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JOURNALIÈRE
DU R I T E
ECOSSAIS RECTIFIÉ
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LE GRADE
D'APPRENTI
Le Grade de Compagnon
Le Grade de Maître
INTRODUCTION
Daniel BÉRESNIAK
(in: Préface à l'oeuvre de notre T.'.C.'.F.'. Jean-Pierre SACCHI:
L'affaire Hiram, Genève 1998)
Albert SCHWEITZER
Les commentaires sont ceux d ' u n Frère i n i t i é dans une Loge de cette Obé-
dience et qui y a été reçu à tous les grades (« bleus », « v e r t s » et « blancs » ) d u
Rite Ecossais Rectifié. I l s n'engagent que lui. Ces commentaires n e sauraient p a r
conséquent présenter un quelconque aspect « o ff i c i e l » . L'auteur s'est cependant
astreint à respecter rigoureusement l'enseignement reçu de ses Maîtres I n s t r u c -
teurs dans ce Rite. Il l e u r manifeste ici-même sa gratitude et son admiration et es-
père ardemment avoir réussi à l e u r rester fidèles, t o u t en présentant dans cette
étude des commentaires qui lui sont évidemment absolument personnels. La p r a t i -
que d ' u n Rite maçonnique n ' a en effet d'utilité que sous deux conditions: l a p r e -
mière, c'est d'être fondé sur les textes-mêmes qui ont été établis par les fondateurs,
et donc, en l'occurrence, par Jean-Baptiste Willermoz; la seconde est de considérer
ces textes comme base d'étude constante. Ce n'est en effet que par l'étude constante
du Rituel que le Maçon peut progresser dans la compréhension d u message symbo-
lique contenu dans les mots, les gestes, les objets, les maximes, les préceptes et les
conseils qui lui sont prodigués à chaque étape de sa vie maçonnique.
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Il est en effet patent que dans ce Rituel, les Maîtres-fondateurs, que l'on
peut sans risque de se tromper, après étude approfondie de leur oeuvre, qualifier
de « Grands Initiés », se trouve cachée une richesse telle, qu'elle ne se découvre
que petit à petit, par l'étude de chaque détail. L'erreur à ne surtout pas commettre,
consisterait à « ronronner » en écoutant d'une oreille distraite les paroles ensei-
gnées à l'impétrant (parce qu'on les a déjà maintes fois entendues), à regarder
sans y faire attention, les détails des objets dont chacun a une utilité didactique
absolue, à suivre d'un oeil distrait la gestuelle d'une Ouverture, d'une Fermeture
des Travaux ou d'une Réception à tel ou tel grade. Au contraire, Tenue après Te-
nue, le Maçon avisé cherchera à entrer de plus en plus profondément dans la com-
préhension du message qui lui est délivré, à lui-même - fut-il « chevronné » -
comme à l'impétrant qui les voit et entend pour la première fois.
N.B.; Les textes du Rituel et les indications contenus dans les documents officiels sont écrits en
bleu. Les commentaires de l'auteur sont écrits en noir.
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L'heure indiquée étant venue et le Vénérable Maître ayant donné ses ordres pour l'introduction
des Frères dans la Loge, le Maître des Cérémonies fait procéder à l'illumination du Temple et,
après s'être assuré que ce qui est nécessaire pour le travail du jour est en ordre, il invite les Frè-
res membres de la Loge à entrer, les Officiers à leurs plateaux et les Frères suivant leur rang,
ayant soin de vérifier si chacun des Frères est vêtu maçonniquement suivant son grade: les Ap-
prentis restent debout et découverts, les Compagnons assis et découverts, les Maîtres assis et
couverts.
Le Maître des Cérémonies, se tenant sur le seuil de la porte de la Loge, appelle chaque classe de
Frères visiteurs l'une après l'autre, en commençant par celle des Apprentis, il les invite à entrer
avec lui e t les annonce à haute voix aux Frères de la Loge et, après les avoir placés, ou fait
placer dans leur rang, il fait entrer de même les Compagnons et ensuite les Maîtres; mais lors-
qu'il annonce ceux-ci, tous les Compagnons et Maîtres déjà placés se lèvent pour leur faire hon-
neur et restent debout jusqu'à ce qu'ils soient tous assis.
Tels sont les seuls honneurs qui se rendent aux Frères Visiteurs, ce qui doit être pratiqué de
même lorsque l'un d'eux est annoncé et introduit en Loge après l'ouverture des travaux; dans ce
cas, le Vénérable Maître, donnant l'ordre de l'introduire et de le placer suivant son rang qui a dû
être annoncé par les Surveillants, frappe un coup de maillet pour avertir les Frères de sa classe et
des classes inférieures de se tenir debout et découverts pour recevoir le Frère annoncé; ceux des
classes supérieures restant assis et couverts.
ENTRÉE EN LOGE
DU VÉNÉRABLE MAÎTRE
ET DES DIGNITAIRES
Pendant que le Maître des Cérémonies introduit et place les Frères Visiteurs, le Vénérable Maî-
tre, ainsi que les Dignitaires, les Vénérables Maîtres Visiteurs en exercice, le Passé Maître - les-
quels doivent tous entrer avec le Vénérable Maître et occuper dans la Loge la partie orientale -
s'habillent ensemble dans une chambre voisine où le Vénérable Maître se décore de son bijou et
de ses gants et allume lui-même son chandelier à trois branches. Si le chandelier se trouve en-
core à l'Orient, le Maître des Cérémonies va le chercher et l'apporte au Vénérable Maître.
Tout étant convenablement disposé pour commencer le travail, les deux Surveillants, qui sont
entrés avec tous les membres de la Loge, se rendent, précédés du Frère Maître des Cérémonies,
auprès du Vénérable Maître, tenant chacun l'épée à la main, vêtus et décorés maçonniquement;
ils se font accompagner d'un Frère qui portera le chandelier à trois branches lequel Frère doit
avoir le grade de Maître.
Le Maître des Cérémonies, ayant constaté la vacance éventuelle des offices, annonce au
Vénérable Maître que la Loge est assemblée, qu'elle attend sa présence et que tout est disposé
pour commencer le travail.
Aussitôt, le Passé Maître, les Vénérables Maîtres Visiteurs en exercice et les Grands Officiers se
mettent en marche pour entrer en Loge, selon leur rang respectif, ceux de rang inférieur mar-
chant les premiers. Ils sont précédés par le Maître des Cérémonies et les deux Surveillants; le
Vénérable Maître termine la marche ayant, ainsi que tous les Frères qui se rendent avec lui, y
compris le Frère Maître des Cérémonies, l'épée au côté et le chapeau sur la tête. Le Vénérable
Maître est précédé immédiatement du Frère portant le chandelier à trois branches, tout allumé.
Lorsqu'ils entrent en Loge, tous les Frères sans exception sont debout à leur place, la tête dé-
couverte; les deux Surveillants prennent leur poste en entrant, le Maître des Cérémonies conduit
les Dignitaires aux sièges qui leurs sont destinés et accompagne ensuite le Vénérable Maître jus-
qu'à l'Autel d'Orient, sur lequel le Frère préposé pose aussitôt le chandelier à trois branches,
dans l'angle faisant face au plateau du Passé Maître Immédiat; tout cela doit se faire sans rapidité
ni lenteur, mais avec ordre et dignité.
Les Frères Maîtres se recouvrent.
Comme précédemment, ces dispositions étant de stricte observance, il n'y aurait aucun
commentaire à faire. On peut simplement remarquer que le chandelier à trois branches illuminant
l'Autel d'Orient, représente le Ternaire divin. Il paraît logique que le Vénérable Maître, quand il
allume les trois bougies de ce chandelier, commence par celle du milieu, la plus haute, et conti-
nue par les deux autres, celle de droite d'abord, celle de gauche ensuite. Lors de l'extinction des
Lumières, à la Fermeture des Travaux, i l est logique de procéder en sens inverse: éteindre les
deux lumières basses, la gauche d'abord, puis celle de droite, enfin la lumière centrale...
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OUVERTURE D E L A LOGE
Le Vénérable Maître étant à sa place et debout, salue les Frères des deux colonnes, qui lui
rendent son salut par une profonde inclinaison.
Faisons remarquer un petit détail: Le Vénérable Maître et les Officiers ont le réflexe natu-
rel, en s'inclinant, de porter la main à leur bijou, pour éviter que celui-ci ne se balance et touche
bruyamment leur plateau. Ce n'est bien évidemment pas un geste rituel, aussi il n'y a aucune
raison que les Frères sur les colonnes portent leur main sur l'estomac: on s'incline normale-
ment, les bras le long du corps. Remarquons que le Rituel enjoint de faire en sorte que
l'inclination soit profonde...
Alors le Premier Surveillant dit:
1" Surv.: Mes Frères, voici l'Orient, la Lumière commence à se répandre sur
nos travaux, soyons prêts à les continuer dès que nous en recevrons l'ordre et
le pouvoir du Vénérable Maître.
Cette annonce, faite par les deux Surveillants, s'adresse par conséquent aux deux colon-
nes, donc à tous les Frères assemblés. Elle est solennelle. Elle doit, de la part des Surveillants,
être proclamée à haute et forte voix. Mais auparavant, réfléchissons un instant sur les mots qui
viennent d'être prononcés, que l'on entend à chaque Tenue... Prêtons-y cependant une attention
soutenue:
"Voici ['Orient", est-il annoncé. Plus tard, quand le Vénérable Maître fermera les Tra-
vaux, il dira: « l o r s q u e , pour perfectionner vos travaux, vous chercherez la Lumière qui
vous est nécessaire, souvenez-vous qu'elle se tient à l'Orient et que c'est là seulement que vous
pourrez la trouver ». Après cela, la Loge est fermée. Que signifie le mot « Orient » ? Bien
évidemment, on pense immédiatement à l'Est, où le soleil se lève pour éclairer le monde de sa
lumière. C'est bien sûr, l'explication évidente. Cependant, le mot « Orient » vient du latin
« °riens, -entis », participe présent du verbe « orior », mais aussi substantif signifiant: le
soleil levant, le Levant, l'Est; le verbe « ori or » quant à lui, qui porte le sens profond du mot,
signifie: se lever, naître, tirer son origine, tirer sa naissance. O n voit immédiatement que le sens
fondamental est celui de « origine », « là où tout commence ». N'oublions pas que toutes les
maximes du Rituel, à tous les grades, seront énoncées en latin. Du temps de Willermoz et jus-
qu'à la guerre de 39-45, tous les élèves et les étudiants qui faisaient « leurs humanités » étu-
diaient le latin dès la sixième et le grec dès la quatrième. Ce n'est que de nos jours que des voix
commencent à s'élever pour dénoncer l'erreur fatale qui, sous prétexte de « modernisme », a
fait abandonner l'étude si enrichissante des langues classiques. De la même racine provient aussi
le mot latin « os, oris » qui signifie: la bouche, et par extension: la parole, la voix, le Verbe
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Le Vénérable Maître restant debout et couvert, car i l ne doit se découvrir que pour faire
'invocation, tire son épée et, la prenant de la main gauche, il la tient pointe haute, le pommeau
appuyé sur l'Autel.
Tous les Frères tirent aussi la leur qu'ils tiennent de la main gauche, la pointe appuyée contre le
sol, jusqu'après l'ouverture de la Loge, excepté les Dignitaires qui sont entrés avec le Vénérable
Maître, lesquels tiennent, comme lui, la pointe de l'épée haute, pommeau dans la main gauche.
Le Vénérable Maître donne un coup de maillet sur l'Autel - 0 - q u i est répété par les deux
Surveillants, et dit:
Au Rite Ecossais Rectifié, étant à l'Ordre au grade d'Apprenti, le bras droit reste contre
le corps et la main à plat, en équerre sous le menton, alors que dans d'autres Rites, par exemple
au Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA), l e coude est levé en équerre. (Disons en passant
que, lorsqu'on est visiteur dans une Loge travaillant à un autre Rite que le nôtre, il est de la plus
élémentaire courtoisie de s'efforcer de se mettre à l'Ordre selon le Rite de la Loge qui a la bonté
de nous recevoir...).
V.M.; F r è r e Maître des Cérémonies, tous ceux qui doivent m'aider à ouvrir
cette Loge sont-ils placés et décorés des signes de leur pouvoir ?
Par cette demande, il est clair que ce n'est pas le Vénérable Maître tout seul qui ouvre ou
ferme les Travaux de la Loge, mais tous les Officiers avec lui. Ils doivent tous être à leur place
et décorés des signes de leur pouvoir, faute de quoi le Rituel ne sera pas correct, donc ne sera
pas efficace. Comme l'enseignait Kong-Fu-Tseu (Confucius), tout doit être en ordre pour que
les choses se fassent conformément à l'ordre du monde. Il disait: « La Perfection est la Loi du
Ciel et la Perfection est la Loi de l'Homme ». La Perfection (dans l'accomplissement du Rituel,
dans son attitude, dans ses paroles, ses actes, ses pensées) doit être la Loi du Maçon. On ne
peut imaginer un Maçon les jambes croisées, affalé sur son siège, assistant d'un air distrait aux
Travaux de ses Frères... En Loge, on se tient droit, sans raideur mais sans mollesse (comme à
la cour de Louis XIV, où même les duchesses étaient assises sur des tabourets, les obligeant à
une attitude pleine de droiture et de noblesse), on ne croise pas les jambes, on place les mains
sur les genoux, à plat, etc... et surtout, on n'assiste pas, on participe au Rituel.
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S'il se trouve des places d'Officiers vacantes par l'absence des titulaires et des adjoints, le Maî-
tre des Cérémonies dira:
Le nombre neuf est donc d'une importance capitale: Il y a dans une Loge neuf Officiers,
comme il y a neuf Lumières d'Ordre.
Le Frère désigné va prendre la place et porte les bijoux de l'Officier auquel il va suppléer; tous
les offices étant ainsi pourvus, le Maître des Cérémonies dit:
M. des C.: Vénérable Maître, tous les Frères sont prêts pour l'ouverture des
Travaux, ils attendent vos ordres.
Si les offices des neuf Officiers sont pourvuss, soit par eux-mêmes, soit par leurs adjoints, le
Maître des Cérémonies répond comme ci-dessus.
Lors de la Fermeture des Travaux, nous apprendrons que ceux-ci sont fermés à minuit
plein. Ce qui signifie, que les Maçons travaillent « de midi à minuit ». Nous tenterons de com-
prendre ce que cela signifie, lorsque nous en serons à la fermeture des Travaux et aurons ainsi
une vue d'ensemble sur l'Ouverture et la Fermeture.
Surv.: Frère Second Surveillant, quel est le premier devoir en Loge d'un
bon Maçon et principalement d'un Frère Surveillant ?
fnle Surv.: C'est de s'assurer si la Loge est bien couverte, si les profanes sont
écartés, si les avenues sont gardées et si tout est en ordre.
1" Surv.: Vénérable Maître, c'est de s'assurer si la Loge est bien couverte, si
les profanes sont écartés, si les avenues sont gardées et si tout est en ordre.
Rituel et de son enseignement profond. Jadis, chez les Pères du Désert, ainsi que chez les moi-
nes, cela correspondait à l'injonction: « entre dans ta cellule, ô moine, et dans le silence et la
solitude, tu pourras t'approcher de Dieu dans le secret de ton coeur ».
Le Frère Second Surveillant va examiner, sans quitter l e Temple, si les portes et les avenues
sont bien gardées et, de retour à sa place, il dit:
frne Surv.: F r è r e Premier Surveillant, les profanes sont écartés, la Loge est
bien couverte, les avenues sont gardées et tout se trouve en bon ordre.
ler Surv.: V é n é r a b l e Maître, les profanes sont écartés, la Loge est bien cou-
verte, les avenues sont gardées et tout se trouve en bon ordre.
Tout ce travail minutieux est nécessaire au bon fonctionnement des Travaux qui vont
suivre ainsi qu'à leur valeur pour le plus grand bien de tous les Frères présents. Puisque nous
avons rappelé Kong Fu Tseu précédemment, on ne peut s'empêcher de comparer tout ceci avec
l'attitude des Maîtres japonais, par exemple les Maîtres de l'art du dessin: Tous les occidentaux
qui ont assisté à la confection d'un tableau à l'encre de Chine ou à l a peinture, o n t pu
s'émerveiller du soin, de la lenteur et de la concentration intense portés à la préparation de la
feuille de papier, des pinceaux ou plumes qui seront nécessaires, à la posture parfaite de
l'exécutant, etc... le moindre détail étant pris en considération. Cette préparation est tellement
intense que, lorsque le Maître se met en action, le tableau est exécuté avec une incroyable vitesse
et une telle précision qu'il semble fait de façon miraculeuse et que sa facture est d'une perfection
absolue. C'est à ce processus que le Rituel d'Ouverture et celui de Fermeture font allusion.
C'est dire à quelle intensité les Frères présents devraient parvenir, et en particulier les Officiers
et tous ceux qui doivent intervenir, soit pour prononcer une conférence, soit pour agir lors de la
Réception d'un profane.
V.M.: M e s Frères, puisque les profanes sont écartés et que tout est dans
l'ordre, entrons dans les voies qui nous sont ouvertes pour perfectionner nos
travaux et que la lumière la plus pure nous aide à les vérifier.
En prononçant ces derniers mots, le Vénérable Maître prend un boutefeu qu'il allume au chan-
delier et descend seul, par le Midi, épée pointe haute tenue de la main gauche, pour allumer les
trois flambeaux maçonniques qui sont autour du tapis.
Nous aurons remarqué que nous ne pourrons « perfectionner nos travaux » q u e parce
que « tout est dans l'ordre » c e qui nous aurait donc été impossible dans le cas contraire. Ce
qui confirme l'importance capitale de la précision avec laquelle le Rituel doit être accompli. Au-
tre détail: le Vénérable Maître devrait, pensons-nous, allumer son boutefeu à la plus haute
flamme de son chandelier à trois branches, car le chandelier à trois branches symbolisant le Ter-
naire divin, la flamme supérieure symbolise tout naturellement le Père divin duquel tout émane:
Par ce geste, les trois flambeaux du tableau de Loge émanent également du Père divin.
La totalité des Travaux est donc placée sous l'égide de la Sagesse. Encore faut-il savoir
ce que ce mot veut dire. Or, c'est précisément ce que le Rituel dans son ensemble, à tous les
degrés successifs, va peu à peu nous faire comprendre e t nous faire réaliser.
Il regagne sa place par le Nord, ayant ainsi effectué le tour entier de la Loge.
Notons que le Vénérable Maître vient d'effectuer le tour entier de la Loge, dans le sens
solaire, mimant ainsi le soleil dans sa course diurne. A u Rite Ecossais Rectifié, au grade
d'Apprenti, les déplacements habituels en Loge se font toujours dans le sens solaire (c'est à
dire « dans le sens des aiguilles d'une montre », lesquelles aiguilles tournent dans ce sens,
elles aussi, pour imiter la course diurne du soleil; certains horlogers, au cours des temps, ont
tenté de lancer la mode de montres tournant dans l'autre sens: ce fut, à chaque fois, un échec
total...). D'autre part, il faut noter qu'au RER, on ne marque jamais les angles. Marquer les
angles appartient à d'autres Rituels, avec un symbolisme différent.
Les Surveillants et le Secrétaire vont allumer leur bougie, les Surveillants, aux deux flambeaux
d'Occident, en disant:
Cette dernière précision évoque très nettement le fait que le travail en Loge est calqué sur
les phénomènes naturels de la Nature. S'étonnera-t-on que, de même, la journée des moines,
dans les monastères et l'année liturgique de l'Eglise, lors des messes, suivent très précisément
le rythme du soleil dans sa ronde journalière et dans sa ronde annuelle en passant par les solsti-
ces et les équinoxes ? Nous sommes donc en Loge, non plus dans le monde profane, mais dans
le monde divin tel que le Créateur l'a ordonné.... et par conséquent nous participons à la Genèse
éternelle (Ne pas confondre la Création, qui est une opération unique et définitive, et la Genèse,
qui est un processus évolutif perpétuel).
Ceci étant fait, le Vénérable Maître, toujours debout à sa place, épée haute tenue de la main gau-
che et au signe d'Apprenti, se découvre ainsi que tous les Frères qui, eux, tiennent leur épée
pointe contre terre. Après avoir frappé un coup d'Ordre - 0 -, le Vénérable Maître fait à haute
voix l'invocation d'Ouverture:
Le Vénérable Maître est le seul à prononcer « Ainsi soit-il », les Frères ne doivent pas le
répéter.
L'invocation étant dite, le Vénérable Maître remet son chapeau sur sa tête, ainsi que tous les
Frères Maîtres, et adresse au Frère ler Surveillant les questions suivantes pour l'Ouverture de la
Loge:
V.M. : P o u r q u o i ?
1" Surv.: Comme le soleil commence son cours à l'Orient et répand sa lumière
dans le monde, de même le Vénérable Maître se place à l'Orient pour mettre
les Frères à l'ouvrage et éclairer la Loge de ses lumières.
Avant d'étudier le rythme de ces questions-réponses qui sont d'une précision remarqua-
ble, soulignons combien le choix du Vénérable Maître doit être, de la part des Frères qui sont
chargés de l'élire, extrêmement judicieux: Pour que le Vénérable Maître puisse « éclairer la
Loge de ses lumières » encore faut-il que ces « lumières » l'illuminent lui-même. N'est pas
pour cela justement qu'il porte le titre de « Vénérable » Maître 7... Parce qu'il doit être digne
d'être « vénéré » par ses Frères. C'est dire la valeur morale et spirituelle qui doit l'habiter et
soutenir toutes ses paroles et ses actions...
Le Vénérable Maître est donc la personnification du soleil. Nulle Loge ne pourrait vivre
et travailler sans le Vénérable Maître répandant ses lumières sur ses Frères. C'est bien aussi
pour cela que les églises sont tournées - non pas « vers Jérusalem - mais bien vers l'Orient,
face au soleil levant, le prêtre et les fidèles étant tous tournés face au soleil éclairant le temple (et
leurs esprits) de ses lumières. Ceci, avant Vatican IL Depuis, les autels (et donc l'officiant) ont
été « retournés »... On peut se demander quelle influence a eu ce « retournement »... Mais
ceci n'est pas notre propos ici ! Avant Vatican II, le prêtre se retournait vers les fidèles à la fin
de la Messe afin de transmettre à la foule, par sa bénédiction, les influx accumulés lors de
l'office. Le geste qu'il accomplissait à ce moment était sans équivoque sur ce plan. Le prêtre à
l'autel était à ce moment, comme le Vénérable Maître en Maçonnerie, le transmetteur des lumiè-
res spirituelles symbolisées depuis des millénaires, à travers toutes les religions, par la lumière
du soleil, symbolisant la Lumière divine...
r i e Surv. : A l'Occident.
V.M. : P o u r q u o i ?
2ème Surv.:: Pour exécuter les ordres du Vénérable Maître et veiller sur tous les
ouvriers.
1" Surv.: Pour exécuter les ordres du Vénérable Maître et veiller sur tous les
ouvriers.
V.M. : P u i s q u ' i l est midi, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et les
Surveillants à l'Occident, avertissez les Frères que je vais ouvrir la Loge.
Encore une fois, il est clair que la Loge ne peut être ouverte et que les Travaux ne peu-
vent commencer que parce que tout est en ordre et chacun à sa place. F a u t e de quoi, i l ne
s'agirait que d'une assemblée profane.
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ler Surv.: Puisqu'il est Midi, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et les
Surveillants à ('Occident, je vous annonce de la part du Vénérable Maître qu'il
va ouvrir la Loge.
fme Surv.: Puisqu'il est Midi, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et les
Surveillants à l'Occident, je vous annonce de la part du Vénérable Maître qu'il
va ouvrir la Loge.
Il est donc précisé trois fois de suite, par les trois Officiers principaux de la Loge, que
les Travaux vont être ouverts, parce que le Vénérable Maître et les Surveillants sont en place.
Cette rigueur qui est celle de tous les rituels de toutes les religions de par le monde e s t donc
également nécessaire au bon déroulement des cérémonies maçonniques. Il est clair que tout ceci
tend à nous faire comprendre que l a même rigueur doit présider à nos propres travaux et tout
particulièrement à nos efforts sur la voie spirituelle, comme cela va nous être confirmé de façon
continuelle par la suite. Le célèbre Professeur Claude Bernard disait: « Lorsque vous levez vo-
tre bras, ce geste a une répercussion jusque sur Sirius ! ». La logique banale a bien des diffi-
cultés à comprendre une telle affirmation. La pratique journalière du RER finira, sans aucun
doute, par nous faire comprendre la totale interconnexion qui existe entre chacun de nous et
'univers tout entier.
Le processus précis de l'ouverture peut alors se dérouler:
Aussitôt, l e Vénérable Maître ainsi que tous les Frères font, deux fois de suite, l e signe
d'Apprenti en entier et, aussitôt après, les Frères se remettent au premier temps désigné, à
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l'exception du Vénérable Maître qui tient son maillet de la main droite, prêt à frapper et, avec la
main gauche, son épée la pointe haute.
