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LA CODIFICATION MNÉMONIQUE
DU CALENDRIER SAVANT BERBÉRO-MAGHRÉBIN
DANS LES MANUSCRITS DU MAGHREB1
par
Djamel-Eddine Mechehed
INTRODUCTION
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romaine. Ces noms sont généralement les suivants, mais il y a des variantes
nombreuses : Innaïr, Fourâr, Mârs, Abrîl, Mâiou, Youhiou, Yoûliou,
Ghoucht, Chotenbir, Ktoûber, Nouwambir et Didjambir4.
Il faut préciser que le mot al-caǧamī est un terme arabe désignant un étranger,
le nom qu’on donne aux populations parlant une langue autres que la langue arabe.
Généralement, on désigne par ce mot, en Andalousie et au Maghreb, les Berbères.
Al-Sūsī dans son ouvrage al-Matṭlc cala masā’il al-muqanac, nous rapporte
une information intéressante sur ce calendrier, que nous traduisons ainsi :
Les Romains rajoutent un quart de jour de chaque année pour le mois de
février, et les chrétiens de la ville de Rome, eux aussi rajoutent une journée
pour le mois de février, quant aux Grecs et Alexandrins, ils le rajoutent au
mois de ḏūǧanbar, qui sera de 32 jours. Quant à nous [Maghreb], sachez que
l’histoire du calendrier al-caǧamī, le premier jour de l’année correspond à
lundi, le premier Uktūber, remonte à l’évènement de la sortie d’Alexandre
(ḏū’l-Qarnaīn) pour ses guerres, il coïncide au début de l’année chez certains
c
aǧamī (étrangers), qui correspond chez nous au yanāyr, nous sommes
aujourd’hui 1947 de l’an 1000 de la hiǧra du Prophète5.
LE CALENDRIER BERBÉRO-AGRAIRE
4. Ibid.
5. Al-Sūsī, fo 4 du manuscrit no ASN 4, cf. Djamel Eddine Mechehed (2004 : 414-433).
6. Ces noms de mois solaires sont actuellement vivants dans de nombreux parlers berbères. Pour le
kabyle, il convient de les rappeler ici (avec la transcription usuelle) : yennayer, fuṛaṛ, meγres, ibrir,
mayyu (ou bien maggu), junyu, yulyu, γuct, ctambeṛ, ṭubeṛ, nwamber, dujambeṛ (ou bujambeṛ).
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journée est rajoutée à la saison de l’été7. Ce calendrier agricole, comme tous
les calendriers solaires, est composé de 365 jours et 1 /4.
Nous ne sommes pas en mesure de donner la preuve que le calendrier
utilisé dans les textes maghrébins du Moyen Âge est un héritage berbère, mais
on peut être formel que le calendrier agraire est d’origine berbère (Bourdieu,
1976 : 44).
En parlant du calendrier berbère agraire, les Berbères de l’Antiquité fête le
yanāyr, qui marque la fin des labours, et qui, selon les textes arabes
médiévaux, est une fête célébrant le passage au Nouvel an8. Ce jour est appelé
Ṯawurt useggas (la porte de l’année) ou rās al-cām, chez les populations
arabophones. Dans la tradition orale berbère, notamment de Kabylie, le
découpage est bien ancré dans la mémoire collective. En effet, souvent, les
cycles sont accompagnés par des rituels (Bourdieu, 1976 : 49), ces cycles
saisonniers sont divisés en saisons et sous-saisons, avec leurs noms berbères,
en fonction de l’état des saisons. Ainsi, par exemple, les nuits froides de
l’hiver sont divisées en deux, selon la couleur du ciel pendant la nuit : les
20 premières nuits froides et sombres sont appelées isemmaḍen iberkanen.
Pour permettre aussi de mémoriser ces cycles avec plus précision pour les
agriculteurs, on emploie des dictons populaires ; on dit par exemple au sujet
des pluies de yanāyr (s’il n’y pas de pluies au début, il y en aura dans les
derniers jours) : M’ur yewwit s imezwura ad yewwet s ineggura. On dit (en
kabyle) de maġras : ulamma yeshel meγres, aḥeyyan zzat-es (même si maġras
est clément, mais aḥeyyan est proche de lui). On dit aussi des nuits froides
(llyali) : Ur țțamen llyālī ma ṣeḥḥant ; ur țțamen timɣarin ma ţẓallant (ne fait
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7. al-Sūsī, Šarḥ al-muqna c cala šarḥ Ābū Maqra c. mss ASN 05, cf. Mechehed (2004 : 419).
8. al-Sūsī, fol 4 du manuscrit no ASN 4, cf. Mechehed (2004 : 414-433).
9. Ibid. cf. Appendice/annexes.
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On remarque que les indications précieuses fournies par les agriculteurs
berbères par ces dictons remontent probablement à l’antiquité, issues d’une
longue expérience dans l’observation du ciel, et de la végétation. En effet, on
trouve chez les agriculteurs, beaucoup d’interprétations des couleurs du ciel et
de la nature, on dit, par exemple : izegzawen (les verts) pour désigner la période
verte, qui est la dernière trace de verdure. D’autres périodes arrivent selon
l’interprétation de la couleur de la terre (Bourdieu, 1976 : 49) : iwraγen (les
jaunes), imellalen (les blancs), iberkanen (les noirs), iquranen (les secs), etc.
