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Historique du 2e régiment de

tirailleurs sénégalais : 1892-


1933

Source gallica.bnf.fr / Service historique de la Défense


. Historique du 2e régiment de tirailleurs sénégalais : 1892-1933.
1934.

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Historique
du

2e Régiment
de

Tirailleurs Sénégalais
1892 = 1933

PARIS

IMPRIMERIE-LIBRAIRIE MILITAIRE UNIVERSELLE


L. FOU nNIEn
264, Boulevard Saint-Germain, 284
1934
Historique du 2e Régiment
de Tirailleurs Sénégalais
1892-1933
Historique
du
2e Régiment
de
Tirailleurs Sénégalais
1892 = 1933

PARIS

IMPRIMERIE-LIBRAIRIE MILITAIRE UNIVERSELLE


L. FOURNIER
264, Boulevard Saint-Germain, 284
1934
LISTE DES OFFICIERS AYANT COMMANDE
LE REGIMENT DE TIRAILLEURS
216

SENEGALAIS DEPUIS SA CREATION

DATE DE LA PRISE
DE COMMANDEMENT

RÉGIMENT DE TIRAILLEURS SOUDANAIS


Lefèvre, Jules-Charles. Lieutenant-colonel 29 juillet 1892.

Comte.
Combes, Antoine-Vincent

Ebener.
Panier des

Moroni.
Touches.
id. 30 septembre 1892.
Chef de bataillon. 26 août 1893.
Lieutenant-colonel 19 février 1894.

Valet.
id. 17 avril 1895.

Lamary. Chef de bataillon. lGr avril 1896.

Ebener.
Vimard
Lieutenant-colonel 31 juillet 1896.
Chef de bataillon. 21 juin 1897.
Lieutenant-colonel 20 janvier 1898.
Colonel 1er août 1899.

Bertin.
Ebener.
2e

Dumoulin.
Caudrelier.
id.
RÉGIMENT DE TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS
Colonel.
id.
7février 1901.
6 septembre 1902.

id.
Chef de bataillon. 14- avril 1904.
'Colonel 15 mai 1904.
Simoneau, Edmond-Marie.. 12 avril 1905.
Noël, François-Marie. 1907.
Ernest-Jules.
Simonin,
Gallois,Achi1le.
de Ranglaudre, Louis-Marie Chef de bataillon.
27 septembre 1908-
1910.
1912.
Mourin, Charles-Henri. id. avril 1913.
Fouquet, Jules-Edouard.

Jules. id.
id. mai 1913.
Paul-Célestin.

jd.
Venel, Lieutenant-colonel juin 1913.
Simonin Chef de bataillon. 13 février 1914.
Vimont, Henri-Alexandre Colonel 23 octobre 1914.

Louis.id.
Molard, 1915.
Bourgeron, Charles. 1916.

id.
de Fajolle, Antoine-Marie.. Lieutenant-colonel 27 février 1919.
Jean-Pierre.

jd.
Cluzeau, Colonel février 1921.

Henri. id.
Braive, mars 1923.
Malafosse, Joseph-Louis. avril 1925.
Berger, Pierre-Henri. avril 1927.
Lion, Louis-Auguste mai 1929.
Perraud, juin 1930.
de Martonne, Edouard juillet 1932.
PREMIÈRE PARTIE

LE RÉGIMENT
DE

TIRAILLEURS SOUDANAIS
DU 1er JUILLET 1892

AU 7 MAI 1900
PREMIÈRE PARTIE

LE REGIMENT DE TIRAILLEURS SOUDANAIS


du 1er j!uillet 1892 au 7 mai 1900

Le Régiment de Tirailleurs Soudanais, glorieux prédé-


cesseur du 2e Sénégalais actuel, a été essentiellement l'agent
de la conquête de cet immense territoire qui forme les
cinq colonies actuelles du Soudan Français, de la Guinée
Française, de la Côte d'Ivoire, de la Haute-Volta et du Niger.
Les officiers qui l'ont successivement commandé (voir en
tête du présent historique) furent moins des chefs de corps
que des conquérants. Aussi faire l'historique du Régiment
de Tirailleurs Soudanais est-ce faire l'histoire militaire
presque complète d'un chapitre particulièrement important
de la conquête africaine, qui, en moins de huit années,
devait conduire nos anciens de l'Infanterie de marine, de
Kayes sur le Haut-Sénégal, à Tombouctou et au Tchad.

§1. — Création du Régiment de Tirailleurs Soudanais.


Le Régiment de Tirailleurs Soudanais, qui devait donner
naissance en 1900 au 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais,
a été créé par décret du 23avril 1892 ; une loi du 11 avril
de la même année avait accordé les crédits nécessaires à
cette création.
Le régiment devait être formé à la date du 1er juillet 1892,
et compter huit compagnies.
Le rapport du Ministre de la marine et des colonies,
M. Cavaignac, au Président de la République, indiquait que
le nouveau régiment serait composé avec les six compa-
gnies de tirailleurs sénégalais présentes à ce moment au
Soudan et deux compagnies d auxiliaires indigènes formées
dans le pays.
date du 27 juin, le lieutenant-colonel Lefèvre, du
A la
Régiment de Tirailleurs Sénégalais, désigné pour com-
mander le nouveau Régiment de Tirailleurs Soudanais, fit
paraître un ordre, dont il convient de citer le passage
suivant :
« Au moment de vous séparer les uns des autres, et quels que
» soient les sentiments de regret que vous en éprouvez, n'ayez,
((
futurs Soudanais, qu'une pensée, celle de l'honneur d'avoir été
« appelés à faire souche d'un nouveau corps, dans lequel se
« perpétueront les belles traditions dont vous serez les vigilants
« gardiens ».

Le régiment à sa création avait la composition suivante :


ETAT-MAJOR

MM. Lefèvre, lieutenant-colonel, commandant le régi-


ment.
Bourgey, chef de bataillon.
Oswald, chef de bataillon.
Divers, capitaine major.
Martin, lieutenant-trésorier et officier d'habille-
ment.
Bouras, médecin aide-major.
Mamadou Racine, capitaine indigène détaché à l'Etat-Major
du commandant supérieur.
L'encadrement des compagnies comprenait quatre offi-
1

ciers (dont un officier indigène).

lrd compagnie (ancienne lre auxiliaire) : capitaine Colonna


d'Istria, lieutenant Cailleau, sous-
lieutenant Lecerf;

2e compagnie (ancienne 3e compagnie de tirailleurs sénéga-


lais) : capitaine Réjou, lieutenant
Bunas;

-5e compagnie (ancienne 9e compagnie de tirailleurssénéga-


lais) : capitaine Lombard, lieutenant
Tiffon, sous-lieutenant Quintard, lieu-
tenant indigène Birom Faye;

4e compagnie (ancienne 2e auxiliaire) : capitaine Patriarche,


lieutenant Castarède, sous-lieutenant
Mazoyer;

"5'3 compagnie (ancienne 15e compagnie de tirailleurs sénéga-


lais) : capitaine Loyer, lieutenant
Babonneau, sous-lieutenant Trioreau,
lieutenant indigène Yoro Boubakar;

6e compagnie (ancienne 6° compagnie de tirailleurs sénéga-


lais) : capitaine Arlabosse, lieutenant
Freyss, sous-lieutenant Chrétien, lieu-
tenant indigène Sadio Ka;

78 compagnie (ancienne 7e compagnie de tirailleurs sénéga-


lais) : capitaine de Bouvié, lieutenant
Morin, sous-lieutenant Maillac, lieu-
tenant indigène Samba Diéri;
8e compagnie (ancienne 8e compagnie de tirailleurs sénéga-
lais) : capitaine Menou, lieutenant
Scal, sous-lieutenant Privey, lieute-
nant indigène Koli Guiro.
Européens :
EFFECTIF DES UNITES ;

:
un adjudant, 1 sergênt-majo1?, 1 s'ergen-Moumcr,.

:
G sergents, 1 caporal-fourrier, 2 clairons. Total

:
12.
Indigènes '4 sergents, 16 caporaux, 2 clairons, 3? tirailleurs.
de lre classe, 100 tirailleurs de 2e classe. Total 154.
Total général (officiers camprts) : 170.

Le territoire sur lequel le régiment était stationné compre-


nait une faible partie du Soudan actuel, et toute la haute
vallée du Niger et de s.on affluent le Milo qui ont formé dans
la suite la Haute-Guinée.

L'es emplacements des. compagnies étaient les suivantes-

suite.
Etat-Major, Section hors-rang et
',' ','
1reCompagnie.
Médine
Sanankoro
2e
-- ',' Kérouané

5e
3,e Bissandougou
4e Kouroussa
Médine
Ge
— Bamako
7e
— Siguiri

-- Kankan

§ 2. — Situation du Soudan en 1892.


Le commandant supérieur des troupes était le colonel de
Badens.
Au moment où le Régiment Soudanais était formé, la
campagne de 1891-1892 du lieutenant-colonel. Humbert venait
de finir.. ElLe avait eu pour conséquence d'assurer notre
autorité dans la vallée du Milo, par la constitution de postes
solicles à Bissandougou et à Kérouané, d'augmenter la
colonie du Guénié-Kalary, du Minia.I;lk?" et de tous les
pays situés au nord de Sansanding jusqu'à Nampala ;
le

;
Bendougou offrai-L son alliance. Cette campagne avait été
très pénible la colonne avait perdu au feu 4 officiers et
;
47 hommes 12 officiers et 140 hommes avaient été blessés ;
de plus 56 officiers et 114 hommes de troupe étaient revenus
malades.
Aussi dès les premiers mois de l'existence du nouveau
régiment, plusieurs décès avaient éprouvé le corps des
officiers.

;
Malgré le succès de la colonne du lieutenant-colonel
Humbert, il restait encore beaucoup à faire la garnison de
Kérouané était cernée, les communications entre Bissan-
dougou et Kankan étaient coupées et Bilali, agitateur qui
occupait les territoires entre le Fouta-Djallon et le Sierra-
Leone, continuait à inquiéter les provinces de la rive gauche
du Haut-Niger. En outre Samory, bien que retiré au Nafana,
continuait la lutte avec énergie, encouragé moralement par
Tié et Ahmadou. Il était urgent de purger les vallées du
Haut-Niger et du Milo des bandes sofas qui les ravageaient
et de forcer Samory à quitter le pays en supprimant ses
relations avec le Fouta-Djallon et le Sierra-Leone, d'où il
tirait des subsides et un appui moral.
Les premiers mois d'existence du régiment sont consa-
crés à son organisation. L'hivernage d'ailleurs empèche
toute opération importante. Pendant ces quelques mois, des

;
reconnaissances sont cependant faites autour des postes
pour assurer leur sécurité des escortes circulent également
pour protéger les mouvements de personnel et de matériel.
Le 1er septembre 1892, Je centre du régiment est transféré
de Médine à Rayes.

COMMANDEMENT SUPÉRIEUR
DU COLONEL ARCHINARD, CAMPAGNE 1892-1893

§ 3. — Programme du commandant supérieur.


En novembre 1892, le colonel Archinard revient au
Soudan, pour y reprendre les fonctions de commandant
supérieur des troupes qu'il.avait déjà remplies, mais cette
fois avec des attributions très étendues. Le commandant
supérieur a désormais la direction générale des opérations
militaires, sans pouvoir toutefois se mettre lui-même à la
tête des troupes. Les instructions reçues lui enjoignent de
consolider les résultats obtenus et de substituer, dans toute-
la mesure du possible, à la politique d'action militaire celle
de pénétration pacifique. Mais avant de donner à la colonie
une organisation ferme, il est nécessaire de chasser Samory
et ses bandes du Haut-Niger et du Haut-Milo, de calmer le
Kaarta et le Ségou, ensuite intervenir au Macina et réprimer
les menées d'Ahmadou.
Ne pouvant lui-même conduire l'expédition, le colonel
Archinard confie ce soin au lieutenant-colonel Combes, qui
a remplacé le lieutenant-colonel Lefèvre dans le comman-
dement du Régiment de tirailleurs soudanais. Il se réserve
de rétablir l'ordre dans le nord du Soudan et d'agir, si
besoin est, contre Ahmadou. La campagne de 1892-1893
embrasse donc deux séries d'opérations distinctes ; celles

toires qui forment la Haute-Guinée actuelle ;


du lieutenant-colonel Combes contre Samory dans les terri-
celles du
colonel Archinard pour pacifier le Kaarta et le Minianka et
sa lutte contre Ahmadou, lutte qui aboutit à la conquête
du Macina.

A. - OPERATIONS DU LIEUTENANT-COLONEL COMBES


CONTRE SAMORY (1)
(Décembre 1892, Mars 1893)

S4.
- Organisation des colonnes.
Le 11 novembre 1892, le lieutenant-colonel Combes,
commandant le Régiment de Tirailleurs Soudanais, quitte

(1) Voir croquis N° 1.


Kayes avec son Etat-Major, une compagnie de légion qui
vient d'être -' envoyée au Soudan, l'artillerie et divers
services, pour se diriger sur' Siguiri, où doit se faire la
concentration de la colonne.

Cette colonne comprend- :


llEseadron de spahis soudanais, capitaine de Carné;
Escadron de spahis auxiliaires, capitaine Prost;
1 Batterie de 80 de montagne, capitaine Richard;
1 Compagnie de légion, capitaine Destenave;
QCompagnies de tirailleurs soudanais, savoir :
lre 09 : capitaine Montéra, lieutenants Vinay et Dupuy;
2e
- : capitaine Colonna d'Istria, lieutenants Bunas et
Mazoyer;
3e
4e
-- : capitaine Robert, lieutenants Maritz et Moreau;

: capitaine de Bouvié, lieutenants Castarède et Trio-


reau;

-- : capitaine Loyer, lieutenants Morin et Lecerf;

: capitaine Scal, lieutenants Privey et Plat.

:
6e
3 Compagnies d'auxiliaires, savoir
lre Cie : lieutenant Delaforge, lieut. Millot, Bourgeois et Incar;
2e
— : capitaine Valentin, lieut. Andlauer, Voulet et Maritz;
— : lieutenant Salvat, lieut. Aymar et Quintard.
3e

Convoi :
1 Détachement d'ouvriers, capitaine Reichemberg;

capitaine Parizot;
Service de Santé : médecin de lre classe Boissier;
Service de l'arrière commandant de Gasquet.
2 vétérineircs, MM. Fraimbault et Pécus.

moyen de 100 hommes ;


Les compagnies de tirailleurs soudanais ont un effectif
les compagnies de tirailleurs auxi-
liaires 130 hommes, la compagnie de légion comprend
80 hommes montés à mulets.

L'ennemi est réparti en deux groupes :


Le 21 décembre 1892, la concentration est achevée.
Samory dans la
vallée du Haut-Milo et Bilali dans le Haut-Niger. Le lieute-
nant-colonel Combes forme deux colonnes :
— une légère comprenant deux compagnies,. 4° de régu-
liers et 1™ d'auxiliaires, un peloton de spahis et une pièce
de canon et commandée par le capitaine Briquelot ;

— l'autre avec laquelle il remontera le Milo contre


Samory.

§ 5. — Colonne volante du capitaine Briquelot.


Le capitaine Briquelot quitte Kuuroussa au commence-
ment de janvier 189-3 et s'avance rapidement vers le Sud.
Le 9 janvier, il surprend le village de Douako dans le
Sankaran, s'en empare, bouscule l'ennemi une deuxième
fois à Salinkoro et trois jours après arrive à Moria, où il
trouve de nombreux approvisionnements. La colonne
traverse le iNian-dan sur un pont de- 40 mètres qu'elle cons-
truit avec des bambous et des lianes et se trouve alors dans
le Kouranko, où Bilali est signalé.
Dialakoro est pris, puis Sofadougou, campement central

partisans à notre approche. La colonne le serre de près en


chemin le capitaine Briquelot rase les villages de Faran-
:
de l'adversaire. lequel s'enfuit vers l'Ouest avec quelques

dola, Bambaya, Xiafarando, et en février atteint Faranah,


puis Hérémakono, où il s'arrête quelques jours pour y
établir des postes malgré la protestation du sergent anglais
commandant les postes de Falaba et Calière. Mais, les
bandes de Bilali reparaissant, le capitaine Briquelot reprend
la poursuite sans plus s'occuper de cette question de fron-
tière (15 février).
Il livre à Bilali plusieurs combats d'arrière-garde à Kalaya,
Somakala, Kiremba, Samaclougou, et le 7 mars 1893 arrive
à Tembicounda aux sources du Niger. Continuant vers le
Sud, il -rejette Bilali abandonné de presque tous ses parti-
sans dans le Sierra-Leone. Le Kouranko est définitivement
délivré des sofas. Revenu à Fa.ranah, le capitaine Briquelot
y place la 4e compagnie qui occupe en même temps Héré-
makono et Kouroussa. Avec le reste de sa troupe, il marche
sur Benty où il entre le 9 mai 1893 après avoir fondé le
poste de Ouossou dans le Tamisso.

§ 6. — Colonne principale.
De son côté, le lieutenant-colonel Combes a franchi le

;
Niger en amont de Siguiri à la fin de décembre 1892 et s'est
rendu à Kankan il n'a rencontré que des villages déserts
ou en ruines.
Le lieutenant Morisson (de l'Etat-Major de la colonne),
-chargé de sonder le Milo, assure que la rivière est navigable
jusqu'à Kérouané. La rivière est utilisée comme ligne de
ravitaillement et le commandant de Gasquet organise un
service de pirogues entre Bamako, Siguiri et Kérouané.
Le 6 janvier 1893, la colonne quitte Kankan et remonte
le Milo jusqu'à Onomi, où le lieutenant-colonel Combes
apprend que des rassemblements de sofas ont lieu dans le

:
Sankaran. Samory a profité de l'hivernage pour s'y établir
solidement il songe alors à se rapprocher du Sierra-Leone
pour donner la main à Bilali ; il retourne donc sur la rive
gauche du Milo et, poussant au Sud-Ouest, essaie de
s'emparer du pays des Tomas. Mais la résistance des habi-
tants, qui réclament notre concours, le fait échouer
outre, la rapidité de la marche du capitaine Briquelot
; en

empêche sa jonction avec Bilali. Samory se borne alors à


-concentrer ses troupes à Kouafadié, capitale du Sankaran.
Laissant le commandant Oswald avec un peloton de
-spahis, une section d'artillerie et deux compagnies de tirail-
leurs (une de réguliers et la 3e d'auxiliaires), pour garder
les gués du Milo entre Kankan et Kérouané? le lieutenant-
colonel Combes s'avance sur Kouafadié, où après une
marche pénible il arrive le 19 janvier 1893 sans avoir aperçu
l'adversaire.
En apprenant que la colonne est commandée par le lieu-
tenant-colonel Combes, qui depuis son succès de 1885 inspire
une grande terreur aux Sofas qui l'appellent « Coumbo »,
Samory a, en effet, rétrogradé dans le Sud-Ouest, cherchant
à nous entraîner loin du Guéléba et du Nafana où il a mis
en sûreté ses femmes et ses biens. Serré de près par le
capitaine Dargelos, il se dérobe et par un long détour au
sud du Milo regagne le Nafana. Le commandant Oswald
s'efforce de le devancer au passage du Kouraï, mais il n'a
avec lui qu'un léger engagement près de Diéradougou
(23 janvier).
Le jour même, le commandant Oswald meurt d'une
insolation.
Pendant ce temps, le lieutenant-colonel Combes revient
sur le Milo et campe au gué de Balila, point de croisement
des routes de l'Est et du Sud. En février, le lieutenant-
colonel Combes, averti de la retraite de Samory au Nafana,
se résout à le relancer jusque-là. Pour assurer sa liaison
avec le capitaine Briquelot, il détache au Kissi et au

;
Kouranko le capitaine Dargelos avec deux compagnies de
tirailleurs et un peloton de Légion en outre, il place deux
postes, chacun d'un peloton de tirailleurs et d'un de spahis,
aux gués de Balila et de Nanafara et le renforce par la
batterie de 80 m/m de montagne. Ne connaissant pas les
contrées qu'il va parcourir, le lieutenant-colonel s'allège
de tous ses impédimenta et ne prend avec lui que quatre
compagnies de tirailleurs, un peloton de légion, un
escadron et demi de spahis et 800 porteurs chargés de
trente jours de vivres européens et six de vivres indigènes.
Le 4 février, la colonne se met en route vers l'Est. Tous
les Européens, au nombre de 113, sont montés.
Le 6 février, les éclaireurs signalent l'ennemi au delà de
Faranna ; le lendemain sur le Dion, la colonne surprend
et disperse quelques bandes installées sur la rive gauche
de la rivière.
Les Sofas se reforment en arrière du Kouraï, d'où ils sont
repoussés après un vif combat. Tout en nous harcelant
nuit et jour, Samory recule, brûlant les villages, détruisant
les approvisionnements et chassant devant lui les naturels
du pays,, comme il en a l'habitude-. Le lieutenant-colonel
Combes accélère la p-oursuite et culbute la majeure.-partie
des bandes adverses à Guéléba, centre important sur la -
rivière Gouala (2), affluent, du Sankarani, où l'al-m.an-.y a
réuni une grande quantité ae vivres qui nous permettent
de nous ravitailler. Après, un jour de- repos, la colonne ae
dirige sur Odienné (3.), dont le chef passe pour hostil&am
Sofas. Mais Odienné cède à Samory et quand nous arrivons
le 13 février 1893, le village est désert et en flammes. Avec
ses seules ressources, le lieutenant-colonel Combes s'engage
sur les traces des. Sofas dans le Nafana. et gagne Konglléni,
capitale du pays. Les vivres deviennent rares, les attaques
plus fréquentes dans ce pays sauvage parsemé- d'épais

d'audace;
fourrés où l'adversaire se croyant invincible. redouble
les populations effrayées par les cruautés, de
Samory ne nous sont d'aucun secours. Le. lieutenant-
colonel Combes juge prudent de nepas- s'aventurer davan-
tage. vers l'Est. Il lance simplement de fortes reconnais-
sances autour de Konguéni, pour se procurer des vivres et
se créer des. alliés.
L.e 22 février, le lieutenant-colonel, obliquant au Sudr
traverse le Nafana dans toute sa longueur, rejoint l'e-nnem, i
sur les rives du Sien-ba. L'avant-garde., formée de la

(23. février), mais parvient à le refouler ;


lre compagnie, a un engagement assez vif avec L'ennemi
puis la colonne
enlève Roma et le lieutenant-colonel, franchissant le
Borntou, se porle sur KoroT où il pénètre assez à temps pour
préserver le village de l'incendie (24 février). Samory est
expulsé des riches provinces du Kaladougou et du Nafana,
où il se croyait imprenable. Mais comme il refuse toujours
je combat, que l'hivernage approche et que les malades
sont nombreux, le lieutenant-colonel ne pousse pas plus

(2) Cette rivière forme actuellement la limite entre la Guinée


et la Côte d'Ivoire.
(3) Cette ville appartient actuellement a la haute Côte cPTvorre.
loin et s'achemine sur Kérouané par Guérésouba, Foukala,
Diéradougou et Tiéoua. Assailli plusieurs fois par les Sofas,
il les maintient à distance et. rentre à Kérouané le
10 mars 1893. L'effet produit par la colonne est considérable
dans cette région, dont les habitants nous sont dès lors
acquis.

§7.
— Colonne du capitaine Dargelos.
Pendant ce temps, le capitaine Dargelos a quitté Balila le
26 janvier 1893 pour se rendre au Kissi. Avisé que le fils de
.Bilali occupe en force Firaoua, capitale du Kissi, il s'y
porte et, le 5 février, s'en empare après un brillant assaut.
Sillonnant ensuite le Kissi en tous sens, il harcèle les bandes
qui infestent le pays.
Battues et rejetées dans le Sud, ces bandes cherchent à
rallier Samory dans l'Est. Elles se heurtent à Balila, au déta-
chement du lieutenant Aymar, qui aidé par les spahis les
détruit facilement. Le Kissi est débarrassé et le capitaine
Dargelos ramène de son expédition 11.000 captifs que les
Sofas avaient rassemblés.

§ 8. — Reconnaissances autour de Kérouané. Organisation


de la région Sud.
Pour consolider les résultats de cette campagne, le lieu-
tenant-colonel Combes crée une série de postes à la limite
des contrées nouvellement conquises pour balayer les

Dargelos, à peine revenu du Kissi, y est renvoyé ;


groupes qui tenteraient de se reconstituer. Le capitaine
le capi-

;
taine Valentin avec la 2e compagnie auxiliaire part pour
Kissidougou, où il doit fonder un poste l'escadron Prost
est dirigé sur Niansanadougou et le capitaine Montéra,
avec la lre compagnie de réguliers, sur Guéléba. Parvenu

bandes ;
sur les bords du Dion, ce dernier est attaqué par plusieurs
bien que très inférieur en nombre, il résiste éner-
giquement et permet au capitaine Prost, averti, de le
secourir avec ses spahis. L'ennemi est repoussé avec pertes.
Le capitaine Prost descend ensuite au Sud-Est jusqu'à-
Moussadougou, d'où il chasse Karamoko.
Le lieutenant-colonel Combes organise le pays. Samory,
privé des dernières provinces de son ancien royaume, ne•
songe pour l'instant qu'à cacher sa retraite.
Le Sierra-Leone est séparé de la vallée du Niger par une
série de postes (Ouassou, Hérémakono, Faranah, Kissi-
dougou et. Kérouané), qui assurent notre occupation dans
la région Sud du Soudan.

B. — CONQUETE DU MOYEN-NIGER ET DU BANI


PAR LE COLONEL ARCHINARD (4)

(février-mai 1893)

§ 9. — Conquête du Macina (février 1893).


Tandis que le lieutenant-colonel Combes opère contre
Samory dans le Sud, le colonel Archinard se rend au Kaarta
et au Bélédougou pour y rétablir le calme. Avec une faible
escorte, il se rend à Nioro, où il séjourne du 8 au
16 février 1893 pour régler les affaires de la contrée. Le
17 le colonel Archinard quitte Nioro avec la 5e compagnie de
tirailleurs soudanais, trois sections de tirailleurs régionaux,
une section de 95 m/m, un groupe de spahis et trois convois:
un de chameaux, un d'ânes et un de porteurs. Dix jours
après, il entre à Goumbou et inflige à ce village une forte
amende, pour le punir de sa rébellion.
Il pénètre ensuite dans le Bélédougou où il fait accepter
l'impôt, puis il atteint le Niger et le Ili mars 1893 arrive à

(4) Voir croquis N° 2.


Ségou. Là il apprend qu'à la.suite des intrigues d'Ahmadou,
une insurrection est à la veille d'éclater dans le Minianka;
Il se décide à parcourir le Minianka pour apaiser le mouve-v
ment et marcher ensuite, si besoin est, contre Ahmadoù
al mobilise les garnisons de Sansanding et de Bamako et
;
avec:cellede'Ségou forme une colonne ainsi composée :

1 :
Peloton despahis réguliers capitaine BaureB;
100 spahis auxiliaires capitaine Blachère;
1 Sectiond'artillerie de 95 : capitaine Huvenoit;
1 Section d'artillerie de 80 : capitaine Livrelli;

2Compagnies de tirailleurs soudanais :


5e Cie : lieutenant Chrétien, lieutenant Babonnêau,
6e
- : et
: capitaine Maillot, lieutenants Cailleau

iA Compagnies d'auxiliaires
Maillac.

Auxiliaires de Nioro : lieutenant Frèrejean, sous-lieutenant

:Segond;
Auxiliaires de Sansanding capitaine Cogniard (du 2e zouaves);

lre Cie auxiliaires de Ségou :


lieutenants Bénédetti et Dugast;
lieutenant Freyss, sous-lieute-
nants Bocher et Pécon de
2e Cie auxiliaires de Ségou : Laforest;
capitaine Lespiau, lieutenants
Bouverot et Demars.

§ 10. — Pacification du Minianka (mars 1893).


A la fin de mars 1893, la colonne franchit le Bani à Garo
et se porte sur le gros village rebelle de Kentiéri qu'elle
attaque par l'artillerie, pendant que le capitaine Maillot,
avec une section de tirailleurs, refoule des bandes ennemies
dissimulées dans un pli de terrain. Le bombardement est
continué pendant la nuit sur le tata et l'on évite ainsi un
assaut meurtrier. Terrifié par cet exemple, Mpésoba, point
central du Minianka, se rend immédiatement et les soumis-
sions affluent de toutes parts. Les chefs Peuls qui avaient.
'fomenté la rébellion sont fusillés.
La colonne gagne ensuite Dougouélo (où le 6 décembre
1892, le lieutenant Cailleau, envoyé momentanément en
garnison dans ce village, avait eu affaire aux révoltés et
avait accompli des prodiges de valeur), puis le Bandougou
qui nous est allié. Le colonel fait remplacer par des pièces
de quatre celles de 95 m/m retournées à Ségou. Il s'avance
ensuite sur San où il est reçu avec empressement. Là il
apprend que Djenné a reçu les Toucouleurs, qui y ont cons-
truit une citadelle. Il marche sur Djenné et le 11 avril il
campe devant la ville.

§ 11. — Prise de Djenné.


Djenné est bâti sur une légère éminence au milieu des
marais, dont la crête est couronnée d'un mur en terre
crénelé etpercé de nombreuses portes. Le marigot de
Karayogo (5), de 10 à 40 mètres de large, entoure la hauteur.
;
Les Djennéens refusent l'accès de la ville les pièces sont
aussitôt mises en batterie et commencent le feu. La moitié
des spahis et une compagnie de tirailleurs reconnaissent
la place sur tout son pourtour. Toute la journée et la nuit
suivante, les canons tirent lentement sans interruption ;le

;
12 avril au matin, une brèche a été pratiquée à la porte
principale deux autres sont créées à droite et à gauche. La
section Babonneau, envoyée pour sonder les dispositions de
l'ennemi, est accueillie à coups de fusil.

suivants :
A 10 heures, le colonel Archinard donne les ordres
l'assaut sera exécuté par trois compagnies, les
compagnies Lespiau, Cogniard et Freyss. La première
entrée dans l'enceinte poussera droit devant elle pour
séparer la ville en deux, car à droite se trouve la population
marchande, et à gauche les Toucouleurs avec leur chef
Alfa Moussa ; c'est de ce côté qu'il importe de porter l'effort
décisif. La compagnie suivante se tiendra sur la gauche et

(5) Marigot temporaire qui réunit le Niger au Bani.


;
reliera la première à la dernière celle-ci tournera franche-
ment à gauche pour s'emparer de l'enceinte extérieure.
La batterie est alors rapprochée et fait un feu rapide, puis
les colonnes d'attaque s'ébranlent et escaladent la colline,
soutenues par l'artillerie.

atteint le premier la brèche avec quelques tirailleurs le;


La compagnie Freyss est en tête et le lieutenant Bocher

reste de la compagnie le rejoint et arrive à une petite place


d'où elle chasse les défenseurs qui l'occupaient fortement.
Le lieutenant Freyss est blessé de quatre balles, le sergent
Dethir, qui veut le garantir, de deux.

;
Pendant ce temps, le capitaine Lespiau s'est établi à grand'-
peine à gauche chargé furieusement par les Toucouleurs,
il résiste et renforcé par la section Bénédetti, oblige l'ennemi
à reculer et le poursuit jusqu'à l'extrémité de la ville. Mais,
en route il est tué raide d'une balle au front.

;
A l'extrême gauche, la compagnie Cogniard prend pied
dans la ville, non sans difficultés le lieutenant Dugast est
tué. La compagnie continue à progresser et après une lutte
dans les cours des maisons parvient à la face Ouest de
Djenné.
:
Dès lors Djenné est à nous Alfa Moussa blessé se sauve
dans la direction de Bandiagara, les notables font leur
soumission, la ville paie une forte indemnité de guerre.
Mais nous avions perdu 2 officiers et 11 tirailleurs tués,
6 Européens et 51 indigènes blessés. L'ennemi avait perdu
510 hommes. Une compagnie (Maillot 6e) est laissée en
garnison à Djenné.

§ 12. — Occupation de Mopti.


Après ce succès, le colonel Archinard croit utile de
pousser jusqu'à Mopti, pour intimider Ahmadou.
Il envoie l'ordre au lieutenant de vaisseau Boiteux de le
rallier à Mopti avec les canonnières, et le 14 avril 1893 il se-
met en marche.
Après avoir repoussé à Djéna une reconnaissance de
200 cavaliers lancée par le fils d'Ahmadou, la colonne arrive
le 17 à Mopti où elle est reçue avec joie par les.Peuls indé-

voisins;
pendants. Des reconnaissances parcourent les villages
un retour offensif des Toucouleurs est repoussé
par la compagnie Frèrejean et la section Babonneau.
Le commandant supérieur n'avait pas l'intention, cette
année-là, de dépasser Mopti. Mais bientôt il apprend
qu'Ahmadou s'est avancé jusqu'à Kori-Kori où il réunit une
armée nombreuse pour nous barrer le chemin de Bandia-'
gara. Dans ces conditions, le colonel estime qu'il est préfé-
rable d'enlever Bandiagara tout de suite et d'en finir avec
Ahmadou. Il envoie le lieutenant de vaisseau Boiteux à
Ségou pour en ramener les pièces de 95. Dès l'arrivée de-
cette artillerie, il se dirige sur Bandiagara (26 avril 1893).'

§ 13. — Prise de Bandiagara.


Le 27 avril 1893, la colonne arrive au pied de la colline
de Kori-Kori et la trouve fortement défendue. Elle campe-
en carré de crainte des surprises. Une centaine d'hommes,
en effet, attaquent le bivouac pendant la nuit et sont refoulés
après des pertes sérieuses. Le lendemain, les troupes
gravissent la hauteur, la fusillade s'engage, la batterie
aborde enfin le sommet du mamelon. Les Toucouleurs
tentent de nous tourner sur la droite, ils sont repoussés par
la compagnie d'auxiliaires du lieutenantFrèrejean ; ils se
rabattent à gauche où ils trouvent la compagnie d'auxiliaires
du lieutenant Bouverot et abandonnent alors la position,

;
.L'ennemi s'est battu mollement et a une quarantaine
d'hommes hors de combat de notre côté nous n'avons que
quelques tirailleurs blessés. Ne voyant plus rien devant lui,
le colonel Archinard gagne Kori-Kori, où il apprend
qu'Ahmadou a rassemblé son armée à Kouni-Kouni ; mais
ne trouvant aucune trace des Toucouleurs, la colonne
continue sa route sur Bandiagara, que le 'sultan a déjà
quitté. Les-Français s'établissent dans la ville et des recon-
naissances de cavalerie s'assurent qu'il n'y a pas de rassem-
blements ennemis dans 1-es environs. Beaucoup de chefs se
soumettent, la région est pacifiée.

914. — Annexion du Macina.


Laissant à Bandiagara Aguibou, ancien sultan de Dingui-
raye, qu'il avait amené avec lui, avec une garnison composée
de spahis auxiliaires et de la 5e compagnie du régiment
soudanais (lieutenant Bouverot) sous les ordres du capitaine
Blachère, commandant les spahis auxiliaires de la colonne,
le colonel Archinard rétrograde avec la colonne sur Mopti
et Djenné et le 20 mai rentre à Ségou où la colonne est
disloquée.
Pendant le retour à Ségou, le colonel Archinard appre-
nant qu'Ahmadou cherche à recruter des indigènes pour
reprendre l'offensive, envoie à Bandiagara la 6e compagnie
de tirailleurs soudanais (capitaine Maillot) pour permettre
au capitaine Blachère d'éloigner le sultan. Cet officier rejoint

103 hommes ;
les Toucouleurs le 19 mai 1893 à Douentza, et leur tue
de son côté quelques hommes et le lieutenant
Arago (des spahis auxiliaires) sont blessés. Ahmadou se
retire à Dallah, à 55 kilomètres plus à l'Est en direction de
Hombori. Le capitaine s'y porte, mais le sultan a le temps
de s'échapper. Le capitaine Blachère poursuit encore
quelque temps les Toucouleurs, puis rentre à Bandiagara
avec un nombreux butin et la famille d'Ahmadou qu'il a
capturée.
La 5e compagnie tient garnison à Bandiagara et la 6"
rentre à Djenné.

§ 15. — Organisation de la conquête.


Le colonel Archinard avant de quitter Ségou organise les
territoires conquis.
Le Macina est laissé à Aguibou, sous le contrôle d'un
résident. Les cercles de Sokolo et de Djenné sont formés.
Un poste est créé à Mopti.
La colonie- du Soudan est partagée en trois grandes
régions, comprenant chacune plusieurs cercles :
Région Nord, chef-lieu Nioro.
Région-Est, chef-lieu Ségou.
Région Sud, chef-lieu Siguiri.

Au Soudan proprement dit, les expéditions semblent


terminées. Mais le colonel Archinard, d'accord avec le
général Borgnis-Desbordes, a conçu le projet de pousser
jusqu'à Tombouctou, estimant la possession de cette ville
nécessaire à la sécurité du Soudan, à sa prospérité et à son
avenir.
Avant son départ pour la France, et comptant bien revenir
l'année suivante, le colonel Archinard laisse au lieutenant-
colonel Combes et au lieutenant de vaisseau Boiteux, des
instructions sur la conduite à tenir pendant son absence. Le

campagne;
premier mobilisera des tirailleurs en vue de la prochaine
un décret du 9 août 1893 porte à douze le
nombre des compagnies du régiment de tirailleurs souda-
nais, et un autre du 29 août crée un 2e escadron de spahis.

des chalands;
Le lieutenant de vaisseau Boiteux activera la construction
il sera libre d'escorter les convois entre
Djenné et Tombouctou, à condition de ne pas sortir de son
rôle de protecteur et de ne pas communiquer avec les habi-
tants de Tombouctou.
Mais tout n'était pas dit avec Samory : celui-ci reparaît
dans la boucle du Niger, ce qui allait décider le successeur
d'Archinard à entreprendre contre lui de nouvelles opéra-
tions. De plus, une marche téméraire et prématurée du
commandant Boiteux sur Tombouctou allait exiger notre
intervention immédiate.
COMMANDEMENT INTERIMAIRE
DU LIEUTENANT-COLONEL BONNIER
(1893-1894)

A. - REPRISE DE LA LUTTE CONTRE SAMORY

§ 16. — Formation d'une colonne expéditionnaire à Bamako.


A la fin de novembre 1893, le lieutenant-colonel Bonnier,
chargé, par intérim, du commandement supérieur du
Soudan, apprenant que Samory recommence les hostilités
et qu'il est sous les murs de Ténétou et de Bougouni qu'il
assiège, quitte Kaves et se rend en hâte à Bamako. Là il
ordonne à une partie des garnisons voisines de se rendre
au Sud, dans la vallée du Milo, pour renforcer au besoin les
postes de Kérouané et de Kissidougou.
Répondant à l'appel de Mademba qui a succédé à Tiéba,
il constitue une colonne composée de la manière suivante :
1

1 Batterie de 6 pièces :
Escadron de spahis : capitaine Prost;
capitaine Aurenche;
:
8* Compagnie


:
4 Compagnies du régiment de tirailleurs soudanais
capitaine Scal;
: capitaine Paussier;
11" : capitaine Philippe, lieutenant Frantz, sous-

lieutenant Sarda;
: capitaine Puyperoux, lieutenant Maillac,
12e

sous-lieutenant Bluzet.

Le plan du commandant supérieur intérimaire consiste à


J'avancer directement sur Ténétou et rejeter Samory au
Sud, pendant qu'une deuxième colonne coupera la retraite
aux Sofas et
purgera le pays à l'Est du Milo, des bandes
ennemies ,qui y sont encore. Cette deuxième colonne,
commandée par le commandant Richard, de l'artillerie,
devait comprendre les garnisons de Kankan et Kérouané et
un escadron de spahis (capitaine Goujet).

§ 17. — Marche sur Ténétou (6) (décembre 1893).


Le 30 novembre 1893, le lieutenant-colonel Bonnier
.traverse le Niger et s'achemine vers Ténétou. Apprenant
que Ténétou et Bougouni viennent de se rendre, il accourt à
Faragaré, surprend l'ennemi, le bouscule (5 décembre 1893)
et sauve ainsi le village des flammes. Dans la nuit, le lieu-
tenant-colonel organise une colonne volante :
11e et 126 compagnies,
spahis,
2 pièces de canon,
et avec deux jours de vivres se lance à la poursuite des
Sofas.

;
Arrivé à Kaloni, il tombe à l'improviste sur l'adversaire
et le disperse après une vive et courte fusillade, l'almany
réussit à s'échapper. L'ennemi a perdu plus de 200 hommes
et a dû abandonner les captifs et le butin qu'il avait fait à
Ténétou et à Bougouni.
Le lendemain 7 décembre, le lieutenant-colonel retourne
à Faragaré, et, après un jour de repos, repart pour Ténétou,

cadavres, victimes de Samory ;


précédé par les 8e et 9e compagnies. La route est jonchée de
à Ténétou, le tata est
saccagé et les corps mutilés de 300 malheureux gisent au
milieu des ruines.

;
Pendant deux jours, le lieutenant-colonel harcèle les
bandes de Sofas qui fuient vers le Sud il laisse alors la

(6) Voir croquis N° 1.


8e -compagnie à Ténétou et un poste de miliciens à Faragaré*
puis regagne Bamako (18 décembre 1893).
Samory privé de ressources et de munitions, rétrograde
vers le pays de Kong.
Derniers engagements dans la région Sud du
§ 18. —
-
Soudan ou Haute Guinée actuelle (décembre 1893-
mars 1894),
De son côté, le commandant Richard a envoyé le lieute-

les bandes qui le ravagent ;


nant G. Maritz en reconnaissance au Kissi, pour en expulser
lui-même parcourt le Toukouro
et le Sankouma, refoulant devant lui les Sofas qui fuient
1vers le Sud. Il fonde un poste à Beyla et y place en garnison
la 7e compagnie (capitaine Loyer et lieutenant Lecerf) : puis
s'enfonce au Sud-Est sur les traces de l'ennemi qui cherche
à rejoindre Samory vers le Bandama.
Rappelé sur le Milo par ordre de M. Albert Grodet, récem-
ment nommé gouverneur civil du Soudan, il rentre à
Kérouané où il disloque sa colonne. Pendant ce temps, le
lieutenant Maritz s'est porté à l'Ouest jusqu'à Warina, où
il se heurte de nuit le 23 décembre à une troupe anglaise.
Le lieutenant Maritz n'a que 20 tirailleurs et 120 auxiliaires,
les Anglais sont 300. Après une lutte acharnée., les Anglais
se retirent avec 3 officiers et 50 hommes hors de combat
les Français en ont 30, parmi lesquels le lieutenant Maritz
;
tué dès le début.
A Beyla, le capitaine Loyer déploie une grande activité et
peu à peu calme le pays. Pendant une sortie aux alentours
du poste, le lieutenant Lecerf s'aventure à Nzapa, à six
jours de marche dans le Sud-Ouest (7) et est tué sous les
murs du village dans une escarmouche avec les Sofas
(15 mars 1894).

(7) Localité située au Sud-Est de Fassang-ouni, dans le haut


bassin de la rivière Diani ou St-Paul, qui se jette dans la mer à
Monrovia.
Quant à Samory, il change de tactique et au mois de
janvier envoie des émissaires à Kayes pour demaBdej? la
paix. En réalité, il ne renonce pas à ses prétentions, mais
sentant que le Soudan lui est fermé désormais, il songe à
se tailler un empire dans le pays de Kong et l'hinterland de
la Côte d'Ivoire. Croyant à sa bonne foi, M. Grodet prescrit
au commandant Richard d'entrer en pourparlers avec lui ;
mais l'attitude louche de Samory nous éclaire et ses délégués

déclare à nouveau notre ennemi ;


sont reconduits à la frontière. Samory jette le masque et se
il envahit le Nord de la
Côte d'Ivoire. Le Gouvernement envoie le colonel Monleil
pour enrayer les progrès des Sofas et en même temps
oroonne la formation d'une colonne à l'aide des postes de
la région Sud du Soudan, afin de protéger éventuellement
les états de Mademba. Le commandant Dargelos, successeur
du commandant Richard, reçoit l'ordre de concentrer
trois compagnies de tirailleurs à Bougouni, alors point
,extrême de notre pénétration dans l'Est, et d'y rassembler
trois mois de vivres ;. il devra s'abstenir de toute diversion
du côté de Kong à cause des difficultés du ravitaillement.
Le commandant Dargelos séjourne plusieurs mois à
Bougouni.
A partir de 1891, les Sofas ont été éliminés du Soudan
proprement dit.

B. — CONQUETE DE TOMBOUCTOU (8)


(1894-1896)

§ 19. — Nécessité de la marche sur Tombouctou.