Nous avons noté que les Surveillants frappent la batterie en silence , de sorte que leur
batterie soit perçue comme un écho de celle du Vénérable Maître...
V.M.: - 00 - - 0 -
ler Surv.: - 0 0 - - 0 -
fme Surv.: - 0 0 - - 0 -
V.M. : F r è r e s Surveillants, annoncez à tous les Frères que la Loge est ou-
verte et dites-leur d'être attentifs au travail.
Nous aurons remarqué que, en tout, les Frères exécutent, avec le Vénérable Maître, trois
signes d'ordre, deux d'abord, un troisième ensuite, ce qui correspond au rythme de la batterie
d'Apprenti: 0 0 - O. Il serait donc tout indiqué que les Surveillants frappent la batterie avec leur
maillet, à la suite du Vénérable Maître, selon le même rythme, donc: le Premier Surveillant
frappe sa batterie tout de suite après le Vénérable Maître, le Second Surveillant frappant, lui,
avec un léger retard, afin que l'ensemble des trois batteries suivent également le même rythme -
ce qui se fait d'ailleurs dans quelques Loges.
Ainsi se déroule donc le cérémonial d'Ouverture proprement dit des Travaux. Mais le
cérémonial général d'Ouverture n'est pas terminé pour autant. Le temps d e s Travaux doit
encore être précisé:
Nous nous apercevons que la définition du temps sacré est d'une extrême importance
autant que d'une minutieuse précision. Nous en reparlerons en détail en comparant les rituels
d'Ouverture et de Fermeture.
Le Vénérable Maître et tous les Frères avec lui, frappent avec les deux mains trois fois trois
coups, mais ils ne font aucune acclamation.
Le Vénérable Maître s'assoit, pose son épée nue sur la Bible ouverte au premier chapitre de
l'Evangile de saint Jean et tous les Frères remettent leur épée dans le fourreau.
Dans la définition des décors de la Loge, le Rituel précise que l'Evangile de Saint Jean
doit être tourné vers les Frères. I l n'est donc pas tourné pour la lecture par le Vénérable Maître,
mais pour l'enseignement de toute la Loge.
Remarquons l'apparition du nombre neuf dans la batterie: trois fois trois coups. I l y a
dans la Loge neuf Lumières d'Ordre, comme il y a neuf Officiers. Cette numérologie sacrée est
évidemment instructive. Nous y reviendrons lorsque nous aurons une vue d'ensemble des deux
rituels d'Ouverture et de Fermeture.
Après une petite pause, le Vénérable Maître bat un coup - 0 - qui est répété par les deux
Surveillants et dit:
Le travail en Loge peut alors commencer, que ce soit pour la Réception d'un nouvel Ap-
prenti ou pour une Tenue de travail avec conférence d'un Frère de la Loge (ou d'un Frère invité
d'une autre Loge, voire d'une autre Obédience amie).
CLÔTURE DE L A LOGE
D'APPRENTIS
Les travaux de ce jour étant terminés, le Vénérable Maître, avant de fermer la Loge,
s'assure que plus aucun des Frères ne souhaite s'exprimer:
1" Surv. : Mes Frères, avez-vous fini votre travail et n'avez-vous rien à propo-
ser pour le bien de l'Ordre en général ou pour cette Loge en particulier ?
2"ne Surv.: M e s Frères, avez-vous fini votre travail et n'avez-vous rien à pro-
poser pour le bien de l'Ordre en général ou pour cette Loge en particulier ?
f " Surv.: F r è r e Premier Surveillant, tout est fini sur cette colonne.
1 Surv.: Vénérable Maître, tout est fini sur les deux colonnes.
Après le passage du tronc des aumônes et la lecture du protocole du jour (ce qui n'offre
aucun commentaire sur le plan ésotérique ou initiatique), la Fermeture de la Loge peut alors
avoir lieu:
Il tient son épée la pointe haute, le pommeau sur l'Autel comme à l'Ouverture et aussitôt, les
Frères tirent la leur, en la tenant pointe contre terre et en se mettant au signe d'Apprenti; les
Maîtres restent couverts.
Nous pouvons maintenant commenter le rituel de Fermeture, mais surtout faire point par
point la comparaison avec le Rituel d'Ouverture.
Nous constatons que le Vénérable Maître, lorsqu'il se tient debout à l'Autel, tient son
épée pointe haute, le pommeau appuyé sur l'autel. Les Frères sur les colonnes tiennent toujours
leur épée pointe contre terre (lors des prestations de serment et seulement dans ce cas très parti-
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culier, les Frères tiennent leur épée pointe haute d e la main droite; nous verrons ce détail le
moment venu)
ler Surv.: Frère Second Surveillant, où est placé le Vénérable Maître dans la
Loge ?
V.M: Pourquoi ?
frne Surv. :Comme le soleil termine sa carrière à l'Occident, de même les Sur-
veillants s'y tiennent pour fermer la Loge , payer les ouvriers et les renvoyer
contents.
le' Surv.: Comme le soleil termine sa carrière à l'Occident, de même les Sur-
veillants s'y tiennent pour fermer la Loge et les renvoyer contents.
V.M. : P u i s q u ' i l est minuit, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et
les deux Surveillants à l'Occident, avertissez les Frères que je vais fermer le
Loge.
ler Surv. : Puisqu'il est minuit, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et
les deux Surveillants à l'Occident, je vous annonce de la part du Vénérable
Maître qu'il va fermer la Loge.
frne Surv.: Puisqu'il est minuit, que le Vénérable Maître est placé à l'Orient et
les deux Surveillants à l'Occident, je vous annonce de la part du Vénérable
Maître qu'il va fermer la Loge.
Entre l'Autel d'Orient et les deux petites tables d'Occident, on place le tapis (ou le tableau) de la
Loge (qui doit être disposé dès l'ouverture des Travaux: tant que la Loge n'est pas ouverte, il
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n'a aucune signification symbolique) en ayant soin de laisser entre les tables et le tapis, l'espace
nécessaire pour exécuter, sans gêne ni confusion, les cérémonies du grade.
Ce tapis, d'une grandeur proportionnée au local, doit former un carré long, en sorte que sa lar-
geur soit à sa longueur comme 2 à 3. Il est entouré, dans toutes ses parties extérieures, d'une
large bordure à compartiments. (Le tapis de Loge doit être de dimensions convenables afin que,
lors des réceptions, les Impétrants puissent faire leurs pas maçonniques sans être confrontés à
un problème d'équilibre précaire).
La partie inférieure, ou d'Occident, qui fait le tiers de la longueur du tapis, représente le porche
du Temple; dans cette partie et à l'angle occidental du tableau, du côté nord, est peinte ou tracée
la pierre brute, et à l'angle occidental, du côté du midi, est la pierre cubique. Au milieu, entre les
deux, mais sur une ligne plus élevée, est figurée la planche à tracer. Ces trois symboles doivent
former ensemble un triangle.
La partie supérieure du tapis, à l'Orient, forme un carré qui représente le Temple intérieur.
C'est là qu'est placée, au centre, l'Etoile Flamboyante à cinq pointes, ayant la lettre G peinte en
or, au milieu. Dans cette partie, à l'angle oriental, du côté du midi, est peint le Soleil et à l'angle
oriental, du côté du Nord, est l'image de la Lune dans son plein; au dessus est figuré un cordon
à houppes dentelées qui entoure en dedans ce carré supérieur, et dont les noeuds (leur nombre
n'est pas spécifié; il peut être conseillé, par exemple, d'en mettre 9) descendent jusqu'au bas.
L'Etoile Flamboyante est entourée des trois bijoux maçonniques qui forment ensemble un trian-
gle, savoir: l'Equerre, au dessus, à l'Orient; le Niveau, au dessous du côté du midi; la Perpendi-
culaire, vis à vis, du côté du Nord; l'Etoile Flamboyante formant le centre.
Le Temple intérieur est donc carré, comme la Jérusalem céleste, dans l'Apocalypse.
L'Etoile Flamboyante à cinq pointes contenant la lettre G apparaît au centre-même du Temple
Intérieur, déjà dans ce tableau de Loge, au premier degré. Rappelons que le nombre cinq est
d'une extrême importance, puisqu'il détermine le nombre de plans généraux et universels de
tout le cosmos, comme nous l'avons vu précédemment. On a beaucoup glosé sur la signification
de la lettre G, septième lettre de l'alphabet français , d'autres signalent que cela peut être
l'initiale du mot God en anglais ou Gott en allemand, signifiant « Dieu ». C'est la cinquième
lettre des alphabets allemand et anglais; c'est aussi la troisième lettre de l'alphabet hébreu ou de
l'alphabet grec. Jules Boucher, dans « La Symbolique maçonnique » (Dervy) écrit: « cette
lettre est incontestablement une énigme maçonnique et sur elle plane un mystère qui a suscité un
nombre infini d'interprétations et de commentaires, parfois judicieux mais souvent aussi bien
fantaisistes ». Il signale fort justement que la lettre G et la lettre C avaient jadis la même pro-
nonciation (ce qui est confirmé par le fait que la troisième lettre de l'alphabet grec (Gamma) se
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Nous venons de voir l'importance constante du septenaire dans le Ttableau de Loge. Les
objets qui se trouvent sur l'Autel du Vénérable Maître sont également au nombre de sept. Voici
ce qu'en dit le Rituel:
Sur l'Autel, on place un chandelier d'or à trois branches (Avant l'ouverture des Travaux, ce
chandelier doit en fait être placé dans l a pièce où l e Vénérable Maître et les dignitaires
s'habillent), la Bible ouverte au premier chapitre de l'Evangile de saint Jean tournée vers les
Frères, le Compas et l'Equerre entrelacés (le compas et l'équerre ne doivent pas se trouver sur
l'Evangile), la Truelle, le Maillet et le Rituel du grade. Aux jours de réception, on y ajoute le
tablier et les gants d'homme et de femme à remettre au candidat. Le bijou du Vénérable Maître
ne doit pas être sur l'Autel, mais on le place dans la chambre que ce dernier doit occuper avec
les Officiers et Dignitaires Obédientiels avant de faire son entrée dans la Loge.
Ainsi donc, sept objets se trouvent sur l'Autel: Le Chandelier triple, la Bible, le Compas
et l'Equerre, la Truelle, le Maillet et le Rituel. Ce septenaire est évidemment voulu, puisqu'il est
bien précisé que le bijou du Vénérable Maître ne doit pas s'y trouver, ce qui romprait le symbo-
lisme de ce septenaire. Remarquons que le Chandelier est triple et qu'il est nommé en premier.
Ce qui fait que les sept objets sont à la fois sept et neuf ( comme les objets figurés sur le tableau
de Loge sont à la fois sept et neuf, nous l'avons vu ). La lumière (depuis l'Ancienne Egypte et
bien avant encore...) a toujours symbolisé la Lumière divine. Le triple Chandelier symbolise
donc le Divin qui préside les Travaux avant même qu'ils soient ouverts. Il va d'autre part être
placé sur l'Autel avant même que le Vénérable Maître s'y tienne lui-même. Or lorsque l'Unité
divine se manifeste, elle le fait sous la forme du Ternaire. De même, lorsque la Dualité se mani-
feste, elle le fait sous forme du Quaternaire. Dans l'immense métropole religieuse de Thèbes, en
Egypte, la « Ville aux cent portes », qui comprenait les temples de Louxor et de Karnak et
d'autres encore et où officiaient des centaines de prêtres, une formule sacrée (un « mantram »,
comme on dit aux Indes) était récitée et répétée des milliers de fois chaque jour par les prêtres:
« Amon - Râ - Ptah, Trois en Un ». Or, Amon, c'est Dieu-le-Père; Râ, la Lumière divine ma-
nifestée dans notre monde par le Soleil, est le « Fils » (Qui manifeste mieux le Père que son
Fils ?); et Ptah a les caractéristiques exactes du Saint Esprit chrétien: les forces agissant dans la
Nature, permettant au Fils de manifester la gloire du Père. Ce Ternaire divin a été adopté tel quel
par les Chrétiens, manifestant ainsi la transmission sans hiatus de la Sagesse de l'ancienne
Egypte. Rappelons que la Tradition assure que le Christ a séjourné en Egypte et aurait donné
son enseignement à son retour. L'Eglise nous le confirme discrètement par la « Fuite en
Egypte »....
Les hermétistes nous enseignent que le cosmos tout entier s'échelonne sur cinq plans (le
plan physique, le plan « astral » ou des sentiments, le plan mental, le plan « bouddhique » ou
des intuitions pures, et le plan divin). Ils précisent que deux de ces plans sont doubles (le plan
physique se dédouble en physique proprement dit et « éthérique ») et le plan mental (qui se
dédouble en « mental inférieur » ou des idéations concrètes et en « mental supérieur » ou des
idéations abstraites). Nous arrivons donc à un total de sept plans. C'est pourquoi le septenaire
sacré est enseigné par les maîtres spirituels de tous les peuples de la planète. Or, le plan divin
étant d'essence ternaire, il s'en suit qu'atteindre le septenaire amène à connaître en même temps
le novénaire d ' o ù l'âge initiatique du Maître Maçon qui s'exprime dans une formule célèbre
dont nous reparlerons en étudiant le troisième degré. Mais déjà, sept objets rituels, qui sont
neuf, peuvent faire réfléchir le Maçon avisé.
Le second objet nommé est la Sainte Bible, ouverte au prologue de l'Evangile de saint
Jean. Dieu en premier, symbolisé par le ternaire lumineux, l'enseignement textuel ensuite, ex-
primé par ce célèbre prologue. Pourquoi célèbre ? Parce que ces quelques versets sont en réalité
une adjonction à l'Evangile de Jean, en provenance d'un texte du gnostique Cérinthe, que le
prêtre catholique, avant Vatican II lisait en secret (c'est à dire à voix basse) après Vite missa est,
donc après avoir renvoyé le peuple des fidèles. Ce prologue était donc entendu des seuls cha-
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noines sensés comprendre que l'enseignement secret de l'Eglise se rattachait - quoiqu'en dise la
hiérarchie ! - à la Sagesse antique, transmise sans discontinuer pendant les siècles précédents. Il
était tout à fait logique que la Maçonnerie transmette à son tour cette antique Sagesse.
Viennent ensuite, entrelacés, le compas et l'équerre, qui forment un ensemble, mais qui
sont deux pourtant, symbolisant ainsi le mental inférieur et le mental supérieur des hermétistes
qui sont deux dans le septenaire humain tout en étant liés l'un à l'autre, montrant, une fois en-
core, la profonde Connaissance de nos Maîtres fondateurs.
Puis viennent la Truelle, qui rappelle aux Maçons qu'ils ne sont pas des contemplatifs,
mais qu'ils doivent agir dans le monde visible afin d'enseigner les profanes par leurs oeuvres
(sens profond du terme « opératif »), et non par une simple « propagande »; puis le maillet,
objet qui rattache, pour ceux qui connaissent nos racines profondes, la Franche Maçonnerie au
monde celtique, comme nous l'expliquerons dans l'étude du troisième grade lors duquel le Vé-
nérable Maître se sert du maillet d'une façon particulièrement spectaculaire. Enfin le Rituel, sans
lequel il ne saurait y avoir de cérémonie valable, car les Rites sont le fondement du fonctionne-
ment initiatique depuis la nuit des temps.
Tous les Frères se sont donc déplacés, mais, une fois encore, immuablement, l e
Vénérable Maître et les Surveillants sont face à face, formant le même triangle. Le Rituel précise
clairement que nul ne doit se trouver entre les Surveillants, qui se tiennent donc "côte à côte",
formant bien, ainsi, la Dualité fondamentale face à l'Unité divine.
V.M.:
Architecte suprême de l'Univers,
source unique de tout bien et de toute perfection;
Ô Toi ! qui as toujours voulu et opéré
pour le bonheur de l'homme et de toutes Tes créatures,
nous Te rendons grâce de Tes bienfaits paternels
et nous Te conjurons tous ensemble
de les accorder sans cesse à chacun de nous,
selon Tes vues et suivant son besoin.
Répands sur nous et sur tous nos Frères Ta céleste Lumière; fortifie dans nos
coeurs l'amour de nos devoirs,
afin que nous les observions fidèlement.
Puissent nos assemblées être toujours affermies dans leur union
par le désir de Te plaire et de nous rendre utiles à nos semblables. Qu'elles
soient à jamais le séjour de la paix et de la vertu,
27
Nous pouvons maintenant comparer l'invocation de l'Ouverture et celle de la Fermeture (en vert
pour le texte de l'Ouverture, en rouge pour celui de la Fermeture) :
Dès cette première invocation, une nuance: A u début de la Voie spirituelle, Dieu est
perçu comme « Grand » (cf. Allah-u-akbar! Dieu est grand!)
A la fin de la Voie, rien n'a d'intérêt ni de grandeur que l'absolu, le suprême.
Au début, Dieu est perçu comme un « Être » qui est éternel et infini; est « éternel »
quelqu'un pour quik temps ne s'arrête jamais, est « infini » un espace dont l'étendue est illi-
mitée. Il y a donc dans ces deux mots, malgré leur sens, un concept spatio-temporel. C'est bien
ainsi que Dieu est perçu au début de la recherche spirituelle: Un être éternel et infini. Plus tard, à
la fin de la Voie spirituelle, l'adepte saura, par expérience personnelle vécue, que dans le monde
divin, le temps et l'espace ne sont plus perçus comme éternels et infinis, mais comme n'existcuzt
pas : il n'y a plus ni espace, ni temps. De plus, on lui attribue trois vertus: bonté, justice, vérité.
En fin de parcours spirituel, Dieu n'est donc plus perçu comme un « être », mais comme la
« source » de toutes choses; les mots « éternel » et « infini » ont perdu leur sens. Tout ceci
peut paraître « tiré par les cheveux ».... au contraire, l'extrême précision des termes employés
montre que les mots ont été choisis par de Grands Initiés qui avaient atteint le Divin en eux. De
même encore:
()Toi ! qui par Ta parole toute puissante et invincible a donné l'être à tout ce qui existe,
Toi ! qui as toujours voulu et opéré pour le bonheur de l'hormne et de toutes Tes créatures,
que l'on peut mesurer la Sagesse de nos Anciens: le bonheur que nous connaissons sur terre
ne peut être le vrai bonheur, car il est changeant, sujet à des aléas sans nombre, lors desquels
un amour f o u peut se muer en haine implacable... Le vrai bonheur est celui que connaît le
Sage, un Socrate, un Platon, un Lao-Tseu, un Bouddha, un Maharshi, et tant d'autres qui ne
font pas de publicité...
reçois l'hommage que les Frères réunis ici en Ta présence t'offrent pour eux-mêmes et pour
tous les autres hommes.
nous Te rendons grâce de Tes bienfaits paternels et nous Te conjurons tous ensemble de les
accorder sans cesse à chacun de nous, selon Tes vues et suivant son besoin.
Dans le célèbre livre « Les Dialogues avec l'Ange », il est enseigné que la prière la plus
juste, la plus conforme aux nécessités de notre vie est, tout simplement: « Seigneur, que Ta
volonté soit faite ! » . Dans l'invocation d'Ouverture, le Vénérable Maître demande que la vo-
lonté divine soit faite et non la nôtre. Quand le Grand Oeuvre alchimique est accompli, l'Adepte
sait, vit et ressent qu'il a atteint la Lumière divine (d'où le mot d'Illumination employé chez les
Chrétiens). Le Vénérable Maître, conformément à cela, demande donc que la Lumière divine
nous soit accordée.
afin que le temple que nous avons entrepris d'élever à Ta gloire, étant fondé sur la Sagesse,
décoré par la Beauté et soutenu par la Force qui viennent de Toi, soit un séjour de paix et
d'union fraternelle, un asile pour la vertu, un rempart impénétrable au vice et le sanctuaire de la
Vérité.
Puissent nos assemblées être toujours affermies dans leur union par le désir de Te plaire et de
nous rendre utiles à nos semblables.
Le temple que nous avons entrepris d'élever.., est un temple intérieur b i e n entendu,
autant qu'un temple qui réunirait tous les hommes de bonne volonté de cette terre. Et il s'agit
bien d'une véritable entreprise sérieuse, de longue haleine, ô combien altruiste, mais qui mène
au vrai bonheur que les éternels Apprentis que nous sommes ne découvriront que lorsqu'ils
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auront atteint la vraie maîtrise qui offre ce vrai bonheur L ' e r r e u r à ne pas commettre, c'est de
croire stupidement que nous n'en serons jamais capables: pourquoi s'engager dans une entre-
prise, si l'on pense dès le départ ne pas être capable de parvenir au but poursuivi ? Non, il faut
en ce domaine bien plus encore que dans les domaines matériels, avoir l'audace de la victoire.
Mais nous ne devons pas oublier les trois piliers qui nous soutiennent: Sagesse, Beauté, Force.
La Sagesse (avec une majuscule dans le Rituel, c'est bien celle de Socrate, de Platon, de Pytha-
gore, de saint Jean de la Croix et de bien d'autres). La Beauté doit être celle de notre attitude
permanente face à la vie. La Force doit être celle du guerrier (comme chez Castaneda), celle du
samouraï, force qui n'est jamais brutale, mais efficace dans sa justesse. Trois vertus, nous est-il
rappelé, qui viennent du divin. Le résultat est la Paix, l'Union, la Fraternité, la Vertu, un en-
semble qui conduit à la Vérité ultime de la vie, cette dernière nous étant donnée uniquement afin
que nous puissions, par nos efforts constants, parvenir à la Sagesse...
Le résultat est que nos assemblées, ainsi nourries de sagesse, de beauté et de force, se-
ront des assemblées utiles non seulement à nous tous, mais aussi à nos semblables, chez qui
nous pourrons aller porter les vertus que nous aurons acquises de haute lutte: autrement dit,
nous pourrons convaincre par notre exemple édifiant et non par une propagande ou une publicité
déplacées...
afin que nous puissions tous y trouver le vrai bonheur dont Tu es l'unique source comme Tu en
es le terme à jamais.
Qu'elles soient à jamais le séjour de la paix et de la vertu, et que la chaîne d'une amitié parfaite et
fraternelle soit désormais si forte entre nous, que rien ne puisse jamais l'altérer.
Voilà donc, en fin de l'invocation d'Ouverture, ce vrai bonheur que nous avons tenté de
définir (sans y parvenir, car ce bonheur, précisément, ne peut être défini, expliqué; i l ne peut
qu'être éprouvé, de même qu'il est illusoire d'expliquer les couleurs à un aveugle de naissance.
Seul celui - ou celle, bien sûr - qui l'a atteint, sait de quoi il s'agît). C'est ce que les Evangiles
symbolisent par le fait que le Christ a maintes fois rendu la vue à des aveugles de naissance.
Or, nous sommes tous, sur le plan spirituel, des aveugles de naissance. A nous de rechercher la
Lumière, qui n'est certes pas celle du « siècle des lumières », pauvres lumignons de ce que
Montaigne appelait « le vacarme de cervelle », ni d'ailleurs celle des flambeaux de nos temples,
lesquels ne sont eux aussi que les symboles d e la Lumière divine, que nous devons retrouver
en nous-mêmes C e l l e - c i une fois retrouvée, comment la Fraternité si forte n e pourrait-elle
pas animer les Maçons entre eux? Car la vraie fraternité est la résultante de nos vertus et non le
résultat d'un effort spécial soumis aux aléas des « atomes plus ou moins crochus »... et cette
fraternité-là, qui s'étend à tout ce qui vit, hommes, bêtes, plantes et même notre bonne Mère la
Terre, une fois acquise, rien ne peut plus jamais l'altérer....
Ainsi soit-il A i n s i soit-il Q u ' i l en soit donc ainsi, avec la grâce de Dieu
Sans le moins du monde l'avoir « fait exprès », nous nous apercevons que ces deux
invocations se découpent tout naturellement en n e u f parties. Est-ce vraiment un hasard ?
L'invocation étant dite, la chaîne cesse et tous les Frères retournent à leurs places dans le même
ordre qu'ils les ont quittées. Ils se coiffent et se gantent.
1" Surv. : Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à fermer la Loge.
rne Surv.: Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à fermer la Loge.
Ainsi, comme lors de l'Ouverture des Travaux, le Vénérable Maître ne peut les fermer
qu'avec l'aide de tous les Frères rassemblés.
V. M . : - 00 - - 0 -
ler Surv. : - 0 0 - - 0 -
frne Surv: - 0 0 - - 0 -
V.M.: Frères Surveillants, annoncez à tous les Frères que la Loge est fer-
mée.
Le Vénérable Maître, après avoir prononcé ces mots, répète, et tous les Frères avec lui, pour la
troisième et dernière fois, le signe entier d'Apprenti.
Ainsi, pour la Fermeture comme pour l'Ouverture, l'ensemble des batteries (deux
batteries, puis une troisième détachée des deux autres) répète le rythme de la batterie simple
(deux coups rapprochés, puis un troisième, seul). Ce rythme sera expliqué dans la première
section des Instructions au grade d'Apprenti.