Cette littérature qu’on vient de citer est très riche non seulement à travers
l’héritage oral berbère, mais aussi à travers les textes d’astronomie. On y
trouve également des indications relatives à l’agriculture, la médecine, et la
divination dans les almanachs maghrébins et andalous10.
Les lettrés et agriculteurs andalous et maghrébins ont bien conservé et
employé deux calendriers en parallèle, l’un est consacré à l’agriculture, tenu
par les agriculteurs, et le calendrier savant tenu par des lettrés.
Les auteurs ont employé ce calendrier depuis le Moyen Âge11 et ont créé un
système de codes mnémoniques pour en maîtriser l’usage. Dans leurs écrits ils
font une distinction nette entre al-caǧamī, al-qubtī (copte), al-rūmī (européen) et
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10. L’almanach de Lmulud Ulaḥbib, mss no ASN10, et l’almanach al-Ra’diya, mss. no ASN21.
11. Ibn Baṣāl, mss TA (collection Ūlaḥbīb).
12. cAbd al-Razzaq Ibn Ḥamādūš al-Ǧazā’irī, Lissān al-Maqāl, manuscrit K-463 de la bibliothèque
générale de Rabat.
13. Manuscrit no 6292, cf. al-Ḫaṭṭābī (1983 : 273-274).
14. Ms ASN No 13, cf. Djamel-Eddine Mechehed (2004 : 420).
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Il est difficile cependant d’aller plus avant, au-delà du moyen âge, pour
chercher des textes sur l’origine de ce calendrier. Si nous cherchons une
information simple sur le calendrier solaire que nous utilisons aujourd’hui, les
dictionnaires nous enseignent que c’est aux égyptiens que nous devons la
connaissance de cette année solaire15. Quant aux sources arabes, la plus
ancienne sur le calendrier solaire vient du célèbre Ṯābit ibn Qurra al-Ḥarrānī
(m. 288h/901)16, dans son ouvrage Risālat fī sanat al-šams bi’l-irṣād (le livre
sur l’année solaire au moyen d’observation)17, qui n’a pas cependant employé
le mot sanat al-šamsīya, au lieu de caǧamīya. On remarque aussi qu’Ibn Qurra
a employé le système Ḥisāb al-ǧumal dans ces données astronomiques. Le
manuscrit d’Ibn Qurra est conservé à la bibliothèque britannique18 ; il s’agit
d’un commentaire d’almageste de Ptolémée19, où l’auteur dit avoir observé
l’équinoxe de l’année ZYH (l’auteur a employé les trois lettres zīn, ya et ha,
qui correspondent à 725 en calcul abécédaire : Ḥisāb al-ǧumal). Nous ignorons
cependant de quelle ère s’agit-il. En tout état de cause, le manuscrit traite du
calendrier solaire, et cite trois calendriers : Philippe, copte et d’Alexandre, et
des citations très précises sur les noms des mois : Amchīr (copte) et Phamenoth
(alexandrin). Ce calendrier revient souvent dans son commentaire.
Selon Henri Brugsch (1864 : 7), les Grecs habitant à Alexandrie se
servaient d’un calendrier qui a les mêmes caractéristiques que celui des
Coptes, il est connu du nom du calendrier alexandrin. Cependant, les noms
des mois ne sont pas les mêmes (ibid.). Ce calendrier a été cité et connu du
voyageur scientifique ‘Abd al-Razzaq b. Ḥamādūš al-Djazā’iri, un lettré
algérois né à Alger en 1107h/ 169520. Il paraît clair qu’il connaissait
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parfaitement ce calendrier, mais également l’ère. C’est ce qui ressort dans un
passage de l’introduction de son ouvrage, la Riḥla21, que nous traduisons ici :
Je suis né la nuit du lundi de l’an 1146 de l’hégire, qui correspond au 14 du
mois de février de l’an 1743 chrétienne, la cinquième journée du mois en l’an
2054 de l’année alexandrine, à quatre heures au début de l’an 48 caǧamiya.
Nous ignorons ce que représente l’an 48, voulait-il dire l’an 2048 et de
quelle ère s’agit-elle ?
Un autre astronome d’Andalousie, Ibn al–Raqqām, cite lui aussi le calendrier
alexandrin, dans son ouvrage al-Ziǧ al-qawīm, dans lequel il affirme que les
premiers jours de ce calendrier commencent le premier octobre, et il rajoute que
le calendrier chrétien est venu 321 ans et quatre vingt dix jours et ¼ après22. On
trouve les mêmes propos, rapportée par al-Susī23. Et selon Brusgsh (1864 : 8),
l’ère copte a commencé le 29 août de l’an 284 après J.-C.
21. Le titre de son récit de voyage est : Lisān al-maqāl. Il évoque son voyage dans le Maghreb, et
pendant son voyage d’Alger à Tétouan, il a cité ses travaux sur les manuscrits et sur le savoir
scientifique disponible au Maghreb. Manuscrit K 463 de la bibliothèque générale de Rabat.