Au milieu de décembre, le lieutenant-colonel Bonnier,
rentrant de son expédition contre Samory, est avisé qu'en
dépit des instructions reçues, le commandant Boiteux s'est
avancé sur Tombouctou. Prévoyant que cet officier sera

.(8) Voir croquis N° 3.


bientôt dans unesituation critique, il précipite son retour
à Bamako.
Là, il donne l'ordre de rassembler toutes les pirogues à
Toulimandio et le 21 décembre 1893 s'embarque avec son
infanterie pour Ségou. Les autres éléments de la colonne-
sous les ordres du commandant Joffre, du Génie, rejoin-
dront par terre en suivant la rive gauche du Niger, ainsi
que la 10e compagnie. A Ségou, le commandant Hugueny
annonce au lieutenant-colonel la nomination de M. Grodet
comme gouverneur du Soudan et lui remet une lettre le.
rappelant à Kayes. Mais il répond à M. Grodet qu'en raison
du danger couru par le commandant Boiteux, Bonnier juge-
opportun de différer l'exécution de cet ordre et, afin d'éviter
une catastrophe, de continuer sa route vers le Nord.
En chemin, il apprend l'occupation de Tombouctou, la
mort de l'enseigne Aube (28 décembre) et la situation péril-
leuse du commandant Boiteux.
Deux colonnes sont formées la colonne du lieutenant-
:

colonel Bonnier ou colonne n° 1, et celle du commandant


Joffre ou colonne n° 2.

§ 20. — Colonne du lieutenant-colonel Bonnier.

:
La colonne n° 1, commandée par le lieutenant-colonel
Bonnier, comprend

Compagnie venait de Bandiagara, où elle était restée


(9) Cette
en garnison depuis l'occupation de cette ville.
Cette colonne descendra le fleuve par eau directement sur
Tombouctou.
Le 1er janvier 1894, les troupes du lieutenant-colonel,
réparties sur 300 pirogues, sont mises en mouvement et,
après 9 jours, arrivent en vue de Kabara où elles rallient la
flottille.
Aussitôt débarquées, elles gagnent Tombouctou, sauf la
r9e compagnie qui reste à Kabara pour protéger le convoi et
4'artillerie qui y sont laissés.
Le commandant Boiteux, délivré, retourne à Kabara
une section de la 11e compagnie occupe le fortin que Boiteux
;
;
a fait construire au Nord de la ville
bivouaque au Sud-Ouest de la place.
le reste du détachement

Obéissant aux ordres de M. Grodet, le lieutenant-colonel


se dispose à retourner à Kayes, comptant disperser en route
des bandes de Touareg qui lui sont signalées du côté de
Goundam. Le 12 janvier il repart, laissant à Tombouctou
la 9e compagnie, un peloton de la 11e compagnie (lieutenant
Frantz), l'artillerie et le convoi sous les ordres du capitaine

;
Philippe. Le 13, la petite colonne rencontre des campe-
ments Touareg et capture plus de 3.000 moutons le 14 elle
en capture encore 600 à Manakoré, une section de la
5e compagnie échange des coups de fusils avec une trentaine
d'hommes armés et fait quelques prisonniers. Ceux-ci infor-
ment que de nombreux Touareg (Tin Guérérif et Kel
Antassar) sont massés à Djidjin, non loin de Dongoï. Le
lieutenant-colonel oblique de ce côté, mais à cause de
l'heure avancée, laisse à Manakoré les animaux et les tirail-
leurs fatigués sous la garde d'une section de la 5e et d'une
de la 11e avec le sous-lieutenant Sarda.
La colonne, réduite à trois sections, campe le soir à
Tacoubao que les Touareg viennent de quitter. La section
Bouverot fouille le terrain à gauche, les deux autres avec

:
le capitaine Tassard fouillent à droite. Ces reconnaissances
reviennent la première avec 800 moutons, la deuxième
avec une centaine de bœufs.
On campe en carré : la section Bouverot au Sud, les
sections Tassard au Nord, l'Etat-Major au centre, le bétail
parqué sur les deux autres faces. Les feux sont allumés,
six sentinelles veillent à petite distance en avant des faces.

de : « Aux armes » retentissent


monde est debout, mais .trop tard
;
Le 15 janvier, à 5 h. 30, deux coups de feu suivis du cri

:
en un clin d'œil tout le
250 fantassins et
150 cavaliers Touareg se sont glissés jusqu'aux abords du
bivouac et surgissant de toutes parts, renversent les fais-
ceaux, chassent les bœufs et les tirailleurs affolés devant
eux. L'attaque est si rapide, le désordre est tel que toute
résistance est impossible; un quart d'heure après, le déta-
chement presque en entier est exterminé. Le capitaine
Nigotte, le sergent-major Béretti, le sergent Labire et 8 tirail-
leurs, réussissent à se faufiler de buissons en buissons et
aboutissent à un marigot qu'ils franchissent avec beaucoup
de difficulté. Deux heures et demie après, il rejoignent le

Onze officiers :
sous-lieutenant Sarda.
lieutenant-colonel Bonnier, capitaines
Livrelli (artillerie), Regad (guerre), commandant Ilugueny,
capitaines Tassard et Sansaric, lieutenants Garnier et

rinaire Lenoir; ; ;
Bouverot (infanterie de marine), le docteur Grall, le vété-
l'interprète Aklouck 2 sous-officiers, les
sergents Gabrie et Etesse 69 tirailleurs, sont tombés dans
cette surprise.
Le capitaine Nigotte prend le commandement des survi-
vants et le 17, rentre à Tombouctou après quelques alertes
insignifiantes.
Le capitaine Philippe, avec le plus grand sang-froid,
prend les dispositions nécessaires pour parer au danger de
la situation. De légères reconnaissances parcourent les envi-
rons, cherchant à recueillir les isolés qui auraient pu
échapper au massacre, mais sans s'éloigner, car les Touareg
sont en force à proximité de la ville.

;
Tombouctou est organisé solidement de manière à
repousser tout assaut les 300 hommes de la garnison
exercent une surveillance active. La 56 compagnie, avec le

pris sur place. Les vivres sont abondants ;


lieutenant Frantz, est reconstituée au moyen de. miliciens
le capitaine
'Philippe attend sans inquiétude. Il prescrit au lieutenant
de vaisseau Boiteux de ne pas quitter Kabara avant l'arrivée
de la colonne Joffre et envoie au commandant un émissaire
pour le renseigner et le mettre en garde contre les Touareg.
Le capitaine Philippe termine son rapport sur le massacre
de Dongoï en disant « qu'il répond de tout ».

§ 21. — Colonne du commandant Joffre.


La colonne du commandant Joffre (colonne n° 2) comprend:

Le 2e Escadron de spahis soudanais : capitaine Prost;


1
2
2
pièces de 80 de montagne :
Peloton de 30 spahis auxiliaires : capitaine Pouydebat;
capitaine Fourgeot;
Compagnies du régiment de tirailleurs soudanais :
10e Cie : capitaine Cristofari, lieutenant Frèrejean, sous-lieu-
tenant Sadioka;
12e
— : capitaine Puypéroux, lieutenant Maillac, sous-lieute-
nant Bluzet.

Le 27 décembre 1893, la colonne se met en marche


descend la rive gauche du Niger jusqu'à Sansanding. Là
;
elle

elle quitte le fleuve dont les rives sont trop marécageuses à


cette époque et se dirige par Monimpé et Kono sur Télé où
elle arrive le 3 janvier 1894. De là, le commandant Joffre
oblique par Daoura sur Oudiabé, le point d'eau le plus
rapproché.
Le sentier est à peine tracé, le pays inculte et les troupes
ont fort à souffrir de la soif pendant les quatre jours de
route. Elles se reposent trois jours à Oudiabé, puis M
colonne continue par Dialafa, Manguirna et Diartou, vers
Soumpi où elle arrive le 16, peu après que les Kel Antassar
l'ont évacué.
Lé commandant Joffre apprend que les Touareg se
rassemblent en grand nombre du côté de Goundam. Dès ce
moment, épié par l'ennemi sans cesser à l'affût, il redouble
de précautions. Apprenant par la pointe de spahis que le
chef du canton de Niafounké, Niankou, refuse l'entrée de
ses terres aux Français, le commandant se porte sur le
village avec l'escadron Prost et la 10e compagnie (capitaine
Cristofari). Le village est entouré par plusieurs marigots
profonds, dérivations de l'Issa-Ber (10), qu'il faut traverser.
Quatre cents guerriers en disputent l'entrée. Après le
premier feu de salve, croyant les tirailleurs désarmés, ils
s'élancent brusquement et sont reçus par un tir rapide
presque à bout portant. En un quart d'heure, ils ont une
centaine d'hommes tués et se dispersent (20 janvier 1894).
Cinq joursaprès, la colonne campe à Atta, sur les rives
du lac Fati. Le village est désert, les habitants ont emmené
leurs pirogues, mais ont laissé d'abondantes provisions.
Le capitaine Pouydebat part alors la nuit avec quinze
spahis et le peloton Maillac (12e compagnie) pour occuper
le marigot de Goundam, déversoir du lac Faguibine, et y
réunir les embarcations nécessaires au passage. A son
arrivée à Goundam au petit jour, il n'y trouve aucun bateau;
sur la rive opposée une forte bande de Touareg se masse
dans le village. Le capitaine s'établit en face et est rejoint
le soir par la colonne.
Le cours d'eau a 300 mètres et un courant très rapide. Le
commandant Joffre envoie un courrier à Kabara pour
prévenir le lieutenant de vaisseau Boiteux de sa situation
et détache au Sud vers Tendirma l'escadron Prost et un
peloton de la 12e compagnie pour se procurer des vivres et
des pirogues. Le capitaine Prost arrive le 28 au matin à
voisine
avec leurs grains et leurs troupeaux ;
Tendirma, dont les habitants se sont réfugiés dans une île
il trouve

(10) Lui-même est un des bras du Niger.


quatre pirogues dont il se sert pour traverser avec vingt
hommes. Après un échange de coups de fusils avec les
indigènes, il aborde dans nie et s'empare des denrées et
du bétail qui y sont accumulés. Le 31, il rallie la colonne
avec son butin.

;
Les Touareg, en voyant les barques, se groupent avec
inquiétude le long du rivage ils sont décimés par l'artil-
lerie et se retirent. Le lendemain, FElat-Major, un peloton
de spahis et la 10e compagnie sont transportés sur la rive
gauche et s'y retranchent fortement. Ce jour-là, le comman-
dant Joffre apprend par lettre la catastrophe de Tacoubao,
l'arrivée prochaine de la flottille et celle du capitaine
Philippe avec six sections de tirailleurs et deux pièces de 80.
Ces renforts arrivent le 3 février 1894 à Goundam.
Désireux de venger au plus tôt la mort de ses compa-
gnons, le commandant veut profiter de l'appoint fourni par
le capitaine Philippe et constitue une colonne légère avec
l'escadron Prost, 2 compagnies et demie de tirailleurs,
2 sections de 80 (capitaine Aurenche). Laissant le reste de
ses troupes à Goundam, il s'avance le 4 sur Farasch où les
Touareg sont signalés.
Mais à notre approche l'adversaire se retire et le comman-
dant Joffre, désespérant d'atteindre un ennemi aussi
mobile dans cette région aride et accidentée, avec des
porteurs fatigués et peu de vivres, rétrograde vers Goundam.
Le 7, il s'achemine vers Tombouctou par terre, tandis que
le convoi chargé sur des pirogues descend le marigot de
Goundam sous l'escorte de la flottille et d'un peloton de
tirailleurs.
A Tacoubao, la colonne recueille, parmi les ossements
épars sur le sable, les squelettes des 13 Européens massa-
crés (11). Elle arrive le 12 février 1894 à Tombouctou après
un parcours de 812 kilomètres.

(11) Ces restes furent transportés à Tombouctou, puis en 1896


transférés à Marseille.
22. —Lutte contre les Touareg de l'Ouest (1894-1896).
Après le massacre de Tacoubao, on ne pouvait évacuer
Tc>moouctûu sans provoquer unsoulèvement dans toute la
colonie. Il fallait donc s'yimplanteret
forcer les Touareg
asesoumettre.
Le Gouvernement, après avis du Ministredes colonies,
en décide ainsi, et pour pourvoir à ces nouvelles exigences,
un 4° bataillon de tirailleurs est créé (Décret du 7 mars
4894). Les cadres nécessaires sont dirigés aussitôt sur le
Soudan.
Tout d'abord le lieutenant-colonel Joffre améliore la
défense de la ville. Les deux fortins qu'avaitconstruit le
lieutenant de vaisseau Boiteux sont remplacés par deux
forts, l'un le « fort Bonnier « au Sud, l'autre le« fort

A
»
Hugueny
Kabara,
;au Xord.
où s'établissent la 10e compagnie et les spahis,
etoùstationne une flottille de pirogues, le capitaineGristo-
fari bâtit une redoute qu'il relie à Tombouctou par deux
petits blockhaus. En prévision de la baissedes eaux,qui
obligerait les chalands à s'arrêter à Kordoumé, un poste
retranché est organisé dans ce village.
Dans l'intervalle, des bandes de Touareg apparaissent
vers le Kissou. La. compagnie Paussier (9e), visite Tassakant,
Dongoï cet Galaya. Le capitaine Gauthenotn détruit un peu
plus tard un campement Important d'Irréganaten à Takayé-
gourou sur la rive droite du Niger.
Pour achever l'occupation, le lieutenant-colonel détache
en mars sur Goundam, trois pelotons de l'escadron Prost,
la 11e compagnie, capitaine Philippe, un peloton de la 10'
et une section de 80.
Cette colonne surprend les Touareg près de Goundam et
les bouscule ; un fort est élevé aussitôt dans le village et
les spahis se portent jusqu'à Mékoré.
La sécurité assurée, le lieutenant-colonel Joffre se tourne
contre les Touareg eit en premier lieu s'attaque aux Tin-
Guérérif, auteurs de la surprise de Tacoubao. A la tête de
la 5e compagnie (capitaine Puypéroux, sous-lieutenant
Bluzet) et d'un peloton de la 10e compagnie (lieutenant
Frèrejean, sous-lieutenant Sadioka), il gagné Goundam où
il rallie le peloton Frantz de la -11e compagnie et l'escadron
Prost. Pénétrant dans le Billi, il rejoint les Tin-Guérérif et
du 20 au 28 mars, leur livre une série d'engagements à
Daouré, Goro, Sansan, dans lesquels il 1leur inflige des
pertes sérieuses. Cernés une nuit à Kili par les spahis et
les tirailleurs du lieutenant Frantz, les Touareg s'enfuient
vers le lac Fati, après avoir perdu 120 des leurs dont
plusieurs chefs.
L'écrasement des Tin-Guérérif a une portée considérable;
les tribus non guerrières se placent sous notre protection,
le Billi est à nous. Ce résultat est affermi par la création
de deux postes fortifiés, à El-Oualadji et Saraféré, par le
capitaine Philippe avec un .peloton de la 11e compagnie.
Aussitôt rentré à Tombouctou, le lieutenant-colonel Joffre
repart contre les IrréganaLen qui ont pillé le village de
Danga, sur la rive droite du Niger. A son approche, les
Touareg se retirent et sont dispersés après une légère
escarmouche. Plus à l'Ouest le lieutenant Frantz s'élance

;
sur les traces des Kel-Antassar, soutenu par un peloton
de spahis les atteint dans le défilé de Karao-Kamba et
saisit les troupeaux qu'ils venaient d'enlever dans le Billi.
Sur ces entrefaites, la 9e compagnie du Régiment de
Tirailleurs Soudanais, jugée inutile à Tombouctou, est
renvoyée à Ségou.
Le capitaine Gérard remplace à la 10e compagnie le
capitaine Cristofari.
En mai, des reconnaissances continuent à rayonner
autour de Tombouctou, surtout à l'Ouest où se trouvent les
Iguellad, qui excités par Ngouna, chef des Kel-Antassar,
ont envahi le Billi et saccagé Ougoukoré. Ngouna est tombé
à l'improviste sur Dongoï, qu'il a razzié et dont il a massacré
14 habitants après quoi, il s'est éloigné sur Farasch.
;
Le capitaine Laperrine, qui a succédé au capitaine Prost
;
à l'escadron, se jette à sa poursuite et fait 120 prisonniers
-en même temps, le capitaine Gérard (10e compagnie)
s'embarque au Nord du Fati, sur la ligne de retraite des
Iguellad ; dès qu'ils sont en vue, il se précipite sur eux et
les met en déroute, après leur avoir tué 45 hommes..Terri-

;
fiés par cet échec, les nomades se soumettent, mais Ngouna
refuse de se rendre il essaye d'entraîner les chefs des Irré-
ganaten et des Igouadaren, ne réussit pas et se réfugie alors
avec les débris des Kel-Antassar dans le Nord à Ouna et
Djérane.
Les Iguellad, vivant dans un pays pauvre, sont attirés
vers le Billi et le Kissou. Pour tranquilliser les indigènes il
faudra réduire cette tribu et la chasser des bords du Fagui-
ibine. Mais la saison est trop avancée et cette expédition est
remise au mois d'octobre suivant, après l'hivernage.
Jusque-là, des postes provisoires sont installés contre
Tombouctou et Goundam, à Tassakant, El-Mansaraf,
Douékéré et Djidjin. Restent les Kel-Témoulaï, qui à
plusieurs reprises ont volé les Maures Bérabiches, nos
partisans intéressés. Le capitaine Puypéroux (5e compagnie)
se dirige contre eux, les rencontre à Aguélal, les oblige à
évacuer leurs campements et fait de nombreux prisonniers.
A la fin de 1894, la 5e compagnie de tirailleurs soudanais
occupe. Goundam avec deux pelotons de spahis et une
section de 80, la 10e est à Tombouctou avec le gros de
l'artillerie et l'autre demi-escadron de spahis. Une compa-
gnie de tirailleurs sénégalais vient augmenter cet effectif.
Un détachement de trois armes occupe Kabara.
Au mois de juillet, le lieutenant-colonel Joffre a comme
successeur dans la région Nord le commandant Ebener.
Délivré des Touareg, Tombouctou recommence ses tran-
sactions avec Djenné d'une part, et le Sahara de l'autre.
La population sédentaire est soumise; parmi les nomades,
les Bérabiches, les Kountas et les Igouadaren acceptent
;
notre autorité. La tribu des Tin-Guérérif est terrassée les
Jrréganak'ii onLdulllauùé l'aman, les Kel-Témoulaï font de
même puu après ; les iguettad, depuis leur défaite de Fatir
sont calmes. Seul, Ngonna est en lutte ouverte contre nous.
Le gouverneur du Soudan M. (irodel veut alors appliquer
aux Touareg une politique nouvelle. Craignant de les irriter
par une attitude hostile, il croit pi^Térable de suspendre
toutes opérations militaires contre eux et prescrit au
commandant Ebener de limiter à un rayon de 10 kilomètres
les sorties des garnisons de Tombouelou et de Uoundam et
d'assurer la sécuritéde la route qui unit ces deux points
(ordre confirmé par le commandant supérieur des troupes).
Les conséquences de celle passivité se font bientôt sentir;
les Touareg s'agitent et enhardis par notre inertie, après.
avoir pillé le Billi et le Kissou, razzieni les convois entre
Kabara et Tombouctou. Dans une de ces actions le sous-
lieutenantdespahis Potin est grièvement blessé.
Profilant du voyagede, M. (irodel à Tombouctou, le
commandantEbenerprotestecontrel'impuissance où il est
réduit. Mais il est remplacé par le commandant Bouvier.
Olui-ci tombe malade et remet le commandement au capi-
taine Bougel.
Les Touareg, plus tranquilles que jamais, pillent de
le
nouveau Billi.Lelieutenant.Jacobi, chef du poste de
(iouiidam, poursuil les pillards el leur enlève leur butin.
En juillet 18').), le commandant Kéjou est appelé au
commandement de la région Nord par le colonel de Tren-
tinian. Dès son arrivée, il se rend compte de la situation.
Les tirailleurs, travaillés sourdement par les marabouts, ne
sont plus sûrs. Les Touareg pillent el assassinent sous les.
murs de Tombouctou.
Le commandant de région lance, sous sa responsabilité,
des reconnaissances incessantes, de façon à ramener les.
nomades au respect de nos armes.
D'ailleius, le colonel de Trentinian. qui à ce moment,
succède à M. (irodel. comme gouverneur du Soudan,
approuve hautement le commandant Réjou ; celui-ci enjoint
alors aux.chefs de postes de courir sus aux Touareg.
Le 1er août 1895, le capitaine Florentin, de Goundam, est
averti que Ngouna a ravagé Douékoré. Il se porte sur ce
village avec sa compagnie (lie), atteint l'ennemi près de
Farasch et le disperse (4 août) ; la tribu s'enfuit vers le
Nord. Laissant un petit poste à Farasch, le capitaine aborde
de nouveau les fuyards et leur inflige un échec sur les
bords du lac Faguibine. Le 6, au point du jour, il est attaqué
par un millier de Touareg qui lui donnent un assaut
furieux. Grâce aux précautions prises, leur élan se brise
sur la double haïe d'épines (zériba) dont nous couvrons nos
bivouacs depuis la cruelle expérience de Dongoï. Décimé
par les feux de salve, l'ennemi se retire en désordre, pour-
suivi par les tirailleurs qui lui tuent beaucoup de monde.
Le capitaine Florentin rentre le soir même à Goundam,
ayant perdu le tiers de son effectif.
La ruine des Kel-Antassar est achevée par le capitaine
Imbert, qui avec ses spahis et deux pelotons de tirailleurs
(lieutenants Claudel et Burgnière) les harcèle sans cesse en
août et en septembre. Enfin, en octobre, le capitaine Rouget,
avec un peloton de spahis et les pelotons de tirailleurs
Claudel et Méchet, refoule les dernières bandes des Kel-
Antassar.
La sécurité rétablie autour de Tombouctou, le comman-
dant Réjou veut se relier au Nord du Soudan par une ligne
de postes et décide la création d'un poste à Soumpi, sur la
route de Goundam à Sokolo. Dans ce but, le commandant
Réjou constitue une colonne avec l'escadron de spahis, la
6e compagnie (capitaine Faudet, lieutenants Sagols et Jacobi)
et une pièce de 80. Le lieutenant Claudel sert d'adjudant-
major.
Le 7 novembre 1895, la petite colonne quitte Tombouctou
et marche sur Soumpi par l'itinéraire inverse de celui de
la colonne Joffre. Elle s'augmente en chemin de la 5e compa-
gnie (capitaine Jobard, lieutenant Mangin) et le 18, pénètre
dans le village sans avoir été inquiétée par les Touareg. La
compagnie Jobard demeure en garnison à Soumpi où elle
construit un fort. Le commandant Réjou regagne Goundam
à la fin de novembre sans incidents.
Pendant ce temps, le capitaine Florentin a bousculé vers
Ras-el-Mâ plusieurs bandes de Kel-Antassar.
Au commencement de décembre, une bande de Touareg
ayant razzié un village ami près de Tombouctou, le lieute-
nant Bérard, des spahis, se jette sur eux avec ses spahis,
mais il est tué dans la charge. Pour en finir, le comman-

bine, explore le Daouna et en chasse les Touareg ;


dant Réjou exécute avec sa colonne le tour du lac Fagui-
au cours
d'un engagement comme il y en a chaque jour, le lieutenant
Mourouzi est blessé d'un coup de lance.
Fatigués de ces luttes continuelles, les Kel-Antassar font
leur soumission malgré leur chef. Les Igouadaren font éga-
lement leur soumission.
Du côté de Soumpi, des reconnaissances rayonnent jour-
nellement autour du poste. Une d'elles, conduite par le
lieutenant Mangin, atteint El-Hadj-Bougouni au puits de
Zidéïda et le met en fuite après lui avoir infligé des pertes.
Désormais la région peut être considérée comme pacifiée.
L'activité du commandant Réjou, jointe à la mobilité des
colonnes qui, durant des semaines, ont accompli chaque
jour 40 et50 kilomètres, a eu raison des Touareg.

§ 23. — Première révolte du Macina. Affaire de Bossé (12).


Au Macina, Aguibou que nous avions placé comme fama,
après la fuite d'Ahmadou, n'avait pas su assurer son auto-
rité sur ses sujets. A plusieurs reprises, ils s'étaient soulevés
contre lui, entre autres Ali-Kari, almany de Bossé, qui terro-
rise la contrée par ses pillages et ses cruautés. En vain, au
mois de mai 1894, le fama a-t-il voulu l'attaquer à Bossé :
4.
(12) Voir croquis N°
il a subi un échec et le capitaine Nigotte, alors résident à.
Bandiagara, venu au secours cl'Aguibou avec une quaran-
taine de tirailleurs et dix spahis, in'a pas réussi après-
vingt jours d'opérations à terrasser Ali-Kari. Après une
tentative malheureuse sur Bossé, il s'est borné à bloquer
la. place, mais sans résultat; puis il s'est retiré à Bandiagara,
après avoir enlevé cependant le village voisin de Lo.
Enhardi par ce succès, Ali-Kari cherche à soulever le
pays contrenotas et
contre Aguibou.
En apprenant ces événements, le commandant Quiquan-
don, chef de la région comprenant les cercles de Sokolo,
Ségou, Djenné et Bandiagara, organise à Djenné une colonne-
sous le commandement du capitaine BonacoorsI.

§ 24. — Colonne Bonaccorsi.

Cette colonne, sous le commandement du capitaine


Bonaccorsi (artillerie de marine), avec le lieutenant Mangin
pour adjoint, est concentrée le 22 juin iRai; elle comprend :
15 spahis; ,
2 pièces de 80 de montagne (capitaine Clerc);
2 Compagnies de marche, formées de .tirailleurs auxiliaires
encadrés par des légionnaires, savoir :
lreCompagnie,capitaine Maillot et lieutenant deTavernier;
2e Compagnie, lieutenants Betbéder^et Albot (guerre);
1 Peloton de tirailleurs réguliers (10° Compagnie, lieutenant
Péiou);
Les médecins Manin et Emily.

Le juillet 1894, la. colonne arrive devant Bossé. L'artil-


1er
lerie se met en batterie au Sud-Ouest du village et pratique
une brèche dans la muraille. La ire compagnie garde la face
Nord, les spahis les faces Est et Sud, la 2e compagnie
chargée de l'attaque se tient près des pièces
Pétou est en réserve.
;
le peloton
A 9 heures 1a, 2e compagnie s'avance à l'assaut et ne
triomphe de la résistance acharnée des défenseurs qu'après
7 heures de combat et grâce à l'appui des pelotons Pétou et
de Tavernier. Maître du village, le capitaine Bonaccorsi
attaque le tata de l'almany situé à l'Ouest du village. Après
une lutte désespérée, Ali-Kari succombe les armes à la

:
main et les Français s'emparent du réduit, mais au prix de

:
pertes considérables 9 hommes tués et 149 blessés dont
6 officiers le capitaine Maillot, les lieutenants de Taver-
nier, Pétou, Mangin, Betbéder et Albot.
Le 3 juillet, la colonne repart pour Djenné, où elle arrive
le 12, après avoir châtié en route le village de Kombori,
partisan de l'almany Ali-Kari.

CONQUETE DE LA BOUCLE DU NIGER (13)


(1895-1899)

A. — GOUVERNEMENT
DU COLONEL DE TRENTINIAN (14)

§ 25. — Programme du lieutenant-gouverneur.


Le colonel de Trentinian avait pris, comme lieutenant-
gouverneur, la direction des affaires du Soudan au mois

;
de juillet 1895, en remplacement de M. Albert Grodet,
rappelé en France il avait pleins pouvoirs du gouverneur
général, M. Chaudié, pour agir à sa guise.

(13) Comme on le verra par la suite, l'expression géographique


ici employée englobe en réalité la Haute-Volta et la Côte d'Ivoire
actuelles.
(14) Voir croquis N° 4.
Frappé des conséquences funestes de la politique d'inertie
de M. Grodet, le nouveau lieutenant-gouverneur se propose
de remettre en vigueur le projet d'extension vers l'Est du
colonel Archinard, en vue d'acquérir la boucle du Niger
entre Bandiagara et San et de relier le Soudan à la Côte
.d'Ivoire et au Dahomey.
Il est, en effet, urgent d'intervenir dans la boucle, car
l'influence et les intérêts de la France y sont menacés par
Samory d'abord, par les Anglais de la Gold-Coast et les
Allemands du Togo ensuite.

§26. — Mission Destenave au Mossi (avril-décembre 1895).


Le Gouvernement envoie en avril 1895, au Mossi, le capi-
taine Destenave (guerre), alors résident de Bandiagara, pour
renouveler avec les chefs des principales villes les marchés
antérieurs qu'avait conclus le commandant Monteil.
Parti de Bandiagara avec une compagnie du Régiment de
Tirailleurs Soudanais (lieutenants Voulet, Margoine et
Gaden), le capitaine Destenave se porte sur Ouahigouya,
capitale du Yatenga, province vassale du Mossi, dont. le
souverain Bakaré accepte définitivement notre protectorat.
De là il se rend à Yako, autre ville tributaire du Mossi, où
il est mal accueilli par les habitants avec lesquels il échange
des coups de fusil. Désespérant, avec le peu de monde dont
il dispose, d'entrer à Ouagadougou, le capitaine continue sa
route vers l'Est et atteint Dori dans le Liptako. En ce point
il maintient les traités conclus par le commandant Monteil,
puis retourne à Bandiagara en décembre 1895.

§ 27. — Exploration du Niger par le lieutenant de vaisseau


Hourst (janvier-octobre 1896).
En janvier 1896, le lieutenant de vaisseau Hourst avec
l'enseigne Baudry et le lieutenant Bluzet, du Régiment de
Tirailleurs Soudanais, s'engage dans le chenal du Niger en
aval de Kabara sur la canonnière « Le Davoust » qui
remorque deux chalands. Le long du lleuve il négocie avec
les chefs des pays qu'il traverse, séjourne cinq mois et demi
près de Say dans l'île de Talibia, malgré l'hostilité des habi-
tants, et aboutit à la fin d'octobre à Wari, après avoir
descendu tout le cours du Niger.
Cette exploration prouve qu'entre Bamako et Ansongo,
c'est-à-dire sur un parcours de 1.700 kilomètres, le fleuve
est navigable aux hautes eaux, et peut constituer une voie
de pénétration vers le Tchad.

§ 28. — Seconde révolte du Macina (avril 1896).


Au mois d'avril 1896 une nouvelle révolte éclate dans le
Macina. A l'instigation du marabout Hamidou-Kolado, ami
d'Ahmadou, les habitants du Dakol prennent lesarmes et
se disposent à marcher sur Bandiaga-ra. Le capitaine Men-

:
vielle (gllerre), successeur du capitaine Destenave à Bandia-
gara, réunit les troupes qu'il a sous la main un détache-
ment de tirailleurs réguliers de la ge et de la 16e (lieutenant
Pinchon), une compagnie d'auxiliaires (lieutenant Youlet),
un peloton de spahis (lieutenant Chanoine). Le capitaine
Menvielle dirige les opérations et le capitaine Bouché
commande les troupes. La colonne se porte contre les
insurgés qu'elle rencontre à Sangha. Elle les écrase après
un violent combat, capture le marabout et le fait fusiller-
Les auxiliaires du lieutenant Voulet et les spahis parcourent,
alors la région pour disperser les dernières bandes.

§ 29. — Directives du Ministre des colonies.


Le Ministre des colonies, M. Delcassé, après une tentative
de négociations diplomatiques avec l'Angleterre d'un côté
et l'Allemagne de l'autre, avait engagé le gouverneur général
à marcher résolument de l'avant. Il fallait, en effet, ne pas
perdre les bénéfices acquis dans la boucle et nous en assurer
la possession en arrêtant les progrès des Anglais et des
Allemands vers le Nord et en achevant l'occupation.
M. Chaudié, gouverneur généraill, adresse des instructions
dans ce sens aux gouverneurs du Dahomey et de la Côte
d'Ivoire, ainsi qu'au lieutenaiitr^ouveme'Hr du Soudain qui
adopte le plan, suivant.
Dès la fin de l'hivernage de 1896, une colonne aux ordres

implantera solidement,;
du commandant Destenave, pénétrera dans la boucle et s'y
en attendant, une mission, com-
mandée par le lieutenant Voulet, se portera au Mossi et au
Gourounsi pour préparer les voies à la conquête et prévenir
les Anglais en plaçant ces deux provinces sous notre
protectorat.
De plus le commandant Valet organisera une deuxième

:
colonne qui, manœuvrant au Sud-Ouest de la précédente,
s'établira dans la boucle de la Volta Noire on peut ainsi
espérer fermer Ù, Samory toute issue vers le Nord, et, par
la création de postes au Lobi, amorcer la jonction du Soudan
à. la Côte d'Ivoire.
Enfin une mission confiée au Lieutenant Blondiaux cher-
chera à gagner la Côte d'Ivoire par l'Ouest en partant de
l'extrême Sud du Soudan.

§30. — Mission Voulet au Mossi et au Gourounsi (juil-


let i896, mars 1897).
Le lieutenant Voulet, du Régiment de Tirailleurs Souda-
nais, doit en plein hivernage pousser jusqu'à Ouagadougou
dans un pays manifestement hostile à la France et où il

La mission. comprend :
sera en contact avec les Anglais.
le lieutenant Chanoine (spahis),
les sergents Loury et Jariel (tirailleurs soudanais), 23 tirail-
leurs et 10 spahis réguliers. 180 tirailleurs et 40 spahis auxi-
liaires, 250 porteurs chargés de trois mois de vivres.
Le 30 juillet 1896 la mission quitte Bandiagara et se
dirige sur Ouahigouya pour soutenir notre allié récent
Bakaré, chassé depuis plusieurs mois de sa résidence par
le chef de Yako. Malgré le mauvais état des chemins, le
lieutenant Voulet accourt, bouscule l'ennemi à Sim, Soulou,
Pagoro, Prambi et ramène Bakaré à Ouahigouya (17 août) ;
quelques jours après il l'investit solennellement à Goursi.
Marchant ensuite sur Yako,. capitale du Kipirsi, le lieute-
nant s'empare de la ville par force et se dirige sur
Ouagadougou.
Deux partis se partagent Ouagadougou : l'un favorable,
l'autre, le plus nombreux, hostile aux Français.

;
Voulet envoie à Bokary, naba (15) du Mossi, une lettre et

;
un drapeau Bokary déchire le drapeau et renvoie le parle-
mentaire frappé de verges il se lance au devant de la
colonne qu'il rencontre le 1er septembre à peu de distance
de Ouagadougou. Après deux heures d'un combat très vif,
les Mossi sont dispersés et rejetés vers le Sud; Ouagadougou

;
est occupé. Huit jours après, Bokary revient avec toute son
armée il est repoussé de nouveau, poursuivi pendant

;
trois jours et finalement abandonné par la plupart de ses
guerriers. Ouagadougou est incendié les habitants dépo-
sent les armes et nomment comme chef Kouka-Koutou, un
des frères de Bokary, qui traite avec nous et place le Mossi
sous notre suzeraineté.
Laissant un poste à Ouagadougou, la mission continue
vers le Sud, franchit la rivière Kassirmi, affluent de la

;
Volta, et s'engage dans le Gourounsi. Là, deux compétiteurs
se disputent le pouvoir l'un Babato pactisant avec Samory;
l'autre Hamariah, sympathique aux Français. Le lieutenant
appuie la cause cl'Hamariah, le fait proclamer roi à Sati
(19 seplembre) et échange avec lui une convention qui place
le Gourounsi sous notre protection. Mais Hamariah est
inquiet, car Saranké-Mory, fils de Samory, opère dans le
Sud du Gourounsi avec un millier de cavaliers. Babato aura
vraisemblablement recours à son aide après le départ des
Français. Payant d'audace, Voulet-s'enfonce dans le Sud et

(15) Désignation locale du Sultan.


.somme Samory d'évacuer le Gourounsi. L'almany intimidé
rappelle à lui ses bandes et Saranké-Mory se retire en direc-
tion de Boussa (16), entraînant avec lui Babato et ses
partisans.
Voulet rentre alors à Ouagadougou ; puis traversant le
Kipirsi, le Boussouma, le Yatenga, revient sur Ouahigouya
(1er novembre) pour se réapprovisionner. Là le docteur
Henric, qui lui a amené des renforts, lui apprend qu'à
l'instigation des marabouts de Lanfiéra, les Samo (ou
Samoro) se sont révoltés contre leur chef Ouidi-Diabo, qui
est assiégé à Bouron avec un convoi de munitions destiné
à la mission.
Le lieutenant attaque les Samo à Gassan et à Ouellé et
leur inflige de sanglantes défaites. Dans ces combats la
mission a 6 hommes tués et 60 blessés, dont deux sous-
officiers européens. Le sergent-major Lourv, quoique griè-
vement blessé à l'assaut du tata d'Ouellé (12 novembre 1896),
n'en reste pas moins à la tête de sa section.
Le marabout de Lanfiéra est exécuté et Ouidi-Diabo
réinstallé à Barani.

nitivement Ouagadougou ;
Dans l'intervalle Voulet avait reçu l'ordre d'occuper défi-
il y retourne et atteint cette
ville le 23 décembre. Bokary tient encore la campagne et
réussit à fomenter une insurrection contre nous. Du
27 décembre 1896 au 11 janvier 1897, la colonne le harcèle
sans cesse, parcourant tout le Sud du Mossi de Koupéla à

soumettent :
Kounda. Peu à peu les diverses provinces du Mossi se
Bokary est déchu de ses droits et son frère
Kouba est couronné solennellement à Ouagadougou le
20 janvier 1897.
Le lieutenant Voulet est alors avisé qu'une expédition
anglaisé s'est avancée de Coumassie sur Tenkodogo (ou
Tingourkou), village Mossi sur la, frontière du Gourma. Il
notifie par lettre au capitaine Donald Stewart, chef de la

(16) Dans la Gold-Coast actuelle.


mission, la prise de possession du Mossi et du Gourounsi
par la France et se dirige à sa rencontre par Koupéla à
marches forcées (180 kilomètres en 7 jours).
Le 7 février 1897 les représentants des deux nations ont
une entrevue à Tenkodogo et, après quelques pourparlers
le capitaine Stewart, s'inclinant devant le fait accompli,.
recule sur Gambaga, capitale du Mampoursi.
Le canton de Tenkodogo reste en dehors de l'action
commune de la France et de l'Angleterre. Quelques jours
après, le pays reconnaît notre souveraineté.
Averti qu'une troupe d'Européens rayonne dans le Gourma

;
et pensant que c'est une mission allemande du Togo, Voulet
marche au devant d'elle mais c'est le capitaine Baud, qui
se rend au Gourma, venant du Dahomey pour annexer le
pays. Il le rencontre le 14 février 1897 à Tigla. Unissant
leurs efforts, ils assaillent Bilanga, le seul village de la
contrée qui résiste encore, et s'en emparent. Le Soudan est
désormais réuni au Dahomey. Le 24 février 1897, Voulet se
remet en marche vers Ouagadougou, où il trouve la colonne
du commandant Destenave.
Laissant le lieutenant Chanoine et
ses spahis au comman-
dant Destenave, Voulet regagne Bandiagara où il arrive en
avril avec le reste de ses hommes. Durant cette campagne
de huit mois il avait eu 113 hommes hors de combat. Une
portion considérable de la boucle du Niger était tout au
moins préparée en vue de l'occupation définitive et les
progrès vers le Nord des Allemands et des Anglais pouvaient
sembler arrêtés..

§31. — Mission Destenave dans l'Est du Macina (jan-


vier 1897, avril 1898).
Le commandant Destenave reçoit la mission suivante
occupation et organisation du Yatenga et du Mossi
:
; prise
de possession des pays de l'Est (Liptako, Dargol.) depuis
Aribinda jusqu'à Say, avec le Macina pour base d'opérations.
Le c®$onne commande ne comprend que des auxil-
qu'il1
iaires eneadrés- par des gradés indigènes- et, parmï les
dis officiers qu'iL a avec lui, un seul, le lieutenant Pelletier,
appartient au- Régiment1 de Tirailleurs Soudanais. La
•dtesçrip'tÈon détàtHé'e de ses opérations ne rentre donc pas
-dans le cadre du présent opuscule.
De janvier 1897 à avril 1898-, le commandant Destena-ve
remplit le programme qui lui a été fixé. Tout le- pays
compris dans la boucle du Niger nous appartient ; l'Est du
Macina, qui vient d'être occupé par la colonne, est pacifié
-et son organisation est à peu près complète ; deux routes
ont été ouvertes, l'une allant de Saraféré sur le Niger jusqu'à
la. frontière du' Dahomey et de la Gold-Coasl., l'autre de
Mopti à Say.

§ 32.
- Création de la région Niger-Volta. (février 1897,
avril 1898).
Le colonel de Trentinian, prévoyant qu'il sera impossible
-d'enrayer partout l'agitation qui règne au Yatenga, au
Mossi, au Gourounsi et chez les Samo (ou Samoro), décide
"dès la fin de 1896 la création d'une nouvelle région,
•comprenant le cercle de Ségou, les pays Samo, Bobo et le
Gourounsi (17). Cette région portera le nom de Niger-Voîta
"et sera dirigée par le commandant Valet. A la tête d'une
,,colonne, cet officier soumettra les Samo, occupera la boucle
de la Volta Noire et installera sur cette rivière un service de
'pirogues pour le ravitaillement du pays Gourounsi., Avant
-de s'engager dans ce pays, il est urgent de savoir quelles
;sont à notre égard les dispositions de Babemba.
Depuis le départ du commandant Quiquandon, le fama
.sub.it la pression de Samory, sa fidélité semble de plus en
plus douteuse.. La capitale, Sikasso, est maintenant entourée

f17) Soit une notable portion de la colonie actuelle de la Haute-


Volta.
de murailles de cinq mètres d'épaisseur. Dès lors il ne nous
craint plus et laisse ses troupes piller des villages sous-
notre dépendance. Le capitaine Braulot, du Régiment.
Soudanais, est chargé de se rendre à Sikasso, pour y
succéder au commandant Quiquandon en qualité de résident.
et faire de justes remontrances à Babemba.
Inquiet des préparatifs faits à Ségou, Babemba présente-
d'humbles excuses au capitaine et proteste de son dévoue-
ment à nôtre cause.

§ 33. — Soumission des Samo. Colonne contre les Bobo.


La colonne qui se forme à Ségou est composée de .la.
manière suivante .

1 Groupe de 16 spahis (lieutenant Courtois);


2 pièces de 80 et une de 95 (lieutenant Dutheil de la Rochère);
8e Cie de tirailleurs soudanais (capitaine Boulaud, lieut. Favart);
9e Cio de tirailleurs soudanais (capitaine Mayer, lieut. Pascal);
:
46 Compagnie
Hors-cadres
:
3 Pelotons de tirailleurs
1re Compagnie lieutenant Spies;
lieutenant Malot;
: lieutenant Bunas;

1 Compagnie de tirailleurs auxiliaires (lieutenant Maillaud):

Le 27 février 1897, le commandant Valet quitte Ségou et,.


après avoir passé le Bani à San, se porte,sur Lanfiéra, où il
rallie le peloton Bunas et les spahis du lieutenant Courtois.
Il s'avance alors contre les Samo au Nord de la boucle de
la Volta Noire et les bat successivement à Sono, Diédou,
Yéguéré et Niancoré. Débarrassé des Samo, il s'établit à
Sono et fait rayonner des reconnaissances aux environs.
Mais il tombe malade et rentre à Ségou, laissant le comman-

;
dement au capitaine Hugot (10 avril). Celui-ci multiplie les
postes dans la région nos troupes sont assez bien accueil-
lies par les populations.
Le capitaine Cazemajou (du Génie) parti avec le peloton
Malot pour explorer la rive droite de la Volta Noire à l'inté-
rieur de la boucle, arrive à Diébougou où il se croise avec le
lieutenant Chanoine.
La campagne paraît terminée, quand le capitaine Hugot
est avisé qu'une troupe de Bobo, pillards endurcis qui ne
veulent pas de la proximité des Blancs, a razzié un village
qui a donné l'hospitalité à la colonne.
Le capitaine accourt sur Mansara où ils sont rassemblés
et le 23 avril 1897 après un court bombardement ordonne
l'assaut du tata. L'ennemi bien abrité inflige aux tirailleurs
des pertes cruelles et les repousse par deux fois. Le capi-

recommencer la canonnade ;
taine fait cesser le feu, fait reformer les sections et fait
les tirailleurs s'élancent de
nouveau, pénètrent dans l'enceinte et après une lutte des
plus vives restent maîtres du village. La colonne compte
quatre tirailleurs dont un sergent tués, et 65 blessés parmi
lesquels les lieutenants Malot et Favart, les adjudants
Marchai et Corvaissier.
Les Bobo déclarent accepter notre souveraineté. Dans
l'intervalle le commandant Caudrelier, placé à la tête de la
région Niger-Volta, rejoint la colonne avec le capitaine
Braulot qu'il a fait venir de Sikasso.
La route étant libre, il pousse jusqu'à Ouahabou, fonde un
Doste à Boromo et essaye de créer une petite flottille sur la
Volta-Noire. Il constitue alors, conformément aux instruc-
tions du lieutenant-gouverneur, deux colonnes secondaires :
— l'une sous le capitaine Hugot, nommé résident du
Gourounsi, pour relever le capitaine Scal, dont la présence
est nécessaireau Mossi ;
— l'autre sous le capitaine Braulot, pour installer des
postes au Lobi, observer les mouvements de Samory et si
possible se relier avec une mission qui, venue de la Côte
d'Ivoire, s'achemine sur Boudoukou et Bouna. Le comman-
dant Caudrelier maintient à Boromo la 8e compagnie (capi-
taine Bouland) et se replie avec le reste de ses troupes sur
-ûto&Pkoye et Sono, où
spahis rejoignent» Kati.
il compte passer riiiTermg^ ; les

§34. — Occupation du Gourounsi (mars-juwtet 11897).


