.Qua¬
rante pages in-8°; contre-titre seul; couverture imprimée servant
de titre.
[Le texte original est en italien.]
— 255 —
22. - , Sjtf-OTIS^
Le Phonographe a paru régulièrement chaque semaine jusqu'au
n° 45 inclusivement (22 février 1905). Le n° 46 est du 20 mars, le
n° 47 du 10 mai 1905, toujours à l'Imprimerie Pinzi. Les quatre der¬
niers numéros sortent de l'Imprimerie Universelle, Rue du Palmier,
5; ils sont datés : 48, du 29 mars 1906, 49, du 5 avril, 50, du 8 mai
et 51, du 29 mai 1906.
Le feuilleton n"fi¥ T1S V^riR, [non de Simah Lévy, comme je
l'avais dit, mais traduit par lui de l'hébreu], a été terminé avec le
n°46.Un autre,'pbittûS^ (le trésor des oisifs), [également traduit
de l'hébreu par Simah Lévy], a paru du n<> 36 au n° 47 et n'a pas été
continué. Les quatre derniers numéros renferment le commence¬
ment de "IfcnjSï* DHbSx (le serviteur infidèle), [traduit du français
par Lévy (d'un roman de Ponson du Terrail, je crois)].
41 bis.—,;,ryypsfl n« onn
, ,«i n«'îDVt yai 13 | mnin
(Liste de tous les livres, les récits, les histoires...) Ce titre est pré¬
cédé de Catalogue. Sion Uzan, Tunis, 1907. Seize pages 12 X18.
Catalogue de la librairie Sion Uzan.
47 bis. - .ijïqi 1 ) pD?S nSisa m; n^Wi
tf 1 1 nsbn
, hditA' H«m | m*arN p tfwi
( Trois chansons nouvelles pour un sou : « Ya limoun ! ya limouni /■»;
« Mon ma/ [vient] de [la fille à] l'œil d'outarde » ; « Voici la mariée ».)
Anonyme [édité par Simah Lévy]. Imprimerie Universelle, Tunis.
Sans date [1907]. Une page 22X31.
[La première pièce est une chanson populaire recueillie par Simah
Lévy, la seconde est de lui, la dernière égyptienne.]
(Ya limoun! ya limouni! est le cri de marchands de citrons.— On
dit d'une femme aux beaux yeux noirs qu'elle a des yeux d'outarde.)
(Liste de tous les livres, les histoires, les chansons, les melzoumas,
les complaintes, les feuille? qui se trouvent en vente...) Précédé de
Catalogue. 5666 [1906]. Imprimerie Universelle, Tunis (des exem¬
plaires du même tirage portent l'adresse complète). Huit page 11X16.
Catalogue de la librairie Simah Lévy.
ham Ettouil, Tunis. Imp. J.Guedj. Sans date [1906]. Vingt-huit pages
11X16.
[C'est, si je ne me trompe, le conte de Djouder le pêcheur (Mille
et une nuits).]
— 258 —
97 -- raro
[Au plus tard 1892.] Une page 28x20.
1 Le kamets do naveh est remplacé ici par aleph ; mais l'Exode porto l'état construit,
nevêh.
— 261 —
(Chanson « Les gens vont à la prière et prient ».) Suivi de trois chan¬
sons de maçri. Signé ,^,n [Haïm Belaïche]. Imprimerie Universelle,
Tunis. Sans date [1907]. Huit pages 11X16.
[Chansons populaires arabes recueillies par Belaïche et éditées
par Simah Lévy.]
Lévy]. 5666 [1906]. Sans lieu [Tunis], Imprimerie Simah Lévy. Huit
pages 11X16.
La première chanson n'est pas en entier dans ce cahier, elle se
continue au n° 201 ter. [Elle est de Salem ben Onnas, poète du Sahel
tunisien; l'autre chanson est également connue et inédile.]
/m^non^ hjw
(...suivie de la chanson «.La charmante belle».) «Deuxième livrai¬
son.» Anonyme [édité par Simah Lévy]. 5666 [1906]. Imprimerie
Universelle, Tunis. Huit pages 11X16.
Fin de la chanson du bouquet de jasmin [et chanson connue inédite].
nies sous couverture imprimée avec titre simplifié [tout ce qui a pa¬
ru]; au bas de la dernière page, on lit « Fin du premier volume ».
Au lecteur
don de celte faillite aux vingt savants d'Europe et aux dix Tunisiens
que la suite eût intéressés.