22. Manuscrit no 260 de la Bibliothèque Générale de Rabat.
23. al-Sūsī, fos 4 du manuscrit no ASN 4, cf. Djamel Eddine Mechehed (2004 : 414-433).
24. Le texte qui se trouve sur l’autre face, al-Darār al-lawāmic fī āṣl muqrī’ al-imām nāfic est un
traité de tafsīr. Il s’agit d’un commentaire de Muḥammad b. Šucīb al-Majāṣī, enseignant `a Taza
(Tunisie), écrit en 727 de l’hégire 1326 la copie a été réalisée par al-Sasī Ibn Abū Kuhīl al-Ḍāfirī en
l’an 869h/1464, à Qafsa.
25. Aḥmad Baba Al-Tunbukti (2002 : 37).
26. al-Ḫaṭṭābī (1983), Mss. nos 930 D, 1279 D, 1588 D, p. 270.
27. Risālat fī taqwīm al-manāzil, mss no 6493 s19. p. 212. Risāla fī ḥisāb al-cām al-caǧamī wa
fuṣūlihi wa manāzilihi wa burūǧihi, mss no 8873 s 25, ibid., p. 223.
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C’est en se basant sur les textes maghrébins, qu’on a préféré de nommer le
calendrier solaire disponible au Moyen Âge dans le Maghreb par l’appellation
« calendrier berbéro-maghrébin », au lieu de « calendrier berbéro-romain », ou
« julien-andalou ». Étant donné que le découpage, les formules de calculs, et le
codage mnémonique de ce calendrier a fait l’objet d’une littérature purement
maghrébine, les Maghrébins n’ont fait qu’inspirer les noms des mois du
calendrier julien, rapportés par les auteurs andalous, qui, à leur tour ont arabisé
les noms latins des mois du calendrier julien. Les méthodes de codages, l’usage
de la mnémonique, le découpage des saisons et sous-saisons, les méthodes de
détermination de yanāyr, de muḥarram, et les quatre saisons de ce calendrier
apparaissent exceptionnellement dans les textes des auteurs maghrébins.
Plusieurs auteurs andalous ont daté avec ce calendrier et l’ont employé dans
leurs écrits agronomiques et astronomiques, parmi eux, citons : Ibn al-
c
Awām, Ibn Baṣāl et Ibn Layūn (né en 681h/1282)28, et surtout l’ouvrage
Kitāb al-‘Anwā’, connu du nom du calendrier de Cordoue, de son auteur Ābūl-
Ḥasan cArīb ibn Sa‘d (mort en 370h/980). L’auteur nous y donne des
informations sur le nombre de jours, les durées du jour et de la nuit, les signes
du zodiaque, les saisons, et les périodes agricoles, etc. Mais son auteur n’a fait
aucune allusion au système de codage mnémonique et cryptographique utilisé
par les maghrébins sur ce calendrier solaire.
D’ailleurs, il est très probable que J. Servier, l’auteur de l’hypothèse de
l’origine de ce calendrier (Genevois, 1975 : 1), s’est basé sur ce livre pour
affirmer que le calendrier berbéro-maghrébin serait d’origine copte.
Rappelons que ce texte a été traduit et édité par Drozy et publié sur le site
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28. L’auteur a utilisé un mot berbère dans son texte, il s’agit de idqi, l’argile employée dans la
poterie. La bibliothèque générale de Rabat, conserve une copie de ce manuscrit sous le no D 2765,
Aḥmad al-Tāhirī, Iḫtiṣarāt min kitāb al-filāḥa Ibn al-Layūn (2001). Ed. Najah Casablanca, p. 68 et
92. Genevois
29. http://www.filaha.org/author_ar_b_ibnsa.html.
30. Id. Bibliothèque nationale de France, no 1082 et à la bibliothèque Al-Maktabah al-Baladīyah,
Alexandria, 2918j, fo 25-50.
31. La collection Lmūhūb Ūlaḥbīb, a été constituée vers le milieu du XIXe siècle à Ait Ouerthilan en
Petite Kabylie (Algérie) par Lmūhūb Ūlaḥbīb, né en 1822. Cette collection est l’une des premières à
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d’aborder un système de codification mnémonique de ce calendrier berbéro-
maghrébin32. Ce calendrier a atteint son plus haut niveau de développement et
perfectionnement au Maghreb pendant la période allant du XIVe au XIXe siècle.
Nous traiterons brièvement ce sujet, en mettant en évidence la
représentation graphique et matérielle de ce procédé médiéval, qu’on retrouve
dans les manuscrits maghrébins d’astronomie.
Les codes sont constitués de courtes phrases, de mots souvent sans
significations particulières. Certes, ces codes ont un but mnémonique, créés
pour mémoriser efficacement les pensées, et alléger des informations dans la
transmission du savoir-faire de ce calendrier. C’est ce procédé qui fait de lui
un calendrier typique maghrébin et unique.
Les manuscrits conservés aujourd’hui dans les bibliothèques d’Algérie33 et
du Maroc34, prouvent l’ancienneté de l’usage du calendrier berbéro-
maghrébin, non seulement en ce qui concerne l’astronomie et l’agriculture,
mais aussi dans les croyances et légendes populaires35.