Le capitaine Hugot emmène avec lui le lieutenant. MilLot
qui lui servira d'adjoint, un peloton (2* compagnie), plus la
-compagnie d'auxiliaires Maillaud. Dans le courant de mai
il se met en route par Diéfessi sur Léo, où le 22 il rencontre
le capitaine Scal, avec lequel il règle certaines affaires
,encore pendantes dans la province. Puis tournant au Sud,,
il gagne Founsi par Dossouma et Ouasombalé (31 mai 1897).
Là il apprend que Babato, malgré la convention de
Yarba (i8), a envahi de nouveau le Gourounsi avec les
Zabermabés ; ceux-ci ont massacré les habitants de Bélélé-
Asseydou, pillé et brûlé le village et sont pour l'instant à
Doucé.
Le capitaine Hugot écrit immédiatement au résident de
Coumassie pour se plaindre de l'inexécution de la clause,
du traité de Yarba relative à Babato et lui demande une
entrevue. En même temps il se dirige sur Sagnecé, qu'il
atteint le 6 juin après une étape des plus pénibles.
Se sachant à proximité des Zabermabés, il se couvre du
côté de Doucé par une patrouille de 12 hommes (lieutenant
Maillaud). Celle-ci s'engage dans un long défilé qui conduit
à Doucé et signale les éclaireurs ennemis. Voyant le faible

se lancent à l'attaque ;
.effectif de notre détachement, une soixantaine de cavaliers
le lieutenant Maillaud augmente
leur confiance en simulant une retraite précipitée, puis il
se retourne et les accueille par des feux de salve qui
provoquent leur fuite.
'Peu après arrive le capitaine Hugot ; il fractionne sa

(18) Convention par laquelle le capitaine Stewart s'engage à


maintenir Babato, qui a obtenu asile et sauvegarde del'Angleterre,
à deux étapes de la frontière provisoire de la Gold-Coast et du
Soudan et assume la responsabilité de toute agression future de
Babato sur nos terres.
troupe en trois groupes aux ordres des lieutenants Millot,
Mailla.ud et du sergent Sancenot et se porte sur Doucé qu'il
enlève de vive force, grâce au lieutenant Maillaud qui
déborde par la droite (15 juin 1897, jour de la Pentecôte).
Les Zabermabès tentent vainement un retour offensif ;
décimés par la fusillade, ils se retirent en désordre vers le
Sud après avoir perdu 4 chefs et laissent des approvision-
nements considérables dont profite la colonne.
Après un jour de repos, le capitaine Hugot s'avance
jusqu'à Oua, où il est bien reçu par le chef. de village. Il
renouvelle le pacte signé en 1895 par le capitaine Baud et
établit un poste à Boussa. Tout le Sud du Gourounsi est à
nous (19)..
Le capitaine se rend alors à Bolé, où il rencontre le capi-
taine anglais Montgomery-Gampbell; celui-ci permet d'incar-
cérer Babato, en attendant qu'on le juge à Coumassie.
Brisé par les fatigues, le capitaine Hugot tombe malade
et succombe le 27 juillet 1897, abandonnant le commande-
ment du Gourounsi au lieutenant Millot. Celui-ci livre encore

;
combat le 13 janvier 1898 à des rebelles pillards qui se sont
rassemblés à Kassi, et les disperse au cours de la lutte, le
sergent Sancenot est blessé grièvement d'une flèche
empoisonnée.

§35. — Tentatives de pénétration au Lobi et massacre de la


mission Braulot (juin-août 1897).
Pendant ce temps, le capitaine Braulot, quittant Boromo
avec le lieutenant Bunas et 97 hommes, tous du Régiment
de Tirailleurs Soudanais, s'est enfoncé dans le Sud jusqu'à
Diébougou, où, dès le 26 mai 1897, il a établi un poste. Il
lance alors des reconnaissances légères du côté du Lobi
pour observer l'attitude des Sofas. A cette date Samory est

{19) Toute cette région, située au Sud du 11° degré de latitude,


devait quelques années plus tard être attribuée à l'Angleterre et
rattachée à la Goid-Coast.
-à Sounankoro, sur la rive droite du Comoé ; Saranké-Mory
et Bilali sont à Bouna.
Au début.de juin, l'almany s'empare de Kong qu'il ravage,
franchit le Comoé et pousse jusqu'à Noumoukiédougou,
où il est rejoint par Saranké-Mory et Bilali, qui viennent
de Bouna par Lokhosso qu'ils ont razzié au passage.
Il continue ensuite jusqu'à Sidardougou, couvert à l'Ouest
par Karamoko, à l'Est par Saranké-Mory et Bilali et menace
Bobo-Dioulasso, dont les habitants effrayés demandent le
secours du commandant Caudrelier.
Le commandant Caudrelier, qui a pour instruction d'éviter
tout conflit, ne bouge pas et Samory saccage Bobo-
Dioulasso. A cette nouvelle, le capitaine Braulot renvoie sur
Sono le lieutenant Bunas avec 50 hommes pour prendre les
ordres du commandant Caudrelier en outre, il doit châtier
;

les Bobo-Oulés, tribu hostile qui a coupé les communica-


tions entre Sono et Boromo. Assailli par les Bobo-Oulés à la
sortie de Bougouri, le lieutenant Bunas réussit à les maîtriser
après un court engagement où 2 tirailleurs sont tués et
9 blessés.
Cependant Samory, inquiet de l'approche des Anglais sur
sa droite, adresse des émissaires au commandant Caudre-
lier, lui proposant d'abandonner le Sud du Lobi et de se
cantonner, désormais, sur la rive droite du Comoé.
Le Ministre des colonies, consulté, télégraphie d'accepter
ces ouvertures, mais avec réserve en raison de la duplicité
habituelle de l'almany.
Le commandant Caudrelier enjoint alors au capitaine
Boulard d'aller avec sa compagnie (8e) créer un poste à
Lokhosso et au capitaine Braulot de descendre vers le Sud
jusqu'à Bouna, que les Sofas consentent à nous restituer.
De là Braulot cherchera à entrer en relations avec la mission
Bonhoure détachée de la Côte d'Ivoire.
Prévenu de ce projet, Samory dépêche au commandant
Caudrelier un courrier pour lui dire qu'il approuve l'instal-
lation à Bouna du capitaine Braulot. La compagnie Boulard
{8e) gagne donc Diébougou puis, accompagnée du capitaine
Braulot et de ses tirailleurs, gagne Lokhosso où elle parvient
le 8 août 1897.
Poursuivant sa route vers le Sud avec sa petite troupe
{lieutenant Bunas, sergent Miskiewitch, 97 tirailleurs), le
-capitaine Braulot débouche le 16 août en vue de Bouna,
qu'à son grand étonnement il trouve occupé par le chef
sofa Suleyman ; pendant deux jours il parlemente avec lui
et, sur son refus formel d'évacuer la place, il retourne au
Lobi dans l'intention de se ravitailler.
Près de Boguié, le capitaine croise une bande de 7 à
8.000 Sofas commandés par Saranké-Mory et demande
aussitôt à ce dernier des explications sur le malentendu de
Bouna. Saranké-Mory affirme qu'il apporte lui-même à
Suleyman l'ordre d'évacuer la place et convie les Français
à rentrer avec lui à Bouna. Les deux troupes reviennent
côte à côte et le 20 août arrivent de nouveau près de la
yille.
Soudain à un signal de trompe, les Sofas se jettent sur
les gradés et les tuent, cernent les tirailleurs surpris et les
désarment. Cinquante de ceux-ci pourtant se dégagent et
réussissent après avoir erré cinq ou six jours à gagner
Lokhosso. Tous les autres sont massacrés sauf trois que les

;
.Sofas gardent comme instructeurs. Le capitaine Braulot et
le lieutenant Bunas ne reparaissent plus plus de 60 fusils,
2.000 cartouches et 100 caisses de vivres tombent entre les
.mains des Sofas.
Dès le 24 août le capitaine Boulard, n'ayant aucune
nouvelle de la colonne Bra.ulot, a lancé du côté de Bouna le
lieutenant Favart et 40 hommes qui rencontrent peu après
les débris de la colonne.

$36. — Reprise des opérations contre Samory. Colonne


Caudrelier (novembre 1897, janvier 1898).
A la suite du guet-apens deBouna (20 août 1807) et de
l'échec de la mission Bonhoure (20), le Ministre des colonies
M. Lebon avait décidé de recommencer la lutte contre:
Samory (voir plus loin § 39).
Durant l'hivernage, le commandant Caudrelier était resté
à Sono, se bornant à des petites reconnaissances dans la.
vallée de la Haute-Volta. Il avait eu ainsi plusieurs engage-
ments avec les rebelles, entre autre le 27 août 1897
à Kouorola, où s'était distingué le fourrier Hornac
(gecompagnie)
Le 25 septembre avait eu lieu la prise de Bobo-Dioulasso,
où la colonne d'assaut était composée de la 8e compagnie
(capitaine Bouland) et de la 9e compagnie (lieutenant
Sagols), celle-ci en réserve, et où s'étaient distingués le lieu-
tenant Sagols et l'adjudant Corvaissier.
Au reçu des ordres du lieutenant-gouverneur (novembre.
1897) le commandant Caudrelier rassemble à la hâte les-
forces qu'il a sous la main et s'avance aussitôt vers le Sud,
en vue de couper Samory de ses communications avec la
Gold-Coast et d'enrayer les progrès des Anglais.
La colonne du commandant Caudrelier avait la compo-
sition suivante :
3 Compagnies du régiment de tirailleurs soudanais, savoir
2e Cie : lieutenants Demars et Méchet;
:
8e

-- : lieutenant Cottes, sous-lieutenant Braive;

: capitaine Marchaisse, lieutenants Jacobi et Guignard~

2 pièces de 80 : lieutenant Dutheil de la Rochère.

Arrivé à Lokhosso, le commandant laisse au lieutenant


Dutheil de la Rochère, de l'artillerie de marine, le soin
d'affermir notre autorité sur le Sud du pays Lobi, jusqu'aux:
environs de Bouna où les Anglais se trouvent depuis peu

(20) M. Bonhoure forcé de


rentrer pour prendre l'intérim du
Gouvernement à Grand-Bassam, c'est son compagnon, M. Nébout,.
qui prend la direction de la colonne.

i
-de temps. Il se porte avec le gros de la colonne sur le haut
.comoé, où il fonde les postes de Kobio et de Kémoko-Diani-
Tikoro, qu'il place sous la garde de la 2e compagnie.
Averti à ce moment que des troubles ont éclaté sur la
Haute-Volta Noire, le commandant retourne sur ses pas,
•et le 17 janvier 1898 s'empare du village de Limpoli. Le
lendemain, il disperse les insurgés à Bagassi, après un
-sanglant combat où le lieutenant Gouraud (de la guerre),
son adjoint, le lieutenant Jacobi et le sergent-major Lorcery,
de là 8" compagnie, sont blessés par des flèches empoi-
sonnées.
Tranquille de ce côté, mais inquiet des menées anglaises
au Gourounsi, le commandant Caudrelier pousse jusqu'à
Boussa, où les Britanniques ont un poste, et s'installe à
proximité le 11 février 1898 ; les troupes des deux nations
campent dans le voisinage l'une de l'autre, attendant l'arrêt
d'une commission mixte réunie à Paris pour départager les
-zones d'influence.
Le commandant Caudrelier laisse au Gourounsi le capi-
taine Gouraud, avec mission d'élablir dans la. zone contestée
le plus grand nombre de postes possible. Il gagne ensuite
Léo, d'où il revient à Diébougou le 16 février. C'est alors
qu'il apprend la situation critique du lieutenant Demars, qui
depuis cinq jours est cerné à Kong par les Sofas.

§ 37.
— Siège de Kong.
Sur le Comoé, le lieutenant Demars avait pour rôle de
surveiller les mouvements de Samory et prévenir la marche
.des Anglais vers l'Ouest. Avisé que les Sofas, après avoir
détruit Kong, se retirent dans le Sud et que les Anglais se
préparent à s'emparer de cette ville, il se dirige hardiment
sur Kong le 21 janvier 1898 avec deux sous-officiers et
116 tirailleurs, afin de l'occuper. Il y arrive le 25, après une
vive, escarmouche avec les bandes de Moussa et de
Karamoko. Pensant avec raison que Talmany cherchera à
reconquérir Kong, pour conserver le contact des Anglais
ses pourvoyeurs, le lieutenant Demars se retranche dans un
petit réduit au Sud-Est de la ville et appelle à lui le lieute-
nant Méchet resté sur le Comoé celui-ci arrive le 12 février
;

avec 2 sous-officiers et 19 tirailleurs.


Dès la veille un petit groupe de Sofas s'était approché du
poste. L'ennemi augmentant chaque jour et commençant à
encercler le poste, Demars envoie un courrier à Diébougou

;
pour demander secours au commandant Caudrelier. Le 14
l'investissement est complet 3.000 Sofas, sous les ordres de
Saranké-Mory et de Moctar, entourent la ville.
Une diversion est nécessaire pour permettre l'accès à un
nouveau renfort de 2 sous-officiers et 29 tirailleurs. Le lieu-

Méchet, 6 sous-officiers :
tenant Demars dispose alors d'un officier, le lieutenant
adjudants Corvaissier (8e) et
Roucher (2e), sergent-major Foucher, sergents CorbisierT
Wenzel et Lardin (2e), avec 164 tirailleurs.
Du 14 au 27 février l'ennemi tente en vain plusieurs

;
assauts et subit des pertes sensibles. Bientôt l'eau manque
au poste pour s'en procurer il faut aller à un petit ruisseau
à 800 mètres et chaque fois c'est un nouveau combat. Dès
le 16, cha.cun est rationné et ne touche que 25 centilitres par
jour. Les Sofas répandent de fausses nouvelles pour essayer
de démoraliser les tirailleurs, et promettent des récom-

;
penses à ceux qui trahiront. Les souffrances et les priva-
tions augmentent chaque jour le 23 on mange les animaux
de selle et on renvoie une cinquantaine de femmes comme
bouches inutiles. Pourtant la résistance touche à sa fin et
les assiégés sont à bout de forces. Enfin, le 27 février, le
commandant Caudrelier apparaît en vue de la ville, après
unemarche forcée remarquable.
En recevant le courrier du lieutenant Demars lui annon-
çant l'occupation de Kong et les dangers qu'il courait, le
commandant Caudrelier avait réuni les contingents les plus
rapprochés (8e et 9e compagnies), un détachement de la
compagnie auxiliaire du Gourounsi (sergent Sancenot)..
deux pièces de 80, en tout 200 fusils, et s'était dirigé aussitôt
sur Kong par Lokhosso et Kémoko-Dianirikoro. Arrêté sur
la rive droite du Comoé par les Sofas, il les avait bousculés
le 25 février à Nasian, le lendemain à Tasélémou et, les
dispersant définitivement sous les murs de Kong, avait
dégagé le lieutenant Demars et ses compagnons.
Comme le siège de Nafadié (21), soutenu en 1885 par les
capitaines Louvel et Dargelos, le siège de Kong est un
exemple de l'esprit de discipline des tirailleurs soudanais.
Pendant les 13 jours de siège, ils ont eu 5 hommes tués;
24 blessés dont le sergent-major Foucher grièvement et
26 auxiliaires morts de soif.
L'établissement des postes sur le Comoé et à Kong
supprime tout rapport entre les Anglais et les Sofas, et
interdit à l'influence britannique l'accès du pays à l'Ouest
du Comoé.

§38. - Exploration du lieutenant Blondiaux sur le Haut-


Cavally (janvier 1897, février 1898) (22).

Les territoires compris entre le Soudan proprement diL,


la République de Libéria et la Côte d'Ivoire, étant à l'abri
des convoitises étrangères, semblaient par leur position
fatalement destinés à devenir français. Mais avant d'y
engager une colonne et d'en prendre possession, il était
nécessaire d'en faire la reconnaissance. Dans ce but, au
mois d'octobre 1896, sur la demande du lieutenant-gouver-
neur du Soudan et après avis du gouverneur général
M. Chaudié, le Ministre des colonies, M. Lebon, chargea le
lieutenant Blondiaux de parcourir les hautes vallées du
Càvally et de la Sassandra, avec mission de rechercher un

(21) On en trouvera le récit dans 1' «Histoire militaire de


l'A.O.F. » (Paris, Imprimerie Nationale 1931), pages 310 et sui-
vantes.
(22) Voir croquis N° 5.
tracé pour la frontière franco-libérienne et d'examiner la
possibilité d'une communication entre le Soudan méridional
et la Côte d'Ivoire. Pendant ce temps, MM. Esseyric et
Torové, partant de la Côte d'Ivoire, taisaient route vers
l'Ouest pour relever le cours inférieur du Bandama rouge
et du Cavally.
Dans la, région Sud du Soudan (Haute Guinée actuelle),
notre poste le plus avancé était Beyla, d'où les patrouilles
avaient poussé dans l'Est jusqu'à Koro, village déjà visité
en 1893 par la colonne Combes.
Le lieutenant Blondiaux arrive à Beyla en décembre 1896
et organise sa mission. Accompagné de l'adjudant Not
(15e compagnie du Régiment Soudanais), du sergent indi-
gène Kantara Kamara (interprète), de 10 tirailleurs, 10 auxi-
liaires et 50 porteurs, il se met en route le 6 février 1897.
Se dirigeant vers le pays Manon, pour vérifier le cours du
Férédougou-ba, il constate que les rivières venant du Nord
(Sien-ba, Tien-ba, etc.) qui se réunissent à Dabala au Féré-
dougou-ba, donnent naissance au fleuve Sassandra et non
comme on le croyait précédemment, au Cavally. De Dabala,
il se rend à Kani, dans le Nigbi, puis à Sakala (ou Sarhala)
dans le Ouorodougou. Trouvant Sakala entre les mains des
Sofas, le lieutenant évite le village, entre le 7 mars à Kouas-
sidougou, se heurte près de Tenendiéri à une bande de
500 Sofas environ et apprend que toute la ligne du Bandama
est fortement occupée par les troupes de l'almany.
La jonction du Soudan à la Côte d'Ivoire est réalisée par
l'Ouest géographiquement.
Jugeant inutile et dangereux d'aller plus loin, Blondiaux
revient sur ses pas par Boron, Bafélétou, Guibourosso et
Sokoro, suivi par une cinquantaine de cavaliers sofas qui
se contentent de l'observer et de détruire les villages où on
lui offre l'hospitalité.
Après s'être heurté successivement aux Lo, aux Ouobé et
aux Nguéré, peuplades réputées anthropophages qui lui
refusent le passage sur leur territoire, Blondiaux voyant.
l'hivernage s'approcher, rentre à Touba le 9 juin 1897, après
avoir reconnu la ligne de partage des eaux des bassins de
la rivière Diani ou SaintcPaul et du Férédougou-ba. Il
séjourne à Touba jusqu'à la fin de l'hivernage. Dans l'inter-
valle, il envoie l'adjudant Not à Beyla pour obtenir un
renfort de 30 hommes, commence les fondations d'un poste
et amorce une route vers Beyla. Il reconnaît, en outre, les
chemins de l'Est et du Nord et se met en relations avec
Odienné, où le capitaine Ristori vient de créerun poste.
Le 15 décembre Blondiaux poursuit son voyage vers le
Sud, dans l'intention de fixer les limites respectives des
bassins du Cavally et de la Sassandra et de se rabattre
ensuite vers l'Ouest pour suivre le cours du Cavally jusqu'à
son embouchure. De Touba, il marche sur Man, à la limite
de la grande forêt, où il est accueilli avec hostilité
(26 décembre). Obligé de se défendre contre les Dioulas, qui
appellent les Ouobé à leur aide, il résiste plusieurs jours aux
assauts de plus de 2.000 guerriers et, comprenant l'impossi-
bilité de s'enfoncer plus avant vers le Sud, se décide ttbattre
en retraite, serré de près par l'ennemi. Après deux heures
de lutte, Blondiaux réussit à se dégager et rétrograde sur
Toungaradougou, où il-aboutit le 5 janvier 1898. Ce combat
lui avait coûté 4 tués et 16 blessés. Il se disposait à suivre
vers le Sud le cours du Djougou ou Cavally, après avoir
évacué ses blessés sur Beyla, lorsqu'il est rappelé au Soudan
par le lieutenant-gouverneur.
Revenu à Beyla le 25 février 1898, le lieutenant Blondiaux
se dirige le 25 février sur Bamako avec ses hommes, pour
participer à la colonne de Sikasso.

avait donné des résultats géographiques importants ;


Bien qu'inachevée, l'exploration du lieutenant Blondiaux

outre, l'attitude des habitants avait montré que la conquête


en

de cette région serait longue et laborieuse.


B. — GOUVERNEMENT INTERIMAIRE
DU LIEUTENANT-COLONEL AUDEOUD (1897-1898)

5 39. — Programme des opérations.

A la fin de mai 1897, le colonel de Trenlinian, dont la


santé était ébranlée, ayant demandé son rappel momentané
en France, fut remplacé à la tête des affaires du Soudan
par le lieutenant-colonel Lamary, commandant le Régiment
Soudanais.
A la fin de l'hivernage, le colonel de Trentinian n'étant
pas encore remis de ses fatigues, le Ministre des colonies
désigna le lieutenant-colonel Audéoud pour exercer l'intérim
du gouvernement pendant l'année 1897-1898, et en octobre
s'embarquait avec lui pour le Sénégal. Arrivé à Saint-Louis,
il discuta avec les différents gouverneurs des colonies de

à suivre contre Samory ;


l'Afrique Occidentale, accourus pour le saluer, la conduite
la conclusion fut qu'il fallait se
débarrasser à jamais de l'almany. En conséquence le lieu-
tenant-colonel Audéoud recevait l'ordre d'encercler le chef
noir dans un cercle de postes de plus en plus restreint, de
façon à préparer les voies à l'expédition définitive qui serait
dirigée contre lui l'année suivante pour le capturer.
Le lieutenant-colonel donne des instructions en ce sens

Sud ;
aux commandants de la région Niger-Volta et de la région
mais peu après, la duplicité de Babemba allait le
forcer à intervenir et à s'emparer de Sikasso. C'est alors
que, se tournant contre Samory, le gouverneur intérimaire
allait lancer une colonne pour relier les postes du Comoé
à ceux de la région Sud et refouler les Sofas vers le Sud-
Ouest.
La campagne 1897-1898 peut donc se diviser en deux
parties :
Les opérations du Kénédougou, qui amènent la prise de

Sikasso et la mort de Babemba ;
2° La.lutte contre Samory dans la vallée de la Sassandra.
lutte qui se termine par la dissolution de l'armée sofa el la
capture de l'almany..
§40. — Prise de Sikasso.

;
A peine le capitaine Braulot s'était éloigné de Sikasso que
Babemba change d'attitude avec nous il laisse ses guerriers
razzier les villages du cercle de Bougouni ou attaquer les
officiers en tournée topographique, et adresse des lettres
insolentes au commandant de Ségou et au lieutenant-
gouverneur.
Celui-ci voulant, comme ses prédécesseurs, maintenir
autant que possible les bonnes relations avec le fama, charge
le capitaine Morisson d'aller au Kénédougou, pour exiger
de Babemba une explication de sa conduite, délimiter ses
états et le menacer de représailles s'il continue ses agres-
sions. En outre, le capitaine devra pousser Babemba à
garder la neutralité pendant le mouvement que nous proje-
tons contre Samory.
Escorté de 30 tirailleurs et de 2 interprètes, le capitaine
Morisson quitte Bougouni le 18 janvier 1898 et 9 jours après
atteint Sikasso.
Les entrevues avec Babemba sont d'abord assez cordiales;
mais brusquement le fama, influencé par son entourage
qui lui montre notre faiblesse et nos hésitations à l'égard de
Samory, somme le capitaine de disparaître le jour même
sous peine de mort.
;
Le capitaine Morisson se retire assailli le 2 février par
1.200 guerriers qui le dépouillent de ses bagages, de ses
armes et de ses munitions, il réussit à échapper el grâce à
une marche rapide de 90 kilomètres évite d'être massacré.
Désireux de venger notre insulte, le lieutenant-gouverneur
réclame du gouvernement l'autorisation de marcher contre
Babemba.
Aidé du commandant Pineau, son chef d'Elal-Major, le
lieutenant-colonel Audéoud déploie une activité remarquable
pour former sa colonne. Faute d'officiers et de troupes dispo-
nibles, il emprunte des éléments un peu partout,
rappelle les rapatriables en route pour la France, dégarnit
les cercles, vide les arsenaux, recrute des auxiliaires :
toutes les ressources du Soudan sont concentrées en vue de
l'expédition projetée.

La colonne a la composition suivante :

En tout 37 officiers, 58 sous-officiers ou soldats euro-


péens, 1.260 indigènes et 250 conducteurs.
Le lieutenant-colonel emporte en outre 300.000 cartouches,
un mois de vivres pour les Européens et 15 jours pour les
indigènes et les animaux répartis entre 1,200 porteurs et
100 voitures.
Le 30 mars 1898) le lieutenant-colonel Audéoud prend, à

de se grouper sur les bords du Bagoé ;


Kati, le commandement du gros de la colonne, qui achève
pour détourner
l'attention de l'ennemi, des démonstrations sont faites en
amont et aval dans le Minianka, vers Bougouni et
Tombougou.
Le 9 avril, la colonne, réunie au complet à Séguéné,
le
traverse gué de Ouo et le lendemain se dirige sur Kinian
et Sikasso.
En apprenant l'approche des Français, Babemba masse
son armée vers Komankou pour leur barrer le passage,
mais averti que Kinian a été surpris et enlevé, il retourne à
Sikasso pour défendre sa capitale.
Les villages de Sansanna et de Doumana se soumettent
et le 15 avril la colonne arrive sur les bords du Baninko, à
3 kilomètres de Sikasso. Pendant que les tirailleurs réta-

et tue 5 ou 6 hommes;
blissent le pont qui a été détruit, une bande ennemie surgit
quelques salves les mettent en fuite.
Couverte par l'infanterie, la batterie légère se range sur
le plateau qui domine la ville à un kilomètre au Nord. Le
bivouac y est installé et le lieutenant-colonel Audéoud
procède à la reconnaissance de Sikasso. Peuplée de
30.000 habitants et gardée par 12.000 guerriers dont
2.000 cavaliers, Sikasso est une véritable forteresse, fermée
par deux murs d'enceinte concentriques de 5 mètres de haut
sur 7 d'épaisseur à la base. A l'intérieur se dresse sur un
mamelon abrupt un fortin appelé « le donjon », haut de
30 mètres. Enfin, un réduit central, constitué par un double
mur de 6 mètres, renferme le tata de Babemba,réputé
imprenable.
En présence de pareilles défenses et de forces aussi consi-
dérables, le lieutenant-colonel Audéoud se décide à faire le
siège de la ville avant de l'assaillir.
Le 17 avril le capitaine Pilliwuyt, protégé par la compa-
gnie Martelly, déploie sa batterie de siège (2 pièces de 95 et
2 pièces de 80) en éperon un peu en avant du bivouac et
commence le bombardement. L'adversaire prononce une
contre-attaque très bien menée, mais il est repoussé par les
tirailleurs après une lutte sérieuse où le lieutenant Coquet
est légèrement blessé.
Le lendemain, reprise du bombardement et nouvelle

;
tentative de l'ennemi, qui échoue contre la résistance du
capitaine Coiffé et du lieutenant Coquet à midi la face Est
du donjon s'écroule. Après un. examen attentif du terrain,
le lieutenant-colonel se décide à entamer les travaux de
sape par le Nord, pour faciliter l'accès des brèches qui
seront créées dans ce secteur.
Ces travaux durent du 18 au 30 avril et donnent lieu à
quatorze combats préliminaires de jour et de nuit, soit pour
refouler les sorties de l'assiégé, soit pour conquérir les
positions nécessaires en vue de la bataille finale.
Le 19 les compagnies Morisson et Coiffé, soutenues par le
tir des canons, débroussaillent les abords de la ville,
pendant que les spahis enveloppent un fort parti adverse et
lui tuent une centaine d'hommes.
Le 20, le lieutenant-colonel prescrit la construction d'une
redoute sur une petite éminence, nommée « le tertre
rouge », à 400 mètres d'une des portes de la ville. L'escadron
sonde les alentours et disperse les cavaliers ennemis,'

;
nermellant ainsi à la compagnie Coiffé de bntir l'ouvrage
malgré le feu incessant de la place pendant ce temps, la
compagnie Morisson maintient par trois fois l'adversaire à
distance. Le 23, l'escadron et la compagnie Truptil se
dirigent du côté de l'Ouest: à 5 kilomètres de la route de
Bougouni, ils se heurtent à un corps de 80 cavaliers et
1.500 fantassins qu'ils chargent et bousculent.

ment circulent constamment entre le Bagoé et le camp de;


Dans les derniers jours d'avril, des convois de ravitaille-

plus les tirailleurs s'emparent d'un point d'eau à 500 mètres


au nord du bivouac.
Le 25, pendant que le lieutenant Guillermin emmène les
blessés sur le Bagoé, le lieutenant-colonel donne l'ordre de
s'emparer du petit village de Sankourani, à 750 mètres au
Sud-Est du Tertre rouge et qui, occupé par de nombreux
guerriers, pourrait inquiéter les derrières des colonnes
pendant leurs mouvements sur Sikasso. Les 6e et 8e compa-
gnies d'auxiliaires surprennent le village au petit jour ;
;
mais les gens de Sikasso accourent en foule et exécutent un
feu meurtrier la section Bordeaux qui est à la droite est
;
fort éprouvée néanmoins le village est. détruit et le capi-

;
taine de Montguers ordonne la retraite. L'ennemi devient
pressant le lieutenant Bordeaux, secondé activement par
le sergent Hertz, couvre les blessés pendant que le capitaine
Benoit et le lieutenant Gallet se retirent par échelons en
-contenant l'adversaire. Le lieutenant Gallet tombe presque
aussitôt, mortellement frappé d'une balle au front. A
10 heures le détachement rentre au camp avec 8 hommes
tués et 26 blessés.
Du 26 au 29, Babemba reste immobile. Le 29 avril, le
lieutenant-colonel Audéoud, jugeant les trois brèches
ouvertes par l'artillerie suffisamment larges, annonce

formées d'une compagnie chacune :


l'assaut général pour le surlendemain. Trois colonnes seront
la 5e compagnie (capi-
taine Morisson) abordera la brèche n° 1 ; la 76 compagnie
{capitaine Truptil) la brèche n° 2 la 15e compagnie (capi-
;

taine Coiffé) la. brèche n° 3. Une fois dans l'enceinte, ces


trois compagnies se déploieront prêtes à parer aux retours
offensifs et, gagnant du terrain en avant, auront pour
-objectif le donjon qu'elles attaqueront de concert. Un peloton
de la 86 compagnie (lieutenant Guillermin remplaçant le

;
lieutenant Gallet) se tiendra à Sankourani et la compagnie
Martelly (6e réguliers) à la redoute du Tertre rouge tous
deux appuieront au besoin la colonne de gauche. La compa-
gnie de Montguers {6" auxiliaires), l'autre peloton de la
-

8° compagnie (capitaine Benoit) et deux pièces de 80 de


montagne seront en réserve pour assurer la garde du camp ;

;
les deux autres pièces de 80 de montagne se joindront à la
batterie de siège enfin les spahis surveilleront les flancs et
les derrières et se porteront aux contre-attaques.
Le 30 avril 1898 au soir, l'artillerie entame une violente
canonnade contre les brèches pour éviter qu'elles ne soient
réparées par l'ennemi. Le lendemain, un peu avant l'aube,
les compagnies de tête s'approchent à 150 mètres des
"emparts et au signal du lieutenant-colonel s'avancent
avec entrain.
Au centre, la compagnie Truptil s'élance avec une telle-
impétuosité que les défenseurs s'enfuient presque sans-
combattre et les tirailleurs arrivent au donjon, où le lieute-
nant Méjanel plante le premier drapeau. Derrière apparaît.
la compagnie Morisson qui a réussi à garnir la brèche n° 1.

;
A gauche la compagnie Coiffé éprouve une vive résistance-
qu'elle réussit à briser la section Mangin, serrée de flanc
et de front par des forces supérieures qu'elle a voulu
tourner, réussit à se dégager et la compagnie atteint à son
tour le fortin. Dans l'intervalle le peloton Guillermin a
rejeté une bande ennemie au Sud de Sankourani, et la.
réserve, aidée par les spahis, a mis en déroute un groupe
d'environ 2.000 hommes qui tentait de cerner le camp.
Maîlrcs du donjon, les tirailleurs conduits par le comman-

une guerre de rues meurtrière ;


dant Pineau se répandent dans la ville. Alors commence
dans chaque quartier, les
habitants luttent avec acharnement particulièrement autour
de la maison de Eo-Taraoré, neveu du Fama et dans le tala
de Babemba, d'où part une fusillade nourrie qui nous cause
beaucoup de mal. Pour éteindre ce feu, le lieutenant Peltier
(artillerie) amène ses deux pièces de 80 de montagne sur le
donj on. Pendant ce temps, la compagnie Morisson et le-
peloton TTéWeL traversant la portion Ouest de la ville, chas-
sent les défenseurs de ce quartier au delà des, murs ; mais,
ce sucres coûte la vie au lieutenant Loury et une blessure-
grave au lieutenant Hauet.
Do leur côté, les compagnies Coiffé et Martellv pénètrent
dnns le ^prieurEst, le peloton Girard envahit la maison de'
Pô. Dans la plaine, les spahis talonnent sans cesse les cava-
¡;"T'S ennemis.
-H heures, le feu cesse, seul le Iain dr Babemba résiste-

encore, rléfpndu par les meilleurs soldats.


Apr0s un repos de 3 heures, pendant lequel on organise

;"i1'
le rlnTli"n el nn approche les pièces de 80, l'action s'engage
En une demi-heure, les obus de mélinite font
r.. ',,,l,,, rinns le tala; franchissant le mur extérieur, le-
commandant Pineau se précipite avec tout son monde dans
le tata, soutenu par les deux compagnies de réserve.
Le sergent indigène Moussa Sidibé et trois de ses hommes
parviennent à entrer dans la demeure où Babemba, entouré
-de sa garde, se défend désespérément et attirant sur leurs
pas les autres tirailleurs, engagent une lutte corps à corps
où le Fama et ses fidèles succombent courageusement. Dès
lors le tata est entre nos mains. L'armée de Babemba aux
trois quarts écrasée s'échappe vers le Sud.
En quinze jours la colonne a eu 2 officiers tués, 3 autres
-et 5 sous-officiers blessés, 60 tirailleurs tués et 150 blessés.
La prise de Sikasso, glorieux fait d'armes où le Régiment

;
de Tirailleurs Soudanais avait eu une part prépondérante,
produit un grand effet dans la boucle du Niger les soumis-
sions nous arrivent et dès le 3 mai le Kénédougou en entier
est définitivement annexé au Soudan.
Le cercle de Sikasso est rattaché à la région Niger-Volta
confiée au commandant Pineau.

§ 41. — Dernières opérations contre Samory (23).

La lutte décisive entreprise contre Samory dans la vallée


-du Bandama et de la Sassandra (août 1897, octobre 1898)
comprend trois séries d'opérations :

fermer à l'almany les routes du Nord-Ouest ;
Celles du commandant Bertin dans la région Sud, pour

2° Celles du' commandant Pineau dans la région Niger-


Volta, pour ravitailler Kong et interdire aux sofas toute
fuite vers le Nord-Est et l'Est;
3° Enfin celles du commandant de Lartigue dans la région
.sud, pour empêcher la retraite de Samory dans le Libéria
-et achever la destruction de ses bandes.

(23) Voir croquis N° 5.


§ 42. — Opérations du commandant Bertin dans la région
Sud du Soudan ou Haute Côte d'Ivoire actuelle (août 1897.
juin 1898).
Au mois d'août 1897, le commandant Bertin, chef de la.
région Sud du Soudan (Haute Côte d'Ivoire actuelle) avait

(capitaine Ristori, lieutenant Buck) ;


fait occuper Odienné par un peloton de la 7e compagnie-
de là, le lieutenant.
Buck exécutant une reconnaissance vers Borotou et Koro,
s'était avancé jusqu'à Kani et au retour s'était croisé à.
Farandougou avec le lieutenant Blondiaux.
En octobre, le commandant Bertin reçoit l'ordre d'occuper
la frontière Sud-Est de la région Sud, qui confine aux états
de Samory, de ne franchir sous aucun prétexte le Bagoé,
mais de se maintenir dans une position d'expectative et de
ne fairé usage de la force que si cela est nécessaire en deçà
de la frontière.
Il concentre la 7e compagnie du Régiment de Tirailleurs.
Soudanais à Odienné, et sur son ordre, celle-ci détache une

;
fraction à Tombougou pour y créer un poste. Peu après la.
1M compagnie (capitaine Arnould et lieutenant Woelfel),
relève les garnisons d'Odienné et de Tombougou la
713 compagnie rendue ainsi disponible
va en novembre cons-
truire un poste à Touba; de plus la 3e compagnie d'auxi-
liaires (capitaine Gaden, lieutenant Feist) en installe un
autre à Dabala.
Le capitaine Conrard est nommé résident d'Odienné eL
commandant tout ce pays.
A ce moment les Sofas sont encore beaucoup plus à l'Est:
l'extrême gauche de l'armée de l'almany, sous le chef Bilali,
est signalée à Nganaoni et Féguéré, dont elle saccage les
environs.
Pour éviter ces exactions, les habitants se réfugient sous
la protection de nos postes et en particulier autour de
Tombougou. Bilali se venge en brûlant tous les villages de
la rive droite du Bagoé ; encouragé par notre inaction sur
;
la rive droite de ce fleuve, il le traverse, vient incendier
Tombougou et même attaque le poste mais il est refoulé
(2 février 1898).
Le capitaine Conrard prescrit de multiplier les patrouilles
afin de rassurer les populations.
Le 10 mars le lieutenant Woelfel se porte avec 50 hommes
de Tombougou vers le Sud, pour se mettre en relations avec
la compagnie Gaden à Dabala. Assailli en route par
300 Sofas de Bilali, il réussit à les disperser après plusieurs
heures d'un combat où il a 3 tirailleurs tués et 2 blessés.
En avril le capitaine Gaden, laissant quelques hommes
à Dabala, pousse jusqu'à Toté et Bafélétou, puis continuant
à progresser, réunit à la fin du mois toute sa compagnie à
Bafélétou. Il est remplacé à Dabala et Toté par des groupes
de la 7e compagnie. A la même époque, le lieutenant Woelfel
est envoyé avec 50 tirailleurs dans le Niené, pour défendre
le pays menacé par les guerriers de Babemba et les Sofas
de Bilali, qui s'efforcent de se rejoindre.

pillent le village de Niamenso à l'Ouest de Tombougou ;


Profitant de l'éloignement du lieutenant Woelfel, les Sofas

un parti de 15 tirailleurs (sergent Poulhazan de la lre compa-


gnie) -est aussitôt envoyé d'Odienné pour secourir les habi-
tants. Les 21 et 22 avril, la petite troupe est entourée par un
ennemi nombreux et bien armé, qui tente à deux reprises

;
différentes l'assaut de Niamenso et cherche à incendier le
village mais le sergent déjoue toutes les entreprises et,
grâce à cette énergique résistance, permet au capitaine
Chaptal, de la garnison d'Odienné, de le délivrer après une
marche forcée de 69 kilomètres.
A la suite de la chute cle Sil\asso, le lieutenant-gouverneur
imprimant une impulsion vigoureuse aux colonnes dirigées
contre Samory, envoie au lieutenant-colonel Bertin (promu à
re grade le 8 avril J898) l'ordre de franchir enfin le Bagoé,
de rejeter au Sud la bande de Bilali et de fonder un poste sur
le Bandama, à mi-chemin entre Tombougou et Kong, de
manière à appuyer sur la droite le mouvement que
le. commandant Pineau doit accomplir de Sikasso sur
1\.9Jlg (24).

:
Le lieutenant-colonel Berlin adopte alors les mesures
suivantes A Tombougou rallieront immédiatement
100 tirailleurs de la lre compagnie (lieutenant AYoelfel), la
3e compagnie d'auxiliaires (capitaine Gaden), une section

:
mobile de 80 m/m sous le lieutenant Jacquin. Les communi-
cations sont gardées avec la région Sud à Odienné, par le
capitaine Conrard et le capitaine Arnould avec une centaine
d'hommes. Enfin, le détachement sera couvert sur son flanc

le sergent Bratières à Toté ;


droit par la lre compagnie ainsi répartie : 50 hommes sous
20 hommes à Dabala et
90 hommes à Touba avec le capitaine Ristori. En cas d'alerte
vers Kani, Ristori accourra au point dangereux avec le gros
de son monde.
Retardé par la perte d'un courrier et par des lenteurs
dans la transmission des ordres, le lieutenant-colonel Berlin
ne peut quitter Tombougou que le 9 juin et trouve évacués
les divers points occupés auparavant par les Sofas de
Samory.
Le commandant Pineau, l'ayant devancé à Tiémou. avait
commencé l'établissement d'un poste au gué du Bandama,
puis avait continué sa route vers le Sud à In poursuite de
Samory.
Le lieutenant-colonel Berlin s'occupe alors de compléter
le ravitaillement de Kong (commandant Pineau). Dans ce
but, maintenant la section de 80 et le capitaine Gaden à
Tiémou avec un peloton de la 3e compagnie, il dirige sur
Kong le peloton Feist avec plusieurs centaines de charges
et fait rétrograder les tirailleurs du lieutenant Wcelfel sur
Tombougou, pour y rassembler d'autres convois.
Jugeant son rôle terminé, le lieutenant-colon e]retourne

(24) Cet ordre envoyé dans une fausse direction arriva avec un
retard de 15 jours. -
-à Odienné, où le 1er juillet, il cède le commandement de la
région Sud au commandant de Lartigue.
Un premier résultat est désormais acquis, une ligne serrée
-de postes s'étend du Milo au Comoé, fermant ainsi aux
Sofas toute issue vers le Nord.

§ 43. —Opérations du commandant Pineau sur le Haut-


Bandama (mai-juin 1898).
Coupé de ses communications avec la Gold-Coast depuis
-que le commandant Gaudrelier a fondé des postes sur le
Comoé, Samory songe à s'installer à demeure sur les terri-
toires qu'il a conquis dans ces dernières années, entre les
Etats de Kong, le Soudan Français, la République de
Libéria et la Grande forêt, c'est-à-dire dans les hautes
vallées du Bandama et de la Sassandra.
Dans cette intenLion il construit sur le Bandama blanc, à
quelques kilomètres au Sud de Ténendiéri, un formidable
tata qu'il nomme « Bori-Bana », indiquant par ce mol, qui
en langue bambara signifie « fini de courir », qu'il ne veut
pas aller plus loin..
Son armée, forte de 12.000 Sofas dont 4.000 armés de
fusils à tir rapide, comprend cinq groupes principaux
L'almany avec sa garde personnelle (1.500 hommes
:
environ) est à Dabakala ; il est couvert en direction du Nord:
— à droite par les troupes de Saranké Mory et de Moctar,
ses fils, dites les « Bandes de Kong ». Moctar avec

Kong ;
2.000 hommes et un canon pris aux Anglais à Bouna assiège
Saranké Mory parcourt et pille les alentours de la
ville au Nord et à l'Ouest.
— au centre par la « Bande de Sikasso », sous Konnady
Kéléba qui se tient dans le Nafana à l'Ouest de Kong.
— à gauche par Bilali à Ningoni.
Le 30 avril, Moctar tenLe sur Kong un assaut furieux ;
est repoussé deux fois par le capitaine Teissonnière, qui
il
-commande la 9e compagnie, après un rude combat où ie
lieutenant Guignard est légèrement blessé.
Quelques jours après, le capitaine Marchaisse (18e compa-
gnie), secondét par le sous-lieutenant Pruneau (9e compa-
.gnie), conduit du Comoé sur Kong un fort convoi,de vivres.

;
vifcaqué le 16 mai à Manokolo par un fort convoi de Sofas, il
les refoule et amène à Kong son convoi intact mais il a
-8 hommes tués et 12 blessés, dont le sergent Bujol (8° compa-
.gnie) grièvement.
'Profitant de l'effet produit dans la boucle du Niger par la
prise de Sikasso, le lieutenant-colonel Audéoud, malgré
l'approche de l'hivernage, confie au commandant Pineau
le soin de chasser du Haut-Bandama et des environs de
Kong toutes les bandes qui y sont signalées, et de ravitailler
Kong, l'avertissant qu'il sera soutenu à l'Ouest par le lieu-

:
tenant-colonel Bertin. Le commandant Pineau organise
aussitôt sa colonne qui comprend

1 :
Détachement de spahis lieutenants de Barazia et Cabarrus;
Compagnies de tirailleurs auxiliaires à 200 hommes chacune,
4
savoir :
5e Cie capitaine Morisson;
6e
-- :

: capitaine de Montguers, lieutenant Frochen;


8e : capitaine
Une de nouvelle :
Benoit;
création capitaine Marandet.