Ce qui est une évidence, puisque justement, les Travaux sont fermés. Mais la Tenue
n'est pas terminée pour autant. Il est nécessaire de préciser le Temps:
Alors, le Vénérable Maître donne le salut à tous les Frères qui le lui rendent par une profonde
inclination (comme avant l'Ouverture) et chacun quitte ses vêtements et ornements maçonni-
ques.
L'expression « C'est la douzième heure » (même s'il est 19 ou 20 heures, le soir) a une
connotation profane: c'est ainsi que l'on nommait les différentes heures du jour, déjà chez les
Romains. On ne retrouve la connotation profane, en clair, qu'à la fin. Les deux notations midi et
midi plein, puis minuit et minuit plein déterminent le temps sacré.
Entre la douzième heure et midi, les profanes sont écartés et les Lumières d'Ordre sont
allumées, suivies de l'invocation d'Ouverture.
Entre midi et midi plein, l'espace sacré est délimité (par la place exacte de chacun dans la
Loge) puis l'Ouverture rituelle est prononcée et sonnée par les batteries de maillet. Après
l'annonce de midi plein, le travail commence irmnédiatement. L'adjectif « plein » signifie que
le temps et l'espace sacrés ont pleinement atteint leur efficacité rituelle.
A l'inverse, à la fin des Travaux, après la constatation que tout est fini sur les deux co-
lonnes, il est minuit. Entre minuit et minuit plein, l'espace sacré est à nouveau défini, puis on
fait la chaîne d'Union, le Vénérable dit l'invocation finale et l'on ferme la Loge rituellement.
Enfin, les Lumières des flambeaux sont éteintes et l'heure profane est annoncée. A nouveau,
l'adjectif « plein » signifie que l'aspect sacré du Rituel est pleinement effacé.
A l'intérieur de ce cadre spatio-temporel ont lieu les Travaux de Loge, soit une
Cérémonie de Réception au ler grade, soit une séance de travail: conférence, discussion etc...
De ceci, il s'en suit que les Maçons travaillent "entre midi et minuit". Qu'est-ce à dire ?
Dans la religion chrétienne, nous l'avons déjà signalé, la journée des moines et l'armée
liturgique suivent un schéma identique, conforme à la course visible du soleil dans le ciel, avec
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sa répercussion dans la vie de la terre et de tout ce qui vit à sa surface et en ses profondeurs.
D'autre part, dans l'extraordinaire civilisation des Egyptiens anciens (où tous les peuples et
toutes les religions du pourtour méditerranéen ont puisé leur sagesse et leur enseignement) le
soleil et la lune sont les deux symboles de la Lumière divine: celle de Dieu pour le soleil, celle
du Sage qui reflète parmi les hommes la Lumière divine pour la lune. I l ne nous paraîtra donc
pas étonnant que le rituel maçonnique (qui tire, lui aussi, sa substance de l'Egypte, partout en
filigrane) présente le même symbolisme. Dans le cycle diurne du soleil nous trouvons donc le
même symbolisme que dans le cycle annuel.
C'est dans la période située entre le solstice d'été (la Saint Jean Baptiste) et le solstice
d'hiver (la Saint Jean d'hiver, la Noël) que les Anciens initiés - et les alchimistes de notre
Moyen-Âge - se préparaient à débuter le Grand Oeuvre. Tout le symbolisme maçonnique pour-
suit le même but: préparer le Maçon à se lancer avec succès dans l'achèvement du Grand Oeu-
vre. Voilà pourquoi tous les Maçons, dans les trois grades bleus, travaillent « entre midi et mi-
nuit », c'est à dire, mutatis mutandis, « entre le solstice d'été et le solstice d'hiver ». Ce n'est
d'ailleurs pas pour rien que le solstice d'été (la Saint Jean Baptiste) s'appelle, chez les initiés,
« la Porte des hommes », alors que le solstice d'hiver (la Noël) s'appelle « la Porte des
dieux ». Les années de travail en Loge bleue constituent la préparation au chemin du Maçon
vers le renouveau de la Lumière en lui depuis le solstice d'hiver jusqu'au solstice d'été, renou-
veau lors duquel le Christ solaire est appelé par l'Eglise le « sol invictus » (le soleil invaincu),
ce que devient lui aussi l e Maçon qui atteint, dans les grades au delà des grades bleus,
l'Illumination de la Sagesse, ainsi que nous le verrons par la suite, et comme le Rituel l'indique
sans ambigtrité, quand on l'étudie avec le respect et l'attention qu'il mérite.
La Loge du grade d'Apprenti ne doit être décorée d'aucune tapisserie; néanmoins, elle peut être
ornée d e quelques symboles o u emblèmes maçonniques relatifs a u grade, mais n o n
personnifiés, car il ne doit s'y trouver aucune figure d'hommes ou d'animaux;
Dès l'abord donc, une indication fondamentale du Rite Ecossais Rectifié (RER) nous est
donnée: Ce Rite ne supporte aucune fantaisie. Une certaine austérité... à la fois monastique et
chevaleresque, pourrait-on dire, règne dès l'abord dans le décor de la Loge. D'autre part, si
aucune figure d'hormne ou d'animal ne doit apparaître dans la Loge, c'est que nous ne sommes
plus « dans le monde », mais, dès l'abord, dans un monde différent, le monde de la Réalité
spirituelle et non le monde illusoire de la manifestation. Nous comprendrons peu à peu ce que
ces mots signifient...
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Le fauteuil du Vénérable Maître et l'Autel sont placés à l'Orient, sur un gradin élevé de trois
marches et sous un dais ou baldaquin; l'Autel, le fauteuil et la partie intérieure du dais sont re-
couverts de couleur bleue avec galons et franges d'or.
Le dais doit être de forme circulaire ou semi-circulaire et peut, si on le veut, être attenant au mur
oriental, mais l'Autel et le fauteuil du Vénérable Maître doivent en être à une distance convena-
ble, afin que le Récipiendaire puisse effectuer ses voyages en passant derrière le fauteuil.
Il s'en suit que le dais représente le ciel, puisqu'il est à la fois bleu et circulaire. L'Autel,
carré ou rectangulaire, représente la Terre, cet ensemble étant conforme au symbolisme général
universel. Les quatre angles de l'Autel symbolisent également les deux solstices et les deux
équinoxes (ou, mieux, les quatre fêtes celtiques: Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad, qui
correspondent exactement au début astronomique précis des quatre saisons; elles sont situées
dans les quatre signes zodiacaux symbolisant les quatre Evangélistes) Il s'en suit également que
- on l'aura compris - nous nous trouvons dans un local représentant l'Univers entier, mais sous
une forme symbolique et non représentative.
Sur le mur oriental, à la hauteur d'environ six pieds au dessus du gradin et cependant en
dessous du dais, est représenté un triangle équilatéral sans aucun nom ni figure, sur la surface
duquel sortent, par ses trois côtés, des rayons de lumière avec cette inscription: « Et tenebrae
eam non comprehenderunt ». Ce triangle doit être placé contre le mur, sur un fond bleu, soit en
peinture, soit en étoffe. I l n'est pas nécessaire que le Soleil et la Lune figurent sur le mur
oriental.
Le triangle à l'Orient: Il doit être placé « à environ six pieds de hauteur ». Le pied est
une ancienne mesure métrologique valant 0,3248 m. Le pied comprenait 12 pouces et la toise
valait 6 pieds, soit 1,9488 m. Le triangle doit donc être placé à environ deux mètres de haut
derrière le fauteuil du Vénérable Maître. La toise valant six pieds, le texte aurait pu porter
« environ une toise au dessus du gradin » I l n'en est rien. Les Maîtres fondateurs ont donc
voulu que le nombre six apparaisse dans cale mesure. Le nombre six est symbole de transfor-
mation, de passage d'un état inférieur dans un état supérieur. Quoi de plus parlant pour une
Loge maçonnique qui doit être le lieu de transformation des individus, le lieu du passage du
monde matériel au monde spirituel... Et ce nombre six soutient le triangle avec la mention du
Prologue de l'Evangile de Saint Jean « Et tenebrae eam non comprehenderunt » que nous de-
vons donc commenter maintenant. Ce qui n'est pas une chose facile, à en croire les difficultés
qu'ont ressentie les nombreux traducteurs des Evangiles. Qu'on en juge:
« Et les Ténèbres ne l'ont point arrêtée... » (Chanoine OSTY)
« Et les ténèbres ne l'ont pas reçue... » (Bible protestante d'OSTERWALD) « E t
les ténèbres ne l'ont pas comprise... » (Traduction de l'Abbé G L A I R E , approuvée par le
Saint Siège. ..ce qui constitue une traduction qu'aurait sagement faite un élève de sixième
commençant ses « humanités », comme on disait jadis).
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D'autres traductions encore: « ...n'ont pu l'atteindre, ... ne l'ont pas saisie... » etc...
On mesure la difficulté et l'imprécision de la compréhension profonde des paroles du selon
Jean!
Peut-être (les Maçons étant des « cherchants ») serait-il b o n d e chercher à
comprendre... Rappelons les cinq premiers versets de ce prologue, véritable clé universelle d e
la Connaissance fondamentale:
« 1 - Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. 2 - Il
était au commencement avec Dieu. 3 - Tout fut par lui et sans lui rien ne fut. 4 - De tout être il
était la vie et la vie était la lumière des hommes. 5 - Et la Lumière luit dans les ténèbres et les
ténèbres ne l'ont pas comprise ».Les Vedas n'affirment-ils pas (nous l'avons signalé): « A u
commencement était Brahma (Dieu le Père); avec Lui était Vak (la Parole, le Verbe) et Vak (le
Verbe) est Brahman (le Divin)...
Si, de plus, on sait que le mot français « Dieu » vient du sanscrit « Dyaus », qui signi-
fie « la Lumière », que l'on retrouve en grec sous forme du célèbre « Zeus », le Lumineux, et
en latin sous forme de « D j u » dans « Ju-piter » (qui signifie textuellement « Dieu le Père »),
le verset « Et la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont point saisie, atteinte,
comprise, reçue, etc... » peut nous aider à comprendre le message fondamental que tous les
Maçons du Rite Ecossais Rectifié ont sous les yeux lors de chaque Tenue !! Ainsi, avant toute
chose, i l y avait Dieu et rien d'autre et Dieu était le Verbe. Les Maîtres, aux Indes, disent:
« Nada Brahma ! », c'est à dire: le Monde manifesté, qui s'offre à nos sens, est Vibration, est
Son, est Verbe, ce qui est bien le même enseignement ! Et donc on nous apprend que Dieu, le
Verbe, la Vibration fondamentale, est la vie et que la vie est l a Lumière des hommes et que
Dieu, cette Lumière, cette Vie, ce Verbe, luit dans les ténèbres - de l'homme bien sûr - et que
ces ténèbres - de l'homrne - ne parviennent pas à la saisir, à la comprendre. Tous les mystiques
du monde entier, de toutes les religions, chez tous les peuples, n'ont jamais dit autre chose:
« La Lumière divine est en vous et vous êtes cette Lumière. Découvrez-la en vous-même !
Comprenez-la, saisissez-la ! ».
On comprendra alors que le travail à effectuer, le but à atteindre, la clé de toute vie, pour
le profane qui découvre la Maçonnerie du Rite Rectifié, se trouve en permanence sous les yeux
du cherchant, lors de chaque Tenue. Comment rester indifférent? Comment ne pas chercher à
comprendre cet enseignement fondamental qui nous donne la clé de la compréhension de nous-
mêmes ?
Pendant tout le cheminement maçonnique, grade bleu après grade bleu, cette clé fonda-
mentale sera explicitée, expliquée, montrée, affirmée, présentée sans relâche sous toutes les
formes possibles - comme nous le verrons. Faut-il être aveugle et sourd pour ne pas compren-
dre?...
Dans le même paragraphe, le texte ajoute: « Il n'est pas nécessaire que le Soleil et la
Lune figurent sur le mur oriental ». Après les commentaires précédents on comprendra aisé-
ment que le problème posé est un problème cosmique e t non un problème qui intéresse notre
seul environnement. Certains, ignorant la profondeur de la religion des Anciens Egyptiens,
s'imaginent qu'ils adoraient le soleil, ce qui est une stupidité qui aurait fait s'esclaffer tout prêtre
égyptien. Pour eux, le soleil est (n'est que) le symbole visible de la Lumière divine. Le soleil et
la lune n'ont donc en effet rien à faire à l'Orient, au Rite Ecossais Rectifié.
Au dessus et en avant du baldaquin du trône les jours de réception (au grode d'Apprenti), on
placera un transparent sur lequel sera, en gros caractères, sur fond noir, et sans aucun ornement
ou attribut, le mot JUSTICE; on l'éclairera en même temps que la Loge.
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LE TRIANGLE À L'ORIENT
La Justice sera, non point celle des hommes - qui font ce qu'ils peuvent pour copier,
sans jamais l'égaler l a Justice divine - mais cette justice rigoureusement exacte à laquelle sont
soumises les âmes et qui était symbolisée jadis, par la balance de la déesse M a t en ancienne
Egypte, justice qui n'est pas un verdict plus ou moins sévère, mais qui est le bilan qu'établit (en
bien ou en mal) la balance qui pèse « l'intelligence du coeur » de l'impétrant à l'entrée de la
« Douat » (le séjour des morts).
Le devant de l'Autel doit être disposé de manière à recevoir des tableaux mobiles contenant
l'emblème particulier de chaque grade.
Celui d'Apprenti est une colonne brisée et tronquée par le haut, mais ferme sur sa base, avec
cette inscription; « ADHUC STAT ».
« Adhuc stat »: Première maxime en latin, que voit le nouvel Apprenti quand on lui
donne le premier rayon de Lumière, après celle qui orne le Triangle oriental, et qui sera suivie de
beaucoup d'autres (ce qui nous rappelle que jadis tout homme bien né parlait le latin, langue
universelle non seulement de 1 'Eglise, mais aussi et surtout de toutes les universités en Europe.
Stat vient du verbe stare que l'on retrouve dans les mots français stabilité, état, établir, établis-
sement etc. qui porte le sens de ce qui se tient solidement sur sa base. Adhuc est un adverbe
double, formé de huc qui donne l'idée de déplacement « vers ici », confirmé et conforté par ad
qui a le sens général de « mouvement vers ». Ce sens général peut aussi bien être spatial que
temporel. Donc: « jusqu'ici » , ou bien: « jusqu'à maintenant ». La colonne, jusqu'à mainte-
nant ou jusqu'ici, tient solidement sur ses bases. Mais quelle colonne? Que représente-t-elle, ou
que symbolise-t-elle?
Lors de l'invocation que prononce le Vénérable Maître lors de l'ouverture des Travaux
au Premier Degré, i l est question « du Temple que nous avons entrepris d'élever à Ta
gloire... ». I l semble évident que ce Temple est aussi bien le Temple intérieur de chacun de
nous, que le Temple visible dont le prototype est bien sûr toujours « le Temple de Salomon à
Jérusalem », lequel, on le sait, a été détruit par les Romains en 70 ap.J.C. Or, même détruit, les
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Tout est donc prêt maintenant, pour recevoir le profane qui va faire cette démarche
unique e t fondamentale dans sa vie: être reçu dans u n des Ordres initiatiques les plus
prestigieux, sinon le plus prestigieux.
PROCLAMATION
POUR L A RÉCEPTION D'UN CANDIDAT
...Les enquêtes prescrites par nos lois, sur son caractère et ses moeurs,
lui ont été favorables...
Voilà donc la confirmation de ce que nous venons de dire: la valeur intellectuelle n ' a ici
aucune importance.
...nous espérons que l'Ordre trouvera en lui un Maçon zélé et que cette
Loge se procurera un bon Frère; il a déjà obtenu de nous, par la voie ordinaire
des scrutins, les consentements requis pour son admission; voici le moment de
donner votre consentement définitif à sa réception...
Si le candidat a mis ses réflexions par écrit, le Frère Préparateur les remet au Vénérable Maître
qui, en les envoyant au Frère Secrétaire, dit:
Voilà bien une injonction qui passe souvent inaperçue... Et pourtant ! Elle spécifie très
clairement que les réflexions du Candidat devront servir à l'appréciation de ses progrès lors de
l'examen de ses aptitudes à être reçu Compagnon, plus tard, et Maître encore après. La dernière
partie de la phrase prononcée par le Vénérable Maître laisse entendre qu'il est bien possible que
le futur Apprenti ne soit pas jugé digne de poursuivre la voie et devenir Compagnon...
Ensuite le Frère Préparateur fait son rapport succinctement, qu'il termine par ces mots:
V.M.: M o n Frère, un guide est toujours accordé à celui qui le désire sin-
cèrement, lorsque ses titres ont été trouvés justes...
Notons les termes, d'emploi constant, pour désigner un « Atelier » maçonnique: On dit
« La Respectable Loge », « cette Respectable Assemblée » etc... En quoi une Loge maçonni-
que est-elle « respectable », c'est à dire, doit imposer le respect ? Les choses étant « justes »,
il est évident que l'ensemble des Maîtres d'une Loge représente une assemblée d'hommes ayant
atteint une maîtrise de comportement, de compréhension de la spiritualité, de Connaissance
ésotérique, symbolique et hermétique, qui forcent le respect; que les Compagnons représentent
eux aussi déjà une certaine élite par la compréhension des mystères maçonniques qui leur ont été
révélés et qu'ils sont à même de comprendre et de « vivre » dans la vie de tous les jours (et pas
seulement une ou deux fois par mois pendant les Tenues) que les Apprentis constituent un en-
semble d'hommes qui ont été longuement jaugés, étudiés et appréciés et qui ont finalement été
jugés dignes d'être reçus dans une Loge. On peut annoncer, sans risque de se tromper, que la
Franche Maçonnerie est le lieu où l'on trouve la plus grande concentration d'hommes remarqua-
bles et respectables. Il suffit pour cela de consulter la liste, impressionnante, des Maçons célè-
bres dans tous les domaines, qui ont illustré l'humanité au cours des siècles - même si, bien sûr,
tous les Maçons ne sont pas du niveau moral et spirituel qu'on serait en droit d'attendre - car la
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Maçonnerie, nous l'avons déjà dit, est une Grande Dame, mais les Maçons restent des hommes,
donc susceptibles d'erreurs voire de fautes... Est-ce parce qu'un prêtre se pend dans son église
ou qu'un prélat meurt dans les bras d'une prostituée, que la religion ne vaut plus rien ? Ces cas
(heureusement exceptionnels dans l'Eglise - et dans la Maçonnerie - ) ne doivent pas faire ou-
blier les saint Jean de la Croix, les saint François d'Assise, les Padre Pio, les Mère Thérésa et
tant et tant d'autres dans la vie de l'Eglise catholique, ni faire oublier les Mozart, les Goethe, les
Franklin, les Voltaire, le Maréchal Ney, le Roi Victor Emmanuel II, Simon Bolivar, cités pêle-
mêle._ et tant et tant d'autres dans la Franche Maçonnerie... Le Vénérable Maître continue:
Encore une fois on insiste sur la démarche qui doit être absolument personnelle du
candidat: il doit désirer fortement faire cette démarche importante, qui va changer sa vie - du
moins faut-il l'espérer. Le Vénérable Maître poursuit:
La Loge est alors préparée pour la cérémonie de la Réception. Pendant ce temps, le Frère
Préparateur, assisté du Parrain, se rend auprès du Candidat:
Le Frère Introducteur et le Frère Proposant sont habillés maçonniquement. Le premier tient une
épée nue à la main. Ils abordent gravement le Candidat. Le Frère Introducteur lui annonce qu'il
est envoyé auprès de lui par la Loge pour le diriger suivant les usages et les règles fondamenta-
les de l'Ordre et pour le disposer à son introduction dans la Loge, et à sa réception. Il l'invite à
la fermeté dans les épreuves qu'il aura à subir et à la confiance envers ceux qui doivent être ses
guides dans la carrière dans laquelle il se destine à entrer.
Voilà donc le début de la préparation, qui est déjà, en même temps, un enseignement: Le
Profane apprend le symbolisme des « métaux » dont il se dépouille au sens propre. Il appren-
dra vite, par la suite, que le mot « métaux » en Franc-Maçonnerie a aussi un sens symbolique
de tout ce qui concerne les richesses matérielles, mais aussi et surtout de l'orgueil, de la vanité,
de la suffisance, etc...
Alors, il lui fait découvrir le genou droit, mettre le pied gauche en pantoufle, ôter sa veste, sortir
le bras gauche hors de la chemise et découvrir la poitrine de ce côté jusqu'en dessous du coeur
d'humilité et d'allégeance. Découvrir son genou gauche au contraire, et le montrer, est un signe
d'initiation et de maîtrise. Jadis, on disait que Pythagore avait le g e n o u en or et qu'il le mon-
trait à certains de ses disciples. Il s'agissait toujours du genou gauche b i e n sûr. C'est ainsi
qu'en iconographie chrétienne, saint Jean Baptiste est représenté par les peintres initiés, le ge-
nou gauche découvert sous le vêtement en peau de bête (vêtement symbolique également, de
même que son alimentation faite essentiellement « de sauterelles »). A u quinzième siècle, le
célèbre peintre Domenico di Tomaso Bigordi, dit « le Ghirlandaio », peignit en 1488 une Ado-
ration des Mages sur laquelle on peut voir le genou gauche de l'enfant Jésus découvert. Le
« signe » est si important que l'artiste a peint ce genou comme si la peau elle-même était soule-
vée sur le dessus du genou: n'est aveugle que celui qui ne sait pas voir... Le côté gauche d e la
poitrine est à nu: c'est sur le coeur du Candidat que le Vénérable Maître frappera les trois coups
rituels.
mais surtout, Monsieur, vous avez dû vous convaincre que l'homme dé-
pouillé comme vous l'êtes de toutes les décorations illusoires dont son orgueil
le couvre, ne peut être distingué de ses semblables que par la pureté et par la
vertu....
Nous voici entrés dans le discours initiatique qui se déroule devant l'impétrant. Il nous
faut donc aiguiser notre attention pour comprendre et assimiler ce qui est dit et ce qui est vécu.
Dès ce premier discours, le futur Apprenti doit donc se dépouiller d e s décorations illusoires
dont son orgueil le couvre. Le mot « illusion » est prononcé ici pour la première fois. S ' i l
passe généralement inaperçu dans le feu de l'action et des événements, il va au fil des discours
du Vénérable Maître et de ses adjoints, être explicité de façon de plus en plus claire... On lui
annonce que l a pureté et la vertu vont constituer un des buts principaux de son futur travail...
Travail intérieur par conséquent. Tout l'enseignement maçonnique va insister sans cesse sur
cette transformation intérieure. Cela n'est pas toujours perçu très nettement et peut-être certains
Candidats trouveront quelque peu ringard comme on dit de nos jours, un tel appel à la vertu
dans les temps de permissivité et de dérèglement que nous vivons actuellement. Mais heureux
celui qui réalise que la Franc-Maçonnerie n'est pas une école de « vertus », comme cela pou-
vait se comprendre jadis. Il s'agit ici de quelque chose de beaucoup plus important: ce n'est pas
un discours « à l'eau de rose » que le Candidat va entendre
...I1 est absolument nécessaire que vous soyez dès à présent persuadé d e
votre faiblesse personnelle et de l'impossibilité où vous êtes d'avancer sans se-
cours et sans guide vers le Temple de la Vérité,...
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Voilà le grand mot lâché: « Le Temple de la Vérité ». Il est bien connu - et certains se
font un plaisir de le répéter à satiété - que chacun a sa vérité.., ou même a droit à sa (petite)
vérité. M a i s LA Vérité (avec un V majuscule dans le texte du Rituel) est une toute autre af-
faire.., que les mêmes se font un plaisir de dire que personne ne peut la connaître. Pourtant
toutes les sociétés initiatiques de tous les temps et de toutes les civilisations ont eu justement
pour seul et ultime but cette Unique et Pure Vérité, celle qui permet de connaître la réponse aux
questions fondamentales que tout homme sensé se pose toujours: « Qui suis-je réellement,
qu'est-ce que le monde, qu'est-ce que le destin...? » et toutes autres questions du même or-
dre.... Et c'est bien la réponse à toutes ces questions que le Rituel va, par étapes, nous faire peu
à peu assimiler: Ce qui n'est certes pas une mince affaire
et, pour vous donner une preuve évidente d e la défiance sincère où vous
êtes d e vous-même, vous devez consentir à être p r i v é d e l a lumière
élémentaire, symbole trop évident des fausses lueurs qui sont le partage de
l'homme abandonné à sa propre direction. Consentez-vous donc à ce que je
vous mette ce bandeau s u r les yeux et voulez-vous vous livrer avec confiance
entre les mains de celui qui a reçu l'ordre de diriger vos pas ?