être cataloguée en Kabylie. Numérisée et mise en ligne dans le cadre du projet européen MANUMED
bibliothèque virtuelle de la Méditerranée « e-corpus/ : http://www.e-corpus.org/machahad-dj.htm ».
32. La maîtrise, la connaissance, et le découpage du temps de ce calendrier sont exclusivement
berbéro-maghrébins maghrébin, on attribue seulement les noms des douze mois de l’année au
calendrier romain (julien).
33. Cf. Fagnan, (1893) et Collection Ūlaḥbīb (Mechehed, 2004).
34. al-Ḫaṭṭābī (1983: 273-4), mss. no 6292.
35. Nous avons trouvé un texte composé d’un folio anonyme, qui mentionne vingt-quatre jours
néfastes, deux jours dans chaque mois de l’année. Ainsi, l’auteur du texte conseille, par exemple de
ne pas construire, de ne pas rendre visite à quelqu’un le 21e jour de yanāyr, de ne pas vendre ni
acheter le 12e jour de fūrār, et propose aussi les bons moments de l’année pour entreprendre des
travaux, du commerce, le mariage, etc. (Mss. Ūlaḥbīb, fo, s.d., environ XVIIIe siècle).
36. Mechehed (2007 : 54-81).
37. MANUMED, Bibliothèque virtuelle de la Méditerranée « e-coprus/ : http://www.e-
corpus.org/machahad-dj.htm »
38. Fo manuscrits No 1-68 (Collection Ūlaḥbīb).
39. La mesure du temps, et la détermination des deux premiers jours des calendriers solaire et
lunaire, la détermination des premiers jours de chaque saison.
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ce calendrier (Mechehed, 2004 : 414-33). Ceci témoignerait de l’existence d’une
culture savante chez les auteurs maghrébins et de leur grande maîtrise de ce
calendrier. Ainsi, ces auteurs ont développé des formules de calcul des
techniques de mémorisation, que nous ne trouvons nulle part ailleurs dans
d’autres calendriers, et que l’on peut qualifier de ‘‘calendrier intelligent’’. Nous
avons localisé dans les manuscrits de la collection Ūlaḥbīb environ soixante-huit
notes mnémoniques et cryptographiques, composées en majorité de folios isolés,
écrites par des copistes et des auteurs algériens et andalous de périodes diverses
allant du XIIe aux XIXe siècles. Nous nous sommes alors intéressés de plus près à
ces formules, notamment la codification mnémonique du calendrier solaire
berbéro-maghrébin. Il est tout à fait clair que ce système de codage mnémonique
est une spécificité maghrébine. Il faut rappeler l’existence d’une grande tradition
maghrébine des abrégés qui constituent eux-mêmes des procédés
mnémotechniques. Il convient de souligner que les textes abrégés étaient un
mode de transmission du savoir dans les centres d’enseignement en Occident
musulman au Moyen Âge. L’Andalousie et le Maghreb ont produit plusieurs
abrégés. Le Maghreb avait la particularité d’avoir produit le plus grand nombre
d’abrégés célèbres, touchant à plusieurs domaines, parmi les auteurs du Maghreb
central, célèbres : al-Āḫḍarī40, al-Sanūsī (m. 895h/1490), cAbd Allah al-Ǧazā’irī
(m. 884h/1480), Ibn Marzūq (m. 1439), etc.
Il existe des formules mnémoniques destinées à mémoriser un certain
nombre de règles dans plusieurs disciplines. Ces formules mnémotechniques
ou cryptées sont volontairement courtes pour faciliter leur mémorisation.
L’idée, est de transmettre sous forme abrégée l’essentiel des données, au
moyen d’une formule plus claire, plus simple, bien qu’en elle-même, elle est
souvent sans signification particulière. En revanche, toutes les lettres ou
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40. Né en 1512 à Biskra (Algérie) et mort en 1575, il est l’auteur qui a le plus grand nombre
d’abrégés au Maghreb, dont dix d’entre eux nous sont parvenus, sur le calcul, le fiqh, la logique et
l’astronomie, l’astrolabe, nous conservons six de ses textes dans la collection Ūlaḥbīb. Cf. Djamel-
Eddine Mechehed (2004).
41. Collection de manuscrits Lmūhūb Ūlaḥbīb, fos 1-60, no 3, non catalogué.
263
Planche 1. – Folio no 3, mot mnémonique des obligations du pèlerinage (ḥaǧ).
42. Muḥammad Mrayati & al. (1987), cĪlmu at-tacmīya wa istiḫrāǧ al-mucmamma cind al-carab,
Damas, Maṭbūcāt Muǧmac al-Luġa al-cArabīya bi Dimāšq, Et Ṭahar al-Ǧaza’ īrī (1886), Tashīl al-
maǧāz ila fenni al-mu’amma, Syrie, Maṭbacat Wilāyat Surya.
43. Le manuscrit Abū Maqrac no TA 12/3 Fos 2 et 3, copie s.d, mss no t 14,, al-Sūsī, le manuscrit
no TA 12/3 Fos 2 et 3, copie s.d, mss no t 14, cf. Djamel Eddine Mechehed (2004), al-Maqrī al-
Tabṣirat al-Mubtadī wa taḏkiret al-muntahī fī ma crifat al- āwqāt bī-l- ḥissāb min ġayrī ’āla wala
kitāb. mss fo 7, no 10355 Bibliothèque royale de Rabat.