Le capitaine Chaptal, les lieutenants Méjanel, Dubois et


Cotten sont mis à la disposition du commandement.
Celui-ci forme deux groupes :
— le premier, comprenant quelques spahis, la 8e compagnie
et un convoi de vivres considérable, sous les ordres du capi-
taine Benoit, se dirigera sur Kong par la route de Soubaka-

;
niédiougou et les postes du Comoé qu'il ravitaillera comme
Kong
— le deuxième, comprenant le restant de la colonne sous
les ordres du commandant Pineau, descendra sur Tiémou
;
par le chemin direct jusqu'au Comoé. Le capitaine Benoit
devra se relier avec le deuxième groupe après avoir ravi-
taillé Kong, il se portera sur Tiémou où il rejoindra le-,
commandant vers le 5 juin.
Le 12 mai, le capitaine Benoit commence son mouvement,.
surveillé sur son flanc droit par Konnady Kéléba. Quatre-
jours après il est attaqué brusquement à Nasian par un fort
parti de Sofas. L'adjudant Piétri (18e compagnie), qui
commande l'arrière-garde, parvient à éviter le désordre et
oblige l'ennemi à s'éloigner. Démoralisés par leurs échecs
successifs, Saranké Mory et Moctar disparaissent dans le.
Sud.
Le 20 mai, le commandant Pineau quitte Sikasso et
s'avance vers Tiémou à travers le Folona. A cette nouvelle-
Samory détruit ses campements de Dabakala et gagne Bori-
Bana, protégé vers Tiémou par 2.000 hommes environ sous;
Moréfinadian.
Le 23 mai, Fô Taraoré arrive à Tiémou avec 500 cavaliers,.
350 fantassins et 600 habitants échappés de Sikasso.
Fô se jette rapidement à Bori-Bana el, engage Samory à
fuir. l'assurant de la supériorité des Français. Cédant aux
sollicitations de son entourage, qui cherche à le ramener
dans le pays Toma dont la plupart des chefs sofas sont
originaires, Samory envoie l'ordre à ses bandes de se-
concentrer à Séguéla. Le 2 juin, l'almany abandonne son
tata avec, ses femmes et. sa garde. De son côté le comman-
dant Pineau s'achemine vers le Sud, très bien renseigné
par les émissaires qu'il lance en avant, et recueille la
soumission de tous les villages que les Sofas n'ont pas
détruits.
Le 31. mai, il entre à Tiorhomarandougou après une légère
escarmouche.
Averti que Moréfinadian s'est, aventuré de Tiémou jusqu'à
Gambilidougou pour s'unir à Konnady Kéléba, le comman-
dant abandonne son convoi à la garde de la compagnie
Marandet et accourant de nuit à Gbombélédougou, bouscule
J'adversaire qu'il rejette sur Komokhodougou (1er juin).
Revenantensuite à Tiarhomarandougou pour attaquer
Bilali, il apprend que celui-ci s'est retiré sur Tiémou. Le
-commandant part aussitôt sur les traces des Sofas.
Arrêté un instant à Monokhodougou par leur arrière-
.garde, il la disperse, et le 2 juin pénètre à Tiémou au
moment ou Bilali sort du village après l'avoir incendié.
Accélérant la poursuite, le commandant Pineau, après
-deux heures de repos et malgré une violente tornade, pousse
jusqu'à un petit marigot qu'il franchit. Sentant que Bilali
,est proche, ce que démontrent les femmes, les enfants, les
captifs, les chevaux ou les vivres qui jalonnent la route, il
.forme une colonne légère avec les spahis, une pièce de canon,
200 tirailleurs des compagnies Marandet et Morisson, et à
minuit tombe sur le camp ennemi établi dans les ruines de
'Ténindiéri.
- Surpris en plein sommeil, les Sofas affolés s'enfuient sans
trouve à proximité du tata de Bori-Bana ;
même décharger leurs armes. A Ténindiéri la colonne se
après quelques
hésitations, le commandant Pineau réfléchissant qu'il a
donné rendez-vous au capitaine Benoit à Tiémou et gêné
par la brousse très épaisse en cet endroit, renonce à se
risquer jusque-là et revient sur ses pas.
Le 3 au soir, il est à Tiémou, ayant parcouru 116 kilo-
mètres en 37 heures, et le lendemain va camper sur les
"bords du Bandama, où bientôt il est rallié par le capitaine
•Benoit.
Celui-ci, après avoir ravitaillé Kong sans la moindre diffi-
culté grâce au départ de Saranké Mory et de Moctar, s'est
jeté vers l'Ouest (90 kilomètres en 34 heures) et le 2 juin a
semé la déroute à Kémokhodougou parmi les bandes de
Konnady Kéléba et de Moréfinadian, dont les débris se sont
enfuis le long de la rive gauche du Bandama.
Bilali ne se voyant plus inquiété, continue lentement sa
marche sur Séguéla, pillant tout sur son passage et couvrant
les derrières de l'armée de Samory.
Le commandant Pineau installe alors un poste (lieutenant
Cotten) sur la rive gauche du Bandama, à 18 kilomètres de
Tiémou sur la route de Tombougou à Kong et détache quel-
ques tirailleurs à Bori-Bana ; puis il se porte vers Kong, où
il arrive le 8 juin.
Là, il relève la garnison, confie le commandement de la
place au capitaine Chaptal avec le lieutenant Pruneau
comme adjoint et rejoint ensuite Bobo-Dioulasso (Voir § 60).
La colonne du commandant Pineau au Sud de Sikasso'
avait affermi notre autorité sur les populations du Kéné-
dougou et provoqué l'évacuation par les Sofas du pays
compris entre le Comoé et le Bandama. Les postes du
Bandama interdisaient à Samory les routes de l'Est il ;
n'avait plus pour s'échapper que l'étroit couloir du Manon,
entre la Grande forêt et les postes de la région Sud.
Pendant cette campagne, le commandant Pineau avait eu
2 officiers et 2 sous-officiers blessés, 8 indigènes tués et
12 blessés.

§ 44. — Opérations du commandant de Lartigue sur la


Haute Sassandra (juin-octobre 1898).
Averti de la retraite de Samory, le lieutenant-colonel
Audéoud envoie à Odienné le chef de bataillon de Lartigue
(guerre), en remplacement du lieutenant-colonel Bertin
rapatriable. Il lui donne pour instructions de barrerle-
chemin de l'Ouest à l'almany, de lui disputer la rive droite
de la Sassandra, celles du Cavally, et de le harceler sans
interruption, sans se laisser arrêter ni par la mauvaisA-
saison. ni par les difficultés du terrain ou du ravitaillement.
Le 15 juin 1898, le commandant de Lartigue arrive à
Odienné. En attendant le retour du lientenant-colonel
Bertin, alors en route vers Tiémou, il prescrit provisoire-
ment les mesures propres à enrayer les progrès de Samory
dans l'Ouest. Celui-ci est arrivé à Séguéla le 14 juin, ayant
à sa suite une foule de femmes, d'enfants et de captifs
évaluée à 12.000 personnes, dont 800 au moins possèdent
des fusils à pierre, et des troupeaux comprenant 20 à
25.000 têtes de bétail, dont 6.000 bœufs.
L'almany ordonne de franchir la Sassandra, opération qui
n'est terminée que le 25 au soir. L'armée s'avance ensuite
sur Doué. Malgré la promesse de Samory qu'il se présente
en ami, les habitants de Doué et du Manon se sauvent à
son approche et viennent demander secours au poste de
Touba. Les Ouobés et les Dioulas, inquiets également, solli-
citent leur pardon de l'attaque de la mission Blondiaux et
invoquent notre appui.

et des munitions;
Le commandant de Lartigue leur fait distribuer des armes
pendant ce temps le capitaine Ristori
(7e compagnie) équipe les volontaires incljgènes du Manon
et réunit à Guentéguéla 70 tirailleurs tirés des postes de
Touba, Dabala et Toté.
A cause de son faible effectif, le capitaine Ristori se
contente de garder le gué de Guibasso, lance des patrouilles
le long de la rive droite de la Sassandra jusqu'à Doutou au

;
confluent du Gouan ou Bafmg, détache le sergent Bratières
à Toté avec 60 tirailleurs puis le 29 juin, apprenant que
les Sofas sont sur la rive droite, il rentre à Touba.
En raison de la dissémination des forces de la région
Sud, le commandant de Lartigue n'a pu s'opposer aux
mouvements des Sofas vers l'Ouest.
Le 1er juillet 1898, le lieutenant-colonel Bertin lui ayant
remis le commandement, il ordonne le ralliement général
à Touba. La 3e compagnie d'auxiliaires (capitaine Gaden) et
les deux pièces de 80 (lieutenant Jacquin) se porteront de
'Tiémou sur Kani. Le capitaine Gaden installera en ce point
un de ses pelotons et les canons et, avec l'autre peloton et
le lieutenant Jacquin, poussera jusqu'à Touba. Le capitaine
Arnould, alors à Séguéré avec un peloton de la lre compa-
gnie, ira relever à Tombougou le lieutenant Woelfel ;
celui-ci, avec l'autre peloton de cette compagnie et le-
docteur Boyé, se dirigera sur Touba. Le sergent Bratières
rejoindra Toté avec son groupe. Enfin le commandant de.
Lartigue gagne Touba avec une trentaine de tirailleurs.
prélevés sur la garnison d'Odienné, où il laisse le capitaine-
Conrard et 20 tirailleurs.
Pendant ce temps, le capitaine Ristori rassemble à Touba-.
les porteurs et les approvisionnements nécessaires à la,

:
colonne. Celle-ci, organisée le 15 et le 16 juillet 1898-
comprend

1 Peloton de la lre Cie (93 hommes) : lieutenant Woelfel;


3 sections de la 7e Cie (155 hommes) : capitaine Ristori;
Docteur Boyé, sergent Ariste.
Soit au total 24B fusils.

Pendant son séjour à Touba, le commandant de Lartigue-


cherche à se renseigner sur la situation exacte de Samory.
Recevant des renseignements contradictoires, il lance sur
la rive droite du Gouan ou Bafing une reconnaissance qui

; ;
lui apprend le 17, que l'adversaire est campé depuis
quatre jours autour de Doué il décide de se rendre à Doué-
par le gué de Bama mais, par suite d'une erreur voulue-
du guide, il atteint le Bafing en amont du gué de Doué.-
La colonne traverse le 19 juillet et s'arrête à 3 kilomètres
de Doué, couverte par l'avant-garde du capitaine Ristori.
après avoir échangé quelques coups de fusil avec les avant-
postes sofas.
Le commandant de Lartigue remet l'assaut au lendemain..
espérant que le capitaine Gaden et le sergent Bratières arri-
veront à Doué où il leur a donné rendez-vous.
Samory, décidé à passer l'hivernage à Doué et se croyant
à l'abri de nos coups pendant cette saison, a établi son-
camp sur les hauteurs qui entourent Doué à 4 kilomètres à
l'Ouest et au Sud. Les bandes de Saranké Mory et de Moctar
assiègent Kaba Kouna, village Dioula plus à l'Est.
Le 20 juillet au matin, la colonne s'avance sur Doué,
précédée par le peloton Woelfel qui, après plusieurs feux de
salve, s'élance dans Doué et en chasse les Sofas. Ceux-ci se
replient sur les mamelons à l'Ouest et au Sud du village.
Aidé par une section de la 7e compagnie, le peloton Woelfel
s'élance à la baïonnette sur le mamelon Ouest et en garnit
bientôt.les crêtes. En même temps la section Ariste s'empare
du mamelon Sud, malgré une violente fusillade et une
diversion de 300 à 400 cavaliers qui essaient vainement de
déborder les tirailleurs par la gauche. La 3e section de la
7e compagnie est en réserve.
Maître des collines voisines, le commandant, ramène ses

:
troupes à Doué, ne laissant sur chacun des mamelons
qu'une section à l'Ouest section Kantara-Kamara (lre com-
pagnie), au Sud section Ariste.
;
Le front occupé mesure 2 kilomètres les deux mamelons

route;
sont séparés par un ravin assez profond où se trouve la
en arrière se trouvent les campements des Sofas.
Samory a rappelé en toute hâte Saranké Mory et Moctar ;
dès qu'ils arrivent, il se retire en les chargeant de nous
bousculer. Saranké Mory tourne alors ses efforts contre la
section du sergent Kantara-Kamara. Bien que grièvement
blessé à la jambe, celui-ci reste à la tête de ses hommes
-et est dégagé d'abord par le lieutenant Woelfel qui accourt
avec la section du sergent Diouké-Konaté, puis par le capi-
taine Ristori et le docteur Boyé avec deux sections de la
7e compagnie.
De son côté, la section Ariste ayant abandonné sa posi-
tion pour secourir la section Kantara-Kamara, est remplacée
aussitôt sur la colline par les Sofas qui menacent ses
'derrières. Devant ce danger, le commandant de Lartigue
prend le commandement des tirailleurs et dans une vigou-
reuse offensive disperse de nouveau l'assaillant.

<30 hommes;
A ce moment arrive le sergent Bratières avec ses
ceux-ci sont répartis moitié à gauche, moitié
à droite et, grâce à ce renfort, l'ennemi est définitivement
:
repoussé avec des pertes sérieuses 300 à 400 hommes dont
plusieurs chefs sont hors de combat. Dans l'affaire de Doué,
les Français ont eu 13 hommes tués et 28 blessés.
Le commandant de Lartigue pensait être ravitaillé par le-
capitaine Gaden, qui devait arriver le surlendemain. Malheu-
reusement, ce dernier n'avait touché à Touba aucun appro-
visionnement. La colonne est sans cartouches, ses vivres-
ont été mouillés pendant la traversée du Bafing. Dans ces
conditions, on ne peut poursuivre les Sofas et achever leur-
déroute. La rencontre de Doué a cependant pour résultat de.
forcer Samory à s'enfoncer dans une contrée difficile, où la.
démoralisation ne tardera pas à envahir son armée.
Le commandant décide de revenir sur Touba et de s'y
approvisionner pour être en mesure, à la première occasion,

Mory fait un retour offensif sur Doué ;


d'attaquer de nouveau l'almanv.Pendant ce temps, Saranké-
mais n'y trouvant
plus les Français, il se lance sur leurs traces et le 22 juillet
les rencontre au village de Nzo, où il est accueilli par un
feu nourri. Un tirailleur est tué, 4 sont blessés, l'ennemi
est repoussé.
La colonne gagne Touba sans être inquiétée, surveillée-
de loin par les Sofas qui s'arrêtent à Diogo à 5 kilomètres
du poste. Le 23, le lieutenant Jacquin (artillerie) s'avance-
sur ce point avec deux sections de la 7e compagnie, surprend
Saranké-Mory, et s'empare de quelques troupeaux.
Samory s'est retiré à Gourouno, à proximité de Didiou,
laissant 4 à 500 fusils près de Doué, pour assurer ses
communications avec deux de ses lieutenants qui opèrent
dans le Manon. Les habitants de Kabakauna. tombant brus-
quement sur les Sofas qui occupent Doué, en massacrent un
grand, nombre dont le chef. L'almany rappelle à lui Saranké-
Mory et Moctar et nos tirailleurs réoccupent le gué du
Baflng.
Le commandant de Lartigue, manquant totalement de

;
vivres, veut d'abord pourvoir en grains les postes de Beyla.
Touba et Kérouané puis il empêchera Samory de se retirer
dans le Libéria et tâchera par tous les moyens de l'affaiblir
et de désagréger ses troupes.
Le commandant ordonne de fortifier Touba ; il y fait
rentrer les 2 pièces qui sont à Kani et y installe la 7e compa-
gnie (capitaine Ristori et sergent Ariste), qui comprend
200 hommes dont 60 sont détachés à Kani puis avec le-
;

peloton Woelfel (lre compagnie) et la compagnie Gaden


(auxiliaires), il recule le 28 juillet sur Beyla, dont le poste
sera augmenté et porté, ainsi que Kérouané, à l'effectif de-
60 auxiliaires.
Une fois à Beyla (3 août 1898), le commandant de Lartigue-
multiplie ses émissaires vers Lola, Nzo et Toungaradougou,
pour exciter les habitants à la résistance et obtenir des,
renseignements sur la contrée. Il adresse aussi des émis-
saires à Nzapa et Nzolou, pour montrer aux Tomas à quels
dangers ils s'exposent s'ils reçoivent les troupes.de l'almany.
En même temps, il achève de ravitailler les postes.
Dans l'intervalle la colonne est renforcée par 25 tirailleurs
auxiliaires de Kani et 30 réguliers venus de la portion
centrale du Régiment Soudanais à Kayes, avec 2 sous-offi-
cierseuropéens ; de plus une compagnie de la région Niger-
Volta, la 15e avec le capitaine Gouraud (25), le lieutenant
Mangin, 2 sous-officiers et 100 hommes, est envoyée de-
Sikasso à Beyla.
Le lieutenant-colonel Audéoud ordonne alors au comman-
dant d'en finir avec Samory avant qu'il entre dans le-
Libéria. De son côté celui-ci, au commencement d'août,
envoie un messager à Touba pour avoir la paix et l'autori-
sation de se fixer à Sanankoro. Le commandant de Lartigue-
lui répond qu'avant tout pourparler l'almany devra livrer
ses fils Saranké Mory et Moctar comme otages, ainsi que
ses armes et ses munitions.

(25) La lEe compagnie était commandée par le capitaine Coiffé;


mais ce fut le capitaine Gouraud (Guerre) qui prit le commande-
ment du détachement de la 15e devant servir de renfort dans les
opérations du commandant de Lartigue contre Samory.
En réalité Samory ne cherche qu'à détourner notre atten-

:
tion pour rentrer tranquillemént au Libéria. Mais depuis
l'affaire de Doué, la discorde règne parmi les Sofas un

;
-certain nombre de chefâr, dont Konnady-Kéléba, en ont
assez, les vivres diminuént aussi les désertions sont-elles
nombreuses. Dans la première quinzaine d'août, 1.000 Sofas
se réfugient sous Touba ; dans la deuxième quinzaine 1.500
se présentent à Touba et un millier à Beyla.
Néanmoins, Samory continue à progresser vers l'Ouest
il entre à Toufigaradougou, mais devant l'attitude hostile
:
des anthropophages de la forêt, il décide de descendre plus
au Sud pour traverser le Cavally et prescrit de marcher sur
Déniféso. Assaillis en ce point par les Dioulas, les Sofas
sont refoulés avec des pertes sérieuses. Konnady-Kéléba
accourt et s'empare du village après deux jours de lutte.

§ 45. — Première reconnaissance du lieutenant Woelfel sur


le Diougou ou Haut-Cavally (août-septembre 1898).
Averti de ces événements, le commandant de Lartigue
veut cerner l'almany dans le quadrilatère où il se trouve
quadrilatère formé sur trois faces par le Gouan ou Bafing,
:
la Sassandra et le Cavally et au Sud, sur la quatrième, par
la contrée difficile où vivent les populations réputées
anthropophages.
Pour arrêter Samory sur le Cavally, le commandant dirige
sur Toungaradougou le lieutenant Woelfel avec 100 hommes
de la lre compagnie (sergents Panier et Bratières). Cetoffi-
cier trouvera en route une fraction de la 7e compagnie
(70 hommes avec le sergent Ariste) venue de Touba, mettra
Samory en demeure d'exécuter ses promesses et, s'il essaie
de passer, l'attaquera hardiment.
Woelfel quitte Beyla le 18 août 1898 et parvient à Tounga-
radougou le 26, ayant rallié en route la section Ariste. Il
écrit à l'almany exigeant de lui ses deux fils, ses armes et
ses munitions. Samory ayant refusé, le lieutenant se retire
à Fanha et avise le commandant de Lartigue.
Avant de se lancer sur la rive droite du Cavally où il

à assurer la subsistance de ses colonnes ;


prévoit un engagement avec les Sofas, le commandant tient
d'ailleurs la
15e compagnie n'a pas encore rejoint. En attendant il envoie
le sergent-Buot (7e compagnie) avec 25 tirailleurs et des
vivres sur Fanha, pour boucher la trouée entre le
Diougou (26) et le Bafing et augmenter ainsi la liberté
d'action du lieutenant Woelfel. Celui-ci sera soutenu par le-
capitaine Gaden, qui avec 150 tirailleurs, le lieutenant
Mangin et les sergents Berthet et Lafon (Pe compagnie), se
porte sur Nzo. Opérant de concert avec le lieutenant
Woelfel, le capitaine Gaden barrera le gué du Cavally aux
Sofas et les rejettera au Sud. Au cas où les Sofas auraient
déjà franchi le fleuve, les deux officiers se replieraient

les abords ;
derrière, la rivière Diani ou Saint-Paul et en disputeraient
enfin dans le cas d'un recul de Samory vers
l'Est, ils le poursuivraient de façon à l'atteindre au delà de-
la Sassandra.

Nzo. Il ramène
hostiles
à
Informé de ces dispositions, Woelfel se rend de Fanha à

; lui les habitants de la forêt, d'abord


ceux-ci lui fournissent des guides et des vivres.

; Moctar est à Déniféso;


Le 4 septembre le lieutenant connaît les emplacements-
des bandes de Samory Saranké-
Mory est à Guéhoubié Samory à Gouro ; Bilali et Konnady-
;

Kéléba à Oua.

;
-

La veille, Bilali s'est approché du gué de Kabaguéra et en


a été chassé par les Nguérés ceux-ci facilitent la voie à
Woelfel en débroussaillant la route de Nzo à Tiaféso sur la
rive droite du Cavally. Le 7 septembre le lieutenant arrive
à Guéniafeso après des marches pénibles.
Le, 8 septembre 1898, Woelfel apprend que Bilali et
Konnady-Kélébfl ont traversé le Diougou et se sont installés
à Tiaféso.
"Espérant les surprendre et les séparer du gros, il se met

(26y Haut cours du Cavally.


-en
;
route le lendemain au jour pour Tiaféso, précédé des
sections Panier et Ariste deux heures après, celles-ci se
heurtent aux avant-postes sofas, qui surpris par l'apparition
des tirailleurs se sauvent dans les bois. Accélérant son
allure, la colonne envahit le campement ennemi, rempli
<Tune cohue de femmes et d'enfants et, grâce à cette
manœuvre audacieuse, sépare Bilali et Konnady-Kéléba du
reste de l'armée.
Pendant ce temps, les bandes de Saranké-Mory et
Fourouba-Moussa ont gagné la rive droite du Diougou et se
sont établies sur un mamelon dominant Tiaféso à l'Est et
au Sud.
Le lieutenant Woelfel se trouve donc entouré de tous
côtés par les Sofas. Profitant du désarroi causé par sa
présence, il oppose la section Bratières à Bilali et Konnady-
Kéléba et donne l'ordre aux sections Panier et Ariste de

;
-déloger respectivement Saranké-Mory et Fourouba-Moussa
-de leurs positions lui-même se tient, en réserve au centre,
prêt à secourir ses subordonnés. La section Panier s'élance
à la baïonnette et bouscule Saranké-Mory jusqu'au Diougou

la soumission de Fourouba-Moussa ;
-où beaucoup de Sofas se noient. La section Ariste obtient
après quelques feux
,de salve, durant lesquels Bilali est tué, les bandes de
'l'Ouest et du Nord-Ouest, déposent également les armes. Le
lieutenant Woelfel a ainsi provoqué la réddition de
1.800 Sofas, 11 à 12.000 fusils dont 5.000 à tir rapide et les
autres à pierre, 3 caisses d'obus et 60 de cartouches. Autour
-de lui se groupent 39.000 personnes et de nombreux chefs
parmi lesquels Bilali le jeune, Fourouba-Moussa, Konnady-
Kéléba, Sabou-ba, Fô et Ahmadou.
Samory s'est enfui à la hâte sur Gouro, pour de là rallier
Moctar toujours à Déniféso et avec lui revenir vers les
montagnes de Gourouno.

;
D'autre part le capitaine Gaden est arrivé sans encombre
à Guéniaféso le 11 septembre il fait sa jonction avec
"Woelfel.
Le capitaine ne peut songer à poursuivre Samory, car le
Diougou monte sans cesse et tous les marigots sont
débordés. De plus les convois ne sont pas arrivés. Enfin il
faut évacuer les prisonniers et les réfugiés qui n'ont plus
de vivres et les protéger contre les Guérés. En conséquence,
il décide de rentrer à Nzo pour se ravitailler, renvoyer les
captifs sur Beyla et recueillir des renseignements précis
sur la situation de Samory.

§ 46. — Formation de la colonne de Lartigue à Nzo.


Durant ces événements, le commandant de Lartigue a
reçu de Sikasso le renfort attendu (15e compagnie avec le
capitaine Gouraud). Il organise aussitôt sa colonne qui
comprend le lieutenant Jacquin (artillerie) comme adjoint;
le docteur Boyé et l'interprète militaire Watin ; 25 tirail-
leurs de la 3e compagnie d'auxiliaires et la 15e compagnie.
Le Il septembre il se dirige de Beyla sur Nzo. Au delà de

;
Fanha, la colonne rencontre une file ininterrompue de gens
affamés et des monceaux de cadavres le 20 septembre elle
rejoint à Nzo le capitaine Gaden. Le commandant apprend
alors que Samory, après avoir réuni les débris de son
armée à Dénifeso, s'est enfoncé vers le Sud. Ces indications
laissent supposer que Samory a l'intention d'hiverner dans
ces parages, ou bien de se rendre chez les Tomas, ou encore
qu'il abandonne toute idée de retraite vers le Libéria et pense
à retourner au Konadougou et dans le Djimini.
Le commandant adopte les mesures suivantes :
Le capitaine Ristori s'avancera de Touba avec 90 tirail-

;
leurs, jusqu'au gué du Bafing pour en chasser les Sofas qui
s'y risqueraient il se joindra, au besoin, à un quelconque
des détachements en action et s'occupera de leur ravitail-
lement. Le capitaine Conrard, résident d'Odienné, se
portera avec 30 hommes sur Kani et, assisté de 60 tirail-
leurs de ce poste, poussera jusqu'à Séguéla où il se retran-
chera. Il surveillera par des patrouilles les gués de la
Sassandra et endéfendra l'approche à l'ennemi. Unpeloton
de 50 tirailleurs, demandés à la région Niger-Volta, .doit
l'appuyer bientôt. Ce détachementsous le lieutenant Foucher
est envoyé en effet de Sikasso ; mais en route il apprend la
capture de Samory et fait demi-tour.
En même temps une colonne volante, sous les ordres du
capitaine Gouraud, s'engagera vers Déniféso sur la piste de
Samory et, se rabattant au Sud, cherchera à refouler l'adver-
saire vers le Diougou, dont la rive droite sera gardée par le
commandant de Lartigue et 200 tirailleurs. De plus, un
poste de 25 hommes est placé à Fanha et un autre de 25 à
Fabédougou, pour faciliter le mouvement des convoissur
la route de Beyla à Nzo. Enfin un parti de 15 tirailleurs
(sergent indigène Diouké Konaté) parcourt la forêt de Fanha
à Séné, pour préserver les réfugiés contre les anthro-
pophages.

§ 47. — Capture de Samory.

nant Mangin, adjudant Brail, sergent Maire) ;


Le capitaine Gouraud dispose de la 15e compagnie (lieute-

3e compagnie d'auxiliaires (capitaine Gaden, lieutenant


de la

Jacquin, sergents Bratières et Lal'on) et du docteur Boyé ;


en tout 220 hommes. A cause de la difficulté du terrain, les
Européens n'ont pas de chevaux. Chaque tirailleur est muni
de 15 jours de vivres et de 150 cartouches.
Le capitaine Gouraud quitte Nzo le 24 septembre et, fran-
chissant le Diougou, pénètre 2 jours -après à Déniféso. Le
pays est dévasté, les villages sont en ruines et encombrés de
cadavres décomposés. Un déserteur sofa ramené par une

trois étapes dans le Sud-Est ;


patrouille annonce que la « diassa » de Samory se trouve
le lendemain la colonne
marche dans cette direction et atteint Guanhoulé.
à

Au delà la marche devient de plus en plus pénible. Le 28,


de nombreux fugitifs s'accordent à dire que l'almany a levé
son bivouac 2 ou 3 jours auparavant. Le capitaine Gouraud
y arrive en effet vers 11 h. 30 et n'y trouve qu'un canon et
le harnachement de Samory.
Des éclopés annoncent que Samory remonte depuis

Manon; Moctar et Saranké-Mory sont en avant


derrières il se couvre très mal.
;
trois jours vers le Nord dans le but de se réfugier au
sur ses

Le capitaine tourne aussitôt au Nord et, peu après,


parvient à un campement où les Sofas ont séjourné

ques kilomètres à peine au delà de Guélémou ;


jusqu'au 25 ; les traînards affirment que Samory est à quel-

arrière-garde sous Massi-Amara occupe le village ;


une légère
en
arrière se trouvent les huttes des femmes et plus loin le
camp de l'almany. Gouraud s'avance alors avec de grandes
précautions pour ne pas être éventé et à la nuit s'arrête
dans une clairière au milieu de la forêt.
Pendant ce temps, le commandant deLarligue a détaché
à Gourouno le sous-lieutenant Yam-Ly avec GO tirailleurs
pour fermer la trouée Haffng-niougou, et a envoyé deux
convois sur les traces du capitaine Gouraud. Le comman-
dant se prépare à aller avec tout son monde dès les
premières nouvelles, du côté de Gourouno, de façon à
prendre l'ennemi entre deux feux.
Prévenu que Samory songe réellement à se retirer au
Djimini, Gouraud décide d'attaquer le lendemain à l'impro-
viste et de s'avancer, si possible, jusqu'au centre du camp
pour s'emparer de l'almany, comptant entraîner ainsi la
reddition de tous les Sofas.
Le lieutenant Jacquin commandera l'avant-gaMe avec le
sergent Bratières et enverra le jour une patrouille pour
déborder la position tenue par Massi-Amara ; le lieutenant
Jacquin envahira ensuite brusquement le village des femmes
et gagnera la route de l'Est, seule issue favorable à la fuite
de l'almany.
Le capitaine Gaden et la 2° section do sa compagnie se
dirigeront droit sur la case de Samory et l'occuperont ; le
lieutenant Mangin à la tête d'un peloton formé par une
;
section de la 3e compagnie et une de la 15e compagnie, sera
en réserve l'autre section de la 15e sera en convoi. Il est
recommandé de ne tirer qu'en cas d'absolue nécessité et
sur l'ordre des gradés seulement.
Le 29 septembre 1898 au point du jour, le mouvement
commence. Le caporal Fodé Sangaré se porte avec son
escouade sur les derrières de Massi-Amara, l'isolant ainsi
du gros de l'armée. Découragés les Sofas se rendent sans
résistance. Vers 8 heures, la colonne débouche dans une
vaste clairière fermée à 2 ou 3 kilomètres de là par une
colline au revers de laquelle se dressent les huttes des
Sofas et traverse deux marigots où femmes et enfants sont
en train de se laver.
Sans s'inquiéter de leur effroi, la section Bratières part
au pas gymnastique, traverse le village des femmes en leur
ordonnant de se taire et apparaît soudain au cœur du
campement ennemi sans avoir été signalée. L'irruption des
tirailleurs sur le marché, produit une rumeur qui avertit
Samory. Celui-ci se sauve en courant sans prendre le temps
de s'armer.
Reconnu à sa haute taille et à sa chéchia rouge ornée
d'un turban bleu, il est poursuivi à outrance par les tirail-

:
leurs du sergent Bratières et bientôt, épuisé, s'assied en
disant « Tuez-moi ». Le sergent Bratières le saisit et le
remet au lieutenant Jacquin accouru avec sa section.
Sur un geste de leur chef, les Sofas qui s'agitaient de

taine Gaden a occupé la hutte de Samory ;


toutes parts restent tranquilles. Pendant ce temps, le capi-

;
l'adjudant Brai],
avec le peloton de réserve, a cerné le village des femmes
le capitaine Gouraud et le lieutenant Mangin ont suivi
l'avant-garde à distance et peu après rejoignent le lieutenant
Jacquin et son prisonnier.
Les chefs des Sofas déposent leurs armes. Moctar et
Saranké-Mory qui sont à 12 kilomètres plus loin, sont avisés
de ces événements et Gouraud les somme de se rendre, sous
peine de voir égorger leurs père et mère. A une heure de
]

j
I
l'après-midi, ils se présentent au camp et remettent leurs
armes à condition d'avoir la vie sauve.
Dans la soirée des patrouilles circulent aux environs,
rassemblent les armes et les troupeaux et découvrent le
trésor de l'almany contenant 250.000 francs environ.
Le lendemain on détruit tout ce qui ne peut être emporté
et on s'apprête au départ.

de Gourouno ;
Le 1er octobre 1898 la reconnaissance reprend le chemin
au centre marche Samory, Saranké-Mory,
Moctar et les porteurs du trésor. Derrière l'arrière-garde
viennent les griots et les marabouts; les femmes, les enfants
et esclaves (50.000 personnes environ) sont acheminés sur
Touba sous la protection de la 3e compagnie d'auxiliaires.

;
Le 2, le détachement arrive à Gourouno, où il trouve le
sous-lieutenant Yan-Ly et des vivres pour les captifs puis
par Toungaradougou il revient sur Guéasso, où il rallie le
commandant de Lartigue.
Sur le point de répondre à de nouvelles propositions de
paix de l'almany, celui-ci avait appris la veille le succès de
Gouraud et s'était "avancé jusqu'à Guéasso à la rencontre
de ce dernier. Les deux colonnes reviennent alors sur Beyla
où elles entrent le 17 octobre. Après quelques jours de
repos, Samory, ses principaux fils, son conseiller Morifing-
Dian, une quinzaine de ses femmes et 50 Sofas sont dirigés
sur la portion centrale du régiment, à Kayes, sous la garde
de 50 tirailleurs commandés par le lieutenant Jacquin et le
sergent Bratières. Ils y arrivent le 13 décembre.
Ce voyage impressionne vivement les populations indi-
gènes forcées de constater qu'en six mois les deux grands
chefs soudanais, Babemba et Samory, ont été réduits par
les Français.
Grâce à la promesse qui lui a été faite par le capitaine
Gouraud, Samory et ses fils ont la vie sauve. Samory,
Saranké-Mory et Morifing-Dian, sont déportés au Congo.
Moctar et les autres chefs sont dispersés dans les postes du
Sahel et du Nord. 2.500 Sofas sont envoyés aux travaux du
;
chemin de fer de Ivayes au Niger les autres, au nombre
de près de 40.000, sont autorisés à retourner chez eux et
vont repeupler le Ouassoulou. Quant à Bilali-Amara, le griot
de confiance de Samory, inculpé d'être l'instigateur du
guet-apens de Bouna (voir § 35), il est condamné à mort par
un conseil de guerre réuni à Beyla.
Ainsi finit Samory qui pendant plus de quinze ans avait
été notre plus redoutable adversaire et avait semé la mort
dans les plus riches contrées du Soudan.

§48. — Résultats de la campagne 1898 ; vues d'avenir.

Le 14 juin 1898, une convention signée entre la France


et l'Angleterre avait réglé les questions en litige à la limite
du Gourounsi, du Mampoursi et du Bouzanlsé ; la frontière
du Soudan et de la Gold-Coast était désormais fixée.
Le gouvernement du lieutenant-colonel Audéoud avait
été, selon le mot du commandant Pineau, « l'un des plus
féconds en résultats parmi ceux qui s'étaient succédés au
Soudan ».
Il restait maintenant à s'établir dans le Nord de façon à

;
arrêter les incursions des Touareg et à assurer la navigation
du Niger jusqu'à Say achever la soumission ducentre de
la boucle du Niger et organiser les territoires conquis ;
enfin, au Sud, compléter l'exploration du lieutenant Blon-
diaux de manière à prendre pied chez les anthropophages
de la forêt et amorcer une ligne de pénétration vers la
Côte d'Ivoire.
Les différentes opérations entreprises dans ce but consti-
tuent la campagne de 1898-1890, dont nous allons étudier les
phases successives dans chacune des régions. Au Nord la
lutte contre les Maures et les Touareg et l'occupation des

;
rives du Niger jusqu'à Ansongo par le lieutenant-colonel
iftobb
;
dans l'Est-Macina, l'expédition du commandant
Crave sur les pays Touareg entre Dori et le Niger dans la
région Niger-Volta, les mesures prises par le commandant
ment conquises;
Pineau pour ramener' lecalme clans les régions nouvelle-
dans le Sud, te. voyage du lieutenant

;
"Woelfel pour relier par le Cavally le Soudan à la Côte
d'Ivoire dans l'Est, entre le Niger et le Tchad, les missions

;
Cazemajou et Voulet .pour relier nos possessions du Soudan
à celles du Congo et du Haut-Oubangui toutes ces opéra-
tions,auxquelles le Régiment de Tirailleurs Soudanais
continue à prendre la plus grande part, se feront avec
l'approbation et sous la direction du général de Trentinian
qui, promu à ce grade le 27 octobre 1898, arrive à Kayes le
5 décembre et reprend à cette date le gouvernement du
Soudan.

C. — GOUVERNEMENT DU GENERAL DE TRENTINIAN

§49. — Marche générale des opérations dans les régions du


Sahel et du Nord de 1895 à 1899.
Après la prise et l'occupation de Tombouctou (voir §§ 20
et 21), les postes militaires du Nord du Soudan sont en
contact avec deux peuples bien distincts, à l'Ouest les
Maures, à l'Est les Touareg. Ces deux peuples sont eux-
mêmes fractionnés en un certain nombre de tribus, dont
certaines nous étaient soumises et les autres hostiles.
Dès son entrée en fonctions, le général de Trentinian
avait cherché à agir par persuasion auprès des Maures et
des Touareg, pour leur imposer pacifiquement notre domi-
nation. C'est ainsi qu'en 1890 il avait parcouru à cheval
avec son Etat-Major la série des postes Sokolo, Nampala,
Soumpi, Goundam et Tombouctou. Cette randonnée, où
le lieutenant-gouverneur fit jusqu'à 100 kilomètres par
jour, avait produit une vive impression.
Il tourne d'abord son activité contre les Maures, de façon
à les tenir en respect, se réservant de nouer plus tard des
relations avec les Touareg riverains du Niger en aval de
Tombouctou.
§50. — Soumission des Maures du Sahel.
A la fin de septembre 1895, le lieutenant-gouverneur décide :

la création d'un cercle à Soumpi. :

A la suite de difficultés survenues au sujet des Maures


entre le commandant de la région de Tombouctou et celui -

du cercle de Sokolo, le colonel de Trentinian, désireux


d'assurer l'uniformité de la politique vis-à-vis des Maures,
décide le 1.5 décembre 1895 la création de la région du
Sahel, qui sera placée sous les ordres d'un officier supé-
rieur. Le commandant de Lartigue (guerre) en reçoit la
direction jusqu'à l'arrivée du commandant Klobb (artillerie).
En octobre 1895 le capitaine Disdier, commandant le
cercle de Sokolo, a établi un poste à Nampala (une section
de la 14e compagnie de tirailleurs soudanais) et en novembre
la 6e compagnie a pénétré à Soumpi et s'y est établie. Lors
de son voyage à Tombouctou, le colonel de Trentinian
prescrit d'installer deux postes à Boundoubadi et à Léré,
centres des territoires des Ouled-Allouch de plus le cercle
;

de Soumpi va en fonder un à Ras-el-Ma, pour barrer aux


nomades l'accès de la vallée du Niger. Léré est occupé

;
par 40 tirailleurs de la 14e compagnie avec le lieutenant
Colcanap Boundoubadi par le lieutenant Roussot de la
même compagnie. Un peloton du poste de Soumpi est dirigé
sur Ras-el-Ma avec un peloton de la 6e compagnie de
Goundam.-Un peloton de la 5e compagnie va se fixer à
Tarsa, enfin, d'octobre à janvier 1897 un groupe de tirailleurs ;
1

est maintenu à Talakinn.


Malgré ces dispositions, les Ouled-Allouch s'emparent en
1896 des troupeaux et des récoltes de plusieurs tribus séden- ;
taires qui se mettent sous la protection des postes de Ras- j

el-Ma et de Tarsa. Les garnisons de Ras-el-Ma et de Léré 1

reçoivent l'ordre d'exécuter des reconnaissances mensuelles, -

de concert avec les spahis de Sokolo (décembre 1896). Le


chef des Oulled-Allouch, Cheikh-ould-Sidi, harcelé et inquiet
est sur le point de signer un traité lorsqu'il apprend l'irrup-
tion du lieutenant Wirth à Bassikounou.
f-
Le lieutenant Wirth ayant saisi aux Maures 14 chameaux
au cours d'une randonnée autour de Ras-el-Ma, se voyait
désormais en mesure de franchir les espaces privés d'eau
et songeait à surprendre Bassikounou, base d'opérations
des Ouled-Allouch. Le 21 janvier .1897 il quitte Ras-el-Ma

14 chameaux ;
avec le sergent Martinet (6e compagnie), 45 tirailleurs et ses
trois jours après il arrive en vue de
Bassikounou, où il est accueilli à coups de fusil.
i Il fait alors garder toutes les issues et s'empare d'un

puits voisin qui alimente les habitants. Plusieurs escar-


mouches ont lieu de ce côté, au cours desquelles un tirail-
leur est tué et deux autres blessés. Pendant ce temps, le
lieutenant envoie un chamelier réclamer des secours au
lieutenant Guillermin, chef du poste de Léré distant-de
0 kilomètres.
: Le lendemain une partie des habitants ayant réussi à
s'échapper, le lieutenant ordonne l'assaut et obtient le soir
ême la reddition de la place. Se lançant aussitôt sur les
aces des Maures qui se retirent vers le Nord, il atteint
eurs campements aux puits de Lam-Lam et de Nioti et
mpare de la plus grande partie de leurs troupeaux. Inti-
lidés, 60 Ouled-Allouch déposent leurs armes. Laissant
quelques tirailleurs à Bassikounou, le lieutenant Wirth
regagne Ras-el-Ma. Le commandant de Lartigue, qui devait
iriger peu après contre ce village une opération avec une
olonne importante, reprocha au lieutenant Wirth d'avoir
ontrarié sa politique. Cette téméraire équipée, couronnée
e succès, avait néanmoins provoqué la disparition d'un
efuge de bandits et rendu la sécurité à la route de Sokolo
Ras-el-Ma.
Démoralisé par l'énergique poursuite dont il a été l'objet.
heikh-ould-Sidi sent l'inutilité de la résistance et sollicite
'aman. Sur notre promesse d'évacuer Bassikounou,, il
ngent à payer un tribut annuel de 3.000 francs et s'engage
respecter nos protégés.
à
Au mois d'avril,,les troupes restées Bassikounou retour-
nent à Ras-el-Ma et à Tarsa, mais une section de la 2e compa- a
gnie s'installe en mai au puits de Guendouch. J
En août 1898 un raid du capitaine Imbert et du lieutenant J
Picart avec 30 spah'is contre les 0. Mendouh amène la
soumission de cette tribu. î
Les Maures du Sahel sont en grande partie soumis. Pour
assurer ces résultats, le général de Trentinian crée un ;
peloton de méharistes à Tombouctou, une compagnie de'
gardes-frontières et un escadron de gardes à cheval qui
sont répartis à Goumbou, Nioro et Sokolo,

§51. — Lutte contre les Touareg de l'Est.


Le commandant Brunet a succédé au commandant Réjou;
dans le commandement de la région Nord. Grâce à son
prédécesseur il n'a, en 1896, aucun engagement avec les
nomades.
A la fin de l'hivernage de 1890, il passe le commandement
de la région au commandant Golclschoen.
Au cours de l'occupation de l'Est-Macina par le comman.. 1
dant Destenave (voir §31), le lieutenant-gouverneur pense 1
à utiliser le Niger pour le ravitaillement des nouveaux. I
postes. Le voyage du lieutenant de vaisseau Hourst avait;
vérifié la navigabilité du Niger, il reste à s'assurer le droitI
de circulation auprès des Touareg. Le général de Trentinian fl
donne l'ordre au commandant Goldschoen de lancer de
légers détachements vers l'Est, pour, entrer en relations 9
avec les tribus riveraines du Niger. 8
En mai 1897, le commandant Goldschoen envoie le lieu- S
tenant de Chevigné (des spahis) auprès de Mabibou, 1
aménokal des bords du Niger en aval de Tombouctou, pour a i!

s'assurer que ses dispositions à notre égard n'ont pas changé M


depuis la visite du lieutenant Hourst. Le chef targui signe S
avec notre représentant un traité de commerce et d'amitié.
;9
Le lieutenant rentre à Tombouctou le 20 mai, rapportant, m
en outre, un permis de navigation du chef des Iguadaren.
9
Il avait constaté que le niveau du Niger aux basseseaux
est insuffisant pour assurer la navigation.

à52. — Echec de Rhergo (19 juin 1807).