Au reste, ce qui a paru remplit à la rigueur le programme que je
m'étais tracé en prenant la plume :
1° Signaler aux orientalistes tout un ensemble d'opuscules qui
leur était généralement inconnu et dont on pourrait tirer bon parti;
2° Ouvrir cette littérature aux arabisants qui n'ont point étudié
l'hébreu ;
3° Faire mieux connaître à nos compatriotes de France et d'Afri¬
que un élément considérable de la population de la Régence ; leur
montrer que les Juifs tunisiens, s'ils ont au point de vue social les
défauts de la jeunesse,ne manquent ni d'intelligence,ni d'initiative;
qu'ils constituent, comme je l'ai dit ailleurs 1 ,une force, mais une
iorce encore un peu aveugle, à diriger pour leur bien et pour le nôtre.
Que mon but soit atteint, c'est ce qui semble résulter des lettres
flalteusesquej'aireçues; réminent professeur Nôldeke,entre autres,
me faisait l'honneur de m'écrire le 25 mai dernier :
Sie erôffnen den Europâem eine ganz neue kleineWelt.Es ist nicht
zu leugnen, dass die Juden, wo sie auch leben, >_J.»! sind (wenn
auch nicht gerade immerin dem Sinne,wie sieim Korân so heissenj.»
«Vous ouvrez aux Européens un petit monde entièrement nouveau.
On ne saurait contester que les Juifs, en quelque lieu qu'ils vivent,
ne soient gens du Livre (quoique pas toujours exactement au sens
où le Coran les appelle ainsi).»
" En terminant, je rappellerai le mot de Metternich : « Chaque pays
a les Juifs qu'il mérite. »
La publicalion de cette étude a été commencée dans la Revue Tu¬
nisienne de juillet 1904; le premier fascicule du tirage à part (pages
5 à 96) a paru le 23 mai 1905, le second (pages 97 à 160) le 24 février
1906,1e troisième (pages 161 à 224) le 3 mai 1907; le quatrième et
dernier est sous presse.
Page 177, note 2, fin : Les pains en forme de pyramide figurent parmi
les offrandes de Ramsès III (—1230 à —1200). {Records of the past,
vol. VI, p.45,63,64 et 66.) Les pyramides et cônes votifs grecs en terre
cuite représentent des pâtisseries, comme le montrent leurs inscrip¬
tions. (Albert Dumont, op. cit., p. 407.)
Page 178, alinéa 2 : En Egypte, MM. Flinders Pétrie et Quibell ont
recueilli des œufs d'autruche dans beaucoup de tombes probable¬
ment libyennes, datant de —3300 à —3009; M. Gsell a trouvé ces
œufs en nombre près de Cherchell, dans une nécropole numide qu'il
rapporte au ne ou au in e siècle de notre ère. (D 1' Bertholon, Revue
Tunisienne, 1904, p. 349).
Page 186, alinéa 4 : Sur les sceaux céramiques de la Grèce, où le
bucrâne est un symbole très fréquent,ses cornes affectent parfois la
forme du croissant lunaire. (A. Domont, op. cil., p. 366, n° 206, fig. ;
p. 371, n° 35,fig.) — Après l'alinéa 7 : Vers l'an 150, Apulée (Florides,
i, éd. Nisard, p. 111 a) mentionne entre autres objets sacrés un chêne
chargé de cornes.
Page 188, alinéa 2 : Les Troglodytes couvraient leurs morts d'un
monceau de pierres surmonté d'une corne de chèvre. (Diodore, 1. III,
xvii.) —M.Goldziher me signale ce passage d'Ibn Qouteyba (rx e siè¬
cle), 'Ujun al-akhbar, éd. Broclgslmann, p. 194, 6 :
1 «On dit aussi qu'un des moyens par lesquels Dieu préserve les chevaux du mau¬
vais œil est de leur mettre au cou un collier de cornes de bouquetin. » Malgré le plu¬
riel, il ne s'agit pas, je pense, d'une série de cornes disposées en chapelet, ce qui affo¬
lerait le cheval, mais d'une paire de celles-ci enfilées sur un lien et pendues au cou
comme les amulettes que j'ai décrites page 197.
2 « Il n'y a aucun mal à mettre les crânes sur les céréales, les vignes, etc., en vue du
mauvais œil; en eiïet celui-ci atteint réellement les biens, l'homme, etc. Une femme
— 275 —
disait au Prophète : «Nous sommes gens des cultures; aussi redoutons-nous pour
« elles le mauvais œil. » Il lui ordonna alors d'y placer les crânes, car le regard tom¬
berait d'abord sur eux en raison de leur situation élevée et après cela ne serait plus
nuisible.» Les crânes, d'après ce texte, ont de hauts supports (des perches, sans dou¬
te), de façon â être aperçus de loin; l'espèce n'en est pas mentionnée, ce qui dénote
une pratique courante : l'écrivain sait qu'il sera compris à demi mot.