264
Il est à souligner que les auteurs des textes mnémoniques ont des
connaissances approfondies de l’astronomie et le Ḥissāb al-ǧumal,etc.
Nous avons souligné en haut que les études sont très rares sur ces codes
mnémoniques sur le calendrier solaire. Ce système est à la fois, un système de
code et mnémonique, nous avons rencontré quelques exemples, notamment dans
les textes d’al-Maqarī44 et d’Ibn al-Bannā. Ainsi, al-Maqarī (v.786h/1384)
composa la phrase suivante : Fāza raǧulu ḫatama bi ḥaǧǧ « heureux celui qui
termine ses obligations par un pèlerinage » pour désigner les 12 mois du
calendrier solaire berbéro-maghrébin qui contenaient les uns 31, les autres
30 jours, à l’exception du mois de Fūrār composé de 28 jours et la quatrième
année de 29 jours. Dans sa formule mnémonique, les lettres les sus-, sous- lettres
(al-manqūta : fā’, zīn, ǧīm, ḫā’, tā’, bā’) représentent les mois de 31 jours et
celles sans point ceux de 30 jours. Quant aux lettres sans point (ġayr al-manqūta :
ālif, rā’, lām, mīm et ḫā’), elles désignent les mois de 30 jours (pl. 7).
Cet ouvrage a été commandé à son auteur par plusieurs élèves du
jurisconsulte de Béjaia (Bougie) al-Waġlīsī (m.786h/1384)45.
Certains auteurs ont inventé des méthodes de calculs pour la détermination
du premier jour de yanāyr et le premier de chaque mois, les débuts des saisons
etc. Parmi eux, nous citerons Ābū Maqrac au XIIIe siècle, al-Sūsī au XVIIe siècle,
al-Āḫḍarī au XVe, Ben Ali Cherif au XVIIIe, leurs traités sont justement les
principaux références du Maghreb dans ce domaine, et leur importance dans la
région d’Ath Urtilan est confirmée par les très nombreuses copies retrouvées.
Deux membres de la famille Ūlaḥbīb avaient des connaissances approfondies en
astronomie ; ils s’agissent de Lmuhub (né en 1822) et Lmahdi46 (né en 1896).
Parmi leurs écrits, les méthodes de détermination des horaires de la prière et des
premiers jours de yanāyr et muḥarram. Il semble que l’emploi de la
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44. Celui-ci est astronome qu’il ne faut pas confondre avec al-Maqrī (m. 1631), auteur de l’ouvrage
Nafḥ al-Ṭibb.
45. Cf. sa biographie dans l’ouvrage d’Ahmed Baba al-Tunbukti (2002 : 180).
46. Lmahdi était versé dans l’astrologie, l’astronomie et était la source principale de détermination
des dates (fêtes religieuses, périodes de cultures...) de toute la région, comme le prouve une de ses
correspondance avec Naser Ben Naser, membre fondateur de l’Association des ulémas. Lmahdi a
copié plusieurs manuscrits de la collection Ūlaḥbīb, mais l’écrit le plus précieux est un petit
commentaire de la cAqīda al-Suġra de al-Sanūsī en langue berbère (en caractères arabes). Il s’agit
d’un traité sur la conscience de l’unicité de Dieu (cIlm at-Tawḥīd). Cf. Mechehed (2015 : 29).
47. Les formules mnémoniques Fos no 1-60, collection Ūlaḥbīb.
48. Cf. Djamel-Eddine Mechehed (2004 : 389), mss no ASL 5.
265
Planche 2. – Datation de manuscrit en calendrier solaire au milieu du XIXe siècle
en Kabylie.
266
almanach, divisé en douze mois, traitant, dans chaque mois de l’année, de la
divination par la météorologie, du régime alimentaire mensuel, des événements
historiques et religieux (naissance de Jésus, fête de Pâques, date de la mort de
David, date de la mort du calife Omar). Il traite aussi du temps exact des
travaux des champs, de la sortie d’insectes, des bons et mauvais moments pour
l’accouplement, des jours néfastes, des moments des pratiques des soins (la
hiǧāma), des observations concernant le climat (les périodes de canicules et les
périodes froides de l’année), des bons et des mauvais moments pour la
navigation. Ce calendrier a été édité et traduit en français par Joly. A51 en 1905
au Maroc, sous le titre « un calendrier agricole marocain », et à Tunis en
193852. Ce calendrier est très connu partout au Maghreb ; et nous en conservons
deux manuscrits dans la collection Ūlaḥbīb. Il s’agit plutôt d’un almanach
andalou-maghrébin, contrairement à ce qui a été un peu hâtivement affirmé et
tranché sur l’origine marocaine du texte. Les copies conservées dans notre
collection ne mentionnèrent pas le nom d’auteur, ni la région ; ce qui veut dire
que le texte est considéré comme anonyme, car il n’existe aucune source citant
le nom de l’auteur du texte53. L’auteur aurait utilisé plusieurs sources
astronomiques (sur la mesure du temps), agraires et, en divination, il aurait
utilisé l’ouvrage al-Racdīya d’Ibn Ābī Riǧāl al-Andalūsī, ce qui nous fait penser
que ce texte est probablement composé vers le XIe siècle par Ibn Abī Riǧāl.