A ce moment plusieurs tribus rebelles des Touareg de
TEst riverains du Niger, préparent un mouvement d'ensemble
contre les Français. L'époque est bien choisie, car le
commandant Goldschoen est alors dans le Sud avec une
grosse fraction de la garnison de Tombouctou. Averti que
des groupes de Touareg, au nombre de 3.000 environ, se
concentrent à Rhergo, le capitaine Paussier, commandant
par intérim, envoie de ce côté le capitaine Audié avec
95 tirailleurs de la 4e compagnie de soudanais et 41 spahis
sous le lieutenant de Chevigné et le sous-lieutenant de Latour
de Saint-Ygest, pour observer l'adversaire.
La colonne arrive le 18 juin 1897 à Rhergo ; le lendemain,
le capitaine Audié trouvant ses tirailleurs fatigués s'arrête
pour camper, laissant aux spahis le soin de sonder le terrain
vers l'Est.
Au bout de 3 heures de marche, une patrouille signale
les Touareg à Séréri, à l'Ouest de Rhergo. Le lieutenant de

;
Chevigné envoie des feux de salve à 800 mètres et oblige
l'ennemi à se retirer vers le Niger mais d'autres bandes
surgissent à ce moment d'un bois situé sur la gauche des
spahis et ceux-ci sont entourés par environ 300 cavaliers et
200 fantassins. La plupart des spahis sont tués ainsi que le
lieutenant de Latour ; seul, le maréchal des logis de Libran
et 10 cavaliers peuvent rejoindre l'infanterie, grâce au
dévouement du lieutenant de Chevigné, lequel, blessé et
tombé de cheval, se brûle la cervelle pour ne pas retarder
la retraite.
Se sentant trop faible pour agir contre les Touareg qui
semblent fort nombreux, le capitaine Audié se replie sur
Tombouctou et prévient le commandant Goldschoen qui se
hâte de regagner Tombouctou.
§ 53. — Combat de Gourzgaï (septembre 1897).
Enhardis par ce succès, les Touareg menacent Tom-
bouctou. Le commandant Goldschoen reprend résolument
l'offensive. Le 10 juillet à la tête de 250 hommes (4e et
11e compagnies) avec un peloton de spahis, il marche sur
Rhergo par la rive gauche du Niger. A son approche,
l'ennemi recule vers l'Est. Le commandant recueille les
corps des braves tombés 20 jours auparavant et les ramène
à Tombouctou. En apprenant les derniers événements, le
général de Trentinian dirige sur Tombouctou le comman-
dant Klobb (artillerie), commandant de la région du Sahel,
avec des renforts.
Dans l'intervalle, le commandant Goldschoen multiplie les
reconnaissances autour de Tombouctou et organise une
floltille de chalands armés pour la police du Niger.

Sahel ayant rallié, on organise 2 colonnes :


Au commencement de septembre 1897, les renforts du

Pendant que le commandant Klobb longera la rive gauche


du Niger, avec 400 fusils environ, Goldschoen descendra le

:
fleuve pour coopérer à l'action de Klobb.
La colonne Klobb comprend

3 Compagnies du régiment de tirailleurs soudanais;


la 4e Compagnie : capitaine Audié, sous-lieutenant Meynier;
la 12e Compagnie : capitaine Millet, sous-lieutenant Pujo;
1 Fraction de la IIe : lieutenant Guillermin;

1 Détachement des 15° et 16e Compagnies : lieutenant Sigoney;

18 spahis:
1 pièce de 80 de montagne;

lieutenant Delassus.

Le commandant, Goldschoen s'embarque sur les chalands


avec la 11e compagnie (lieutenants Delestre et de Fajolle) et
se fait appuyer par une canonnière. Quelques jours après
son départ, l'expédition apparaît en vue de Bamba. Avisé
par les spahis que les campements touareg sont à 3 kilo-
mètres de là, à Gourzgaï, la colonne se porte sur ce village.
Sous la protection de l'avant-garde, la 11e compagnie
débarque et s'unit à la colonne Klobb qui, formée en carré
et flanquée de patrouilles, s'avance au-devant de l'adver-
saire. Les Touareg s'élancent à l'attaque. Le sergent indi-
gène Mamadou Diaye, qui commande une des flancs-gardes,
reçoit le premier choc et reflue sur le gros en luttant pied
à pied. Malgré la violence des feux de salve, les Touareg

:
entraînés par leur course, ne s'arrêtent qu'à quelques
mètres des tirailleurs l'un de ceux-ci est même traversé
totalement par une lance.
Refoulé en désordre, l'ennemi s'enfuit avec de grosses
pertes, poursuivi par les spahis qui lui infligent un peu
plus loin une nouvelle défaite. Le 22 septembre, la colonne,
rentre à Tombouctou avec un butin considérable.
Pourtant les Touareg continuent à nous être hostiles,
surtout les Iguadaren fanatisés par Ngouna. En octobre et
novembre 1897, les commandants Goldschoen et Klobb ont
encore avec eux plusieurs engagements, entre autres à
Gourzgaï (18 novembre) où les nomades se retirent avec
18 tués et de nombreux blessés.
Pendant ce temps le lieutenant Delestre, nommé chef de
la flottille des chalands, parcourt activement la vallée. Averti
à la fin de décembre que Abiddin est retourné à Bamba
-avec 300 ou 400 hommes, le lieutenant accourt et, grâce aux
canons des vapeurs le « Mage » »
et le « Niger et aux feux
-de salve des tirailleurs, disperse le rassemblement. Abiddin,
jugeant que la saison des hautes eaux ne lui est pas favo-
rable, s'éloigne vers l'Est.

354. — Opérations du commandant Klobb contre les


Touareg du Sud (mai-juillet 1898).
Au commencement de janvier 1898, le commandant Klobb
remplace le commandant Goldschoen à Tombouctou.
Au mois de mai, informé que Abiddin se montre de
nouveau sur les bords du Niger, il se porte contre lui avec
un demi-escadron de spahis, une section d'artillerie,
2 compagnies de tirailleurs (lie et 12e) et la flottille du lieu-
tenant Delestre. Le 22 mai il atteint les Kounta aux environs
de Bamba et les bouscule.
Se tournant alors contre Sakaoni et Ngouna, le comman-
dant Klobb passe sur la rive droite du Niger et du 25 au
31 mai harcèle les Touareg sans relâche. Serrant de près les
Jg-uadaren, il les accule au Niger près de Iloa, à 30 kilo-
mètres en aval de Bousouna. les canonne jusque sur la rive
gauche et les contraint de se réfugier vers Gao sur les terri-
toires de Mabibou. Puis prenant comme objectif les Kel-
Anlassar demeurés en arrière, il les écrase fi Bousouna
'5 juin).
Le commandant, laissant à Bamba le lieutenant Delestre
avec Ja fî.JMj]Jf- et la lj* compagnie, regagne Tombouctou.
A peine a-t-il disparu que les Kel-Antassar et les Jg-ua-
daren, sollicités par Abiddin, se réunissent et viennent le
2't juin assaillir le lieutenant Delestre ; pendant 3 heures il
leur tient tête avec ses 40 hommes et réussit à se dégager.
Les Touareg se séparentd'Abiddin qui cependant le
iï juillet livre un nouvel assaut au lieutenant Delestre
mais aux premiers coups de canon, ses hommes se déban-
;
dent de toutes parts. Ahiddin s'enfonce alors au Sud, puis à
1Lst, et se dirige sur le Niger pour rentrer sur la rive
gauche.
Apprenant ce mouvement des Kounta, le lieutenant
Delestre redouble de surveillance. Le 21 juillet il tombe sur
Abiddin à Dongoï, au moment où celui-ci passe le fleuve,
lui enlève son butin et disperse la colonne.
Ab.-idin fe replie vers l'Est et pendant tout l'hivernage
on n entend plus parler de lui. Quant aux Jguadarcn. ils
offrent leur soumission et sontdésormais tranquilles.
Voyant qu'il est inutile d'insister auprès d'eux, Nyouna
s achemine par le d'-ert. sur les bords du lac Faguibine
pour semer la révolte parmi les Kel-Autassar de l'Ouest ;
ceux-ci invoquent la protection du commandant Klobb qui

i
envoie à leur aide le lieutenant Grossard: (iO compagnie)
avec un peloton monté à chameaux.
Au cours de sa reconnaissance, le lieutenant se heurte
vers Immamella (novembre) aux derniers partisans du chef
targui et entame avec eux un combat durant lequel Ngouna
est tué. Cette mort met fin aux entreprises des Touareg
autour de Tombouctou.
Le 28 novembre le lieutenant Mevnier crée définitivement
un poste à Bamba, le premier à l'Est de Tombouctou, et
organise un peloton méhariste analogue à celui qui fonc-
tionne déjà à Tombouctou.

§ 55. — Conquête des rives du Niger de Bamba à Ansongo


(décembre 1898, février 1899).
Le capitaine Voulet, ayant été chargé par le Ministre
des colonies d'une mission vers le Tchad, désirait utiliser
la voie du Niger pour se rendre à Say. Le lieutenant-colonel
Audéoud, pour lui faciliter le trajet, décide de prendre effec-
tivement possession des terrains de la rive droite jusqu'à
Say.
Il ordonne en conséquence au lieutenant-colonel Rlobb,
commandant de la région de Tombouctou et au comman-
dant Crave, chef de la région Est-Macina, de former chacun
une colonne pour garantir le capitaine Voulet jusqu'au
point où il s'éloignera du Niger. En particulier Klobb escor-
tera la mission le long du fleuve jusque vers Sinder ; au
retour il installera des postes sur le Niger, de façon à
imposer notre influence aux tribus riveraines.
A la fin de novembre 1898, le lieutenant-colonel 100bh

Tirailleurs Soudanais :
quitte Tombouctou avec deux compagnies du Régiment de
la 11e compagnie (lieutenants
Delestre, de Fajolle et Gressard), la 4e compagnie (capitaine
Cristofari, lieutenants Desclaux et Hutin) et une section
d'artillerie. Il longe la rive gauche en marchant parallè-
lement au capitaine Voulet, lequel descend le fleuve sur
les chalands de la flottille dont deux sont armés en guerre.

«
;
A l'approche de la colonne, les Aouélémidden. se
retirent
dans le Nord-Est seuls les Tademk-Kel-Bouroum s'unissent.
aux Kel-es-Souk dans la région des mares de la rive droite.
Le lieutenant-colonel se porte contre eux et du 8 au
12 octobre châtie un groupe des Kel-es-Souk ; les autres se-,
sauvent sans résister. Laissant le capitaine Cristofari à
Gao, le lieutenant-colonel Klobb continue à descendre le-
Niger.
Avisé que les Touareg du Sud se sont rassemblés à la.
mare d'Ansena à l'Ouest d'Ansongo, il s'avance contre eux.
Bientôt les Touareg reculent vers les mares de Gossi et
demandent la paix.
Le 25 décembre, la colonne opère sa jonction avec celle
du commandant Crave à Ansongo. Le lieutenant-colonel
Klobb confie alors la mission Voulet à la garde du comman-
dant Crave, et libre de ses mouvements, établit un poste
à Ansongo (lieutenant Gressard), un autre à Taoussa et
revient sur Gao, où dit-on, les Aouélémidden ont l'inten-
tion d'attaquer les Français (13 janvier 1899).
Le lieutenant-colonel construit à Gao, en un emplacement
dominant, un poste solide et attend vainement l'assaut des
Touareg. Convaincu que ceux-ci n'osent pas se présenter,
il lance dès le 10 janvier des reconnaissances aux environs.
Le lieutenant Desclaux remonte le Niger jusqu'aux monts
Tondibi et razzie les Imédédren, tribu vassale des Aouélé-
midden le capitaine Cristofari se dirige vers l'Est contre
;

les Tin-Guéréguedesch et les chasse des puits de Tégui-


roualt et d'Argabech ; le lieutenant de Fajolle pousse dans
le Sud, visite les puits de Diourou, Zakaouan, Tissakan et
s'arrête à peu de distance du puits desséché de Samit.
Enfin le lieutenant Ilutin s'assure que les Tin-Guérégué-
clesch ne sont pas revenus à Argabech et constate leur dispa-
rition vers l'Adrar des Iforhas.
Dans l'intervalle le lieutenant Delestre termine le poste ;.
de nombreux vassaux des Aouélémidden ou des Kel-es-Souk
se soumettent, ainsi que les Tadenrk-kel-Bouroum.
De son côté le lieutenant Meynier exécute un raid contre
les Kel-Tabankort, vers le puits de Marzafal situé en plein
désert à 110 kilomètres au Nord de Bamba.
-Le 2 février 1899, le lieutenant-colonel Klobb quitte Gao,
y laissant le lieutenant Delestre et revient à Tombouctou.
Là, il remet le commandement de la région Nord au
commandantDelval et gagne Kayes pour être rapatrié.

§-56. — Premières formations méharistes et reconnaissances


au Nord de Tombouctou.
Les premières formations méharistes dans les confins
Nord du Soudan sont dues au commandant Klobb. En 1897
il crée un corps de chameliers, destiné en principe à la
conduite des convois, mais qui peut également être utilisé
pour éclairer les colonnes et reconnaissances. Malheureu-
sement les chameaux rassemblés à Tombouctou et Ras-
el-Ma périssent avant d'avoir été utilisés.
En 1898, le lieutenant de Gail organise un groupe méha-
riste de 32 hommes, avec lequel il effectue de nombreuses
tournées autour de Tombouctou.
Installé à Bamba, le peloton méhariste participe en
novembre 1899 aux opérations contre les Bérabiches dissi-
dents. Ces derniers ayant tenté de razzier le village de
Ernessé, 28 kilomètres Est de Tombouctou, et de soulever

:
les autres tribus touareg, deux reconnaissances marchent
contreeux
.— l'une partant de Tombouctou, commandée par le capi-
taine Grémillet (6e compagnie du Régiment Soudanais et
peloton de cavaliers du Sahel) ;
capitaine
— l'autre partant de Bamba, sous les ordres du
Quérette (50 tirailleurs de la 4e compagnie, peloton méha-
riste de Gail et 15 spahis).
Le campement du chef des dissidents, Ould Mehemet, est
surpris au puits de Iouahouaten. Le 28 novembre, les
deux détachements font leur jonction au puits de In Alay.
En septembre-octobre 1900, le lieutenant Fiction e&ëciit-e,
avec 18 spahis et 50-auxiliaires-, une- rftCO-ItmaJ'ss;anc-e.dë1
Tombouctou à Araouam parBôu^Djehiba»<qulpeut'être'COïM^-
dérée comme le point de départde la^pénétratl'oïl dansles
confins sahariens.

§57. — Opérations dans la région-Est-Diacinia (mai 1808,


janvier 1900). — Reconnaissances au Mossi et au Liptako
(mai 1898).
Au mois d'avril 1898, le commandant Crave succède à

;
Bandiagara au commandant Destenave comme commandant
de la région Est-Macina un grand nombre des officiers>de-
la mission Destenave sont remplacés à la même époque.
Pour assurer la frontière Sud du Mossi, le capitaine Scal,..
qui commande à Ouagadougou, envoie en mai le lieutenant
Dussault fonder un poste à Kamoéga, village de Kassang-o.
Renforcé en route par 15 cavaliers du naba de Bittou, notre
allié, le lieutenant s'avance avec ses 30 tirailleurs auxiliaires
sur Kamoéga où il est bien accueilli. Mais bientôt il est
entouré par une bande de plus de 600 guerriers du voisi-
nage, qui lancent sur sa troupe des feux de salve. Voyant
ses munitions diminuer et le nombre de ses adversaires
augmenter, il se retire sur Zebilla où se trouve une
garnison.
Formant ses hommes en carré, il s'ouvre un" passage à
travers les ennemis et réussit à se dégager avec 2 hommes
blessés seulement. Les Kassango ont plus de 40 tués et un
grand nombre de blessés.
A la même époque, au Liptako, le capitaine deComa
(cavalerie), résident à Dori, averti que les Logomaten campés
jusqu'alors vers Sinder sur le Niger se sont avancés mena-
çants sur la mare d'Ossolo à 50 kilomètres de Dori, se porte
sur ce point avec les tirailleurs du capitaine Muller
(16e compagnie). Après 9 jours de marche rapide, il atteint
les Touareg et les force à s'éloigner. Ce succès produitun-
certain effet. Pourtant l'agitation:continne à régner à l'Ouest
de Sinder, soigneusement entretenue par le marabout
Modibt-Ditgourou et par Bokar-Ouandiédou, chef des-
L«g*maten.

S 58. -
Expédition du commandant Grave contre les Logo-
maten (octobre-novembre 1898).
Le lieutenant-colonel Audéoud avait prescrit au comman-
dant Crave de refouler les Touareg du Gorouol, les chasser
sur la rive gauche du Niger, convoyer la mission Voulet à
son arrivée à Sinder jusqu'à Say et créer des postes sur le
fleuve en amont de Say, de façon à permettre la libre navi-
gation de Tombouctou à Say.
Au moyen d'éléments pris dans les divers postes de la
région, le commandant Crave concentre à Dori la colonne
suivante :
1 Peloton de spahis: lieutenant Dckmnay;
2 pièces de 80 : lieutenant Charpentier;

3e Compagnie
16e Compagnie
::
3 Compagnies de tirailleurs soudanais;
capitaine Mutlr-r, adjudant Noirtin;
capitaine Mongrand,adjudant Daste;
1 Compagnie de tirailleurs auxiliaires : lieutenant Hugo.

Le commandant Grave avait comme adjoints le capitaine


de Coma (cavalerie) et le lieutenant Delbor; le docteur
Roquemaure accompagnait la colonne.
Le 21 octobre '1898, le commandant Crave se met en
marche sur Diagourou. Le surlendemain, après un parcours
de 100 kilomètres, il surprend l'adversaire et le met en fuile
après un léger combat. De nombreuses patrouilles circulent
les jours suivants aux environs, s'emparent de 5 villages et
provoquent de nombreuses soumissions.
Le 26, la colonne s'engage vers le Nord sur les traces de
l'ennemi et gagne Téra. Apprenant que les Logomaten
cherchent à se dérober, le commandant Crave laisse en
arrière le convoi avec le lieutenant Hugo et part le soir
même à la poursuite de Bokar qui est à 30 kilomètres de là.
Dans la journée du lendemain, la colonne rejoint les
Touareg à Garakoïré, sur les bords du Niger à 35 kilo-
mètres en amont de Sinder, et leur inflige une sévère
leçon.
Quelques jours après, le lieutenant Hugo ayant rejoint le

sont réfugiés les Logomaten ;


convoi, le commandant Crave marche sur Sinder, où se
le 2 novembre les Français
arrivent devant l'agglomération qui porte le nom de Sinder.
Elle se compose de cinq îles très riches, où les habitants
ont accumulé du grain. Le Niger est en cet endroit bordé

;
par des dunes de 25 à 30 mètres de haut et a une largeur de
plus de 6 kilomètres entre le fleuve et les dunes se trouve
une zone marécageuse, de 400 à 500 mètres de large, cultivée
en rizières. Ne pouvant déployer ses troupes, le comman-
dant s'établit sur une dune dominant l'agglomération et
ouvre le feu sur les îles.
Les défenseurs évacuent la première île distante de
300 mètres de la rive, et s'abritent dans les autres du côté
Est qui n'est pas exposé à l'artillerie. Pour les attaquer les
pirogues nous font défaut. Pour y remédier, sur la propo-
sition de l'adjudant Noirtin, on construit pendant la nuit
deux radeaux en paille. Au matin le passage commence, et
à midi, la première île tombe entre nos mains. Un poste
y est immédiatement élevé.
Le 5 novembre une pirogue ayant été découverte, la
compagnie Mongrand occupe la deuxième île qui est
déserte. A cause de la profondeur et de la rapidité du
courant, le commandant renonce à occuper les autres îles.
Laissant l'adjudant Daste avec 50 tirailleurs et les blessés
dans le nouveau poste, il retourne à Garakoïré, où dans
l'intervalle le lieutenant Hugo a harcelé à différentes reprises
les Touareg des environs.
Le 13 novembre 1898, le commandant ayant enfin trouvé
des barques, remonte le Niger vers Kentadji où se sont
groupés les fuyards de Sinder, les contraint à déposer leurs
armes et pousse jusqu'à Ayorou et Dounzou dont il s'empare.
: Après
une reconnaissance sur Labézenga le commandant
Crave, apprenant que le lieutenant-colonel Klobb ne sera
pas à Ansongo avant le 15 décembre, profite de ce répit
pour marcher contre Ndiougui, qui a rassemblé les tribus
touareg des Oudalan et du guerrier Amadou-Atour dans le
Gorouol.
Confiant au capitaine Mongrand (16e compagnie avec une
pièce de 80) le soin de bâtir un poste à Dounzou, le comman-
dant s'avance le 26 novembre sur Yatakala. Là apprenant
que l'ennemi s'est réfugié vers les mares du Nord, il dirige

;
les auxiliaires du lieutenant Delbor (27) sur Dori pour en
ramener des vivres et des munitions puis il se porte hardi-
ment contre les Touareg avec les spahis, le capitaine Muller
et une pièce de 80.
Le ler décembre 1898, au sortir de la mare de Dakol, les
spahis signalent la présence de Ndiougui un peu en avant

;
de la mare Falikine. L'épaisseur de la brousse empêche la
colonne de se former en carré en un instant elle est
assaillie par 300 cavaliers qui bousculent tout ce qui se
trouve devant eux, les spahis sont rejetés dans l'infanterie.

;
Le lieutenant Charpentier et le docteur sont roulés à terre
avec leur monture et foulés aux pieds la section de tête
(Noirtin) est complètement cernée. 'Pourtant les tirailleurs

;
reprennent leur sang-froid, le lieutenant Charpentier court
à sa pièce et fait tirer à mitraille le capitaine Muller réussit
à faire former le carré et ouvrir le feu à volonté, l'ennemi
disparaît.
Après cette alerte la colonne continue son mouvement.
Trois kilomètres plus loin elle est attaquée par le gros des
Touareg (500 fantassins et 300 cavaliers) qui échouent tota-
lement. Décimés par les feux de salve, les Touareg sont

(27) Le Lieutenant Hugo, atteint d'une attaque de paralysie, a


remis le commandement au Lieutenant Delbor.
bientôt en pleine déroute ; deux des fils de Ndiougui sorat
tués ainsi qu'Ahmadou-Atour, chef'des Saïbabay. La colonne
n'avait perdu que 2 tués et 8 blessés.
Le commandant Grave revient alors à Yatakalsa, où le
5 décembre 1898 il est rejoint par le lieutenant Delbor et fe
surlendemain il arrive à Dounzou.
Le 10 il repart et longe le Niger jusqu'à Ansongo pour y
attendre la mission Voulet. Le 20 décembre elle arrive avec
ses chalands et continue la descente du Niger vers Say,
protégée par un détachement de tirailleurs fourni par le
commandant Crave.
Cinq jours plus tard la colonne rencontre la colonne
Klobb, puis rentre à Dounzou après avoir installé un po-ste
à Labézenga.
Le commandant séjourne à Dounzou jusqu'au 16 janvier,
réprimant des rébellions à Firkou, Ayorou et pacifiant les
environs. Renforcé à ce moment par le lieutenant Beaudu
(16e compagnie), les sous-lieutenants Coiscaud (16s compa-
gnie), Guerrier (3e compagnie) et un groupe de tirailleurs,
il laisse à Dounzou le lieutenant Coiscaud et retourne sur
Sinder.
En chemin, il a une légère escarmouche avec les Logo-
maten qui sont dispersés par le sous-lieutenant Guerrier.
Dans l'intervalle, l'adjudant Daste a battu les Logomaten
en plusieurs rencontres et obtenu la soumission de la popu-
lation noire des îles et de plusieurs tribus touareg. Le capi-

spahis et le docteur Roquemaure. *


taine Mongrand reçoit le commandement du poste de Sinder
occupé par la 16e compagnie, une pièce de 80, quelques

Le commandant Grave rentre à Dori (16 février 1899) et


peu après remet à Bandiagara le commandement de la
région de l'Est-Macina au commandant Simonin.

§ 59. —Reconnaissances dans le Kipirsi, le Yatenga et le


Hombori (février-avril 1899).
Certaines tribus de pillards parcourent les provinces du
Kipirsi et du Yatenga ; de plus, du côté de Hombori, les
Kel-Gossi sont toujours hostiles. Pour faire cesser ces
mouvements, les postes de Ouagadougou, Ouahigouya et
Bandiagara vont être obligés d'intervenir en février, mars
et avril 1899.
Aussitôt arrivé à Ouagadougou, le capitaine Amman
(artillerie de marine), successeur du capitaine Scal, fait une
tournée dans le Kipirsi pour y ramener le calme. Avant de
l'entrer à Ouagadougou, il veut punir les habitants de
Goursi, qui plusieurs fois ont pillé les marchands de

;
passage. Avec 60 tirailleurs et 20 spahis, il se porte sur
Goursi, dont le chef refuse de délivrer des vivres le lieute-
nant Grivart, des spahis, envoyé en avant avec s-es cava-
liers, est: attaqué.
Le capitaine Amman accourt avec les tirailleurs pour
disperser le rassemblement, fouille les cases et en déloge
les indigènes. Le lieutenant Grivart est atteint d'une flèche
empoisonnée et succombe quelques instants après. Le

;
village de Goursi est sévèrement châtié (14 février 1899).
Néanmoins l'agitation continue dans la contrée pour en
finir le capitaine Boutig (artillerie de marine), chef du poste
de Ouagadougou, circule du 21 avril au 23 mai dans le
Yatenga et y affermit notre autorité.
D'autre part, au commencement de mars, les Kel-Gossi
ayant poussé leurs incursions jusque dans le IIombori, les
habitants du pays demandent au commandant de Bandia-
gara un poste pour les protéger. Le lieutenant Richard
d'Ivry (guerre) marche contre les Touareg avec un peloton
d'auxiliaires. Un géologue M.Legeal, qui marche avec la
petite colonne, est entraîné par son cheval au milieu des
Touareg qui le massacrent. Le lieutenant Richard d'Ivry
se met à la poursuite des Touareg, les rejoint dans le
Hombori, et, par de sévères exemples, venge la mort de
M. Legeal.
§ 60. — Dernières opérations contre les Touareg du Sud
(avril 1899, janvier 1900).

Les postes établis entre Ansongo et Say sur le Niger.


étaient insuffisants pour une aussi vaste étendue. Aussi les,
Touareg avaient-ils toute latitude pour traverser le fleuve
et organiser des razzias. Les chefs de poste reçoivent des
instructions fermes pour s'opposer à ces passages.
Au milieu d'avril, le lieutenant Coiscaud (16e compagnie),
commandant le poste de Dounzou, averti que des bandes
touareg franchissent le Niger près de Kentadji, s'avance
contre elles et capture une partie de leurs troupeaux.
Au retour (24 avril), il se rend à Ayorou et Kentadji pour
acheter des roniers nécessaires aux constructions, mais les
habitants montrent une mauvaise volonté évidente. Irrités
d'être taxés d'une amende, ils attaquent l'officier au moment
où il embarque en pirogue et le blessent de plusieurs coups
de lance.
Le commandant Simonin prescrit au capitaine Mongrand
de réprimer cet altentat. Le 5 mai, celui-ci quitte Sinder
avec les 130 hommes de la garnison (tirailleurs, spahis et
canonniers) et 6 jours après arrive en vue de l'île de
Kentadji. Il aborde l'île de front avec la plus grande partie
de ses forces, tandis que le lieutenant Beaudu la prend à
revers. Pendant 3 jours les défenseurs résistent énergique-
ment. Le M mai l'assaut est donné de trois côtés à la fois
et après un brillant combat où le sous-lieutenant Guerrier
et le sergent Delansornc (3e compagnie) se signalent parti-
culièrement, l'adversaire évacue ses positions.
Désormais la vallée est paisible. Mais les Touareg du
Sud ne sont nullement bridés.
Exploitant le meurtre de M. Legeal, Ndiougui excite
contre nous les Ivcl-Gossi et les tribus voisines. En juin, il
à
cherche s'unir aux Aouélémidden de la rive gauche pour
une razzia dans la direction de Fada. Les lieutenants
Delestrc et Gressard entravent ce mouvement et le 11 juil-
let 1899, infligent près de Bouro des pertes sérieuses à
Ndiougui.
Pour achever la pacification des Touareg, le colonel
Septans est nommé commandant supérieur des régions
Nord et Est-Macina, avec mission d'user de la persuasion
et de n'employer la force que contre Ndiougui. Le colonel
Septans constitue une colonne à l'aide des troupes levées
dans les deux régions. En septembre et octobre, il harcèle
les dissidents dans larégion des mares et réussit à refouler
Ndiougui au delà du Niger. Les Kel-Gossi et les Aouélé-
midden offrent la paix.
A la suite de ces succès, tout le secteur du Niger entre
Labézenga et Sansané-haoussa forme un nouveau cercle,
celui de Dounzou, sous le commandement du capitaine Moll,
de l'Etat-Major hors cadres. Celui-ci déploie une grande
activité pour interdire l'accès du Niger aux Touareg rebelles
et à la fin de l'hivernage empêche Ndiougui de revenir sur
la rive droite. Découragé, le chef targui se soumet sans
conditions.
Le capitaine Moll se tourne alors vers les Logomalen, et
détache contre eux une forte colonne commandée par le
lieutenant Figeac. Celui-ci surprend le campement des
nomades, saisit une centaine d'entre eux et s'empare de
nombreux troupeaux (janvier 1900). Réduits à l'impuissance,
les Logomaten ne bougent plus. Les Ouara-Ouara, les
Kelguérif déposent les armes et Mabilou lui-même se
soumet.

§61. - Pacification de la région Niger-Volta (juin 1898,


mars 1899).
Après avoir rejeté les Sofas de la haute vallée du
Bandama (voir § 43), le commandant Pineau s'était porté
sur Kong (8 juin 1898). Il crée le cercle du Haut-Bandama
avec le lieutenant Cotten (19e compagnie) et celui de Kong,
avec le capitaine Chaptal (17e compagnie). Le lieutenant
Cotten, malgré l'hivernage, parcourt son cercle d'un bout à
l'autre et en exécute la topographie. Le capitaine Chaptal
envoie des reconnaissances au Djimini et au Diamala. L'une
d'elles, conduite parle lieutenant Pruneau (9e 'compagnie)
son adjoint,, pousse jusqu'au pays Mango et se met en
liaison avec les postes de Boudoukou et Kouadiokoffi de
la Côte d'Ivoire.
Pendant ce temps, le commandant Pineau met en route
sur Bobo-Dioulasso les quatre compagnies avec lesquelles
il venait d'opérer sur le Haut Bandama avec les spahis, ién
les acheminant par quatre voies différentes. Tous ces
éléments arrivent à Bobo-Dioulasso le 15 juillet 1898 munis
d'itinéraires complets.
A son retour, la compagnie Benoit (8e auxiliaires) est
chargée d'installer un poste à Bouaké. Enfin 50 tirailleurs
avec le lieutenant Benard (18e compagnie) occupent Bouna,
que la convention du 14 juin 1898 force les Anglais à nous
abandonner. De Bouna, le lieutenant Benard se porte sur
Bondoukou où il arrive le 25 juillet.
La liaison entre le Soudan et la Côte d'Ivoire est réalisée.
Le pays du Sud du Lobi formera le cercle de Bouna, avec

région en tous sens :


le capitaine Morisson pour chef. Des officiers sillonnent la
le lieutenant Hameau remonte le
Baninko, le lieutenant Froechen (19R compagnie) longe le
Comoé jusqu'à sa source. Le lieutenant Dubois descend la
Volta-Noire jusqu'à hauteur de Bouna. Leurs relevés topo-
graphiques sont centralisés à Bobo-Dioulasso par le lieute-
nant Méjanel (3e compagnie). Beste à affermir l'ordre dans
les provinces et à imposer notre domination aux tribus
encore insoumises.
C'est ainsi que, au Tierla, vivent des peuplades sauvages,
les Mboin et les Karaboro, qui refusent obéissance au
commandant du cercle de Bobo-Dioulasso. Cette attitude
hostile étant dangereuse pour les postes du Bandama
menacés d'être coupés, le commandant Pineau détache au
Tierla la 9e compagnie (capitaine Teissonnière,lieutenants-
Feist et Froechen, sous-lieutenant Schwartz) pour réduire
Les rebelles.
D'U 14 aoûtau 4 novembre 1808, le capitaine Teissormière
avec ses 130 ho-mmes parcourt un terrain difficile et :livre-
les combats de Zabola (4' septembre), Bamfora, Bohéri
(9 septembre)., Maningara, Boukari (31 octobre), pendant

du Tierla demandent provisoirement l'aman


n'ont pas fini de faire parler d'elles.
;
lesquels il a 3 hommes tués et 12 blessés. Les populations
mais elles

A la même époque le lieutenant Modest, chef du poste


de Diébougou, lance plusieurs patrouilles dant le Lobi où
sont signalés des groupes en armes. Le sergent Bergeron

ÎSO noirs environ;


(18B compagnie), en réquisition vers Palani, est assailli par
atteint de 4 flèches il rallie son monde,
riposte par des feux de salve et se retire vers Lomprelé. En
chemin, le caporal Birama Diallo succombe aux blessures
qu'il a reçues.
Plus au Sud, le capitaine Benoit, renforcé à Kong, par une
fraction de la garnison (lieutenant Pruneau, sergent Sallat),
a'.avance sur Bouaké, pénètre dans la ville et y construit mn
poste avec deux annexes à Kombara et Andromie. Unissant
leurs efforts contre nous, Baoulés et Ngans attaquent le
23 décembre et cernent la redoute de Kombara. Pendant
5 jours, du 26 au 31. décembre, le lieutenant Pruneau lutte
contre les assiégeants et après 4 engagements, réussit à
débloquer Kombara. Les Ngans s'enfuient sur la rive gauche
du Comoé.
De son côté le commandant Pineau, désireux de prendre

:
contact avec le Niénégué et le Minianka, forme une colonne
ainsi composée

:
50 spahis lieutenant Cabnrrus;
2' Compagnies de tirailleurs ;
9e Compagnie : capitaine Teissnnnière, lieutenant Feist:
1 cVauxiliaires r capitaine Simonin, lieutenant Modest;
1 section de 80 : lieutenant Sasportes.
Le 2 décembre il quitte Bobo-Dioulasso et s'achemine sur
Béréba, capitale du Niénégué. Intimidés, les habitants
n'osent résister et acceptent notre suzeraineté. Des recon-
naissances circulent aux environs et ouvrent une route
directe de Bobo-Dioulasso à Boromo.
Le commandant se porte ensuite à Pâ (13 décembre 1898),
où près de 1.000 guerriers se sont concentrés pour marcher
contre lui. Mais ils déposent les armes sans se défendre. De
Pâ, la colonne se rend à Boromo et Sono. Le siège de ce
dernier cercle est transféré à Koury, sur la Volta.
Le 15 janvier 1899, le commandant Pineau se porte en
direction de Djenné. Avisé que les gens de Pérakuy ont des

Teissonnière ;
intentions belliqueuses, il pousse en avant le capitaine
le 21 janvier 1899, cet officier enlève le
village d'assaut et le surlendemain la colonne arrive à
Sienso, où elle séjourne jusqu'à la fin du mois.
Dans l'intervalle, le commandant procède à l'inspection
du cercle de San et porte le chef-lieu de San à Koutiala.
Le février 1899, la colonne s'avance dans le Minianka
1er
sur un front de 100 kilomètres, partagée en autant de
groupes qu'il y a d'officiers. Elle obtient successivement la
soumission des villages de Dougouéla, Mpesoba, Konsé-
guéla, Tembéla, Tiéré, Moribila et Zébala.
Le 6 mars, le commandant Pineau rentre à Bobo-Diou-
lasso. Pendant ce temps, une ligne télégraphique, devant
relier le Soudan à la Côte d'Ivoire, a été établie de Lanfiéra
à Bobo-Dioulasso par Sono et se poursuit vers Kong. Les
travaux sont interrompus par la mauvaise volonté des indi-
gènes de la Léraba (affluent du Comoé). Le capitaine
Marchaisse les châtie vigoureusement.

;
A peine revenu, il est envoyé au Niénégué où l'agitation
règne de nouveau il punit sévèrement les villages de Sara,
Nioukhéna, puis ceux de Somona et Nempéna. Malgré tout,
ce pays est loin d'être définitivement pacifié.
§ 62. — Seconde exploration du lieutenant Woelfel sur le
Haut-Cavally (mai-septembre 1899).
Les tentatives faites en 1897 par le lieutenant Blondiaux,
par MM. Eysseric et Toroyé, pour se relier à travers la
grande forèt de la Côte d'Ivoire (voir § 38) avaient échoué
devant l'hostilité des habitants. Après la chute de Samory,
le Gouvernement général profite du prestige acquis sur les
indigènes pour reprendre le projet.

d'Ivoire remontera le Cavally ;


Deux missions sont organisées. L'une partant de la Côte
l'administrateur Hostains et
le lieutenant d'Ollone en sont chargés'. L'autre partant du

précédente ;
Soudan, descendra le Diougou ou Cavally pour s'unir à la
cette mission est confiée au lieutenant Woelfel,
qui avait déjà, l'année précédente, accompli une première
reconnaissance de la région (voir § 45).
Accompagné de 130 tirailleurs du Régiment Soudanais
(lieutenant Mangin, docteur Lemasle, sergent Ariste), le
lieutenant Woelfel se met en route le 19 mars et de Beyla
se dirige sur Lola où il entre 8 jours après. Un poste y est
créé et laissé à la garde du sergent Ariste avec 30 tirailleurs.
Ce poste se tiendra en relation constante avec le détache-
ment, de façon à lui expédier courriers et vivres.
Dans une reconnaissance aux environs du poste pour
Uter le terrain, le lieutenant Mangin est attaqué et retourne
à Lola avec deux hommes blessés. En présence de cette
attitude, le lieutenant Woelfel envoie Mangin à Man, village
qui s'est rallié à nous, pour y recruter des auxiliaires. Le
lieutenant Mangin rejoindra ensuite le gros de la colonne.
Bien accueilli à Man, le lieutenant Mangin reçoit des
renforts et repart pour le Sud. Le 30 avril 1899 à Ninéné, il
se heurte à une sérieuse résistance et est obligé d'enlever
le village d'assaut. Harcelé par les Gbololo, le lieutenant
arrive le 3 mai à Gouatongui avec un homme tué et 3 blessés
y
et rejoint son chef venu de Nzo.
La mission se porte alors sur Guékangoui. Averti que-
les gens de Danané veulent lui barrer la route, le lieutenant
Woelfel partage sa troupe en deux fractions pour abaMer
le village par deux chemins différents et évite ainsi un
désastre.
En effet, les Gbololo coupant par des abatis la route habi-
tuelle de Danané, ont aménagé une belle route bifurquant

;
sur une clairière semée de bas-fonds, dont les crêtes sont
garnies de tireurs ils espèrent que les Français tomberont
dans ce piège. Mais le lieutenant Woelfel s'arrête à la bifur-
cation, pour attendre que le lieutenant Mangin soit. parvenu
sur les derrières du. village. Se lançant alors en avant, il
entre à Danané et en chasse les habitants.
La colonne ne tarde pas à être assiégée dans le village.
Huit jours de lutte triomphent des Gbololo qui se soumettent.
Nous avions 2 tués et 6 blessés, dont le lieutenant Mangin.
La colonne reste à Danané jusqu'au 15 juin. A cette date le
lieutenant Mangin marche sur- Logoualé ou les Yaro se s'ont
rassemblés en armes et s'en empare après un vif combat,
qui lui coûte 5 tués et 8 blessés.
De son côté le lieutenant Woelfel pousse une pointe dans
le Sud. 11 fonde un poste à Nouantoglouin et décide d'y
passer l'hivernage, remettant à la bonne saison pour se
relier à la mission Hostains qu'il sait parvenue à 70 kilo-
mètres de là.
Pendant l'installation du poste, de fréquentes patrouilles
circulent pour éloigner lesYaro toujoursrebelles.Ceux-ci
essaient plusieurs fois, mais sans succès, d'assaillir le' poste'.
A la fin d'août, le lieutenant Mangin les disperse à Logoualé,
où il est encore blessé.
A ce moment le poste est achevé et le lieutenant AYoelïel
se dispose à rejoindre AI. Hostains ; mais il est arrêté par
des ordres du Ministre des colonies et, peu après, rappelé.
On peut, néanmoins, considérer la jonction du Soudan
et de la Côte d'Ivoire, par l'Ouest, comme réalisée. Et, en
effet, en décembre 1899 la mission Hostains-d'Ollone était
signalée à Nzo.
DU NIGER AU TCHAD (1898-1900)

SG3. — Mission Cazemajou (1898).


La mission du capitaine Cazemajou (du Génie) (28) était
composée de l'interprète Olive, de l'interprète indigène
Badié Diara, du sergent Samba Taraoré, du caporal Kouby
.Keïta, de 16 tirailleurs de la 18° compagnie et de 16 domes-
tiquesou palefreniers civils. Elle devait marcher vers l'Est
jusqu'au Tchad, pour tenter de relier nos possessions du
Soudan à celles du Chari.
Le massacre de cette mission a fourni l'occasion, à un
groupe de gradés indigènes et de tirailleurs du Régiment
Soudanais, d'accomplir à Zinder un fait d'armes qui s'appa-
rente aux pages militaires les plus héroïques de tous les
temps et de tous les pays.
La mission quitte Karimama (sur le Niger) le 10 dé-
cembre 1897 et arrive le 11 avril a Zinder, sans autre inci-
dent que la désertion d'un domestique. Reçue avec de
grandes démonstrations d'amitié, la mission guidée par le
chérif (ou envoyé du sultan) s'installe à 1.200 mètres du
village dans une soukala fortifiée, où on lui envoie des
vivres.
Au bout de 20 jours, le 2 mai 1898, la mission se dispose
à repartir et le capitaine fait demander au Serky (29) une
entrevue. Deux jours après le chérif vient chercher le capi-
taine et l'interprète Olive et les conduit au Serky dont
l'accueil est très bienveillant. Le capitaine lui remet quel-
ques présents, puis se rend avec l'interprète chez un indi-

(28) Cet officier avait exploré en avril 1897 la boucle de la Volta


Noire (Voir §33).
(29) Nom local du sultan.
gène qui doit lui livrer des chameaux, 3 de leurs domes-
tiques restant à la porte. Au bout d'un quart d'heure, une
bande de 40 hommes armés survient, le capitaine et Olive
et
sont traînés
sont emprisonnés;assommés à coups de bâton. Les domestiques
le sergent indigène Samba Taraoré et
un tirailleur qui étaient allés au marché subissent le même
sort.
Aussitôt après le meurtre des deux Européens, un cava-
lier se dirige vers le camp de la mission et appelle l'inter-
prète Badié Diarra. Celui-ci s'avance et est aussitôt saisi
ainsi que le gardien du troupeau, ils vont rejoindre les
autres prisonniers dans le tata du Serky. Le sultan fait

;
alors interroger Badié Diarra et après s'être assuré qu'il est
musulman, hii offre de rester à son service il déclare qu'il
a fait tuer les deux Européens parce que c'étaient des infi-
dèles et qu'ils allaient porter des munitions et des armes à
Rabah, son ennemi. Badié Diarra refuse. Pendant ce temps,
le caporal Kouby Keïta, resté au campement avec 12 tirail-
leurs, est attaqué par trois groupes comptant plusieurs
centaines d'hommes, armés de fusils à tir-rapide, d'arcs et
de flèches. Il organise la défense avec ses tirailleurs et les
domestiques présents et accueille l'ennemi par une fusillade

;
.à bout portant. A 15 heures un nouvel assaut est encore
repoussé l'ennemi a une centaine de morts, les tirailleurs
ont 3 tués et 4 blessés. Profitant de ce succès, Kouby Keïta
fait dire au Serky que, si les prisonniers ne lui sont immé-
Diatement rendus, il prendra et brûlera Zinder. Il faut
savoir que cette ville, entourée d'un tata, compte 9 ou
10.000 habitants et qu'il reste à Kouby Keïta 8 tirailleurs
valides.
Le Serky lui envoie un marabout qui raconte le massacre
et offre la paix moyennant 1.500 thalers. Le caporal accepte,
mais à la condition qu'on lui rende les corps des chefs de
la mission. Pour affirmer sa volonté, il incendie pendant la
nuit quelques cases voisines de la ville, sans que l'ennemi
ose bouger.
Le lendemain 6 mai,
;
les prisonniers sont rendus. Le Serky
fait proposer aux tirailleurs de rester à son service mais
ils répondent qu'il faut d'abord restituer les corps des
blancs, qu'on verra ensuite.
Le 7 mai, le Serky fait demander les 1.500 thalers promis.
Les tirailleurs, pressés par le manque de vivres, se déci-
dent à envoyer 200'thalers. C'est Kouby Keïta qui les porte
lui-même au Serky et obtient des vivres et de nouvelles
promesses. Dans l'après-midi du 8, le Serky change de ton
-et annonce une attaque pour le lendemain. Le sergent
Samba fait dire au Serky que, puisqu'il se moque des tirail-
leurs, ceux-ci vont recommencer la guerre. La nuit venue,
le caporal Kouby Keïta et 6 hommes partent « faire
patrouille », ils brûlent encore plusieurs cases près du tata
et tuent quelques isolés.
Le 9 mai, dès le jour, le caporal sort de nouveau pour
»
« faire patrouille ; il aperçoit une forte colonne sortant

;
du tata il commence aussitôt le combat en se repliant. Le
.combat dure jusqu'à midi, l'ennemi est obligé de se retirer.