Le Candidat ayant donné son consentement, le Frère Introducteur lui met le bandeau sur les
yeux et lui dit:
Introducteur: V o u s êtes dans les ténèbres, mais n'ayez aucune crainte, votre
guide marche dans la Lumière et ne peut vous égarer.
Alors il le fait sortir de la chambre de retraite, le tenant par la main gauche (rappelons-nous le
genou gauche : le côté gauche est le côté initiatique) et, après l'avoir averti de porter ses mains
en avant, devant lui, pour se garantir des obstacles qu'il pourrait rencontrer, il l'abandonne seul,
lui dit de marcher et de faire quelques efforts pour avancer, en prenant les plus grandes précau-
tions pour éviter les dangers qui sont sur sa route. Après lui avoir laissé faire quelques pas,
abandonné à lui-même sans le tenir, il lui dit:
Il est clair que tout ceci est encore symbolique de l'obscurité dans laquelle se trouve tout
homme qui ne peut répondre aux « questions fondamentales » : « Qui suis-je réellement ? »,
« Qu'est-ce que la mort ? », etc....
Il peut être rappelé ici, pour l e lecteur qui connaît « Les Dialogues avec l'Ange », l e
tout premier Entretien, dans lequel Gitta découvre brusquement « les brumes épaisses » dans
lesquelles elle s'était trouvée depuis toujours sans s'en rendre compte:
« Tu seras labourée par une recherche sans répit. Ce qui était bon jusqu'à présent sera mauvais.
Ce qui était mauvais sera bon » C ' e s t la « conversio morum » l e changement radical de
façon d'être et de voir les choses et le monde) que demandait saint Benoît, fondateur des moines
d'Occident, à celui qui demandait à devenir moine. (Et ce changement radical sera aussi celui du
Maçon, lorsqu'il aura compris quel est l'enjeu véritable de sa quête maçonnique). Puis, après un
long silence, cette question: « Me connais-tu ? » E t Gitta de commenter: « Ces mots me
touchent profondément. Je sais, avec une certitude inexplicable, que je le connais, qu'il est mon
Maître intérieur, mais je n'en ai aucune image, aucun souvenir précis. Je ne perçois que d e s
brumes épaisses qui m'empêchent de le reconnaître... ». Ainsi, tout homme (profane) vit-il,
sans s'en rendre compte, dans des « brumes épaisses » jusqu'à ce qu'il ait réalisé la Lumière
divine qui est en lui et qu'il lui faut par conséquent découvrir...
Ceci clôt la préparation du Candidat. Les trois états à travers lesquels il va passer tout au
long de sa carrière maçonnique viennent d'être prononcés: Cherchant, Persévérant, Souffrant. Il
va maintenant être conduit et introduit dans la Loge pour subir les épreuves de sa réception.
Et ceci est encore symbolique des épreuves de la vie qui sont subies « avec patience et
résignation » au début, puis traversées en en comprenant la nécessité, pour enfin, être acceptées
avec une adhésion totale à ce qu'est véritablement la vie sur cette terre avec tous ses aléas qui
seront alors perçus différemment et positivement.
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INTRODUCTION D U C A N D I D AT
DANS L A L O G E
Le Frère Introducteur conduit le Candidat à pas libres vers la porte principale de la Loge, où il
l'annonce en le faisant frapper avec le poing par trois coups égaux détachés 0-0-0. .../...
La première chose que le Candidat fait lui-même, c'est de frapper pour pouvoir entrer,
par trois coups réguliers. Le nombre trois va s'imprimer dans son subconscient. Plus tard, i l
comprendra l'importance de ce nombre fondamental. Nous avons vu que Dieu, l'Unique, crée
la Dualité fondamentale, et par là-même, le Ternaire. Le monde manifesté ( , le cosmos et tout ce
qu'il contient) est structuré sur le nombre trois et fonctionne s u r le mode duel. Ainsi chacun de
nos membres (jambe, bras, doigt de la main) est structuré en trois parties (cuisse, mollet, pied -
haut du bras, bas du bras, main - trois phalanges à chaque doigt, etc...) mais tous les mouve-
ments des membres, aussi complexes soient-ils, s e réduisent toujours aux deux mouvements
de base: ouvrir / fermer. Le coeur bat sur le rythme binaire diastole / systole; inspiration / expi-
ration rythment le mouvement des poumons, etc...
Aussitôt que le Candidat a frappé, le Vénérable Maître bat un coup de maillet sur l'Autel -0- qui
est répété avec vivacité par les deux Surveillants et dit:
Le Frère Second Surveillant va frapper à son tour trois coups égaux 0 - 0 - 0 contre la porte en
dedans et de suite, il l'ouvre rapidement en disant d'un ton grave et sévère:
Le Candidat aura à ce point, entendu neuf coups: il a frappé trois coups, le Vénérable
Maître et les Surveillants auront chacun frappé un coup de maillet, enfin, le Second Surveillant a
également frappé trois coups. La cérémonie n'a pas encore commencé, le Profane n'est pas en-
core entré, qu'il a déjà perçu les nombres trois et neuf... qui ne vont plus jamais le quitter de sa
vie - même s'il abandonnait un jour lui-même la Franc-Maçonnerie !
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Le Frère Second Surveillant laisse entrer le Frère Proposant et le Frère Assistant et referme la
porte. Lorsque les deux Frères ont pris place, il dit:
2"ne Surv.: C'est un homme dans les ténèbres et cherchant la Lumière, qui de-
mande à être reçu Franc-Maçon.
1" Surv.: Vénérable Maître, c'est un homme dans les ténèbres et cherchant la
Lumière, qui demande à être reçu Franc Maçon.
Cette présentation du Candidat vient donc d'être faite trois fois de suite: par le Frère In-
troducteur, par le Frère Second Surveillant et par le Frère Premier Surveillant. Décidément, le
rythme ternaire ne pourra pas échapper au Candidat...
V.M. : F r è r e Premier Surveillant, quel est son nom de baptême, son nom
civil, son âge, le lieu de sa naissance et de son domicile, et le nom de baptême
de son père ?
1" Surv.: F r è r e Second Surveillant, quel est son nom de baptême, son nom
civil, son âge, le lieu de sa naissance et de son domicile, et le nom de baptême
de son père ?
Le Frère Second Surveillant va frapper par trois coups 0 0 - 0 en Maçon contre la porte en
dedans avant d'ouvrir et dit au Frère Introducteur:
fine Surv.: Frère Introducteur, quel est son nom de baptême, son nom civil,
son âge, le lieu de sa naissance et de son domicile, et le nom de baptême de son
père ?
Toutes ces demandes sont donc, elles aussi répétées trois fois. Les réponses seront éga-
lement répétées trois fois. Ces triples répétitions ne pourront pas échapper au Candidat, même
inconsciemment. Certains pourront peut-être se demander pourquoi le nom de baptême de son
père?... On sait que jadis, le seul nom qui était donné à l'enfant est le nom de baptême. Il n'y
avait pas de « nom civil ». L'usage de ce dernier a été introduit peu à peu après la Révolution
française. Auparavant, pour distinguer deux individus portant le même prénom et habitant le
même village, ou bien on le situait par son métier (Jean le Boulanger et Jean le Boucher) ou son
domicile (Jacques du pont ou Jacques du pré) ou bien on le distinguait, à la méthode sémitique,
comme le faisaient les Juifs, en lui adjoignant le prénom du père (Jean, fils du Pierre et Jean fils
du Paul, ainsi que le font tous les Sémites encore de nos jours (Muharmnad ben Abdallah =
Mahomet, fils d'Abdallah). Par la suite, les noms « civils » sont devenus: Boulanger, Bou-
cher, Dupont, Dupré, et le nom de baptême du père a été abandonné. C'est donc à ces antiques
usages que se rapporte cette question dans notre Rituel.
.../
Introducteur: S o n nom de baptême est.... Son nom civil est.... il a ....ans, est
né à... .et habite à.... Le nom de baptême de son père est....
Chaque question est, comme auparavant, répétée trois fois ainsi que les réponses. La
demande porte sur la Religion, non sur la confession; donc « Religion chrétienne » et non
« Religion catholique - ou protestante - ou orthodoxe - etc... ».
V.M.: Frère Premier Surveillant, est-il disposé à subir les épreuves indispen-
sables, à remplir les devoirs que l'Ordre impose à ses membres, et qui est le
Frère qui répond de cet homme envers l'Ordre et envers la Loge ?
Le Frère Second Surveillant va frapper pour la dernière fois par trois coups 0 0 - 0 en Maçon
contre la porte du dedans avant de l'ouvrir, et dit:
Il frappe un seul coup d'Ordre -0- pour le consentement qui se donne dans la forme accoutumée
et dit:
Il est bon de se souvenir que le rôle du Parrain ne se termine pas après la réception du
Candidat, ainsi qu'il vient d'être rappelé très précisément par le Vénérable Maître. Il devra donc
suivre discrètement son protégé jusqu'à la maîtrise, sans pour autant interférer dans le travail
des Surveillants qui l'auront en charge. Mais il se souviendra toujours qu'il en est responsable
Tout étant prêt et conforme, la cérémonie de Réception peut commencer
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Le Vénérable Maître frappe un coup-0- qui est répété par les deux Surveillants.
Aussitôt, les Frères viennent en silence se ranger autour du tapis dans l'ordre qui suit: les Ap-
prentis et les Compagnons vont se placer à l'Occident entre le tapis et les tables des Surveillants;
ensuite les Maîtres quittent leur place et vont se ranger sur les deux colonnes depuis l'Occident
en remontant jusqu'à peu près au milieu de la longueur du tapis et même jusqu'au bout du tapis
si le nombre le permet. Les dignitaires, Vénérables et autres, qui siègent à l'Orient, se placent
aussi à l'Orient entre l'Autel et le tapis, en face des Apprentis et des Compagnons.
Les Frères viendront donc successivement autour du tapis dans l'ordre de leur rang, en com-
mençant par les Apprentis, car c'est ainsi que doit se former la Loge, et le Maître des Cérémo-
nies devra veiller sur ce travail, pour qu'il se fasse régulièrement et sans confusion...J...1-e
Vénérable Maître et les Surveillants restent seuls à leurs places ordinaires, de sorte que le Can-
didat, dans ses voyages, parcourt une ligne presque circulaire, extérieure à la Loge formée par
les Frères, passant derrière l'Autel d'Orient et les sièges des Surveillants.
Ce que l'on appelle « la Loge » est constitué non pas par la salle elle-même, mais par
l'ensemble des Frères. Tant que le Profane exécute ses « voyages autour de la Loge », i l
tourne autour des Frères assemblés autour du tapis. Ce n'est qu'une fois rituellement admis au
sein de la Loge qu'il pourra alors entrer dans le cercle des Frères. De même que - stricto sensu -
ce que l'on appelle « ecclesia » (l'Eglise) n'est pas le bâtiment, mais l'assemblée des chré-
tiens, le mot « ecclesia » signifiant exactement « assemblée ».
Secondement, les voyages du Profane (et des Frères qui le conduisent) sera donc autant
que possible circulaire d e même que les déplacements des Frères dans la Loge se font égale-
ment de façon circulaire autour du tapis, sans marquer les angles comme cela se fait à d'autres
Rites. Au RER en effet, les Frères se déplacent circulairement, comme le soleil dans le ciel lors
de son mouvement apparent autour de la terre.
Dans cet intervalle, l'Adjoint au Maître des Cérémonies et les Frères désignés pour l'assister,
vérifient et mettent à portée des Frères qui doivent en faire l'emploi:
I) Les tuyaux ou cylindres creux pour envelopper les neuf Lumières d'Ordre, lesquelles ne
doivent jamais être éteintes avant la clôture de la Loge;
2) La terrine dans laquelle on verse une petite quantité d'esprit de vin;
3) La machine pour imiter le bruit du tonnerre, un Frère est placé pour remplir cette fonction à la
fin de chacun des voyages;
4) Le roseau garni de l'étoupe fine à brûler, qui doit retracer sensiblement au Récipiendaire la
courte durée des choses temporelles, dont il doit se détacher pour s'approcher avec succès du
Temple de la Vérité.
Les cylindres doivent être suffisamment hauts pour que les bougies ne les dépassent pas
par le haut, ce que l'on voit parfois, auquel cas ces cylindres ne servent à rien...
La terrine et l'esprit de vin: Attention, danger! Ne pas rajouter de l'esprit de vin lorsque
l'esprit de vin brûle.. .ce qui risque de faire exploser la bouteille au visage de l'imprudent !!
d'objets que personne ne confectionne plus depuis longtemps.., d'autant que certaines Loges
font entendre, grâce à un magnétophone, des roulements de tonnerre parfaitement authenti-
ques... car enregistrés dans la nature, lors d'un orage...
Le roseau... Certains Ateliers utilisent tout simplement les allumettes contenues dans une
boîte d'allumettes, liées ensemble à l'aide d'un caoutchouc, qu'on enflamme à l'aide de la boîte:
cela fonctionne à tous les coups, fait une lumière vive.., et s'éteint sans problème. C'est le sys-
tème le plus simple, le plus commode ... et le moins onéreux. Il n'est pas interdit aux Maçons
d'être débrouillards...
Tout étant disposé, le Vénérable Maître frappe encore un coup -0- qui est aussitôt répété par les
Surveillants, et dit:
Le Frère Second Surveillant va frapper trois coups en Maçon 0 0 - 0 contre la porte; le Frère
Introducteur ayant répondu de même 0 0 - 0 le Frère Second Surveillant ouvre rapidement la
porte en entier et lui dit avec gravité et d'un ton modéré:
ENTRÉE D U C A N D I D AT
Le Frère Introducteur, tenant le Candidat par la main droite entre avec lui à pas libres et va le
placer à l'Occident entre les deux Surveillants....
Pourtant la tâche du Frère Introducteur est loin d'être terminée et le Candidat entendra
encore sa voix, lors de la présentation des éléments; le Frère Introducteur le prendra encore en
charge pour le faire sortir du Temple et le faire se rhabiller. Il l'accompagnera encore pendant
toute la cérémonie, jusqu'au moment où le Profane, devenu le nouvel Apprenti aura fait son
premier travail en frappant les trois coups sur la pierre brute. Alors seulement, le Frère Intro-
ducteur pourra rejoindre sa place sur les colonnes. Il y a là en apparence une certaine contradic-
tion. Il n'en est rien cependant. Le Frère Introducteur prend en charge le Profane qui deviendra
le nouvel Apprenti, dans tous ses déplacements hors de la Loge. L e reste du temps, i l reste
auprès de lui pour le soutenir moralement alors que ce sont les deux Surveillants qui ont pris le
relais du travail de réception. Lors des voyages, i l se contentera de lui mettre la main sur
l'épaule, afin q u ' i l se sente soutenu par c e geste protecteur. Sollicitude touchante que
l'impétrant, sans doute, apprécie... si, dans la situation toute nouvelle dans laquelle il se trouve,
il est capable d'en être conscient... Nous verrons plus tard quelle est la signification de cette
apparente contradiction.
Après un moment de silence, le Vénérable Maître dit au Candidat, d'un ton noble et ferme:
Nous allons être amenés à porter toute notre attention à toutes les paroles prononcées:
Nous les avons entendues pour nous-mêmes le jour de notre propre réception. Nous les enten-
dons de nouveau à chaque fois que nous assistons à une nouvelle réception d'un Profane (il en
est de même, bien sûr, pour les réceptions au grade de Compagnon et au grade de Maître). Mais
tout ce qui est dit à cette occasion a une telle importance qu'il nous ajustement paru bon que ces
paroles puissent être étudiées de façon approfondie, à tête reposée, car dans le feu de l'action -
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que l'on soit l'impétrant ou que l'on soit Maçon chevronné - leur importance risque fort de
n'être pas comprise sur le moment.
Précisément lors de cette première phrase, le Vénérable Maître parle de « celui qui cher-
che la Vérité » (avec un V majuscule) et qui « a le désir de la connaître ». Il s'agit donc bien de
la Vérité fondamentale, b u t de toute Initiation depuis des siècles nombreux. I l s'agit bien de
pouvoir répondre - nous l'avons déjà signalé - aux questions que tout homme sensé se pose:
Qui suis-je ?, d'où est-ce que je viens ?, quel est le but de la vie ?, pourquoi la mort ? etc.. .etc...
Si l'on ne recherche pas la réponse à ces questions, alors on s'est fourvoyé dans une organisa-
tion initiatique et, comme certains, n'ayant rien compris, on prend la Franc-Maçonnerie pour
une espèce de club de débats philosophiques, politiques, sociaux etc... ce qui n'a aucune espèce
d'intérêt; les nombreux clubs profanes faisant très bien l'affaire: il y a dans ce cas l'embarras du
choix. Le vrai Maçon, lui, est effectivement un Cherchant. Le Vénérable Maître en ce tout début
de l'exhortation au Profane, pose d'emblée le problème dans ce qu'il a de fondamental: Nous
sommes entrés en Franc-Maçonnerie p o u r parvenir à la Vérité. M a i s i l ne suffit pas de
« vouloir » chercher la Vérité. Encore faut-il faire ce qu'il faut pour trouver la réponse. Sans
hésiter, le Vénérable Maître va indiquer le chemin à parcourir et offrir au Cherchant qui est de-
vant lui un tout premier enseignement fondamental:
...mais ce n'est point encore assez, l'homme qui veut la découvrir doit
rompre les liens qui l'enchaînent lui-même, écarter les illusions qui le trom-
pent, vaincre courageusement les obstacles.
Le futur Apprenti doit donc devenir conscient que dans la vie qu'il a menée jusqu'à ce
jour, il est « pris dans des liens qui l'enchaînent lui-même ». Il devra donc en tout premier lieu
découvrir quels sont ces liens. Le Vénérable Maître lui donne de suite une indication: « écarter
les illusions qui le trompent ». Il ne s'agit pas là des illusions que l'on peut se faire, dans la vie
courante, sur tel ou tel sujet ou sur tel ou tel individu que l'on côtoie. Non, i l s'agit des
« illusions qui le trompent ». Le tout premier travail va donc consister à réaliser quels sont ces
liens, quelles sont ces illusions.... Le Vénérable Maître signale qu'il faudra être courageux pour
surmonter les obstacles qui se dressent devant celui qui entreprend une recherche aussi ardue:
Chercher, persévérer, souffrir. Voilà donc les trois attitudes que tout Maçon connaît de
nom, pour les avoir entendues citées souvent. Tous les Maçons ont-ils bien compris ce message
? En général, personne n'aime souffrir, ce qui est bien naturel... Et la souffrance, pour sûr,
n'est pas d'une absolue nécessité. Mais toute vie humaine comporte des épreuves. La compré-
hension du pourquoi de ces épreuves va conditionner la façon avec laquelle nous y ferons face.
Un homme qui a atteint l'état de Sagesse ne se comporte pas face aux épreuves comme celui qui
est encore enfoncé dans le « métro-boulot-dodo ». En fait, les trois grades maçonniques Ap-
prenti-Compagnon-Maître se situent exactement en parallèle avec la célèbre formule dite par le
prêtre catholique lors de la messe: « Per ipsum et cum ipso et in ipso » ( , Par Lui e t avec Lui
et e n Lui). En parallèle également avec les trois étapes de l'Alchimie: l'Oeuvre au Noir,
l'Oeuvre au Blanc, l'Oeuvre au Rouge. Au début de l'Oeuvre, l'individu est encore soumis au
destin sans le comprendre; il est plongé dans le « métro-boulot-dodo » et il se révolte contre ce
qui lui apparaît comme une injustice du destin ou des hommes. Ayant compris quels sont « les
liens qui l'enchaînent » et « les illusions qui le trompent », il n'avance plus en étant manipulé
PAR le destin, mais il se met à cheminer AVEC le destin dont il comprend le but. Enfin, ayant
réalisé le travail qui le libère des « liens » qui l'enchaînaient et des « illusions » q u i le trom-
paient, il chemine E N le destin lui-même, qu'il maîtrise totalement désormais.
51
Cette déclaration est en effet bien plus importante qu'il n'y paraît. Nous avons bien en-
tendu qu'on parvient à la Vérité (avec une majuscule) par la pratique des Vertus (avec un V
majuscule). Il ne s'agit donc en aucun cas de parvenir à cette Connaissance par une accumula-
tion de connaissances supplémentaires, q u i encombrent déjà notre cerveau. Ajouter u n
« diplôme » à un tiroir plein de diplômes universitaires ou autres ne permet pas du tout de par-
venir à la Vérité. Toutes les discussions, toutes les conférences, les « planches » que l'on
pourra entendre en Loge ne serviront qu'à « orner l'esprit », à consolider certains points, à
préciser certains autres, mais en aucune façon à parvenir au résultat proposé. Les Vertus, par
contre s'obtiennent par un changement intérieur, par une transformation du coeur de l'adepte,
transformation pour laquelle l'intelligence discursive ne sert pas à grand-chose. Il s'en suit que
les épreuves qui sont proposées dans cette réception ne sont données que pour faire comprendre
à l'impétrant la façon dont il devra se comporter désormais devant les épreuves de la vie, puis-
qu'elles vont servir à démontrer par lui-même qu'il est capable de suivre cette « route diffi-
cile ». Nous commençons à comprendre que - contrairement à ce qui se passe dans le monde
profane - la puissance du mental n'est qu'un moyen, non un but.
V .1\4 V o u s êtes donc déterminé à remplir tous les devoirs de l'union fra-
ternelle que vous allez contracter, mais êtes-vous également décidé à pratiquer
selon votre pouvoir envers tous les hommes, qui sont aussi vos Frères, les actes
de bienfaisance douce, consolante et universelle ? Prenez garde, Monsieur, vos
réponses dans cet instant sont des engagements pour l'avenir, et vous les con-
tractez devant nous avec vous-même.
Le Candidat répond.
Cet engagement est en effet important. L'amour sélectif, que tout homme cultive natu-
rellement (« je préfère tel ami à tel autre, tel enfant à tel autre, etc... ») devra aboutir à un
amour universel où le Maçon considère que tous les hommes sont ses Frères. N'est-ce pas un
but particulièrement difficile à atteindre ?...
Le Candidat répond.
52
Les choses sérieuses vont donc commencer - s'il est permis de s'exprimer ainsi - ce qui
précède étant tout aussi sérieux que ce qui suit, on l'aura compris !
V.M. M o n s i e u r , le plus grand danger vous menace et vous êtes sans Lu-
mière dans une nuit profonde....
Ceci est symbolique tout autant que réel, car l a « nuit profonde » dont i l s'agit
s'apparente exactement à ce que saint Jean de la Croix appelait « la nuit obscure »... de l'âme,
lorsqu'elle s e trouve encore « dans l e s brumes épaisses » c o m m e nous l'avons v u
précédemment.
Cette clarté, sans laquelle tout n'est que ténèbres, ne vous a point
été donnée...
Cette clarté n'est pas la lumière du jour, bien entendu, puisque c'est une clarté qui peut
être donnée.... e t sans laquelle, en effet, tout n'est que ténèbres, ces ténèbres où se trouve
l'homme qui subit le sort sans comprendre le pourquoi de ce qui lui arrive (.... en bien comme
en mal naturellement, en événements agréables comme en événements désagréables) tant que
persiste cet « état de brumes épaisses » qui fait qu'il ne voit pas du tout clair dans le déroule-
ment de sa vie, qu'il ne maîtrise nullement, puisqu'il dépend de la « Providence »... qui pour
lui, n'est qu'un mot vide de sens réel...
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....Cependant, vous entrez dans une route inconnue et vous allez y faire
des voyages pénibles et difficiles, dans lesquels vous éprouverez la rigueur des
Éléments
Les Éléments en question (le mot avec une majuscule dans le Rituel), prenons-y garde,
sont les éléments alchimiques , non point physiques: le Feu, l'Eau, la Terre, trois des quatre
Éléments alchimiques constitutifs du monde. En effet, le Profane entre bien ici « dans une route
inconnue », comme il vient de lui être dit.
.... Mais ne craignez point, vous avez des guides qui méritent votre
confiance et qui vous garantiront de tout péril si vous vous laissez conduire
avec docilité. Aussi, n'hésitez point dans votre marche, abandonnez-vous à vo-
tre guide sans réserve et ne lui résistez point; vous atteindrez avec certitude le
but que vous désirez. Soumettez-vous entièrement à sa direction.
Les voyages - symboliques, naturellement - peuvent alors commencer. Ils vont préfigu-
rer la marche vers l'état de Sagesse but de toute initiation depuis la nuit des temps. Car seuls
ceux qui sont sortis de leurs « brumes épaisses » et ont atteint l a Lumière divine en eux sont
véritablement parvenus au but de toute vie humaine. Ils sont alors, et alors seulement, devenus
véritablement, des hommes dignes de ce nom, comme le laissait entendre Konrad Lorenz quand
il disait: « J ' a i trouvé le chaînon manquant entre le singe et l'homme: c'est nous! ».