— 276 —
(1) Cinia veut dire proprement plateau de cuivre, mais ici je pré¬
sume qu'il s'agit d'un homonyme venant de l'italien segno, de l'espagnol
sena ou du latin signum, qui tous signifient signe, marque ; il ne peut
être question du français signe, car c'est seulement depuis l'occupation
que des mots de notre langue passent en judéo-tunisien.
(2) Dans la loi judaïque celui qui plantait vin arbre en devait ôterles
fruits jusqu'à la fin de la troisième année, les consacrer à Dieu la qua¬
trième et ne les manger que la cinquième (Lëvitique, xix, 23-25) : cette
prescription ne visait-elle pas, elle aussi, le mauvais œil ?
— 3—
ment les images qui pourraient être animées ; or, les photogra¬
phies et les tableaux ne sont point dans ce cas, étant sans épais¬
seur, non plus que les bustes en ronde bosse, où il manque la
place des organes essentiels à la vie.
Belle science, que la casuistique I
s *
* *
Si une personne a éprouvé un saisissement ou fait une chute,
on doit bien se garder de lui donner à boire. Mais c'est là proba¬
blement un précepte médical plutôt que mystique.
Du même ordre, je pense, est cette recette : pour l'aire rentrer
les fous dans leur bon sens, il faut les enchaîner, les mettre au
pain et à l'eau et les rouer de coups.
*
* *
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
EUSEBE VASSEL
ANCIEN PRESIDENT DE L'iNSTITUT DE CAKTHAGE
FASCICULEPREMIER
(De la. page 5 à la page 96 )
Prix : 2 fr. 50
^0 J)J>
(çTs^fe»-.^*^Tq)
w
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
1905
Additions et corrections
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
EUSEBE YASSEL
ANCIEN PRÉSIDENT DE L'iNSTITUT DE CARTHAGE
FASCICULE II
( De la. page 97 a. la. page -ISO)
Prix : 1 fr. 50
(£> (5^///^-^^ Q)
(è) 3^^-^'/^ (5)
Sri> iSir
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
Mars 1906
Additions et corrections.
TUNIS
SOCIÉTÉ ANONYME DE L'IMPRIMERIE RAPIDE
5, rue Saint-Charles, dans son immenble
^
LA LITTÉRATURE POPULAIRE
PAU
EUSÈJBE VASSEL
ANCIEN PRÉSIDENT DE t'iNSTlTUT DE CARTHAGE
FASCICULE HI
( Oe la. pet g -© iS-1 a. la, page 334)
Prix : 1 fr. 50
^1s^v^-^^è ($)
(S)
Sri>
^0^-^'"^
(o)
iîr^(5)
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE,28
Avril 1907
Additions et corrections
Page 11, ligne 16: Il faut sans doute attribuer de même à quelque
superstition la substitution par les monétaires, entre Aurélien et
Constantin, des chiffres BA = 5 -j- 4 au chiffre © = 9.
Page 52,ligne 28: la lettre £, lire la lettre 3.
Page 61, n° 23, ligne 4 : sans date, ajouter [au plus tard 1892].
Page 72, n° 67, ligne 1 : après , ajouter yntfPI • — Ligne 2 : fils
d'Al-Rachid, lire : fils de Haroun al-Rachid.
Page 75,n° 76, dernière ligne: fermez la parenthèse après 41.
Page 76, ligne 1: 7\^iCO,lire n^lDD-
Page 80, n° 97, ligne 4 : sans date, ajouter [au plus tard 1892]. Une
page 28X20.
Page 97, ligne 10 à partir du bas: «La bibliothèque de notre Aca¬
démie des Sciences [Budapest] possède deux volumes de la rCSD
^ib^D (fonds Kaufmann,n° 6211/II).» I.Goldziheb, in litt.
Page 99,n° 149, ligne 11 : « KE^TlK.qui doit sûrement être vé, me
LA LITTERATURE POPULAIRE
FASCICULE IV ET DERNIER
De la page a la- page STQ^
De la page -1 a la page S
Superstitions tunisiennes, supplément à relier à la fin du volume)
De la page -1 a la page -4
( Titre et table des matières, à relier en tête du volume)
Prix : 1 fr. 50
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
Novembre 1907