;
L'escorte a eu comme blessés, un tirailleur et deux domes-
tiques d'après des renseignements donnés par un captif,
l'ennemi aurait eu 8 chefs tués et un grand nombre de
guerriers tués ou blessés.
Le 10 mai, le sergent Samba Taraoré fait occuper les puits
voisins et en interdit l'approche aux habitants. Les tirail-
leurs les gardent les journées des 11,12 et 13, mais le 14 au
matin ils sont assaillis par une nuée de guerriers et obligés
de se retirer sur le campement. Kouby Keïta meurt en y
arrivant, blessé d'une flèche empoisonnée. Après une lutte
acharnée, l'ennemi abandonne encore une fois la partie.
Mais, outre le caporal, 2 tirailleurs sont tués, 3 hommes
sont blessés dont un domestique. Les munitions s'épuisent
et la situation devient critique.
Les survivants décident de profiter de la nuit pour
reprendre le chemin de l'Ouest. Les thalers restants sont
partagés entre eux. L'interprète Badié Diarra réunit tous les
papiers du capitaine et la petite trou.pe, ayant' placé' ses
blessés les plus gravement alteints surles chevauxqu'elle
a encore, se met en route sans:bruit vers lil- heures du-soir-
Mais le départ est vile connu. Des.le premier jour) des'
bandes de cavaliers les poursuivent. Harcelés nuit' et jour,
ces braves gens se battent.sans' arrêts. Mourant de f&im et de
soif, ils abattent deux de leurs chevaux pourboire leur sang:
eL manger leur chair crue.Enfin. ils arrivent à la: limitediu
sultanat de Zinder et la poursuite cesse, 'Pendant ces-
derniers jours, un homme avait été tué et 3 blessés. A partir'
de ce moment, la petite Lroupe peut continuer tranquilles
ment sa route et est bien reçue partout. Le 8-juillet 1898-ils?
arrivent à llo d'où ils sont dirigés sur Say.
Sur 33 indigènes appartenant à la mission, il y a.7 tues
cl 11 blessés. Sur ces chiffres les tiraillburs-comptent 0'tués-
et 9 blessés. Trois seulement sont revenus indemnes ; l'un
d'eux a 9 blessures, un autre 7, le troisième 31

j.
S()
— Mission
Voulet-Chanoifte, puis Joalland;'Meynier'
(1899-1900) (30).

A la suile dumassacre de la mission Cazemajou, le


Gouvernement décide d'envoyer une autre mission, chargée
de traverser les régions situées entre le Niger et le lac
Tchad, d'entrer en relations avec les divers chefs, d'étudier
et préciser les limites de la zone d'influence française
théoriquement fixée par l'a.ccord franco-anglais du
M juin 1898, enfin de faire sa jonction sur les bords du
Tchad, avec la mission Foureau-Lamy venant d'Algérie et
la mission Gentil venant du Congo.
Gelle mission, connue sous le nom de « Mission Afrique
Centrale » ou « Mission VouleL-Chanoine », est confiée au
capitaine Voulet, de l'infanterie de marine, ayant comme
adjoint Je capitaine Chanoine, des spahis sénégalais. Elle

(30) Voir croquis N'° 7.


:
comprend en outre les lieutenants Pallier et Péleau, de
l'infanterie de marine, Joalland,de l'artillerie de marine et
le docteur Henric 3 sous-officiers européens, sergent-major
;

Laury, sergent Bouthel, maréchal des logis Tonrot.L'effectif


de l'escorte est de 600 tirailleurs réguliers (du Régiment
Soudanais) ou auxiliaires. 100 spahis, 1 pièce de80 de
montagne, 2.000 porteurs ou femmes de tirailleurs.
Concentrée le 2 janvier 1899 a Sansané-houassa, la mission
quitte le Niger le 12 se dirigeant vers HamdllJlaye, mais est
obligée par le manque d'eau de revenir au fleuve. A la suite
de dissentiments, le lieutenant Péteau est renvoyé à Say. La
mission se reforme à Gava, d'oùelle repart le d8 février.
Par Dogondoutchi, Matankari, Birni-nkonni elle arrive
près de Tessaoua où se passe le drame de Dankori(14 juillet).
Le lieutenant-colonel Klobb, venu de Tombouctou avec le
lieutenant Meynier pour relever de leur commandement les
capitaines Voulet et Chanoine, est assassiné par ces deux
officiers, qui, deux jours après, sont eux-mêmes massa-
crés parleurs propres tirailleurs.
Pendant six semaines, la mission, passéeau commande-
ment du lieutenant Pallier, continue vers l'Est, recevant la
soumission du sultan de Tessaoua, chassantde sa capitale
le Serkyou sultan de Zinder qui est tué le 13 septembre,
-au combat de Rumj-i, par le sergent Suley Taraoré, du
Régiment Soudanais, à la tète d'un détachement de pour-
suite comprenant 50 tirailleurs du même régiment.
Le 4 septembre, le lieutenant Pallier,avec le docteur
Henric et les sous-officiers Laury et Tourot, quittent Zincler,

le personnel non indispensable


14 novembre.
;
Tentrant au fleuve avec une partie des tirailleurs et
ils arrivent à Say le

De ce fait, la mission réduite à 165 fusils avec le canon de


:80, passe sous le commandement du capitaine.loalland
(promu à ce grade le 2 juin 1899) et du lieutenant Meynier.
La « Mission Joalland-Meynier » quitte Zinder le 3 octobre,
continuant sa progression vers l'Est. Elle atteint Nguigmi
sur les bords du Tchad le 24 octobre, et fait sa jonction
avec la mission Gentil le 10 janvier 1900.
Les trois missions réunies livrent le 22 avril 1900 la
balaille de Koussouri à l'armée du sultan Rabah, qui est
tué. Du côté français, 2 officiers et 20 tirailleurs sont tués,
4 officiers blessés dont le lieutenant Meynier.
Après la prise de Dikoa, capitale de Rabah, les trois
missions victorieuses se séparent. Le capitaine Joalland
reprend, avec ce qui lui reste de tirailleurs, la route du
Soudan et arrive le 10 juillet 1900 à Zinder.
En attendant sa relève par le capitaine Moll et des troupes
nouvelles, Joalland inflige au village de Tana-Mari une
sévère leçon aux Touareg insoumis qui cherchaient à l'atta-
quer. L'adjudant Bouthel et le sergent indigène Moussa
Kéïta se distinguent au cours de cette opération par leur
énergie et leur bravoure.
Le 30 octobre, le capitaine Moll succède à Joalland.
Sur le point de changer de nom par application des
mesures consécutives à la réorganisation des troupes colo-
niales, le Régiment Soudanais aura apporté sa dernière
collaboration à une des pages les plus brillantes de l'his-
toire coloniale, à savoir la conquête du Tchad, méritant ainsi
de voir inscrire le mot « Tchad » parmi le nom des batailles
inscrites au drapeau de son successeur, le 2e Régiment de
Tirailleurs Sénégalais.

§65. — Installation du Régiment à Kati (1899).

En janvier 1899, la portion centrale du Régiment de Tirail-


leurs Soudanais et l'Etat-Major du régiment, installés à.
Kayes depuis sept ans, furent transférés sur le plateau de
Kati, situé à une douzaine de kilomètres au Nord de
Bamako, ville qui devait elle-même devenir la capitale du
Soudan Français. L'occupation du camp de Kati date donc
de cette époque.
Le Régiment commandé par le colonel Vimard compre-
nait alors l'effectif considérable de 22 compagnies, effectif
justifié par le nombre- d'opérations importantes, dont le Régi-
ment Soudanais avait été l'agent principal, et qui avaient
amené (voir ci-après § 67) la conquête et l'occupation d'un
territoire ayant déjà une superficie double de celle de la
métropole.
DEUXIÈME PARTIE

LE 2ème SENEGALAIS

DU 7 MAI 1900 A 1933


DEUXIÈME PARTIE

LE 2e SENEGALAIS DU 7 MAI 1900 A 1933

A. — AVANT LA GUERRE (1900-1914)

§66. - Création du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais.


Par décret du 7 mai 1900, le Régiment de Tirailleurs
Soudanais, dont la portion centrale et l'Etat-Major sont
stationnés au camp de Kati, devient le 26 Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais.
Ce nouveau nom peut sembler moins bien adapté que le
précédent à son stationnement et àses destinées.

la force militaire du Soudan ;


En effet, le régiment stationné à Kati est essentiellement
il recrute, dégrossit et trans-
forme en tirailleurs toutes les races de cette immense
colonie, constituant ainsi depuis plus de trente ans le gigan-
tesque creuset où viennent se connaître, se fondre et en
partie s'uniformiser toutes les races du Haut-Sénégal et de
la boucle du Niger. De même que son glorieux prédécesseur
avait été essentiellement l'agent de la conquête soudanaise,
le nouveau corps allait se voir confier non une simple tâche
passive d'occupation, mais une tâche active d'extension et
de pacification dans laquelle plusieurs de ses Unités ont eu
à se distinguer. Il allait aussi, au moment où toutes les éner-
gies nationales étaient nécessaires pour lutter contre
l'envahisseur, être appelé à fournir une collaboration
intense, quoique indirecte, à la défense nationale, en recru-
tant et en instruisant des milliers de tirailleurs qui furent
ensuite dirigés sur les champs de bataille du front français
ou du front d'Orient.

§ 67. — Situation du Soudan en 1900.


La fin du xixesiècle, le remplacement de la vieille infan-
terie de marine par la coloniale, coïncident exactement avec
la fin de la période de grande conquête au Soudan. A cette
période va succéder, à partir de l'année 1900, celle de la
pacification et de l'organisation.
Dès 1899, le Soudan avait atteint ses limitesextrêmes et
formait un bloc d'un seul tenant, déjà grand comme deux

:
fois la France. Il était alors divisé en 4 régions et 4 cercles
indépendants

;
Région Ouest, chef-lieu Bamako, comprenant les cercles
de Bamako, Kita, Ségou, Djenné
Région du Sahel, chef-lieu Nioro, comprenant les cercles
de Nioro, Goumbou, Sokolo ;
Région Nord et Nord-Est, chef-lieu Dori, comprenant
les cercles de Koutiala, Sikasso, Bobo-Dioulasso, Kouri,
Diébougou, Kong, Bouna etles résidences du Mossi et du
Gourounsi ;
Région Sud, chef-lieu Siguiri, comprenant les cercles de
Siguiri, Dinguiraye, Kouroussa, Bouguuni, Kissidougou,
Kankan, Beyla, Touba.
Cercles indépendants
dougou.
: Kayes, Médine,Bafoulabé, Sata-

A la tête de cet ensemblese trouvait un lieutenant-


gouverneur, qui avait été jusqu'en :1800, le général de
Trentinian.
Mais le décret du 17 octobre 1899 substitue au régime
militaire le régime civil et ampute le Soudan d'un certain
nombre de cercles au bénéfice des colonies voisines, Guinée
-
et Côte d'Ivoire. Désormais la colonie (1) ne comporte plus
que deux territoires militaires, commandés par des officiers
supérieurs et dépendant directement du gouverneur général:
1er territoire militaire, chef-lieu Tombouctou.

2e territoire militaire, chef-lieu Bobo-Dioulasso.


La sécurité, la pacification et l'extension progressive de
l'occupation continuent à être assurées par le 2e Régiment
de Tirailleurs Sénégalais. Comme précédemment, un
commandant supérieur des troupes assure la direction de
l'ensemble au point de vue militaire.

§ 68. — Répartition et activité des Unités du 2° Régiment de


Tirailleurs Sénégalais à sa création (2).
En mai 1900, le régiment dont le nom vient d'être changé
en celui de 2e Sénégalais occupe non seulement la colonie
du Soudan telle qu'elle vient d'être réorganisée, mais
déborde par ses unités les plus actives sur la Guinée, la
Côte d'Ivoire et le futur territoire de Zinder.
Voici, en effet, un tableau, aussi complet que possible,
du champ d'action de ses diverses unités :
La lre compagnie, précédemment à Bafoulabé, et venue
vers la fin de janvier à Kati, n'a pas tardé à quitter ce poste
(5 mars 1900) sous les ordres du lieutenant Beaudu pour se j

rendre en Côte d'Ivoire, après être passée par Bougouni, j

Sikasso et le poste du Bandama, est arrivée le 10 avril à


Bouaké. Là le capitaine Lemagnen en a pris le commande-

noms suivants :
La colonie du Soudan français prendra successivement les
(1)
« Sénégambie et Niger » (octobre 1902), « Haut-
Sénégal et Niger » (octobre 1904), avant de reprendre en 1920 celui
du « Soudan ».
j1
,
j
(2) Voir croquis N° 6.
ment et dès le 15 mai a emmené 3 sections en opérations
dans la région du Baoulé, laissant une seule section, avec
l'adjudant Rinn, à Bouaké. Un poste d'une section (lieute-
nant Beaudu) est créé à Kouadiokoffi et un autre, ayant
même composition (lieutenant Gérard) ;i Lomo.
La 2° compagnie (capitaine Letendre) occupe les deux
postes de Koutiala (lieutenant Facon avec 3 sections) et San
(sous-lieutenant Monin avec une section).
La 3e compagnie, de Dori, vidée au mois de février de
60 hommes passés à la 5e avec le lieutenant Guerrier et
70 hommes passés à la 6e avec le lieutenant Albin, et restée
provisoirement à l'effectif de 40 indigènes sous le comman-
dement du lieutenant Brochot, a été mise avec le sergent
Fardet à la disposition du capitaine résident à Ouahigouya
pour prendre part à des opérations de police dans le
Yatenga. Au cours de ces opérations, elle vient d'avoir, à la
prise de la grotte de Dio (21 février), 1 tirailleur tué et
3 blessés et est rentrée à Dori depuis le 28 mars.
La 4e
:
compagnie est scindée en trois détachements occu-
pant des postes de la rive gauche du Niger Bamba, avec le

;
-capitaine Méc.het (lequel vient de succéder au capitaine
Quérette) et 64 tirailleurs Tosaye, avec le lieutenant Martel
et 28 tirailleurs ; Gao avec le sous-lieutenant de Lavigerie et
30 tirailleurs.

;
18 avril également sur la rive gauche du Niger:
La 50 compagnie, précédemment a Dori, est depuis le
Say avec le

Michel et 79 hommes ;
capitaine Lambert et 94 hommes Dosso avec- le lieutenant
Selba avec l'adjudant Jégou et
'24 hommes (poste supprimé le 14 juillet suivant). Le capi-
taine Moll, qui va prendre le commandement au mois de
juillet 1900, se dispose à partir dans la direction de Zinder.
La compagnie, commandée par le capitaine Gremillet,
6e
-est en station depuis la fin de l'année précédente à
Tombouctou (129 hommes), avec un petit poste de
27 hommes à Kabara. Du 5 au 13 mai, un détachement de
80 tirailleurs, commandé par le lieutenant Âlbini récemment
venu de la 3P compagnie, est; mis sous les ordres du capi-
taine Henrys de l'Etat-Major pour une tournée de police
aux environs de Tombouctou,. aiai cours de laquelle des
campements insoumis sont enlevés à Tineguel et Kokochi,
ce qui représente 300 prisonniers,. 100 chevaux, 3.000 bœufs,
5.000 moutons.
La T compagnie, stationnée à lvouroussa jusqu'en juillet
de l'année précédente, a quitté ce poste sous le commande-
ment du capitaine Dauvilliers pour fonderceux. de Kissi-
dougou et de Sampouyara, après une série de dures randon-
nées en pays Toma, dans la vallée de la rivière Toffa ou
Doffé. Parmi les principaux combats livrés au cours de ces
luttes incessantes, on peut citer ceux de Kongola et de
Legouan livrés par les lieutenants Raymond et. Leseurre
(10 et 10 septembre 1809), qui nous ont coûté chacun
plusieurs blessés. En février-mars, la 7e compagnie a pris
part, à la colonne du Kissi-Sucl, commandée par le chef de
bataillon Conrart. avec comme adjoint le capitaine d'artil-
lerie coloniale Charnet. Plus récemment (1er mai) le combat
de Tankollo a encore coûté des perles à l'unité. Le poste
de Sampouyara se trouve à ce moment commandé par le
lieutenant Dasque.
La 8° compagnie, commandée par le capitaine Tiffon
puis, à partir du mois de juin, par le capitaine Ruby, occupe
les deux postes de Diébougmi (70 hommes) et Lokhosso
(40 hommes) et vient d'évacuer le petit poste provisoire de
Pintouri. Les deux officiers de la compagnie, lieutenant
Haillol (remplacé par le lieutenant Schwarlz), et lieutenant
Ouilichini, sont sans arrêt en reconnaissancedans'le Sud
du Lobi et jusqu'à Houna. La compagnie a dans le même
moment un détachement de 30 hommes comme escorte de
la Commission franco-anglaise de délimitation (mission
Delafosse).
La 9e compagnie, à Bobo, commandée par le capitaine
Bachot, vient de voir rentrer le 11 avril le détachement de
61 tirailleurs, en reconnaissance dans le Tierla sous les
ordres du lieutenant Desportes depuis le mois de février et
se dispose à envoyer au début de juin une autre reconnais-
sance de 50 tirailleurs, sous les ordres du lieutenant Oyaux,
dans le Niénégué.
La compagnie, commandée par le capitaine Berger à
10e
Koury (85 hommes) a un poste de 20 hommes à Boromo
sous les ordres du sergent-major Wagner.
La compagnie occupe les postes de Gao et d'Ansongo
11e
sur le Niger, respectivement avec 2 sections et demie sous
I
les ordres du lieutenant Théveniaut et section et demie aux
ordres du lieutenant Bergeron.
La 12e compagnie a sa portion centrale à Soumpi
(46 hommes) d'où lecapitaine Disdier vient d'être évacué
pour maladie ; il a été remplacé dans le commandement de
l'unité par le lieutenant Quarez. Deux postes à Goundam
et Ras-el-Ma, 25 et 50 hommes respectivement avec les
lieutenants Jérusalémy (puis Desplagnes)* etHarclelIet.
La 13e compagnie, précédemment à Kayes, est depuis le
à
mois de mars-
;
Kati, avec le capitaine Malafayde qui se
trouve rapatriable en juin un petit, poste à Toukoto sur le
chemin de fer, 20 hommes avec le sergent Guillaumet ;
enfin depuis le mois de février, un petit détachement provi-
soire de 25 hommes, commandé par le lieutenant Lucas, à
Boussoura en pays Coniagui dans le Nord du cercle de Kadé-
Touba (Guinée).
La 14e compagnie a été disloquée au mois de mars, par
le départ du capitaine Letendre passé à la 2°, du lieutenant
Coiscaud rapatrié et du lieutenant Leblond passé à la 9e.
Compagnie-squelette représentée depuis lors à Bobo par un
sergcnt-major ; sera transférée en écritures, le mois suivant
(juillet), à Kati, où elle recrute sous la direction du lieute-
nant Curault ;puis dès qu'elle aura atteint l'effectif de
150 hommes, sera envoyée à Dounzou et Sinder sous le
commandement des lieutenants Thorin et Renault.
Là 15e compagnie à Sikasso (capitaine Crété) a fourni en
février, mars et avril un détachement de 50 hommes, sous
les ordres du lieutenant Citerne, qui a fait colonne dans le
Tierla (cercle de Bobo-Dioulasso) en liaison avec le lieute-
nant Desportes de la 9e compagnie.
La 16e compagnie a 2 sections à Dounzou sous les ordres
du capitaine Moll, une à Sinder avec le lieutenant Bachellez

:
et une à Yatakala avec le lieutenant Figeac. Le poste de
Dounzou fait preuve d'une activité incessante le 25 janvier
une sortie prononcée contre les Touareg a fait 550 prison-
niers (dont GO blancs) et ramené 6.000 moutons. Une autre
tournée également fructueuse est en cours, du 14 avril au
15 mai. En juillet le capitaine Moll va passer à la 5e compa-
gnie et le commandement passera au lieutenant Figeac.
La 17e compagnie, portion centrale à Kati (lieutenant
Bontems) avait depuis le mois de février les 3 sections des

Sud (Haute-Guinée) avec la 7e compagnie:


lieutenants Massé, Fébure et Dumas à la colonne du Kissi-
ces 3 sections sont
rentrées à Kati le 15 avril, mais pas pour longtemps car le
15 juillet toute la compagnie, à l'effectif de 150 indigènes,
va partir pour Koury sous le commandement du lieutenant
Fébure.
La 18ecompagnie, commandée par le capitaine Sagols,.
précédemment à Bobo-Dioulasso, a été envoyée au mois de
février 1900 en Côte d'Ivoire. Maintenue 15 jours à Dabakala,
autant à Bouaké, puis à Kouadiokoffi, Toumodi, Ouossou,.
elle est occupée à améliorer la sécurité et les routes autour
de cc poste, et pousse d'incessantes reconnaissances sur
Lomo, sur Ivokombo, Dida, etc. tantôt sous les ordres du
lieutenant Buck, tantôt sous ceux du commandant de
compagnie en personne. Au mois d'août, cette unité
s'installera à Kouadiokoffi (119 hommes) et Toumodi
(35 hommes).

Enfin les numéros 19 et 20 seront donnés le 1er août à


2 compagnies de nouvelle formation, créées à Kati et.char-
gées de recruter sous la direction du lieutenant Curault. En
septembre 1900 la 19e compagnie, forte de 150 hommes, sera
dirigée sur Dori sous le commandement du lieutenant
Larroque. La 20e compagnie ne tardera pas à prendre une
part brillante aux opérations sur la rive gauche du Niger
qui amènent la formation du 3e Territoire militaire ou Terri-
toire de Zinder.

§69. — Conquête du pays Baoulé en Côte d'Ivoire (1900-1901).


Parmi les foyers de dissidence, que la réorganisation de
1899 faisait désormais extérieurs au Soudan, et où le 2e Régi-
ment de Tirailleurs Sénégalais avait détaché ses compa-
gnies les plus actives, les deux principaux sont la Haute-
Guinée et la Côte d'Ivoire.
En Guinée, la 7e compagnie est maintenue à Kissidougou
jusqu'à la fin de l'année 1901. Successivement commandée
par les capiLaines Angot, Boulard, Méchet, CauteneL et
Bénédetti, elle continue à prendre une part active à la paci-
fication du pays Toma, puis rentre à Kayes, où la vie de
garnison sera pour elle interrompue toutes les fois que la
Guinée, privée d'une organisation militaire suffisante, aura
a réduire des incidents locaux (voir § § 82 et 84).
La Côte d'Ivoire, qui dispose également de forces mili-
taires insuffisantes pour la lourde tâche de la pacification,
conserve durant plusieurs années des unités du 2e Régiment
de Tirailleurs Sénégalais.
La lre compagnie, de Kouadiokoffi, mène jusqu'à la fin de
l'année 1900 une série ininterrompue de patrouilles et de
reconnaissances, au cours desquelles les lieutenants Beaudu
et Gérard, le sergent-major Baulier, etc. font du recense-
ment, visitent et soumettent les villages Nzipouin, ont
maille à partir avec les Fari et les Faafoué impatients de
à
toute autorité. En 1901 cette unité remonte -Xoury-au
1.
sommet de la, boucle de la Volta Noire, pour travailler en
pays Lobi, et est remplacée à Kouadiokoffi et Toumodi ,par
la 18e compagnie.
Du 8-avril au 27 juin 1901, un détachement de la 10e compa-
gnie de Sikasso (50 tirailleurs commandés par l'adjudant
Nanti) est mis à la disposition du capitaine Moreau, comman-
dant la subdivision de Séguéla, pour opérer des tournées
de police dans les environs de ce.poste.
Mais c'est surtout dans le cercle de Bouaké, commandé
par le chef de bataillon Aymerich, que la 17e compagnie du
26 Régiment de Tirailleurs Sénégalais (capitaine Sponville,
lieutenants Stephan et Gérard) a à travailler, en liaison avec
la lle compagnie du let Sénégalais (lieutenant Mailles), pour
faire progresser la pacification du pays Baoulé. Les princi-
pales étapes sont marquées par la création des postes-de
Tiéplé (février 1901), d'Afouékro, Sensénou (mars), Soungba,
Yabnuékro sur le Nzi (avril), etc., jusqu'au moment où la
17e compagnie est supprimée et où la colonie dela Côte
d'Ivoire cesse d'avoir recours au 2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais.

§ 70. — Colonne des Samo (janvier-mars 1901).


Certains événements survenus au cours de l'année 19Û0
avaient montré que l'intérieur de la boucle du Niger,
comprenant le Gourma, le Hombori, le cercle de Dori, le
Macina-Est (Bandiagara), et surtout le pays Samo (ou
Samoro) au Sud de Bandiagara, avait besoin d'êtreparcouru
par une force mobile, destinée à ramener — si-possible sans
violence — ces populations au respect de l'autorité. Les
seuls postes militaires alors occupés à la périphérie de cette
zone étaient au Nord Tombouctou et Bamba, au Sud
Bandiagara(peloton de spahis), Dori et Djibo,oùla3ecompa-
gnie, de Dori, détache en février 1901 un postede i sous-
officier européen et 25 tirailleurs.
Cette mission fut confiée à la 6° compagnie du 2e Régi-
ment de Tirailleurs Sénégalais à Tombouctou, qui fournit
à cet effet, en janvier 1904, sous le commandement du capi-
taine de Rostang (qui avait succédé dans le commandement
de l'unité au capitaine Grémillet en octobre 1900) un déta-
chement fort de :

pièce de canon.
1

60 tirailleurs, avec 2 sous-officiers européens et le docteur Las-


selves, médecin de lre classe de la marine.

Ce détachement avait pour mission d'opérer une tournée


de police dans l'Est-Macina, avec plus spécialement comme
objectif le pays Samo en direction de Louta et Tougan.
La concentration a lieu à Hancliap-ara, où le détachement
est renforcé par :
1 fn
jicl; de spahis.
s•<îii;11 de gardes-frontières à pied.

La colonne est placée sous le commandement du capi-


taine de Batz (cavalerie hors cadres) adjoint au commandant
du 1er Territoire militaire.
Elle quitte Bandiagara le 20 janvier, et y rentre le 13 février
après avoir suivi, sans incident notable, l'itinéraire suivant
Kani-Kombolé, Louta, Dagalé, Donkou, retour à Louta, Baï
:
sur la rivière Sourou ou Bagué, Dimbal, rentrée à Bandia-
gara et dislocation.
Le peloton de la 6e compagnie est de retour à Tombouctou
le 13 mars 1901.

§ 71. — Occupation du Lobi (3V.

A l'intérieur de la colonie du Soudan, un important foyer

(3) Voir croquis N°4.


de dissidence subsistait dans la région de Gaoua et de
Diébougou' (boucle de la Volta Noire), habitée par des popu-
etc.
lations de races Lobi, Oulé, Birifor, Dagari, Bougouri,
de caractère farouchement indépendant et belliqueux.
A part l'occupation des postes de Diébougou et de
Lokhosso, l'action militaire s'était bornée à des reconnais-
sances et tournées à fa.ible portée et sans résultat durable.
:
Parmi celles-ci on peut citer
— affaire de Kombou, 16 janvier 1809, où les lieutenants
Modest et Schwartz, de la 8e compagnie de Diébougou (capi-
taine Tiffon commandant la compagnie) se heurtent à une'
défense sérieuse du village, qui nous coûte 2 tués (dont le
sergent Thouron), 1 disparu et 12 blessés;
— du 23 au 26 avril, le capitaine Tiffon. commandant la
8e compagnie organise, avec un canon et 3 pelotons (lieute-
nant Schwartz de la 8e, lieutenants Desportes et Renard des
9e et 18e de Bobo-Dioulasso), une colonne pour châtier le
village de Kombou ;

— en mai, la 18e compagnie de Bobo (capitaine Marchaise


avec le sous-lieutenant Goguelu) fait une expédition punitive
contre les villages de Simona, Nampéla, Toro près de Koury
qui nous coûte 1 tirailleur tué ;
— à partir du mois de juin, le capitaine Ruby, qui prend
le commandement de la 8e compagnie, organise avec les
lieutenants Haillot et Quilichini d'incessantes tournées de
recensement, de paiement d'impôts. L'une d'elles, dirigée
contre le village de Naflringué (16 au 21 décembre 1900),
nous coûte un blessé, mais inflige une sévère leçon auxOulé,
qui ont une vingtaine de tués et une trentaine de blessés.
En même temps la 9e compagnie, de Bobo, dont le capi-
taine Baudelaire vient de prendre le commandement en
remplacement de Bachot, mène avec les lieutenants Oyaux
et Leblond (remplaçant Desporles) une seconde reconnais-
sance dans le Niénégué (décembre 1900), qui ne sera du
reste pas la dernière dans ce coin difficile.
rebellion permanente ;
A partir de 1901, les Lobi et les Birifor sont en état de
chaque tournée de route, de recen-
sement ou d'impôt devient une expédition militaire.
En janvier-février 1901, le capitaine Ruby, commandant
la 8e compagnie à Diébougou, organise une reconnais-
sance importante dans le Sud du Lobi proprement dit,
comprenant :
92 avec le lieutenant Quilichini et l'adjud. Roth;
tirailleurs de la 8e,
1 pièce de 80 de montagne;
14 conducteurs et 20 cavaliers auxiliaires..

La concentration a lieu à Lokhosso. Au cours de sept enga-

leurs ;
gements avec les rebelles, la colonne a 6 blessés dont 4 tirail-
elle inflige à l'ennemi des pertes s'élevant à 16 tués
et 30 blessés environ.
En mars, on ne note pas moins de 3 expéditions punitives
contre les villages lobi de Nako, Intoyéri, Nakoni. Il en est
de même tous les mois suivants.
Le 27 novembre 1901, au cours de l'assaut du village de
Diboulou par le capitaine Ruby et le lieutenant Piard, nous
avons 1 tué et 5 blessés, tous auxiliaires, contre 35 tués du
côté adverse.

de Boumi
Bougouri-ba.
;
Le 9 décembre, 2 tirailleurs blessés à l'attaque du village
1 tirailleur noyé au passage de la rivière

En décembre 1901 et janvier 1902, une colonne importante


opère dans la boucle de la VoIla sous le commandement du
commandant de Béchevel, commandant le 2e Bataillon à
Bobo-Dioulasso. Elle comprend 2 pièces de 80 de montagne
et 3 détachements fournis par les lre et 9e compagnies,
respectivement sous les ordres du capitaine Courjon (avec
les lieutenants Mongin et Diam-diaye), des capitaines
Boussot et Cautenet. L£ concentration a lieu à Ouarkoye le
30 décembre 1901 et le lieutenant-colonel Millard, comman-
dant le 2e Territoire militaire, assiste au début des opérations.
;
L'itinéraire suivi est le suivant Sanaba,. Ouaraikuy (5 cava-
liers auxiliairesblessés de notre côté, 23î hiés et iS» prison-
niers chez les rebelles), Daboura, Solens-ot, Béma, Molé,
Konka, Fini, Kondougou (dislocation le 15 janvier 1002). Le
détachement de la Lm compagnie rentre à Koury le 30 janvier
et celui de la fie compagnie à Bobo quelques jours plus tard.
Tous ces efforts n'amènent que des résultats strictement
locaux et sans lendemain.
La création du poste de Gaoua, au centre du pays Lobi
proprement dit, et le transfert dans ce poste du centre de
la 8° compagnie (1er avril 19021 permettent une surveillance
plus directe, mais d'autre part exaspèrent les populations
par les prestations et, travaux de routes qui leur sont.
imposés.
Puis une épidémie s'abat sur la Fo compagnie de Koury.
A la suite d'une visite du médecin-majorRuelle, envoyé

disséminée:
spécialement de Kati par le chef de corps, la compagnie est
le capitaine Angéli, lieutenant Le Jariel, lieu-

;
tenant indigène Diam-diaye avec 50 tirailleurs dans le Nord
du cercle lieutenant Pierre avec 5 sous-officiers européens
et 33 tirailleurs à Dangoumana. Le poste de Roromo reste
occupé par une douzaine d'hommes, sous le commandement
de l'adjudant Vaucherel, puis bientôt du lieutenant de
Montalembert (novembre-décembre 1902).
En 1903, conformément auxinstructions reçues, le capi-
taine Pelletier inaugure une « politique d'apprivoise-
ment », dont les effets sont longs à se faire sentir.
Ainsi en novembre lmH, un tirailleur occupé au débrous-
saillemenl de la route de Gaoua à Diébougou est assassiné
par les habitants du village de Tumbis. Le capitaine Dominé,
commandant la 8e compagnie, se rend sur les lieux avec un
détachement de 60 hommes et casse le village.
En 1905, on ne peut dénombrer les incessantes tournées
du capitaine Dominé autour de Ga<fua, puis de ses succes-
seurs les capitaines Angéli, Galcau, celles du lieutenant
Greigert, du lieutenant Ouégnaux autour de Diébougou
ainsi que dans le pays des Dagari, des Oidé et dans .le
Bougouri (ou Pougouli).
C'est seulement à partir de 1906 qu'une améliorationse
produitdans les rapports entre l'autorité et les ressortissants
de ce pays difficile. Le 1^' avril 1907, la 5e compagnie du
2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, stationnée à Bobo-
Dioulasso etKoury, la 7e compagnie (à Bobo) et la 8e compa-
gnie (Gaoua et Diébougou) sont transformées en brigades
de garde indigène. Néanmoins le pays Lobi reste un point
névralgique en Afrique Occidentale Française et, longtemps
après qu'il a été détaché du Soudan et rattaché à laIlautc-
Volta, des opérations y furent encore nécessaires (notam-
ment en 1930).

§ 72. —Affaires de Sargadjé et Loga (août 1899, février et


novembre 1900).
Pendant que la mission VoulcL-Cllanoinc, puis Joalland-
Meynier (voir § 64) avance vers le Tchad, nous étendons
progressivement notre occupation sur la rive gauche du
Niger.
C'est ainsi que le 27 août 1899, le lieutenant Angéli, de
l'Etat-Major, parti avec 20 hommes de la 5e compagnie en
tournée de police dans la région de Dosso, est surpris au
village de Sargadjé (ou Serkadié, 60 kilomètres Nord de
Dosso, dans la vallée du Dallol Maourey) par 200 archers
djermabés (ou du Djerma) : 16 tirailleurs sont tués, 3 blessés,
le lieutenant également blessé, peut s'échapper avec
4 hommes et rejoint péniblement le poste de Dosso.
Au :mois de février 1900, le lieutenant Baudelaire dela
5e compagnie commandant le poste de Dosso, apprend que,
par mesure de représailles, le maréchal des logis de Marlel
se propose d'enlever avec 6 hommes le chef de Sargadjé.

;
En dépit des instructions reçues, l'officier estime ne pouvoir
laisser agir seule une force aussi réduite il part aussitôt
avec 1 sous-officier européen (sergent Walhin), 50 tirailleurs
et 20 auxiliaires. Egaré par le guide, il n'arrive qu'à la nuit
en vue de Sargadjé, et est violemment attaqué pendant l'ins-
tallation au bivouac. Les auxiliaires s'enfuient. Le lieute-
nant Baudelaire se dégage à la baïonnette et rentre à Dosso
le 24 février au soir, ayant eu 19 blessés. De Martel rejoint
un peu plus Lard avec ses cavaliers.
Le 0 novembre 1900, une colonne quitte le poste de
Say, sous les ordres du capitaine Berger commandant la
106 compagnie, en vue d'infliger une punition au village de
Sargadjé pour le guet-apens contre le capitaine Angéli et
l'attaque du lieutenant Baudelaire. Cette colonne avait la
composition suivante :
M" Compagniedu2"U.T.S. (venue de Dori) : lieutenants Brochot
et Wirth;
10" Compagnie du 2" M.T.S. fvenue de Koury) : lieutenants Guer-
rieret Cnumont,officier indigène Sadio-Ka;
1 Peloton de h. IfÎ'\ pincé provisoirement sous les ordres du

: lieutenant Albin de la 3° Compagnie;


2 piècesd'artillerie nmréclmldes logis Devaux;
.'J0 cavaliers dépendant du chef Aoutade Dosso,

soif au total 240 fusils.

Arrivé il Sargadjé, le 1(5, elle trouve le village évacué. Elle


bouche le puits i't l'aide de bûches et de troncs d'arbres et
met le feu aux cases durant toute la nuit on entend crépiter
;

les cartouches provenant du guet-apens du lieutenant Angeli


l'année précédente.
Lu .tH, la colonne procède à la destruclion du gros village
de Lnga, fortifié par un fossé avec des palanques, situé à
(i kilomètres Est de Sardadjé. Dans cette opération nous
(i
avons blessés dont ln sergent-major Boiron de la 3° compa-
gnie, grièvement blessé d'un coup de lance au coté droit.
Le 20 novembre 1900 ]a colonne Berger est dissoute et
scindée en deux détachements qui rentrenl respectivement
à Say et Dosso.
§ 73. — Création du territoire de Zinder.
Les mesures de réorganisation administrative nécessitées
par l'extension de notre occupation sur la rive gauche du
Niger, amènent la création d'un 3e Territoire militaire, ou
Territoire de Zinder (23 juillet 1900), commandé par le lieu-
tenant-colonel Péroz ayant comme adjoint le chef de bataillon
Gouraud. Le chef-lieu est installé provisoirement à Sorbo-
haoussa sur le fleuve Niger.
Ce territoire créé sur le papier, il va falloir l'organiser et
l'occuper. Création de postes, ravitaillement de ces postes,
construction de routes, aménagement des lignes d'étapes,
le tout au milieu d'incessants combats, dans un pays de
parcours difficile à peine connu, tout cela va être la tâche
des 19", 20e, 21e et 22e compagnies du 2e Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais, magnifiques unités de guerre coloniale
auxquelles Gouraud, qui s'y connaît, a plus d'une fois rendu
hommage et qui formeront le noyau du futur « Bataillon de
Zinder ».

§74. - Première occupation de Tahoua et Zinder par le


capitaine Moll (juillet-novembre 1900).
La 5e compagnie du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais,
destinée à tenir garnison à Zinder sous le nom de we compa-
gnie, quitte Say les 26 juillet et 19 août 1900 en deux déta-
chements à destination de son nouveau poste.
Le premier détachement, sous les ordres du capitaine
Moll commandant l'unité, à l'effectif de 150 hommes et une
pièce de 80 de montagne approvisionnée à 200 coups,
noire approche. Les vivres commencera i\ manquer. Le-
21 août la colonne arrive à Tahoua, où elle séjourne ciiiq1
jours et où; le sous-lieutenant, Bflndiou&ou avec 40hoirniMS-
réussit, à s'emparer de quelques bestiaux. Lu- 30«près- dû
Labba, le convoii est; attaqué1 dans; un passage difficile: à
travers des rocailles ferrugineuses par des pistons- arrruis3
dîares; las assaiiïanLssont. repoussés,,un caporal blessé d'une:
flèche.
Le Il septembre le docteur Ghapeyron s'emparo do quelque
bestiaux. Le S la colonne arrive 1\.: Katiotio- où, elle reste
dix jours. Après une-première tentative infruotucuse contre-
le village do Dan-Gaild, au cours de laquelle sergent le
Toumane Taraoré est. blessé d'une llèche,' le sorgpnl" FRrdot,
enlève la localité de vivo force aven sa section (16 septembre)*.
Le21 le délachement se remet en route, entre iVTeseaoua le
2(5 et Ù. Zinder le 3 octobre.
Le seeoiul détaehement k l'effectifde. 100-hommes,, aouff
les ordres du lieutenant.Tigaudon, quitte 9ay. le IR,aoûL et,
suit l'itinéraire du détachement précédent avec les nHlInas,
difficultés. Il arrive à Zinder le (> novembre, ayant, eu en
cours de route 2 tirailleurs blessés dans deux engagements
les
avec, TouaregauxenvironsdeTamaské etde Bouzouch.
« Gel,le marche très pénible,
le
écrit tic Guidambado chef do
bataillon Gouraud; commandant le V bataillon, fait le plus
grand honneur aux qualHés- (in discipline (M, d'endurance1
d-e la 20" compagnie, l'énergie cl, au sang-froid du. capir
laine Moll. »

S 'Ir!. - Occupation progressive du Djerma.


En novembre JOBO. afin de préparer une ligue d'étapes-
vers Zindcr et le lao TchilCL lin. détachement de
IR 22'4compa-
gnie, sous les ordres du lieutenant Ivigoac, (fuiatto Sorbo"
baoussa et atteint Tahoua. le. bii décembre. Là:, au cours-
d'une vingtaine de' jouirs d'escarmouches- et lFenga:!.r.Gtu.ents,
irrefoule vers le Nord de-forts parfis touareg.
Du 23décembre1900 au 20 janvier1901. 'plusieurscléla-
chements empruntés aux 3e, 19°, £1®-compagnies du 2e Régi-
ment de Tirailleurs Sénégalais (capitaine Berger, lieute-
nants Wirth et Albinl,comprenant au total plusde 300 fusils,
-esoortent le
commandant Gouraud, parcourant le Djerma et
obtenant au prix de petites notionslocales énergiques et
répétées, la soumission du pays Sonrhaï, du Tondigandia
et du Kourfeï.
Le 5 janvier 1901, à la limite Nord du territoire .nouvel-
lement occupé, est créé le poste de Filingué, placé d'abcxrd
sous les ordres du lieutenant Albin, puis 'bientôt ;a.près du
capitaine Comu commandant la 19e compagnie. La recon-
naissance de la route de Filingué .à Tahoua test l'objet en
mars et avril de reconnaissances très dures, au cours
desquelles plusieurstirailleurs, perdus ou imamemifcaiïér-Bent
isolés, meurent de soif.
Le 17 janvier, les lreet 2esections de la .20ecompagnie
.(capitailile Moll commandant) s'emparent de Tiétessmuraa,
village fortifié par une quadruple ligne de défenses et
défendupar les nombreux guerriers de 21 villages réunis
du pays Ngourou.: ce succès nouscoûte 1 tirailleur tuéet
17 blessés.

§ 76.
— Lutte de Gouraud contre les Touareg Kel-Gress
(avril-juillet 1901).
La ligne d'étapes reliant au Niger les principauxceritres
,.du nouveau territoire militaire de Zinder était l'objet
la
d'attaques incessantes de part des Touareg,quisurgissent
-dudésert et y disparaissent une 'fois leur coup 'fait. Parmi
-ceux-ci, un des partisles plus mordants était celui des 'Kel-
(Gress (ou Kel-Rhéris) : 'le chef de toalaillon Gouraud mène
contreeux unesérie de brillants combatsqui ne devaitpas
tarder à amener leur soumission.
De gros rassemblements touareg ayant été signalés près
-des puits deZanguebé, une reconnaissance ;sous les ordres
:
de Gouraud quitte le poste de Guidambado le 12 avril 1901
à 21 heures. Le détachement comprend

Lieutenant Chèdeville (zouaves hors-cadres);


50 tirailleurs de la 22e Compagnie du 2e R. T. S., lieutenant
Bachellez, sergent Braun;
7 tirailleurs de la 19e Compagnie.

Le 13 à 8 heures, après une marche dè nuit de 11 heures,


la reconnaissance atteint les campements touareg, compre-
nant environ 2.000 individus. Le feu est ouvert aussitôt et
l'action, très vive., se poursuit jusque vers 10 h. 30. Les Kel-
Gress se défendent avec bravoure, chargeant à plusieurs
reprises le carré d'infanterie et venant chaque fois se faire
tuer à cinquante mètres de la ligne de feu.
A 10 h. 30 nous restons maîtres du terrain. Le succès est
payé' de 4 tués et 2 blessés de la 22e compagnie. Les pertes
ennemies s'élèvent à environ 50 morts, dont une quinzaine
de blancs.
« Le détachement de la 22e compagnie qui a pris part à la
reconnaissance et au combat de Zanguebé, écrit le comman-
dant Gouraud, a inscrit une belle page à l'actif de la compa-
gnie. Sur 39 heures, ce détachement a marché 31 heures et
s'est battu 2 heures, contre un ennemi incomparablement
supérieur et luttant avec une bravoure héroïque. Les Touareg
n'ont jamais été plus braves qu'ils se sont montrés à
Zanguebé. »
Malgré cette sévère leçon, deux mois ne se sont pas
écoulés qu'une nouvelle sortie est nécessaire pour donner
de l'air au poste de Guidambado. Elle comprend sous les
ordres de Gouraud des éléments des 20e, 21e et 22e compa-
gnies, en tout 176 hommes (lieutenants Bachellez et Cotten,
sous-lieutenant indigène Bandiougou, sergents Mouhel et
Laguerre).
Ayant quitté le poste le 17 juin 1901, en direction de
l'Ouest, la colonne aborde le lendemain les campements de
Gàlma. Formée en carré, elle repousse les contre-attaques-

;
de 500 cavaliers et 300 fantassins. Un caporal est sabré à
l'angle du carré plusieurs chevaux et cavaliers criblés de
balles, viennent rouler dans les jambes des tirailleurs. Les
Kel-Gress se retirent, laissant sur le terrain 61 tués, parmi

:
lesquels 7 chefs dont un de nos plus acharnés ennemis
Yéliguini.Nos pertes sont 1 caporal de la 22e compagnie
tué, 2 tirailleurs de la 20e compagnie blessés par flèches.
A la suite de cette action, les Kel-Gress se dispersent, pour-
suivis par la colonne qui, le 20 juin, réussit à surprendre le
campement d'un de nos principaux chefs, Molloul; cette-
surprise rapporte la capture de 200 chameaux.
Au cours du mois de juillet, la 22e compagnie stationnée
à Tahoua assure la tâche dure et ingrate de garantir les
villages de la ligne Tahoua-Guidambado contre les rezzou
venant du Nord.
En août, une section de 25 tirailleurs méharistes est
formée et instruite à Guidambado pour contrebattrc les
rezzou, que l'infanterie a peine à atteindre.