54
VOYAGES D U CANDIDAT
Le Vénérable Maître frappe trois coups maçonniques sur l'Autel - 0 0 - 0 - , qui sont
répétés par les deux Surveillants, et dit:
Le Vénérable Maître donne là une définition des voyages que l'impétrant va devoir ef-
fectuer et dont le résultat doit être d e lui procurer la Lumière (avec une majuscule, toujours).
Les Frères Maîtres qui ont effectué tous ces voyages initiatiques, pourront se souvenir du nom-
bre de voyages qu'ils ont effectués et du nombre qu'ils auraient dû effectuer avant de parvenir à
la Maîtrise. Nous ne pouvons naturellement pas insister ici sur ce point qui comporte un ensei-
gnement fondamental. Mais la différence entre les deux nombres est au plus haut point instruc-
tive. N'oublions jamais que le Rituel du RER est un ensemble précis dont aucune partie ne peut
être détachée du reste. Nous y reviendrons évidemment plus tard...
Au Candidat:
Voilà, une fois encore, un discours qui est bien plus important qu'il n'en a l'air, et qui
passe inaperçu, car il est généralement pris au sens primaire: on fait des « voyages » (mais
pour aller où, grands dieux ?); on fait passer « des épreuves » au cours de ces voyages (mais
pour quoi faire, finalement ?). Pour reprendre la remarque voilée que nous venons de faire pré-
cédemment, ne faudrait-il pas se demander à quoi rime cette mise en scène multiséculaire ? Tous
les peuples « primitifs » (en quoi sont-ils « primitifs »? Parce qu'ils n'ont ni bombe atomique
ni réfrigérateurs ? Mais il y a des « primitifs » q u e l'idée même de guerre ou de conflit
n'effleure même pas, et il m'est arrivé de boire en Nubie de l'eau bien fraîche, puisée dans une
outre, et réfrigérée par des moyens gratuits et d'une simplicité confondante...) Tous les peuples
« primitifs », disions-nous, connaissent cette notion de « voyages initiatiques », souvent, en
effet, assortis d'épreuves dangereuses. Toutes les grandes religions ont connu ou connaissent
les pèlerinages: à Saint Jacques de Compostelle ou à la Mecque, à Arunachala aux Indes, sur la
Montagne de Thèbes en ancienne Egypte, etc.. .etc... Pour quoi faire tout cela ? Parce que, pour
résoudre l'énigme de la vie sur cette terre, nul (sauf rarissime exception !) ne peut accéder à cette
Connaissance tout seul. Il doit absolument, être guidé par un groupe, puis par un Maître et, tout
à la fin, terminer seul l e long voyage. Nous retrouvons, là encore, les trois étapes signalées
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plus haut. ..Faute de suivre cette filière universelle, aucun être humain (sauf rarissime exception,
répétons-le) ne peut trouver l e chemin et le suivre t o u t seul sans se tromper. Le Profane va
donc (quel tournant dans sa vie, s'il ressent - au moins confusément - l'importance de sa démar-
che !) entreprendre cet immense voyage q u i va le conduire, s'il est Persévérant et s'il accepte
d'être le cas échéant, Souffrant, à trouver LA LUMIÈRE véritable qui dissipera d'un coup
« les brumes épaisses » qui ont obscurci sa conscience pendant tant de millénaires...
Le Vénérable Maître frappe seul un coup d'avertissement -0- et aussitôt le Second Surveillant,
plaçant son épée nue dans la main du Candidat, la pointe contre sa poitrine, lui dit:
2ème Surv.: M o n s i e u r , la pointe de cette épée appuyée sur votre coeur n'est
qu'un faible emblème des dangers qui vous entourent et dont vous êtes menacé,
si vous ne me suivez pas fidèlement et sans hésiter.
Nous avons bien entendu: tout ceci est emblématique. U n emblème est un être ou un
objet symbolique représentant quelque chose qu'il est difficile d'exprimer par des mots. Nous
sommes en plein dans le sujet. Car si, depuis des millénaires, il avait été facile d'expliquer par
des mots l e s mystères de la destinée, l'humanité ne serait pas ce qu'elle est. Les mots
s'adressent à l'intellect, au mental. Or la compréhension de l'enseignement initiatique ne peut
pas être appréhendé par le mental. D'où les efforts gigantesques développé par tous les peu-
ples, jusques et y compris dans l'édification de monuments tels les cathédrales dans le monde
chrétien, qui constituent « un livre de pierre » suivant l'expression bien connue, pour essayer
d'expliquer autrement que par des mots, l a façon de s'éveiller enfin de cet immense rêve
(brumeux) de la vie...
Ils se font autour des Frères qui forment la Loge, passant derrière le trône d'Orient et derrière la
place des Surveillants.
Pendant tous les voyages, le Frère Introducteur suit le Candidat en lui mettant sa main sur
l'épaule, comme pour le protéger; le Frère Maître des Céremonies n'a pas à intervenir, mais
veille discrètement, au bon déroulement de la Cérémonie.
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PREMIER VOYAGE
Le Second Surveillant conduit le Candidat à pas libres de l'Occident à l'Orient, par le côté du
Nord, d'où il le ramène à l'Occident par le côté du Midi. De temps en temps, il l'avertit avec
douceur de prendre garde, comme si quelqu'obstacle ou danger se trouvait sur sa route.
Voilà donc le Candidat parti pour son premier voyage en étant conduit par sa main gcilL
che . Souvenons-nous de ce détail.
En passant par le Midi, le Frère Introducteur présente au Candidat la cassolette à feu et, prenant
sa main, il l'approche du feu assez prêt pour qu'il en ressente la chaleur sans le brûler, et lui dit:
Le Candidat répond: « D U F E U »
Le Second Surveillant poursuit le voyage et, étant arrivé à l'Occident, il fait faire au Candidat
une profonde inclination vers l'Orient.
Le Vénérable Maître frappe un seul coup -0-; aussitôt le Frère préposé à cet effet imite le bruit
du tonnerre.
Lorsque le bruit a cessé, le Vénérable Maître donne au Candidat cette première maxime:
« Zeus » et en latin sous le vocable « Ju » (prononcez djou) auquel les Romains ont ajouté le
sanscrit « pitar » qui signifie « père »; ce qui fait que « Jupiter » signifie exactement « Dieu
le Père ». Cette même racine se retrouve en sanscrit sous la forme « dyaus » et signifie , La
Lumière. Les Maçons ne sont-ils pas dits « chercher la Lumière » ? Eh bien, nous savons
maintenant ce qu'est Dieu et quelle Lumière cherchent les Maçons...
Par prudence, les maximes des deuxième et troisième voyages, seront infiniment moins
difficiles à saisir. Quelle merveilleuse pédagogie, quand on peut comparer les différents élé-
ments de cet ensemble...
Après un moment de silence. le Second Surveillant frappe un coup - 0 - qui est répété par le
Premier Surveillant et le Vénérable Maître, qui lui dit:
fme Surv.: Vénérable Maître, le Cherchant a fait son premier voyage et, pas-
sant par le Midi, il a été rigoureusement éprouvé par le FEU et cependant, il
n'a point trouvé ce qu'il désire.
Bien évidemment, le but de la recherche est encore bien loin. li n'a éprouvé que le FEU
et ne s'est sans doute pas du tout rendu compte que la maxime que le Vénérable Maître vient de
lui donner, est une maxime de Feu !
DEUXIÈME VOYAGE
Le Second Surveillant prend alors, avec la main gauche, la main droite du Candidat qui, de
l'autre main, tient la pointe de l'épée sur son coeur et, dans cette attitude, il lui fait faire le se-
cond voyage en sens opposé, c'est à dire de l'Occident à l'Orient par le Midi, le ramenant à
l'Occident par le Nord.
En passant par le Nord, le Frère Introducteur présente au Candidat la cuvette d'eau froide dans
laquelle il lui fait plonger la main et lui demande:
Introducteur: C ' e s t par la dissolution des choses impures que l'eau lave et
purifie, mais elle recèle des influences funestes et les principes de la putréfac-
tion.
Comme pour le Feu, l'élément Eau va être montré sous ses aspects positif et négatif.
Ainsi le Candidat comprendra que toutes choses sur terre peuvent être soit positives et favora-
bles, soit négatives et défavorables. Il lui appartiendra par conséquent, de gouverner la Dualité
fondamentale pour orienter sa vie de façon positive. Il s'agit là du « Principe de polarité » du
Kybalion (4ème Principe), correspondant au célèbre Taï-Ki chinois: Tout est duel et oscille sans
cesse du positif au négatif, « du Yin au Yang ». Ainsi l'amour peut-il se changer en haine si les
passions ne sont pas maîtrisées et correctement dirigées.
Le Second Surveillant conduit ensuite le Candidat à l'Occident et fait faire à celui-ci une pro-
fonde inclination vers l'Orient. Le Vénérable Maître frappe un seul coup - 0 - aussitôt le Frère
préposé imite, une seconde fois, le bruit du tonnerre et le Vénérable Maître donne au Candidat la
seconde maxime:
Autrement dit, le Profane ne devra pas être « un athée stupide » selon la formule consa-
crée. Mais ne confondons pas « religion » et « cléricalisme ». La Religion est une entreprise
grandiose qui a pour but, chacun le sait et comme le mot veut le dire, de « relier » l'homme
vulgaire (comme dit le Rituel) à Dieu, précisément. Le cléricalisme par contre, est un ensemble
humain qui, quand il est dévoyé et mal compris, peut aboutir à des excès du genre « la (sainte)
Inquisition » qui brûla des centaines d'hommes et de femmes sur les bûchers (pour purifier
leurs âmes, ce qui partait peut-être d'un bon sentiment)... alors que ces mêmes clercs peuvent
61
proche de l'état de Sagesse, devient p a r là même fraternel avec ses Frères et au delà, comme
nous l'avons dit, avec tous les hommes et tous les êtres vivants, comme cela était jadis le cas,
par exemple, pour les disciples de Pythagore. Dans l'univers chrétien, on entend dire parfois
que « Charité bien ordonnée commence par soi-même », ce que beaucoup de Chrétiens com-
prennent de travers en pensant qu'il faut d'abord penser à soi avant de penser aux autres, ce qui
est évidemment faux. Cet adage précise au contraire que lorsqu'on s'occupe tout d'abord de
devenir soi-même un Sage, o n devient par le fait même de plus en plus efficace sur le plan de la
fraternité qui aboutit à l'Amour envers tout ce qui vit: non seulement les hommes, mais les ani-
maux, les plantes et même « notre bonne Mère la Terre ».
Après un moment de silence, le Second Surveillant frappe un coup - 0 - qui est répété par le
Premier Surveillant et par le Vénérable Maître, qui dit au Second Surveillant:
Les trois voyages sont donc terminés; l'impétrant a découvert trois éléments et reçu trois
sentences du Frère Introducteur et trois maximes du Vénérable Maître. Il a d'ores et déjà reçu un
enseignement qu'il va devoir faire fructifier, avec l'aide de son Parrain et celle du Second Sur-
veillant. Il reste maintenant une partie très importante de la cérémonie: le Serment, la Réception
proprement dite, la Vestition. Puis, après, l'Instmction.
Le Vénérable Maître frappe un coup -0- qui est répété par les deux Surveillants et aussitôt tous
les Frères qui forment la Loge autour du tapis vont, sans bruit et en silence, reprendre leurs
places en défilant dans l'ordre qui suit et sans confusion:
En effet, les voyages « autour de la Loge » sont terminés, l'impétrant va être intégré
dans l a Loge, il n'a donc plus à tourner autour pour obtenir son admission (Petit rappel: Les
murailles de Jéricho sont tombées après que les Israélites aient tourné autour e n sonnant de la
trompe...)
Les deux Surveillants font placer le Candidat au bas du tapis, la tête tournée vers l'Orient, les
pieds en équerre et les talons l'un contre l'autre; ils le soutiennent par les deux bras en lui faisant
monter par trois petits pas d'équerre bien distincts (en partant du pied gauche), les trois premiè-
res marches de l'escalier du Temple et, après l'avoir laissé reposer un instant sur le palier où est
le chiffre 3, ils le font redescendre à pas libres, en reculant; alors le Vénérable Maître dit au
Candidat:
Nous savons que cet escalier comporte sept marches: elles sont notées sur le tapis de la
Loge. Mais l'impétrant doit redescendre aussitôt les trois premières, car s'il les a montées,
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c'était avec l'aide des deux Surveillants. Seul, il n'aurait pas réussi. Il doit donc d'abord rece-
voir la Lumière, puis travailler beaucoup, avant de pouvoir oser les monter effectivement de lui-
même._ Voici comment le Vénérable Maître lui explique la chose:
Ce qui signifie en clair que, parvenu sur le palier o ù mènent ces trois marches,
l'Apprenti ne sera pas encore entré dans le Temple, mais sera seulement parvenu devant la
porte. Mais le Vénérable Maître ne décourage pas l'impétrant, puisqu'il lui confirme bien qu'un
jour, il est destiné à entrer dans le Temple.
Les deux Surveillants, soutenant le Candidat par les deux bras, lui font faire trois grands pas
d'équerre, par dessus le tapis, en joignant à chaque pas les deux talons l'un contre l'autre, en
forme d'équerre.
Pour le premier pas, i l doit porter le pied droit de l'Occident au Midi et y apporter le talon
gauche derrière le droit.
Pour le second pas, il porte le pied gauche au Nord et apporte le talon droit derrière le gauche.
Pour le troisième pas, il porte le pied droit à l'Orient et approche le talon gauche derrière le droit.
De là, après lui avoir faire saluer l'Orient, les Frères Surveillants le font approcher à pas libres
en le soutenant toujours par les deux bras, jusqu'au bas des marches de l'Autel d'Orient.
63
Le Candidat étant arrivé à l'Orient, près de l'Autel, le Vénérable Maître lui dit:
Le candidat répond.
Le candidat répond.
vent bientôt après, vous avouer pour leur Frère, que vous allez contracter vos
engagements. Répondez !
Le Candidat répond.
Nous avons transcrit ce long discours du Vénérable Maître sans l'interrompre par des
commentaires. Remarquons seulement que le Vénérable Maître confirme à l'impétrant que les
obstacles qu'il vient de vivre lui ont été figurés . I l s sont donc bien le symbole des obstacles
futurs que le Maçon va découvrir sur la route du perfectionnement de lui-même. Le Vénérable
Maître lui fait remarquer qu'il a été privé de la lumière: ce dernier mot avec une minuscule, car
l'impétrant a été en effet privé de la lumière matérielle banale, ceci précisément comme symbole
de l'obscurité intérieure dans laquelle il se trouve de se connaître lui-même. Il est loin en effet
d'avoir réalisé le « connais-toi toi-même » de Socrate... Ce, précisément pourquoi il est là ce
jour.
Voilà donc pourquoi le genou droit d u Candidat avait été découvert. Nous avions ex-
pliqué que le genou droit est bien celui que l'on met en terre en signe d'allégeance ou de sou-
mission. En signe d'humilité aussi. Or, l'humilité est la plus importante des vertus, car sans
l'humilité, aucune autre vertu n'est accessible. Le Maçon qui n'a pas la vraie humilité dans le
coeur sera peut-être un sujet brillant, mais i l ne parviendra pas à la Sagesse.
La main droite est celle du serment. Elle est sur la Bible ouverte au premier chapitre de
l'évangile de saint Jean. L'épée est la gardienne de la Loi.
L'épée du Vénérable Maître repose en travers sur la Bible ouverte au premier chapitre de
l'Evangile de saint Jean; l'une et l'autre sont sur l'Autel.
Le Candidat ayant été placé par les Surveillants, selon l'ordre du Vénérable Maître, le genou
droit posé sur le coussin se trouvant sur la seconde marche de l'Autel, la jambe gauche relevée
en équerre, le Vénérable Maître lui dit:
V.M.: M o n s i e u r , le livre sur lequel votre main droite repose est une Bible
ouverte au premier chapitre de l'Evangile de saint Jean; c'est sur ce livre saint
que vous allez prêter votre engagement; croyez-vous que votre main soit sur
l'Evangile de saint Jean?
Le Candidat doit répondre selon sa volonté. S'il répond affirmativement, le Vénérable Maître lui
dit:
V.M.: P o u r q u o i le croyez-vous ?
Le Candidat donne ses motifs, mais ensuite, soit qu'il ait répondu qu'il n'en doute point, soit
qu'il ait témoigné quelqu'incertitude, le Vénérable Maître lui dit:
Le Candidat répond
Ainsi le Candidat participe lui-même en plaçant la pointe du compas sur son coeur et en
le tenant jusqu'à ce que le Vénérable Maître ait frappé les trois coups.
Tous les Frères se lèvent et tirent en même temps leur épée qu'ils tiennent la pointe haute avec la
main droite et ôtent leur chapeau qu'ils tiennent bas avec la main gauche.
C'est le seul moment où l'Ordre ne se fait pas avec le signe, mais avec l'épée pointe
haute tenue de la main droite. Cette façon de faire se répétera pour toutes les prestations de ser-
ment, à tous les grades.
Les deux Surveillants restent aux côtés du Candidat et le Premier Surveillant lui fait prononcer
son engagement:
Le Premier Surveillant lui fait prononcer son engagement phrase par phrase. On remar-
quera que la formule est ainsi proclamée trois fois: La première fois par le Premier Surveillant
sur l'ordre du Vénérable Maître, la seconde et la troisième fois par le Premier Surveillant et par
l'impétrant alternativement.
Si l ' o n étudie de très près cet engagement, on constate que le Candidat prononce
quatorze (2 x 7) phrases, que nous avons fait précéder par une astérisque (*). Ce dénombrement
a été fait selon les lois strictes de la grammaire (14 verbes principaux, 1 par phrase).
Relevons tout particulièrement - parce que c'est important - l'expression « le plus pur
esprit du Christianisme ». Cette formule exclue l'adhésion formelle à une confession particu-
lière ou à un système quelconque (de même, nous nous en souvenons, on demandait lors de
l'introduction du Candidat que celui-ci appartienne à la « religion chrétienne », mais non « au
catholicisme, au protestantisme, etc... ». Nous avons noté également que l'engagement est pris
sur le Premier Chapitre de l'Evangile de saint Jean, c'est à dire, en fait, sur le célèbre Prologue,
qui est d'essence gnostique. I l y a donc dans cet ensemble, à la fois une large ouverture
d'esprit, mais aussi une tendance marquée à la Connaissance gnostique et pythagoricienne, sou-
lignée par la numérologie sacrée qui s'avère être constamment en filigrane de l'ensemble du
Rite. En fait - pour employer un langage que tout le monde comprend de nos jours - le Rite
Ecossais Rectifié est de la même veine que le Jnana Yoga, plutôt que du Bhakti Yoga ou du
Karma Yoga. Ce qui parât tomber sous le sens, la Franc- Maçonnerie mondiale étant, d'une
manière générale, fondée sur l'ésotérisme plutôt que sur les branches foisonnantes et parfois
divergeantes de l'exotérisme.
Le Second Surveillant prendra une petite coupe de la main droite et, de la main gauche, un tuyau
de plume ou une petite éponge contenant une liqueur rouge à l'imitation du sang. Lorsque le
Vénérable Maître se préparera à frapper sur la tête du compas les trois coups pour la réception,
le Second Surveillant placera la coupe un peu au dessous du coeur et le tuyau de plume ou
l'éponge près de la pointe du compas afin d'en faire couler quelques gouttes sur la peau du
Candidat, principalement lorsque le Vénérable Maître aura frappé le dernier coup. On pourrait se
servir, pour cette cérémonie, d'un compas qui aurait une de ses branches à seringue, en sorte
qu'en frappant sur la tête de cet instrument, le Vénérable Maître ferait jaillir lui-même la liqueur
rouge.
Cette description pourrait porter à sourire: Nous sommes à la fin du vingtième siècle: on
n'écrit plus depuis longtemps avec des plumes d'oie et tous les Seconds Surveillants utilisent
depuis belle lurette une simple et commode pipette. Vouloir rester obstinément proche des ter-
mes mêmes de Willermoz est louable, se demander ce que ce même Willermoz aurait écrit s'il
avait rédigé les Rituels en 1993 serait intelligent... L'esprit doit impérativement être maintenu et
transmis, les termes, l'écriture, l'orthographe, etc... doivent évoluer avec leur temps...
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Le Vénérable Maître, soutenant d'une main la branche du compas et tenant avec l'autre son
maillet, dit:
En prononçant ces derniers mots, il frappe avec son maillet trois coups maçonniques sur la tête
du compas dont il fait légèrement sentir la pointe sur la chair du récipiendaire au dernier des trois
coups.
Le Vénérable Maître fait aussitôt relever le nouveau Frère et lui dit:
L'effusion de son propre sang est le souvenir d'une antique coutume répandue sur toute
la terre: Deux hommes qui voulaient rester liés par un lien indissoluble versaient quelques gout-
tes de leur sang dans un bol, le mélangeaient avec de l'eau et buvaient chacun la moitié de ce
breuvage: De ce fait, ils étaient devenus Frères. C'est cet « emblème » qu'évoque le Vénérable
Maître. Par le don de son sang, le nouvel Apprenti est devenu le Frère de tous les Maçons de sa
Loge, qui ont tous, en leur temps, satisfait au même « emblème » resté symbolique dans la
Franc-Maçonnerie. Il nous suffit que le nouveau Frère ait accepté que son sang soit versé...
sans qu'il le soit réellement.
Alors le Vénérable Maître frappe un coup -0-; tous les Frères baissent la pointe de leur épée
contre terre, se recouvrent et s'assoient; pendant cet intervalle, les Surveillants conduisent le
nouveau Frère, à pas libres, vers l'Occident, en passant par le Nord e t là, il lui font rentrer le
bras gauche dans la manche de sa chemise.
Ce trajet se fait par le Nord, le long de la colonne des Apprentis, où le nouveau Frère
aura désormais sa place.
(Remarque: les Frères qui sont très avancés dans le cheminement maçonnique au RER,
savent que la totalité du processus initiatique de ce Rite forme un tout homogène dans lequel, à
chaque grade, sont discrètement glissés quelques éléments des grades suivants. Raison de plus
pour constamment réfléchir et comparer, afin de finalement comprendre l'enseignement de
l'ensemble !).
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L'APPRENTI
REÇOIT L A LUMIÈRE
Le Maître des Cérémonies enveloppe les trois flambeaux du tapis avec des cylindres creux, ou
tuyaux, ainsi qu'ils ont été décrits ci-devant, de sorte qu'il ne puisse s'échapper par le haut
qu'une très faible lueur; le Frère Secrétaire cache de même sa lumière, ensuite les deux Sur-
veillants en font autant et, après eux, l e Vénérable Maître place aussi des cylindres autour des
trois lumières du chandelier à trois branches; mais ces cylindres doivent lui être présentés par le
Maître des Cérémonies qui, aussitôt après, allume la terrine à l'esprit de vin.
Alors, le Second Surveillant frappe un coup -0- qui est répété par le Premier Surveillant, puis
par le Vénérable Maître, qui dit:
frne Surv.: Vénérable Maître, l'Apprenti est placé à l'Occident, mais il ne peut
entreprendre avec succès aucun travail, s'il n'y reçoit quelques rayons de lu-
mière; je demande qu'elle lui soit accordée.
Faisons encore une fois attention à ce qui vient d'être dit: « La Lumière est inaltéra-
ble ». Dans le Rituel en notre possession, le mot « lumière » est écrit avec une minuscule. Il
nous semble qu'il y a là une petite faute ...d'orthographe: La lumière qui est inaltérable est de
toute évidence la Lumière (avec une majuscule !) Nous avons en effet observé jusqu'à présent la
minutieuse rigueur concernant le jeu de minuscule/majuscule concernant ce mot. Ceci est pri-
mordial: la Lumière que recherchent les Maçons est en effet la Lumière divine, nous l'avons
maintes fois relevé, et non la lumière matérielle, fut-elle celle des cierges rituels... La Lumière
divine qui brille en chacun de nous et que nous devons chercher et trouver est en effet inaltéra-
ble. C'est pour cela que le Rituel spécifie (nous l'avons vu) que les lumières des cierges rituels,
qui la symbolisent, ne doivent en aucun cas être éteintes durant toute la Tenue. Elles ne sont en
l'occurrence que voilées, ce qui symbolise précisément l'état de l'Apprenti q u i n'a pas encore
trouvé LA Lumière divine en lui. E t c'est précisément cette Lumière dont on va lui montrer dans
quelques instants l'éclat insoutenable à ses yeux d'homme non encore éveillé.... Il s'agit donc
bien, pour l'Apprenti, de souhaiter sortir de cet état d'obscurité intérieure, de ces « brumes
épaisses » avions-nous dit.
69
Alors le Second Surveillant délie le bandeau qui couvre les yeux de l'Apprenti. Mais i l ne
l'enlève qu'après avoir entendu le coup d'ordre -0- qui est frappé par le Vénérable Maître, en
disant:
Il est évident que, pour être pleinement efficace et compréhensible, tout ce qui vient
d'être dit doit se faire sans la moindre hésitation, afin que l e symbolisme soit parfaitement
adapté à la situation. Cette action ne saurait trop être répétée jusqu'à la perfection avant d'être
exécutée lors de la Réception...