Cependant, si nous nous basons sur les indications mentionnées concernant la
mesure du temps, précisément les heures de prières selon le nombre de pieds,
nous pensons au texte des astronomes du XIVe siècle : al-Maqarī, Ābū Maqrac
al-Sūsī, il serait composé après le XIVe siècle.
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CODIFICATION DES MOIS DU CALENDRIER BERBÉRO-MAGHRÉBIN
Dans les textes astronomiques au Maghreb, on trouve souvent les noms des
mois du calendrier solaire, possédant un code, sous forme de lettre ajoutée
dans chaque mois du calendrier (cf : planche 5), c’est-à-dire, on écrivait :
yanāyr -a, fūrār -d, maġraṣ -d, yabrir -z, mayū -b, yūnyū -h, yūlyū -z, ġušt -j,
šūtanbar –h, ktubar -h, nūnbar -d, ḏūǧanbar-w. (cf. planches 457, 5 et 6).
On remarque ici que l’auteur indique les valeurs numériques des lettres,
pour déterminer avec certitude le premier jour de chaque mois du calendrier.
Le point de départ est le premier jour de yanāyr qui met en lumière tous les
premiers jours des autres mois de l’année. Pour plus de détails, sur la
question, nous renvoyons au tableau en annexe. Il est vrai qu'il nous a fallu
beaucoup de temps pour comprendre comment ce code a été composé. Bien
entendu aucun auteur n’a expliqué cette méthode. Les Marocains gardent à ce
jour l’appellation codée du mois de juillet, par yūlyūz (au lieu de yūlyū), la
finale surajoutée zin étant une valeur numérique, du nombre 7. Ce code paraît
sur les planches 4 et 6 qui suivent58.
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qui réfléchit, écoutez moi, toi, qui a étudié al-Sūsī, et a compris avec certitude », cf. Djamel Eddine
Mechehed (2007 : 80).
57. Les formules mnémoniques Fo no 1-60, collection Ūlaḥbīb, folio isolé.
58. Manuscrit de la collection Ūlaḥbīb, mss. no TA ASN 6, copié au XIXe siècle.
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Planche 5. – Mss. no ta 12
Planche 6.
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Tableau.1. – Codification du calendrier, par la lettre surajoutée au nom du mois.
271
La lettre waw, correspond au chiffre 6 du système numérique des lettres
arabes.
La lettre ya, correspond au chiffre 10 du même système; en additionnant les
deux nombres 6 et 10 nous obtenons 16, qui correspondent au 16e jour du
mois de nūnbar (novembre), qui marque le début de l’hiver dans le calendrier
agraire.
La dernière lettre šīn ش, est la lettre initiale du mot Šitā’ شتاء, l’hiver en
arabe.
L’automne est codé par le mot ĀZYḪ, composé de quatre lettres ا ز ي خ
Ā : lettre initiale du mois de AġuŠt (août).
Z : symbole alphabétique du nombre 7.
Y : symbole alphabétique du nombre 10, en additionnant les deux nombres
7 et 10, nous obtenons 17, qui correspond au 17e jour du mois de ġušt (août),
Ḫ : lettre initiale de l’automne, marque le début de l’automne;
L’été est codé par le mot MaZYṢ م ز ي ص:
Ma est la lettre initiale du mois mayū (mai).
La lettre za est une valeur numérique, 7 dans le système numérique
alphabétique, la lettre ya, est le nombre 10 du même système, en
additionnant les deux nombres, 7 et 10 nous obtenons 17 qui correspond
au 17e jour du mois de Mayū, qui marque le début de l’été.
La lettre ṣad est l’initiale du mot ṣayf ( )صيفen arabe (l’été), ce qui
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Le second manuscrit est celui d’al-Maqarī (v. 786h/1384)60, déjà cité et
porte le titre Tabṣirat al-mubtadī wa taḏkirat al-muntahī fī ma crifat al-āwqāt
bī-l-ḥisāb min ġayrī āla wala kitāb61 (« Le guide du débutant et le rappel pour
l’étudiant diplômé, sur la connaissance du temps par le calcul sans aucun
instrument ni livre »). Ce texte est divisé en trente-quatre chapitres, sur le
découpage saisonniers, l’étude des calendriers solaire et hégirien, sur
l’équinoxe et les solstices, le calcul des heures de prières, la détermination du
premier jour de chaque mois solaire... etc. Au folio 7 de ce manuscrit, l’auteur
rapporte une formule qui désigne le nombre de jours pour chaque mois du
calendrier solaire. Ladite formule, a été aussi notée sur un folio isolé de notre
collection (Planche 7), ce qui prouve son usage depuis le XIVe siècle en
Algérie.
Planche 762. – La phrase mnémonique du nombre de jours des douze mois du calendrier
berbéro-maghrébin, en première ligne de ce fragment.
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60. al-Maqarī est originaire du village Maqra, à Msila, d’où est originaire le célèbre al-Maqqarī
(1578-1631), auteur de l’ouvrage Nafḥ al-ṭibb.