§77. — Installation du commandement à Zinder.

Dès que la situation militaire le permet, le lieutenant-


colonel Péroz commandant le 3e Territoire militaire se
hâte de quitter son poste provisoire sur le fleuve pour
installer son poste de commandement définitif au cœur du
Damagarim.
A cet effet la 21e compagnie du 2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais, commandée par le lieutenant Wirth, quitte le
14 février 1901 Sorbo-haoussa, se dirigeant vers l'Est pour
escorter Péroz sur Tahoua et Zinder. Après avoir passé
quelques jours à Tahoua, elle continue à progresser vers
l'Est,prenant part jusqu'à Guidambado (31 mars) à la-
reconnaissance dirigée par le commandant Gouraud, dont
il a été question plus haut (§ 73).
Pendant ce temps (mars 1901) la région se garnit de
:
postes militaires, créés et occupés par la-22e compagnie sous
les ordres du capitaine Joly Tamaské (adjudant Breseon),
Guidambado (lieutenant Bachellez). Péroz fait réaliser par
le capitaine Cornu (19e compagnie) et le lieutenant Figeac
(22e compagnie) la liaison entre Tahoua et Filingué. Le
15 avril Péroz arrive à Tessaoua et le 20 à Zinder. Il s'y
installe avec comme adjoint lecapitaine Gadeaa.

régions :
Le 3e Territoire militaire est désormais divisé en deux
la région Ouest, cheMieu Sorbo-haoussa, compre-
nant les cercles du Djerma, de Tahoua et de Filingué et la
;

région Est, comprenant les résidences de Tessaoua et de


Zinder.

§ 78. — Campagne de 1901 autour de Zinder.

Le 29 avril 1901 le lieutenant Mangin, avec60 hommes .de


la 21e compagnie, fonde le poste de El-Hassan au Nord de
Tessaoua. Au cours de la construction de
comprenant le sergent indigène Tiécoura Kourouma, ï
ce poste, une
corvée chargée de rapporter des bois de construction, et
tirail-
leurs, 1 spahi auxiliaire interprète et 2 cavaliers du sultan
de Tessaoua, a. une altercation avec les habitants du village
-de Guidam-Maï, au cours de laquelle un tirailleur est tué et
un grièvement blessé d'un coup de lance à la tête
(16 mars 1901).
En mai, le 2epeloton de la ,20e compagnie, comprenant.
120 tirailleurs sous les ordres du lieutenant Jigaudon, quitte
Zinder pour opérer une tournée dans le Damargou sous la
direction du capitaine Gaden. Il crée un poste à Guidjigaoua

en septembre abandonné et
;
(4 jours au Nord de Zinder), lequel poste -sera occupé par le
lieutenant Jigaudon, le sergent Poncet et 00 hommes pui-s,
remplacépar Djadjidouna.
En même temps la2e section dela. 20" compagnie, 50 tirail-
leurs commandés par le lieutenant Cotten, opère dans le
Mounio, à 5 jours à l'Est de Zinder jusque vers Gouré. Au
début de juin ce détachement se rend dans l'Ouest en
passant par El-Hassan, pour porter l'appoint de ses forces
au commandant Gouraud opérant contre les Kel-Gress, et
prend part a,u combat de Galma (17 juin) à une journée à
l'Ouest de Guidambado (voir § 76 ci-dessus).
Au mois de juin également, le lieutenant Blanchard de la
19e compagnie crée le poste de Sandiré.
En juillet, le capitaine Moll étant passé hors cadres, le
capitaine Cauvin prend le commandement de la. 20e compa-
gnie. Les lre et 2e sections de cette unité, avec le capitaine
Cauvin et le lieutenant Jacques ainsi qu'un peloton de la
21e compagnie, avec les lieutenants Marquis et Mangin,
prennent part sous les ordres de Moll à une reconnaissance
contre les Touareg dissidents du Damergou.
Le centre de la 21e compagnie, précédemment à Zinder,
est transféré successivement en septembre à El-Hassan,
sous le commandement du capitaine Brantonne, puis en
novembre à Tessaoua sous les ordres du lieutenant Marquis.
Les derniers mois de cette année particulièrement active

:
sont marqués par les événements suivants :
- 19e compagnie Le lieutenant Blanchard quitte Filingué
pour redescendre à Sorbo-haoussa, centre de la nouvelle

— 20e compagnie:
ira compagnie du bataillon de Zinder ;
Le lieutenant Jacques avec 50 tirail-
leurs fait une reconnaissance sur la route du Nord, vers
Agadés, jusqu'à 75 kilomètres de Djadjidouna ;
— 21e compagnie Le détachement du lieutenant Cotten,

:
:

-de Tamaské, rentre à Zinder, où il arrive en janvier 1902 ;


— 22e compagnie Sous le commandement du capitaine
Joly à Tahoua, qui est également le siège du 2e bataillon du

commandant Gouraud ;
2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais commandé par le
crée et occupe en septembre les
postes provisoires de Zanguebé et Labba, dressés contre les
Kel-Gress. Labba sera évacué en octobre 1901 et Zanguebé
occupé par un détachement de tirailleurs de la 20e compa-
gnie et de miliciens, sous les ordres du capitaine Arnaud
(infanterie hors cadres).
"Enfin en 1902 ces compagnies, qui étaient des unités de
marche non organiques au 2e Régiment de Tirailleurs Séné-
galais, passent au Bataillon de Zinder.

79. — Défense des Confins sahariens (1904-1906).


Les 4e, 5qet lie compagnies du 2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais ont été appelées à participer à la pénétration
4ans les confins sahariens et à la défense de ces territoires
contre les rezzou venus du Nord. C'est donc dans ces unités
qu'il faut rechercher l'origine de ces belles formations
méharistes qui depuis trente ans se consacrent à la tâche
ingrate de mon1er la garde au désert pour protéger la partie
peuplée du Soudan.
En 1904, une section méhariste est créée à Ras-el-Ma et
placée sous le commandement du lieutenantjérusalemy. Elle
escorte dans l'Adrar des Iforhas la mission du capitaine
Théveniaut, et effectue à Timiaouine la liaison avec un déta-

Laperrine :
chement algérien amené du Nord par le chef d'escadrons

(16 août 1904).


c'est la première jonction Soudan-Algérie

A ce moment, un rezzou de400 Ouled-Djérir, venant du


Tafilalet, est signalé ayant déjà dépassé le puits d'In-Alay et
.se dirigeant, pour les razzier, sur les campements béra-
biches soumis, installés au Nord-Est de Tombouctou. Le
capitaine Aguttes se porte à sa rencontre avec un détache-
ment comprenant 117 tirailleurs des 4e et 11e compagnies du
2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (capitaine Prokos,
lieutenant Vallier, et sous-lieutenant Curny) et 50 spahis
(lieutenant Solar).. Il. rejoint et attaque le rezzou le
2 décembre 1904 près de la dune de Bayoukrou, et le rejette
vers le Nord après un combat de. cinq heures qui nous
coûte 9 tués et 19 blessés, parmi lesquels le lieutenant Solar.
En 1905, le capitaine Cauvin, commandant la 48 compa-
gnie à Ras-el-Ma, réorganise cette unité en « compagnie
méhariste ». Au début de l'année suivante, il est en mesure
d'entreprendre une tournée de police dans l'Azaouad (4).
Arrivé à Araouan, à 250 kilomètres au Nord de Tombouctou,,
il reçoit ordre de pousser jusqu'à Taodenni pour effectuer
la liaison avec le détachement, algérien du commandant
Laperrine. Mais ce dernier n'était pas au rendez-vous et la
seconde jonction Algérie-Soudan est réalisée par le lieute-
nant Cortier à El-Guettara le 20 mai 1905.

de terribles souffrances :
Le détachement de Cortier endure, sur la route du retour,
beaucoup de chameaux meurent
d'épuisement après avoir rejoint le poste de Bamba sur le
Niger, nouveau centre de la 4e compagnie, malgré la présence
en ce point de nombreux pâturages.
Au mois de mai 1906, les compagnies du 2e Régiment dé
Tirailleurs Sénégalais stationnées dans la région de
Tombouctou (4e, 5e et 1.1e stationnées à Bamba, Gao et
Tombouctou), sont détachées du régiment et servent à
former le nouveau Bataillon de Tombouctou. 1

! fI.
§80. — Transformations successives du 23 Sénégalais jusqu'à
la guerre.
Jusqu'en 1906, le régiment ne subit aucune transfor-
mation. Sa composition au début de 1906 est la suivante :
Section hors-rang à Kati.

lor Bataillon.

10° Compagnie — à Kati.


14° Compagnie — à Kati, avec postes à Bamako et
Koulikord.
15e Compagnie — à Bandiagara, avec poste à
Mopti.

(4) Nom donné à la région semi-désertique située entre Tom-


bouctou et Araouan,
6e Compagnie — Stationnée à Kati. — Envoyée en
opérations dans la région de
Tombouctou le 17 janvier 1906.
Rejoindra Kati le 9 février 1907
et deviendra la 1re Compagnie.

2e Bataillon.
lre Compagnie — à Bobo-Dioulasso, avec postes à
Koury et Sikasso (le poste de Si-
kasso est supprimé le 1er juillet
1906).
&e Compagnie — à Gaoua, avec poste à Diébou-
gou.
9e Compagnie — à Bobo-Dipulasso.
16e Compagnie — à Ouagadougou.

3e Bataillon.
3e Compagnie — à Dori (avec poste à Niamey à
partir du 8 janvier 1906).
46 Compagnie — à Ras-el-ma, puis Bamba (Com-
pagnie méhariste).
56
11e
Compagnie
pagnie - à Gao.
Compagnie — à Tombouctou.

4J Bataillon.
2e Compagnie — Stationnée à Kayes. — Dirigée
surZinderle12mai1906.
7e Compagnie — à Kayes, avec poste à Bakel
(poste supprimé le 1er juin 1906).
12e Compagnie
— à Kayes.
13e Compagnie — à Nioro (formée le 15 juin 1904
avec des éléments de la garde-
frontière).

Par décret du 29 mai 1906, le 2e Régiment de Tirailleurs


Sénégalais est formé à3 bataillons, 12 compagnies.
Le Bataillon de Tirailleurs Sénégalais de Tombouctou est
formé, comme on vient de le voir au paragraphe précédent,
avec le 3e bataillon qui est dissous. La 2e compagnie du
4e bataillon (capitaine Lecrivain, lieutenants Aubrion et
Petîtperrin) passe la 3 juillet 1906 au nouveau bataillon de
Zinder.
Le régiment a alors la composition suivante :
1er Bataillon.
lre Compagnie — à Kati (cette Compagnie ne sera
formée que le 9 février 1907 par
la 6e Compagnie dissoute à son
retour de Tombouctou).
2e Compagnie — à Kati (ancienne 14e).
3e Compagnie — à Dori.
4e Compagnie — a.
Bandiagara.
2e Bataillon.
5e Compagnie — à Bobo-Dioulasso (anciennelrej.
6e Compagnie — à Ouagadougou (ancienne 16e).
Partie pour tenir garnison à

7e
8e
-
Compagnie
Niamey et. Dosso le 20 octobre
1907, passera au bataillon de
Zinder en 1908.
Compagnie — à Bobo- Dioulasso (ancienne 9e).
à Gaoua.

3e Bataillon.
ge Compagnie — à Kayes (ancienne 7e). Cette
Compagnie occupera Nioro. en
janvier 1907.
10e Compagnie — à Goumbou. Poste occupé en
mars 1907 par la 10e Compagnie
venue de Kati.
Compagnie
— à Kayes.
12e
13e Compagnie — à Nioro. Cette Compagnie occu-
pera Kiffa (Mauritanie) en no-
vembre 1906, puis prendra le
no 11 en février 1907.

Le l4* janvier 1908 la 3e compagnie stationnée à Dori et la.


6e compagnie stationnée à Niamey (avec poste à Dosso)
sont,
passées au bataillon de Zinder. Le régiment est alors réduit
à 10, compagnies.
Le leV' avril 1908 le'2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais
est réduit à 2 bataillons (soit 8 compagnies), par suppression
du 2e bataillon dont les compagnies (5e et 7e à Bobo-Dioulasso
et Koury' et 8e à Gaoua et Diébougou) deviennent brigades
de garde indigène et par création d'une nouvelle compagnie
à Kayes.
Le 25 juin 1908 une nouvelle compagnie est créée à Ségou.
Le régiment est alors constitué à 3 bataillons et 9 compa-
gnies réparties comme suit :
1er Bataillon.
lre Compagnie — Kati, (Postes à"Bnmako et. Kou-
likoro), effectif 240 hommes.
2e Compagnie

2° Bataillon.
3* Compagnie — à Ségou (nouvelle unité), effectif
120 hommes.
4® Compagnie — à Bandiagara (poste à Mopti),
effectif 140 hommes.
5e Compagnie — à Goumbou (ancienne 10e), avec
poste à Sokolo, effectif 120+50
hommes.

3e Bataillon.
6e Compagnie — à Kiffa (ancienne 11®, avec un
peloton méhariste), effectif 170
hommes.
7e Compagnie — à Kayes (ancienne 12e), effectif
120 hommes.
8e Compagnie — à Kayes (nouvelle unit6), effectif
120 hommes.
9e Compagnie — à Nioro, effectif 140 hommes.

Jusqu'en régiment ne subira plus d'autre transfor-


1914 le
mation que certains changements dans des numéros d'unités.
La 5e compagnie, de Goumbou, envoie en janvier 1912 le
lieutenant Rotier, avec 75 tirailleurs dont 10 lnéharistes,
occuper provisoirement pour quelques mois le poste de
Kassakoré. L'année suivante cette même compagnie aban-
donne Goumbou pour occuper Yélimané. En octobre 1914,
la 5e compagnie viendra à KaLi et ne laissera qu'un détache-
ment à Yélimané.
Le Ie*' décembre 1913, deux nouvelles compagnies sont
créées :
10e Compagnie — à Kati.
Ilc Compagnie
— à Kayes.

§81. — Pacification de la Mauritanie, région Sud-Est


(1906-1912).

Le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, bien que


stationné en presque totalité au Soudan, a collaboré de façon
active à la pacification de la partie Sud-Est de la Mauritanie,
par l'intermédiaire de sa compagnie installée à Kiffa.
C'est le 26 novembre 1906 que la 13e compagnie, de Nioro,
quitte ce poste pour aller occuper celui de Kiffa. Cette unité,
alors commandée par le capitaine Saludo, avec les lieute-
nants Pinet et Clément, est à l'effectif de 6 sous-officiers
européens et 150 tirailleurs, gradés compris. Elle voisiné à
Kiffa avec le goum commandé par le capitaine Payn, et ces
deux unités commencent de conserve dès le mois de
décembre la série de reconnaissances et d'expéditions qui
va être sans interruption, pendant sept années, la vie jour-
nalière des postes de l'avant.
En février 1907, l'ancienne 13e compagnie, devenue
11e compagnie, reconnaît, organise et occupe à Kiffa un
nouveau poste mieux situé que le premier.

;
En juillet 1907, une section méhariste est organisée auprès
de la 11e compagnie commandée par le lieutenant Paquette,
elle se signale par une activité remarquable et son utilité
est consacrée l'année suivante par sa transformation en
peloton méhariste à l'effectif de 2 sous-officiers européens,
117 indigènes et 120 chameaux. Au même moment (juil-
let 1908) la compagnie de Kiffa, qui est Revenue la 6e compa-
gnie du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, est portée à
l'effectif de 200 hommes.
Les années qui suivent sont occupées par le travail inces-
sant de tournées, de contre-rezzou, d'expéditions punitivesT
nécessaire à soumettre les tribus de cette partie de la Mauri-
tanie et donner de l'air au poste de Kiffa. Il n'y a pour ainsi
dire pas de mois où ne soient livrés des combats qui font,
peu- à peu des unités d'élite de la 6e compagnie sous les
ordres du capitaine Mangeot et du peloton méhariste
commandé par le lieutenant Paquette. Parmi les principaux
combats on peut citer les suivants :
;
— Combat du 17 novembre 1908 contre les 0. Lacklal qui
laissent 101 cadavres sur Je terrain mais de notre côté nous
avons 4 tirailleurs tués et 4 blessés.
— Affaire de Zafiet(14 février 1909) conduite par le lieute-
nant Arnaud contre les Hammonat, où nous avons 3 tirail-
leurs méharistes blessés.
- Affaire de El-Beyed (4 mars 1909), où après une marche
rapide de 235 kilomètres en 4 jours, le capitaine Mangeot à
la tête d'un détachement de 50 tirailleurs avec 1 section de
mitrailleuses, ayant fait sa jonction avec le peloton méha-
riste du lieutenant Arnaud renforcé d'une centaine de parti-
sans maures, inflige une sévère leçon aux 0. Lacklal désor-
mais définitivement soumis. A ce moment la 9e compagnie
dé Nioro envoie en renfort à Kiffa un peloton de 50 tirail-
leurs, commandé par le lieutenant Klobb, lequel va colla-
borer activement pendant cinq mois aux diverses opérations
menées dans le cercle.
— Contre-rezzou du lieutenant Labonne (Oummoul-Kebar,
17 août 1909).
Reconnaissances du lieutenant Leborgne dans le massif

de l'Affollé, en octobre 1909, mai et juillet 1910 avec le
combat de Bédeïzzou (1caporal et 1 goumier blessés).
— Raid du lieutenant Demassez, terminé le 12 mai 1911
par l'affaire de Moulenhar qui, sur un effectif total de
30 hommes, nous coûte 10 tués dont le lieutenant comman-
dant le peloton, 2 disparus et 6 blessés dont le sergent
Cheval. Ce dernier et les quelques survivants ne peuvent se
dégager qu'en laissant les morts sur le terrain. Tous les
chameaux sont perdus.
Le lieutenant Demassez est remplacé à la tête du peloton
méharis te
par le lieutenant Tonnot, qui dirige en 1912 avec
succès plusieurs contre-rezzou et expéditions punitives.
Enfin Je i' juillet î9.12, !a 66 compagnie de Kiffa est
envoyée dans la région de Tombouctou et devient la
-
5e compagnie du Bataillon de tirailleurs sénégalais n° 2.

£ 82. — Opérations de police en Haute-Gambie (septembre-


octobre 1908).
Le 20 septembre 1908 la 7e compagnie, stationnée à Kayes,
part en colonne de police dans le pays de Damantan (5)
(Haute-Gambie) où un agitateur nommé Bayaga provoque
des troubles. La colonne, accompagnée de M. Nicolas, admi-
nistrateur des colonies, est à l'effectif suivant :
4 officiers : capitaine Viard et 3 lieutenants.
fi sons-officiers européens.
151 indigènes gradés compris.

Transportée par monoroues jusqu'à Sénoudébou, en


empruntant le fleuve Sénégal et son affluent la Falémé, la
colonne arrive le 9 octobre à Damantan. Le 14 elle enlève
d'assaut le village de Tabadian, après un violent combat qui

Canton appartenant actuellement au cercle de Tambaicounda


(5)
(Sénégal) et compris entre le fleuve Gambie et son affluent de
gauche le Koulountou.
dure 5 heures sans une minute de répit. Bayaga et ses
:
complices périssent par nos armes. Nos pertes sont 0 tirail-
leurs tués et lÍ blessés dont le sergent-major Michaud, de
la 7e compagnie.
L'ordre étant revenu, les opérations de police prennent
fin après,cette affaire et la compagnie rentre à Kayes le
5 décembre.

§ 83. — Colonne des Habbé (décembre 1909, février 1910).


En 1909, des troubles se produisent au Tombola, région
située au Nord-Est de Bandiagara, où les Habbé sont restés
dans un état d'insoumission latent et refusent le paie-
ment de l'impôt. L'administrateur' commandant le cercle,
M. d'Arboussier, est attaqué dans les gorges de Pélinga et
un administrateur adjoint est tué.
Une colonne de répression est formée à Bandiagara en

ayant comme adjoint le capitaine Bonnet


médecin-major Tardif. Elle comprenait :
;
novembre 1909 sous les ordres du chef de bataillon Cazeaux,
docteur, le

1 Peloton de cavaliers auxiliaires sous les ordres du lieutenant


Maronne, inspecteur des goums du Haut-Sénégal-
et-Niger (6).
3 Compagnies du 2° régiment de tirailleurs sénégalais :
lre Compagnie (de Kati) : capitaine Vix, lieutenants Leduc et
Escande, 6 sous-officiers européens,
119 indigènes.
Ie Compagnie (de Bandiagara) : capitaine Oyaux.
8e Compagnie (de Kayes) : capitaine Laffitte, lieutenants Millot
et Person, 7 sous-officiers européens,
119 indigènes.
1 section de la 5e, de Sokolo, 25 indigènes sous les ordres du
lieutenant Jouve.
1 Brigade indigène (venue de Koury).
1 Section d'artillerie.

(6\La cavalerie 71e put être utilisée par suite des difficultés du
terrain, et le lieutenant Maronne fut affecté à la 4° Compagnie.
La colonne quitte Bandiagara le 3 décembre. Les opéra-
tions sont dirigées successivement sur les massifs de Karza
et Bargué, du Kikara et d'Ibissa.
La prise du centre de résistance de Pélinga (13 décembre),
occupant dans les rochers une position extrêmement forte
où les insoumis perdirent 85 tués, plus un nombre de blessés
importants, puis celle du village de Yandagou (15 décembre),
amènent la soumission du massif de Karza. et Bargué.
Les opérations dans le Kikara donnent lieu au combat .de
Kinian qui nous coûte 2 tués et 6 blessés, dont le comman-
dant Cazeaux (2 janvier 1910). Celui-ci passe le commande-
ment de la colonne au capitaine Laffitte.
Enfin la prise d'Ibissa (14 janvier), qui nous coûte 2 tués
et 4 blessés indigènes, semble régler la question du dernier
massif dissident. La dislocation de la colonne est prononcée
à Bandiagara le 12 février 1910. Le pays habbé se tiendra
tranquille jusqu'en 1918, où à la suite des opérations de
recrutement, les habitants de la montagne de Tabi, située
à 45 kilomètres au Sud-Ouest de Hombori, entrent en rébel-
lion et doivent être réduits par une colonne venue de
Tombouctou sous le commandement du lieutenant-colonel
Mangeot (octobre-novembre 1918).

§84. - Opérations de police du Fouta-Djallon (février-


mars 1911).
Au mois de février 1911, la 7e compagniestationnée à
Kayes, reçoit l'ordre de se rendre à Dinguiraye dans le
Pouta-Djallon (Guinée), pour y être mise à la disposition du
lieutenant-gouverneur, M. Camille Guy, qui y dirige en
personne des opérations de police.
La compagnie, commandée par le capitaine Talav, avec les
lieutenants Amberger et Bornand et le médecin aide-major
Goubil, à l'effectif de 6 sous-officiers européens, 116 sous-

;
officiers et tirailleurs indigènes, arrive à Kita le 20 février
et gagne le Dinguiraye par étapes elle y arrive le 6 mars.
Le capitaine Talay reçoit du gouverneur l'ordre de se rendre
à Labé, puis de procéder à l'arrestation d'un agitateur poli-
tique à Goumbo ; pour exécuter cette opération, la demi-
brigade indigène de Conakry est mise à sa disposition avec
le capitaine Laussu et le lieutenant Bernard. Le lieutenant
Amberger, avec la moitié de la 7e compagnie, doit, de son
côté, effectuer une arrestation analogue à Touba dans le
cercle de Kadé.
Le 30 mars le capitaine Talay suivi du lieutenantBornand,
avec 70 tirailleurs, pénètre dans la missidi de Goumbo,
repaire de l'agitateur Tiermo Aliou. Conformément aux
instructions reçues, pour montrer ses intentions pacifiques
il ne fait pas mettre ba.ïonnette au canon et maintient les
fusils de ses hommes culasse ouverte. Arrivé sur la place de
la mosquée, il demande à parlementer avec le Ouali ou chef
religieux qu'il avait mission d'arrêter.Au cours de l'échauf-

;
fourée qui s'ensuit, les deux officiers sont tués avec 12 tirail-
leurs
;
2 sous-officiers européens (sergent-major Desmé et
sergent Hureaux) et 20 tirailleurs blessés 20 fusils et
12 baïonnettes sont perdus. Le détachement du capitaine
Laussu arrive quelques heures plus tard, brûle le village et
ramène la compagnie décimée à Fofota sur la voie ferrée
de Conakry au Niger.
Ces événements se passaient en présence du gouverneur
Guy, de l'administrateur en chef Sassias commandant le
cercle de Kindia et du commandant Bouin, chef du bureau
militaire du gouverneur de la Guinée. Les corps des tirail-
leurs tués sont inhumés à Kindia, ceux des officiers ci
Conakry. La 7e compagnie rentre à Kayes, où elle est réor-
ganisée sous les ordres du capitaine Pinchon.
Le ouali de Goumbo, passé en territoire anglais, devait
(Hre extradé sur la demande du gouverneur français au
mois de juillet 1911. Ce fut le 2e peloton de la 7e compagnie
(2 sous-officiers européens et 57 tirailleurs) sous les ordres
du sous-lieutenant Daumain, renforcé par la demi-brigade
de garde indigène de Conakry (lieutenant Bernard), qui
reçut mission d'aller en prendre livraison à la frontière.
B. — PENDANT ET APRES LA GUERRE (1914-1933)

§ 85. — Le 2e Sénégalais pendant la guerre.


Pendant la Grande Guerre, le 2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais a été successivement commandé par le chef de
bataillon Simonin, les colonels Vimont, Molard et Bour-
geron.
Sous ces divers chefs, le régiment ne devait pas avoir
l'honneur de combattre, comme corps constitué, sur les
champs de bataille d'Europe. Mais il fut appelé, dès le début
des hostilités, à fournir des unités constituées qui furent
envoyées directement au front. C'est ainsi que, en août et
septembre 1914, les lre, 2e et 12e compagnies de Kati, les 7e,
8e et10e compagnies de Kayes furent dirigéessur Dnkar,
puis embarquées pour la France.
Dans la suite, le régiment devait prendre une part très
active au recrutement intensif qui permit de lever, dans les
cercles du Soudan, des milliers de tirailleurs, lesquels, une
fois dégrossis dans la portion centrale à Kati ou dans les
postes détachés, furent acheminés sur le front de France
ou d'Orient, ou encore sur le Maroc, où ils firent brillam-
ment leur devoir.

nisation du régiment sont peu nombreuses


Le 12 octobre 1914, à la suite du départ en Europe de
:
Les transformations subies pendant la guerre dans l'orga-

plusieurs unités, le régiment est reformé de la façon


suivante :
à
à
à
à
Kati
Kayes
Ségou
::
Bandiagara
lre, 2e, 5e, 6e, 11e, 12e
7e

3e
4e
et 10e Compagnies.
et 8e Compagnies.
Compagnie;
Compagnies.

à Nioro : 9e Compagnie.
Le 1^ janvier 1915 sont créées la 13e compagnie à Gaoua
--et la 14e compagnie à Ouagadougou.
En 1916 la 6e compagnie de Kati va occuper Houndé, puis
Bobo-Dioulasso. La T compagnie de Kayes va. occuper le
poste de San et prend le n° 15 le 1er août 1917. Le
1er avril 1920 cette compagnie est dissoute, le poste de San
-est occupé par un détachement de Ségou.
En 1917 la 11e compagnie de Kati va occuper Dédougou et
la 12e Banfora, puis Houndé.
Le 1er août 1917 la 4e compagnie du Bataillon de Tirailleurs
Sénégalais n° 2 stationnée à Oualata devient 7e compagnie
du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais à Néma.
Pour reconnaître la part prise par le régiment à la forma-
tion des bataillons sénégalais qui se sont illustrés sur les
divers fronts, la garde des fanions de plusieurs de ces
glorieuses unités a été confiée au 2e Régiment de Tirailleurs
.Sénégalais lors de leur dissolution. Notamment (ordre
,-général n° 13 du 14 mai 1920) :

— fanion du 35e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais, décoré


de la croix de guerre
fanion
;
Bataillon Tirailleurs ;
Sénégalais
— du 103e de
— fanions des lre et 2e compagnies du 103e Bataillon de
Tirailleurs Sénégalais, dont le premier avec croix deguerre.
Ces fanions sont déposés dans la salle d'honneur du régi-
ment qui a été inaugurée à Kati, le 28 janvier 1933, par le
général Freydenberg, commandant supérieur des troupes
du Groupe de l'Afrique Occidentale Française.

§ 80.
— Colonnes de police du cercle de Bamako et du cercle
de Goumbou-Nara (février-avril 1915) (7).
Au cours de la guerre. 1914-1918, les forcer d'occupation en
Afrique Occidentale Française étant réduites au minimum,

(7) Voir croquis N° 8.


les opérations de recrutement entreprises de façon intensive
en raison des besoins de la défense nationale amenèrent
plusieurs populations mécontentes à se dresser contre l'auto-
rité militaire ou administrative. Ces réactions, qui eurent au
début un caractère purement local, menacèrent en 1916d0
se généraliser à tout le Soudan (8). Le 2e Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais eut à fournir plusieurs colonnes de répres-
sion, formées d'éléments disparates prélevés sur les maigres
effectifs maintenus dans la colonie, lesquelles eurent faci-
lement raison des désordres locaux.
Les troubles consécutifs à la réaction contre le recrute-
ment ont affecté principalement, au Soudan, les cercles.
de Bamako, Goumbou-Nara, Dédougou, Bobo-Dioulasso,.
San, Koutiala, Bandiagara, Dori et Ouagadougou.
Cercle de Bamako. — Le 25 février 1915, sur réquisition
du gouverneur du Haut-Sénégal et Niger, le colonel Molard,
commandant le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais et en
môme temps commandant militaire de la colonie, ordonne ¡\
un détachement du 2e Sénégalais d'accompagner en tournée
de police M. Dolisie, administrateur en chef commandant
ln cercle de Bamako, dans le Bélédougou (9) où l'on signale
l'agitation de certains villages, agitation qui gagne même.
le Sud du cercle de Goumbou-Nara.

(8) La colonie portait alors, administraitivement parlant, la déno-


mination de « Haut-Sénégal-et-Niger ».
(9) Il peut paraître surprenant que l'insurrection ait débuté si
près de la capitale de la colonie. C'est que la province du Bélé-

spontanément se placer sous notre protection ;


dougou n'a jamais été conquise à main armée. En effet lors de la.
prise de Ségou par le Commandant Archinard, cette province vint
plusieurs notables
paimi lesquels Ndiossé Taraoré, nous prêtèrent leur concours à la
tête d'auxiliaires levés par leurs soins. En 1898. Ndiossé, mécontent
pour diverses raisons, prit 'part avec le Bélédougou à l'agitation
qui secoua la région de Bamako au moment du départ de la colonne-
Audéoud pour Sikasso (Voir 40). Une tournée de police assura la
pacification de cette province, dont les villages, condamnés à des
peines diverses, durent raser leurs tatas;mais le tout se passa sans
combat, de sorte que les Bambaras de cette partie du cercle de-
Bamako pouvaient ignorer la Duissance de nos armes.
Cette petite colonne, désignée sous le nom de « colonne du
Hélédougou », commandée par le capitaine Leblond, avec le-
lieutenant indigène Bandiougou, était forte de 1 sous-offlcier
européen et 75 indigènes gradés compris (dont 3 gardes-
cercle)
Le détachement séjourne à Yélikébougou (33 kilomètres-
Nord doKati) où il est, rejoint successivement par un
premierrenfort de 25 hommes amené par l'adjudant Fadiala
Kéita, puis un second de 220 hommes avec 3 ofnciers eL un
docteur. Dès lors la colonne, placée sous les ordres du chef
de bataillon Caillel, a la composition suivante :
l1'"<:<mipagnie du 2" M.T.S., capitaine Minnrv avec :3 sous-offi-
ciers européens;
2" Compagnie du 2e H.T.S.,capitaine Lfhtnnd HVPI1 il «ous-offi-
ciers européens;
l'ue pièce de NO M., lieutenant Pnllnt;
Médeein-niaj(11• de 2,' (Masse .Tousset.

soit un effectif total de 308, dont ri officiers, 7 qoiis-ol'il(' i


ou gradés européens, 280 indigènes dont 278 [il'ailleurS'
cadre,s compris, 2no portnlll's. Ln cavalerie fajf défaut.
à
Par iMossombougou, la colonnearrive Zambougou où a

;
lieu le (i mars un combat contre 1.500 relie,Iles environ, qui
nous coûte (i blessés les dissidents prennent la fuite en
incendiantsur leur parcours le village de Molébougou.
Au cours dececombat, l'adjudant Padiala Kéita se signale
par les feux parfaiteme.nl,ajustés de
la ['l'ne,lion qu'il
commande. Pour tenir en mains ses tirailleurs, tous jeunes
recrues ou réservistes, et
leur montrer (pie l'ennemi n'est
pas dangereux, il a revêtu sa tenue blanche cl, bien que de
haute taille, sort del'actionsansblessure.
La colonne, accompagne la fournée administrative du
commandantdecercle,parOuolndo, Nonko, Sabougou : elle
se présente le, 18 mars dovant Ngoumi, village Tortillé
défendu par 300 à'i00 guerriers commandés par le vieux chel
Ndiossé Taraoré. Le village est battu en brèche par le canon
à 10 heures, attaqué à It h. 30 et définitivement occupé à la
nuit tombante, après que le chef Ndiossé s'est-fait sauter
dans son tata avec ses femmes et quelques défenseurs. Les
pertes françaises dans cette affaire sont de 7 tués et.
47 blessés dont 2 Européens.
La chute de Ngoumi marque la fin des opérations actives.
Une section de la lro compagnie est envoyée pendant quel-
à
ques jours à Mercoya, pour prêter main-forte, M. Rocaché,
administrateur du cercle de Goumbou, et au sous-lieutenant
Bourrouillou en tournée de police sur les confins de cercle
de Bamako. Les villages se soumettent et les chefs amènent
leurs recrues.
La colonne prend le chemin du retour par Banamba et
Koulikoro et arrive à Kati le 10 avril 1915.
Cercle de Goumbou-Nara. — Une petite opération conju-
guée avait eu lieu en même temps dans le cercle de Goumbou-
Nara voisin de celui de Bamako.
Le 15 mars 1915, l'administrateur commandant ce cercle,
M. Rocaché, en tournée de recrutement, est mal accueilli et
blessé au village de Médina-Souko. Le sous-lieutenant
Bourrouillou, de la 9e compagnie du 2e Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais à Nioro, est envoyé à la rescousse avec un
déta.chement improvisé et très disparate comprenant 1 sous-
officier européen, 12 tirailleurs venus de Nioro et de
Oualata, 18 gardes de cercle, 24 goumiers sous le comman-
dement de M. Lozet, adjoint des affaires indigènes, enfin
116 partisans sous M. Rocaché.
Le 20 mars, ce détachement attaque et incendie le village

cel.te action nous coûte 8 blessés légers ;


de Diéméné occupé par plusieurs centaines de rebelles :
M cadavres
bambaras sont comptés sur le terrain. La tournée se
continue par Djigué, Niantiala, Douabougou, Diéménékoura,
Doubala, Tiémabougou ; tous ces cantons font leur soumis-
sion. remettent les fusils et les chevaux, présentent les
recrues. Le 16 avril, le détachement du sous-lieutenant Bour-
rouillou rentre à Goumbou et le 29 il est de retour à Nioro,
ramenant le chiffre de 100 recrues qui lui avait été fixé.

§ 87.
— Opérations dans la boucle de la Volta. — Colonne
Simonin (novembre-décembre 1915) (10).
Dans les derniers mois de 1915, la boucle de la Volta
Noire, qui avait toujours été un des points névralgiques du
Soudan (voir §71), fut agitée par des mouvements où l'on a
cru reconnaître l'action d'agents étrangers. Cette agitation
était marquée surtout dans le cercle de Dédougou par le
refus de payer l'impôt, la résistance aux ordres du recru-
tement et la destruction des lignes télégraphiques.
Au milieu de novembre, des mouvements graves sont
signalés au Sud de Dédougou. M. Magnet, administrateur
commandant ce cercle, estime dès ce moment à 15.000le
nombre des révoltés. Deux combats ont lieu les 19 et
21 novembre à Bouna, village du canton de Datomo, où le
détachement du lieutenant Taxil, en tournée de recrute-
ment avec 15 tirailleurs et 37 gardes, a 2 tués et 23 blessés
dont 4 Européens (lieutenant Taxil, docteur Cremer, sergent
Dougnrd, M. Lowitz commis des affaires indigènes).
On appelle à la rescousse M. Labouret, administrateur du
cercle de Gaoua mobilisé comme capitaine, qui, amène
1() lirailleurs de la 13e compagnie du 2e Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais, et M. Maubert, administrateur cr-mman-
dant le cercle de Bobo-Dioulasso, qui marchesurRondoukuy
avec tous les gardes de cercle disponibles. Le capitaine
Ferron, en tournée de recrutement dans le corde de Bandia-
gara, est dirigé avec 50 tirailleurs sur Dédougou pour y
prendre le commandement des opérations. Le bataillon de
Ségou envoie également à Dédougou 82 lirailleurs et 2 sous-
officiers européens des 3e et 8e compagnies, Ouagadougou

(10) Voir croquis N° 9.


fournit une pièce de 80 M. avec 20 hommes. Un détache-
ment de 50 tirailleurs est envoyé de Kati à Bobo.
Ces mesures n'ayant pas paru suffisantes, la. portion
centrale du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais à Kati
reçoit du général Pinaud, commandant supérieur, l'ordre de
fournir les éléments nécessaires à la formation d'une colonne
de répression. Les gaTnisons de Kati, Kayes, Nioro sont
vidées de leurs meilleurs éléments, Tombouctou envoie
également un peloton. Seul Ségou doit conserver une
garnison de sécurité, en vue d'éviter l'extension de la rébel-
lion et l'arrêt total du recrutement.
Le 18 décembre, la colonne, désignée sous le nom de
Colonne du Bani-Volta (ou colonne de Dédougou) est concen-
trée à Dédougou. 'Placée sous le commandement du chef de
bataillon Simonin, avec comme adjoint le capitaine Modest,
elle a la composition suivante :
lre Compagnie de marche, sous-lieutenant Breton, du bataillon de
Tombouctou, 3 sous-officiers euro-
péens, 200 indigènes;
2e Compagnie de marche, sous-lieutenant Cartier du même ba-
taillon, 5 sous-officiera européens, 181
indigènes;
(Ces 2 compagnies forment un demi-bataillon placé sous le
commandement du capitaine Fcrron).
3e Compagnie, capitaine de réserve Labouret, 3 sous-officiers eu-
ropéens, 200 indigènes;
40 gardes de cercle, M. Lowilz;
1 Batterie d'artillerie à 2 sections de 2 pièces, lieutenant Taxil,

VA européens, 14 indigènes;

:
1 Goum de 100 cavaliers auxiliaires, M. Haillot;

Service de santé médecin major de 2° classe Jousset.

L'approvisionnement en munitions osl rie "00 cartouches


par homme et 100 coups par pièce.
Le 21 décembre, par Karo et Noumou, la colonne, accom-
pagnée par le gouverneur intérimaire du TTallt-Sénégal-et-
Niger, se porte à l'attaque du village fortifié de Yankasso,
i)itué à 40 kilomètres au Sud-Est de Dédougou et défendu
par les Marka ou Sarakollé. L'assaut est donné le 23, après
une reconnaissance menée par le goum, mais sans prépa-
ration d'artillerie. La compagnie Labouret pénètre diffici-
lement dans le secteur du village qui lui est assigné, mais
la lre compagnie de marche, composée d'éléments disparates
-et jeunes, dont la plupart voient le feu pour la première
f fois, ne peut dépasser les lisières du village. Son chef, le
î
p

r
-sous-lieutenant Breton, tombe frappé de deux balles. La
plupart des gradés européens et indigènes sont blessés la
.ire compagnie reflue. A 9 heures le rapitainp Ferron tente
;
s de la rallier.
Pendant ce temps des groupes de dissidents cherchent à
tourner l'artillerie et le convoi. Un second assaut mené par
le sous-lieutenant Cartier échoue. Au cours de l'action
l'artillerie a tiré 162 obus sur 200 emportés; mais les obus
ordinaires ne peuvent rien contre les soukalas (11) une des ;

pièces est rapidement devenue inutilisable. Craignant d'être


.encerclé par de nouveaux contingents des villages voisins
arrivant au secours des rebelles et qui se présentent avec
un certain.ordre en rase campagne, le chef de bataillon
Simonin décide de rompre le combat par échelons. Le lieu-
i tenant-gouverneur et sa suite donnent leurs chevaux pour

emporter les blessés. Le 24 décembre, veille de Noël, la


colonne rentre à Dédougou.
Cet échec qui nous avait coûté 10 tués et 113 blessés, avait
-de funestes répercussions sur le moral de nos jeunes tirai]-

1
leurs et augmentait d'autant la confiance des révoltés. Aussi
l'insurrection s'étend vers le Sud et l'Ouest, aux cercles de
Bobo, de San, etc.
, Le commandant Simonin est relevé. Le lieutenant-gouver-
neur intérimaire rentre à Bamako (2 janvier). Jusqu'au début

F
(11) Habitations locales en «
» ou terre battue.
banco
do février Inln, la colonne séjourne Uridougou sous le-
11

commandement du capitaine Modost (12), se conlenlanl,


pour se donner de l'air,
doprononcer quelques reconnais-
sances, notamment vers le Sud jusqu'il Dallna cl, Zeoulà,
vers le Nord jusqu'àDonroula et les passages dn la VoIla"
De plus, pour aasurer la srieurilri axtririeure, cortain»,
villages voisins sont occupas, Kari par le capitnino Ferron
avoe la 11' compagnie, mudi par h» sous-lioulenant Cartier
ivoe la 2° compagnie, Koury cl, lA hac do Voila pnr un. la
rilrimo.nl, (h4 In compagnie Labouret, ni l'on étudie le plan
do drifonse de Dridougou, que IPS rebellesont,driolarôvouloir
attaquer. La destruction successive des lignes trilrigrapbiquos
do Hobo-Dioulasso, Yako, ensuite colins dn San ni Djennri,
menacent d'isoler complètement le poste du reste do la
colonie.
La situation osl. jugée flurilaammo.nl. grave pour que
raul.oril.ri civile damando. au commandement militaire de
mobiliser tout oo qui restedoforoos disponibles, non plus
seulement nu KOlldllll, mais dans toute l'Afrique Occidentale-
Frilnçni:-lr, pour rriprimer l'insurrection.

v SM, Suite des opérations de la Volta. Colonne Molard


-
(levrier-juillet 101H).