Le Vénérable Maître frappe un coup -0- et aussitôt le Second Surveillant fait tourner le Candidat
vers l'Occident et lui montre le mot « CLÉMENCE ». Le Vénérable Maître, après un moment
de silence, dit:
70
2"ne Surv.: S i vous aperceviez dans cette Loge un de vos ennemis, seriez-
vous prêt à lui pardonner ?
à l'Apprenti:
L'Apprenti n'a donc reçu qu'un peu de lumière (avec une minuscule !) que pour avoir un
faible aperçu des dangers de la Voie et des secours qu'il peut attendre. I l va donc retrouver
l'obscurité - symbole de son obscurité intérieure - ce que le Vénérable Maître va lui faire
comprendre (le mot « Lumière » aura alors une majuscule...):
C'est donc bien clair: l'Apprenti est au tout début de son perfectionnement pour atteindre
la Lumière divine en lui et il doit dorénavant travailler pour en obtenir des rayons de plus en
plus grands.
Le Second Surveillant remet le bandeau sur les yeux de l'Apprenti et le Vénérable Maître dit,
après un instant de repos:
même temps atteindre la Vérité et donc les réponses aux questions fondamentales dont nous
parlions au début de ce travail.
Tous les Frères se rassoient et le Vénérable Maître enlève les cylindres qui cachent les trois lu-
mières (avec une minuscule ) d'Orient; aussitôt après, les Surveillants et le Frère Secrétaire en
font de même pour leurs lumières. Le Maître des Cérémonies dépouille ensuite celles du tapis et
il met le couvercle sur la terrine à l'esprit de vin pour en étouffer la flamme. Alors les Frères
préposés rallument celles d'illumination; ce qui étant fait, le Second Surveillant prend le roseau
garni d'étoupe (ou la pipe à lycopode).
Pendant que toutes ces choses s'exécutent, les Frères doivent garder le silence, mais ils ne se
gênent point pour le bruit qui doit résulter de tous ces mouvements.
Lorsque l'illumination est déjà avancée, le Vénérable Maître - qui doit seul frapper trois coups
pour la lumière - frappe le premier coup - 0 - To u s les Officiers suspendent leurs mouvements
et le plus profond silence doit succéder au bruit confus; alors le Vénérable Maître dit:
Mes Frères, il est bien difficile de rendre la Lumière à celui qui l'a
méprisée.
Que voilà bien encore une assertion qui serait totalement incompréhensible s ' i l ne
s'agissait pas, évidemment, de LA Lumière divine (avec une majuscule !). Ceux qui passent
toute leur vie en la méprisant, auront bien du mal en effet, à p a s s e r l'épreuve de l a
« psychostasie » que les Anciens Egyptiens ont si bien décrite... Il ne sera plus temps alors,
d'avoir du remords pour la vie gâchée en futilités.., surtout si l'on a eu l'occasion, au cours de
cette vie, de se voir offrir la possibilité de suivre la Voie et qu'on ne l'a pas utilisée...
On aura observé également que cette phrase a été prononcée dans un silence total: le
brouhaha est stoppé net par un coup de maillet pour qu'elle soit bien entendue pcu- tous puis le
brouhaha reprend. C'est à ce genre de détails que l'on peut mesurer la haute valeur de ce mer-
veilleux et enrichissant Rituel !
Après un court intervalle, les Frères préposés continuent l'illumination de la Loge, sans parler,
mais de même sans se gêner pour le bruit que leur travail exige.
Nous voyons comme le Rituel insiste pour que la phrase du Vénérable Maître soit pro-
noncée dans un îlot de silence, au milieu du bruit ambiant, qui doit cesser brusquement et re-
prendre de même « sans se gêner ».
A ce sujet, qu'il nous soit permis une remarque: parmi les innombrables ternaires qui
structurent notre univers, il y a celui-ci: le bruit. la musique. le silence qui sont les trois étapes
ponctuant l a marche d e l'hormne vers l a Lumière divine: l e bruit (souvent qualifié
« d'infernal » quand il est fort), est bien en effet la caractéristique de l'enfer, aux antipodes de
la Lumière divine. Certains, qui osent appeler « musique » ou « concert », certains bruits
précisément infernaux ne se rendent pas compte des méfaits qu'ils provoquent, notamment sur
la jeunesse. La Musique, quant à elle, « est le bruit que fait la porte du Paradis lorsqu'elle
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s'entrouvre », comme dit si joliment la sagesse arabe. Comme c'est en effet bien e t clairement
dit E n f i n le silence est l'état que l'on atteint dans ce qu'il est d'usage d'appeler « la méditation
profonde », lorsque le méditant a réussi (après bien des efforts il est vrai) à atteindre l'arrêt total
du mental, de ce que Montaigne appelait, nous l'avons déjà signalé, « le vacarme de cervelle ».
Ce silence (qui n'est pas absence de bruit...) est bien en effet un état qui est tel, qu'il constitue
une véritable révélation, lors de laquelle apparaît clairement la réponse tant attendue aux ques-
tions fondamentales: « Qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce que la mort ? Qu'est-ce que le monde ?
etc... ». Il semble évident que les Maîtres qui ont élaboré ce Rituel, savaient parfaitement bien
toutes ces choses et les avaient expérimentées: On ne parle vraiment bien que de ce que l'on a
vécu dans sa chair et dans son esprit....
Lorsque tout est prêt, chacun étant à l'ordre à sa place, le Vénérable Maître dit:
(nous avons vu que le Rituel ne peut être valable que lorsque chacun est à sa place et que
le temps est bien défini):
Le Frère Premier Surveillant détache le bandeau sans l'enlever ni découvrir les yeux de
l'Apprenti. Alors le Vénérable Maître dit:
V.M.: Que celui qui a été éprouvé par les ténèbres soit rendu à la Lu-
mi ère.
Et tout de suite, il frappe le deuxième coup -0- pour la lumière. Aussitôt, tous les Frères et le
Vénérable Maître se lèvent et se mettent à l'ordre pour le retour de la lumière. tenant 1-épée de la
main gauche la pointe élevée; en même temps, le Frère Second Surveillant embrase l'étoupe du
roseau (ou souffle dans la pipe à lycopode) (ou craque les allumettes), disant à haute voix:
Il nous paraîtrait judicieux qu'un Frère (par exemple le Premier Surveillant) traduise à
haute voix cette phrase latine, faute de quoi, l'effet en est perdu si l'Apprenti ne comprend pas le
latin...: « Ainsi passe la gloire du monde ».
Le Cherchant finira par comprendre un jour que le monde tel que le voit ses yeux de
chair, n'est qu'une fantasmagorie élaborée par le mental ( « Maya », la « Grande Illusion »
des Orientaux) et que cette « gloire » matérielle s'effacera comme disparaît une image falla-
cieuse dans un rêve de la nuit...
Exactement l'exclamation de joie qui fuse lorsqu'un homme sort de ses « brumes inté-
rieures » et marche désormais dans la Lumière !
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croyons vivre dans un monde qui n'est qu'une pure illusion: un rêve. Et nous agissons dans ce
« rêve de la vie » exactement comme nous agissons dans un rêve de la nuit. Mais lorsqu'un
jour l'illusion cesse, cela se produit « plus vite que l'éclair » et est définitif: Plus jamais, notre
homme, en regardant le bout de corde, ne pourra y voir un serpent. Voilà aussi pourquoi le
Vénérable Maître ajoute: « aimez donc exclusivement la Vérité et la Justice » (avec des majus-
cules...) car cette Vérité-là ne sera pas « la petite vérité de tout un chacun », mais LA Vérité,
lumineuse et grandiose...
Les Rites maçonniques sont faits (comme les rites de toutes les initiations de jadis) pour
faire comprendre cela progressivement. Car on conçoit que la Vérité, explicitée ainsi brutale-
ment, est difficile à supporter, à admettre, à comprendre. A notre époque, cela devient possible.
Nous n'en sommes ici qu'au grade d'Apprenti. Dans les grades suivants, les choses seront ex-
plicitées progressivement et les maximes données par le Vénérable Maître, de plus en plus ap-
propriées au travail qui permet cette évolution du Maçon. N o u s aurons donc l'occasion d'y
revenir.
Le Vénérable Maître va battre le troisième coup de maillet: nouveau Ternaire qui ponctue
l'établissement de cette Vérité-Lumière...
Le Vénérable Maître bat le troisième coup -0- ; aussitôt, tous les Frères remettent leur épée dans
le fourreau et s'assoient; il pose la sienne sur l'Autel et dit:
Voilà encore qui confirme ce que nous venons d'expliquer: Dès lors que l'on a compris
que le monde est illusoire, comment peut-on encore trouver l e moindre intérêt dans les
« parures » de ce monde de rêve ?... Comment ne pas reconnaître que la Sagesse, qui consiste
à retrouver la vraie Réalité, est l'unique intérêt de cette vie ? L'orgueil s'éteint de lui-même ainsi
que le désir de puissance, qui, n'étant qu'un rêve illusoire, n'aboutit à rien. La longue histoire
des hommes devrait faire réfléchir les Maçons: Tous les empires, construits sur la domination,
les guerres et les millions de morts et de blessés, se sont tous écroulés: Dans ce monde de rêve,
RIEN ne peut durer et la fière devise des rois d'Angleterre: « Je maintiendrai » n'est que
l'illustration de l'ignorance de souverains qui - comme tant et tant d'autres - on voulu construire
un empire mondial qui s'est finalement effrité comme s'efface un rêve de la nuit au moment du
fallacieux réveil matinal... Dans un domaine qui nous est cher, ce que l'on appelle « la cordon-
nite » est, elle aussi, l'illustration de l'ignorance de ceux qui n'ont jamais étudié sereinement et
assidûment les maximes qui leur ont été données lors des différentes réceptions... Pourtant, dès
cette première réception au grade d'apprenti, déjà l'essentiel est dit. Encore faut-il avoir des
oreilles pour entendre, comme il est écrit dans les Evangiles... En étudiant le Rituel du deuxième
grade, nous nous apercevrons que le futur Compagnon se verra expliciter tout cet enseignement
dans les maximes et les discours qui lui seront offerts lors de cette réception...
Le Maître des Cérémonies vient prendre dans la boîte où l'on a enfermé les métaux et bijoux de
'Apprenti, ses boucles et boutons de manches, et les lui remet.
Il va donc, dans un instant, faire son entrée en Loge, comme il le fera des centaines de
fois par la suite: habillé comme il est de coutume sur la scène de théâtre de ce monde illusoire,
avec ses métaux et bijoux, mais en sachant que tout ceci n'est qu'une pure mascarade: La Loge
sera alors véritablement pour lui un « lieu de Vérité » (avec une majuscule !).
75
RETOUR DU CANDIDAT
Ensuite, le Frère Introducteur le ramène dans la Loge en frappant à la porte en Apprenti. Les
Surveillants ayant averti dans la forme ordinaire le Vénérable Maître qu'on a frappé à la porte en
Apprenti, le Vénérable Maître donne l'ordre de voir qui c'est.
Les choses ayant été clairement exposées, il est nécessaire de se mettre au travail. C'est
bien pour procéder aux premiers éléments de ce travail que le Candidat se présente à la porte du
Temple. Il va devenir un « opératif », mais sur lui-même:
1" Surv. : Vénérable Maître, c'est le nouvel Apprenti qui demande d'être ad-
mis parmi les Frères de sa classe afin d'y apprendre le travail qu'il doit faire
pour mériter l'approbation du Vénérable Maître.
La proclamation de l'entrée (solennelle) du nouvel Apprenti est donc faite trois fois.
Toujours le Ternaire divin qui accompagne les progrès faits par le Profane devenu Apprenti.
Cet ordre est exécuté par le Frère Second Surveillant qui, ayant reçu le nouvel Apprenti des
mains du Frère Introducteur, vient le placer à l'Occident entre lui et le Frère Premier Surveillant,
au dessous du transparent de la Clémence et un peu en avant.
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Le Second Surveillant bat un coup - 0 - qui est répété par le Premier Surveillant et par le
Vénérable Maître, qui dit:
V.M. : Q u ' i l soit donc conduit à l'Orient par les trois pas d'équerre des
Apprentis et par la voie du Nord.
Le Vénérable Maître vient juste avant de faire remarquer la fausse vanité des « parures »
vestimentaires en vogue dans le monde profane. Il s'agit maintenant pour l'Apprenti d'être ha-
billé maçonniquement. Tous les Frères de chaque classe sont vêtus de la même façon. Les dis-
tinctions du monde profane sont donc abolies. On comprendra mieux maintenant le fondement
de la Fraternité qui lie les Maçons entre eux: Ce n'est pas une question sentimentale; Le monde
étant reconnu pour ce qu'il est, il est bien évident que les distinctions profanes et les sentiments
divers qui lient les hommes dans le monde illusoire, sont abolies par la compréhension de la
Réalité: Tous les hommes sont évidemment Frères dans le monde de la « Réalité vraie » sym-
bolisée par la Loge pour chacun de nous et par la Maçonnerie en général pour tous les Maçons.
Disons encore une fois que la Fraternité maçonnique est le résultat de révolution spirituelle des
Maçons et de leur compréhension de cette « Vérité fondamentale », et non pas un but en soi.
Le Second Surveillant lui fait faire les trois pas d'Apprenti, en partant du pied gauche, le long
du tapis auquel il fait face, ensuite il le conduit à pas libres vers le côté droit de l'Autel.
Nous avons bien noté: l'Apprenti fait les trois pas en partant du pied gauche. A partir de
maintenant, si l'Apprenti se présente devant la Loge en venant de l'extérieur (par exemple en cas
de retard inopiné), il se présentera en faisant un seul pas (au RER) en partant du pied gauche
pour saluer le Vénérable Maître (et seulement l e Vénérable Maître au RER). Précédemment, il
avait exécuté les trois pas maçonniques, au dessus du tapis, en partant du pied droit. A ce mo-
ment là, il n'avait pas encore prononcé son engagement et n'avait pas reçu la Lumière.. .Le côté
droit est le côté profane. Le côté gauche est le côté de l'initié. Et ceci depuis des millénaires:
TOUTES les statues de Pharaon debout, en Egypte le représentent TOUJOURS le pied gauche
en avant - et donc aussi le genou gauche e n avant. Nous avons signalé la signification initiati-
que du genou gauche.
Le Maître des Cérémonies vient se placer à côté du Frère Apprenti, et le Second Surveillant va
reprendre sa place; mais le Frère Introducteur reste auprès du récipiendaire jusqu'à ce qu'il ait
travaillé sur la pierre brute.
Les décorations qui ornent les tabliers maçonniques peuvent être bleues ou rouges
(suivant les différents Rites), le tablier lui-même est toujours blanc. Le Vénérable Maître vient
de déclarer pourquoi. Permettons-nous une remarque pratique: L a droiture d u coeur e t
l'innocence des moeurs sont difficiles à atteindre... Rien ne sert de vouloir forcer la nature. Par
contre, la compréhension de ce qu'est le monde et donc de ce que sont nos démarches profanes
et nos passions, en montre l'inadéquation avec le but véritable de toute vie. Dès lors, la droiture
du coeur et l'irmocence des moeurs s'installent graduellement d'elles-mêmes. On conçoit toute
l'ampleur du travail sur soi qui doit être réalisé...
N'oublions pas que la ceinture représente le cercle, symbole de l'Unité divine. I l est
commun à la ceinture des pratiquants des Arts Martiaux, au cordon du prêtre catholique rappe-
lant la chasteté sacerdotale. En le nouant autour de sa taille, avant la Messe, le prêtre dit:
« Ceignez-moi, Seigneur, de la ceinture de pureté et éteignez dans mes reins l'ardeur des pas-
sions, afin que la vertu de continence et de chasteté demeure en moi ». Ainsi le Maçon, avant
d'entrer en Loge, se ceint de son tablier... Ajoutons que le tablier, bien construit, présente en sa
partie supérieure un triangle ayant un angle au sommet de 108', célèbre triangle qui surmonte le
frontispice des temples et qui est formé de deux triangles « sacrés » accolés, triangles dont se
servaient les constructeurs initiés, jadis, pour construire leurs perpendiculaires avec une corde à
noeuds à 12 intervalles (triangle « de Pythagore » aux côtés trois, quatre, cinq).
En lui donnant les gants blancs d'homme, le Vénérable Maître lui dit:
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V.M.: M o n Frère, la Loge vous donne ces gants blancs. Leur couleur vous
annonce que vos mains ne doivent jamais se prostituer à des actes contraires à
vos devoirs et à la dignité de votre âme.
En lui donnant les gants blancs de femme, le Vénérable Maître lui dit:
Nous sommes dans une époque où toute la Sagesse des Anciens (depuis des millénaires
!) est jetée par dessus bord de façon irréfléchie. Ainsi, chez tous les peuples « primitifs » (dont
la spiritualité est le plus souvent bien supérieure à la nôtre, et qui se double d'un respect pour
« notre Mère la Terre », que nous polluons, maltraitons et méprisons lamentablement) et chez
les grands peuples hautement civilisés de l'Antiquité (Egypte, Chine, Grèce, etc...) la mixité
n'était admise qu'après l a puberté. Chez ces peuples sages et intelligents, il ne venait pas à
l'idée de gamins de quatorze ans de se rendre coupables d'un viol collectif d'une camarade de
douze ans... comme chez nous e n France, suivant l'exemple odieux des Etats U n i s
d'Amérique, où des « jeunes » en arrivent même à assassiner une quinzaine de leurs camarades
de collège, suite à la « sous-culture » fabriquée en séries par la télévision de ce pays dont Ein-
stein disait qu'il « était passé de la préhistoire à la décadence sans passer par la culture »... Il
serait bon que la Franc-Maçonnerie ne se laisse pas contaminer par un exemple si funeste (sous
prétexte de « liberté » ou de l'absurde « égalité des sexes », ceux-ci étant à l'évidence com-
plémentaires e t non égaux, sans qu'aucun des deux n'ait l a stupide idée de s e croire
« supérieur » (!!) à l'autre....)
V.M. : J e vous rends votre épée; ne vous en servez désormais que pour le
salut de la Patrie et de vos Frères et pour la défense de la Religion lorsque vous
en recevrez l'Ordre du Chef de l'Etat.
Le Franc-Maçon est (doit être) par nature, respectueux des lois du pays dans lequel il vit.
Ayant compris que tout dans l'univers n'est qu'une immense fantasmagorie, comment pourrait-
il avoir l'idée saugrenue de vouloir infléchir le cours de l'histoire ? Quand on est au cinéma,
vient-il à un spectateur l'idée de vouloir changer le déroulement de ce qui se passe sur l'écran ?
C'est très exactement ce qu'enseignait Pythagore dans ses célèbres « vers dorés »: « Honore
les dieux immortels selon le rang qui leur est assigné par la loi; garde ensuite ta foi, révère la
mémoire des héros bienfaiteurs, des esprits demi-dieux ». Les « héros bienfaiteurs et les es-
prits demi-dieux » sont les Sages qui, par leur exemple et leur enseignement, sont les bienfai-
teurs des hommes qui cherchent, persévèrent et souffrent... Pythagore enseignait donc à ses
disciples de suivre et la religion et les politiques du pays, mais de poursuivre en eux-mêmes la
Vérité pure qu'on ne peut pas jeter au peuple ignorant (aux pourceaux, disait le Christ, sévère-
ment) car il ne pourrait ni l'accepter ni la réaliser. Or Pythagore est une figure souvent citée en
exemple chez les Francs- Maçons... et ils ont bien raison !
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V.M.: J e vous rends aussi votre chapeau, mais vous ne devez pas vous en
couvrir en Loge sans la permission du Vénérable Maître; de même vous ne de-
vez pas vous asseoir avant qu'il ne le permette, afin que vous ne perdiez pas de
vue votre infériorité dans l'Ordre et que vous soyez toujours prêt à obéir à vos
supérieurs.
Là encore, ne croyons pas qu'il s'agisse d e rabaisser les Apprentis par rapports aux
Maîtres. Les rois, les grands de ce monde, dans les civilisations anciennes avaient seuls le droit
de porter une couronne ou un diadème, ou un couvre-chef. Schwaller de Lubicz, dans son re-
marquable et monumental ouvrage « Le Temple de l'Homme », étude du Temple de Louxor,
en Egypte, a merveilleusement démontré le symbolisme de la couronne, du diadème, du couvre-
chef ou de toute autre façon, chez tous les peuples, de faire une séparation entre le haut du crâne
et le reste de la tête (comme chez les Indiens d'Amérique du Nord, le bandeau qui enserre le
front et qui est agrémenté d'une plume à l'arrière du crâne (la plume, chez tous les peuples .
symbole de spiritualité): Schwaller de Lubicz explique que ce signe symbolise ceux qui ont
compris et réalisé que le monde tel que nous le percevons, est une illusion issue du fonctionne-
ment du mental, donc du cerveau, alors que les Sages ont réussi à dépasser ce stade et sont en
prise directe avec le divin, sans être dévié et perturbé par le raisonnement fallacieux et déformant
du mental. L'homme qui veut atteindre l'état de Sagesse doit connaître, puis réaliser ce dépas-
sement de l'emprise du cerveau. C'est à cet effort de compréhension - nous l'avons montré -
puis de dépassement, de « rectification » - nous le verrons au grade de Compagnon - que nous
convie le Rite Ecossais Rectifié.
V.M. : J e vous rends vos bijoux et vos métaux; la Loge est satisfaite du
désintéressement dont vous lui avez donné les preuves en les abandonnant à
celui qu'elle avait chargé de vous en dépouiller; gardez-vous, mon Frère des
vices dont ils sont souvent la cause.
Remarquons que le signe d'Ordre de l'Apprenti met la main sur l'organe de la parole en
montrant clairement que l'Apprenti doit apprendre à se taire et à connaître la valeur du Silence...
Ensuite l'attouchement d'Apprenti qui se fait en pressant avec le pouce de la main droite, par
trois fois, la première phalange de l'index de la main droite du Frère que l'on salue.
Le ternaire, toujours...
80
Ile Vénérable Maître lui donne le mot du grade .1.... en lui apprenant à l'épeler lettre par lettre, et
ensuite par syllabe.
Le fait d'épeler le mot du grade est particulièrement remarquable au RER, sur le plan
symbolique: Ce faisant, l'apprenti ne prononce que les consonnes du mot, le Vénérable, lui,
prononce toutes les voyelles. Or, les consonnes d'un mot sont l'ossature du mot, son squelette,
sans lequel le mot n'existerait pas; les voyelles, elles, sont le Souffle divin (le Rouah de la reli-
gion juive) sans lequel les consonnes seraient tout simplement imprononçables. Voilà pourquoi,
dans les langues sémitiques (du moins à l'origine) les voyelles n'étaient jamais écrites: celui qui
lisait devait savoir comment donner vie au mot en le « vocalisant ». C'est encore en usage
dans les synagogues, où la Thora, le Livre Sacré, ne porte aucune voyelle. Celui qui lit doit
savoir lire, et non seulement épeler... au sens propre du terme
V.M. : P a r ce grade, vous venez d'acquérir dans l'Ordre l'âge de trois ans
accomplis. Méritez par votre zèle et par vos vertus, l'âge auquel vous devez
aspirer.
Si l'assemblée n.est pas trop nombreuse, le Vénérable Maître donne l'ordre de le présenter à
tous les Frères qui la composent.
Les deux Surveillants, les Officiers, le Passé Maître et le Parrain le reconnaissent par les signes,
attouchements, mots du grade et baisers fraternels, mais les autres lui donnent seulement le bai-
ser sur les deux joues et au front, à l'exception des Frères Apprentis et Compagnons qui lui
donnent le baiser de reconnaissance en trois temps, sur les deux joues seulement et point au
front. A droite, à gauche et à droite.
Ceci mérite d'être relevé: Ne nous trompons pas: la joue droite d u Frère qui nous fait
face, se trouve ...à notre gauche.
Après que l'Apprenti a été reconnu, le Maître des Cérémonies le reconnaît lui-même et l'amène
au Vénérable Maître auquel l'Apprenti répète les signes, attouchements et mots en les donnant
lui-même au Vénérable maître, tels qu'il les a reçus. Le Vénérable Maître dit ensuite:
Le nouveau reçu ayant mis son obole dans le tronc, le Vénérable Maître lui dit:
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Le Frère Introducteur a donc maintenant terminé son très important travail pour la Ré-
ception du nouveau Frère. On peut donc comparer ce travail avec celui, tout différent, des deux
Surveillants: Alors que ceux-ci participaient activement au Rituel de Réception, le Frère Intro-
ducteur jouait en quelque sorte le rôle « d'ange gardien ». Nous verrons par la suite que cette
comparaison n'est pas dénuée de sens.