61. Ce manuscrit appartient à la bibliothèque royale du Maroc, Tabṣirat al-mubtadī wa taḏkirat al-
muntahī fī macrifat al- āwqāt bī-l- ḥisāb min ġayrī ’āla wala kitāb, mss no 10355, cf. al-Ḫaṭṭābī
(1983 : 147).
62. Les formules mnémoniques Fos no 1-60, folio isolé, vers le XVII
e
siècle, main anonyme,
collection Lmūhūb Ūlaḥbīb.
273
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274
Tableau.2. – La formule mnémonique pour la désignation du nombre de jours de chaque mois, selon les points de cette phrase : sus-, sous-lettres
(al-manqūta : Fā’, Zīn, Ǧīm, Ḫā’, Tā’, Bā’) et sans point Ġayr al-manqūta :Ālif, Rā’, Lām, Mīm et Ḥā’.
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Tableau 3. – La description du code, la valeur numérique et le nombre de pieds pour chaque prière dans chaque mois de l’année.
277
schématique nous paraît intéressante, car elle est le résumé de plusieurs
informations astronomiques. C’est-à-dire qu’elle a réuni les codes des douze
mois de l’année, la formule du nombre de jours de chaque mois, le code pour
la mesure du temps de prières, les informations qu’on a évoquées dans les
paragraphes précédents, expliquées aux tableaux 1, 2, 3, la planche 2.
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– La valeur numérique du nombre de pieds de chaque prière durant l’année,
pour la mesure du temps pour la détermination des prières (planche 9).
– Les stations écliptiques pour chaque mois, pendant le parcours du soleil
dans le zodiaque.
– La nature des quatre éléments (air, terre, feu et eau). Chaque station
correspond à un élément.
La treizième rubrique, qui termine les douze mois, indique le sens des
informations rassemblées. Cette valeur est indiquée dans la treizième rubrique
de ce schéma, par le zawāl (le temps de zawāl : c’est quand le soleil s’élève
dans le zénith du ciel).
Au centre de ce schéma, on lit la formule de l’unicité de Dieu : La ilāh ila
Hawa (il n’y a de dieu que Lui). La compréhension de ce schéma exige la
connaissance du calcul abécédaire (Ḥisāb al-ǧumal)63.
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Dans ces formules, chaque lettre a une signification, sachant que les seize
mots cryptés sont composés de la même manière, et disposés de la même
forme, de droite à gauche, le nom du mois, les deux lettres du milieu
correspondent à deux valeurs numériques, et enfin le nom de la saison ou la
sous-saison est placé en dernier. Ainsi, le premier des dix mots cryptés de la
première ligne, dāyl, est constituée de quatre lettres : dāl exprime le mois
ḏūǧanbar (décembre), ālif exprime le chiffre un 1 en Ḥisāb al-ǧumal, yā’
exprime le chiffre neuf, et Lām exprime Lyālī (les nuits, qui sont au nombre
de quarante dans le découpage du calendrier berbéro-maghrébin). Cela veut
dire, que c’est par le 10e jour du mois de ḏūǧanbar que commenceront les
quarante nuits froides du calendrier. Et le second mot mnémonique dāyr,
constitué lui aussi de quatre lettres, est réparti comme suit : la lettre dal
exprime le mois ḏūǧanbar (décembre), ālif exprime le nombre 1, yā’ exprime
le chiffre dix, et la dernière lettre Ra : ruǧūc exprime le solstice d’hiver, c’est-
à-dire sa date est le 10 du mois de ḏūǧanbar. Il faut dire, que si nous ne
possédons pas de connaissance sur ce calendrier et notamment le Ḥisāb al-
ǧumal (calcul abécédaire), il est difficile de comprendre le sens de ces
formules, même en ayant recours aux ouvrages imprimés.
280
Dans les tableaux suivants, nous tenterons d’expliquer le sens de chaque
mot du fragment de ce manuscrit, (cf. fragment planche 13, ci-dessous).
65. Le manuscrit no TA 12/3 Folo 2 et 3, copie s.d, mss no t 14, collection Ulaḥbīb (non catalogué).
281
FYDR : fā’ est la lettre initiale du mois de fūrār, les deux lettres yā’ et Dāl,
expriment les deux nombres 4 et 10, et enfin la rā’ correspond à la lettre
initiale de ar-rabīc (printemps). Ce qui signifie que le 14 du mois de fūrār est
le début du printemps.
FHKL : fā’, exprime le mois de fūrār, les deux lettres hā’et kāf, exprime les
nombres de 20 et 5, et enfin la lettre lām correspond à la lettre initiale de
layālī (les nuits) et exprime la fin des nuits froides.
MAYc : mim, lettre initiale du mois de maġras, ālif et yā’ expriment les
nombres 1 et 10, et enfin, cīn correspond à la lettre initiale de al-ictidāl
(l’équinoxe). Ce qui signifie que le 11 du mois de maġras est l’équinoxe du
printemps (le jour et la nuit ont 12 heures de chacun).