Lf colonel Molard, commandant le 2" Rrigimont de Tirail-


leurs Srinrigalnis et eommnndnnt mililnire. du Tfaut-Srinrigal*
et-Niger, avait i'e.(;u l'ordre do prendre le commandement de
la colonne, do Dridougou et d'assurer en personne la diroc*
lion desopérations. Colles-ci dovaionl comporter la dostrur-
lion svstriina.ti(pie, dans le cercle do Dridougou et une partie
doceluido,Hobo-Dioulasso,de
; tous
les villages Mark et. a
Hobo rrivoltris une liste comportant prris de 50 de ces
villages fi u casser » est fournie par l'autorilri civile, sous

(1î?) F.vnru^ malade le î?.1janvier cl remplacé à cette natf" dans le-


et miuatulenientprovisoire d".s iroupps par 1., Capitaine CarpenUer.
: forme de réquisition, au commandement militaire chargé de
l'exécution.
L'Etat-Major de Dakar ramasse, dans toutes les colonies
-du.groupe, toutes les troupes disponibles, et réussit à mettre
sur pied de nouveaux renforts.
Le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais fournit une
4e compagnie de marche, 185 hommes avec 3 sous-officiers
-européens (capitaine Carpentier), qui quitte Kati le 2 jan-
vier 1916 et arrive le 20 à Dédougou, avec un important
-convoi de munitions d'artillerie et d'infanterie.
Le 4e Régiment de Tirailleurs Sénégalais envoie sa
3e compagnie, 12 Européens et 350 indigènes sous le

;
-commandement du capitaine Lucas, avec une section de
mitrailleuses cette unité arrive à Kati le 11 janvier, en
même temps que le chef de bataillon Ozil qui prend les fonc-
tions d'adjoint au commandant de la colonne.
Le bataillon de Tombouctou envoie 80 hommes. Mais
par suite de l'arrivée à Ouagadougou de la 14e compagnie du
'2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, venant de Sansané-

;
Mango (Togo ex-allemand), ces 80 hommes sont arrêtés à
Dori réunis à la commission de recrutement, qui devait
opérer dans ce cercle, ces 80 hommes forment la petite
colonne du capitaine Fourcade (voir plus loin §90).
Le bataillon de Guinée fournit une compagnie, 2 officiers,
-6 sous-officiers européens., 200 indigènes sous les ordres du
capitaine Amalric, concentrée à Kindia le 11 janvier, arrivée
à Bobo le 18 février. Après avoir laissé 40 tirailleurs à Bobo.
ci la disposition du commandant de cercle, cette compagnie
arrive à Dédougou au début de mars.
Le colonel Molard quitte Kati le 19 janvier avec 8 offi-

;
ciers, 19 sous-officiers ou soldats européens, 345 indigènes
(compagnie Lucas), 26 tonnes de matériel et munitions ces
-dernières comprennent 500 obus explosifs et 400.000 car-
touches d'infanterie, le tout réparti en caisses de 25 kilos.
La colonne de Dédougou, concentrée dans ce poste le
10février 1916 sous le commandement du colonel Molard,
comprend :

5 Compagnies d'infanterie (Breton, Carpentier, Ferron, Labouret,


Lucas) provenant de 3 corps différents;
1 Section de mitrailleuses (solls-lieutenant Poder);

1 Goum de 150 cavaliers, (M. Haillot);

1 Batterie de 80 de montagne à 4 pièces (sous-lieutenant, Monteil);

Service de santé : docteurs Jousset, Stefani et Cremer,


snit au total 17 officiers, 34 européens, 1.095 in-
digènes dont 168 auxiliaires.

L'administrateur commandant le cercle de Dédougou,

service de renseignements ;
M. Magnet. accompagnera la colonne comme chargé du
le R. P. Dubernet, des Pères
blancs, remplira comme volontaire les fonctions d'officier
d'approvisionnement. A Dédougou, après le départ de la
colonne, le docteur Macé assurera le service médical du<
dispensaire et le sergent-major Trimardeau, le commande-
ment du gîte d'étapes et les fonctions de vaguemestre.
La colonne tout entière quitte Dédougou le 13 février. Les
villages de Pondou, Ouarkoye, Sokongo, La, Bouna, Bara,
Banou, sont successivement enlevés aux rebelles, après
autant de combats qui nous coûtent 11 tués, dont 1 s'ergent
européen (sergent Paillé) et 4 auxiliaires, et 90 blessés, dont
l, Européens-parmi lesquels le commandant Ozil, 64 tirail-
leurs et 22 auxiliaires. Yankasso est enlevé d'assaut le
2 mars (5 tués et 21 blessés) ; après quoi le retour s'effectue
par Soldien el Tiékuy (28 blessés dont 2 Européens, et
rentrée à Dédougou le 9. La troupe indigène, remise en
i-onfiance, aura désormais une conduite irréprochable.
La compagnie Amalric, récemment arrivée de Guinée,
entre dans la composition de la colonne.
Du 11 mars au 9 avril, les compagnies Carpentier et
Breton opèrent dans le cercle de San (voir § suivant).
Les Unités restantes exécutent plusieurs expéditions puni-
tives à court rayon, sur Passakongo (12 mars); Ouroukuy,
Koana, Pi6 (où nous avons 1 tué et 10 blessés dont 1 Euro-
péen), Koré, Pérékuy, du 18 au 25. Des postes provisoires

;
sont installés et occupés à Siou, 16 kilomètres Sud de
Yankasso, par le sous-lieutenant Cartier à Békuy, 5 kilo-

;
mètres Nord-Est de Ouarkoye, par le sous-lieutenant
Molières cette dernière opération nous coûte 18 tués et
57 blessés dont 7 Européens.
Fin mars la compagnie Labouret est renvoyée à Gaoua.
Le 1er avril est constituée une nouvelle compagnie de
marche, commandée par le capitaine Cadence du 2e Séné-
galais.
Le détachement Carpentier rentre de San le 9 avril,
renforcé par la Compagnie Stéfanini du 1er Régiment de
Tirailleurs Sénégalais, comprenant 2 officiers (sous-lieute-
nants Santini et Tognet), 5 sous-officiers européens et
250 indigènes plus la section de mitrailleuses de l'adju-
dant Rault. Les troupes placées sous le commandement du
colonel Molard comprennent dès lors 7 compagnies d'infan-
terie, 2 sections de mitrailleuses et 1 batterie d'artillerie.
Pour. faciliter la marche, elles seront désormais scindées en
deux fractions : sections
— la première comprenant 5 compagnies, les 2
de mitrailleuses avec chacune ses six caisses de munitions,

;
la batterie avec un petit approvisionnement de 30 coups par
pièce, et.le 1er échelon du train de combat
— la deuxième fraction, comprenant le 2e échelon du train
2
de combat et compagnies lui servant d'escorte.
C'est dans cette formation que la colonne de Dédougou
se remet en marche le 13 avril et, durant trois mois et demi,
parcourt sans arrêt la région en effervescence, pour faire

:
rentrer dans l'ordre les villages révoltés.L'itinéraire est le
suivant Tiga 14avril, Tchériba le 19, Da 22, Pompoye 27,
Bagassi 2 mai, Bondoukuy- 23, Sara 27, Dohoun 4 juin,
Houndé 12, Boromo16, retour à Dédougou 23 juin.
Au cours de cette campagne, la pénurie de cadres euro-
péens donne un rôle de premier plan aux gradés indigènes.
C'est ainsi que, à l'assaut du gros village de Tchériba,
renfermant environ 4.000 habitants de race Marka-Nourouma-
et constitué par plusieurs soukalas entourées de murs
crénelés, le rôle principal revient, durant presque toute la.
matinée, à une section de la compagnie Lucas commandée
par le caporal Moussa Taraoré. Cette section, ayant réussi
à prendre pied dans le village, est obligée, conformément à
la tactiquefréquemment employée dans ces affaires, de-
rassembler des bottes de paille autour de l'îlot de résis-
tance, et les enflammer, le tout sous le feu de l'adversaire.
Au cours de celle opération, exécutée avec le plus grand
sang-froid, le caporal Mamadou Diallo est blessé d'une balle
au ventre. Décidé à faire agir le canon, le colonel envoie
le caporal Baba Coulibaly prévenir Moussa Taraoré de se
terrer et d'attendre pour reprendre l'attaque, unsignal

;
convenu. En portant cet ordre, Baba Coulibaly est traversé
de part en part par une balle il accomplit néanmoins sa
mission, et ce n'est qu'au retour que, trahi par ses forces,
il s'écroule pour ne plus se relever.

villages Marka, une section de la compagnie -


Le surlendemain, à l'attaque de Dâ, un des principaux
Lucas;
commandée par le sergent Mamadou Coulibaly reçoit l'ordre
d'attaquer la face Est, en procédant par vagues d'escouades.
Il part lui-même avec la première, mais les autres escouades,
ayant mal compris les ordres, le suivent, et la section
entière arrive à la brèche. Ne pouvant pénétrer qu'un par
un, les tirailleurs se pelotonnent au pied du mur, cherchant.

;
un angle mort. Les rebelles accourent aux crénaux, font
pleuvoir une grêle de balles et de flèches en un instant
2 tués, 5 blessés. A ce moment, donnant lui-même l'exemple,
Mamadou Coulibaly escalade le mur d'enceinte, en se faisant
faire la courte échelle par les tirailleurs, ses hommes l'imi-
tent, pénètrent dans une cour, enlèvent une case devant eux,
et bientôt la section tout entière est dans le village.
-
Le 16 mai, la colonne repasse au village de La, qu'elle
;
avait conquis au mois de février. Elle le trouve réoccupé, et
fortifié à nouveau la tombe du sergent Paillé a été violée et
le cadavre mutilé. Le village est rasé.

:
Pendant ces opérations avaient eu lieu divers change-
ments dans le personnel les 26 avril et 20 mai, le comman-
dant Ozil, puis le capitaine Ferron sont évacués malades ;;
le capitaine Lucas prend le commandement du bataillon
le capitaine Vallet et le sous-lieutenant Chorhy remplacent
dans leurs commandements Lucas et Perron. Le 1er mai, le
-capitaine Amalric, désigné comme commandant militaire
du Togo, quitte la colonne pour rejoindre son poste. Le
'5 juin le capitaine Carpentier et le sous-lieutenant Chorhy
quittent la. colonne et sont remplacés par le lieutenant
Tognet et le capitaine Branche.
Après trois jours de repos à Dédougou, la colonne Molard
repart le 27 juin pour achever de rétablir l'ordre dans le
pays Bobo-Fing. Elle ne comprend plus à ce moment que :
'2Compagnies (Branche et Valet);
1 Section de mitrailleuses;
1 Section d'artillerie (Comte).

Elle est accompagnée par l'administrateur en chef Vidal,


-comme délégué du gouverneur.
Après avoir franchi la Volta à Nokuy (en partie de
nuit à cause de la tsé-tsé), elle passe par Bagala, Balaoué,
Dankouma et Missakongo, et rentre à Dédougou le 24 juillet.
La situation politique étant fortement améliorée, vu d'autre
part la fatigue des troupes, en marche depuis six mois, et
l'approche de la saison des pluies qui rend les déplacements
excessivement difficiles, la dissolution est prononcée à
cette date.
La compagnie Stéfanini (3e compagnie du 1er Régiment de
Tirailleurs Sénégalais) est envoyée dans le pays Niénégué,
cercle de Bobo, pour construire et occuper le poste de
Houndé, jusqu'à fin septembre 1916 où elle passe au
Dahomey.
La seconde période active du 15 avril au 25 juillet nous !

avait coûté 40 tués, dont 30 tirailleurs, et 152 blessés, dont


3 Européens et 119 tirailleurs.
Les pertes françaises pour l'ensemble des opérations de-
février à juillet 1916, menées contre les Bobo et les Marka
révoltés, dans la boucle de la Volta et cercles voisins (13),
s'élèvent à 56 tués dont 1 Européen et 42 tirailleurs et
;
284 blessés dont 11 Européens et 22'1 tirailleurs 39 villages
avaient été enlevés de vive force, et la consommation des
:
munitions avait été 135.000 cartouches dont 130.000 pour
fusil 86 et 5.000 pour le 74 ; 1.905 obus, dont 1.592 à mélinite
et 313 à mitraille.

§ 89. — Insurrection du cercle de San.


Les compagnies Carpentier et Breton, de la colonne-
Molard, sous le commandement du capitaine Carpentier,.
sont mises en route le 11 mars 1916 de Dédougou sur San
pour en ramener un important convoi de munitions desti-
nées à la continuation des opérations dans la boucle de la
Volta. La durée normale du trajet aller et retour étant de
16 jours, on pouvait escompter le retour au plus tard pour
la fin du mois, même en supposant que ce détachement eût.
à s'ouvrir la route de vive force.
Mais la situation dans le cercle de San était loin d'être
facile. Des milliers de rebelles, chassés du cercle de
Dédougou par nos opérations, s'étaient rassemblés à l'Ouest
rie la Volta en deux groupes principaux, dont l'un avait
pour objectif le cercle de San, le second le cercle de-
Koutiala. De gré ou de force, les populations locales s'étaient
ralliées à la révolte.
Dès le 23 février, les cantons de Tiontiou et de Mandjakuf
s'étaient soulevés. 5.000 rebelles, en marche sur San, avaient.
détruit les villages fidèles de Bénénfl, I-Ianékuy; arrivés le-

(13) Non compris le détachement Carpentier, voir § 89.


4 mars devant Tominian, village évacué par ses habitants,
mais défendu par des gardes de cercle et des partisans sous
le commandement d'un commis européen, ils avaient enlevé
ce point, nous tuant 7 gardes, 1 interprète et 1 chef de
canton, dont les corps et les armes étaient restés entre leurs-
mains.

:
Le 5 mars, sur réquisition du gouverneur, deux détache-
ments avaient été dirigés sur San 66 tirailleurs de Kati
(s;""us-lieutenant Prestat) et 40 de Ségou (adjudant Cudelou).
Le 10 mars, avait eu lieu l'affaire malheureuse de Sienso,
5kilomètres Sud de San, qui nous avait coûté, rien que
parrrii les réguliers, la perte de l'adjudant Cudeloll, 2 gardes-
tués, 1 caporal de tirailleurs disparu, plus une douzaine de
blessés.
Les rebelles s'acharnent sur les lignes télégraphiques, en

tance pour les communications de la colonne Molard :


particulier-sur celle de San à Dédougou, de première impor-
les

d'agressions constantes ;
détachements chargés de la garde de ces lignes sont l'objet
les réparations sont détruites
aussitôt faites et le matériel transporté à de grandes-
distances.
Arrivé à San le 17 mars, le détachement Carpentier est
réquisitionné pour prêter main-forte pour le rétablissement
del'ordre. Renforcé de 40 tirailleurs avec le sous-lieutenant
Prestat, il a le 23, à Tiédana, 26 kilomètres Sud-Ouest de
San, une dure affaire qui nous coûte 7 tirailleurs tués,
2 officiers et 31 tirailleurs blessés.
L'arrivée à San le 28 mars, de la compagnie Stéfanini du
1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais et le 31 de la compa-
gnie Mégnou du 4e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, rend
la liberté au capitaine Carpentier, qui reprend le 1er avril
la route de Dédougou avec son détachement renforcé de la
compagnie Stéfanini. Il met juste neuf jours pour rentrer à
Dédougou, traversant un pays en révolte ouverte, obligé
d'enlever d'assaut successivement tous les villages tout en
.assurant la bonne marche et la garde de son convoi. Cette
marche nous coûte 7 tirailleurs tués et une trentaine de
blessés.
Au début d'avril 1916, les troupes présentes dans la région
de San sont placées, sur le papier, sous la direction
d'ensemble du chef de bataillon Simonin, alors chargé de
l'expédition des affaires du 2e Régiment de Tirailleurs Séné-
galais à Kati. On envisage en haut lieu la. formation d'un
nouveau groupement, qui serait chargé, si les événement
l'exigent, d'opérer dans les cercles de San, Koutiala, Djenné
et Bandiagara, un nettoyage méthodique analogue à celui
qui a été confié par voie de réquisition civile, à la colonne

:
Molard dans le Cercle de Dédougou. Le groupement Simonin
comprend
Compagnie Mégnou, provenant du 4e Régiment de Tirailleurs
Souiégalais, à San;
Compagnie ThiébnuU;, du 2CJ Régiment de Tirailleurs Sénégalais,
cri nuira de formation à Kati;
Unesectiond'artillerie.
De plus 2 nouvelles compagnies, commandées par les lieu-
tenants Uuillermin et Figaire, provenant respectivement du
lor et du 4e Sénégalais, devaient entrer dans ce groupement.
Arrivés respectivement à San les 22 avril et 21 juin, elles
sont mises, dans la pratique, directement à la disposition
du colonel Molard, avec la mission spéciale d'assurer la
liberté de la ligne de communication San-Dédougou. La
compagnie Guillcrmin assure, du 22 mai au 4 juillet, l'escorte
d'un important convoi de San à Dédougou et retour. La
compagnie Figaire, ainsi que les autres unités théorique-
ment rattachées au groupement Simonin, n'ont à exécuter
dans le cercle qu'un travail courant de protection et de
patrouilles ne comportant pas d'action militaire proprement
dite.

£ !JO. Cercles de Koutiala, Bandiagara, Dori, Ouagadougou.


Cercle de Koutiala. - Dès le commencement de février
1916, divers villages passent à la révolte. Les postes de parti-
sans installés par l'administrateur subissent de rudes
assauts. C'est ainsi que à Sanhouan, les gardes de cercle et.
partisans, aux prises avec les rebelles de 11 villages diffé-
rents, sont dégagés grâce à l'énergique intervention de
1 caporal et 10 tirailleurs du 2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais spontanément accourus à la rescousse. Ces tirail-
leurs appartenaient à l'escorte du sous-lieutenant Grégoire,
en tournée de recrutement dans le cercle. L'incident nous-
coûte 1 garde et 3 partisans tués, 1 garde et de nombreux
partisans blessés.
Un renfort de 30 tirailleurs est envoyé de Ka.ti à
M. Grégoire, qui dispose alors de 53 hommes.
Au début de mars, le village de Toma, dépendant de
Dédpugou, et proche de la frontière de Koutiala, est enlevé
par les rebelles. Le 5, ceux-ci détruisent Maréna et ont avec
les gardes etlespartisans dans les ruines du village, un
engagement qui nous coûte 3 tués et 18 blessés. Les contin-
gents' dé 60 villages révoltés sont concentrés à Kiélé (cercle
dé" D'édbugoû), mênaçarit les cantons de Bagadina et
Ménamba. Le 15 mars, la ligne télégraphique de San à
Koutiala est coupée. Néanmoins l'administrateur de Koutiala.
devait réussir, grâce à une judicieuse utilisation de ses-
gardes et de ses partisans, à maintenir dans l'ordre la
majeure partie de son cercle sans avoir recours à l'inter-
vention de forces régulières.
Cercle de Bandiagara. — C'est seulement vers le
20 mars 1916 que ce cercle commence à être ostensiblement
travaillé par la propagande de rébellion venue de San. Le
commandant de cercle, M. Fawtier, se porte vers la frontière
Sud avec un détachement comprenant 30 tirailleurs (adju-
dant-chef Puget), 19 gardes de cercle et 64 goumiers. Après
un engagement heureux à Kissédougou (1er avril), le déta-
chement casse les villages rebelles de Ngoïna, Promani et
Kondougou et installe des postes provisoires à Baraman-
dougou, Tonara et Koniniou, afin de se mettre en liaison
avec le groupement Simonin qui doit venir nettoyer les
confins du cercle de San.
Cercle de Dori. — Dans le pays de l'Oudalan, au Nord-
Ouest de Dori, les Touareg révoltés se groupent autour de
leur chef Mamadou Otam, et grossis par des Kel-Gossû
Logomaten et Tin-Guéréguédesch, razzient les Peuls et les
Mossi sédentaires.
Le capitaine Fourcade, en tournée de recrutement dans le'
cercle, s'efforce avec son escorte de rétablir l'ordre.
Le 22 février 1916, une reconnaissance dirigée sur le village
,de Saonga, à W k'Mrrrwtrès Nord de Dori, où sont signalés
les cavaliers Touareg, tue 30 bellahs (ou vassaux) de
Mamadou Otam et ramène un troupeau important.
Une autre reconnaissance (10-16 mars) donne lieu au
combat de Tin-Abalak; au cours duquel les Touareg subis-
-sent des pertes sévères et aboutit è, l'occupation des campe-
ments de Bosseye.
Après une tournée dans le pays Sonrhaï, le capitaine Four-
cade rentre à Dori. En mai ayant reçu un renfort de
80 hommes, provenant du bataillon n° 2 à Tombouctou et
précédemment destinés à la colonne Molard, il marche sur
Oursi, important point d'eau, situé à 90 kilomètres.Nord-

Gourma ;
Ouest de Dori, qui sert de rassemblement aux rebelles de
après un engagement à Youmboli, Fourcade
détruit les campements d'Oursi (2 juin). La poursuite,
entamée sans retard, amène la soumission des principaux
chefs révoltés, et en particulier de Fellane, qui avait
remplacé à la tête des Touareg de l'Oudalan, Mamadou Otam
abandonné par ses partisans.
Le cercle de Dori se tient désormais tranquille.
Cercle de Ouagadougou. — Dès le 14 janvier 1916, l'admi-
nistraleur en chef commandant le cercle du Mossi, signalait
que les Gourounsi habitant l'Ouest dela subdivision de
Koudougou. avaient partie liée avec les rebelles de.
Dédougou. De même dans le Kipirsi, où les habitants
montraient une réelle mauvaise volonté devant les exigences
de notre administration, les Marka propagandistes de la.
révolte allaient trouver un terrain tout préparé.
C'est d'abord la 14e compagnie du 2U Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais (lieutenant Marotel) venant de Sansané-
Mango (Togo ex-allemand) qui fut chargée du maintien de
l'ordre dans cette région. Le 1er peloton .de cette unité
commence en février les opérations de dégagement de
Koudougou, lesquelles comprennent, uutre une série de
patrouilles et de reconnaissances, l'occupation de postes
provisoires à Sabou et Godé, pour isoler le pays soumis de
la région occupée par les révoltés. En,mars, le 2e peloton
se livre à une action analogue aux environs du poste de
Léo.
Le 11 avril la compagnie Cadence, venant de Dédougou
par Boromo, arrive à Koudougou et le capitaine Cadence
prend la direction des opérations, Kn juin elle est renforcée
par la compagnie Breton, provenant de la colonne Molard,
et la pièce de canon de Ouagadougou.
Une série de patrouilles incessantes, ne constituant pas ù
proprement parler des opérations militaires, réussirent avant
,la saison des pluies, à éclaircir la situation dans le Mossi, le
Gourounsi et le Kipirsi. Le Yatenga s'était tenu à peu près
calme.

§ 91. — Le 2e Sénégalais après la guerre. — La relève


extérieure.
De même que, avant la Grande Guerre, le 2e Régiment de
Tirailleurs Sénégalais avait fourni les unités qui formèrent
successivement le Bataillon n° 2 à Tombouctou, puis le
Bataillon de Zinder, de même en 1920, au moment où la
colonie autonome de la Haute-Volta fut détachée du Soudan,
les unités du régiment stationnées sur cette nouvelle colonie
furent détachées du corps pour former le Bataillon Séné-
galais n° 6,. avec portion centrale à Qwagadoifigoir et pastes
à Bobo-Dioulasso, Dédougou, Gaoua. M'Oii'û'dé;. BaMfora.
Le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais est alors réor-
ganisé à 9 compagnies, groupées en 2' bataillons (t4).

: :
Etat-major et Compagnie hors-rang Kati.

le" t(Kati)
t')
B .11 r:
1er Bataillon,
fK
C
i l1'6Compagnie
2e
5e
6e
Compagnie :
CompagnieKati;
KT t.
Kati (avec poste à Bamako);
Kati (avec poste à Koulikoro,);

Compagnie (ancienne 10e) : Kayes;


9e Compagnie Nioro (avec poste à Yélimané);
!3° Compagnie Ségou;
a ou)
2e p..„
(Sé al on.
<
Ie
7e Compagnie
C

Compagnie
Néma
Né (avec
(
Oualata);
t,
Compagnie Bandiagara (avec poste à Mopti);
postes à Nara
N ett

Ségou (avec poste à San).


8e :

Depuis cette époque (1920), le 2* Régiment de Tirailleurs


Sénégalais n'a subi aucune transformation, en dehors de la
suppression des postes détachés de Yélimané et San (1er jan-
vier 1924) et de Nara (1er janvier 1930).
Le Régiment a été commandé successivement par l'es
colonels de Fajolle (1919-1921), Cluzeau (1921-1923),- Louis
Braive (1923-1925), Malafosse (1925-1927), Berger (1927-1929),
Lion (1929-1930), Perraud (1930-1932) et de Martonne (1932).
Le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais continue à
recruter et instruire, chaque année, un chiffre variable
d'indigènes du Soudan appelés ou engagés volontaires, el
d'autre part à fournir la relève extérieure conformément
»
aux « Plans de relève successifs qui lui sont notifiés chaque
année par le Commandant supérieur. Les chiffres des mili-
taires indigènes envoyés par le régiment en Afrique du
Nord, à Madagascar el sur les théâtres d'opérations extfr-

(14) Voir croquis N° 10.


rieurs sont fonction des besoins des troupes en opérations
et des corps d'occupation. Sans entrer dans les détails, il
pourra être intéressant de savoir que, pendant les 15 années
d'après-guerre, allant de 1919 à 1933 inclus, le 2e Régiment
de Tirailleurs Sénégalais a envoyé à l'extérieur 21.260 gradés
et tirailleurs dont 6.600 en France, 4.800 en Algérie-Tunisie,
8.820 au Maroc, 830 au Levant et 150 à Madagascar, ce qui
représente une moyenne de 1.420 par année.

§ 92. — du Hodh.
Groupe nomade
La seule unité constituée du2e Régiment de Tirailleurs
Sénégalais qui ait eu, au cours de ces quinze dernières
années, l'occasion de prendre part à des opérations de
guerre, est le Groupe nomade du Hodh, rattaché administra-
tivement à la 7e compagnie de Néma. Ce groupe comprend
3 officiers, dont 1 stagiaire, 5 sous-officiers européens, et
94 tirailleurs méharistes gradés compris.Composéexclusi-
vement de volontaires, c'est — comme son nom l'indique —
une force essentiellement mobile, qui « nomadise » dans la
région subdésertique dont le centre est approximativement
marqué par le poste de Oualata, se tenant en liaison par

:
T. S. F. tant avec Néma, son point d'attache, qu'avec les
groupes nomades voisins celui de Tichitt en Mauritanie et
celui d'Araouan dans la région de Tombouctou. Il a la garde
du front saharien dans un secteur de près de 500 kilomètres
d'étendue.
Le 6 avril 1932, le groupe nomade du Hodh, installé au
carré à Tiguiguilt (40 kilomètres Sud-Ouest de Oualata) et
comprenant (y compris les gardes-méharistes) 130 fusils,
6 fusils-mitrailleurs et 2 mitrailleuses, est attaqué à 3 heures

Aïoun-Abd-el-Malek. L'attaque est repoussée ;


par un razzi de 130 Régueibat, descendu du Hank par
7 pillards
dont le chef de bande, restent sur le terrain. De notre côté
nous avons 6 tués et 4 blessés. Le général Rérecki, comman-
dant la 2e Brigade à Kati, se rend sur place en avion et orga-
nise la poursuite.
la fuite dans la direction du Nord-Ouest ;
Le razzi se divise en trois fractions. L'ùne d'elles prend
elle est devancée
à la passe de Frékiké, entre Oualata. et Tichitt, par le lieute-
nant Guennebaud, commandant le groupe nomade, qui avec
l'aide de l'aviation de Bamako (capitaine Démery) l'anéantit
complètement, tuant 29 hommes, capturant les 9 autres
(13 avril).
La seconde fraction se dirige vers le Nord-Est. A El-Ksaïb

;
elle estsurprise et détruite par le groupe nomade d'Araouan
(capitaine Poggi), qui avait été alerté par la radio du 17 au
21 avril, 27 pillards, qui se présentent épuisés par une
marche de plusieurs centaines de kilomètres à travers le
désert du Djouf, sont tués ou faits prisonniers par le capi-
taine 'Poggi.
Seule la troisième fraction, comprenant une quarantaine
d'hommes, réussit à regagner ses campements.
L'attribution de la médaille coloniale, 2 médailles mili-
taires, 2 citations à l'ordre de l'Armée, 2 à l'ordre du Corps
d'armée, li à l'ordre de la division, 10 à l'ordre de la
brigade, 14 à l'ordre du régiment, comportant l'attribution
de la Croix de guerre des T. 0. E., ont récompensé cette
action de guerre.

§93. — Le 2e Sénégalais d'aujourd'hui (15).


Au 10r janvier 1933, la composition du régiment est la
suivante :
f

ETAT-MAJOR
l MM.
t de Martonne, colonel, commandant le régiment;
r Soreau, lieutenant, adjoint an chef de corps;
r Brocard, chef de bataillon, commandant major;
t

(15) Voir croquis N° 10.


Antonini, capitaine, trésorier;
Germain, capitaine, Service de la mobilisation
et des effectifs;
Boyer, capitaine, commandant la Compagnie
hors-rang;
Rhodes, capitaine, Service du matériel;
Capéran, médecin-commandant, médecin-chef.

L'encadrement des compagnies comprend, en principe,


i capitaine et 2 lieutenants :
1er :
Bataillon chef de Bataillon Weissenburger, commandant,

1re
26 ---:
:
Compagnie
capitaine
lieutenant indigène Kantara Sako, adjoint;
capitaine TJiiriet, lieutenant Desbois;
Viénot, lieutenants Ntchoréré et For-
geron;
5e
— : capitaine Manfrino, lieutenants Dexemple et Sar-
rot, sous-lieutenant Robert;
6e
ge
-- :

:
capitaine Derrien, lieutenant Grué;
capitaine Laforest, sous-lieutenant indigène Ama-
dou Diallo;
1 Section de mitrailleuses (portée à ânes);
1 Groupe d'engins d'accompagnement;

2° Bataillon : chef de Bataillon Bemoin, commandant,


sous-lieuten. indigène Soumana Touré, adjoinL,
médecin-capitaine Courmes, méd. du bataillon;
3° capitaine Boussand, lieutenant Farsac;
Compagnie
].J
— capitaine Quinchard, sous-lieutenant Richard;
7e
-
: capitaine d'Adeler, lieutenants Coulaux et Farret,

sous-lieutenant Bruge;
Groupenomade: capitaine Dessert, lieutenants Guennebaud et
Bouillon;
S- Compagnie : capitaine Pujol, lieutenant Darnault;
1 Seclion de mitrailleuses (à ânes).

Au régiment sont rattachés plus ou moins directement les


organismes suivants :
Section de recrutement indigène : capitaine Chatenay;

::
:
Ecole de perfectionnement des
officiers de réserve : commandant Weissenburger;
Ecole des enfants de troupe lieutenant Ntchoréré;
Centre régional d'instr. physique lieutenant Dexemple;
Société coopérative militaire de
Kati-Bamako capitaine Jullien.

A la même date du 1er janvier 1933, l'etïeclif réel des


unités (non compris 526 indigènes appelés des classes 1930
et 1931 envoyés par anticipation en congé libérable) est le
suivant :
Etat-major et Compagnie hors-rang (Kati) : officiers, 32 sous-
8
officiers, 28 caporaux
et soldats européens,
106 indigènes gradés
compris;
lre Compagnie (Kati) : 3 offic., 20 sous-offic., 367 indigènes;
2e Compagnie (Kati) : 2 offic., 8 sous-offic., 191 indigènes;
3e Compagnie (Ségou) : 2 offic., 6 sous-offic., 189 indigènes;
¡ 4e Compagnie (Bandiagara) 2 offic., 5 sous-offic., 133 indigènes;
r 56
Compagnie (Kati) : 4 offic., 8 sous-offic., 193 indigènes;
! 6e Compagnie (Kayes) : 2 offic., 6 sous-ofnc., 1 gradé euro-
péen, 223 indigènes;
u
7e Compagnie (Néma) : 1 offic., 6 sous-offic., 171 indigènes;
Groupe nomade : 3 offic., 5 sous-offic., 94 indigènes;
8e Compagnie (Ségou) : 2 oîYic., 6 sous-offic., 130 indigènes;
9'1 Compagnie (Nioro) : 2 offic., 6 sous-offic., 161 indigènes;
1
soit un effectif total de 2.136 présents dont 175 européens et
1.961 indigènes.

Enfin pour former un tableau véritablement complet de


la force que représente le 2e Sénégalais d'aujourd'hui, il

:
faut tenir compte des réservistes qui lui sont rattachés dès
le temps de paix, et qui comprennent
45 officiers de réserve;
94 sous-officiers et 270 hommes de tr-oupe européens;
106.000 indigènes (16) dont 33.000 de la lre portion et 73.000 (17) de
la 2e portion du contingent.

Une expérience récente. l'appel des réservistes indigènes


des classes jeunes (classes 1924 à 1928) dans les cercles de
Bamako, Bafoulabé, Bougouni,Kita, Ségou. qui a été réalisée
au mois d'octobre-novembre 1932 par la portion centrale du
2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais à Kati, a montré que
l'on pouvait compter sur tous les anciens tirailleurs répandus
au fond des plus petits villages du Soudan, et que ceux-ci
une fois rentrés dans leurs foyers n'ont perdu ni la confiance
dans leurs chefs ni les qualités militaires qui en font une
des plus belles troupes qu'un officier ou sous-officier français
puisse être appelé à commander.

§ 94. — Les batailles inscrites au drapeau.


Le 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais a reçu, comme
les autres régiments sénégalais, un drapeau, qui a été
remplacé en 1933 par suite de l'usure du premier, très
endommagé par le climat el les insectes. Le drapeau du
2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, qui est déposé à la
Salle d'honneur tout récemment créée au camp de Kati,
porte par décision du Ministre les batailles suivantes
Soudan, Dahomey, Côte d'Ivoire, Madagascar, Congo, Tchad,
:
Maroc.
Les pages qui précèdent suffisenl à monLrer que ces
glorieuses inscriptions sont justifiées par le rôle tenu par le
corps dans la conquête des colonies françaises.

(16) Y compris 10.500 provenant des cercles de l'ancienne colonie


de la Haute-Volta rattachés au Soudan depuis 1933.
(17) Dont 17.300 des classes 1930, 1931 et 1932 effectivement
employés sur les chantiers des grands travaux locaux.
La conquête du Soudan, commencée en 1890 à la suite de
celle du Haut-Sénégal, est entièrement et uniquement
l'œuvre du régiment qui s'appela successivement « Régi-
ment de Tirailleurs Soudanais » puis a 2e Régiment Séné-
galais ». Elle a donné lieu à des guerres poursuivies durant
des années (comme la lutte entreprise pour libérer les popu-
lations sédentaires de la tyrannie sanglante de Samory) et à
des épisodeshéroïques (comme la prise de Sikasso), où la
science et la ténacité des cadres européens ont été égalées
par la valeur guerrière et l'attachement des tirailleurs.
Si la conquête du Dahomey en 1892, celle de Madagascar
en 1895, ne sont pas l'œuvre de compagnies constituées du
régiment, les unités de marche qui y participèrenl étaient
formées en grande partie de tirailleurs soudanais.
La Côte d'Ivoire voyait dès J893 les randonnées épiques de
Combes, plus tard celles de Gouraud aux trousses de
Samory, en 1896 des fais d'armes comme le siège de Kong
ou la conquête du Mossi, enfin dans les premières années
du xxe siècle la soumission du pays Baoulé, qui sont toutes
le fait d'officiers et de détachements constitués venus de
Kayes, puisde Kati.
La soumission du Congo, la marche concentrique des
grandes missions qui se réunirent au Tchad en 1900, réali-

:
sant ainsi l'unité du bloc africain français, sont aussi
l'œuvre du régiment ces événements, devenus historiques,
illustrent à la fois l'héroïque volonté des chefs et le dévoue-
ment des plus humbles exécutants, comme celui des survi-
vants de la mission Cazemajou à Zinder, qui peut s'égaler
aux plus hauts faits de l'histoire militaire de tous les temps
et de tous les pays.
Enfin la bataille du Maroc, ouverte en 1908 et qui se
continue pendant et après la Grande Guerre, et jusque de
nos jours, avec des péripéties angoissantes comme l'insur-
rection rifaine de 1926, n'aurait pu se poursuivre sans
l'appoint des Troupes noires. Le 2e Sénégalais l'a alimentée
par plusieurs milliers des siens. Les tirailleurs sénégalais
d'après-guerre, dignes héritiers de leurs aînés, ont signé de
leur sang des pages de bravoure héroïque (comme la défense
du poste de Beni-Derkoul) qui justifient pleinement l'ins-
cription du mot Maroc sur le drapeau du régiment.
Ces fastes de l'histoire militaire du 2e Régiment de Tirail-
leurs Sénégalais ont été évoqués et célébrés lors de la fête
du corps, qui fut célébrée pour la première fois à Kati le
7 mai 1933, 33e jour anniversaire du décret créant le régi-
ment, en présence des autorités civiles et militaires de
Ramako et de Kati.
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES CROQUIS

Pages
1. —Opérations lieutenant-colonel Combes contre
du
Samory (décembre 1892 - mars 1893) 13
2.
- Conquête du Moyen-Niger et du Bani, par le
colonel Archinard (1893) 21
3.
4. —
- Conquête de Tombouctou (1894-1896)
Conquête de la boucle du Niger (1895-1899)
33
47

.,.
5. — Opérations dans la haute Côte d'Ivoire (1897-1898).. 77

— Stationnement du 26 Régiment de Tirailleurs


6. Séné-
galais à sa création (mai 1900) 135
7.
— Conquête et occupation du territoire de Zinder
(1900-1902) 155
8. — Colonne du Bélédougou (février-avril 1915) 171
9. —Opérations dans la boucle de la Volta Noire
(novembre 1915 - juillet 1916) 175
10.
— Stationnement du 2c Régiment de Tirailleurs Séné-
galais en 1933 191
TABLE DES MATIERES

Pages
Liste des Officiers ayant commandé le 2e Régiment
de Tirailleurs Sénégalais depuis sa création 3

PREMIERE PARTIE

LE REGIMENT DE TIRAILLEURS SOUDANAIS


DU 1er JUILLET 1892 AU 7 MAI 1900

§ 1.
— Création du Régiment de Tirailleurs Soudanais.. 7
§ 2. — Situation du Soudan en 1892 10

COMMANDEMENT SUPERIEUR DU COLONEL ARCHINARD


(CAMPAGNE 1892-1893)

§ 3.— Programme du commandant supérieur 11

A) Opérations du lieutenant-colonel Combes

.,.
contre Samory (décembre 1892, mars 1893)
§ 4.
§ 5.
-
Organisation des colonnes
— Colonne volante du capitaine Briquelot
12
1'5
§ 6.
§ 7.
--
.Colonne principale
Colonne du capitaine Dargelos
16
19
§ 8.
-
Reconnaissances autour de Kérouané.
tion de la région Sud
Organisa-
19
B) Conquête du Moyen-Niger et du Bani
par le colonel Archinard (février-mai 1893)
Pages
§9.
§ 10.
-
Conquête du Macina (février 11893)
— Pacification
du Minianka (mars 1893)
20
22
§11.—Prise de Djenné 23
§ 12.
§ 13.

-
Prise de Bandiagara.,.,
Occupation de Mopti 24
25
§14. — Annexion du Macina 26

— Organisation de la conquête
§ 15. 26

COMMANDEMENT INTERIMAIRE
DU LIEUTENANT-COLONEL BONNIER (1893-1894)

A) Reprise de la lutte contre Samory


§16.— Formation d'une colonne expéditionnaire à Bamako 28
1.7.Marche sur Ténétou 29
§ 18. —Derniers engagements dans la région Sud du
Soudan ou haute Guinée actuelle (décembre 1893-
mars 1894) 30

B) Conquête de Tombouctou (1894-1896)

§ 19.
— Nécessité de la marche sur Tombouctou 31
§ 20.
§
§
21.
22.
— Colonne du commandant
-
Joffre.
— Colonne du lieutenant-colonel Bonnier

Lutte contre les Touareg de l'Ouest (1894-1896)..


32
36
39
§ 23.
-- Première révolte du Macina, affaire de Bossé. 44
§ -- Colonne
24. Bonaccorsi 45

CONQUETE DE LA BOUCLE DU NIGER (1895-1899)

A) Gouvernement du colonel de Trentinian


§25. — Programme du lieutenant-gouverneur 48
S 26.— Mission Destenavc
au Mossi (avril-décembre 1895) 49
Pages
§27. -
Exploration du Niger par le lieutenant de vais-

§
§
-seau Hourst (janvier-octobre 1896)
2.8. Seconde révolte du Macina (avril 1896)
29. — Directives du Ministre des colonies
49
50
50
§ 30. -
Mission Voulet au Mossi et au Gourounsi (juillet
1896 -mars 1897) 51
§ 31. - Mission Destenave dans l'Est du Macina (janvier
-
1897 avril 1898) 54
§ 32. - Création de la région Niger-Volta (février 1897-
avril 1898) 55
§33.— Soumission des Samo, colonne contre les Bobo.. 56
§ 34. Occupation du Gourounsi (mars-juillet1697). 58
§ 35.

- Tentatives de pénétration au Lobi et massacre de
la mission Braulot (juin-août 1897) 59
§ 36.
— Reprise des opérations contre Samory. Colonne
Caudrelier 61
§ 37. Siège de Kong 63
§38. -

Exploration du lieutenant Blondiaux sur le haut
Cavally (janvier 1897 - février 1898) 65

B) Gouvernement intérimaire du lieutenant-colonel Audéoud


campagne 1897-1898
§ 39. — Programme des opérations 68
§ 40. — Prise de Sikasso 69
§ 41. — Dernières opérations contre Samory 75
§ 42. Opérations du commandant Bertin dans la région
-- Sud du Soudan ou haute Côte d'Ivoire actuelle
-
(août 1897 juin 11898) 76

",.
.§ 43.
— Opérations du commandant Pineau sur le haut
.Bandama (mai-juin 1898) 80
§44. — Opérations du commandant de Lartigues sur la
haute Sassandra (juin-octobre 1898) 84
§ 45.
— Première reconnaissance du lieutenant Wœlfel sur
le Diougou ou haut Cavally 90
S46. — Formation de la colonne de Lartigues à Nzo. 93
§47. — 'Capture de Samory 94
§ 48.
— Résultats de la campagne 1898. Vues d'avenir. 98

C) Gouvernement du général de Trentinian


§ 49.
— Marche générale des opérations dans les régions
du Sahel et du Nord de 1895 à 1899 99
Pages
§
§
§
50. -
Soumission des Maures du Sahel
51. — Lutte contre les Touareg de
52. — Echeè de Rliergo (19 juin 1897)
l'Est. 100
102
103
§
§
53.
54.
-
Combat de Gourzaï (septembre 1897)
commandant Klobb contre les
— Opérations dudu Sud (mai-juillet 1898)
104

Touareg 105
55. — Conquête des rives du Niger de Bamba à Ansongo
§
-
(décembre 1898 février 1899) 107
§ 56.
— Premières
formations méharistes et reconnais-
sances au Nord de Tombouctou 109
§ '57.
— Opérations dans la région Est-Macina (mai 1898-
janvier 1900). Reconnaissances au Mossi et au
Liptako (mai 1898) 110
§ 58. — Expédition du commandant Crave contre les Logo-
maten (octobre-novembre 1898) 111
§ 59. — Reconnaissances dans le Kipirsi, le Yatenga et le
Hombori (février-avril 1899) 114
§ 60. — Dernières opérations contre les Touareg du Sud
(avril 1899 - janvier 1900) 116
§ 61. - Pacification de la région Niger-Volta (juin 1898-
mars 1899) 117
§ 62.
- Seconde exploration du lieutenant Wœlfel sur le
haut Cavally (mai-septembre 1899) 121

DU NIGER AU TCHAD (1898-1900)

§
-
§64.—
MissionCazemajou
63. (1898)
Mission Voulet-Chanoine, puis Joalland-Meynier
123

§
-
'65.
-
(1899-1900)
Installation du régiment à Kati (1899)
-126
128
DEUXIEME PARTIE

LE.2e SENEGALAIS DU 7 MAI 1900 à 1933

A) Avant la guerre (1900-1914)


Pages
§
§
66.
67.
-Création du 2° Régiment de Tirailleurs Sénégalais
—- Situation du Soudan en 1900
133
134
§ 68. - Répartition et activité des unités du 2e Régiment
- de Tirailleurs Sénégalais à sa création.:. 136
§ 69. -Conquête du pavs Baoulé en Côte d'Ivoire (1900-
1901) 141
§ 70. — Colonne des Samo (janvier-mars 1901) 142
§ 71.
§ 72.
-
Occupation du Lobi
— Affaires de Sargadjé et Loga (août 1899, février
143

et novembre 1900) 147


— Création du. territoire de Zinder
§ 73. 149
,§74. — Première occupation de Tahoua et Zinder par le
capitaine Moll (juillet-novembre 1900) 149
§ 75.
— Occupation progressive du Djerma 150
§ 76.
— Lutte de Gouraud contre les Touareg Kel-Gress
(avril-juillet 1901) 151
§ 77.— Installation du commandement à Zinder 153
§
§
-
78. Campagne de 1901 autour de.Zinder
79.— Défense des confins sahariens (1904-1906)
154
157
§
-
80. Transformations successives du 2e Sénégalais jus-
qu'à la guerre 158
S
-
81.
(1906-1912)
Pacification de la Mauritanie, région Sud-Est
162
§ 82. — Opérations de police en Haute-Gambie (septembre-
octobre 1908) 164
§ 83. -
— Colonne des Habbc (décembre 1909 février 1910). 165
§ 84.
— Opérations de police du Fouta-Djallon (février-
mars 1911) 166

B) Pendant et après la guerre (1914-1933)


§ 85.
— Le 2e Sénégalais pendant la guerre 168
§ 86.
— Colonnes de police du cercle de Bamako et du
cercle de Goumbou-Nara (février-avril 1915) ..i.- 169
,.
Pages
§ 87. — Opérations dans la boucle de la Volta. Colonne
Simonin (novembre-décembre 1915) 174
§ 88. — Suite des opérations de la Volta. Colonne Molard
(février-juillet1916) 178
§89. — Insurrection du cercle de San 184
§90. — Cercles de Koutiala, Bandiagara, Dori, Ouaga-
dougou 186
§ 91. — Le 2' Sénégalais après la guerre. La relève exté-
rieure 189
§92. — Groupe nomade du Hodh 192
§
§
93. —
94. —
Le 2e Sénégalais d'aujourd'hui.
Les batailles inscrites au drapeau
193
196

Table des croquis 201


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