V .M. : F r è r e Apprenti, cette pierre brute, sur laquelle vous venez de frap-
per, est un emblème vrai de vous-même. Travaillez donc sans relâche à la dé-
grossir, pour pouvoir ensuite la polir, puisque c'est le seul moyen qui vous
reste de découvrir la belle forme dont elle est susceptible, et sans laquelle elle
serait rejetée de la construction du Temple que nous élevons au Grand Archi-
tecte de l'Univers_
Encore une phrase-clé: La pierre brute, c'est le symbole de nous-mêmes. Nous devons
façonner notre pierre brute intérieure de façon à la rendre parfaite. Remarquons que la pierre
parfaite existe déjà à l'intérieur de la pierre brute. I l suffit d'enlever ce qui est en trop pour
qu'apparaîsse la pierre cubique. De même tout sculpteur enlève ce qu'il y a en trop dans un bloc
de pierre pour faire apparaître la statue qui s'y trouvait déjà... Le travail du Maçon ne consiste
donc pas à ajouter des connaissances supplémentaires à ce qu'il sait déjà, mais à abandonner
tout ce que le mental a emmagasiné depuis des lustres. Toutes ces connaissances, utiles dans
« la vie courante » sont inutiles sur le plan initiatique. Elles peuvent rester en mémoire, sans
plus. Le Sage sait ce qu'il a à faire de cette mémoire...
...Allez maintenant, mon Frère, vous placer entre les deux Surveillants
pour y rester sous leur direction spéciale; vous y écouterez attentivement les
instructions de votre grade. C'est par votre assiduité aux travaux que vous par-
viendrez à graver dans votre âme vos devoirs comme Apprenti; car vous ne
parviendrez jamais à un grade plus élevé sans avoir perfectionné votre travail
dans le grade que vous venez de recevoir.
L'instmction étant finie, le Vénérable Maître dit au Maître des Cérémonies de conduire le Frère
Apprenti à la place qu'il doit occuper désormais en Loge, suivant son grade, c'est à dire au bout
de la colonne du Nord, après les anciens Apprentis et à l'Occident.
V.M.: M e s Frères, le temps fuit et s'efface à nous yeux, mais il est tou-
jours en présence du Grand Architecte de l'Univers. Devant lui, tous les ins-
tants seront à jamais marqués par nos actions; employons donc, dès à présent,
ceux qui nous sont accordés à faire le bien, ne les consumons pas en vain dans
l'oisiveté ou dans des occupations frivoles, et ne nous écartons jamais envers
nos Frères ni envers les autres hommes, des Lois de la Justice et de la Charité.
R.- J
D.- A
R.- K
D.- I
R.- N
D.- JA
R.- K I N
Ensemble: JAKIN
Voilà donc le processus de définition du mot d'Apprenti. Nous avons déjà signalé que
l'Apprenti n'épelle que les consonnes, la Maître donne les voyelles. L 'Apprenti donne le
squelette, le Maître donne vie à ce squelette. Parfait symbole de la transmission des secrets de
l'Univers et de la Vie: l'Apprenti vit, au départ, dans le monde « matériel », le Maître, lui, vit
dans le monde de l'Esprit_ et le transmet.
Remarquons aussi que cette façon de procéder fait prononcer le mot trois fois: une fois
lettre par lettre, une seconde fois par syllabe et une troisième fois, ensemble, en totalité. Et
l'ensemble de ce processus produit ... neuf questions et réponses.
Il s'agira de dépasser cette création (apparemment matérielle) pour faire retour dans le
monde spirituel. Quand les temps seront venus.., pour l'Apprenti.
Quel est le mot des Apprentis, qui leur sert de mot de reconnaissance ?
R.- Phaleg
Il va donc de soi que chaque Maçon doit en permanence connaître le mot de passe de son
grade (et les mots annuels de sécurité de la GLTS - NB: les mots en question sont semestriels
dans d'autres obédiences).
Trois, cinq et sept sont les trois nombres qui apparaissent sur le tapis de Loge au grade
d'Apprenti. Il suffit de trois Maîtres, le Vénérable Maître et les deux Surveillants pour que la
Loge soit formée. Souvent, en cas d'élaboration d'une nouvelle Loge, il y a trois Maîtres. On
appelle cela un triangle.
Deux Maîtres de plus, l'Orateur, gardien de la Régularité maçonnique, et le Secrétaire, qui est la
Mémoire de la Loge, et la Loge peut fonctionner. Deux de plus encore, et la Loge, ayant atteint
le Septenaire, devient juste et parfaite. Deux en plus des sept, et la Loge a tous ses Officiers. Le
neuf (comme chez les Templiers) se trouve toujours en filigrane au RER. Ceci rappelle les neuf
degrés de la Sagesse de saint Jean de la Croix et des mystiques rhénans...
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D.- Pourquoi ?
R.- Pour rappeler à notre mémoire celui qui a été élu pur le Grand Architecte de l'Univers pour
venir annoncer la Grande Lumière et que tous les Francs-Maçons ont reconnu pour leur patron.
Sans que son nom ne soit formellement prononcé, il s'agit bien de saint Jean le Baptiste
qui annonça la venue du Christ, la Grande Lumière, que l'Eglise nommera plus tard « sol in-
victus », le soleil invaincu, dans la période de Pâques, entre l'équinoxe de Printemps et le sols-
tice d'Été quand le soleil, en effet, s'est rendu Maître du ciel et répand sa Lumière éclatante sur
toute la terre. Le solstice d'été, avons-nous déjà dit, la Saint Jean d'été, est « la Porte des
Hommes », ces hommes qui travaillent « entre midi et minuit » et qui, selon les rythmes que
les Alchimistes connaissent bien, préparent dans la période du soleil descendant, la « nouvelle
naissance », la Re-Naissance dans le corps glorieux du Maître qui renaît à la vie divine, comme
le soleil renaissant à la N o l , et atteint l'état de Sagesse, en parfaite « Imitation de Jésus
Christ », selon le titre célèbre du livre non moins célèbre... Ainsi la Noël ( le solstice d'hiver)
est-elle bien « la Porte des dieux ». Saint Paul n'a-t-il pas dit lui-même: « Vous devez tous
devenir des dieux » ? Les prêtres égyptiens le disaient aussi, plusieurs millénaires durant, avant
la venue du Christ...
D.- Pourquoi les Francs-Maçons célèbrent-ils aussi la Fête de saint Jean l'Evangéliste ?
Ainsi les bons ouvriers, ceux qui travaillent de midi à minuit sont-ils rassemblés et
l'Evangile de saint Jean l'Evangéliste est-il la Lumière qui éclaire leur étude silencieuse, patiente
et fructifère... Nous l'avons déjà dit également, cet Evangile est ouvert au Chapitre Premier,
c'est à dire au Prologue, qui unit, rassemble l a religion chrétienne et la Gnose des Anciens
quoiqu'en dise la Hiérarchie catholique qui nie l'évidence que ses propres fondateurs ont établie
clairement dans les textes, le calendrier liturgique, et le Missale Romanum, abandonné après
Vatican
Le Temple de Salomon à Jérusalem est un édifice mythique , que les archéologues israé-
liens n'ont pas réussi à découvrir.., et le Temple de Salomon à Jérusalem est aussi un Temple
mystique, donc intérieur, q u e chacun doit construire en lui-même c a r, comme conseillait le
grand Sage hindou Ramakrishna, à la fin du siècle dernier, « reposez-vous au pied du Maître
qui trône dans votre coeur »
L'expression « un carré long » (au lieu de dire « un rectangle ») vient des Compa-
gnons bâtisseurs. Le « carré long » est le pendant du « carré ». Ces deux figures sont bien
connues chez les Compagnons du Tour de France. Il s'agit du carré de mesure 4 x 4 et du rec-
tangle de mesure 3 x 6. Ces deux figures sont connues depuis la plus haute antiquité et les
Egyptiens les ont enseignées aux Grecs. Elles ont ceci d'absolument unique, que leur périmètre
et leur surface sont exprimés par le même nombre: 4 x 4 = 4 + 4 + 4 + 4 = 16 d'une part, et 3 x
6 = 3 + 6 + 3 + 6 = 18, d'autre part. Aucune autre figure géométrique régulière ne présente le
même nombre pour le périmètre et la surface, ce qui n'avait pas échappé aux Anciens. Or, entre
16 et 18 se trouve le nombre 17, qui constitue la frontière entre le carré et le rectangle. Les
Grecs ont appelé ce 17 « cxvtuppcx£ » antiphraxis ) = celui qui sépare. Il se trouve que l e
carré de 4 x 4 est le symbole le plus parfait de la matérialité et le « carré long » de 3 x 6 est le
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La Franc-Maçonnerie est donc universelle. C'est dans sa nature, puisque, partout dans le
monde, les Maçons reçoivent le même enseignement initiatique et tous sont à la recherche de la
Sagesse....
Les deux premiers symbolisent la Dualité fondamentale qui sous-tend toute la matérialité,
l'unique troisième, détaché des autres, représente l'Unité divine retrouvée. Il est intéressant de
remarquer le mot « l'attention ». Encore une fois, quelle précision, qui passe souvent inaper-
çue à une oreille... inattentive ! Quand le méditant a compris quel est le but du travail intérieur
faire taire le mental pour expérimenter le silence intérieur, première leçon donnée par la Franc-
Maçonnerie à l'Apprenti, il ne peut parvenir au silence (« C'est impossible », « je n'y parviens
pas ! » disent la plupart...) que si, une fois l'exercice commencé, ils sont au plus haut point
attentifs à ce silence intérieur entr'aperçu, afin qu'il ne s'échappe pas; et s'il s'échappe quand
même, on recommence et on persévère.... En persévérant avec patience et en « souffrant » (car
ce travail intérieur est au début tellement rebutant et monotone, que l'on se décourage vite...) on
finit cependant par y parvenir. Alors s'installe « l e vrai bonheur » promis par le Vénérable
Maître, dès le début de la réception...
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Voilà qui est énoncé clairement: le but de la Franc-Maçonnerie est de conduire à la Sa-
gesse et à la Vertu ceux qui aiment la Vérité et qui la désirent (avec un vrai désir est-il précisé
lors de la Réception...)Et ceci sous le voile des symboles. Mais aussi sous le voile des paroles,
maximes et discours du Vénérable Maître et de ses adjoints... Mais ceux qui n'aiment pas et qui
ne désirent pas la Vérité (parce qu'elle leur fait peur ou parce que le travail pour y parvenir les
rebutent... ) ne seront donc pas conduits au Temple de la Vérité...II faut savoir ce que l'on veut
quand on entre dans une école; surtout si l'école en question n'est pas une école maternelle,
mais une « Grande Ecole » dans laquelle on ne musarde pas si l'on veut « décrocher la tim-
bale »
Et que faisons-nous donc présentement, sinon tenter de faire comprendre les mystères
de l'Origine (avec une majuscule !). L'Origine de quoi, de qui ? mais de l'Homme bien sûr, de
sa Vie (réelle) et de son Retour à son Origine divine, lui qui s'est fourvoyé dans les méandres de
ce film illusoire de la vie, de cette incroyable mystification, de « Maya », l a « Grande Illu-
sion », à laquelle il croit si fermement au point de s'y enferrer en ayant l'impudeur de se plain-
dre de son imperfection. Et que faisons-nous donc présentement, sinon de faire comprendre les
mystères de l a fondation et du but d e l'Ordre, qui est de rassembler ceux (et celles) qui sou-
haitent arrêter enfin le déroulement de ce film fallacieux, dans lequel ils sont plongés depuis tant
de millénaires, q u i souhaitent cesser ces expériences sans fin et apparemment sans but dans
toutes les formes possibles de vie illusoire, pour retrouver enfin la seule et véritable Vie de Lu-
mière, de Connaissance et d'Amour, de retrouver le Paradis Perdu, dont, il y a si longtemps, ils
se sont échappés pour se perdre dans les « brumes épaisses » dont il est si difficile de sortir...
Voilà encore une réponse claire: On n'entre pas en Franc Maçonnerie comme on entre
dans un Club dans lequel on passe des moments agréables en se targuant d'être « initié » (sans
comprendre exactement à quoi on est « initié »), mais on y entre dans une école pour appren-
dre à vaincre ses passions: Vaste programme, que l'on à tendance à éluder comme si on avait
mal entendu les paroles et exhortations du Vénérable Maître... pour apprendre à soumettre ses
volontés aux lois de la Justice... Soumettre ses volontés ? Holà !
Alors qu'on passe généralement sa vie à vouloir « faire ses quatre volontés » (tiens,
tiens, pourquoi la Sagesse populaire parle-t-elle de nos quatre volontés? Quatre: symbole de la
matérialité...). Et pourquoi donc faire tant d'efforts ? Ci-après la réponse:
D.- Pourquoi ?
R.- Pour chercher la Lumière.
Avec une majuscule, toujours ! C'est bien à l'Orient que naît la Lumière... Le Vénérable
Maître nous le rappelle à la fin de chaque Tenue, en éteignant son triple flambeau, ce dont nous
devrions nous souvenir en repartant dans le monde « profane » (profane, du latin pro-fanum =
qui se tient devant l e temple - donc à l'extérieur - dans lequel il n'est pas entré, dans lequel il
n'est pas digne d'entrer...). La recherche de cette LLIMIERE est donc bien le seul b u t de la
Franc-Maçonnerie. Il n'y en a aucun autre: tout le reste n'est qu'accessoire, pour aider à parve-
nir jusqu'à ce but unique.
Quand on n'a pas encore bien saisi quel est le but, on est encore dans les régions élé-
mentaires dans lesquelles il y a encore tant d'obstacles, à commencer par les « brumes épais-
ses » qui empêchent de bien comprendre de quoi il s'agit et à quoi sert tout cela.... Et pour en-
fin comprendre le but de tout cet ensemble grand (et grandiose) comme une cathédrale, il y faut
un vrai désir, c'est à dire pas un petit désir de curiosité, de simple intérêt intellectuel, non: u n
vrai désir, profond, le désir de celui qui, se noyant, cherche désespérément à trouver de l'air
pour retrouver la vie véritable et forte... et lumineuse !
R.-Que malgré sa faiblesse et ses erreurs, il ne doit pas désespérer d'atteindre le but d e ses dé-
sirs, si en renonçant lui-même à la vengeance, i l use de modération et d'indulgence envers les
autres hommes
La deuxième partie de la réponse arrive comme un cheveu sur la soupe. C'est un leurre,
comme on dit en terme de chasse, qui sert à brouiller la piste. Ecoutons bien la première partie,
qui constitue la vraie réponse: Oui, m a l e ' la difficulté du début de cette Oeuvre décidément
« Grande », i l ne faut surtout pas désespérer. La récompense - magnifique - est au bout du
chemin.
Nous savons déjà ce que cela veut dire: La pierre brute, c'est l'Apprenti: I l sait qu'en
travaillant sur sa pierre brute, c'est à dire sur lui-même, il en fera une magnifique pierre cubi-
que, qui s'insérera dans la construction du Temple Intérieur. « Mais c'est oui bien sûr ,
comme disait Raymond Souplex: Cette pierre, c'est La Pierre Philosophale des Alchimistes.
Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Et pourquoi donc les Achimistes appellent-ils la Lu-
mière retrouvée la « Pierre Philosophale » ( I 'adjectif « philosophale » montrant à I 'évidence
qu'il ne s'agit pas d'une pierre matérielle...) ? Parce que la Réalité vécue, la Vérité ultime que
l'on découvre dans le Silence, dans l'Obscurité, dans la Paix de son coeur, au terme d'une mé-
ditation profonde, est ressentie comme aussi dure, aussi solide, aussi inaltérable qu'un roc, en
face du rêve évanescent de la « vie » dans le monde « matériel »...
Le temps n'est pas encore venu, certes, mais, n'avons-nous pas dit qu'il ne fallait pas
désespérer ? Bien plus vite qu'on pourrait le penser, la réponse réelle va venir.., dès la Troi-
sième Section de ces Demandes/Réponses.
SECONDE SECTION
Les Alchimistes disaient: « Ora, ora, om et labora » (Prie, prie, prie encore et travaille).
L'Apprenti finira par comprendre que « les choses illusoires » ne sont pas seulement
les vêtements, mais tout ce qui tombe sous les sens; que le monde entier est une apparence...
illusoire.
Les « choses sensibles », c'est tout ce qui tombe sous les sens, donc le monde entier.
Et le monde n'est pas l a Vérité. Celle-ci doit donc être recherchée.
D.- Que signifie le profond silence qui a régné dans la Loge après que vous ayez été remis entre
les mains des Surveillants ?
R.- Il m'a rappelé que les matériaux qui furent employés à la construction du Temple de Salo-
mon avaient été si bien préparés que l'on n'entendit le bruit d'aucun outil pour les mettre en
oeuvre.
Il y a là une assertion que l'on retrouve également dans d'autres Rites que le RER. Elle
est généralement très mal comprise. On dit parfois que les ouvriers du Temple de Salomon ne
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travaillaient qu'avec des outils en bois, afin de ne pas faire de bruit. Comment peut-on tailler,
ajuster et placer des blocs de pierres avec des outils en bois ? C'est le même raisonnement en-
fantin (pour ne pas dire plus) qui fait dire à des gens très sérieux, que les Anciens Egyptiens
ont levé et placé au millimètre près, jusqu'à 100 mètres de haut (par exemple au dessus de la
Chambre dite « du Roi » dans la pyramide dite « de Chéops »), des blocs de pierre (venant
des carrières d'Assouan, à 1000 km de Guiseh) pesant 80 tonnes, à l'aide de cordages et sur
des plans inclinés recouverts de troncs d'arbres (il n ' y avait en Egypte que des palmiers au bois
tendre et friable...). Le silence dans la construction du Temple de Salomon, Temple mythique
comme nous l'avons vu, ne vient que du fait qu'il est le symbole du Temple intérieur que nous
devons bâtir en nous-mêmes, précisément là où nous atteignons le Silence en faisant taire le
« vacarme de cervelle » de notre cher Montaigne (qui savait de quoi il parlait).
D.- Pourquoi le silence a-t-il été bientôt interrompu par le Vénérable Maître ?
R.- C'est qu'il n'a point vu en moi les qualités nécessaires et qu'il avoulu que je fusse éprouvé.
Remarquons que le Candidat a été conduit en étant tenu par la main dès sa sortie du cabi-
net de réflexion jusqu'à la fin des trois voyages, c'est à dire pendant tout le temps où le Candi-
dat est privé de lumière. Il est pris par la main cinq fois: deux fois par le Frère Introducteur,
trois fois par le Frère Second Surveillant. Et ceci avec une alternance régulière: au sortir du ca-
binet de réflexion, le Frère Introducteur le prend par la main gauche (il prend la main gauche du
Candidat avec sa main droite); pour l'entrée en Loge, le Frère Introducteur prend le Candidat par
la main droite cette fois. Ensuite, il est pris en charge par le Frère Second Surveillant pour les
trois voyages. Comme pour chacun des voyages, lors desquels il va changer de main pour tenir
lui-même le glaive sur son coeur, le Frère Second Surveillant sera amené à le conduire par la
main gauche au premier voyage, par la droite au second et par la gauche au troisième voyage.
Du début jusqu'à la fin des voyages, il y aura donc eu une alternance régulière: gauche, droite,
gauche, droite, gauche. Nous nous souvenons que le côté droit est le côté « profane », le côté
gauche, est le côté « initiatique » (nous avions étudié cela pour les genoux). Il se produit donc
ici comme une hésitation, mais c'est la main gauche du Candidat qui a la faveur: trois fois contre
deux pour la droite (le Ternaire divin prime la Dualité matérielle).
Profitons-en pour constater que le premier voyage se fait « par le Nord », c'est à dire
dans le sens solaire; le second voyage se fait « par le Midi », c'est à dire qu'il tourne vers la
gauche; le troisième voyage se fait à nouveau « par le Nord », donc dans le sens solaire. Alter-
nance donc, pour les voyages. Nous en reparlerons plus tard, quand nous pourrons étudier la
totalité des voyages que le Maçon aura effectivement accomplis au cours des trois grades qui le
mènent à la maîtrise.
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Encore une fois, il faut comprendre cet enseignement dans ce qu'il a de plus profond. La
première partie de la phrase semble être un aphorisme banal et théorique; une espèce de clause
de style: « sacrifier ce que l'on a de plus cher pour la Justice et la Vertu ». Mais ce n'est juste-
ment pas une clause de style: Qu'a-t-on donc de plus cher que sa propre vie, son corps si pré-
cieux dont nous nous occupons avec tant de soins qu'on est persuadé que n o u s sommes le
corps . Ne dit-on pas à son médecin: « Docteur, j'ai mal à mon foie ! ». Imaginez un automo-
biliste qui dirait à son garagiste: « J'ai mal à mon carburateur ! »; Eclat de rire du garagiste !
Nous ne sommes pas le corps; le corps est notre véhicule et notre outil; mieux: notre scaphan-
dre, car comme l'ouvrier ou le chercheur dans un scaphandre, qui n'a à sa disposition qu'un
outil lourd, encombrant et doté de petites fenêtres qui ne lui donnent qu'un aperçu bien partiel de
ce qui l'entoure, de même notre corps est un outil lourd, encombrant, qui a besoin de soins
constants et qui, par ses sens, ne nous donne qu'un aperçu très partiel et donc faux du monde
qui nous entoure. Si nous avions par exemple les yeux d'un aigle, nous verrions un monde
totalement différent; si nous avions les yeux d'une abeille, ce monde serait encore tout autre; et
si nous avions les yeux d'un microscope électronique, nous ne verrions plus de monde du tout
mais simplement du vide, dans lequel circuleraient de rares petites boules de pure énergie vi-
brante, fort éloignées les unes des autres... En réalité, nous ne sommes pas le corps, n o u s
sommes dans le corps, ce qui est tout de même fort différent. Ainsi, les gens qui croient à la
vie après la mort, croient bien en effet qu'ils vont abandonner ce précieux corps et continuer à
vivre « ailleurs », ou « autrement », sans se faire une idée précise de cet « ailleurs » ou de
cet « autrement ». La pensée juste consiste donc à vivre en considérant la Vérité, dont un as-
pect essentiel (au sens exact de ce mot) est que nous ne sommes pas le corps. Et que par consé-
quent, ce que l'on appelle « la mort » ne concerne que le corps: on jette son scaphandre et on
remonte vers la lumière. Mettez un L majuscule au mot « Lumière » et vous quittez le rêve (de
la vie) pour la Réalité (de la vraie Vie... avec une majuscule). C'est tout cet enseignement que le
RER exprime par les mots « Justice et Vertu »....écrits dans le langage du ' < V i l e ' siècle. Si
Willermoz avait écrit ce Rituel de nos jours, il aurait sans doute employé un langage quelque peu
différent. Cela ne fait rien: à nous de chercher et de comprendre.
Et ces éléments furent: Le Feu, au Midi, l'Eau, au Nord et la Terre à l'Occident. Nous
avions noté qu'il y manque l ' A i r, pour compléter les « Quatre Eléments » constitutifs de
l'Univers pour les Anciens. Il est aisé de faire une comparaison avec d'autres parcours initiati-
ques. Par exemple, dans la mythologie nordique, le mythe de Siegfried lui fait renconter les
mêmes éléments: Siegfried (dont le nom signifie « la Victoire dans la Paix » ou « La Paix par
la Victoire »: tout un programme !) fait également des voyages qui ressemblent à s'y méprendre
au parcours légendaire du Prince Gautama, le futur Bouddha, puis il est confronté au dragon
(son propre dragon intérieur, comme en chacun de nous...) qu'il réussit à vaincre, ce qui lui
permet de comprendre le chant des oiseaux (-= entrer dans le monde spirituel), et tout particuliè-
rement le rossignol, oiseau solaire, qui chante dans la nuit (dans notre nuit intérieure.. .notre
« brume épaisse ») et annonce le retour du soleil (retour de la Lumière divine en nous, celle
que recherchent les Maçons). Puis i l part pour son dernier voyage initiatique mais rencontre
trois obstacles: Un mur de feu, un torrent impétueux, un mur de ronces et de terre. Ceux-là
mêmes que notre Apprenti découvre lors de ses trois voyages... Reste, dans les deux cas, l'Air,
élément invisible, comme l'Esprit, que l'Apprenti ne peut pas encore comprendre, réaliser. De
même que le corps ne saurait vivre sans respirer l'air, de même on ne peut parvenir à
l'illumination qu'après avoir découvert en soi l'Esprit (Rouah en hébreu, Atman en sanscrit).
Nous avons sans doute remarqué que le Feu est rencontré au Midi, où brille le Feu so-
laire dans notre rêve de la vie, l'Eau au Nord, où elle se présente souvent sous forme de glace,
et la Terre à l'Occident où le soleil se couche dans les flots de l'Atlantique ( l'Amenti des An-
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ciens Egyptiens), nous; laissant sans lumière et où sont enterrés les morts (dans les villes de
jadis, les cimetières étaient toujours à l'Ouest). Il s'en suit que l'Air se trouvera à l'Orient, où il
nous sera possible d e . . . « respirer l'odeur d e sainteté » comme J . i 7 r e lors d e s a
« résurrection ».