Avant de conclure ce survol sur les codes mnémotechniques et
cryptographiques du calendrier berbéro-maghrébin, je terminerais par ces
derniers codes-cryptés d’un texte manuscrit copié vers le XVIIIe siècle, pour
montrer combien ce système est très maîtrisé par les auteurs locaux, et
combien il est intéressant pour l’histoire des sciences. Ces codes figurent dans
un volume composé de cinq ouvrages, qui contenaient deux textes en
agriculture, l’un est rédigé par le célèbre agronome andalou Ibn al-Baṣāl, et
l’autre est anonyme66 et trois textes en astronomie, dont, l’un est attribué à
l’imām Mālik, le second est composé par al-Dādīsī sur la mesure du temps, et
enfin notre texte, qui est anonyme, se trouve en dernier,
Le texte qui nous intéresse ici, traite de la mesure du temps. Il porte le titre
de Ṭulūc qaws quzaḥ (la parution de l’arc-en-ciel). Le texte s’achève par
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66. Portant le titre Tuḥfat al-fallāḥ lima lahu min al-falāḥ (L’œuvre de l’agriculteur et les
promesses de son succès).
282
Planche 14. – Fragment du manuscrit : Ṭulūc qaws quzah (la parution de l’arc-en-ciel)67.
67. Du même volume du manuscrit no TA-ASN 12, de la collection Ūlaḥbīb, non catalogué.
283
la fraction 1. La troisième lettre, zīn indique la seconde dizaine qui
2
correspond aux 7 pieds, et en dernier MHū indique les derniers dix jours du
mois, exprimant la même chose par la petite forme zéro, inscrite sur la lettre
mīm, et la lettre hā’ exprime la fraction de pied. Pour rendre ceci claire, nous
présenterons deux premières formules des deux premiers mois, yanāyr et
fūrār :
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68. al-Rcadīya, manuscrit collection Ulahbib ; L’almanach de Lmuhub Ulahbib :Muḫtaṣar lil’l-
ḥissāb wa’l-madāḫil al Fuṣūl, copie autographe, composé vers le milieu du XIXe siècle ; al-Sūsī, fol 4
du manuscrit n° ASN 4 ; Al Sussi, Sharḥ al mumti’, Manuscrit, ASN-T ; Ibn Bessāl, Muḫtaṣar al
Filaḥa, mss TA ; Les manuscrits d’Abū Maqrac n° TA 12/3 Folos 2 et 3, copie s.d.
69. al-Maqri, Tabṣirat al-Mubtadī wa taḏkirat al-muntahī fī ma crifat al-āwqāt bī-l-ḥissāb min ġaīrī
āla wala kitāb, « Le guide du débutant et le rappel pour l’étudiant diplômé, sur la connaissance du
temps par le calcul sans aucun instrument ni livre », Ms Rabat ; Les manuscrits d’Ibn al-Banna : n°
6827F1378 / Bibliothèque de l’Université du Michigan (USA) et dans la Bibliothèque du roi Faysal
d’Arabie Saoudite, et le manuscrit n° 9023.
285
CONCLUSION
Djamel-Eddine MECHEHED
Bibliothèque Ulaḥbīb, Béjaïa
286
BIBLIOGRAPHIE
AÏSSANI, Djamil & MECHEHED, Djamel Eddine, 1999, « Les manuscrits de botanique et
de médecine traditionnelle en Kabylie au 19e siècle », Annali dell’Istituto Universitario
Orientale, vol. 59, pp. 78-92.
AL-ḪAṬṬĀBĪ, Muḥammad al-‘Arabī, 1983, Fahāris al-ḫizāna al- ḥasaniyya. 3, Al-
Riyāḍiyyāt wa l-falak wa aḥkām al-nuǧūm wa l-juġrāfiyyā = Catalogues of the al-
Hassania Library. 3, Manuscripts of mathematics, astronomy, astrology and
geography, al-Ribât , s.n.
AL-MAQRI, al-Tabṣirat al-Mubtadī wa taḏkiret al-muntahī fī macrifat al- āwqāt bī-l-
ḥissāb min ġayrīcāla wala kitāb. mss folo 7, no 10355, Bibliothèque Royale Rabat.
AL-TUNBUKTI, Ahmad Baba, 2002, Kifāyat al-Muḥtāǧ men laysa fi’l-Dibāǧ, Beyrouth,
Dar Ibn Hazm.
IBN ḤAMĀDŪŠ AL-DJAZA’IRĪ, cAbd-al-Razzaq, Lissān al-Maqāl, manuscrit K-463,
Bibliothèque générale de Rabat.
BOURDIEU, Pierre, 1976, « Le sens pratique », Actes de la recherche en sciences sociales,
vol. 2, no 1, pp. 43-86.
BRUGSH, Henri, 1864, Matériaux pour servir à la reconstruction du calendrier des
anciens Égyptiens, Leipzig, Lib. J.C. Hinrichs.
Dictionnaire Encyclopédique Quillet, 1999, Paris.
DOUTTÉ, Edmond, 1909, Magie et religion dans l’Afrique du Nord, Alger, Jourdan.
FAGNAN, Edmond, 1893, Catalogue général des manuscrits arabes... Algérie, Paris,
E. Plon.
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287
ANNEXE
Quel sera le 1er jour de chaque mois, si le 1er du mois Yanāyr est l’un de ces jours,
à partir du dimanche. À l’exception de l’année bissextile
Code Numérique
Mois
Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi
yanāyr
288