Ah oui, il faut parvenir à convaincre les impétrants de « tout cela »... ce qui n'est pas
facile, on en conviendra ! Les éléments représentent la Matière, le Monde, donc l'Illusion, le
rêve de la vie. Ils ne peuvent donc en aucun cas le régénérer, puisque la régénération passe par
l'abandon de cette fallacieuse illusion, de cette « incroyable farce », comme disait récemment
un Sage à ses interlocuteurs...
Quant aux maximes, elles furent au nombre de trois, une par voyage. Rappelons-les:
1)L'homme est à l'image immortelle de Dieu, mais qui pourra la reconnaître, s'il la défigure lui-
même ?
2) Celui qui rougit de la Religion, de la Vertu et de ses Frères, est indigne de l'estime et de
l'amitié des Maçons.
3) Le Maçon dont le coeur ne s'ouvre pas aux besoins et aux malheurs des hommes est un
monstre dans la société des Frères.
Rappelons aussi les trois adages du Frère Introducteur, concernant les éléments:
I) Le Feu consume la corruption, mais il dévore l'être corrompu (principe qui servit de base
philosophique aux bûchers de l'Inquisition).
2) C'est par la dissolution des choses impures que l'eau lave et purifie, mais elle recèle des in-
fluences funestes et les principes de la putréfaction.
3) Le grain mis en terre y reçoit la vie, mais si son germe est altéré, la Terre même en accélère la
putréfaction.
D.- Pourquoi, dans l'obscurité où vous vous trouviez, vous a-t-il conduit à l'Autel d'Orient ?
R.- C'est le Vénérable Maître qui en a donné l'ordre, voulant m'éprouver lui-même. Cepen-
dant, je n'aurais pas eu la force d'y parvenir si je n'avais été conduit et soutenu pat- les deux
Frères Surveillants.
Aucun commentaire supplémentaire que ceux qui ont été faits à ce passage de la Récep-
don.
Remarquons seulement que c'est l'impétrant lui-même qui tient (de sa main gauche ) le
compas appuyé sur son coeur.
Peut être le lecteur sera-t-il choqué si, lisant attentivement ce qui vient d'être proclamé (et
qu'il a entendu quand on lui a lu ces instructions...), i l réalisera que l'espérance et la Lumière
(avec une majuscule) peuvent être obtenues p a r une soumission entière a u Vénérable Maître.
D'une manière générale, n'est-ce pas, s'abandonner à une « entière soumission » ne nous con-
vient pas du tout; mais vraiment pas du tout ! A u Japon, on pratique les « Arts Martiaux ».
C'est du moins ainsi que les Occidentaux appellent les arts qui se nomment « D o » au Japon
( c'est le « Ta o » en Chine) Do et Tao signifient: « la Voie spirituelle ». En effet, contraire-
ment aux apparences (mais les hommes en général et les Occidentaux en particulier se laissent si
facilement prendre par les apparences...) ces Arts ne sont pas « martiaux ». Celui qu'on a en
face de soi n'est pas un ennemi, ni même un adversaire, mais un camarade grâce auquel nous
pouvons vaincre le seul adversaire que nous ayons: notre petit moi, qui se croit quelqu'un
d'important. Grâce à cette victoire sur les réflexes du « petit moi », on parvient (après bien des
efforts, c'est vrai) à atteindre le Satori ( , l'Illumination, en japonais). Eh oui, les Arts japonais
ne sont « martiaux » qu'en apparence. Il n'y a aucune différence dans le but à atteindre entre le
Kyu-Do (le Tir à l'Arc), le Ken-Do (l'art du sabre) l'Aiki-Do (l'art de la victoire par l'unité du
mental avec l'attaquant) et, par exemple, l'Art floral ou la Cérémonie du Thé. Toujours, le but
est: la maîtrise de soi-même pour atteindre le divin. Or, au Japon, on connaît bien sûr ce but. Et
quand on va vers un Maître, on se soumet entièrement à sa direction jusque dans les moindres
détails de la vie: condition sine qua non p o u r progresser rapidement. Se soumettre entièrement
aux volontés d u Vénérable Maître, c'est accepter jusque dans l e s moindres détails
l'enseignement qu'il donne, les préceptes qu'il énonce, les maximes qu'il propose. Alors, agis-
sant ainsi, on parviendra à LA Lumière divine. Tel est le but. Tel est le moyen. Et cette obéis-
sance au Vénérable Maître (c'est à dire, en fait, aux préceptes et enseignements de la Franc-
Maçonnerie) est le moyen à utiliser jour après jour, en toute occasion de la vie. Et non pas, ac-
cessoirement, une ou deux fois par mois lors des Tenues...
D.- Que signifie le mouvement général qui s'est fait dans la Loge avant que la Lumière vous ait
été rendue, et le bruit confus dont il a été accompagné ?
R.- Les efforts qu'il faut faire pour rappeler à la Lumière celui que le vice a plongé dans les té-
nèbres
Symbolisme universel, valable chez tous les peuples de cette terre. Les Egyptiens l'ont
illustré de façon particulièrement éblouissante. Contrairement à ce que veulent nous faire croire
des gens qui n'y ont rien compris, les Anciens Egyptiens n'ont jamais « adoré le soleil » (ce
qui aurait fait s'esclaffer de rire les prêtres de Thèbes et d'ailleurs), ils voyaient dans le soleil le
symbole de la Lumière divine qu'ils savaient parfaitement bien trouver dans le Silence intérieur
par la méditation profonde...
C'est bien ce que nous n'avons cessé d'exprimer dans les présents commentaires._
Peut-on espérer que ces emblèmes sont devenus un peu moins mystérieux à la lecture de
ces commentaires....? Mais peut-être ces emblèmes ont-ils besoin d'encore quelques explica-
tions supplémentaires ? Les voici dans la troisième et dernière Section de l'Instruction.
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TROISIÈME SECTION
D.- Pouvez-vous me donner l'explication des emblèmes mystérieux, meubles, bijoux et orne-
ments dont se servent les Francs-Maçons ?
R.- Je l'espère, mais je n'en suis pas sûr.
Et non pour améliorer l'humanité, pour « faire du social » ou autres choses de ce genre:
A quoi peut bien servir de vouloir améliorer un film qui se déroule sur l'écran de notre mental,
dont toutes les images sont fixées de toute éternité et que personne ne peut changer en rien ?
Nous savons bien qu'une telle assertion est terriblement choquante (et le libre-arbitre alors !!) et
qu'on peut peut-être admettre en théorie que le monde est irréel. L'admettre en pratique est bien
sûr une autre paire de manches. Comme tout cela est bien compréhensible... Mais savoir et réa-
liser la Vérité, donc l'illusion fallacieuse du monde, n'interdit en rien la compassion pour ceux
qui souffrent, l'Amour pour ceux qui en ont tant besoin, et surtout la Bienfaisance pour tout ce
qui se présente « ici et maintenant ». Telle est l'attitude du Maître. Or, avoir réalisé l a Vérité
(avec un V majuscule) rend le Maître d'une efficacité souveraine. Les Chrétiens disent, rappe-
lons-le: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Réalisez vous-même la Vérité, et
vous serez ô combien charitable. La Charité (la « caritas grecque) ne consiste pas (pas seu-
lement) à donner une piécette à un mendiant, elle consiste fondamentalement à apporter un ré-
confort à ceux qui souffrent, à savoir le mot qu'il faut dire à ceux qui sont désemparés ou à ceux
qui vont mourir, à apporter la chaleur morale de celui qui est fort spirituellement à ceux qui ne
comprennent pas la rigueur du destin...
Nous ne ferons pas de commentaires sur cette réponse. Mais méditons, non seulement la
Bible, mais aussi chaque mot de cette réponse. Rappelons que le « Sanctuaire du Temple » est
évidemment celui « de Salomon, à Jérusalem ». Que chacun tire sa vérité (avec un v minus-
cule) de cette pieuse méditation, en attendant d'atteindre LA Vérité (avec un V majuscule).
D. - Que signifie l'épée du Vénérable Maître qui était posée sur la Bible ?
R. - Elle est le symbole du pouvoir qui est confié au Vénérable Maître, lequel, étant fondé sur la
Loi, sert de base aux travaux des Frères.
Rappelons que le mot « ouvrier » vient du mot « oeuvre ». L'ouvrier est celui qui
élabore une oeuvre, qui pourra être le cas échéant, un « chef-d'oeuvre ». Celui qui fait un tra-
100
vail dégradant sur une chaîne de montage, est de nos jours appelé un « travailleur ». Le mot
« travail » vient du latin « tripalium », engin de torture constitué de trois pals, comme son
nom l'indique, sur lequel on liait le condamné pour le fouetter. Le travail dégradant à la chaîne
où l'homme fait des milliers de fois par jour le même geste, sans implication de l'intelligence,
système inventé par un industriel américain (que tout le monde connaît) et qui est devenu mil-
liardaire (en dollars) grâce au fait qu'il a transformé des centaines de milliers d'ouvriers en
« travailleurs », s'est répandu dans le monde entier, industrialisé ou non, transformant ainsi le
monde en enfer. Bien sûr, « c'est dans le film » et le Sage le sait. mais il sait aussi que tout est
cyclique, qu'après la pluie vient le beau temps, qu'après les rigueurs de l'hiver revient le prin-
temps et l'été, qu'après l'Âge Noir au fond duquel nous nous trouvons actuellement reviendra
immanquablement l'Âge d'Or et ainsi de suite, dans les cycles des cycles... Sortir de ce film
parfois admirable, parfois dramatique est le but de toute vie, pour retrouver la Vraie Vie, que
nous avons u n jour quittée, ce que l a Bible raconte à sa manière (que nous pouvons
« méditer », comme il nous a été dit de le faire) avec l'histoire d'Adam et du Paradis... La
Réalisation spirituelle place les choses sur un plan infiniment plus élevé et radieux... C'est aussi
le but de la Franc-Maçonnerie !
D.- Que signifie la Perpendiculaire ?
R.- Elle est le symbole de la solidité des travaux maçonniques, qui doivent être élevés exacte-
ment sur leur base. Le Frère Second Surveillant en est décoré, parce qu'il est chargé de mainte-
nir dans la Loge l'observance des Lois et Préceptes de l'Ordre.
Rappelons que le pavé « mosaïque » n'a rien à voir avec M o ï s e , comme on le croit
parfois, mais avec « les Muses » qui sont au nombre de neuf, comme par hasard... ces Muses
que le Maçon, étant un homme instruit q u i « orne son esprit » (comme disaient les Grecs),
fréquente vol onti ers...
Que voilà une réponse curieuse, où nous apprenons l'existence d'un souterrain dont nul
n'avait entendu parler auparavant...ni après d'ailleurs. Il y a pourtant là une clé fondamentale.
Réfléchissons ! Nous avons bien compris, car cela a été répété maintes fois, qu'on entre en Ma-
çonnerie pour faire un travail sur soi. Que ce travail consiste à chercher la réponse à la question
« Qui suis-je ? ». Que cette réponse ne peut venir que de l'intérieur de nous-même. Nous
avons plusieurs fois utilisé le mot « méditation ». Cette activité n'est pas réservée à des ascètes
nus dans la profondeur de la forêt indienne.., ni même seulement à des moines, chrétiens ou
non. La méditation peut (et doit.. .ou devrait) être pratiquée par tout un chacun. Quel dommage
que (dans notre civilisation décadente) l'on n'apprenne pas cela aux enfants, en dehors de tout
contexte religieux, comme on le fait chez certains peuples heureux et sains. Chez nous, on ne
peut que donner des conseils, expliquer comment s'y prendre, assurer que la méditation n'a
jamais amené qui que ce soit à la folie (!!), mais est la chose la plus simple qui soit (et si difficile
en même temps, c'est vrai). Mais le travail à faire (le travail à faire, le Vénérable Maître en parle
assez !), personne ne peut le faire à notre place. Comme le disait récemment un Sage, après des
explications: « m a i s la plongée (en vous !) vous appartient, personne ne peut la faire à votre
101
place » Il parlait bien sûr, de la plongée de la conscience dans notre coeur, afin de trouver la
réponse à cette lancinante question: « Qui suis-je ? », et dont la réponse apporte toutes les au-
tres réponses. A u fait, Socrate n'avait-il pas dit: « Connais-toi toi-même et tu connaîtras
l'Univers et les dieux ! ». Ils disent tous la même chose...Evidemment ! Alors, comprenons-
nous cette réponse bizarre: Quel est (en nous ) ce fameux souterrain ? Quand nous disions que,
pour suivre l'enseignement de Socrate, il fallait descendre dans les replis de notre coeur...n'y a-
t-il pas là un s o u t e r r a i n à explorer ? Gageons que le Vénérable Maître, un jour, nous en re-
parlera, des replis de notre coeur. Il faudra bien entreprendre cette exploration, vaille que vaille !
Le Maçon n'étant pas un lâche, ni un peureux, cette spéléologie interne ne l'effraiera pas...
soyons-en sûrs.
Mais elle est bien figurée sur le tapis de Loge: Les Apprentis, à défaut de la contempler,
peuvent toujours la regarder....
Avons-nous bien lu et entendu ? Nuit et Jour ! Saint Paul disait: « Priez sans cesse ! ».
Sans cesse signifie bien également « nuit et jour ». Eh bien oui, le but à atteindre demande un
travail constant. Ou alors, l'Apprenti n'atteindra jamais la vraie Maîtrise !
Sacré , qui est dans le Temple. Profane , Qui est à l'extérieur du Temple. Mais souve-
nons-nous que le Temple en question est notre Temple Intérieur... A nous de faire le tri et le
ménage... jour et nuit
D.- Que signifient les quatre points cardinaux tracés sur le bord du tapis ?
R.- Ils désignent l'universalité de l'Ordre répandu dans les quatre parties du Monde, et l'Union
de toutes les parties.
Dans les siècles passés, on ne considérait que quatre continents: l'Europe, l'Afrique,
l'Asie, l'Amérique. Ce qui était conforme à la Tradition et à la Symbolique générale, le quater-
naire étant le symbole de la matière. Dans les statues et les tableaux de Versailles, ce haut lieu du
Symbolisme, on ne connaît que quatre continents... comme à la Fontaine de l'Observatoire à
Paris.
Nous avons bien lu et entendu: C'est dans leur coeur que le Temple doit être bâti. On ne
peut être plus clair...
Nous avons déjà commenté cette devise (juste avant la « Proclamation pour la Réception
d'un Candidat). Nous n'y reviendrons donc pas...
Explication que nous avons affinée dans notre étude de l'Ouverture et de la Fermeture
des Travaux...
D.- Combien comprenez-vous d'heures dans chaque intervalle ?
R.- I l y a six heures et un temps, en similitude des six années qui furent employées pour la
construction du Temple, et du septième temps ou année qui fut employé par Salomon pour en
faire la dédicace, et aussi des sept jours de la semaine dont le septième est consacré au Seigneur.
D.- Pourquoi répondez-vous que c'est la douzième heure lorsqu'on se rassemble dans la Loge,
et pourquoi donnez-vous l'heure de convention humaine lorsqu'on en sort ?
R.- Parce que l'intervalle de l'Ouverture à la clôture désigne le temps qui est employé
aux occupations profanes et pendant lequel tout travail maçonnique est suspendu.
Oui, le travail maçonnique est périodique, mais le Maçon, lui, se perfectionnera sans
relâche comme il vient d'être dit, nuit et jour comme il avait été dit précédemment, sans cesse
comme il fut dit par ailleurs... Voilà qui est donc clair.
En conclusion...
ANNEXE I
1- Le triple chandelier du Vénérable Maistre et les luminaires des Surveillants forment un trian-
gle dont la base est à l'Occident , siège des deux Surveillants qui symbolisent la Dualité fon-
damentale, nous l'avons vu. C'est le triangle « sublime » qui permet à la Loge de fonctionner
de façon visible . (Il correspond à « l'Eglise visible », l'Eglise de Pierre, formée du Pape et
de ses évêques. Rappelons que le mot « évêque » vient du grec einem:men/ (episcopein) qui
signifie: « surveiller »):
888
36'
72' 72"
TRIANGLE SUBLIME
8 8
2 - Les trois luminaires autour du Tableau de la Loge forment un triangle rectangle dont la base
est à l'Ouest et le grand côté côté de l'angle droit au Midi.
Le Tableau ou Tapis de la Loge constitue le coeur symbolique de l'Atelier. 11 s'offre aux regards
- et à la méditation - de tous les Frères assemblés. C'est donc un ensemble ( Le Tableau et ses
trois luminaires) qui représente le résumé de l'enseignement du Premier Grade. On ne
s'étonnera donc pas de voir que si la base du triangle de ces luminaires se trouve toujours à
l'Occident, le grand côté de l'angle droit se trouve côté Sud, face à la colonne des Compagnons,
qui ont acquis le « savoir initiatique »:
Ouest
Midi
m 8
Ouest
LES TROIS LUMINAIRES
AUTOUR DU TAPIS DE LA LOGE
3 - Enfin les trois luminaires des Surveillants et du Secrétaire forment également un triangle
rectangle dont la base est aussi à l'Occident - toujours - et le grand côté de l'angle droit est au
Nord. Le Frère Secrétaire représente la matérialité, la trace visible et historique de la Loge,
dans le temps et dans l'espace (matériels), symbolisée par le Nord:
Nord
Ouest
3 2 + 4 2 = 5 2
ISIS 3 6 ' 2
TRIANGLE SACRE (dit "de Pythagore) Soit une circonférence du diamètre 1 :
2 V R = (V2R) = 3,1416
3,1416 : 6 = 0,5236 (l'étoile de David)
partage le cercle en 6 coudées royales
Coudée royale égyptienne : 0,5236 m
108'
36' 36'
A 7 2 ' 72'
DELTA LUMINEUX (= double triangle sacré)
TRIANGLE SUBLIME
A
LE SEPTENAIRE SACRE
(sous la forme de Quatre et Trois fondamental) LA DECADE PYTHAGORICIENNE
Symbole de l'Homme
(sous forme de "Nombre Triangulaire")
107
ANNEXE I I
Lors de la Chaîne d'Union, tous les Frères se tiennent debout, découverts, les bras
croisés (le bras droit sur le bras gauche) et les pointes des pieds se touchant.
Tous les Frères sont dégantés, afin que rien n'empêche le courant magnétique de passer
de l'un à l'autre. Comme ce courant circule de main droite à main gauche, il tourne par
conséquent dans le sens solaire dextrogyre.
En ce qui concerne les pieds (qui devraient pour bien faire être soit nus soit chaussés de
cuir) le flux circulant également de pied droit à pied gauche, le courant tourne dans le sens lé-
vogyre.
Dans ces conditions, l'égrégore atteint son intensité maximale.
Remarques:
1) On voit parfois (dans certaines Obédiences) le Vénérable Maître seul les bras ouverts,
tous les autres Frères ayant les bras croisés. 11 va de soi que, dans ces conditions, le flux ne
peut plus circuler, puisque, de chaque côté du Vénérable Maître, il y a main droite avec main
droite et main gauche avec main gauche...La Chaîne d'Union se transforme dans ce cas en
simple action profane, certes sympathique, mais sans aucun effet quand à son sens profond et
ésotérique.
3) Pour des Frères qui ignorent les lois du flux magnétique signalons que les lois du
magnétisme humain sont les mêmes que les lois régissant l'électricité.
108
ANNEXE III
Première Question:
beuxième Question:
Troisième Question:
Quelle est votre opinion sur les vrais besoins des hommes et en
quoi croyez-vous que vous puissiez leur être le plus utile ?
109
ANNEXE I V
LA MAÎTRISE D E L A DUALITÉ
L'EAU au NORb: C'est par la dissolution des choses impures que l'eau
lave et purifie, mais elle recèle des influences funestes e t les
principes de la putréfaction.
ANNEXE V
LES BATTERIES
D'OUVERTURE ET DE CLÔTURE
DES TRAVAUX
Nous avions bien noté que les batteries d'Ouverture et de Fermeture des Travaux se fai-
saient par neuf coups, en trois fois trois, selon le rythme du Grade: Trois coups par le Vénérable
Maître, qui sont répétés par les deux Surveillants.
Mais revenons sur un détail: Lors de l'Ouverture, le Rituel stipule que la batterie est ré-
pétée en silence par chacun des deux Surveillants. A la clôture par contre, il n'est pas demandé
aux Surveillants de battre en silence
S'agit-il d'une erreur, d'un oubli, ou d'un détail sans importance ?... Willermoz a dit un
jour: « Il n'est rien dans le Rite Écossais Rectifié, qui soit laissé au hasard ». Force nous est
donc de trouver le pourquoi de cette disposition.
Voici le commentaire que nous proposons, qui a l'avantage de se situer dans la ligne
générale de nos commentaires: Nous savons que le Vénérable Maître se tient à l'Orient, à l'Autel
surélevé de trois marches, et doté d'un chandelier à trois lumières d'Ordre. Il symbolise ainsi
le Ternaire divin. Les Surveillants, avec chacun sa Lumière d'Ordre unique, symbolisent à eux
deux la Dualité fondamentale du monde manifesté ( du monde matériel ), à l'Occident.
Nous avons dit également que le Rituel d'Ouverture symbolisait le début de l'Oeuvre, le
Rituel de Clôture par contre, symbolise l'Oeuvre accomplie, ce qui nous est apparu clairement
lors de l'étude comparative des deux Rituels, d'Ouverture et de Clôture. En début de l'Oeuvre
par conséquent, le monde manifesté n'est qu'un pâle reflet du monde divin. Il est semblable à
une image dans un miroir. La réalité vraie se situe dans le monde divin, et non dans le monde
de rêve, Maya, la Grande Illusion du Monde Manifesté. A la fin de l'Oeuvre par contre, la ma-
tière elle-même a été divinisée. Comme le disait le célèbre Shri Aurobindo à Pondichéry, jadis:
« Lors de la Réalisation divine (lors de l'Illumination ), chaque petite cellule du corps reçoit
l'Illumination également ». Il en est, en effet, de chaque atome comme il en est de l'hormne lui-
même: L'Illumination n'est pas une transformation d u « petit moi », i l faut le préciser.
L'Illumination est le moment où l'homme a préparé le terrain afin que la Lumière divine puisse
faire irruption. Mais la Lumière divine a toujours été là, cachée au tréfonds du coeur de l'homine
comme au tréfonds de chaque atome... C'est, dans l e monde catholique, l a célèbre
« Assomption de la Vierge », jamais "expliquée" par la hiérarchie catholique et donc incom-
préhensible à ceux qui ne savent pas ce qu'est l'Illumination, comme l'est d'ailleurs également
la « Vierge Marie » elle-même, la « Vierge cosmique » des Hindous, Isis en ancienne Egypte,
Mater Rhéa chez les Romains, etc...Car Maria n'est pas la transcription du « Myriam » hébreu,
mais la contraction naturelle selon les lois de la phonétique linguistique de Mater Rhéa > Materia
> Maria. Dans le domaine religieux, celui qui ne comprend pas le langage symbolique (et le
langage des Nombres ) ne comprend pas grand-chose à l'enseignement profond...
Lors de la Clôture des Travaux, le but est atteint, l'Oeuvre est présentée comme étant
accomplie, la matière est divinisée: la batterie des deux Surveillants peut donc retentir comme
celle du Vénérable Maître, avec force et vigueur....
111
ANNEXE VI
LE GENOU DÉCOUVERT
Lorsqu'il se présenta dans la demeure du Maître, et qu'il aperçut celui-ci, Abaris poussa
un grand cri et se prosterna, le front contre terre.
11 souleva son manteau et Abaris vit que le genou du Maître était doré, comme l'est la
divine lumière solaire. »
Le Maître imposa à Abaris le silence sur sa nature, mais le peuple, poussé par une intui-
tion spontanée, continua à appeler le Maître: « l'Apollon descendu sur la terre ».
Comment ne pas souligner cette légende lorsque nous voyons certains prêtres porter
l'image du disque solaire au sommet de la tête, pour affirmer qu'ils sont, eux aussi, les enfants
de la Lumière ?
Pour mémoire:
Jamblique: Philosophe néo-platonicien (Chalcis v.250 - v.330)
Pythagore, né à Samos, mort ? ( Vème s. av.J.C.).
Fabre d'Olivet, érudit français ( 1768 - 1825).
112
INTRODUCTION 3
Ouverture de la Loge 8
Voyages du Candidat 5 6
Premier voyage 5 8
Second voyage 6 0
Troisième voyage 6 2
Le Candidat au bas des marches de l'Autel d'Orient 6 5
Troisième section 1 0 3
En conclusion 1 0 9
Annexes : 1 1 0
(1) Les luminaires dans la Loge 2) La chaîne d'Union 3) Rappel des Questions posées au Candi-
dat 4) Rappel des Maximes / La Maîtrise de la Dualité 5) Les Batteries d'Ouverture et de Ferme-
ture 6) Le Genou découvert.
bu même auteur:
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LA P R AT I Q U E
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